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| titre = The Freewheelin' Bob Dylan
| titre = The Freewheelin' Bob Dylan
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| artiste = [[Bob Dylan]]
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| sorti = {{date|27|mai|1963|en musique}}
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| enregistré = {{date|9|juillet|1962|en musique}} - [[24 avril]] 1963
| enregistré = {{date-|24 avril 1962}} {{date-|24 avril 1963}}
| enregistré lieu = Columbia Studio A (New York)
| producteur = [[John Hammond (producteur)|John Hammond]], [[Tom Wilson (producteur)|Tom Wilson]]
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| genre = [[Folk rock]]
| genre = [[Musique folk|folk]], [[blues]]
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| label = [[Columbia Records|Columbia]]
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| classement = {{1er}} ([[UK Albums Chart|Royaume-Uni]])<br>{{22e}} ([[Billboard 200|États-Unis]])
| critique = [[AllMusic]] {{Étoiles|5}}
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| single 1 = {{langue|en|[[Blowin' in the Wind]]}} | date 1 = {{date-|13 août 1963}}
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'''''{{langue|en|The Freewheelin' Bob Dylan}}''''' est le deuxième [[album studio]] de l'auteur-compositeur-interprète américain [[Bob Dylan]]. Il est sorti le {{date|27 mai 1963|en musique}} sur le label [[Columbia Records]].


Contrairement à son [[Bob Dylan (album)|premier album]], principalement composé de [[reprise]]s, ''{{langue|en|The Freewheelin' Bob Dylan}}'' ne contient presque que des chansons écrites et composées par Dylan. Certaines ont pour sujet l'actualité politique et sociale, avec des références au [[mouvement des droits civiques]] et à la crainte d'une [[guerre nucléaire]], tandis que d'autres sont des chansons d'amour plus personnelles, en partie inspirées de sa relation amoureuse avec [[Suze Rotolo]]. La pochette de l'album montre Dylan et Rotolo marchant dans les rues de [[New York]].
'''''The Freewheelin' Bob Dylan''''' est le deuxième album de [[Bob Dylan]], [[auteur-compositeur-interprète]] américain de [[musique folk|folk]]/[[rock]]. Sorti en [[1963 en musique|1963]], cet album a permis d’établir la notoriété de Dylan comme compositeur : pour la première fois, Dylan y interprète essentiellement ses propres compositions. L’album a été disque de platine aux [[États-Unis]] et #1 au [[Royaume-Uni]].


Porté par le succès international de la reprise de ''{{langue|en|[[Blowin' in the Wind]]}}'' par le trio [[Peter, Paul and Mary]], ''{{langue|en|The Freewheelin' Bob Dylan}}'' permet à Dylan de percer. Ses chansons engagées, comme ''{{langue|en|[[Masters of War]]}}'' ou ''{{langue|en|[[A Hard Rain's a-Gonna Fall]]}}'', lui confèrent une réputation de porte-parole de sa génération dont il lutte pour se défaire par la suite. L'album reste considéré comme l'un des sommets de sa [[Discographie de Bob Dylan|discographie]] et il est ajouté au [[registre national des enregistrements]] de la [[bibliothèque du Congrès]] en 2002.
''[[Blowin' In The Wind]]'' est la chanson la plus connue de l’album. Elle a été popularisée par le trio [[Peter, Paul & Mary]] un peu plus tôt en 1963. Elle sera classée en 2003 par le magazine ''[[Rolling Stone (magazine)|Rolling Stone]]'' {{14e|meilleure}} chanson de tous les temps.


== Histoire ==
== Composition et enregistrement ==
Le premier album de Dylan s’est peu vendu, avec le producteur John H. Hammond il entreprit en avril [[1962 en musique|1962]] d’enregistrer son second album à [[New York]]. les sessions d'enregistrement s'échelonnèrent sur une période d'un an.


=== Contexte ===
Les chansons ''Talkin' John Birch Society Blues'' et ''Rambling, Gambling Willie'' enregistrées pendant la première session furent conservées pour l’album. Le lendemain, Dylan enregistra ''Let Me Die in My Footsteps'' et plusieurs autres chansons qui seront abandonnées. Il reprit les enregistrements le 9 juillet, et fit les versions définitives de ''[[Blowin' in the Wind]]'', ''Bob Dylan's Blues'', ''Down the Highway'', et ''Honey, Just Allow Me One More Chance''. Après une nouvelle interruption, il enregistra ''Corrina, Corrina'' le 26 octobre, puis en novembre ''[[Don't Think Twice, It's All Right]]''. Lors d’une autre session faite le 6 décembre, Dylan enregistra ensuite ''[[A Hard Rain's a-Gonna Fall]]'', ''Oxford Town'' et ''I Shall Be Free''.


Le premier album de Bob Dylan, simplement intitulé ''[[Bob Dylan (album)|Bob Dylan]]'', sort le {{date-|19 mars 1962}}. Ni les critiques, ni le grand public n'y prêtent une grande attention : il ne s'écoule qu'à {{unité|5000|exemplaires}} au cours de l'année qui suit, juste assez pour ne pas faire perdre d'argent à [[Columbia Records]]. Plusieurs cadres de la maison de disques estiment qu'il vaudrait mieux rompre le contrat offert à Dylan par le producteur [[John Hammond (producteur)|John Hammond]], mais celui-ci défend vigoureusement son poulain et compte bien voir son second album rencontrer le succès{{sfn|Scaduto|2001|p=110}}.
Douze jours plus tard, Dylan partit pour l’Angleterre où il rencontra les musiciens folk Martin Carthy et Bob Davenport. Ce séjour influença sa musique, et le résultat fut l’enregistrement de deux nouvelles chansons qui se retrouveront sur l’album : ''[[Girl from the North Country]]'' et ''Bob Dylan's Dream''.


L'écriture de Dylan évolue dans les mois qui suivent l'enregistrement de son premier album : il écrit de nombreuses chansons sur l'actualité et la politique. D'après son biographe {{Lien|Clinton Heylin}}, ce changement est la conséquence de l'emménagement du chanteur avec sa petite amie [[Suze Rotolo]] dans un appartement sur la [[4e Rue|{{4e}} Rue]], à [[Manhattan]]{{sfn|Heylin|2000|p=88-89}}. Rotolo est issue d'une famille aux opinions politiques bien tranchées ; ses deux parents sont membres du [[Parti communiste des États-Unis d'Amérique|Parti communiste des États-Unis]]{{sfn|Rotolo|2009|p=26-40}}.
Mi-janvier, il enregistre ''[[Masters of War]]'', titre conservé pour l’album. Les enregistrements ayant été faits durant plusieurs mois, Dylan n’était plus satisfait de ses premiers enregistrements, et décida de supprimer ''John Birch'', ''Let Me Die in My Footsteps'', ''Ramblin' Gamblin' Willie'' et ''Rocks and Gravel'', et d’enregistrer à nouveau. Pour finir, Dylan enregistra les morceaux suivants pendant une ultime session faite le 24 avril : ''[[Girl from the North Country]]'', ''Masters of War'', ''Talking World War III Blues'', et ''Bob Dylan's Dream''.


L'influence de Rotolo sur Dylan est également d'ordre plus personnel. Après six mois de vie en couple, elle se rend en Italie pour des études d'art, sur la suggestion de sa mère qui n'approuve pas leur relation{{sfn|Rotolo|2009|p=168-169}}. Elle manque énormément au chanteur, qui lui écrit de longues lettres et attend avec impatience de la retrouver{{sfn|Rotolo|2009|p=171-181}}. Cependant, elle repousse à plusieurs reprises son retour et ce n'est qu'en {{date-|janvier 1963}} qu'elle rentre à New York. Plusieurs critiques estiment que cette séparation est la source des sentiments intenses d'abandon et de solitude exprimés dans les chansons d'amour de ''{{langue|en|The Freewheelin' Bob Dylan}}''{{sfn|Heylin|2000|p=99-101}}.
== Les chansons ==
Les paroles de ''Blowin' in the Wind'' ont retenu l’attention des mouvements pour les droits civils aux [[États-Unis]] et d’artistes comme [[Stevie Wonder]], avec en particulier :


=== Enregistrement ===
:''How many roads must a man walk down''
:''Before you call him a man?''


==== Les premières séances ====
''A Hard Rain's a-Gonna Fall'' aurait été écrit par Dylan au moment de la [[crise des missiles de Cuba]], beaucoup se demandaient si la fin était proche avec un risque de conflit nucléaire. Le poète [[Allen Ginsberg]] déclara avoir pleuré lorsqu'il l'entendit pour la première fois. Quant à [[Leonard Cohen]], la légende veut que ce soit en écoutant ''A Hard Rain's a-Gonna Fall'' qu'il ait décidé de se lancer dans la chanson.


Bob Dylan commence à travailler sur son deuxième album le {{date-|24 avril 1962}}. Les séances d'enregistrement prennent place au même endroit que pour le premier : le studio A de Columbia Records, au 799 de la [[Septième Avenue]] à Manhattan. Son titre de travail, qui reste d'actualité au moins jusqu'au mois de juillet, est ''{{langue|en|Bob Dylan's Blues}}''{{sfn|Heylin|2000|p=98-99}}. Lors du premier jour, Dylan enregistre sept chansons : quatre compositions originales (''{{langue|en|Sally Gal}}'', ''{{langue|en|[[The Death of Emmett Till]]}}'', ''{{langue|en|Rambling, Gambling Willie}}'' et ''{{langue|en|{{Lien|Talkin' John Birch Paranoid Blues}}}}''), ainsi que des [[reprise]]s de ''{{langue|en|(I Heard That) Lonesome Whistle}}'' de [[Hank Williams]] et des airs traditionnels ''{{langue|en|Going to New Orleans}}'' et ''{{langue|en|{{Lien|Corrine, Corrina|texte=Corrina, Corrina}}}}''{{sfn|Heylin|1996|p=30}}.
''Oxford Town'' a été écrite par Dylan à propos des évènements qui se sont déroulés à l’université du [[Mississippi (État)|Mississippi]], située près de la ville de Oxford, où James Meredith, un vétéran de l’[[United States Air Force|US Air Force]], a été le premier noir à être admis. Il n’avait pu pénétrer dans l’université et suivre les cours qu’avec l’aide de l’armée, l’accès étant bloqué par des gens qui souhaitaient maintenir la ségrégation :


Le lendemain, Dylan retourne au studio pour enregistrer une nouvelle chanson sur les [[Abri antiatomique|abris antiatomiques]], ''{{langue|en|{{Lien|Let Me Die in My Footsteps}}}}'', ainsi que d'autres compositions originales (''{{langue|en|Rocks and Gravel}}'', ''{{langue|en|Talking Hava Negiliah Blues}}'' et ''{{langue|en|{{Lien|Talking Bear Mountain Picnic Massacre Blues}}}}'') et deux prises supplémentaires de ''{{langue|en|Sally Gal}}''. Des reprises de ''{{langue|en|Wichita}}'', ''{{langue|en|[[Baby, Please Don't Go]]}}'' de [[Big Joe Williams]] et ''{{langue|en|Milk Cow's Calf's Blues}}'' de [[Robert Johnson]] sont également enregistrées ce jour-là{{sfn|Heylin|1996|p=30}}. En fin de compte, aucun des morceaux des {{date-|24 avril- 1962-}} et {{date-|25 avril 1962-}} ne figure sur l'album final{{sfn|Gray|2006|p=243-244}}.
:''He went down to Oxford Town''
:''Guns and clubs followed him down''
:''All because his face was brown''
:''Better get away from Oxford Town''


:''Oxford Town around the bend''
:''He come in to the door, he couldn't get in
:''All because of the color of his skin''
:''What do you think about that, my friend?


Après plusieurs semaines d'interruption, les séances reprennent le {{date-|9 juillet 1962-}}. Dylan enregistre ce jour-là cinq nouvelles chansons : ''{{langue|en|[[Blowin' in the Wind]]}}'', qu'il a jouée pour la première fois en public au [[Gerde's Folk City]] le {{date-|16 avril 1962-}}, ''{{langue|en|{{Lien|Bob Dylan's Blues}}}}'', ''{{langue|en|{{Lien|Down the Highway|trad=Down the Highway (song)}}}}'', ''{{langue|en|{{Lien|Honey, Just Allow Me One More Chance}}}}'' et ''{{langue|en|Baby, I'm in the Mood for You}}''. À l'exception de cette dernière, elles sont toutes reprises sur l'album{{sfn|Heylin|1996|p=32}}.
== Titres de l’album ==


==== Dylan et Grossman ====
# ''[[Blowin' in the Wind]]'' – 2:48
# ''[[Girl from the North Country]]'' – 3:22
# ''[[Masters of War]]'' – 4:34
# ''Down the Highway'' – 3:27
# ''Bob Dylan's Blues'' – 2:23
# ''[[A Hard Rain's a-Gonna Fall]]'' – 6:55
# ''[[Don't Think Twice, It's All Right]]'' – 3:40
# ''Bob Dylan's Dream'' – 5:03
# ''Oxford Town'' – 1:50
# ''Talkin' World War III Blues'' – 6:28
# ''Corrina, Corrina'' (traditionnel) – 2:44
# ''Honey, Just Allow Me One More Chance'' (Dylan/Thomas) – 2:01
# ''I Shall Be Free'' – 4:49


C'est alors que l'homme d'affaires {{Lien|Albert Grossman}} commence à s'intéresser à Dylan. Il le persuade de changer d'éditeur pour rejoindre {{Lien|M. Witmark & Sons|texte=Witmark Music}}, une filiale de [[Warner Bros.]] Le chanteur signe chez Witmark le {{date-|13 juillet 1962}}. Il ignore cependant l'existence d'un accord secret entre Grossman et Witmark en vertu duquel le premier touche la moitié des revenus générés par les chansons des artistes qu'il convainc de rejoindre cet éditeur. Cette situation engendre un long conflit juridique entre Dylan et Grossman dans les années 1980{{sfn|Sounes|2001|p=118-119}}.
Toutes les compositions sont de Bob Dylan, sauf indication contraire.
== Musiciens ==
* Bob Dylan - Guitare, Harmonica, Claviers, Chant
* Bruce Langhorne - Guitare
* Howard Collins - Guitare
* Leonard Gaskin - Basse
* George Barnes - Basse
* Gene Ramey - Contrebasse
* Herb Lovelle - batterie
* Dick Wellstood - Piano


Grossman devient l'imprésario de Dylan le {{date-|20 juillet 1962-}}{{sfn|Gray|2006|p=284}}. Il tente immédiatement d'obtenir une renégociation du contrat qui lie le chanteur à CBS, arguant du fait qu'il était mineur au moment de sa signature. Hammond prend directement contact avec Dylan pour lui faire signer une confirmation du contrat original, court-circuitant la stratégie de Grossman{{sfn|Sounes|2001|p=124}}. Les méthodes musclées auxquelles ce dernier a recours pour défendre ses clients en font une figure à part sur la scène folk de Greenwich Village où les imprésarios sont plus souvent des amateurs moins agressifs{{sfn|Gray|2006|p=283}}. Andy Gill estime que Grossman a incité Dylan à se montrer moins sociable et plus hautain, voire paranoïaque{{sfn|Gill|1999|p=20}}.
== Couverture ==


==== Les séances d'automne ====
Le couverture de l'album est une photographie de Bob Dylan marchant dans la rue avec à son bras sa petite amie de l'époque, [[Suze Rotolo]]. Elle a été prise dans le quartier [[New York|new yorkais]] de [[Greenwich Village]], à l'angle de ''Jones Street'' et de ''West 4th Street'', à quelques pas de l'appartement où le couple vivait à l'époque.


Le travail sur l'album reprend le {{date-|26 octobre 1962-}}. Pour la première fois de sa carrière, Dylan est accompagné de [[Musicien de studio|musiciens de studio]] : {{Lien|Dick Wellstood}} au piano, Howie Collins et [[Bruce Langhorne]] à la guitare, {{Lien|Leonard Gaskin}} à la contrebasse et {{Lien|Herbie Lovelle}} à la batterie. Ils travaillent sur trois chansons, mais les différentes prises qu'ils font de ''{{langue|en|{{Lien|Mixed-Up Confusion}}}}'' et ''{{langue|en|[[That's All Right (Mama)|That's All Right, Mama]]}}'' sont jugées insatisfaisantes et laissées de côté. En revanche, ils parviennent à produire une version de ''{{langue|en|Corrina, Corrina}}'' qui est retenue pour l'album final{{sfn|Heylin|1996|p=33-34}}.
== Réception critique ==


Lors de la séance suivante, le {{date-|1 novembre 1962-}}, Howie Collins est remplacé par le guitariste de jazz {{Lien|fr=George Barnes (musicien)|langue=en|trad=George Barnes (musician)|texte=George Barnes}} et le contrebassiste [[Art Davis]] rejoint le groupe d'accompagnement de Dylan. De nouvelles versions de ''{{langue|en|Mixed-Up Confusion}}'' et ''{{langue|en|That's All Right, Mama}}'' sont enregistrées, mais elles sont à leur tour rejetées. Une troisième chanson, ''{{langue|en|Rocks and Gravel}}'', donne davantage satisfaction et rejoint les morceaux retenus pour l'album{{sfn|Heylin|1996|p=34}}.
Stephen Thomas Erlewine sur Allmusic lui attribue 5 étoiles, estimant que parmi les enregistrements suivants de Dylan, certains égaleront celui-ci, mais aucun ne le surpassera<ref>{{Lien web|titre=The Freewheelin' Bob Dylan - Bob Dylan {{!}} Songs, Reviews, Credits {{!}} AllMusic|url=https://www.allmusic.com/album/the-freewheelin-bob-dylan-mw0000198752|site=AllMusic|consulté le=2018-05-26}}</ref>.


La séance du {{date-|14 novembre 1962-}}, avec Gene Ramey à la contrebasse, est principalement consacrée à ''{{langue|en|Mixed-Up Confusion}}'', dont une version acceptable est finalement enregistrée. Cette chanson est éditée en 45 tours le {{date-|14 décembre 1962-}}, avec une version alternative de ''{{langue|en|Corrina, Corrina}}'' enregistrée le {{date-|26 octobre 1962-}}, mais Columbia retire rapidement le disque du marché{{sfn|Heylin|1996|p=35}}. ''{{langue|en|Mixed-Up Confusion}}'' est un morceau aux accents [[rockabilly]], très éloigné de la musique folk pratiquée par Dylan entre 1961 et 1964, qui témoigne de son intérêt pour [[Elvis Presley]] et les disques de [[Sun Records]]{{sfn|Crowe|1985}}.
Le magazine [[Rolling Stone]] place cet album en {{97e}} position de son classement des [[Les 500 plus grands albums de tous les temps selon Rolling Stone|500 plus grands albums de tous les temps]]<ref>{{Lien web|titre=500 Greatest Albums of All Time|url=https://www.rollingstone.com/music/lists/500-greatest-albums-of-all-time-20120531/bob-dylan-the-freewheelin-bob-dylan-20120524|site=Rolling Stone|consulté le=2018-05-26}}</ref>.


Une nouvelle composition est également enregistrée le {{date-|14 novembre 1962-}} : ''{{langue|en|[[Don't Think Twice, It's All Right]]}}''. Les notes d'accompagnement de l'album affirment que Dylan y est accompagné par les musiciens de studio, mais Clinton Heylin note qu'ils sont complètement inaudibles{{sfn|Heylin|2000|p=104}}. Le chanteur enregistre ensuite trois chansons supplémentaires en n'étant accompagné que par la guitare de Langhorne : ''{{langue|en|[[Ballad of Hollis Brown]]}}'', ''{{langue|en|Kingsport Town}}'' et ''{{langue|en|Whatcha Gonna Do}}''{{sfn|Heylin|1996|p=34}}.
Il est cité dans l'ouvrage de référence de Robert Dimery ''[[Les 1001 albums qu'il faut avoir écoutés dans sa vie]],'' ainsi que dans de très nombreuses autres listes<ref>{{Lien web|titre=Acclaimed Music|url=http://www.acclaimedmusic.net/album/A4.htm|site=www.acclaimedmusic.net|consulté le=2018-05-26}}</ref>.


La dernière séance de l'année 1962 prend place le {{date-|6 décembre 1962-}}. Ce jour-là, Dylan enregistre cinq de ses compositions. L'une d'elles est ''{{langue|en|[[A Hard Rain's a-Gonna Fall]]}}'', qu'il a interprétée pour la première fois lors d'un [[hootenanny]] à [[Carnegie Hall]] le {{date-|22 septembre}} et qui devient par la suite l'un de ses morceaux les plus fameux{{sfn|Heylin|1996|p=33}}. Parmi les quatre autres, ''{{langue|en|Oxford Town}}'' et ''{{langue|en|I Shall Be Free}}'' aboutissent sur l'album, tandis que ''{{langue|en|Whatcha Gonna Do}}'' et ''{{langue|en|Hero Blues}}'' ne sont pas retenues pour y figurer{{sfn|Heylin|1996|p=34}}.
== Références dans la culture populaire ==


==== Voyage en Europe ====
* En [[2001 au cinéma|2001]], dans le film américain ''[[Vanilla Sky]]'', le personnage principal David Aames ([[Tom Cruise]]) marche dans la rue aux côtés de Sofia Serrano ([[Penélope Cruz]]) dans une mise en scène reproduisant à l'identique la couverture de l'album. L'intrigue révélera plus tard qu'en réalité, David était en train de rêver, et que les images de ce rêve étaient influencées par les œuvres qu'il avait aimées.

Le mois de décembre voit Dylan effectuer son premier voyage hors d'Amérique du Nord. Le réalisateur britannique [[Philip Saville]], qui l'a vu se produire à Greenwich Village, a invité le chanteur à participer à ''{{langue|en|{{Lien|Madhouse on Castle Street}}}}'', une pièce de théâtre filmée pour la [[British Broadcasting Corporation|BBC]]. Dylan y interprète quelques chansons, dont ''{{langue|en|Blowin' in the Wind}}''.

Arrivé à Londres le {{date-|17 décembre 1962-}}, Dylan découvre la scène folk locale. Il entre en contact avec Anthea Joseph, chargée de la programmation du club {{Lien|fr=The Troubadour|langue=en|trad=The Troubadour, London}}, et fait la connaissance des chanteurs [[Martin Carthy]] et {{Lien|Bob Davenport|trad=Bob Davenport (singer)}}, qui partagent avec lui leur répertoire de chansons traditionnelles anglaises. Carthy enseigne notamment les ballades ''{{langue|en|[[Scarborough Fair]]}}'' et ''{{langue|en|[[Lady Franklin's Lament]]}}'' à Dylan, qui en reprend les mélodies pour concevoir les chansons ''{{langue|en|[[Girl from the North Country]]}}'' et ''{{langue|en|{{Lien|Bob Dylan's Dream}}}}'' respectivement{{sfn|Heylin|2000|p=106-107}}.

Après son séjour en Angleterre, Dylan se rend en Italie pour retrouver Albert Grossman, qui accompagne la chanteuse [[Odetta]], une autre de ses clientes, en tournée{{sfn|Sounes|2001|p=127}}. Dylan espère aussi retrouver Suze Rotolo, ignorant qu'elle a déjà quitté le pays pour rentrer à New York. Il continue à travailler sur ses chansons : de retour à Londres, il surprend Carthy en lui jouant ''{{langue|en|Girl from the North Country}}''{{sfn|Heylin|2000|p=110}}.

==== Retour à New York ====

Dylan rentre à New York en avion le {{date-|16 janvier 1963}}{{sfn|Heylin|1996|p=40}}. Il est heureux d'y retrouver Rotolo et la convainc de revenir dans l'appartement qu'ils partageaient sur la {{4e|Rue}}{{sfn|Heylin|2000|p=114}}. Il enregistre plusieurs de ses nouvelles compositions pour le magazine ''{{Lien|Broadside (magazine)|texte=Broadside}}'', dont ''{{langue|en|[[Masters of War]]}}'', écrite pendant son séjour à Londres{{sfn|Harvey|2001|p=142}}{{,}}{{sfn|Heylin|2009|p=117}}.

Alors que Dylan a hâte de reprendre le travail sur son album, Albert Grossman cherche à évincer John Hammond de sa position de producteur. L'antipathie entre les deux hommes est telle que Columbia finit par assigner un nouveau producteur à Dylan en la personne de [[Tom Wilson (producteur)|Tom Wilson]], un jeune producteur de jazz qui a travaillé avec [[Sun Ra]] et [[John Coltrane]]. Il n'aime pas le folk, mais Dylan le séduit par la qualité de ses morceaux{{sfn|Heylin|2000|p=115}}. Sous son égide, le chanteur enregistre cinq nouvelles chansons le {{date-|24 avril 1962-}} : ''{{langue|en|Girl from the North Country}}'', ''{{langue|en|Masters of War}}'', ''{{langue|en|{{Lien|Talkin' World War III Blues}}}}'', ''{{langue|en|Bob Dylan's Dream}}'' et ''{{langue|en|{{Lien|Walls of Red Wing}}}}''{{sfn|Heylin|1996|p=43}}.

=== Parution et accueil ===

[[Fichier:Joan Baez Bob Dylan.jpg|vignette|Joan Baez et Bob Dylan en août 1963.]]

Dylan effectue une série de concerts et d'émissions de radio afin de promouvoir son prochain album. En mai, il se produit au festival de folk de Monterey aux côtés de [[Joan Baez]], qui interprète à ses côtés une nouvelle composition intitulée ''{{langue|en|[[With God on Our Side]]}}''. Baez, qui a fait la couverture de ''{{langue|en|[[Time (magazine)|Time]]}}'' quelques mois auparavant, est alors au sommet de sa gloire et son duo avec Dylan apporte une notoriété accrue à ses chansons. Les deux artistes entament au même moment une relation amoureuse décrite par {{Lien|Howard Sounes}} comme l'une des plus fameuses de la décennie{{sfn|Sounes|2001|p=132}}.

Dylan est censé passer dans l'émission de variétés ''{{langue|en|[[The Ed Sullivan Show]]}}'', diffusée sur [[Columbia Broadcasting System|CBS]], le {{date-|12 mai 1963-}}. Avant l'émission, il prévient le présentateur [[Ed Sullivan]] qu'il compte chanter ''{{langue|en|Talkin' John Birch Paranoid Blues}}'', mais un cadre de CBS craint que la [[John Birch Society]] n'en prenne ombrage et demande au chanteur d'interpréter un autre morceau. Dylan refuse cette censure et décide de ne pas participer à l'émission{{sfn|Heylin|1996|p=44}}.

Certains biographes de Dylan affirment que cet incident a des conséquences sur ''{{langue|en|The Freewheelin' Bob Dylan}}''. En découvrant que la chanson controversée est censée paraître sur ce disque quelques semaines plus tard, les avocats de CBS s'inquiètent et réclament qu'elle n'y figure pas. C'est pour cette raison que le contenu de l'album aurait été radicalement modifié, avec l'éviction de quatre chansons (''{{langue|en|Talkin' John Birch Paranoid Blues}}'', ''{{langue|en|Let Me Die In My Footsteps}}'', ''{{langue|en|Rambling Gambling Willie}}'' et ''{{langue|en|Rocks and Gravel}}'') au profit de quatre morceaux issus de la séance du {{date-|24 avril 1962-}} (''{{langue|en|Girl from the North Country}}'', ''{{langue|en|Masters of War}}'', ''{{langue|en|Talkin' World War III Blues}}'' et ''{{langue|en|Bob Dylan's Dream}}''). Anthony Scudato affirme que Dylan est impuissant à empêcher ce changement qui le désole{{sfn|Scaduto|2001|p=141}}. Néanmoins, Clinton Heylin considère que ce n'est pas l'incident du ''Ed Sullivan Show'' qui a causé ce changement, car Columbia n'aurait pas le temps de faire presser à nouveau les disques et réimprimer les pochettes entre la date de l'émission et celle de la sortie de l'album. D'après lui, le retrait de ''{{langue|en|Talkin' John Birch Paranoid Blues}}'' aurait été imposé à Dylan par les avocats de CBS plusieurs semaines auparavant, et la séance du {{date-|24 avril 1962-}} aurait eu pour objectif de produire de quoi la remplacer{{sfn|Heylin|2000|p=114-117}}. Les rares copies existantes de la version originale de ''{{langue|en|The Freewheelin' Bob Dylan}}'' sont très recherchées par les collectionneurs{{sfn|Thompson|2002|p=12-13}}.

Columbia Records publie ''{{langue|en|The Freewheelin' Bob Dylan}}'' le {{date-|27 mai 1963}}. Il rencontre un succès immédiat, avec {{unité|10000|ventes}} chaque mois qui apportent à Dylan un revenu mensuel d'environ {{unité|2500|$}}{{sfn|Scaduto|2001|p=144}}. Le journaliste [[Nat Hentoff]], auteur des [[notes d'accompagnement]] de l'album, accorde au chanteur une place de choix dans l'article sur la musique folk qu'il publie dans le magazine ''[[Playboy]]'' au mois de juin{{sfn|Scaduto|2001|p=144}}. Le disque fait son entrée dans le [[Billboard 200|classement des meilleures ventes]] établi par le magazine ''{{langue|en|[[Billboard]]}}'' au mois de septembre. S'il ne dépasse pas la {{22e|place}}, il finit par se vendre à plus d'un million d'exemplaires, ce qui lui vaut d'être certifié disque de platine<ref name="US" />{{,}}<ref name="RIAA" />.

À la fin du mois de juillet, Dylan se produit au deuxième [[festival de folk de Newport]] tandis que la reprise de ''{{langue|en|Blowin' in the Wind}}'' par [[Peter, Paul and Mary]] atteint la {{2e|place}} du [[Billboard Hot 100|hit-parade]] établi par le magazine ''{{langue|en|[[Billboard]]}}''. Baez, qui participe aussi au festival, monte sur scène à deux reprises pour chanter avec Dylan, qui est devenu le centre d'attention de toute la scène folk. [[Tom Paxton]] les décrit ultérieurement comme « le roi et la reine du festival », qui constitue à ses yeux une sorte de sacre pour le couple Dylan-Baez{{sfn|Sounes|2001|p=136}}.

=== Postérité ===

{{Infobox Critique presse
| titre = ''{{langue|en|The Freewheelin' Bob Dylan}}''
| charte = album
| rev1 = {{langue|en|[[AllMusic]]}}<ref name="All">{{Lien web | langue = en | auteur = Stephen Thomas Erlewine | lien auteur = Stephen Thomas Erlewine | url = https://www.allmusic.com/album/the-freewheelin-bob-dylan-mw0000198752 | titre = The Freewheelin' Bob Dylan | site = [[AllMusic]] | consulté le = 31 juillet 2022}}.</ref>
| rev1Score = {{étoiles|5}}
| rev2 = ''[[The Rolling Stone Album Guide|The New Rolling Stone Album Guide]]''<ref name="RSAG">{{Chapitre | langue = en | titre chapitre = Bob Dylan | auteurs ouvrage = Nathan Brackett et Christian Hoard (éd.) | titre ouvrage = [[The Rolling Stone Album Guide|The New Rolling Stone Album Guide]] | numéro d'édition = 4 | éditeur = Simon & Schuster | année = 2004 | isbn = 0-7432-0169-8}}.</ref>
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L'image publique de Bob Dylan est transfigurée par le succès de ''{{langue|en|The Freewheelin' Bob Dylan}}''. S'il n'était qu'un chanteur de folk parmi d'autres avant sa sortie, il devient dès lors un artiste majeur, voire le porte-parole d'une génération de jeunes rebelles. C'est une étiquette dont le chanteur, qui n'est âgé que de 22 ans, a du mal à se défaire par la suite. Dans son autobiographie de 2004 ''[[Chroniques, Volume 1]]'', il indique s'être senti à l'époque comme un morceau de viande jeté aux chiens{{sfn|Dylan|2004|p=119}}.

== Caractéristiques artistiques ==

=== Paroles et musique ===

''{{langue|en|The Freewheelin' Bob Dylan}}'' témoigne du talent d'écriture croissant de Bob Dylan. Son premier disque, paru l'année précédente, se composait de deux compositions originales et dix reprises ; les proportions sont inversées sur celui-ci, avec seulement deux reprises pour onze nouveaux morceaux. Plusieurs de ces chansons, notamment celles issues de la séance du {{date-|24 avril}}, ont des accents plus intimes que les titres blues et folk traditionnels de son premier album{{sfn|Scaduto|2001|p=142}}.

Plusieurs chansons enregistrées pendant les séances de ''{{langue|en|The Freewheelin' Bob Dylan}}'' ont été écartées de l'album final. Parmi ces ''{{langue|en|[[Outtake|outtakes]]}}'', certaines ont été publiées par la suite dans des compilations, en particulier le coffret ''{{langue|en|[[The Bootleg Series Volumes 1-3 (Rare and Unreleased) 1961-1991]]}}'', sorti en 1991, qui inclut ''{{langue|en|Kingsport Town}}'', ''{{langue|en|{{Lien|Let Me Die in My Footsteps}}}}'', ''{{langue|en|Quit Your Lowdown Ways}}'', ''{{langue|en|Rambling, Gambling Willie}}'', ''{{langue|en|{{Lien|Talkin' Bear Mountain Picnic Massacre Blues}}}}'', ''{{langue|en|Talkin' Hava Negiliah Blues}}'', ''{{langue|en|{{Lien|Talkin' John Birch Paranoid Blues}}}}'', ''{{langue|en|{{Lien|Walls of Red Wing}}}}'' et ''{{langue|en|Worried Blues}}''. La compilation ''{{langue|en|[[The 50th Anniversary Collection]]}}'', publiée en 2012 pour éviter que les enregistrements inédits de 1962 passent dans le domaine public en Europe, inclut plusieurs dizaines de prises provenant des séances, y compris des chansons retenues sur l'album ''{{langue|en|[[The Death of Emmett Till]]}}'', ''{{langue|en|Going Down to New Orleans}}'', ''{{langue|en|(I Heard That) Lonesome Whistle}}'', ''{{langue|en|Milk Cow Calf's Blues}}'', ''{{langue|en|Rocks and Gravel}}'' et ''{{langue|en|[[That's All Right (Mama)|That's All Right]]}}''.

=== Pochette ===

La pochette de ''{{langue|en|The Freewheelin' Bob Dylan}}'' est une photographie de Dylan avec Suze Rotolo prise en {{date-|février 1963}} par [[Don Hunstein]]. Elle montre les deux jeunes gens en train de marcher au milieu de Jones Street, dans le [[West Village]], non loin de l'appartement qu'ils partagent sur la {{4e|Rue}}. Cette image acquiert rapidement un statut iconique, que Rotolo attribue dans son autobiographie à son caractère très spontané{{sfn||Rotolo|2009|p=217}}. La pose emblématique des deux jeunes gens est reproduite dans les films ''[[Vanilla Sky]]'' (2001) et ''[[I'm Not There]]'' (2007).

== Fiche technique ==

=== Chansons ===

{{Pistes | titre = Face 1 | tout_ecriture = Bob Dylan, sauf indication contraire | langue titres = en | colonne_extra = Date d'enregistrement
| piste1 = [[Blowin' in the Wind]] | extra1 = {{date-|9 juillet 1962}} | temps1 = 2:48
| piste2 = [[Girl from the North Country]] | extra2 = {{date-|24 avril 1963}} | temps2 = 3:22
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{{Pistes | titre = Face 2 | credits_ecriture = oui | langue titres = en | colonne_extra = Date d'enregistrement
| piste7 = [[Don't Think Twice, It's All Right]] | extra7 = {{date-|14 novembre 1962}} | temps7 = 3:40
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}}

=== Musiciens ===

* [[Bob Dylan]] : [[chant]], [[guitare acoustique]], [[harmonica]]
* Howie Collins : guitare sur ''{{langue|en|Corrina, Corrina}}''
* {{Lien|Leonard Gaskin}} : [[contrebasse]] sur ''{{langue|en|Corrina, Corrina}}''
* [[Bruce Langhorne]] : guitare sur ''{{langue|en|Corrina, Corrina}}''
* {{Lien|Herbie Lovelle}} : [[batterie (instrument)|batterie]] sur ''{{langue|en|Corrina, Corrina}}''
* {{Lien|Dick Wellstood}} : [[piano]] sur ''{{langue|en|Corrina, Corrina}}''

=== Équipe de production ===

* [[John Hammond (producteur)|John H. Hammond]] : [[Réalisateur artistique|production]]
* [[Nat Hentoff]] : [[notes d'accompagnement]]
* [[Don Hunstein]] : photographie
* [[Tom Wilson (producteur)|Tom Wilson]] : production

=== Classements et certifications ===

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== Références ==

{{Traduction/Référence|en|The Freewheelin' Bob Dylan|1100614370}}


== Notes et références ==
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{{références}}

== Bibliographie ==

* {{Ouvrage | langue = en | auteur = Cameron Crowe | lien auteur = Cameron Crowe | titre = Biograph | lien titre = Biograph (album) | éditeur = Columbia Records | année = 1985}}.
* {{Ouvrage | langue = en | auteur = Bob Dylan | lien auteur = Bob Dylan | titre = Chronicles | sous-titre = Volume One | lien titre = Chroniques, Volume 1 | éditeur = Simon and Schuster | année = 2004 | isbn = 0-7432-2815-4}}.
* {{Ouvrage | langue = en | auteur = Andy Gill | titre = Classic Bob Dylan | sous-titre = My Back Pages | éditeur = Carlton | année = 1999 | isbn = 1-85868-599-0}}.
* {{Ouvrage | langue = en | auteur = Michael Gray | titre = The Bob Dylan Encyclopedia | éditeur = Continuum International | année = 2006 | isbn = 0-8264-6933-7}}.
* {{Ouvrage | langue = en | auteur = Todd Harvey | titre = The Formative Dylan | sous-titre = Transmission and Stylistic Influences, 1961–1963 | éditeur = The Scarecrow Press | année = 2001 | isbn = 0-8108-4115-0}}.
* {{Ouvrage | langue = en | auteur = Clinton Heylin | titre = Bob Dylan | sous-titre = The Recording Sessions 1960–1994 | éditeur = St. Martin's Griffin | année = 1995 | isbn = 0-312-15067-9}}.
* {{Ouvrage | langue = en | auteur = Clinton Heylin | titre = Bob Dylan | sous-titre = A Life in Stolen Moments, Day by Day 1941–1995 | éditeur = Schirmer Books | année = 1996 | isbn = 0-7119-5669-3}}.
* {{Ouvrage | langue = en | auteur = Clinton Heylin | titre = Bob Dylan | sous-titre = Behind the Shades Revisited | éditeur = Perennial Currents | année = 2000 | isbn = 0-06-052569-X}}.
* {{Ouvrage | langue = en | auteur = Clinton Heylin | titre = Revolution in the Air | sous-titre = The Songs of Bob Dylan, Volume One, 1957–73 | éditeur = Constable | année = 2009 | isbn = 978-1-55652-843-9}}.
* {{Ouvrage | langue = en | auteur = Suze Rotolo | lien auteur = Suze Rotolo | titre = A Freewheelin' Time | éditeur = Aurum Press | année = 2009 | isbn = 978-0-7679-2688-1}}.
* {{Ouvrage | langue = en | auteur = Anthony Scaduto | titre = Bob Dylan | éditeur = Helter Skelter | année = 2001 | isbn = 1-900924-23-4}}.
* {{Ouvrage | langue = en | auteur = Howard Sounes | titre = Down the Highway | sous-titre = The Life of Bob Dylan | éditeur = Grove Press | année = 2001 | isbn = 0-8021-1686-8}}.
* {{Ouvrage | langue = en | auteur = Dave Thompson | titre = The Music Lover's Guide to Record Collecting | éditeur = Backbeat Books | année = 2002 | isbn = 0-87930-713-7}}.


== Liens externes ==
== Liens externes ==
* [http://www.bobdylan.com/albums/freewheelin.html Site officiel de Bob Dylan]
* {{en}} ''[https://www.rollingstone.com/news/coverstory/500songs The RS 500 Greatest Songs of All Time]''


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[[Catégorie:Album inscrit au National Recording Registry]]
[[Catégorie:Album inscrit au National Recording Registry]]
[[Catégorie:Album produit par John Hammond]]

Dernière version du 24 décembre 2023 à 22:07

The Freewheelin' Bob Dylan

Album de Bob Dylan
Sortie
Enregistré
Columbia Studio A (New York)
Durée 50:04
Genre folk, blues
Producteur John Hammond, Tom Wilson
Label Columbia
Classement 1er (Royaume-Uni)
22e (États-Unis)

Albums de Bob Dylan

Singles

  1. Blowin' in the Wind
    Sortie :

The Freewheelin' Bob Dylan est le deuxième album studio de l'auteur-compositeur-interprète américain Bob Dylan. Il est sorti le sur le label Columbia Records.

Contrairement à son premier album, principalement composé de reprises, The Freewheelin' Bob Dylan ne contient presque que des chansons écrites et composées par Dylan. Certaines ont pour sujet l'actualité politique et sociale, avec des références au mouvement des droits civiques et à la crainte d'une guerre nucléaire, tandis que d'autres sont des chansons d'amour plus personnelles, en partie inspirées de sa relation amoureuse avec Suze Rotolo. La pochette de l'album montre Dylan et Rotolo marchant dans les rues de New York.

Porté par le succès international de la reprise de Blowin' in the Wind par le trio Peter, Paul and Mary, The Freewheelin' Bob Dylan permet à Dylan de percer. Ses chansons engagées, comme Masters of War ou A Hard Rain's a-Gonna Fall, lui confèrent une réputation de porte-parole de sa génération dont il lutte pour se défaire par la suite. L'album reste considéré comme l'un des sommets de sa discographie et il est ajouté au registre national des enregistrements de la bibliothèque du Congrès en 2002.

Histoire[modifier | modifier le code]

Contexte[modifier | modifier le code]

Le premier album de Bob Dylan, simplement intitulé Bob Dylan, sort le . Ni les critiques, ni le grand public n'y prêtent une grande attention : il ne s'écoule qu'à 5 000 exemplaires au cours de l'année qui suit, juste assez pour ne pas faire perdre d'argent à Columbia Records. Plusieurs cadres de la maison de disques estiment qu'il vaudrait mieux rompre le contrat offert à Dylan par le producteur John Hammond, mais celui-ci défend vigoureusement son poulain et compte bien voir son second album rencontrer le succès[1].

L'écriture de Dylan évolue dans les mois qui suivent l'enregistrement de son premier album : il écrit de nombreuses chansons sur l'actualité et la politique. D'après son biographe Clinton Heylin (en), ce changement est la conséquence de l'emménagement du chanteur avec sa petite amie Suze Rotolo dans un appartement sur la 4e Rue, à Manhattan[2]. Rotolo est issue d'une famille aux opinions politiques bien tranchées ; ses deux parents sont membres du Parti communiste des États-Unis[3].

L'influence de Rotolo sur Dylan est également d'ordre plus personnel. Après six mois de vie en couple, elle se rend en Italie pour des études d'art, sur la suggestion de sa mère qui n'approuve pas leur relation[4]. Elle manque énormément au chanteur, qui lui écrit de longues lettres et attend avec impatience de la retrouver[5]. Cependant, elle repousse à plusieurs reprises son retour et ce n'est qu'en qu'elle rentre à New York. Plusieurs critiques estiment que cette séparation est la source des sentiments intenses d'abandon et de solitude exprimés dans les chansons d'amour de The Freewheelin' Bob Dylan[6].

Enregistrement[modifier | modifier le code]

Les premières séances[modifier | modifier le code]

Bob Dylan commence à travailler sur son deuxième album le . Les séances d'enregistrement prennent place au même endroit que pour le premier : le studio A de Columbia Records, au 799 de la Septième Avenue à Manhattan. Son titre de travail, qui reste d'actualité au moins jusqu'au mois de juillet, est Bob Dylan's Blues[7]. Lors du premier jour, Dylan enregistre sept chansons : quatre compositions originales (Sally Gal, The Death of Emmett Till, Rambling, Gambling Willie et Talkin' John Birch Paranoid Blues (en)), ainsi que des reprises de (I Heard That) Lonesome Whistle de Hank Williams et des airs traditionnels Going to New Orleans et Corrina, Corrina (en)[8].

Le lendemain, Dylan retourne au studio pour enregistrer une nouvelle chanson sur les abris antiatomiques, Let Me Die in My Footsteps (en), ainsi que d'autres compositions originales (Rocks and Gravel, Talking Hava Negiliah Blues et Talking Bear Mountain Picnic Massacre Blues (en)) et deux prises supplémentaires de Sally Gal. Des reprises de Wichita, Baby, Please Don't Go de Big Joe Williams et Milk Cow's Calf's Blues de Robert Johnson sont également enregistrées ce jour-là[8]. En fin de compte, aucun des morceaux des et ne figure sur l'album final[9].


Après plusieurs semaines d'interruption, les séances reprennent le . Dylan enregistre ce jour-là cinq nouvelles chansons : Blowin' in the Wind, qu'il a jouée pour la première fois en public au Gerde's Folk City le , Bob Dylan's Blues (en), Down the Highway (en), Honey, Just Allow Me One More Chance (en) et Baby, I'm in the Mood for You. À l'exception de cette dernière, elles sont toutes reprises sur l'album[10].

Dylan et Grossman[modifier | modifier le code]

C'est alors que l'homme d'affaires Albert Grossman (en) commence à s'intéresser à Dylan. Il le persuade de changer d'éditeur pour rejoindre Witmark Music (en), une filiale de Warner Bros. Le chanteur signe chez Witmark le . Il ignore cependant l'existence d'un accord secret entre Grossman et Witmark en vertu duquel le premier touche la moitié des revenus générés par les chansons des artistes qu'il convainc de rejoindre cet éditeur. Cette situation engendre un long conflit juridique entre Dylan et Grossman dans les années 1980[11].

Grossman devient l'imprésario de Dylan le [12]. Il tente immédiatement d'obtenir une renégociation du contrat qui lie le chanteur à CBS, arguant du fait qu'il était mineur au moment de sa signature. Hammond prend directement contact avec Dylan pour lui faire signer une confirmation du contrat original, court-circuitant la stratégie de Grossman[13]. Les méthodes musclées auxquelles ce dernier a recours pour défendre ses clients en font une figure à part sur la scène folk de Greenwich Village où les imprésarios sont plus souvent des amateurs moins agressifs[14]. Andy Gill estime que Grossman a incité Dylan à se montrer moins sociable et plus hautain, voire paranoïaque[15].

Les séances d'automne[modifier | modifier le code]

Le travail sur l'album reprend le . Pour la première fois de sa carrière, Dylan est accompagné de musiciens de studio : Dick Wellstood (en) au piano, Howie Collins et Bruce Langhorne à la guitare, Leonard Gaskin (en) à la contrebasse et Herbie Lovelle (en) à la batterie. Ils travaillent sur trois chansons, mais les différentes prises qu'ils font de Mixed-Up Confusion (en) et That's All Right, Mama sont jugées insatisfaisantes et laissées de côté. En revanche, ils parviennent à produire une version de Corrina, Corrina qui est retenue pour l'album final[16].

Lors de la séance suivante, le , Howie Collins est remplacé par le guitariste de jazz George Barnes (en) et le contrebassiste Art Davis rejoint le groupe d'accompagnement de Dylan. De nouvelles versions de Mixed-Up Confusion et That's All Right, Mama sont enregistrées, mais elles sont à leur tour rejetées. Une troisième chanson, Rocks and Gravel, donne davantage satisfaction et rejoint les morceaux retenus pour l'album[17].

La séance du , avec Gene Ramey à la contrebasse, est principalement consacrée à Mixed-Up Confusion, dont une version acceptable est finalement enregistrée. Cette chanson est éditée en 45 tours le , avec une version alternative de Corrina, Corrina enregistrée le , mais Columbia retire rapidement le disque du marché[18]. Mixed-Up Confusion est un morceau aux accents rockabilly, très éloigné de la musique folk pratiquée par Dylan entre 1961 et 1964, qui témoigne de son intérêt pour Elvis Presley et les disques de Sun Records[19].

Une nouvelle composition est également enregistrée le  : Don't Think Twice, It's All Right. Les notes d'accompagnement de l'album affirment que Dylan y est accompagné par les musiciens de studio, mais Clinton Heylin note qu'ils sont complètement inaudibles[20]. Le chanteur enregistre ensuite trois chansons supplémentaires en n'étant accompagné que par la guitare de Langhorne : Ballad of Hollis Brown, Kingsport Town et Whatcha Gonna Do[17].

La dernière séance de l'année 1962 prend place le . Ce jour-là, Dylan enregistre cinq de ses compositions. L'une d'elles est A Hard Rain's a-Gonna Fall, qu'il a interprétée pour la première fois lors d'un hootenanny à Carnegie Hall le et qui devient par la suite l'un de ses morceaux les plus fameux[21]. Parmi les quatre autres, Oxford Town et I Shall Be Free aboutissent sur l'album, tandis que Whatcha Gonna Do et Hero Blues ne sont pas retenues pour y figurer[17].

Voyage en Europe[modifier | modifier le code]

Le mois de décembre voit Dylan effectuer son premier voyage hors d'Amérique du Nord. Le réalisateur britannique Philip Saville, qui l'a vu se produire à Greenwich Village, a invité le chanteur à participer à Madhouse on Castle Street (en), une pièce de théâtre filmée pour la BBC. Dylan y interprète quelques chansons, dont Blowin' in the Wind.

Arrivé à Londres le , Dylan découvre la scène folk locale. Il entre en contact avec Anthea Joseph, chargée de la programmation du club The Troubadour (en), et fait la connaissance des chanteurs Martin Carthy et Bob Davenport (en), qui partagent avec lui leur répertoire de chansons traditionnelles anglaises. Carthy enseigne notamment les ballades Scarborough Fair et Lady Franklin's Lament à Dylan, qui en reprend les mélodies pour concevoir les chansons Girl from the North Country et Bob Dylan's Dream (en) respectivement[22].

Après son séjour en Angleterre, Dylan se rend en Italie pour retrouver Albert Grossman, qui accompagne la chanteuse Odetta, une autre de ses clientes, en tournée[23]. Dylan espère aussi retrouver Suze Rotolo, ignorant qu'elle a déjà quitté le pays pour rentrer à New York. Il continue à travailler sur ses chansons : de retour à Londres, il surprend Carthy en lui jouant Girl from the North Country[24].

Retour à New York[modifier | modifier le code]

Dylan rentre à New York en avion le [25]. Il est heureux d'y retrouver Rotolo et la convainc de revenir dans l'appartement qu'ils partageaient sur la 4e Rue[26]. Il enregistre plusieurs de ses nouvelles compositions pour le magazine Broadside (en), dont Masters of War, écrite pendant son séjour à Londres[27],[28].

Alors que Dylan a hâte de reprendre le travail sur son album, Albert Grossman cherche à évincer John Hammond de sa position de producteur. L'antipathie entre les deux hommes est telle que Columbia finit par assigner un nouveau producteur à Dylan en la personne de Tom Wilson, un jeune producteur de jazz qui a travaillé avec Sun Ra et John Coltrane. Il n'aime pas le folk, mais Dylan le séduit par la qualité de ses morceaux[29]. Sous son égide, le chanteur enregistre cinq nouvelles chansons le  : Girl from the North Country, Masters of War, Talkin' World War III Blues (en), Bob Dylan's Dream et Walls of Red Wing (en)[30].

Parution et accueil[modifier | modifier le code]

Joan Baez et Bob Dylan en août 1963.

Dylan effectue une série de concerts et d'émissions de radio afin de promouvoir son prochain album. En mai, il se produit au festival de folk de Monterey aux côtés de Joan Baez, qui interprète à ses côtés une nouvelle composition intitulée With God on Our Side. Baez, qui a fait la couverture de Time quelques mois auparavant, est alors au sommet de sa gloire et son duo avec Dylan apporte une notoriété accrue à ses chansons. Les deux artistes entament au même moment une relation amoureuse décrite par Howard Sounes (en) comme l'une des plus fameuses de la décennie[31].

Dylan est censé passer dans l'émission de variétés The Ed Sullivan Show, diffusée sur CBS, le . Avant l'émission, il prévient le présentateur Ed Sullivan qu'il compte chanter Talkin' John Birch Paranoid Blues, mais un cadre de CBS craint que la John Birch Society n'en prenne ombrage et demande au chanteur d'interpréter un autre morceau. Dylan refuse cette censure et décide de ne pas participer à l'émission[32].

Certains biographes de Dylan affirment que cet incident a des conséquences sur The Freewheelin' Bob Dylan. En découvrant que la chanson controversée est censée paraître sur ce disque quelques semaines plus tard, les avocats de CBS s'inquiètent et réclament qu'elle n'y figure pas. C'est pour cette raison que le contenu de l'album aurait été radicalement modifié, avec l'éviction de quatre chansons (Talkin' John Birch Paranoid Blues, Let Me Die In My Footsteps, Rambling Gambling Willie et Rocks and Gravel) au profit de quatre morceaux issus de la séance du (Girl from the North Country, Masters of War, Talkin' World War III Blues et Bob Dylan's Dream). Anthony Scudato affirme que Dylan est impuissant à empêcher ce changement qui le désole[33]. Néanmoins, Clinton Heylin considère que ce n'est pas l'incident du Ed Sullivan Show qui a causé ce changement, car Columbia n'aurait pas le temps de faire presser à nouveau les disques et réimprimer les pochettes entre la date de l'émission et celle de la sortie de l'album. D'après lui, le retrait de Talkin' John Birch Paranoid Blues aurait été imposé à Dylan par les avocats de CBS plusieurs semaines auparavant, et la séance du aurait eu pour objectif de produire de quoi la remplacer[34]. Les rares copies existantes de la version originale de The Freewheelin' Bob Dylan sont très recherchées par les collectionneurs[35].

Columbia Records publie The Freewheelin' Bob Dylan le . Il rencontre un succès immédiat, avec 10 000 ventes chaque mois qui apportent à Dylan un revenu mensuel d'environ 2 500 $[36]. Le journaliste Nat Hentoff, auteur des notes d'accompagnement de l'album, accorde au chanteur une place de choix dans l'article sur la musique folk qu'il publie dans le magazine Playboy au mois de juin[36]. Le disque fait son entrée dans le classement des meilleures ventes établi par le magazine Billboard au mois de septembre. S'il ne dépasse pas la 22e place, il finit par se vendre à plus d'un million d'exemplaires, ce qui lui vaut d'être certifié disque de platine[37],[38].

À la fin du mois de juillet, Dylan se produit au deuxième festival de folk de Newport tandis que la reprise de Blowin' in the Wind par Peter, Paul and Mary atteint la 2e place du hit-parade établi par le magazine Billboard. Baez, qui participe aussi au festival, monte sur scène à deux reprises pour chanter avec Dylan, qui est devenu le centre d'attention de toute la scène folk. Tom Paxton les décrit ultérieurement comme « le roi et la reine du festival », qui constitue à ses yeux une sorte de sacre pour le couple Dylan-Baez[39].

Postérité[modifier | modifier le code]

The Freewheelin' Bob Dylan
Compilation des critiques
PériodiqueNote
AllMusic[40] 5/5 étoiles
The New Rolling Stone Album Guide[41] 5/5 étoiles
Encyclopedia of Popular Music[42] 5/5 étoiles

L'image publique de Bob Dylan est transfigurée par le succès de The Freewheelin' Bob Dylan. S'il n'était qu'un chanteur de folk parmi d'autres avant sa sortie, il devient dès lors un artiste majeur, voire le porte-parole d'une génération de jeunes rebelles. C'est une étiquette dont le chanteur, qui n'est âgé que de 22 ans, a du mal à se défaire par la suite. Dans son autobiographie de 2004 Chroniques, Volume 1, il indique s'être senti à l'époque comme un morceau de viande jeté aux chiens[43].

Caractéristiques artistiques[modifier | modifier le code]

Paroles et musique[modifier | modifier le code]

The Freewheelin' Bob Dylan témoigne du talent d'écriture croissant de Bob Dylan. Son premier disque, paru l'année précédente, se composait de deux compositions originales et dix reprises ; les proportions sont inversées sur celui-ci, avec seulement deux reprises pour onze nouveaux morceaux. Plusieurs de ces chansons, notamment celles issues de la séance du , ont des accents plus intimes que les titres blues et folk traditionnels de son premier album[44].

Plusieurs chansons enregistrées pendant les séances de The Freewheelin' Bob Dylan ont été écartées de l'album final. Parmi ces outtakes, certaines ont été publiées par la suite dans des compilations, en particulier le coffret The Bootleg Series Volumes 1-3 (Rare and Unreleased) 1961-1991, sorti en 1991, qui inclut Kingsport Town, Let Me Die in My Footsteps (en), Quit Your Lowdown Ways, Rambling, Gambling Willie, Talkin' Bear Mountain Picnic Massacre Blues (en), Talkin' Hava Negiliah Blues, Talkin' John Birch Paranoid Blues (en), Walls of Red Wing (en) et Worried Blues. La compilation The 50th Anniversary Collection, publiée en 2012 pour éviter que les enregistrements inédits de 1962 passent dans le domaine public en Europe, inclut plusieurs dizaines de prises provenant des séances, y compris des chansons retenues sur l'album The Death of Emmett Till, Going Down to New Orleans, (I Heard That) Lonesome Whistle, Milk Cow Calf's Blues, Rocks and Gravel et That's All Right.

Pochette[modifier | modifier le code]

La pochette de The Freewheelin' Bob Dylan est une photographie de Dylan avec Suze Rotolo prise en par Don Hunstein. Elle montre les deux jeunes gens en train de marcher au milieu de Jones Street, dans le West Village, non loin de l'appartement qu'ils partagent sur la 4e Rue. Cette image acquiert rapidement un statut iconique, que Rotolo attribue dans son autobiographie à son caractère très spontané[45]. La pose emblématique des deux jeunes gens est reproduite dans les films Vanilla Sky (2001) et I'm Not There (2007).

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Chansons[modifier | modifier le code]

Toutes les chansons sont écrites et composées par Bob Dylan, sauf indication contraire.

Face 1
NoTitreDate d'enregistrementDurée
1.Blowin' in the Wind2:48
2.Girl from the North Country3:22
3.Masters of War4:34
4.Down the Highway (en)3:27
5.Bob Dylan's Blues (en)2:23
6.A Hard Rain's a-Gonna Fall6:55
Face 2
NoTitreAuteurDate d'enregistrementDurée
7.Don't Think Twice, It's All Right3:40
8.Bob Dylan's Dream (en)5:03
9.Oxford Town (en)1:50
10.Talkin' World War III Blues (en)6:28
11.Corrina, Corrina (en)traditionnel2:44
12.Honey, Just Allow Me One More Chance (en)Bob Dylan, Henry Thomas2:01
13.I Shall Be Free (en)4:49

Musiciens[modifier | modifier le code]

Équipe de production[modifier | modifier le code]

Classements et certifications[modifier | modifier le code]

Classements hebdomadaires
Classement Meilleure
place
Drapeau des États-Unis États-Unis (Billboard 200)[37] 22
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni (UK Albums Chart)[46] 1
Certifications
Pays Certification Date Ventes certifiées
Drapeau des États-Unis États-Unis (RIAA)[38] Disque de platine Platine 1 000 000
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni (BPI)[47] Disque d'or Or 100 000

Références[modifier | modifier le code]

  1. Scaduto 2001, p. 110.
  2. Heylin 2000, p. 88-89.
  3. Rotolo 2009, p. 26-40.
  4. Rotolo 2009, p. 168-169.
  5. Rotolo 2009, p. 171-181.
  6. Heylin 2000, p. 99-101.
  7. Heylin 2000, p. 98-99.
  8. a et b Heylin 1996, p. 30.
  9. Gray 2006, p. 243-244.
  10. Heylin 1996, p. 32.
  11. Sounes 2001, p. 118-119.
  12. Gray 2006, p. 284.
  13. Sounes 2001, p. 124.
  14. Gray 2006, p. 283.
  15. Gill 1999, p. 20.
  16. Heylin 1996, p. 33-34.
  17. a b et c Heylin 1996, p. 34.
  18. Heylin 1996, p. 35.
  19. Crowe 1985.
  20. Heylin 2000, p. 104.
  21. Heylin 1996, p. 33.
  22. Heylin 2000, p. 106-107.
  23. Sounes 2001, p. 127.
  24. Heylin 2000, p. 110.
  25. Heylin 1996, p. 40.
  26. Heylin 2000, p. 114.
  27. Harvey 2001, p. 142.
  28. Heylin 2009, p. 117.
  29. Heylin 2000, p. 115.
  30. Heylin 1996, p. 43.
  31. Sounes 2001, p. 132.
  32. Heylin 1996, p. 44.
  33. Scaduto 2001, p. 141.
  34. Heylin 2000, p. 114-117.
  35. Thompson 2002, p. 12-13.
  36. a et b Scaduto 2001, p. 144.
  37. a et b (en) « Bob Dylan », sur Billboard (consulté le ).
  38. a et b (en) « Gold & Platinum », sur RIAA (consulté le ).
  39. Sounes 2001, p. 136.
  40. (en) Stephen Thomas Erlewine, « The Freewheelin' Bob Dylan », sur AllMusic (consulté le ).
  41. (en) « Bob Dylan », dans Nathan Brackett et Christian Hoard (éd.), The New Rolling Stone Album Guide, Simon & Schuster, , 4e éd. (ISBN 0-7432-0169-8).
  42. (en) Colin Larkin, « Bob Dylan », dans Encyclopedia of Popular Music, Omnibus Press, (ISBN 9780857125958).
  43. Dylan 2004, p. 119.
  44. Scaduto 2001, p. 142.
  45. Rotolo 2009, p. 217.
  46. (en) « Bob Dylan », sur Official Charts (consulté le ).
  47. (en) « Bob Dylan, The Freewheelin' », sur BPI (consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]