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{{Infobox Biographie2

| image = BorisFraenkel.jpg
{{Métadonnées personne
| NOM = Boris Fraenkel
| légende = Boris Fraenkel.
| lieu de naissance = [[Gdańsk|Dantzig]] ([[Ville libre de Dantzig]])
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| lieu de décès = {{8e arrondissement de Paris}}
| COURTE DESCRIPTION = homme politique
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}}

'''Boris Fraenkel''' (né en [[1921]] dans la [[Ville libre de Dantzig]] et mort par suicide le {{Date|23|avril|2006}} à [[Paris]]) était un homme politique.
'''Boris Fraenkel''', né le {{date de naissance|10|janvier|1921}} dans la [[ville libre de Dantzig]] et mort par suicide le {{Date de décès|23|avril|2006}}, était un militant révolutionnaire, trotskiste, fondateur de l'OCI avec Pierre Boussel ([[Pseudonyme|dit]] [[Pierre Lambert (homme politique)|Pierre Lambert]]), dont il sera l'agent recruteur le plus efficace, et formateur de militants. Le plus célèbre de ses élèves, [[Lionel Jospin]], deviendra premier secrétaire du Parti socialiste puis Premier ministre.


== Biographie ==
== Biographie ==
Boris Fraenkel naît en [[1921]] à Dantzig, alors territoire indépendant, ce qui permet à l'intéressé de conserver longtemps un statut d'[[apatride]] : aujourd'hui la ville s'appelle [[Gdańsk]] et se trouve en [[Pologne]]. Juif, il commence par militer dans le [[sionisme]] d’extrême-gauche, à l’[[Hachomer Hatzaïr]], où se mêlent la doxa marxiste et l’affirmation de la [[Sionisme|nation juive]]. <!-- Mouvement Habonim selon Le Monde -->Arrivé en [[France]] en [[1938]] d'abord à [[Nancy]] pour suivre des études d'agronomie, il entreprend des études de chimie et rejoint en [[1940]] sa mère à [[Grenoble]], où il manque d'être raflé par la [[Gestapo]]. Il passe alors en [[Suisse]] et est interné dans le camp de Girenbad à [[Zurich]] où il rencontre le romancier et philosophe [[Manes Sperber]], le futur spécialiste de Racine, Lucien Goldmann, ou Aby Wieviorka, grand traducteur de yiddish à Paris<ref> Le Monde, 6 juin 2001 </ref>. Malgré des conditions très difficiles, il parvient à suivre des cours d'[[économie politique]]. C'est en [[Suisse]] qu'il milite pour la première fois dans la cellule clandestine d'un parti [[trotskisme|trotskiste]], conjointement avec Jost von Steiger dont l'oncle est le conseiller fédéral [[Eduard von Steiger]], alors chef du département de Justice et Police. Expulsé de [[Suisse]] en [[1949]] pour avoir participé à une conférence sur le [[marxisme]] et le [[judaïsme]], il est assigné à [[Grenoble]] par la police française. Il exerce diverses professions comme secrétaire de la peintre [[Sonia Delaunay]] ou animateur aux [[Centre d'entraînement aux méthodes d'éducation active|CEMEA]], où il rencontre son épouse Denise Salomon.
Boris Fraenkel naît en [[1921]] à Dantzig, alors territoire indépendant, ce qui lui a permis de conserver longtemps un statut d'[[apatride]] : aujourd'hui la ville s'appelle [[Gdańsk]] et se trouve en [[Pologne]]. Juif, il commence par militer dans le [[sionisme]] d’extrême-gauche, à l’[[Habonim Dror]], où se mêlent la doxa marxiste et l’affirmation de la nation juive. <!-- Mouvement Habonim selon Le Monde -->Arrivé en [[France]] en [[1938]] d'abord à [[Nancy]] pour suivre des études d'agronomie, il entreprend des études de chimie et rejoint en [[1940]] sa mère à [[Grenoble]], où il manque d'être raflé par la [[Gestapo]]. Il passe alors en [[Suisse]] et est interné dans le camp de Girenbad à [[Zurich]], où il rencontre le romancier et philosophe [[Manès Sperber]], le futur spécialiste de [[Jean Racine|Racine]], [[Lucien Goldmann]] et Aby Wieviorka, grand traducteur de [[yiddish]] à Paris<ref>''Le Monde'', 6 juin 2001.</ref>. Malgré des conditions très difficiles, il parvient à suivre des cours d'[[économie politique]]. C'est en Suisse qu'il milite pour la première fois dans la cellule clandestine d'un parti [[trotskisme|trotskiste]], conjointement avec Jost von Steiger, dont l'oncle est le conseiller fédéral suisse [[Eduard von Steiger]], alors chef du département de Justice et Police. Expulsé de Suisse en [[1949]] pour avoir participé à une conférence sur le [[marxisme]] et le [[judaïsme]], il est assigné à résidence à [[Grenoble]] par la police française. Il exerce diverses professions, comme secrétaire de la peintre [[Sonia Delaunay]] ou animateur aux [[Centre d'entraînement aux méthodes d'éducation active]] (CEMEA), où il rencontre sa future épouse Denise Salomon.


« Intellectuel sans œuvre », Fraenkel a passé sa vie à lire, à traduire, à vulgariser les thèses d’auteurs tels que [[Wilhelm Reich|Reich]], [[Herbert Marcuse|Marcuse]] (''Eros et Civilisation''), [[Georg Lukács|Lukàcs]], et [[Léon Trotski]]. Il rencontre le philosophe [[Herbert Marcuse]] avec lequel il entretient longtemps une conversation intellectuelle empreinte de respect réciproque. Animateur de la revue ''Partisans'' éditée par [[François Maspero]], il est l'un des fondateurs de l’OCI ([[Organisation communiste internationaliste]]) en [[1958]] lors d’une énième scission [[Trotskisme|trotskiste]]. Il en est chassé en [[1966]] par [[Pierre Boussel (politique)|Pierre Boussel]] alias ''Lambert'', pour avoir publié des textes de Wilhelm Reich sans en avoir obtenu les droits.
« Intellectuel sans œuvre », Fraenkel a passé sa vie à lire, à traduire, à vulgariser les thèses d’auteurs tels que [[Wilhelm Reich]], [[Herbert Marcuse]] (''Eros et Civilisation''), [[Georg Lukács]], et [[Léon Trotski]]. Il rencontre le philosophe Herbert Marcuse, avec lequel il entretient longtemps une conversation intellectuelle empreinte de respect réciproque. Animateur de la revue ''Partisans'' éditée par [[François Maspero]], il est l'un des fondateurs de l’OCI ([[Organisation communiste internationaliste]]) en [[1958]] lors d’une énième scission trotskiste. Il en est chassé en [[1966]] par [[Pierre Lambert (homme politique)|Pierre Boussel]] alias ''Lambert'', pour avoir publié des textes de [[Wilhelm Reich]] sans en avoir obtenu les droits.


En 1966, il traduit ''La Lutte sexuelle des jeunes'' avec Jean-Marie Brohm, annonçant une des thématiques phares de [[mai 68]]. Le {{Date|22|mars|1967}} à [[Nanterre]], il anime, au sein de l’université, une conférence intitulée ''Jeunesse et sexualité'' qui annonce par son succès les événements de [[mai 68]]. Le {{Date|9|juin|1968}}, la police essaie de l'expulser vers la RFA ([[Allemagne de l'Ouest|République fédérale d'Allemagne]]), qui le refuse et lui dénie la nationalité allemande, au motif qu'il est né dans un État disparu, la [[Ville libre de Dantzig]]. Il se retrouve assigné à résidence à [[Sarlat-la-Canéda|Sarlat]], en [[Dordogne (département)|Dordogne]] (il est libéré grâce à une campagne de protestation lancée par [[François Maspero]]). Pour accélérer sa sortie, Denise l'épouse le {{Date|25|décembre|1969}}. Au cours des années 1970, il commence à se mettre en retrait. En [[2002]], il décide d'adhérer à la LCR ([[Ligue communiste révolutionnaire]]) « ''pour rompre son isolement'' », mais, déçu, n'y reste pas.
En 1966, il traduit, de ce dernier, ''La Lutte sexuelle des jeunes'' avec [[Jean-Marie Brohm]], annonçant une des thématiques phares de [[mai 68]]. Le {{Date|22|mars|1967}} à [[Nanterre]], il anime, au sein de l’université, une conférence intitulée ''Jeunesse et sexualité'', qui annonce par son succès les événements de mai 68. Le {{Date|9|juin|1968}}, la police essaie de l'expulser vers la [[Allemagne de l'Ouest|République fédérale d'Allemagne]] (RFA), qui le refuse et lui dénie la nationalité allemande, au motif qu'il est né dans un État disparu, la [[ville libre de Dantzig]]. Il se retrouve assigné à résidence à [[Sarlat-la-Canéda|Sarlat]], en [[Dordogne (département)|Dordogne]] (il est libéré grâce à une campagne de protestation lancée par [[François Maspero]]). Pour accélérer sa sortie, Denise l'épouse le {{Date|25|décembre|1969}}. Au cours des années 1970, il commence à se mettre en retrait. En [[2002]], il décide d'adhérer à la LCR ([[Ligue communiste révolutionnaire]]) « pour rompre son isolement », mais, déçu, n'y reste pas.


== Lionel Jospin ==
== Lionel Jospin ==
Boris Fraenkel croise au cours des années 1960 et 1970 nombre de personnalités devenues publiques : des hommes politiques comme [[Alain Krivine]], ou encore [[Lionel Jospin]], des universitaires comme [[Jean-Marie Brohm]] ou [[Georges Vigarello]], des journalistes, etc. Il apparaît dans l'actualité en [[2001]], alors que la campagne présidentielle française bat son plein, en révélant le passé trotskiste de [[Lionel Jospin]]<ref> Cet étrange Monsieur Blondel </ref>, qu'il avait déjà signalé en 1997.
Boris Fraenkel croise au cours des années 1960 et 1970 nombre de personnalités devenues publiques : des hommes politiques comme [[Alain Krivine]], ou encore [[Lionel Jospin]], des universitaires comme Jean-Marie Brohm ou [[Georges Vigarello]], des journalistes, etc. Il apparaît dans l'actualité en [[2001]], alors que la [[élection présidentielle française de 2001|campagne présidentielle française]] bat son plein, en révélant le passé trotskiste de Lionel Jospin<ref>''Cet étrange Monsieur Blondel''.</ref>, qu'il avait déjà signalé en 1997.


Jospin lui avait été signalé par un de ses camarades de la cellule de Dugny, Robert Lacondemine, où il milite avec Denise et l'historien [[Pierre Broué]], qui l'avait repéré lors d'un mariage en Bourgogne. « J'ai rencontré un jeune intello qui m'a l'air bien et qui rentre à l'ENA », explique-t-il à Fraenkel.
Jospin lui avait été signalé par un de ses camarades de la cellule de [[Dugny]], Robert Lacondemine, où il milite avec Denise et l'historien [[Pierre Broué]], qui l'avait repéré lors d'un mariage en [[Bourgogne (ancienne région administrative)|Bourgogne]]. « J'ai rencontré un jeune intello qui m'a l'air bien et qui rentre à l'[[École nationale d'administration (France)|ENA]] », explique-t-il à Fraenkel.


Fraenkel avait déclaré au Nouvel Observateur : « C’était un peu ma spécialité : repérer des jeunes gens de gauche, et les faire tomber dans mes filets, comme disaient mes camarades. Jospin était alors élève à l’ENA. Je le formais clandestinement. Nous n’avions pas d’énarque alors, dans le mouvement. C’était une chance extraordinaire de pénétrer la haute fonction publique ». « Lorsque je recrute Jospin, seuls Lambert et moi le connaissons dans l'organisation. Je pense même que tant que j'ai été dans le circuit il n'a pas vu Lambert<ref> idem note 1 </ref>. »
Fraenkel avait déclaré au ''[[L'Obs|Nouvel Observateur]]'' : « C’était un peu ma spécialité : repérer des jeunes gens de gauche, et les faire tomber dans mes filets, comme disaient mes camarades. Jospin était alors élève à l’ENA. Je le formais clandestinement. Nous n’avions pas d’énarque alors, dans le mouvement. C’était une chance extraordinaire de pénétrer la [[Haute fonction publique française|haute fonction publique]] ». « Lorsque je recrute Jospin, seuls Lambert et moi le connaissons dans l'organisation. Je pense même que tant que j'ai été dans le circuit il n'a pas vu Lambert<ref>Idem note 1.</ref>. »


Il se suicide le {{Date|23|avril|2006}} en se jetant dans la [[Seine]] du [[Pont du Garigliano]] (le plus haut pont de [[Paris]], près du parc André Citroên). Son corps a été retrouvé deux jours plus tard au niveau du [[8e arrondissement de Paris|{{8e}} arrondissement de Paris]].
Il se suicide le {{Date de décès|23|avril|2006}} en se jetant dans la [[Seine]] du [[pont du Garigliano]]. Son corps a été retrouvé deux jours plus tard dans le {{8e arrondissement de Paris}}.


== Bibliographie ==
== Publications ==
* ''Pour Wilhelm Reich par Boris Fraenkel. Sexualité et travail par Thomas Munzer''. Maspero, 1968.
* ''Pour Wilhelm Reich par Boris Fraenkel. Sexualité et travail par Thomas Munzer''. [[Éditions Maspero|Maspero]], 1968.
* Boris Fraenkel, Sonia Combe, [[Antoine Spire]], ''Profession : Révolutionnaire'', Collection Clair & Net. [[Éditions Le Bord de l'eau]], 29 mars 2004 {{ISBN|2911803906}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Boris|nom1=Fraenkel|nom2=Sonia Combe|lien auteur2=Sonia Combe|préface=[[Antoine Spire]]|titre=Profession|sous-titre=révolutionnaire|éditeur=[[Éditions Le Bord de l'eau|Le Bord de l'eau]]|collection=Clair & Net|lieu=Latresne (Gironde|année=2004|mois=3|jour=24|pages totales=199|isbn=2-911803-90-6|isbn2=978-2911803901}}


== Références ==
== Notes et références ==
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Dernière version du 14 août 2023 à 16:53

Boris Fraenkel
Boris Fraenkel.
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activités
Autres informations
Parti politique
Archives conservées par
La Contemporaine (F delta res 0916, Arch 0068)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata

Boris Fraenkel, né le dans la ville libre de Dantzig et mort par suicide le , était un militant révolutionnaire, trotskiste, fondateur de l'OCI avec Pierre Boussel (dit Pierre Lambert), dont il sera l'agent recruteur le plus efficace, et formateur de militants. Le plus célèbre de ses élèves, Lionel Jospin, deviendra premier secrétaire du Parti socialiste puis Premier ministre.

Biographie[modifier | modifier le code]

Boris Fraenkel naît en 1921 à Dantzig, alors territoire indépendant, ce qui lui a permis de conserver longtemps un statut d'apatride : aujourd'hui la ville s'appelle Gdańsk et se trouve en Pologne. Juif, il commence par militer dans le sionisme d’extrême-gauche, à l’Habonim Dror, où se mêlent la doxa marxiste et l’affirmation de la nation juive. Arrivé en France en 1938 d'abord à Nancy pour suivre des études d'agronomie, il entreprend des études de chimie et rejoint en 1940 sa mère à Grenoble, où il manque d'être raflé par la Gestapo. Il passe alors en Suisse et est interné dans le camp de Girenbad à Zurich, où il rencontre le romancier et philosophe Manès Sperber, le futur spécialiste de Racine, Lucien Goldmann et Aby Wieviorka, grand traducteur de yiddish à Paris[2]. Malgré des conditions très difficiles, il parvient à suivre des cours d'économie politique. C'est en Suisse qu'il milite pour la première fois dans la cellule clandestine d'un parti trotskiste, conjointement avec Jost von Steiger, dont l'oncle est le conseiller fédéral suisse Eduard von Steiger, alors chef du département de Justice et Police. Expulsé de Suisse en 1949 pour avoir participé à une conférence sur le marxisme et le judaïsme, il est assigné à résidence à Grenoble par la police française. Il exerce diverses professions, comme secrétaire de la peintre Sonia Delaunay ou animateur aux Centre d'entraînement aux méthodes d'éducation active (CEMEA), où il rencontre sa future épouse Denise Salomon.

« Intellectuel sans œuvre », Fraenkel a passé sa vie à lire, à traduire, à vulgariser les thèses d’auteurs tels que Wilhelm Reich, Herbert Marcuse (Eros et Civilisation), Georg Lukács, et Léon Trotski. Il rencontre le philosophe Herbert Marcuse, avec lequel il entretient longtemps une conversation intellectuelle empreinte de respect réciproque. Animateur de la revue Partisans éditée par François Maspero, il est l'un des fondateurs de l’OCI (Organisation communiste internationaliste) en 1958 lors d’une énième scission trotskiste. Il en est chassé en 1966 par Pierre Boussel alias Lambert, pour avoir publié des textes de Wilhelm Reich sans en avoir obtenu les droits.

En 1966, il traduit, de ce dernier, La Lutte sexuelle des jeunes avec Jean-Marie Brohm, annonçant une des thématiques phares de mai 68. Le à Nanterre, il anime, au sein de l’université, une conférence intitulée Jeunesse et sexualité, qui annonce par son succès les événements de mai 68. Le , la police essaie de l'expulser vers la République fédérale d'Allemagne (RFA), qui le refuse et lui dénie la nationalité allemande, au motif qu'il est né dans un État disparu, la ville libre de Dantzig. Il se retrouve assigné à résidence à Sarlat, en Dordogne (il est libéré grâce à une campagne de protestation lancée par François Maspero). Pour accélérer sa sortie, Denise l'épouse le . Au cours des années 1970, il commence à se mettre en retrait. En 2002, il décide d'adhérer à la LCR (Ligue communiste révolutionnaire) « pour rompre son isolement », mais, déçu, n'y reste pas.

Lionel Jospin[modifier | modifier le code]

Boris Fraenkel croise au cours des années 1960 et 1970 nombre de personnalités devenues publiques : des hommes politiques comme Alain Krivine, ou encore Lionel Jospin, des universitaires comme Jean-Marie Brohm ou Georges Vigarello, des journalistes, etc. Il apparaît dans l'actualité en 2001, alors que la campagne présidentielle française bat son plein, en révélant le passé trotskiste de Lionel Jospin[3], qu'il avait déjà signalé en 1997.

Jospin lui avait été signalé par un de ses camarades de la cellule de Dugny, Robert Lacondemine, où il milite avec Denise et l'historien Pierre Broué, qui l'avait repéré lors d'un mariage en Bourgogne. « J'ai rencontré un jeune intello qui m'a l'air bien et qui rentre à l'ENA », explique-t-il à Fraenkel.

Fraenkel avait déclaré au Nouvel Observateur : « C’était un peu ma spécialité : repérer des jeunes gens de gauche, et les faire tomber dans mes filets, comme disaient mes camarades. Jospin était alors élève à l’ENA. Je le formais clandestinement. Nous n’avions pas d’énarque alors, dans le mouvement. C’était une chance extraordinaire de pénétrer la haute fonction publique ». « Lorsque je recrute Jospin, seuls Lambert et moi le connaissons dans l'organisation. Je pense même que tant que j'ai été dans le circuit il n'a pas vu Lambert[4]. »

Il se suicide le en se jetant dans la Seine du pont du Garigliano. Son corps a été retrouvé deux jours plus tard dans le 8e arrondissement de Paris.

Publications[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=FileId-1242 » (consulté le )
  2. Le Monde, 6 juin 2001.
  3. Cet étrange Monsieur Blondel.
  4. Idem note 1.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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