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La '''catastrophe de Seveso''' est une [[catastrophe industrielle]] aux conséquences [[Écologie|écologiques]] et sanitaires majeures, qui s'est produite le {{date|10|juillet|1976|en Italie}}, à [[Seveso]], en [[Lombardie]], dans le nord de l'[[Italie]].
La '''catastrophe de Seveso''' est une catastrophe écologique et sanitaire qui s'est produite en [[1976]], dans le nord de l'[[Italie]]. Un nuage d'herbicide contenant des produits toxiques s'échappe d'une usine chimique, et contamine les alentours, provoquant à la fois des hospitalisations pour les enfants des communes voisines, dont celle de [[Seveso]], et la mort de plusieurs dizaines de milliers d'animaux d'élevage.


Un nuage d'[[herbicide]] contenant des produits toxiques s'échappe de l'usine Icmesa et contamine les alentours, provoquant à la fois des hospitalisations pour les enfants des communes voisines et la mort de plusieurs dizaines de milliers d'animaux d'élevage.
Cette catastrophe, due notamment à l'absence de plan d'urgence préparé par la société responsable de l'usine, est extrêmement médiatisée. Si aucune victime humaine directe n'est finalement à déplorer, les conséquences environnementales nécessitent une décontamination totale du site et de ses alentours ; la disparition temporaire et fortuite des fûts contenant les déchets lors de leur voyage vers leur lieu de destruction occasionne également de forts soupçons de forfaiture de la part des industriels.


Cette catastrophe est extrêmement médiatisée. Si aucune victime humaine directe n'est finalement à déplorer, les conséquences environnementales nécessitent la décontamination totale du site et de ses alentours. La disparition temporaire et fortuite des fûts contenant les déchets lors de leur voyage vers leur lieu de destruction suscite de forts soupçons de [[:wikt:forfaiture|forfaiture]] de la part des industriels.
Les pouvoirs publics européens se réfèrent à cet événement pour créer en 1982 une [[Directive Seveso|série de directives]] afin de prévenir tout risque d'accident majeur sur un site industriel présentant un risque potentiel.


La catastrophe est notamment due à l'absence de tout [[plan d'urgence]] préparé par la société responsable de l'usine. C'est à la suite de cet évènement que les pouvoirs publics européens créeront la [[directive Seveso]] en [[1982]], afin de prévenir tout risque d'accident majeur sur un site industriel présentant un risque connu.
== Accident ==


== Accident ==
Le {{Date|10|juillet|1976}}, un nuage d'herbicide, contenant de la soude caustique et de la [[dioxine]], s'échappe durant vingt minutes d'un réacteur de l'usine chimique ICMESA, située dans la commune de [[Meda (Italie)|Meda]], et se répand sur la plaine [[Lombardie|lombarde]] en Italie. Quatre communes, dont [[Seveso]], sont touchées. Le directeur de production, Paolo Paoletti, prévient les maires des communes. Le 12<ref name="nat">{{article|lire en ligne=http://www.natura-sciences.com/environnement/catastrophe-seveso.html |titre=Qu’est-ce que la castrophe de Seveso ?|périodique=Natura Sciences|jour=1|mois=février|année=2012}}</ref> (ou le 16<ref name="Usine">{{article|périodique=[[L'Usine nouvelle]]|auteur=Guillaume Dessaix|numéro=3577|jour=20-27|mois=septembre |année=2018|titre=Affreux, sales et méchants|lire en ligne=https://www.usinenouvelle.com/article/industry-story-affreux-sales-et-mechants-la-balade-bidon-des-futs-toxiques-de-seveso.N742134}}</ref> juillet suivant les sources), le travail reprend normalement dans l’usine. Après la mise en grève du personnel le 16 juillet, l’usine ferme le 18<ref name="nat"/>.
Le {{Date|10|juillet|1976}}, un nuage d'[[herbicide]], contenant de la [[soude caustique]] et de la [[dioxine]], s'échappe durant vingt minutes d'un réacteur de l'usine chimique Icmesa, située dans la commune de [[Meda (Italie)|Meda]], et se répand sur la plaine [[Lombardie|lombarde]] en [[Italie]]. Quatre communes, dont [[Seveso]], sont touchées. Le directeur de production, Paolo Paoletti, prévient les maires des communes. Le 12<ref name="nat">{{article|lire en ligne=http://www.natura-sciences.com/environnement/catastrophe-seveso.html |titre=Qu’est-ce que la castrophe de Seveso ?|périodique=Natura Sciences|jour=1|mois=février|année=2012}}</ref> (ou le 16<ref name="Usine">{{article|périodique=[[L'Usine nouvelle]]|auteur=Guillaume Dessaix|numéro=3577|jour=20-27|mois=septembre |année=2018|titre=Affreux, sales et méchants|lire en ligne=https://www.usinenouvelle.com/article/industry-story-affreux-sales-et-mechants-la-balade-bidon-des-futs-toxiques-de-seveso.N742134}}</ref> juillet suivant les sources), le travail reprend normalement dans l’usine. Après la mise en grève du personnel le 16 juillet, l’usine ferme le 18<ref name="nat"/>.


Le [[Roche (entreprise)|groupe Hoffmann-Laroche]], dont fait partie la société suisse propriétaire d'ICMESA, [[Givaudan]], ne communique l’émission de [[2,3,7,8-Tétrachlorodibenzo-p-dioxine|TCDD]] aux autorités que le 19 juillet, alors qu'il a identifié cet agent dès le 14. Jusqu’au 23 juillet, la population continue à vivre dans un milieu contaminé. L’alarme est tirée ce jour par le Centre de recherche médicale de Roche, à Bâle. Ce dernier déclare que la population doit être évacuée, qu’il faut détruire les maisons et enterrer l’usine<ref name="nat"/>. À partir du 23 juillet, les premiers habitants sont évacués : plus de 200 personnes quittent leur maison. Les jours suivants, on se rend compte que la zone touchée est plus vaste et 500 nouvelles personnes sont évacuées ; le directeur de production Paoletti est arrêté<ref name="Usine"/>. Le directeur général de Givaudan reconnaît qu’il n’existe aucun plan d’urgence. La quantité de TCDD relâchée par l’accident est sujette à de nombreux débats : selon les différentes études, la quantité estimée de dioxine rejetée à l’atmosphère est comprise entre 0,2 et 40 kg<ref name="nat"/>.
Le [[Roche (entreprise)|groupe Hoffmann-Laroche]], dont fait partie la société suisse propriétaire d'Icmesa, [[Givaudan]], ne communique l’émission de [[2,3,7,8-Tétrachlorodibenzo-p-dioxine|TCDD]] aux autorités que le 19 juillet, alors qu'il a identifié cet agent dès le 14. Jusqu’au 23 juillet, la population continue à vivre dans un milieu contaminé. L’alarme est tirée ce jour par le Centre de recherche médicale de Roche, à Bâle. Ce dernier déclare que la population doit être évacuée, qu’il faut détruire les maisons et enterrer l’usine<ref name="nat"/>. À partir du 23 juillet, les premiers habitants sont évacués : plus de 200 personnes quittent leur maison. Les jours suivants, on se rend compte que la zone touchée est plus vaste et 500 nouvelles personnes sont évacuées ; le directeur de production Paoletti est arrêté<ref name="Usine"/>. Le directeur général de Givaudan reconnaît qu’il n’existe aucun plan d’urgence. La quantité de TCDD relâchée par l’accident est sujette à de nombreux débats : selon les différentes études, la quantité estimée de dioxine rejetée à l’atmosphère est comprise entre 0,2 et 40&nbsp;kg<ref name="nat"/>.


== Causes ==
== Causes ==
{{section à sourcer|date=octobre 2018}}
{{section à sourcer|date=octobre 2018}}
Cet accident a eu lieu dans un [[Réacteur (chimie)|réacteur chimique]] de l'atelier B produisant du [[2,4,5-trichlorophénol]] à partir du [[1,2,4,5-tetrachlorobenzene]] par substitution aromatique nucléophilique avec de la soude. Le 2,4,5-trichlorophénol est un intermédiaire dans la production d'[[Hexachlorophene|hexachlorophène]]<ref name="Homberger">{{article|prénom=E.|nom=Homberger|auteur3=Sambeth, J.|auteur4=Wipf, H. K.|auteur2=Reggiani, G.|titre=The Seveso Accident: Its Nature, Extent and Consequences|journal=Ann. Occup. Hyg.|volume=22|numéro=4|périodique=[[Pergamon Press]]|année=1979|pmid=161954|doi=10.1093/annhyg/22.4.327|pages=327–370}}</ref>.
Cet accident industriel est dû à la surchauffe d'un réacteur fabricant du [[2,4,5-trichlorophénol]] qui libère un nuage toxique contenant plusieurs produits mal identifiés sur le moment. Les experts de Hoffmann-Laroche pensent d'abord qu'il s'agissait seulement de [[1,2,4,5-tétrachlorobenzène]] et de [[polyéthylène glycol]], les réactifs de départ. C'est seulement au bout de quatre jours, quand apparaissent les premiers cas de [[chloracné]], qu'ils identifient l'agent responsable, le [[2,3,7,8-tétrachlorodibenzo-p-dioxine|2,3,7,8-TCDD]], produit plus connu sous le nom de [[dioxine de Seveso]].


La température nécessaire pour amorcer cette réaction ne pouvait pas être atteinte avec les moyens (eau chaude, vapeur) normalement disponibles pour les autres productions du site. Il avait donc été décidé d'utiliser la vapeur à 12 bars et 190&nbsp;°C obtenue à la sortie de la turbine du générateur électrique du site et de faire passer cette vapeur dans un serpentin entourant le réacteur afin de réchauffer le mélange réactionnel à 158&nbsp;°C, soit une température proche de son point d'ébullition de 160&nbsp;°C. Des tests calorimétriques avaient déterminé qu'une réaction secondaire exothermique se déclenchait dès que la température dépassait 230&nbsp;°C. Malheureusement, les opérateurs du site ne disposaient d'aucune mesure de température de la vapeur en sortie de la turbine du générateur électrique.
À l'époque, la connaissance de la [[toxicité]] de la dioxine est limitée par l'absence quasi complète de données scientifiques. On sait, en revanche, que l'une des substances libérées est composante des [[défoliant]]s utilisés au [[Viêt Nam]] par l'[[armée]] américaine (l'[[Agent orange]]). La question de dangers éventuels pour la santé est rapidement posée.

Chaque week-end, les opérations du site doivent être interrompues, comme exigé par la réglementation italienne. Le jour de l'accident, le procédé doit donc être arrêté avant que la dernière étape d'extraction de l'éthylène glycol par distillation n'ait pu être terminée. Comme les autres ateliers de l'usine s'arrêtent au même moment pour la même raison, la consommation électrique du site a chuté fortement, augmentant par conséquent la température de la vapeur en sortie de turbine de 190&nbsp;°C à environ 300&nbsp;°C. En arrivant dans le serpentin, cette vapeur surchauffée va porter la paroi du réacteur à cette température proche de 300&nbsp;°C, en particulier dans la zone supérieure du réacteur, celle contenant la phase vapeur au-dessus du niveau de liquide et non refroidie par le mélange réactionnel en phase liquide. En l'absence de mesure de température de la vapeur en sortie de turbine, les opérateurs n'ont pas conscience de cette élévation de la température et suivent donc la procédure d'arrêt habituelle&nbsp;– en isolant la vapeur et en arrêtant l'agitation du réacteur. La partie supérieure de l'enveloppe du réacteur, anormalement chaude, va alors réchauffer le mélange réactionnel situé juste au-dessous. En l'absence d'agitation, ce réchauffement est très localisé. Il est confiné dans un petit volume du réacteur constitué par les couches supérieures du liquide réactionnel situées à proximité de la paroi du réacteur. Dans ce volume réduit, la température locale atteint et dépasse un seuil de température critique déclenchant une réaction secondaire exothermique. À la suite d'analyses ultérieures, il s'est avéré en outre que ce seuil critique était en fait de seulement 180&nbsp;°C, soit 50&nbsp;°C de moins que ce qui avait été jusqu'alors identifié par des tests. Une lente réaction de décomposition s'enclenche alors à ce seuil plus bas, relâchant encore plus de chaleur jusqu'à atteindre 230&nbsp;°C sept heures plus tard et déclencher l'emballement rapide de la réaction<ref>{{ouvrage|prénom=Trevor|nom=Kletz|lien auteur=Trevor Kletz|titre=What Went Wrong? Case Histories of Process Plant Disasters|date=1998|éditeur=Gulf|isbn=0-88415-920-5}}</ref>{{,}}<ref name="Kletz">{{ouvrage|nom=Kletz|prénom=Trevor A.|lien auteur=Trevor Kletz|titre=Learning from Accidents|numéro d'édition=3|éditeur=Gulf Professional|année=2001|lieu=Oxford U.K.|pages=103–109 (Chapter 9)|url=https://books.google.com/books?id=zulmgUi5_aEC&pg=PA103|isbn=978-0-7506-4883-7}}</ref>.

Finalement, la [[soupape de sécurité]] du réacteur s'ouvre, entraîne la dispersion dans l'atmosphère d'un nuage toxique contenant plus de six tonnes de produits qui contamineront une surface de 18&nbsp;km<sup>2</sup><ref>{{lien web|titre=Seveso - 30 Years After, A Chronology of Events |url=http://www.siznursing.be/index.php?preaction=joint&id_joint=71790 |éditeur=Roche Group}}</ref>. Parmi les substances émises se trouvaient entre 0,2 et 40&nbsp;kg de [[2,3,7,8-tétrachlorodibenzo-p-dioxine|2,3,7,8-TCDD]]. À la température opératoire de réaction, le TCDD est produit en très faibles quantités à moins de 1 [[Parts per million|ppm]] (parties par million)<ref>{{article|prénom=M. H.|nom=Milnes|titre=Formation of 2,3,7,8-Tetrachlorodibenzodioxin by Thermal Decomposition of Sodium 2,4,5-Trichlorophenate|journal=[[Nature (journal)|Nature]]|volume=232|numéro=5310|périodique=[[Nature Publishing Group]]|date=6 August 1971|pmid=16063057|doi=10.1038/232395a0|bibcode=1971Natur.232..395M|pages=395–396}}</ref>. Cependant, aux conditions de température plus élevée rencontrées pendant la réaction d'emballement, la production de TCDD aurait atteint 166 ppm, voire plus<ref name="nat" />{{,}}<ref>{{article|prénom=Alastair|nom=Hay|titre=Séveso: the crucial question of reactor safety|journal=[[Nature (journal)|Nature]]|volume=281|numéro=5732|périodique=[[Nature Publishing Group]]|date=18 October 1979|doi=10.1038/281521a0|bibcode=1979Natur.281..521H|pages=521}}</ref>.

Les produits contenus dans le nuage toxique furent mal identifiés sur le moment. Les experts de Hoffmann-Laroche pensèrent d'abord qu'il s'agissait seulement de [[1,2,4,5-tétrachlorobenzène]] et de [[polyéthylène glycol]], les réactifs de départ. C'est seulement au bout de quatre jours, quand apparaissent les premiers cas de [[chloracné]], qu'ils identifièrent l'agent responsable, le [[2,3,7,8-tétrachlorodibenzo-p-dioxine|2,3,7,8-TCDD]], produit désormais plus connu sous le nom de [[dioxine de Seveso]].

À l'époque, la connaissance de la [[toxicité]] de la dioxine est limitée par l'absence quasi complète de données scientifiques. On sait, en revanche, que l'une des substances libérées est l'un des composants des [[défoliant]]s utilisés au [[Viêt Nam]] par l'[[armée]] américaine (l'[[Agent orange]]). La question du risque sanitaire est rapidement posée.


== Conséquences ==
== Conséquences ==
Sept communes sont touchées ; 358 hectares sont contaminés. Dès les premiers jours, les feuilles des arbres jaunissent, et les enfants sont atteints de [[chloracné]], affection qui [[gangrène]] la peau et nécessite leur hospitalisation. {{unité|3000}} animaux domestiques sont tués par les émanations, et {{formatnum:77000}} têtes de bétail sont abattues<ref name="Usine"/>. Par ailleurs, les sols [[agriculture|agricoles]] et les maisons nécessitent de lourds travaux de [[décontamination]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Federico Robbe|titre=Seveso 1976. Oltre la diossina|éditeur=Itaca|année=2016|pages totales=160|isbn=978-88-526-0486-7}}</ref>, qui commencent en 1982<ref name="Usine"/>.


Le bilan exact sera connu sept ans plus tard, au moment de l'ouverture du procès des responsables des différentes sociétés incriminées. Parmi la population, 193 personnes, soit 0,6 % des habitants de la zone concernée, ont été atteintes de chloracné, essentiellement des enfants. Aucune n'est décédée, un petit nombre seulement a gardé des séquelles. La moyenne des [[cancer]]s et des [[malformation]]s fœtales n'a pas augmenté de manière significative. La seule victime indirecte fut Paolo Paoletti, le directeur de production, qui est assassiné par [[Prima Linea]], groupe proche des [[Brigades rouges]], le 5 février 1980 en pleine rue<ref>[http://www.vittimeterrorismo.it/memorie/schede/paoletti.htm ‘Paolo Paoletti’], AIVITER.</ref>{{,}}<ref>Presidenza della Repubblica, ''Per le vittime del terrorismo nell’Italia repubblicana: ‘giorno della memoria’ dedicato alle vittime del terrorismo e delle stragi di tale matrice, 9 maggio 2008'' (Rome: Istituto poligrafico e Zecca dello Stato, 2008), page 132, {{ISBN|978-88-240-2868-4}}</ref>{{,}}<ref name="Usine"/>.
Sept communes sont touchées ; 358 hectares sont contaminés. Dès les premiers jours, les feuilles des arbres jaunissent, et les enfants sont atteints de [[chloracné]], affection qui [[gangrène]] la peau et nécessite leur hospitalisation. {{formatnum:3000}} animaux domestiques sont tués par les émanations, et {{formatnum:77000}} têtes de bétail sont abattues<ref name="Usine"/>. Par ailleurs, les sols [[agriculture|agricoles]] et les maisons nécessitent de lourds travaux de [[décontamination]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Federico Robbe|titre=Seveso 1976. Oltre la diossina|éditeur=Itaca|année=2016|pages totales=160|isbn=978-88-526-0486-7}}</ref>, qui commencent en 1982<ref name="Usine"/>.


Cet accident, qui a donné son nom depuis à tous les [[Directive Seveso|sites de production classés à risques]] en Europe ({{formatnum:1249}} en [[France]]), a exposé les dangers des activités [[industrie]]lles chimiques en milieu urbain et alimenté la [[Écologisme|réflexion écologiste]].
Le bilan exact sera connu sept ans plus tard, au moment de l'ouverture du procès des responsables des différentes sociétés incriminées. 193 personnes, soit 0,6 % des habitants de la zone concernée, ont été atteintes de chloracné, essentiellement des enfants. Aucune n'est décédée, un petit nombre seulement a gardé des séquelles. La moyenne des [[cancer]]s et des [[malformation]]s fœtales n'a pas augmenté de manière significative. La seule victime indirecte fut Paolo Paoletti, le directeur de production, qui est assassiné par [[Prima Linea]], groupe proche des [[Brigades rouges]], le 5 février 1980 en pleine rue<ref>[http://www.vittimeterrorismo.it/memorie/schede/paoletti.htm ‘Paolo Paoletti’], AIVITER.</ref>{{,}}<ref>Presidenza della Repubblica, ''Per le vittime del terrorismo nell’Italia repubblicana: ‘giorno della memoria’ dedicato alle vittime del terrorismo e delle stragi di tale matrice, 9 maggio 2008'' (Rome: Istituto poligrafico e Zecca dello Stato, 2008), page 132, {{ISBN|978-88-240-2868-4}}</ref>{{,}}<ref name="Usine"/>.
Cet accident, qui a donné son nom depuis à tous les [[Directive Seveso|sites de production classés à risques]] en Europe ({{formatnum:1249}} rien qu'en [[France]]), a exposé les dangers des activités [[industrie]]lles chimiques en milieu urbain.


== L'épisode des fûts de dioxine ==
== L'épisode des fûts de dioxine ==
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En août [[1982]], les déchets chimiques contenant de la dioxine sont enlevés du réacteur en vue du démantèlement des installations, et transférés dans 41 fûts pour être envoyés par route à l'usine [[Ciba]] de [[Bâle]] afin d'être incinérés<ref name="Usine"/>.
En août [[1982]], les déchets chimiques contenant de la dioxine sont enlevés du réacteur en vue du démantèlement des installations, et transférés dans 41 fûts pour être envoyés par route à l'usine [[Ciba]] de [[Bâle]] afin d'être incinérés<ref name="Usine"/>.


Leur trace se perd après le passage de la frontière à [[Vintimille]] et ils disparaissent quelque part en [[France]]. On les découvre en mai 1983 à [[Anguilcourt-le-Sart]] ([[Aisne (département)|Aisne]]) dans un abattoir désaffecté, où ils avaient été transportés illégalement. Ils sont finalement incinérés chez Ciba en novembre [[1985]]<ref>{{Lien web|langue=fr-FR|auteur1=|titre=Qu'est-ce que la castrophe de Seveso ? Dioxines italiennes à l'honneur|url=https://www.natura-sciences.com/environnement/catastrophe-de-seveso.html|site=Natura Sciences|périodique=|date=2020-01-07|consulté le=2020-05-26}}</ref>, devant la presse<ref name="Usine"/>.
Leur trace se perd après le passage de la frontière à [[Vintimille]] et ils disparaissent quelque part en [[France]]. On les découvre en mai 1983 à [[Anguilcourt-le-Sart]] ([[Aisne (département)|Aisne]]) dans un abattoir désaffecté, où ils avaient été transportés illégalement. Ils sont finalement incinérés chez Ciba en novembre [[1985]]<ref>{{Lien web|langue=fr-FR|titre=Qu'est-ce que la castrophe de Seveso ? Dioxines italiennes à l'honneur|url=https://www.natura-sciences.com/environnement/catastrophe-de-seveso.html|site=Natura Sciences|date=2020-01-07|consulté le=2020-05-26}}</ref>, devant la presse<ref name="Usine"/>.


{{refnec|Cette affaire, très médiatisée, sera officiellement conclue par un rapport de juin 1986}}.
{{refnec|Cette affaire, très médiatisée, sera officiellement conclue par un rapport de juin 1986}}.
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Plusieurs biologistes ont émis des doutes sur la destruction effective des 41 fûts. Des différences de tonnage et de diamètre des contenants ont été constatées entre les fûts partis d'Italie, et ceux détruits en Suisse. L'hypothèse retenue par ces biologistes est que les fûts détruits ne contenaient que des déchets non contaminés, et que les déchets toxiques auraient été convoyés en [[Allemagne de l'Est]] ou en [[République démocratique somalie|Somalie]]<ref name="Usine"/>.
Plusieurs biologistes ont émis des doutes sur la destruction effective des 41 fûts. Des différences de tonnage et de diamètre des contenants ont été constatées entre les fûts partis d'Italie, et ceux détruits en Suisse. L'hypothèse retenue par ces biologistes est que les fûts détruits ne contenaient que des déchets non contaminés, et que les déchets toxiques auraient été convoyés en [[Allemagne de l'Est]] ou en [[République démocratique somalie|Somalie]]<ref name="Usine"/>.


L'usine a été totalement détruite par les travaux de décontamination<ref name="Usine"/>.
L'usine a été totalement détruite durant les travaux de décontamination<ref name="Usine"/>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===

* [[Catastrophe de Bhopal]]
* [[Catastrophe de Bhopal]]
* [[Liste de catastrophes industrielles]]
* [[Liste de catastrophes industrielles]]
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=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* {{Autorité}}
{{Liens}}
* {{Bases}}
* {{Dictionnaires}}
* [https://www.franceculture.fr/emissions/la-methode-scientifique/la-methode-scientifique-emission-du-mercredi-09-octobre-2019 "SEVESO, jusque là tout va bien", ''La Méthode scientifique'', France Culture, 9 octobre 2019]
* [https://www.franceculture.fr/emissions/la-methode-scientifique/la-methode-scientifique-emission-du-mercredi-09-octobre-2019 "SEVESO, jusque là tout va bien", ''La Méthode scientifique'', France Culture, 9 octobre 2019]
* [http://www.ina.fr/video/CAB04013276/ Journal télévisé du 27 juillet 1976 relatant les suites de la pollution à Seveso] (archive INA) {{fr}}
* [http://www.ina.fr/video/CAB04013276/ Journal télévisé du 27 juillet 1976 relatant les suites de la pollution à Seveso] (archive INA) {{fr}}
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* [http://www.roche.com/home/company/com_hist/com_hist_1965.htm Roche - 1965 - 1978] [http://www.roche.com/com_his_sev-e.pdf pdf] History timeline at the homepage of Hoffmann-LaRoche.{{en}}
* [http://www.roche.com/home/company/com_hist/com_hist_1965.htm Roche - 1965 - 1978] [http://www.roche.com/com_his_sev-e.pdf pdf] History timeline at the homepage of Hoffmann-LaRoche.{{en}}
* [http://www.spiegel.de/spiegel/print/d-9290945.html Der Spiegel 46/1993 DDR wollte Giftmüll] {{de}}
* [http://www.spiegel.de/spiegel/print/d-9290945.html Der Spiegel 46/1993 DDR wollte Giftmüll] {{de}}
* "10 juillet 1976 : la catastrophe de Seveso " sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/affaires-sensibles/affaires-sensibles-du-vendredi-07-avril-2023-9259739 via @radiofrance


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[[Catégorie:1976 en Italie]]
[[Catégorie:Juillet 1976]]
[[Catégorie:Juillet 1976]]
[[Catégorie:Fuite chimique|Seveso]]
[[Catégorie:Catastrophe industrielle en 1976]]
[[Catégorie:Catastrophe sanitaire au XXe siècle]]

Dernière version du 6 décembre 2023 à 12:23

Catastrophe de Seveso
Mise en place d'un périmètre interdit à la suite de la catastrophe.
Mise en place d'un périmètre interdit à la suite de la catastrophe.

Type Catastrophe industrielle
Pays Italie
Localisation Meda (Seveso)
Coordonnées 45° 39′ 15″ nord, 9° 08′ 54″ est
Cause Émanation d'un nuage de gaz toxique
Date

Géolocalisation sur la carte : Italie
(Voir situation sur carte : Italie)
Catastrophe de Seveso
Géolocalisation sur la carte : Lombardie
(Voir situation sur carte : Lombardie)
Catastrophe de Seveso

La catastrophe de Seveso est une catastrophe industrielle aux conséquences écologiques et sanitaires majeures, qui s'est produite le , à Seveso, en Lombardie, dans le nord de l'Italie.

Un nuage d'herbicide contenant des produits toxiques s'échappe de l'usine Icmesa et contamine les alentours, provoquant à la fois des hospitalisations pour les enfants des communes voisines et la mort de plusieurs dizaines de milliers d'animaux d'élevage.

Cette catastrophe est extrêmement médiatisée. Si aucune victime humaine directe n'est finalement à déplorer, les conséquences environnementales nécessitent la décontamination totale du site et de ses alentours. La disparition temporaire et fortuite des fûts contenant les déchets lors de leur voyage vers leur lieu de destruction suscite de forts soupçons de forfaiture de la part des industriels.

La catastrophe est notamment due à l'absence de tout plan d'urgence préparé par la société responsable de l'usine. C'est à la suite de cet évènement que les pouvoirs publics européens créeront la directive Seveso en 1982, afin de prévenir tout risque d'accident majeur sur un site industriel présentant un risque connu.

Accident[modifier | modifier le code]

Le , un nuage d'herbicide, contenant de la soude caustique et de la dioxine, s'échappe durant vingt minutes d'un réacteur de l'usine chimique Icmesa, située dans la commune de Meda, et se répand sur la plaine lombarde en Italie. Quatre communes, dont Seveso, sont touchées. Le directeur de production, Paolo Paoletti, prévient les maires des communes. Le 12[1] (ou le 16[2] juillet suivant les sources), le travail reprend normalement dans l’usine. Après la mise en grève du personnel le 16 juillet, l’usine ferme le 18[1].

Le groupe Hoffmann-Laroche, dont fait partie la société suisse propriétaire d'Icmesa, Givaudan, ne communique l’émission de TCDD aux autorités que le 19 juillet, alors qu'il a identifié cet agent dès le 14. Jusqu’au 23 juillet, la population continue à vivre dans un milieu contaminé. L’alarme est tirée ce jour par le Centre de recherche médicale de Roche, à Bâle. Ce dernier déclare que la population doit être évacuée, qu’il faut détruire les maisons et enterrer l’usine[1]. À partir du 23 juillet, les premiers habitants sont évacués : plus de 200 personnes quittent leur maison. Les jours suivants, on se rend compte que la zone touchée est plus vaste et 500 nouvelles personnes sont évacuées ; le directeur de production Paoletti est arrêté[2]. Le directeur général de Givaudan reconnaît qu’il n’existe aucun plan d’urgence. La quantité de TCDD relâchée par l’accident est sujette à de nombreux débats : selon les différentes études, la quantité estimée de dioxine rejetée à l’atmosphère est comprise entre 0,2 et 40 kg[1].

Causes[modifier | modifier le code]

Cet accident a eu lieu dans un réacteur chimique de l'atelier B produisant du 2,4,5-trichlorophénol à partir du 1,2,4,5-tetrachlorobenzene par substitution aromatique nucléophilique avec de la soude. Le 2,4,5-trichlorophénol est un intermédiaire dans la production d'hexachlorophène[3].

La température nécessaire pour amorcer cette réaction ne pouvait pas être atteinte avec les moyens (eau chaude, vapeur) normalement disponibles pour les autres productions du site. Il avait donc été décidé d'utiliser la vapeur à 12 bars et 190 °C obtenue à la sortie de la turbine du générateur électrique du site et de faire passer cette vapeur dans un serpentin entourant le réacteur afin de réchauffer le mélange réactionnel à 158 °C, soit une température proche de son point d'ébullition de 160 °C. Des tests calorimétriques avaient déterminé qu'une réaction secondaire exothermique se déclenchait dès que la température dépassait 230 °C. Malheureusement, les opérateurs du site ne disposaient d'aucune mesure de température de la vapeur en sortie de la turbine du générateur électrique.

Chaque week-end, les opérations du site doivent être interrompues, comme exigé par la réglementation italienne. Le jour de l'accident, le procédé doit donc être arrêté avant que la dernière étape d'extraction de l'éthylène glycol par distillation n'ait pu être terminée. Comme les autres ateliers de l'usine s'arrêtent au même moment pour la même raison, la consommation électrique du site a chuté fortement, augmentant par conséquent la température de la vapeur en sortie de turbine de 190 °C à environ 300 °C. En arrivant dans le serpentin, cette vapeur surchauffée va porter la paroi du réacteur à cette température proche de 300 °C, en particulier dans la zone supérieure du réacteur, celle contenant la phase vapeur au-dessus du niveau de liquide et non refroidie par le mélange réactionnel en phase liquide. En l'absence de mesure de température de la vapeur en sortie de turbine, les opérateurs n'ont pas conscience de cette élévation de la température et suivent donc la procédure d'arrêt habituelle – en isolant la vapeur et en arrêtant l'agitation du réacteur. La partie supérieure de l'enveloppe du réacteur, anormalement chaude, va alors réchauffer le mélange réactionnel situé juste au-dessous. En l'absence d'agitation, ce réchauffement est très localisé. Il est confiné dans un petit volume du réacteur constitué par les couches supérieures du liquide réactionnel situées à proximité de la paroi du réacteur. Dans ce volume réduit, la température locale atteint et dépasse un seuil de température critique déclenchant une réaction secondaire exothermique. À la suite d'analyses ultérieures, il s'est avéré en outre que ce seuil critique était en fait de seulement 180 °C, soit 50 °C de moins que ce qui avait été jusqu'alors identifié par des tests. Une lente réaction de décomposition s'enclenche alors à ce seuil plus bas, relâchant encore plus de chaleur jusqu'à atteindre 230 °C sept heures plus tard et déclencher l'emballement rapide de la réaction[4],[5].

Finalement, la soupape de sécurité du réacteur s'ouvre, entraîne la dispersion dans l'atmosphère d'un nuage toxique contenant plus de six tonnes de produits qui contamineront une surface de 18 km2[6]. Parmi les substances émises se trouvaient entre 0,2 et 40 kg de 2,3,7,8-TCDD. À la température opératoire de réaction, le TCDD est produit en très faibles quantités à moins de 1 ppm (parties par million)[7]. Cependant, aux conditions de température plus élevée rencontrées pendant la réaction d'emballement, la production de TCDD aurait atteint 166 ppm, voire plus[1],[8].

Les produits contenus dans le nuage toxique furent mal identifiés sur le moment. Les experts de Hoffmann-Laroche pensèrent d'abord qu'il s'agissait seulement de 1,2,4,5-tétrachlorobenzène et de polyéthylène glycol, les réactifs de départ. C'est seulement au bout de quatre jours, quand apparaissent les premiers cas de chloracné, qu'ils identifièrent l'agent responsable, le 2,3,7,8-TCDD, produit désormais plus connu sous le nom de dioxine de Seveso.

À l'époque, la connaissance de la toxicité de la dioxine est limitée par l'absence quasi complète de données scientifiques. On sait, en revanche, que l'une des substances libérées est l'un des composants des défoliants utilisés au Viêt Nam par l'armée américaine (l'Agent orange). La question du risque sanitaire est rapidement posée.

Conséquences[modifier | modifier le code]

Sept communes sont touchées ; 358 hectares sont contaminés. Dès les premiers jours, les feuilles des arbres jaunissent, et les enfants sont atteints de chloracné, affection qui gangrène la peau et nécessite leur hospitalisation. 3 000 animaux domestiques sont tués par les émanations, et 77 000 têtes de bétail sont abattues[2]. Par ailleurs, les sols agricoles et les maisons nécessitent de lourds travaux de décontamination[9], qui commencent en 1982[2].

Le bilan exact sera connu sept ans plus tard, au moment de l'ouverture du procès des responsables des différentes sociétés incriminées. Parmi la population, 193 personnes, soit 0,6 % des habitants de la zone concernée, ont été atteintes de chloracné, essentiellement des enfants. Aucune n'est décédée, un petit nombre seulement a gardé des séquelles. La moyenne des cancers et des malformations fœtales n'a pas augmenté de manière significative. La seule victime indirecte fut Paolo Paoletti, le directeur de production, qui est assassiné par Prima Linea, groupe proche des Brigades rouges, le 5 février 1980 en pleine rue[10],[11],[2].

Cet accident, qui a donné son nom depuis à tous les sites de production classés à risques en Europe (1 249 en France), a exposé les dangers des activités industrielles chimiques en milieu urbain et alimenté la réflexion écologiste.

L'épisode des fûts de dioxine[modifier | modifier le code]

L'incinérateur de Bâle qui a brûlé, en 1985, des déchets toxiques, résidus de la catastrophe de Seveso

En août 1982, les déchets chimiques contenant de la dioxine sont enlevés du réacteur en vue du démantèlement des installations, et transférés dans 41 fûts pour être envoyés par route à l'usine Ciba de Bâle afin d'être incinérés[2].

Leur trace se perd après le passage de la frontière à Vintimille et ils disparaissent quelque part en France. On les découvre en mai 1983 à Anguilcourt-le-Sart (Aisne) dans un abattoir désaffecté, où ils avaient été transportés illégalement. Ils sont finalement incinérés chez Ciba en novembre 1985[12], devant la presse[2].

Cette affaire, très médiatisée, sera officiellement conclue par un rapport de juin 1986[réf. nécessaire].

Plusieurs biologistes ont émis des doutes sur la destruction effective des 41 fûts. Des différences de tonnage et de diamètre des contenants ont été constatées entre les fûts partis d'Italie, et ceux détruits en Suisse. L'hypothèse retenue par ces biologistes est que les fûts détruits ne contenaient que des déchets non contaminés, et que les déchets toxiques auraient été convoyés en Allemagne de l'Est ou en Somalie[2].

L'usine a été totalement détruite durant les travaux de décontamination[2].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e « Qu’est-ce que la castrophe de Seveso ? », Natura Sciences,‎ (lire en ligne)
  2. a b c d e f g h et i Guillaume Dessaix, « Affreux, sales et méchants », L'Usine nouvelle, no 3577,‎ (lire en ligne)
  3. E. Homberger, Reggiani, G., Sambeth, J. et Wipf, H. K., « The Seveso Accident: Its Nature, Extent and Consequences », Pergamon Press, vol. 22, no 4,‎ , p. 327–370 (PMID 161954, DOI 10.1093/annhyg/22.4.327)
  4. Trevor Kletz, What Went Wrong? Case Histories of Process Plant Disasters, Gulf, (ISBN 0-88415-920-5)
  5. Trevor A. Kletz, Learning from Accidents, Oxford U.K., Gulf Professional, , 3e éd., 103–109 (Chapter 9) (ISBN 978-0-7506-4883-7, lire en ligne)
  6. « Seveso - 30 Years After, A Chronology of Events », Roche Group
  7. M. H. Milnes, « Formation of 2,3,7,8-Tetrachlorodibenzodioxin by Thermal Decomposition of Sodium 2,4,5-Trichlorophenate », Nature Publishing Group, vol. 232, no 5310,‎ , p. 395–396 (PMID 16063057, DOI 10.1038/232395a0, Bibcode 1971Natur.232..395M)
  8. Alastair Hay, « Séveso: the crucial question of reactor safety », Nature Publishing Group, vol. 281, no 5732,‎ , p. 521 (DOI 10.1038/281521a0, Bibcode 1979Natur.281..521H)
  9. Federico Robbe, Seveso 1976. Oltre la diossina, Itaca, , 160 p. (ISBN 978-88-526-0486-7)
  10. ‘Paolo Paoletti’, AIVITER.
  11. Presidenza della Repubblica, Per le vittime del terrorismo nell’Italia repubblicana: ‘giorno della memoria’ dedicato alle vittime del terrorismo e delle stragi di tale matrice, 9 maggio 2008 (Rome: Istituto poligrafico e Zecca dello Stato, 2008), page 132, (ISBN 978-88-240-2868-4)
  12. « Qu'est-ce que la castrophe de Seveso ? Dioxines italiennes à l'honneur », sur Natura Sciences, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]