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[[File:Hand gottes.jpg|thumb|La Main de Dieu, [[Église Saint-Clément de Taüll|église Saint-Clément de Taüll]], [[Espagne]].|alt=La Main de Dieu, église Saint-Clément de Taüll, Espagne.]]


La '''Main de Dieu,''' '''{{Langue|la|Manus Dei}}''' en latin, est un motif de l'art juif et chrétien, en particulier de l'[[Antiquité tardive]] et du [[Haut Moyen Âge]], lorsque la représentation de [[Yahweh]] ou de [[Dieu le Père]] comme une figure humaine était inacceptable. Dans les œuvres chrétiennes ultérieures, la main isolée est souvent remplacée par le corps complet, dont la [[Dieu le Père#Dieu le Père dans la culture|représentation]] était devenue acceptable dans l'[[occident chrétien]], mais pas dans l'art [[Christianisme orthodoxe|orthodoxe]] ou juif.
La '''Main de Dieu,''' '''{{Langue|la|Manus Dei}}''' en latin, est un motif de l'art juif et chrétien, en particulier de l'[[Antiquité tardive]] et du [[Haut Moyen Âge]], lorsque la représentation de [[Yahweh]] ou de [[Dieu le Père]] comme une figure humaine était inacceptable. Dans les œuvres chrétiennes ultérieures, la main isolée est souvent remplacée par le corps complet, dont la [[Dieu le Père#Dieu le Père dans la culture|représentation]] était devenue acceptable dans l'[[occident chrétien]], mais pas dans l'art [[Christianisme orthodoxe|orthodoxe]] ou juif.

[[Catégorie:Art juif]]
La main est utilisée pour indiquer une intervention de Dieu ou son approbation d'un événement, souvent dans un geste de [[bénédiction]] dans l'art chrétien.
[[Catégorie:Icône chrétienne]]

Il s'agit d'un symbole artistique qui n'a généralement pas pour but d'indiquer qu'une main était physiquement présente ou visible.

Il existe de nombreuses références à la main ou au bras de Dieu dans la [[Bible hébraïque]], dont la plupart sont clairement symboliques, mais certaines peuvent faire l'objet d'une interprétation littérale.

La [[synagogue de Doura Europos]], l'un des monuments les plus importants pour l'étude de l'art juif dans l'Antiquité, témoin du [[judaïsme synagogal]], contient la représentation de la main de Dieu dans cinq scènes différentes.

On retrouve la symbolique de la main divine dans des traditions d'autres religions du [[Proche-Orient ancien]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Rachel|nom1=Hachlili|titre=Ancient Jewish art and archaeology in the diaspora|éditeur=Brill|collection=Handbuch der Orientalistik|date=1998|isbn=978-90-04-10878-3|lire en ligne=https://archive.org/details/ancientjewishart0000hach/mode/2up|accès url=inscription|consulté le=2024-04-19}}.</ref>, par exemple la [[Khamsa (symbole)|Khamsa]], ou encore dans l'[[art amarnien]] en Égypte sous [[Akhenaton|Akhénaton]], où les rayons du disque solaire d'[[Aton]] se terminent par de petites mains pour suggérer la générosité de la divinité.

== Référence dans les textes sacrés et commentaires ==
[[File:Abraham und Isaak.JPG|thumb|left|Sacrifice d'Isaac, [[Sainte-Croix d'Aghtamar|église Sainte-Croix d'Aghtamar]], Arménie, {{s-|X}}.|alt=Sacrifice d'Isaac, église Sainte-Croix d'Aghtamar, Arménie, xe siècle.]]

=== Bible hébraïque ===
La main de Dieu, avec ou sans bras attaché, est l'un des anthropomorphismes les plus fréquemment utilisés dans la Bible hébraïque. Les références à la main de Dieu apparaissent à de nombreuses reprises dans le Pentateuque, en particulier dans le récit de l'exode des Israélites d'Égypte.

=== Littérature rabbinique ===
Au sein de l'[[aggada]], la main de Dieu apparaît fréquemment et la littérature rabbinique développe ces passages bibliques.

=== Nouveau Testament ===
Il n'y a aucune référence à la main de Dieu en tant qu'acteur ou témoin dans le Nouveau Testament. Cependant, la voix de Dieu se fait entendre à trois reprises dans les [[Évangiles]] (Mt 3,17 ; Jn 12,28 ; Mt 17,5), et la main de Dieu est souvent utilisée pour la représenter dans les arts visuels.

== Représentation dans l'art chrétien ==
[[File:The Hand of God MET DP346427.jpg|thumb|La Main de Dieu, [[Auguste Rodin]], 1907.|alt=La Main de Dieu, Auguste Rodin, 1907.]]

Dans l'art chrétien, la main de Dieu est traditionnellement interprétée comme symbolique plutôt que comme l'indication de la présence physique ou visible de Dieu. À la fin de l’Antiquité et au début du Moyen Âge, toute représentation de la figure de Dieu été considérée comme [[Dieu le Père#Dieu le Père dans la culture|une violation du Deuxième Commandement]]. La représentation de la main de Dieu s’est ainsi développée comme un compromis avec le Deuxième Commandement, bien que des interprétations anthropomorphes sont également plausibles<ref>{{Article|langue=en|prénom1=C. W.|nom1=Griffith|prénom2=David|nom2=Paulsen|titre=Augustine and the Corporeality of God|périodique=Harvard Theological Review|volume=95|numéro=1|pages=97-118|date=2002}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en|prénom1=David|nom1=Paulsen|titre=Early Christian Belief in a Corporeal Deity: Origen and Augustine as Reluctant Witnesses|périodique=Harvard Theological Review|volume=83|numéro=2|pages=105-116|date=1990}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Robin Margaret|nom1=Jensen|titre=Face to Face: Portraits of the Divine in Early Christianity|lieu=Minneapolis|éditeur=Fortress Press|année=2005|pages totales=256|passage=120-121|isbn=9780800636784|lire en ligne=https://archive.org/details/facetofaceportra0000jens|accès url=inscription}}.</ref>.

Dans les œuvres chrétiennes ultérieures, la main isolée est souvent remplacée par le corps complet, dont la [[Dieu le Père#Dieu le Père dans la culture|représentation]] était devenue acceptable dans l'[[occident chrétien]], mais pas dans l'art [[Christianisme orthodoxe|orthodoxe chrétien]] ou juif.

Pour représenter la main sans corps attaché, les artistes choisissent généralement de la faire émerger d'un nuage (un nuage est mentionné comme source de la voix de Dieu dans les récits évangéliques de la [[Transfiguration (christianisme)|Transfiguration de Jésus]]), d'une bordure de l'image ou encore d'une couronne de laurier.

Si la main de Dieu n'accomplit pas une action, elle prend généralement la forme d'un geste de bénédiction ou est simplement représentée la paume ouverte. Dans ce cas, elle est souvent accompagnée d'un halo servant à cacher l'extrémité. Si le halo est cruciforme, il fait référence aux concepts de [[Logos (christianisme)|Logos]] et de [[Préexistence du Christ]]. Le geste de bénédiction consiste à pointer avec l’index et le majeur, les autres doigts repliés vers l’arrière et le pouce détendu. Il existe un autre geste de bénédiction, byzantin, plus compliqué, qui représente les lettres grecques ''[[chi]]'' et [[sigma]], abréviation de [[Jésus-Christ|Christos]]. Ce geste est formé en croisant le pouce et l'annulaire à l'intérieur de la paume, avec l'index droit et les autres doigts légèrement fléchis<ref>{{Ouvrage|prénom1=Adolphe Napoléon|nom1=Didron|titre=Manuel d'iconographie chrétienne, grecque et latine|lieu=Paris|année=1845|pages totales=483|passage=455-456|lire en ligne=https://archive.org/details/manueldiconograp00dion/page/454/mode/2up}}.</ref>.

Dans certaines œuvres, notamment les mosaïques romaines, la main descend du haut de l'image en serrant le bas d'une couronne et le bras disparaît sous le haut de la couronne.

[[File:Apsis mosaic San Clemente n2.jpg|thumb|left|Le Triomphe de la Croix, [[Basilique Saint-Clément-du-Latran|basilique Saint-Clément]], Rome, {{s-|XII}}.|alt=Le Triomphe de la Croix, basilique Saint-Clément, Rome, xiie siècle.]]

La main apparaît de manière récurrente dans certaines scènes classiques ([[sacrifice d'Isaac]], [[Annonciation]], [[Transfiguration (christianisme)|Transfiguration]], ...), mais on peut l'observer dans de nombreuses autres situations ([[Ecclesia et Synagoga]] au pied de la croix, représentations de [[Melchisédech]], ...)<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Gertrud|nom1=Schiller|titre=Iconography of Christian art. Vol 1&2|lieu=Greenwich, Connecticut|éditeur=New York Graphic Society Ltd|année=1971|date=|passage=vol 2: p674|isbn=978-0-85331-324-3|lire en ligne=https://archive.org/details/iconographyofchr0000schi/page/674/mode/2up?view=theater|accès url=inscription|consulté le=2024-04-20}}.</ref>. Elle est présente sur la mosaïque de l'[[Arche d'Alliance]] de l'[[Oratoire carolingien de Germigny-des-Prés]].

Un ou plusieurs anges, agissant comme messagers de Dieu, peuvent apparaître à la place de la main.

Dans l'art chrétien, la main peut représenter [[Dieu le Fils]] ou le [[Logos (christianisme)|Logos]], et sera ultérieurement substituée par un petit portrait du Christ dans un cadre circulaire similaire, surtout chez les Orthodoxes. En Occident, la main représente plutôt [[Dieu le Père]], et ce sera son portrait qui la remplacera. Cependant, il n'est pas toujours évident de savoir à qui appartient la main, sauf dans les scènes où [[Incarnation (christianisme)|Jésus incarné]] est explicitement représenté.

=== Scènes de l'Ancien Testament ===
Exemples de représentations de scènes de l'Ancien Testament :
* Le [[Ligature d'Isaac|sacrifice d'Isaac]] : sur le [[sarcophage de Junius Bassus]], Abraham est retenu par la main, qui saisit son couteau. L'utilisation de la main dans cette scène plutôt que l'ange mentionné dans la Bible, souligne l'acceptation du sacrifice par Dieu, ainsi que sa volonté de l'arrêter. Le sacrifice d'Isaac apparaît pour la première fois dans l'art chrétien au {{s-|IV}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Kurt|nom1=Weitzmann|titre=Age of spirituality : late antique and early Christian art, third to seventh century ; catalogue of the exhibition|lieu=New York|éditeur=The Metropolitan Museum of Art|année=1977|pages totales=786|passage=471-472|lire en ligne=https://libmma.contentdm.oclc.org/digital/collection/p15324coll10/id/156217|consulté le=2024-04-20}}.</ref>.
* Melchisédech : sur l'autel de l'[[abbaye de Klosterneuburg]] ({{s-|XII}})<ref>{{Lien web |langue=en |prénom=Elfie |nom=Raymond |titre=Signs of Plenty - The altar of Verdun |url=http://v1.elfieraymond.com/altar/altar.html |consulté le=2024-4-20}}.</ref>, dans le [[sacramentaire de Drogon]] ({{s-|IX}}) et dans la [[basilique Saint-Vital de Ravenne]]. La présence de la main s'explique par l'approbation de son sacrifice telle que mentionné dans la Bible, et on associe également à Melchisédech, qui était à la fois prêtre et roi, une monarchie de droit divin. Il est considéré comme une [[Typologie biblique|préfiguration]] du Christ.
* Moïse recevant les [[Tables de la Loi]] de la main de Dieu : sur un sarcophage datant du {{s-|IV}} à Tarragone<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Galit|nom1=Noga-Banai|titre=The trophies of the martyrs: an art historical study of early Christian silver reliquaries|éditeur=Oxford university press|collection=Oxford studies in Byzantium|date=2008|pages totales=257|passage=23-24, 220|isbn=978-0-19-921774-8|lire en ligne=https://archive.org/details/Book_2090/page/23/mode/2up|consulté le=2024-04-20}}.</ref> ou encore dans le [[Psautier de Paris (Xe siècle)|psautier de Paris]] du {{s-|X}}.
* [[Livre des Psaumes|Psaumes]] : le [[Psautier d'Utrecht|psautier carolingien d'Utrecht]] illustre de manière atypique presque tous les psaumes et montre la main de Dieu dans au moins 27 de ces images, et encore plus fréquemment la figure du Christ dans les cieux<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Utrecht Psalter annotated edition |url=https://psalter.library.uu.nl/page/11 |site=psalter.library.uu.nl |consulté le=2024-04-20}}.</ref>.
* Le [[festin de Balthazar]] : rarement représenté, jusqu'au [[Le Festin de Balthazar (Rembrandt)|tableau de Rembrandt]] au {{s-|XVII}}.
* Les prophètes ([[Ézéchiel]], [[Jonas]], [[Isaïe]], ...) recevant leur prophétie ou bénis par la main.
* Dans la [[Genèse de Vienne]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Christa|nom1=Hofmann|titre=The Vienna Genesis: material analysis and conservation of a Late Antique illuminated manuscript on purple parchment|éditeur=Böhlau Verlag|date=2020|isbn=978-3-205-21057-3|lire en ligne=https://library.oapen.org/bitstream/20.500.12657/41206/1/PUB_667_Hofmann_Vienna_Genesis.pdf|format électronique=pdf|consulté le=2024-04-20}}.</ref>, la main est représentée dans de nombreuses scènes : expulsion d'Adam et Ève du paradis, alliance avec Noé, promesse à Abraham, ...

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Fichier:Engraving of Junius Bassus Sarcophagus.jpg|[[Sarcophage de Junius Bassus]], {{s-|IV}}
Fichier:Klosterneuburg - Stift, Verduner Altar (1).JPG|L'autel de Nicolas de Verdun à l'[[abbaye de Klosterneuburg]], {{s-|XII}}.
Fichier:Paris psaulter gr139 fol422v.jpg|Moïse recevant les Tables de la Loi, [[Psautier de Paris (Xe siècle)|psautier de Paris]], {{s-|X}}.
Fichier:Rembrandt-Belsazar.jpg|[[Le Festin de Balthazar (Rembrandt)|Le Festin de Balthazar]], [[Rembrandt]], 1636-1638.
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=== Scènes du Nouveau Testament ===
[[File:Reidersche Tafel c 400 AD.jpg|thumb|Ascension du Christ, ivoire, {{s-|IV}}.|alt=Ascension du Christ, ivoire, ive siècle.]]Exemples de représentations de scènes du Nouveau Testament :
* Le [[baptême du Christ]] : la main représente la voix de Dieu et la colombe représente le [[Saint-Esprit]], montrant ainsi l'implication de toute la [[Trinité (christianisme)|Trinité]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=André|nom1=Grabar|titre=Christian iconography: a study of its origins|éditeur=Routledge & Kegan Paul|collection=The A. W. Mellon lectures in the fine arts|date=1968|passage=115|isbn=978-0-7100-0605-9|lire en ligne=https://archive.org/details/christianiconogr0000unse_z7t3/page/114/mode/2up|accès url=inscription|consulté le=2024-04-20}}.</ref>. La main ne semble jamais apparaître sans la colombe, car le Saint-Esprit sous la forme d'une colombe est mentionné dans l'Évangile de Marc (Mc 1,10-11). La colombe et la main sont généralement situées au centre, pointant vers Jésus.
* La [[Transfiguration (christianisme)|transfiguration de Jésus]] : l'évangile de [[Gladzor]] contient une illustration sur laquelle on peut voir la main formant une bénédiction et la colombe<ref>{{Ouvrage|langue=arménien|titre=Gladzor Gospels|passage=106|lire en ligne=https://digital.library.ucla.edu/catalog/ark:/21198/zz0009gx6g|consulté le=2024-4-20}}.</ref>.
* L'[[Agonie de Jésus-Christ au Jardin des Oliviers|Agonie dans le jardin]] : le premier exemple connu se trouve dans l'[[Évangéliaire de saint Augustin]] ({{s-|VI}})<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Gertrud|nom1=Schiller|titre=Iconography of Christian art. Vol 1&2|lieu=Greenwich, Connecticut|éditeur=New York Graphic Society Ltd|année=1971|date=|passage=vol 2: p49|isbn=978-0-85331-324-3|lire en ligne=https://archive.org/details/iconographyofchr0000schi/page/49/mode/2up?view=theater|accès url=inscription|consulté le=2024-04-20}}.</ref>, bien qu'un ange soit le plus souvent représenté. C'est la troisième et dernière fois que la voix de Dieu est mentionnée dans les évangiles (Jn 12,28).
* La [[Crucifixion|Crucifixion de Jésus]] : de l'[[art carolingien]] jusqu'à l'[[Art roman|époque romane]], la main peut apparaître au-dessus de la croix, dirigée vers le bas. Elle tient parfois une couronne de laurier, comme à l'arrière de la [[croix de Lothaire]] dans la [[cathédrale d'Aix-la-Chapelle]].
* L'[[Ascension (fête)#Les sources néotestamentaires|Ascension du Christ]] : sur la plaque d'ivoire datant du {{s-|IV}}, la main de Dieu saisit celle de Jésus pour l'amener auprès de lui.
* Le [[Jugement dernier]] : dans les icônes orthodoxes, la main de Dieu tient souvent la balance dans laquelle les âmes sont pesées, comme sur la murale du [[monastère de Voroneț]]. En Occident, c'est [[Michel (archange)|saint Michel]] qui s'en occupe généralement.
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File:Meister von Daphni 003.jpg|Baptême du Christ, [[monastère de Daphní]], Grèce, {{s-|XI}}.
File:Ravenna BW 4.JPG|Transfiguration, abside de la [[basilique Saint-Apollinaire in Classe|basilique Saint-Apollinaire de Classe]], Italie, {{s-|VI}}.
File:Gotland-Dalhem Kyrka Glasmalerei 03.jpg|Agonie dans le jardin, {{Lien|langue=de|trad=Kirche von Dalhem|fr=église de Dahlem}}, Suède, {{s-|XIII}}.
File:Germania occidentale, croce detta di lotario, 1000 ca, con base tardogotica (XV secolo), retro 02.jpg|Crucifixion, [[croix de Lothaire]], [[cathédrale d'Aix-la-Chapelle]], {{s-|XI}}.
File:Voronet Monastery Mural - 2016-21 (cropped).jpg|Jugement dernier, murale du [[monastère de Voroneț]], Roumanie, {{s-|XVI}}.
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=== Vie des Saints ===
[[File:BambergGregoryUnkFolDedicationMin.jpg|thumb|left|[[Grégoire Ier]] et [[Henri II (empereur du Saint-Empire)|Henri II]], manuscrit des [[Morales sur Job]], {{s-|XI}}.|alt=Grégoire Ier et Henri II, manuscrit des Morales sur Job, xie siècle.]]

La main peut également accompagner des saints, soit dans une scène emblématique, soit en accomplissant un miracle associé au saint – dans la théologie catholique, un miracle est la manifestation de la puissance et de l'intervention de Dieu<ref>{{Lien web |titre=Définition Miracle - Église catholique en France |url=https://eglise.catholique.fr/glossaire/miracle/ |site=Église catholique en France |consulté le=2024-4-27}}.</ref>.

Sur la [[Tapisserie de Bayeux|tapisserie de Bayeux]], la main apparaît au-dessus de l'[[abbaye de Westminster]] dans la scène montrant les funérailles d'[[Édouard le Confesseur]].

La main est parfois représentée dans des scènes d'assassinat de martyrs, par exemple sur les [[châsses de saint Thomas Becket]].

Le bras-reliquaire est un type de reliquaire représentant la main et le bras du saint, similaire mais sans rapport avec la main de Dieu.


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File:Amiens, musée de Picardie, ivoire sculpté (IXe siècle) représentant la vie de saint Rémi 02.jpg|Scènes de la vie de [[Remi de Reims|saint Rémi]], {{s-|IX}}.
File:Bayeux Tapestry Scene 26.png|Funérailles d'[[Édouard le Confesseur]], [[Tapisserie de Bayeux]], {{s-|XI}}.
File:Thomas Becket Louvre OA11333.jpg|[[châsses de saint Thomas Becket|Reliquaire de saint Thomas Becket]], {{s-|XII}}.
File:Avila iglesia san Vicente cenotafio martires 16 lou.JPG|La main accueille les âmes de trois martyrs, [[basilique Saint-Vincent d'Ávila]], Espagne, {{s-|XII}}.
File:Windberg Klosterkirche - Altar Katharina 2.jpg|Jugement de la pureté de [[Catherine d'Alexandrie|sainte Catherine]] face à l'empereur, [[Abbaye de Windberg]], Allemagne, {{s-|XVIII}}.
File:10.2006 Brazos relicario.jpg|Bras-reliquaires, musée religieux d'[[Ayerbe]], Espagne.
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=== Icônes orthodoxes ===
[[File:Encaustic Virgin.jpg|thumb|Vierge et l'Enfant, [[monastère Sainte-Catherine du Sinaï]], {{s-|VI}}.|alt=Vierge et l'Enfant, monastère Sainte-Catherine du Sinaï, vie siècle.]]
Dans les icônes [[Christianisme orthodoxe|orthodoxes]], la main est un motif encore actuellement utilisé, émergeant généralement de cercles concentriques.

Elle est représentée sur des scènes de la Bible ou en présence des saints, et parfois identifiée comme appartenant à Jésus. Des variantes de la même icône remplacent la main par une image de Jésus, procédé également utilisé dans des œuvres occidentales à partir de l'an 1000.

La plus ancienne icône de la [[Marie (mère de Jésus)|Vierge Marie]], datant du {{s-|VI}}, conservée au [[monastère Sainte-Catherine du Sinaï]], présente la main de Dieu surplombant Marie et Jésus.

Une autre œuvre orthodoxe représentant Marie avec la main de Dieu est la mosaïque d'abside de l'[[Nicée|église de la Dormition de Nicée]], détruite en 1922<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Church of Koimesis in Nicaea |url=https://www.thebyzantinelegacy.com/koimesis-nicaea |site=The Byzantine Legacy |consulté le=2024-05-03}}.</ref>. Cette mosaïque a été détruite pendant la [[période iconoclaste de l'Empire byzantin]], puis restaurée pendant l'entre-deux iconodoule (780-815)<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Paul Underwood|titre=The Evidence of Restorations in the Sanctuary Mosaics of the Church of the Dormition at Nicaea|périodique=Dumbarton Oaks Papers|volume=13|pages=235-243|date=1959|lire en ligne=https://archive.org/details/DOP13_11_Underwood/mode/2up}}.</ref>.

=== Approbation divine des dirigeants ===
[[File:Hand of justice Louvre MS85.jpg|thumb|Reconstitution de la Main de Justice utilisée lors du couronnement de [[Napoléon Ier|Napoléon]] en 1804, Musée du Louvre.|gauche|alt=Reconstitution de la Main de Justice utilisée lors du couronnement de Napoléon en 1804, Musée du Louvre.]]

La main apparaît souvent en train de bénir les dirigeants. Elle peut également tenir ou déposer une couronne sur leur tête.

Les pièces de monnaies font fréquemment figurer la main de Dieu. On la retrouve à plusieurs reprises sur les pièces de l'empire byzantin à partir du {{s-|IV}}, principalement couronnant les impératrices ([[Galla Placidia]], [[Pulchérie]], ...)<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Philip|nom1=Grierson|prénom2=Melinda|nom2=Mays|titre=Catalogue of late Roman coins in the Dumbarton Oaks Collection and in the Whittemore Collection: from Arcadius and Honorius to the accession of Anastasius|lieu=Washington, DC|éditeur=Dumbarton Oaks Research Libr. and Coll|collection=Dumbarton Oaks catalogues|date=1992|passage=76|isbn=978-0-88402-193-3|lire en ligne=https://archive.org/details/docoins-late-roman/page/76/mode/2up?view=theater|consulté le=2024-04-22}}.</ref>. Une pièce de monnaie posthume de [[Constantin Ier (empereur romain)|Constantin <abbr>I<sup>er</sup></abbr>]] montre l'empereur sur un char avec la main de Dieu descendant du ciel<ref>{{Lien web |titre=DIVUS CONSTANTIN Ier
Nummus |url=https://odysseus-numismatique.com/article/divus-constantin-ier-nummus/ |site=https://odysseus-numismatique.com/ |consulté le=2024-4-22}}.</ref>, combinant l'iconographie chrétienne avec le symbole païen de l'aigle emportant les empereurs déifiés au ciel.

Dans les œuvres byzantines ultérieures, la main est souvent remplacée par une figure complète du Christ plaçant une couronne sur la tête<ref>Exemples du {{s-|XI}} [[:File:Basilios II.jpg|ici]] and [[:File:Nicephorus III and Maria of Alania BnF Coislin79 fol2bis.jpg|là]].</ref>.

Assez rare chez les anglo-saxons, des pièces de monnaie d'[[Édouard l'Ancien]] et d'[[Æthelred le Malavisé]] ont une grande main dominant leur revers<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Stanley Casson|titre=Byzantium and Anglo-Saxon Sculpture-I|périodique=The Burlington Magazine for Connoisseurs|volume=61|numéro=357|pages=265-274|date=1932|lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/i236190}}.</ref>.

La [[Main de justice|Main de Justice]], qui fait partie des insignes traditionnels du couronnement français, était un sceptre terminé par une main en ivoire dans le geste de bénédiction. Ce sceptre évoque la main de Dieu (puissance divine) pour légitimer la puissance royale<ref>{{Ouvrage|prénom1=Adolphe Napoélon|nom1=Didron|titre=Iconographie chrétienne: Histoire de Dieu|lieu=Paris|année=1843|pages totales=600|passage=191|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=Ih4vAAAAMAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q=%22main%20de%20justice%22&f=false|consulté le=2024-4-21}}.</ref>.

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File:Aelia Eudoxia solidus (obverse).png|thumb|left|Pièce de monnaie de l'impératrice byzantine [[Eudoxie (épouse de Flavius Arcadius)|Eudoxie]] couronnée par la main de Dieu, {{s-|IV}}.
File:Early-Medieval coin, penny of Aethelred II (FindID 521340).jpg|thumb|Pièce de monnaie d'[[Æthelred le Malavisé]], {{s-|X}}.
File:Psautier Charles le Chauve 3v.jpg|[[Psautier de Charles le Chauve]], {{s-|IX}}.
File:Kodex vyšehradský1.jpg|{{Lien|langue=en|trad=Codex Vyssegradensis|fr=Codex Vyssegradensis}}, évangéliaire de [[Vratislav II de Bohême]], {{s-|XI}}.
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=== Art de la fin du Moyen Âge et du début de la Renaissance ===
[[Fichier:Michelangelo, Creation of Adam 01.jpg|vignette|[[La Création d'Adam (Michel-Ange)|La Création d'Adam]], [[chapelle Sixtine]], Vatican, {{s-|XVI}}.|alt=La Création d'Adam, chapelle Sixtine, Vatican, xvie siècle.]]
À partir du {{s-|XIV}}, les [[Représentation de Dieu dans le christianisme|représentations du corps entier]] deviennent plus courantes dans l'art occidental, mais restent rares et controversées dans le monde orthodoxe. L'œuvre de [[Michel-Ange]], [[La Création d'Adam (Michel-Ange)|La Création d'Adam]], représente la main de Dieu sur un fond uni qui rappelle le motif antérieur.

La main isolée ne disparaît pas pour autant, et connaît un regain de popularité chez les Protestants. [[Daniel Hopfer]]<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Daniel Hopfer, Illustration to Proverbs 11:26 |url=https://www.metmuseum.org/art/collection/search/373000 |site=Met museum |consulté le=2024-05-11}}.</ref> et d'autres illustrateurs continuent d'utiliser le motif, et [[Jean Calvin]] l'utilise comme emblème personnel. Elle est librement utilisée pour illustrer les retombées politiques et religieuses de la [[Réforme protestante]], comme lors de la [[Guerre de Quatre-Vingts Ans|révolte des Pays-Bas]].

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File:Fotothek df tg 0004081 Münze ^ Gedenkmünze ^ Schaumünze ^ Medaille.jpg|L'emblème de [[Jean Calvin]].
File:BMprintAN00343789 001 l.jpg|La chute des oppresseurs, Pays-Bas, 1570.
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== Représentation dans l'art juif ==
La main de Dieu apparaît de nombreuses fois dans l’art religieux juif figuratif d'avant le {{s-|VII}}, particulièrement dans les peintures murales de la [[synagogue de Doura Europos]] du {{s-|III}}, dans la [[synagogue de Beth Alpha]] du {{s-|VI}}, et dans la synagogue de [[Susya]] du {{sp-|IV|au|VII|s}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Fred|nom1=Skolnik|prénom2=Michael|nom2=Berenbaum|titre=Encyclopaedia judaica|éditeur=Thomson Gale|date=2007|passage=191 : Anthropomorphism in Jewish Art|isbn=978-0-02-865930-5|isbn2=|isbn3=|lire en ligne=https://archive.org/details/EncyclopediaJudaica_201905|consulté le=2024-05-05}}.</ref>.

=== Synagogue de Doura Europos ===
Dans la [[synagogue de Doura Europos]] datant du {{s-|III}}, la main de Dieu apparaît dix fois, dans cinq des vingt-neuf peintures murales à thème biblique : le [[Ligature d'Isaac|Sacrifice d'Isaac]], [[Buisson ardent (Bible)|Moïse et le Buisson Ardent]], le [[Passage de la mer Rouge]], [[Élie|Élie ressuscitant le fils de la veuve de Sarepta]] et [[Vallée des ossements desséchés|Ézéchiel dans la vallée des ossements desséchés]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Carl Hermann|nom1=Kraeling|titre=The Synagogue|éditeur=Yale Univ. Press|collection=The excavations at Dura-Europos : conducted by Yale University and the French Academy of Inscriptions and Letters / ed. by P. V. C. Baur and M. I. Rostovtzeff|date=1979|passage=57|isbn=978-0-87068-331-2|lire en ligne=https://archive.org/details/synagogue0000krae/page/56/mode/2up?view=theater|accès url=inscription|consulté le=2024-05-05}}.</ref>.

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File:Torah niche close up.jpeg|Sacrifice d'Isaac.
File:Dura Europos fresco Jews cross Red Sea.jpg|Passage de la mer Rouge.
File:Elijah and widow of zarepheth.jpeg|Elie ressuscitant le fils de la veuve de Sarepta.
File:Ezekiel 3.jpeg|thumb|Ézéchiel dans la vallée des ossements desséchés.
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=== Synagogue de Beth Alpha ===
Dans la [[synagogue de Beth Alpha]], la main de Dieu est représentée sur le Sacrifice d'Isaac, mosaïque sur le sol de la nef<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Eleazar Lipa|nom1=Sukenik|titre=The ancient synagogue of Beth Alpha: an account of the excavations conducted on behalf of the Hebrew Univ., Jerusalem|éditeur=|date=1975|passage=40|isbn=978-3-487-05740-8|lire en ligne=https://archive.org/details/ancientsynagogue0000suke/page/40/mode/2up?view=theater|consulté le=2024-05-05}}.</ref>. [[File:Beit alfa02.jpg|thumb|Mosaïque du sacrifice d'Isaac, [[Synagogue de Beth Alpha|Beth Alpha]], {{s-|VI}}.|centré|alt=Mosaïque du sacrifice d'Isaac, Beth Alpha, vie siècle.]]

=== Synagogue de Susya ===
Dans la synagogue de [[Susya]], la main de Dieu apparaît sur un panneau en marbre de la [[Bimah]], qui illustrait peut-être une scène biblique telle que Moïse recevant les [[Tables de la Loi|Tables de la loi]] ou le sacrifice d'Isaac<ref>{{Lien web |langue=en |prénom=Steven H. |nom=Werlin |titre=The late ancient synagogues of southern Palestine |url=https://cdr.lib.unc.edu/concern/dissertations/xk81jk66f?locale=en |site=Carolina Digital Repository |date=2012 |doi=10.17615/npvg-kx81 |consulté le=2024-05-05 |page=208}}.</ref>. La main a été volontairement détruite par des [[Iconoclasme|iconoclastes]], mais on peut néanmoins voir le pouce et quelques doigts<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Robert|nom1=Schick|titre=The Christian Communities of Palestine from Byzantine to Islamic Rule: An Historical and Archaeological Study|éditeur=Gerlach Press|date=2021|passage=213|isbn=978-3-95994-092-4|doi=10.2307/j.ctv1b9f5q6.16|lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/j.ctv1b9f5q6|consulté le=2024-05-05}}.</ref>. Foerster affirme que la main tenait un rouleau de la Torah<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Gideon|nom1=Foerster|titre=Decorated marble chancel screens in sixth century synagogues in Palestine and their relation to Christian art and architecture|éditeur=|collection=Collection de l'École française de Rome|date=1989|passage=1820|isbn=978-2-7283-0194-2|isbn2=978-2-7283-0195-9|isbn3=978-2-7283-0196-6|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/efr_0000-0000_1989_act_123_1_3566|consulté le=2024-05-05}}.</ref>.

=== Haggadah à tête d'oiseau ===

La main de Dieu apparaît dans la [[Haggadah à têtes d'oiseaux]], réalisée en Allemagne au début du {{s-|XIV}}. Deux mains de Dieu apparaissent sous le texte du chant {{Lien|langue=en|trad=Dayenu|fr=Dayenu}}, distribuant la [[manne]]. La Haggadah à têtes d'oiseaux est le plus ancien manuscrit enluminé de ce texte.[[File:Birdhea5.jpg|thumb|[[Haggadah à têtes d'oiseaux]], {{s-|XIV}}.|centré|alt=Haggadah à têtes d'oiseaux, xive siècle.]]
== Notes et références ==
{{Traduction/Référence|lang1=en|art1=Hand of God (art)}}
{{Références}}

Version du 12 mai 2024 à 08:51

La Main de Dieu, église Saint-Clément de Taüll, Espagne.
La Main de Dieu, église Saint-Clément de Taüll, Espagne.

La Main de Dieu, Manus Dei en latin, est un motif de l'art juif et chrétien, en particulier de l'Antiquité tardive et du Haut Moyen Âge, lorsque la représentation de Yahweh ou de Dieu le Père comme une figure humaine était inacceptable. Dans les œuvres chrétiennes ultérieures, la main isolée est souvent remplacée par le corps complet, dont la représentation était devenue acceptable dans l'occident chrétien, mais pas dans l'art orthodoxe ou juif.

La main est utilisée pour indiquer une intervention de Dieu ou son approbation d'un événement, souvent dans un geste de bénédiction dans l'art chrétien.

Il s'agit d'un symbole artistique qui n'a généralement pas pour but d'indiquer qu'une main était physiquement présente ou visible.

Il existe de nombreuses références à la main ou au bras de Dieu dans la Bible hébraïque, dont la plupart sont clairement symboliques, mais certaines peuvent faire l'objet d'une interprétation littérale.

La synagogue de Doura Europos, l'un des monuments les plus importants pour l'étude de l'art juif dans l'Antiquité, témoin du judaïsme synagogal, contient la représentation de la main de Dieu dans cinq scènes différentes.

On retrouve la symbolique de la main divine dans des traditions d'autres religions du Proche-Orient ancien[1], par exemple la Khamsa, ou encore dans l'art amarnien en Égypte sous Akhénaton, où les rayons du disque solaire d'Aton se terminent par de petites mains pour suggérer la générosité de la divinité.

Référence dans les textes sacrés et commentaires

Sacrifice d'Isaac, église Sainte-Croix d'Aghtamar, Arménie, xe siècle.
Sacrifice d'Isaac, église Sainte-Croix d'Aghtamar, Arménie, Xe siècle.

Bible hébraïque

La main de Dieu, avec ou sans bras attaché, est l'un des anthropomorphismes les plus fréquemment utilisés dans la Bible hébraïque. Les références à la main de Dieu apparaissent à de nombreuses reprises dans le Pentateuque, en particulier dans le récit de l'exode des Israélites d'Égypte.

Littérature rabbinique

Au sein de l'aggada, la main de Dieu apparaît fréquemment et la littérature rabbinique développe ces passages bibliques.

Nouveau Testament

Il n'y a aucune référence à la main de Dieu en tant qu'acteur ou témoin dans le Nouveau Testament. Cependant, la voix de Dieu se fait entendre à trois reprises dans les Évangiles (Mt 3,17 ; Jn 12,28 ; Mt 17,5), et la main de Dieu est souvent utilisée pour la représenter dans les arts visuels.

Représentation dans l'art chrétien

La Main de Dieu, Auguste Rodin, 1907.
La Main de Dieu, Auguste Rodin, 1907.

Dans l'art chrétien, la main de Dieu est traditionnellement interprétée comme symbolique plutôt que comme l'indication de la présence physique ou visible de Dieu. À la fin de l’Antiquité et au début du Moyen Âge, toute représentation de la figure de Dieu été considérée comme une violation du Deuxième Commandement. La représentation de la main de Dieu s’est ainsi développée comme un compromis avec le Deuxième Commandement, bien que des interprétations anthropomorphes sont également plausibles[2],[3],[4].

Dans les œuvres chrétiennes ultérieures, la main isolée est souvent remplacée par le corps complet, dont la représentation était devenue acceptable dans l'occident chrétien, mais pas dans l'art orthodoxe chrétien ou juif.

Pour représenter la main sans corps attaché, les artistes choisissent généralement de la faire émerger d'un nuage (un nuage est mentionné comme source de la voix de Dieu dans les récits évangéliques de la Transfiguration de Jésus), d'une bordure de l'image ou encore d'une couronne de laurier.

Si la main de Dieu n'accomplit pas une action, elle prend généralement la forme d'un geste de bénédiction ou est simplement représentée la paume ouverte. Dans ce cas, elle est souvent accompagnée d'un halo servant à cacher l'extrémité. Si le halo est cruciforme, il fait référence aux concepts de Logos et de Préexistence du Christ. Le geste de bénédiction consiste à pointer avec l’index et le majeur, les autres doigts repliés vers l’arrière et le pouce détendu. Il existe un autre geste de bénédiction, byzantin, plus compliqué, qui représente les lettres grecques chi et sigma, abréviation de Christos. Ce geste est formé en croisant le pouce et l'annulaire à l'intérieur de la paume, avec l'index droit et les autres doigts légèrement fléchis[5].

Dans certaines œuvres, notamment les mosaïques romaines, la main descend du haut de l'image en serrant le bas d'une couronne et le bras disparaît sous le haut de la couronne.

Le Triomphe de la Croix, basilique Saint-Clément, Rome, xiie siècle.
Le Triomphe de la Croix, basilique Saint-Clément, Rome, XIIe siècle.

La main apparaît de manière récurrente dans certaines scènes classiques (sacrifice d'Isaac, Annonciation, Transfiguration, ...), mais on peut l'observer dans de nombreuses autres situations (Ecclesia et Synagoga au pied de la croix, représentations de Melchisédech, ...)[6]. Elle est présente sur la mosaïque de l'Arche d'Alliance de l'Oratoire carolingien de Germigny-des-Prés.

Un ou plusieurs anges, agissant comme messagers de Dieu, peuvent apparaître à la place de la main.

Dans l'art chrétien, la main peut représenter Dieu le Fils ou le Logos, et sera ultérieurement substituée par un petit portrait du Christ dans un cadre circulaire similaire, surtout chez les Orthodoxes. En Occident, la main représente plutôt Dieu le Père, et ce sera son portrait qui la remplacera. Cependant, il n'est pas toujours évident de savoir à qui appartient la main, sauf dans les scènes où Jésus incarné est explicitement représenté.

Scènes de l'Ancien Testament

Exemples de représentations de scènes de l'Ancien Testament :

  • Le sacrifice d'Isaac : sur le sarcophage de Junius Bassus, Abraham est retenu par la main, qui saisit son couteau. L'utilisation de la main dans cette scène plutôt que l'ange mentionné dans la Bible, souligne l'acceptation du sacrifice par Dieu, ainsi que sa volonté de l'arrêter. Le sacrifice d'Isaac apparaît pour la première fois dans l'art chrétien au IVe siècle[7].
  • Melchisédech : sur l'autel de l'abbaye de Klosterneuburg (XIIe siècle)[8], dans le sacramentaire de Drogon (IXe siècle) et dans la basilique Saint-Vital de Ravenne. La présence de la main s'explique par l'approbation de son sacrifice telle que mentionné dans la Bible, et on associe également à Melchisédech, qui était à la fois prêtre et roi, une monarchie de droit divin. Il est considéré comme une préfiguration du Christ.
  • Moïse recevant les Tables de la Loi de la main de Dieu : sur un sarcophage datant du IVe siècle à Tarragone[9] ou encore dans le psautier de Paris du Xe siècle.
  • Psaumes : le psautier carolingien d'Utrecht illustre de manière atypique presque tous les psaumes et montre la main de Dieu dans au moins 27 de ces images, et encore plus fréquemment la figure du Christ dans les cieux[10].
  • Le festin de Balthazar : rarement représenté, jusqu'au tableau de Rembrandt au XVIIe siècle.
  • Les prophètes (Ézéchiel, Jonas, Isaïe, ...) recevant leur prophétie ou bénis par la main.
  • Dans la Genèse de Vienne[11], la main est représentée dans de nombreuses scènes : expulsion d'Adam et Ève du paradis, alliance avec Noé, promesse à Abraham, ...

Scènes du Nouveau Testament

Ascension du Christ, ivoire, ive siècle.
Ascension du Christ, ivoire, IVe siècle.

Exemples de représentations de scènes du Nouveau Testament :

Vie des Saints

Grégoire Ier et Henri II, manuscrit des Morales sur Job, xie siècle.
Grégoire Ier et Henri II, manuscrit des Morales sur Job, XIe siècle.

La main peut également accompagner des saints, soit dans une scène emblématique, soit en accomplissant un miracle associé au saint – dans la théologie catholique, un miracle est la manifestation de la puissance et de l'intervention de Dieu[15].

Sur la tapisserie de Bayeux, la main apparaît au-dessus de l'abbaye de Westminster dans la scène montrant les funérailles d'Édouard le Confesseur.

La main est parfois représentée dans des scènes d'assassinat de martyrs, par exemple sur les châsses de saint Thomas Becket.

Le bras-reliquaire est un type de reliquaire représentant la main et le bras du saint, similaire mais sans rapport avec la main de Dieu.


Icônes orthodoxes

Vierge et l'Enfant, monastère Sainte-Catherine du Sinaï, vie siècle.
Vierge et l'Enfant, monastère Sainte-Catherine du Sinaï, VIe siècle.

Dans les icônes orthodoxes, la main est un motif encore actuellement utilisé, émergeant généralement de cercles concentriques.

Elle est représentée sur des scènes de la Bible ou en présence des saints, et parfois identifiée comme appartenant à Jésus. Des variantes de la même icône remplacent la main par une image de Jésus, procédé également utilisé dans des œuvres occidentales à partir de l'an 1000.

La plus ancienne icône de la Vierge Marie, datant du VIe siècle, conservée au monastère Sainte-Catherine du Sinaï, présente la main de Dieu surplombant Marie et Jésus.

Une autre œuvre orthodoxe représentant Marie avec la main de Dieu est la mosaïque d'abside de l'église de la Dormition de Nicée, détruite en 1922[16]. Cette mosaïque a été détruite pendant la période iconoclaste de l'Empire byzantin, puis restaurée pendant l'entre-deux iconodoule (780-815)[17].

Approbation divine des dirigeants

Reconstitution de la Main de Justice utilisée lors du couronnement de Napoléon en 1804, Musée du Louvre.
Reconstitution de la Main de Justice utilisée lors du couronnement de Napoléon en 1804, Musée du Louvre.

La main apparaît souvent en train de bénir les dirigeants. Elle peut également tenir ou déposer une couronne sur leur tête.

Les pièces de monnaies font fréquemment figurer la main de Dieu. On la retrouve à plusieurs reprises sur les pièces de l'empire byzantin à partir du IVe siècle, principalement couronnant les impératrices (Galla Placidia, Pulchérie, ...)[18]. Une pièce de monnaie posthume de Constantin Ier montre l'empereur sur un char avec la main de Dieu descendant du ciel[19], combinant l'iconographie chrétienne avec le symbole païen de l'aigle emportant les empereurs déifiés au ciel.

Dans les œuvres byzantines ultérieures, la main est souvent remplacée par une figure complète du Christ plaçant une couronne sur la tête[20].

Assez rare chez les anglo-saxons, des pièces de monnaie d'Édouard l'Ancien et d'Æthelred le Malavisé ont une grande main dominant leur revers[21].

La Main de Justice, qui fait partie des insignes traditionnels du couronnement français, était un sceptre terminé par une main en ivoire dans le geste de bénédiction. Ce sceptre évoque la main de Dieu (puissance divine) pour légitimer la puissance royale[22].


Art de la fin du Moyen Âge et du début de la Renaissance

La Création d'Adam, chapelle Sixtine, Vatican, xvie siècle.
La Création d'Adam, chapelle Sixtine, Vatican, XVIe siècle.

À partir du XIVe siècle, les représentations du corps entier deviennent plus courantes dans l'art occidental, mais restent rares et controversées dans le monde orthodoxe. L'œuvre de Michel-Ange, La Création d'Adam, représente la main de Dieu sur un fond uni qui rappelle le motif antérieur.

La main isolée ne disparaît pas pour autant, et connaît un regain de popularité chez les Protestants. Daniel Hopfer[23] et d'autres illustrateurs continuent d'utiliser le motif, et Jean Calvin l'utilise comme emblème personnel. Elle est librement utilisée pour illustrer les retombées politiques et religieuses de la Réforme protestante, comme lors de la révolte des Pays-Bas.

Représentation dans l'art juif

La main de Dieu apparaît de nombreuses fois dans l’art religieux juif figuratif d'avant le VIIe siècle, particulièrement dans les peintures murales de la synagogue de Doura Europos du IIIe siècle, dans la synagogue de Beth Alpha du VIe siècle, et dans la synagogue de Susya du IVe au VIIe siècles[24].

Synagogue de Doura Europos

Dans la synagogue de Doura Europos datant du IIIe siècle, la main de Dieu apparaît dix fois, dans cinq des vingt-neuf peintures murales à thème biblique : le Sacrifice d'Isaac, Moïse et le Buisson Ardent, le Passage de la mer Rouge, Élie ressuscitant le fils de la veuve de Sarepta et Ézéchiel dans la vallée des ossements desséchés[25].

Synagogue de Beth Alpha

Dans la synagogue de Beth Alpha, la main de Dieu est représentée sur le Sacrifice d'Isaac, mosaïque sur le sol de la nef[26].

Mosaïque du sacrifice d'Isaac, Beth Alpha, vie siècle.
Mosaïque du sacrifice d'Isaac, Beth Alpha, VIe siècle.

Synagogue de Susya

Dans la synagogue de Susya, la main de Dieu apparaît sur un panneau en marbre de la Bimah, qui illustrait peut-être une scène biblique telle que Moïse recevant les Tables de la loi ou le sacrifice d'Isaac[27]. La main a été volontairement détruite par des iconoclastes, mais on peut néanmoins voir le pouce et quelques doigts[28]. Foerster affirme que la main tenait un rouleau de la Torah[29].

Haggadah à tête d'oiseau

La main de Dieu apparaît dans la Haggadah à têtes d'oiseaux, réalisée en Allemagne au début du XIVe siècle. Deux mains de Dieu apparaissent sous le texte du chant Dayenu (en), distribuant la manne. La Haggadah à têtes d'oiseaux est le plus ancien manuscrit enluminé de ce texte.

Haggadah à têtes d'oiseaux, xive siècle.
Haggadah à têtes d'oiseaux, XIVe siècle.

Notes et références

  1. (en) Rachel Hachlili, Ancient Jewish art and archaeology in the diaspora, Brill, coll. « Handbuch der Orientalistik », (ISBN 978-90-04-10878-3, lire en ligne Inscription nécessaire).
  2. (en) C. W. Griffith et David Paulsen, « Augustine and the Corporeality of God », Harvard Theological Review, vol. 95, no 1,‎ , p. 97-118.
  3. (en) David Paulsen, « Early Christian Belief in a Corporeal Deity: Origen and Augustine as Reluctant Witnesses », Harvard Theological Review, vol. 83, no 2,‎ , p. 105-116.
  4. (en) Robin Margaret Jensen, Face to Face: Portraits of the Divine in Early Christianity, Minneapolis, Fortress Press, , 256 p. (ISBN 9780800636784, lire en ligne Inscription nécessaire), p. 120-121.
  5. Adolphe Napoléon Didron, Manuel d'iconographie chrétienne, grecque et latine, Paris, , 483 p. (lire en ligne), p. 455-456.
  6. (en) Gertrud Schiller, Iconography of Christian art. Vol 1&2, Greenwich, Connecticut, New York Graphic Society Ltd, (ISBN 978-0-85331-324-3, lire en ligne Inscription nécessaire), vol 2: p674.
  7. (en) Kurt Weitzmann, Age of spirituality : late antique and early Christian art, third to seventh century ; catalogue of the exhibition, New York, The Metropolitan Museum of Art, , 786 p. (lire en ligne), p. 471-472.
  8. (en) Elfie Raymond, « Signs of Plenty - The altar of Verdun » (consulté le ).
  9. (en) Galit Noga-Banai, The trophies of the martyrs: an art historical study of early Christian silver reliquaries, Oxford university press, coll. « Oxford studies in Byzantium », , 257 p. (ISBN 978-0-19-921774-8, lire en ligne), p. 23-24, 220.
  10. (en) « Utrecht Psalter annotated edition », sur psalter.library.uu.nl (consulté le ).
  11. (en) Christa Hofmann, The Vienna Genesis: material analysis and conservation of a Late Antique illuminated manuscript on purple parchment, Böhlau Verlag, (ISBN 978-3-205-21057-3, lire en ligne [PDF]).
  12. (en) André Grabar, Christian iconography: a study of its origins, Routledge & Kegan Paul, coll. « The A. W. Mellon lectures in the fine arts », (ISBN 978-0-7100-0605-9, lire en ligne Inscription nécessaire), p. 115.
  13. (hy) Gladzor Gospels (lire en ligne), p. 106.
  14. (en) Gertrud Schiller, Iconography of Christian art. Vol 1&2, Greenwich, Connecticut, New York Graphic Society Ltd, (ISBN 978-0-85331-324-3, lire en ligne Inscription nécessaire), vol 2: p49.
  15. « Définition Miracle - Église catholique en France », sur Église catholique en France (consulté le ).
  16. (en) « Church of Koimesis in Nicaea », sur The Byzantine Legacy (consulté le ).
  17. (en) Paul Underwood, « The Evidence of Restorations in the Sanctuary Mosaics of the Church of the Dormition at Nicaea », Dumbarton Oaks Papers, vol. 13,‎ , p. 235-243 (lire en ligne).
  18. (en) Philip Grierson et Melinda Mays, Catalogue of late Roman coins in the Dumbarton Oaks Collection and in the Whittemore Collection: from Arcadius and Honorius to the accession of Anastasius, Washington, DC, Dumbarton Oaks Research Libr. and Coll, coll. « Dumbarton Oaks catalogues », (ISBN 978-0-88402-193-3, lire en ligne), p. 76.
  19. « DIVUS CONSTANTIN Ier Nummus », sur https://odysseus-numismatique.com/ (consulté le ).
  20. Exemples du XIe siècle ici and .
  21. (en) Stanley Casson, « Byzantium and Anglo-Saxon Sculpture-I », The Burlington Magazine for Connoisseurs, vol. 61, no 357,‎ , p. 265-274 (lire en ligne).
  22. Adolphe Napoélon Didron, Iconographie chrétienne: Histoire de Dieu, Paris, , 600 p. (lire en ligne), p. 191.
  23. (en) « Daniel Hopfer, Illustration to Proverbs 11:26 », sur Met museum (consulté le ).
  24. (en) Fred Skolnik et Michael Berenbaum, Encyclopaedia judaica, Thomson Gale, (ISBN 978-0-02-865930-5, lire en ligne), p. 191 : Anthropomorphism in Jewish Art.
  25. (en) Carl Hermann Kraeling, The Synagogue, Yale Univ. Press, coll. « The excavations at Dura-Europos : conducted by Yale University and the French Academy of Inscriptions and Letters / ed. by P. V. C. Baur and M. I. Rostovtzeff », (ISBN 978-0-87068-331-2, lire en ligne Inscription nécessaire), p. 57.
  26. (en) Eleazar Lipa Sukenik, The ancient synagogue of Beth Alpha: an account of the excavations conducted on behalf of the Hebrew Univ., Jerusalem, (ISBN 978-3-487-05740-8, lire en ligne), p. 40.
  27. (en) Steven H. Werlin, « The late ancient synagogues of southern Palestine », sur Carolina Digital Repository, (DOI 10.17615/npvg-kx81, consulté le ), p. 208.
  28. (en) Robert Schick, The Christian Communities of Palestine from Byzantine to Islamic Rule: An Historical and Archaeological Study, Gerlach Press, (ISBN 978-3-95994-092-4, DOI 10.2307/j.ctv1b9f5q6.16, lire en ligne), p. 213.
  29. (en) Gideon Foerster, Decorated marble chancel screens in sixth century synagogues in Palestine and their relation to Christian art and architecture, coll. « Collection de l'École française de Rome », (ISBN 978-2-7283-0194-2, 978-2-7283-0195-9 et 978-2-7283-0196-6, lire en ligne), p. 1820.