« Mudrā » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Criric (discuter | contributions)
m lien homonymie
Dawamne (discuter | contributions)
 
(33 versions intermédiaires par 24 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{autre|l'école de danse fondée par [[Maurice Béjart]]|École Mudra}}
{{autre|l'école de danse fondée par [[Maurice Béjart]]|École Mudra}}
[[Image:Bharatanatyam_5a.jpg|thumb|Position codifiée et symbolique des mains du [[Bharata natyam]].]]
[[Image:Bharatanatyam_5a.jpg|thumb|Position codifiée et symbolique des mains du [[Bharata natyam]].]]
La '''Mudrā''' ([[devanāgarī]] : मुद्रा, qui signifie « signe » ou « sceau »<ref>''[[The Sanskrit Heritage Dictionary]]'' de [[Gérard Huet]]</ref>, en [[pali]]: muddā) est un terme [[sanskrit]] qui désigne une position codifiée et symbolique des mains d'une personne (danseur, yogi) ou de la représentation artistique (peinture, sculpture) d'un personnage ou d'une divinité<ref>''The A to Z of Hinduism'' par B.M. Sullivan publié par Vision Books, pages 137 et 138, ISBN 8170945216</ref>.
'''Mudrā''' ([[devanāgarī]] : मुद्रा, en [[pali]] : muddā) est un terme [[sanskrit]] signifiant « [[sceau]], signe, geste (symbolique), rituel<ref>« ''mudrā'' » in [[Gérard Huet]], ''[[The Sanskrit Heritage Dictionary]]''. {{Lire en ligne|lien=https://sanskrit.inria.fr/DICO/51.html#mudraa|consulté le=4 février 2021}}</ref>{{,}}{{Sfn|Saunders|5=1985|p=199, note 1}} », qui désigne une position codifiée et symbolique des mains d'une personne (danseur, yogi, pratiquant du bouddhisme) ou de la représentation artistique (peinture, sculpture) d'un personnage ou d'une divinité<ref>B.M. Sullivan, ''The A to Z of Hinduism'', Vision Books, {{ISBN|8-170-94521-6}} p. 137-138</ref>. L'origine des mudrās est très ancienne et se rattache à la culture [[veda|védique]].
L'origine des mudrās est très ancienne et se rattache à la culture [[veda|védique]].


== Hindouisme ==
== Hindouisme ==


[[Image:Fingerjoga3066.jpg|thumb|200px|Jnana mudra.]]
[[Image:Fingerjoga3066.jpg|thumb|200px|Jnana mudrā.]]
Il existe un nombre important de ''mudrās'', exécutés avec une seule main ou les deux, leur utilisation correspondant à l'expression d'un sentiment ou d'une situation déterminée. Une combinaison de différents mudrās permettant une infinité d'expressions qui sont principalement utilisées pour la danse.
Il existe un nombre important de ''mudrās'', exécutées avec une seule main ou les deux, leur utilisation correspondant à l'expression d'un sentiment ou d'une situation déterminée. On trouve une combinaison de différentes mudrās permettant une infinité d'expressions qui sont principalement utilisées pour la danse. Dans l'[[hindouisme]], la ''mudrā'' est une position codifiée et symbolique des mains d'une personne :
Dans l'[[hindouisme]], la ''mudrā'' est une position codifiée et symbolique des mains d'une personne :
* [[Danse indienne|Danse]] : [[Bharata natyam]], [[Odissi]], [[Mohiniattam]], [[Kuchipudi]], [[Kathak]]
* [[Danse indienne|Danse]] : [[Bharata natyam]], [[Odissi]], [[Mohiniattam]], [[Kuchipudi]], [[Kathak]]
* [[Yoga]] : Dans le [[Hatha-yoga]], la mudrā intervient après l'accomplissement de la posture ([[āsana]]) et de la respiration ([[prāṇāyāma]]), elle ''scelle'' le souffle à l’intérieur du corps et le protège contre les maux<ref name=":0">{{Harvsp|Tara Michaël|1985|p=XXVI}}</ref>. C'est une posture statique visant à favoriser une stabilité mentale : Maha mudra (tout le corps est fixe) ; ou une partie seulement comme les mains est fixe : Jnana mudra.
* [[Yoga]] : Dans le [[Hatha-yoga]], la mudrā intervient après l'accomplissement de la posture ([[āsana]]) et de la respiration ([[prāṇāyāma]]), elle ''scelle'' le souffle à l’intérieur du corps et le protège contre les maux<ref name=":0">{{Harvsp|Tara Michaël|1985|p=XXVI}}</ref>. C'est une posture statique visant à favoriser une stabilité mentale : [[Mahamudra|Maha mudrā]] (tout le corps est fixe) ; ou une partie seulement comme les mains est fixe : Jnana mudrā.
* {{page h'|Rituel}} : Dans les rituels védiques les hymnes sacrés sont psalmodiés avec des gestes des mains<ref>{{Harvsp|Tara Michaël|1985|p=XXIII}}</ref>. Dans le rituel hindou, notamment le [[tantrisme]], les mudra sont employées en association avec des [[mantra]] et une concentration mentale ([[bhāvanā]]) sur l'acte sacré. {{Citation|La ''mudrā'', qui est, au sens littéral, "un [[sceau]]", a pour fonction d'apposer un cachet sur la parole et sur l'acte liturgique, de leur donner autorité, puissance spirituelle et efficacité magique<ref name=":0"/>}}.
* {{page h'|Rituel}} : Dans les rituels védiques, les hymnes sacrés sont psalmodiés avec des gestes des mains<ref>{{Harvsp|Tara Michaël|1985|p=XXIII}}</ref>. Dans le rituel hindou, notamment le [[tantrisme]], les mudrā sont employées en association avec des [[mantra]] et une concentration mentale ([[bhāvanā]]) sur l'acte sacré. {{Citation|La ''mudrā'', qui est, au sens littéral, "un sceau", a pour fonction d'apposer un cachet sur la parole et sur l'acte liturgique, de leur donner autorité, puissance spirituelle et efficacité magique<ref name=":0"/>}}.
* [[Art]] : dans l'[[iconographie hindoue]], les divinités et personnages présentent souvent des gestes de la main qui les caractérisent.
* [[Art]] : dans l'[[iconographie hindoue]], les divinités et personnages présentent souvent des gestes de la main qui les caractérisent.


=== Iconographie ===
=== Iconographie ===
Pour les divinités, les gestes les plus fréquent sont l'[[abhaya-mudra]] (décrit plus haut dans l'art bouddhique) et la [[varada-mudra]] (la paume en haut et les doigts pointant vers le bas, le bras étant baissé). Dans la dénomination d’une mudra, le terme ‘hasta’ est parfois ajouté voir substitué au terme mudra. On peut aussi bien dire '''abhayamudra''' ou '''abhayahasta''', que '''abhayahastamudra'''. Les explications à ce sujet divergent fortement et ne sont jamais suivies<ref>Gösta Liebert, ''Iconographic Dictionary of the Indian Religions, Hinduism-Buddhism-Jainism'', 1976, {{p.|182}}</ref>.
Pour les divinités, les gestes les plus fréquents sont l'[[abhaya-mudra|abhaya-mudrā]] (décrit plus bas dans l'art bouddhique) et la [[varada-mudra|varada-mudrā]] (la paume en haut et les doigts pointant vers le bas, le bras étant baissé). Dans la dénomination d’une mudrā, le terme ‘hasta’ est parfois ajouté voir substitué au terme mudrā. On peut aussi bien dire ''abhayamudrā'' ou ''abhayahasta'', que ''abhayahastamudrā''. Les explications à ce sujet divergent fortement et ne sont jamais suivies<ref>Gösta Liebert, ''Iconographic Dictionary of the Indian Religions, Hinduism-Buddhism-Jainism'', 1976, {{p.|182}}</ref>.
* La manière dont une main tient un attribut est aussi souvent une mudra, comme la '''kartari-mudrā''' ou '''kartari-hasta''', où l’index et le majeur forment un V vers le haut pour tenir un attribut.
* Souvent aussi, comme dans les gestes de la main de la danse, l’objet tenu n’est pas représenté, ce qui peut mener à diverses interprétations de l’objet tenu et de l’intention iconographique , comme pour le '''kaṭaka-hasta''', le geste du ‘bracelet’, où le majeur et l’annulaire forment un cercle avec le pouce, les deux autres doigts légèrement relevés, formant comme des oreilles d’une tête de lion formée par le poing, d’où l’autre nom de cette mudra : '''siṃhakarṇa''' (oreilles de lion). Parfois même un objet, comme une fleur fraîche pour une représentation de [[Lakshmi]] ou [[Parvati]]<ref name="Gopinatha">{{en}}''Elements of Hindu Iconography'' par T.A. Gopinatha Rao, volume I, page 15.</ref>, ou une représentation de l’attribut en métal précieux est déposé au creux des doigts formant un bracelet, comme l’arc de [[Rāma]].


La manière dont une main tient un attribut est aussi souvent une mudrā, comme la ''kartari-mudrā'' ou ''kartari-hasta'', où l’index et le majeur forment un V vers le haut pour tenir un attribut. Souvent aussi, comme dans les gestes de la main de la danse, l’objet tenu n’est pas représenté, ce qui peut mener à diverses interprétations de l’objet tenu et de l’intention iconographique, comme pour le ''kaṭaka-hasta'', le geste du ‘bracelet’, où le majeur et l’annulaire forment un cercle avec le pouce, les deux autres doigts légèrement relevés, formant comme des oreilles d’une tête de lion formée par le poing, d’où l’autre nom de cette mudrā : ''siṃhakarṇa'' (oreilles de lion). Parfois même un objet, comme une fleur fraîche pour une représentation de [[Lakshmi]] ou [[Parvati]]<ref name="Gopinatha">{{en}}''Elements of Hindu Iconography'' par T.A. Gopinatha Rao, volume I, page 15.</ref>, ou une représentation de l’attribut en métal précieux est déposé au creux des doigts formant un bracelet, comme l’arc de [[Rāma]].
* Certaines mudra sont typiques de certaines représentations iconographiques. Par exemple, dans les représentations de Shiva dansant ([[Nataraja]]), l’un de ses bras est placé en diagonale devant sa poitrine, les doigts de la main réunis pointant vers son pied. Cette mudra est nommée '''gaja-hasta''' « main de l’éléphant », le bras et la main formant comme une trompe d’éléphant (parfois nommée aussi '''daṇḍa-hasta''', '''dola-hasta''' ou '''kari-hasta''') « qui indique que le dévot doit chercher refuge et protection dans son pied levé »<ref>C. Sivaramamurti, ''L'art en Inde'', Citadelle et Mazenod, Paris 1999, {{p.|111}}</ref>. Une autre mudrā de cette représentation est appelée '''ardha-chandra''' (demi-lune), le bras levé, la paume vers le haut, formant avec les doigts un croissant de lune et recueillant un feu.

* Souvent, la main gauche est représentée comme reposant sur la hanche ('''kaṭyavalaṃbita-hasta''')<ref name="Gopinatha" />.
On trouve des mudrā typiques de certaines représentations iconographiques. Par exemple, dans les représentations de Shiva dansant ([[Nataraja]]), l’un des bras du dieu est placé en diagonale devant sa poitrine, les doigts de la main réunis pointant vers son pied. Cette mudrā est nommée ''gaja-hasta'' « main de l’éléphant », le bras et la main formant comme une trompe d’éléphant (parfois aussi appelée ''daṇḍa-hasta'', ''dola-hasta'' ou ''kari-hasta'') « qui indique que le dévot doit chercher refuge et protection dans son pied levé »<ref>C. Sivaramamurti, ''L'art en Inde'', Citadelle et Mazenod, Paris 1999, {{p.|111}}</ref>. Une autre mudrā de cette représentation est appelée ''ardha-chandra'' (demi-lune), le bras levé, la paume vers le haut, formant avec les doigts un croissant de lune et recueillant un feu.
* '''Tarjanī-hasta''' (ou '''tarjanī-mudrā''')

Ce geste de la main montre l’index pointé vers le haut de manière menaçante. Certains le nomment aussi '''sūci-mudrā''', la mudrā de l’aiguille, bien que celle-ci pointe selon Rao plutôt vers le bas<ref name="Gopinatha" />
Souvent, la main gauche est représentée reposant sur la hanche (''kaṭyavalaṃbita-hasta'')<ref name="Gopinatha" />.
* '''Vismaya-hasta'''

Ce geste dénotant l’étonnement ou l’admiration est montré par la main levée, les doigts écartés, la paume vers l’intérieur. Ce geste est fréquent dans l’art [[Pallava]].
==== Quelques mudras ====
* La '''dhyana-mudra''', décrite plus haut pour le bouddhisme est souvent nommée '''yoga-mudra''' dans les représentations hindouistes.
* ''Tarjanī-hasta'' (ou '''t'''''arjanī-mudrā'') : Ce geste de la main montre l’index pointé vers le haut de manière menaçante. Certains le nomment aussi ''sūci-mudrā'', la mudrā de l’aiguille, bien que celle-ci pointe selon Rao plutôt vers le bas<ref name="Gopinatha" />
* Souvent, les déesses laissent leur bras balancer gracieusement le long du corps, c’est le '''lola-hasta'''

* La '''vyākhyāna-mudrā''' est aussi appelée '''vitarkamudrā''' (voir plus haut dans la section bouddhisme)<ref>Aussi '''bodhyaṅgī-, sandarśaṇa-''' et '''upadeśa-mudrā''' selon Liebert</ref>, '''jñānamudrā''' ou '''cinmudrā'''. Selon certaines sources<ref> Stutley, Margaret (2003), The Illustrated Dictionary of Hindu Iconography (First Indian Edition ed.), New Delhi: Munshiram Manoharlal Publishers Pvt. Ltd., ISBN 81-215-1087-2 Originally published 1985, Routledge & Kegan Paul plc, London, {{p.|60}}</ref>, ces deux dernières dénominations désignent ce geste avec la paume vers le cœur, tandis que pour les premières elle fait face à l’observateur.Mais il n’y a pas de consensus.
* ''Vismaya-hasta :'' Ce geste dénotant l’étonnement ou l’admiration est montré par la main levée, les doigts écartés, la paume vers l’intérieur. Ce geste est fréquent dans l’art [[Dynastie des Pallava|Pallava]].

* La ''dhyana-mudrā'', décrite plus bas pour le bouddhisme, est souvent nommée ''yoga-mudrā'' dans les représentations hindouistes.
* Il est fréquent que les déesses laissent leur bras balancer gracieusement le long du corps, c’est le ''lola-hasta.''
* La ''vyākhyāna-mudrā'' est aussi appelée ''vitarkamudrā'' (voir plus bas dans la section bouddhisme)<ref>Aussi '''bodhyaṅgī-, sandarśaṇa-''' et '''upadeśa-mudrā''' selon Liebert</ref>, ''jñānamudrā'' ou ''cinmudrā''. Selon certaines sources<ref> Stutley, Margaret (2003), The Illustrated Dictionary of Hindu Iconography (First Indian Edition ed.), New Delhi: Munshiram Manoharlal Publishers Pvt. Ltd., {{ISBN|81-215-1087-2}} Originally published 1985, Routledge & Kegan Paul plc, London, {{p.|60}}</ref>, ces deux dernières dénominations désignent ce geste avec la paume vers le cœur, tandis que pour les premières elle fait face à l’observateur. Mais il n’y a pas de consensus.


<gallery>
<gallery>
File:Art_Gallery_(Tanjore,_Inde)_(13902683658).jpg|[[Devi]] faisant la '''kataka-mudra''' de la main droite et posant la gauche en '''dharālamba-hasta'''.
Fichier:Art Gallery (Tanjore, Inde) (13902683658).jpg|[[Devi]] faisant la ''kataka-mudra'' de la main droite et posant la gauche en ''dharālamba-hasta''.
File:Hampi_0014.jpg|Ce [[Vishnu]] fait le signe de '''varada-mudra''' de sa main inférieure droite, ses mains supérieures tiennent le disque et la conque en '''kartari-hasta''' et sa main gauche est en '''katyavalambita''', "posée sur la hanche"
Fichier:Hampi 0014.jpg|Ce [[Vishnu]] fait le signe de ''varada-mudra'' de sa main inférieure droite, ses mains supérieures tiennent le disque et la conque en ''kartari-hasta'' et sa main gauche est en ''katyavalambita'', "posée sur la hanche".
File:WLANL_-_MicheleLovesArt_-_Tropenmuseum_-_Shiva_Nataraja_(6274-1)_(Detail).jpg|La main droite supérieure de ce nataraja tient un ḍamaru dans la pose k''kataka-hasta''', sa main frontale droite est en '''abhaya-mudra''', sa main gauche supérieure est en '''gaja-hasta''' et l’autre main gauche est en '''ardha-chandra''', d’où des flammes s’échappent.
Fichier:WLANL - MicheleLovesArt - Tropenmuseum - Shiva Nataraja (6274-1) (Detail).jpg|La main droite supérieure de ce nataraja tient un ḍamaru dans la pose ''kataka-hasta'', sa main frontale droite est en ''abhaya-mudra'', sa main gauche supérieure est en ''gaja-hasta'' et l’autre main gauche est en ''ardha-chandra'', d’où des flammes s’échappent.
File:Lingobhava_Tanjore.jpg|Ce Shiva sortant du [[lingam]] pose sa main sur la hanche en '''katyavalambita-mudra'''. Ses mains supérieures tiennent la hache et l'antilope en '''kartari-hasta'''
Fichier:Lingobhava Tanjore.jpg|Ce Shiva sortant du [[lingam]] pose sa main sur la hanche en ''katyavalambita-mudra''. Ses mains supérieures tiennent la hache et l'antilope en ''kartari-hasta''.
File:Bhikshatana_siva.JPG|Ce Shiva en mendiant (bhikshatana-murti) montre le geste de la '''tarjani-mudra''' de sa main gauche
Fichier:Bhikshatana siva.JPG|Ce Shiva en mendiant (bhikshatana-murti) montre le geste de la ''tarjani-mudra'' de sa main gauche.
File:Big_temple_-_stone_work_-_3.JPG|La main gauche supérieure de ce [[dvarapala]] est en '''vismaya-hasta''' et la droite en '''abhaya-mudra'''
Fichier:Big temple - stone work - 3.JPG|La main gauche supérieure de ce [[dvarapala]] est en ''vismaya-hasta'' et la droite en ''abhaya-mudra''.
File:Four-armed_Seated_Vishnu_in_Meditation_-_Mediaeval_Period_-_Pannapur_-_ACCN_14-379_-_Government_Museum_-_Mathura_2013-02-23_5275.JPG|Ce Vishnu repose ses mains en posture de méditation ('''dhyana-mudra''') ou de yoga ''''yoga-mudra'''
Fichier:Four-armed Seated Vishnu in Meditation - Mediaeval Period - Pannapur - ACCN 14-379 - Government Museum - Mathura 2013-02-23 5275.JPG|Ce Vishnu repose ses mains en posture de méditation (''dhyana-mudra'') ou de yoga ''yoga-mudra.''
File:Parvati,_India,_Chola_dynasty,_13th_century,_bronze,_Honolulu_Academy_of_Arts.JPG|Cette [[Parvati]] balance sa main gauche en lola-hasta et tient un lotus en '''kataka-mudra'''
Fichier:Parvati, India, Chola dynasty, 13th century, bronze, Honolulu Academy of Arts.JPG|Cette [[Parvati]] balance sa main gauche en lola-hasta et tient un lotus en ''kataka-mudra''.
File:Shiva_Dakshinamurti,_South_India,_11th-12th_century_AD,_granite_-_Arthur_M._Sackler_Gallery_-_DSC05998.JPG|Shiva enseignant lève sa main droite en '''vyakhyana-mudra'''
Fichier:Shiva Dakshinamurti, South India, 11th-12th century AD, granite - Arthur M. Sackler Gallery - DSC05998.JPG|Shiva enseignant lève sa main droite en ''vyakhyana-mudra''.
</gallery>
</gallery>


{{message galerie}}


== Bouddhisme ==
== Bouddhisme ==
{{Section à sourcer|date=février 2021}}
[[Image:Buddha_Vairocana_Mudra.JPG|thumb|upright=1.4|<center>Mudrās de [[Vairocana]]]]
[[Image:Buddha_Vairocana_Mudra.JPG|thumb|upright=1.4|<center>Mudrās de [[Vairocana]].</center>]]
Dans l'[[art bouddhique]], les représentations de [[Bouddha]]s, [[Bodhisattva]]s et [[Yidam]]s utilisent un nombre restreint de mudrās, associés à une posture du corps ([[asana]]).
Dans l'[[art bouddhique]], les représentations de [[Bouddha]]s, [[Bodhisattva]]s et [[Yidam]]s utilisent un nombre restreint de mudrās, associés à une posture du corps ([[asana]]).


=== Canons de la sculpture bouddhique ===
=== Canons de la sculpture bouddhique ===


L'enseignement originel du Bouddha excluait formellement une idolâtrie qui serait advenue par la dévotion à des images le représentant. Cette exigence fut peu à peu contournée par l'école du [[Mahayana]] (le Grand Véhicule) avec comme excuse que les représentations proposées aux fidèles ne devaient être qu'une image symbolique, impersonnelle et propice à la méditation. Comme aucun portrait depuis nature n'existait de Bouddha, les artistes furent donc obligés de déterminer une représentation idéalisée en suivant des indications données par des textes anciens. Un ensemble de caractéristiques fixes sont alors imposées et ne varieront plus au cours des siècles.
L'enseignement originel du Bouddha excluait formellement une idolâtrie qu'aurait pu entraîner la dévotion à des images le représentant. Cette exigence fut peu à peu contournée à partir du {{S-|I}} par le courant [[Mahayana]] (« Grand Véhicule) » qui arguait que les représentations proposées aux fidèles ne devaient être qu'une image symbolique, impersonnelle et propice à la méditation. Comme il n'existait aucun portrait nature du Bouddha, les artistes furent réduits à produire des représentations idéalisées, fondées sur les indications trouvées par des textes anciens. Un ensemble de caractéristiques fixes s'est alors progressivement imposés, qui ne variera plus beaucoup au cours des siècles.


Trois postures principales du corps sont représentées en statuaire :
Trois postures principales du corps sont représentées dans la statuaire :


* Assis dans la [[position du lotus]], jambes repliées et croisées. Quelques plus rares statues en position assise à l'européenne, ou en demi-lotus existent.
* Assis dans la [[position du lotus]], jambes repliées et croisées. Quelques plus rares statues en position assise à l'européenne, ou en demi-lotus existent.
Ligne 57 : Ligne 58 :
* Couché sur le côté, une main sous la tête, position dans l'attente de l'accès au [[parinirvana]].
* Couché sur le côté, une main sous la tête, position dans l'attente de l'accès au [[parinirvana]].


=== Les mudrās dans la sculpture bouddhique ===
=== Quelques mudrās dans la sculpture bouddhique ===
Afin d'illustrer différents enseignements et épisodes de la vie de Bouddha, certaines mudrâs récurrentes sont représentées dans la statuaire, en nombre limité et plus ou moins fréquemment :
Afin d'illustrer différents enseignements et épisodes de la vie de Bouddha, certaines mudrâs récurrentes sont représentées dans la statuaire, en nombre limité et plus ou moins fréquemment :
* La ''Dhyāni-Mudrā'', ou ''mudrā'' de la méditation. En position assise, la main droite repose dans la main gauche posée dans le giron, paume en l'air et les deux pouces s'effleurant. C'est une des représentations les plus courantes.
* La ''Dhyāni-mudrā'', ou ''mudrā'' de la méditation. En position assise, la main droite repose dans la main gauche posée dans le giron, paume en l'air et les deux pouces s'effleurant. C'est une des représentations les plus courantes.


* La ''Bhûmisparsha-Mudrā'', ou ''mudrā'' de la prise de la terre à témoin. Même position que la Dhyâni-Mudrâ, mais la main droite est posée sur le genou, les doigts effleurant la terre. Dans sa dernière méditation avant l'éveil, Bouddha subit les attaques de [[Māra]], personnification du mal, qui tenta divers stratagèmes pour interrompre sa méditation. Finalement, Māra nia la réalité de l'éveil du Bouddha, arguant qu'il n'y avait pas de témoin ; celui-ci toucha alors la terre ([[Bhūmi]] ou [[Prithvi]]), qui était son témoin. Cette représentation est également très courante ; c'est par exemple celle du grand [[Bouddha d'or]] de [[Bangkok]].
* La ''Bhûmisparsha-mudrā'', ou ''mudrā'' de la prise de la terre à témoin. Même position que la Dhyâni-mudrâ, mais la main droite est posée sur le genou, les doigts effleurant la terre. Dans sa dernière méditation avant l'éveil, Bouddha subit les attaques de [[Māra]], personnification du mal, qui tenta divers stratagèmes pour interrompre sa méditation. Finalement, Māra nia la réalité de l'éveil du Bouddha, arguant qu'il n'y avait pas de témoin ; celui-ci toucha alors la terre ([[Bhūmi]] ou [[Prithvi]]), qui était son témoin. Cette représentation est également très courante ; c'est par exemple celle du grand [[Bouddha d'or]] de [[Bangkok]].


* La ''Vitarka-Mudrā'', ou ''mudrā'' de l'enseignement et de l'argumentation. En position debout ou assise, la main droite est relevée au niveau de l'épaule et le pouce forme avec l'index un cercle, les autres doigts étant relevés. Le bras gauche est au niveau de la taille, la main effectuant le même geste ou parfois la paume tournée vers le haut. Cette mudrâ est particulièrement important dans la statuaire de [[Dvaravati]].
* La ''Vitarka-mudrā'', ou ''mudrā'' de l'enseignement et de l'argumentation. En position debout ou assise, la main droite est relevée au niveau de l'épaule et le pouce forme avec l'index un cercle, les autres doigts étant relevés. Le bras gauche est au niveau de la taille, la main effectuant le même geste ou parfois la paume tournée vers le haut. Cette mudrâ est particulièrement important dans la statuaire de [[Dvaravati]].


* La ''[[Dharmachakra]]-Mudrā'', ou ''mudrā'' de la mise en marche de la roue de la loi du [[dharma]]. En position assise ou debout, les deux mains sont devant le corps au niveau de la taille, la paume droite tournée vers l'extérieur, la gauche vers l'intérieur, pouce et index joints formant deux cercles tangents, la main droite à la verticale, la gauche à l'horizontale.
* La ''[[Dharmachakra]]-mudrā'', ou ''mudrā'' de la mise en mouvement de la roue de la Loi ou [[Dharma]]. En position assise ou debout, les deux mains sont devant le corps au niveau de la taille, la paume droite tournée vers l'extérieur, la gauche vers l'intérieur, pouce et index joints formant deux cercles tangents, la main droite à la verticale, la gauche à l'horizontale.
<gallery>
<gallery>
File:National palace museum-ming dynasty-sitting buddha.jpg|'''Dhyāni-Mudrā'''<br /> Statue de l'époque [[Dynastie Ming|Ming]]
Fichier:National palace museum-ming dynasty-sitting buddha.jpg|''Dhyāni-mudrā.'' Statue de l'époque [[Dynastie Ming|Ming]].
Image:Bouddha Bhûmisparsha-Mudra 2.JPG|'''Bhûmisparsha-Mudrā''' (Prise de la terre à témoin)<br /> [[Vat Phra Kèo]] de [[Vientiane]]
Fichier:Bouddha Bhûmisparsha-Mudra 2.JPG|''Bhûmisparsha-mudrā'' (Prise de la terre à témoin). [[Vat Phra Kèo]] de [[Vientiane]].
Image:Cernuschi Museum 20060812 154.jpg|'''Vitarka-Mudrā'''<br /> Bouddha japonais au [[Musée Cernuschi]] à Paris
Fichier:Cernuschi Museum 20060812 154.jpg|''Vitarka-mudrā.'' Bouddha japonais, [[Musée Cernuschi]], Paris.
File:Buddha_in_Sarnath_Museum_(Dhammajak_Mutra).jpg|'''Dharmachakra-Mudrā'''<br /> Bouddha enseignant, Art de l'époque Gupta, Musée de [[Sarnath]].
Fichier:Buddha in Sarnath Museum (Dhammajak Mutra).jpg|''Dharmachakra-mudrā.'' Bouddha enseignant. Epoque Gupta, Musée de [[Sarnath]].
</gallery>
</gallery>
{{message galerie}}


* L'''Abhaya-Mudrā'', ou ''mudrā'' de l'absence de crainte et de la protection. En position assise ou debout, avec une seule main en avant, doigts joints vers le haut, paume vers l'extérieur. En Asie du Sud-est (mais pas en Inde<ref>Louis Frédéric, Les Dieux du Bouddhisme. Guide iconographique, {{p.|36-37}}</ref>), les deux mains sont parfois utilisées, cette attitude étant alors appelée « calmant l’océan ».
* L'''Abhaya-mudrā'', ou ''mudrā'' de l'absence de crainte et de la protection. En position assise ou debout, avec une seule main en avant, doigts joints vers le haut, paume vers l'extérieur. En Asie du Sud-est (mais pas en Inde<ref>Louis Frédéric, Les Dieux du Bouddhisme. Guide iconographique, {{p.|36-37}}</ref>), les deux mains sont parfois utilisées, cette attitude étant alors appelée « calmant l’océan ».


* La ''Mettakaruna-Mudrā'', ou ''mudrā'' de la bienveillance et de la compassion. En position debout, les deux bras le long du corps, les mains dans le prolongement, légèrement détachées du corps, paume vers l'intérieur.
* La ''Mettakaruna-mudrā'', ou ''mudrā'' de la bienveillance et de la compassion. En position debout, les deux bras le long du corps, les mains dans le prolongement, légèrement détachées du corps, paume vers l'intérieur.


* L'''Añjali-Mudrā'', aussi appelée Pūjā-Mudrā, ou mudrā du salut et de la considération. Les deux mains sont paumes jointes, doigts tendus, au niveau de la poitrine, les doigts sous le menton. C'est le geste traditionnel du salut en Asie ([[Namasté]], [[Wai]]).
* L'''Añjali-mudrā'', aussi appelée Pūjā-mudrā, ou mudrā du salut et de la considération. Les deux mains sont paumes jointes, doigts tendus, au niveau de la poitrine, les doigts sous le menton. C'est le geste traditionnel du salut en Asie ([[Namasté]], [[Wai]], [[Gassho|Gasshô]]).


* Position de la ''contemplation de l'[[Figuier des pagodes|arbre de la Bodhi]]'' : les deux bras descendent le long du corps et les mains sont croisées au niveau du poignet, paumes reposant sur les cuisses.
* Position de la ''contemplation de l'[[Figuier des pagodes|arbre de la Bodhi]]'' : les deux bras descendent le long du corps et les mains sont croisées au niveau du poignet, paumes reposant sur les cuisses.


<gallery>
<gallery>
Image:VatPhraKèo3.JPG|Bouddha en double '''Abhaya-Mudrā'''<br /> [[Vat Phra Kèo]] de Vientiane
Fichier:VatPhraKèo3.JPG|Bouddha en double ''Abhaya-mudrā.'' [[Vat Phra Kèo]] de Vientiane
Image:Bouddha Mettakaruna-Mudra.JPG|'''Mettakaruna-Mudrā'''<br /> [[Vat Phra Kèo]] de Vientiane
Fichier:Bouddha Mettakaruna-Mudra.JPG|''Mettakaruna-mudrā.'' [[Vat Phra Kèo]] de Vientiane.
Fichier:Bouddha xxx-Mudra.JPG|Regarder l'arbre de Bodhi-mudrā<ref>[http://www.art-and-archaeology.com/seasia/laos/pk02.html Ho Phra Keo, Laos<!-- Titre généré automatiquement -->]</ref>.
File:Buddha statue.jpg|'''Añjali-Mudrā'''
Image:Bouddha xxx-Mudra.JPG|Regarder l'arbre de Bodhi-Mudrā<ref>[http://www.art-and-archaeology.com/seasia/laos/pk02.html Ho Phra Keo, Laos<!-- Titre généré automatiquement -->]</ref>
</gallery>
</gallery>


{{message galerie}}


== Dans la fiction ==
== Dans la fiction ==


* Dans le manga [[Naruto]], les ninjas utilisent 12 ''mudrā'' liés aux signes astrologiques chinois pour effectuer des techniques de ''[[Univers de Naruto#Signes incantatoires|ninjutsu]]''
* Dans le manga [[Naruto]], les ninjas utilisent 12 ''mudrā'' liées aux signes astrologiques chinois pour effectuer des techniques de ''[[Univers de Naruto#Signes incantatoires|ninjutsu]]''.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
Ligne 105 : Ligne 103 :


=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
{{Légende plume}}
*{{Ouvrage|titre=La Symbolique des gestes de mains (Hasta ou Mudrā) selon l'Abhinaya-Darpana|auteur1=[[Tara Michaël]]|éditeur=éditions Sémaphore|lieu=Paris|année=1985}}

* ''Manuel pratique des Mudrās, La gestuelle énergétique de guérison'', Clémence Lefèvre, Ed. Exclusif 2006, {{ISBN|2-84891-037-2}}
==== Études ====
* ''ABC des Mudras'', Flora Desondes, Ed. Grancher 2006, {{ISBN|2-7339-0974-6}}
*{{Ouvrage|auteur1=Flora Desondes|titre=ABC des Mudras. Vos mains vous font du bien|lieu=Paris|éditeur=Grancher|date=2006|pages totales=155|isbn=978-2-733-90974-4|lire en ligne=}}
* {{Lien web | auteur= Jennifer Thiault | url = http://cmdr.ens-lyon.fr/spip.php?article74 | titre = Corps et communication, Les mains comme véhicules de la pensée métaphysique, du bouddhisme à l’iconographie chrétienne | année = 2012| site = Laboratoire Junior CMDR, ENS de Lyon| consulté le = 2 avril 2013}}
*{{Ouvrage|auteur1=Clémence Lefèvre|titre=Manuel pratique des Mudrās. La gestuelle énergétique de guérison|éditeur=Exclusif|date=2006|pages totales=219|isbn=978-2-848-91037-6|lire en ligne=}}
* Toki, Hôryû; Kawamura, Seiichi, tr, (1899). [https://archive.org/details/sidoindzougeste00millgoog "Si-do-in-dzou; gestes de l'officiant dans les cérémonies mystiques des sectes Tendaï et Singon"], Paris, E. Leroux.
*{{Ouvrage|titre=La Symbolique des gestes de mains (Hasta ou Mudrā) selon l'Abhinaya-Darpana|auteur1=[[Tara Michaël]]|éditeur=éditions Sémaphore|lieu=Paris|année=1985|date=|pages totales=326|isbn=978-2-905-95400-8|lire en ligne=}}
*{{Ouvrage|langue=en|auteur1=E. Dale Saunders|titre=Mudrâ. A Study of Symbolic Gestures in Japanese Buddhist Sculpture|lieu=Princeton|éditeur=Princeton University Press|série=Bollingen Series LVIII|date=1985|année première édition=1960|pages totales=XXIII, 296|isbn=978-0-691-01866-9|lire en ligne=|id=Saunders 1985|plume=oui}}
* {{Lien web |auteur=Jennifer Thiault |url=http://cmdr.ens-lyon.fr/spip.php?article74 |titre=Corps et communication, Les mains comme véhicules de la pensée métaphysique, du bouddhisme à l’iconographie chrétienne|année= 2012|site= Laboratoire Junior CMDR, ENS de Lyon|consulté le=2 avril 2013}}

==== Sources ====
* {{Ouvrage|auteur1=|champ libre=d'après le commentaire de M. Horiou Toki, supérieur du temple de Mitani-dji ; traduit du japonais, sous sa direction, par S. Kawamoura, avec introduction et annotations par L. de Milloué, conservateur du Musée Guimet|titre=SI-DO-IN-DZOU. Gestes de l'officiant dans les cérémonies mystiques des sectes Tendaï et Singon /|lieu=Paris|éditeur=Ernest Leroux|date=1899|pages totales=XIX, 234|isbn=|lire en ligne=https://archive.org/details/sidoindzougeste00millgoog}}


=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
*[[Abhaya-Mudrā]]
*[[Abhaya-mudrā]]
*[[Trois tours de roue du dharma]]


{{Palette|Gestuelle|Termes sanskrits|Bouddhisme}}
{{Palette|Gestuelle|Termes sanskrits|Bouddhisme}}
Ligne 124 : Ligne 129 :
[[Catégorie:Art du monde indien]]
[[Catégorie:Art du monde indien]]
[[Catégorie:Iconographie]]
[[Catégorie:Iconographie]]
[[Catégorie:Danse indienne]]
[[Catégorie:Danse en Inde]]

Dernière version du 21 décembre 2023 à 21:07

Position codifiée et symbolique des mains du Bharata natyam.

Mudrā (devanāgarī : मुद्रा, en pali : muddā) est un terme sanskrit signifiant « sceau, signe, geste (symbolique), rituel[1],[2] », qui désigne une position codifiée et symbolique des mains d'une personne (danseur, yogi, pratiquant du bouddhisme) ou de la représentation artistique (peinture, sculpture) d'un personnage ou d'une divinité[3]. L'origine des mudrās est très ancienne et se rattache à la culture védique.

Hindouisme[modifier | modifier le code]

Jnana mudrā.

Il existe un nombre important de mudrās, exécutées avec une seule main ou les deux, leur utilisation correspondant à l'expression d'un sentiment ou d'une situation déterminée. On trouve une combinaison de différentes mudrās permettant une infinité d'expressions qui sont principalement utilisées pour la danse. Dans l'hindouisme, la mudrā est une position codifiée et symbolique des mains d'une personne :

  • Danse : Bharata natyam, Odissi, Mohiniattam, Kuchipudi, Kathak
  • Yoga : Dans le Hatha-yoga, la mudrā intervient après l'accomplissement de la posture (āsana) et de la respiration (prāṇāyāma), elle scelle le souffle à l’intérieur du corps et le protège contre les maux[4]. C'est une posture statique visant à favoriser une stabilité mentale : Maha mudrā (tout le corps est fixe) ; ou une partie seulement comme les mains est fixe : Jnana mudrā.
  • Rituel : Dans les rituels védiques, les hymnes sacrés sont psalmodiés avec des gestes des mains[5]. Dans le rituel hindou, notamment le tantrisme, les mudrā sont employées en association avec des mantra et une concentration mentale (bhāvanā) sur l'acte sacré. « La mudrā, qui est, au sens littéral, "un sceau", a pour fonction d'apposer un cachet sur la parole et sur l'acte liturgique, de leur donner autorité, puissance spirituelle et efficacité magique[4] ».
  • Art : dans l'iconographie hindoue, les divinités et personnages présentent souvent des gestes de la main qui les caractérisent.

Iconographie[modifier | modifier le code]

Pour les divinités, les gestes les plus fréquents sont l'abhaya-mudrā (décrit plus bas dans l'art bouddhique) et la varada-mudrā (la paume en haut et les doigts pointant vers le bas, le bras étant baissé). Dans la dénomination d’une mudrā, le terme ‘hasta’ est parfois ajouté voir substitué au terme mudrā. On peut aussi bien dire abhayamudrā ou abhayahasta, que abhayahastamudrā. Les explications à ce sujet divergent fortement et ne sont jamais suivies[6].

La manière dont une main tient un attribut est aussi souvent une mudrā, comme la kartari-mudrā ou kartari-hasta, où l’index et le majeur forment un V vers le haut pour tenir un attribut. Souvent aussi, comme dans les gestes de la main de la danse, l’objet tenu n’est pas représenté, ce qui peut mener à diverses interprétations de l’objet tenu et de l’intention iconographique, comme pour le kaṭaka-hasta, le geste du ‘bracelet’, où le majeur et l’annulaire forment un cercle avec le pouce, les deux autres doigts légèrement relevés, formant comme des oreilles d’une tête de lion formée par le poing, d’où l’autre nom de cette mudrā : siṃhakarṇa (oreilles de lion). Parfois même un objet, comme une fleur fraîche pour une représentation de Lakshmi ou Parvati[7], ou une représentation de l’attribut en métal précieux est déposé au creux des doigts formant un bracelet, comme l’arc de Rāma.

On trouve des mudrā typiques de certaines représentations iconographiques. Par exemple, dans les représentations de Shiva dansant (Nataraja), l’un des bras du dieu est placé en diagonale devant sa poitrine, les doigts de la main réunis pointant vers son pied. Cette mudrā est nommée gaja-hasta « main de l’éléphant », le bras et la main formant comme une trompe d’éléphant (parfois aussi appelée daṇḍa-hasta, dola-hasta ou kari-hasta) « qui indique que le dévot doit chercher refuge et protection dans son pied levé »[8]. Une autre mudrā de cette représentation est appelée ardha-chandra (demi-lune), le bras levé, la paume vers le haut, formant avec les doigts un croissant de lune et recueillant un feu.

Souvent, la main gauche est représentée reposant sur la hanche (kaṭyavalaṃbita-hasta)[7].

Quelques mudras[modifier | modifier le code]

  • Tarjanī-hasta (ou tarjanī-mudrā) : Ce geste de la main montre l’index pointé vers le haut de manière menaçante. Certains le nomment aussi sūci-mudrā, la mudrā de l’aiguille, bien que celle-ci pointe selon Rao plutôt vers le bas[7]
  • Vismaya-hasta : Ce geste dénotant l’étonnement ou l’admiration est montré par la main levée, les doigts écartés, la paume vers l’intérieur. Ce geste est fréquent dans l’art Pallava.
  • La dhyana-mudrā, décrite plus bas pour le bouddhisme, est souvent nommée yoga-mudrā dans les représentations hindouistes.
  • Il est fréquent que les déesses laissent leur bras balancer gracieusement le long du corps, c’est le lola-hasta.
  • La vyākhyāna-mudrā est aussi appelée vitarkamudrā (voir plus bas dans la section bouddhisme)[9], jñānamudrā ou cinmudrā. Selon certaines sources[10], ces deux dernières dénominations désignent ce geste avec la paume vers le cœur, tandis que pour les premières elle fait face à l’observateur. Mais il n’y a pas de consensus.


Bouddhisme[modifier | modifier le code]

Mudrās de Vairocana.

Dans l'art bouddhique, les représentations de Bouddhas, Bodhisattvas et Yidams utilisent un nombre restreint de mudrās, associés à une posture du corps (asana).

Canons de la sculpture bouddhique[modifier | modifier le code]

L'enseignement originel du Bouddha excluait formellement une idolâtrie qu'aurait pu entraîner la dévotion à des images le représentant. Cette exigence fut peu à peu contournée à partir du Ier siècle par le courant Mahayana (« Grand Véhicule) » qui arguait que les représentations proposées aux fidèles ne devaient être qu'une image symbolique, impersonnelle et propice à la méditation. Comme il n'existait aucun portrait nature du Bouddha, les artistes furent réduits à produire des représentations idéalisées, fondées sur les indications trouvées par des textes anciens. Un ensemble de caractéristiques fixes s'est alors progressivement imposés, qui ne variera plus beaucoup au cours des siècles.

Trois postures principales du corps sont représentées dans la statuaire :

  • Assis dans la position du lotus, jambes repliées et croisées. Quelques plus rares statues en position assise à l'européenne, ou en demi-lotus existent.
  • Debout, les pieds joints, ou marchant (création de l'art de l'école de Sukhothaï Thaïlande) .
  • Couché sur le côté, une main sous la tête, position dans l'attente de l'accès au parinirvana.

Quelques mudrās dans la sculpture bouddhique[modifier | modifier le code]

Afin d'illustrer différents enseignements et épisodes de la vie de Bouddha, certaines mudrâs récurrentes sont représentées dans la statuaire, en nombre limité et plus ou moins fréquemment :

  • La Dhyāni-mudrā, ou mudrā de la méditation. En position assise, la main droite repose dans la main gauche posée dans le giron, paume en l'air et les deux pouces s'effleurant. C'est une des représentations les plus courantes.
  • La Bhûmisparsha-mudrā, ou mudrā de la prise de la terre à témoin. Même position que la Dhyâni-mudrâ, mais la main droite est posée sur le genou, les doigts effleurant la terre. Dans sa dernière méditation avant l'éveil, Bouddha subit les attaques de Māra, personnification du mal, qui tenta divers stratagèmes pour interrompre sa méditation. Finalement, Māra nia la réalité de l'éveil du Bouddha, arguant qu'il n'y avait pas de témoin ; celui-ci toucha alors la terre (Bhūmi ou Prithvi), qui était son témoin. Cette représentation est également très courante ; c'est par exemple celle du grand Bouddha d'or de Bangkok.
  • La Vitarka-mudrā, ou mudrā de l'enseignement et de l'argumentation. En position debout ou assise, la main droite est relevée au niveau de l'épaule et le pouce forme avec l'index un cercle, les autres doigts étant relevés. Le bras gauche est au niveau de la taille, la main effectuant le même geste ou parfois la paume tournée vers le haut. Cette mudrâ est particulièrement important dans la statuaire de Dvaravati.
  • La Dharmachakra-mudrā, ou mudrā de la mise en mouvement de la roue de la Loi ou Dharma. En position assise ou debout, les deux mains sont devant le corps au niveau de la taille, la paume droite tournée vers l'extérieur, la gauche vers l'intérieur, pouce et index joints formant deux cercles tangents, la main droite à la verticale, la gauche à l'horizontale.
  • L'Abhaya-mudrā, ou mudrā de l'absence de crainte et de la protection. En position assise ou debout, avec une seule main en avant, doigts joints vers le haut, paume vers l'extérieur. En Asie du Sud-est (mais pas en Inde[11]), les deux mains sont parfois utilisées, cette attitude étant alors appelée « calmant l’océan ».
  • La Mettakaruna-mudrā, ou mudrā de la bienveillance et de la compassion. En position debout, les deux bras le long du corps, les mains dans le prolongement, légèrement détachées du corps, paume vers l'intérieur.
  • L'Añjali-mudrā, aussi appelée Pūjā-mudrā, ou mudrā du salut et de la considération. Les deux mains sont paumes jointes, doigts tendus, au niveau de la poitrine, les doigts sous le menton. C'est le geste traditionnel du salut en Asie (Namasté, Wai, Gasshô).
  • Position de la contemplation de l'arbre de la Bodhi : les deux bras descendent le long du corps et les mains sont croisées au niveau du poignet, paumes reposant sur les cuisses.


Dans la fiction[modifier | modifier le code]

  • Dans le manga Naruto, les ninjas utilisent 12 mudrā liées aux signes astrologiques chinois pour effectuer des techniques de ninjutsu.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « mudrā » in Gérard Huet, The Sanskrit Heritage Dictionary. [lire en ligne (page consultée le 4 février 2021)]
  2. Saunders 1985, p. 199, note 1.
  3. B.M. Sullivan, The A to Z of Hinduism, Vision Books, (ISBN 8-170-94521-6) p. 137-138
  4. a et b Tara Michaël 1985, p. XXVI
  5. Tara Michaël 1985, p. XXIII
  6. Gösta Liebert, Iconographic Dictionary of the Indian Religions, Hinduism-Buddhism-Jainism, 1976, p. 182
  7. a b et c (en)Elements of Hindu Iconography par T.A. Gopinatha Rao, volume I, page 15.
  8. C. Sivaramamurti, L'art en Inde, Citadelle et Mazenod, Paris 1999, p. 111
  9. Aussi bodhyaṅgī-, sandarśaṇa- et upadeśa-mudrā selon Liebert
  10. Stutley, Margaret (2003), The Illustrated Dictionary of Hindu Iconography (First Indian Edition ed.), New Delhi: Munshiram Manoharlal Publishers Pvt. Ltd., (ISBN 81-215-1087-2) Originally published 1985, Routledge & Kegan Paul plc, London, p. 60
  11. Louis Frédéric, Les Dieux du Bouddhisme. Guide iconographique, p. 36-37
  12. Ho Phra Keo, Laos

Annexes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Études[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

  • SI-DO-IN-DZOU. Gestes de l'officiant dans les cérémonies mystiques des sectes Tendaï et Singon / (d'après le commentaire de M. Horiou Toki, supérieur du temple de Mitani-dji ; traduit du japonais, sous sa direction, par S. Kawamoura, avec introduction et annotations par L. de Milloué, conservateur du Musée Guimet), Paris, Ernest Leroux, , XIX, 234 (lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]