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'''Marie-Louise Le Manac’h''', dite '''Maï Manac'h''', plus connue sous le nom de '''Lady Mond''', est née le {{date de naissance|5|février|1869}} à [[Belle-Isle-en-Terre]] dans les [[Côtes-d'Armor|Côtes-du-Nord]]. Elle est morte le {{date de décès|21|novembre|1949}} dans sa ville natale. Du fait de son mariage avec Sir [[Robert Mond]], elle fut l’une des femmes les plus riches et les plus en vue de son époque, pratiquant activement le [[mécénat]].
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'''Marie-Louise Le Manac’h''', dite '''Maï Manac'h''', plus connue comme '''Lady Mond''', est née le {{date|5|février|1869}} à [[Belle-Isle-en-Terre]] dans les [[Côtes-d'Armor]]. Elle est morte le {{date|21|novembre|1949}} dans sa ville natale. Du fait de son mariage avec Sir [[Robert Mond]], elle fut l’une des femmes les plus riches et les plus en vue de son époque, pratiquant activement le mécénat.


== Jeunesse et premier mariage ==
== Jeunesse et premier mariage ==
« Maï » est née le {{date-|6 février 1869}}, à deux heures du matin, au moulin de Prat-Guéguen où son père, Guillaume Le Manac’h, est un modeste meunier. En janvier 1858, il avait épousé Maryvonne Le Roy, ménagère, avec laquelle il aura dix enfants – 9 garçons dont 4 meurent en bas âge ; elle est la sixième de la fratrie. S’exprimant d'abord en [[breton]], elle fréquente l’école des filles où l’on note qu’elle est une bonne élève en [[français]]. Le {{date-|1 juin 1885}}, les propriétaires du moulin de son père l’emmènent aux funérailles de [[Victor Hugo]], ce qui lui permet d’entrevoir la vie parisienne. Après une enfance passée dans la vallée du [[Léguer]], elle quitte Belle-Isle en Terre en 1886 pour [[Saint-Brieuc]], où elle travaille à l’Hôtel de la Croix-Rouge. L’année suivante, elle arrive à Paris et s’installe à [[Montmartre]], où son premier emploi est vendeuse de fleurs dans la rue. Ses premières années à Paris restent mystérieuses, mais elle aurait fréquenté le milieu des artistes, notamment des élèves des Beaux-Arts. Le {{Date-|23 juin 1893}}, elle est condamnée à 2 mois de prison pour [[outrage public à la pudeur]] par le tribunal correctionnel de la Seine pour une exhibition nue, à la suite d'un pari, au cours d'une soirée arrosée au restaurant Lemardelay. Elle rencontre un [[Forts des Halles|fort des Halles]] Simon Gugenheim, avec qui elle déménage en [[Grande-Bretagne]] et s’installe à [[Londres]]. Le mariage a lieu le {{Date-|5 février 1897}}<ref>[https://books.google.fr/books?hl=fr&id=pQNJAQAAMAAJ&dq=gugenheim+le+manach&focus=searchwithinvolume&q=simon+gugenheim+ Date mariage] Mémorial des bretons vol.5 sur books.google</ref>. Simon Gugenheim, qui était marchand de fruits et légumes, meurt le {{date-|25 décembre 1900}}, atteint de [[tuberculose]] et d’une [[cirrhose]] du foie.

« Maï » est née le 6 février 1869, à deux heures du matin, au moulin de Prat-Guéguen où son père, Guillaume Le Manac’h, est un modeste meunier. En janvier [[1858]], il avait épousé Maryvonne Le Roy , ménagère, avec laquelle il aura dix enfants – 9 garçons dont 4 meurent en bas âge ; elle est la sixième de la fratrie. S’exprimant d'abord en [[breton]], elle fréquente l’école des filles où l’on note qu’elle est une bonne élève en [[français]]. Le {{date|1|juin|1885}}, les propriétaires du moulin de son père l’emmènent aux funérailles de [[Victor Hugo]], ce qui lui permet d’entrevoir la vie parisienne. Après une enfance passée dans la vallée du Léguer, elle quitte Belle-Isle en Terre en [[1886]] pour [[Saint-Brieuc]], où elle travaille à l’Hôtel de la Croix-Rouge. L’année suivante, elle arrive à Paris et s’installe à [[Montmartre]], où son premier emploi est vendeuse de fleurs dans la rue. Ses premières années à Paris restent mystérieuses, mais elle aurait fréquenté le milieu des artistes, notamment des élèves des Beaux-Arts. Le {{Date|23|juin|1893}}, elle est condamnée à 2 mois de prison pour [[outrage public à la pudeur]] par le tribunal correctionnel de la Seine pour une exhibition nue, à la suite d'un pari, au cours d'une soirée arrosée au restaurant Lemardelay. Elle rencontre Simon Gugenheim, avec qui elle déménage en [[Grande-Bretagne]] et s’installe à [[Londres]]. Le mariage a lieu le {{Date|15|février|1894}}. Simon Gugenheim, qui était marchand de fruits et légumes, meurt le {{date|25|décembre|1900}}, atteint de [[tuberculose]] et d’une [[cirrhose]] du foie.


== La maîtresse d’Antoine d’Orléans, duc de Galliera ==
== La maîtresse d’Antoine d’Orléans, duc de Galliera ==
En 1900, quelque temps après le décès de son époux, elle rencontre, à l'[[hôtel Savoy]] de [[Londres]], l’[[infant]] d’[[Espagne]] [[Antoine d'Orléans (1866-1930)]], duc de [[Galliera (Italie)|Galliera]], petit-fils du roi des Français [[Louis-Philippe Ier|Louis-Philippe {{Ier}}]] et du roi d’Espagne [[Ferdinand VII]], séparé légalement de son épouse l’infante Eulalie. Elle devient sa maîtresse, et ce jusqu’en 1906. Cette liaison lui ouvre les portes d’un monde bien différent de celui qu'elle connaissait et modifie radicalement son statut social. Le {{date-|27 mai 1902}}, Marie-Louise Le Manac’h revient à Belle-Isle-en-Terre où elle fait l’acquisition d’une maison. Néanmoins, sa résidence principale demeure à Paris, sur la rive droite, où l'infant la rejoint quotidiennement. Le couple mène une vie mondaine, séjourne fréquemment à Londres, ce qui lui permet de parler couramment anglais, mais aussi à [[Séville]]. Elle rencontre en audience privée le pape [[Pie X]].


Cependant, même avec sa maîtresse, l'Infant est incapable de rester fidèle et, en 1906, il finit par se lasser de celle qu’il a peu à peu introduite dans « le grand monde ». Antoine d'Orléans ne sort cependant pas totalement indemne de cette relation, car sa maîtresse, furieuse d’être éconduite, lui brise plusieurs dents en le frappant violemment de son ombrelle, [[Rue de la Paix (Paris)|rue de la Paix]] à Paris.
En [[1900]], quelque temps après le décès de son époux, elle rencontre, à l'[[hôtel Savoy]] de [[Londres]], l’[[infant]] d’[[Espagne]] [[Antoine d'Orléans (1866-1930)]], duc de [[Galliera (Italie)|Galliera]], petit-fils du roi des Français [[Louis-Philippe Ier|Louis-Philippe {{Ier}}]] et du roi d’Espagne [[Ferdinand VII d'Espagne|Ferdinand VII]], séparé légalement de son épouse l’infante Eulalie. Elle devient sa maîtresse, et ce jusqu’en [[1906]]. Cette liaison lui ouvre les portes d’un monde bien différent de celui qu'elle connaissait et modifie radicalement son statut social. Le {{date|27|mai|1902}}, Marie-Louise Le Manac’h revient à Belle-Isle-en-Terre où elle fait l’acquisition d’une maison. Néanmoins, sa résidence principale demeure à Paris, sur la rive droite, où l'infant la rejoint quotidiennement. Le couple mène une vie mondaine, séjourne fréquemment à Londres, ce qui lui permet de parler couramment anglais, mais aussi à [[Séville]]. Elle rencontre en audience privée le pape [[Pie X]].

Cependant, même avec sa maîtresse, l'Infant est incapable de rester fidèle et, en [[1906]], il finit par se lasser de celle qu’il a peu à peu introduite dans « le grand monde ». Antoine d'Orléans ne sort cependant pas totalement indemne de cette relation car sa maîtresse, furieuse d’être éconduite, lui brise plusieurs dents en le frappant violemment de son ombrelle, [[Rue de la Paix (Paris)|rue de la Paix]] à Paris.


== Lady Mond ==
== Lady Mond ==

* Voir article consacré à '''[[Robert Mond|Sir Robert Mond]]'''
* Voir article consacré à '''[[Robert Mond|Sir Robert Mond]]'''
[[Image:Biet chateau coatannoz.jpg|thumb|300px|right|[[Château de Coat-an-Noz]]]]
[[Fichier:Biet chateau coatannoz.jpg|vignette|300px|[[Château de Coat-an-Noz]].]]
[[Image:S5000202.JPG|thumb|300px|right|Le château de Belle-Isle-en-Terre]]
[[Fichier:S5000202.JPG|vignette|300px|Le château de Belle-Isle-en-Terre.]]


De retour à Londres en 1910, elle fait la connaissance du richissime homme britannique [[Robert Mond]], que l’on surnomme le roi du nickel et en devient la maîtresse. Il est industriel, chimiste, égyptologue, archéologue, anthropologue, collectionneur, mécène. Il est le fils de [[Ludwig Mond]] chimiste et industriel britannique d'origine allemande, fondateur de la «{{langue|en| Brunner-Mond Company}}». Il en avait pris la direction en 1897. Ils se marient le {{date-|6 décembre 1922}}. Leur vie mondaine a pour lieux privilégiés [[Londres]], [[Paris]], [[Belle-Isle-en-Terre]] et aussi la cité balnéaire de [[Dinard]] ([[Ille-et-Vilaine]]).
De retour à Londres en [[1910]], elle fait la connaissance et devient la maîtresse du richissime britannique [[Robert Mond]], que l’on surnomme le roi du nickel. Il est industriel, chimiste, égyptologue, collectionneur, mécène, fils de Ludwig Mond, le fondateur de la « Brunner-Mond Company », dont il avait pris la direction en [[1897]]. Ils se marient le {{date|6|décembre|1922}}. Leur vie mondaine a pour lieux privilégiés Londres, Paris, Belle-Isle-en-Terre et aussi la cité balnéaire de [[Dinard]]. En [[1924]], les Mond font don à la ville de Dinard de son premier bateau de sauvetage, le « Maï Manach ». En [[1928]], le château du Bec, acheté quatre ans avant et situé dans l’embouchure de la [[Rance (fleuve)|Rance]] face à [[Saint-Malo]] est profondément remanié, décoré de toiles de [[Rembrandt]], [[John Constable|Constable]], [[Antoine Watteau|Watteau]] ; il devient leur résidence principale et se voit rebaptisé le « Castel-Mond ». Le {{date|21|janvier|1929}}, Robert Mond offre à Maï le [[Château de Coat-an-Noz|domaine de Coat-an-Noz]] à Belle-Isle-en-Terre, à l’occasion de son soixantième anniversaire. Ils partagent désormais leur temps entre Coat-an-Noz et Castel-Mond. Elle fait élire son frère Joseph, maire de Belle-Isle-en-Terre, où elle fait construire une nouvelle mairie, la poste, la gendarmerie, un haras, une salle des fêtes et installer de nouveaux vitraux dans l’église. À sa demande, [[Camille Le Mercier d'Erm]] réédite ''Buez ar Pevar Mab Emon'', version bretonne de la [[légende]] des « [[Chanson des quatre fils Aymon|Quatre fils Aymon]] ». Le {{date|3|juin|1932}}, Robert Mond est créé ''Knight bachelor'' par le roi [[George V du Royaume-Uni|George V]] et anobli ; ils deviennent Sir et Lady Mond. Dans les [[années 1930]], le château accueille des lutteurs de [[gouren]] venus des [[Cornouailles]] [[Royaume-Uni|britanniques]] ; Lady Mond fait partie, avec son frère Job Manac’h, du bureau de la ''Fédération des Amis des Luttes et Sports Athlétiques Bretons''. Elle fréquente aussi des celtomanes engagés dans la défense de la culture bretonne, parmi lesquels on peut citer [[François Jaffrennou|François Taldir-Jaffrenou]] et [[Camille Le Mercier d'Erm]], ce qui lui vaut d’être reçue « bardesse » d’honneur du [[Gorsedd de Bretagne]]. Elle est à l’origine de la réédition d’un superbe volume de la tragédie populaire ''Buhez ar Pevar Mab Emon''. En juillet [[1937]], Coat-an-Noz accueille le Gorsedd digor de la [[Gorsedd de Bretagne]].


En 1924, les Mond font une [[donation]] à la ville de Dinard pour l'acquisition de son premier bateau de sauvetage, le « Maï Manach ».
Sir Robert Mond décède le {{date|22|octobre|1938}}. Maï et les deux filles de Sir Robert, issues d’un premier mariage, sont les principales bénéficiaires du testament. Elle est arrêtée au début de l’occupation, incarcérée à la prison de Porz-an-Quenn à [[Guingamp]] pendant plusieurs mois. Le château de Coat-an-Noz est occupé par les Allemands, de même que le Castel-Mond à Dinard. Elle finit sa vie dans le nouveau « Castel Mond », qu’elle a fait construire dans le centre de Belle-Isle-en-Terre, et décède le 21 novembre 1949.


En 1927, Robert Mond achète une ancienne [[malouinière]] construite en 1858<ref group=Note>Malouinière appelée précédemment château Coppinger, du nom de son premier propriétaire James Erhart Coppinger</ref>, située dans l’[[Embouchure (hydrologie)|embouchure]] de la [[Rance (fleuve)|Rance]] face à [[Saint-Malo]]<ref>{{Lien web
Elle est inhumée dans la chapelle de Locmaria, avant transfert de sa dépouille et de celle de son mari en Grande-Bretagne. Depuis [[2005]], un festival de musique du {{XXe siècle}} se tient pendant une semaine à Belle-Isle-en-Terre : « Le printemps de Lady Mond ».
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| titre = Maison dite château Coppinger
| auteur = Ministère de la Culture
| site = pop.culture.gouv.fr
| consulté le = 17 juillet 2022
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En 1928, le château est profondément remanié par l'architecte malouin [[Yves Hémar]], puis décoré de toiles de [[Rembrandt]], [[John Constable|Constable]], [[Antoine Watteau|Watteau]] ; il devient leur résidence principale et se voit rebaptisé le « Castel-Mond »<ref>{{Lien web
== Sources ==
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| titre = Dinard : un homme d’affaires proche de Jacques Chirac achète la villa Castel Mond
| auteur = Ouest-France
| site = [[Ouest-France|ouest-france.fr]]
| date = 2 mars 2012
| consulté le = 17 juillet 2022
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Le {{date-|21 janvier 1929}}, Robert Mond offre à Maï le [[Château de Coat-an-Noz|domaine de Coat-an-Noz]] à Belle-Isle-en-Terre, ainsi que le Manoir de Ker-Goz sur la plage de Saint Efflam à Plestin les Gréves à l’occasion de son soixantième anniversaire. Ils partagent désormais leur temps entre Coat-an-Noz et Castel-Mond. Elle fait élire son frère Joseph, maire de Belle-Isle-en-Terre, où elle fait construire une nouvelle mairie, la poste, la gendarmerie, un haras, une salle des fêtes et installer de nouveaux vitraux dans l’église. À sa demande, [[Camille Le Mercier d'Erm]] réédite en un superbe volume ''Buez ar Pevar Mab Emon'', version bretonne de la [[légende]] des « [[Chanson des quatre fils Aymon|Quatre fils Aymon]] ». Le {{date-|3 juin 1932}}, Robert Mond est anobli, créé ''Knight bachelor'' par le roi [[George V du Royaume-Uni|George V]] : ils deviennent Sir Robert et Lady Mond. Dans les [[années 1930]], le château accueille des lutteurs de [[gouren]] venus des [[Cornouailles]] [[Royaume-Uni|britanniques]] ; Lady Mond fait partie, avec son frère Job Manac’h, du bureau de la ''Fédération des Amis des Luttes et Sports Athlétiques Bretons''. Elle fréquente aussi des celtomanes engagés dans la défense de la culture bretonne, parmi lesquels on peut citer [[François Jaffrennou|François Taldir-Jaffrenou]] et [[Camille Le Mercier d'Erm]], ce qui lui vaut d’être reçue « bardesse » d’honneur du [[Gorsedd de Bretagne]]. En juillet 1937, Coat-an-Noz accueille le Gorsedd digor de la [[Gorsedd de Bretagne]].

Sir Robert Mond décède le {{date-|22 octobre 1938}}. Maï et les deux filles de Sir Robert, issues d’un premier mariage, sont les principales bénéficiaires du testament. Elle est arrêtée sur dénonciation au début de l'[[Occupation de la France par l'Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale|Occupation]], incarcérée à la prison de Porz-an-Quenn à [[Guingamp]] pendant plusieurs mois pour détention d'armes, probablement par Alain Guerduel ([[pseudonyme]] d'un [[Collaboration dans l'Europe occupée par les nazis|collaborateur]] notoire), époux de Marie Kerlivan (aussi un pseudonyme), dont les parents étaient au service de Lady Mond<ref>Kristian Hamon, "Agents du Reich en Bretagne", chapitre ''Trahir en couple'', Skol Vreizh, 2011, {{ISBN|978-2-915623-80-2}} et https://www.shabretagne.com/scripts/files/58977dad88c9f0.63703713/2012_55.pdf</ref>. Le château de Coat-an-Noz est occupé par les Allemands, de même que le Castel-Mond à Dinard. Elle finit sa vie dans le nouveau « Castel Mond », qu’elle a fait construire dans le centre de Belle-Isle-en-Terre, et décède le {{date-|21 novembre 1949}}.

Elle est inhumée dans la chapelle de Locmaria ([[mausolée|Mausolée de Lady Mond]]<ref>{{Lien web
| url = https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA00004361
| titre = Mausolée de Lady Mond
| auteur = Ministère de la Culture
| site = pop.culture.gouv.fr
| consulté le = 17 juillet 2022
}}.</ref>) auprès des cendres de son mari, transférées plus tard en Grande-Bretagne. Depuis 2005, un festival de musique du {{XXe siècle}} se tient pendant une semaine à Belle-Isle-en-Terre : « le printemps de Lady Mond ».

== Sources ==
* Pierre Delestre, ''Lady Mond - Maï la Bretonne'', [[Coop Breizh|Édition Coop Breizh]], [[Spézet]], [[1984]]. {{ISBN|2-84346-222-3}}
* Pierre Delestre, ''Lady Mond - Maï la Bretonne'', [[Coop Breizh|Édition Coop Breizh]], [[Spézet]], [[1984]]. {{ISBN|2-84346-222-3}}
* Jean-Loup Avril, ''Mille Bretons, dictionnaire biographique'', Les Portes du Large, Saint-Jacques-de-la-Lande, 2002, {{ISBN|2-914612-10-9}}
* Jean-Loup Avril, ''Mille Bretons, dictionnaire biographique'', article « Marie-Louise Le Manac'h », p. 284, Les Portes du Large, Saint-Jacques-de-la-Lande, 2002, {{ISBN|2-914612-10-9}}

* Mairie de Belle Isle en Terre - Acte de naissance
== Marché de l'art ==
Différents objets d'art ayant appartenu à Lady Mond ont été vendus aux [[enchère]]s, les 10 et {{date-|11 août 2020}}, à [[Saint-Martin-des-Champs (Finistère)|Saint-Martin-des-Champs]] ([[Finistère]])<ref>{{Lien web
| url = https://www.letelegramme.fr/finistere/morlaix/des-objets-de-la-bretonne-et-richissime-lady-mond-aux-encheres-mardi-11-aout-07-08-2020-12595229.php
| titre = Des objets de la Bretonne et richissime Lady Mond aux enchères mardi 11 août
| site = [[Le Télégramme|letelegramme.fr]]
| date = 7 août 2020
| consulté le = 17 juillet 2022
}}.</ref>.

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|groupe=Note}}
=== Références ===
{{références|taille=24}}

== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
* [[Robert Mond]]
* [[Chapelle de Locmaria de Belle-Isle-en-Terre]]


== Liens externes ==
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* [https://www.argedour.bzh/une-grande-dame-bretonne-lady-mond/ Une grande dame bretonne : Lady Mond] sur le site argedour.bzh
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Dernière version du 23 décembre 2023 à 10:20

Lady Mond
Photographie de Maï à 20 ans (Collection M. Delestre)
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Marie-Louise Le Manac’hVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Père
Guillaume Jean le Manach (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Robert Mond (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
Gorsedd de Bretagne
Fédération des amis de la lutte et des sports et jeux d'adresse de Bretagne (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Marie-Louise Le Manac’h, dite Maï Manac'h, plus connue sous le nom de Lady Mond, est née le à Belle-Isle-en-Terre dans les Côtes-du-Nord. Elle est morte le dans sa ville natale. Du fait de son mariage avec Sir Robert Mond, elle fut l’une des femmes les plus riches et les plus en vue de son époque, pratiquant activement le mécénat.

Jeunesse et premier mariage[modifier | modifier le code]

« Maï » est née le , à deux heures du matin, au moulin de Prat-Guéguen où son père, Guillaume Le Manac’h, est un modeste meunier. En janvier 1858, il avait épousé Maryvonne Le Roy, ménagère, avec laquelle il aura dix enfants – 9 garçons dont 4 meurent en bas âge ; elle est la sixième de la fratrie. S’exprimant d'abord en breton, elle fréquente l’école des filles où l’on note qu’elle est une bonne élève en français. Le , les propriétaires du moulin de son père l’emmènent aux funérailles de Victor Hugo, ce qui lui permet d’entrevoir la vie parisienne. Après une enfance passée dans la vallée du Léguer, elle quitte Belle-Isle en Terre en 1886 pour Saint-Brieuc, où elle travaille à l’Hôtel de la Croix-Rouge. L’année suivante, elle arrive à Paris et s’installe à Montmartre, où son premier emploi est vendeuse de fleurs dans la rue. Ses premières années à Paris restent mystérieuses, mais elle aurait fréquenté le milieu des artistes, notamment des élèves des Beaux-Arts. Le , elle est condamnée à 2 mois de prison pour outrage public à la pudeur par le tribunal correctionnel de la Seine pour une exhibition nue, à la suite d'un pari, au cours d'une soirée arrosée au restaurant Lemardelay. Elle rencontre un fort des Halles Simon Gugenheim, avec qui elle déménage en Grande-Bretagne et s’installe à Londres. Le mariage a lieu le [1]. Simon Gugenheim, qui était marchand de fruits et légumes, meurt le , atteint de tuberculose et d’une cirrhose du foie.

La maîtresse d’Antoine d’Orléans, duc de Galliera[modifier | modifier le code]

En 1900, quelque temps après le décès de son époux, elle rencontre, à l'hôtel Savoy de Londres, l’infant d’Espagne Antoine d'Orléans (1866-1930), duc de Galliera, petit-fils du roi des Français Louis-Philippe Ier et du roi d’Espagne Ferdinand VII, séparé légalement de son épouse l’infante Eulalie. Elle devient sa maîtresse, et ce jusqu’en 1906. Cette liaison lui ouvre les portes d’un monde bien différent de celui qu'elle connaissait et modifie radicalement son statut social. Le , Marie-Louise Le Manac’h revient à Belle-Isle-en-Terre où elle fait l’acquisition d’une maison. Néanmoins, sa résidence principale demeure à Paris, sur la rive droite, où l'infant la rejoint quotidiennement. Le couple mène une vie mondaine, séjourne fréquemment à Londres, ce qui lui permet de parler couramment anglais, mais aussi à Séville. Elle rencontre en audience privée le pape Pie X.

Cependant, même avec sa maîtresse, l'Infant est incapable de rester fidèle et, en 1906, il finit par se lasser de celle qu’il a peu à peu introduite dans « le grand monde ». Antoine d'Orléans ne sort cependant pas totalement indemne de cette relation, car sa maîtresse, furieuse d’être éconduite, lui brise plusieurs dents en le frappant violemment de son ombrelle, rue de la Paix à Paris.

Lady Mond[modifier | modifier le code]

Château de Coat-an-Noz.
Le château de Belle-Isle-en-Terre.

De retour à Londres en 1910, elle fait la connaissance du richissime homme britannique Robert Mond, que l’on surnomme le roi du nickel et en devient la maîtresse. Il est industriel, chimiste, égyptologue, archéologue, anthropologue, collectionneur, mécène. Il est le fils de Ludwig Mond chimiste et industriel britannique d'origine allemande, fondateur de la « Brunner-Mond Company». Il en avait pris la direction en 1897. Ils se marient le . Leur vie mondaine a pour lieux privilégiés Londres, Paris, Belle-Isle-en-Terre et aussi la cité balnéaire de Dinard (Ille-et-Vilaine).

En 1924, les Mond font une donation à la ville de Dinard pour l'acquisition de son premier bateau de sauvetage, le « Maï Manach ».

En 1927, Robert Mond achète une ancienne malouinière construite en 1858[Note 1], située dans l’embouchure de la Rance face à Saint-Malo[2].

En 1928, le château est profondément remanié par l'architecte malouin Yves Hémar, puis décoré de toiles de Rembrandt, Constable, Watteau ; il devient leur résidence principale et se voit rebaptisé le « Castel-Mond »[3].

Le , Robert Mond offre à Maï le domaine de Coat-an-Noz à Belle-Isle-en-Terre, ainsi que le Manoir de Ker-Goz sur la plage de Saint Efflam à Plestin les Gréves à l’occasion de son soixantième anniversaire. Ils partagent désormais leur temps entre Coat-an-Noz et Castel-Mond. Elle fait élire son frère Joseph, maire de Belle-Isle-en-Terre, où elle fait construire une nouvelle mairie, la poste, la gendarmerie, un haras, une salle des fêtes et installer de nouveaux vitraux dans l’église. À sa demande, Camille Le Mercier d'Erm réédite en un superbe volume Buez ar Pevar Mab Emon, version bretonne de la légende des « Quatre fils Aymon ». Le , Robert Mond est anobli, créé Knight bachelor par le roi George V : ils deviennent Sir Robert et Lady Mond. Dans les années 1930, le château accueille des lutteurs de gouren venus des Cornouailles britanniques ; Lady Mond fait partie, avec son frère Job Manac’h, du bureau de la Fédération des Amis des Luttes et Sports Athlétiques Bretons. Elle fréquente aussi des celtomanes engagés dans la défense de la culture bretonne, parmi lesquels on peut citer François Taldir-Jaffrenou et Camille Le Mercier d'Erm, ce qui lui vaut d’être reçue « bardesse » d’honneur du Gorsedd de Bretagne. En juillet 1937, Coat-an-Noz accueille le Gorsedd digor de la Gorsedd de Bretagne.

Sir Robert Mond décède le . Maï et les deux filles de Sir Robert, issues d’un premier mariage, sont les principales bénéficiaires du testament. Elle est arrêtée sur dénonciation au début de l'Occupation, incarcérée à la prison de Porz-an-Quenn à Guingamp pendant plusieurs mois pour détention d'armes, probablement par Alain Guerduel (pseudonyme d'un collaborateur notoire), époux de Marie Kerlivan (aussi un pseudonyme), dont les parents étaient au service de Lady Mond[4]. Le château de Coat-an-Noz est occupé par les Allemands, de même que le Castel-Mond à Dinard. Elle finit sa vie dans le nouveau « Castel Mond », qu’elle a fait construire dans le centre de Belle-Isle-en-Terre, et décède le .

Elle est inhumée dans la chapelle de Locmaria (Mausolée de Lady Mond[5]) auprès des cendres de son mari, transférées plus tard en Grande-Bretagne. Depuis 2005, un festival de musique du XXe siècle se tient pendant une semaine à Belle-Isle-en-Terre : « le printemps de Lady Mond ».

Sources[modifier | modifier le code]

Marché de l'art[modifier | modifier le code]

Différents objets d'art ayant appartenu à Lady Mond ont été vendus aux enchères, les 10 et , à Saint-Martin-des-Champs (Finistère)[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Malouinière appelée précédemment château Coppinger, du nom de son premier propriétaire James Erhart Coppinger

Références[modifier | modifier le code]

  1. Date mariage Mémorial des bretons vol.5 sur books.google
  2. Ministère de la Culture, « Maison dite château Coppinger », sur pop.culture.gouv.fr (consulté le ).
  3. Ouest-France, « Dinard : un homme d’affaires proche de Jacques Chirac achète la villa Castel Mond », sur ouest-france.fr, (consulté le ).
  4. Kristian Hamon, "Agents du Reich en Bretagne", chapitre Trahir en couple, Skol Vreizh, 2011, (ISBN 978-2-915623-80-2) et https://www.shabretagne.com/scripts/files/58977dad88c9f0.63703713/2012_55.pdf
  5. Ministère de la Culture, « Mausolée de Lady Mond », sur pop.culture.gouv.fr (consulté le ).
  6. « Des objets de la Bretonne et richissime Lady Mond aux enchères mardi 11 août », sur letelegramme.fr, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Vidéo externe
Itinéraire Bretagne sur les bretonnes illustres Ep. 2 Lady Mond sur le compte YouTube de France 3 Bretagne