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| producteur = John Lennon, Yoko Ono, Jack Douglas
| producteur = John Lennon, Yoko Ono, {{Lien|langue=en|trad=Jack Douglas (record producer)|fr=Jack Douglas (réalisateur artistique)|texte=Jack Douglas}}
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| label = [[Geffen Records|Geffen]]
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| précédent = [[A Story]]
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{{Succession musicale
| charte = album
| artiste = [[John Lennon]] et [[Yoko Ono]]
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'''''{{lang|en|Double Fantasy}}''''' est un album studio de [[John Lennon]] et [[Yoko Ono]] sorti en novembre [[1980 en musique|1980]]. Il s'agit de leur premier album publié depuis cinq ans. L'album marque une rupture avec leurs travaux précédents : Lennon choisit en effet une maison de disques peu connue et un jeune producteur, Jack Douglas, afin que lui-même et son épouse soient également traités.
'''''{{lang|en|Double Fantasy}}''''' est le septième album studio de [[John Lennon]], et le deuxième avec [[Yoko Ono]] (après ''[[Some Time in New York City]]''), sorti en novembre [[1980 en musique|1980]]. Il s'agit de leur premier album sorti depuis cinq ans et du dernier publié du vivant du fondateur des [[Beatles]]. L'album marque une rupture avec leurs travaux précédents : Lennon choisit en effet [[Geffen Records]], une maison de disques alors peu connue et un jeune producteur, {{Lien|langue=en|trad=Jack Douglas (record producer)|fr=Jack Douglas (producer)|texte=Jack Douglas}}, afin que lui-même et son épouse soient également traités.


C'est ainsi un album mixte, alternant les chansons de l'un et de l'autre, qui voit le jour. John et Yoko y écrivent des chansons optimistes sur leur vie, sur leur fils [[Sean Lennon|Sean]], ainsi que d'autres, plus introspectives. L'ensemble de l'album est très personnel, et amorce ce que Lennon considère comme une nouvelle phase de sa carrière.
C'est ainsi un album mixte, alternant les chansons de l'un et de l'autre, qui voit le jour. John et Yoko y écrivent des chansons optimistes sur leur vie, sur leur fils [[Sean Lennon|Sean]], ainsi que d'autres, plus introspectives. L'ensemble de l'album est très personnel, et amorce ce que Lennon considère comme une nouvelle phase de sa carrière.


À sa sortie, l'album connait un succès commercial et critique mitigé, tandis que les époux donnent de nombreuses interviews et commencent à travailler à une suite, ''{{lang|en|[[Milk and Honey (album)|Milk and Honey]]}}''. Ces plans sont troublés de façon dramatique trois semaines plus tard par l'[[assassinat de John Lennon]]. Les ventes explosent alors, propulsant l'album à la première place des ventes de chaque côté de l'Atlantique, tandis que les singles qui en sont extraits, les chansons de Lennon ''[[(Just Like) Starting Over]]'', ''[[Woman (chanson de John Lennon)|Woman]]'' et ''[[Watching the Wheels]]'', connaissent un grand succès. La critique l'apprécie également de plus en plus, et il est en 1981 récompensé par un [[Grammy Award de l'album de l'année]]. En 2010, une version dépouillée est publiée dans ''{{lang|en|Double Fantasy Stripped Down}}'', un double CD comprenant une version remasterisée de l'album original et une version avec des arrangements simplifiés.
À sa sortie, l'album connait un succès commercial et critique mitigé, tandis que les époux donnent de nombreuses interviews et commencent à travailler à une suite, ''{{lang|en|[[Milk and Honey (album)|Milk and Honey]]}}''. Ces plans s'arrêtent de façon dramatique trois semaines plus tard par l'[[assassinat de John Lennon]]. Les ventes explosent alors, propulsant l'album à la première place des ventes de chaque côté de l'Atlantique, tandis que les singles qui en sont extraits, les chansons de Lennon ''[[(Just Like) Starting Over]]'', ''[[Woman (chanson de John Lennon)|Woman]]'' et ''[[Watching the Wheels]]'', connaissent un grand succès. La critique l'apprécie également de plus en plus, et il est en 1981 récompensé par un [[Grammy Award de l'album de l'année]]. En 2010, une version dépouillée est publiée dans ''{{lang|en|Double Fantasy Stripped Down}}'', un double CD comprenant une version remasterisée de l'album original et une version avec des arrangements simplifiés.


==Historique==
== Historique ==
===Genèse===
=== Genèse ===
[[Image:Yellow Freesia.jpg|thumb|left|Le titre de l'album ''{{lang|en|Double Fantasy}}'' vient du nom d'une espèce de [[freesia]] que Lennon a aperçue aux Bermudes.|alt=Un freesia double]]
[[Image:Yellow Freesia.jpg|thumb|left|Le titre de l'album ''{{lang|en|Double Fantasy}}'' vient du nom d'une espèce de [[freesia]] que Lennon a aperçue aux Bermudes.|alt=Un freesia double.]]
En 1975, [[John Lennon]] et [[Yoko Ono]], réunis après une parenthèse de plus d'un an, parviennent enfin à avoir un enfant ensemble. Lorsque nait [[Sean Lennon|Sean]], ses parents décident de se retirer du monde de la musique pour mieux pouvoir s'occuper de leur fils. Tandis que Yoko gère les affaires du couple, Lennon se consacre à son fils<ref>{{harvsp|Philip Norman|2010|p=763}}</ref>. Il ne se coupe pas totalement du monde pour autant, contrairement à ce qui se raconte par la suite, et continue à voyager, à écrire et à dessiner<ref>{{harvsp|Philip Norman|2010|p=776}}</ref>. Il dispose également de tout un matériel sonore du dernier cri (dont il n'a pas toujours l'usage), et travaille sur de multiples cassettes à essayer de nouvelles chansons<ref>{{harvsp|Philip Norman|2010|p=778}}</ref>. À cette époque, il compose ainsi la chanson ''{{lang|en|[[Free as a Bird]]}}'' terminée près de vingt ans plus tard par les [[The Beatles|Beatles]]<ref>{{harvsp|Steve Turner|1999|p=249}}</ref>.
En 1975, [[John Lennon]] et [[Yoko Ono]], réunis après une parenthèse de plus d'un an, parviennent enfin à avoir un enfant ensemble. Lorsque nait [[Sean Lennon|Sean]], ses parents décident de se retirer du monde de la musique pour mieux pouvoir s'occuper de leur fils. Tandis que Yoko gère les affaires du couple, Lennon se consacre à son fils<ref>{{harvsp|Philip Norman|2010|p=763}}</ref>. Il ne se coupe pas totalement du monde pour autant, contrairement à ce qui se raconte par la suite, et continue à voyager, à écrire et à dessiner<ref>{{harvsp|Philip Norman|2010|p=776}}</ref>. Il dispose également de tout un matériel sonore du dernier cri (dont il n'a pas toujours l'usage), et travaille sur de multiples cassettes à essayer de nouvelles chansons<ref>{{harvsp|Philip Norman|2010|p=778}}</ref>. À cette époque, il compose ainsi la chanson ''{{lang|en|[[Free as a Bird]]}}'' terminée près de vingt ans plus tard par les [[The Beatles|Beatles]]<ref>{{harvsp|Steve Turner|1999|p=249}}</ref>.


Lorsque débute l'année 1980, la relation entre Yoko et John connaît quelques difficultés. Sans en avertir son mari, Yoko a recommencé à consommer de l'[[héroïne]] et ne veut pas choquer le public en partant dans un centre de désintoxication. Elle cherche donc à éloigner son époux le temps qu'elle puisse se sevrer. John et son fils partent finalement en vacances et le musicien y ébauche la chanson ''{{lang|en|Dear Yoko}}'' exprimant son amour toujours fort<ref>{{harvsp|Philip Norman|2010|p=802}}</ref>. Amateur de voyage et de voile, John part ensuite seul en voilier avec quatre marins pour les [[Bermudes]], où sa famille doit le rejoindre. Ce voyage, au cours duquel il brave une tempête, inspire énormément ses compositions<ref>{{harvsp|Philip Norman|2010|p=803 - 806}}</ref>.
Lorsque débute l'année 1980, la relation entre Yoko et John connaît quelques difficultés. Sans en avertir son mari, Yoko a recommencé à consommer de l'[[héroïne]] et ne veut pas choquer le public en partant dans un centre de désintoxication. Elle cherche donc à éloigner son époux le temps qu'elle puisse se sevrer. John et son fils partent finalement en vacances et le musicien y ébauche la chanson ''{{lang|en|Dear Yoko}}'' exprimant son amour toujours fort<ref>{{harvsp|Philip Norman|2010|p=802}}</ref>. Amateur de voyage et de voile, John part ensuite seul en voilier avec quatre marins pour les [[Bermudes]], où sa famille doit le rejoindre. Ce voyage, au cours duquel il brave une tempête, inspire énormément ses compositions<ref>{{harvsp|Philip Norman|2010|p=803-806}}</ref>. Lennon a même trouvé le titre de l'album durant son séjour, ''{{lang|en|Double Fantasy}}'', du nom d'une fleur aperçue là-bas<ref>{{Lien web |langue=en |titre=John Lennon’s last interview, December 8, 1980 |url=http://www.beatlesarchive.net/john-lennons-last-interview-december-8-1980.html |site=Beatles Archive |date= |consulté le=2020-12-09 |extrait=I was takin’ Sean and the nanny and the family [...] in Bermuda to The Botanical Gardens [...]. And I was just walking in and I looked down and in the botanical garden it said [...] ‘Freezier Double Fantasy’ and it was some flowers. And I just thought, ‘Double Fantasy – that’s a great title!’}}</ref>.


Lorsqu'ils retournent à New York, le 29 juillet 1980, John et Yoko ont déjà trouvé un producteur, le jeune Jack Douglas, qui avait été un des [[ingénieur du son|ingénieurs du son]] de l'album ''{{lang|en|[[Imagine (album)|Imagine]]}}'' en 1971. Ce dernier est d'accord pour que les époux aient une part égale sur cet album qu'ils envisagent comme un dialogue entre eux deux<ref name=PN808>{{harvsp|Philip Norman|2010|p=808}}</ref>. Lennon a même trouvé le titre de l'album durant son séjour, ''{{lang|en|Double Fantasy}}'', du nom d'une fleur aperçue là bas. L'expression peut en effet signifier {{citation|double fantasme}}<ref>{{harvsp|Philip Norman|2010|p=807}}</ref>.
Lorsqu'ils retournent à New York, le {{date-|29 juillet 1980}}, John et Yoko ont déjà trouvé un producteur, le jeune Jack Douglas, qui avait été un des [[ingénieur du son|ingénieurs du son]] de l'album ''{{lang|en|[[Imagine (album de John Lennon)|Imagine]]}}'' en 1971. Ce dernier est d'accord pour que les époux aient une part égale sur cet album qu'ils envisagent comme un dialogue entre eux deux<ref name=PN808>{{harvsp|Philip Norman|2010|p=808}}</ref> ; l'expression « ''double fantasy'' » peut en effet signifier {{citation|double fantasme}}<ref>{{harvsp|Philip Norman|2010|p=807}}</ref>.


===Enregistrement===
=== Enregistrement ===
Gardant un mauvais souvenir des sessions chaotiques entre amis menées pour ce qui devait être l'album ''{{lang|en|Oldies but Mouldies}}'' (finalement ''{{lang|en|[[Rock 'n' Roll (album)|Rock'n'Roll]]}}''), Lennon préfère être accompagné sur ''{{lang|en|Double Fantasy}}'' par des musiciens qu'il ne connaît pas. Toutefois, le percussionniste Arthur Jenkins a participé à l'enregistrement du quatrième album de Yoko, ''[[Feeling the Space]]'' en 1973 ainsi que le suivant ''[[A Story]]'' en 1974 mais qui ne sera publié qu'en 1992 dans le coffret Onobox. L'ambiance de l'enregistrement tranche particulièrement avec les sessions agitées où un [[Phil Spector]] déguisé tirait des coups de feu en l'air : [[Yoko Ono]] a fait installer une salle de repos pour elle et son mari, tandis que Lennon a instantanément accroché sur la console une photo de son fils. Quand, pour le [[Some Time in New York City|dernier album qu'ils avaient enregistré ensemble]], les deux époux consommaient drogues et alcool, ils se contentent ici de nourriture [[macrobiotique]]<ref name=PN808/>.
Gardant un mauvais souvenir des sessions chaotiques entre amis menées pour ce qui devait être l'album ''{{lang|en|Oldies but Mouldies}}'' (finalement ''{{lang|en|[[Rock 'n' Roll (album de John Lennon)|Rock 'n' Roll]]}}''), Lennon préfère être accompagné sur ''{{lang|en|Double Fantasy}}'' par des musiciens qu'il ne connaît pas. Toutefois, le percussionniste [[Arthur Jenkins]] a joué avec John sur ''[[Walls and Bridges]]'' et ''Rock 'n' Roll'' et a aussi participé à 2 albums de Yoko, ''[[Feeling the Space]]'' en 1973 ainsi que le suivant ''[[A Story]]'' en 1974 (mais qui ne sera publié qu'en 1992 dans le coffret ''Onobox''). L'ambiance de l'enregistrement tranche avec les sessions agitées où un [[Phil Spector]] déguisé tirait des coups de feu en l'air : [[Yoko Ono]] a fait installer une salle de repos pour elle et son mari, tandis que Lennon a dès le début accroché une photo de son fils sur la console. Alors que pour ''[[Some Time in New York City]]'' (1972), le dernier album qu'ils avaient enregistré ensemble, les deux époux consommaient drogues et alcool, ils se contentent ici de nourriture [[macrobiotique]]<ref name=PN808/>.


Après des répétitions dans un appartement du [[Dakota Building]] que les Lennon ont acheté et transformé en studio d'enregistrement, début août, les musiciens rejoignent le [[The Hit Factory|Hit Factory]] à New York pour enregistrer du 7 au 16 août. Jack Douglas, le producteur, s'assure que ses machines enregistrent tout, en permanence. Ceci lui permet de publier quelques années plus tard les ''{{lang|en|Lost Lennon Tapes}}'' qui proposent des versions alternatives de ses chansons<ref name=TBB>{{en}} [http://www.beatlesbible.com/people/john-lennon/albums/double-fantasy/2/ « ''Double Fantasy'' »], ''The Beatles Bible''. Consulté le 10 septembre 2011</ref>.
Après des répétitions dans un appartement du [[Dakota Building]] que les Lennon ont acheté et transformé en [[studio d'enregistrement]], début août, les musiciens rejoignent le [[The Hit Factory|Hit Factory]] à New York pour enregistrer du {{date-|7 août- 1980-}} au {{date-|16 août 1980}}. Jack Douglas, le producteur, s'assure que ses machines enregistrent tout, en permanence ; ceci lui permet de publier quelques années plus tard les ''{{lang|en|Lost Lennon Tapes}}'', qui proposent des versions alternatives des chansons de Lennon<ref name="TBB">{{en}} [http://www.beatlesbible.com/people/john-lennon/albums/double-fantasy/2/ « ''Double Fantasy'' »], ''The Beatles Bible''. Consulté le 10 septembre 2011</ref>.


Comme il s'en rend bien vite compte, Douglas doit faire travailler les époux séparément, comme s'ils participaient à deux albums distincts, car {{citation|elle le rendait fou}}. Ono travaille donc l'après-midi, et Lennon le soir. En une dizaine de jours, 22 chansons sont enregistrées, tant pour ''{{lang|en|Double Fantasy}}'' que pour l'opus suivant, ''{{lang|en|[[Milk and Honey (album)|Milk and Honey]]}}''. Les overdubs sont enregistrés en septembre, et l'album est mixé le mois suivant<ref name=TBB/>.
Douglas se rend vite compte qu'il doit faire travailler les époux séparément, comme s'ils participaient à deux albums distincts, car {{citation|elle le rendait fou}}. Ono travaille donc l'après-midi, et Lennon le soir. En une dizaine de jours, 22 chansons sont enregistrées, tant pour ''{{lang|en|Double Fantasy}}'' que pour l'album suivant, ''{{lang|en|[[Milk and Honey (album)|Milk and Honey]]}}''. Les [[Re-recording|overdubs]] sont enregistrés en {{date-|septembre 1980-}}, et l'album est mixé le mois suivant<ref name=TBB/>. Les débuts de sessions sont marquées par la visite du groupe [[Téléphone (groupe)|Téléphone]] venu enregistrer au studio l'album ''[[Au cœur de la nuit (album)|Au cœur de la nuit]]'', mais les Français changent rapidement de studio pour des raisons techniques<ref name=":0">{{Lien web |langue=fr |titre=Quand Téléphone était sous haute tension |url=https://www.telerama.fr/musique/quand-telephone-etait-sous-haute-tension,134781.php |site=Télérama.fr |consulté le=2019-02-16}}.</ref>.


Pour l'enregistrement de ''{{lang|en|I'm Losing You}}'' et ''{{lang|en|I'm Moving On}}'', [[Rick Nielsen]] et [[Bun E. Carlos]], du groupe [[Cheap Trick]], sont invités à participer. Cependant, la version ainsi enregistrée ne cadre pas avec le reste de l'album et est abandonnée<ref name=PN809>{{harvsp|Philip Norman|2010|p=809}}</ref>. Elle réapparaîtra toutefois sur le coffret de 4 CD, ''[[John Lennon Anthology]]'', publié le {{date-|2 novembre 1998}}, ainsi que sur la version ''Stripped Down'' de ''Double Fantasy'' produite en 2010.
Les sessions sont également marquées par la visite au studio du groupe français [[Téléphone (groupe)|Téléphone]] qui cherche un studio pour enregistrer l'album ''[[Au cœur de la nuit (album)|Au cœur de la nuit]]''. Ce dernier décide finalement de se rendre aux [[Studios Electric Lady]] après avoir constaté la non-disponibilité du Hit Factory et des problèmes de compatibilités des micros de guitares.<ref name=":0">{{Lien web|langue=fr|titre=Quand Téléphone était sous haute tension|url=https://www.telerama.fr/musique/quand-telephone-etait-sous-haute-tension,134781.php|site=Télérama.fr|consulté le=2019-02-16}}</ref>


=== Parution et réception ===
Pour l'enregistrement de ''{{lang|en|I'm Losing You}}'' et ''{{lang|en|I'm Moving On}}'', [[Rick Nielsen]] et [[Bun E. Carlos]] du groupe [[Cheap Trick]] sont invités à participer. Cependant, la version ainsi enregistrée ne cadre pas avec le reste de l'album et est abandonnée<ref name=PN809>{{harvsp|Philip Norman|2010|p=809}}</ref>. Elle réapparut toutefois sur le coffret de 4 CD, ''[[John Lennon Anthology]]'', publié le 2 Novembre 1998.
[[Fichier:1 West 72nd Street (The Dakota) by David Shankbone.jpg|thumb|L'album a bénéficié de la médiatisation consécutive à l'[[assassinat de John Lennon|assassinat de Lennon]] devant le [[Dakota Building]].|alt=Le Dakota Building.]]

===Parution et réception===
[[Fichier:1 West 72nd Street (The Dakota) by David Shankbone.jpg|thumb|L'album a bénéficié de la médiatisation consécutive à l'[[assassinat de John Lennon|assassinat de Lennon]] devant le [[Dakota Building]].|alt=Le Dakota Building]]
Lorsqu'il avait quitté le monde musical en 1975, Lennon n'avait pas renouvelé son contrat avec [[Apple Records]]. En 1980, les éditeurs se battent donc pour l'avoir, mais Lennon pose une condition qui en fait reculer plus d'un : il veut que son épouse ait la même place que lui au sein du label. C'est ainsi qu'il est finalement édité par [[Geffen Records]], dont le directeur accepte ses conditions sans souci<ref>{{harvsp|Philip Norman|2010|p=810}}</ref>.
Lorsqu'il avait quitté le monde musical en 1975, Lennon n'avait pas renouvelé son contrat avec [[Apple Records]]. En 1980, les éditeurs se battent donc pour l'avoir, mais Lennon pose une condition qui en fait reculer plus d'un : il veut que son épouse ait la même place que lui au sein du label. C'est ainsi qu'il est finalement édité par [[Geffen Records]], dont le directeur accepte ses conditions sans souci<ref>{{harvsp|Philip Norman|2010|p=810}}</ref>.


La sortie de l'album qui doit marquer le grand retour de [[John Lennon]] après cinq ans d'absence est programmée avec soin. Outre un single promotionnel publié fin octobre, ''{{lang|en|[[(Just Like) Starting Over]]}}'', qui monte rapidement dans les charts, Lennon donne un grand nombre d'interviews, notamment une très longue au magazine ''{{lang|en|[[Playboy]]}}''<ref>{{harvsp|Philip Norman|2010|p=811 - 812}}</ref>. L'album sort le même jour des deux côtés de l'Atlantique, le 17 novembre 1980, et connaît un succès mitigé. La critique se montre assez réticente, notamment parce que si les chansons de Lennon sont plébiscités, celles d'Ono sont moins appréciés<ref>{{en}} [http://www.allmusic.com/album/r11538/review « ''Double Fantasy'' »], ''[[AllMusic]]''. Consulté le 10 septembre 2011</ref>. La critique du ''{{lang|en|[[Melody Maker]]}}'' va jusqu'à parler de {{citation|stérilité complaisante}} et de {{citation|bâillement franchement atroce}}<ref>{{harvsp|Philip Norman|2010|p=813}}</ref>. Les débuts de l'album sont pour leur part honorables<ref>{{harvsp|Paul Du Noyer|1998|p=101}}</ref>.
La sortie de l'album qui doit marquer le grand retour de [[John Lennon]] après cinq ans d'absence est programmée avec soin. Outre un single promotionnel publié fin {{date-|octobre 1980-}}, ''{{lang|en|[[(Just Like) Starting Over]]}}'', qui monte rapidement dans les charts, Lennon donne un grand nombre d'interviews, notamment une très longue au magazine ''{{lang|en|[[Playboy]]}}''<ref>{{harvsp|Philip Norman|2010|p=811-812}}</ref>. L'album sort le même jour des deux côtés de l'Atlantique, le {{date-|17 novembre 1980}}, et connaît un succès mitigé. La critique se montre assez réticente, notamment parce que si les chansons de Lennon sont plébiscités, celles d'Ono sont moins appréciés<ref>{{en}} [http://www.allmusic.com/album/r11538/review « ''Double Fantasy'' »], ''[[AllMusic]]''. Consulté le 10 septembre 2011.</ref>. La critique du ''{{lang|en|[[Melody Maker]]}}'' va jusqu'à parler de {{citation|stérilité complaisante}} et de {{citation|bâillement franchement atroce}}<ref>{{harvsp|Philip Norman|2010|p=813}}</ref>. Les débuts de l'album sont pour leur part honorables<ref>{{harvsp|Paul Du Noyer|1998|p=101}}</ref>.

Un événement change radicalement la donne trois semaines après la sortie de l'album. John Lennon est en effet [[assassinat de John Lennon|assassiné]] le {{date-|8 décembre 1980-}} suivant. L'ironie du sort voudra que, quelques heures avant, il aie dédicacé cet album à son assassin, [[Mark David Chapman|Mark Chapman]]<ref name=":1">{{Lien web |langue=fr |titre=Le disque dédicacé par John Lennon à son tueur le jour de sa mort, vendu aux enchères |url=https://www.lefigaro.fr/culture/le-disque-dedicace-par-john-lennon-a-son-tueur-le-jour-de-sa-mort-vendu-aux-encheres-20201123 |site=LEFIGARO |date=2020-11-23 |consulté le=2023-06-26}}</ref>. Alors que l'album venait d'entrer dans les top 10, les ventes explosent et le disque ainsi que son single atteignent la première place des ventes des deux côtés de l'Atlantique<ref>{{harvsp|Paul Du Noyer|1998|p=102}}</ref>. En 1990, le magazine ''{{lang|en|[[Rolling Stone]]}}'' le classe {{29e|meilleur}} album des années 1980<ref>{{en}} [http://www.rocklistmusic.co.uk/rstone.html ''Rolling Stone Lists''], ''Rock List''. Consulté le 10 septembre 2011.</ref>.


L'album cause également deux procès. La chanson de [[Yoko Ono]] ''{{lang|en|Yes, I'm Your Angel}}'' est en effet accusée d'être un [[plagiat]] d'une chanson vieille de cinquante ans, tandis que le producteur Jack Douglas annonce en 1981 ne pas avoir reçu ses royalties<ref>{{en}} [http://www.jpgr.co.uk/k99131.html « ''Double Fantasy'' »], ''Graham Calkin's Beatles Pages''. Consulté le 10 septembre 2011.</ref>. En 2000, l'album est réédité avec des pistes bonus. En 2010, il paraît en version remastérisée, ainsi qu'un autre album, ''{{lang|en|Double Fantasy Stripped Down}}''. À l'instar de ''{{lang|en|[[Let It Be... Naked]]}}'', il reprend les chansons originales dans une version épurée, acoustique. [[Stephen Thomas Erlewine]] du site ''[[AllMusic]]'' explique cependant que la différence s'entend peu et donne un air d'inachevé au disque<ref>{{en}} [http://www.allmusic.com/album/double-fantasy-stripped-down-r1967626/review « ''Double Fantasy Stripped Down'' »], ''[[AllMusic]]''. Consulté le 10 septembre 2011.</ref>.
Un événement change radicalement la donne trois semaines après la sortie de l'album. John Lennon est en effet [[assassinat de John Lennon|assassiné]] le 8 décembre suivant. Alors que l'album venait d'entrer dans les top 10, les ventes explosent et le disque ainsi que son single atteignent la première place des ventes des deux côtés de l'Atlantique<ref>{{harvsp|Paul Du Noyer|1998|p=102}}</ref>. En 1990, le magazine ''{{lang|en|[[Rolling Stone]]}}'' le classe {{29e|meilleur}} album des années 1980<ref>{{en}} [http://www.rocklistmusic.co.uk/rstone.html ''Rolling Stone Lists''], ''Rock List''. Consulté le 10 septembre 2011</ref>.


La version de l'album dédicacée à Mark Chapman sera quant à elle mise 3 fois aux enchères : Une première fois en 1999, pour 150 000 dollars, une seconde fois en 2010, pour 850 000 dollars, et une troisième fois en 2020, pour un prix de départ de 400 000 dollars<ref name=":1" />.
L'album cause également deux procès. La chanson de [[Yoko Ono]] ''{{lang|en|Yes, I'm Your Angel}}'' est en effet accusée d'être un plagiat d'une chanson vieille de cinquante ans, tandis que le producteur Jack Douglas annonce en 1981 ne pas avoir reçu ses royalties<ref>{{en}} [http://www.jpgr.co.uk/k99131.html « ''Double Fantasy'' »], ''Graham Calkin's Beatles Pages''. Consulté le 10 septembre 2011</ref>. En 2000, l'album est réédité avec des pistes bonus. En 2010, il paraît en version remastérisée, ainsi qu'un autre album, ''{{lang|en|Double Fantasy Stripped Down}}''. À l'instar de ''{{lang|en|[[Let It Be... Naked]]}}'', il reprend les chansons originales dans une version épurée, acoustique. Stephen Thomas Erlewine du site ''[[AllMusic]]'' explique cependant que la différence s'entend peu et donne un air d'inachevé au disque<ref>{{en}} [http://www.allmusic.com/album/double-fantasy-stripped-down-r1967626/review « ''Double Fantasy Stripped Down'' »], ''[[AllMusic]]''. Consulté le 10 septembre 2011</ref>.


== Analyse musicale ==
== Analyse musicale ==
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Dans la mesure où ''{{lang|en|Double Fantasy}}'' marque le retour de John et Yoko à la vie publique, l'album fait écho à leurs cinq ans d'absence et aux nouveautés de leur vie. En cela, la chanson ''{{lang|en|[[Watching the Wheels]]}}'' est une explication de Lennon aux fans sur le plaisir qu'il a ressenti à regarder {{citation|les roues tourner}} tout en prenant un temps du recul. Ce thème du plaisir à l'inaction avait déjà été évoqué des années plus tôt dans ''{{lang|en|[[I'm Only Sleeping]]}}''<ref>{{harvsp|Steve Turner|1999|p=122}}</ref>. De même, ''{{lang|en|Cleanup Time}}'' parle de ces célébrités qui abandonnent drogue et alcool, comme il l'a fait durant cette période : {{citation|l'heure du ménage}}<ref>{{harvsp|Paul Du Noyer|1998|p=103}}</ref>.
Dans la mesure où ''{{lang|en|Double Fantasy}}'' marque le retour de John et Yoko à la vie publique, l'album fait écho à leurs cinq ans d'absence et aux nouveautés de leur vie. En cela, la chanson ''{{lang|en|[[Watching the Wheels]]}}'' est une explication de Lennon aux fans sur le plaisir qu'il a ressenti à regarder {{citation|les roues tourner}} tout en prenant un temps du recul. Ce thème du plaisir à l'inaction avait déjà été évoqué des années plus tôt dans ''{{lang|en|[[I'm Only Sleeping]]}}''<ref>{{harvsp|Steve Turner|1999|p=122}}</ref>. De même, ''{{lang|en|Cleanup Time}}'' parle de ces célébrités qui abandonnent drogue et alcool, comme il l'a fait durant cette période : {{citation|l'heure du ménage}}<ref>{{harvsp|Paul Du Noyer|1998|p=103}}</ref>.


Le disque apporte également son lot de déclarations d'amour familiales : dans ''{{lang|en|Beautiful Boy (Darling Boy)}}'', Lennon s'extasie sur son fils [[Sean Lennon|Sean]], comme un écho au ''{{lang|en|[[Good Night (chanson)|Good Night]]}}'' qu'il avait composé pour son premier fils, [[Julian Lennon|Julian]]<ref>{{harvsp|Steve Turner|1999|p=208}}</ref>. Dans ''{{lang|en|Dear Yoko}}'', ''{{lang|en|[[Woman (chanson de John Lennon)|Woman]]}}'' et ''{{lang|en|[[(Just Like) Starting Over]]}}'', il s'adresse cette fois-ci à son épouse<ref>{{harvsp|Paul Du Noyer|1998|p=109 - 111}}</ref>. Yoko, quant à elle, s'adresse à son mari et son fils dans ''{{lang|en|Beautiful Boys}}''<ref name=PN808/>.
Le disque apporte également son lot de déclarations d'amour familiales : dans ''{{lang|en|Beautiful Boy (Darling Boy)}}'', Lennon s'extasie sur son fils [[Sean Lennon|Sean]], comme un écho au ''{{lang|en|[[Good Night (chanson)|Good Night]]}}'' qu'il avait composé pour son premier fils, [[Julian Lennon|Julian]]<ref>{{harvsp|Steve Turner|1999|p=208}}</ref>. Dans ''{{lang|en|Dear Yoko}}'', ''{{lang|en|[[Woman (chanson de John Lennon)|Woman]]}}'' et ''{{lang|en|[[(Just Like) Starting Over]]}}'', il s'adresse cette fois-ci à son épouse<ref>{{harvsp|Paul Du Noyer|1998|p=109-111}}</ref>. Yoko, quant à elle, s'adresse à son mari et son fils dans ''{{lang|en|Beautiful Boys}}''<ref name=PN808/>.


Le disque est conçu en partie comme un dialogue entre les deux artistes, dont les chansons sont parfois enchaînées par un fondu. À la chanson ''{{lang|en|I'm Loosing You}}'' de Lennon, qui exprime ses craintes de perdre sa femme, répond le ''{{lang|en|I'm Moving On}}'' de Yoko, qui attise ces craintes<ref>{{harvsp|Paul Du Noyer|1998|p=104}}</ref>. Plus conciliante, Yoko interprète également ''{{lang|en|[[Every Man Has a Woman Who Loves Him]]}}'' ({{citation|tout homme a une femme qui l'aime}}). Cette chanson sera rééditée le 16 novembre 1984 en 45 tours avec la voix de Lennon en prédominance<ref>https://www.discogs.com/John-Lennon-Every-Man-Has-A-Woman-Who-Loves-Him/release/2505404</ref>. Elle tente également une chanson plus expérimentale, ''{{lang|en|[[Kiss Kiss Kiss (chanson de Yoko Ono)|Kiss Kiss Kiss]]}}'', qui choque pour les bruits d'[[orgasme]] qui la concluent<ref>{{en}} [http://popdose.com/cd-review-john-lennon-and-yoko-ono-double-fantasy-stripped-down/ « ''Double Fantasy Stripped Down'' »], ''PopDose''. Consulté le 11 septembre 2011</ref>. Les prestations de Yoko sont appréciées par certains critiques, qui les trouvent nettement plus mélodieuses que ses cris de la fin des années 1960. Pour Sean Egan, de la BBC, sa chanson ''{{lang|en|Hard Times Are Over}}'' sonne comme une chanson de Lennon<ref>{{en}} [https://www.bbc.co.uk/music/reviews/c34z « ''Double Fantasy'' »], ''BBC''. Consulté le 11 septembre 2011</ref>.
Le disque est conçu en partie comme un dialogue entre les deux artistes, dont les chansons sont parfois enchaînées par un fondu. À la chanson ''{{lang|en|I'm Losing You}}'' de Lennon, qui exprime ses craintes de perdre sa femme, répond le ''{{lang|en|I'm Moving On}}'' de Yoko, qui attise ces craintes<ref>{{harvsp|Paul Du Noyer|1998|p=104}}</ref>. Plus conciliante, Yoko interprète également ''{{lang|en|[[Every Man Has a Woman Who Loves Him]]}}'' ({{citation|tout homme a une femme qui l'aime}}). Cette chanson sera rééditée le {{date-|16 novembre 1984}} en 45 tours avec la voix de Lennon en prédominance<ref>{{lien web |titre=John Lennon - Every Man Has A Woman Who Loves Him |url=https://www.discogs.com/John-Lennon-Every-Man-Has-A-Woman-Who-Loves-Him/release/2505404 |site=Discogs |consulté le=01-07-2020}}.</ref>. Elle tente également une chanson plus expérimentale, ''{{lang|en|[[Kiss Kiss Kiss (chanson de Yoko Ono)|Kiss Kiss Kiss]]}}'', qui choque pour les bruits d'[[orgasme]] qui la concluent<ref>{{en}} [http://popdose.com/cd-review-john-lennon-and-yoko-ono-double-fantasy-stripped-down/ « ''Double Fantasy Stripped Down'' »], ''PopDose''. Consulté le 11 septembre 2011.</ref>. Les prestations de Yoko sont appréciées par certains critiques, qui les trouvent nettement plus mélodieuses que ses cris de la fin des années 1960. Pour Sean Egan, de la [[British Broadcasting Corporation|BBC]], {{citation|la vulnérabilité et l'abandon à l'amour}} de sa chanson ''{{lang|en|Hard Times Are Over}}'' a l'étampe d'une chanson de Lennon<ref>{{article|langue=en|prénom=Sean|nom=Egan|titre=John Lennon and Yoko Ono Double Fantasy Review|année=2010|périodique=BBC|url=https://www.bbc.co.uk/music/reviews/c34z/|consulté=3 janvier 2021}}.</ref>.


== Liste des chansons ==
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* En 2010, l'album ressort en version double sous le titre ''Double Fantasy Stripped Down'', avec le disque original et un second remixé et retravaillé par Yoko Ono.
En 2010 est publié le double album ''Double Fantasy Stripped Down'', qui contient le disque original, plus une nouvelle version aux arrangements épurés (mis à nu à la manière de ''[[Let It Be... Naked]]'').

; Contenu :


== Classement ==
* 1. ''(Just Like) Starting Over'' John Lennon 3:56
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* 2. ''Kiss Kiss Kiss'' Yoko Ono 2:41
|-
* 3. ''Cleanup Time'' Lennon 2:58
!Classement (1975)
* 4. ''Give Me Something'' Ono 1:35
!Meilleure<br/>position
* 5. ''I'm Losing You'' Lennon 3:57
|-
* 6. ''I'm Moving On'' Ono 2:20
|{{Royaume-Uni}} ([[UK Albums Chart]])<ref>{{lien web |langue=en |titre=John Lennon |url=https://www.officialcharts.com/artist/27904/john-lennon/ |site=officialcharts.com |consulté le=20-06-2023}}.</ref>||align="center"|1
* 7. ''Beautiful Boy (Darling Boy)'' Lennon 4:02
|-
* 8. ''Watching the Wheels'' Lennon 3:35
|{{États-Unis}} ([[Billboard]])<ref>https://www.billboard.com/music/john-lennon/chart-history/TLP/song/316999</ref>||align="center"|1
* 9. ''Yes, I'm Your Angel'' Ono 3:08
|-
* 10. ''Woman'' Lennon 3:32
|{{France}} ([[Institut français d'opinion publique|IFOP]])<ref>http://www.infodisc.fr/Album_Artiste_Choisi.php</ref>||align="center"|2
* 11. ''Beautiful Boys'' Ono 2:55
|-
* 12. ''Dear Yoko'' Lennon 2:34
|}
* 13. ''Every Man Has a Woman Who Loves Him'' Ono 4:02
* 14. ''Hard Times Are Over'' Ono 3:20


== Fiche de production ==
== Fiche de production ==
=== Interprètes ===
=== Interprètes ===
* [[John Lennon]] : [[chant]], [[choeur (musique)|harmonies vocales]], [[guitare rythmique]], [[guitare acoustique|acoustique]], [[piano]], [[clavier (musique)|claviers]]
* [[John Lennon]] : [[chant]], [[choriste|chœurs]], [[guitare]]s, [[piano]], [[clavier (musique)|claviers]]
* [[Yoko Ono]] : chant, harmonies vocales
* [[Yoko Ono]] : chant, chœurs
* [[Earl Slick]] : [[guitare solo]]
* [[Earl Slick]] : [[guitare solo]]
* [[Hugh McCracken]] : guitare solo
* [[Hugh McCracken]] : guitare solo
* [[Tony Levin]] : [[Guitare basse|basse]]
* [[Tony Levin]] : [[Guitare basse|basse]]
* Matthew Cunningham : [[dulcimer]]
* George Small : [[clavier (musique)|claviers]]
* Andy Newmark : [[batterie (musique)|batterie]]
* George Small : [[clavier (musique)|claviers]], [[piano]], [[synthétiseur]]
* Ed Walsh : synthétiseur [[Oberheim]]
* [[Andy Newmark]] : [[batterie (musique)|batterie]]
* Robert Greenidge : [[steel drum]]
* Arthur Jenkins : [[percussions]]
* Arthur Jenkins : [[percussions]]
* Ed Walsh : [[synthétiseur]] [[Oberheim]]
* Robert Greenidge : [[steel-drum]]
* Matthew Cunningham : [[hammered dulcimer]]
* Randy Stein : [[concertina]]
* Randy Stein : [[concertina]]
* [[Howard Johnson (musicien)|Howard Johnson]],Grant Hungerford, John Parran, Seldon Powell, George « Young » Opalisky, Roger Rosenberg, David Tofani, Ronald Tooley : [[cuivres (musique)|cuivres]]
* [[Howard Johnson (musicien)|Howard Johnson]], Grant Hungerford, John Parran, Seldon Powell, George « Young » Opalisky, Roger Rosenberg, David Tofani, Ronald Tooley : [[cuivres (musique)|cuivres]]
* Michelle Simpson, Cassandra Wooten, Cheryl Mason Jacks, Eric Troyer, Benny Cummings Singers, The Kings Temple Choir : chœurs
* Michelle Simpson, Cassandra Wooten, Cheryl Mason Jacks, Eric Troyer, Benny Cummings Singers, The Kings Temple Choir : chœurs


===Équipe technique===
=== Équipe technique ===
* [[John Lennon]] : producteur
* [[John Lennon]] : producteur
* [[Yoko Ono]] : productrice
* [[Yoko Ono]] : productrice
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* Lee DeCarlo : [[ingénieur du son]]
* Lee DeCarlo : [[ingénieur du son]]


==Notes et références==
== Notes et références ==
{{Références|colonnes=2}}
{{Références}}
; ''Double Fantasy Stripped Down'' : https://www.discogs.com/fr/John-Lennon-Yoko-Ono-Double-Fantasy-Stripped-Down/release/2479931
; ''Double Fantasy Stripped Down'' : https://www.discogs.com/fr/John-Lennon-Yoko-Ono-Double-Fantasy-Stripped-Down/release/2479931


==Bibliographie==
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* {{fr}} {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Paul Du Noyer]]|traducteur=Jacques Collin|titre=L'Intégrale Lennon|sous-titre=Les secrets de toutes ses chansons|éditeur=Hors Collection|lieu=Paris|année=1998|année première édition=1997|pages totales=128|isbn=2-258-04872-9}}.
* {{fr}} {{ouvrage|langue=fr|auteur=Philip Norman|traducteur=Philippe Paringaux|titre=John Lennon|sous-titre=une vie|éditeur=Robert Laffont|lieu=Paris|année=2010|année première édition=2008|pages totales=862|isbn=978-2-221-11516-9}}
* {{fr}} {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|auteur1=Philip Norman|traducteur=Philippe Paringaux|titre=John Lennon|sous-titre=une vie|éditeur=Robert Laffont|lieu=Paris|année=2010|année première édition=2008|pages totales=862|isbn=978-2-221-11516-9}}.
* {{fr}} {{ouvrage|auteur=Steve Turner|titre=L'Intégrale Beatles|sous-titre=les secrets de toutes leurs chansons|éditeur=Hors Collection|année=1999|pages totales=288|isbn=2-258-04079-5}}
* {{fr}} {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|auteur1=Steve Turner|titre=L'Intégrale Beatles|sous-titre=les secrets de toutes leurs chansons|éditeur=Hors Collection|lieu=Paris|année=1999|pages totales=288|isbn=2-258-04079-5}}.


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<br />
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Dernière version du 9 janvier 2024 à 07:10

Double Fantasy

Album de John Lennon et Yoko Ono
Sortie
Enregistré Août - septembre 1980
The Hit Factory, New York
Durée 45:05
Genre rock, pop rock
Producteur John Lennon, Yoko Ono, Jack Douglas (en)
Label Geffen
Critique

Albums par John Lennon

Albums par Yoko Ono

Albums par John Lennon et Yoko Ono

Singles

  1. (Just Like) Starting Over/Kiss Kiss Kiss
    Sortie : 24 octobre 1980
  2. Woman/Beautiful Boys
    Sortie : 16 janvier 1981
  3. Watching the Wheels/Yes, I'm Your Angel
    Sortie : 13 mars 1981

Double Fantasy est le septième album studio de John Lennon, et le deuxième avec Yoko Ono (après Some Time in New York City), sorti en novembre 1980. Il s'agit de leur premier album sorti depuis cinq ans et du dernier publié du vivant du fondateur des Beatles. L'album marque une rupture avec leurs travaux précédents : Lennon choisit en effet Geffen Records, une maison de disques alors peu connue et un jeune producteur, Jack Douglas (en), afin que lui-même et son épouse soient également traités.

C'est ainsi un album mixte, alternant les chansons de l'un et de l'autre, qui voit le jour. John et Yoko y écrivent des chansons optimistes sur leur vie, sur leur fils Sean, ainsi que d'autres, plus introspectives. L'ensemble de l'album est très personnel, et amorce ce que Lennon considère comme une nouvelle phase de sa carrière.

À sa sortie, l'album connait un succès commercial et critique mitigé, tandis que les époux donnent de nombreuses interviews et commencent à travailler à une suite, Milk and Honey. Ces plans s'arrêtent de façon dramatique trois semaines plus tard par l'assassinat de John Lennon. Les ventes explosent alors, propulsant l'album à la première place des ventes de chaque côté de l'Atlantique, tandis que les singles qui en sont extraits, les chansons de Lennon (Just Like) Starting Over, Woman et Watching the Wheels, connaissent un grand succès. La critique l'apprécie également de plus en plus, et il est en 1981 récompensé par un Grammy Award de l'album de l'année. En 2010, une version dépouillée est publiée dans Double Fantasy Stripped Down, un double CD comprenant une version remasterisée de l'album original et une version avec des arrangements simplifiés.

Historique[modifier | modifier le code]

Genèse[modifier | modifier le code]

Un freesia double.
Le titre de l'album Double Fantasy vient du nom d'une espèce de freesia que Lennon a aperçue aux Bermudes.

En 1975, John Lennon et Yoko Ono, réunis après une parenthèse de plus d'un an, parviennent enfin à avoir un enfant ensemble. Lorsque nait Sean, ses parents décident de se retirer du monde de la musique pour mieux pouvoir s'occuper de leur fils. Tandis que Yoko gère les affaires du couple, Lennon se consacre à son fils[1]. Il ne se coupe pas totalement du monde pour autant, contrairement à ce qui se raconte par la suite, et continue à voyager, à écrire et à dessiner[2]. Il dispose également de tout un matériel sonore du dernier cri (dont il n'a pas toujours l'usage), et travaille sur de multiples cassettes à essayer de nouvelles chansons[3]. À cette époque, il compose ainsi la chanson Free as a Bird terminée près de vingt ans plus tard par les Beatles[4].

Lorsque débute l'année 1980, la relation entre Yoko et John connaît quelques difficultés. Sans en avertir son mari, Yoko a recommencé à consommer de l'héroïne et ne veut pas choquer le public en partant dans un centre de désintoxication. Elle cherche donc à éloigner son époux le temps qu'elle puisse se sevrer. John et son fils partent finalement en vacances et le musicien y ébauche la chanson Dear Yoko exprimant son amour toujours fort[5]. Amateur de voyage et de voile, John part ensuite seul en voilier avec quatre marins pour les Bermudes, où sa famille doit le rejoindre. Ce voyage, au cours duquel il brave une tempête, inspire énormément ses compositions[6]. Lennon a même trouvé le titre de l'album durant son séjour, Double Fantasy, du nom d'une fleur aperçue là-bas[7].

Lorsqu'ils retournent à New York, le , John et Yoko ont déjà trouvé un producteur, le jeune Jack Douglas, qui avait été un des ingénieurs du son de l'album Imagine en 1971. Ce dernier est d'accord pour que les époux aient une part égale sur cet album qu'ils envisagent comme un dialogue entre eux deux[8] ; l'expression « double fantasy » peut en effet signifier « double fantasme »[9].

Enregistrement[modifier | modifier le code]

Gardant un mauvais souvenir des sessions chaotiques entre amis menées pour ce qui devait être l'album Oldies but Mouldies (finalement Rock 'n' Roll), Lennon préfère être accompagné sur Double Fantasy par des musiciens qu'il ne connaît pas. Toutefois, le percussionniste Arthur Jenkins a joué avec John sur Walls and Bridges et Rock 'n' Roll et a aussi participé à 2 albums de Yoko, Feeling the Space en 1973 ainsi que le suivant A Story en 1974 (mais qui ne sera publié qu'en 1992 dans le coffret Onobox). L'ambiance de l'enregistrement tranche avec les sessions agitées où un Phil Spector déguisé tirait des coups de feu en l'air : Yoko Ono a fait installer une salle de repos pour elle et son mari, tandis que Lennon a dès le début accroché une photo de son fils sur la console. Alors que pour Some Time in New York City (1972), le dernier album qu'ils avaient enregistré ensemble, les deux époux consommaient drogues et alcool, ils se contentent ici de nourriture macrobiotique[8].

Après des répétitions dans un appartement du Dakota Building que les Lennon ont acheté et transformé en studio d'enregistrement, début août, les musiciens rejoignent le Hit Factory à New York pour enregistrer du au . Jack Douglas, le producteur, s'assure que ses machines enregistrent tout, en permanence ; ceci lui permet de publier quelques années plus tard les Lost Lennon Tapes, qui proposent des versions alternatives des chansons de Lennon[10].

Douglas se rend vite compte qu'il doit faire travailler les époux séparément, comme s'ils participaient à deux albums distincts, car « elle le rendait fou ». Ono travaille donc l'après-midi, et Lennon le soir. En une dizaine de jours, 22 chansons sont enregistrées, tant pour Double Fantasy que pour l'album suivant, Milk and Honey. Les overdubs sont enregistrés en , et l'album est mixé le mois suivant[10]. Les débuts de sessions sont marquées par la visite du groupe Téléphone venu enregistrer au studio l'album Au cœur de la nuit, mais les Français changent rapidement de studio pour des raisons techniques[11].

Pour l'enregistrement de I'm Losing You et I'm Moving On, Rick Nielsen et Bun E. Carlos, du groupe Cheap Trick, sont invités à participer. Cependant, la version ainsi enregistrée ne cadre pas avec le reste de l'album et est abandonnée[12]. Elle réapparaîtra toutefois sur le coffret de 4 CD, John Lennon Anthology, publié le , ainsi que sur la version Stripped Down de Double Fantasy produite en 2010.

Parution et réception[modifier | modifier le code]

Le Dakota Building.
L'album a bénéficié de la médiatisation consécutive à l'assassinat de Lennon devant le Dakota Building.

Lorsqu'il avait quitté le monde musical en 1975, Lennon n'avait pas renouvelé son contrat avec Apple Records. En 1980, les éditeurs se battent donc pour l'avoir, mais Lennon pose une condition qui en fait reculer plus d'un : il veut que son épouse ait la même place que lui au sein du label. C'est ainsi qu'il est finalement édité par Geffen Records, dont le directeur accepte ses conditions sans souci[13].

La sortie de l'album qui doit marquer le grand retour de John Lennon après cinq ans d'absence est programmée avec soin. Outre un single promotionnel publié fin , (Just Like) Starting Over, qui monte rapidement dans les charts, Lennon donne un grand nombre d'interviews, notamment une très longue au magazine Playboy[14]. L'album sort le même jour des deux côtés de l'Atlantique, le , et connaît un succès mitigé. La critique se montre assez réticente, notamment parce que si les chansons de Lennon sont plébiscités, celles d'Ono sont moins appréciés[15]. La critique du Melody Maker va jusqu'à parler de « stérilité complaisante » et de « bâillement franchement atroce »[16]. Les débuts de l'album sont pour leur part honorables[17].

Un événement change radicalement la donne trois semaines après la sortie de l'album. John Lennon est en effet assassiné le suivant. L'ironie du sort voudra que, quelques heures avant, il aie dédicacé cet album à son assassin, Mark Chapman[18]. Alors que l'album venait d'entrer dans les top 10, les ventes explosent et le disque ainsi que son single atteignent la première place des ventes des deux côtés de l'Atlantique[19]. En 1990, le magazine Rolling Stone le classe 29e meilleur album des années 1980[20].

L'album cause également deux procès. La chanson de Yoko Ono Yes, I'm Your Angel est en effet accusée d'être un plagiat d'une chanson vieille de cinquante ans, tandis que le producteur Jack Douglas annonce en 1981 ne pas avoir reçu ses royalties[21]. En 2000, l'album est réédité avec des pistes bonus. En 2010, il paraît en version remastérisée, ainsi qu'un autre album, Double Fantasy Stripped Down. À l'instar de Let It Be... Naked, il reprend les chansons originales dans une version épurée, acoustique. Stephen Thomas Erlewine du site AllMusic explique cependant que la différence s'entend peu et donne un air d'inachevé au disque[22].

La version de l'album dédicacée à Mark Chapman sera quant à elle mise 3 fois aux enchères : Une première fois en 1999, pour 150 000 dollars, une seconde fois en 2010, pour 850 000 dollars, et une troisième fois en 2020, pour un prix de départ de 400 000 dollars[18].

Analyse musicale[modifier | modifier le code]

Les Lennon photographiés par Jack Mitchell.
Yoko Ono et John Lennon partagent leur temps de présence sur Double Fantasy.

Dans la mesure où Double Fantasy marque le retour de John et Yoko à la vie publique, l'album fait écho à leurs cinq ans d'absence et aux nouveautés de leur vie. En cela, la chanson Watching the Wheels est une explication de Lennon aux fans sur le plaisir qu'il a ressenti à regarder « les roues tourner » tout en prenant un temps du recul. Ce thème du plaisir à l'inaction avait déjà été évoqué des années plus tôt dans I'm Only Sleeping[23]. De même, Cleanup Time parle de ces célébrités qui abandonnent drogue et alcool, comme il l'a fait durant cette période : « l'heure du ménage »[24].

Le disque apporte également son lot de déclarations d'amour familiales : dans Beautiful Boy (Darling Boy), Lennon s'extasie sur son fils Sean, comme un écho au Good Night qu'il avait composé pour son premier fils, Julian[25]. Dans Dear Yoko, Woman et (Just Like) Starting Over, il s'adresse cette fois-ci à son épouse[26]. Yoko, quant à elle, s'adresse à son mari et son fils dans Beautiful Boys[8].

Le disque est conçu en partie comme un dialogue entre les deux artistes, dont les chansons sont parfois enchaînées par un fondu. À la chanson I'm Losing You de Lennon, qui exprime ses craintes de perdre sa femme, répond le I'm Moving On de Yoko, qui attise ces craintes[27]. Plus conciliante, Yoko interprète également Every Man Has a Woman Who Loves Him (« tout homme a une femme qui l'aime »). Cette chanson sera rééditée le en 45 tours avec la voix de Lennon en prédominance[28]. Elle tente également une chanson plus expérimentale, Kiss Kiss Kiss, qui choque pour les bruits d'orgasme qui la concluent[29]. Les prestations de Yoko sont appréciées par certains critiques, qui les trouvent nettement plus mélodieuses que ses cris de la fin des années 1960. Pour Sean Egan, de la BBC, « la vulnérabilité et l'abandon à l'amour » de sa chanson Hard Times Are Over a l'étampe d'une chanson de Lennon[30].

Liste des chansons[modifier | modifier le code]

Face 1
NoTitreAuteurDurée
1.(Just Like) Starting OverJohn Lennon3:56
2.Kiss Kiss KissYoko Ono2:41
3.Cleanup TimeJohn Lennon2:58
4.Give Me SomethingYoko Ono1:35
5.I'm Losing YouJohn Lennon3:57
6.I'm Moving OnYoko Ono2:20
7.Beautiful Boy (Darling Boy)John Lennon4:02
Face 2
NoTitreAuteurDurée
8.Watching the WheelsJohn Lennon3:35
9.Yes, I'm Your AngelYoko Ono3:08
10.WomanJohn Lennon3:22
11.Beautiful BoysYoko Ono2:55
12.Dear YokoJohn Lennon2:34
13.Every Man Has a Woman Who Loves HimYoko Ono4:02
14.Hard Times Are OverYoko Ono3:20
Titres bonus (réédition CD en 2000)
NoTitreAuteurDurée
15.Help Me to Help MyselfJohn Lennon2:37
16.Walking on Thin IceYoko Ono6:00
17.Central Park Stroll (dialogue)0:17

En 2010 est publié le double album Double Fantasy Stripped Down, qui contient le disque original, plus une nouvelle version aux arrangements épurés (mis à nu à la manière de Let It Be... Naked).

Classement[modifier | modifier le code]

Classement (1975) Meilleure
position
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni (UK Albums Chart)[31] 1
Drapeau des États-Unis États-Unis (Billboard)[32] 1
Drapeau de la France France (IFOP)[33] 2

Fiche de production[modifier | modifier le code]

Interprètes[modifier | modifier le code]

Équipe technique[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Philip Norman 2010, p. 763
  2. Philip Norman 2010, p. 776
  3. Philip Norman 2010, p. 778
  4. Steve Turner 1999, p. 249
  5. Philip Norman 2010, p. 802
  6. Philip Norman 2010, p. 803-806
  7. (en) « John Lennon’s last interview, December 8, 1980 », sur Beatles Archive (consulté le ) : « I was takin’ Sean and the nanny and the family [...] in Bermuda to The Botanical Gardens [...]. And I was just walking in and I looked down and in the botanical garden it said [...] ‘Freezier Double Fantasy’ and it was some flowers. And I just thought, ‘Double Fantasy – that’s a great title!’ »
  8. a b et c Philip Norman 2010, p. 808
  9. Philip Norman 2010, p. 807
  10. a et b (en) « Double Fantasy », The Beatles Bible. Consulté le 10 septembre 2011
  11. « Quand Téléphone était sous haute tension », sur Télérama.fr (consulté le ).
  12. Philip Norman 2010, p. 809
  13. Philip Norman 2010, p. 810
  14. Philip Norman 2010, p. 811-812
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Double Fantasy Stripped Down
https://www.discogs.com/fr/John-Lennon-Yoko-Ono-Double-Fantasy-Stripped-Down/release/2479931

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (fr) Paul Du Noyer (trad. Jacques Collin), L'Intégrale Lennon : Les secrets de toutes ses chansons, Paris, Hors Collection, (1re éd. 1997), 128 p. (ISBN 2-258-04872-9).
  • (fr) Philip Norman (trad. de l'anglais par Philippe Paringaux), John Lennon : une vie, Paris, Robert Laffont, (1re éd. 2008), 862 p. (ISBN 978-2-221-11516-9).
  • (fr) Steve Turner (trad. de l'anglais), L'Intégrale Beatles : les secrets de toutes leurs chansons, Paris, Hors Collection, , 288 p. (ISBN 2-258-04079-5).