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La '''République populaire d'Angola''' était le régime politique de l'[[Angola]], de son indépendance en [[1975]], jusqu'en [[1992]].
La '''république populaire d'Angola''' était le régime politique du [[Angola|pays éponyme]], de son indépendance en 1975, jusqu'en 1992.


== Historique ==
== Historique ==
===Mise en place du régime===
=== Mise en place du régime ===
La [[guerre d'indépendance de l'Angola]] est déclenchée en [[1961]] et contribue à affaiblir économiquement et politique le [[Portugal]], puissance colonisatrice, qui connaît lui-même des bouleversements en [[1974]] quand la [[révolution des Œillets]] met à bas le régime de l'[[Estado Novo (Portugal)|Estado Novo]]. Les trois mouvements indépendantistes, le [[Mouvement populaire de libération de l'Angola]] (MPLA), le [[Front national de libération de l'Angola]] (FNLA) et l'[[Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola]] (UNITA) parviennent difficilement à signer entre eux, le [[15 janvier]] [[1975]], un accord prévoyant de proclamer l'indépendance du pays le [[11 novembre]] de la même année. Des accords de passation sont signés par le gouvernement portugais avec les trois mouvements<ref name="PB-11">Pierre Beaudet, ''Angola, bilan d'un socialisme de guerre'', L'Harmattan, 1998, page 11</ref>. En octobre, le FNLA et l'UNITA s'allient contre l'UNITA : le 11 novembre, le FNLA et l'UNITA proclament une {{citation|République démocratique et populaire}} tandis que le MPLA proclame une {{citation|République populaire}}, sous la présidence du chef du MPLA, [[Agostinho Neto]]<ref>[[Elikia M'Bokolo]], ''L'Afrique au {{XXe}} siècle'', Seuil, 1985, page 224</ref>.
La [[guerre d'indépendance de l'Angola]] est déclenchée en 1961 et contribue à affaiblir économiquement et politiquement le [[Portugal]], puissance colonisatrice, qui connaît lui-même des bouleversements en 1974 quand la [[révolution des Œillets]] met à bas le régime de l{{'}}''[[Estado Novo (Portugal)|Estado Novo]]''. Les trois mouvements indépendantistes angolais, le [[Mouvement populaire de libération de l'Angola]] (MPLA), le [[Front national de libération de l'Angola]] (FNLA) et l'[[Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola]] (UNITA) parviennent difficilement à signer entre eux, le {{date-|15 janvier 1975}}, un accord prévoyant de proclamer l'indépendance du pays le {{date-|11 novembre}} de la même année. Des accords de passation sont signés par le gouvernement portugais avec les trois mouvements<ref name="PB-11">{{Ouvrage|auteur1=Pierre Beaudet|titre=Angola, bilan d'un socialisme de guerre|éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L'Harmattan]]|année=1998|passage=11|isbn=}}.</ref>. En octobre, le FNLA et l'UNITA s'allient contre le MPLA : le {{date-|11 novembre}}, alors que les combats continuent, le FNLA et l'UNITA proclament une {{citation|république démocratique et populaire}} dans la ville de [[Huambo]], tandis que le MPLA proclame à [[Luanda]] une {{citation|république populaire}}, sous la présidence du chef du MPLA, [[Agostinho Neto]]<ref>{{harvsp|M'Bokolo|1985|p=224}}.</ref>.

===Années de guerre civile===
=== Années de guerre civile ===
{{voir aussi|Guerre civile angolaise}}
{{voir aussi|Guerre civile angolaise}}
L'histoire de la République populaire d'Angola est tout entière marquée par le déroulement de la [[guerre civile angolaise]]. Dès l'indépendance, les hostilités reprennent entre le MPLA et les deux mouvements rivaux. Le MPLA, d'orientation [[marxiste-léniniste]], s'assure une position dominante, grâce au matériel dépêché par l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]], à un contingent de 4000 soldats [[cuba]]ins et au soutien diplomatique de différents pays africains comme la [[Guinée]], l'[[Algérie]], la [[République populaire du Mozambique]], l'[[Algérie]] et le [[Nigéria]]<ref name="EMB-225">Elikia M'Bokolo, ''L'Afrique au {{XXe}} siècle'', Seuil, 1985, page 225</ref>. Le FNLA est définitivement réduit du fait de l'intervention des troupes cubaines, mais l'UNITA continue la lutte de son côté<ref>Robert Harvey, ''Comrades : the rise and fall of world communism'', John Murray, 2003, page 167</ref>. L'avantage militaire du gouvernement de la République populaire d'Angola, où le MPLA tient le rôle de [[parti unique]]<ref name="PB-11" />, laisse cependant entiers les problèmes du pays, dont la situation économique est désastreuse. Le parti au pouvoir est en outre traversé de luttes de tendances et de rivalités ethniques, opposant les [[métis]] et les [[Noir (humain)|noirs]] représentés par le ministre de l'intérieur Nito Alvès, ainsi que les partisans d'une {{citation|pause dans la révolution}} et ceux d'une {{citation|marche vers le socialisme}} accélérée, représentés par Alvès. Nito Alvès et ses partisans sont finalement éliminés à la suite d'une tentative de putsch en mai [[1977]]. Le MPLA tient son premier congrès en décembre de la même année et se constitue en ''MPLA-Parti du travail'', représent officiel de la classe ouvrière. L'adhésion au {{citation|[[socialisme scientifique]]}} est proclamée<ref name="EMB-225" /> ; l'Angola est considéré par l'URSS comme un État {{citation|d'orientation socialiste}}<ref>[[Archie Brown]], ''The Rise and fall of communism'', Vintage Books, 2009, page 365</ref>. Le président Neto s'octroie les pleins pouvoirs après la purge des {{citation|fractionnaires}} au sein du parti<ref>''''Pays du monde : Angola''. In ''Encyclopédie Bordas, Mémoires du {{XXe}} siècle''. édition 1995. Tome 18 « 1970-1979 »</ref>.
L'histoire de la république populaire d'Angola est marquée par le déroulement de la [[guerre civile angolaise]] qui est la continuation du conflit autour de la [[décolonisation]], de 1974/75 <ref>{{Ouvrage|langue=de|auteur1=Franz-Wilhelm Heimer|titre=Der Entkolonisierungskonflikt in Angola|lieu=Munich|éditeur=Weltforum Verlag|année=1980|isbn=}}.</ref>. Dès l'indépendance, les hostilités reprennent entre le MPLA et les deux mouvements rivaux<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Fernando Andresen Guimaráes|titre=The Origins of the Angolan Civil War|sous-titre=Foreign Intervention and Domestic Political Conflict|lieu=Basingstoke & Londres|éditeur=Houndsmills|année=1998|isbn=}}.</ref>. Le MPLA, qui se déclare [[marxiste-léniniste]] en 1977, s'assure une position dominante, grâce au matériel dépêché par l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]], à un contingent de {{formatnum:4000}} soldats [[cuba]]ins et au soutien diplomatique de différents pays africains comme la [[Guinée]], la [[république populaire du Mozambique]], l'[[Algérie]] et le [[Nigéria]]<ref name="EMB-225">{{harvsp|M'Bokolo|1985|p=225}}.</ref>. Le FNLA est définitivement réduit du fait de l'intervention des troupes cubaines, mais l'UNITA continue la lutte de son côté<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Robert Harvey|titre=Comrades|sous-titre=the rise and fall of world communism|éditeur=[[John Murray (maison d'édition)|John Murray]]|année=2003|passage=167|isbn=}}.</ref>. L'avantage militaire du gouvernement de la république populaire d'Angola, où le MPLA tient le rôle de [[parti unique]]<ref name="PB-11" />, laisse cependant entiers les problèmes du pays, dont la situation économique est désastreuse. Le parti au pouvoir est en outre traversé de luttes de tendances et de rivalités ethniques, opposant les [[métis]] et les [[Noir (humain)|noirs]] représentés par le ministre de l'intérieur {{Lien|Nito Alves}}, ainsi que les partisans d'une {{citation|pause dans la révolution}} et ceux d'une {{citation|marche vers le socialisme}} accélérée, représentés par Alvès. {{Lien|Nito Alves|langue=pt}} et ses partisans sont finalement éliminés à la suite d'une tentative de putsch en {{date-|mai 1977}}. Le MPLA tient son premier congrès en décembre de la même année et se constitue en ''MPLA-Parti du travail'', représentant officiel de la [[classe ouvrière]]. L'adhésion au {{citation|[[socialisme scientifique]]}} est proclamée<ref name="EMB-225" /> ; l'Angola est considéré par l'URSS comme un État {{citation|d'orientation socialiste}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Archie Brown]]|titre=The Rise and fall of communism|éditeur=Vintage Books|année=2009|passage=365|isbn=}}</ref>. Le président Neto s'octroie les pleins pouvoirs après la purge des {{citation|fractionnaires}} au sein du parti<ref>{{chapitre|titre=Pays du monde : Angola|titre ouvrage=Encyclopédie Bordas, Mémoires du {{XXe}} siècle|année=1995|tome=18 « 1970-1979 »}}.</ref>. La situation de guerre contribue à susciter des clivages supplémentaires au sein de la société angolaise : la pénurie de produits alimentaires entraîne la mise en place d'un réseau de distribution réservé aux membres du parti, ainsi qu'à de nombreux soldats. Le MPLA est également divisé entre les tendances {{citation|internationalistes}} proches de Cuba et celles, plus conservatrices, animées notamment par d'anciens membres du FNLA ralliés à la république populaire<ref>{{harvsp|M'Bokolo|1985|p=227}}.</ref>.


Le parti au pouvoir est marqué par l'hégémonie de son équipe dirigeante, autour d'[[Agostinho Neto]]. Ce dernier, malade, meurt le [[10 septembre]] [[1979]], en URSS où il était parti se faire soigner. [[José Eduardo dos Santos]] lui succède. Le gouvernement fait preuve d'un certain pragmatisme dans les domaines diplomatiques et économiques : la reconstruction de l'économie, ruinée par la guerre, la destruction des infrastructures et le départ de presque tous les colons portugais, est entreprise sans révision majeure de la structure et du système de l'époque coloniale. L'État contrôle certains secteurs comme les textiles, le bois ou l'industrie alimentaire, mais l'économie continue d'être déterminée par les secteurs qui assuraient l'essentiel des exportations avant [[1974]] : le pétrole, le diamant, le fer et le café. L'Angola a des échanges commerciaux, non seulement avec des pays {{citation|socialistes}}, mais également avec le [[Brésil]], l'[[Italie]], ou les pays scandinaves<ref>Elikia M'Bokolo, ''L'Afrique au {{XXe}} siècle'', Seuil, 1985, page 226</ref>. La guerre civile contre l'UNITA de [[Jonas Savimbi]] continue cependant toujours, le mouvement rebelle ayant reçu le soutien non seulement de l'[[République d'Afrique du Sud (1961-1994)|Afrique du Sud]], mais également du [[Zaïre]], avec l'approbation des [[États-Unis]]<ref>Jean-Jacques Arthur Malu-Malu, ''Le Congo Kinshasa'', Karthala, 2002, page 176</ref>. Le conflit avec l'Afrique du Sud contribue à donner à l'Angola un rôle important dans le combat contre le régime d'[[Apartheid en Afrique du Sud|Apartheid]] : dès [[1976]], le pays accueille des camps d'entraînement pour les membres de l'[[Congrès national africain|ANC]]<ref>Stephen Ellis, Tsepo Sechaban, ''Comrades against apartheid: the ANC & the South African Communist Party in exile'', Indiana University Press, 1992, page 88</ref>. En [[1977]] et [[1978]], le gouvernement angolais aide les rebelles du [[Front national de libération du Congo]] à envahir le [[Zaïre]], lors de la [[première guerre du Shaba]]. La guerre civile pousse finalement le gouvernement de Dos Santos à se réconcilier avec le Zaïre de [[Mobutu Sese Seko|Mobutu]], et à nouer des contacts avec les États-Unis. L'Afrique du Sud retire ses troupes d'Angola en [[1984]], dans l'espoir de voir Cuba faire de même, mais une déclaration conjointe de [[Fidel Castro]] et [[José Eduardo dos Santos]] réaffirme le maintien du contingent cubain<ref>Elikia M'Bokolo, ''L'Afrique au {{XXe}} siècle'', Seuil, 1985, pages 226-227</ref>.
Le parti au pouvoir est marqué par l'hégémonie de son équipe dirigeante, autour d'[[Agostinho Neto]]. Ce dernier, malade, meurt le {{date-|10 septembre 1979}}, en URSS où il était parti se faire soigner. [[José Eduardo dos Santos]] lui succède. Le gouvernement fait preuve d'un certain pragmatisme dans les domaines diplomatiques et économiques : la reconstruction de l'économie, ruinée par la guerre, la destruction des infrastructures et le départ de presque tous les colons portugais, est entreprise sans révision majeure de la structure et du système de l'époque coloniale. L'État contrôle certains secteurs comme les textiles, le bois ou l'industrie alimentaire, mais l'économie continue d'être déterminée par les secteurs qui assuraient l'essentiel des exportations avant 1974 : le pétrole, le diamant, le fer et le café. L'Angola a des échanges commerciaux, non seulement avec des pays {{citation|socialistes}}, mais également avec le [[Brésil]], l'[[Italie]] ou les pays scandinaves<ref>{{harvsp|M'Bokolo|1985|p=226}}.</ref>. Le gouvernement angolais parvient à gérer efficacement sa manne pétrolière. La [[balance commerciale]] est restée bénéficiaire et l’endettement extérieur a été contenu dans des limites raisonnables. En 1985, le service de la dette se chiffrait à 324 millions de dollars, soit environ 15 % des exportations<ref name=":0">{{Article |langue= |auteur1= |titre=Une longue marche pour assurer le développement et conquérir la paix |périodique=Monde diplomatique |date=octobre 1986 |issn= |lire en ligne=https://www.monde-diplomatique.fr/1986/10/WAUTHIER/39520 |pages= }}</ref>.


Un effort majeur a été accompli dans le domaine de l’enseignement et de l’alphabétisation des adultes, en particulier dans les centres urbains. En 1986, le nombre des élèves du primaire dépasse le million et demi, et près d’un demi-million d’adultes ont appris à lire et à écrire. La langue d’enseignement demeure principalement le portugais, mais des expériences sont tentées afin d'introduire l’étude des langues africaines locales dès les premières années de scolarisation. Les rapports entre les Églises et le parti au pouvoir sont restés relativement sereins<ref name=":0" />.
La situation de guerre contribue à susciter des clivages supplémentaires au sein de la société angolaise : la pénurie de produits alimentaires entraîne la mise en place d'un réseau de distribution réservé aux membres du parti, ainsi qu'à de nombreux soldats. Le MPLA est également divisé entre les tendances {{citation|internationalistes}} proches de Cuba et celles, plus modérées, animées notamment par d'anciens membres du FNLA ralliés à la République populaire<ref>Elikia M'Bokolo, ''L'Afrique au {{XXe}} siècle'', Seuil, 1985, page 227</ref>.
===Transition démocratique===
Dans les [[années 1980]], l'Afrique du Sud continue de soutenir l'UNITA, et le gouvernement de Luanda perd l'espoir d'une victoire militaire à court terme. En mars [[1990]] commencent de circuler dans Luanda des brochures réclamant la fin du parti unique, et l'ouverture de négociations avec l'UNITA. Une {{citation|troisième force}} d'opposition, comptant les intellectuels et les gens d'église, s'organise au sein de la société angolaise. Dans le même temps, l'UNITA lance en février [[1990]] une grande offensive, gagnant du terrain face aux forces gouvernementales. Des négociations de paix s'ouvrent alors au début de [[1991]]. Le régime consent à des réformes face à la montée des mécontentements, et aux différents processus de démocratisation alors en cours en Afrique : le [[23 mars]] [[1991]], le parlement angolais vote la fin du parti unique<ref>[http://archives.lesoir.be/le-multipartisme-en-afrique-angola-le-parlement-vote-la_t-19910328-Z03T6G.html LE MULTIPARTISME EN AFRIQUE ANGOLA: LE PARLEMENT VOTE LA FIN DU PARTI UNIQUE], ''Le Soir'', 23 mars 1991</ref>. En avril 1991, le [[Portugal]] fait office de médiateur entre le gouvernement et l'UNITA, tandis que les États-Unis et l'URSS envoient des observateurs. Le [[31 mai]] [[1991]], les [[Accords de Bicesse|accords de paix]] sont signés à Bicesse (Portugal) par [[José Eduardo dos Santos]] et [[Jonas Savimbi]]<ref>George Wright, ''The Destruction of a Nation: United States' Policy Towards Angola Since 1945'', 1997, Pluto Press, page 159</ref>. Le [[26 août]] [[1992]], une nouvelle révision de la constitution fait disparaître les dernières traces d'idéologie marxiste-léniniste; le nom officiel du pays devient ''République d'Angola''<ref>Europa Publications Limited, ''Africa South of the Sahara 2003'', Routledge, 2002, page 36</ref>.


La guerre civile contre l'UNITA de [[Jonas Savimbi]] continue cependant, le mouvement rebelle ayant reçu le soutien non seulement de l'[[République d'Afrique du Sud (1961-1994)|Afrique du Sud]], mais également du [[Zaïre]], avec l'approbation des [[États-Unis]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Jean-Jacques Arthur Malu-Malu|titre=Le Congo Kinshasa|éditeur=[[Éditions Karthala|Karthala]]|année=2002|passage=176|isbn=}}.</ref>. Le conflit avec l'Afrique du Sud contribue à donner à l'Angola un rôle important dans le combat contre le régime d'[[Apartheid en Afrique du Sud|Apartheid]] : dès 1976, le pays accueille des camps d'entraînement pour les membres de l'[[Congrès national africain|ANC]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Stephen Ellis|auteur2=Tsepo Sechaban|titre=Comrades against apartheid : the ANC & the South African Communist Party in exile|éditeur=Indiana University Press|année=1992|passage=88|isbn=}}.</ref>. En 1977 et 1978, le gouvernement angolais aide les rebelles du [[Front national de libération du Congo]] à envahir le Zaïre, lors de la [[première guerre du Shaba]]. Les attaques de l’armée sud-africaine ont notamment pour objectif de paralyser l’activité économique. Le [[chemin de fer de Benguela]] devient une cible privilégiée des actions de l’UNITA et les infrastructures pétrolières et portuaires sont fréquemment sabotées<ref name=":0" />. La guerre civile pousse finalement le gouvernement de Dos Santos à se réconcilier avec le Zaïre de [[Mobutu Sese Seko|Mobutu]], et à nouer des contacts avec les États-Unis.
Les premières élections multipartites de l'histoire de l'Angola se tiennent en septembre [[1992]] : le MPLA remporte la majorité, mais [[Jonas Savimbi]] refuse de reconnaître sa défaite, ce qui entraîne la reprise des hostilités dans la [[guerre civile angolaise]]<ref>Philippe Lemarchand, ''L'Afrique et l'Europe: atlas du {{XXe}} siècle'', Complexe, 1999, page 134</ref>; le conflit ne s'achève qu'en [[2002]], par la mort de Savimbi et la victoire des troupes gouvernementales<ref>[http://www.nytimes.com/2002/03/03/weekinreview/the-world-exit-savimbi-and-the-cold-war-in-africa.html?pagewanted=all&src=pm The World; Exit Savimbi, and the Cold War in Africa], ''The New York Times'', 3 mars 2002</ref>.

En {{date-|janvier 1984}}, un accord est négocié. L’Afrique du Sud obtient de l’Angola la promesse du retrait de son soutien à la [[South-West African People's Organisation|SWAPO]] (mouvement indépendantiste namibien installé en Angola depuis 1975) en échange de l’évacuation des troupes sud-africaines d’Angola. Malgré cet accord, l'Afrique du Sud, sous prétexte de poursuivre les guérilleros de la SWAPO mène des opérations de grande envergure sur le sol angolais, chaque fois que l'UNITA subissait des offensives des forces gouvernementales angolaises. En parallèle, l'Afrique du Sud organise des attentats en Angola. En {{date-|mai 1985}}, une patrouille angolaise intercepte à Malongo un commando sud-africain qui s'apprêtait à saboter les installations pétrolières<ref name=":02">{{Lien web|langue=|auteur1=|titre=Analyse economique et sociale|url=http://afriquepluriel.ruwenzori.net/angola-e.htm|site=afriquepluriel.ruwenzori.net|périodique=|date=|consulté le=2011-06-11}}</ref>. Les États-Unis procurent aux rebelles des missiles sol-air Stinger, en passant par la base de Kamina, dans le sud du [[Zaïre]], base que les États-Unis envisageraient de réactiver de façon permanente. L'aide américaine porterait également sur des armes antichars devant permettre à l'UNITA de mieux résister aux offensives de plus en plus menaçantes de l'armée de Luanda contre les zones encore sous son contrôle dans l'Est et le Sud-Est du pays<ref name=":02" />.

===Transition politique et fin de la guerre===
Dans les années 1980, l'Afrique du Sud continue de soutenir l'UNITA, et le gouvernement de Luanda perd l'espoir d'une victoire militaire à court terme. En 1988, la [[bataille de Cuito Cuanavale]], où les forces du MPLA soutenues par les Cubains mettent en échec la supériorité aérienne sud-africaine, marque un tournant décisif pour la région : indépendance de la [[Namibie]], déclin inexorable du régime ségrégationniste. Ce qui a fait dire au président du Congrès national africain, [[Jacob Zuma]], invité aux célébrations du vingtième anniversaire de la bataille de Cuito, le {{date-|23 mars 2008}}, que « la contribution du MPLA et du peuple angolais à la lutte pour l’abolition de l’apartheid en Afrique du Sud n’a d’égal dans aucun pays du continent ».

En {{date-|mars 1990}} commencent de circuler dans Luanda des brochures réclamant la fin du parti unique, et l'ouverture de négociations avec l'UNITA. Une {{citation|troisième force}} d'opposition, comptant les intellectuels et les gens d'Église, s'organise au sein de la société angolaise. Dans le même temps, l'UNITA lance en {{date-|février 1990}} une grande offensive, gagnant du terrain face aux forces gouvernementales. Des négociations de paix s'ouvrent alors au début de 1991. Le régime consent à des réformes face à la montée des mécontentements, et aux différents processus de démocratisation alors en cours en Afrique : le {{date-|23 mars 1991}}, le parlement angolais vote la fin du parti unique<ref>{{article|url=http://archives.lesoir.be/le-multipartisme-en-afrique-angola-le-parlement-vote-la_t-19910328-Z03T6G.html|titre=Le multipartisme en Afrique Angola : Le Parlement vote la fin du parti unique|périodique=Le Soir|date=23 mars 1991}}.</ref>. En {{date-|avril 1991}}, le Portugal fait office de médiateur entre le gouvernement et l'UNITA, tandis que les États-Unis et l'URSS envoient des observateurs. Le {{date-|31 mai 1991}}, les [[Accords de Bicesse|accords de paix]] sont signés à Bicesse (Portugal) par [[José Eduardo dos Santos]] et [[Jonas Savimbi]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=George Wright|titre=The Destruction of a Nation : United States' Policy Towards Angola Since 1945|éditeur=Pluto Press|année=1997|passage=159|isbn=}}.</ref>. Le {{date-|26 août 1992}}, une nouvelle révision de la constitution fait disparaître les dernières traces d'idéologie marxiste-léniniste ; le nom officiel du pays devient ''république d'Angola''<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Europa Publications Limited|titre=Africa South of the Sahara 2003|éditeur=[[Routledge]]|année=2002|passage=36|isbn=}}.</ref>.

Les premières élections multipartites de l'histoire de l'Angola se tiennent en {{date-|septembre 1992}} : le MPLA remporte la majorité, mais [[Jonas Savimbi]] refuse de reconnaître sa défaite, ce qui entraîne la reprise des hostilités dans la [[guerre civile angolaise]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Philippe Lemarchand|titre=L'Afrique et l'Europe|sous-titre=atlas du {{XXe}} siècle|éditeur=Complexe|année=1999|passage=134|isbn=}}.</ref> ; le conflit ne s'achève qu'en 2002, par la mort au combat de Savimbi qui entraine l'abandon immédiat de toute activité militaire de la part de l'UNITA<ref>{{article|lang=en|url=https://www.nytimes.com/2002/03/03/weekinreview/the-world-exit-savimbi-and-the-cold-war-in-africa.html|titre=The World; Exit Savimbi, and the Cold War in Africa|périodique=The New York Times|date=3 mars 2002}}</ref>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{références|taille=30}}
<references/>
{{palette|Communisme|Guerre froide}}
{{portail|Angola|communisme}}


== Bibliographie ==
* {{Ouvrage|auteur1=[[Elikia M'Bokolo]]|titre=L'Afrique au {{XXe}} siècle|sous-titre=Le continent convoité|éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]]|collection=Points Histoire|année=1985|pages totales=393|isbn=}}

{{Palette|Histoire de l'Angola|Communisme|Guerre froide}}
{{portail|Angola|communisme|République|guerre froide}}

{{DEFAULTSORT:Republique Populaire D'Angola}}
[[Catégorie:Histoire de l'Angola]]
[[Catégorie:Histoire de l'Angola]]
[[Catégorie:État communiste|Angola]]
[[Catégorie:État communiste|Angola]]
[[Catégorie:Politique de l'Angola]]
[[Catégorie:Politique en Angola]]
[[Catégorie:Régime à parti unique|Angola]]
[[Catégorie:Régime à parti unique|Angola]]

[[de:Geschichte Angolas#Die erste Regierung]]
[[en:People's Republic of Angola]]
[[ja:アンゴラ人民共和国]]
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République populaire d'Angola
República Popular de Angola

19751992

Drapeau
Drapeau
Blason
Armoiries
Hymne Angola Avante
Description de l'image LocationAngola.png.
Informations générales
Statut République marxiste-léniniste État communiste à parti unique
Capitale Luanda
Langue(s) Portugais
Religion Athéisme d'État, catholicisme
Monnaie Kwanza
Histoire et événements
Indépendance de la république populaire d'Angola
1975-1991 Guerre civile
Révision constitutionnelle, abandon du parti unique
Signature des accords de paix
Nouvelle révision constitutionnelle, abandon de l'adjectif populaire
Président
1975 - 1979 Agostinho Neto
1979 - 1992 José Eduardo dos Santos

Entités précédentes :

Entités suivantes :

La république populaire d'Angola était le régime politique du pays éponyme, de son indépendance en 1975, jusqu'en 1992.

Historique[modifier | modifier le code]

Mise en place du régime[modifier | modifier le code]

La guerre d'indépendance de l'Angola est déclenchée en 1961 et contribue à affaiblir économiquement et politiquement le Portugal, puissance colonisatrice, qui connaît lui-même des bouleversements en 1974 quand la révolution des Œillets met à bas le régime de l'Estado Novo. Les trois mouvements indépendantistes angolais, le Mouvement populaire de libération de l'Angola (MPLA), le Front national de libération de l'Angola (FNLA) et l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (UNITA) parviennent difficilement à signer entre eux, le , un accord prévoyant de proclamer l'indépendance du pays le de la même année. Des accords de passation sont signés par le gouvernement portugais avec les trois mouvements[1]. En octobre, le FNLA et l'UNITA s'allient contre le MPLA : le , alors que les combats continuent, le FNLA et l'UNITA proclament une « république démocratique et populaire » dans la ville de Huambo, tandis que le MPLA proclame à Luanda une « république populaire », sous la présidence du chef du MPLA, Agostinho Neto[2].

Années de guerre civile[modifier | modifier le code]

L'histoire de la république populaire d'Angola est marquée par le déroulement de la guerre civile angolaise qui est la continuation du conflit autour de la décolonisation, de 1974/75 [3]. Dès l'indépendance, les hostilités reprennent entre le MPLA et les deux mouvements rivaux[4]. Le MPLA, qui se déclare marxiste-léniniste en 1977, s'assure une position dominante, grâce au matériel dépêché par l'URSS, à un contingent de 4 000 soldats cubains et au soutien diplomatique de différents pays africains comme la Guinée, la république populaire du Mozambique, l'Algérie et le Nigéria[5]. Le FNLA est définitivement réduit du fait de l'intervention des troupes cubaines, mais l'UNITA continue la lutte de son côté[6]. L'avantage militaire du gouvernement de la république populaire d'Angola, où le MPLA tient le rôle de parti unique[1], laisse cependant entiers les problèmes du pays, dont la situation économique est désastreuse. Le parti au pouvoir est en outre traversé de luttes de tendances et de rivalités ethniques, opposant les métis et les noirs représentés par le ministre de l'intérieur Nito Alves (en), ainsi que les partisans d'une « pause dans la révolution » et ceux d'une « marche vers le socialisme » accélérée, représentés par Alvès. Nito Alves (pt) et ses partisans sont finalement éliminés à la suite d'une tentative de putsch en . Le MPLA tient son premier congrès en décembre de la même année et se constitue en MPLA-Parti du travail, représentant officiel de la classe ouvrière. L'adhésion au « socialisme scientifique » est proclamée[5] ; l'Angola est considéré par l'URSS comme un État « d'orientation socialiste »[7]. Le président Neto s'octroie les pleins pouvoirs après la purge des « fractionnaires » au sein du parti[8]. La situation de guerre contribue à susciter des clivages supplémentaires au sein de la société angolaise : la pénurie de produits alimentaires entraîne la mise en place d'un réseau de distribution réservé aux membres du parti, ainsi qu'à de nombreux soldats. Le MPLA est également divisé entre les tendances « internationalistes » proches de Cuba et celles, plus conservatrices, animées notamment par d'anciens membres du FNLA ralliés à la république populaire[9].

Le parti au pouvoir est marqué par l'hégémonie de son équipe dirigeante, autour d'Agostinho Neto. Ce dernier, malade, meurt le , en URSS où il était parti se faire soigner. José Eduardo dos Santos lui succède. Le gouvernement fait preuve d'un certain pragmatisme dans les domaines diplomatiques et économiques : la reconstruction de l'économie, ruinée par la guerre, la destruction des infrastructures et le départ de presque tous les colons portugais, est entreprise sans révision majeure de la structure et du système de l'époque coloniale. L'État contrôle certains secteurs comme les textiles, le bois ou l'industrie alimentaire, mais l'économie continue d'être déterminée par les secteurs qui assuraient l'essentiel des exportations avant 1974 : le pétrole, le diamant, le fer et le café. L'Angola a des échanges commerciaux, non seulement avec des pays « socialistes », mais également avec le Brésil, l'Italie ou les pays scandinaves[10]. Le gouvernement angolais parvient à gérer efficacement sa manne pétrolière. La balance commerciale est restée bénéficiaire et l’endettement extérieur a été contenu dans des limites raisonnables. En 1985, le service de la dette se chiffrait à 324 millions de dollars, soit environ 15 % des exportations[11].

Un effort majeur a été accompli dans le domaine de l’enseignement et de l’alphabétisation des adultes, en particulier dans les centres urbains. En 1986, le nombre des élèves du primaire dépasse le million et demi, et près d’un demi-million d’adultes ont appris à lire et à écrire. La langue d’enseignement demeure principalement le portugais, mais des expériences sont tentées afin d'introduire l’étude des langues africaines locales dès les premières années de scolarisation. Les rapports entre les Églises et le parti au pouvoir sont restés relativement sereins[11].

La guerre civile contre l'UNITA de Jonas Savimbi continue cependant, le mouvement rebelle ayant reçu le soutien non seulement de l'Afrique du Sud, mais également du Zaïre, avec l'approbation des États-Unis[12]. Le conflit avec l'Afrique du Sud contribue à donner à l'Angola un rôle important dans le combat contre le régime d'Apartheid : dès 1976, le pays accueille des camps d'entraînement pour les membres de l'ANC[13]. En 1977 et 1978, le gouvernement angolais aide les rebelles du Front national de libération du Congo à envahir le Zaïre, lors de la première guerre du Shaba. Les attaques de l’armée sud-africaine ont notamment pour objectif de paralyser l’activité économique. Le chemin de fer de Benguela devient une cible privilégiée des actions de l’UNITA et les infrastructures pétrolières et portuaires sont fréquemment sabotées[11]. La guerre civile pousse finalement le gouvernement de Dos Santos à se réconcilier avec le Zaïre de Mobutu, et à nouer des contacts avec les États-Unis.

En , un accord est négocié. L’Afrique du Sud obtient de l’Angola la promesse du retrait de son soutien à la SWAPO (mouvement indépendantiste namibien installé en Angola depuis 1975) en échange de l’évacuation des troupes sud-africaines d’Angola. Malgré cet accord, l'Afrique du Sud, sous prétexte de poursuivre les guérilleros de la SWAPO mène des opérations de grande envergure sur le sol angolais, chaque fois que l'UNITA subissait des offensives des forces gouvernementales angolaises. En parallèle, l'Afrique du Sud organise des attentats en Angola. En , une patrouille angolaise intercepte à Malongo un commando sud-africain qui s'apprêtait à saboter les installations pétrolières[14]. Les États-Unis procurent aux rebelles des missiles sol-air Stinger, en passant par la base de Kamina, dans le sud du Zaïre, base que les États-Unis envisageraient de réactiver de façon permanente. L'aide américaine porterait également sur des armes antichars devant permettre à l'UNITA de mieux résister aux offensives de plus en plus menaçantes de l'armée de Luanda contre les zones encore sous son contrôle dans l'Est et le Sud-Est du pays[14].

Transition politique et fin de la guerre[modifier | modifier le code]

Dans les années 1980, l'Afrique du Sud continue de soutenir l'UNITA, et le gouvernement de Luanda perd l'espoir d'une victoire militaire à court terme. En 1988, la bataille de Cuito Cuanavale, où les forces du MPLA soutenues par les Cubains mettent en échec la supériorité aérienne sud-africaine, marque un tournant décisif pour la région : indépendance de la Namibie, déclin inexorable du régime ségrégationniste. Ce qui a fait dire au président du Congrès national africain, Jacob Zuma, invité aux célébrations du vingtième anniversaire de la bataille de Cuito, le , que « la contribution du MPLA et du peuple angolais à la lutte pour l’abolition de l’apartheid en Afrique du Sud n’a d’égal dans aucun pays du continent ».

En commencent de circuler dans Luanda des brochures réclamant la fin du parti unique, et l'ouverture de négociations avec l'UNITA. Une « troisième force » d'opposition, comptant les intellectuels et les gens d'Église, s'organise au sein de la société angolaise. Dans le même temps, l'UNITA lance en une grande offensive, gagnant du terrain face aux forces gouvernementales. Des négociations de paix s'ouvrent alors au début de 1991. Le régime consent à des réformes face à la montée des mécontentements, et aux différents processus de démocratisation alors en cours en Afrique : le , le parlement angolais vote la fin du parti unique[15]. En , le Portugal fait office de médiateur entre le gouvernement et l'UNITA, tandis que les États-Unis et l'URSS envoient des observateurs. Le , les accords de paix sont signés à Bicesse (Portugal) par José Eduardo dos Santos et Jonas Savimbi[16]. Le , une nouvelle révision de la constitution fait disparaître les dernières traces d'idéologie marxiste-léniniste ; le nom officiel du pays devient république d'Angola[17].

Les premières élections multipartites de l'histoire de l'Angola se tiennent en  : le MPLA remporte la majorité, mais Jonas Savimbi refuse de reconnaître sa défaite, ce qui entraîne la reprise des hostilités dans la guerre civile angolaise[18] ; le conflit ne s'achève qu'en 2002, par la mort au combat de Savimbi qui entraine l'abandon immédiat de toute activité militaire de la part de l'UNITA[19].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Pierre Beaudet, Angola, bilan d'un socialisme de guerre, L'Harmattan, , p. 11.
  2. M'Bokolo 1985, p. 224.
  3. (de) Franz-Wilhelm Heimer, Der Entkolonisierungskonflikt in Angola, Munich, Weltforum Verlag, .
  4. (en) Fernando Andresen Guimaráes, The Origins of the Angolan Civil War : Foreign Intervention and Domestic Political Conflict, Basingstoke & Londres, Houndsmills, .
  5. a et b M'Bokolo 1985, p. 225.
  6. (en) Robert Harvey, Comrades : the rise and fall of world communism, John Murray, , p. 167.
  7. (en) Archie Brown, The Rise and fall of communism, Vintage Books, , p. 365
  8. « Pays du monde : Angola », dans Encyclopédie Bordas, Mémoires du XXe siècle, t. 18 « 1970-1979 », .
  9. M'Bokolo 1985, p. 227.
  10. M'Bokolo 1985, p. 226.
  11. a b et c « Une longue marche pour assurer le développement et conquérir la paix », Monde diplomatique,‎ (lire en ligne)
  12. Jean-Jacques Arthur Malu-Malu, Le Congo Kinshasa, Karthala, , p. 176.
  13. (en) Stephen Ellis et Tsepo Sechaban, Comrades against apartheid : the ANC & the South African Communist Party in exile, Indiana University Press, , p. 88.
  14. a et b « Analyse economique et sociale », sur afriquepluriel.ruwenzori.net (consulté le )
  15. « Le multipartisme en Afrique Angola : Le Parlement vote la fin du parti unique », Le Soir,‎ (lire en ligne).
  16. (en) George Wright, The Destruction of a Nation : United States' Policy Towards Angola Since 1945, Pluto Press, , p. 159.
  17. (en) Europa Publications Limited, Africa South of the Sahara 2003, Routledge, , p. 36.
  18. Philippe Lemarchand, L'Afrique et l'Europe : atlas du XXe siècle, Complexe, , p. 134.
  19. (en) « The World; Exit Savimbi, and the Cold War in Africa », The New York Times,‎ (lire en ligne)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Elikia M'Bokolo, L'Afrique au XXe siècle : Le continent convoité, Seuil, coll. « Points Histoire », , 393 p.