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« Theresa Serber Malkiel » : différence entre les versions

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'''<big>Theresa Serber Malkiel</big>'''{{Infobox Biographie
{{Infobox Biographie
| légende = Theresa Serber Malkiel vers 1910
| image = Theresa Malkiel.png
| légende = Theresa Serber Malkiel vers 1909.
| graphie originale = Theresa Serber Malkiel
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| nom de naissance = Theresa Serber
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[[Category:Articles with hCards]]
'''Theresa Serber Malkiel''' ({{date-|1 mai 1874}} – {{date-|17 novembre 1949}}) est une [[Socialisme|ouvrière socialiste]] [[Juifs|juive]] [[Américains (peuple)|américaine]] ainsi qu'une militante pour les [[Droit du travail|droits des travailleurs]] et pour le [[droit de vote des femmes]]. Elle est également connue pour avoir fait la promotion de la formation des adultes.
[[Category:Articles with hCards]]

'''Theresa Serber Malkiel''' (1er mai 1874 – 17 novembre 1949) était une ouvrière socialiste américaine mais aussi une militante pour les droits des travailleurs et travailleuses, pour le droit de vote des femmes. Elle était également une enseignante pour adulte. Elle fut la première femme ouvrière travaillant en usine à prendre la direction du Parti socialiste américain. En 1910, son roman ''The Diary of a Shirtwaist Striker'' contribua à réformer les lois du travail de l'État de New York. En tant que cheffe du Comité national des femmes du [[Parti socialiste d'Amérique]] (SPA), elle créa une Journée nationale de la femme (annuelle) qui fut à l'origine de la [[Journée internationale des droits des femmes]]. En 1911, lors d'une tournée de conférences dans le sud des États-Unis , elle attira l'attention sur le problème de la suprématie blanche au sein de son parti. Vers 1920, elle fonda la ''Brooklyn Adult Students Association''<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=Taitz, Emily |titre=Theresa Serber Malkiel, 1874 – 1949 |url=https://jwa.org/encyclopedia/article/malkiel-theresa-serber |site=Jewish Women's Archive |consulté le=07/03/2023}}</ref>. Elle passera les dernières années de sa vie à y promouvoir l'éducation des adultes pour les travailleuses.
Elle est à la direction du Comité national des femmes du [[Parti socialiste d'Amérique|Parti socialiste américain]]. En [[1910 aux États-Unis|1910]], son journal ''{{lang|en|The Diary of a Shirtwaist Striker}}'' contribue à réformer les lois du travail de l'[[État de New York]]. Elle crée une Journée nationale de la femme (annuelle) qui est à l'origine de la [[Journée internationale des femmes|Journée internationale des droits des femmes]]. En 1911, lors d'une tournée de conférences dans le sud des États-Unis, elle attire l'attention sur le problème de la suprématie blanche au sein de son parti.

Vers [[1920]], elle fonde la Brooklyn Adult Students Association. Elle passe les dernières années de sa vie à y promouvoir la formation des adultes pour les travailleuses.


== Biographie ==
== Biographie ==
Theresa Serber est née à [[Bar (Ukraine)|Bar]] (une ville sur le territoire de l'Empire russe au moment de sa naissance et appartenant depuis 1922 à l'Ukraine), le 1er Mai 1874. Sa famille et elle étaient juifs, ils ont été persécutés en Russie<ref name=":0">{{Article|langue=en-US|titre=The forgotten woman behind International Women’s Day|périodique=Washington Post|date=08/03/2022|issn=0190-8286|lire en ligne=https://www.washingtonpost.com/history/2022/03/08/international-womens-day-theresa-malkiel/|consulté le=2023-03-07}}</ref> ce qui les a amené à émigrer pour les Etats-Unis en 1891. Theresa, ses parent et ses sœurs se sont alors s'installés dans le [[Lower East Side]], un quartier de la ville de New-York. Âgée de 17 ans, Theresa Serber va alors travailler dans une usine de confection de vêtements<ref name=":0" /><ref>Sally M. Miller (1978), ''From Sweatshop Worker to Labor Leader: Theresa Malkiel, a Case Study'', p. 190.</ref>.
Theresa Serber est née à [[Bar (Ukraine)|Bar]] (alors dans l'[[Empire russe]], aujourd'hui en [[Ukraine]]), le {{date-|1 mai 1874}}. Sa famille et est de confession juive et émigre aux États-Unis en [[1891]] pour fuir les persécutions<ref name=":0">{{article|langue=en-US|titre=The forgotten woman behind International Women’s Day|périodique=Washington Post|date=08/03/2022|issn=0190-8286|lire en ligne=https://www.washingtonpost.com/history/2022/03/08/international-womens-day-theresa-malkiel/|consulté le=2023-03-07}}.</ref>. Theresa, ses parents et ses sœurs s'installent alors dans le [[Lower East Side]], un quartier de New York. Âgée de 17 ans, Theresa Serber travaille dans une usine de confection de vêtements<ref name=":0" />{{,}}<ref name=":2">{{ouvrage|langue=en|auteur1=Sally M. Miller|titre=From Sweatshop Worker to Labor Leader: Theresa Malkiel, a Case Study|passage=190-191|date=1978}}.</ref>.


== <small>Militantisme</small> ==
== Militantisme ==
Très peu de temps après son arrivée à New-York, elle rejoint le ''Russian Workingmen's Club''. En 1892, elle contribue à la création de l'''Infant Cloakmaker's Union'' de New York, un groupe de femmes travaillant dans des usines de confections de vêtements et pour la plupart juives ; elle en devient la première présidente<ref>Sally M. Miller (1978), ''From Sweatshop Worker to Labor Leader: Theresa Malkiel, a Case Study'', p. 191.</ref>. Au cours des années suivantes, elle représente son syndicat au sein des [[Chevaliers du travail]],une organisation ouvrière américain, du ''Central Labor Federation'', et des ''United Hebrew Trades,'' une organisation ouvrière juive de New-York. Ces deux dernières organisations ouvrières l'ont exposée au radicalisme, ce qui a renforcé ses convictions socialistes et, en 1893, elle a rejoint le [[Parti ouvrier socialiste d'Amérique]] (SLP). Elle a été membre active du SLP pendant six ans, représentant son syndicat au premier congrès de l'[[Socialist Trade and Labor Alliance|Alliance socialiste du commerce et du travail]].<ref name="miller1923">Sally M. Miller (1978), ''From Sweatshop Worker to Labor Leader: Theresa Malkiel, a Case Study'', pp. 192-193.</ref>
Très peu de temps après son arrivée à New York, elle rejoint le Russian Workingmen's Club. En [[1892]], elle contribue à la création de l'Infant Cloakmaker's Union de New York, un groupe de femmes travaillant dans des usines de confection de vêtements et pour la plupart juives ; elle en devient la première présidente<ref name=":2" />. Au cours des années suivantes, elle représente son syndicat au sein des [[Chevaliers du travail]], une organisation ouvrière américaine, du Central Labor Federation, et des United Hebrew Trades, une organisation ouvrière juive de New York. Ces deux dernières organisations l'exposent au radicalisme, ce qui renforce ses convictions socialistes et, en [[1893]], elle rejoint le [[Parti ouvrier socialiste d'Amérique]] (SLP). Elle est une membre active du SLP pendant six ans, représentant son syndicat au premier congrès de l'[[Socialist Trade and Labor Alliance|Alliance socialiste du commerce et du travail]]<ref name="miller1923">{{ouvrage|langue=en|auteur1=Sally M. Miller|titre=From Sweatshop Worker to Labor Leader: Theresa Malkiel, a Case Study|passage=192-193|date=1978}}.</ref>.


En 1899, elle quitte le Parti ouvrier socialiste d'Amérique (SLP) et rejoint le [[Parti socialiste d'Amérique|Parti Socialiste d'Amérique]] (SPA). Theresa Serber croyait que seul le socialisme pouvait libérer les femmes et que le socialisme, à son tour, ne pouvait pas survivre sans la pleine participation de celles-ci. En théorie, le Parti socialiste était attaché à l'égalité des droits entre les hommes et les femmes, mais en pratique, il ne faisait aucun effort pour atteindre spécifiquement les travailleuses et s'intéressait peu à leurs préoccupations. Theresa Serber a conclu que les femmes socialistes devraient mener leur propre bataille parallèle pour l'égalité.<ref>Sally M. Miller (1978), ''From Sweatshop Worker to Labor Leader: Theresa Malkiel, a Case Study'', pp. 192-3, 197-8, 204.</ref> Son essai de 1909, "''Where Do We Stand on the Woman Question?''" exprime sa frustration face à cet état de fait :<blockquote>Car l'ouvrière d'aujourd'hui se trouve elle-même entre deux feux : d'une part, elle fait face à la classe capitaliste, son ennemi le plus acharné ; il prédit un danger considérable dans son émancipation et avec tout le pouvoir que l'argent lui confère il tente de résister à son éventuelle venue dans le monde civilisé. Dans son angoisse, l'ouvrière se tourne vers ses frères dans l'espoir de trouver en leur sein un appui solide, mais elle est vouée à la déception, car ils découragent son activité et sont tout à fait indifférents à l'issue de sa lutte.<ref>Theresa Malkiel (1909), ''Where Do We Stand on the Woman Question?'', pp. 160-161.</ref></blockquote>En 1905, Theresa Serber organise la ''Women's Progressive Society of Yonkers'', qui deviendra plus tard une branche de la ''Socialist Women's Society'' de New York. Bien que le Parti socialiste est officiellement opposé au [[Séparatisme (politique)|séparatisme]], Theresa Serber pense qu'une organisation de femmes est nécessaire pour attirer les femmes dans le parti. Ainsi, cela serait comme un terrain d'entraînement pour les militantes. Les femmes en ont assez de leurs positions limitées au sein du parti en tant que "''pâtissières officielles et colleteuses d'argent''", déclare-t-elle.<ref>Sally M. Miller (1978), ''From Sweatshop Worker to Labor Leader: Theresa Malkiel, a Case Study'', p. 194.</ref> Parallèlement, elle rédige des tracts de [[propagande]] socialiste et publie de nombreux articles sur le socialisme et la [[Querelle des femmes]] dans des revues telles que ''Progressive Woman'', ''Machinists' Monthly'' et ''International Socialist Review'' . Theresa Serber contribue également au ''[[New York Call]]'', un journal socialiste qu'elle a co-fondé en 1908 avec son mari, Leon A. Malkiel.<ref name="taitz">{{Lien web |auteur=Taitz, Emily |prénom= |titre=Theresa Serber Malkiel, 1874 – 1949 |url=https://jwa.org/encyclopedia/article/malkiel-theresa-serber |série=Jewish Women's Archive}}</ref>
En [[1899]], elle quitte le Parti ouvrier socialiste d'Amérique (SLP) et rejoint le [[Parti socialiste d'Amérique]] (SPA). Theresa Serber croit que seul le socialisme peut libérer les femmes et que le socialisme, à son tour, ne peut pas survivre sans la pleine participation de celles-ci. En théorie, le Parti socialiste est attaché à l'égalité des droits entre les hommes et les femmes, mais en pratique, il ne fait aucun effort pour atteindre spécifiquement les travailleuses et s'intéresse peu à leurs préoccupations. Theresa Serber conclut que les femmes socialistes doivent mener leur propre bataille parallèle pour l'égalité<ref name=":3">{{ouvrage|langue=en|auteur1=Sally M. Miller|titre=From Sweatshop Worker to Labor Leader: Theresa Malkiel, a Case Study|passage=192-3, 197-8, 204|date=1978}}.</ref>. Son essai de [[1909]], ''Where Do We Stand on the Woman Question?'' exprime sa frustration face à cet état de fait :


{{citation bloc|Car l'ouvrière d'aujourd'hui se trouve elle-même entre deux feux : d'une part, elle fait face à la classe capitaliste, son ennemi le plus acharné ; il prédit un danger considérable dans son émancipation et avec tout le pouvoir que l'argent lui confère il tente de résister à son éventuelle venue dans le monde civilisé. Dans son angoisse, l'ouvrière se tourne vers ses frères dans l'espoir de trouver en leur sein un appui solide, mais elle est vouée à la déception, car ils découragent son activité et sont tout à fait indifférents à l'issue de sa lutte<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Theresa Malkiel|titre=Where Do We Stand on the Woman Question?|passage=160-161|date=1909}}.</ref>.}}
=== <small>Comité National des Femmes</small> ===
[[Fichier:Theresa_Malkiel.png|vignette| Theresa Serber Malkiel (1909)]]
En 1909, Theresa Serber est élue au Comité National des Femmes du Parti socialiste. Elle est déléguée à plusieurs conventions, a fait campagne, a écrit des brochures et, à l'instar de Rose Pastor Stokes, elle contribue à sensibiliser le public aux préoccupations des femmes immigrantes. Elle crée des clubs suffragistes destinés à attirer les femmes qui travaillent et à les faire entrer au Parti socialiste.<ref name="taitz">{{Lien web |auteur=Taitz, Emily |prénom= |titre=Theresa Serber Malkiel, 1874 – 1949 |url=https://jwa.org/encyclopedia/article/malkiel-theresa-serber |série=Jewish Women's Archive}}</ref> Elle établit une Journée Nationale de la Femme (annuelle), à partir du 28 février 1909, qui a été remarquée par plusieurs partis socialistes européens ainsi que par le Parti Socialiste d'Amérique.<ref>Sally M. Miller (1978), ''From Sweatshop Worker to Labor Leader: Theresa Malkiel, a Case Study'', pp. 195, 197.</ref> La Journée Nationale de la Femme est à l'origine de la [[Journée internationale des droits des femmes]] qui est célébrée chaque année le 8 mars.<ref>{{Lien web |titre=International Women's Day |url=https://www.un.org/events/women/iwd/2008/history.shtml |série=United Nations |année=2008}}</ref>


{{citation|En 1905, Theresa Serber organise la Women's Progressive Society of Yonkers, qui deviendra plus tard une branche de la Socialist Women's Society de New York. Bien que le Parti socialiste est officiellement opposé au [[Séparatisme (politique)|séparatisme]], Theresa Serber pense qu'une organisation de femmes est nécessaire pour attirer les femmes dans le parti. Ainsi, cela serait comme un terrain d'entraînement pour les militantes. Les femmes en ont assez de leurs positions limitées au sein du parti en tant que {{citation|pâtissières officielles et colleteuses d'argent}}}}, déclare-t-elle<ref>{{ouvrage|langue=en|auteur1=Sally M. Miller|titre=From Sweatshop Worker to Labor Leader: Theresa Malkiel, a Case Study|passage=194|date=1978}}.</ref>. Parallèlement, elle rédige des tracts de [[propagande]] socialiste et publie de nombreux articles sur le socialisme et la [[Querelle des femmes]] dans des revues telles que ''{{lang|en|Progressive Woman}}'', ''{{lang|en|Machinists' Monthly}}'' et ''{{lang|en|International Socialist Review}}''. Theresa Serber contribue également au ''{{lang|en|[[New York Call]]}}'', un journal socialiste qu'elle a cofondé en [[1908]] avec son mari, Leon A. Malkiel<ref name=":1">{{lien web |langue=en |auteur=Taitz, Emily |titre=Theresa Serber Malkiel, 1874 – 1949 |url=https://jwa.org/encyclopedia/article/malkiel-theresa-serber |site=Jewish Women's Archive |consulté le=7 mars 2023}}.</ref>.
En 1909, elle travaille en étroite collaboration avec la [[Women's Trade Union League]] (WTUL) pour soutenir [[le soulèvement des 20 000]], une grève générale des ouvriers de l'industrie textile, avec publicité et collecte de fonds. <ref name="taitz">{{Lien web |auteur=Taitz, Emily |prénom= |titre=Theresa Serber Malkiel, 1874 – 1949 |url=https://jwa.org/encyclopedia/article/malkiel-theresa-serber |série=Jewish Women's Archive}}</ref>


=== Comité National des Femmes ===
=== ''<small>The Diary of a Shirtwaist Striker</small>'' ===
En [[1909]], Theresa Serber est élue au Comité national des femmes du Parti socialiste. Elle est déléguée à plusieurs conventions, fait campagne, écrit des brochures et, à l'instar de Rose Pastor Stokes, elle contribue à sensibiliser le public aux préoccupations des femmes immigrantes. Elle crée des clubs suffragistes destinés à attirer les femmes qui travaillent et à les faire entrer au Parti socialiste<ref name=":1" />. Elle établit une Journée nationale de la femme (annuelle), à partir du 28 février 1909, qui est remarquée par plusieurs partis socialistes européens ainsi que par le Parti socialiste d'Amérique<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Sally M. Miller|titre=From Sweatshop Worker to Labor Leader: Theresa Malkiel, a Case Study|passage=195, 197|date=1978}}.</ref>. La Journée nationale de la femme est à l'origine de la [[Journée internationale des femmes|Journée internationale des droits des femmes]] qui est célébrée chaque année le 8 mars<ref>{{Lien web|titre=International Women's Day |url=https://www.un.org/events/women/iwd/2008/history.shtml |série=United Nations |année=2008}}</ref>.
En 1910, Theresa Serber Malkiel publie le roman ''The Diary of a Shirtwaist Striker'', un récit fictif sur une ouvrière d'usine de chemises gréviste. Elle y décrit la grève du point de vue d'une travailleuse née aux États-Unis et qui se méfie, au début de l'histoire, de ses collègues immigrés. Avec le temps, elle se rapproche d'eux et devient de plus en plus consciente de la nécessité de gagner le scrutin ainsi que la grève, et de la nécessité d'une plus grande solidarité entre travailleurs et travailleuses.<ref>Sally M. Miller (1978), ''From Sweatshop Worker to Labor Leader: Theresa Malkiel, a Case Study'', p. 198.</ref>


En [[1909]], elle travaille en étroite collaboration avec la [[Women's Trade Union League]] (WTUL) pour soutenir le [[soulèvement des 20 000]], une grève générale des ouvriers de l'industrie textile, avec publicité et collecte de fonds<ref name=":1" />.
Après l'[[incendie de l'usine Triangle Shirtwaist]] en 1911, un an après la sortie de ''The Diary of a Shirtwaist Striker,'' le livre attire l'attention du public et il contribue à déclencher des réformes législatives.<ref name="taitz">{{Lien web |auteur=Taitz, Emily |prénom= |titre=Theresa Serber Malkiel, 1874 – 1949 |url=https://jwa.org/encyclopedia/article/malkiel-theresa-serber |série=Jewish Women's Archive}}</ref> Les universitaires postérieurs ont eu tendance à qualifier le livre de propagande.<ref>Françoise Basch (1990), p. ix.</ref> En 1990, le livre est réimprimé par [[Cornell University Press]] avec une introduction de l'historienne Françoise Basch et a reçu des critiques positives d'Alice Kessler-Harris, de Mari Jo Buhle et de l'''ILR Review''.<ref>Françoise Basch (1990), back cover.</ref>


=== ''{{lang|en|The Diary of a Shirtwaist Striker}}'' ===
=== <small>Tournée de conférences dans le sud américain</small> ===
En [[1910]], Theresa Serber Malkiel publie le roman ''{{lang|en|The Diary of a Shirtwaist Striker}}'', un récit fictif sur une ouvrière d'usine de chemises gréviste. Elle y décrit la grève du point de vue d'une travailleuse née aux États-Unis et qui se méfie, au début de l'histoire, de ses collègues immigrés. Avec le temps, elle se rapproche d'eux et devient de plus en plus consciente de la nécessité de gagner le scrutin ainsi que la grève, et de la nécessité d'une plus grande solidarité entre travailleurs et travailleuses<ref name=":3" />.
En 1911, lors d'une tournée de conférences dans le sud des États-Unis, Theresa Serber Malkiel est consternée d'apprendre que les socialistes blancs pratiquent [[Ségrégation raciale aux États-Unis|la ségrégation raciale]] . Dans une ville de l'Arkansas, elle est invitée à prendre la parole lors d'un rassemblement de plus d'un millier d'Afro-Américains, mais les organisateurs du parti ne l'y autorisent pas. Dans une autre ville, le Parti socialiste local refuse d'autoriser les Afro-Américains à se joindre au rassemblement. Lors d'un événement au Mississippi, Theresa Serber Malkiel prononce un discours sous une pluie battante devant un groupe de socialistes afro-américains cotisants au Parti mais qui se sont vu refuser l'entrée dans la salle de réunion. Son rapport cinglant dans le ''[[New York Call]]'' a fait sensation :<ref>Perry (2013), p. 149.</ref><blockquote>Seigneur, préservez-nous de ce genre de Socialistes… Il ne faut pas prêcher le Socialisme aux nègres parce que les ouvriers blancs sont assez fous pour permettre à leurs maîtres d'attiser leurs préjugés contre leurs collègues ouvriers en vue de les maintenir divisés afin de jouer les uns contre les autres.<ref name="nycall">Malkiel, Theresa (August 21, 1911). "Socialists' Despise Negroes in the South" (PDF). ''The New York Call''.</ref></blockquote>


Après l'[[incendie de l'usine Triangle Shirtwaist]] en [[1911]], un an après la sortie de ''{{lang|en|The Diary of a Shirtwaist Striker}}'', le livre attire l'attention du public et il contribue à déclencher des réformes législatives<ref name=":1" />. Les universitaires postérieurs ont eu tendance à qualifier le livre de propagande<ref>{{harvsp|Basch|1990|p=ix}}.</ref>. En [[1990]], le livre est réimprimé par [[Cornell University Press]] avec une introduction de l'historienne Françoise Basch et a reçu des critiques positives d'Alice Kessler-Harris, de Mari Jo Buhle et de l'''ILR Review''<ref>{{harvsp|Basch|1990|p=Couverture verso}}.</ref>.
=== <small>Autre travail militant</small> ===
En 1914, Theresa Serber Malkiel est à la tête de la ''Socialist Suffrage Campaign'' de New York. Elle organise un rassemblement de masse au [[Carnegie Hall]], une salle de concert new-yorkaises.


=== Tournée de conférences dans le sud américain ===
En 1916, elle est l'une des trois femmes nommées par le Comité Exécutif National pour parcourir le pays et faire campagne pour le droit de vote des femmes. Bien que le Parti socialiste soit officiellement opposé à la coopération avec de telles organisations, comme la [[National Woman Suffrage Association]], Theresa Serber Malkiel soutient l'idée en précisant que les socialistes doivent toujours présenter leurs points de vue dans une perspective socialiste.<ref>Sally M. Miller (1978), ''From Sweatshop Worker to Labor Leader: Theresa Malkiel, a Case Study'', pp. 200-201.</ref> Elle se méfie des riches suffragettes telles [[Alva Belmont|qu'Alva Belmont]], <ref name="adickes">Adickes (2000), p. 52.</ref> et met en garde contre le fait d'être distraite par la « fausse conscience » du féminisme [[Bourgeoisie|bourgeois]].<ref>{{Lien web |auteur=Sorin |prénom=Gerald |lien auteur2=Gerald Sorin |titre=Socialism in the United States |url=https://jwa.org/encyclopedia/article/socialism-in-united-states |série=Jewish Women's Archive}}</ref>
En [[1911]], lors d'une tournée de conférences dans le [[sud des États-Unis]], Theresa Serber Malkiel est consternée d'apprendre que les socialistes blancs pratiquent la [[Ségrégation raciale aux États-Unis|ségrégation raciale]]. Dans une ville de l'[[Arkansas]], elle est invitée à prendre la parole lors d'un rassemblement de plus d'un millier d'[[Afro-Américains]], mais les organisateurs du parti ne l'y autorisent pas. Dans une autre ville, le Parti socialiste local refuse d'autoriser les Afro-Américains à se joindre au rassemblement. Lors d'un événement au [[Mississippi (État)|Mississippi]], Theresa Serber Malkiel prononce un discours sous une pluie battante devant un groupe de socialistes afro-américains cotisants au Parti mais qui se sont vu refuser l'entrée dans la salle de réunion. Son rapport cinglant dans le ''{{lang|en|[[New York Call]]}}'' a fait sensation<ref>{{harvsp|Perry|2013|p=149}}.</ref> :


{{citation bloc|Seigneur, préservez-nous de ce genre de Socialistes… Il ne faut pas prêcher le Socialisme aux nègres parce que les ouvriers blancs sont assez fous pour permettre à leurs maîtres d'attiser leurs préjugés contre leurs collègues ouvriers en vue de les maintenir divisés afin de jouer les uns contre les autres<ref name="nycall">{{Article|langue=en|auteur1=Malkiel, Theresa|titre=Socialists' Despise Negroes in the South|périodique=New York Call|date=21-8-1911}}.</ref>.}}
Pendant la [[Première Guerre mondiale]], Theresa Serber Malkiel fait deux tournées nationales de conférence pour le Parti socialiste. Elle s'y exprime sur les droits des femmes et parle contre la participation des Etats-Unis à cette guerre.


=== Autre travail militant ===
En 1920, elle se présente à l'Assemblée de l'État de New York sur la liste du Parti socialiste mais elle est battue de justesse.<ref name="taitz">{{Lien web |auteur=Taitz, Emily |prénom= |titre=Theresa Serber Malkiel, 1874 – 1949 |url=https://jwa.org/encyclopedia/article/malkiel-theresa-serber |série=Jewish Women's Archive}}</ref>
En [[1914]], Theresa Serber Malkiel est à la tête de la Socialist Suffrage Campaign de [[New York]]. Elle organise un rassemblement de masse au [[Carnegie Hall]], une salle de concert new-yorkaises. En [[1916]], elle est l'une des trois femmes nommées par le Comité Exécutif National pour parcourir le pays et faire campagne pour le droit de vote des femmes. Bien que le Parti socialiste soit officiellement opposé à la coopération avec de telles organisations, comme la [[National Woman Suffrage Association]], Theresa Serber Malkiel soutient l'idée en précisant que les socialistes doivent toujours présenter leurs points de vue dans une perspective socialiste<ref>{{ouvrage|langue=en|auteur=Sally M. Miller|année=1978|titre=From Sweatshop Worker to Labor Leader: Theresa Malkiel, a Case Study|page=200-201}}.</ref>. Elle se méfie des riches [[suffragette]]s telles qu'[[Alva Belmont]]<ref name="adickes">{{harvsp|Adickes|2000|p=52}}.</ref>, et met en garde contre le fait d'être distraite par la « fausse conscience » du féminisme [[Bourgeoisie|bourgeois]]<ref>{{lien web|langue=en|auteur=Gerald Sorin |lien auteur2=Gerald Sorin|titre=Socialism in the United States|url=https://jwa.org/encyclopedia/article/socialism-in-united-states |série=Jewish Women's Archive}}</ref>.


Pendant la [[Première Guerre mondiale]], Theresa Serber Malkiel fait deux tournées nationales de conférences pour le Parti socialiste. Elle s'y exprime sur les droits des femmes et parle contre la participation des États-Unis à cette guerre.
== <small>Éducation des adultes</small> ==

Theresa Serber Malkiel a passé les deux dernières décennies de sa vie à faire la promotion de l'éducation des femmes immigrées et à les aider à [[Naturalisation|être naturalisées]] américaines. Elle a fondé la ''Brooklyn Adult Students Association'' et a dirigé ses cours et son camp d'été.<ref>Miller (1978), p. 204.</ref>
En [[1920]], elle se présente à l'[[Assemblée de l'État de New York]] sur la liste du Parti socialiste mais elle est battue de justesse<ref name=":1" />.

== Éducation des adultes ==
Theresa Serber Malkiel a passé les deux dernières décennies de sa vie à faire la promotion de l'éducation des femmes immigrées et à les aider à [[Naturalisation|être naturalisées]] américaines. Elle a fondé la Brooklyn Adult Students Association et a dirigé ses cours et son camp d'été<ref>{{harvsp|Miller|1978|p=204}}.</ref>.


== Vie privée ==
== Vie privée ==
En 1900, Theresa Serber se marie avec Leon A. Malkiel, un avocat et collègue socialiste. Ils déménagent à Yonkers, une ville au Sud de l'État de New-York. En 1903, elle donne naissance à leur fille, Henrietta. En se mariant, Theresa Serber Malkiel a arrêté de travailler en tant qu'ouvrière d'usine mais elle a n'a pas renoncé à son engagement auprès des travailleuses afin d'améliorer leur vie.
En [[1900]], Theresa Serber se marie avec Leon A. Malkiel, un avocat et collègue socialiste. Ils déménagent à [[Yonkers]], une ville au Sud de l'[[État de New York]]. En [[1903]], elle donne naissance à leur fille, Henrietta. En se mariant, Theresa Serber Malkiel a arrêté de travailler en tant qu'ouvrière d'usine mais elle a n'a pas renoncé à son engagement auprès des travailleuses afin d'améliorer leur vie.


Theresa Serber Malkiel décéde le 17 novembre 1949.<ref name="taitz">{{Lien web |auteur=Taitz, Emily |prénom= |titre=Theresa Serber Malkiel, 1874 – 1949 |url=https://jwa.org/encyclopedia/article/malkiel-theresa-serber |série=Jewish Women's Archive}}</ref>
Theresa Serber Malkiel est décédée le {{date-|17 novembre 1949}}<ref name=":1" />.


== Œuvres ==
* {{Article|titre=Woman and the Socialist Party|périodique=The Socialist Woman|volume=I|numéro=12|date=May 1908|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=OvM4AQAAMAAJ&pg=PA14-IA18|pages=8}}

* {{Article|titre=Our Unfortunate Sisters|périodique=The Socialist Woman|volume=II|numéro=18|date=November 1908|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=OvM4AQAAMAAJ&pg=RA4-PA4|pages=4}}
=== Articles ===
* {{Article|titre=The Emancipation of Women|périodique=Machinists' Monthly Journal|volume=XXI|numéro=1|date=January 1909|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=Y-nNAAAAMAAJ&pg=PA33|pages=33–34}}
* {{Article|titre=Where Do We Stand on the Woman Question?|périodique=International Socialist Review|volume=10|date=August 1909|lire en ligne=https://archive.org/stream/InternationalSocialistReview1900Vol10/ISR-Volume10#page/n169/mode/2up/|pages=159–162}}
* {{article|langue=en-us|titre=''Woman and the Socialist Party|périodique=The Socialist Woman''|volume=I|numéro=12|date=May 1908|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=OvM4AQAAMAAJ&pg=PA14-IA18|pages=8}}
* {{Article|titre=Which is Better for Women, the Woman Suffrage Movement, or the Socialist Party?|périodique=The Progressive Woman|volume=IV|numéro=37|date=June 1910|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=Zo1EAQAAIAAJ&pg=PA16-IA198|pages=6–7}}
* {{article|langue=en-us|titre=''Our Unfortunate Sisters|périodique=The Socialist Woman''|volume=II|numéro=18|date=November 1908|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=OvM4AQAAMAAJ&pg=RA4-PA4|pages=4}}
* {{article|langue=en-us|titre=''The Emancipation of Women|périodique=Machinists' Monthly Journal''|volume=XXI|numéro=1|date=January 1909|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=Y-nNAAAAMAAJ&pg=PA33|pages=33–34}}
* {{Ouvrage|titre=The Diary of a Shirtwaist Striker: A Story of the Shirtwaist Makers' Strike in New York|lieu=New York|éditeur=The Co-operative Press|année=1910|lire en ligne=https://archive.org/details/diaryashirtwais00cogoog}}{{Accès libre}}
* {{article|langue=en-us|titre=''Where Do We Stand on the Woman Question?|périodique=International Socialist Review''|volume=10|date=August 1909|lire en ligne=https://archive.org/stream/InternationalSocialistReview1900Vol10/ISR-Volume10#page/n169/mode/2up/|pages=159–162}}
* "'Socialists' Despise Negroes in the South: 'Comrades' Refuse to Allow Colored Men in Meeting Halls or Party" (PDF). The New York Call. August 21, 1911.
* {{Article|titre=Child Labor|périodique=The Railroad Trainman|volume=XXX|numéro=10|date=October 1913|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=sM3NAAAAMAAJ&pg=PA924|pages=924–925}}
* {{article|langue=en-us|titre=''Which is Better for Women, the Woman Suffrage Movement, or the Socialist Party?''|périodique=The Progressive Woman|volume=IV|numéro=37|date=June 1910|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=Zo1EAQAAIAAJ&pg=PA16-IA198|pages=6–7}}
* {{article|langue=en-us|titre=''Child Labor''|périodique=The Railroad Trainman|volume=XXX|numéro=10|date=Octobre 1913|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=sM3NAAAAMAAJ&pg=PA924|pages=924–925}},

=== Journal ===
* {{ouvrage|langue=en-us|titre=The Diary of a Shirtwaist Striker|lieu=New York|éditeur=The Co-operative Press|année=1910|lire en ligne=https://archive.org/details/diaryashirtwais00cogoog|pages totales=105|sous-titre=A Story of the Shirtwaist Makers' Strike in New York}},


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{références}}
<references />

== Bibliographie ==

=== Notices dans des encyclopédies et manuels de références ===
* {{Ouvrage|langue=en-us|auteur1=Paula E. Hyman|directeur1=oui|titre=Jewish Women in America|sous-titre=An Historical Encyclopedia|volume=2|titre volume=M-Z|passage=885-886|lieu=New York|éditeur=Routledge|date=5 novembre 1997|pages totales=1770|isbn=9780415919357|lire en ligne=https://archive.org/details/jewishwomeniname00hyma/page/885/mode/1up}},
* {{Ouvrage|langue=en-us|auteur1=John A. Garraty|directeur1=oui|titre=American National Biography|volume=14|titre volume=Lovejoy - McCurdy|passage=368-369|lieu=New York|éditeur=Oxford University Press, USA|date=1 janvier 1999|pages totales=953|isbn=9780195127935|lire en ligne=https://archive.org/details/americannational14garr/page/368/mode/2up}},
* {{ouvrage|langue=en-us|nom=Adickes|prénom=Sandra|url=https://books.google.com/books?id=ZI7vCgAAQBAJ&pg=PA52|titre=To Be Young Was Very Heaven: Women in New York Before the First World War|éditeur=Palgrave Macmillan|année=2000|isbn=9780312223359|pages=52–54}}.
* {{ouvrage|langue=en-us|nom=Perry|prénom=Jeffrey Babcock|url=https://books.google.com/books?id=rM7ZD2_B46EC&pg=PA149|titre=Hubert Harrison: The Voice of Harlem Radicalism, 1883-1918|éditeur=Columbia University Press|année=2013|isbn=9780231511223}}.

=== Articles ===
* {{article|langue=en-us|nom=Malkiel|prénom=Theresa|date=Août 1909|titre=''Where Do We Stand on the Woman Question?''|url=https://archive.org/stream/InternationalSocialistReview1900Vol10/ISR-Volume10#page/n169/mode/2up/|journal=International Socialist Review|volume=10|pages=159–162}}.
* {{article|langue=en-us|nom=Miller|prénom=Sally M.|date=Décembre 1978|titre=''From Sweatshop Worker to Labor Leader: Theresa Malkiel, A Case Study''|journal=American Jewish History|volume=68|numéro=2|pages=189–205|jstor=23881894}}.

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Theresa Serber Malkiel
Description de cette image, également commentée ci-après
Theresa Serber Malkiel vers 1909.

Theresa Serber Malkiel

Nom de naissance Theresa Serber
Naissance
Bar, Empire russe
Décès (à 75 ans)
Yonkers, Drapeau des États-Unis États-Unis
Profession
Ouvrière, militante, enseignante
Conjoint
Leon A. Malkiel

Theresa Serber Malkiel () est une ouvrière socialiste juive américaine ainsi qu'une militante pour les droits des travailleurs et pour le droit de vote des femmes. Elle est également connue pour avoir fait la promotion de la formation des adultes.

Elle est à la direction du Comité national des femmes du Parti socialiste américain. En 1910, son journal The Diary of a Shirtwaist Striker contribue à réformer les lois du travail de l'État de New York. Elle crée une Journée nationale de la femme (annuelle) qui est à l'origine de la Journée internationale des droits des femmes. En 1911, lors d'une tournée de conférences dans le sud des États-Unis, elle attire l'attention sur le problème de la suprématie blanche au sein de son parti.

Vers 1920, elle fonde la Brooklyn Adult Students Association. Elle passe les dernières années de sa vie à y promouvoir la formation des adultes pour les travailleuses.

Biographie[modifier | modifier le code]

Theresa Serber est née à Bar (alors dans l'Empire russe, aujourd'hui en Ukraine), le . Sa famille et est de confession juive et émigre aux États-Unis en 1891 pour fuir les persécutions[1]. Theresa, ses parents et ses sœurs s'installent alors dans le Lower East Side, un quartier de New York. Âgée de 17 ans, Theresa Serber travaille dans une usine de confection de vêtements[1],[2].

Militantisme[modifier | modifier le code]

Très peu de temps après son arrivée à New York, elle rejoint le Russian Workingmen's Club. En 1892, elle contribue à la création de l'Infant Cloakmaker's Union de New York, un groupe de femmes travaillant dans des usines de confection de vêtements et pour la plupart juives ; elle en devient la première présidente[2]. Au cours des années suivantes, elle représente son syndicat au sein des Chevaliers du travail, une organisation ouvrière américaine, du Central Labor Federation, et des United Hebrew Trades, une organisation ouvrière juive de New York. Ces deux dernières organisations l'exposent au radicalisme, ce qui renforce ses convictions socialistes et, en 1893, elle rejoint le Parti ouvrier socialiste d'Amérique (SLP). Elle est une membre active du SLP pendant six ans, représentant son syndicat au premier congrès de l'Alliance socialiste du commerce et du travail[3].

En 1899, elle quitte le Parti ouvrier socialiste d'Amérique (SLP) et rejoint le Parti socialiste d'Amérique (SPA). Theresa Serber croit que seul le socialisme peut libérer les femmes et que le socialisme, à son tour, ne peut pas survivre sans la pleine participation de celles-ci. En théorie, le Parti socialiste est attaché à l'égalité des droits entre les hommes et les femmes, mais en pratique, il ne fait aucun effort pour atteindre spécifiquement les travailleuses et s'intéresse peu à leurs préoccupations. Theresa Serber conclut que les femmes socialistes doivent mener leur propre bataille parallèle pour l'égalité[4]. Son essai de 1909, Where Do We Stand on the Woman Question? exprime sa frustration face à cet état de fait :

« Car l'ouvrière d'aujourd'hui se trouve elle-même entre deux feux : d'une part, elle fait face à la classe capitaliste, son ennemi le plus acharné ; il prédit un danger considérable dans son émancipation et avec tout le pouvoir que l'argent lui confère il tente de résister à son éventuelle venue dans le monde civilisé. Dans son angoisse, l'ouvrière se tourne vers ses frères dans l'espoir de trouver en leur sein un appui solide, mais elle est vouée à la déception, car ils découragent son activité et sont tout à fait indifférents à l'issue de sa lutte[5]. »

« En 1905, Theresa Serber organise la Women's Progressive Society of Yonkers, qui deviendra plus tard une branche de la Socialist Women's Society de New York. Bien que le Parti socialiste est officiellement opposé au séparatisme, Theresa Serber pense qu'une organisation de femmes est nécessaire pour attirer les femmes dans le parti. Ainsi, cela serait comme un terrain d'entraînement pour les militantes. Les femmes en ont assez de leurs positions limitées au sein du parti en tant que « pâtissières officielles et colleteuses d'argent » », déclare-t-elle[6]. Parallèlement, elle rédige des tracts de propagande socialiste et publie de nombreux articles sur le socialisme et la Querelle des femmes dans des revues telles que Progressive Woman, Machinists' Monthly et International Socialist Review. Theresa Serber contribue également au New York Call, un journal socialiste qu'elle a cofondé en 1908 avec son mari, Leon A. Malkiel[7].

Comité National des Femmes[modifier | modifier le code]

En 1909, Theresa Serber est élue au Comité national des femmes du Parti socialiste. Elle est déléguée à plusieurs conventions, fait campagne, écrit des brochures et, à l'instar de Rose Pastor Stokes, elle contribue à sensibiliser le public aux préoccupations des femmes immigrantes. Elle crée des clubs suffragistes destinés à attirer les femmes qui travaillent et à les faire entrer au Parti socialiste[7]. Elle établit une Journée nationale de la femme (annuelle), à partir du 28 février 1909, qui est remarquée par plusieurs partis socialistes européens ainsi que par le Parti socialiste d'Amérique[8]. La Journée nationale de la femme est à l'origine de la Journée internationale des droits des femmes qui est célébrée chaque année le 8 mars[9].

En 1909, elle travaille en étroite collaboration avec la Women's Trade Union League (WTUL) pour soutenir le soulèvement des 20 000, une grève générale des ouvriers de l'industrie textile, avec publicité et collecte de fonds[7].

The Diary of a Shirtwaist Striker[modifier | modifier le code]

En 1910, Theresa Serber Malkiel publie le roman The Diary of a Shirtwaist Striker, un récit fictif sur une ouvrière d'usine de chemises gréviste. Elle y décrit la grève du point de vue d'une travailleuse née aux États-Unis et qui se méfie, au début de l'histoire, de ses collègues immigrés. Avec le temps, elle se rapproche d'eux et devient de plus en plus consciente de la nécessité de gagner le scrutin ainsi que la grève, et de la nécessité d'une plus grande solidarité entre travailleurs et travailleuses[4].

Après l'incendie de l'usine Triangle Shirtwaist en 1911, un an après la sortie de The Diary of a Shirtwaist Striker, le livre attire l'attention du public et il contribue à déclencher des réformes législatives[7]. Les universitaires postérieurs ont eu tendance à qualifier le livre de propagande[10]. En 1990, le livre est réimprimé par Cornell University Press avec une introduction de l'historienne Françoise Basch et a reçu des critiques positives d'Alice Kessler-Harris, de Mari Jo Buhle et de l'ILR Review[11].

Tournée de conférences dans le sud américain[modifier | modifier le code]

En 1911, lors d'une tournée de conférences dans le sud des États-Unis, Theresa Serber Malkiel est consternée d'apprendre que les socialistes blancs pratiquent la ségrégation raciale. Dans une ville de l'Arkansas, elle est invitée à prendre la parole lors d'un rassemblement de plus d'un millier d'Afro-Américains, mais les organisateurs du parti ne l'y autorisent pas. Dans une autre ville, le Parti socialiste local refuse d'autoriser les Afro-Américains à se joindre au rassemblement. Lors d'un événement au Mississippi, Theresa Serber Malkiel prononce un discours sous une pluie battante devant un groupe de socialistes afro-américains cotisants au Parti mais qui se sont vu refuser l'entrée dans la salle de réunion. Son rapport cinglant dans le New York Call a fait sensation[12] :

« Seigneur, préservez-nous de ce genre de Socialistes… Il ne faut pas prêcher le Socialisme aux nègres parce que les ouvriers blancs sont assez fous pour permettre à leurs maîtres d'attiser leurs préjugés contre leurs collègues ouvriers en vue de les maintenir divisés afin de jouer les uns contre les autres[13]. »

Autre travail militant[modifier | modifier le code]

En 1914, Theresa Serber Malkiel est à la tête de la Socialist Suffrage Campaign de New York. Elle organise un rassemblement de masse au Carnegie Hall, une salle de concert new-yorkaises. En 1916, elle est l'une des trois femmes nommées par le Comité Exécutif National pour parcourir le pays et faire campagne pour le droit de vote des femmes. Bien que le Parti socialiste soit officiellement opposé à la coopération avec de telles organisations, comme la National Woman Suffrage Association, Theresa Serber Malkiel soutient l'idée en précisant que les socialistes doivent toujours présenter leurs points de vue dans une perspective socialiste[14]. Elle se méfie des riches suffragettes telles qu'Alva Belmont[15], et met en garde contre le fait d'être distraite par la « fausse conscience » du féminisme bourgeois[16].

Pendant la Première Guerre mondiale, Theresa Serber Malkiel fait deux tournées nationales de conférences pour le Parti socialiste. Elle s'y exprime sur les droits des femmes et parle contre la participation des États-Unis à cette guerre.

En 1920, elle se présente à l'Assemblée de l'État de New York sur la liste du Parti socialiste mais elle est battue de justesse[7].

Éducation des adultes[modifier | modifier le code]

Theresa Serber Malkiel a passé les deux dernières décennies de sa vie à faire la promotion de l'éducation des femmes immigrées et à les aider à être naturalisées américaines. Elle a fondé la Brooklyn Adult Students Association et a dirigé ses cours et son camp d'été[17].

Vie privée[modifier | modifier le code]

En 1900, Theresa Serber se marie avec Leon A. Malkiel, un avocat et collègue socialiste. Ils déménagent à Yonkers, une ville au Sud de l'État de New York. En 1903, elle donne naissance à leur fille, Henrietta. En se mariant, Theresa Serber Malkiel a arrêté de travailler en tant qu'ouvrière d'usine mais elle a n'a pas renoncé à son engagement auprès des travailleuses afin d'améliorer leur vie.

Theresa Serber Malkiel est décédée le [7].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Articles[modifier | modifier le code]

  • (en-US) « Woman and the Socialist Party », The Socialist Woman, vol. I, no 12,‎ , p. 8 (lire en ligne)
  • (en-US) « Our Unfortunate Sisters », The Socialist Woman, vol. II, no 18,‎ , p. 4 (lire en ligne)
  • (en-US) « The Emancipation of Women », Machinists' Monthly Journal, vol. XXI, no 1,‎ , p. 33–34 (lire en ligne)
  • (en-US) « Where Do We Stand on the Woman Question? », International Socialist Review, vol. 10,‎ , p. 159–162 (lire en ligne)
  • (en-US) « Which is Better for Women, the Woman Suffrage Movement, or the Socialist Party? », The Progressive Woman, vol. IV, no 37,‎ , p. 6–7 (lire en ligne)
  • (en-US) « Child Labor », The Railroad Trainman, vol. XXX, no 10,‎ , p. 924–925 (lire en ligne),

Journal[modifier | modifier le code]

  • (en-US) The Diary of a Shirtwaist Striker : A Story of the Shirtwaist Makers' Strike in New York, New York, The Co-operative Press, , 105 p. (lire en ligne),

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en-US) « The forgotten woman behind International Women’s Day », Washington Post,‎ (ISSN 0190-8286, lire en ligne, consulté le ).
  2. a et b (en) Sally M. Miller, From Sweatshop Worker to Labor Leader: Theresa Malkiel, a Case Study, , p. 190-191.
  3. (en) Sally M. Miller, From Sweatshop Worker to Labor Leader: Theresa Malkiel, a Case Study, , p. 192-193.
  4. a et b (en) Sally M. Miller, From Sweatshop Worker to Labor Leader: Theresa Malkiel, a Case Study, , p. 192-3, 197-8, 204.
  5. (en) Theresa Malkiel, Where Do We Stand on the Woman Question?, , p. 160-161.
  6. (en) Sally M. Miller, From Sweatshop Worker to Labor Leader: Theresa Malkiel, a Case Study, , p. 194.
  7. a b c d e et f (en) Taitz, Emily, « Theresa Serber Malkiel, 1874 – 1949 », sur Jewish Women's Archive (consulté le ).
  8. (en) Sally M. Miller, From Sweatshop Worker to Labor Leader: Theresa Malkiel, a Case Study, , p. 195, 197.
  9. « International Women's Day », United Nations,
  10. Basch 1990, p. ix.
  11. Basch 1990, p. Couverture verso.
  12. Perry 2013, p. 149.
  13. (en) Malkiel, Theresa, « Socialists' Despise Negroes in the South », New York Call,‎ .
  14. (en) Sally M. Miller, From Sweatshop Worker to Labor Leader: Theresa Malkiel, a Case Study, , p. 200-201.
  15. Adickes 2000, p. 52.
  16. (en) Gerald Sorin, « Socialism in the United States », Jewish Women's Archive
  17. Miller 1978, p. 204.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notices dans des encyclopédies et manuels de références[modifier | modifier le code]

  • (en-US) Paula E. Hyman (dir.), Jewish Women in America : An Historical Encyclopedia, vol. 2 : M-Z, New York, Routledge, , 1770 p. (ISBN 9780415919357, lire en ligne), p. 885-886,
  • (en-US) John A. Garraty (dir.), American National Biography, vol. 14 : Lovejoy - McCurdy, New York, Oxford University Press, USA, , 953 p. (ISBN 9780195127935, lire en ligne), p. 368-369,
  • (en-US) Sandra Adickes, To Be Young Was Very Heaven: Women in New York Before the First World War, Palgrave Macmillan, , 52–54 p. (ISBN 9780312223359, lire en ligne).
  • (en-US) Jeffrey Babcock Perry, Hubert Harrison: The Voice of Harlem Radicalism, 1883-1918, Columbia University Press, (ISBN 9780231511223, lire en ligne).

Articles[modifier | modifier le code]

  • (en-US) Theresa Malkiel, « Where Do We Stand on the Woman Question? », International Socialist Review, vol. 10,‎ , p. 159–162 (lire en ligne).
  • (en-US) Sally M. Miller, « From Sweatshop Worker to Labor Leader: Theresa Malkiel, A Case Study », American Jewish History, vol. 68, no 2,‎ , p. 189–205 (JSTOR 23881894).

Liens externes[modifier | modifier le code]