« Chat bai » : différence entre les versions

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{{sous-titre/Taxon|ns1=Pardofelis badia}}
{{Autre4|un félin endémique de Bornéo|d’autres « chats »|Chat (animal)}}
{{Entête label|AdQ|année=2009|BT}}
{{Taxobox début | animal | Chat bai | Bay cat 1 Jim Sanderson.jpg | ''Pardofelis badia'' }}
{{Autre4|un félin endémique de Bornéo|d'autres « chats »|Chat (animal)|Chat doré}}
{{Taxobox | embranchement | Chordata }}
{{Taxobox début | animal | ''Pardofelis badia'' | Bay cat 1 Jim Sanderson.jpg |Un Chat bai.}}
{{Taxobox | sous-embranchement | Vertebrata }}
{{Taxobox | sous-embranchement | Vertebrata }}
{{Taxobox | super-classe | Tetrapoda }}
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{{Taxobox | classe | Mammalia }}
{{Taxobox | cohorte | Placentalia }}
{{Taxobox | ordre | Carnivora }}
{{Taxobox | ordre | Carnivora }}
{{Taxobox | sous-ordre | Feliformia }}
{{Taxobox | famille | Felidae }}
{{Taxobox | famille | Felidae }}
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{{Taxobox | sous-famille | Felinae }}
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{{Taxobox UICN | EN | C1 }}
{{Taxobox UICN | EN | C1 }}
{{Taxobox CITES | II | }}
{{Taxobox CITES | II | }}
{{Taxobox répartition | BayCat distribution.jpg | Répartition du chat bai à Bornéo}}
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{{Taxobox fin}}


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Peu connu des populations locales, ce félin n’a longtemps été connu qu’au travers de peaux et crânes détenus par des [[musée d'histoire naturelle|muséums d’Histoire naturelle]]. Les données biométriques et morphologiques du Chat bai sont presque entièrement fondées sur un unique spécimen capturé par hasard en 1992 et la première [[photographie]] de ce félin à l’état sauvage date de 1998. Depuis lors, la communauté scientifique dispose d’une trentaine de photographies prises au cours des [[années 2000]] grâce à des [[Piège photographique|pièges photographiques]].
Peu connu des populations locales, ce félin n’a longtemps été connu qu’au travers de peaux et crânes détenus par des [[musée d'histoire naturelle|muséums d’Histoire naturelle]]. Les données biométriques et morphologiques du Chat bai sont presque entièrement fondées sur un unique spécimen capturé par hasard en 1992 et la première [[photographie]] de ce félin à l’état sauvage date de 1998. Depuis lors, la communauté scientifique dispose d’une trentaine de photographies prises au cours des [[années 2000]] grâce à des [[Piège photographique|pièges photographiques]].


Classé comme « En danger » par l’[[Union internationale pour la conservation de la nature|UICN]], le Chat bai est protégé sur l’ensemble de son aire de répartition. Les principales menaces pesant sur l’espèce sont le [[braconnage]] et la [[déforestation]]. Il est inclus dans le programme de recherche ''{{lang|en|Bornean Wild Cat and Clouded Leopard Project}}'' dont le but est de fournir des données comportementales et écologiques sur les félins de Bornéo et devrait, à terme, bénéficier d’un plan de protection.
Le Chat bai est classé par l’[[Union internationale pour la conservation de la nature|UICN]] comme une espèce "En danger". Il est protégé sur l’ensemble de son [[aire de répartition]]. Les principales menaces pesant sur l’espèce sont le [[braconnage]] et la [[déforestation]]. Il est inclus dans le programme de recherche ''{{lang|en|Bornean Wild Cat and Clouded Leopard Project}}'' dont le but est de fournir des données comportementales et écologiques sur les félins de Bornéo et devrait, à terme, bénéficier d’un plan de protection.


== Description ==
== Description ==
[[File:Bay cat 1 Jim Sanderson-cropped.jpg|vignette|gauche|Forme rousse du Chat bai.]]
[[Fichier:Bay cat 1 Jim Sanderson-cropped.jpg|vignette|gauche|Forme rousse du Chat bai.]]
La robe du Chat bai existe sous deux couleurs différentes : une rousse et une grise. Bien que l’hypothèse de départ favorisât la forme rousse plutôt que grise, des recherches ont montré qu’il n’y a pas de phase dominante et les deux couleurs peuvent se trouver indifféremment chez un groupe d’individus<ref name="BWC-report"/>. Quelques traces de taches peuvent être notées sur le corps. Le ventre est plus clair, légèrement tacheté. Le dessous de la [[Queue (animal)|queue]] est caractérisé par une longue marque de couleur blanchâtre qui s’étend de la base au milieu de la queue<ref name="jackson163">{{fr}} {{Les félins}}, « Chat bai », {{p.}}163.</ref>.
La robe du Chat bai existe sous deux couleurs différentes : une rousse et une grise. Bien que l’hypothèse de départ favorisât la forme rousse plutôt que grise, des recherches ont montré qu’il n’y a pas de phase dominante et les deux couleurs peuvent se trouver indifféremment chez un groupe d’individus<ref name="BWC-report"/>. Quelques traces de taches peuvent être notées sur le corps. Le ventre est plus clair, légèrement tacheté. Le dessous de la [[Queue (animal)|queue]] est caractérisé par une longue marque de couleur blanchâtre qui s’étend de la base au milieu de la queue<ref name="jackson163">{{fr}} {{Les félins}}, « Chat bai », {{p.|163}}.</ref>.


La tête est de forme arrondie. Le revers des [[oreille]]s, placées assez bas sur le crâne, est gris foncé et ne porte pas de tache blanche au milieu. Une rayure part du côté externe de chaque œil vers le front et des rayures peu visibles traversent horizontalement les joues. À l’arrière du crâne, des marques forment la lettre M<ref name="jackson163" />. La [[dentition]] se caractérise par une première [[prémolaire]] supérieure de petite taille, avec une tête arrondie et une unique racine<ref name="ADW" />.
La tête est de forme arrondie. Le revers des [[oreille]]s, placées assez bas sur le crâne, est gris foncé et ne porte pas de tache blanche au milieu. Une rayure part du côté externe de chaque œil vers le front et des rayures peu visibles traversent horizontalement les joues. À l’arrière du crâne, des marques forment la lettre M<ref name="jackson163" />. La [[dentition]] se caractérise par une première [[prémolaire]] supérieure de petite taille, avec une tête arrondie et une unique racine<ref name="ADW" />.


Le corps avec la tête mesure de 50 à {{unité|69|cm}}, tandis que la queue atteint les 35 à {{unité|43|cm}}<ref name="jackson164" />. La longueur totale est estimée à {{unité|85|cm}} environ et la hauteur à l’épaule, proche de celle du chat domestique, est de 28 à {{unité|30|cm}}<ref name="Larousse">{{fr}} {{Larousse des félins}}, {{p.}}82.</ref>. Le poids du Chat bai est estimé à deux à quatre kilos<ref name="jackson164">[[Peter Jackson (écrivain)|Peter et Adrienne Farrel Jackson]], {{opcit}}, « Chat bai », {{p.}}164.</ref>.
Le corps avec la tête mesure de 50 à {{unité|69|cm}}, tandis que la queue atteint les 35 à {{unité|43|cm}}<ref name="jackson164" />. La longueur totale est estimée à {{unité|85|cm}} environ et la hauteur à l’épaule, proche de celle du chat domestique, est de 28 à {{unité|30|cm}}<ref name="Larousse">{{fr}} {{Larousse des félins}}, {{p.|82}}.</ref>. Le poids du Chat bai est estimé à deux à quatre kilos<ref name="jackson164">[[Peter Jackson (écrivain)|Peter et Adrienne Farrell Jackson]], {{Opcit}}, « Chat bai », {{p.|164}}.</ref>.


== Taxinomie ==
== Taxinomie ==
=== Description originale ===
=== Description originale ===
[[Fichier:Chat Bai 1874.jpg|thumb|Premier dessin du Chat bai, accompagnant la description originale par [[John Edward Gray|J.E. Gray]], en 1874.]]
[[Fichier:Chat Bai 1874.jpg|thumb|Premier dessin du Chat bai, accompagnant la description originale par [[John Edward Gray|J.E. Gray]], en 1874.]]
Le premier spécimen de Chat bai est collecté au [[Sarawak]] par [[Alfred Russel Wallace]] en 1855 et rejoint la collection du [[British Museum]] l'année suivante. Cet [[holotype]] étant mal préservé, il est enregistré sous le nom latin de ''{{lang|la|Felis planiceps}}'', alors l'équivalent de ''{{lang|la|Prionailurus planiceps}}'', nom scientifique du [[Chat à tête plate]]. Il est ensuite traité comme un petit [[Chat de Temminck]] mais l'étude du crâne invalide cette hypothèse. [[John Edward Gray]] le considère alors comme une nouvelle espèce, mais attend d'en connaître plus au sujet de l'animal pour le décrire officiellement<ref name="Wild cats of the world">{{ouvrage |langue=en |titre=Wild cats of the world |prénom1=Melvin E. |nom1=Sunquist |prénom2=Fiona |nom2=Sunquist |passage=49-50 |éditeur=University of Chicago Press |année=2002 |pages totales=452 |lire en ligne=http://books.google.fr/books?id=hFbJWMh9-OAC&pg=PA49#v=onepage&q&f=false |consulté le=6 juillet 2010 |isbn=978-0226779997}}</ref>. Au bout d'une vingtaine d'années, en 1874, il prend le parti de décrire l'espèce sous le [[:wikt:protonyme|protonyme]] de ''{{lang|la|Felis badia}}'' et ce à partir d'un seul holotype, endommagé<ref>{{article |langue=en |auteur=[[John Edward Gray]] |titre=Description of a new species of cat (''Felis badia'') from Sarawak |périodique=Proceedings of the Zoological Society of London |année=1874 |pages=322-323 |url=http://www.archive.org/stream/proceedingsofgen74zool#page/322/mode/2up |consulté le=6 juillet 2010}}</ref>. Les spécimens suivants ne seront récoltés qu'en 1888 puis en 1894<ref name="Wild cats of the world"/>.
Le premier spécimen de Chat bai est collecté au [[Sarawak]] par [[Alfred Russel Wallace]] en 1855 et rejoint la collection du [[British Museum]] l'année suivante. Cet [[holotype]] étant mal préservé, il est enregistré sous le nom latin de ''{{lang|la|Felis planiceps}}'', alors l'équivalent de ''{{lang|la|Prionailurus planiceps}}'', nom scientifique du [[Chat à tête plate]]. Il est ensuite traité comme un petit [[Chat de Temminck]] mais l'étude du crâne invalide cette hypothèse. [[John Edward Gray]] le considère alors comme une nouvelle espèce, mais attend d'en connaître plus au sujet de l'animal pour le décrire officiellement<ref name="Wild cats of the world">{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Melvin E.|nom1=Sunquist|prénom2=Fiona|nom2=Sunquist|titre=Wild cats of the world|éditeur=University of Chicago Press|année=2002|pages totales=452|passage=49-50|isbn=978-0-226-77999-7|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=hFbJWMh9-OAC&pg=PA49|consulté le=6 juillet 2010}}</ref>. Au bout d'une vingtaine d'années, en 1874, il prend le parti de décrire l'espèce sous le [[:wikt:protonyme|protonyme]] de ''{{lang|la|Felis badia}}'' et ce à partir d'un seul holotype, endommagé<ref>{{article|langue=en|auteur=[[John Edward Gray]]|titre=Description of a new species of cat (''Felis badia'') from Sarawak|périodique=Proceedings of the Zoological Society of London|année=1874|pages=322-323|url=https://archive.org/stream/proceedingsofgen74zool#page/322/mode/2up|consulté le=6 juillet 2010}}</ref>. Les spécimens suivants ne seront récoltés qu'en 1888 puis en 1894<ref name="Wild cats of the world"/>.


=== Évolution de l'espèce ===
=== Évolution de l'espèce ===
Le physique du Chat bai est très proche de celui du [[Chat de Temminck]] (''{{lang|la|Pardofelis temminckii}}''). De plus, des études menées sur les crânes des deux espèces ainsi que des comparaisons génétiques ont montré qu’elles étaient très proches. L’aire de répartition du Chat de Temminck inclut l’[[île de Sumatra]], qui ne s’est séparée de Bornéo que depuis {{formatnum:10000}} à {{unité|15000|ans}}<ref name="CSG" />. Ces diverses observations ont conduit à l’hypothèse que le Chat bai est une [[sous-espèce]] insulaire du Chat de Temminck<ref name="jackson163" />.
Le physique du Chat bai est très proche de celui du [[Chat de Temminck]] (''{{lang|la|Pardofelis temminckii}}''). De plus, des études menées sur les crânes des deux espèces ainsi que des comparaisons génétiques ont montré qu’elles étaient très proches. L’aire de répartition du Chat de Temminck inclut l’[[île de Sumatra]], qui ne s’est séparée de Bornéo que depuis {{formatnum:10000}} à {{unité|15000|ans}}<ref name="CSG" />. Ces diverses observations ont conduit à l’hypothèse que le Chat bai est une [[sous-espèce]] insulaire du Chat de Temminck<ref name="jackson163" />.

Toutefois, des travaux menés en 2007 ont montré que les félins ont divergé en huit lignées. Les ''{{lang|la|Pardofelis}}'' en composent la deuxième lignée qui a divergé il y a {{unité|9.4|millions}} d’années. Le Chat de Temminck et le Chat bai se sont différenciés il y a quatre millions d’années, bien avant la séparation des [[îles de la Sonde]] : les deux félins forment bien deux espèces différentes<ref name="UICN" />{{,}}<ref name="Pourlascience">{{fr}} {{Article | auteur = Stephen O’Brien et Warren Johnson | titre = L’évolution des chats | journal = Pour la science |ISSN = 0 153-4092| no = 366 | date = Avril 2008}}.</ref>. Ces deux chats étaient les seuls représentants du genre ''Catopuma'', et ont été déplacés depuis [[2008]] dans le genre ''[[Pardofelis]]'' avec le [[Chat marbré]] (''Pardofelis marmorata'')<ref name="UICN">{{UICN|4037|''Pardofelis badia'' (Gray, 1874) }}.</ref>.


Toutefois, des travaux menés en 2007 ont montré que les félins ont divergé en huit lignées. Les ''{{lang|la|Pardofelis}}'' en composent la deuxième lignée qui a divergé il y a {{unité|9.4|millions}} d’années. Le Chat de Temminck et le Chat bai se sont différenciés il y a quatre millions d’années, bien avant la séparation des [[îles de la Sonde]] : les deux félins forment bien deux espèces différentes<ref name="UICN" />{{,}}<ref name="Pourlascience">{{fr}} {{article|auteur=Stephen O’Brien et Warren Johnson|titre=L’évolution des chats|journal=Pour la science|ISSN=0153-4092|no=366|date=Avril 2008}}.</ref>. Ces deux chats étaient les seuls représentants du genre ''Catopuma'', et ont été déplacés depuis [[2008]] dans le genre ''[[Pardofelis]]'' avec le [[Chat marbré]] (''Pardofelis marmorata'')<ref name="UICN">{{UICN|4037|''Pardofelis badia'' (Gray, 1874)}}.</ref>.


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'''[[Arbre phylogénétique]] du genre ''[[Pardofelis]]'''''<ref name="Pourlascience" />
'''[[Arbre phylogénétique]] du genre ''[[Pardofelis]]'''''<ref name="Pourlascience" />


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{{Clade|style=font-size:85%;line-height:85%|label1=&nbsp;&nbsp;&nbsp;'''''[[Pardofelis]]'''''&nbsp;&nbsp;&nbsp;|1={{clade
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}}}}
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== Comportement ==
== Comportement ==
On sait peu de choses sur son comportement. Il est réputé féroce et vit probablement en solitaire. Il se nourrit de petits mammifères tels les [[rat]]s ou les [[souris]], mais aussi d’[[insecte]]s, de [[singe]]s et d’[[oiseaux]]. Il est probablement [[charognard]] à ses heures<ref name="jackson163" /> et peut s’attaquer à des proies plus grosses que lui<ref name="Larousse" />. On pense qu’il chasse au sol<ref name="ADW">{{ADW|Catopuma_badia|''Catopuma badia'' }}.</ref>. Il est apparemment [[diurne (comportement animal)|diurne]], avec un pic d’activité à l’aube<ref name="BWC-report"/>.
On sait peu de choses sur son comportement. Il est réputé féroce et vit probablement en solitaire. Il se nourrit de petits mammifères tels les [[rat]]s ou les [[souris]], mais aussi d’[[insecte]]s, de [[singe]]s et d’[[oiseaux]]. Il est probablement [[charognard]] à ses heures<ref name="jackson163" /> et peut s’attaquer à des proies plus grosses que lui<ref name="Larousse" />. On pense qu’il chasse au sol<ref name="ADW">{{ADW|Catopuma_badia|''Catopuma badia''}}.</ref>. Il est apparemment [[diurne (comportement animal)|diurne]], avec un pic d’activité à l’aube<ref name="BWC-report"/>.


== Chorologie ==
== Chorologie ==
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Le Chat bai a le plus souvent été observé dans les [[forêt primaire|forêts primaires]], notamment les forêts de [[Dipterocarpaceae|diptérocarpacées]]. Quelques signalements ont été faits dans les [[forêt secondaire|forêts secondaires de diptérocarpacées]] et un seul dans une [[mangrove]]<ref name="Oryx" />. La plupart des observations ont été faites sur les hauteurs de Bornéo et, bien qu’il puisse s’agir d’un [[biais de sélection]], près d’un cours d’eau<ref name="CSG" />. Le Chat bai est capable de survivre et de recoloniser les forêts modifiées par l’[[exploitation forestière|abattage sélectif]], mais avec une possible réduction de sa [[densité de population]]<ref name="BWC-report"/>.
Le Chat bai a le plus souvent été observé dans les [[forêt primaire|forêts primaires]], notamment les forêts de [[Dipterocarpaceae|diptérocarpacées]]. Quelques signalements ont été faits dans les [[forêt secondaire|forêts secondaires de diptérocarpacées]] et un seul dans une [[mangrove]]<ref name="Oryx" />. La plupart des observations ont été faites sur les hauteurs de Bornéo et, bien qu’il puisse s’agir d’un [[biais de sélection]], près d’un cours d’eau<ref name="CSG" />. Le Chat bai est capable de survivre et de recoloniser les forêts modifiées par l’[[exploitation forestière|abattage sélectif]], mais avec une possible réduction de sa [[densité de population]]<ref name="BWC-report"/>.


On pourrait le trouver jusqu’à 500<ref name="Larousse" /> à 900<ref name="jackson163" />&nbsp;mètres d’altitude. Il est possible que le Chat bai puisse vivre jusqu’à {{unité|1800|mètres}} mais l’unique observation sur le [[mont Kinabalu]] n’a jamais été confirmée<ref name="CSG" />.
On pourrait le trouver jusqu’à 500<ref name="Larousse" /> à 900<ref name="jackson163" />&nbsp;mètres d’altitude. Il est possible que le Chat bai puisse vivre jusqu’à {{unité|1800|mètres}}, mais l’unique observation sur le [[mont Kinabalu]] n’a jamais été confirmée<ref name="CSG" />.


=== Menaces et protection ===
=== Menaces et protection ===
Les effectifs du Chat bai à l’état sauvage sont inconnus, probablement faibles. En 2008, la population sauvage est estimée à moins de {{nombre|2500|individus}} et on estime que les populations de Chat bai devraient baisser de plus de 20 % dans les douze prochaines années<ref name="UICN" />. Le [[Mortalité animale due aux véhicules|trafic routier]] semble être une cause de mortalité, mais les principales menaces sont le [[braconnage]] alimentant les trafics de fourrure et d’animaux de compagnie, et la [[déforestation]]<ref name="Larousse" />. La rareté du Chat bai et sa protection partielle par la CITES en fait un félin très recherché par les braconniers : exporter un Chat bai est une opération facile et très rentable car un spécimen vivant peut se vendre pour plus de {{unité|10000|[[dollar américain|dollars]]}} à des zoos étrangers<ref name="WCW" />.
Les effectifs du Chat bai à l’état sauvage sont inconnus, probablement faibles. En 2014, la population sauvage est estimée à moins de {{nombre|2200|individus}} adultes<ref name="UICN" />. Le [[Mortalité animale due aux véhicules|trafic routier]] semble être une cause de mortalité, mais les principales menaces sont le [[braconnage]] alimentant les trafics de fourrure et d’animaux de compagnie, et la [[déforestation]]<ref name="Larousse" />. La rareté du Chat bai et sa protection partielle par la CITES en fait un félin très recherché par les braconniers : exporter un Chat bai est une opération facile et très rentable car un spécimen vivant peut se vendre pour plus de {{unité|10000|[[dollar américain|dollars]]}} à des zoos étrangers<ref name="WCW" />.


Il est légalement protégé sur l’ensemble de son aire de répartition<ref name="Larousse" />. Le Chat bai est placé en [[Annexe II de la CITES|{{nobr|annexe {{II}}}} de la CITES]] depuis 1977<ref>{{CITES espèce|animal|Catopuma|badia|(Gray,1874) }}.</ref> ce qui signifie que son commerce est simplement contrôlé, mais ni interdit, ni soumis à autorisation. Il est considéré comme « En danger » (EN) depuis 2002 par l’[[Union internationale pour la conservation de la nature]] (UICN)<ref name="UICN" />. Les efforts de conservation sont peu importants, et le plus souvent tournés vers d’autres espèces plus emblématiques<ref name="Oryx" />.
Il est légalement protégé sur l’ensemble de son aire de répartition<ref name="Larousse" />. Le Chat bai est placé en [[Annexe II de la CITES|{{nobr|annexe {{II}}}} de la CITES]] depuis 1977<ref>{{CITES espèce|animal|Catopuma|badia|(Gray,1874)}}.</ref> ce qui signifie que son commerce est simplement contrôlé, mais ni interdit, ni soumis à autorisation. Il est considéré comme « En danger » (EN) depuis 2002 par l’[[Union internationale pour la conservation de la nature]] (UICN)<ref name="UICN" />. Les efforts de conservation sont peu importants, et le plus souvent tournés vers d’autres espèces plus emblématiques<ref name="Oryx" />.


Le Chat bai n’a jamais été élevé en captivité<ref name="jackson163" />, mais plusieurs captures fortuites ont eu lieu. Un premier Chat bai est capturé par des piégeurs en [[1992]] ; la capture n’était due qu’au hasard. C’était une femelle rapportée mourante au [[Musée de Sarawak]] qui ne pesait que {{unité|1.95|kg}} et mourut rapidement<ref name="CSG" />. La première photo d’un Chat bai est exécutée grâce à la capture d’un spécimen en 1998<ref name="WCW">{{ouvrage |langue=en |éditeur=Presse universitaire de Chicago |titre=Wild cats of the world |auteur=Melvin E. Sunquist et Fiona Sunquist |année=2002 |pages=452 |isbn=0226779998 | isbn2 = 9780226779997 |lire en ligne=http://books.google.fr/books?id=hFbJWMh9-OAC }}, « Bay cat », {{p.}}48-51.<!-- ne faudrait-t-il pas intégrer ces deux informations à l’appel du modèle ouvrage ? --></ref>. En 2000, deux chats bais capturés par des piégeurs devaient être envoyés à un centre de reproduction en Amérique du Nord, mais meurent avant de pouvoir passer la frontière<ref name="WCW" />. Une femelle est récupérée par le ''{{lang|en|Semenggoh Wildlife Rehabilitation Center}}'' suite à une tentative ratée de [[Trafic d'animaux|trafic]], mais meurt peu de temps après d’une [[pneumonie]] en [[2003]] ; le corps est rapidement [[Incinération|incinéré]] par les services vétérinaires. En décembre 2003, deux Chats bais, un mâle et une femelle, sont capturés par accident. Les deux félins s’approvisionnaient dans une volière et y avaient capturés des [[faisan]]s. La femelle meurt rapidement et le mâle, qui a tout de même pu être observé par des scientifiques, est relâché en 2005<ref name="Oryx" />{{,}}<ref group="Note">Le propriétaire craignait la confiscation du félin par les autorités de Sarawak et a préféré le relâcher.</ref>.
Le Chat bai n’a jamais été élevé en captivité<ref name="jackson163" />, mais plusieurs captures fortuites ont eu lieu. Un premier Chat bai est capturé par des piégeurs en [[1992]] ; la capture n’était due qu’au hasard. C’était une femelle rapportée mourante au [[Musée de Sarawak]] qui ne pesait que {{unité|1.95|kg}} et mourut rapidement<ref name="CSG" />. La première photo d’un Chat bai est exécutée grâce à la capture d’un spécimen en 1998<ref name="WCW">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Melvin E. Sunquist et Fiona Sunquist|titre=Wild cats of the world|éditeur=Presse universitaire de Chicago|année=2002|pages=452|isbn=0-226-77999-8|isbn2=9780226779997|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=hFbJWMh9-OAC}}, « Bay cat », {{p.}}48-51.<!-- ne faudrait-t-il pas intégrer ces deux informations à l’appel du modèle ouvrage ? --></ref>. En 2000, deux chats bais capturés par des piégeurs devaient être envoyés à un centre de reproduction en Amérique du Nord, mais meurent avant de pouvoir passer la frontière<ref name="WCW" />. Une femelle est récupérée par le ''{{lang|en|Semenggoh Wildlife Rehabilitation Center}}'' à la suite d'une tentative ratée de [[Trafic d'animaux|trafic]], mais meurt peu de temps après d’une [[pneumonie]] en [[2003]] ; le corps est rapidement [[Crémation|incinéré]] par les services vétérinaires. En décembre 2003, deux Chats bais, un mâle et une femelle, sont capturés par accident. Les deux félins s’approvisionnaient dans une volière et y avaient capturés des [[faisan]]s. La femelle meurt rapidement et le mâle, qui a tout de même pu être observé par des scientifiques, est relâché en 2005<ref name="Oryx" />{{,}}<ref group="Note">Le propriétaire craignait la confiscation du félin par les autorités de Sarawak et a préféré le relâcher.</ref>.


== Le Chat bai et l'Homme ==
== Le Chat bai et l'homme ==
[[Fichier:Catopuma_badia_John_Gray.jpg|vignette|gauche|upright=0.8|Représentation d’un Chat bai par [[William Jardine]].]]
[[Fichier:Catopuma badia John Gray.jpg|vignette|gauche|upright=0.8|Représentation d’un Chat bai par [[William Jardine]].]]
=== Connaissance limitée des populations locales ===
=== Connaissance limitée des populations locales ===
À deux reprises, on a signalé que les [[couvre-chef]]s de cérémonie des [[Dayak]]s au nord-est du [[Kalimantan]] comportaient de la fourrure de Chat bai<ref name="jackson163" />.
À deux reprises, on a signalé que les [[couvre-chef]]s de cérémonie des [[Dayak]]s au nord-est du [[Kalimantan]] comportaient de la fourrure de Chat bai<ref name="jackson163" />.


L’île de Bornéo abrite cinq espèces de félins<ref group="Note" name="5felins">La [[Neofelis diardi|Panthère nébuleuse de Bornéo]] (''Neofelis diardi''), le [[Chat marbré]] (''Pardofelis marmorata''), le [[Chat à tête plate]] (''Prionailurus planiceps''), le [[Chat-léopard]] (''Prionailurus bengalensis'') et le Chat bai.</ref>. Des photos de ceux-ci ont été présentées dans les villages de Sabah et de Sarawak et seul le Chat bai n’a pas été reconnu<ref name="jackson164" />. Cependant, les trappeurs connaissent la rareté de ce félin<ref name="CSG" />.
L’île de Bornéo abrite cinq espèces de félins<ref group="Note" name="5felins">''[[Neofelis diardi]]'', le [[Chat marbré]] (''Pardofelis marmorata''), le [[Chat à tête plate]] (''Prionailurus planiceps''), le [[Chat-léopard]] (''Prionailurus bengalensis'') et le Chat bai.</ref>. Des photos de ceux-ci ont été présentées dans les villages de Sabah et de Sarawak et seul le Chat bai n’a pas été reconnu<ref name="jackson164" />. Cependant, les trappeurs connaissent la rareté de ce félin<ref name="CSG" />.


=== Des preuves de présence ténues ===
=== Des preuves de présence ténues ===
Le Chat bai reste très méconnu. Pendant très longtemps, seuls sept spécimens collectés entre [[1855]] et [[1928]] attestaient de l’existence du Chat bai<ref name="ADW" />, leurs peaux et crânes étaient disséminés dans des [[musée d'histoire naturelle|muséums d’Histoire naturelle]]<ref name="CSG">{{en}} {{Lien web |url=http://www.catsg.org/catsgportal/cat-website/catfolk/badia01.htm |titre={{lang|en|Bornean Bay Cat}} (''Catopuma badia'') |auteur=[[Peter Jackson (écrivain)|Peter Jackson]] |date=1996 |site=http://www.catsg.org/ |éditeur={{lang|en|Cat Specialist Group}} |consulté le=13 octobre 2009}}.</ref>. En 2006, le total était de deux spécimens détenus par le muséum de Sarawak, et huit dans des musées européens et américains<ref name="Oryx" />. Le premier Chat bai capturé en [[1992]] fut congelé jusqu’à son authentification formelle par des scientifiques ; des tissus et des échantillons sanguins furent prélevés pour la première fois<ref name="jackson164" />{{,}}<ref name="CSG" />. La plupart des observations morphologiques faites à propos du Chat bai ont été faites à partir de ce spécimen.
Le Chat bai reste très méconnu. Pendant très longtemps, seuls sept spécimens collectés entre [[1855]] et [[1928]] attestaient l’existence du Chat bai<ref name="ADW" />, leurs peaux et crânes étaient disséminés dans des [[musée d'histoire naturelle|muséums d’Histoire naturelle]]<ref name="CSG">{{en}} {{lien web|url=http://www.catsg.org/catsgportal/cat-website/catfolk/badia01.htm|titre={{lang|en|Bornean Bay Cat}} (''Catopuma badia'')|auteur=[[Peter Jackson (écrivain)|Peter Jackson]]|date=1996|site=catsg.org|éditeur={{lang|en|Cat Specialist Group}}|consulté le=13 octobre 2009}}.</ref>. En 2006, le total était de deux spécimens détenus par le muséum de Sarawak, et huit dans des musées européens et américains<ref name="Oryx" />. Le premier Chat bai capturé en [[1992]] fut congelé jusqu’à son authentification formelle par des scientifiques ; des tissus et des échantillons sanguins furent prélevés pour la première fois<ref name="jackson164" />{{,}}<ref name="CSG" />. La plupart des observations morphologiques faites à propos du Chat bai ont été faites à partir de ce spécimen.


Il a été pris pour la première fois en photo à l’état sauvage en 1998<ref name="Larousse" />{{,}}<ref group="Note">Les photographies ont été prise par le photographe animalier [[Art Wolfe]]. La galerie officielle en présente sept différentes.</ref>. Des photographies ont été prises au [[Parc national du Gunung Mulu|parc national de Mulu]] et au [[sanctuaire sauvage de Lanjak-Entimau]] en 2003<ref name="Oryx" />, ce qui a permis de relancer la recherche sur ce félin, qu’on pensait disparu<ref>{{fr}} {{Article | auteur=EB | titre=Trop peu vu pour être connu | périodique = [[Le Nouvel Observateur|Nouvel Obs]] et [[Sciences et Avenir]] | jour=14 | mois=août | année=2003 | url texte=http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/sciences/nature/20030814.OBS4884/trop_peu_vu_pour_etre_connu.html | consulté le=14 octobre 2009}}</ref>. De nouvelles photographies, issues de [[piège photographique|pièges photographiques]] ont étayé les recherches le 17 octobre 2005<ref>{{Article | langue=en | auteur=Masatoshi Yasuda, Hisashi Matsubayashi, Rustam, Shinya Numata, Jum Rafiah Abd. Sukor and Soffian Abu Bakar5 | titre=Recent Cat Records by Camera Traps in Peninsular Malaysia and Borneo | périodique = CATNews | numéro = 47 | mois=automne | année=2007 | url texte= http://cse.ffpri.affrc.go.jp/myasuda/pdf/Yasuda2007b.pdf | format = pdf | consulté le=14 octobre 2009}}</ref>, puis en [[2008]]<ref>{{en}} {{Lien web |url=http://borneanwildcat.blogspot.com/2008/05/project-update-august-2008.html |titre=Project Update August 2008 |auteur=Andy Hearn |site=http://borneanwildcat.blogspot.com/ |éditeur={{lang|en|Borneo Wild Cat and Clouded Leopard Project}} |en ligne le= 6 août 2008 |consulté le=15 octobre 2009}}.</ref>, portant le nombre total des photographies dans la nature à trente-deux<ref name="BWC-report">{{en}} {{Lien web |url=http://borneanwildcat.blogspot.com/2009/05/first-insights-into-worlds-least-known.html |titre={{lang|en|First insights into the world’s least-known wild cat}} |auteur=Andy Hearn |site=http://borneanwildcat.blogspot.com/ |éditeur={{lang|en|Borneo Wild Cat and Clouded Leopard Project}} |en ligne le=4 mai 2009 |consulté le=15 octobre 2009}}.</ref>.
Il a été pris pour la première fois en photo à l’état sauvage en 1998<ref name="Larousse" />{{,}}<ref group="Note">Les photographies ont été prises par le photographe animalier [[Art Wolfe]]. La galerie officielle en présente sept différentes.</ref>. Des photographies ont été prises au [[Parc national du Gunung Mulu|parc national de Mulu]] et au [[sanctuaire sauvage de Lanjak-Entimau]] en 2003<ref name="Oryx" />, ce qui a permis de relancer la recherche sur ce félin, qu’on pensait disparu<ref>{{fr}} {{article|auteur=EB|titre=Trop peu vu pour être connu|périodique=[[Le Nouvel Observateur|Nouvel Obs]] et [[Sciences et Avenir]]|jour=14|mois=août|année=2003|url texte=http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/sciences/nature/20030814.OBS4884/trop_peu_vu_pour_etre_connu.html|consulté le=14 octobre 2009}}</ref>. De nouvelles photographies, issues de [[piège photographique|pièges photographiques]] ont étayé les recherches le 17 octobre 2005<ref>{{article|langue=en|auteur=Masatoshi Yasuda, Hisashi Matsubayashi, Rustam, Shinya Numata, Jum Rafiah Abd. Sukor and Soffian Abu Bakar5|titre=Recent Cat Records by Camera Traps in Peninsular Malaysia and Borneo|périodique=CATNews|numéro=47|mois=automne|année=2007|url texte=http://cse.ffpri.affrc.go.jp/myasuda/pdf/Yasuda2007b.pdf|format=pdf|consulté le=14 octobre 2009}}</ref>, puis en [[2008]]<ref>{{en}} {{lien web|url=http://borneanwildcat.blogspot.com/2008/05/project-update-august-2008.html|titre=Project Update August 2008|auteur=Andy Hearn|site=borneanwildcat.blogspot.com|éditeur={{lang|en|Borneo Wild Cat and Clouded Leopard Project}}|en ligne le=6 août 2008|consulté le=15 octobre 2009}}.</ref>, portant le nombre total des photographies dans la nature à trente-deux<ref name="BWC-report">{{en}} {{lien web|url=http://borneanwildcat.blogspot.com/2009/05/first-insights-into-worlds-least-known.html|titre={{lang|en|First insights into the world’s least-known wild cat}}|auteur=Andy Hearn|site=borneanwildcat.blogspot.com|éditeur={{lang|en|Borneo Wild Cat and Clouded Leopard Project}}|en ligne le=4 mai 2009|consulté le=15 octobre 2009}}.</ref>.


=== Différentes recherches effectuées ===
=== Différentes recherches effectuées ===
[[Fichier:Logo Bornean Wild Cat & Clouded Leopard project.jpg|vignette|upright=0.8|Logo du ''{{lang|en|Bornean Wild Cat and Clouded Leopard Project }}'' représentant une [[Panthère nébuleuse]].]]
[[Fichier:Logo Bornean Wild Cat & Clouded Leopard project.jpg|vignette|upright=0.8|[[Logo]] du ''{{lang|en|Bornean Wild Cat and Clouded Leopard Project}}'' représentant une [[Panthère nébuleuse]].]]
Des recherches approfondies sur le Chat bai ont été menées entre mars 2003 et avril 2006. Les moyens d’investigation incluaient la mise en place de pièges photographiques, des observations sur le terrain, des interviews auprès des villageois, des chasseurs et des chercheurs locaux, et enfin la recherche de l’ensemble des données disponibles sur le sujet. Durant ces trois ans et un mois de recherche, quinze observations fiables du félin ont été rapportées : il s’agissait à chaque fois de rencontres dues au hasard. Enfin, sur {{unité|5034|photographies}} prises par les pièges photographiques, une seule montrait un Chat bai. Les auteurs recommandent de passer le Chat bai en {{nobr|Annexe {{I}}}} de la CITES<ref name="Oryx">{{Article | langue=en | auteur=Mohammed Azlan et Jim Sanderson | titre=Geographic distribution and conservation status of the bay cat ''Catopuma badia'', a Bornean endemic | périodique = Oryx | mois=juillet | année=2007 | volume=41 | numéro=3 | url texte=http://www.cloudedleopard.org/summit/Mohd-Azlan_Sanderson2007.pdf | format = pdf | consulté le=14 octobre 2009}}.</ref>.
Des recherches approfondies sur le Chat bai ont été menées entre mars 2003 et avril 2006. Les moyens d’investigation incluaient la mise en place de pièges photographiques, des observations sur le terrain, des interviews auprès des villageois, des [[Chasseur à pied|chasseurs]] et des chercheurs locaux, et enfin la recherche de l’ensemble des données disponibles sur le sujet. Durant ces trois ans et un mois de recherche, quinze observations fiables du félin ont été rapportées : il s’agissait à chaque fois de rencontres dues au hasard. Enfin, sur {{unité|5034|photographies}} prises par les pièges photographiques, une seule montrait un Chat bai. Les auteurs recommandent de passer le Chat bai en {{nobr|Annexe {{I}}}} de la CITES<ref name="Oryx">{{article|langue=en|auteur=Mohammed Azlan et Jim Sanderson|titre=Geographic distribution and conservation status of the bay cat ''Catopuma badia'', a Bornean endemic|périodique=Oryx|mois=juillet|année=2007|volume=41|numéro=3|url texte=http://www.cloudedleopard.org/summit/Mohd-Azlan_Sanderson2007.pdf|format=pdf|consulté le=14 octobre 2009}}.</ref>.


Le ''{{lang|en|Bornean Wild Cat and Clouded Leopard Project }}'' est un projet de recherche dont le but est d’étudier conjointement les cinq espèces de félins de l’île de Bornéo<ref group="Note" name="5felins" />, dont les mœurs ne sont pas bien connues. Les connaissances acquises durant ce projet doivent permettre de mieux comprendre le comportement et l’écologie de ces félins et de situer leur réponse à des environnements modifiés par l’exploitation forestière. Le projet permet également aux scientifiques et étudiants locaux de se familiariser aux recherches sur le terrain et de sensibiliser la population locale à la protection de leur faune. À terme, le ''{{lang|en|Bornean Wild Cat and Clouded Leopard Project }}'' devrait proposer un programme de conservation des félins sauvages de Bornéo<ref>{{en}} {{Lien web |url=http://borneanwildcat.blogspot.com/2008/01/project-overview.html |titre={{lang|en|Project Overview}} |auteur=Andy Hearn |site=http://borneanwildcat.blogspot.com |éditeur={{lang|en|Bornean Wild Cat and Clouded Leopard Project}} |en ligne le=20 janvier 2007 |consulté le=15 octobre 2009}}.</ref>.
Le ''{{lang|en|Bornean Wild Cat and Clouded Leopard Project}}'' est un projet de recherche dont le but est d’étudier conjointement les cinq espèces de félins de l’île de Bornéo<ref group="Note" name="5felins" />, dont les mœurs ne sont pas bien connues. Les connaissances acquises durant ce projet doivent permettre de mieux comprendre le comportement et l’écologie de ces félins et de situer leur réponse à des environnements modifiés par l’exploitation forestière. Le projet permet également aux scientifiques et étudiants locaux de se familiariser aux recherches sur le terrain et de sensibiliser la population locale à la protection de leur faune. À terme, le ''{{lang|en|Bornean Wild Cat and Clouded Leopard Project}}'' devrait proposer un programme de conservation des félins sauvages de Bornéo<ref>{{en}} {{lien web|url=http://borneanwildcat.blogspot.com/2008/01/project-overview.html|titre={{lang|en|Project Overview}}|auteur=Andy Hearn|site=borneanwildcat.blogspot.com|éditeur={{lang|en|Bornean Wild Cat and Clouded Leopard Project}}|en ligne le=20 janvier 2007|consulté le=15 octobre 2009}}.</ref>.


L’aire d’étude est fixée sur la ''{{lang|en|Danum Valley Conservation Area}}'', une forêt de diptérocarpacées du territoire de [[Sabah]] dont une partie est modifiée par l’abattage sélectif depuis les années 1960. Les recherches sont basées sur des pièges photographiques et la capture d’individus afin de les équiper d’un [[collier émetteur]]. Commencé en 2007, le projet a duré trois ans<ref>{{en}} {{Lien web |url=http://borneanwildcat.blogspot.com/2007/09/project-mission-background.html |titre={{lang|en|Project Mission}} |auteur=Andy Hearn |site=http://borneanwildcat.blogspot.com/ |éditeur={{lang|en|Bornean Wild Cat and Clouded Leopard Project}} |en ligne le=15 janvier 2007 |consulté le=15 octobre 2009}}.</ref> et a permis de tripler le nombre de photographies de Chat bai et de lever certaines interrogations sur son comportement et son physique ; les chercheurs espèrent pouvoir évaluer la densité de population du Chat bai grâce aux photographies<ref name="BWC-report"/>. La première [[vidéo]] de ce félin, d’une durée de sept secondes, est également obtenue par le projet en novembre 2009<ref>{{en}} {{Lien web |url=http://news.mongabay.com/2009/1105-hance_baycat.html |titre={{lang|en|World’s first video of the elusive and endangered bay cat}} |auteur=Jeremy Hance |date=5 novembre 2009 |site=http://news.mongabay.com/ |éditeur=Mongabay |consulté le=11 novembre 2009}}.</ref>.
L’aire d’étude est fixée sur la ''{{lang|en|Danum Valley Conservation Area}}'', une forêt de diptérocarpacées du territoire de [[Sabah]] dont une partie est modifiée par l’abattage sélectif depuis les années 1960. Les recherches sont basées sur des pièges photographiques et la capture d’individus afin de les équiper d’un [[collier émetteur]]. Commencé en 2007, le projet a duré trois ans<ref>{{en}} {{lien web|url=http://borneanwildcat.blogspot.com/2007/09/project-mission-background.html|titre={{lang|en|Project Mission}}|auteur=Andy Hearn|site=borneanwildcat.blogspot.com|éditeur={{lang|en|Bornean Wild Cat and Clouded Leopard Project}}|en ligne le=15 janvier 2007|consulté le=15 octobre 2009}}.</ref> et a permis de tripler le nombre de photographies de Chat bai et de lever certaines interrogations sur son comportement et son physique ; les chercheurs espèrent pouvoir évaluer la densité de population du Chat bai grâce aux photographies<ref name="BWC-report"/>. La première [[vidéo]] de ce félin, d’une durée de sept secondes, est également obtenue par le projet en novembre 2009<ref>{{en}} {{lien web|url=http://news.mongabay.com/2009/1105-hance_baycat.html|titre={{lang|en|World’s first video of the elusive and endangered bay cat}}|auteur=Jeremy Hance|date=5 novembre 2009|site=news.mongabay.com|éditeur=Mongabay|consulté le=11 novembre 2009}}.</ref>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
=== Notes ===
=== Notes ===
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=== Références ===
=== Références ===
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=== Références taxinomiques ===
=== Références taxinomiques ===
* {{ITIS|621866|''Catopuma badia'' (Gray, 1874) }}
* {{ITIS|621866|''Catopuma badia'' (Gray, 1874)}}
* {{ADW|Catopuma_badia|''Catopuma badia'' }}
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* {{NCBI|61454|''Catopuma badia'' }}
* {{NCBI|61454|''Catopuma badia''}}
* {{UICN|4037|''Pardofelis badia'' (Gray, 1874) }}
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== Annexes ==
== Annexes ==
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|wikispecies=Pardofelis badia
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=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* ''[[Pardofelis]]''
* ''[[Pardofelis]]''
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=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* {{en}} Fiche de la IUCN/SSC Cat Specialist Group sur [http://www.catsg.org/index.php?id=118 ''Catopuma badia'']
* {{en}} [http://borneanwildcat.blogspot.com/ {{lang|en|''Bornean Wild Cat and Clouded Leopard Project''}}] : blog « de terrain » des scientifiques travaillant sur le Chat bai.
* {{en}} [http://borneanwildcat.blogspot.com/ {{lang|en|''Bornean Wild Cat and Clouded Leopard Project''}}] : blog « de terrain » des scientifiques travaillant sur le Chat bai.
* {{Article | langue= en | auteur=Mohd-Azlan et Jim Sanderson | titre=Geographic distribution and conservation status of the bay cat ''Catopuma badia'', a Bornean endemic | périodique = Oryx | mois=juillet | année=2007 | volume=41 | numéro=3 | url texte=http://www.cloudedleopard.org/summit/Mohd-Azlan_Sanderson2007.pdf | format = pdf | consulté le=14 octobre 2009}}
* {{article|langue=en|auteur=Mohd-Azlan et Jim Sanderson|titre=Geographic distribution and conservation status of the bay cat ''Catopuma badia'', a Bornean endemic|périodique=Oryx|mois=juillet|année=2007|volume=41|numéro=3|url texte=http://www.cloudedleopard.org/summit/Mohd-Azlan_Sanderson2007.pdf|format=pdf|consulté le=14 octobre 2009}}


=== Bibliographie ===
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{{Palette Félins}}
{{Palette Félins}}
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[[Catégorie:Mammifère (nom vernaculaire)]]
[[Catégorie:Mammifère (nom vernaculaire)]]
[[Catégorie:Faune endémique de Bornéo]]
[[Catégorie:Faune endémique de Bornéo]]

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[[be-x-old:Кот калімантанскі]]
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[[en:Bay Cat]]
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[[eu:Catopuma badia]]
[[fi:Borneonkissa]]
[[hu:Borneói vörösmacska]]
[[it:Pardofelis badia]]
[[ja:ボルネオヤマネコ]]
[[ltg:Catopuma badia]]
[[ms:Kucing Merah]]
[[nl:Borneogoudkat]]
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[[nv:Náátsʼózídę́ę́ʼ mósíłchíiʼii ałchinígíí]]
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Dernière version du 25 novembre 2023 à 23:55

Pardofelis badia

Pardofelis badia
Description de cette image, également commentée ci-après
Un Chat bai.
Classification
Règne Animalia
Sous-embr. Vertebrata
Super-classe Tetrapoda
Classe Mammalia
Cohorte Placentalia
Ordre Carnivora
Sous-ordre Feliformia
Famille Felidae
Sous-famille Felinae
Genre Pardofelis

Espèce

Pardofelis badia
(Gray, 1874)

Statut de conservation UICN

( EN )
EN C1 : En danger

Statut CITES

Sur l'annexe II de la CITES Annexe II , Date de révision inconnue

Répartition géographique

Description de cette image, également commentée ci-après
Répartition du chat bai à Bornéo

Le Chat bai[Note 1] (Pardofelis badia) ou Chat doré de Bornéo est un félin du genre Pardofelis, endémique de l’île de Bornéo. De la taille d’un chat domestique, il ressemble au Chat de Temminck, mais possède un pelage uniforme roux ou gris, avec une longue queue. Il s’agit de l’un des félins les moins connus : aucune donnée sur sa reproduction et son mode de vie n’a jamais été collectée. On suppose qu’il habite les forêts primaires et chasse de petits animaux comme les rongeurs.

Peu connu des populations locales, ce félin n’a longtemps été connu qu’au travers de peaux et crânes détenus par des muséums d’Histoire naturelle. Les données biométriques et morphologiques du Chat bai sont presque entièrement fondées sur un unique spécimen capturé par hasard en 1992 et la première photographie de ce félin à l’état sauvage date de 1998. Depuis lors, la communauté scientifique dispose d’une trentaine de photographies prises au cours des années 2000 grâce à des pièges photographiques.

Le Chat bai est classé par l’UICN comme une espèce "En danger". Il est protégé sur l’ensemble de son aire de répartition. Les principales menaces pesant sur l’espèce sont le braconnage et la déforestation. Il est inclus dans le programme de recherche Bornean Wild Cat and Clouded Leopard Project dont le but est de fournir des données comportementales et écologiques sur les félins de Bornéo et devrait, à terme, bénéficier d’un plan de protection.

Description[modifier | modifier le code]

Forme rousse du Chat bai.

La robe du Chat bai existe sous deux couleurs différentes : une rousse et une grise. Bien que l’hypothèse de départ favorisât la forme rousse plutôt que grise, des recherches ont montré qu’il n’y a pas de phase dominante et les deux couleurs peuvent se trouver indifféremment chez un groupe d’individus[1]. Quelques traces de taches peuvent être notées sur le corps. Le ventre est plus clair, légèrement tacheté. Le dessous de la queue est caractérisé par une longue marque de couleur blanchâtre qui s’étend de la base au milieu de la queue[2].

La tête est de forme arrondie. Le revers des oreilles, placées assez bas sur le crâne, est gris foncé et ne porte pas de tache blanche au milieu. Une rayure part du côté externe de chaque œil vers le front et des rayures peu visibles traversent horizontalement les joues. À l’arrière du crâne, des marques forment la lettre M[2]. La dentition se caractérise par une première prémolaire supérieure de petite taille, avec une tête arrondie et une unique racine[3].

Le corps avec la tête mesure de 50 à 69 cm, tandis que la queue atteint les 35 à 43 cm[4]. La longueur totale est estimée à 85 cm environ et la hauteur à l’épaule, proche de celle du chat domestique, est de 28 à 30 cm[5]. Le poids du Chat bai est estimé à deux à quatre kilos[4].

Taxinomie[modifier | modifier le code]

Description originale[modifier | modifier le code]

Premier dessin du Chat bai, accompagnant la description originale par J.E. Gray, en 1874.

Le premier spécimen de Chat bai est collecté au Sarawak par Alfred Russel Wallace en 1855 et rejoint la collection du British Museum l'année suivante. Cet holotype étant mal préservé, il est enregistré sous le nom latin de Felis planiceps, alors l'équivalent de Prionailurus planiceps, nom scientifique du Chat à tête plate. Il est ensuite traité comme un petit Chat de Temminck mais l'étude du crâne invalide cette hypothèse. John Edward Gray le considère alors comme une nouvelle espèce, mais attend d'en connaître plus au sujet de l'animal pour le décrire officiellement[6]. Au bout d'une vingtaine d'années, en 1874, il prend le parti de décrire l'espèce sous le protonyme de Felis badia et ce à partir d'un seul holotype, endommagé[7]. Les spécimens suivants ne seront récoltés qu'en 1888 puis en 1894[6].

Évolution de l'espèce[modifier | modifier le code]

Le physique du Chat bai est très proche de celui du Chat de Temminck (Pardofelis temminckii). De plus, des études menées sur les crânes des deux espèces ainsi que des comparaisons génétiques ont montré qu’elles étaient très proches. L’aire de répartition du Chat de Temminck inclut l’île de Sumatra, qui ne s’est séparée de Bornéo que depuis 10 000 à 15 000 ans[8]. Ces diverses observations ont conduit à l’hypothèse que le Chat bai est une sous-espèce insulaire du Chat de Temminck[2].

Toutefois, des travaux menés en 2007 ont montré que les félins ont divergé en huit lignées. Les Pardofelis en composent la deuxième lignée qui a divergé il y a 9,4 millions d’années. Le Chat de Temminck et le Chat bai se sont différenciés il y a quatre millions d’années, bien avant la séparation des îles de la Sonde : les deux félins forment bien deux espèces différentes[9],[10]. Ces deux chats étaient les seuls représentants du genre Catopuma, et ont été déplacés depuis 2008 dans le genre Pardofelis avec le Chat marbré (Pardofelis marmorata)[9].

Arbre phylogénétique du genre Pardofelis[10]

   Pardofelis   

 Pardofelis marmorata - Chat marbré




 Pardofelis temminckii - Chat de Temminck



 Pardofelis badia - Chat bai




Comportement[modifier | modifier le code]

On sait peu de choses sur son comportement. Il est réputé féroce et vit probablement en solitaire. Il se nourrit de petits mammifères tels les rats ou les souris, mais aussi d’insectes, de singes et d’oiseaux. Il est probablement charognard à ses heures[2] et peut s’attaquer à des proies plus grosses que lui[5]. On pense qu’il chasse au sol[3]. Il est apparemment diurne, avec un pic d’activité à l’aube[1].

Chorologie[modifier | modifier le code]

Carte de signalements de la présence du Chat bai récoltés depuis 1855[11].

Aire de distribution[modifier | modifier le code]

Le Chat bai est endémique de l’île de Bornéo. On l’a aperçu dans les deux États malaisiens de Sarawak et de Sabah, sur la pointe nord et nord-ouest de l’île. Dans les provinces indonésiennes du Kalimantan, les rencontres sont concentrées sur le centre de l’île[4].

Habitat[modifier | modifier le code]

Le Chat bai a le plus souvent été observé dans les forêts primaires, notamment les forêts de diptérocarpacées. Quelques signalements ont été faits dans les forêts secondaires de diptérocarpacées et un seul dans une mangrove[11]. La plupart des observations ont été faites sur les hauteurs de Bornéo et, bien qu’il puisse s’agir d’un biais de sélection, près d’un cours d’eau[8]. Le Chat bai est capable de survivre et de recoloniser les forêts modifiées par l’abattage sélectif, mais avec une possible réduction de sa densité de population[1].

On pourrait le trouver jusqu’à 500[5] à 900[2] mètres d’altitude. Il est possible que le Chat bai puisse vivre jusqu’à 1 800 mètres, mais l’unique observation sur le mont Kinabalu n’a jamais été confirmée[8].

Menaces et protection[modifier | modifier le code]

Les effectifs du Chat bai à l’état sauvage sont inconnus, probablement faibles. En 2014, la population sauvage est estimée à moins de 2 200 individus adultes[9]. Le trafic routier semble être une cause de mortalité, mais les principales menaces sont le braconnage alimentant les trafics de fourrure et d’animaux de compagnie, et la déforestation[5]. La rareté du Chat bai et sa protection partielle par la CITES en fait un félin très recherché par les braconniers : exporter un Chat bai est une opération facile et très rentable car un spécimen vivant peut se vendre pour plus de 10 000 dollars à des zoos étrangers[12].

Il est légalement protégé sur l’ensemble de son aire de répartition[5]. Le Chat bai est placé en annexe II de la CITES depuis 1977[13] ce qui signifie que son commerce est simplement contrôlé, mais ni interdit, ni soumis à autorisation. Il est considéré comme « En danger » (EN) depuis 2002 par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)[9]. Les efforts de conservation sont peu importants, et le plus souvent tournés vers d’autres espèces plus emblématiques[11].

Le Chat bai n’a jamais été élevé en captivité[2], mais plusieurs captures fortuites ont eu lieu. Un premier Chat bai est capturé par des piégeurs en 1992 ; la capture n’était due qu’au hasard. C’était une femelle rapportée mourante au Musée de Sarawak qui ne pesait que 1,95 kg et mourut rapidement[8]. La première photo d’un Chat bai est exécutée grâce à la capture d’un spécimen en 1998[12]. En 2000, deux chats bais capturés par des piégeurs devaient être envoyés à un centre de reproduction en Amérique du Nord, mais meurent avant de pouvoir passer la frontière[12]. Une femelle est récupérée par le Semenggoh Wildlife Rehabilitation Center à la suite d'une tentative ratée de trafic, mais meurt peu de temps après d’une pneumonie en 2003 ; le corps est rapidement incinéré par les services vétérinaires. En décembre 2003, deux Chats bais, un mâle et une femelle, sont capturés par accident. Les deux félins s’approvisionnaient dans une volière et y avaient capturés des faisans. La femelle meurt rapidement et le mâle, qui a tout de même pu être observé par des scientifiques, est relâché en 2005[11],[Note 2].

Le Chat bai et l'homme[modifier | modifier le code]

Représentation d’un Chat bai par William Jardine.

Connaissance limitée des populations locales[modifier | modifier le code]

À deux reprises, on a signalé que les couvre-chefs de cérémonie des Dayaks au nord-est du Kalimantan comportaient de la fourrure de Chat bai[2].

L’île de Bornéo abrite cinq espèces de félins[Note 3]. Des photos de ceux-ci ont été présentées dans les villages de Sabah et de Sarawak et seul le Chat bai n’a pas été reconnu[4]. Cependant, les trappeurs connaissent la rareté de ce félin[8].

Des preuves de présence ténues[modifier | modifier le code]

Le Chat bai reste très méconnu. Pendant très longtemps, seuls sept spécimens collectés entre 1855 et 1928 attestaient l’existence du Chat bai[3], leurs peaux et crânes étaient disséminés dans des muséums d’Histoire naturelle[8]. En 2006, le total était de deux spécimens détenus par le muséum de Sarawak, et huit dans des musées européens et américains[11]. Le premier Chat bai capturé en 1992 fut congelé jusqu’à son authentification formelle par des scientifiques ; des tissus et des échantillons sanguins furent prélevés pour la première fois[4],[8]. La plupart des observations morphologiques faites à propos du Chat bai ont été faites à partir de ce spécimen.

Il a été pris pour la première fois en photo à l’état sauvage en 1998[5],[Note 4]. Des photographies ont été prises au parc national de Mulu et au sanctuaire sauvage de Lanjak-Entimau en 2003[11], ce qui a permis de relancer la recherche sur ce félin, qu’on pensait disparu[14]. De nouvelles photographies, issues de pièges photographiques ont étayé les recherches le 17 octobre 2005[15], puis en 2008[16], portant le nombre total des photographies dans la nature à trente-deux[1].

Différentes recherches effectuées[modifier | modifier le code]

Logo du Bornean Wild Cat and Clouded Leopard Project représentant une Panthère nébuleuse.

Des recherches approfondies sur le Chat bai ont été menées entre mars 2003 et avril 2006. Les moyens d’investigation incluaient la mise en place de pièges photographiques, des observations sur le terrain, des interviews auprès des villageois, des chasseurs et des chercheurs locaux, et enfin la recherche de l’ensemble des données disponibles sur le sujet. Durant ces trois ans et un mois de recherche, quinze observations fiables du félin ont été rapportées : il s’agissait à chaque fois de rencontres dues au hasard. Enfin, sur 5 034 photographies prises par les pièges photographiques, une seule montrait un Chat bai. Les auteurs recommandent de passer le Chat bai en Annexe I de la CITES[11].

Le Bornean Wild Cat and Clouded Leopard Project est un projet de recherche dont le but est d’étudier conjointement les cinq espèces de félins de l’île de Bornéo[Note 3], dont les mœurs ne sont pas bien connues. Les connaissances acquises durant ce projet doivent permettre de mieux comprendre le comportement et l’écologie de ces félins et de situer leur réponse à des environnements modifiés par l’exploitation forestière. Le projet permet également aux scientifiques et étudiants locaux de se familiariser aux recherches sur le terrain et de sensibiliser la population locale à la protection de leur faune. À terme, le Bornean Wild Cat and Clouded Leopard Project devrait proposer un programme de conservation des félins sauvages de Bornéo[17].

L’aire d’étude est fixée sur la Danum Valley Conservation Area, une forêt de diptérocarpacées du territoire de Sabah dont une partie est modifiée par l’abattage sélectif depuis les années 1960. Les recherches sont basées sur des pièges photographiques et la capture d’individus afin de les équiper d’un collier émetteur. Commencé en 2007, le projet a duré trois ans[18] et a permis de tripler le nombre de photographies de Chat bai et de lever certaines interrogations sur son comportement et son physique ; les chercheurs espèrent pouvoir évaluer la densité de population du Chat bai grâce aux photographies[1]. La première vidéo de ce félin, d’une durée de sept secondes, est également obtenue par le projet en novembre 2009[19].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Typographie selon le Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale, Imprimerie nationale, 2002, édition octobre 2007 (ISBN 978-2-7433-0482-9), p. 37.
  2. Le propriétaire craignait la confiscation du félin par les autorités de Sarawak et a préféré le relâcher.
  3. a et b Neofelis diardi, le Chat marbré (Pardofelis marmorata), le Chat à tête plate (Prionailurus planiceps), le Chat-léopard (Prionailurus bengalensis) et le Chat bai.
  4. Les photographies ont été prises par le photographe animalier Art Wolfe. La galerie officielle en présente sept différentes.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e (en) Andy Hearn, « First insights into the world’s least-known wild cat », sur borneanwildcat.blogspot.com, Borneo Wild Cat and Clouded Leopard Project, (consulté le ).
  2. a b c d e f et g (fr) Peter Jackson et Adrienne Farrell Jackson (trad. Danièle Devitre, préf. Dr Claude Martin, ill. Robert Dallet et Johan de Crem), Les Félins : Toutes les espèces du monde, Turin, Delachaux et Niestlé, coll. « La bibliothèque du naturaliste », , 272 p., relié (ISBN 978-2603010198 et 2-603-01019-0), « Chat bai », p. 163.
  3. a b et c (en) Référence Animal Diversity Web : Catopuma badia.
  4. a b c d et e Peter et Adrienne Farrell Jackson, op. cit., « Chat bai », p. 164.
  5. a b c d e et f (fr) Rémy Marion (dir.), Cécile Callou, Julie Delfour, Andy Jennings, Catherine Marion et Géraldine Véron, Larousse des félins, Paris, Larousse, , 224 p. (ISBN 2-03-560453-2 et 978-2035604538, OCLC 179897108)., p. 82.
  6. a et b (en) Melvin E. Sunquist et Fiona Sunquist, Wild cats of the world, University of Chicago Press, , 452 p. (ISBN 978-0-226-77999-7, lire en ligne), p. 49-50
  7. (en) John Edward Gray, « Description of a new species of cat (Felis badia) from Sarawak », Proceedings of the Zoological Society of London,‎ , p. 322-323 (lire en ligne, consulté le )
  8. a b c d e f et g (en) Peter Jackson, « Bornean Bay Cat (Catopuma badia) », sur catsg.org, Cat Specialist Group, (consulté le ).
  9. a b c et d (en) Référence UICN : espèce Pardofelis badia (Gray, 1874).
  10. a et b (fr) Stephen O’Brien et Warren Johnson, « L’évolution des chats », Pour la science, no 366,‎ (ISSN 0153-4092).
  11. a b c d e f et g (en) Mohammed Azlan et Jim Sanderson, « Geographic distribution and conservation status of the bay cat Catopuma badia, a Bornean endemic », Oryx, vol. 41, no 3,‎ (lire en ligne [PDF]).
  12. a b et c (en) Melvin E. Sunquist et Fiona Sunquist, Wild cats of the world, Presse universitaire de Chicago, , 452 p. (ISBN 0-226-77999-8 et 9780226779997, lire en ligne), « Bay cat », p. 48-51.
  13. (fr + en) Référence CITES : espèce Catopuma badia (Gray,1874) (+ répartition) (sur le site de l’UNEP-WCMC).
  14. (fr) EB, « Trop peu vu pour être connu », Nouvel Obs et Sciences et Avenir,‎ (lire en ligne)
  15. (en) Masatoshi Yasuda, Hisashi Matsubayashi, Rustam, Shinya Numata, Jum Rafiah Abd. Sukor and Soffian Abu Bakar5, « Recent Cat Records by Camera Traps in Peninsular Malaysia and Borneo », CATNews, no 47,‎ (lire en ligne [PDF])
  16. (en) Andy Hearn, « Project Update August 2008 », sur borneanwildcat.blogspot.com, Borneo Wild Cat and Clouded Leopard Project, (consulté le ).
  17. (en) Andy Hearn, « Project Overview », sur borneanwildcat.blogspot.com, Bornean Wild Cat and Clouded Leopard Project, (consulté le ).
  18. (en) Andy Hearn, « Project Mission », sur borneanwildcat.blogspot.com, Bornean Wild Cat and Clouded Leopard Project, (consulté le ).
  19. (en) Jeremy Hance, « World’s first video of the elusive and endangered bay cat », sur news.mongabay.com, Mongabay, (consulté le ).

Références taxinomiques[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • (en) Fiche de la IUCN/SSC Cat Specialist Group sur Catopuma badia
  • (en) Bornean Wild Cat and Clouded Leopard Project : blog « de terrain » des scientifiques travaillant sur le Chat bai.
  • (en) Mohd-Azlan et Jim Sanderson, « Geographic distribution and conservation status of the bay cat Catopuma badia, a Bornean endemic », Oryx, vol. 41, no 3,‎ (lire en ligne [PDF])

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Bon thème
Bon thème
4 articles
            Pardofelis
Article de qualité Chat bai
Article de qualité Chat marbré
Article de qualité Chat de Temminck