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« Droit de pétition » : différence entre les versions

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Le '''droit de pétition'''<ref>{{Article |auteur1=Antoine Gonthier |titre=Droit de pétition |périodique=Dictionnaire interdisciplinaire de la participation|date=2022 |lire en ligne=https://www.dicopart.fr/droit-de-petition-2022}}</ref> est le droit accordé aux populations de faire une demande directe au [[gouvernement|souverain]], ou au représentant de l'[[Pouvoir exécutif|exécutif]]. Par extension, il est possible de faire une pétition envers toute [[personne morale]] disposant d'un pouvoir.
[[Fichier:RAONI et sa pétition internationale contre le barrage de Belo Monte.jpeg|thumb|right|upright=1.2|[[Raoni Metuktire|Raoni]] tenant la pétition internationale contre le [[projet de barrage de Belo Monte]].]]


Une [[pétition]] se présente le plus souvent sous la forme d'un ensemble de signatures au bas d'un texte. Ces signatures sont généralement recueillies dans la rue par des volontaires. Avec l'arrivée d'[[Internet]], un certain nombre de sites permettent d'organiser une pétition et de recueillir les signatures en ligne.
Le '''droit de pétition''' est le droit accordé aux populations de faire une demande directe au [[gouvernement|souverain]], ou au représentant de l'[[Pouvoir exécutif|exécutif]]. Par extension, il est possible de faire une pétition envers toute [[personne morale]] disposant d'un pouvoir.


== Histoire ==
Une pétition se présente le plus souvent sous la forme d'un ensemble de signatures au bas d'un texte. Ces signatures sont généralement recueillies dans la rue par des volontaires. Avec l'arrivée d'[[Internet]], un certain nombre de sites permettent d'organiser une pétition et de recueillir les signatures en ligne. La valeur juridique d'une pétition est inexistante mais la pression sur les décideurs politiques qui en résulte peut être décisive.
=== Angleterre ===
La [[Pétition des droits|Pétition des Droits]] (ou ''Petition of Right'') fut rédigée par le [[Parlement d'Angleterre]] en mai 1628 pour mettre fin aux abus du pouvoir royal. Votée par le Parlement en mai 1628, elle fut approuvée par le [[Charles Ier d'Angleterre|roi Charles {{Ier}}]] en juin de la même année. Cette pétition confirme le principe du vote exclusif des impôts par le Parlement, l'abolition de la [[loi martiale]] en temps de paix, et le droit des détenus à mettre en cause la légalité de leur incarcération, en vertu du décret d’''[[Habeas corpus]]''.

=== France ===
Le droit de pétition a fait débat pendant la Révolution Française.
{{Citation bloc|Le droit de pétition est un « droit imprescriptible de tout homme en société. Les Français en jouissaient avant que vous fussiez assemblés ; les despotes les plus absolus n’ont jamais contesté formellement ce droit à ceux qu’ils appelaient leurs sujets. Plus un homme est faible et malheureux, plus il a le droit de pétition… ; c’est le droit imprescriptible de tout être intelligent et sensible. Maximilien de Robespierre, Discours du 11 mai 1791.}}


Cette approche est reprise dans la loi des 10-18-22 mai 1791 reconnaissant le droit de pétition à « tout individu »<ref>{{Article |auteur1=Elsa Forey |titre=Le droit de pétition aux assemblées délibérantes des collectivités territoriales |périodique=Revue du Droit Public |date=2005 |issn=1963-1790 |lire en ligne= |pages= }}</ref>.
Dans les reproches faits par les détracteurs de la pétition on peut citer :
* la mauvaise information, voire la [[désinformation]], qui sert à récolter les signatures ;
* le « [[bourrage d'urnes|bourrage d'urne]] », qui peut être mis en place par l'organisateur de la pétition ou par des signataires trop zélés.


== Dans le monde ==
== Dans le monde ==
[[Fichier:RAONI et sa pétition internationale contre le barrage de Belo Monte.jpeg|thumb|right|upright=1.2|[[Raoni Metuktire|Raoni]] tenant la pétition internationale contre le [[projet de barrage de Belo Monte]].]]


=== Union européenne ===
=== Union européenne ===
La [[Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne]] adoptée en 2000 assure le droit de pétition devant le [[Parlement européen]]<ref>[[Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne]], article 44, Droit de pétition</ref>.
La [[Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne]] adoptée en 2000 assure le droit de pétition devant le [[Parlement européen]]<ref>[[Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne]], article 44, Droit de pétition</ref>.


Le {{date-|6 mai 2009}}, les [[eurodéputé]]s ont adopté un rapport de [[Gérard Onesta]] proposant une révision des règles de procédure interne concernant le traitement des pétitions. Le Bureau du Parlement pourrait maintenant rédiger certaines correspondances avec les pétitionnaires dans d’autres langues que celles utilisées dans un État membre (par exemple en basque ou en catalan). Sans consensus au sein de la [[Commission européenne]] sur la recevabilité d'une requête, la pétition sera néanmoins déclarée recevable à la demande d’au moins un quart des membres de la commission. Quant à la confidentialité, les pétitions deviennent des documents publics, hormis si le pétitionnaire demande expressément de retirer son nom du document, ce qui peut être une source de menace pour une personne dénonçant un problème. Si ce rapport était définitivement approuvé, certaines pétitions pourraient être traitée confidentiellement, sous la responsabilité du parlement.
Le {{date-|6 mai 2009}}, les [[eurodéputé]]s ont adopté un rapport de [[Gérard Onesta]] proposant une révision des règles de procédure interne concernant le traitement des pétitions. Le Bureau du Parlement pourrait maintenant rédiger certaines correspondances avec les pétitionnaires dans d’autres langues que celles utilisées dans un État membre (par exemple en basque ou en catalan). Sans consensus au sein de la [[Commission européenne]] sur la recevabilité d'une requête, la pétition sera néanmoins déclarée recevable à la demande d’au moins un quart des membres de la commission. Quant à la confidentialité, les pétitions deviennent des documents publics, hormis si le pétitionnaire demande expressément de retirer son nom du document, ce qui peut être une source de menace pour une personne dénonçant un problème. Si ce rapport était définitivement approuvé, certaines pétitions pourraient être traitée confidentiellement, sous la responsabilité du parlement.


{{Citation|Le Parlement européen est confronté à une augmentation du nombre des pétitions et de leurs signataires, ce qui l'a encouragé à affiner les règles de traitement des pétitions (et non celles qui régissent le processus des pétitions)}}, a souligné le parlement dans un communiqué<ref>[http://www.europarl.europa.eu/news/expert/infopress_page/009-55116-124-05-19-901-20090505IPR55114-04-05-2009-2009-false/default_fr.htm Communiqué de presse : « ''Révision des dispositions du règlement concernant la procédure des pétitions'' »]</ref>.
{{Citation|Le Parlement européen est confronté à une augmentation du nombre des pétitions et de leurs signataires, ce qui l'a encouragé à affiner les règles de traitement des pétitions (et non celles qui régissent le processus des pétitions)}}, a souligné le parlement dans un communiqué<ref>{{Lien web |titre=Révision des dispositions du règlement concernant la procédure des pétitions |url=https://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?language=fr&type=IM-PRESS&reference=20090505IPR55114 |site=europarl.europa.eu |consulté le=2021-06-15}}</ref>.

=== Canada ===
Le droit de pétition n'est pas explicitement prévu dans la [[Charte canadienne des droits et libertés]]<ref>Loi constitutionnelle de 1982, Annexe B de la Loi de 1982 sur le Canada (R-U), 1982, c 11, <https://canlii.ca/t/q3x8> consulté le 2021-03-16</ref>

Toutefois, puisque le droit de pétition est prévu dans le Bill of Rights de 1689, et que le préambule de la [[Loi constitutionnelle de 1867]]<ref>Loi constitutionnelle de 1867, 30 & 31 Victoria, c 3</ref> intègre les principes de la Constitution britannique à la Constitution du Canada, certains constitutionnalistes soutiennent qu'il fait implicitement partie de la Constitution du Canada<ref>Hogg, Peter W. Constitutional Law of Canada. 2003 Student Ed. (Scarborough, Ontario: Thomson Canada Limited, 2003), {{p.|686}}.</ref>.

En outre, le droit de pétition est prévu à l'article 21 d'une loi quasi-constitutionnelle provinciale, la [[Charte des droits et libertés de la personne]]<ref>Charte des droits et libertés de la personne, RLRQ c C-12, art 21, <https://canlii.ca/t/19cq#art21>, consulté le 2021-03-16</ref>.


=== France ===
=== France ===
Le droit de pétition est inscrit dans la Constitution à l'article 72-1<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=La consécration du droit de pétition dans l’article additionnel 72-1 de la Constitution de la Vème République |url=https://www.temoignages.re/international/france/la-consecration-du-droit-de-petition-dans-l-article-additionnel-72-1-de-la-constitution-de-la-veme-republique,1355 |site=Témoignages.RE - https://www.temoignages.re |date=2003-08-26 |consulté le=2022-07-28}}</ref>.
En France, depuis la [[loi constitutionnelle de 2008]], le [[Conseil économique, social et environnemental]] peut être saisi par voie de pétition. Celle-ci doit être rédigée en [[français]] par écrit comme le précise le texte de loi ci-dessous, et signée par au moins {{nombre|500000|personnes}} majeures, de nationalité française ou résidant régulièrement en France<ref>[[Article 69 de la Constitution de la Cinquième République française|Article 69 de la Constitution de 1958]]</ref>.:


Depuis la [[loi constitutionnelle de 2008]], le [[Conseil économique, social et environnemental]] (CESE) peut être saisi par voie de pétition<ref>[[Article 69 de la Constitution de la Cinquième République française|Article 69 de la Constitution de 1958]]</ref>.
'''Loi organique du {{date-|28 juin 2010}} – Article 4-1 :''' 


Le seuil de 500 000 signataires de l'article 4-1 inséré par la [[Loi organique en France|loi organique]] {{N°|2010-704}} du {{Date-|28|06|2010}} dans l'ordonnance {{Numéro|58-1360}} du {{Date-|29|12|1958}} portant loi organique relative au Conseil économique, social et environnemental est ensuite abaissé à 150 000 signataires par la [[Loi organique en France|loi organique]] {{N°|2021-27}} du {{Date-|15|01|2021}} :
« Art. 4-1. - Le Conseil économique, social et environnemental peut être saisi par voie de pétition de toute question à caractère économique, social ou environnemental.
{{Citation bloc|Le Conseil économique, social et environnemental peut être saisi par voie de pétition de toute question à caractère économique, social ou environnemental.


« La pétition est rédigée en français et établie par écrit. Elle est présentée dans les mêmes termes par au moins 500 000 personnes majeures, de nationalité française ou résidant régulièrement en France. Elle indique le nom, le prénom et l'adresse de chaque pétitionnaire et est signée par lui.
La pétition est rédigée en français et adressée par écrit, par voie postale ou par voie électronique, au Conseil économique, social et environnemental. Elle est présentée dans les mêmes termes par au moins 150 000 personnes âgées de seize ans et plus, de nationalité française ou résidant régulièrement en France. La période de recueil des signatures est d'un an à compter du dépôt de la pétition.


Les informations recueillies auprès des signataires afin de garantir leur identification sont précisées par décret en Conseil d’État, pris après avis de la Commission nationale de l'informatique et des libertés.
Un processus de signature de pétition lancée électroniquement est donc recevable dans la mesure où la pétition est imprimée et présentée au Conseil économique, social et environnemental sur un support écrit.


La pétition est adressée par un mandataire unique au président du Conseil économique, social et environnemental. Le bureau statue sur sa recevabilité au regard des conditions fixées au présent article et informe le mandataire de sa décision concernant la recevabilité de la pétition. A compter de cette décision, le Conseil dispose d'un délai de six mois pour se prononcer par un avis en assemblée plénière sur les questions soulevées par les pétitions recevables et sur les suites qu'il propose de leur donner.
=== Royaume-Uni ===


L'avis est adressé au Premier ministre, au président de l'Assemblée nationale, au président du Sénat et au mandataire de la pétition. Il est publié au Journal officiel.|Texte de l'article 4-1 en vigueur depuis le {{Date-|01|04|2021}}|référence=<ref name="Légifrance 1958-12-29">[https://www.legifrance.gouv.fr/loda/article_lc/LEGIARTI000042999544 Article 4-1 de ordonnance {{Numéro|58-1360}} du {{Date-|29|12|1958}}] portant loi organique relative au Conseil économique, social et environnemental.</ref>{{,}}<ref name="Légifrance 2021-01-15">{{Légifrance|base=JORF|numéro=JUSX2014631L|texte=Loi organique {{n°}}2021-27 du {{Date-|15 janvier 2021}}}} relative au Conseil économique, social et environnemental.</ref>}}
Le Royaume-Uni dispose d'un mécanisme de pétition auprès du [[Parlement du Royaume-Uni|Parlement]]. En {{date-|mars 2019}}, près de six millions de signatures d'opposants au ''[[Brexit]]'' ont été récoltées, demandant la révocation de la [[procédure de retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne]] entamée le {{date-|29 mars 2017}}, en application de l'[[article 50 du traité sur l'Union européenne]] et le maintien du royaume au sein de l'[[Union européenne]]<ref>https://www.theguardian.com/politics/2019/mar/23/more-than-4-million-people-sign-petition-to-revoke-article-50-brexit</ref>{{,}}<ref>https://petition.parliament.uk/petitions/241584</ref>.

En outre, depuis 2017, le CESE assure une veille des pétitions<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Pétitions : mode d'emploi |url=https://www.lecese.fr/petitions-citoyennes/petitions-mode-demploi |date= |site=Conseil économique, social et environnemental |consulté le=18 juillet 2022}}.</ref> et a labellisé trois plateformes de pétitions en ligne : [[Avaaz.org|Avaaz]], [[Change.org]] et MesOpinions.com.

En janvier et en octobre 2020 respectivement, à la suite des travaux d'un groupe de travail parlementaire sur la [[démocratie numérique]], le [[Sénat français|Sénat]] et l'[[Assemblée nationale (France)|Assemblée nationale]] se sont aussi dotés de plateformes de pétitions en ligne : [https://petitions.senat.fr/ petitions.senat.fr] et [https://petitions.assemblee-nationale.fr/ petitions.assemblee-nationale.fr].

=== Royaume-Uni ===
Le Royaume-Uni dispose d'un mécanisme de pétition auprès du [[Parlement du Royaume-Uni|Parlement]]. En {{date-|mars 2019}}, près de six millions de signatures d'opposants au ''[[Brexit]]'' ont été récoltées, demandant la révocation de la [[procédure de retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne]] entamée le {{date-|29 mars 2017}}, en application de l'[[article 50 du traité sur l'Union européenne]] et le maintien du royaume au sein de l'[[Union européenne]]<ref>{{Article |langue=en |auteur1=Sarah Marsh |titre=Woman behind Brexit petition to revoke article 50 receives death threats |périodique=[[The Guardian]] |date=23-03-2019 |lire en ligne=https://www.theguardian.com/politics/2019/mar/23/more-than-4-million-people-sign-petition-to-revoke-article-50-brexit |consulté le=20-11-2023}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web |langue=en |titre=Archived Petition : Revoke Article 50 and remain in the EU. |url=https://petition.parliament.uk/petitions/241584 |site=Petitions - UK Government and Parliament |consulté le=14-01-2024}}.</ref>.


=== Suisse ===
=== Suisse ===
{{Article connexe|Droits fondamentaux en Suisse|Initiative populaire en Suisse}}


En [[Suisse]], la [[Constitution de la Suisse|Constitution fédérale]] prévoit que « Toute personne a le droit, sans qu’elle en subisse de préjudice, d’adresser des pétitions aux autorités. Les autorités doivent prendre connaissance des pétitions » (article 33)<ref>[http://www.admin.ch/ch/f/rs/101/index.html Constitution fédérale de la Confédération suisse] du 18 avril 1999 (état le 1{{er}} janvier 2020).</ref>.
En [[Suisse]], la [[Constitution de la Suisse|Constitution fédérale]] prévoit que « Toute personne a le droit, sans qu’elle en subisse de préjudice, d’adresser des pétitions aux autorités. Les autorités doivent prendre connaissance des pétitions » (article 33)<ref>{{Loi suisse |loi=Constitution fédérale de la Confédération suisse |abbr=Cst. |rs=101 |date=18.04.1999 |état=01.01.2020 |art=33}}</ref>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Références}}
<references />


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
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* [[Référendum facultatif|Referendum facultatif concernant la Confédération suisse]]
* [[Référendum facultatif|Referendum facultatif concernant la Confédération suisse]]
* [[Initiative populaire]]
* [[Initiative populaire]]
* [[Droit d'interpellation citoyenne]]
* [[Démocratie directe]]
* [[Démocratie directe]]
* [[Parlement européen]]
* [[Parlement européen]]
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=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
{{Liens}}
* [http://www.assemblee-nationale.fr/connaissance/petitions.asp Présentation du droit de pétition en France par les services de ''l'Assemblée nationale'']
* [http://www.europarl.europa.eu/committees/peti_home_fr.htm La commission PETI du parlement européen]
* [http://www.europarl.europa.eu/committees/peti_home_fr.htm La commission PETI du parlement européen]
* [http://www.europarl.europa.eu/parliament/public/staticDisplay.do;jsessionid=B8697A2E0DA861FB80DA73966BB50C43.node1?id=49&pageRank=1&language=FR Les procédures à suivre pour présenter une pétition au Parlement européen]
* [http://www.europarl.europa.eu/parliament/public/staticDisplay.do;jsessionid=B8697A2E0DA861FB80DA73966BB50C43.node1?id=49&pageRank=1&language=FR Les procédures à suivre pour présenter une pétition au Parlement européen]
* [http://www.admin.ch/ch/f/pore/vi/vishort.html Registre des initiatives populaires en Suisse]
* [http://www.brainstormingnational.org/ ''Brainstorming national''] au [[Canada]]
* [http://www.brainstormingnational.org/ ''Brainstorming national''] au [[Canada]]
* [http://www.assemblee-nationale.fr/connaissance/petitions.asp Présentation du droit de pétition en France par les services de ''l'Assemblée nationale'']
* [http://www.admin.ch/ch/f/pore/vi/vishort.html Registre des initiatives populaires en Suisse]


{{Palette|Droits humains essentiels}}
{{Portail|droit|politique}}
{{Portail|droit|politique}}



Dernière version du 14 janvier 2024 à 10:04

Le droit de pétition[1] est le droit accordé aux populations de faire une demande directe au souverain, ou au représentant de l'exécutif. Par extension, il est possible de faire une pétition envers toute personne morale disposant d'un pouvoir.

Une pétition se présente le plus souvent sous la forme d'un ensemble de signatures au bas d'un texte. Ces signatures sont généralement recueillies dans la rue par des volontaires. Avec l'arrivée d'Internet, un certain nombre de sites permettent d'organiser une pétition et de recueillir les signatures en ligne.

Histoire[modifier | modifier le code]

Angleterre[modifier | modifier le code]

La Pétition des Droits (ou Petition of Right) fut rédigée par le Parlement d'Angleterre en mai 1628 pour mettre fin aux abus du pouvoir royal. Votée par le Parlement en mai 1628, elle fut approuvée par le roi Charles Ier en juin de la même année. Cette pétition confirme le principe du vote exclusif des impôts par le Parlement, l'abolition de la loi martiale en temps de paix, et le droit des détenus à mettre en cause la légalité de leur incarcération, en vertu du décret d’Habeas corpus.

France[modifier | modifier le code]

Le droit de pétition a fait débat pendant la Révolution Française.

« Le droit de pétition est un « droit imprescriptible de tout homme en société. Les Français en jouissaient avant que vous fussiez assemblés ; les despotes les plus absolus n’ont jamais contesté formellement ce droit à ceux qu’ils appelaient leurs sujets. Plus un homme est faible et malheureux, plus il a le droit de pétition… ; c’est le droit imprescriptible de tout être intelligent et sensible. Maximilien de Robespierre, Discours du 11 mai 1791. »

Cette approche est reprise dans la loi des 10-18-22 mai 1791 reconnaissant le droit de pétition à « tout individu »[2].

Dans le monde[modifier | modifier le code]

Raoni tenant la pétition internationale contre le projet de barrage de Belo Monte.

Union européenne[modifier | modifier le code]

La Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne adoptée en 2000 assure le droit de pétition devant le Parlement européen[3].

Le , les eurodéputés ont adopté un rapport de Gérard Onesta proposant une révision des règles de procédure interne concernant le traitement des pétitions. Le Bureau du Parlement pourrait maintenant rédiger certaines correspondances avec les pétitionnaires dans d’autres langues que celles utilisées dans un État membre (par exemple en basque ou en catalan). Sans consensus au sein de la Commission européenne sur la recevabilité d'une requête, la pétition sera néanmoins déclarée recevable à la demande d’au moins un quart des membres de la commission. Quant à la confidentialité, les pétitions deviennent des documents publics, hormis si le pétitionnaire demande expressément de retirer son nom du document, ce qui peut être une source de menace pour une personne dénonçant un problème. Si ce rapport était définitivement approuvé, certaines pétitions pourraient être traitée confidentiellement, sous la responsabilité du parlement.

« Le Parlement européen est confronté à une augmentation du nombre des pétitions et de leurs signataires, ce qui l'a encouragé à affiner les règles de traitement des pétitions (et non celles qui régissent le processus des pétitions) », a souligné le parlement dans un communiqué[4].

Canada[modifier | modifier le code]

Le droit de pétition n'est pas explicitement prévu dans la Charte canadienne des droits et libertés[5]

Toutefois, puisque le droit de pétition est prévu dans le Bill of Rights de 1689, et que le préambule de la Loi constitutionnelle de 1867[6] intègre les principes de la Constitution britannique à la Constitution du Canada, certains constitutionnalistes soutiennent qu'il fait implicitement partie de la Constitution du Canada[7].

En outre, le droit de pétition est prévu à l'article 21 d'une loi quasi-constitutionnelle provinciale, la Charte des droits et libertés de la personne[8].

France[modifier | modifier le code]

Le droit de pétition est inscrit dans la Constitution à l'article 72-1[9].

Depuis la loi constitutionnelle de 2008, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) peut être saisi par voie de pétition[10].

Le seuil de 500 000 signataires de l'article 4-1 inséré par la loi organique no 2010-704 du dans l'ordonnance no 58-1360 du portant loi organique relative au Conseil économique, social et environnemental est ensuite abaissé à 150 000 signataires par la loi organique no 2021-27 du  :

« Le Conseil économique, social et environnemental peut être saisi par voie de pétition de toute question à caractère économique, social ou environnemental.

La pétition est rédigée en français et adressée par écrit, par voie postale ou par voie électronique, au Conseil économique, social et environnemental. Elle est présentée dans les mêmes termes par au moins 150 000 personnes âgées de seize ans et plus, de nationalité française ou résidant régulièrement en France. La période de recueil des signatures est d'un an à compter du dépôt de la pétition.

Les informations recueillies auprès des signataires afin de garantir leur identification sont précisées par décret en Conseil d’État, pris après avis de la Commission nationale de l'informatique et des libertés.

La pétition est adressée par un mandataire unique au président du Conseil économique, social et environnemental. Le bureau statue sur sa recevabilité au regard des conditions fixées au présent article et informe le mandataire de sa décision concernant la recevabilité de la pétition. A compter de cette décision, le Conseil dispose d'un délai de six mois pour se prononcer par un avis en assemblée plénière sur les questions soulevées par les pétitions recevables et sur les suites qu'il propose de leur donner.

L'avis est adressé au Premier ministre, au président de l'Assemblée nationale, au président du Sénat et au mandataire de la pétition. Il est publié au Journal officiel. »[11],[12]

— Texte de l'article 4-1 en vigueur depuis le

En outre, depuis 2017, le CESE assure une veille des pétitions[13] et a labellisé trois plateformes de pétitions en ligne : Avaaz, Change.org et MesOpinions.com.

En janvier et en octobre 2020 respectivement, à la suite des travaux d'un groupe de travail parlementaire sur la démocratie numérique, le Sénat et l'Assemblée nationale se sont aussi dotés de plateformes de pétitions en ligne : petitions.senat.fr et petitions.assemblee-nationale.fr.

Royaume-Uni[modifier | modifier le code]

Le Royaume-Uni dispose d'un mécanisme de pétition auprès du Parlement. En , près de six millions de signatures d'opposants au Brexit ont été récoltées, demandant la révocation de la procédure de retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne entamée le , en application de l'article 50 du traité sur l'Union européenne et le maintien du royaume au sein de l'Union européenne[14],[15].

Suisse[modifier | modifier le code]

En Suisse, la Constitution fédérale prévoit que « Toute personne a le droit, sans qu’elle en subisse de préjudice, d’adresser des pétitions aux autorités. Les autorités doivent prendre connaissance des pétitions » (article 33)[16].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Antoine Gonthier, « Droit de pétition », Dictionnaire interdisciplinaire de la participation,‎ (lire en ligne)
  2. Elsa Forey, « Le droit de pétition aux assemblées délibérantes des collectivités territoriales », Revue du Droit Public,‎ (ISSN 1963-1790)
  3. Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne, article 44, Droit de pétition
  4. « Révision des dispositions du règlement concernant la procédure des pétitions », sur europarl.europa.eu (consulté le )
  5. Loi constitutionnelle de 1982, Annexe B de la Loi de 1982 sur le Canada (R-U), 1982, c 11, <https://canlii.ca/t/q3x8> consulté le 2021-03-16
  6. Loi constitutionnelle de 1867, 30 & 31 Victoria, c 3
  7. Hogg, Peter W. Constitutional Law of Canada. 2003 Student Ed. (Scarborough, Ontario: Thomson Canada Limited, 2003), p. 686.
  8. Charte des droits et libertés de la personne, RLRQ c C-12, art 21, <https://canlii.ca/t/19cq#art21>, consulté le 2021-03-16
  9. « La consécration du droit de pétition dans l’article additionnel 72-1 de la Constitution de la Vème République », sur Témoignages.RE - https://www.temoignages.re, (consulté le )
  10. Article 69 de la Constitution de 1958
  11. Article 4-1 de ordonnance no 58-1360 du portant loi organique relative au Conseil économique, social et environnemental.
  12. Loi organique no 2021-27 du relative au Conseil économique, social et environnemental.
  13. « Pétitions : mode d'emploi », sur Conseil économique, social et environnemental (consulté le ).
  14. (en) Sarah Marsh, « Woman behind Brexit petition to revoke article 50 receives death threats », The Guardian,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. (en) « Archived Petition : Revoke Article 50 and remain in the EU. », sur Petitions - UK Government and Parliament (consulté le ).
  16. Constitution fédérale de la Confédération suisse (Cst.) du (état le ), RS 101, art. 33.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]