« Calendrier aztèque » : différence entre les versions

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{{Infobox Religion
Le '''calendrier aztèque''' était intimement lié à la [[Mythologie aztèque|mythologie]] des anciens peuples de la [[Mésoamérique]], ceux qui jadis occupaient le plateau central de l'actuel [[Mexique]], et qui ont formé, entre nos {{sp-|XIV|e|et |XVI|e}}s "occidentaux", la civilisation [[Aztèques|aztèque]]. Exprimant un système de croyances chargé de représentations abstraites (divinités, symboles, [[numérologie|numéros]], couleurs, qui se combinent et se reflètent les uns sur les autres)<ref name="Soustelle p.89-90">{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=89-90}}</ref>, le temps "mexicain" ne se distinguait pas radicalement de l'espace conçu comme un milieu hétérogène et doué de propriétés singulières selon les orientations cardinales. De même, à la différence de nos habitudes mentales, il n’était pas perçu comme linéaire (compte long), mais s’appréhendait de manière cyclique, à travers 3 systèmes comptables parallèles mettant en lumière des connaissances astronomiques élaborées{{note|texte=L'astronomie aztèque était fondée sur l'observation "à l’œil nu". La méthode consistait à observer l'horizon et la voûte céleste à partir d'un point fixe convenablement orienté (depuis l'autel d'un temple), d'où l'observateur assistait tout au long de l'année aux phénomènes astraux<ref name="Anne-Marie Vié-Wohrer Le Monde des Aztèques">{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=95}}</ref>. Grâce à cette technique, les prêtres, astronomes et astrologues détenaient des connaissances précises quant à la durée de l'année, à la détermination des solstices, aux phases de la Lune, à la révolution de la planète Vénus et à l’agencement des diverses constellations<ref name="Soustelle p.63">{{harvsp|Jacques Soustelle|2011|p=63}}</ref>.|groupe=note}}. On parlera donc, par la suite, du "système calendaire aztèque", et de ses cycles spatio-temporels divinatoire, solaire et vénusien<ref>{{harvsp|Jacqueline de Durand-Forest|2010|p=107}}</ref>.
| nom = Calendrier aztèque
| image = Borbonicus_Wiki_21.png
| upright = 1.3
| légende = Page 21 du [[codex Borbonicus]] montrant la moitié d'un siècle [[mésoaméricain]] de 52 ans (''[[Xiuhmolpilli]]''), soit 26 glyphes « porteurs d'années ». Au centre est représenté le couple primordial de l’humanité avec une figure féminine de la Nuit (''[[Oxomoco]]'') et une autre masculine se rapportant au Jour (''[[Cipactonal]]''). La femme à gauche sème le contenu d’un bol, tandis que son vis-à-vis brandit d’une main un encensoir et tient de l’autre une épine de [[maguey]] servant à verser le sang. Considérés comme les créateurs du "Livre des destins" (''[[Tonalamatl]]''), ils sont représentés à l’intérieur d’une grotte dans laquelle on reconnait, en haut à droite, le glyphe Crocodile, le {{1er}} des 20 signes du "compte des jours" (''[[Tonalpohualli]]'')<ref>{{harvsp|Ernest Théodore Hamy|1899|p=14}}</ref>.
| religion = [[Aztèque]]
| lieu = [[Plateau mexicain|Plateau central du Mexique]]
| langue = [[Nahuatl]]
| localité sign = [[Mexico-Tenochtitlan]]
}}


Le '''calendrier [[Aztèques#Définition|aztèque]]''', ou '''[[Aztèques#Définition|mexica]]''', était intimement lié à la [[Mythologie aztèque|mythologie]] des anciens peuples de la [[Mésoamérique]], ceux qui jadis occupaient le plateau central de l'actuel [[Mexique]], et qui ont formé, entre nos {{sp-|XIV|e|et |XVI|e}}s « occidentaux », la civilisation [[Aztèques|aztèque]]. Fondé sur l'observation [[Astronomie|astronomique]] et exprimant un système de croyances chargé de représentations abstraites (divinités, symboles, [[numérologie|numéros]], couleurs, qui se combinent et se reflètent les uns sur les autres)<ref name="Soustelle p.89-90">{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=89-90}}</ref>, le temps « mexicain » ne se distinguait pas radicalement de l'espace conçu comme un milieu hétérogène et doué de propriétés singulières selon les orientations cardinales. De même, à la différence de nos habitudes mentales, il n’était pas perçu comme linéaire (compte long), mais s’appréhendait de manière cyclique, à travers 3 systèmes comptables parallèles et imbriqués mettant en lumière des connaissances astronomiques élaborées. Dans cette compréhension, il convient donc de parler du « système calendaire aztèque » et de ses cycles spatio-temporels divinatoire, solaire et vénusien<ref>{{harvsp|Jacqueline de Durand-Forest|2010|p=107}}</ref>.
En première lecture, ce système calendaire aztèque peut nous paraître anarchique. Juste après la [[Chute de l'Empire aztèque|conquête]] espagnole, le missionnaire franciscain [[Bernardino de Sahagún]] avait, du reste, cédé à cet ''a priori'', en le décrivant comme une affaire de sorcellerie, plutôt que comme une chose quelconque, ingénieuse ou raisonnable<ref>{{harvsp|Ernest Théodore Hamy|1899|p=3}}</ref>. Mais sa cohésion est faite des attitudes sentimentales et affectives codifiées en mythes et en rituels par le peuple qui l'a élaboré. En ce sens, il ne plonge pas ses racines dans des réflexions rationnelles fondées uniquement sur l'expérience. Son unité, sa solidité interne sont subjectives<ref name="Soustelle p.89-90" />. Finalement, il faut garder à l'esprit que le calendrier aztèque était issu des croyances anciennes ([[cosmogonie]]) de tribus diverses<ref>{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=57}}</ref>. De ce fait, cet ensemble de computation du temps complexe et instable n'avait pas encore, au moment où les Européens l'ont découvert, subi une rationalisation comparable à celui des [[Calendrier maya|Mayas]]<ref name="Soustelle p.63" />.
{{Clr}}
==L’espace==
Selon [[Jacques Soustelle]], qui mentionne la ''[[Histoire des Mexicains par leurs peintures|Historia de los Mexicanos por sus pinturas]]'', les Aztèques imaginaient l’espace organisé en strates. Au-dessus de leur tête se trouvaient 13 cieux superposés, avec leur population bigarrée de monstres et de divinités, auxquels ils attribuaient des particularités. Par exemple, le {{1er|ciel}} était le séjour des étoiles, le {{2e}} celui de démons squelettiques (''[[Tzitzimime]]'') qui menaçaient l'équilibre du monde. Les "oiseaux précieux" occupaient quant à eux le {{4e|ciel}}. Il faut entendre par là les âmes des guerriers sacrifiés qui après 4 ans revenaient sur terre peupler les campagnes du Mexique. Dans le {{6e|ciel}}, habité par ''[[Quetzalcoatl]]'', se trouvaient les 4 vents (un pour chaque point cardinal). Telle était, en résumé, la représentation mexicaine des cieux<ref>{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=109-111}}</ref>. Par suite, plus bas, en dessous de la voûte céleste, venaient alors les 9 couches du monde terrestre s’étageant du sommet des montagnes (séjour de ''[[Tepeyollotl]]'' et des nuages) jusqu'aux profondeurs souterraines (pays de ''[[Mictlan]]''), elles-mêmes parcourues par 9 rivières<ref>{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=46}}</ref>. Hormis cet espace vertical, les anciens Mexicains reconnaissaient à chacune de ces strates une dimension horizontale à 4 directions. En voici une description succincte faisant principalement référence aux propositions de [[Jacqueline de Durand-Forest|Durand-Forest]]<ref>{{harvsp|Jacqueline de Durand-Forest|2010|p=112 et 169}}</ref>.


En première lecture, le système calendaire aztèque peut nous paraître anarchique. Juste après la [[conquête espagnole du Mexique]], le missionnaire franciscain [[Bernardino de Sahagún]] avait, du reste, cédé à cet ''a priori'', en le décrivant comme une affaire de sorcellerie, plutôt que comme une chose quelconque, ingénieuse ou raisonnable<ref>{{harvsp|Ernest Théodore Hamy|1899|p=3}}</ref>. Mais sa cohésion est faite des attitudes sentimentales et affectives codifiées en mythes et en rituels par le peuple qui l'a élaboré. En ce sens, il ne plonge pas ses racines dans des réflexions rationnelles fondées uniquement sur l'expérience. Son unité, sa solidité interne sont subjectives<ref name="Soustelle p.89-90" />. Finalement, il faut garder à l'esprit que le calendrier aztèque était issu des croyances anciennes ([[cosmogonie]]) de tribus diverses<ref>{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=57}}</ref>. De ce fait, cet ensemble de computation du temps n'avait pas encore, au moment où les Européens l'ont découvert, subi une rationalisation comparable à celui des [[Calendrier maya|Mayas]]<ref name="Soustelle p.63" />.
===Les 4 points cardinaux===
[[Fichier:Codex Borgia 72.JPG|thumb|300px|'''Fig. 1 :''' page 72 du [[Codex Borgia]], montrant les 4 directions (l'Est en bas à gauche, le Nord à droite, l'Ouest au-dessus et le Sud en haut à gauche). Au Centre, on distingue la figure d'un ''[[Tzitzimime]]''<ref>{{harvsp|Eduard Georg Seler|1905|loc=volume 2|p=4}}</ref>.]]


== Origines et sources ==
Symbolisés par des couleurs, chargés d’attributs divers et traversés par des phénomènes naturels{{note|texte=On note une variabilité importante dans l'utilisation des couleurs d'un manuscrit à l'autre, et jusqu'à l'intérieur d'un même manuscrit. Le choix des couleurs indiquées pour marquer une direction paraît, le plus souvent, dicté par des considérations rituelles et circonstancielles qui nous échappent<ref>{{harvsp|Jacqueline de Durand-Forest|2010|p=169}}</ref>. Les 4 vents distincts des anciens Mexicains caractérisaient chacune des 4 directions. Le culte du dieu du vent ''[[Quetzalcoatl]]'' était très répandu. On lui consacrait des temples circulaires, lui offrant ainsi moins de résistance<ref name="Soustelle p.146-147">{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=146-147}}</ref>.|groupe=note}}, les 4 [[Point cardinal|points cardinaux]] étaient représentés dans l’ordre suivant : l’Est en haut du plan horizontal, le Nord à gauche, l’Ouest en bas et le Sud à droite<ref>{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=238}}</ref>. Ces espaces orientés jouaient un rôle fondamental dans les conceptions cosmologiques des anciens Mexicains. À l'image du Soleil qui monte dans le ciel, atteint son apogée, avant de redescendre pour disparaître, ils fournissaient la représentation et les lieux de tout ce qui sur terre croît et décroît (végétation, vie humaine, astres, etc.)<ref name="Danièle Dehouve Le Monde des Aztèques">{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=96}}</ref>. Plusieurs manuscrits représentent ces espaces et leurs associations avec des divinités qui y séjournaient{{note|texte=Selon les auteurs, l'association des divinités avec les espaces varie sensiblement. Par exemple, si certains en proposent toute une liste, d'autres comme [[Jacqueline de Durand-Forest|Durand-Forest]] se limitent à deux entités principales (''[[Tlaloc]]'' ou ''[[Tlazolteotl]]'') qui, du fait de leur conception quadruple ou quintuple (croyance selon laquelle elles étaient susceptibles d'incarner d'autres divinités) pouvaient être assignées à l'ensemble des grandes directions<ref name="Durand-Forest p.112-113">{{harvsp|Jacqueline de Durand-Forest|2010|p=112-113}}</ref>|groupe=note}}, des arbres stylisés et des oiseaux comme le colibri, le [[quetzal]], le perroquet, la chouette ou même le papillon (Fig. 5 et 7)<ref name="Durand-Forest p.112-113"/>.
Les connaissances astronomiques et l'élaboration des cycles calendaires [[mésoamérique|mésoaméricains]] résultent d'observations et d’études menées durant plusieurs millénaires, essentiellement par les sociétés [[olmèques]] et [[mayas]]. Le cycle divinatoire de {{nombre|260|jours}}, ainsi que son articulation avec les cycles solaire et vénusien, s'est dès lors diffusé largement à travers toute cette [[aire culturelle]] de l'[[Civilisation précolombienne|Amérique précolombienne]]. Mais la première preuve tangible de l'existence de ce type de [[comput]] date d'environ 600 {{av JC}} Elle a été découverte dans les ruines de [[San José Mogote]], près de [[Oaxaca de Juárez|Oaxaca]] au Mexique. Il s'agit d'une pierre servant de seuil à deux édifices sur laquelle est sculpté le corps d'un homme sacrifié. L'inscription qui l'accompagne indiquerait le nom calendaire du captif ou alors la date de son [[immolation]]. De même, datées entre 500 et 400 {{av JC}}, les nombreuses stèles [[Monte Albán#Période I (500 – 200 av. J.-C.)|(''los Danzantes'')]] du site archéologique voisin de [[Monte Albán]] montrent quant à elles une série de prisonniers qui tous portent au pied le glyphe d'un jour du calendrier divinatoire. Hormis ce type d'informations (inscriptions sculptées sur des stèles en pierre et dont les [[Mayas]] nous ont laissé d'importants vestiges), la plupart des sources [[aztèques]] ou même [[mixtèques]] consistent dans les quelques [[codex mésoaméricain|codex]] [[Civilisation précolombienne|précolombiens]] qui ont échappé à la destruction par les Espagnols, et les [[manuscrit]]s élaborés peu après la [[Conquête du mexique|Conquête]]. L'aspect fragmentaire et hétéroclite de ces sources explique notamment que de nombreuses lacunes persistent dans la connaissance des calendriers aztèques<ref>{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=133-134}}</ref>.


== L’espace ==
* '''L’Est''' était désigné par la couleur rouge et comme étant le "Côté de l'Aube" (''Tlapcopa''), car c’est à l’Est qu'apparaît le Soleil. Les Aztèques associaient à cet espace les notions de résurrection, de jeunesse et de fertilité. Le vent qui le traversait était doux, tiède et favorable. C’était un pays paisible, le paradis terrestre (''[[Tlalocan]]''). Les divinités résidentes étaient ''[[Tlaloc]]'' (Fig. 1) et ''[[Tonatiuh]]'' (Fig. 4).
Selon [[Jacques Soustelle]], qui mentionne la ''[[Histoire des Mexicains par leurs peintures|Historia de los Mexicanos por sus pinturas]]'', les Aztèques imaginaient l’espace organisé en strates. Au-dessus de leur tête se trouvaient 13 cieux superposés, avec leur population bigarrée de monstres et de divinités, auxquels ils attribuaient des particularités. Par exemple, le {{1er|ciel}} était le séjour des étoiles, le {{2e}} celui de démons squelettiques (''[[Tzitzimime]]'') qui menaçaient l'équilibre du monde. Les « Oiseaux précieux » occupaient quant à eux le {{4e|ciel}}. Il faut entendre par là les âmes des guerriers sacrifiés qui après {{nombre|4|ans}} revenaient sur terre peupler les campagnes du Mexique. Dans le {{6e|ciel}}, habité par ''[[Quetzalcoatl]]'', se trouvaient les 4 vents (un pour chaque point cardinal). Telle était, en résumé, la représentation mexicaine des cieux<ref>{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=109-111}}</ref>. Par suite, plus bas, en dessous de la voûte céleste, venaient alors les 9 couches du monde terrestre s’étageant du sommet des montagnes (séjour de ''[[Tepeyollotl]]'' et des nuages) jusqu'aux profondeurs souterraines (pays de ''[[Mictlan]]''), elles-mêmes parcourues par 9 rivières<ref>{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=46}}</ref>. Hormis cet espace vertical, les anciens Mexicains reconnaissaient à chacune de ces strates une dimension horizontale à 4 directions. En voici une description succincte faisant principalement référence aux propositions de [[Jacques Soustelle|Soustelle]] et [[Jacqueline de Durand-Forest|Durand-Forest]]<ref>{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=135-158}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Jacqueline de Durand-Forest|2010|p=112 et 169}}</ref>.
* '''Le Nord''' était évoqué par la couleur noire et comme étant le "Côté de la Nuit" ([[Mictlanpachecatl|''Mictlampa'']]). C’est en ce lieu que se trouvait le séjour des morts. Mais le Nord était aussi le pays de la guerre, de la chasse. Il évoquait l’hiver, la saison sèche et les famines. Le vent qui s’y répandait était un souffle violent et glacial. ''[[Tlazolteotl]]'' (Fig. 1) et ''[[Tezcatlipoca]]'' (Fig. 4) demeuraient dans cette direction .
* '''L’Ouest''' était figuré par la couleur blanche et comme étant le "Côté du Déclin" (''[[Tamoanchan]]''), là où disparaît le Soleil. C’était l’endroit où se retirait la végétation vieille et usée, le vieux maïs ainsi que les anciens dieux déchus. Mais l’Ouest était aussi le côté des femmes, des fleurs et de l'amour. Le vent qui le balayait était frais et humide. Avec le dieu ''[[Quetzalcoatl]]'' (Fig. 1), la déesse ''[[Centeotl]]'' (Fig. 4) y séjournait.
* '''Le Sud''', quant à lui, était symbolisé par la couleur bleue et comme étant le "Côté des Épines" (''Huitzlampa''). Ce lieu aride, où la végétation était maigre, asséchée par le Soleil du zénith et un vent brûlant, se transformait néanmoins à la saison des pluies en un pays tropical luxuriant. C'était aussi le lieu de résidence de ''[[Macuilxochitl]]'' (Fig. 1) et de ''[[Mictlantecuhtli]]'' (Fig. 4).


=== Les 4 grandes directions ===
Aux yeux des Aztèques, le monde trouvait son équilibre au '''Centre''', dans le "Nombril de la Terre" (''Tlalxicco'') qui conduisait de l’Est à l’Ouest et du Nord au Sud. Pourtant, là encore, on est loin de se trouver devant une image homogène pour cette {{5e|direction}} cardinale. Car si le Centre était souvent considéré comme le point où les particularités attachées à chaque direction se totalisaient dans un dessein favorable ; parfois il n'était plus que le lieu inquiétant des apparitions et des mauvais présages<ref name="Soustelle p.146-147"/>. Quoi qu'il en soit, même si les relations latérales et transversales opposaient les caractères antithétiques des divers espaces (directions et strates), elles les rapprochaient aussitôt à travers d'autres affinités ou particularités analogues. Cette association des contraires était familière à la pensée cosmologique mexicaine<ref>{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=158}}</ref>.
[[Fichier:Codex Borgia 72.JPG|thumb|'''Fig. 1 :''' page 72 du [[codex Borgia]], montrant les 4 directions et leur divinité régente. L'Est est en bas à gauche, le Nord à droite, l'Ouest au-dessus et le Sud en haut à gauche. Au Centre, on distingue la figure d'un ''[[Tzitzimime]]'', un démon menaçant l'équilibre du monde<ref>{{harvsp|Eduard Georg Seler|1905|loc=volume 2|p=4}}</ref>. Disposés et représentés tout autour des figures centrales, les 5 signes temporels associés à chacune des 4 grandes directions.]]


Symbolisées par des couleurs, chargées d’attributs divers et traversées par des phénomènes naturels{{note|texte=On note cependant une variabilité importante dans l'utilisation des couleurs d'un manuscrit à l'autre. Le choix des couleurs indiquées pour marquer une direction paraît, le plus souvent, dicté par des considérations rituelles et circonstancielles qui nous échappent<ref>{{harvsp|Jacqueline de Durand-Forest|2010|p=169}}</ref>. Les 4 vents distincts des anciens Mexicains caractérisaient chacune des 4 directions. Le culte du dieu du vent ''[[Quetzalcoatl]]'' était très répandu. On lui consacrait des temples circulaires, lui offrant ainsi moins de résistance<ref name="Soustelle p.146-147">{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=146-147}}</ref>.|groupe=note}}, les 4 grandes directions ou [[Point cardinal|points cardinaux]] étaient représentées dans l’ordre suivant : l’Est en haut du plan horizontal, le Nord à gauche, l’Ouest en bas et le Sud à droite<ref>{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=238}}</ref>. Ces espaces orientés jouaient un rôle fondamental dans les conceptions cosmologiques des anciens Mexicains. À l'image du Soleil qui monte dans le ciel, atteint son apogée, avant de redescendre pour disparaître, ils fournissaient la représentation et les lieux de tout ce qui sur terre croît et décroît (végétation, vie humaine, astres, etc.)<ref name="Danièle Dehouve Le Monde des Aztèques">{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=96}}</ref>. Plusieurs manuscrits représentent ces espaces en leur associant des divinités qui y séjournaient. Mais, selon l'origine des codex et les auteurs qui les ont interprétés, ces corrélations varient sensiblement. Par exemple, certains spécialistes en proposent toute une liste alors que d'autres, comme [[Jacqueline de Durand-Forest|Durand-Forest]], se limitent à deux entités principales (''[[Tlaloc]]'' et ''[[Tlazolteotl]]'') qui, du fait de leur conception quadruple ou quintuple (croyance selon laquelle elles étaient susceptibles d'incarner d'autres divinités) pouvaient être assignées à l'ensemble des 4 grandes directions<ref name="Durand-Forest p.112-113">{{harvsp|Jacqueline de Durand-Forest|2010|p=112-113}}</ref>.
==Le temps==
De même que les espaces étaient foncièrement différents les uns des autres et constituaient des aires qualitativement singulières, de même les temps étaient profondément distincts, et chaque temps particulier (cours annuel, saisonnier ou journalier) était en rapport avec un espace déterminé<ref name="Soustelle p.159">{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=159}}</ref>. En suivant [[Danièle Dehouve|Dehouve]] et Vié-Wohrer, cette conception provient de l'expérience fondamentale vécue par les prêtres aztèques, observant, face à l'horizon et depuis un point fixe orienté, le lever du Soleil (cf. Note 1). De la sorte, le solstice d'hiver représentait pour eux une expérience à la fois temporelle et spatiale. Car à cette période de l'année, le Soleil apparaissait sur leur droite (le plus à l'Est). À l'inverse, au [[solstice]] d'été, il se levait sur leur gauche (le plus au Nord)<ref name="D&VW 2008 p139">{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=139}}</ref>. En outre, au moment de [[Équinoxe|l’équinoxe]] d'automne ou de printemps, l'Est n'était pas seulement face à l'observateur aztèque, il était aussi au-dessus puisque le Soleil montait au fil des heures dans le ciel comme s'il gravissait les degrés d'une pyramide{{note|texte=La cosmovision prenait également forme dans le tracé des cités. Les pyramides et les agglomérations aztèques s'intégraient dans le paysage selon un dessein délibéré fondé sur l'observation de la course du Soleil et des saisons de l'année<ref>{{harvsp|Johanna Broda|2004|p=86}}</ref>. Cette dimension de la cité méso-américaine avait totalement échappé aux premiers Espagnols, dont les chroniques ne soulèvent jamais cet aspect<ref>{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=144}}</ref>.|groupe=note}}. Puis, lorsque l'astre redescendait pour disparaître à l'horizon, l'Ouest n'était pas seulement derrière lui, il était aussi au-dessous<ref name="Danièle Dehouve Le Monde des Aztèques" />. Ainsi, on l'a compris, les temps et les espaces étaient indubitablement imbriqués les uns dans les autres.


* '''L’Est''' était désigné par la couleur rouge et comme étant le « Côté de l'Aube » (''Tlapcopa''), car c’est à l’Est qu'apparaît le Soleil. Les Aztèques associaient à cet espace les notions de résurrection, de jeunesse et de fertilité. Le vent qui le traversait était doux, tiède et favorable. C’était un pays paisible, le paradis terrestre (''[[Tlalocan]]''). Les divinités résidentes étaient ''[[Tlaloc]]'' (Fig. 1) et ''[[Tonatiuh]]'' (Fig. 3).
===Les 20 signes temporels===
* '''Le Nord''' était évoqué par la couleur noire et comme étant le « Côté de la Nuit » ([[Mictlanpachecatl|''Mictlampa'']]). C’est en ce lieu que se trouvait le séjour des morts. Mais le Nord était aussi le pays de la guerre, de la chasse. Il évoquait l’hiver, la saison sèche et les famines. Le vent qui s’y répandait était un souffle violent et glacial. ''[[Tlazolteotl]]'' (Fig. 1) et ''[[Tezcatlipoca]]'' (Fig. 3) demeuraient dans cette direction.
Pour réaliser leurs mesures chronologiques, les prêtres aztèques, astronomes et astrologues, utilisaient une base arithmétique [[Système vicésimal|vigésimale]]<ref name="Soustelle p.63" />, composée d’une série de 20 signes ou symboles dont l’origine remonte probablement à la période [[olmèques|olmèque]] d’avant notre ère<ref>{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=133}}</ref>. Ces signes journaliers, représentant des entités ou des phénomènes naturels (animaux, végétaux, vent, eau, pluie) et des symboles religieux (temple, objets de culte, invocations spatiales, etc.), se succédaient indéfiniment, toujours dans le même ordre et sans interruption d'aucune sorte<ref name="Soustelle p.159" />. Rattachés au symbolisme de l’une ou l’autre des 4 directions cardinales, et placés sous le patronage d'une divinité régente, ils revêtaient alors, selon une lecture magico-religieuse, des caractéristiques prophétiques<ref name="Danièle Dehouve p.125">{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=125}}</ref>. En plus du 20, les nombres utilisés pour la computation du temps étaient : le 13, relatif à la somme des strates de l’espace céleste ; le 18, totalisant les 9 couches de l’espace terrestre et ses 9 rivières souterraines ; le 4 et le 5, se rapportant aux 4 points cardinaux et au "Centre"{{note|texte=Cette assertion s'appuie sur l'analyse objective du séquençage des 3 espaces-temps : les 20 mois de 13 jours du cycle divinatoire ; les 18 mois de 20 jours et les 4 signes "porteurs d'années" du cycle solaire ; les 13 jours mensuels et les 5 symboles "porteurs d'années" du cycle vénusien.|groupe=note}}. Voici, à la suite, la pictographie des 20 signes temporels. Ils sont accompagnés de leurs noms en français, traduits de la langue ''[[nahuatl]]'', de l’influence spatiale et de la divinité dont ils étaient affectés. Leur numérotation est ici relative.
* '''L’Ouest''' était figuré par la couleur blanche et comme étant le « Côté du Déclin » (''[[Tamoanchan]]''), là où disparaît le Soleil. C’était l’endroit où se retirait la végétation vieille et usée, le vieux maïs ainsi que les anciens dieux déchus. Mais l’Ouest était aussi le côté des femmes, des fleurs et de l'amour. Le vent qui le balayait était frais et humide. Avec le dieu ''[[Quetzalcoatl]]'' (Fig. 1), la déesse ''[[Centeotl]]'' (Fig. 3) y séjournait.
* '''Le Sud''', quant à lui, était symbolisé par la couleur bleue et comme étant le « Côté des Épines » (''Huitzlampa''). Ce lieu aride, où la végétation était maigre, asséchée par le Soleil du zénith et un vent brûlant, se transformait néanmoins à la saison des pluies en un pays tropical luxuriant. C'était aussi le lieu de résidence de ''[[Macuilxochitl]]'' (Fig. 1) et de ''[[Mictlantecuhtli]]'' (Fig. 3).


Aux yeux des Aztèques, le monde trouvait son équilibre au '''Centre''', dans le « Nombril de la Terre » (''Tlalxicco'') qui conduisait de l’Est à l’Ouest et du Nord au Sud. Pourtant, là encore, on est loin de se trouver devant une image homogène pour cette {{5e|direction}} cardinale. Car si le Centre était souvent considéré comme le point où les particularités attachées à chaque direction se totalisaient dans un dessein favorable, parfois il n'était plus que le lieu inquiétant des apparitions et des mauvais présages<ref name="Soustelle p.146-147"/>. Quoi qu'il en soit, même si les relations latérales et transversales opposaient les caractères antithétiques des divers espaces (directions et strates), elles les rapprochaient aussitôt à travers d'autres affinités ou particularités analogues. Cette association des contraires était familière à la pensée cosmologique mexicaine<ref>{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=158}}</ref>.
[[Fichier:Tonalpohualli 20.JPG|thumb|300px|'''Fig. 2 :''' sculptés sur [[Pierre du Soleil|la Pierre du Soleil]], dans une configuration circulaire, les 20 glyphes temporels (colorisation didactique). La lecture se fait de midi et dans le sens contraire aux aiguilles d'une montre.]]


== Le temps ==
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[[Fichier:Tonalpohualli 20.JPG|thumb|'''Fig. 2 :''' sculptés sur [[Pierre du Soleil|la Pierre du Soleil]], dans une configuration circulaire, les 20 glyphes temporels (colorisation didactique). La lecture se fait de midi et dans le sens contraire aux aiguilles d'une montre.]]
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L'[[astronomie]] aztèque était fondée sur l'observation, « à l’œil nu », de l'horizon et de la voûte céleste à partir d'un point fixe convenablement orienté (depuis l'autel d'un temple par exemple), et d'où l'observateur assistait tout au long de l'année aux phénomènes astraux<ref name="Anne-Marie Vié-Wohrer Le Monde des Aztèques">{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=95}}</ref>. Grâce à cette technique, les prêtres, astronomes et astrologues détenaient des connaissances précises quant à la durée de l'année, à la détermination des solstices, aux phases de la Lune, à la révolution de la planète Vénus et à l’agencement des constellations<ref name="Soustelle p.63">{{harvsp|Jacques Soustelle|2011|p=63}}</ref>.

De même que les espaces étaient foncièrement différents les uns des autres et constituaient des aires qualitativement singulières, de même les temps étaient profondément distincts, et chaque temps particulier était en rapport avec un espace déterminé<ref name="Soustelle p.159">{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=159}}</ref>. Cette conception du monde provient de l'expérience fondamentale vécue par les prêtres aztèques scrutant le lever du Soleil face à l'horizon et depuis un point fixe orienté. De la sorte et pour exemple, l’observation du [[solstice]] d'hiver représentait pour eux une expérience à la fois temporelle et spatiale. Car à cette période de l'année, le Soleil apparaissait sur leur droite (le plus à l'Est). À l'inverse, au [[solstice]] d'été, il se levait sur leur gauche (le plus au Nord)<ref name="D&VW 2008 p139">{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=139}}</ref>. En outre, au moment de l'[[équinoxe]] d'automne ou de printemps, l'Est n'était pas seulement face à l'observateur aztèque, il était aussi au-dessus puisque le Soleil montait au fil des heures dans le ciel comme s'il gravissait les degrés d'une pyramide. Puis, lorsque l'astre redescendait pour disparaître à l'horizon, l'Ouest n'était pas seulement derrière lui, il était également au-dessous<ref name="Danièle Dehouve Le Monde des Aztèques" />. Cette cosmovision du monde prenait aussi forme dans le tracé des cités. Les pyramides et les agglomérations aztèques s'intégraient dans le paysage selon un dessein délibéré fondé sur l'observation de la course du Soleil et des saisons de l'année<ref>{{harvsp|Johanna Broda|2004|p=86}}</ref>. Cette dimension de la cité méso-américaine avait échappé aux premiers Espagnols, dont les chroniques ne soulèvent jamais cet aspect<ref>{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=144}}</ref>.

=== Les 20 signes temporels ===
[[Fichier:Codex Cospi 04.JPG|thumb|'''Fig. 3 :''' pages 12 et 13 du [[codex Cospi]] illustrant les 4 [[Point cardinal|points cardinaux]]. l'Est est en haut à gauche, le Nord en dessous, l'Ouest à droite et le Sud au-dessus. À la gauche des divinités y séjournant, les 5 signes associés à chacune des 4 grandes directions<ref>{{harvsp|Eduard Georg Seler|1906|p=109-113}}</ref>.]]

Pour réaliser leurs mesures chronologiques, les prêtres aztèques utilisaient une base arithmétique [[Système vicésimal|vigésimale]]<ref name="Soustelle p.63" /> composée d’une série de 20 symboles dits « journaliers ». Ces signes, représentant des entités ou des phénomènes naturels (animaux, végétaux, vent, eau, pluie) et des symboles religieux (temple, objets de culte, invocations spatiales, etc.), se succédaient indéfiniment, toujours dans le même ordre et sans interruption d'aucune sorte<ref name="Soustelle p.159" />. Rattachés au symbolisme de l’une ou l’autre des 4 directions cardinales, et placés sous le patronage d'une divinité régente, ils revêtaient alors, selon une lecture magico-religieuse, des caractéristiques prophétiques<ref name="Danièle Dehouve p.125">{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=125}}</ref>. En plus du 20, les nombres utilisés pour la computation du temps étaient : le 13, relatif à la somme des strates de l’espace céleste ; le 18, totalisant les 9 couches de l’espace terrestre et ses 9 rivières souterraines ; le 4 et le 5 se rapportant aux {{nombre|4|points}} cardinaux plus le Centre.

La pictographie des 20 signes temporels est présentée à la suite. Ceux-ci sont accompagnés de leur nom en français traduit de la langue ''[[nahuatl]]'' (en italique), de l’influence spatiale et de la divinité dont ils étaient affectés (selon les interprétations faites par [[Eduard Georg Seler|Seler]] des pages 9 à 13 du [[codex Borgia]] précolombien).

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|[[Fichier:Cipactli_01.JPG|82px]]|| [[Fichier:Ehecatl 02.JPG|82px]] || [[Fichier:Calli 03.png|82px]] || [[Fichier:Cuetzpallin 04.JPG|82px]] || [[Fichier:Coatl 05.JPG|82px]] || [[Fichier:Miquiztli 06.JPG|82px]] || [[Fichier:Mazatl 07.JPG|82px]]|| [[Fichier:Tochtli 08.JPG|82px]] || [[Fichier:Atl 09.JPG|82px]] || [[Fichier:Itzcuintli 10.JPG|82px]]
| [[Fichier:Cipactli_01.JPG|100px]] || [[Fichier:Ehecatl 02.JPG|100px]] || [[Fichier:Calli 03.png|100px]] || [[Fichier:Cuetzpallin 04.JPG|100px]] || [[Fichier:Coatl 05.JPG|100px]]
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| ''[[Cipactli]]'' || ''[[Ehecatl]]'' || ''Calli'' || ''Cuetzpalin'' || ''Coatl'' || ''[[Miquiztli]]'' || ''Mazatl'' || ''Tochtli'' || ''Atl'' || ''Itzcuintli''
| ''[[Cipactli]]'' → Crocodile || ''[[Ehecatl]]'' Vent || ''Calli'' Maison || ''Cuetzpalin'' Lézard || ''Coatl'' Serpent
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| Est-rouge || Nord-noir || Ouest-blanc || Sud-bleu || Est-rouge
| Crocodile || Vent || Maison || Lézard || Serpent || Mort || Chevreuil || Lapin || Eau || Chien
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| ''[[Tonacatecuhtli]]'' || ''[[Quetzalcoatl]]'' || ''[[Tepeyollotl]]'' || ''[[Huehuecoyotl]]'' || ''[[Chalchiuhtlicue]]''
| Est-rouge || Nord-noir || Ouest-blanc || Sud-bleu || Est-rouge || Nord-noir || Ouest-blanc || Sud-bleu || Est-rouge || Nord-noir
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| ''[[Tonacatecuhtli]]'' || ''[[Quetzalcoatl]]'' || ''[[Tepeyollotl]]'' || ''[[Huehuecoyotl]]''|| ''[[Chalchiuhtlicue]]'' || ''[[Tecciztecatl]]'' || ''[[Tlaloc]]'' || ''[[Mayahuel]]'' || ''[[Xiuhtecuhtli]]'' || ''[[Mictlantecuhtli]]''
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| [[Fichier:Miquiztli 06.JPG|100px]] || [[Fichier:Mazatl 07.JPG|100px]]|| [[Fichier:Tochtli 08.JPG|100px]] || [[Fichier:Atl 09.JPG|100px]] || [[Fichier:Itzcuintli 10.JPG|100px]]
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| ''[[Miquiztli]]'' → Mort || ''Mazatl'' → Chevreuil || ''Tochtli'' → Lapin || ''Atl'' → Eau || ''Itzcuintli'' → Chien
| [[Fichier:Ozomahtli 11.JPG|82px]] || [[Fichier:Malinalli 12.JPG|82px]] || [[Fichier:Acatl 13.JPG|82px]] || [[Fichier:Ocelotl 14.JPG|82px]] || [[Fichier:Cuauhtli 15.JPG|82px]] || [[Fichier:Cozcacuauhtli 16.JPG|82px]] || [[Fichier:Ollin 17.JPG|82px]] || [[Fichier:Tecpatl 18.JPG|82px]] || [[Fichier:Quiahuitl 19.JPG|82px]] || [[Fichier:Xochitl 20.JPG|82px]]
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| Nord-noir || Ouest-blanc || Sud-bleu || Est-rouge || Nord-noir
|''Ozomahtli'' || ''Malinalli<br>''|| ''Acatl<br>'' || ''Ocelotl<br>'' || ''Cuauhtli<br>'' || ''Cozcacuauhtli'' || ''Ollin'' || ''[[Íxquac|Tecpatl<br>]]'' || ''Quiahuitl'' || ''[[Xochitl]]''
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| ''[[Tecciztecatl]]'' || ''[[Tlaloc]]'' || ''[[Mayahuel]]'' || ''[[Xiuhtecuhtli]]'' || ''[[Mictlantecuhtli]]''
| Singe || Herbe || Roseau || Jaguar || Aigle || Vautour || Mouvement || Silex || Pluie || Fleur
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| Ouest-blanc || Sud-bleu || Est-rouge || Nord-noir || Ouest-blanc || Sud-bleu || Est-rouge || Nord-noir || Ouest-blanc || Sud-bleu
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| [[Fichier:Ozomahtli 11.JPG|100px]] || [[Fichier:Malinalli 12.JPG|100px]] || [[Fichier:Acatl 13.JPG|100px]] || [[Fichier:Ocelotl 14.JPG|100px]] || [[Fichier:Cuauhtli 15.JPG|100px]]
| ''[[Xochipilli]]'' || ''[[Patecatl]]'' || ''[[Tezcatlipoca]]'' || ''[[Tlazolteotl]]'' || ''[[Xipe Totec]]'' || ''[[Itzpapalotl ]]'' || ''[[Xolotl]]'' || ''[[Chalchiutotolin|Chalchiuhtotolin]]'' || ''[[Tonatiuh]]'' || ''[[Xochiquetzal]]''
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|''Ozomahtli'' → Singe || ''Malinalli'' → Herbe || ''Acatl'' → Roseau || ''Ocelotl'' → Jaguar || ''Cuauhtli'' → Aigle
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| Ouest-blanc || Sud-bleu || Est-rouge || Nord-noir || Ouest-blanc
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| ''[[Xochipilli]]'' || ''[[Patecatl]]'' || ''[[Tezcatlipoca]]'' || ''[[Tlazolteotl]]'' || ''[[Xipe Totec]]''
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| [[Fichier:Cozcacuauhtli 16.JPG|100px]] || [[Fichier:Ollin 17.JPG|100px]] || [[Fichier:Tecpatl 18.JPG|100px]] || [[Fichier:Quiahuitl 19.JPG|100px]] || [[Fichier:Xochitl 20.JPG|100px]]
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| ''Cozcacuauhtli'' → Vautour || ''Ollin'' → Mouvement || ''[[Íxquac|Tecpatl]]'' → Silex || ''Quiahuitl'' → Pluie || ''[[Xochitl]]'' → Fleur
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| Sud-bleu || Est-rouge || Nord-noir || Ouest-blanc || Sud-bleu
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| ''[[Itzpapalotl ]]'' || ''[[Xolotl]]'' || ''[[Chalchiutotolin|Chalchiuhtotolin]]'' || ''[[Tonatiuh]]'' || ''[[Xochiquetzal]]''
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[[Fichier:Codex Borgia 20.JPG|left|vignette|995px|'''Fig. 3 :''' pages 9 à 13 du [[Codex Borgia]], exposant en face à face la relation des 20 signes temporels avec leur divinité influente. La lecture se fait de la droite vers la gauche de la ligne du bas, puis de la gauche vers la droite de la ligne du haut<ref>{{harvsp|Eduard Georg Seler|1904|p=16-20|loc=volume 1}}</ref>.]]
[[Fichier:Codex Borgia 20.JPG|left|thumb|935px|'''Fig. 4 :''' pages 9 à 13 du [[codex Borgia]], exposant en face à face la relation des 20 signes temporels avec leur divinité influente. La lecture se fait de la droite vers la gauche de la ligne du bas, puis de la gauche vers la droite de la ligne du haut<ref>{{harvsp|Eduard Georg Seler|1904|p=16-20|loc=volume 1}}</ref>.]]{{Clr}}


== L'espace-temps divinatoire ==
[[Fichier:Codex Cospi 04.JPG|vignette|300px|'''Fig. 4 :''' pages 12 et 13 du [[Codex Cospi]], illustrant les 4 points cardinaux, l'Est en haut à gauche, le Nord en dessous, l'Ouest à droite et le Sud au-dessus. À gauche des divinités y séjournant, les 5 signes associés à chacune des 4 directions<ref>{{harvsp|Eduard Georg Seler|1906|p=109-113}}</ref>.]]{{Clr}}
[[Image:Codex Borbonicus, p11 trecena13.PNG|thumb|'''Fig. 5 :''' page 13 du [[codex Borbonicus]], exposant la {{13e}} ''[[treizaine]]'' du cycle divinatoire consacrée à la déesse ''[[Tlazolteotl]]'' et à ''[[Tezcatlipoca]]'' (grande case supérieure). La lecture des 13 signes journaliers (numérotés par des points rouges et accompagnés d'un seigneur de la nuit) se fait de gauche à droite de la ligne du bas, puis de bas en haut. Dans les cases adjacentes, les 13 seigneurs du jour avec leur oiseau « précieux ».]]


Consacré essentiellement aux lectures prophétiques, l'espace-temps divinatoire remplissait des fonctions que l'on peut qualifier d'astrologiques (prédictions établies en considérant les influences des divinités sur les différentes subdivisions temporelles)<ref name="Danièle Dehouve p.125" />. Il comptait {{nombre|260|jours}} et se déroulait en un cycle continu de {{nombre|20|mois}} de {{nombre|13|jours}} (13 x 20 = 260) que les Aztèques appelaient : ''[[Tonalpohualli]]'' (« compte des jours » ou « des destins »)<ref name="Danièle Dehouve p.117">{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=117}}</ref>. Pour la datation, chaque symbole temporel était numéroté de 1 à 13 en fonction de la position qu'il occupait dans la série. Dans cette compréhension, si le {{1er|mois}} (ou ''[[treizaine]]'') de l'année débutait logiquement par le {{1er|signe}} temporel, le {{2e}} commençait quant à lui par le {{14e|symbole}} qui était alors affecté du chiffre 1 ({{1er|jour}} du {{2e|mois}}). En sus, sur un plan plus large, la divinité associée au signe du {{1er|jour}} de chaque mois revêtait une importance particulière<ref name="Danièle Dehouve p.125" />. De même, en mentionnant [[Ernest Hamy|Hamy]]<ref>{{harvsp|Ernest Théodore Hamy|1899|p=6-13}}</ref>, chaque série de {{nombre|13|jours}} était consacrée à une divinité (parfois deux) qui régentait toute la période en cours (et qui pouvait être la même que celle associée au {{1er|jour}} du mois - cf. Tableaux des signes temporels et des ''[[treizaine]]s'' ci-dessous).
==L'espace-temps divinatoire==
Consacré essentiellement aux lectures prophétiques, l'espace-temps divinatoire remplissait des fonctions que l'on peut qualifier d'astrologiques (prédictions établies en considérant les influences des divinités sur les différentes subdivisions temporelles)<ref name="Danièle Dehouve p.125" />. Il comptait 260 jours et se déroulait en un cycle continu de 20 mois de 13 jours (13 x 20 = 260) que les Aztèques appelaient : ''[[Tonalpohualli]]'' ("Compte des jours" ou "Compte des destins")<ref name="Danièle Dehouve p.117">{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=117}}</ref>. Pour la datation, chaque symbole temporel était numéroté de 1 à 13 en fonction de la position qu'il occupait dans la série. Dans cette compréhension, si le {{1er|mois}} de l'année débutait logiquement par le {{1er|signe}} temporel, le {{2e}} commençait quant à lui par le {{14e|symbole}} qui était alors affecté du chiffre 1 ({{1er|jour}} du {{2e|mois}}). En sus, sur un plan plus large, le symbole du {{1er|jour}} de chaque mois donnait son nom à la série de 13 jours et revêtait une importance particulière qui s'étendait aux 13 jours suivants<ref name="Danièle Dehouve p.125" />. De même, en mentionnant [[Ernest Hamy|Hamy]]<ref>{{harvsp|Ernest Théodore Hamy|1899|p=6-13}}</ref> et en référence au tableau ci-dessous, chaque série ou ''[[treizaine]]'' était consacrée à une divinité (parfois deux) qui régentait toute la période en cours. En résumé, chaque jour subissait l'influence conjuguée du dieu régent de la ''treizaine'', de la divinité associée à son signe, des attributs de sa direction et de son nombre. Cycle après cycle, cette association était stable, chaque jour conservait les mêmes patrons<ref>{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=128}}</ref>. Pour aider à fixer la compréhension, voici un tableau synthétisant les grands principes énoncés. Par souci de clarté, toutes les divinités régissant les ''treizaines'' n'y figurent pas.


[[Image:Codex Borbonicus, p11 trecena13.PNG|vignette|300px|'''Fig. 5 :''' page 13 du [[Codex Borbonicus]], exposant la {{13e}} ''treizaine'' du calendrier divinatoire qui était consacrée à la déesse ''[[Tlazolteotl]]'' et à ''[[Tezcatlipoca]]'' (grande case supérieure à gauche). La lecture des 13 signes journaliers (numérotés par des points rouges) se fait de gauche à droite de la ligne du bas, puis de bas en haut de la colonne de gauche{{note|texte=A cet ensemble déjà fort complexe, viennent s'ajouter des paramètres qui ne sont pas moins riches symboliquement. Chaque jour était assigné, d'une part, à l'un des 13 seigneurs du jour, les ''Tonaltetecuhtin'', qui se succédaient dans un ordre invariable, accompagnés chacun de son oiseau, et d'autre part, à l'un des 9 seigneurs de la nuit, les ''Yoaltetecuhtin'', dont le règne bénéfique ou maléfique durait du coucher au lever du Soleil<ref>{{harvsp|Jacqueline de Durand-Forest|2010|p=148-150}}</ref>.|groupe=note}}.]]
À cette représentation déjà fort complexe, le [[codex Borbonicus]] (dont on ne sait pas s'il a été peint avant ou après la [[chute de l'Empire aztèque]]) vient ajouter des paramètres qui ne sont pas moins riches symboliquement. Dans ce manuscrit, somme toute « récent », chaque jour est également influencé, d'une part, pendant les heures diurnes, par l'un des 13 « Seigneurs du jour » accompagné d'un « Oiseau précieux » et, d'autre part, par l'un des 9 « Seigneurs de la nuit » dont le règne, bénéfique ou maléfique, durait du coucher au lever du Soleil<ref>{{harvsp|Jacqueline de Durand-Forest|2010|p=148-150}}</ref>. Au fil des ''[[treizaine]]s'', [[Codex Borbonicus#Le compte des jours|les « Seigneurs du jour » et de la nuit]] se succédaient dans un ordre invariable.


En résumé, chaque jour subissait l'influence conjuguée du dieu régent de la ''[[treizaine]]'', du dieu (et de la direction) associé à son signe, de son nombre, d'un « Seigneur du jour » flanqué d'un volatile et d'un « Seigneur de la nuit ». Cycle après cycle, cette association était stable, chaque jour conservait les mêmes patrons<ref>{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=128}}</ref>.
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! colspan="16" | Les {{nombre|20|mois}} ou ''[[treizaine]]s'' avec leur principale divinité consacrée (selon la [[codex Borbonicus]])
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! colspan="2" | Nom du mois
! colspan="2" | Nom du mois
! width="20%" | Suite des jours (''treizaine'')
! Suite des jours (''treizaine'')
! width="15%" | Divinité consacrée
! Divinité consacrée
! colspan="2" | Nom du mois
! colspan="2" | Nom du mois
! width="20%" | Suite des jours (''treizaine'')
! Suite des jours (''treizaine'')
! width="15%" | Divinité consacrée
! Divinité consacrée
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! 1
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| width="10%" | Crocodile
| Crocodile || 1-Crocodile → 13-Roseau || ''[[Tonacatecuhtli]]''
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| 1-Crocodile → 13-Roseau || ''[[Tonacatecuhtli]]''
| Singe || 1-Singe → 13-Maison || ''[[Patecatl]]''
! width="1%" | 11
| width="10%" | Singe
| 1-Singe → 13-Maison || ''[[Patecatl]]''
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|-
! 2
! 2
Ligne 82 : Ligne 120 :
|-
|-
! 3
! 3
| Cerf || 1-Cerf → 13-Pluie || ''[[Tepeyollotl]]''
| Chevreuil || 1-Chevreuil → 13-Pluie || ''[[Tepeyollotl]]''
! 13
! 13
| Mouvement || 1-Mouvement → 13-Eau || ''[[Tlazolteotl]]''
| Mouvement || 1-Mouvement → 13-Eau || ''[[Tlazolteotl]]''
Ligne 114 : Ligne 152 :
| Serpent || 1-Serpent → 13-Mouvement || ''[[Xiuhtecuhtli]]''
| Serpent || 1-Serpent → 13-Mouvement || ''[[Xiuhtecuhtli]]''
! 19
! 19
| Aigle || 1-Aigle → 13-Cerf || ''[[Xochiquetzal]]''
| Aigle || 1-Aigle → 13-Chevreuil || ''[[Xochiquetzal]]''
|-
|-
! 10
! 10
Ligne 122 : Ligne 160 :
|}
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[[Fichier:Codex Borgia 260.JPG|vignette|995px|left|'''Fig. 6 :''' pages 1 à 8 du [[Codex Borgia]], figurant un ''[[Tonalamatl]]'' (Livre des destins)<ref>{{harvsp|Jacqueline de Durand-Forest|2010|p=151}}</ref>. De droite à gauche et de bas en haut, les 20 ''[[treizaine]]s'' du cycle divinatoire de 260 jours<ref>{{harvsp|Eduard Seler|1904|p=21-28|loc=volume 1}}</ref>.]]
[[Fichier:Codex Borgia 260.JPG|thumb|935px|left|'''Fig. 6 :''' pages 1 à 8 du [[codex Borgia]], figurant un ''[[Tonalamatl]]'' (« Livre des destins »)<ref>{{harvsp|Jacqueline de Durand-Forest|2010|p=151}}</ref>. De droite à gauche et de bas en haut, les {{nombre|260|jours}} du cycle divinatoire<ref>{{harvsp|Eduard Georg Seler|1904|p=21-28|loc=volume 1}}</ref>.]]{{Clr}}
{{Clr}}


===Le cycle divinatoire===
=== Le cycle divinatoire ===
Sur ces prémisses, et en suivant principalement [[Jacques Soustelle|Soustelle]], le cycle divinatoire commençait par le signe "Crocodile", dédié à l'Est<ref>{{harvsp|Jacques Soustelle|2011|p=64}}</ref>. Il était donc affecté du chiffre 1, et constituait ainsi la date univoque 1-Crocodile. Dans le prolongement de ce mouvement en ''[[treizaine]]s'', le {{1er|mois}} dominé par ''[[Tonacatecuhtli]]'' se terminait par le jour favorable 13-Roseau. Le second débutait à la suite, sous les auspices de ''[[Quetzalcoatl]]'', par la date néfaste 1-Jaguar qui était rattachée au Nord. Par enchaînements successifs, le {{19e|mois}} consacré à ''[[Xochiquetzal]]'' s’achevait alors par le jour favorable 13-Chevreuil venu de l'Ouest. Finalement, la {{20e}} et dernière ''treizaine'' dominée par ''[[Xiuhtecuhtli]]'' s’amorçait par le jour 1-Lapin associé au Sud, et se terminait à la date 13-Fleur. 20 n’étant pas divisible par 13, il en résulte que les symboles n’étaient jamais affectés du même numéro au cours du même cycle de 260 jours<ref>{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=158-160}}</ref>. À la fin de la {{20e}} et dernière ''treizaine'', un nouveau cycle divinatoire de 260 jours recommençait à la position 1-Crocodile. Par ailleurs et comme esquissé, à l'intérieur de ces ''treizaines'', les jours portant les chiffres 3, 7, 10, 11, 12 ou 13 passaient généralement pour favorables ; ceux qui portaient les numéros 4, 5, 6, 8 ou 9, pour néfastes<ref name="Jacques Soustelle Les Aztèques">{{harvsp|Jacques Soustelle|2011|p=65-66}}</ref>. Mais il y avait une multitude de cas particuliers{{note|texte=Les prêtres spécialisés nommés, ''Tonalpouhque'', interprétaient les signes dans des circonstances particulières comme la naissance, le mariage, le départ des marchands ou l’élection des chefs. Chaque jour, ou chaque série de 13 jours, était également appréciée, en plus des augures dictés par la [[numérologie]], en fonction des divinités qui le régentaient<ref>{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=50}}</ref>.|groupe=note}} : par exemple, les hommes qui naissaient le jour 1-Mort étaient destinés à devenir sorciers, 7-Fleurs était favorable aux peintres, 1-Serpent aux négociants, 9-Chien à la magie noire et aux ciseleurs, 1-Maison aux médecins et aux sages-femmes<ref name="Jacques Soustelle Les Aztèques" />.
Sur ces prémisses, en suivant principalement [[Jacques Soustelle|Soustelle]] et sans intégrer les « Seigneurs du jour » et de la nuit représentés sur le [[codex Borbonicus]], le cycle divinatoire commençait par le signe « Crocodile » dédié à l'Est<ref>{{harvsp|Jacques Soustelle|2011|p=64}}</ref>. Il était donc affecté du chiffre 1, et constituait ainsi la date univoque 1-Crocodile. Dans le prolongement de ce mouvement en ''[[treizaine]]s'', le {{1er|mois}} dominé par ''[[Tonacatecuhtli]]'' se terminait par le jour favorable 13-Roseau (Est). Le second débutait à la suite, sous les auspices de ''[[Quetzalcoatl]]'', par la date néfaste 1-Jaguar qui était rattachée au Nord. Par enchaînements successifs, le {{19e|mois}} consacré à ''[[Xochiquetzal]]'' s’achevait alors par le jour favorable 13-Chevreuil venu de l'Ouest et patronné par ''[[Tlaloc]]''. Finalement, le {{20e}} et dernier mois dominé par ''[[Xiuhtecuhtli]]'' s’amorçait par le jour 1-Lapin associé au Sud comme à ''[[Mayahuel]]'', et se terminait à la date 13-Fleur (au Sud et sous l'influence de ''[[Xochiquetzal]]''). 20 n’étant pas divisible par 13, il en résulte que les symboles n’étaient jamais affectés du même numéro au cours du même cycle de {{nombre|260|jours}}<ref>{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=158-160}}</ref>. À la fin de la {{20e}} et dernière ''[[treizaine]]'', un nouveau cycle divinatoire de {{nombre|260|jours}} recommençait à la position 1-Crocodile.


Par ailleurs, à l'intérieur de ces ''[[treizaine]]s'', les jours portant les chiffres 3, 7, 10, 11, 12 ou 13 passaient généralement pour favorables ; ceux qui portaient les numéros 4, 5, 6, 8 ou 9, pour néfastes<ref name="Jacques Soustelle Les Aztèques">{{harvsp|Jacques Soustelle|2011|p=65-66}}</ref>. Les prêtres spécialisés nommés, ''Tonalpouhque'', interprétaient les signes dans des circonstances particulières comme la naissance, le mariage, le départ des marchands ou l’élection des chefs. Chaque jour, ou chaque série de {{nombre|13|jours}}, était également apprécié(e), en plus des augures dictés par la [[numérologie]], en fonction des divinités qui le/la régentaient<ref>{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=50}}</ref>. Par exemple, les hommes qui naissaient le jour 1-Mort étaient destinés à devenir sorciers, 7-Fleurs était favorable aux peintres, 1-Serpent aux négociants, 9-Chien à la magie noire et aux ciseleurs, 1-Maison aux médecins et aux sages-femmes<ref name="Jacques Soustelle Les Aztèques" />.
Avec le nombre 260, les [[Mésoamérique|Mésoaméricains]] avaient découvert un nombre immédiatement utile à leurs calculs calendaires. Mais comment a-t-il été trouvé ? Certains chercheurs pensent que 260 est tout simplement issu d'une opération arithmétique, c'est-à-dire de la combinaison des séries de 13 et de 20 ; d'autres estiment qu'il résulte de l'observation de divers cycles [[astronomie|astronomiques]], notamment solaire et vénusien. Car à la latitude de [[15e parallèle nord|15°N]] (parallèle géographique passant par l'Amérique centrale), les deux passages annuels du Soleil au [[Zénith (astronomie)|zénith]] s'y produisent le 30 avril et le 13 août : de la première à la deuxième date s'écoulent 105 jours, puis justement 260 de la deuxième à la première<ref name="Danièle Dehouve p.137">{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=137}}</ref>{{,}}{{note|texte=Johanna Broda a depuis longtemps remarqué l'importance des dates du 30 avril et du 13 août en [[Mésoamérique]]<ref>{{harvsp|Johanna Broda|2003|p=77-96}}</ref>. Celles-ci constituent une donnée naturelle et évidente à la latitude de [[15e parallèle nord|15°N]], qui est celle de l'ancienne ville de [[Copán]] au Honduras. Dès lors, l'ethnohistorienne suppose que cette division de l'année en deux parties de 260 et 105 jours aurait été "importée" en terre [[aztèques|aztèque]], via le développement politique et les échanges culturels entre certaines villes comme [[Teotihuacan]] et cette cité [[mayas|maya]] (ou d'autres) située plus au sud<ref name="Danièle Dehouve p.137"/>.|groupe=note}}.
{{Clr}}


=== Les nombres 260 et 105 ===
==L'espace-temps solaire==
Avec le compte des {{nombre|260|jours}}, les [[Mésoamérique|Mésoaméricains]] avaient découvert un nombre immédiatement utile à leurs calculs calendaires. Mais comment a-t-il été trouvé ? Certains chercheurs pensent que 260 est tout simplement issu d'une opération arithmétique, c'est-à-dire de la combinaison des séries de 13 et de 20. Autrement dit, et comme [[Bernardino de Sahagún]] jadis, ils pensent que le ''[[Tonalpohualli]]'' n'était fondé sur aucun cycle naturel ou [[astronomie|astronomique]]<ref>{{harvsp|Gabriel Kenrick Kruell|2017|p=139-140}}</ref>. D'autres au contraire estiment qu'il est une donnée naturelle résultant notamment de l'observation du cycle solaire. Car à la latitude de [[15e parallèle nord|15°N]] (parallèle géographique passant par l'Amérique centrale), les deux passages annuels du Soleil au [[Zénith (astronomie)|zénith]] s'y produisent le 30 avril et le 13 août : de la première à la deuxième date s'écoulent {{nombre|105|jours}}, puis justement 260 de la deuxième à la première<ref name="Danièle Dehouve p.137">{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=137}}</ref>. L'ethnohistorienne {{Lien|trad=Johanna Broda|lang=es|fr=Johanna Broda|texte=Johanna Broda}}, qui a depuis longtemps fait remarquer l'importance de ces deux dates en [[Mésoamérique]]<ref>{{harvsp|Johanna Broda|2003|p=77-96}}</ref>, suppose que cette division de l'année en deux parties de 260 et {{nombre|105|jours}} aurait été « importée » en terre [[aztèques|aztèque]] via le développement politique et les échanges culturels entre l'ancienne cité [[mayas|maya]] de [[Copán]] au [[Honduras]], située précisément à la latitude de [[15e parallèle nord|15°N]], et certaines villes comme [[Teotihuacan]]. Il est toutefois certain que ce nombre n'a pu leur sembler « parfait » qu'après que la durée des cycles solaire et vénusien eut été déterminée<ref name="Danièle Dehouve p.137"/> (cf. [[#La cérémonie du « Feu nouveau »|La cérémonie du « Feu nouveau »]]).
Rythmant les saisons et les activités agricoles<ref>{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=114}}</ref>, l'espace-temps solaire se déroulait en un cycle continu de 13 séries de 4 années comptant 365 jours chacune<ref name="Jacqueline de Durand-Forest p.119">{{harvsp|Jacqueline de Durand-Forest|2010|p=119}}</ref>. Cela donnait une période de 52 ans (13×4) qui totalisait {{nombre|18980|jours}} (52×365) et que les [[Aztèques]] appelaient : ''Xiuhpohualli'' (Compte annuel)<ref>{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=93}}</ref>. Tout comme notre [[calendrier grégorien]], l’année solaire aztèque se référait à l’orbite sidérale de la Terre autour du Soleil<ref name="Soustelle p.63" />. Mais ces 365 jours étaient quant à eux subdivisés en 18 mois de 20 jours (360), plus 5 jours supplémentaires (''Nemontemi'') qui étaient perçus comme néfastes. Si, pour nombre d'auteurs modernes, le comptage des jours et des périodes de 52 ans commençait toujours par le signe 1-Roseau, année de l'Est, jour initial du monde, de la naissance du Soleil après que ''[[Quetzalcoatl]]'' se soit sacrifié pour réapparaître à l'Est comme astre du jour<ref>{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=164}}</ref>, d'autres plus anciens, comme [[Ernest Hamy|Hamy]], se référant notamment à la page 21 du [[codex Borbonicus]], assurent que le signe 1-Lapin caractérisait la véritable année initiale du cycle solaire de 52 ans<ref>{{harvsp|Ernest Théodore Hamy|1899|p=22}}</ref>. Quoi qu'il en soit de cette divergence, la présence des 5 jours supplémentaires ''Nemontemi'' avait pour conséquence que le jour qui commençait et caractérisait l'année suivante était systématiquement décalé de 5 rangs par rapport à celui qui avait initié l'année précédente<ref>{{harvsp|Jacqueline de Durand-Forest|2010|p=113}}</ref>. De la sorte, 20 étant divisible par 5, il n'y a que 4 symboles sur les 20 qui puissent marquer le début d'une année. Ce sont les signes dits "porteurs d'années" : Roseau, Silex, Maison et Lapin (un pour chacune des 4 directions)<ref name="Jacqueline de Durand-Forest p.119"/>{{,}}{{note|texte=De la même façon que le signe du {{1er|jour}} de chaque mois du cycle divinatoire revêtait une importance particulière qui s'étendait aux 13 jours suivants, les 365 jours d'une année solaire subissait l'influence du signe porteur d'années - Roseau, Silex, Maison ou Lapin. Les années Roseau avaient une connotation favorable. Les années Silex risquaient d'apporter la sécheresse et divers malheurs. Les années Maison pouvaient être accompagnées d'inondations et les années Lapin exposaient à la famine<ref>{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=126}}</ref>.|groupe=note}}. D'autre part, à l'intérieur de l'année, les noms des 18 mois évoquaient des fêtes ou des événements eux aussi affectés par une ou plusieurs divinités singulières{{note|texte=Ces mois de 20 jours portaient chacun plusieurs noms dont l'explication est malaisée. Pour s'y retrouver, les chercheurs ont pris l'habitude de les ordonner par numérotation. Pourtant, il ne s'agit guère plus que d'une convention car les avis divergent sur le mois par lequel commençait l'année. En réalité, il semble que les Aztèques aient accordé moins d'importance à la détermination d'un début d'année qu'à la rotation des mois<ref>{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=94}}</ref>. Par ailleurs, parfois, certaines divinités se trouvaient associées à des fêtes qui ne leur étaient pas directement consacrées. Quoi qu'il en soit, presque toutes les fêtes comportaient des danses rituelles, donnaient lieu à des simulacres de combats et étaient l'occasion de sacrifices humains<ref>{{harvsp|Jacqueline de Durand-Forest|2010|p=140}}</ref>.|groupe=note}}. En voici la distribution non exhaustive selon [[Bernardino de Sahagún|Sahagún]]<ref>{{harvsp|Bernardino de Sahagún|1985}}</ref>.


== L'espace-temps solaire ==
[[Fichier:Codex Fejéváry-Mayer 01.JPG|thumb|300px|'''Fig. 7 :''' page 1 du [[Codex Fejérváry-Mayer]]. Croix de Malte dont les 4 bras forment les directions cardinales. Du coin supérieur gauche et dans le sens contraire aux aiguilles d'une montre on remarque les 4 signes "porteurs d'années" du cycle solaire : Roseau (Est), Silex (Nord), Maison (Ouest) puis Lapin (Sud). Au centre, le dieu du Feu ''[[Xiuhtecuhtli]]'', parce que le foyer se trouve au milieu de la maison aztèque<ref>{{harvsp|Eduard Georg Seler|1901|p=1}}</ref>.]]
[[Fichier:Codex Fejéváry-Mayer 01.JPG|vignette|'''Fig. 7 :''' page 1 du [[codex Fejérváry-Mayer]]. Croix de Malte dont les 4 bras forment les directions cardinales. Du coin supérieur gauche et dans le sens contraire aux aiguilles d'une montre on remarque les 4 signes « porteurs d'années » du cycle solaire : Roseau (Est), Silex (Nord), Maison (Ouest) puis Lapin (Sud). Au centre, le dieu du Feu ''[[Xiuhtecuhtli]]'', parce que le foyer se trouve au milieu de la maison<ref>{{harvsp|Eduard Georg Seler|1901|p=1}}</ref>.]]


Rythmant les saisons et les activités agricoles<ref name="Dehouve p.114">{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=114}}</ref>, l'espace-temps solaire se déroulait en un cycle continu de 13 séries de {{nombre|4|années}} comptant {{nombre|365|jours}} chacune<ref name="Jacqueline de Durand-Forest p.119">{{harvsp|Jacqueline de Durand-Forest|2010|p=119}}</ref>. Cela donnait une période de {{nombre|52|ans}} (13×4) qui totalisait {{nombre|18980|jours}} (52×365) et que les Aztèques appelaient ''Xiuhtlapohualli'' (« compte des années »)<ref name="Kruel p.158-159">{{harvsp|Gabriel Kenrick Kruell|2017|p=158-159}}</ref>. Tout comme notre [[calendrier grégorien]], l’année solaire aztèque, nommée ''Xiuhpohualli'' (« compte annuel »)<ref>{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=93}}</ref>, se référait à l’orbite sidérale de la Terre autour du Soleil<ref name="Soustelle p.63"/>. Mais ses {{nombre|365|jours}} étaient quant à eux subdivisés en {{nombre|18|mois}} de {{nombre|20|jours}} ([[Vingtaine (Mésoamérique)|''vingtaines'']]), plus {{nombre|5|jours}} supplémentaires (''Nemontemi'') qui étaient perçus comme néfastes. Par ailleurs, pour [[Danièle Dehouve|Dehouve]] et Vié-Wohrer, le ''Xiuhpohualli'' ne visait pas à donner un nom aux jours, une date. Car selon elles, cette fonction revenait exclusivement au ''[[Tonalpohualli]]'', dont les cycles de {{nombre|260|jours}} « flottaient », se succédaient d'une année solaire à l'autre<ref name="Danièle Dehouve p.117"/>. Il en résultait que le {{1er}} jour d'une année solaire n'était pas systématiquement le 1 (à l'image du {{1er}} septembre par exemple), mais s’échelonnait de 1 à 13.
{| class="wikitable" style="width:60%"

Concernant le déroulement des {{nombre|52|années}}, nombre d'auteurs se référant aux travaux de [[Ernest Hamy|Hamy]], et notamment à la page 21 du [[codex Borbonicus]], considèrent que le glyphe 1-Lapin caractérisait l'année initiale du cycle solaire de {{nombre|52|ans}}. Mais encore, au regard cette fois des pages 34 et 37 du même codex, qu'elle aurait été déplacée (en 1143 ou 1507 selon les auteurs) en 2-Roseau, signe de l'Est, lieu de la naissance du Soleil après que ''[[Quetzalcoatl]]'' se soit sacrifié pour réapparaître comme astre du jour. Et ceci afin de conjurer l'influence néfaste du signe Lapin (famine)<ref name="Hamy p.21-24">{{harvsp|Ernest Théodore Hamy|1899|p=21-24}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=164}}</ref>. Quoi qu'il en soit de ces divergences, la présence des {{nombre|5|jours}} supplémentaires ''Nemontemi'' avait pour conséquence que le jour qui commençait et caractérisait l'année suivante était systématiquement décalé de 5 rangs par rapport à celui qui avait initié l'année précédente<ref>{{harvsp|Jacqueline de Durand-Forest|2010|p=113}}</ref>. De la sorte, 20 étant divisible par 5, il n'y a que 4 glyphes temporels sur les 20 qui puissent marquer le début d'une année. Ce sont les signes dits « Porteurs d'années » : Roseau (Est), Silex (Nord), Maison (Ouest) et Lapin (Sud), chacun d'eux étant associé à l'une des 4 grandes directions<ref name="Jacqueline de Durand-Forest p.119"/>. De la même façon que la divinité associée au signe du {{1er|jour}} de chaque ''[[treizaine]]'' du cycle divinatoire revêtait une importance particulière, les {{nombre|365|jours}} d'une année solaire subissaient l'influence de la divinité régente du signe « Porteur d'années ». Les années Roseau avaient une connotation favorable. Celles du Silex risquaient d'apporter la sécheresse et divers malheurs. Les années Maison pouvaient être accompagnées d'inondations alors que les périodes Lapin exposaient à la famine<ref>{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=126}}</ref>.

{| class="wikitable" style="text-align:center; width:100%;"
! colspan="16" | Les {{nombre|52|années}} solaires en 4 séries de 13
Distribution des 4 signes « Porteurs d'années » dans le ''Xiuhtlapohualli'' (« compte des années »)
|-
! Série || Nom du signe || Direction || 1 || 2 || 3 || 4 || 5 || 6 || 7 || 8 || 9 || 10 || 11 || 12 || 13
|-
! 1
|style="text-align:left;"| Roseau →
|style="text-align:left;"| Est-rouge →
| 1 || 5 || 9 || 13 || 17 || 21 || 25 || 29 || 33 || 37 || 41 || 45 || 49
|-
! 2
|style="text-align:left;"| Silex →
|style="text-align:left;"| Nord-noir →
| 2 || 6 || 10 || 14 || 18 || 22 || 26 || 30 || 34 || 38 || 42 || 46 || 50
|-
! 3
|style="text-align:left;"| Maison →
|style="text-align:left;"| Ouest-blanc →
| 3 || 7 || 11 || 15 || 19 || 23 || 27 || 31 || 35 || 39 || 43 || 47 || 51
|-
! 4
|style="text-align:left;"| Lapin →
|style="text-align:left;"| Sud-bleu →
| 4 || 8 || 12 || 16 || 20 || 24 || 28 || 32 || 36 || 40 || 44 || 48 || 52
|}

D'autre part et comme introduit ci-dessus, à l'intérieur de l'année solaire, les 18 [[Vingtaine (Mésoamérique)|''vingtaines'']] ou mois évoquaient des fêtes elles aussi affectées par une ou plusieurs divinités singulières. Ces mois portaient chacun plusieurs noms dont l'explication est malaisée. Pour s'y retrouver, les chercheurs ont pris l'habitude de les ordonner par numérotation. Pourtant, il ne s'agit guère plus que d'une convention car les avis divergent sur le mois par lequel commençait l'année. En réalité, il semble que les Aztèques aient accordé moins d'importance à la détermination d'un début d'année qu'à la rotation des mois<ref>{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=94}}</ref>. Par ailleurs, parfois, certaines divinités se trouvaient associées à des fêtes qui ne leur étaient pas directement consacrées. Quoi qu'il en soit, presque toutes les fêtes comportaient des danses rituelles, donnaient lieu à des simulacres de combats et étaient l'occasion de sacrifices humains<ref>{{harvsp|Jacqueline de Durand-Forest|2010|p=140}}</ref>.

{| class="wikitable" style="width:100%"
! colspan="16" | Les {{nombre|18|mois}} festifs ([[Vingtaine (Mésoamérique)|''vingtaines'']]) avec les principales divinités qui leur étaient rattachées (selon [[Bernardino de Sahagún|Sahagún]])<ref>{{harvsp|Bernardino de Sahagún|1985}}</ref>
|-
! colspan="2" | Nom du mois
! colspan="2" | Nom du mois
! width="18%" | Evocation festive
! Évocation festive
! width="15%" | Divinité consacrée
! Divinité consacrée
! colspan="2" | Nom du mois
! colspan="2" | Nom du mois
! width="18%" | Evocation festive
! Évocation festive
! width="15%" | Divinité consacrée
! Divinité consacrée
|-
|-
! 1
! width="1%" | 1
| ''Atlacahualo'' || « Arrêt de l'eau » || ''[[Tlaloc]]''
| width="10%" | ''Atlacahualo''
! 10
| "Arrêt de l'eau" || ''[[Tlaloc]]''
| ''Xocotl Huetzi'' || « Chute des fruits » || ''[[Xiuhtecuhtli]]''
! width="1%" | 10
| width="10%" | ''Xocotl Huetzi''
| "Chute des fruits" || ''[[Xiuhtecuhtli]]''
|-
|-
! 2
! 2
| ''Tlacaxipehualitzi'' || "Écorchement des hommes" || ''[[Xipe Totec]]''
| ''Tlacaxipehualitzi'' || « Écorchement des hommes » || ''[[Xipe Totec]]''
! 11
! 11
| ''Ochpaniztli'' || "Balayage des chemins" || ''[[Tlazolteotl]]''
| ''Ochpaniztli'' || « Balayage des chemins » || ''[[Tlazolteotl]]''
|-
|-
! 3
! 3
| ''Tozoztontli'' || "Petite veille" || ''[[Coatlicue]]''
| ''Tozoztontli'' || « Petite veille » || ''[[Coatlicue]]''
! 12
! 12
| ''Teotleco'' || "Retour des dieux" || ''[[Tezcatlipoca]]''
| ''Teotleco'' || « Retour des dieux » || ''[[Tezcatlipoca]]''
|-
|-
! 4
! 4
| ''Huey Tozoztli'' || "Grande veille" || ''[[Chicomecoatl]]''
| ''Huey Tozoztli'' || « Grande veille » || ''[[Chicomecoatl]]''
! 13
! 13
| ''Tepeilhuitl'' || "Fête des montagnes" || ''[[Tlaloc]]''
| ''Tepeilhuitl'' || « Fête des montagnes » || ''[[Tlaloc]]''
|-
|-
! 5
! 5
| ''Toxcatl'' || "Sécheresse" || ''[[Tezcatlipoca]]''
| ''Toxcatl'' || « Sécheresse » || ''[[Tezcatlipoca]]''
! 14
! 14
| ''Quecholli'' || "Plume précieuse" || ''[[Mixcoatl]]''
| ''Quecholli'' || « Plume précieuse » || ''[[Mixcoatl]]''
|-
|-
! 6
! 6
| ''Etzalcuauliztli'' || "Repas de maïs et haricots" || ''[[Tlaloque]]''
| ''Etzalcuauliztli'' || « Repas de maïs et haricots » || ''[[Tlaloque]]''
! 15
! 15
| ''Panquetzaliztli'' || "Élévation des drapeaux" || ''[[Huitzilopochtli]]''
| ''Panquetzaliztli'' || « Élévation des drapeaux » || ''[[Huitzilopochtli]]''
|-
|-
! 7
! 7
| ''Tecuilhuitontli'' || "Petite fête des dignitaires" || ''[[Huixtocihuatl]]''
| ''Tecuilhuitontli'' || « Petite fête des dignitaires » || ''[[Huixtocihuatl]]''
! 16
! 16
| ''Atemoztli'' || "Descente de l'eau" || ''[[Tlaloc]]''
| ''Atemoztli'' || « Descente de l'eau » || ''[[Tlaloc]]''
|-
|-
! 8
! 8
| ''Huey Tecuilhuitl'' || "Grande fête des dignitaires" || ''[[Chicomecoatl|Xilonen]]''
| ''Huey Tecuilhuitl'' || « Grande fête des dignitaires » || ''[[Chicomecoatl|Xilonen]]''
! 17
! 17
| ''Tititl'' || "Resserrement" || ''[[Cihuacoatl|llamatecuhtli]]''
| ''Tititl'' || « Resserrement » || ''[[Cihuacoatl|llamatecuhtli]]''
|-
|-
! 9
! 9
| ''Tlaxochimaco'' || "Offrande de fleurs" || ''[[Huitzilopochtli]]''
| ''Tlaxochimaco'' || « Offrande de fleurs » || ''[[Huitzilopochtli]]''
! 18
! 18
| ''Izcalli'' || "Croissance" || ''[[Xiuhtecuhtli]]''
| ''Izcalli'' || « Croissance » || ''[[Xiuhtecuhtli]]''
|}
|}


=== Le cycle solaire ===
{| class="wikitable" style="text-align:center; width:60%;"
Considérant en [[Mise en abyme|abyme]] ces références complexes de même que les propositions de [[Ernest Hamy|Hamy]], [[Danièle Dehouve|Dehouve]] et Vié-Wohrer, le cycle solaire de {{nombre|52|ans}} commençait donc, sur le ''[[Tonalamatl]]'' (« Livre des destins »), par le glyphe 2-Roseau. Ce signe étant un « Porteur d’années » venu de l’Est, les caractéristiques associées à cette direction et à ''[[Tezcatlipoca]]'' (divinité associée) marquaient de leur influence cette {{1re|année}}. {{nombre|19|jours}} plus tard, le {{1er|mois}} et sa divinité consacrée laissait sa place au {{2e|mois}} (avis divergeant sur le nom du mois qui débutait l'année). Et il en allait de cette même dynamique d'influences divines pour les {{nombre|16|mois}} festifs suivants. À la fin de ce comptage de {{nombre|360|jours}} (18x20), les [[Aztèques]] complétaient la série par {{nombre|5|jours}} néfastes. Ainsi, le jour 2-Mouvement bouclait cette {{1re|année}}. La {{2e|année}} s’initiait alors par le symbole suivant dans la série des 20 signes temporels, c'est-à-dire : le « Porteur d'années » 3-Silex, caractérisant de ses attributs (le Nord et ''[[Chalchiutotolin|Chalchiuhtotolin]]''), comme par osmose, cette seconde période, qui prenait fin par le jour néfaste 3-Vent. Suivant cette mécanique en cascade, la {{3e|année}} débutait avec le signe « Porteur d’années » 4-Maison, associé au champ de forces de l’Ouest et à ''[[Tepeyollotl]]'', et s’achevait par le jour néfaste 4-Chevreuil. La {{4e|année}} commençait quant à elle par le jour « Porteur d'années » 5-Lapin relié au Sud comme à la déesse ''[[Mayahuel]]'', et se terminait {{nombre|365|jours}} plus tard par le jour néfaste 5-Herbe. Au terme de ces 4 premières années, une nouvelle série de {{nombre|4|années}} s’amorçait avec 6-Roseau, jusqu’à ce que chaque symbole « Porteur d’années » soit numéroté à 13 reprises. Ainsi, ce n'est qu'au terme de {{nombre|52|ans}} qu'un même signe « Porteur d'années » était affecté du même chiffre<ref name="Jacqueline de Durand-Forest p.118">{{harvsp|Jacqueline de Durand-Forest|2010|p=118}}</ref>. À la fin de la {{52e}} et dernière année, un nouveau cycle solaire recommençait à la position 2-Roseau.
! colspan="16" |Division et distribution des 52 années solaires en 4 séries de 13 /
Chaque signe "porteur d'années" domine 1 année sur 4
|-
! width="5%" | Série
! width="12%" | Nom du signe
! width="12%" | Direction
! width="5%" | 1
! width="5%" | 2
! width="5%" | 3
! width="5%" | 4
! width="5%" | 5
! width="5%" | 6
! width="5%" | 7
! width="5%" | 8
! width="5%" | 9
! width="5%" | 10
! width="5%" | 11
! width="5%" | 12
! width="5%" | 13
|-
! 1
|style="text-align:left;"| Roseau →
|style="text-align:left;"| Est-rouge →
| 1 || 5 || 9 || 13 || 17 || 21 || 25 || 29 || 33 || 37 || 41 || 45 || 49
|-
! 2
|style="text-align:left;"| Silex →
|style="text-align:left;"| Nord-noir →
| 2 || 6 || 10 || 14 || 18 || 22 || 26 || 30 || 34 || 38 || 42 || 46 || 50
|-
! 3
|style="text-align:left;"| Maison →
|style="text-align:left;"| Ouest-blanc →
| 3 || 7 || 11 || 15 || 19 || 23 || 27 || 31 || 35 || 39 || 43 || 47 || 51
|-
! 4
|style="text-align:left;"| Lapin →
|style="text-align:left;"| Sud-bleu →
| 4 || 8 || 12 || 16 || 20 || 24 || 28 || 32 || 36 || 40 || 44 || 48 || 52
|}
{{Clr}}


===Le cycle solaire===
=== L'année solaire ===
Il existe de nombreuses interrogations sur la méthode utilisée par les Aztèques pour éviter le déphasage entre leur « compte annuel » de {{nombre|365|jours}} et l'[[année tropique]] de 365,2422 jours. Tout au plus pouvons-nous dire qu'ils disposaient de moyens sûrs leur permettant de ne jamais perdre la corrélation avec les principaux phénomènes solaires<ref name="Anne-Marie Vié-Wohrer Le Monde des Aztèques" />. La question n'est donc pas de savoir si les Aztèques savaient calculer la durée exacte de l'année tropique, mais s'ils ajustaient leur cycle annuel, et si oui, de quelle façon ? Parmi les spécialistes considérant le cycle annuel comme un agenda rythmant les saisons et les activités agricoles<ref name="Dehouve p.114"/>, les propositions d'ajustement sont diverses et pas encore tranchées : correction bissextile, avec l'ajout d'un jour ''nemontemi'' tous les {{nombre|4|ans}} ; ajout de {{nombre|12|jours}} tous les {{nombre|52|ans}}, et de {{nombre|13|jours}} à la fin de la période suivante ; ajout de {{nombre|25|jours}}, à la fin d'une période de {{nombre|104|ans}} ; ou même ajout de {{nombre|63|jours}}, tous les {{nombre|260|ans}}<ref name="D&VW 2008 p139" />. Mais à l'inverse, et pour [[Michel Graulich|Graulich]] en particulier, le ''Xiuhpohualli'' n'était pas un almanach agraire ayant pour fonction de « marquer » les saisons, sinon un cycle festif de 18 rituels mythico-religieux de vingt jours (plus {{nombre|5|jours}} néfastes) plongeant ses racines dans les coutumes centenaires des ancêtres [[Chasseur-cueilleur|chasseurs-cueilleurs]] des Aztèques. En ce sens, il n'était pas ajusté à l'[[année tropique]] dont les Aztèques, devenus agriculteurs, prendront conscience progressivement{{note|texte=Cette proposition, qui réfute l'idée d'un ajustement permettant de faire coïncider « l'[[Année (calendrier)#Historique de la connaissance de l'année|année vague]] » aztèque avec l'[[année tropique]] de 365,2422 jours, parait d'autant plus vraisemblable que cette correction n'est pas observable sur le calendrier maya de l'[[Civilisation maya#Époque classique|Époque classique]]. Cela dit, si ce fait est attesté par une majorité de spécialistes de la civilisation maya, cela ne signifie pas que les Mayas, comme les Aztèques, ne connaissaient pas la durée exacte de l'[[année tropique]]<ref>{{harvsp|Gabriel Kenrick Kruell|2019|p=171}}</ref>.|groupe=note}}. Selon cet auteur, mais aussi [[Alfonso Caso|Caso]], ils auraient alors simplement renoncé à « bricoler » des « ajustements irréguliers » ''a posteriori''. D'autant plus que cette « [[Année (calendrier)#Historique de la connaissance de l'année|année vague]] » aztèque coïncidait merveilleusement avec les deux autres cycles mésoaméricains (divinatoire et vénusien), et qu'il aurait donc fallu également ajuster<ref>{{harvsp|Michel Graulich|2009|p=52-53}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Alfonso Caso|1967|p=63}}</ref> (cf. [[#La cérémonie du « Feu nouveau »|La cérémonie du « Feu nouveau »]]).
Considérant en [[Mise en abyme|abyme]] ces références complexes, le cycle solaire de 52 ans commençait donc par le jour 1-Roseau. Ce signe étant un "porteur d’année" venu de l’Est, les caractéristiques associées à cette direction et à ''[[Tezcatlipoca]]'' (divinité associée) marquaient de leur influence cette {{1re|année}} qui était affectée du chiffre 1. 19 jours plus tard, le {{1er|mois}} "Arrêt de l'eau", consacré à ''[[Tlaloc]]'', se terminait par le signe 20-Herbe. Par suite logique, le {{2e|mois}} "Écorchement des hommes" présidé par ''[[Xipe Totec]]'' débutait alors par la date 1-Roseau. Et il en allait de cette même dynamique continue pour les 16 mois suivants. À la fin de ce comptage de 360 jours, les [[Aztèques]] complétaient la série par 5 jours néfastes. Ainsi, le jour 5-Mouvement bouclait cette {{1re|année}}. La {{2e|année}} s’initiait alors par le symbole suivant dans la série des 20 signes temporels, c'est-à-dire : le "porteur d'années" 1-Silex, caractérisant de ses attributs (Nord et ''[[Chalchiutotolin|Chalchiuhtotolin]]''), comme par osmose, cette seconde période, qui prenait fin par le jour néfaste 5-Vent. Suivant cette mécanique en cascade, la {{3e|année}} débutait avec le signe « porteur d’années » 1-Maison, associé au champ de forces de l’Ouest et à ''[[Tepeyollotl]]'', et s’achevait par le jour néfaste 5-Chevreuil. La {{4e|année}} commençait quant à elle par le jour "porteur d'années" 1-Lapin relié au Sud comme à la déesse ''[[Mayahuel]]'', et se terminait 365 jours plus tard par le jour néfaste 5-Herbe. Au terme de ces 4 premières années, une nouvelle série s’amorçait, jusqu’à ce que chaque symbole "porteur d’années" soit numéroté à 13 reprises. Ainsi, ce n'est qu'au terme de 52 ans qu'une même date se répétait, qu'un même signe "porteur d'années" était affecté du même chiffre<ref name="Jacqueline de Durand-Forest p.118">{{harvsp|Jacqueline de Durand-Forest|2010|p=118}}</ref>{{,}}{{note|texte=Si pour [[Danièle Dehouve|Dehouve]] et Vié-Wohrer le calendrier annuel (''Xiuhpohualli'') avait pour but de mettre les 18 fêtes de 20 jours en correspondance avec les cycles naturels du Soleil, de la pluie, du maïs et d'autres événements agricoles, il ne visait pas pour autant à donner un nom aux jours (une date). Car selon eux, cette fonction revenait exclusivement au ''[[Tonalpohualli]]'' (Compte des jours ou Compte des destins), dont les cycles de 260 jours (20x13) "flottaient", se succédaient d'une année solaire à l'autre<ref name="Danièle Dehouve p.117"/>. Il en résultait donc que la numérotation du {{1er}} jour d'une année solaire n'était pas systématiquement le 1 (à l'image du {{1er}} janvier), mais s’échelonnait de 1 à 13. Idem pour les 52 années, qui elles aussi étaient numérotées de 1 à 13, au gré des dates auxquelles elles débutaient dans le ''[[Tonalpohualli]]''.|groupe=note}}.


Cette hypothèse fait du reste en partie écho aux propositions de Kruell qui, quant à lui, considère que les 18 [[Vingtaine (Mésoamérique)|''vingtaines'']] plus les {{nombre|5|jours}} ''nemontemi'' (365) n'étaient pas imbriquées dans le cycle solaire de {{nombre|52|années}} (comme supposé plus haut), mais constituaient un compte distinct à part entière qu'il traduit du [[nahuatl]], en lieu et place de ''Xiuhpohualli'' (« compte annuel »), par ''Cempohuallapohualli'' (« compte des [[Vingtaine (Mésoamérique)|''vingtaines'' »]]). Avec ce « compte » renommé, celui des « années » auquel il donne le nom de ''Xiuhtlapohualli'', et celui des « jours » (''[[Tonalpohualli]]'') qu'il retient tel quel, Kruell dénombre ainsi les trois composantes qui selon lui formaient le calendrier [[nahuas|nahualt]] ou mexicain (sans faire mention du cycle vénusien)<ref name="Kruel p.158-159"/>.
Il existe de nombreuses interrogations, sur la méthode utilisée par les Aztèques pour éviter le déphasage entre leur calendrier solaire (365 jours) et l'[[année tropique]] de 365,2422 jours. Tout au plus pouvons-nous dire ici qu'ils disposaient de moyens sûrs leur permettant de ne jamais perdre la corrélation avec les principaux phénomènes solaires<ref name="Anne-Marie Vié-Wohrer Le Monde des Aztèques" />. La question n'est donc pas de savoir si les Aztèques savaient calculer la durée exacte de l'année tropique, mais s'ils ajustaient leur calendrier annuel, et de quelle façon. Selon les auteurs, les propositions sont diverses, et pas encore tranchées : correction bissextile, avec l'ajout d'un jour ''Nemontemi'' tous les 4 ans ; ajout de 12 jours tous les 52 ans, et de 13 jours à la fin de la période suivante ; ajout de 25 jours, à la fin d'une période de 104 ans ; ou même ajout de 63 jours, tous les 260 ans<ref name="D&VW 2008 p139" />{{,}}{{note|texte=Sur ces références hypothétiques et par extension, on peut alimenter le débat concernant le signe caractérisant l'année initiale d'un cycle de 52 ans (Roseau ou Lapin) en voyant précisément dans cette divergence (selon les sources) l'expression d'une correction périodique permettant d’harmoniser le calendrier annuel (365 jours) avec l'[[année tropique]] de 365,2422 jours.|groupe=note}}.
{{Clr}}


==L'espace-temps vénusien==
== L'espace-temps vénusien ==
[[Fichier:Codex Borgia 25.JPG|thumb|'''Fig. 8 :''' page 25 du [[codex Borgia]], montrant les 5 directions du cycle vénusien, c'est-à-dire les {{nombre|4|points}} cardinaux avec leur dieu régent plus le Centre. En partant d'en haut à droite et dans le sens contraire aux aiguilles d'une montre, on a : à l'Est ''[[Quetzalcoatl]]'', au Nord ''[[Mixcoatl]]'', à l'Ouest ''[[Xipe Totec]]'' et au Sud ''[[Tlaloc]]''.]]
Principalement mythologique, l'espace-temps vénusien se déroulait en un cycle continu de 13 séries de 5 années, comptant 584 jours chacune. Cela donnait une période de 65 ans (13×5), qui totalisait ainsi 37 960 jours (65×584), et que les [[Aztèques]] appelaient ''Huehuetiliztli'' (Vieillesse)<ref>{{harvsp|Louis Cruchet|2009|p=49}}</ref>. Les 584 jours de l’année vénusienne correspondent à une [[période synodique]] de la planète [[Vénus (planète)|Vénus]] par rapport à la Terre<ref>{{harvsp|Mireille Simoni|2002|p=646}}</ref>. Cette période est égale au temps qui s’écoule entre deux oppositions Terre/Vénus, entre deux alignements se réalisant sur le même axe intérieur au regard du Soleil. Les 584 jours de l’année vénusienne aztèque étaient subdivisées en 44 ''[[treizaine]]s'', ou mois de 13 jours (572), plus 12 jours intercalaires (584)<ref name= "Seler p.137-138">{{harvsp|Eduard Georg Seler|1906|p=137-138}}</ref>. D'autre part, si l'on divise, avec [[Jacques Soustelle|Soustelle]], 584 par 20, nombre de signes temporels, on obtient un reste de 4. Par déduction mathématique, il n'y a donc que 5 signes qui puissent être "porteurs d'années" (20/4). Ce sont, dans l'ordre : Crocodile, Serpent, Eau, Roseau et Mouvement<ref name= "Soustelle p.160-161">{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=160-161}}</ref>. Sur le tableau des signes temporels donné plus haut, ces "porteurs d'années" sont tous dédiés à l’Est, là où se lève le Soleil et apparaît l’[[Vénus (planète)|étoile du matin]], la planète Vénus. Pourtant, certains auteurs, s'appuyant sur les travaux d'[[Eduard Georg Seler|E. G. Seler]]<ref>{{harvsp|Eduard Georg Seler|1904|p=4}}</ref>, "redistribuent" les influences cardinales de la manière suivante : Crocodile à l'Est, Serpent au Nord, Eau à l'Ouest, Roseau au Sud et Mouvement au Centre (Fig. 9). Comme dans le ''[[Tonalpohualli]]'', chaque jour subissait l'influence conjuguée du dieu régent de la ''treizaine'', de celui de son signe, des attributs de sa direction et de son nombre.


Le cycle divinatoire de {{nombre|260|jours}}, combiné à celui de {{nombre|365|jours}}, permettait d'apprécier les augures et d'établir la chronologie des jours et des années. Mais il se combinait également avec d'autres cycles astraux, en particulier celui de Vénus, dont l'observation revêtait une grande importance<ref name="Anne-Marie Vié-Wohrer p.136">{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=136}}</ref>.
[[Fichier:Codex Vaticanus B 5.JPG|thumb|995px|left|'''Fig. 8 :''' pages 80 à 84 du [[Codex Vaticanus B]], illustrant, de droite à gauche, les 5 X 13 signes "porteurs d'années" : Crocodile, Serpent, Eau, Roseau et Mouvement<ref>{{harvsp|Eduard Georg Seler|1902|p=40-42}}</ref>. On voit aussi le dieu ''[[Tlahuizcalpantecuhtli]]'' en train de percer de ses flèches des catégories d'humains : les vieillards sous le signe Crocodile, les jeunes gens en Serpent. Ses flèches s'attaquent même à l'Eau (ce qui provoque la sécheresse), à un symbole (le trône) et au Jaguar<ref>{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=71}}</ref>. Les points correspondent à la datation chronologique des 5 signes au cours d'un cycle divinatoire de 260 jours (''[[Tonalpohualli]]'')<ref name= "Seler p.137-138"/>.]]


Principalement mythologique, l'espace-temps vénusien se déroulait en un cycle continu de 13 séries de {{nombre|5|années}}, comptant {{nombre|584|jours}} chacune. Cela donnait une période de {{nombre|65|années}} (13×5), qui totalisait ainsi {{formatnum:37960}} jours (65×584), et que les [[Aztèques]] appelaient ''Huehuetiliztli'' (« Vieillesse »)<ref>{{harvsp|Louis Cruchet|2009|p=49}}</ref>. Les {{nombre|584|jours}} de l’année vénusienne correspondent à une [[période synodique]] de la planète [[Vénus (planète)|Vénus]] par rapport à la Terre<ref>{{harvsp|Mireille Simoni|2002|p=646}}</ref>. Cette période est égale au temps qui s’écoule entre deux oppositions Terre/Vénus, entre deux alignements se réalisant sur le même axe intérieur au regard du Soleil. Les {{nombre|584|jours}} de l’année vénusienne aztèque étaient subdivisées en 44 ''[[treizaine]]s'', ou mois de {{nombre|13|jours}} (572), plus {{nombre|12|jours}} intercalaires (584)<ref name= "Seler p.137-138">{{harvsp|Eduard Georg Seler|1906|p=137-138}}</ref>. D'autre part, si l'on divise, avec [[Jacques Soustelle|Soustelle]], 584 par 20, nombre de signes temporels, on obtient un reste de 4. Par déduction mathématique, il n'y a donc que 5 signes qui puissent être « porteurs d'années » (20/4). Ce sont, dans l'ordre : Crocodile, Serpent, Eau, Roseau et Mouvement<ref name= "Soustelle p.160-161">{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=160-161}}</ref>. Sur le tableau des 20 signes temporels donné plus haut, ces « Porteurs d'années » sont tous dédiés à l’Est, là où se lève le Soleil et apparaît l’[[Vénus (planète)|étoile du matin]], la planète Vénus. Pourtant, certains auteurs, s'appuyant sur les travaux de [[Eduard Georg Seler|Seler]], « redistribuent » les influences cardinales de la manière suivante : Crocodile à l'Est, Serpent au Nord, Eau à l'Ouest, Roseau au Sud et Mouvement au Centre. Et il en va de même pour les divinités régentes associées à ces 4 grandes directions (Fig. 8)<ref>{{harvsp|Eduard Georg Seler|1904|p=4}}</ref>.
[[Fichier:Codex Borgia 25.JPG|thumb|300px|'''Fig. 9 :''' page 25 du [[Codex Borgia]], montrant les 5 directions du cycle vénusien, c'est-à-dire les 4 points cardinaux avec leur dieu régent plus le Centre. En partant d'en haut à droite et dans le sens contraire aux aiguilles d'une montre, on a : à l'Est ''[[Quetzalcoatl]]'', au Nord ''[[Mixcoatl]]'', à l'Ouest ''[[Xipe Totec]]'' et au Sud ''[[Tlaloc]]''. Le signe "porteur d'années" 10-Mouvement marque le Centre, point de rupture possible du monde<ref name="Soustelle p.160-161"/>.]]


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{| class="wikitable" style="text-align:center; width:100%;"
! colspan="16" |Les 65 années vénusiennes en 5 séries de 13 /
! colspan="16" | Les {{nombre|65|années}} vénusiennes en 5 séries de 13
Distribution des dates auxquelles les signes devenaient "porteurs d'années" dans le ''[[Tonalpohualli]]''
Distribution des dates auxquelles les signes devenaient « Porteurs d'années » dans le ''[[Tonalpohualli]]''
|-
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! Série || Nom du signe || Direction || 1 || 2 || 3 || 4 || 5 || 6 || 7 || 8 || 9 || 10 || 11 || 12 || 13
! width="5%" | Série
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! width="12%" | Direction
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! 1
! 1
Ligne 294 : Ligne 308 :
| 10 || 5 || 13 || 8 || 3 || 11 || 6 || 1 || 9 || 4 || 12 || 7 || 2
| 10 || 5 || 13 || 8 || 3 || 11 || 6 || 1 || 9 || 4 || 12 || 7 || 2
|}
|}
{{Clr}}


===Le cycle vénusien===
=== Le cycle vénusien ===
En suivant ce protocole, le cycle vénusien de 65 ans commençait par le jour 1-Crocodile. Ce signe étant aussi un "porteur d’années", le dieu régent ''[[Quetzalcoatl]]'' et les particularités de l'Est marquaient donc de leur influence cette {{1re|année}}. Elle était affectée du chiffre 1. Comme dans le cycle divinatoire, le {{1er|mois}} vénusien se terminait par le jour 13-Roseau. De même, le {{2e}} débutait à la suite par la date 1-Jaguar, et ainsi de suite sans interruptions d’aucune sorte jusqu’à la fin de la {{44e}} ''[[treizaine]]''. Dans le prolongement de ce comptage de 572 jours, les anciens "Mexicains" ajoutaient 12 jours supplémentaires, qui bouclaient cette {{1re|année}} par le jour 12-Lézard. La {{2e|année}} commençait alors par le jour 13-Serpent dédié au Nord (pour achever la ''treizaine''). Et comme ce signe était aussi un "porteur d’années", le dieu influant ''[[Mixcoatl]]'' répandait à son tour ses présages sur cette période, qui se terminait par le jour supplémentaire 11-Lapin. Suivant ce principe d’incrémentation decrescendo, la {{3e|année}} consacrée à l'Ouest et à ''[[Xipe Totec]]'' débutait avec le symbole "porteur d’années" 12-Eau, et prenait fin le jour supplémentaire 10-Herbe. À la suite, la {{4e|année}} commençait invariablement par le jour "porteur d'années" 11-Roseau, associé au Sud et à ''[[Tlaloc]]'', puis se terminait par le jour supplémentaire 9-Vautour. Finalement, la {{5e|année}} était "portée" par le jour 10-Mouvement lié au Centre, et prenait fin le jour supplémentaire 8-Fleur. Au terme de ces 5 premières années, une nouvelle série s’amorçait, jusqu’à ce que chaque signe "porteur d’années" ait ainsi été numéroté 13 fois.
En suivant ces grands principes sur les propositions de [[Eduard Georg Seler|Seler]] et [[Jacques Soustelle|Soustelle]], le cycle vénusien de {{nombre|65|ans}} commençait par le jour 1-Crocodile (en synchronisation avec le ''[[Tonalpohualli]]''). Ce signe étant aussi un « Porteur d’années », le dieu régent ''[[Quetzalcoatl]]'' et les particularités de l'Est marquaient donc de leur influence cette {{1re|année}}. Elle était affectée du chiffre 1. Comme dans le cycle divinatoire, le {{1er|mois}} vénusien se terminait par le jour 13-Roseau. De même, le {{2e}} débutait à la suite par le {{14e}} signe pris sur la série de vingt, 1-Jaguar. Et ainsi de suite, sans interruptions d’aucune sorte jusqu’à la fin de la {{44e}} ''[[treizaine]]''. Dans le prolongement de ce comptage de {{nombre|572|jours}}, les anciens Mexicains ajoutaient {{nombre|12|jours}} supplémentaires, qui bouclaient cette {{1re|année}} par le jour 12-Lézard. La {{2e|année}} commençait alors par le jour 13-Serpent dédié au Nord. Et puisque ce signe était un « Porteur d’années », le dieu influant y étant associé ''[[Mixcoatl]]'' répandait à son tour ses présages sur cette nouvelle période de {{nombre|572|jours}} qui se terminait par le {{12e}} jour supplémentaire 11-Lapin. Suivant ce principe d’incrémentation, la {{3e|année}} consacrée à l'Ouest et à ''[[Xipe Totec]]'', débutait avec le symbole « Porteur d’années » 12-Eau (Ouest) et prenait fin le jour supplémentaire 10-Herbe. À la suite, la {{4e|année}} commençait invariablement par le « Porteur d'années » 11-Roseau, associé au Sud et à ''[[Tlaloc]]'', puis se terminait par le {{12e}} jour supplémentaire 9-Vautour. Finalement, la {{5e|année}} était « portée » par le jour 10-Mouvement lié au Centre et prenait fin le jour supplémentaire 8-Fleur. Au terme de ces 5 premières années, une nouvelle série s’amorçait, jusqu’à ce que chaque signe « Porteur d’années » ait ainsi été numéroté à 13 reprises.
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[[Fichier:Codex Vaticanus B 5.JPG|vignette|935px|gauche|'''Fig. 9 :''' pages 80 à 84 du [[codex Vaticanus B]], illustrant, de droite à gauche, les 5 X 13 signes « Porteurs d'années » : Crocodile, Serpent, Eau, Roseau et Mouvement<ref>{{harvsp|Eduard Georg Seler|1902|p=40-42}}</ref>. On voit aussi le dieu ''[[Tlahuizcalpantecuhtli]]'' (personnification de la planète Vénus) en train de percer de ses flèches des catégories d'humains : les vieillards sous le signe Crocodile, les jeunes gens en Serpent. Ses flèches s'attaquent même à l'Eau (ce qui provoque la sécheresse), à un symbole (le trône) et au Jaguar<ref>{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=71}}</ref>. Les points correspondent à la datation chronologique des 5 signes au cours d'un cycle divinatoire de {{nombre|260|jours}} (''[[Tonalpohualli]]'')<ref name= "Seler p.137-138"/>.]]{{Clr}}
==La cérémonie du Feu nouveau==
À l'instar de bien d'autres peuples de la [[Mésoamérique]], les [[Aztèques]] pensaient que de nombreuses forces divines se faisaient sentir sur le monde et qu'elles influaient sur les divers cycles du temps : jours, ''[[treizaine]]s'', vingtaines et années<ref name="Jacqueline de Durand-Forest p.118"/>. Selon qu’il s’agissait d’événements comme la naissance d’un enfant, le sort des moissons ou le début d’une campagne militaire, sans doute attribuait-on plus d’importance aux augures de l’un ou l’autre des 3 espaces-temps, aux influx qui régissaient les années qu’à ceux des mois ou des jours<ref>{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=163}}</ref>. Mais il y avait cependant des dates anxiogènes qui conditionnaient les comportements du peuple tout entier et englobaient l’ensemble des 3 cycles spatio-temporels{{note|texte=Le calendrier de 260 jours, combiné à celui de 365 jours, permettait d'établir la chronologie des jours et des années. Il se combinait également avec d'autres cycles astraux, en particulier celui de Vénus, dont l'observation revêtait une grande importance<ref name="Anne-Marie Vié-Wohrer p.136">{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=136}}</ref>.|groupe=note}}. Ainsi, tous les 52 ans révolus et pas avant, la fin simultanée du cycle solaire et d’un cycle divinatoire (le 73<sup>e</sup>) avait lieu. On donnait à cette période le nom de ''[[Xiuhmolpilli]]'' ("''ligature des années''"){{note|texte=Le plus petit multiple commun de 260 et 365 est 18 980. Autrement dit, un cycle solaire de 52 ans renfermait 73 cycles divinatoires, de la façon suivante : 52x365 = 72x260 = 18 980 jours. Ce n'est donc que tous les 52 ans qu'un jour portera à nouveau le même nom dans les deux systèmes comptables. On donne à cette période le nom de siècle mexicain, appelé en nahuatl ''[[Xiuhmolpilli]]'', "Ligature des années"<ref name="Anne-Marie Vié-Wohrer p.119">{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=119}}</ref>. Cette idée de ligature a pour contrepartie celle de rupture, de fissure. On ne lie que parce que l'on craint que la rupture n'amène la fin du monde<ref name="Soustelle p.156">{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=156}}</ref>.|groupe=note}}. À cette date, au cours d'une cérémonie probablement d'origine [[Toltèques|toltèque]], les prêtres aztèques tentaient, à l’aide d’une torche, d’allumer un feu sur la poitrine d’une victime<ref>{{harvsp|Jacques Soustelle|2011|p=65}}</ref>. Si le [[Cérémonie du feu nouveau|Feu nouveau]] (''Mamalhuaztli'') ne prenait pas, c’était le signe tant redouté que les ''[[Tzitzimime]]'' apparaîtraient sur terre pour anéantir toute l'humanité<ref name="Soustelle p.156"/>. Mais si au contraire l’immolation réussissait, elle faisait charnière et un nouveau cycle temporel recommençait. Par suite, 52 ans plus tard, la fin simultanée d’un second cycle solaire et d’un {{146e|cycle}} divinatoire coïncidait, cette fois-ci, avec celle du cycle vénusien{{note|texte=Le plus petit multiple commun de 260, 365 et 584 est 37 960. Il s'ensuit qu'après 104 ans, les 3 cycles spatio-temporels se réinitialisent simultanément de la manière suivante : 104x365 = 146x260 = 65x584 = 37 960 jours<ref name="Anne-Marie Vié-Wohrer p.136"/>.|groupe=note}}. C’était alors l’accomplissement d’une ''vieillesse'' (''huehuetiliztli'')<ref name="Anne-Marie Vié-Wohrer p.119"/>. Et si le [[Cérémonie du feu nouveau|''Feu nouveau'']] s’allumait, les 3 espaces-temps s’ajustaient, et recommençaient ensemble une nouvelle phase de 104 années<ref>{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=108}}</ref>. Cette période est la plus longue que les anciens Mexicains aient traitée dans leurs calculs chronologiques<ref name="Soustelle p.160-161"/>.
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== La cérémonie du « Feu nouveau » ==
===Les sacrifices humains===
[[Fichier:Borbonicus Codex Wiki 34.png|thumb|'''Fig. 10 :''' page 34 du [[codex Borbonicus]] illustrant la cérémonie du « [[Cérémonie du feu nouveau|Feu nouveau]] », un rituel séculaire qui se déroulait au cours des 5 derniers jours (''Nemontemi'') de l'ultime année d'un cycle solaire de {{nombre|52|ans}}, et qui culminait au dernier soir par le sacrifice d'une victime sur laquelle on tentait d'allumer un feu<ref name="Hamy p.21-24"/>.]]
Pour [[Jacques Soustelle|Soustelle]], la mission du peuple du Soleil consistait à repousser inlassablement l’assaut du néant. À cette fin, il fallait fournir au Soleil "l’eau précieuse" (le sang), sans quoi la machinerie du monde cesserait de fonctionner. C’est donc de cette croyance fondamentale que découlaient les pratiques aztèques de la guerre sacrée et des sacrifices humains. Puisque les dieux eux-mêmes avaient donné leur sang pour régénérer l’énergie cosmique, les hommes ne pouvaient en faire l'économie. Et si les victimes étaient le plus souvent des prisonniers de campagnes militaires, d’autres, désignées par les prêtres selon des méthodes mal connues, se prêtaient volontairement aux rites et à la mort qui les couronnait. Tel était le cas, par exemple, du jeune homme "parfait" en tous points que l'on sacrifiait chaque année à un dieu comme ''[[Tezcatlipoca]]'', ou celui des femmes qui, personnifiant des déesses, dansaient et chantaient flegmatiquement en attendant le coup violent du silex<ref>{{harvsp|Jacques Soustelle|2011|p=87 et 89}}</ref>.


À l'instar de bien d'autres peuples de la [[Mésoamérique]], les [[Aztèques]] pensaient que de nombreuses forces divines se faisaient sentir sur le monde et qu'elles influaient sur les divers cycles du temps : jours, ''[[treizaine]]s'', [[Vingtaine (Mésoamérique)|''vingtaines'']] et années<ref name="Jacqueline de Durand-Forest p.118"/>. Selon qu’il s’agissait d’événements comme la naissance d’un enfant, le sort des moissons ou le début d’une campagne militaire, sans doute attribuait-on plus d’importance aux augures de l’un ou l’autre des 3 espaces-temps, aux influx qui régissaient les années qu’à ceux des mois ou des jours<ref>{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=163}}</ref>. Toutefois, il y avait également des dates singulières qui conditionnaient les comportements du peuple tout entier et englobaient l’ensemble des 3 cycles spatio-temporels. Ainsi, tous les {{nombre|52|ans}} révolus et pas avant, la fin simultanée du cycle solaire et d’un cycle divinatoire (le {{73e}}) avait lieu. On donnait à ce « siècle » mexicain le nom de ''[[Xiuhmolpilli]]'' (« Ligature des années »){{note|texte=Le plus petit multiple commun de 260 et 365 est 18 980. Autrement dit, un cycle solaire de 52 ans renfermait 73 cycles divinatoires, de la façon suivante : 52x365 = 72x260 = 18 980 jours<ref name="Anne-Marie Vié-Wohrer p.119">{{harvsp|Danièle Dehouve|Anne-Marie Vié-Wohrer|2008|p=119}}</ref>.|groupe=note}}. Cette idée de ligature a pour contrepartie celle de rupture, de fissure. On ne lie que parce que l'on craint que la rupture n'amène la fin du monde<ref name="Soustelle p.156">{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=156}}</ref>. Dès lors, à cette date, au cours d'une cérémonie probablement d'origine [[Toltèques|toltèque]], les prêtres aztèques tentaient, à l’aide d’une torche, d’allumer un feu sur la poitrine d’une victime<ref>{{harvsp|Jacques Soustelle|2011|p=65}}</ref>. Si le « [[Cérémonie du feu nouveau|Feu nouveau]] » (''Mamalhuaztli'') ne prenait pas, c’était le signe tant redouté que les ''[[Tzitzimime]]'' apparaîtraient sur terre pour anéantir toute l'humanité<ref name="Soustelle p.156"/>. Mais si au contraire l’immolation réussissait, elle faisait charnière et un nouveau cycle temporel recommençait. Par suite, {{nombre|52|ans}} plus tard, la fin simultanée d’un second cycle solaire et d’un {{146e|cycle}} divinatoire coïncidait, cette fois-ci, avec celle du cycle vénusien{{note|texte=Le plus petit multiple commun de 260, 365 et 584 est 37 960. Il s'ensuit qu'après 104 ans, les 3 cycles spatio-temporels se réinitialisent simultanément de la manière suivante : 104x365 = 146x260 = 65x584 = 37 960 jours<ref name="Anne-Marie Vié-Wohrer p.136"/>.|groupe=note}}. C’était alors l’accomplissement d’une « Vieillesse » (''Huehuetiliztli'')<ref name="Anne-Marie Vié-Wohrer p.119"/>. Dès lors, les 3 espaces-temps s’ajustaient et recommençaient ensemble une nouvelle phase de 104 années<ref>{{harvsp|Jacques Soustelle|1979|p=108}}</ref>. Cette période est la plus longue que les Aztèques aient traitée dans leurs calculs chronologiques<ref name="Soustelle p.160-161"/>.
== Annexes ==


=== Les sacrifices humains ===
Pour [[Jacques Soustelle|Soustelle]], la mission du peuple du Soleil consistait à repousser inlassablement l’assaut du néant. À cette fin, il fallait fournir au Soleil « L’eau précieuse » (le sang), sans quoi la machinerie du monde cesserait de fonctionner. C’est donc de cette croyance fondamentale que découlaient les pratiques aztèques de la guerre sacrée et des [[Sacrifice humain chez les Aztèques|sacrifices humains]]. Puisque les dieux eux-mêmes avaient donné leur sang pour régénérer l’énergie cosmique, les hommes ne pouvaient en faire l'économie. Et si les victimes étaient le plus souvent des prisonniers de campagnes militaires{{note|texte=Selon Navarrete Linares, qui mentionne [[Michel Graulich|Graulich]], l'origine des pratiques sacrificielles remonterait à l'époque [[Toltèques|toltèque]]. Elles avaient alors comme fonction de renforcer le militarisme des guerriers (à travers le symbolisme de la mise à mort des soldats faits prisonniers). Par suite, les [[Aztèques]] les auraient « développées » en les intégrant dans des rites mythico-religieux tels que l'emblématique [[Cérémonie du feu nouveau|cérémonie du Feu nouveau]] ou encore les fêtes des [[Vingtaine (Mésoamérique)|''vingtaines'']]<ref>{{harvsp|Federico Navarrete Linares|2009|p=528}}</ref>.|groupe=note}}, d’autres, désignées par les prêtres selon des méthodes mal connues, se prêtaient volontairement aux rites et à la mort qui les couronnait. Tel était le cas, par exemple, du jeune homme « parfait » en tous points que l'on sacrifiait chaque année à un dieu comme ''[[Tezcatlipoca]]'', ou celui des femmes qui, personnifiant des déesses, dansaient et chantaient flegmatiquement en attendant le coup violent du silex<ref>{{harvsp|Jacques Soustelle|2011|p=87 et 89}}</ref>.

== Annexes ==
=== Notes ===
=== Notes ===
{{Références|taille=40|groupe="note"}}
{{Références|taille=40|groupe="note"}}


===Références===
=== Références ===
{{Références|taille=25}}
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===Bibliographie===
=== Bibliographie ===
*{{Chapitre |langue=es |auteur1=Johanna Broda|titre chapitre=El tiempo y el espacio. Dimensiones del calendario y la astronomía en Mesoamérica|auteurs ouvrage=Virginia Guedea|titre ouvrage=El Historiador frente a la Historia : El tiempo en Mesoamérica|lieu=México|éditeur=UNAM|année=2004|isbn=970-32-1871-7|lire en ligne=https://books.google.ch/books/about/El_historiador_frente_a_la_historia.html?id=3Dahb0JHoRkC&redir_esc=y|passage=76-108}}.
*{{Chapitre |langue=es|auteur1=Johanna Broda|titre chapitre=El tiempo y el espacio. Dimensiones del calendario y la astronomía en Mesoamérica|auteurs ouvrage=Virginia Guedea|titre ouvrage=El Historiador frente a la Historia : El tiempo en Mesoamérica|lieu=México|éditeur=UNAM|année=2004|isbn=970-32-1871-7|lire en ligne=https://books.google.ch/books/about/El_historiador_frente_a_la_historia.html?id=3Dahb0JHoRkC&redir_esc=y|passage=76-108}}.
*{{Chapitre |langue=es |auteur1=Johanna Broda|titre chapitre=La perceptión de la latitud geogáfica : Otra dimensión de los estudios sobre calendarios mesoamericanos y arqueoastronomía|auteurs ouvrage=Maxime Boccas y Gonzalo Pereira|titre ouvrage=Etno y Arqueo-astronomía en las Américas|lieu=Santiago de Chile|éditeur=Universidad de Chile|année=2003|isbn=956-29-9204-7|passage=77-96}}.
*{{Chapitre |langue=es|auteur1=Johanna Broda|titre chapitre=La perceptión de la latitud geogáfica : Otra dimensión de los estudios sobre calendarios mesoamericanos y arqueoastronomía|auteurs ouvrage=Maxime Boccas y Gonzalo Pereira|titre ouvrage=Etno y Arqueo-astronomía en las Américas|lieu=Santiago de Chile|éditeur=Universidad de Chile|année=2003|isbn=956-29-9204-7|passage=77-96}}.
*{{Ouvrage|langue=es|auteur1=Alfonso Caso|titre=Los calendarios prehipánicos|éditeur=Universidad National Autónoma - Institute de Investigationes Históricas|lieu=México|année=1967|pages totales=266|isbn=}}
*{{Ouvrage|auteur=Louis Cruchet|titre=Ethnoastronomie et traditions astrologiques|sous-titre=Plaidoyer pour le pluri-ethnisme de l'imaginaire astrologique|lieu=Paris|éditeur=Publibook|année=2009|pages totales=382|url=https://books.google.ch/books?id=nO3_6BUM8vUC&pg=PA49&lpg=PA49&dq=Ueuetiliztli&source=bl&ots=BwK34s0PlX&sig=3e-6n42uQt9SMDeETg4qEdkjel8&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjstLPowPPLAhVmM5oKHUnpBuwQ6AEIPzAI#v=onepage&q=Ueuetiliztli&f=false|isbn=978-2748349160}}.
*{{Ouvrage|auteur1=Louis Cruchet|titre=Ethnoastronomie et traditions astrologiques|sous-titre=Plaidoyer pour le pluri-ethnisme de l'imaginaire astrologique|éditeur=Publibook|lieu=Paris|année=2009|pages totales=382|isbn=978-2-7483-4916-0|lire en ligne=https://books.google.ch/books?id=nO3_6BUM8vUC&pg=PA49&dq=Ueuetiliztli}}.
*{{Ouvrage|titre=Le Mexique précolombien|lieu=Bruxelles|éditeur=Artis-Historia|collection=Arts et Civilisations|année=1993|pages totales=168|auteur=René Dalemans}}
*{{Ouvrage|auteur1=Danièle Dehouve|auteur2=Anne-Marie Vié-Wohrer|titre=Le Monde des Aztèques|lieu=Paris|éditeur=Riveneuve|année=2008|pages totales=335|isbn=978-2-914214-51-3}}.
*{{Ouvrage|auteur1=[[René Dalemans]]|titre=Le Mexique précolombien|éditeur=Artis-Historia|collection=Arts et Civilisations|lieu=Bruxelles|année=1993|pages totales=168|isbn=}}
*{{Ouvrage|auteur=Jacqueline de Durand-Forest|titre=Les Aztèques|lieu=Paris|éditeur=Les Belles Lettres|collection=Les Belles Lettres des Civilisations|année=2010|année première édition=2008|pages totales=268|isbn=978-2-251-41041-8}}.
*{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Danièle Dehouve|auteur2=Anne-Marie Vié-Wohrer|titre=Le Monde des Aztèques|éditeur=Riveneuve|lieu=Paris|année=2008|pages totales=335|isbn=978-2-914214-51-3}}.
*{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jacqueline de Durand-Forest|titre=Les Aztèques|éditeur=Les Belles Lettres|collection=Les Belles Lettres des Civilisations|lieu=Paris|année=2010|année première édition=2008|pages totales=268|isbn=978-2-251-41041-8}}.
*{{Ouvrage|auteur=Michel Graulich|titre=Mythes et rituels du Mexique ancien préhispanique|lieu=Bruxelles|éditeur=Académie Royale|collection=Classe de Lettre|année=1987|pages totales=463}}
*{{Article|langue=es|auteur1=Michel Graulich|titre=Acerca del "Problema de ajustes del año Calendárico mesoamericano al año trópico"|périodique=Estudios De Cultura Náhuatl|année=2009|numéro=33|pages=45-56|lire en ligne=https://nahuatl.historicas.unam.mx/index.php/ecn/article/view/9267}}.
*{{Ouvrage|auteur=Ernest Théodore Hamy|titre=Manuscrit mexicain de la bibliothèque du palais Bourbon|sous-titre=Livre divinatoire et Rituel figuré|lieu=Paris|éditeur=Ernest Leroux|année=1899|pages totales=24|url=http://www.famsi.org/spanish/research/loubat/Booklets/Booklet_Borbonicus.pdf}}.
*{{Ouvrage|auteur=Daniel Odier|titre=Le Job: entretiens avec William Burroughs|lieu=Paris|éditeur=Belfond|année=1979|année première édition=1968|pages totales=254|isbn=2-7144-1193-2}}.
*{{Ouvrage|auteur1=Michel Graulich|titre=Mythes et rituels du Mexique ancien préhispanique|éditeur=Académie Royale|collection=Classe de Lettre|lieu=Bruxelles|année=1987|pages totales=463|isbn=978-2-803-10170-2}}
*{{Ouvrage|auteur1=Ernest Théodore Hamy|titre=Manuscrit mexicain de la bibliothèque du palais Bourbon|sous-titre=Livre divinatoire et Rituel figuré|éditeur=Ernest Leroux|lieu=Paris|année=1899|pages totales=24|lire en ligne=http://www.famsi.org/spanish/research/loubat/Booklets/Booklet_Borbonicus.pdf}}.
*{{Ouvrage|langue=es|auteur=Bernardino de Sahagún|titre=[[Codex de Florence|Historia general de las cosas de Nueva España]]|volume=2|numéro chapitre=1-20|éditeur=Porrúa|lieu=México,D.F.|année=1985|année première édition=1577|isbn=970-07-6492-3|url=https://web.archive.org/web/20120203111029/http://www.artehistoria.jcyl.es/cronicas/contextos/11500.htm}}.
*{{Article|langue=es|auteur1=Gabriel Kenrick Kruell|titre=Revisión histórica del "bisiesto náhuatl": en memoria de Michel Graulich|périodique=Trace|année=2019|numéro=75|pages=155-187|lire en ligne=http://journals.openedition.org/trace/3975}}.
*{{Ouvrage|langue=de|titre=Codex Fejérváry-Mayer|sous-titre=Eine altmexikanische Bilderschrift der Free Public Museums in Liverpool (panneaux illustrés)|lieu=Berlin|année=1901|pages totales=43|auteur=Eduard Georg Seler|url=http://www.famsi.org/spanish/research/loubat/Booklets/Seler_Fejervary_Plates.pdf}}
*{{Article|langue=es|auteur1=Gabriel Kenrick Kruell|titre=Algunas Precisiones terminológicas Sobre El Calendario náhuatl|périodique=Estudios De Cultura Náhuatl|année=2017|numéro=54|pages=135-164|lire en ligne=https://nahuatl.historicas.unam.mx/index.php/ecn/article/view/77841}}.
*{{Ouvrage|langue=de|titre=Codex Vaticanus Nr. 3773|sous-titre=Eine altmexikanische Bilderschrift der Vatikanischen Bibliothek (panneaux illustrés)|lieu=Berlin|année=1902|pages totales=48|auteur=Eduard Georg Seler|url=http://www.famsi.org/spanish/research/loubat/Booklets/Seler_Vaticanus_Plates.pdf}}.
*{{Article|langue=es|auteur1=Federico Navarrete Linares|titre=Michel Graulich, Le Sacrifice Humaine Chez Les Aztèques|périodique=Estudios De Cultura Náhuatl|année=2009|numéro=38|pages=526-531|lire en ligne=https://nahuatl.historicas.unam.mx/index.php/ecn/article/view/9343}}.
*{{Ouvrage|langue=de|titre=Codex Borgia|sous-titre=Eine altmexikanische Bilderschrift der Bibliothek der Congregatio de Propaganda Fide (panneaux illustrés)|volume=1|lieu=Berlin|année=1904|pages totales=28|auteur=Eduard Georg Seler|url=http://www.famsi.org/spanish/research/loubat/Booklets/Seler_Borgia_1_Plates.pdf}}.
*{{Ouvrage|langue=de|titre=Codex Borgia|sous-titre=Eine altmexikanische Bilderschrift der Bibliothek der Congregatio de Propaganda Fide (panneaux illustrés)|volume=2|lieu=Berlin|année=1905|pages totales=38|auteur=Eduard Georg Seler|url=http://www.famsi.org/spanish/research/loubat/Booklets/Seler_Borgia_2_Plates.pdf}}.
*{{Ouvrage|langue=es|auteur1=Bernardino de Sahagún|titre=[[Codex de Florence|Historia general de las cosas de Nueva España]]|volume=2|éditeur=Porrúa|lieu=México,D.F.|année=1985|année première édition=1577|pages totales=1093|isbn=970-07-6492-3|lire en ligne=https://web.archive.org/web/20120203111029/http://www.artehistoria.jcyl.es/cronicas/contextos/11500.htm|numéro chapitre=1-20}}.
*{{Ouvrage|langue=de|titre=Codex Borgia|sous-titre=Eine altmexikanische Bilderschrift der Bibliothek der Congregatio de Propaganda Fide|volume=2|lieu=Berlin|année=1906|pages totales=310|auteur=Eduard Georg Seler|url=http://www.famsi.org/spanish/research/loubat/Booklets/Seler_Borgia_2.pdf}}.
*{{Ouvrage|langue=de|auteur1=Eduard Georg Seler|titre=Codex Borgia|sous-titre=Eine altmexikanische Bilderschrift der Bibliothek der Congregatio de Propaganda Fide|volume=2|éditeur=|lieu=Berlin|année=1906|pages totales=310|lire en ligne=http://www.famsi.org/spanish/research/loubat/Booklets/Seler_Borgia_2.pdf}}.
*{{Ouvrage|langue=de|auteur1=Eduard Georg Seler|titre=Codex Borgia|sous-titre=Eine altmexikanische Bilderschrift der Bibliothek der Congregatio de Propaganda Fide (panneaux illustrés)|volume=2|éditeur=|lieu=Berlin|année=1905|pages totales=38|lire en ligne=http://www.famsi.org/spanish/research/loubat/Booklets/Seler_Borgia_2_Plates.pdf}}.
*{{Ouvrage|auteur=Mireille Simoni|titre=Encyclopædia Universalis|titre chapitre=Aztèques|volume=3|éditeur=Encyclopædia Universalis|année=2002|lieu=Paris|isbn=2852295504}}.
*{{Ouvrage|langue=de|auteur1=Eduard Georg Seler|titre=Codex Borgia|sous-titre=Eine altmexikanische Bilderschrift der Bibliothek der Congregatio de Propaganda Fide (panneaux illustrés)|volume=1|éditeur=|lieu=Berlin|année=1904|pages totales=28|lire en ligne=http://www.famsi.org/spanish/research/loubat/Booklets/Seler_Borgia_1_Plates.pdf}}.
*{{Ouvrage|auteur=Jacques Soustelle|titre=Les Aztèques|lieu=Paris|éditeur=Presses Universitaires de France|collection=Que sais-je?|année=2011|année première édition=1970|pages totales=127|isbn=978-2-13-058644-9}}.
*{{Ouvrage|langue=de|auteur1=Eduard Georg Seler|titre=Codex Vaticanus Nr. 3773|sous-titre=Eine altmexikanische Bilderschrift der Vatikanischen Bibliothek (panneaux illustrés)|éditeur=|lieu=Berlin|année=1902|pages totales=48|lire en ligne=http://www.famsi.org/spanish/research/loubat/Booklets/Seler_Vaticanus_Plates.pdf}}.
*{{Ouvrage|titre=L'Univers des Aztèques|lieu=Paris|éditeur=Hermann|collection=Savoir|année=1979|pages totales=170|isbn=2-7056-5901-3|auteur=Jacques Soustelle}}.
*{{Ouvrage|langue=de|auteur1=Eduard Georg Seler|titre=Codex Fejérváry-Mayer|sous-titre=Eine altmexikanische Bilderschrift der Free Public Museums in Liverpool (panneaux illustrés)|éditeur=|lieu=Berlin|année=1901|pages totales=43|lire en ligne=http://www.famsi.org/spanish/research/loubat/Booklets/Seler_Fejervary_Plates.pdf}}
*{{Ouvrage|auteur1=Mireille Simoni|titre=Encyclopædia Universalis|volume=3|éditeur=Encyclopædia Universalis|lieu=Paris|année=2002|isbn=2-85229-550-4|titre chapitre=Aztèques}}.
*{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jacques Soustelle|titre=Les Aztèques|éditeur=Presses Universitaires de France|collection=Que sais-je?|lieu=Paris|année=2011|année première édition=1970|pages totales=127|isbn=978-2-13-058644-9}}.
*{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jacques Soustelle|titre=L'Univers des Aztèques|éditeur=Hermann|collection=Savoir|lieu=Paris|année=1979|pages totales=170|isbn=2-7056-5901-3}}.


===Articles connexes===
=== Articles connexes ===
* [[Mythologie aztèque]]
* [[Mythologie aztèque]]
* [[Codex mésoaméricain]]
* [[Codex mésoaméricain]]

Dernière version du 14 janvier 2024 à 02:10

Calendrier aztèque
Description de cette image, également commentée ci-après
Page 21 du codex Borbonicus montrant la moitié d'un siècle mésoaméricain de 52 ans (Xiuhmolpilli), soit 26 glyphes « porteurs d'années ». Au centre est représenté le couple primordial de l’humanité avec une figure féminine de la Nuit (Oxomoco) et une autre masculine se rapportant au Jour (Cipactonal). La femme à gauche sème le contenu d’un bol, tandis que son vis-à-vis brandit d’une main un encensoir et tient de l’autre une épine de maguey servant à verser le sang. Considérés comme les créateurs du "Livre des destins" (Tonalamatl), ils sont représentés à l’intérieur d’une grotte dans laquelle on reconnait, en haut à droite, le glyphe Crocodile, le 1er des 20 signes du "compte des jours" (Tonalpohualli)[1].
Religion Aztèque
Lieu Plateau central du Mexique
Langue(s) Nahuatl
Localité significative Mexico-Tenochtitlan

Le calendrier aztèque, ou mexica, était intimement lié à la mythologie des anciens peuples de la Mésoamérique, ceux qui jadis occupaient le plateau central de l'actuel Mexique, et qui ont formé, entre nos XIVe et XVIe siècles « occidentaux », la civilisation aztèque. Fondé sur l'observation astronomique et exprimant un système de croyances chargé de représentations abstraites (divinités, symboles, numéros, couleurs, qui se combinent et se reflètent les uns sur les autres)[2], le temps « mexicain » ne se distinguait pas radicalement de l'espace conçu comme un milieu hétérogène et doué de propriétés singulières selon les orientations cardinales. De même, à la différence de nos habitudes mentales, il n’était pas perçu comme linéaire (compte long), mais s’appréhendait de manière cyclique, à travers 3 systèmes comptables parallèles et imbriqués mettant en lumière des connaissances astronomiques élaborées. Dans cette compréhension, il convient donc de parler du « système calendaire aztèque » et de ses cycles spatio-temporels divinatoire, solaire et vénusien[3].

En première lecture, le système calendaire aztèque peut nous paraître anarchique. Juste après la conquête espagnole du Mexique, le missionnaire franciscain Bernardino de Sahagún avait, du reste, cédé à cet a priori, en le décrivant comme une affaire de sorcellerie, plutôt que comme une chose quelconque, ingénieuse ou raisonnable[4]. Mais sa cohésion est faite des attitudes sentimentales et affectives codifiées en mythes et en rituels par le peuple qui l'a élaboré. En ce sens, il ne plonge pas ses racines dans des réflexions rationnelles fondées uniquement sur l'expérience. Son unité, sa solidité interne sont subjectives[2]. Finalement, il faut garder à l'esprit que le calendrier aztèque était issu des croyances anciennes (cosmogonie) de tribus diverses[5]. De ce fait, cet ensemble de computation du temps n'avait pas encore, au moment où les Européens l'ont découvert, subi une rationalisation comparable à celui des Mayas[6].

Origines et sources[modifier | modifier le code]

Les connaissances astronomiques et l'élaboration des cycles calendaires mésoaméricains résultent d'observations et d’études menées durant plusieurs millénaires, essentiellement par les sociétés olmèques et mayas. Le cycle divinatoire de 260 jours, ainsi que son articulation avec les cycles solaire et vénusien, s'est dès lors diffusé largement à travers toute cette aire culturelle de l'Amérique précolombienne. Mais la première preuve tangible de l'existence de ce type de comput date d'environ 600 av. J.-C. Elle a été découverte dans les ruines de San José Mogote, près de Oaxaca au Mexique. Il s'agit d'une pierre servant de seuil à deux édifices sur laquelle est sculpté le corps d'un homme sacrifié. L'inscription qui l'accompagne indiquerait le nom calendaire du captif ou alors la date de son immolation. De même, datées entre 500 et 400 av. J.-C., les nombreuses stèles (los Danzantes) du site archéologique voisin de Monte Albán montrent quant à elles une série de prisonniers qui tous portent au pied le glyphe d'un jour du calendrier divinatoire. Hormis ce type d'informations (inscriptions sculptées sur des stèles en pierre et dont les Mayas nous ont laissé d'importants vestiges), la plupart des sources aztèques ou même mixtèques consistent dans les quelques codex précolombiens qui ont échappé à la destruction par les Espagnols, et les manuscrits élaborés peu après la Conquête. L'aspect fragmentaire et hétéroclite de ces sources explique notamment que de nombreuses lacunes persistent dans la connaissance des calendriers aztèques[7].

L’espace[modifier | modifier le code]

Selon Jacques Soustelle, qui mentionne la Historia de los Mexicanos por sus pinturas, les Aztèques imaginaient l’espace organisé en strates. Au-dessus de leur tête se trouvaient 13 cieux superposés, avec leur population bigarrée de monstres et de divinités, auxquels ils attribuaient des particularités. Par exemple, le 1er ciel était le séjour des étoiles, le 2e celui de démons squelettiques (Tzitzimime) qui menaçaient l'équilibre du monde. Les « Oiseaux précieux » occupaient quant à eux le 4e ciel. Il faut entendre par là les âmes des guerriers sacrifiés qui après 4 ans revenaient sur terre peupler les campagnes du Mexique. Dans le 6e ciel, habité par Quetzalcoatl, se trouvaient les 4 vents (un pour chaque point cardinal). Telle était, en résumé, la représentation mexicaine des cieux[8]. Par suite, plus bas, en dessous de la voûte céleste, venaient alors les 9 couches du monde terrestre s’étageant du sommet des montagnes (séjour de Tepeyollotl et des nuages) jusqu'aux profondeurs souterraines (pays de Mictlan), elles-mêmes parcourues par 9 rivières[9]. Hormis cet espace vertical, les anciens Mexicains reconnaissaient à chacune de ces strates une dimension horizontale à 4 directions. En voici une description succincte faisant principalement référence aux propositions de Soustelle et Durand-Forest[10],[11].

Les 4 grandes directions[modifier | modifier le code]

Fig. 1 : page 72 du codex Borgia, montrant les 4 directions et leur divinité régente. L'Est est en bas à gauche, le Nord à droite, l'Ouest au-dessus et le Sud en haut à gauche. Au Centre, on distingue la figure d'un Tzitzimime, un démon menaçant l'équilibre du monde[12]. Disposés et représentés tout autour des figures centrales, les 5 signes temporels associés à chacune des 4 grandes directions.

Symbolisées par des couleurs, chargées d’attributs divers et traversées par des phénomènes naturels[note 1], les 4 grandes directions ou points cardinaux étaient représentées dans l’ordre suivant : l’Est en haut du plan horizontal, le Nord à gauche, l’Ouest en bas et le Sud à droite[15]. Ces espaces orientés jouaient un rôle fondamental dans les conceptions cosmologiques des anciens Mexicains. À l'image du Soleil qui monte dans le ciel, atteint son apogée, avant de redescendre pour disparaître, ils fournissaient la représentation et les lieux de tout ce qui sur terre croît et décroît (végétation, vie humaine, astres, etc.)[16]. Plusieurs manuscrits représentent ces espaces en leur associant des divinités qui y séjournaient. Mais, selon l'origine des codex et les auteurs qui les ont interprétés, ces corrélations varient sensiblement. Par exemple, certains spécialistes en proposent toute une liste alors que d'autres, comme Durand-Forest, se limitent à deux entités principales (Tlaloc et Tlazolteotl) qui, du fait de leur conception quadruple ou quintuple (croyance selon laquelle elles étaient susceptibles d'incarner d'autres divinités) pouvaient être assignées à l'ensemble des 4 grandes directions[17].

  • L’Est était désigné par la couleur rouge et comme étant le « Côté de l'Aube » (Tlapcopa), car c’est à l’Est qu'apparaît le Soleil. Les Aztèques associaient à cet espace les notions de résurrection, de jeunesse et de fertilité. Le vent qui le traversait était doux, tiède et favorable. C’était un pays paisible, le paradis terrestre (Tlalocan). Les divinités résidentes étaient Tlaloc (Fig. 1) et Tonatiuh (Fig. 3).
  • Le Nord était évoqué par la couleur noire et comme étant le « Côté de la Nuit » (Mictlampa). C’est en ce lieu que se trouvait le séjour des morts. Mais le Nord était aussi le pays de la guerre, de la chasse. Il évoquait l’hiver, la saison sèche et les famines. Le vent qui s’y répandait était un souffle violent et glacial. Tlazolteotl (Fig. 1) et Tezcatlipoca (Fig. 3) demeuraient dans cette direction.
  • L’Ouest était figuré par la couleur blanche et comme étant le « Côté du Déclin » (Tamoanchan), là où disparaît le Soleil. C’était l’endroit où se retirait la végétation vieille et usée, le vieux maïs ainsi que les anciens dieux déchus. Mais l’Ouest était aussi le côté des femmes, des fleurs et de l'amour. Le vent qui le balayait était frais et humide. Avec le dieu Quetzalcoatl (Fig. 1), la déesse Centeotl (Fig. 3) y séjournait.
  • Le Sud, quant à lui, était symbolisé par la couleur bleue et comme étant le « Côté des Épines » (Huitzlampa). Ce lieu aride, où la végétation était maigre, asséchée par le Soleil du zénith et un vent brûlant, se transformait néanmoins à la saison des pluies en un pays tropical luxuriant. C'était aussi le lieu de résidence de Macuilxochitl (Fig. 1) et de Mictlantecuhtli (Fig. 3).

Aux yeux des Aztèques, le monde trouvait son équilibre au Centre, dans le « Nombril de la Terre » (Tlalxicco) qui conduisait de l’Est à l’Ouest et du Nord au Sud. Pourtant, là encore, on est loin de se trouver devant une image homogène pour cette 5e direction cardinale. Car si le Centre était souvent considéré comme le point où les particularités attachées à chaque direction se totalisaient dans un dessein favorable, parfois il n'était plus que le lieu inquiétant des apparitions et des mauvais présages[14]. Quoi qu'il en soit, même si les relations latérales et transversales opposaient les caractères antithétiques des divers espaces (directions et strates), elles les rapprochaient aussitôt à travers d'autres affinités ou particularités analogues. Cette association des contraires était familière à la pensée cosmologique mexicaine[18].

Le temps[modifier | modifier le code]

Fig. 2 : sculptés sur la Pierre du Soleil, dans une configuration circulaire, les 20 glyphes temporels (colorisation didactique). La lecture se fait de midi et dans le sens contraire aux aiguilles d'une montre.

L'astronomie aztèque était fondée sur l'observation, « à l’œil nu », de l'horizon et de la voûte céleste à partir d'un point fixe convenablement orienté (depuis l'autel d'un temple par exemple), et d'où l'observateur assistait tout au long de l'année aux phénomènes astraux[19]. Grâce à cette technique, les prêtres, astronomes et astrologues détenaient des connaissances précises quant à la durée de l'année, à la détermination des solstices, aux phases de la Lune, à la révolution de la planète Vénus et à l’agencement des constellations[6].

De même que les espaces étaient foncièrement différents les uns des autres et constituaient des aires qualitativement singulières, de même les temps étaient profondément distincts, et chaque temps particulier était en rapport avec un espace déterminé[20]. Cette conception du monde provient de l'expérience fondamentale vécue par les prêtres aztèques scrutant le lever du Soleil face à l'horizon et depuis un point fixe orienté. De la sorte et pour exemple, l’observation du solstice d'hiver représentait pour eux une expérience à la fois temporelle et spatiale. Car à cette période de l'année, le Soleil apparaissait sur leur droite (le plus à l'Est). À l'inverse, au solstice d'été, il se levait sur leur gauche (le plus au Nord)[21]. En outre, au moment de l'équinoxe d'automne ou de printemps, l'Est n'était pas seulement face à l'observateur aztèque, il était aussi au-dessus puisque le Soleil montait au fil des heures dans le ciel comme s'il gravissait les degrés d'une pyramide. Puis, lorsque l'astre redescendait pour disparaître à l'horizon, l'Ouest n'était pas seulement derrière lui, il était également au-dessous[16]. Cette cosmovision du monde prenait aussi forme dans le tracé des cités. Les pyramides et les agglomérations aztèques s'intégraient dans le paysage selon un dessein délibéré fondé sur l'observation de la course du Soleil et des saisons de l'année[22]. Cette dimension de la cité méso-américaine avait échappé aux premiers Espagnols, dont les chroniques ne soulèvent jamais cet aspect[23].

Les 20 signes temporels[modifier | modifier le code]

Fig. 3 : pages 12 et 13 du codex Cospi illustrant les 4 points cardinaux. l'Est est en haut à gauche, le Nord en dessous, l'Ouest à droite et le Sud au-dessus. À la gauche des divinités y séjournant, les 5 signes associés à chacune des 4 grandes directions[24].

Pour réaliser leurs mesures chronologiques, les prêtres aztèques utilisaient une base arithmétique vigésimale[6] composée d’une série de 20 symboles dits « journaliers ». Ces signes, représentant des entités ou des phénomènes naturels (animaux, végétaux, vent, eau, pluie) et des symboles religieux (temple, objets de culte, invocations spatiales, etc.), se succédaient indéfiniment, toujours dans le même ordre et sans interruption d'aucune sorte[20]. Rattachés au symbolisme de l’une ou l’autre des 4 directions cardinales, et placés sous le patronage d'une divinité régente, ils revêtaient alors, selon une lecture magico-religieuse, des caractéristiques prophétiques[25]. En plus du 20, les nombres utilisés pour la computation du temps étaient : le 13, relatif à la somme des strates de l’espace céleste ; le 18, totalisant les 9 couches de l’espace terrestre et ses 9 rivières souterraines ; le 4 et le 5 se rapportant aux 4 points cardinaux plus le Centre.

La pictographie des 20 signes temporels est présentée à la suite. Ceux-ci sont accompagnés de leur nom en français traduit de la langue nahuatl (en italique), de l’influence spatiale et de la divinité dont ils étaient affectés (selon les interprétations faites par Seler des pages 9 à 13 du codex Borgia précolombien).

(1) (2) (3) (4) (5)
Cipactli → Crocodile Ehecatl → Vent Calli → Maison Cuetzpalin → Lézard Coatl → Serpent
Est-rouge Nord-noir Ouest-blanc Sud-bleu Est-rouge
Tonacatecuhtli Quetzalcoatl Tepeyollotl Huehuecoyotl Chalchiuhtlicue
(6) (7) (8) (9) (10)
Miquiztli → Mort Mazatl → Chevreuil Tochtli → Lapin Atl → Eau Itzcuintli → Chien
Nord-noir Ouest-blanc Sud-bleu Est-rouge Nord-noir
Tecciztecatl Tlaloc Mayahuel Xiuhtecuhtli Mictlantecuhtli
(11) (12) (13) (14) (15)
Ozomahtli → Singe Malinalli → Herbe Acatl → Roseau Ocelotl → Jaguar Cuauhtli → Aigle
Ouest-blanc Sud-bleu Est-rouge Nord-noir Ouest-blanc
Xochipilli Patecatl Tezcatlipoca Tlazolteotl Xipe Totec
(16) (17) (18) (19) (20)
Cozcacuauhtli → Vautour Ollin → Mouvement Tecpatl → Silex Quiahuitl → Pluie Xochitl → Fleur
Sud-bleu Est-rouge Nord-noir Ouest-blanc Sud-bleu
Itzpapalotl Xolotl Chalchiuhtotolin Tonatiuh Xochiquetzal
Fig. 4 : pages 9 à 13 du codex Borgia, exposant en face à face la relation des 20 signes temporels avec leur divinité influente. La lecture se fait de la droite vers la gauche de la ligne du bas, puis de la gauche vers la droite de la ligne du haut[26].

L'espace-temps divinatoire[modifier | modifier le code]

Fig. 5 : page 13 du codex Borbonicus, exposant la 13e treizaine du cycle divinatoire consacrée à la déesse Tlazolteotl et à Tezcatlipoca (grande case supérieure). La lecture des 13 signes journaliers (numérotés par des points rouges et accompagnés d'un seigneur de la nuit) se fait de gauche à droite de la ligne du bas, puis de bas en haut. Dans les cases adjacentes, les 13 seigneurs du jour avec leur oiseau « précieux ».

Consacré essentiellement aux lectures prophétiques, l'espace-temps divinatoire remplissait des fonctions que l'on peut qualifier d'astrologiques (prédictions établies en considérant les influences des divinités sur les différentes subdivisions temporelles)[25]. Il comptait 260 jours et se déroulait en un cycle continu de 20 mois de 13 jours (13 x 20 = 260) que les Aztèques appelaient : Tonalpohualli (« compte des jours » ou « des destins »)[27]. Pour la datation, chaque symbole temporel était numéroté de 1 à 13 en fonction de la position qu'il occupait dans la série. Dans cette compréhension, si le 1er mois (ou treizaine) de l'année débutait logiquement par le 1er signe temporel, le 2e commençait quant à lui par le 14e symbole qui était alors affecté du chiffre 1 (1er jour du 2e mois). En sus, sur un plan plus large, la divinité associée au signe du 1er jour de chaque mois revêtait une importance particulière[25]. De même, en mentionnant Hamy[28], chaque série de 13 jours était consacrée à une divinité (parfois deux) qui régentait toute la période en cours (et qui pouvait être la même que celle associée au 1er jour du mois - cf. Tableaux des signes temporels et des treizaines ci-dessous).

À cette représentation déjà fort complexe, le codex Borbonicus (dont on ne sait pas s'il a été peint avant ou après la chute de l'Empire aztèque) vient ajouter des paramètres qui ne sont pas moins riches symboliquement. Dans ce manuscrit, somme toute « récent », chaque jour est également influencé, d'une part, pendant les heures diurnes, par l'un des 13 « Seigneurs du jour » accompagné d'un « Oiseau précieux » et, d'autre part, par l'un des 9 « Seigneurs de la nuit » dont le règne, bénéfique ou maléfique, durait du coucher au lever du Soleil[29]. Au fil des treizaines, les « Seigneurs du jour » et de la nuit se succédaient dans un ordre invariable.

En résumé, chaque jour subissait l'influence conjuguée du dieu régent de la treizaine, du dieu (et de la direction) associé à son signe, de son nombre, d'un « Seigneur du jour » flanqué d'un volatile et d'un « Seigneur de la nuit ». Cycle après cycle, cette association était stable, chaque jour conservait les mêmes patrons[30].

Les 20 mois ou treizaines avec leur principale divinité consacrée (selon la codex Borbonicus)
Nom du mois Suite des jours (treizaine) Divinité consacrée Nom du mois Suite des jours (treizaine) Divinité consacrée
1 Crocodile 1-Crocodile → 13-Roseau Tonacatecuhtli 11 Singe 1-Singe → 13-Maison Patecatl
2 Jaguar 1-Jaguar → 13-Mort Quetzalcoatl 12 Lézard 1-Lézard → 13-Vautour Itztlacoliuhqui
3 Chevreuil 1-Chevreuil → 13-Pluie Tepeyollotl 13 Mouvement 1-Mouvement → 13-Eau Tlazolteotl
4 Fleur 1-Fleur → 13-Herbe Huehuecoyotl 14 Chien 1-Chien → 13-Vent Xipe Totec
5 Roseau 1-Roseau → 13-Serpent Chalchiuhtlicue 15 Maison 1-Maison → 13-Aigle Itzpapalotl
6 Mort 1-Mort → 13-Silex Tonatiuh 16 Vautour 1-Vautour → 13-Lapin Xolotl
7 Pluie 1-Pluie → 13-Singe Tlaloc 17 Eau 1-Eau → 13-Crocodile Chalchiutotolin
8 Herbe 1-Herbe → 13-Lézard Mayahuel 18 Vent 1-Vent → 13-Jaguar Chantico
9 Serpent 1-Serpent → 13-Mouvement Xiuhtecuhtli 19 Aigle 1-Aigle → 13-Chevreuil Xochiquetzal
10 Silex 1-Silex → 13-Chien Mictlantecuhtli 20 Lapin 1-Lapin → 13-Fleur Xiuhtecuhtli
Fig. 6 : pages 1 à 8 du codex Borgia, figurant un Tonalamatl (« Livre des destins »)[31]. De droite à gauche et de bas en haut, les 260 jours du cycle divinatoire[32].

Le cycle divinatoire[modifier | modifier le code]

Sur ces prémisses, en suivant principalement Soustelle et sans intégrer les « Seigneurs du jour » et de la nuit représentés sur le codex Borbonicus, le cycle divinatoire commençait par le signe « Crocodile » dédié à l'Est[33]. Il était donc affecté du chiffre 1, et constituait ainsi la date univoque 1-Crocodile. Dans le prolongement de ce mouvement en treizaines, le 1er mois dominé par Tonacatecuhtli se terminait par le jour favorable 13-Roseau (Est). Le second débutait à la suite, sous les auspices de Quetzalcoatl, par la date néfaste 1-Jaguar qui était rattachée au Nord. Par enchaînements successifs, le 19e mois consacré à Xochiquetzal s’achevait alors par le jour favorable 13-Chevreuil venu de l'Ouest et patronné par Tlaloc. Finalement, le 20e et dernier mois dominé par Xiuhtecuhtli s’amorçait par le jour 1-Lapin associé au Sud comme à Mayahuel, et se terminait à la date 13-Fleur (au Sud et sous l'influence de Xochiquetzal). 20 n’étant pas divisible par 13, il en résulte que les symboles n’étaient jamais affectés du même numéro au cours du même cycle de 260 jours[34]. À la fin de la 20e et dernière treizaine, un nouveau cycle divinatoire de 260 jours recommençait à la position 1-Crocodile.

Par ailleurs, à l'intérieur de ces treizaines, les jours portant les chiffres 3, 7, 10, 11, 12 ou 13 passaient généralement pour favorables ; ceux qui portaient les numéros 4, 5, 6, 8 ou 9, pour néfastes[35]. Les prêtres spécialisés nommés, Tonalpouhque, interprétaient les signes dans des circonstances particulières comme la naissance, le mariage, le départ des marchands ou l’élection des chefs. Chaque jour, ou chaque série de 13 jours, était également apprécié(e), en plus des augures dictés par la numérologie, en fonction des divinités qui le/la régentaient[36]. Par exemple, les hommes qui naissaient le jour 1-Mort étaient destinés à devenir sorciers, 7-Fleurs était favorable aux peintres, 1-Serpent aux négociants, 9-Chien à la magie noire et aux ciseleurs, 1-Maison aux médecins et aux sages-femmes[35].

Les nombres 260 et 105[modifier | modifier le code]

Avec le compte des 260 jours, les Mésoaméricains avaient découvert un nombre immédiatement utile à leurs calculs calendaires. Mais comment a-t-il été trouvé ? Certains chercheurs pensent que 260 est tout simplement issu d'une opération arithmétique, c'est-à-dire de la combinaison des séries de 13 et de 20. Autrement dit, et comme Bernardino de Sahagún jadis, ils pensent que le Tonalpohualli n'était fondé sur aucun cycle naturel ou astronomique[37]. D'autres au contraire estiment qu'il est une donnée naturelle résultant notamment de l'observation du cycle solaire. Car à la latitude de 15°N (parallèle géographique passant par l'Amérique centrale), les deux passages annuels du Soleil au zénith s'y produisent le 30 avril et le 13 août : de la première à la deuxième date s'écoulent 105 jours, puis justement 260 de la deuxième à la première[38]. L'ethnohistorienne Johanna Broda (es), qui a depuis longtemps fait remarquer l'importance de ces deux dates en Mésoamérique[39], suppose que cette division de l'année en deux parties de 260 et 105 jours aurait été « importée » en terre aztèque via le développement politique et les échanges culturels entre l'ancienne cité maya de Copán au Honduras, située précisément à la latitude de 15°N, et certaines villes comme Teotihuacan. Il est toutefois certain que ce nombre n'a pu leur sembler « parfait » qu'après que la durée des cycles solaire et vénusien eut été déterminée[38] (cf. La cérémonie du « Feu nouveau »).

L'espace-temps solaire[modifier | modifier le code]

Fig. 7 : page 1 du codex Fejérváry-Mayer. Croix de Malte dont les 4 bras forment les directions cardinales. Du coin supérieur gauche et dans le sens contraire aux aiguilles d'une montre on remarque les 4 signes « porteurs d'années » du cycle solaire : Roseau (Est), Silex (Nord), Maison (Ouest) puis Lapin (Sud). Au centre, le dieu du Feu Xiuhtecuhtli, parce que le foyer se trouve au milieu de la maison[40].

Rythmant les saisons et les activités agricoles[41], l'espace-temps solaire se déroulait en un cycle continu de 13 séries de 4 années comptant 365 jours chacune[42]. Cela donnait une période de 52 ans (13×4) qui totalisait 18 980 jours (52×365) et que les Aztèques appelaient Xiuhtlapohualli (« compte des années »)[43]. Tout comme notre calendrier grégorien, l’année solaire aztèque, nommée Xiuhpohualli (« compte annuel »)[44], se référait à l’orbite sidérale de la Terre autour du Soleil[6]. Mais ses 365 jours étaient quant à eux subdivisés en 18 mois de 20 jours (vingtaines), plus 5 jours supplémentaires (Nemontemi) qui étaient perçus comme néfastes. Par ailleurs, pour Dehouve et Vié-Wohrer, le Xiuhpohualli ne visait pas à donner un nom aux jours, une date. Car selon elles, cette fonction revenait exclusivement au Tonalpohualli, dont les cycles de 260 jours « flottaient », se succédaient d'une année solaire à l'autre[27]. Il en résultait que le 1er jour d'une année solaire n'était pas systématiquement le 1 (à l'image du 1er septembre par exemple), mais s’échelonnait de 1 à 13.

Concernant le déroulement des 52 années, nombre d'auteurs se référant aux travaux de Hamy, et notamment à la page 21 du codex Borbonicus, considèrent que le glyphe 1-Lapin caractérisait l'année initiale du cycle solaire de 52 ans. Mais encore, au regard cette fois des pages 34 et 37 du même codex, qu'elle aurait été déplacée (en 1143 ou 1507 selon les auteurs) en 2-Roseau, signe de l'Est, lieu de la naissance du Soleil après que Quetzalcoatl se soit sacrifié pour réapparaître comme astre du jour. Et ceci afin de conjurer l'influence néfaste du signe Lapin (famine)[45],[46]. Quoi qu'il en soit de ces divergences, la présence des 5 jours supplémentaires Nemontemi avait pour conséquence que le jour qui commençait et caractérisait l'année suivante était systématiquement décalé de 5 rangs par rapport à celui qui avait initié l'année précédente[47]. De la sorte, 20 étant divisible par 5, il n'y a que 4 glyphes temporels sur les 20 qui puissent marquer le début d'une année. Ce sont les signes dits « Porteurs d'années » : Roseau (Est), Silex (Nord), Maison (Ouest) et Lapin (Sud), chacun d'eux étant associé à l'une des 4 grandes directions[42]. De la même façon que la divinité associée au signe du 1er jour de chaque treizaine du cycle divinatoire revêtait une importance particulière, les 365 jours d'une année solaire subissaient l'influence de la divinité régente du signe « Porteur d'années ». Les années Roseau avaient une connotation favorable. Celles du Silex risquaient d'apporter la sécheresse et divers malheurs. Les années Maison pouvaient être accompagnées d'inondations alors que les périodes Lapin exposaient à la famine[48].

Les 52 années solaires en 4 séries de 13

Distribution des 4 signes « Porteurs d'années » dans le Xiuhtlapohualli (« compte des années »)

Série Nom du signe Direction 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
1 Roseau → Est-rouge → 1 5 9 13 17 21 25 29 33 37 41 45 49
2 Silex → Nord-noir → 2 6 10 14 18 22 26 30 34 38 42 46 50
3 Maison → Ouest-blanc → 3 7 11 15 19 23 27 31 35 39 43 47 51
4 Lapin → Sud-bleu → 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40 44 48 52

D'autre part et comme introduit ci-dessus, à l'intérieur de l'année solaire, les 18 vingtaines ou mois évoquaient des fêtes elles aussi affectées par une ou plusieurs divinités singulières. Ces mois portaient chacun plusieurs noms dont l'explication est malaisée. Pour s'y retrouver, les chercheurs ont pris l'habitude de les ordonner par numérotation. Pourtant, il ne s'agit guère plus que d'une convention car les avis divergent sur le mois par lequel commençait l'année. En réalité, il semble que les Aztèques aient accordé moins d'importance à la détermination d'un début d'année qu'à la rotation des mois[49]. Par ailleurs, parfois, certaines divinités se trouvaient associées à des fêtes qui ne leur étaient pas directement consacrées. Quoi qu'il en soit, presque toutes les fêtes comportaient des danses rituelles, donnaient lieu à des simulacres de combats et étaient l'occasion de sacrifices humains[50].

Les 18 mois festifs (vingtaines) avec les principales divinités qui leur étaient rattachées (selon Sahagún)[51]
Nom du mois Évocation festive Divinité consacrée Nom du mois Évocation festive Divinité consacrée
1 Atlacahualo « Arrêt de l'eau » Tlaloc 10 Xocotl Huetzi « Chute des fruits » Xiuhtecuhtli
2 Tlacaxipehualitzi « Écorchement des hommes » Xipe Totec 11 Ochpaniztli « Balayage des chemins » Tlazolteotl
3 Tozoztontli « Petite veille » Coatlicue 12 Teotleco « Retour des dieux » Tezcatlipoca
4 Huey Tozoztli « Grande veille » Chicomecoatl 13 Tepeilhuitl « Fête des montagnes » Tlaloc
5 Toxcatl « Sécheresse » Tezcatlipoca 14 Quecholli « Plume précieuse » Mixcoatl
6 Etzalcuauliztli « Repas de maïs et haricots » Tlaloque 15 Panquetzaliztli « Élévation des drapeaux » Huitzilopochtli
7 Tecuilhuitontli « Petite fête des dignitaires » Huixtocihuatl 16 Atemoztli « Descente de l'eau » Tlaloc
8 Huey Tecuilhuitl « Grande fête des dignitaires » Xilonen 17 Tititl « Resserrement » llamatecuhtli
9 Tlaxochimaco « Offrande de fleurs » Huitzilopochtli 18 Izcalli « Croissance » Xiuhtecuhtli

Le cycle solaire[modifier | modifier le code]

Considérant en abyme ces références complexes de même que les propositions de Hamy, Dehouve et Vié-Wohrer, le cycle solaire de 52 ans commençait donc, sur le Tonalamatl (« Livre des destins »), par le glyphe 2-Roseau. Ce signe étant un « Porteur d’années » venu de l’Est, les caractéristiques associées à cette direction et à Tezcatlipoca (divinité associée) marquaient de leur influence cette 1re année. 19 jours plus tard, le 1er mois et sa divinité consacrée laissait sa place au 2e mois (avis divergeant sur le nom du mois qui débutait l'année). Et il en allait de cette même dynamique d'influences divines pour les 16 mois festifs suivants. À la fin de ce comptage de 360 jours (18x20), les Aztèques complétaient la série par 5 jours néfastes. Ainsi, le jour 2-Mouvement bouclait cette 1re année. La 2e année s’initiait alors par le symbole suivant dans la série des 20 signes temporels, c'est-à-dire : le « Porteur d'années » 3-Silex, caractérisant de ses attributs (le Nord et Chalchiuhtotolin), comme par osmose, cette seconde période, qui prenait fin par le jour néfaste 3-Vent. Suivant cette mécanique en cascade, la 3e année débutait avec le signe « Porteur d’années » 4-Maison, associé au champ de forces de l’Ouest et à Tepeyollotl, et s’achevait par le jour néfaste 4-Chevreuil. La 4e année commençait quant à elle par le jour « Porteur d'années » 5-Lapin relié au Sud comme à la déesse Mayahuel, et se terminait 365 jours plus tard par le jour néfaste 5-Herbe. Au terme de ces 4 premières années, une nouvelle série de 4 années s’amorçait avec 6-Roseau, jusqu’à ce que chaque symbole « Porteur d’années » soit numéroté à 13 reprises. Ainsi, ce n'est qu'au terme de 52 ans qu'un même signe « Porteur d'années » était affecté du même chiffre[52]. À la fin de la 52e et dernière année, un nouveau cycle solaire recommençait à la position 2-Roseau.

L'année solaire[modifier | modifier le code]

Il existe de nombreuses interrogations sur la méthode utilisée par les Aztèques pour éviter le déphasage entre leur « compte annuel » de 365 jours et l'année tropique de 365,2422 jours. Tout au plus pouvons-nous dire qu'ils disposaient de moyens sûrs leur permettant de ne jamais perdre la corrélation avec les principaux phénomènes solaires[19]. La question n'est donc pas de savoir si les Aztèques savaient calculer la durée exacte de l'année tropique, mais s'ils ajustaient leur cycle annuel, et si oui, de quelle façon ? Parmi les spécialistes considérant le cycle annuel comme un agenda rythmant les saisons et les activités agricoles[41], les propositions d'ajustement sont diverses et pas encore tranchées : correction bissextile, avec l'ajout d'un jour nemontemi tous les 4 ans ; ajout de 12 jours tous les 52 ans, et de 13 jours à la fin de la période suivante ; ajout de 25 jours, à la fin d'une période de 104 ans ; ou même ajout de 63 jours, tous les 260 ans[21]. Mais à l'inverse, et pour Graulich en particulier, le Xiuhpohualli n'était pas un almanach agraire ayant pour fonction de « marquer » les saisons, sinon un cycle festif de 18 rituels mythico-religieux de vingt jours (plus 5 jours néfastes) plongeant ses racines dans les coutumes centenaires des ancêtres chasseurs-cueilleurs des Aztèques. En ce sens, il n'était pas ajusté à l'année tropique dont les Aztèques, devenus agriculteurs, prendront conscience progressivement[note 2]. Selon cet auteur, mais aussi Caso, ils auraient alors simplement renoncé à « bricoler » des « ajustements irréguliers » a posteriori. D'autant plus que cette « année vague » aztèque coïncidait merveilleusement avec les deux autres cycles mésoaméricains (divinatoire et vénusien), et qu'il aurait donc fallu également ajuster[54],[55] (cf. La cérémonie du « Feu nouveau »).

Cette hypothèse fait du reste en partie écho aux propositions de Kruell qui, quant à lui, considère que les 18 vingtaines plus les 5 jours nemontemi (365) n'étaient pas imbriquées dans le cycle solaire de 52 années (comme supposé plus haut), mais constituaient un compte distinct à part entière qu'il traduit du nahuatl, en lieu et place de Xiuhpohualli (« compte annuel »), par Cempohuallapohualli (« compte des vingtaines »). Avec ce « compte » renommé, celui des « années » auquel il donne le nom de Xiuhtlapohualli, et celui des « jours » (Tonalpohualli) qu'il retient tel quel, Kruell dénombre ainsi les trois composantes qui selon lui formaient le calendrier nahualt ou mexicain (sans faire mention du cycle vénusien)[43].

L'espace-temps vénusien[modifier | modifier le code]

Fig. 8 : page 25 du codex Borgia, montrant les 5 directions du cycle vénusien, c'est-à-dire les 4 points cardinaux avec leur dieu régent plus le Centre. En partant d'en haut à droite et dans le sens contraire aux aiguilles d'une montre, on a : à l'Est Quetzalcoatl, au Nord Mixcoatl, à l'Ouest Xipe Totec et au Sud Tlaloc.

Le cycle divinatoire de 260 jours, combiné à celui de 365 jours, permettait d'apprécier les augures et d'établir la chronologie des jours et des années. Mais il se combinait également avec d'autres cycles astraux, en particulier celui de Vénus, dont l'observation revêtait une grande importance[56].

Principalement mythologique, l'espace-temps vénusien se déroulait en un cycle continu de 13 séries de 5 années, comptant 584 jours chacune. Cela donnait une période de 65 années (13×5), qui totalisait ainsi 37 960 jours (65×584), et que les Aztèques appelaient Huehuetiliztli (« Vieillesse »)[57]. Les 584 jours de l’année vénusienne correspondent à une période synodique de la planète Vénus par rapport à la Terre[58]. Cette période est égale au temps qui s’écoule entre deux oppositions Terre/Vénus, entre deux alignements se réalisant sur le même axe intérieur au regard du Soleil. Les 584 jours de l’année vénusienne aztèque étaient subdivisées en 44 treizaines, ou mois de 13 jours (572), plus 12 jours intercalaires (584)[59]. D'autre part, si l'on divise, avec Soustelle, 584 par 20, nombre de signes temporels, on obtient un reste de 4. Par déduction mathématique, il n'y a donc que 5 signes qui puissent être « porteurs d'années » (20/4). Ce sont, dans l'ordre : Crocodile, Serpent, Eau, Roseau et Mouvement[60]. Sur le tableau des 20 signes temporels donné plus haut, ces « Porteurs d'années » sont tous dédiés à l’Est, là où se lève le Soleil et apparaît l’étoile du matin, la planète Vénus. Pourtant, certains auteurs, s'appuyant sur les travaux de Seler, « redistribuent » les influences cardinales de la manière suivante : Crocodile à l'Est, Serpent au Nord, Eau à l'Ouest, Roseau au Sud et Mouvement au Centre. Et il en va de même pour les divinités régentes associées à ces 4 grandes directions (Fig. 8)[61].

Les 65 années vénusiennes en 5 séries de 13

Distribution des dates auxquelles les signes devenaient « Porteurs d'années » dans le Tonalpohualli

Série Nom du signe Direction 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
1 Crocodile → Est-rouge → 1 9 4 12 7 2 10 5 13 8 3 11 6
2 Serpent → Nord-noir → 13 8 3 11 6 1 9 4 12 7 2 10 5
3 Eau → Ouest-blanc → 12 7 2 10 5 13 8 3 11 6 1 9 4
4 Roseau → Sud-bleu → 11 6 1 9 4 12 7 2 10 5 13 8 3
5 Mouvement → Centre → 10 5 13 8 3 11 6 1 9 4 12 7 2

Le cycle vénusien[modifier | modifier le code]

En suivant ces grands principes sur les propositions de Seler et Soustelle, le cycle vénusien de 65 ans commençait par le jour 1-Crocodile (en synchronisation avec le Tonalpohualli). Ce signe étant aussi un « Porteur d’années », le dieu régent Quetzalcoatl et les particularités de l'Est marquaient donc de leur influence cette 1re année. Elle était affectée du chiffre 1. Comme dans le cycle divinatoire, le 1er mois vénusien se terminait par le jour 13-Roseau. De même, le 2e débutait à la suite par le 14e signe pris sur la série de vingt, 1-Jaguar. Et ainsi de suite, sans interruptions d’aucune sorte jusqu’à la fin de la 44e treizaine. Dans le prolongement de ce comptage de 572 jours, les anciens Mexicains ajoutaient 12 jours supplémentaires, qui bouclaient cette 1re année par le jour 12-Lézard. La 2e année commençait alors par le jour 13-Serpent dédié au Nord. Et puisque ce signe était un « Porteur d’années », le dieu influant y étant associé Mixcoatl répandait à son tour ses présages sur cette nouvelle période de 572 jours qui se terminait par le 12e jour supplémentaire 11-Lapin. Suivant ce principe d’incrémentation, la 3e année consacrée à l'Ouest et à Xipe Totec, débutait avec le symbole « Porteur d’années » 12-Eau (Ouest) et prenait fin le jour supplémentaire 10-Herbe. À la suite, la 4e année commençait invariablement par le « Porteur d'années » 11-Roseau, associé au Sud et à Tlaloc, puis se terminait par le 12e jour supplémentaire 9-Vautour. Finalement, la 5e année était « portée » par le jour 10-Mouvement lié au Centre et prenait fin le jour supplémentaire 8-Fleur. Au terme de ces 5 premières années, une nouvelle série s’amorçait, jusqu’à ce que chaque signe « Porteur d’années » ait ainsi été numéroté à 13 reprises.

Fig. 9 : pages 80 à 84 du codex Vaticanus B, illustrant, de droite à gauche, les 5 X 13 signes « Porteurs d'années » : Crocodile, Serpent, Eau, Roseau et Mouvement[62]. On voit aussi le dieu Tlahuizcalpantecuhtli (personnification de la planète Vénus) en train de percer de ses flèches des catégories d'humains : les vieillards sous le signe Crocodile, les jeunes gens en Serpent. Ses flèches s'attaquent même à l'Eau (ce qui provoque la sécheresse), à un symbole (le trône) et au Jaguar[63]. Les points correspondent à la datation chronologique des 5 signes au cours d'un cycle divinatoire de 260 jours (Tonalpohualli)[59].

La cérémonie du « Feu nouveau »[modifier | modifier le code]

Fig. 10 : page 34 du codex Borbonicus illustrant la cérémonie du « Feu nouveau », un rituel séculaire qui se déroulait au cours des 5 derniers jours (Nemontemi) de l'ultime année d'un cycle solaire de 52 ans, et qui culminait au dernier soir par le sacrifice d'une victime sur laquelle on tentait d'allumer un feu[45].

À l'instar de bien d'autres peuples de la Mésoamérique, les Aztèques pensaient que de nombreuses forces divines se faisaient sentir sur le monde et qu'elles influaient sur les divers cycles du temps : jours, treizaines, vingtaines et années[52]. Selon qu’il s’agissait d’événements comme la naissance d’un enfant, le sort des moissons ou le début d’une campagne militaire, sans doute attribuait-on plus d’importance aux augures de l’un ou l’autre des 3 espaces-temps, aux influx qui régissaient les années qu’à ceux des mois ou des jours[64]. Toutefois, il y avait également des dates singulières qui conditionnaient les comportements du peuple tout entier et englobaient l’ensemble des 3 cycles spatio-temporels. Ainsi, tous les 52 ans révolus et pas avant, la fin simultanée du cycle solaire et d’un cycle divinatoire (le 73e) avait lieu. On donnait à ce « siècle » mexicain le nom de Xiuhmolpilli (« Ligature des années »)[note 3]. Cette idée de ligature a pour contrepartie celle de rupture, de fissure. On ne lie que parce que l'on craint que la rupture n'amène la fin du monde[66]. Dès lors, à cette date, au cours d'une cérémonie probablement d'origine toltèque, les prêtres aztèques tentaient, à l’aide d’une torche, d’allumer un feu sur la poitrine d’une victime[67]. Si le « Feu nouveau » (Mamalhuaztli) ne prenait pas, c’était le signe tant redouté que les Tzitzimime apparaîtraient sur terre pour anéantir toute l'humanité[66]. Mais si au contraire l’immolation réussissait, elle faisait charnière et un nouveau cycle temporel recommençait. Par suite, 52 ans plus tard, la fin simultanée d’un second cycle solaire et d’un 146e cycle divinatoire coïncidait, cette fois-ci, avec celle du cycle vénusien[note 4]. C’était alors l’accomplissement d’une « Vieillesse » (Huehuetiliztli)[65]. Dès lors, les 3 espaces-temps s’ajustaient et recommençaient ensemble une nouvelle phase de 104 années[68]. Cette période est la plus longue que les Aztèques aient traitée dans leurs calculs chronologiques[60].

Les sacrifices humains[modifier | modifier le code]

Pour Soustelle, la mission du peuple du Soleil consistait à repousser inlassablement l’assaut du néant. À cette fin, il fallait fournir au Soleil « L’eau précieuse » (le sang), sans quoi la machinerie du monde cesserait de fonctionner. C’est donc de cette croyance fondamentale que découlaient les pratiques aztèques de la guerre sacrée et des sacrifices humains. Puisque les dieux eux-mêmes avaient donné leur sang pour régénérer l’énergie cosmique, les hommes ne pouvaient en faire l'économie. Et si les victimes étaient le plus souvent des prisonniers de campagnes militaires[note 5], d’autres, désignées par les prêtres selon des méthodes mal connues, se prêtaient volontairement aux rites et à la mort qui les couronnait. Tel était le cas, par exemple, du jeune homme « parfait » en tous points que l'on sacrifiait chaque année à un dieu comme Tezcatlipoca, ou celui des femmes qui, personnifiant des déesses, dansaient et chantaient flegmatiquement en attendant le coup violent du silex[70].

Annexes[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. On note cependant une variabilité importante dans l'utilisation des couleurs d'un manuscrit à l'autre. Le choix des couleurs indiquées pour marquer une direction paraît, le plus souvent, dicté par des considérations rituelles et circonstancielles qui nous échappent[13]. Les 4 vents distincts des anciens Mexicains caractérisaient chacune des 4 directions. Le culte du dieu du vent Quetzalcoatl était très répandu. On lui consacrait des temples circulaires, lui offrant ainsi moins de résistance[14].
  2. Cette proposition, qui réfute l'idée d'un ajustement permettant de faire coïncider « l'année vague » aztèque avec l'année tropique de 365,2422 jours, parait d'autant plus vraisemblable que cette correction n'est pas observable sur le calendrier maya de l'Époque classique. Cela dit, si ce fait est attesté par une majorité de spécialistes de la civilisation maya, cela ne signifie pas que les Mayas, comme les Aztèques, ne connaissaient pas la durée exacte de l'année tropique[53].
  3. Le plus petit multiple commun de 260 et 365 est 18 980. Autrement dit, un cycle solaire de 52 ans renfermait 73 cycles divinatoires, de la façon suivante : 52x365 = 72x260 = 18 980 jours[65].
  4. Le plus petit multiple commun de 260, 365 et 584 est 37 960. Il s'ensuit qu'après 104 ans, les 3 cycles spatio-temporels se réinitialisent simultanément de la manière suivante : 104x365 = 146x260 = 65x584 = 37 960 jours[56].
  5. Selon Navarrete Linares, qui mentionne Graulich, l'origine des pratiques sacrificielles remonterait à l'époque toltèque. Elles avaient alors comme fonction de renforcer le militarisme des guerriers (à travers le symbolisme de la mise à mort des soldats faits prisonniers). Par suite, les Aztèques les auraient « développées » en les intégrant dans des rites mythico-religieux tels que l'emblématique cérémonie du Feu nouveau ou encore les fêtes des vingtaines[69].

Références[modifier | modifier le code]

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  3. Jacqueline de Durand-Forest 2010, p. 107
  4. Ernest Théodore Hamy 1899, p. 3
  5. Jacques Soustelle 1979, p. 57
  6. a b c et d Jacques Soustelle 2011, p. 63
  7. Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 133-134
  8. Jacques Soustelle 1979, p. 109-111
  9. Jacques Soustelle 1979, p. 46
  10. Jacques Soustelle 1979, p. 135-158
  11. Jacqueline de Durand-Forest 2010, p. 112 et 169
  12. Eduard Georg Seler 1905, volume 2, p. 4
  13. Jacqueline de Durand-Forest 2010, p. 169
  14. a et b Jacques Soustelle 1979, p. 146-147
  15. Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 238
  16. a et b Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 96
  17. Jacqueline de Durand-Forest 2010, p. 112-113
  18. Jacques Soustelle 1979, p. 158
  19. a et b Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 95
  20. a et b Jacques Soustelle 1979, p. 159
  21. a et b Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 139
  22. Johanna Broda 2004, p. 86
  23. Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 144
  24. Eduard Georg Seler 1906, p. 109-113
  25. a b et c Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 125
  26. Eduard Georg Seler 1904, volume 1, p. 16-20
  27. a et b Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 117
  28. Ernest Théodore Hamy 1899, p. 6-13
  29. Jacqueline de Durand-Forest 2010, p. 148-150
  30. Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 128
  31. Jacqueline de Durand-Forest 2010, p. 151
  32. Eduard Georg Seler 1904, volume 1, p. 21-28
  33. Jacques Soustelle 2011, p. 64
  34. Jacques Soustelle 1979, p. 158-160
  35. a et b Jacques Soustelle 2011, p. 65-66
  36. Jacques Soustelle 1979, p. 50
  37. Gabriel Kenrick Kruell 2017, p. 139-140
  38. a et b Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 137
  39. Johanna Broda 2003, p. 77-96
  40. Eduard Georg Seler 1901, p. 1
  41. a et b Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 114
  42. a et b Jacqueline de Durand-Forest 2010, p. 119
  43. a et b Gabriel Kenrick Kruell 2017, p. 158-159
  44. Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 93
  45. a et b Ernest Théodore Hamy 1899, p. 21-24
  46. Jacques Soustelle 1979, p. 164
  47. Jacqueline de Durand-Forest 2010, p. 113
  48. Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 126
  49. Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 94
  50. Jacqueline de Durand-Forest 2010, p. 140
  51. Bernardino de Sahagún 1985
  52. a et b Jacqueline de Durand-Forest 2010, p. 118
  53. Gabriel Kenrick Kruell 2019, p. 171
  54. Michel Graulich 2009, p. 52-53
  55. Alfonso Caso 1967, p. 63
  56. a et b Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 136
  57. Louis Cruchet 2009, p. 49
  58. Mireille Simoni 2002, p. 646
  59. a et b Eduard Georg Seler 1906, p. 137-138
  60. a et b Jacques Soustelle 1979, p. 160-161
  61. Eduard Georg Seler 1904, p. 4
  62. Eduard Georg Seler 1902, p. 40-42
  63. Jacques Soustelle 1979, p. 71
  64. Jacques Soustelle 1979, p. 163
  65. a et b Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 119
  66. a et b Jacques Soustelle 1979, p. 156
  67. Jacques Soustelle 2011, p. 65
  68. Jacques Soustelle 1979, p. 108
  69. Federico Navarrete Linares 2009, p. 528
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Bibliographie[modifier | modifier le code]

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  • (de) Eduard Georg Seler, Codex Borgia : Eine altmexikanische Bilderschrift der Bibliothek der Congregatio de Propaganda Fide (panneaux illustrés), vol. 1, Berlin, , 28 p. (lire en ligne).
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  • Mireille Simoni, Encyclopædia Universalis, vol. 3, Paris, Encyclopædia Universalis, (ISBN 2-85229-550-4), « Aztèques ».
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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]