« Coup d'État des aviateurs » : différence entre les versions

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Ce qu'on entend par « '''coup d'État des aviateurs''' » est en fait la seconde tentative de [[coup d'État]] militaire contre le régime de [[Hassan II]], alors roi du [[Maroc]], après [[coup d'État de Skhirat|celle de Skhirat]], menée l'année précédente. Ce putsch avorté, qui a eu lieu le {{date|16|août|1972}}, a été conduit par des aviateurs des [[Forces aériennes royales (Maroc)|Forces aériennes royales]] sous le commandement du général [[Mohamed Oufkir]] et du lieutenant-colonel [[Mohamed Amekrane]]. Un tel « coup d'État » est le premier de son genre dans l'[[histoire militaire]] de par sa particularité « air-air » (avec des [[Northrop F-5 Freedom Fighter]] pour tenter d'abattre l'avion royal à son retour de [[France]]).
Le « '''coup d'État des aviateurs''' » est la seconde tentative de [[coup d'État]] militaire contre le régime de [[Hassan II]], alors roi du [[Maroc]], qui a eu lieu le {{date|16|août|1972}}, un an après [[coup d'État de Skhirat|celle de Skhirat]].
Ce putsch avorté a été conduit par des aviateurs des [[Forces royales air|Forces aériennes royales]] sous le commandement du général [[Mohamed Oufkir]] et du lieutenant-colonel [[Mohamed Amekrane]]. Un tel « coup d'État » est le premier de son genre dans l'[[histoire militaire]] de par sa particularité « air-air » (avec des [[Northrop F-5 Freedom Fighter]] pour tenter d'abattre l'avion royal à son retour de [[France]]).

== Contexte ==
Hassan II après avoir séjourné dans son château privé à [[Betz (Oise)|Betz]], retourne au Maroc le 16 août 1972 à partir de Paris à bord de son avion personnel [[Boeing 727]] accompagné par son frère le prince [[Abdellah ben Mohammed Alaoui|Moulay Abdellah]], son garde du corps et son entourage personnel. Alors que l’avion survole Tanger, on fait remarquer au roi que des jets F-5 sont passés à plusieurs à côté de l’avion, alors qu'aucun cortège n’était prévu ce jour-là; il comprend qu’une attaque est en cours<ref name=":0">{{Lien web |titre=Confessions d'un Bodyguard royal |url=https://telquel.ma/2012/08/04/document-confessions-dun-bodyguard-royal_1512 |site=telquel.ma |date=4 août 2012}}</ref>.


== Déroulement ==
== Déroulement ==
[[Fichier:Northrop YF-5A (SN 59-4987) with a full load of bombs 060905-F-1234S-002.jpg|thumb|Type des avions de chasse [[Northrop F-5 Freedom Fighter|F-5A]] ayant mitraillé le Boeing royal dans le ciel de [[Tétouan]] le {{date|16|août|1972}}.]]
[[Fichier:Northrop YF-5A (SN 59-4987) with a full load of bombs 060905-F-1234S-002.jpg|thumb|Type des avions de chasse [[Northrop F-5 Freedom Fighter|F-5A]] ayant mitraillé le Boeing royal dans le ciel de [[Tétouan]] le {{date|16|août|1972}}.]]
Le {{date|16|août|1972}}, à l'initiative du général [[Mohamed Oufkir]], alors ministre de la Défense du [[Maroc]] et major général des [[Forces armées royales (Maroc)|Forces armées royales]] (FAR), le lieutenant-colonel [[Mohamed Amekrane]], commandant adjoint de l'[[Forces aériennes royales (Maroc)|aviation militaire]] et le commandant Louafi Kouera, commandant la {{3e|base}} aérienne de [[Kénitra]] ({{3e}} BAFRA), ordonnèrent à un certain nombre de pilotes de chasse marocains d'abattre le Boeing royal d'[[Hassan II]] dans le ciel de [[Tétouan]], au nord du Maroc, lors de son retour de [[France]].
Le {{date|16|août|1972}}, à l'initiative du général [[Mohamed Oufkir]], alors ministre de la Défense du [[Maroc]] et major général des [[Forces armées royales (Maroc)|Forces armées royales]] (FAR)<ref>{{Lien web |auteur institutionnel=École de politique appliquée de l'Université de Sherbrooke |titre=Tentative de coup d'État au Maroc |url=https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMEve/939 |site=perspective.usherbrooke.ca}}</ref>, le lieutenant-colonel [[Mohamed Amekrane]], commandant adjoint de l'[[Forces royales air|aviation militaire]] et le commandant Louafi Kouera, commandant la {{3e|base}} aérienne de [[Kénitra]] ({{3e}} BAFRA), ordonnent à un certain nombre de pilotes de chasse marocains d'abattre le Boeing royal d'[[Hassan II]] dans le ciel de [[Tétouan]], au nord du Maroc, lors de son retour de [[France]].


Sur les six avions F-5 qui avaient décollé de Kénitra vers 15h40<ref name="tq">[http://www.telquel-online.com/archives/129/couverture_129_1.shtml ''Telquel'': L'affaire du Boeing : Révélations sur le putsch de 72, {{numéro}}129]</ref> du mardi 16 août 1972 et commandés par le capitaine Salah Hachad, trois seulement étaient armés, le premier était celui du commandant Louafi Kouera qui était dans le complot depuis trois semaines, le deuxième était celui du lieutenant Abdelkader Ziad qui n'a été mis au courant que quelques minutes avant le décollage, le troisième était celui du lieutenant Hamid Boukhalif qui fut informé de la mission en vol. L'opération avait pour nom de code ''Boraq''<ref name="tq"/>.
Sur les six avions F-5 qui ont décollé de Kénitra vers 15 h 40<ref name="tq">[http://www.telquel-online.com/archives/129/couverture_129_1.shtml ''Telquel'' : L'affaire du Boeing : Révélations sur le putsch de 72, {{numéro}}129].</ref> du mardi 16 août 1972 et qui sont commandés par le capitaine Salah Hachad, trois seulement sont armés, le premier étant celui du commandant Louafi Kouera, qui est dans le complot depuis trois semaines, le deuxième celui du lieutenant Abdelkader Ziad, qui n'a été mis au courant que quelques minutes avant le décollage, le troisième celui du lieutenant Hamid Boukhalif, qui a été informé de la mission en vol. L'opération a pour nom de code ''Boraq''<ref name="tq"/>.


Le commandant Louafi Kouera, l'un des trois pilotes de chasse mitraillant l'avion royal, ne parvint pas à faire fonctionner son armement et tenta d'écraser son [[Northrop F-5 Freedom Fighter|F-5]] sur le Boeing royal<ref>Abdelhak Serhane, Salah Hachad, Aïda Hachad, ''Kabazal, les emmurés de Tazmamart:mémoires de Salah et Aïda Hachad'', éditions Tarik, 2004, {{ISBN|978-9954-419-14-4}}</ref>. Il fut capturé quelques minutes après son saut en parachute par la [[Gendarmerie royale marocaine]] dans la région de [[Souk El Arbaa]]<ref name="tq"/> et ramené au roi le jour même du putsch.
Le commandant Louafi Kouera, l'un des trois pilotes de chasse mitraillant l'avion royal, ne parvient pas à faire fonctionner son armement et tente de percuter le Boeing royal avec son [[Northrop F-5 Freedom Fighter|F-5]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|titre=Kabazal : les emmurés de Tazmamart : mémoires de Salah et Aïda Hachad|prénom1=Abdelhak|nom1=Serhane|lien auteur1=Abdelhak Serhane|lieu=Casablanca|éditeur=Tarik éditions|année=2004|pages totales=252|isbn=978-9-954-41914-4|isbn10=9-954-41980-2|url=https://books.google.fr/books?id=2C42DgAAQBAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false}}</ref>. Il est capturé quelques minutes après son saut en parachute par la [[Gendarmerie royale marocaine]] dans la région de [[Souk El Arbaa]]<ref name="tq"/> avec une jambe cassée et il est ramené au roi le jour même du putsch.
[[File:Damaged tail of the royal Boeing 727 after the 1972 Moroccan coup attempt.jpg|vignette|La queue de dérive du 727 royal après l'attaque.]]
[[File:Damaged tail of the royal Boeing 727 after the 1972 Moroccan coup attempt.jpg|vignette|La queue de dérive du 727 royal après l'attaque.]]
Les lieutenants Abdelkader Ziad et Hamid Boukhalif réussirent à toucher deux des trois réacteurs de l'avion du roi, mais il réussit à atterrir sur l'[[aéroport international Rabat - Salé]] 10 à 15 minutes après l'attaque. Le pilote du Boeing royal n'était autre que le commandant Mohammed Kebbaj, pilote privé du roi, ancien pilote de chasse et collègue des aviateurs putschistes ; avec l'aide de son copilote Camel Bekkari et du mécanicien de bord Mohammed Jaouher, il réussit à poser l'avion royal sur la piste de l'aéroport, même s'il ne peut éviter une sortie de piste à cause d'une roue coincée {{référence nécessaire}} .
Les lieutenants Abdelkader Ziad et Hamid Boukhalif réussissent à toucher deux des trois réacteurs de l'avion du roi, mais l'appareil réussit à atterrir sur la piste de l'[[aéroport de Rabat-Salé|aéroport international Rabat - Salé]] {{unité|10|à=15|minutes}} après le début de l'attaque. Le pilote du Boeing royal est le commandant Mohammed Kebbaj, pilote privé du roi, ancien pilote de chasse et collègue des aviateurs putschistes. Avec l'aide du copilote Camel Bekkari et du mécanicien de bord Mohammed Jaouhar, Hassan II parvient à tromper les mutins : en usant de la radio du cockpit du Boeing royal et en se faisant passer pour le pilote, il déclare "Cessez le feu ! Le tyran est mort, nous sommes innocents !"<ref group=N>Propos relatés par des sources proches du Palais.Une autre version voudrait que ce soit le mécanicien qui ait prononcé ces mots pour éviter que la voix du roi soit reconnue par les putschistes</ref> Les mutins, trompés mais toujours méfiants, ordonnent alors à l'appareil de se poser sur la piste de l'[[Aéroport militaire de Kénitra|aéroport militaire de Rabat-Kénitra]]. Le pilote, ignorant leurs ordres, parvient à les semer pour finalement poser l'avion royal sur la piste de l'aéroport civil de Rabat-Salé.

Quelques minutes plus tard, deux avions de chasse de type F-5 ouvrent le feu de nouveau sur la suite du roi lors de sa sortie du salon d'honneur de l'aéroport de Rabat-Salé, les pilotes étaient les lieutenants Ziad et Boukhalif qui sont retournés à la {{3e}} BAFRA de Kénitra se réapprovisionner après la première attaque manquée contre le Boeing royal lors de l'escorte aérienne {{Référence souhaitée}}. L'opération porte le nom de code ''Red Flight''. Le bilan de ce deuxième raid est huit morts, et une cinquantaine de blessés, dont plusieurs ministres {{référence nécessaire}}.


Quelques minutes plus tard, se rendant compte du complet renversement de la situation, deux avions de chasse de type F-5 sont envoyés vers l'aéroport de Rabat-Salé pour ouvrir le feu sur la suite du roi lorsque celui-ci sort du salon d'honneur de l'aéroport de Rabat-Salé ; les pilotes sont les lieutenants Ziad et Boukhalif, qui étaient retournés à la {{3e}} BAFRA de Kénitra se réapprovisionner après la première attaque manquée contre le Boeing royal{{Référence souhaitée}}. L'opération porte le nom de code ''Red Flight''. Le bilan de ce deuxième raid est de huit morts et environ cinquante blessés, dont plusieurs ministres<ref name=":1" />. Le roi, faisant encore une fois preuve d'audace et d'habileté, parvient de nouveau à tromper les mutins et à les semer en empruntant la voiture d'un employé de l'aéroport; il n'est alors accompagné que de trois gardes du corps et d'un aide de camp<ref name=":0" />{{,}}<ref name=":1">{{Lien web |langue=en |titre=Et Tu, Oufkir? |url=https://content.time.com/time/subscriber/article/0,33009,906268,00.html |site=time.com |date=28 août 1972 |archive-date=28 août 1972}}</ref>.
Le lieutenant-colonel Mohamed Amekrane lance alors l'opération ''Red Lightning'' en envoyant six F-5 pour bombarder le palais royal de Rabat. Mais le roi n'y est pas.


Quelques minutes avant l'attaque du palais royal de Rabat (opération ''Red Lightning''), Hassan II réussit à sortir discrètement de l'aéroport de Rabat-Salé en prenant lui-même le volant d'une voiture de marque Peugeot appartenant à un employé de l'aéroport et pris une route secondaire de [[Salé]] jusqu'à son palais de Skhirat {{Référence souhaitée}} .
Se rendant compte de l'échec de la tentative de coup d'État, le [[lieutenant-colonel]] Mohamed Amekrane lance alors l'opération ''Red Lightning'' en envoyant six F-5 pour bombarder le palais royal de Rabat. Mais le roi ne s'y trouve pas, car quelques minutes plus tôt il s'est réfugié dans son palais de Skhirat, d' il coordonne la contre-attaque contre les mutins.{{Référence souhaitée}}.


Quant au lieutenant-colonel [[Mohamed Amekrane]], qui commandait le putsch à partir de la tour de contrôle de la base de Kénitra avec le capitaine Larbi el-Haj, il réussit à s'enfuir à [[Gibraltar]] à l'aide d'un hélicoptère quelques heures après l'échec du putsch et fut extradé 36 heures après par la [[Grande-Bretagne]] malgré l'absence d'accord d'extradition avec le Maroc ; il fut alors jugé, condamné à la peine capitale et fusillé le {{date|13|janvier|1973}}<ref>Ahmed Merzouki, ''Tazmamart, cellule 10'', éditions Gallimard, 2001, {{ISBN|2070419916}}</ref>.
Le lieutenant-colonel [[Mohamed Amekrane]], qui commandait le putsch à partir de la tour de contrôle de la base de Kénitra avec le capitaine Larbi el-Haj, réussit à s'enfuir à [[Gibraltar]] à l'aide d'un hélicoptère quelques heures après l'échec du putsch. Il en sera extradé trente-six heures plus tard par le [[Royaume-Uni]], malgré l'absence d'accord d'extradition avec le Maroc ; il est jugé, condamné à la peine capitale et fusillé le {{date|13|janvier|1973}}<ref>Ahmed Merzouki, ''Tazmamart, cellule 10'', éditions Gallimard, 2001, {{ISBN|2070419916}}.</ref>.


Selon la version officielle des autorités marocaines relatée le {{date|23|août|1972}} par le ministre de l'Intérieur [[Mohamed Benhima]], le [[général Oufkir]] se suicida quelques heures après le putsch au palais royal de [[Skhirat]], après avoir tiré les conclusions des aveux du commandant Kouera<ref>[[Gilles Perrault]], ''Notre ami le roi'', éditions Gallimard, 1992, pp.165-166 {{ISBN|2070326950}}</ref>. Toutefois, Fatéma Oufkir, veuve du général, rapporte dans son livre ''Les Jardins du roi'' que son mari fut exécuté par le général [[Ahmed Dlimi]] (colonel à l'époque) et le général [[Moulay Hafid Alaoui]]. Selon une version relatée par [[Gilles Perrault]] dans son livre ''Notre ami le roi'', le général Oufkir fut tué en dehors du palais, Dlimi contacta le général en lui annonçant que le roi, grièvement blessé, était à sa merci dans une maison proche de l'ambassade du [[Liban]] à [[Rabat]], Oufkir s'y rendit aussitôt et fut abattu par Dlimi et Moulay Hafid Alaoui, le cadavre fut ensuite transporté à Skhirat.
Selon la version officielle des autorités marocaines telle que donnée le {{date|23|août|1972}} par le ministre de l'Intérieur [[Mohamed Benhima]], le [[Mohamed Oufkir|général Oufkir]] se serait suicidé au palais royal de [[Skhirat]] quelques heures après le putsch, tirant les conséquences des aveux passés par le commandant Kouera<ref>{{Ouvrage|langue=fr|titre=Notre ami, le roi|prénom1=Gilles|nom1=Perrault|lien auteur1=Gilles Perrault|lieu=Paris|éditeur=Gallimard|lien éditeur=Éditions Gallimard|collection=Folio|série=Actuel|numéro dans collection=40|année=1992|pages totales=378|isbn=978-2-070-32695-2|isbn10=2-070-32695-0|passage=165-166}}</ref>. La veuve du général, Fatéma Oufkir, affirme pourtant dans son livre ''Les Jardins du roi'' que son mari a été exécuté par le général [[Ahmed Dlimi]] (colonel à l'époque) et le général [[Moulay Hafid Alaoui]]. Selon la version que [[Gilles Perrault]] a donnée dans son livre ''Notre ami le roi'', le général Oufkir aurait été tué en dehors du palais : Dlimi aurait annoncé au général que le roi, grièvement blessé, était à sa merci dans une maison proche de l'ambassade du [[Liban]] à [[Rabat]]. Oufkir s'y serait aussitôt rendu et aurait été abattu par Dlimi et Moulay Hafid Alaoui. Son cadavre aurait été ensuite transporté à Skhirat. Aucune preuve n'étaye cependant cette thèse d'une exécution du général Oufkir.


== Procès des aviateurs ==
== Procès des aviateurs ==
[[Fichier:Northrop F-5B (SN 63-8438, the first production -B model) 060905-F-1234S-005.jpg|thumb|Version biplace du [[Northrop F-5 Freedom Fighter|F-5B]] non armé, piloté par le capitaine Salah Hachad, commandant de l'escorte aérienne de l'avion royal.]]
[[Fichier:Northrop F-5B (SN 63-8438, the first production -B model) 060905-F-1234S-005.jpg|thumb|Version biplace du [[Northrop F-5 Freedom Fighter|F-5B]] non armé, piloté par le capitaine Salah Hachad, commandant de l'escorte aérienne de l'avion royal.]]
{{section à sourcer|date=août 2019}}
{{section à sourcer|date=août 2019}}
Le procès des aviateurs désigne le procès des conjurés ouvert le {{date|17|octobre|1972}} devant le tribunal permanent des [[Forces armées royales (Maroc)|FAR]] de Kénitra à la suite du coup d'État avorté du {{date|16|août|1972}}, dit « putsch des aviateurs » contre le roi du [[Maroc]] [[Hassan II]].
Le procès des aviateurs désigne le procès des conjurés ouvert le {{date|17|octobre|1972}} devant le tribunal permanent des [[Forces armées royales (Maroc)|FAR]] de Kénitra à la suite du coup d'État avorté du {{date|16|août|1972}}, dit « putsch des aviateurs » contre le roi du [[Maroc]] [[Hassan II]]<ref>{{Lien web |auteur=Jean-Pierre Péroncel-Hugoz |titre=L'acte d'accusation au procès des mutins de Kenitra confirme que le général Oufkir était à la tète de la conspiration du 16 août contre Hassan II |url=https://www.lemonde.fr/archives/article/1972/10/19/l-acte-d-accusation-au-proces-des-mutins-de-kenitra-confirme-que-le-general-oufkir-etait-a-la-tete-de-la-conspiration-du-16-aout-contre-hassan-ii_2403763_1819218.html |format=html |site=lemonde.fr |date=19 octobre 1972 |archive-date=19 octobre 1972}}</ref>.


Deux cent vingt officiers, sous-officiers et soldats de la {{3e}} BAFRA de Kénitra furent jugés. Au cours du procès des aviateurs, 11 putschistes, furent condamnés à mort, il s'agit du :
Deux cent vingt officiers, sous-officiers et soldats de la {{3e}} BAFRA de Kénitra sont jugés. Au cours du procès, 177 des jugés sont acquittés, 32 reçoivent une peine de prison allant de 3 à 20 ans et les 11 restants sont condamnés à mort<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Morocco Executes 11 for Role In Plot to Assassinate Hassan |url=https://www.nytimes.com/1973/01/14/archives/morocco-executes-11-for-role-in-plot-to-assassinate-hassan-appeal.html |site=nytimes.com |date=14 janvier 1973}}</ref>. Il s'agit :
* Lieutenant-colonel Mohamed Amekrane, chef du putsch,
* du lieutenant-colonel Mohamed Amekrane, chef du putsch ;
* Capitaine Larabi el-Haj, complice dans l'opération de la communication radio avec les 3 avions rebelles depuis la tour de contrôle de la {{3e}} BAFRA
* du capitaine Larabi el-Haj, responsable des communications radio avec les trois avions rebelles depuis la tour de contrôle de la {{3e}} BAFRA ;
* Commandant Louafi Kouera et les lieutenants Abdelkader Ziad et Hamid Boukhalif, pilotes des 3 avions de chasse [[Northrop F-5 Freedom Fighter|F-5]] ayant mitraillé l'avion royal lors de son escorte aérienne
* du commandant Louafi Kouera et des lieutenants Abdelkader Ziad et Hamid Boukhalif, pilotes des 3 avions de chasse [[Northrop F-5 Freedom Fighter|F-5]] ayant mitraillé l'avion royal lors de son escorte aérienne ;
* Sous-lieutenant Lyazid Midaoui, pilote de l'hélicoptère utilisé par Amekrane dans sa fuite à Gibraltar
* du sous-lieutenant Lyazid Midaoui, pilote de l'hélicoptère utilisé par Amekrane dans sa fuite à Gibraltar ;
* Adjudant-chef Mehdi Abdellali, adjudant Belkacem et les sergents chefs Kamoune, Bahraoui et Benoi pour avoir donné de l'aide aux putschistes dans la base de Kénitra lors des opérations.
* de l'adjudant-chef Mehdi Abdellali, de l'adjudant Belkacem et des sergents-chefs Kamoune, Bahraoui et Benoi pour avoir aidé les putschistes au sein de la base de Kénitra lors des opérations.


Une trentaine d'autres aviateurs furent condamnés à de lourdes peines et vinrent rejoindre les condamnés du premier [[Coup d'État de Skhirat|putsch de Skhirat]] ({{date|10|juillet|1971}}) à la prison civile de [[Kénitra]] dans un premier temps, et puis à [[Tazmamart]] le {{date|7|août|1973}}. Lorsque, après dix-huit ans de détention dans le bagne de Tazmamart, les portes s'ouvrirent, seuls vingt-huit des cinquante-huit détenus avaient survécu.
Une trentaine d'autres aviateurs furent condamnés à de lourdes peines et vinrent rejoindre les condamnés du premier [[Coup d'État de Skhirat|putsch de Skhirat]] ({{date|10|juillet|1971}}) à la prison civile de [[Kénitra]] dans un premier temps, et puis à [[Tazmamart]] le {{date|7|août|1973}}. Lorsque, après dix-huit ans de détention dans le bagne de Tazmamart, les portes {{Référence souhaitée}}s'ouvrirent, seuls vingt-huit des cinquante-huit détenus avaient survécu.


== Conséquences du putsch raté ==
== Conséquences du putsch raté ==
Le coup d'État des aviateurs du {{date|16|août|1972}} a eu pour conséquence la suppression des postes de ministre de la Défense, de major général et de major général adjoint, annoncée le {{date|19|août|1972}} par le roi Hassan II lors d'une réunion à Skhirat avec les chefs militaires et le gouvernement {{Référence souhaitée}}. Depuis, le roi s'occupe lui-même de l'armée, à laquelle il consacre quatre heures par jour {{référence nécessaire}} . Le {{date|23|décembre|1972}}, des fourgons embarquèrent la famille Oufkir (la mère Fatéma, ses six enfants et la cousine Achoura) et partirent vers une prison secrète {{Référence souhaitée}} ; pour le roi Hassan II, {{Mme}} Oufkir est impliquée dans l'affaire {{Référence souhaitée}}. Le {{date|7|août|1973}}, 58 des putschistes des deux coups d'État ratés de Skhirat en [[1971]] et des aviateurs en [[1972]] sont transportés au bagne de [[Tazmamart]] {{Référence souhaitée}} .
Le coup d'État des aviateurs du {{date|16|août|1972}} a entraîné la suppression des postes de ministre de la Défense, de major-général et de major-général adjoint<ref>{{Lien web |langue=en |titre=The Almost Perfect Regicide |url=https://content.time.com/time/subscriber/article/0,33009,910393-1,00.html |site=time.com |date=4 Septembre 1972 |archive-date=4 Septembre 1972}}</ref>, annoncée le {{date|19|Septembre}} par le roi Hassan II lors d'une réunion à Skhirat avec les chefs militaires et le gouvernement{{Référence souhaitée}}. Le roi a pris personnellement en charge le commandement de l'armée, à laquelle il consacrera quatre heures par jour.{{Sfn|Europa Publications|2003|p=302}}. Le {{date|23|décembre|1972}}, des fourgons ont embarqué la famille Oufkir (sa veuve Fatéma, ses six enfants et sa cousine Achoura) pour la conduire vers des maisons sécurisées dans un premier temps, puis dans des prisons secrètes<ref>{{Ouvrage|auteur1=Stephen Smith|titre=Oufkir un destin marocain|éditeur=Calmann-Lévy|date=1999|pages totales=518|isbn=9782702129388}}</ref> ; pour le roi Hassan II, {{Mme}} Oufkir était en effet impliquée dans l'affaire{{Référence souhaitée}}. Le {{date|7|août|1973}}, 58 putschistes des deux coups d'État ratés de Skhirat en [[1971]] et des aviateurs en [[1972]] ont été transportés au bagne de [[Tazmamart]]{{Référence souhaitée}} .


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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* Ahmed Merzouki, ''Tazmamart, cellule 10'', éditions Gallimard, 2001 {{ISBN|2070419916}} {{plume}}
* Ahmed Merzouki, ''Tazmamart, cellule 10'', [[éditions Gallimard]], 2001 {{ISBN|2070419916}} {{plume}}
* Abdelhak Serhane, Salah Hachad, Aïda Hachad, ''Kabazal, les emmurés de Tazmamart : mémoires de Salah et Aïda Hachad'', éditions Tarik, 2004 {{ISBN|978-9954-419-14-4}} {{plume}}
* Abdelhak Serhane, Salah Hachad, Aïda Hachad, ''Kabazal, les emmurés de Tazmamart : mémoires de Salah et Aïda Hachad'', éditions Tarik, 2004 {{ISBN|978-9954-419-14-4}} {{plume}}
* [[Gilles Perrault]], ''Notre ami le roi'', éditions Gallimard, 1992 {{ISBN|2070326950}} {{plume}}
* [[Gilles Perrault]], ''Notre ami le roi'', éditions Gallimard, 1992 {{ISBN|2070326950}} {{plume}}
* Fatéma Oufkir, ''Les Jardins du roi'', éditions Michel Lafon, 2000 {{ISBN|2840985462}} {{plume}}
* Fatéma Oufkir, ''Les Jardins du roi'', éditions Michel Lafon, 2000 {{ISBN|2840985462}} {{plume}}
* Éric Laurent, ''La Mémoire d'un roi'', éditions Omnibus, 1999 {{ISBN|978-2259025966}} {{plume}}
* Éric Laurent, ''La Mémoire d'un roi'', éditions Omnibus, 1999 {{ISBN|978-2259025966}} {{plume}}
* Stephen Smith, ''Oufkir,un destin marocain'', éditions [[Calmann-Lévy]], 1999 {{ISBN|9782702129388}} {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Europa Publications|titre=A Political Chronology of Africa|lieu=|éditeur=Taylor & Francis|date=2 septembre 2003|année première édition=2001|pages totales=520|isbn=9781135356668|consulté le=2 novembre 2022}}{{Plume}}


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
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{{Palette Histoire du Maroc}}
{{Palette Histoire du Maroc}}


{{Portail|Maroc|Histoire militaire}}
{{Portail|Maroc|Histoire militaire|années 1970}}


[[Catégorie:Coup d'État au Maroc]]
[[Catégorie:Coup d'État au Maroc]]
[[Catégorie:1972 au Maroc]]
[[Catégorie:1972 au Maroc]]
[[Catégorie:Août 1972]]
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[[Catégorie:Opposition à Hassan II]]
[[Catégorie:Coup d'État ou tentative de coup d'État au XXe siècle]]

Dernière version du 11 janvier 2024 à 19:48

Le « coup d'État des aviateurs » est la seconde tentative de coup d'État militaire contre le régime de Hassan II, alors roi du Maroc, qui a eu lieu le , un an après celle de Skhirat.

Ce putsch avorté a été conduit par des aviateurs des Forces aériennes royales sous le commandement du général Mohamed Oufkir et du lieutenant-colonel Mohamed Amekrane. Un tel « coup d'État » est le premier de son genre dans l'histoire militaire de par sa particularité « air-air » (avec des Northrop F-5 Freedom Fighter pour tenter d'abattre l'avion royal à son retour de France).

Contexte[modifier | modifier le code]

Hassan II après avoir séjourné dans son château privé à Betz, retourne au Maroc le 16 août 1972 à partir de Paris à bord de son avion personnel Boeing 727 accompagné par son frère le prince Moulay Abdellah, son garde du corps et son entourage personnel. Alors que l’avion survole Tanger, on fait remarquer au roi que des jets F-5 sont passés à plusieurs à côté de l’avion, alors qu'aucun cortège n’était prévu ce jour-là; il comprend qu’une attaque est en cours[1].

Déroulement[modifier | modifier le code]

Type des avions de chasse F-5A ayant mitraillé le Boeing royal dans le ciel de Tétouan le .

Le , à l'initiative du général Mohamed Oufkir, alors ministre de la Défense du Maroc et major général des Forces armées royales (FAR)[2], le lieutenant-colonel Mohamed Amekrane, commandant adjoint de l'aviation militaire et le commandant Louafi Kouera, commandant la 3e base aérienne de Kénitra (3e BAFRA), ordonnent à un certain nombre de pilotes de chasse marocains d'abattre le Boeing royal d'Hassan II dans le ciel de Tétouan, au nord du Maroc, lors de son retour de France.

Sur les six avions F-5 qui ont décollé de Kénitra vers 15 h 40[3] du mardi 16 août 1972 et qui sont commandés par le capitaine Salah Hachad, trois seulement sont armés, le premier étant celui du commandant Louafi Kouera, qui est dans le complot depuis trois semaines, le deuxième celui du lieutenant Abdelkader Ziad, qui n'a été mis au courant que quelques minutes avant le décollage, le troisième celui du lieutenant Hamid Boukhalif, qui a été informé de la mission en vol. L'opération a pour nom de code Boraq[3].

Le commandant Louafi Kouera, l'un des trois pilotes de chasse mitraillant l'avion royal, ne parvient pas à faire fonctionner son armement et tente de percuter le Boeing royal avec son F-5[4]. Il est capturé quelques minutes après son saut en parachute par la Gendarmerie royale marocaine dans la région de Souk El Arbaa[3] avec une jambe cassée et il est ramené au roi le jour même du putsch.

La queue de dérive du 727 royal après l'attaque.

Les lieutenants Abdelkader Ziad et Hamid Boukhalif réussissent à toucher deux des trois réacteurs de l'avion du roi, mais l'appareil réussit à atterrir sur la piste de l'aéroport international Rabat - Salé 10 à 15 minutes après le début de l'attaque. Le pilote du Boeing royal est le commandant Mohammed Kebbaj, pilote privé du roi, ancien pilote de chasse et collègue des aviateurs putschistes. Avec l'aide du copilote Camel Bekkari et du mécanicien de bord Mohammed Jaouhar, Hassan II parvient à tromper les mutins : en usant de la radio du cockpit du Boeing royal et en se faisant passer pour le pilote, il déclare "Cessez le feu ! Le tyran est mort, nous sommes innocents !"[N 1] Les mutins, trompés mais toujours méfiants, ordonnent alors à l'appareil de se poser sur la piste de l'aéroport militaire de Rabat-Kénitra. Le pilote, ignorant leurs ordres, parvient à les semer pour finalement poser l'avion royal sur la piste de l'aéroport civil de Rabat-Salé.

Quelques minutes plus tard, se rendant compte du complet renversement de la situation, deux avions de chasse de type F-5 sont envoyés vers l'aéroport de Rabat-Salé pour ouvrir le feu sur la suite du roi lorsque celui-ci sort du salon d'honneur de l'aéroport de Rabat-Salé ; les pilotes sont les lieutenants Ziad et Boukhalif, qui étaient retournés à la 3e BAFRA de Kénitra se réapprovisionner après la première attaque manquée contre le Boeing royal[réf. souhaitée]. L'opération porte le nom de code Red Flight. Le bilan de ce deuxième raid est de huit morts et environ cinquante blessés, dont plusieurs ministres[5]. Le roi, faisant encore une fois preuve d'audace et d'habileté, parvient de nouveau à tromper les mutins et à les semer en empruntant la voiture d'un employé de l'aéroport; il n'est alors accompagné que de trois gardes du corps et d'un aide de camp[1],[5].

Se rendant compte de l'échec de la tentative de coup d'État, le lieutenant-colonel Mohamed Amekrane lance alors l'opération Red Lightning en envoyant six F-5 pour bombarder le palais royal de Rabat. Mais le roi ne s'y trouve pas, car quelques minutes plus tôt il s'est réfugié dans son palais de Skhirat, d'où il coordonne la contre-attaque contre les mutins.[réf. souhaitée].

Le lieutenant-colonel Mohamed Amekrane, qui commandait le putsch à partir de la tour de contrôle de la base de Kénitra avec le capitaine Larbi el-Haj, réussit à s'enfuir à Gibraltar à l'aide d'un hélicoptère quelques heures après l'échec du putsch. Il en sera extradé trente-six heures plus tard par le Royaume-Uni, malgré l'absence d'accord d'extradition avec le Maroc ; il est jugé, condamné à la peine capitale et fusillé le [6].

Selon la version officielle des autorités marocaines telle que donnée le par le ministre de l'Intérieur Mohamed Benhima, le général Oufkir se serait suicidé au palais royal de Skhirat quelques heures après le putsch, tirant les conséquences des aveux passés par le commandant Kouera[7]. La veuve du général, Fatéma Oufkir, affirme pourtant dans son livre Les Jardins du roi que son mari a été exécuté par le général Ahmed Dlimi (colonel à l'époque) et le général Moulay Hafid Alaoui. Selon la version que Gilles Perrault a donnée dans son livre Notre ami le roi, le général Oufkir aurait été tué en dehors du palais : Dlimi aurait annoncé au général que le roi, grièvement blessé, était à sa merci dans une maison proche de l'ambassade du Liban à Rabat. Oufkir s'y serait aussitôt rendu et aurait été abattu par Dlimi et Moulay Hafid Alaoui. Son cadavre aurait été ensuite transporté à Skhirat. Aucune preuve n'étaye cependant cette thèse d'une exécution du général Oufkir.

Procès des aviateurs[modifier | modifier le code]

Version biplace du F-5B non armé, piloté par le capitaine Salah Hachad, commandant de l'escorte aérienne de l'avion royal.

Le procès des aviateurs désigne le procès des conjurés ouvert le devant le tribunal permanent des FAR de Kénitra à la suite du coup d'État avorté du , dit « putsch des aviateurs » contre le roi du Maroc Hassan II[8].

Deux cent vingt officiers, sous-officiers et soldats de la 3e BAFRA de Kénitra sont jugés. Au cours du procès, 177 des jugés sont acquittés, 32 reçoivent une peine de prison allant de 3 à 20 ans et les 11 restants sont condamnés à mort[9]. Il s'agit :

  • du lieutenant-colonel Mohamed Amekrane, chef du putsch ;
  • du capitaine Larabi el-Haj, responsable des communications radio avec les trois avions rebelles depuis la tour de contrôle de la 3e BAFRA ;
  • du commandant Louafi Kouera et des lieutenants Abdelkader Ziad et Hamid Boukhalif, pilotes des 3 avions de chasse F-5 ayant mitraillé l'avion royal lors de son escorte aérienne ;
  • du sous-lieutenant Lyazid Midaoui, pilote de l'hélicoptère utilisé par Amekrane dans sa fuite à Gibraltar ;
  • de l'adjudant-chef Mehdi Abdellali, de l'adjudant Belkacem et des sergents-chefs Kamoune, Bahraoui et Benoi pour avoir aidé les putschistes au sein de la base de Kénitra lors des opérations.

Une trentaine d'autres aviateurs furent condamnés à de lourdes peines et vinrent rejoindre les condamnés du premier putsch de Skhirat () à la prison civile de Kénitra dans un premier temps, et puis à Tazmamart le . Lorsque, après dix-huit ans de détention dans le bagne de Tazmamart, les portes [réf. souhaitée]s'ouvrirent, seuls vingt-huit des cinquante-huit détenus avaient survécu.

Conséquences du putsch raté[modifier | modifier le code]

Le coup d'État des aviateurs du a entraîné la suppression des postes de ministre de la Défense, de major-général et de major-général adjoint[10], annoncée le par le roi Hassan II lors d'une réunion à Skhirat avec les chefs militaires et le gouvernement[réf. souhaitée]. Le roi a pris personnellement en charge le commandement de l'armée, à laquelle il consacrera quatre heures par jour.[11]. Le , des fourgons ont embarqué la famille Oufkir (sa veuve Fatéma, ses six enfants et sa cousine Achoura) pour la conduire vers des maisons sécurisées dans un premier temps, puis dans des prisons secrètes[12] ; pour le roi Hassan II, Mme Oufkir était en effet impliquée dans l'affaire[réf. souhaitée]. Le , 58 putschistes des deux coups d'État ratés de Skhirat en 1971 et des aviateurs en 1972 ont été transportés au bagne de Tazmamart[réf. souhaitée] .

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Propos relatés par des sources proches du Palais.Une autre version voudrait que ce soit le mécanicien qui ait prononcé ces mots pour éviter que la voix du roi soit reconnue par les putschistes

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Confessions d'un Bodyguard royal », sur telquel.ma,
  2. École de politique appliquée de l'Université de Sherbrooke, « Tentative de coup d'État au Maroc », sur perspective.usherbrooke.ca
  3. a b et c Telquel : L'affaire du Boeing : Révélations sur le putsch de 72, no 129.
  4. Abdelhak Serhane, Kabazal : les emmurés de Tazmamart : mémoires de Salah et Aïda Hachad, Casablanca, Tarik éditions, , 252 p. (ISBN 978-9-954-41914-4, lire en ligne)
  5. a et b (en) « Et Tu, Oufkir? », sur time.com,
  6. Ahmed Merzouki, Tazmamart, cellule 10, éditions Gallimard, 2001, (ISBN 2070419916).
  7. Gilles Perrault, Notre ami, le roi, Paris, Gallimard, coll. « Folio / Actuel » (no 40), , 378 p. (ISBN 978-2-070-32695-2), p. 165-166
  8. Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, « L'acte d'accusation au procès des mutins de Kenitra confirme que le général Oufkir était à la tète de la conspiration du 16 août contre Hassan II » [html], sur lemonde.fr,
  9. (en) « Morocco Executes 11 for Role In Plot to Assassinate Hassan », sur nytimes.com,
  10. (en) « The Almost Perfect Regicide », sur time.com,
  11. Europa Publications 2003, p. 302.
  12. Stephen Smith, Oufkir un destin marocain, Calmann-Lévy, , 518 p. (ISBN 9782702129388)

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]