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Une '''liaison covalente''' est une [[liaison chimique]] dans laquelle deux [[atome]]s partagent deux [[électron]]s (un électron chacun ou deux électrons venant du même atome) d'une de leurs [[couche de valence|couches externes]] afin de former un doublet d'électrons liant les deux atomes. C'est une des forces qui produit l'attraction mutuelle entre atomes.
Une '''liaison covalente''' est une [[liaison chimique]] dans laquelle deux [[atome]]s se partagent deux [[électron]]s (un électron chacun ou deux électrons venant du même atome) d'une de leurs [[couche de valence|couches externes]] afin de former un doublet d'électrons liant les deux atomes. C'est une des forces qui produisent l'attraction mutuelle entre atomes.

La covalence c'est pas plus mal entwe deux sexes opposés. Mamadou N'gonkawa philisophe Malgache.


La liaison covalente implique généralement le partage équitable d'une seule paire d'électrons, appelé doublet liant. Chaque atome fournissant un électron, la paire d'électrons est délocalisée entre les deux atomes. Le partage de deux ou trois paires d'électrons s'appelle respectivement « [[liaison double]] » et « [[liaison triple]] ».
La liaison covalente implique généralement le partage équitable d'une seule paire d'électrons, appelé doublet liant. Chaque atome fournissant un électron, la paire d'électrons est délocalisée entre les deux atomes. Le partage de deux ou trois paires d'électrons s'appelle respectivement « [[liaison double]] » et « [[liaison triple]] ».
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Au contraire des [[liaison ionique|liaisons ioniques]] où les atomes sont liés par [[Loi de Coulomb (électrostatique)|attraction coulombienne]] non-directionnelle, les liaisons covalentes sont fortement directionnelles. En conséquence, les molécules liées par covalence tendent à adopter des formes caractéristiques possédant des [[angle de liaison|angles de liaison]] spécifiques.
Au contraire des [[liaison ionique|liaisons ioniques]] où les atomes sont liés par [[Loi de Coulomb (électrostatique)|attraction coulombienne]] non-directionnelle, les liaisons covalentes sont fortement directionnelles. En conséquence, les molécules liées par covalence tendent à adopter des formes caractéristiques possédant des [[angle de liaison|angles de liaison]] spécifiques.


Une liaison covalente est une liaison dans laquelle deux [[Couche de valence|électrons de valence]] sont partagés entre deux [[non-métal|non-métaux]]. Dans ce type de liaison, il doit y avoir une différence d’[[électronégativité]] inférieure à 1,7 sur l’[[échelle de Pauling]]. Il y a formation d’une liaison covalente (sauf pour les liaisons de coordinence), lorsqu’il y a un recouvrement de deux [[orbitale atomique|orbitales atomiques]] ayant chacune un électron de valence. Grâce à ce recouvrement, il y aura la formation d’une seule et unique orbitale commune comme le montre la figure plus bas. Ce recouvrement d’orbitales atomiques conduit à la formation d’une orbitale moléculaire (non-illustrée). Il y a un partage d’électrons entre deux [[Atome d'hydrogène|atomes d’hydrogène]] afin de former une seule molécule de [[dihydrogène]]. Cette liaison covalente est présentée comme étant : H–H.
Une liaison covalente est une liaison dans laquelle deux [[Couche de valence|électrons de valence]] sont partagés entre deux [[non-métal|non-métaux]]. Dans ce type de liaison, il doit y avoir une différence d’[[électronégativité]] inférieure à 1,7 sur l’[[échelle de Pauling]]. Il y a formation d’une liaison covalente (sauf pour les liaisons de [[coordinence]]) lorsqu’il y a un recouvrement de deux [[orbitale atomique|orbitales atomiques]] ayant chacune un électron de valence. Grâce à ce recouvrement, il y aura la formation d’une seule et unique orbitale commune comme le montre la figure plus bas. Ce recouvrement d’orbitales atomiques conduit à la formation d’une orbitale moléculaire (non illustrée). Il y a un partage d’électrons entre deux [[Atome d'hydrogène|atomes d’hydrogène]] afin de former une seule molécule de [[dihydrogène]]. Cette liaison covalente est présentée comme étant : H–H.


[[Fichier:Lewis-bond.svg|thumb|200px|alt=Recouvrement des orbitales atomiques|Recouvrement des orbitales atomiques de H.]]
[[Fichier:Lewis-bond.svg|thumb|200px|alt=Recouvrement des orbitales atomiques|Recouvrement des orbitales atomiques de H.]]
[[Fichier:liaison covalante oxygène11.gif|thumb|200px|alt=Recouvrement des orbitales atomiques|Liaison covalente schématisée de deux atomes d'[[oxygène]].]]
[[Fichier:liaison covalante oxygène11.gif|thumb|200px|alt=Recouvrement des orbitales atomiques|Liaison covalente schématisée de deux atomes d'[[oxygène]].]]


== Histoire ==
== Histoire ==
L'idée de la liaison covalente remonte à [[Gilbert Newton Lewis|Lewis]], qui en [[1916]] décrit le partage de paires d'électrons entre atomes<ref>{{article | auteur=Gilbert N. Lewis | titre=The Atom and the Molecule | journal=[[Journal of the American Chemical Society|J. Am. Chem. Soc.]] | volume=38 | numéro=4 | pages=762–785 | année=1916 | doi=10.1021/ja02261a002 | langue=en}}</ref>. Il présenta la « [[formule de Lewis|notation de Lewis]] » dans laquelle les électrons de valence (de la [[couche électronique]] externe) sont représentés comme des points autour des [[Liste des éléments chimiques|symboles atomiques]].

L'idée de la liaison covalente remonte à [[Gilbert Newton Lewis|Lewis]], qui en [[1916]] décrit le partage de paires d'électrons entre atomes<ref>{{article | auteur=Gilbert N. Lewis | titre=The Atom and the Molecule | journal=[[Journal of the American Chemical Society|J. Am. Chem. Soc.]] | volume=38 | numéro=4 | pages=762–785 | année=1916 | doi=10.1021/ja02261a002 | langue=en}}</ref>. Il présenta la « [[formule de Lewis|notation de Lewis]] » dans laquelle les électrons de valence (de la couche électronique externe) sont représentés comme des points autour des [[Liste des éléments chimiques|symboles atomiques]].
Les paires d'électrons situés entre les atomes représentent les liaisons covalentes et les paires multiples représentent des liaisons doubles ou triples.
Les paires d'électrons situés entre les atomes représentent les liaisons covalentes et les paires multiples représentent des liaisons doubles ou triples.


Tandis que l'idée des paires partagées d'électrons fournit une image qualitative efficace de la liaison covalente, la [[mécanique quantique]] est nécessaire pour comprendre la nature de ces liaisons et pour pouvoir prévoir les structures et les propriétés des molécules simples. En 1927, [[Walter Heitler]] et [[Fritz London]] furent crédités de la première explication quantique correcte de la liaison chimique, spécifiquement celle de la [[dihydrogène|molécule de dihydrogène]]<ref>{{article | auteur=W. Heitler et F. London | titre=Wechselwirkung neutraler Atome und homöopolare Bindung nach der Quantenmechanik | journal=Z. Phys. | volume=11 | numéro=3 | pages=455-472 | année=1927 | doi=10.1007/BF01397394 | langue=de}}</ref>.
Tandis que l'idée des paires partagées d'électrons fournit une image qualitative efficace de la liaison covalente, la [[mécanique quantique]] est nécessaire pour comprendre la nature de ces liaisons et pour pouvoir prévoir les structures et les propriétés des molécules simples. En 1927, [[Walter Heitler]] et [[Fritz London]] furent crédités de la première explication quantique correcte de la liaison chimique, spécifiquement celle de la [[dihydrogène|molécule de dihydrogène]]<ref>{{article | auteur=W. Heitler et F. London | titre=Wechselwirkung neutraler Atome und homöopolare Bindung nach der Quantenmechanik | journal=Z. Phys. | volume=11 | numéro=3 | pages=455-472 | année=1927 | doi=10.1007/BF01397394 | langue=de}}</ref>.

Leur travail était basé sur le modèle de liaison de valence, qui suppose qu'une liaison chimique est formée lorsqu'il y a un bon recouvrement entre [[orbitale atomique|orbitales atomiques]]. Ces orbitales sont connues pour avoir des angles spécifiques les unes avec les autres. Le modèle de lien de valence put donc prévoir avec succès les angles de liaison observés dans des molécules simples.
Leur travail était basé sur le modèle de liaison de valence, qui suppose qu'une liaison chimique est formée lorsqu'il y a un bon recouvrement entre [[orbitale atomique|orbitales atomiques]]. Ces orbitales sont connues pour avoir des angles spécifiques les unes avec les autres. Le modèle de la liaison de valence peut donc prévoir avec succès les angles de liaison observés dans des molécules simples.


Aujourd'hui le modèle des liaisons de valence a été en grande partie supplanté par le modèle des [[orbitale moléculaire|orbitales moléculaires]].
Aujourd'hui le modèle des liaisons de valence a été en grande partie supplanté par le modèle des [[orbitale moléculaire|orbitales moléculaires]].
Dans ce modèle, lorsque les atomes se rapprochent, leurs orbitales atomiques interagissent et forment alors un ensemble d'orbites moléculaires qui s'étend sur toute la molécule.
Dans ce modèle, lorsque les atomes se rapprochent, leurs orbitales atomiques interagissent et forment alors un ensemble d'orbites moléculaires qui s'étend sur toute la molécule.

La moitié de ces orbites tend à être des orbitales liantes et l'autre moitié anti-liantes.
La moitié de ces orbites tend à être des orbitales liantes et l'autre moitié anti-liantes.

Les électrons des orbitales liantes provoquent la formation d'une liaison chimique, alors que ceux des orbitales anti-liantes tendent à les empêcher.
Les électrons des orbitales liantes provoquent la formation d'une liaison chimique, alors que ceux des orbitales anti-liantes tendent à les empêcher.
La formation d'une liaison chimique n'est possible que lorsque les électrons occupant des orbitales liantes sont plus nombreux que ceux occupant des orbitales anti-liantes.
La formation d'une liaison chimique n'est possible que lorsque les électrons occupant des orbitales liantes sont plus nombreux que ceux occupant des orbitales anti-liantes.


== Ordre de liaison ==
== Ordre de liaison ==

La différence entre le nombre de paires d'électrons contenues dans des orbitales liantes et anti-liantes détermine l'[[ordre de liaison]].
La différence entre le nombre de paires d'électrons contenues dans des orbitales liantes et anti-liantes détermine l'[[ordre de liaison]].


Par exemple, dans une [[molécule diatomique]], il y a une liaison simple qui se forme s'il y a un excès de deux électrons dans les orbitales liantes ([[dihydrogène|{{chem|H|2}}]]), une [[liaison double]] si quatre électrons sont en excès ([[dioxygène|{{chem|O|2}}]]) et une [[liaison triple]] si cet excès est de six électrons ([[diazote|{{chem|N|2}}]]). Les liaisons triples sont relativement rares dans la nature ; on en trouve par exemple dans le [[monoxyde de carbone]] (CO).
Par exemple, dans une [[molécule diatomique]], il y a une liaison simple qui se forme s'il y a un excès de deux électrons dans les orbitales liantes ([[dihydrogène|{{chem|H|2}}]]), une [[liaison double]] si quatre électrons sont en excès ([[dioxygène|{{chem|O|2}}]]) et une [[liaison triple]] si cet excès est de six électrons ([[diazote|{{chem|N|2}}]]). Les liaisons triples sont relativement rares dans la nature ; on en trouve par exemple dans le [[monoxyde de carbone]] (CO).


L'ordre de liaison n'a pas besoin d'être un [[Entier naturel|nombre entier]] et les liaisons peuvent être délocalisées sur plus de deux atomes. Par exemple, dans le [[benzène]], l'ordre de liaison entre deux atomes de carbone adjacent est de 3/2. Les électrons des orbitales liantes sont répartis uniformément sur chacun des 6 atomes de carbone : c'est la [[Mésomérie|résonance (chimie)]]. D'autres exemples sont les [[anion]]s dérivés du [[dioxygène]] {{chem|O|2}} : l'ajout d'électrons dans des orbitales π* antiliantes fait passer l'ordre de liaison de 2 à 3/2 pour le [[superoxyde]] {{chem|O|2}}{{exp|}} et à 1 pour le [[peroxyde]] {{chem|O|2}}{{exp|2–}}.
L'ordre de liaison n'a pas besoin d'être un [[Entier naturel|nombre entier]] et les liaisons peuvent être délocalisées sur plus de deux atomes. Par exemple, dans le [[benzène]], l'ordre de liaison entre deux atomes de carbone adjacent est de 3/2. Les électrons des orbitales liantes sont répartis uniformément sur chacun des 6 atomes de carbone : c'est la [[Mésomérie|résonance (chimie)]]. D'autres exemples sont les [[anion]]s dérivés du [[dioxygène]] {{chem|O|2}} : l'ajout d'électrons dans des orbitales π* antiliantes fait passer l'ordre de liaison de 2 à 3/2 pour le [[superoxyde]] {{chem|O|2}}{{exp|}} et à 1 pour le [[peroxyde]] {{chem|O|2}}{{exp|2−}}.


Les longueurs et les [[Énergie de dissociation d'une liaison|énergies de dissociation des liaisons]] sont inversement proportionnelles à l'ordre de liaison : plus l'ordre de liaison est élevé, plus cette liaison est courte et forte.
Les longueurs et les [[Énergie de dissociation d'une liaison|énergies de dissociation des liaisons]] sont inversement proportionnelles à l'ordre de liaison : plus l'ordre de liaison est élevé, plus cette liaison est courte et forte.
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== Liaison covalente et électronégativité ==
== Liaison covalente et électronégativité ==
La liaison covalente se produit le plus fréquemment entre des atomes d'[[électronégativité]]s semblables. La différence de [[niveau d'énergie]] entre les deux atomes n'est pas suffisante pour produire le transfert d'électrons d'un atome vers l'autre. Cependant, la répartition des électrons dans une liaison covalente entre atomes différents ne sera pas exactement symétrique. En effet, la [[densité électronique]] sera déplacée vers l'atome le plus électronégatif : la liaison covalente est [[Polarisation (diélectrique)|polarisée]]. La direction de la polarisation est donnée par des charges partielles (Δ+ pour l'atome le moins électronégatif et Δ- pour le plus électronégatif). Plus la différence d'électronégativité est grande entre les atomes, plus les charges partielles sont élevées : la liaison est polarisée et a un caractère « ionique ». Les liaisons covalentes sont plus communes entre non-métaux, tandis que la [[liaison ionique]] est plus fréquente lorsqu'un ou chacun des deux atomes est un [[métal]].


Dans une liaison comme H–Cl, les électrons ne sont pas rigoureusement au centre de la liaison. En effet, le noyau du [[chlore]] ({{nobr|Z {{=}} 17}}) contient 17 protons tandis que l'[[hydrogène]] ({{nobr|Z {{=}} 1}}) n'en contient qu'un seul. Par conséquent, des [[couche de valence|électrons de valence]] placés entre les deux noyaux seront plus attirés par le noyau du chlore que par le noyau de l'hydrogène.
La liaison covalente se produit le plus fréquemment entre des atomes d'[[électronégativité]]s semblables. La différence de [[niveau d'énergie]] entre les deux atomes n'est pas suffisante pour produire le transfert d'électrons d'un atome vers l'autre. Cependant, la répartition des électrons dans une liaison covalente entre atomes différents ne sera pas exactement symétrique. En effet, la densité électronique sera déplacée vers l'atome le plus électronégatif : la liaison covalente est [[Polarisation (diélectrique)|polarisée]]. La direction de la polarisation est donnée par des charges partielles (Δ+ pour l'atome le moins électronégatif et Δ- pour le plus électronégatif). Plus la différence d'électronégativité est grande entre les atomes, plus les charges partielles sont élevées : la liaison est polarisée et a un caractère « ionique ». Les liaisons covalentes sont plus communes entre non-métaux, tandis que la [[liaison ionique]] est plus fréquente lorsqu'un ou chacun des deux atomes est un [[métal]].

Dans une liaison comme H–Cl, les électrons ne sont pas rigoureusement au centre de la liaison. En effet, le noyau du [[chlore]] ({{nobr|Z {{=}} 17}}) contient 17 protons tandis que l'[[hydrogène]] ({{nobr|Z {{=}} 1}}) n'en contient qu'un seul. Par conséquent, des [[couche de valence|électrons de valence]] placés entre les deux noyaux seront plus attirés par le noyau du chlore que par le noyau de l'hydrogène.


L'électronégativité est ainsi une grandeur servant à décrire par quel atome les électrons seront le plus attirés.
L'électronégativité est ainsi une grandeur servant à décrire par quel atome les électrons seront le plus attirés.


== Enthalpie de liaison ==
== Enthalpie de liaison ==
Dans une liaison covalente, plus le nombre de liaisons augmente, plus cela requiert de l'[[énergie (physique)|énergie]] pour les briser. Le bris d'une liaison covalente est un processus [[Réaction endothermique|endothermique]] (qui requiert de l'énergie) tandis que la formation d'une liaison covalente est un processus [[Réaction exothermique|exothermique]].

Dans une liaison covalente, plus le nombre de liaisons augmente, plus cela requiert de l'[[énergie]] pour les briser. Le bris d'une liaison covalente est un processus [[Réaction endothermique|endothermique]] (qui requiert de l'énergie) tandis que la formation d'une liaison covalente est un processus [[Réaction exothermique|exothermique]].
Pour calculer la variation d'[[enthalpie]] dans une [[réaction chimique]], il est nécessaire de calculer la différence entre l'énergie requise pour rompre les liaisons dans les réactifs et l'énergie requise pour former les liaisons dans les produits :
Pour calculer la variation d'[[enthalpie]] dans une [[réaction chimique]], il est nécessaire de calculer la différence entre l'énergie requise pour rompre les liaisons dans les réactifs et l'énergie requise pour former les liaisons dans les produits :


: '''ΔH = ∑D (liaisons rompues des réactifs) – ∑D (liaisons formées des produits)'''
: '''ΔrH = ∑D (liaisons rompues des réactifs) – ∑D (liaisons formées des produits)'''


: où D représente l'énergie de liaison par [[Mole (unité)|mole]] de liaison et est toujours affecté d'un signe positif.
: où D représente l'énergie de liaison par [[Mole (unité)|mole]] de liaison et est toujours affecté d'un signe positif.
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: sachant que D(H–H) = 432 kJ/mol, D(Cl–Cl) = 239 kJ/mol et D(H–Cl) = 427 kJ/mol<ref>S. Zumdahl, S., ''Chimie générale'', {{2e}}{{éd.}}, Les Éditions CEC Inc., 1998, {{p.|247}}, tableau 6.4</ref>,
: sachant que D(H–H) = 432 kJ/mol, D(Cl–Cl) = 239 kJ/mol et D(H–Cl) = 427 kJ/mol<ref>S. Zumdahl, S., ''Chimie générale'', {{2e}}{{éd.}}, Les Éditions CEC Inc., 1998, {{p.|247}}, tableau 6.4</ref>,
: ΔH = D(H–H) + D(Cl–Cl) − 2 D(H–Cl)
: ΔrH = D(H–H) + D(Cl–Cl) − 2 D(H–Cl)
: ΔH = 432 + 239 − (2 × 427) = −183 kJ/mol.
: ΔrH = 432 + 239 − (2 × 427) = −183 kJ/mol.


Cette réaction est exothermique : il est donc plus favorable de former HCl.
Cette réaction est exothermique : il est donc plus favorable de former HCl.


== Cas de la molécule de dihydrogène ==
== Cas de la molécule de dihydrogène ==

[[Fichier:p_Morse.jpg|thumb|200px|alt=Potentiel de Morse pour la formation de H moléculaire|Énergie impliquée dans la formation d'une liaison covalente entre deux atomes d'hydrogène]]
[[Fichier:p_Morse.jpg|thumb|200px|alt=Potentiel de Morse pour la formation de H moléculaire|Énergie impliquée dans la formation d'une liaison covalente entre deux atomes d'hydrogène]]
{{Article détaillé|Dihydrogène}}
{{Article détaillé|Dihydrogène}}
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== Propriétés électroniques de la liaison covalente ==
== Propriétés électroniques de la liaison covalente ==
En utilisant les résultats de la [[mécanique quantique]], il est en théorie possible de calculer la [[structure électronique atomique|structure électronique]], les [[Niveau d'énergie|niveaux d'énergie]], les [[distance de liaison|distances]] et les [[angle de liaison|angles de liaisons]], les [[Dipôle électrostatique|moments dipolaires]] et le [[spectre électromagnétique]] de molécules simples. Malheureusement, en pratique, les distances et les angles de liaisons ne peuvent pas être raisonnablement prévues par la mécanique quantique car les calculs sont trop lourds et trop complexes. À la place, on utilise des approximations sans réel fondement théorique (méthodes de Slater), mais qui donnent des résultats plutôt précis.


En ce qui concerne les molécules plutôt simples, les calculs des niveaux d'énergie aboutissent généralement à des résultats assez précis pour déterminer l'[[Enthalpie standard de formation]] et l'énergie de la [[Énergie d'activation|barrière d'activation cinétique]] de celles-ci.
En utilisant les résultats de la [[mécanique quantique]], il est possible en théorie de calculer la [[structure électronique atomique|structure électronique]], les [[Niveau d'énergie|niveaux d'énergie]], les [[distance de liaison|distances]] et les [[angle de liaison|angles de liaisons]], les [[Dipôle électrostatique|moments dipolaires]] et le [[spectre électromagnétique]] de molécules simples. Malheureusement en pratique les distances et les angles de liaisons ne peuvent pas être raisonnablement prévues par la mécanique quantique, les calculs étant trop lourds et trop complexes. À la place on utilise des approximations sans réel fondement théorique (méthodes de Slater) mais qui donnent des résultats à quelques % près.

Pour les petites molécules, les calculs concernant les niveaux d'énergie sont suffisamment précis pour qu'il puissent être utilisés afin de déterminer leur [[chaleur de formation]] et l'énergie de leur [[Énergie d'activation|barrière d'activation cinétique]].


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
{{Autres projets|wiktionary=liaison covalente}}

=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* Chang, R. et Papillon, L. ''Chimie fondamentale, principes et problèmes'', Les Éditions de la Chandelière Inc., 1998, {{p.|275}}
* Chang, R. et Papillon, L. ''Chimie fondamentale, principes et problèmes'', Les Éditions de la Chandelière Inc., 1998, {{p.|275}}
* S. Zumdahl, S., ''Chimie générale'', {{2e}}{{éd.}}, Les Éditions CEC Inc., 1998, {{p.|243-249}}
* S. Zumdahl, S., ''Chimie générale'', {{2e}}{{éd.}}, Les Éditions CEC Inc., 1998, {{p.|243-249}}
* L. Dekock, R.B. et Gray, H., ''Chemical structure and bonding'', Copyright, 1980, {{p.|82-86}}
* L. Dekock, R.B. et Gray, H., ''Chemical structure and bonding'', Copyright, 1980, {{p.|82-86}}

=== Lien externe ===
* [http://cours.cegep-st-jerome.qc.ca/101-902-m.f/bio902/Atomesetmolecules/liaisoncovalente.htm Cours du Cégep de Saint-Jérôme au Québec]



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[[Catégorie:Liaison chimique|Covalente]]
[[Catégorie:Liaison chimique|Covalente]]

Version du 11 octobre 2023 à 03:35

Une liaison covalente est une liaison chimique dans laquelle deux atomes se partagent deux électrons (un électron chacun ou deux électrons venant du même atome) d'une de leurs couches externes afin de former un doublet d'électrons liant les deux atomes. C'est une des forces qui produisent l'attraction mutuelle entre atomes.

La liaison covalente implique généralement le partage équitable d'une seule paire d'électrons, appelé doublet liant. Chaque atome fournissant un électron, la paire d'électrons est délocalisée entre les deux atomes. Le partage de deux ou trois paires d'électrons s'appelle respectivement « liaison double » et « liaison triple ».

Au contraire des liaisons ioniques où les atomes sont liés par attraction coulombienne non-directionnelle, les liaisons covalentes sont fortement directionnelles. En conséquence, les molécules liées par covalence tendent à adopter des formes caractéristiques possédant des angles de liaison spécifiques.

Une liaison covalente est une liaison dans laquelle deux électrons de valence sont partagés entre deux non-métaux. Dans ce type de liaison, il doit y avoir une différence d’électronégativité inférieure à 1,7 sur l’échelle de Pauling. Il y a formation d’une liaison covalente (sauf pour les liaisons de coordinence) lorsqu’il y a un recouvrement de deux orbitales atomiques ayant chacune un électron de valence. Grâce à ce recouvrement, il y aura la formation d’une seule et unique orbitale commune comme le montre la figure plus bas. Ce recouvrement d’orbitales atomiques conduit à la formation d’une orbitale moléculaire (non illustrée). Il y a un partage d’électrons entre deux atomes d’hydrogène afin de former une seule molécule de dihydrogène. Cette liaison covalente est présentée comme étant : H–H.

Recouvrement des orbitales atomiques
Recouvrement des orbitales atomiques de H.
Recouvrement des orbitales atomiques
Liaison covalente schématisée de deux atomes d'oxygène.

Histoire

L'idée de la liaison covalente remonte à Lewis, qui en 1916 décrit le partage de paires d'électrons entre atomes[1]. Il présenta la « notation de Lewis » dans laquelle les électrons de valence (de la couche électronique externe) sont représentés comme des points autour des symboles atomiques. Les paires d'électrons situés entre les atomes représentent les liaisons covalentes et les paires multiples représentent des liaisons doubles ou triples.

Tandis que l'idée des paires partagées d'électrons fournit une image qualitative efficace de la liaison covalente, la mécanique quantique est nécessaire pour comprendre la nature de ces liaisons et pour pouvoir prévoir les structures et les propriétés des molécules simples. En 1927, Walter Heitler et Fritz London furent crédités de la première explication quantique correcte de la liaison chimique, spécifiquement celle de la molécule de dihydrogène[2].

Leur travail était basé sur le modèle de liaison de valence, qui suppose qu'une liaison chimique est formée lorsqu'il y a un bon recouvrement entre orbitales atomiques. Ces orbitales sont connues pour avoir des angles spécifiques les unes avec les autres. Le modèle de la liaison de valence peut donc prévoir avec succès les angles de liaison observés dans des molécules simples.

Aujourd'hui le modèle des liaisons de valence a été en grande partie supplanté par le modèle des orbitales moléculaires. Dans ce modèle, lorsque les atomes se rapprochent, leurs orbitales atomiques interagissent et forment alors un ensemble d'orbites moléculaires qui s'étend sur toute la molécule.

La moitié de ces orbites tend à être des orbitales liantes et l'autre moitié anti-liantes.

Les électrons des orbitales liantes provoquent la formation d'une liaison chimique, alors que ceux des orbitales anti-liantes tendent à les empêcher. La formation d'une liaison chimique n'est possible que lorsque les électrons occupant des orbitales liantes sont plus nombreux que ceux occupant des orbitales anti-liantes.

Ordre de liaison

La différence entre le nombre de paires d'électrons contenues dans des orbitales liantes et anti-liantes détermine l'ordre de liaison.

Par exemple, dans une molécule diatomique, il y a une liaison simple qui se forme s'il y a un excès de deux électrons dans les orbitales liantes (H2), une liaison double si quatre électrons sont en excès (O2) et une liaison triple si cet excès est de six électrons (N2). Les liaisons triples sont relativement rares dans la nature ; on en trouve par exemple dans le monoxyde de carbone (CO).

L'ordre de liaison n'a pas besoin d'être un nombre entier et les liaisons peuvent être délocalisées sur plus de deux atomes. Par exemple, dans le benzène, l'ordre de liaison entre deux atomes de carbone adjacent est de 3/2. Les électrons des orbitales liantes sont répartis uniformément sur chacun des 6 atomes de carbone : c'est la résonance (chimie). D'autres exemples sont les anions dérivés du dioxygène O2 : l'ajout d'électrons dans des orbitales π* antiliantes fait passer l'ordre de liaison de 2 à 3/2 pour le superoxyde O2 et à 1 pour le peroxyde O22−.

Les longueurs et les énergies de dissociation des liaisons sont inversement proportionnelles à l'ordre de liaison : plus l'ordre de liaison est élevé, plus cette liaison est courte et forte.

Lorsque les électrons sont délocalisés sur de nombreux atomes, on a une liaison métallique.

Liaison covalente et électronégativité

La liaison covalente se produit le plus fréquemment entre des atomes d'électronégativités semblables. La différence de niveau d'énergie entre les deux atomes n'est pas suffisante pour produire le transfert d'électrons d'un atome vers l'autre. Cependant, la répartition des électrons dans une liaison covalente entre atomes différents ne sera pas exactement symétrique. En effet, la densité électronique sera déplacée vers l'atome le plus électronégatif : la liaison covalente est polarisée. La direction de la polarisation est donnée par des charges partielles (Δ+ pour l'atome le moins électronégatif et Δ- pour le plus électronégatif). Plus la différence d'électronégativité est grande entre les atomes, plus les charges partielles sont élevées : la liaison est polarisée et a un caractère « ionique ». Les liaisons covalentes sont plus communes entre non-métaux, tandis que la liaison ionique est plus fréquente lorsqu'un ou chacun des deux atomes est un métal.

Dans une liaison comme H–Cl, les électrons ne sont pas rigoureusement au centre de la liaison. En effet, le noyau du chlore (Z = 17) contient 17 protons tandis que l'hydrogène (Z = 1) n'en contient qu'un seul. Par conséquent, des électrons de valence placés entre les deux noyaux seront plus attirés par le noyau du chlore que par le noyau de l'hydrogène.

L'électronégativité est ainsi une grandeur servant à décrire par quel atome les électrons seront le plus attirés.

Enthalpie de liaison

Dans une liaison covalente, plus le nombre de liaisons augmente, plus cela requiert de l'énergie pour les briser. Le bris d'une liaison covalente est un processus endothermique (qui requiert de l'énergie) tandis que la formation d'une liaison covalente est un processus exothermique. Pour calculer la variation d'enthalpie dans une réaction chimique, il est nécessaire de calculer la différence entre l'énergie requise pour rompre les liaisons dans les réactifs et l'énergie requise pour former les liaisons dans les produits :

ΔrH = ∑D (liaisons rompues des réactifs) – ∑D (liaisons formées des produits)
où D représente l'énergie de liaison par mole de liaison et est toujours affecté d'un signe positif.

Par exemple, pour déterminer si la réaction

H2(g) + Cl2(g) → 2 HCl(g)

est exothermique ou endothermique à l'aide de la formule précédente :

sachant que D(H–H) = 432 kJ/mol, D(Cl–Cl) = 239 kJ/mol et D(H–Cl) = 427 kJ/mol[3],
ΔrH = D(H–H) + D(Cl–Cl) − 2 D(H–Cl)
ΔrH = 432 + 239 − (2 × 427) = −183 kJ/mol.

Cette réaction est exothermique : il est donc plus favorable de former HCl.

Cas de la molécule de dihydrogène

Potentiel de Morse pour la formation de H moléculaire
Énergie impliquée dans la formation d'une liaison covalente entre deux atomes d'hydrogène

Il y a une variation de l'énergie potentielle du système lors du rapprochement de deux atomes d'hydrogène. L'énergie potentielle relative du système est égale à zéro, lorsque les deux atomes d'hydrogène sont isolés et extrêmement éloignés l'un de l'autre. Cette énergie potentielle nette est l'énergie qui se définit comme étant l'attraction et la répulsion entre des particules chargées qui sont, dans ce cas, les électrons (charge négative) et les protons (charge positive). Il y a une répulsion lorsque deux protons ou encore deux électrons essaient de s'approcher et il y a une attraction lorsqu'un électron et un proton essaient de s'approcher. Puisque naturellement, un système tend à atteindre un état d'énergie minimale, la formation d'une molécule de dihydrogène H2 avec deux atomes d'hydrogène isolés est favorable, puisque cela demande moins d'énergie. Lorsque les noyaux des atomes d'hydrogène se rapprochent l'un de l'autre, l'énergie potentielle diminue jusqu'au moment où la distance entre les noyaux est de 74 pm, ce qui correspond au niveau énergétique minimum du système. Si la distance entre les noyaux des atomes d'hydrogène devient inférieure à 74 pm, l'énergie potentielle augmente à cause des répulsions. Donc, une liaison covalente a des effets au niveau de l'énergie.

Propriétés électroniques de la liaison covalente

En utilisant les résultats de la mécanique quantique, il est en théorie possible de calculer la structure électronique, les niveaux d'énergie, les distances et les angles de liaisons, les moments dipolaires et le spectre électromagnétique de molécules simples. Malheureusement, en pratique, les distances et les angles de liaisons ne peuvent pas être raisonnablement prévues par la mécanique quantique car les calculs sont trop lourds et trop complexes. À la place, on utilise des approximations sans réel fondement théorique (méthodes de Slater), mais qui donnent des résultats plutôt précis.

En ce qui concerne les molécules plutôt simples, les calculs des niveaux d'énergie aboutissent généralement à des résultats assez précis pour déterminer l'Enthalpie standard de formation et l'énergie de la barrière d'activation cinétique de celles-ci.

Notes et références

  1. (en) Gilbert N. Lewis, « The Atom and the Molecule », J. Am. Chem. Soc., vol. 38, no 4,‎ , p. 762–785 (DOI 10.1021/ja02261a002)
  2. (de) W. Heitler et F. London, « Wechselwirkung neutraler Atome und homöopolare Bindung nach der Quantenmechanik », Z. Phys., vol. 11, no 3,‎ , p. 455-472 (DOI 10.1007/BF01397394)
  3. S. Zumdahl, S., Chimie générale, 2e éd., Les Éditions CEC Inc., 1998, p. 247, tableau 6.4

Voir aussi

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Bibliographie

  • Chang, R. et Papillon, L. Chimie fondamentale, principes et problèmes, Les Éditions de la Chandelière Inc., 1998, p. 275
  • S. Zumdahl, S., Chimie générale, 2e éd., Les Éditions CEC Inc., 1998, p. 243-249
  • L. Dekock, R.B. et Gray, H., Chemical structure and bonding, Copyright, 1980, p. 82-86