« Edward Gierek » : différence entre les versions

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'''Edward Gierek''', né à [[Porąbka (Sosnowiec)|{{lang|pl|Porąbka}}]], aujourd'hui quartier de [[Sosnowiec]], le {{date-|6|janvier|1913}}, et mort le {{date-|29|juillet|2001}} à [[Cieszyn]], est un [[homme politique]] [[communisme|communiste]] [[pologne|polonais]].
'''Edward Gierek''', né à [[Porąbka (Sosnowiec)|{{lang|pl|Porąbka}}]], aujourd'hui quartier de [[Sosnowiec]], le {{date-|6|janvier|1913}}, et mort le {{date-|29|juillet|2001}} à [[Cieszyn]], est un [[homme politique]] [[communisme|communiste]] [[pologne|polonais]].


Il a dirigé la [[République populaire de Pologne]] de 1970 à 1980.
Il a dirigé la [[république populaire de Pologne]] de 1970 à 1980, jusqu'aux grèves de Gdańsk qui conduisent à l'émergence du syndicat [[Solidarność|Solidarité]].


== Biographie ==
== Biographie ==
=== Jeunesse et ascension ===
{{Section à sourcer|date=mars 2022}}
Orphelin de son père à quatre ans, Edward Gierek émigre à l'âge de dix ans en [[France]] avec sa mère, sa sœur et son beau-père. Après avoir travaillé dans l'agriculture dans la [[Haute-Saône]] et dans les [[mines de potasse d'Alsace]], Gierek gagne le [[Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais|bassin minier]] du [[Nord-Pas-de-Calais]]. En 1926, il embrasse la carrière de [[mineur (métier)|mineur]] dans la [[Compagnie des mines de l'Escarpelle]], à la [[Fosse n° 10 des mines de l'Escarpelle|fosse {{n°|10}}]], sise à [[Leforest]]. Il adhère au [[Parti communiste français]] en 1931. En {{date-|août 1934}}, cette fosse est témoin d'événements tragiques. Une grève éclate au fond du puits. Après 35 heures de lutte, les grévistes remontent et les sanctions tombent. Gierek, comme soixante-dix-sept autres syndicalistes, est l'objet d'un décret d'expulsion de la direction de la sûreté générale. Parmi eux, un autre syndicaliste polonais célèbre, [[Thomas Olszanski]]<ref name="R1"/>.
Orphelin de son père à quatre ans<ref name=":0">{{Lien web |langue=pl |auteur=Michał Szukała |titre=50 lat temu władzę w PRL objął Edward Gierek |url=https://dzieje.pl/wiadomosci/50-lat-temu-wladze-w-prl-objal-edward-gierek |site=dzieje.pl |date=20 décembre 2020. |consulté le=}}</ref>, Edward Gierek émigre à l'âge de dix ans en [[France]] avec sa mère, sa sœur et son beau-père. Après avoir travaillé dans l'agriculture dans la [[Haute-Saône]] et dans les [[mines de potasse d'Alsace]], Gierek gagne le [[Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais|bassin minier]] du [[Nord-Pas-de-Calais]]. En 1926, il embrasse la carrière de [[mineur (métier)|mineur]] dans la [[Compagnie des mines de l'Escarpelle]], à la [[Fosse n° 10 des mines de l'Escarpelle|fosse {{n°|10}}]], sise à [[Leforest]]. Il adhère au [[Parti communiste français]] en 1931. En {{date-|août 1934}}, cette fosse est témoin d'événements tragiques. Une grève éclate au fond du puits. Après 35 heures de lutte, les grévistes remontent et les sanctions tombent. Gierek, comme soixante-dix-sept autres syndicalistes, est l'objet d'un décret d'expulsion de la direction de la sûreté générale<ref>{{Lien web |titre=Mémoires de mines - L'expulsion des familles polonaises à Leforest en 1934 - Ina.fr |url=http://fresques.ina.fr/memoires-de-mines/fiche-media/Mineur00232/l-expulsion-des-familles-polonaises-a-leforest-en-1934.html |site=Mémoires de mines |consulté le=2024-01-03}}</ref>. Parmi eux, un autre syndicaliste polonais célèbre, [[Thomas Olszanski]]<ref name="R1"/>.


Il effectue son service militaire en Pologne, puis revient en 1937 dans la province de Limbourg ([[Belgique]]) pour travailler dans les mines<ref>Jacques Kmieciak, [https://www.humanite.fr/portrait-edward-gierek-le-galibot-devenu-chef-detat-656872 « Edward Gierek, le galibot devenu chef d’État »], ''L’Humanité'', 15, 16 et {{date-|17 juin 2018}}.</ref>.
Il effectue son service militaire en Pologne, puis revient en 1937 dans la province de Limbourg ([[Belgique]]) pour travailler dans les mines<ref>Jacques Kmieciak, [https://www.humanite.fr/portrait-edward-gierek-le-galibot-devenu-chef-detat-656872 « Edward Gierek, le galibot devenu chef d’État »], ''L’Humanité'', 15, 16 et {{date-|17 juin 2018}}.</ref>.


Durant la [[Seconde Guerre mondiale]], il rejoint le ''{{lang|pl|Związek Patriotów Polskich}}'' (Union des patriotes polonais), une organisation de jeunes résistants communistes.
Durant la [[Seconde Guerre mondiale]], il rejoint le ''{{lang|pl|Związek Patriotów Polskich}}'' (Union des patriotes polonais), une organisation de jeunes résistants communistes.
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À partir de 1957, il est secrétaire du Parti pour la Haute-Silésie, principal centre minier et industriel de la Pologne ; il prend ainsi la tête de la faction technocratique du Parti, devenant « l'homme fort » de la [[Silésie]].
À partir de 1957, il est secrétaire du Parti pour la Haute-Silésie, principal centre minier et industriel de la Pologne ; il prend ainsi la tête de la faction technocratique du Parti, devenant « l'homme fort » de la [[Silésie]].


=== Dirigeant de la Pologne ===
Après les [[Émeutes de la Baltique de 1970|émeutes consécutives à l'augmentation des prix]], en {{date-|décembre 1970}}, il remplace {{lang|pl|[[Władysław Gomułka]]}} au poste de premier secrétaire du [[Parti ouvrier unifié polonais]].
Après les [[Émeutes de la Baltique de 1970|émeutes de la Baltique]], consécutives à la hausse des prix, en {{date-|décembre 1970}}, il remplace {{lang|pl|[[Władysław Gomułka]]}} au poste de premier secrétaire du [[Parti ouvrier unifié polonais]].


Il entreprend alors de moderniser l'industrie et d'améliorer la disponibilité des biens de consommation. Initiant des liens avec les États-Unis<ref>« Ford-Gierek : la seconde visite d'un président américain en Pologne en trois ans », ''[[Le Monde]]'', le 29 juillet 1975.</ref> et l'Allemagne de l'Ouest<ref>[[André Fontaine]], [https://www.lemonde.fr/archives/article/1972/10/03/la-cooperation-economique-decidera-de-l-approfondissement-de-l-ensemble-des-relations-entre-varsovie-et-paris-declare-au-monde-m-edward-gierek_2404290_1819218.html {{Citation|La coopération économique décidera de l'approfondissement de l'ensemble des relations entre Varsovie et Paris}} déclare au ''Monde'' M. Edward Gierek], ''[[Le Monde]]'', le 3 octobre 1972.</ref>, il entretient globalement de bonnes relations avec l'Occident, notamment avec [[Willy Brandt]], [[Richard Nixon]], [[Valéry Giscard d'Estaing]] et [[Helmut Schmidt]].
Il entreprend alors de moderniser l'industrie polonaise et d'améliorer la disponibilité des biens de consommation. Initiant des liens avec les États-Unis<ref>« Ford-Gierek : la seconde visite d'un président américain en Pologne en trois ans », ''[[Le Monde]]'', le 29 juillet 1975.</ref> et l'Allemagne de l'Ouest<ref>[[André Fontaine (journaliste)|André Fontaine]], [https://www.lemonde.fr/archives/article/1972/10/03/la-cooperation-economique-decidera-de-l-approfondissement-de-l-ensemble-des-relations-entre-varsovie-et-paris-declare-au-monde-m-edward-gierek_2404290_1819218.html {{Citation|La coopération économique décidera de l'approfondissement de l'ensemble des relations entre Varsovie et Paris}} déclare au ''Monde'' M. Edward Gierek], ''[[Le Monde]]'', le 3 octobre 1972.</ref>, il entretient globalement de bonnes relations avec l'Occident, notamment avec [[Willy Brandt]], [[Richard Nixon]], [[Valéry Giscard d'Estaing]] et [[Helmut Schmidt]].


Gierek normalise les relations avec le pape : il rencontre [[Paul VI]] en 1977. L'année suivante voit l'élection de {{souverain2|Jean-Paul II}}, premier pape polonais de l'histoire, qui fait une visite en Pologne en juin 1979, suivie de près par des autorités inquiètes qui redoutent l'enthousiasme populaire<ref>{{Lien web |langue=pl |auteur=Wojciech Wysocki |titre=40 lat temu Jan Paweł II rozpoczął pierwszą pielgrzymkę do Polski |url=https://dzieje.pl/aktualnosci/40-lat-temu-jan-pawel-ii-rozpoczal-pierwsza-pielgrzymke-do-polski |site=dzieje.pl |date=2 juin 2019 |consulté le=}}</ref>.
Alors que le niveau de vie s'est amélioré dans le début des années 1970, le choc pétrolier entraîne une pénurie et de l'inflation dans le pays. Le syndicat {{lang|pl|[[Solidarność]]}} apparaît alors sur les chantiers de [[Gdańsk]].


Contrairement à la répression de la grève des chantiers navals de Gdynia en 1970, le syndicat est légalisé après 14 jours de grève au chantier naval Lénine de Gdansk, via l'accord de Gdansk, du {{date-|31 août 1980}} et peut ouvrir son premier congrès le {{date-|5|septembre|1981}} avec 912 délégués<ref>{{lien web |url=https://www.universalis.fr/evenement/5-29-septembre-1981-ier-congres-du-syndicat-solidarnosc/|site=[[Encyclopædia Universalis]] |titre=5-29 septembre 1981 Pologne. Ier congrès du syndicat Solidarność|consulté le=8 mars 2019}}.</ref>. Il regroupe rapidement 10 millions de salariés sur les 31 de la Pologne. Edward Gierek veut ainsi tenter de normaliser les relations avec le pape {{souverain2|Jean-Paul II}}, premier pape polonais de l'histoire, élu en 1978.
Alors que le niveau de vie s'est amélioré dans le début des années 1970, le choc pétrolier entraîne une pénurie et de l'inflation dans le pays. Le syndicat {{lang|pl|[[Solidarność]]}} apparaît alors sur les chantiers de [[Gdańsk]]. Contrairement à la répression de la grève des chantiers navals de 1970, le syndicat est légalisé après 14 jours de grève au chantier naval Lénine de Gdańsk, via l'accord de Gdańsk du {{date-|31 août 1980}}, et il organise son premier congrès le {{date-|5|septembre|1981}} avec 912 délégués<ref>{{lien web |url=https://www.universalis.fr/evenement/5-29-septembre-1981-ier-congres-du-syndicat-solidarnosc/|site=[[Encyclopædia Universalis]] |titre=5-29 septembre 1981 Pologne. Ier congrès du syndicat Solidarność|consulté le=8 mars 2019}}.</ref>. Il regroupe rapidement 10 millions de salariés sur les 31 de la Pologne.


Ces décisions et la crise déclenchée par le [[deuxième choc pétrolier]] de 1980 achèvent de le rendre impopulaire dans le parti communiste polonais. Il est remplacé par {{lang|pl|[[Stanisław Kania]]}} puis évincé par le [[État de siège en Pologne de 1981 à 1983|coup d'État de 1981]] du [[Wojciech Jaruzelski|général Jaruzelski]] instaurant l'[[état de siège]] pour mettre fin au rôle grandissant du syndicat [[Solidarność]]. Durant [[État de siège en Pologne 1981-1983|cet état de siège]], il est interné un an.
Ces décisions et la crise déclenchée par le [[deuxième choc pétrolier]] achèvent de le rendre impopulaire dans le parti communiste polonais. Il est remplacé par {{lang|pl|[[Stanisław Kania]]}} quelques jours après les accords de Gdańsk, puis évincé par le [[État de siège en Pologne de 1981 à 1983|coup d'État de 1981]] du [[Wojciech Jaruzelski|général Jaruzelski]] instaurant l'[[état de siège]]. Durant [[État de siège en Pologne 1981-1983|cet état de siège]], il est interné pendant un an<ref name=":0" />.


Il laisse dans l'histoire du communisme "réel", l'expérience (nuancée dans ses résultats) et du moins l'idée d'un développement économique à visage humain accès à la consommation basée sur la demande, avec une relative ouverture démocratique qui lui valut son évincement par le parti communiste polonais sur injonction probable de l'URSS craignant de voir la Pologne trop se rapprocher de l'occident. Gierek laisse par ailleurs une image intègre et humaniste, rare parmi les dirigeants communistes d'alors.
Il laisse dans l'histoire du « socialisme réel », l'expérience (nuancée dans ses résultats) et du moins l'idée d'un développement économique à visage humain et d'accès à la consommation, avec une relative ouverture démocratique qui lui valut son éviction par le parti communiste polonais sur injonction probable de l'URSS, craignant de voir la Pologne trop se rapprocher de l'Occident. Gierek représente par ailleurs, du jeune travailleur militant à l'homme d'État qu'il fut, une figure intègre et humaniste nonobstant son acceptation du cadre soviétique qu'il voulut assouplir, composant une personnalité singulière parmi les dirigeants communistes d'alors.

== Hommages ==
Un rond-point portait le nom de Gierek à [[Sosnowiec]], avant d'être débaptisé en 2019<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Élise |nom=Forestier |titre=En pologne, le rond-point Edward-Gierek va être débaptisé |url=https://www.lavoixdunord.fr/560489/article/2019-03-30/en-pologne-le-rond-point-edward-gierek-va-etre-debaptise |site=La Voix du Nord |date=2019-03-30 |consulté le=2024-01-03}}</ref> contre le vœu de la grande majorité des habitants<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Pologne : c’est la mémoire ouvrière qu’ils assassinent ! |url=https://www.initiative-communiste.fr/articles/culture-debats/pologne-cest-la-memoire-ouvriere-quils-assassinent/ |site=INITIATIVE COMMUNISTE |date=2019-04-11 |consulté le=2024-01-03}}</ref>. En riposte, des élus communistes du Nord de la France ont décidé de donner le nom d'Edward Gierek à des voies publiques, comme à [[Grenay (Pas-de-Calais)|Grenay]]<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Tom |nom=Février |titre=Grenay : un rond-point pour honorer la mémoire d’Edward Gierek |url=https://www.lavoixdunord.fr/628646/article/2019-08-26/grenay-un-rond-point-pour-honorer-la-memoire-d-edward-gierek |site=La Voix du Nord |date=2019-08-26 |consulté le=2024-01-03}}</ref>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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=== Liens externes ===
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=== Bibliographie ===
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[[Catégorie:Diaspora polonaise]]
[[Catégorie:Député de la Ire législature de la Diète de la république populaire de Pologne]]
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[[Catégorie:Député de la IIe législature de la Diète de la république populaire de Pologne]]

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Edward Gierek
Edward Gierek en 1980.
Fonctions
Premier secrétaire du Parti ouvrier unifié polonais
-
Député de la Diète de la république populaire de Pologne
-
Député de la Diète de la république populaire de Pologne
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 88 ans)
Cieszyn (Pologne)Voir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Cimetière catholique de Sosnowiec-Zagórze (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Formation
Centralna Szkoła Partyjna PPR i PZPR w Łodzi (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Conjoint
Stanisława Gierek (d) (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Adam Gierek
Jerzy Gierek (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Aleksander Gierek (d) (petit-fils)
Stanisława Gierek-Ciaciura (d) (petite-fille)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Partis politiques
Membre de
Union des Combattants pour la Liberté et la Démocratie (en)
Union of Polish Patriots (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conflit
Distinctions
Liste détaillée
Croix d'or du Mérite ()
Ordre des bâtisseurs de la Pologne populaire (en) ()
Insigne d'honneur « Mérite pour Varsovie » ()
Ordre de Guéorgui Dimitrov (en) ()
Grand-croix de la Légion d'honneur‎ ()
Ordre de l'Étoile de Yougoslavie ()
Médaille du 30e anniversaire de la Pologne populaire (en) ()
Grand-croix de l'ordre de la Rose blanche de Finlande ()
Médaille du centenaire de la naissance de Lénine (en) ()
Ordre de José Marti ()
Odznaka tytułu honorowego „Zasłużony Górnik PRL” (d) ()
Ordre de Lénine ()
Grand collier de l'ordre de l'Infant Dom Henri ()
Grand cordon de l'ordre de Léopold ()
Grand-croix de l'ordre Polonia Restituta ()
Ordre de la révolution d'Octobre ()
Ordre de Stara Planina ()
Medal for Long Marital Life ()
Ordre de la Bannière du Travail, 1re classe
Ordre de la Bannière du Travail
Croix du Partisan (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Vue de la sépulture.

Edward Gierek, né à Porąbka, aujourd'hui quartier de Sosnowiec, le , et mort le à Cieszyn, est un homme politique communiste polonais.

Il a dirigé la république populaire de Pologne de 1970 à 1980, jusqu'aux grèves de Gdańsk qui conduisent à l'émergence du syndicat Solidarité.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et ascension[modifier | modifier le code]

Orphelin de son père à quatre ans[1], Edward Gierek émigre à l'âge de dix ans en France avec sa mère, sa sœur et son beau-père. Après avoir travaillé dans l'agriculture dans la Haute-Saône et dans les mines de potasse d'Alsace, Gierek gagne le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. En 1926, il embrasse la carrière de mineur dans la Compagnie des mines de l'Escarpelle, à la fosse no 10, sise à Leforest. Il adhère au Parti communiste français en 1931. En , cette fosse est témoin d'événements tragiques. Une grève éclate au fond du puits. Après 35 heures de lutte, les grévistes remontent et les sanctions tombent. Gierek, comme soixante-dix-sept autres syndicalistes, est l'objet d'un décret d'expulsion de la direction de la sûreté générale[2]. Parmi eux, un autre syndicaliste polonais célèbre, Thomas Olszanski[3].

Il effectue son service militaire en Pologne, puis revient en 1937 dans la province de Limbourg (Belgique) pour travailler dans les mines[4].

Durant la Seconde Guerre mondiale, il rejoint le Związek Patriotów Polskich (Union des patriotes polonais), une organisation de jeunes résistants communistes.

Retourné en Pologne en 1948, il adhère immédiatement au Parti ouvrier unifié polonais (PZPR) dont il dirige la section de Katowice puis est élu au Comité central en 1954 l'année d'après la mort de Staline.

À partir de 1957, il est secrétaire du Parti pour la Haute-Silésie, principal centre minier et industriel de la Pologne ; il prend ainsi la tête de la faction technocratique du Parti, devenant « l'homme fort » de la Silésie.

Dirigeant de la Pologne[modifier | modifier le code]

Après les émeutes de la Baltique, consécutives à la hausse des prix, en , il remplace Władysław Gomułka au poste de premier secrétaire du Parti ouvrier unifié polonais.

Il entreprend alors de moderniser l'industrie polonaise et d'améliorer la disponibilité des biens de consommation. Initiant des liens avec les États-Unis[5] et l'Allemagne de l'Ouest[6], il entretient globalement de bonnes relations avec l'Occident, notamment avec Willy Brandt, Richard Nixon, Valéry Giscard d'Estaing et Helmut Schmidt.

Gierek normalise les relations avec le pape : il rencontre Paul VI en 1977. L'année suivante voit l'élection de Jean-Paul II, premier pape polonais de l'histoire, qui fait une visite en Pologne en juin 1979, suivie de près par des autorités inquiètes qui redoutent l'enthousiasme populaire[7].

Alors que le niveau de vie s'est amélioré dans le début des années 1970, le choc pétrolier entraîne une pénurie et de l'inflation dans le pays. Le syndicat Solidarność apparaît alors sur les chantiers de Gdańsk. Contrairement à la répression de la grève des chantiers navals de 1970, le syndicat est légalisé après 14 jours de grève au chantier naval Lénine de Gdańsk, via l'accord de Gdańsk du , et il organise son premier congrès le avec 912 délégués[8]. Il regroupe rapidement 10 millions de salariés sur les 31 de la Pologne.

Ces décisions et la crise déclenchée par le deuxième choc pétrolier achèvent de le rendre impopulaire dans le parti communiste polonais. Il est remplacé par Stanisław Kania quelques jours après les accords de Gdańsk, puis évincé par le coup d'État de 1981 du général Jaruzelski instaurant l'état de siège. Durant cet état de siège, il est interné pendant un an[1].

Il laisse dans l'histoire du « socialisme réel », l'expérience (nuancée dans ses résultats) et du moins l'idée d'un développement économique à visage humain et d'accès à la consommation, avec une relative ouverture démocratique qui lui valut son éviction par le parti communiste polonais sur injonction probable de l'URSS, craignant de voir la Pologne trop se rapprocher de l'Occident. Gierek représente par ailleurs, du jeune travailleur militant à l'homme d'État qu'il fut, une figure intègre et humaniste nonobstant son acceptation du cadre soviétique qu'il voulut assouplir, composant une personnalité singulière parmi les dirigeants communistes d'alors.

Hommages[modifier | modifier le code]

Un rond-point portait le nom de Gierek à Sosnowiec, avant d'être débaptisé en 2019[9] contre le vœu de la grande majorité des habitants[10]. En riposte, des élus communistes du Nord de la France ont décidé de donner le nom d'Edward Gierek à des voies publiques, comme à Grenay[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (pl) Michał Szukała, « 50 lat temu władzę w PRL objął Edward Gierek », sur dzieje.pl, 20 décembre 2020.
  2. « Mémoires de mines - L'expulsion des familles polonaises à Leforest en 1934 - Ina.fr », sur Mémoires de mines (consulté le )
  3. Ponty 2005, p. 201
  4. Jacques Kmieciak, « Edward Gierek, le galibot devenu chef d’État », L’Humanité, 15, 16 et .
  5. « Ford-Gierek : la seconde visite d'un président américain en Pologne en trois ans », Le Monde, le 29 juillet 1975.
  6. André Fontaine, « La coopération économique décidera de l'approfondissement de l'ensemble des relations entre Varsovie et Paris » déclare au Monde M. Edward Gierek, Le Monde, le 3 octobre 1972.
  7. (pl) Wojciech Wysocki, « 40 lat temu Jan Paweł II rozpoczął pierwszą pielgrzymkę do Polski », sur dzieje.pl,
  8. « 5-29 septembre 1981 Pologne. Ier congrès du syndicat Solidarność », sur Encyclopædia Universalis (consulté le ).
  9. Élise Forestier, « En pologne, le rond-point Edward-Gierek va être débaptisé », sur La Voix du Nord, (consulté le )
  10. « Pologne : c’est la mémoire ouvrière qu’ils assassinent ! », sur INITIATIVE COMMUNISTE, (consulté le )
  11. Tom Février, « Grenay : un rond-point pour honorer la mémoire d’Edward Gierek », sur La Voix du Nord, (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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