« Dazibao » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
m transformation redirect => lien direct; changement de type cosmétique
Balises : Modification par mobile Modification par le web mobile
 
(47 versions intermédiaires par 36 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{Voir homonymes|Dazibao (homonymie)}}
Le '''''dazibao''''' ([[chinois traditionnel]] 大字報, [[chinois simplifié]] 大字报, [[Hanyu pinyin|pinyin]] ''dàzìbào'', littéralement « journal à grands caractères ») en [[Culture chinoise|Chine]] est une [[affiche]] rédigée par un simple citoyen, traitant d'un sujet politique ou moral, et placardée pour être lue par le public.
[[Fichier:2005-07-08 street news.JPG|thumb|300px|Journaux affichés, à Pékin, en 2005.]]


Le '''''dazibao''''' ([[chinois traditionnel]] 大字報, [[chinois simplifié]] 大字报, [[Hanyu pinyin|pinyin]] ''dàzìbào'', littéralement « journal à grands caractères ») en [[Culture chinoise|Chine]] est une [[affiche]] rédigée par un simple citoyen, traitant d'un sujet [[politique]] ou [[Morale|moral]], et placardée pour être lue par le public.
[[Image:2005-07-08 street news.JPG|thumb|200px|Journaux affichés, Pékin, 2005]]
L'expression de l'opinion publique par l'affichage est une tradition de la Chine impériale. Les voyageurs rapportent que les citoyens mécontents écrivaient ou imprimaient des affiches pour critiquer l'administration du magistrat impérial, qui étaient placardées dans la ville et jusque dans la rue devant le tribunal, siège du magistrat. Le peuple se rassemblait autour des affiches pour les commenter<ref>[[Evariste Huc]] ''L'Empire Chinois'' chapitre 13. [http://classiques.uqac.ca/classiques/HUC_evariste/C21_empire_chinois/empire_chinois.html Université du Québec, Classiques des sciences sociales]</ref>.


Par extension, et au sens figuré, le mot est employé pour désigner des publications non officielles<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Définition dazibao - LE DICTIONNAIRE|url=https://www.le-dictionnaire.com/definition/dazibao|site=www.le-dictionnaire.com|consulté le=2019-03-18}}.</ref>.
C'est en [[1966]], avec la [[révolution culturelle]] lancée par [[Mao Zedong]] que les ''dazibao'' refirent leur apparition en [[République populaire de Chine|Chine]]. Un des éléments clés de la révolution culturelle fut la publication de dazibao le [[25 mai]] [[1966]] par [[Nie Yuanzi]] et d'autres à l'[[Université de Pékin]], affirmant que l'université était contrôlée par la bourgeoisie antirévolutionnaire. La lecture de ces textes par de jeunes étudiants comme [[Xing Xing Cheng]] les conduisirent à participer à la révolution culturelle et rejoindre les [[garde rouge (Chine)|gardes rouges]]. L'affiche est venue à l'attention de [[Mao Zedong]], qui l'a diffusé nationalement en la publiant dans le [[Quotidien du peuple]]. Les dazibao furent bientôt très répandus, utilisés pour tout, du débat sophistiqué au divertissement satirique à la dénonciation enragée ; être attaqué dans une affiche de grand-caractère était suffisant pour mettre fin à une carrière. Réalisées à la main, ces affiches couvrirent d'abord les murs de [[Pékin]] avant de gagner les provinces. Ce [[média]] illégal et spontané véhicula l'information non-officielle et eut l'audace d'attaquer les autorités du pays.


== Historique ==
Un des « quatre grands droits » dans la [[:en:1975 Constitution of the People's Republic of China|constitution d'état de 1975]] était le droit d'écrire un dazibao. {{refnec|Il a été débuté vers l'an 1500 sous la [[dynastie Qin]].}}
[[Image:Vincent_Lebbe_1915-yishi_bao_et_dazibao.jpg|vignette|Dazibao du prêtre et missionnaire catholique belge lazariste [[Vincent Lebbe]] en 1915, en Chine.]]
L'expression de l'opinion publique par l'affichage est une tradition de la Chine impériale. Les voyageurs rapportent que les citoyens mécontents écrivaient ou imprimaient des affiches pour critiquer l'administration du magistrat impérial, qui étaient placardées dans la ville et jusque dans la rue devant le tribunal, siège du magistrat. Le peuple se rassemblait autour des affiches pour les commenter<ref>[[Evariste Huc]], ''L'Empire chinois'', chapitre 13, [http://classiques.uqac.ca/classiques/HUC_evariste/C21_empire_chinois/empire_chinois.html université du Québec, Classiques des sciences sociales].</ref>.


C'est en [[1966]], avec la [[révolution culturelle]] lancée par [[Mao Zedong]] que les ''dazibao'' refirent leur apparition en [[République populaire de Chine|Chine]]. Un des éléments clés de la révolution culturelle fut la publication de dazibao le {{date|25|mai|1966}} par [[Nie Yuanzi]] et six autres étudiants à l'[[université de Pékin]], affirmant que l'université était contrôlée par la bourgeoisie antirévolutionnaire<ref>{{Ouvrage|langue=|auteur1=H. Hamon et P. Rotman|titre=Génération, Tome 1, Les années de rêve|passage=p. 321.|lieu=Paris|éditeur=Éditions du Seuil|date=1998|pages totales=|isbn=|lire en ligne=}}</ref>. La lecture de ces textes par de jeunes étudiants comme [[Xing Xing Cheng]] les conduisit à participer à la révolution culturelle et rejoindre les [[garde rouge (Chine)|gardes rouges]]. L'affiche est venue à l'attention de [[Mao Zedong]], qui l'a diffusée nationalement en la publiant dans le ''[[Quotidien du peuple]]''. [[Bian Zhongyun]], directrice adjointe du collège pour les filles de l’élite du [[Parti communiste chinois]], est considérée comme la première victime de la révolution culturelle. Un groupe de jeunes filles pénétra dans son logement pour le saccager et y placer des dazibaos insultants {{citation|Bian Zhongyun la grognasse ! Sale sorcière ! Sale renarde ! Ne crois pas que tu vas pouvoir te carapater dans ton terrier ! Proviseur largue ta morgue !}} ou bien {{citation|Salope ! Tiens toi bien ! Sinon on va te dresser.}}. Le {{date-|5 août 1966}}, Bian Zhongyun est assassinée<ref> [[Pierre Boncenne]] ''Le Parapluie de Simon Leys'', Philippe Rey, pages 132 et suivantes.</ref>.
Une nouvelle floraison eut lieu après la fin du [[maoïsme]], lors du mouvement du [[mur de la démocratie]] en 1978 à Pékin; un des plus célèbre dazibao fut [[La cinquième modernisation]], dont l'appel hardi à la démocratie a apporté une renommée immédiate à son auteur, [[Wei Jingsheng]]. La répression finit par mettre fin à cette [[liberté de la presse|presse libre]] à la fin de l'année [[1979]].


Les dazibaos furent bientôt très répandus, utilisés pour tout, du débat sophistiqué au divertissement satirique et à la dénonciation enragée ; être attaqué dans une « affiche de grand caractère » était suffisant pour mettre fin à une carrière. Réalisées à la main, ces affiches couvrirent d'abord les murs de [[Pékin]] avant de gagner les provinces. Ce [[média]] illégal et spontané véhicula l'information non officielle et eut l'audace d'attaquer les autorités du pays.
{{refnec|Par extension, l'expression est employée pour désigner des publications non officielles.}}

Un des « quatre grands droits » dans la {{lien|trad=1975 Constitution of the People's Republic of China|fr=Constitution de la république populaire de Chine de 1975}} était le droit d'écrire un dazibao.

Une nouvelle floraison eut lieu après la fin du [[maoïsme]], lors du mouvement du [[mur de la démocratie]] en 1978 à Pékin ; un des plus célèbres dazibaos fut « [[La cinquième modernisation]] », dont l'appel hardi à la démocratie a apporté une renommée immédiate à son auteur, [[Wei Jingsheng]]. La répression finit par mettre fin à cette [[liberté de la presse|presse libre]] à la fin de l'année [[1979]].


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Références}}
<references/>


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
* [[Propagande de la République populaire de Chine]]
* [[Propagande de la République populaire de Chine]]
* [[Papelógrafo]]


== Liens externes ==
=== Lien externe ===
* [http://www.echonyc.com/~wei/Fifth.html Text of Wei Jingsheng's dazibao]
* [http://www.echonyc.com/~wei/Fifth.html Text of Wei Jingsheng's dazibao]


{{Révolution culturelle}}
{{Palette|Révolution culturelle}}
{{Portail|République populaire de Chine|communisme|Liberté d'expression}}


{{DEFAULTSORT:dazibao}}
{{portail|Chine|RPC}}
[[Catégorie:Culture en Chine]]
{|
|-
|
|
|}

[[Catégorie:Culture chinoise]]
[[Catégorie:Dissidence chinoise]]
[[Catégorie:Dissidence chinoise]]
[[Catégorie:Presse écrite]]
[[Catégorie:Presse écrite]]
[[Catégorie:Révolution culturelle]]
[[Catégorie:Révolution culturelle]]
[[Catégorie:Lutte contre la censure]]

[[de:Wandzeitung]]
[[en:Big-character poster]]
[[es:Dazibao]]
[[it:Dazibao]]
[[nl:Muurkrant]]
[[no:Dazibao]]
[[pl:Dazibao]]
[[ru:Дацзыбао]]
[[zh:大字报]]

Dernière version du 14 mai 2023 à 23:28

Journaux affichés, à Pékin, en 2005.

Le dazibao (chinois traditionnel 大字報, chinois simplifié 大字报, pinyin dàzìbào, littéralement « journal à grands caractères ») en Chine est une affiche rédigée par un simple citoyen, traitant d'un sujet politique ou moral, et placardée pour être lue par le public.

Par extension, et au sens figuré, le mot est employé pour désigner des publications non officielles[1].

Historique[modifier | modifier le code]

Dazibao du prêtre et missionnaire catholique belge lazariste Vincent Lebbe en 1915, en Chine.

L'expression de l'opinion publique par l'affichage est une tradition de la Chine impériale. Les voyageurs rapportent que les citoyens mécontents écrivaient ou imprimaient des affiches pour critiquer l'administration du magistrat impérial, qui étaient placardées dans la ville et jusque dans la rue devant le tribunal, siège du magistrat. Le peuple se rassemblait autour des affiches pour les commenter[2].

C'est en 1966, avec la révolution culturelle lancée par Mao Zedong que les dazibao refirent leur apparition en Chine. Un des éléments clés de la révolution culturelle fut la publication de dazibao le par Nie Yuanzi et six autres étudiants à l'université de Pékin, affirmant que l'université était contrôlée par la bourgeoisie antirévolutionnaire[3]. La lecture de ces textes par de jeunes étudiants comme Xing Xing Cheng les conduisit à participer à la révolution culturelle et rejoindre les gardes rouges. L'affiche est venue à l'attention de Mao Zedong, qui l'a diffusée nationalement en la publiant dans le Quotidien du peuple. Bian Zhongyun, directrice adjointe du collège pour les filles de l’élite du Parti communiste chinois, est considérée comme la première victime de la révolution culturelle. Un groupe de jeunes filles pénétra dans son logement pour le saccager et y placer des dazibaos insultants « Bian Zhongyun la grognasse ! Sale sorcière ! Sale renarde ! Ne crois pas que tu vas pouvoir te carapater dans ton terrier ! Proviseur largue ta morgue ! » ou bien « Salope ! Tiens toi bien ! Sinon on va te dresser. ». Le , Bian Zhongyun est assassinée[4].

Les dazibaos furent bientôt très répandus, utilisés pour tout, du débat sophistiqué au divertissement satirique et à la dénonciation enragée ; être attaqué dans une « affiche de grand caractère » était suffisant pour mettre fin à une carrière. Réalisées à la main, ces affiches couvrirent d'abord les murs de Pékin avant de gagner les provinces. Ce média illégal et spontané véhicula l'information non officielle et eut l'audace d'attaquer les autorités du pays.

Un des « quatre grands droits » dans la Constitution de la république populaire de Chine de 1975 (en) était le droit d'écrire un dazibao.

Une nouvelle floraison eut lieu après la fin du maoïsme, lors du mouvement du mur de la démocratie en 1978 à Pékin ; un des plus célèbres dazibaos fut « La cinquième modernisation », dont l'appel hardi à la démocratie a apporté une renommée immédiate à son auteur, Wei Jingsheng. La répression finit par mettre fin à cette presse libre à la fin de l'année 1979.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Définition dazibao - LE DICTIONNAIRE », sur www.le-dictionnaire.com (consulté le ).
  2. Evariste Huc, L'Empire chinois, chapitre 13, université du Québec, Classiques des sciences sociales.
  3. H. Hamon et P. Rotman, Génération, Tome 1, Les années de rêve, Paris, Éditions du Seuil, , p. 321.
  4. Pierre Boncenne Le Parapluie de Simon Leys, Philippe Rey, pages 132 et suivantes.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]