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'''Yevno Azév''' (autres translittérations: '''Azev''', '''Azef''' en anglais, né '''Evno Fichelevitch Azef''', à Lyskava, dans la [[voblast de Brest]] de la [[Biélorussie]] actuelle, en [[1869]] - décédé en [[1918]]) est un [[espion]] de l'[[Okhrana]], la police secrète tsariste, infiltré comme [[agent provocateur (métier)|agent provocateur]] chez les [[Parti socialiste-révolutionnaire (Russie)|socialistes-révolutionnaires]] (SR), dont il dirigea l'aile terroriste. La révélation de cette infiltration est connue comme « affaire Azév », à la suite de laquelle les socialistes découvrirent plusieurs autres agents infiltrés dans leurs rangs.
'''Yevno Azév''' (autres translittérations : ''Azev'', ''Azef'' en anglais, né '''Evno Fichelevitch Azef''' à Lyskava dans la [[voblast de Brest]], en [[Biélorussie]] actuelle, en [[1869]], et décédé en [[1918]]) est un [[espion]] de l'[[Okhrana]], la police secrète tsariste, infiltré comme [[agent provocateur (métier)|agent provocateur]] chez les [[Parti socialiste-révolutionnaire (Russie)|socialistes-révolutionnaires]] (SR), dont il dirigea l'aile terroriste. La révélation de cette infiltration est connue comme « affaire Azév », à la suite de laquelle les socialistes découvrirent plusieurs autres agents infiltrés dans leurs rangs.


== Biographie ==
== Biographie ==


Azév est issu d'une famille juive modeste, deuxième enfant sur une fratrie de sept. Ils déménagent à [[Rostov-sur-le-Don]] en 1874, alors qu'il a cinq ans. Après avoir quitté l'école vers 1890, il travaille comme journaliste puis comme voyageur de commerce. Converti à la cause révolutionnaire en 1889, menacé d'arrestation en 1892, il réussit à s'enfuir en [[Empire allemand|Allemagne]] après avoir volé 800 roubles, d'abord à [[Karlsruhe]] puis à [[Darmstadt]], où il étudie et reçoit un diplôme d'ingénieur en génie électrique<ref>{{Lien web |titre=Evno Azef |url=https://spartacus-educational.com/RUSazef.htm |site=Spartacus Educational |consulté le=2022-09-28}}</ref>. En avril 1893, Azef écrit à l' Okhrana et [[Sergueï Zoubatov]], directeur du bureau moscovite de l'Okhrana au tournant du siècle, le recrute en tant qu'informateur. C'est toujours dans ce pays qu'il rejoint les exilés membres du [[Parti ouvrier social-démocrate de Russie|Parti social-démocrate]] et voyage à travers l'Europe pour rencontrer d'autres camarades. En [[1894]], il rejoint les SR, rencontrant ses cadres à travers l'Europe, dont le ''[[narodnik]]'' Kh.O. Jitlovsky et {{lien|Andreï Argounov|trad=Andrei Argunov}}. Azév devient membre du comité central des SR.
Voilà un personnage tout à fait étonnant qui passa sa vie sur un fil comme un funambule, à tromper et trahir les uns et les autres avant de finir par s'engluer lui-même dans ses filets, comme il était inévitable.


À la demande de l'Okhrana, il revient à [[Moscou]] en 1899, travaillant toujours comme ingénieur électricien. En 1903, ses informations permettent l'arrestation de {{lien|lang=en|Grigory Gershuni}}, à la tête de l'[[Organisation de combat des SR]]. Ceci permet à Azév de lui succéder, avec [[Boris Savinkov]] comme assistant. À la tête de l'aile militaire des SR, il organise une série d'attentats et d'assassinats, dont celui du ministre de l'Intérieur le [[Viatcheslav Plehve|comte Plehve]] en 1904 (son chef à l'Okhrana, mais il ne cherche pas éviter sa mort, peut-être pour le punir des [[Pogroms de Kichinev|pogroms de 1903]]) et l'année suivante de l'oncle de l'empereur [[Nicolas II de Russie|Nicolas II]], le grand duc [[Serge Alexandrovitch de Russie|Serge Alexandrovitch]]. À cette époque, il était payé environ {{Unité|1000|roubles}} par mois par la police.
Azev nait en 1869 dans une famille juive de Biélorussie. Il va rouler sa bosse dans divers métiers tout en fréquentant les milieux évolutionnaires. En 1892, sur le point d'être arrêté pour ses activités illicites, il vole huit cents roubles et s'enfuit en Allemagne. Là, il reprend des études, mais surtout entame en 1893 - il a vingt-quatre ans - une fructueuse carrière d'indicateur, puis d'agent à part entière, de l'Okhrana, la police secrète tsariste.


Au bout d'un moment, un ex-policier, sympathisant des révolutionnaires, convainc [[Vladimir Bourtzeff]] d'ouvrir une enquête au sujet d'Azev. Bourtsev réussit à confirmer ses soupçons par l'entremise d'Alexeï Lopoukhine, ancien directeur de la police, et dévoile publiquement, en {{date-|février 1909}}, le rôle d'agent provocateur d'Azév. Un tribunal d'honneur informel se tient à [[Paris]] pour établir la culpabilité d'Azév. Celui-ci réussit à les persuader de le libérer afin qu'il apporte le lendemain des preuves convaincantes de son innocence. Cette ruse lui permet de s'enfuir en Espagne, Grèce, Égypte, puis de nouveau en Allemagne en 1910. Sa femme, Liouba Mankine, qui n'était pas au courant de son emploi par l'Okhrana et avait deux enfants de lui, divorce et [[immigration aux États-Unis|émigre aux États-Unis]].
Dorénavant, il va agir suivant .les instructions de ses employeurs. En Allemagne d'abord, il se lie aux révolutionnaires russes exilés puis voyage à travers toute l'Europe afin de fournir le maximum d'informations sur ses camarades révolutionnaires réfugiés ici et là.
En Allemagne, Azév travaille comme chanteur, vendeur de corsets et spéculateur en bourse. Il est [[Internement (droit international)|interné]] en 1916 comme terroriste, avant d'être libéré en {{date-|février 1917}}. Il meurt à Berlin l'année suivante d'insuffisance rénale, le {{date de mort|24|avril|1918}} et il est enterré dans une tombe anonyme du cimetière de [[Berlin-Wilmersdorf|Wilmersdorf]]<ref>{{Lien web |auteur=Vytautas Toleikis |titre=Azef Jewno {{!}} Virtual Shtetl |url=https://sztetl.org.pl/en/biographies/2109-azef-jewno |site=sztetl.org.pl |consulté le=2022-09-29}}</ref>.


== Sources ==
Il rentre en Russie en 1899. Considéré par ses pairs, qui ne se doutent de rien, comme un révolutionnaire pur et dur, il participe avec Guerchouni à la fondation du parti socialiste révolutionnaire (SR). Guerchouni crée dans la foulée la branche terroriste du parti, l'Organisation de Combat (OC), qui, prenant la relève de la ''Narodnya Volya,'' a décidé de jouer la carte de la violence totale pour abattre le régime tsariste. Commence alors un étonnant double jeu, Azev procurant des informations sur les SR et l'OC à l'Okhrana, tout en organisant des attentats avec les « camarades».
* [[Boris Nicolaevsky|Nikolajewsky, B.]] ''Azeff the Spy: Russian Terrorist and Police Stool'', Garden City (Etat de New York), 1934.
* Pevsner, G.'' La Doppia Vita di Evno Azev (1869-1918).'' Milano: Mondadori. 1936. 315 S.
* [[Anna Geifman]], ''Entangled in Terror: The Azef Affair and the Russian Revolution'', Scholarly Resources, 1999.
* Richard E. Rubenstein, ''Comrade Valentine: The True Story of Azef the Spy—The Most Dangerous Man in Russia at the Time of the Last Czars'', Harcourt Brace and Company, 1994.
* [[Boris Savinkov]], ''Souvenirs d'un terroriste'', trad. [[Régis Gayraud]], [[Champ Libre]], 1982.
* Shukman, H. (ed.), ''The Blackwell Encyclopedia of the Russian Revolution'', Oxford, 1988.
* Hildermeier, M., ''Die sozialrevolutionäre Partei Russlands'', Cologne, 1978.


== Fiction ==
En 1903, il livre Guerchouni à la police tsariste et réussit le tour de force de le remplacer à la tête de l'OC ! Le Comité central des SR, ayant en lui une confiance aveugle, l'a en effet pressé d'accepter ce poste sensible.
* Le thriller d'espionnage ''Les Portes de la chance'' ["The Birds fall down"], publié en 1966 par [[Rebecca West]], est basé sur les actions d'Azev.
* [[Roman Goul|Roman B. Goul]], ''Lanceur de bombes, Le roman d’E.F. Azef, révolutionnaire et agent de l’Okhrana,'' Les Nuits Rouges, Paris, 2012 ({{1re|édition}} : ''General B.O.'', Berlin,1929; en français, chez Gallimard, 1930) «roman documentaire», fiable d'après [[Allen Welsh Dulles|Allen Dulles]]<ref name="dulles">{{ouvrage|titre=Great Spy Stories from Fiction|éditeur=Harper & Row|année=1969|pages=47–48|isbn=9780004105918<!--|editor-first=Allen--><!--|editor-last=Dulles-->}}</ref>.
* [[Joseph Conrad]] dans son roman ''[[Sous les yeux de l'Occident]]'' (1911, {{OCLC|608066}}) utilisera des éléments de la vie d'Azev<ref name="dulles"/>.


== Références ==
Mais laissons la parole à Roland Gaucher qui, dans ''Les Terroristes,'' parle longuement du personnage et de sa façon de procéder :
{{références}}

<nowiki>''</nowiki> ''Azev débuta de bonne heure dans la carrière d'espion. Le 8 avril 1893, les services de l'Okhrana reçurent une lettre postée de Karlsruhe. L'expéditeur y indiquait qu'il terminait ses études d'ingénieur-électricien, se disait bien introduit dans les milieux de l'émigration et offrait de dénoncer ses camarades. Deux mois plus''

''tard, il était engagé au tarif de 50 roubles par mois, plus les primes. Dès celle époque, il s'efforça d'engager les émigrés qu'il connaissait dans la voie du terrorisme. La police ne tarda pas à remarquer la qualité de cette nouvelle recrue et s'employa activement à faciliter son ascension. Son salaire progressait aussi, récompense de ses dons : en 1899 : 80 roubles, en 1902 : 200 roubles, en 1903 : 500 roubles, auxquels s'ajoutaient bien sûr des primes, cadeaux, frais de déplacement (les chiffres figurent dans une comptabilité de la section financière des archives de l'Okhrana).''

''Quand le Comité central des socialistes révolutionnaires lui proposa de prendre la tête de l'Organisation de Combat, il demanda à réfléchir. Cette circonspection fut bien appréciée. On avait affaire, pensait-on, à un homme qui ne prenait pas de dispositions à la légère.''

''Et, en effet, ses décisions étaient mûrement pesées : ce révolutionnaire Evno Azev, dit'' Valentin, ''exigea du Comité central une autonomie complète pour l'Organisation de Combat, mais l'agent'' Raskine ''se garda bien de prévenir ses patrons de sa promotion clandestine. ! Il les avertit simplement qu'il était à même de suivre désormais de fort près les péripéties de l'O.'' C. ''On le félicita. On l'augmenta.''

''Peu après, Azev décida de tuer Plehve, c'est-à-dire le ministre qui, par intermédiaires, le rétribuait( ... ) L'attentat fut fixé au 18 mars 1904. A cette époque, Azev adressa à l'Okhrana un avertissement très vague, expliquant qu'on était en train de préparer un attentat contre le ministre.'' [L'attentat est remis plusieurs fois, puis ... ]

''Azev, jugeant que le mécanisme qui devait tuer Plehve était au point, quitta Saint-Pétersbourg et écrivit le 19 juin au policier Rataiev que le projet était différé à cause du manque de bombes et que les SR préparaient un autre attentat contre le gouverneur d'lrkoustk. Là-dessus, il élabora à Moscou avec les conjurés le plan de l'attentat, fixa la date au 8 juillet et partit pour Vienne.'' ( ... ) ''Il fallut encore une semaine pour que l'opération si longuement préparée par Azev réussît. Le 15 juillet, la bombe de Sazonov mettait fin aux jours de Plehve. Une fois de plus, Azev était à l'étranger, d'où il continuait à << renseigner» l'Okhrana. Chaque fois, il avait pris soin de se créer un alibi.''

''Ni à L'Okhrana, ni chez les SR, personne ne le soupçonna. La mort de Plehve, avec le retentissement qu'elle avait provoqué, donnait à l'Organisation de Combat un immense prestige, à Valentin le premier rôle dans cet exploit.'' ( ... ) ''En même temps, l'O.'' C. ''en profita pour renforcer sa puissance. Elle pouvait se le permettre. Des fonds importants venus de l'étranger étaient mis à sa disposition et c'était Azev qui en possédait le contrôle. Par ce moyen, le Comité central dépendait de lui et son autorité se trouvait amoindrie.''

( ... ) ''Ce fut le même Azev qui proposa au Comité central des SR d'organiser un attentat contre le tsar à Revel. Fidèle à ses habitudes, il avertit en même temps I'Okhrana qu'un groupe installé en Finlande préparait le régicide.'' ( ... ) ''Azev fit échouer le projet de Revel par un procédé bien dans sa manière. On ne savait si le tsar viendrait à Revel, port militaire, sur son yacht ou par la voie ferrée.''

''Mais un complice haut placé dans l'administration des chemins de fer avertit Azev que c'était ce second itinéraire qui avait été retenu. Taisant le nom de son informateur, Azev fit savoir à l'Okhrana qu'il connaissait l'itinéraire choisi. Il communiqua la même information à l'O. C., mais avec un retard suffisant pour que le train impérial eût déjà atteint Revel.''

''C'était un habile coup double. Auprès des SR'' ''Azev confirmait l'importance des renseignements qu'il était capable d'obtenir. Guerassimov'' [chef de l'Okhrana de Saint-Pétersbourg] ''n'était pas moins stupéfait : Azev connaissait avant lui l'itinéraire adopté.'' »

En gros, sa tactique consistait donc à organiser les attentats avec l'OC tout en prévenant l'Okhrana que ces attentats allaient avoir lieu. En réalité, les choses étaient ''plus subtiles car il fallait faire gagner tantôt l'un, tantôt l''<nowiki/>'autre camp et tâcher de fournir à chacun ce qu'il attendait.

Il réussit si bien ce double jeu que lorsque le pot aux roses sera finalement découvert, les deux parties auront beaucoup de mal à admettre la vérité : les SR, qu'Azev était LE traître qui avait fait échouer bon nombre d'attentats et permis l'arrestation de nombreux camarades et l'Okhrana, qu'Azev était LE chef de l'OC qui leur avait donné tant de fil à

retordre, car bon nombre d'attentats avaient quand même réussi. Dont celui, emblématique, de Plehve.

Au fil des années, l'étau va cependant se resserrer autour de lui. Les tensions s'exacerberont de part et d'autre en raison des troubles de la révolution avortée de 1905, ce qui obligera l'agent trouble à jouer de plus en plus serré.

Des informations sur le double jeu d'Azev étaient déjà parvenues aux SR en 1903, puis en 1905. Ces derniers les avaient considérées comme d'affreuses calomnies, ou de la désinformation pure et simple. Azev, ce héros, un traître !

Certains des accusateurs furent même liquidés sans autre forme de procès pour avoir osé jeter le soupçon sur un personnage aussi inattaquable.

Pour que la vérité éclate enfin, en 1908, il faudra les efforts très tenaces d'un révolutionnaire journaliste, Vladimir Bourtzev, qui avait un dada : démasquer les agents provocateurs au service de la police. Il en avait déjà un certain nombre à son actif lorsqu'il acquit la certitude qu'un traître opérait au sommet des SR. Mais qui ? Lui-même informé par un indicateur de police, Bourtzev va devoir mener une enquête solitaire pour accumuler les preuves contre Azev et arriver à ébranler les certitudes des dirigeants du parti qui l'accuseront dans un premier temps de vouloir discréditer le mouvement tout entier.

Une sorte de tribunal va se tenir à Paris en 1908 pour examiner les preuves que Bourtzev déclare détenir. Ce dernier apparaît en position d'accusé plus que d'accusateur, tant il semble impossible aux vétérans qui siègent de croire à la trahison.

Cependant, ébranlé malgré tout par les arguments de Bourtzev, le « tribunal » décide d'ouvrir une enquête. Mais commet l'erreur de convoquer Azev pour un ultime interrogatoire. Ce dernier promet d'apporter les preuves de son innocence.

Naturellement, il va disparaître dans la nature, trop heureux de se tirer de ce mauvais pas à si bon compte. Ce qui prouvera définitivement à ses ex-camarades » qu'il était bien un traître. Azev se réfugie en Allemagne puis dans divers pays pour brouiller les pistes. Apparemment, l'OC ne le traquera pas pour l'abattre comme elle le fit pour d'autres. Il est vrai que le parti SR était sorti complètement déconsidéré par « l'affaire » qui causa un énorme scandale.

Chacun était éclaboussé et voyait désormais des traîtres partout. En fait, à cause de cette incroyable trahison au plus haut niveau, la vague terroriste allait complètement retomber et il faudrait la guerre de 14-18 pour redonner ses chances à la révolution. Azev, ayant accumulé de confortables économies, vivra à peu près tranquille en Allemagne jusqu'en 1915, date à laquelle il est étonnamment arrêté par les autorités allemandes comme un élément subversif». Il ne sera relâché qu'en 1917 et mourra à Berlin en avril l918 d'une néphrite.

Sources
* Anne Kling : Révolutionnaires Juifs

== Fiction ==
* [[Rebecca West]]'s ''The Birds Fall Down'' (1966) is a spy thriller based on the deeds of Azef<ref>First published in the UK by Macmillan in 1966, and published in the US by Viking Press also in 1966.</ref>{{,}}<ref name="dulles">{{ouvrage |editor-first=Allen |editor-last=Dulles |titre=Great Spy Stories from Fiction |année=1969 |éditeur=Harper & Row |pages=47–48 |isbn=9780004105918 }}</ref>.
* [[Roman Borisovich Gul|Roman Gul]]'s novel ''Azef'' (originally ''General B.O.'', 1929; later edition {{OCLC|3229274}}) hewed closely to the facts, according to [[Allen Welsh Dulles|Allen Dulles]]<ref name="dulles"/>.
* [[Joseph Conrad]]'s novel ''[[Under Western Eyes]]'' (1911, {{OCLC|608066}}) used elements of the Azef story<ref name="dulles"/>.


==Références==
== Liens externes ==
== Liens externes ==
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* [http://www.vz.ru/columns/2005/6/22/975.html Berezovsky - between Azef and Parvus] by [[Dmitry Galkovsky]]
* [http://www.vz.ru/columns/2005/6/22/975.html Berezovsky - entre Azef et Parvus] par [[Dmitri Galkovski]]


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Dernière version du 2 novembre 2022 à 23:37

Yevno Azev
Biographie
Naissance
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Décès
Sépulture
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
Parti politique

Yevno Azév (autres translittérations : Azev, Azef en anglais, né Evno Fichelevitch Azef à Lyskava dans la voblast de Brest, en Biélorussie actuelle, en 1869, et décédé en 1918) est un espion de l'Okhrana, la police secrète tsariste, infiltré comme agent provocateur chez les socialistes-révolutionnaires (SR), dont il dirigea l'aile terroriste. La révélation de cette infiltration est connue comme « affaire Azév », à la suite de laquelle les socialistes découvrirent plusieurs autres agents infiltrés dans leurs rangs.

Biographie[modifier | modifier le code]

Azév est issu d'une famille juive modeste, deuxième enfant sur une fratrie de sept. Ils déménagent à Rostov-sur-le-Don en 1874, alors qu'il a cinq ans. Après avoir quitté l'école vers 1890, il travaille comme journaliste puis comme voyageur de commerce. Converti à la cause révolutionnaire en 1889, menacé d'arrestation en 1892, il réussit à s'enfuir en Allemagne après avoir volé 800 roubles, d'abord à Karlsruhe puis à Darmstadt, où il étudie et reçoit un diplôme d'ingénieur en génie électrique[1]. En avril 1893, Azef écrit à l' Okhrana et Sergueï Zoubatov, directeur du bureau moscovite de l'Okhrana au tournant du siècle, le recrute en tant qu'informateur. C'est toujours dans ce pays qu'il rejoint les exilés membres du Parti social-démocrate et voyage à travers l'Europe pour rencontrer d'autres camarades. En 1894, il rejoint les SR, rencontrant ses cadres à travers l'Europe, dont le narodnik Kh.O. Jitlovsky et Andreï Argounov (en). Azév devient membre du comité central des SR.

À la demande de l'Okhrana, il revient à Moscou en 1899, travaillant toujours comme ingénieur électricien. En 1903, ses informations permettent l'arrestation de Grigory Gershuni (en), à la tête de l'Organisation de combat des SR. Ceci permet à Azév de lui succéder, avec Boris Savinkov comme assistant. À la tête de l'aile militaire des SR, il organise une série d'attentats et d'assassinats, dont celui du ministre de l'Intérieur le comte Plehve en 1904 (son chef à l'Okhrana, mais il ne cherche pas éviter sa mort, peut-être pour le punir des pogroms de 1903) et l'année suivante de l'oncle de l'empereur Nicolas II, le grand duc Serge Alexandrovitch. À cette époque, il était payé environ 1 000 roubles par mois par la police.

Au bout d'un moment, un ex-policier, sympathisant des révolutionnaires, convainc Vladimir Bourtzeff d'ouvrir une enquête au sujet d'Azev. Bourtsev réussit à confirmer ses soupçons par l'entremise d'Alexeï Lopoukhine, ancien directeur de la police, et dévoile publiquement, en , le rôle d'agent provocateur d'Azév. Un tribunal d'honneur informel se tient à Paris pour établir la culpabilité d'Azév. Celui-ci réussit à les persuader de le libérer afin qu'il apporte le lendemain des preuves convaincantes de son innocence. Cette ruse lui permet de s'enfuir en Espagne, Grèce, Égypte, puis de nouveau en Allemagne en 1910. Sa femme, Liouba Mankine, qui n'était pas au courant de son emploi par l'Okhrana et avait deux enfants de lui, divorce et émigre aux États-Unis.

En Allemagne, Azév travaille comme chanteur, vendeur de corsets et spéculateur en bourse. Il est interné en 1916 comme terroriste, avant d'être libéré en . Il meurt à Berlin l'année suivante d'insuffisance rénale, le et il est enterré dans une tombe anonyme du cimetière de Wilmersdorf[2].

Sources[modifier | modifier le code]

  • Nikolajewsky, B. Azeff the Spy: Russian Terrorist and Police Stool, Garden City (Etat de New York), 1934.
  • Pevsner, G. La Doppia Vita di Evno Azev (1869-1918). Milano: Mondadori. 1936. 315 S.
  • Anna Geifman, Entangled in Terror: The Azef Affair and the Russian Revolution, Scholarly Resources, 1999.
  • Richard E. Rubenstein, Comrade Valentine: The True Story of Azef the Spy—The Most Dangerous Man in Russia at the Time of the Last Czars, Harcourt Brace and Company, 1994.
  • Boris Savinkov, Souvenirs d'un terroriste, trad. Régis Gayraud, Champ Libre, 1982.
  • Shukman, H. (ed.), The Blackwell Encyclopedia of the Russian Revolution, Oxford, 1988.
  • Hildermeier, M., Die sozialrevolutionäre Partei Russlands, Cologne, 1978.

Fiction[modifier | modifier le code]

  • Le thriller d'espionnage Les Portes de la chance ["The Birds fall down"], publié en 1966 par Rebecca West, est basé sur les actions d'Azev.
  • Roman B. Goul, Lanceur de bombes, Le roman d’E.F. Azef, révolutionnaire et agent de l’Okhrana, Les Nuits Rouges, Paris, 2012 (1re édition : General B.O., Berlin,1929; en français, chez Gallimard, 1930) «roman documentaire», fiable d'après Allen Dulles[3].
  • Joseph Conrad dans son roman Sous les yeux de l'Occident (1911, (OCLC 608066)) utilisera des éléments de la vie d'Azev[3].

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Evno Azef », sur Spartacus Educational (consulté le )
  2. Vytautas Toleikis, « Azef Jewno | Virtual Shtetl », sur sztetl.org.pl (consulté le )
  3. a et b Great Spy Stories from Fiction, Harper & Row, , 47–48 p. (ISBN 9780004105918)

Liens externes[modifier | modifier le code]

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