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« Marcel Junod » : différence entre les versions

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'''Marcel Junod''' - (14 mai 1904 - 16 juin 1961) était un médecin suisse et l’un des délégués de terrain les plus accomplis de l’histoire du [[Comité international de la Croix-Rouge]] (CICR). Après des études de médecine et un court poste de chirurgien à Mulhouse, en France, il est devenu délégué du CICR et a été déployé en Éthiopie pendant la deuxième guerre italo-abyssinienne, en Espagne pendant la guerre civile espagnole et en Europe ainsi qu’au Japon pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1947, il a écrit un livre intitulé "Le Troisiėme Combattant" sur ses expériences. Après la guerre, il a travaillé pour le [[Fonds des Nations unies pour l'enfance|Fonds des Nations Unies pour l’enfance]] (UNICEF) en tant que représentant en chef en Chine, et s’est installé en Europe en 1950. Il fondé le service d’anesthésiologie de l’Hôpital cantonal de Genève et devient le premier professeur de cette discipline à l’Université de Genève. En 1952, il est nommé membre du CICR et, après de nombreuses autres missions pour cette institution, il en est vice-président de 1959 jusqu’à sa mort en 1961.
'''Marcel Junod''' ({{date-|14 mai 1904}} - {{date-|16 juin 1961}}) était un médecin suisse et un des délégués les plus fameux du [[Comité international de la Croix-Rouge]] (CICR). Après avoir étudié la médecine puis travaillé durant une courte période comme chirurgien à Mulhouse, il est entré au CICR comme délégué et a été envoyé en Éthiopie pendant la [[Seconde guerre italo-éthiopienne]], en Espagne pendant la [[guerre civile espagnole]], et en Europe ainsi qu'au Japon au cours de [[Seconde Guerre mondiale]]. En {{date-|septembre 1945}}, il arrive à [[Hiroshima]] fin août et obtient du matériel sanitaire des Américains pour commencer de prodiguer des soins aux blessés. Un monument lui est dédié au [[Parc du Mémorial de la Paix de Hiroshima|Parc de la Paix]] dans cette ville japonaise.


En 1947, il a écrit un livre sur ses expériences : Le troisième combattant<ref>{{lien web|langue=en|url=http://www.icrc.org/fre/resources/documents/publication/p0350.htm|titre=Le troisième combattant}}</ref>. Après la guerre, il a travaillé pour le [[Fonds des Nations unies pour l'enfance]] (UNICEF) en tant que représentant principal en Chine, puis est rentré en Europe en 1950. Il a fondé le département d’anesthésie de l'Hôpital cantonal de Genève et est devenu le premier professeur de cette discipline à l'Université de Genève. En 1952, il a été nommé membre du CICR et, après de nombreuses missions, a été vice-président de cette institution de 1959 jusqu'à sa mort en 1961.
== Enfance et éducation ==
Marcel Junod est né à [[Neuchâtel]], en Suisse, cinquième des sept enfants de Richard Samuel Junod (1868-1919) et Jeanne Marguerite Bonnet (1866-1952). Son père était pasteur de l’Église protestante indépendante de Neuchâtel, travaillant d’abord dans des villages miniers en Belgique, puis dans des communautés pauvres près de Neuchâtel et de [[La Chaux-de-Fonds]] en Suisse; c’est là que Junod passa la plus grande partie de son enfance. Après la mort de son père, sa famille est retournée dans le canton de sa mère, à [[Genève]]. Afin de gagner leur vie, sa mère et sa tante ont ouvert une pension de famille.


==Bibliographie==
Junod termine sa formation scolaire en 1923 avec un [[Baccalauréat (scolaire)|baccalauréat]] du [[Collège Calvin]] de Genève, la même école que le fondateur de la Croix-Rouge, [[Henry Dunant]]. En tant qu’étudiant, il a fait du bénévolat dans des œuvres caritatives et a dirigé le Mouvement de secours pour les enfants russes à Genève. Grâce au généreux soutien financier de son oncle [[Henri-Alexandre Junod]] il a pu suivre sa vocation et étudier la médecine à Genève et à [[Strasbourg]], obtenant son doctorat en médecine en 1929. Il opte pour une formation spéciale dans le domaine de la chirurgie et fait un internat dans les hôpitaux de Genève et de [[Mulhouse]], en France (1931-1935). Il termine sa formation à Mulhouse en 1935, et commence à travailler comme chef de la clinique chirurgicale de l’hôpital de Mulhouse.
* {{Article |langue= |auteur1=Jean-François Berger |titre=Pendant une décennie, Marcel Junod est de toutes les guerres|périodique=Passé simple |volume= |numéro=63 |jour= |mois=Mars |année=2021 |pages=26-30}}.


==Références ==

== Missions en tant que délégué du CICR ==
'''La deuxième guerre italo-abyssinienne 1935/1936'''
[[Fichier:Marcel_Junod_2024.jpg|vignette|Marcel Junod avec Sidney Brown au départ pour Addis-Abeba ]]
Immédiatement après l’invasion italienne de l’Éthiopie, Junod reçoit un appel le 15 octobre 1935 d’un ami à Genève, lui recommandant d’occuper un poste de délégué du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en [[Éthiopie]]. Encouragé par le médecin-chef de la clinique de Mulhouse, il a accepté l’offre et s’est rapidement rendu à Addis-Abeba avec un deuxième délégué du CICR, Sidney Brown. Il restera en Éthiopie jusqu’à la fin de la guerre d’Abyssinie en mai 1936.En raison de son expérience en droit, Sidney Brown a travaillé à la création d’une Croix-Rouge nationale efficace en Éthiopie. Junod s’est concentré sur l’entretien et la coordination des ambulances de la Croix-Rouge fournies par les Sociétés de la Croix-Rouge d’Égypte, de Finlande, du Royaume-Uni, des Pays-Bas, de Norvège et de Suède. Alors que la Croix-Rouge éthiopienne, fondée peu de temps avant l’avènement de la Croix-Rouge éthiopienne, fondée peu de temps avant le début de la guerre, avait accepté le soutien du CICR et de la Ligue des sociétés de la Croix-Rouge, la Croix-Rouge italienne a refusé toute coopération, l’Italie n’ayant pas accepté l’offre de services du CICR.

Certaines des expériences les plus difficiles pour Junod pendant la guerre ont été les attaques contre les [[Ambulance|ambulances]] de la Croix-Rouge par l’armée italienne et les groupes armés éthiopiens. Le 30 décembre 1935, un attentat à la bombe contre une ambulance suédoise tua 28 travailleurs et patients de la Croix-Rouge et et blessé 50. Il a également été témoin d’un certain nombre d’épisodes horribles de cette guerre caractérisés par l’extrême écart des capacités technologiques des deux côtés. Il a notamment été témoin du bombardement de la ville de [[Dessie]] par l’armée de l’air italienne, de l’utilisation de [[gaz moutarde]] contre les populations civiles dans les villes de [[Degehabur]] et de [[Sassabaneh]], et du pillage [[Addis-Abeba|d’Addis-Abeba]] dans les derniers jours de la guerre.

". . . Partout sous les arbres, des hommes sont étendus Ils sont là des milliersJe m'approche, boulversé. Je vois, sur leurs pieds, sur leurs membres décharnés, d'horribles brûlures qui saignent. La vie, déjà s'en va de leurs corps rongés par l'ypérite.

« Abiet . . . Abiet . . . "

Le chant s’élève vers l’mpereur. Mais d'où viendra le secours? Il n’y a plus de médecins.  Les ambulances sont détruites.<ref>{{Ouvrage|langue=|titre=Dr Marcel Junod : Le Troisième Combattant. CICR, Genève, 1982, p. 66}}</ref>

'''La guerre civile espagnole 1936-1939'''
[[Fichier:Marcel_Junod_avec_Sidney_Brown_au_départ_pour_Addis-Abeba.jpg|vignette|Junod pendant la guerre civile en Espagne ]]
En juillet 1936, le CICR chercha un délégué pour une mission d’enquête en Espagne, où la [[guerre civile]] venait d’éclater. Une fois de plus, Junod a été sélectionné. Contrairement au plan initial du CICR qui prévoyait un déploiement de trois semaines, il est finalement resté plus de trois ans, et le CICR a étendu la mission, dirigée par Junod, à neuf délégués répartis dans tout le pays.

Les activités de la Croix-Rouge étaientt entravées par le fait que les [[Conventions de Genève]] n’ont pas d’application juridique aux conflits civils. Comme solution, Junod a suggéré la création d’une nouvelle commission combinée avec des représentants du CICR et des parties belligérantes, mais les parties n’ont pas pu se mettre d’accord. La commission aurait coordonné le travail sur la libération des femmes et des enfants capturés, la construction de zones internationales neutres et la compilation des listes de prisonniers.                    

Malgré la base juridique ambiguë du travail de la Croix-Rouge dans ce conflit, Junod a réussi à convaincre les parties belligérantes de signer et de mettre en œuvre un certain nombre d’accords concernant l’échange de prisonniers et d’autres questions, sauvant ainsi de nombreuses vies. Avant la chute de [[Barcelone]], il obtint la libération de cinq mille prisonniers dont la vie était menacée par les combats pour la ville. Il a également organisé des recherches et des échanges d’informations sur les prisonniers et les personnes disparues utilisant pour la première fois le système de cartes de la Croix-Rouge dans le contexte d’un conflit civil, et à la fin de la guerre, le CICR avait facilité l’échange de cinq millions de cartes.

". . . Vous avez quelqu'un là-bas, de l'autre côté de la ligne. Et vous ne savez pas s'il est ''vivant''.

J'ai compris depuis bien longtemps que cette angoisse est la torture la plus désespérante. J’ai vu trop de mains tremblantes se tendre vers ce carré de papier que nous avons enfin pu faire circuler entre les deux camps: la fiche Croix-Rouge.

Il n’y avait pas grand-chose n'y a presque rien sur cette fiche: un nom, une adresse et un message qui ne dépasse pas 25 mots. vingt-cinq mots.  Parfois, lorsqu'elle revient, la censure n'y a laisse qu'une signature, mais c'est la preuve qu'un être vit. Alors les yeux qui lisent ce nom, qui déchiffrent lcette signature,  pleurent de joie.."<ref>{{Ouvrage|titre=Dr Marcel Junod, Le Troisième Combattant, CICR, Genève, 1982, p. 130}}</ref>

'''La Seconde Guerre mondiale 1939-1945'''
[[Fichier:Marcel_Junod_rend_visite_à_des_prisonniers_de_guerre_en_Allemagne.jpg|vignette|Marcel Junod rend visite à des prisonniers de guerre en Allemagne]]
Après le déclenchement de la [[Seconde Guerre mondiale]], Junod est convoqué à Genève par une lettre du CICR et est à nouveau nommé délégué du CICR, le libérant de ses obligations de médecin militaire de l’armée suisse. Il a commencé sa mission le 16 septembre 1939 à Berlin et est resté longtemps le seul délégué du CICR en Allemagne et dans les territoires bientôt occupés. Onze jours plus tard, le 27 septembre, il visita un camp de prisonniers de guerre polonais. En juin 1940, il réussit à empêcher une série de menaces d’exécution de prisonniers de [[Guerre de Sept Ans|guerre français]], qui avaient été planifiées en représailles à l’exécution faussement présumée de parachutistes allemands. Une fois de plus, il a organisé la transmission et l’échange d’informations relatives aux prisonniers de guerre, cette fois avec le soutien du bureau central du CICR pour les prisonniers de guerre à Genève.

Les tâches centrales de cette guerre étaient l’observation de l’adhésion aux [[Conventions de Genève de 1949|Conventions de Genève]] dans les camps de prisonniers de guerre et distribution de vivres et de fournitures médicales aux populations civiles des territoires occupés. Pourtant, l’effort de population civile ne faisait pas partie du rôle du CICR défini par la loi et ne le serait pas avant la quatrième [[Convention relative au statut des réfugiés|Convention de Genève]] de 1949. Pour apporter un soutien logistique à ces efforts, Junod s’est efforcé d’introduire la première utilisation de navires de la Croix-Rouge, spécialement marqués des symboles neutres du CICR, pour fournir les biens et les fournitures nécessaires. Par exemple, un certain nombre de navires ont été fournis par la Belgique (« Caritas I », « Caritas II » et « Henri Dunant »), la Turquie (« Kurtulus », « Dumlupinar ») et la Suède (« Hallaren », « Stureborg »). Malheureusement, le 9 juin 1942, malgré ses marques neutres, le « Stureborg » a été coulé par un avion italien.

". . . Pendant trois semaines, nous attendons en vain la nouvelle que le Stureborg a rallié Alexandrie. Genève interroge sans succès Londres, Rome, Berlin et Ankara.. Le bateau s’ést perdu en mer et nous pensons que personne n'expliquera jamais son naufrage.

. . .  Un matin, sur les côtes de Palestine, deux Bédouins longeant la falaise, aperçoivent un corps échoué sur le sable, à la lisière de l'eau. Il était le seul rescapé du Stureborg, un matelot portugais. Peu à peu, il s’est rétabli et au bout de huit jours, peut enfin parler.

Le lendemain de son départ du Pirée, deux avions fascistes ont survolé le bâtiment. Ils en ont fait trois fois le tour; ils ont bien eu le temps de voir les croix rouges peinted]=s sur ses flancs et sur ses cheminées Malgré celà, ils ont laché une bombe qui a coupé le navire en deux."<ref>{{Ouvrage|titre=Dr. Marcel Junod : Le Troisième Combattant Genève, 1982, p. 238}}</ref>
[[Fichier:ICRC-Archives_Bilfinger-Hiroshima.jpg|vignette|Monument à Marcel Junod dans le parc de la paix du Mémorial d'Hiroshima]]
En décembre 1944, Junod épouse sa femme Eugénie Georgette Perret (1915-1970). Après une courte pause de son statut de délégué, pendant laquelle il travaille une partie au siège du CICR à Genève, il est envoyé au Japon en juin 1945 et arrive à Tokyo le 9 août. Sa mission initiale consistait à rendre visite aux prisonniers de guerre dans les camps japonais et à superviser l’adhésion aux Conventions de Genève sur le territoire japonais. Sa mission au Japon a eu lieu alors que sa femme attendait un bébé à la maison.

Le 30 août, il reçut par un délegué sur place, une description des conditions apocalyptiques à Hiroshima. Il organise rapidement une mission d’assistance et obtient des alliés 15 tonnes de fournitures médicales. Le 8 septembre, il était le premier médecin étranger à atteindre le site. Il était accompagné d’un groupe d’enquête américain et de deux médecins japonais. Il y est resté cinq jours, au cours desquels il a visité les restes des grands hôpitaux, organisé la distribution des secours et donné personnellement des soins médicaux. Les photographies d’Hiroshima, qu’il a données au CICR, ont été parmi les premières images de la ville après l’explosion atomique à atteindre l’Europe.

." . . Sur ce qui reste du fronton de la gare, les aiguilles ont été arrêtées par la dégfagration. 8h. 15.

Dans l’histoire de l’humanité , c'est la première fois que le début d’un nouvel âge s'inscrit au cadran d’une horloge"<ref>{{Ouvrage|titre=Dr. Marcel Junod : Le Troisième Combattant CICR, Genève, 1982, p. 356}}</ref>

Après le largage de [[Arme nucléaire|bombes atomiques]] américaines sur [[Hiroshima]] (6 août 1945) et [[Nagasaki]] (9 août 1945) et la capitulation japonaise qui s’ensuivit, Junod organisa l’évacuation des camps de prisonniers de guerre et le sauvetage allié des détenus souvent gravement blessés. Son déploiement au Japon et dans d'autres pays asiatiques environnants a duré jusqu'en avril 1946, date à laquelle il a pu rentrer en Suisse, après avoir manqué la naissance de son fils Benoît en octobre 1945.

Après son retour, il a écrit le livre Le Troisième Combattant, intitulé en anglais Warrior Without Weapons. Il y décrit, dans un langage très personnel, les expériences qu'il a vécues lors de ses différents déploiements au sein du CICR. D'autres éditions ont été publiées en allemand, en espagnol, en danois, en suédois, en néerlandais, en japonais et en serbo-croate. Une traduction italienne du livre est parue en 2006, près de 60 ans plus tard. Il a été réimprimé à plusieurs reprises par le Comité international de la Croix-Rouge en anglais, en français et en espagnol. Le livre est parfois appelé le "livre de chevet de tous les jeunes délégués du CICR".

"Dans ces conditions, Il faut dresser au-dessus et à travers les fronts des parties en lutte, un nouveau, un ''troisième front'' , qui ne soit dirigé contre aucun d'entre eux, maisnquitravaille pour le bien de tous.Les combattants de ce troisième front ne voient que l'homme souffrantn et dénué comme tel, quels que soient sa naionalité, sa conviction et son passé; ils luttent partout où ilsnlepeuvent contre toute inhumanité, contre toute dégradation de la personnalité humaine, contre toute contrainte injustifiée exercée contre l'être sans défense". C'est pour eux qu'avec ce livre, que le Dr. Junod a crée le terme de "troisième combattant".<ref>{{Ouvrage|titre=Dr. Marcel Junod : Le Troisième Combattant. Extrait de la préface de Max Huber, ancien président du CICR}}</ref>

== Sa vie aprés la Seconde Guerre Mondiale ==
[[Fichier:Monument_à_Marcel_Junod_dans_le_parc_de_la_paix_du_Mémorial_d'Hiroshima.jpg|vignette|Monument à Marcel Junod dans le parc de la paix du Mémorial d'Hiroshima]]
De janvier 1948 à avril 1949, Junod a été actif en tant que représentant de l'organisation d'aide à l'enfance des Nations unies, [[Fonds des Nations unies pour l'enfance|l'UNICEF]], en Chine, après avoir été invité à ce poste par [[Maurice Pate]], alors directeur de l'UNICEF. Cependant, en raison d'une maladie qui l'empêchait de rester debout pendant de longues périodes, il a dû interrompre sa mission. Il a également dû refuser le poste de directeur de [[Organisation mondiale de la santé animale|l'Organisation mondiale de la santé]] (OMS) et a été contraint d'abandonner sa carrière de chirurgien. Il a décidé alors de devenir spécialiste en [[anesthésiologie]], ce qui lui permettat de travailler assis. La nécessité d'une formation complémentaire le conduit à Paris et à Londres. En 1951, il revient à Genève et ouvre un nouveau cabinet. Pour la première fois depuis son passage à l'hôpital de Mulhouse, il reprend une activité régulière comme médecin. En 1953, il convainc la direction de l'hôpital cantonal de Genève d'ouvrir un service d'anesthésiologie, dont il deviendra plus tard le directeur. Il peut enfin se consacrer à la recherche médicale, qu'il présente dans de nombreuses revues et lors de congrès.

En 1946, les États-Unis ont voulu honorer Junod de la [[Médaille de la Liberté|médaille de la liberté]] pour son travail en faveur des prisonniers alliés au Japon, mais une règle selon laquelle les citoyens suisses, astreints au service militaire, ne peuvent accepter de décorations étrangères, l'a empêché de la recevoir. Quatre ans plus tard, en 1950, il reçoit la Médaille d'or de la paix du prince Carl de Suède pour ses nombreuses actions humanitaires. Il est nommé membre du CICR le 23 octobre 1952 et élu vice-président en 1959. Au début de l'année 1953, il s'installe à [[Jussy (Genève)|Lullier]], un charmant petit village près de Genève, pour se reposer de sa double charge de médecin et de membre du CICR. Il passe presque toutes ses vacances chez des amis en Catalogne qu'il a connus lors de sa mission en Espagne. Ses fonctions au sein du CICR l'ont envoyé à Budapest, à Vienne, au Caire et ailleurs. En 1957, il assiste à la Conférence internationale de la Croix-Rouge à New Delhi et, en 1960, il visite les [[Société nationale de sauvetage en mer|sociétés nationales]] de la Croix-Rouge en Union soviétique, à [[Taïwan]], en [[Thaïlande]], à [[Hong Kong]], en [[Corée du Sud]], au [[Japon]], au [[Canada]] et aux [[États-Unis]]. Une de ses dernières missions aura éré de s'occuper de rapatriement des Coréens au Japon.En décembre 1960, il est nommé professeur d'anesthésiologie à la faculté de médecine de l'[[université de Genève]].

Marcel Junod est décédé le 16 juin 1961 à Genève d'une crise cardiaque massive alors qu'il travaillait comme anesthésiste lors d'une opération. Le CICR a reçu plus de 3 000 lettres et autres messages de condoléances du monde entier. La même année, le gouvernement japonais lui a décerné à titre posthume l'[[Ordre du Trésor sacré]]. Le 8 septembre 1979, un monument à la mémoire de Junod a été inauguré dans le [[parc de la paix d'Hiroshima]]. Chaque année, le jour anniversaire de sa mort, une réunion commémorative est organisée devant le monument. Le 13 septembre 2005, 60 ans après son départ d'Hiroshima, un monument similaire a été inauguré à Genève par les autorités municipales et cantonales.

En 2024, une plaque a été dévoilée à Chézard-St.-Martin sur la maison où Marcel Junod a passé son enfance, marquant 120 ans depuis sa naissance.

La dernière phrase de la citation suivante, tirée du dernier chapitre du livre de Junod, est inscrite au dos du monument d'Hiroshima:

". . . Ces images ne sont pas d'hier. Elles sont d'aujourd'hui et elles sont de demain. Ces blessés, ces captifs sont près de vous. C'est vous qui en avez la garde. N'attendez pas les messagers de ce fragile espoir que des juristes ont traçé pour mettre une limite à la violence. Il n'y aura jamais assez de volontaires pour aller recueillir tant de cris de douleur, tant de plaintes étouffées au fond des prisons et des camps.

'''Les appelants sont trop nombreux. Ceux qu'ils attendent, c'est vous"'''<ref>{{Ouvrage|titre=Dr. Marcel Junod : Le Troisième Combattant, CICR, Genève, 1982, p. 312}}</ref>.

==Références==
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*[http://www.icrc.org/fre/who-we-are/history/index.jsp Histoire du CICR]
*[http://www.icrc.org/fre/who-we-are/history/index.jsp Histoire du CICR]
*Portrait de [https://blogs.icrc.org/cross-files/fr/marcel-junod/ Marcel Junod] sur [https://blogs.icrc.org/cross-files/fr/ CROSS-files], le blog des archives et de la bibliothèque du Comité international de la Croix-Rouge
*Portrait de [https://blogs.icrc.org/cross-files/fr/marcel-junod/ Marcel Junod] sur [https://blogs.icrc.org/cross-files/fr/ CROSS-files], le blog des archives et de la bibliothèque du Comité international de la Croix-Rouge

*Généalogie des familles Junod de Neuchâtel (Suisse) - Dr Marcel Junod (1904-1961)
*Télégramme de Fritz Bilfinger à Marcel Junod le 30 A
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Dernière version du 17 mai 2024 à 16:21

Marcel Junod
Biographie
Naissance
Décès
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GenèveVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Cimetière de Jussy (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Vue de la sépulture.

Marcel Junod ( - ) était un médecin suisse et un des délégués les plus fameux du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Après avoir étudié la médecine puis travaillé durant une courte période comme chirurgien à Mulhouse, il est entré au CICR comme délégué et a été envoyé en Éthiopie pendant la Seconde guerre italo-éthiopienne, en Espagne pendant la guerre civile espagnole, et en Europe ainsi qu'au Japon au cours de Seconde Guerre mondiale. En , il arrive à Hiroshima fin août et obtient du matériel sanitaire des Américains pour commencer de prodiguer des soins aux blessés. Un monument lui est dédié au Parc de la Paix dans cette ville japonaise.

En 1947, il a écrit un livre sur ses expériences : Le troisième combattant[1]. Après la guerre, il a travaillé pour le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) en tant que représentant principal en Chine, puis est rentré en Europe en 1950. Il a fondé le département d’anesthésie de l'Hôpital cantonal de Genève et est devenu le premier professeur de cette discipline à l'Université de Genève. En 1952, il a été nommé membre du CICR et, après de nombreuses missions, a été vice-président de cette institution de 1959 jusqu'à sa mort en 1961.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-François Berger, « Pendant une décennie, Marcel Junod est de toutes les guerres », Passé simple, no 63,‎ , p. 26-30.

Références[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]