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{{Voir homonymes|Tea Party}}
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{{Infobox Organisation2|image=9.12 tea party in DC.jpg|légende=Manifestation de partisans du Tea Party à Washington devant le Capitole le 12 septembre 2009.}}
{{Infobox Organisation2|image=9.12 tea party in DC.jpg|légende=Manifestation de partisans du Tea Party à Washington devant le Capitole le 12 septembre 2009.}}

[[Fichier:Gadsden flag.svg|vignette|Le ''{{Langue|en|texte=[[Gadsden flag]]}}'' et sa devise [[libertarianisme|libertarienne]] (« Ne me marche pas dessus ») figurent parmi l'imagerie révolutionnaire de la [[Guerre d'indépendance des États-Unis|guerre d'indépendance]] reprise par les partisans du mouvement ''{{Langue|en|texte=Tea Party}}''.]]
[[Fichier:Gadsden flag.svg|vignette|Le ''{{Langue|en|texte=[[Gadsden flag]]}}'' et sa devise [[libertarianisme|libertarienne]] (« [[Don't tread on me|Ne me marche pas dessus]] ») figurent parmi l'imagerie révolutionnaire de la [[Guerre d'indépendance des États-Unis|guerre d'indépendance]] reprise par les partisans du mouvement ''{{Langue|en|texte=Tea Party}}''.]]
Le '''{{Langue|en|texte=Tea Party}}''' est un mouvement politique aux [[États-Unis]], contestataire, de type [[libertarianisme|libertarien]], qui s'oppose à la croissance de l'État fédéral et de ses impôts<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Russell|nom1=Berman|titre=Gallup: Tea Party’s top concerns are debt, size of government|périodique=[[The Hill (journal)|The Hill]]|date=2010-07-05 |lire en ligne=http://thehill.com/blogs/blog-briefing-room/news/107193-gallup-tea-partys-top-concerns-are-debt-size-of-government|consulté le=2020-11-2}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien archive|langue=en-US|prénom=Sandhya|nom=Somashekhar|url=https://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2010/09/12/AR2010091201425.html|titre=Tea party activists march on Capitol Hill|site=[[The Washington Post]]|date=2010-09-12|horodatage archive=20200523011237}} (consulté le {{date-|2 novembre 2020}}).</ref>.

Le '''{{Langue|en|texte=Tea Party}}''' est un [[mouvement politique]] aux [[États-Unis]], contestataire, de type [[libertarianisme|libertarien]], qui s'oppose à la croissance de l'État fédéral et de ses {{Lien|trad=Taxation in the United States|fr=Fiscalité des États-Unis|texte=impôts}}<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Russell|nom1=Berman|titre=Gallup: Tea Party’s top concerns are debt, size of government|périodique=[[The Hill (journal)|The Hill]]|date=2010-07-05 |lire en ligne=http://thehill.com/blogs/blog-briefing-room/news/107193-gallup-tea-partys-top-concerns-are-debt-size-of-government|consulté le=2020-11-2}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien archive|langue=en-US|prénom=Sandhya|nom=Somashekhar|url=https://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2010/09/12/AR2010091201425.html|titre=Tea party activists march on Capitol Hill|site=[[The Washington Post]]|date=2010-09-12|horodatage archive=20200523011237}} (consulté le {{date-|2 novembre 2020}}).</ref>.


Le Tea Party émerge au début de la [[Présidence de Barack Obama|présidence Obama]], dans le contexte de la [[crise économique mondiale des années 2008 et suivantes|crise économique de 2008-2010]] liée à la [[crise financière mondiale de 2007-2008|crise financière]]. Le mouvement critique notamment les dépenses gouvernementales qui s'accroissent sous l'administration Obama, tant celles qui soutiennent le système financier et la relance économique que celles qui fondent une [[protection sociale aux États-Unis|protection sociale]] financée au niveau fédéral ({{Langue|en|texte=''[[Patient Protection and Affordable Care Act]]''}}).
Le Tea Party émerge au début de la [[Présidence de Barack Obama|présidence Obama]], dans le contexte de la [[crise économique mondiale des années 2008 et suivantes|crise économique de 2008-2010]] liée à la [[crise financière mondiale de 2007-2008|crise financière]]. Le mouvement critique notamment les dépenses gouvernementales qui s'accroissent sous l'administration Obama, tant celles qui soutiennent le système financier et la relance économique que celles qui fondent une [[protection sociale aux États-Unis|protection sociale]] financée au niveau fédéral ({{Langue|en|texte=''[[Patient Protection and Affordable Care Act]]''}}).


Réclamant une restauration de l'esprit fondateur du pays, le Tea Party emprunte à ce titre l'imagerie de la [[Guerre d'indépendance des États-Unis|guerre d'indépendance]] et son nom fait référence au [[Boston Tea Party|Tea Party de Boston]], un événement historique qui a marqué les débuts de la [[Révolution américaine]] contre la monarchie britannique au {{s-|XVIII}}<ref>{{Article|langue=en|titre=Boston Tea Party is protest template|périodique=[[United Press International|United Press]]|date=20 avril 2008|lire en ligne=https://www.upi.com/Odd_News/2008/04/20/Boston-Tea-Party-is-protest-template/96411208726823/?ur3=1|consulté le=2020-11-2}}.</ref>.
Réclamant une restauration de l'esprit fondateur du pays, le Tea Party emprunte à ce titre l'imagerie de la [[Guerre d'indépendance des États-Unis|guerre d'indépendance]] et son nom fait référence au [[Boston Tea Party|Tea Party de Boston]], un événement historique qui a marqué les débuts de la [[révolution américaine]] contre la monarchie britannique au {{s-|XVIII}}<ref>{{Article|langue=en|titre=Boston Tea Party is protest template|périodique=[[United Press International|United Press]]|date=20 avril 2008|lire en ligne=https://www.upi.com/Odd_News/2008/04/20/Boston-Tea-Party-is-protest-template/96411208726823/?ur3=1|consulté le=2020-11-2}}.</ref>.


== Histoire ==
== Histoire ==
=== Origines et premiers succès du Tea Party ===
=== Origines et premiers succès du Tea Party ===
Le Tea Party fait référence au [[Boston Tea Party]] qui fut une révolte politique à Boston (alors capitale de la Colonie de la baie du Massachusetts) contre le Parlement britannique, en 1773<ref name=lorientlejour100419>[https://www.lorientlejour.com/article/654172/%253C%253C%2BExplosion%2B%253E%253E_des_mouvements_extremistes_et_paramilitaires_aux_USA.html « Explosion » des mouvements extrémistes et paramilitaires aux USA], publié le {{date-|19 avril 2010}} par Antoine Ajoury, sur le site [[L'Orient-Le Jour]] (consulté le {{date-|2 novembre 2020}}).</ref>. Une « tea party » consistait alors à passer par-dessus bord une cargaison de thé d'un bateau dans le port de Boston.
Le Tea Party fait référence au [[Boston Tea Party]] qui fut une révolte politique à Boston (alors capitale de la Colonie de la baie du Massachusetts) contre le [[Parlement du Royaume-Uni|Parlement britannique]], en 1773<ref name=lorientlejour100419>[https://www.lorientlejour.com/article/654172/%253C%253C%2BExplosion%2B%253E%253E_des_mouvements_extremistes_et_paramilitaires_aux_USA.html « Explosion » des mouvements extrémistes et paramilitaires aux USA], publié le {{date-|19 avril 2010}} par Antoine Ajoury, sur le site [[L'Orient-Le Jour]] (consulté le {{date-|2 novembre 2020}}).</ref>. Une « tea party » consistait alors à passer par-dessus bord une cargaison de thé d'un bateau dans le port de Boston.


Pour le mouvement Tea Party, l'acronyme TEA signifie « Taxed Enough Already » (déjà suffisamment imposés)<ref name=lorientlejour100419/>.
Pour le mouvement Tea Party, l'acronyme TEA signifie « Taxed Enough Already » (déjà suffisamment imposés)<ref name=lorientlejour100419/>.


Le mouvement récent a pour origine des manifestations organisées en réaction aux plans de sauvetage du secteur bancaire, à la suite de la crise financière de 2008, et plus particulièrement contre le plan de relance fédéral de 787 milliards de dollars proposé par le [[Présidence de Barack Obama|gouvernement]] de [[Barack Obama]] et adopté par le [[Congrès des États-Unis]]<ref name="Lesnes">{{Lien web|langue=fr|auteur=Corine Lesnes|titre=Le mouvement ''{{Langue|en|texte=Tea Party}}'' tente d'organiser la fronde anti-Washington|url=https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/02/06/le-mouvement-populiste-tea-party-tente-d-organiser-la-fronde-anti-washington_1301935_3222.html|date=6 février 2010|site=[[Le Monde]]|consulté le=2 novembre 2020}}.</ref>.
Le mouvement récent a pour origine des manifestations organisées en réaction aux plans de sauvetage du secteur bancaire, à la suite de la crise financière de 2008, et plus particulièrement contre le plan de relance fédéral de {{nombre|787|milliards}} de dollars proposé par le [[Présidence de Barack Obama|gouvernement]] de [[Barack Obama]] et adopté par le [[Congrès des États-Unis]]<ref name="Lesnes">{{Lien web|langue=fr|auteur=Corine Lesnes|titre=Le mouvement ''{{Langue|en|texte=Tea Party}}'' tente d'organiser la fronde anti-Washington|url=https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/02/06/le-mouvement-populiste-tea-party-tente-d-organiser-la-fronde-anti-washington_1301935_3222.html|date=6 février 2010|site=[[Le Monde]]|consulté le=2 novembre 2020}}.</ref>.


On attribue généralement à une blogueuse de Seattle, Keli Carender, l'organisation d'une des premières manifestations du mouvement. Carender a convaincu {{nombre|120|personnes}} de participer à une manifestation contre le plan de relance économique de 787 milliards de dollars que Barack Obama devait promulguer le lendemain. Le {{date-|19 février 2009}}, Rick Santelli, journaliste de la chaîne financière [[CNBC]], proposa sur YouTube de protester contre la décision du président de débloquer 75 milliards de dollars pour aider les propriétaires endettés à éviter la saisie de leur maison en organisant une « Tea Party » à [[Chicago]]<ref name="Hétu3010">{{Lien web|langue=fr-ca|auteur=Richard Hétu|titre=Dix questions sur le Tea Party|url=http://archive.is/IUiBF#selection-2469.10-2469.27|série=(version du 28 juin 2013 sur [[Archive.today]])|date=16 septembre 2010|site=[[La Presse.ca|Cyberpresse.ca]]|consulté le=2 novembre 2020}}.</ref>.
On attribue généralement à une blogueuse de Seattle, Keli Carender, l'organisation d'une des premières manifestations du mouvement. Carender a convaincu {{nombre|120|personnes}} de participer à une manifestation contre le plan de relance économique de {{nombre|787|milliards}} de dollars que Barack Obama devait promulguer le lendemain. Le {{date-|19 février 2009}}, Rick Santelli, journaliste de la chaîne financière [[CNBC]], proposa sur YouTube de protester contre la décision du président de débloquer {{nombre|75|milliards}} de dollars pour aider les propriétaires endettés à éviter la saisie de leur maison en organisant une « Tea Party » à [[Chicago]]<ref name="Hétu3010">{{Lien web|langue=fr-ca|auteur=Richard Hétu|titre=Dix questions sur le Tea Party|url=http://archive.is/IUiBF#selection-2469.10-2469.27|série=(version du 28 juin 2013 sur [[Archive.today]])|date=16 septembre 2010|site=[[La Presse.ca|Cyberpresse.ca]]|consulté le=2 novembre 2020}}.</ref>.


''[[FreedomWorks]]'', dirigé par le républicain [[Dick Armey]], contribue au financement du mouvement. Cet organisme est lui-même financé par plusieurs entreprises comme [[Verizon Communications|Verizon]], [[AT&T]] ou [[Philip Morris]]. Un autre grand sponsor est ''{{Langue|en|texte=Americans for Prosperity}}'', des milliardaires David et Charles Koch<ref name=Vergniolle/>. D'après ''{{Langue|en|texte=[[The New Yorker]]}}'', ces deux frères milliardaires, septuagénaires et libertariens dont l'origine de la fortune repose sur le pétrole, sont indirectement de grands pourvoyeurs en argent des campagnes Tea Party<ref>{{Lien web|langue=en-US|auteur=[[Jane Mayer]]|titre=Covert Operations|sous-titre=The billionaire brothers who are waging a war against Obama|url=http://www.newyorker.com/reporting/2010/08/30/100830fa_fact_mayer?currentPage=all|date=23 août 2010 |site=[[The New Yorker]]|consulté le=2 novembre 2020}}.</ref>. Selon François Vergniolle de Chantal, il est difficile d'apprécier la part des petits contributeurs dans le financement du mouvement. En effet, {{Citation|la décentralisation du mouvement favorise l'opacité financière}}<ref name=Vergniolle/>. Les Tea Parties ont leurs propres [[think tank]]s<ref>{{Lien archive|langue=fr|auteur=Marie-Cécile Naves|url=http://mariececilenaves.blog.lemonde.fr/2010/10/01/aux-etats-unis-les-tea-parties-aussi-ont-leur-think-tanks|titre=Aux États-Unis, les Tea Parties aussi ont leurs think tanks|site=mariececilenaves.blog.lemonde.fr|date=1 octobre 2010|horodatage archive=20190525013252}} (consulté le {{date-|2 novembre 2020}}).</ref>.
''[[FreedomWorks]]'', dirigé par le républicain [[Dick Armey]], contribue au financement du mouvement. Cet organisme est lui-même financé par plusieurs entreprises comme [[Verizon Communications|Verizon]], [[AT&T]] ou [[Philip Morris]]. Un autre grand sponsor est ''{{Langue|en|texte=Americans for Prosperity}}'', des milliardaires David et Charles Koch<ref name=Vergniolle/>. D'après ''{{Langue|en|texte=[[The New Yorker]]}}'', ces deux frères milliardaires, septuagénaires et libertariens dont l'origine de la fortune repose sur le pétrole, sont indirectement de grands pourvoyeurs en argent des campagnes Tea Party<ref>{{Lien web|langue=en-US|auteur=[[Jane Mayer]]|titre=Covert Operations|sous-titre=The billionaire brothers who are waging a war against Obama|url=http://www.newyorker.com/reporting/2010/08/30/100830fa_fact_mayer?currentPage=all|date=23 août 2010 |site=[[The New Yorker]]|consulté le=2 novembre 2020}}.</ref>. Selon François Vergniolle de Chantal, il est difficile d'apprécier la part des petits contributeurs dans le financement du mouvement. En effet, {{Citation|la décentralisation du mouvement favorise l'opacité financière}}<ref name=Vergniolle/>. Les Tea Parties ont leurs propres [[think tank]]s<ref>{{Lien archive|langue=fr|auteur=[[Marie-Cécile Naves]]|url=http://mariececilenaves.blog.lemonde.fr/2010/10/01/aux-etats-unis-les-tea-parties-aussi-ont-leur-think-tanks|titre=Aux États-Unis, les Tea Parties aussi ont leurs think tanks|site=mariececilenaves.blog.lemonde.fr|date=1 octobre 2010|horodatage archive=20190525013252}} (consulté le {{date-|2 novembre 2020}}).</ref>.


Le mouvement gagne de l'ampleur lors de la révélation au public du montant des primes versées aux dirigeants d’''[[American International Group|AIG]]'', renfloué par le premier plan de relance du gouvernement. Il gagne encore de l'importance lors des débats sur la [[Patient Protection and Affordable Care Act|réforme de santé]] menée par Barack Obama et apporte un soutien décisif à l'élection du républicain [[Scott Brown (homme politique)|Scott Brown]] au [[Sénat des États-Unis]] pour l'un des deux sièges du [[Massachusetts]].
Le mouvement gagne de l'ampleur lors de la révélation au public du montant des primes versées aux dirigeants d’''[[American International Group|AIG]]'', renfloué par le premier plan de relance du gouvernement. Il gagne encore de l'importance lors des débats sur la [[Patient Protection and Affordable Care Act|réforme de santé]] menée par Barack Obama et apporte un soutien décisif à l'élection du républicain [[Scott Brown (homme politique)|Scott Brown]] au [[Sénat des États-Unis]] pour l'un des deux sièges du [[Massachusetts]].
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Le Tea Party a eu une influence considérable sur l'orientation de la campagne des républicains et même (dans une moindre mesure) sur celle des démocrates. Le mouvement obtient un ou deux sièges significatifs, notamment en Floride. Mais plusieurs candidats des Tea Parties ont éloigné l'électorat républicain traditionnel et assuré la victoire de leurs adversaires démocrates alors même qu'ils avaient remporté les primaires républicaines.
Le Tea Party a eu une influence considérable sur l'orientation de la campagne des républicains et même (dans une moindre mesure) sur celle des démocrates. Le mouvement obtient un ou deux sièges significatifs, notamment en Floride. Mais plusieurs candidats des Tea Parties ont éloigné l'électorat républicain traditionnel et assuré la victoire de leurs adversaires démocrates alors même qu'ils avaient remporté les primaires républicaines.


Des [[Menace (psychologie)|menace]]s ou des [[Violence politique|actes violents]] ayant occasionné des dégâts matériels sont adressés à une dizaine de membres de la Chambre, selon le chef de la majorité [[Parti démocrate (États-Unis)|démocrate]] de la [[Chambre des représentants des États-Unis|Chambre des représentants]], [[Steny Hoyer]]. Ce dernier indique que certaines menaces reçues par les élus sont qualifiées de « très graves »<ref name=lorientlejour100419/>.
Des [[Menace (psychologie)|menace]]s ou des [[Violence politique|actes violents]] ayant occasionné des dégâts matériels visent une dizaine de membres de la Chambre, selon le chef de la majorité [[Parti démocrate (États-Unis)|démocrate]] de la [[Chambre des représentants des États-Unis|Chambre des représentants]], [[Steny Hoyer]]. Ce dernier indique que certaines menaces reçues par les élus sont qualifiées de « très graves »<ref name=lorientlejour100419/>.


Dans l'Alaska, la républicaine [[Lisa Murkowski]], qui n'a pas obtenu l'investiture de son parti au profit d'une personnalité soutenue par le Tea Party, est néanmoins arrivée en tête alors qu'il lui a fallu se présenter en indépendante et faire écrire son nom par chacun de ses électeurs sur les bulletins.
Dans l'Alaska, la républicaine [[Lisa Murkowski]], qui n'a pas obtenu l'investiture de son parti au profit d'une personnalité soutenue par le Tea Party, est néanmoins arrivée en tête alors qu'il lui a fallu se présenter en indépendante et faire écrire son nom par chacun de ses électeurs sur les bulletins.


=== Élection présidentielle de 2016 ===
=== Élection présidentielle de 2016 ===
[[Donald Trump]] a loué le Tea Party tout au long de sa campagne électorale. Dès {{date-|août 2015}}, il déclarait à [[Nashville]] que les gens du Tea Party « sont des gens qui travaillent dur et qui ont l'amour de leur pays, mais que les médias ne cessent d'attaquer »<ref name="auto1">{{Lien web|langue=en-US|auteur=MJ Lee|titre=Donald Trump courts tea party at Nashville straw poll|url=http://www.cnn.com/2015/08/29/politics/donald-trump-tea-party-nashville/|date=29 août 2015|site=[[Cable News Network|CNN]]|consulté le=2 novembre 2020}}.</ref>. En {{date-|janvier 2016}}, au début des [[Primaires présidentielles du Parti républicain américain de 2016|élections primaires]] du parti Républicain, un sondage de [[Cable News Network|CNN]] montrait que les électeurs se disant proches du Tea Party plaçaient Trump en tête avec 37 % des intentions de vote, trois points devant le suivant, [[Ted Cruz]]<ref>{{Lien web|langue=en-US|auteur=Jennifer Agiesta|titre=CNN/ORC Donald Trump Poll: Donald Trump dominates GOP field at 41%|url=http://www.cnn.com/2016/01/26/politics/donald-trump-ted-cruz-polling/|éditeur=[[Cable News Network|CNN]]|date=26 janvier 2016|consulté le=2 novembre 2020}}.</ref>.
[[Donald Trump]] a loué le Tea Party tout au long de sa campagne électorale. Dès {{date-|août 2015}}, il déclarait à [[Nashville]] que les gens du Tea Party « sont des gens qui travaillent dur et qui ont l'amour de leur pays, mais que les médias ne cessent d'attaquer »<ref name="auto1">{{Lien web|langue=en-US|auteur=MJ Lee|titre=Donald Trump courts tea party at Nashville straw poll|url=http://www.cnn.com/2015/08/29/politics/donald-trump-tea-party-nashville/|date=29 août 2015|site=[[Cable News Network|CNN]]|consulté le=2 novembre 2020}}.</ref>. En {{date-|janvier 2016}}, au début des [[Primaires présidentielles du Parti républicain américain de 2016|élections primaires]] du parti Républicain, un sondage de [[Cable News Network|CNN]] montrait que les électeurs se disant proches du Tea Party plaçaient Trump en tête avec 37 % des intentions de vote, trois points devant le suivant, [[Ted Cruz]]<ref>{{Lien web|langue=en-US|auteur=Jennifer Agiesta|titre=CNN/ORC Donald Trump Poll: Donald Trump dominates GOP field at 41%|url=http://www.cnn.com/2016/01/26/politics/donald-trump-ted-cruz-polling/|éditeur=[[Cable News Network|CNN]]|date=26 janvier 2016|consulté le=2 novembre 2020}}.</ref>.


Michael Johns, co-fondateur et leader du mouvement, a soutenu Trump dès l'annonce de sa candidature<ref>{{Lien web|langue=en|auteur=[[Fox News Channel|Fox News]]|titre=Michael Johns on Stossel|url=https://www.youtube.com/watch?v=Xj7VvsrN2Hg|date=4 mars 2016|site=[[YouTube]]|consulté le=2 novembre 2020}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien archive|langue=en|auteur={{Lien|langue=en|trad=Lars Larson|fr=Lars Larson|texte=Lars Larson}} radio show|url=http://redstatewatcher.com/article.asp?id=19632|titre=Tea Party leader makes it clear where he stands|site=[http://redstatewatcher.com/ redstatewatcher.com]|date=15 mai 2016|horodatage archive=20170724200817}} (consulté le {{date-|2 novembre 2020}}).</ref> ; d'autres, comme les Tea Party Patriots, soutenaient Ted Cruz<ref>{{Lien web|langue=en|titre=Tea Party Patriots endorses Ted Cruz|sous-titre=A Republican who has the courage and the trustworthiness necessary to lead|url=https://www.washingtontimes.com/news/2016/feb/1/jenny-beth-martin-tea-party-patriots-endorses-ted-/|site=[[The Washington Times]]|date=1 février 2016|consulté le=2 novembre 2020}}.</ref>.
Michael Johns, cofondateur et chef de file du mouvement, soutient Trump dès l'annonce de sa candidature<ref>{{Lien web|langue=en|auteur=[[Fox News Channel|Fox News]]|titre=Michael Johns on Stossel|url=https://www.youtube.com/watch?v=Xj7VvsrN2Hg|date=4 mars 2016|site=[[YouTube]]|consulté le=2 novembre 2020}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien archive|langue=en|auteur={{Lien|langue=en|trad=Lars Larson|fr=Lars Larson|texte=Lars Larson}} radio show|url=http://redstatewatcher.com/article.asp?id=19632|titre=Tea Party leader makes it clear where he stands|site=[http://redstatewatcher.com/ redstatewatcher.com]|date=15 mai 2016|horodatage archive=20170724200817}} (consulté le {{date-|2 novembre 2020}}).</ref>.


Plusieurs commentateurs<ref>{{Lien web|langue=en|auteur=Jonathan Chait|titre=Donald Trump Hasn’t Killed the Tea Party. He Is the Tea Party|url=https://nymag.com/intelligencer/2016/05/donald-trump-is-the-tea-party.html|date=19 mai 2016|site=[[New York (magazine)|NY Mag]]|consulté le=2 novembre 2020}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|auteur=Jenny Beth Martin|titre=How the Tea Party Helped Trump Win the Election|url=http://archive.is/9VjWW|série=(version du 30 décembre 2016 sur [[Archive.today]])|date=12 novembre 2016|site=[[Fox News Channel|Fox News]]|consulté le=2 novembre 2020}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur=Évelyne Joslain|champ libre=auteure de ''Tea party : L'Amérique à la reconquête de ses libertés'', [[Jean Picollec|éd. Picollec]] 2012|titre=Du Tea Party à Donald Trump, l’Amérique à la reconquête d’elle-même|url=https://lesobservateurs.ch/2016/06/11/tea-party-a-donald-trump-lamerique-a-reconquete-delle-meme/|série=3 vidéos|date=11 juin 2016|site=[[Uli Windisch#Site lesobservateurs.ch|lesobservateurs.ch]]|consulté le=2 novembre 2020}}.</ref> et [[Sarah Palin]]<ref>{{Lien web|langue=en|nom1=Hayward|prénom1=John|titre=Sarah Palin: Trump Movement Began with the GOP Establishment’s ‘Shocking Betrayals’ of Tea Party Voters|url=https://www.breitbart.com/radio/2016/11/25/sarah-palin-trump-movement-began-with-the-gop-establishments-shocking-betrayals-of-tea-party-voters/|éditeur=[[Breitbart News]] |date=25 novembre 2016|consulté le=2 novembre 2020}}.</ref> ont soutenu que le Tea Party a joué un rôle clé dans cette élection, et même que l'élection de [[Donald Trump]] a été le point culminant de ce mouvement de contestation de l'establishment. Après l'élection, Jenny Beth Martin a déclaré qu'« avec la victoire de Donald Trump, les valeurs et les principes qui ont donné naissance au Tea Party en 2009 ont finalement gagné le plus haut siège du pouvoir, la [[Maison-Blanche]] »<ref name="Alive&Well">{{Lien web|langue=en|nom1=Martin|prénom1=Jenny Beth|titre=The Tea Party Movement Is Alive and Well – And We Saw Trump Coming|url=http://www.politico.com/magazine/story/2016/11/the-tea-party-movement-is-alive-and-well-and-we-saw-trump-coming-214469|éditeur=[[Politico|Politico Magazine]]|date=19 novembre 2016|consulté le=2 novembre 2020}}.</ref>.
Plusieurs commentateurs<ref>{{Lien web|langue=en|auteur=Jonathan Chait|titre=Donald Trump Hasn’t Killed the Tea Party. He Is the Tea Party|url=https://nymag.com/intelligencer/2016/05/donald-trump-is-the-tea-party.html|date=19 mai 2016|site=[[New York (magazine)|NY Mag]]|consulté le=2 novembre 2020}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|auteur=Jenny Beth Martin|titre=How the Tea Party Helped Trump Win the Election|url=http://archive.is/9VjWW|série=(version du 30 décembre 2016 sur [[Archive.today]])|date=12 novembre 2016|site=[[Fox News Channel|Fox News]]|consulté le=2 novembre 2020}}.</ref> et [[Sarah Palin]]<ref>{{Lien web|langue=en|nom1=Hayward|prénom1=John|titre=Sarah Palin: Trump Movement Began with the GOP Establishment’s ‘Shocking Betrayals’ of Tea Party Voters|url=https://www.breitbart.com/radio/2016/11/25/sarah-palin-trump-movement-began-with-the-gop-establishments-shocking-betrayals-of-tea-party-voters/|éditeur=[[Breitbart News]] |date=25 novembre 2016|consulté le=2 novembre 2020}}.</ref> ont soutenu que le Tea Party a joué un rôle clé dans cette élection, et même que l'élection de [[Donald Trump]] a été le point culminant de ce mouvement de contestation de l'establishment. Après l'élection, Jenny Beth Martin a déclaré qu'« avec la victoire de Donald Trump, les valeurs et les principes qui ont donné naissance au Tea Party en 2009 ont finalement gagné le plus haut siège du pouvoir, la [[Maison-Blanche]] »<ref name="Alive&Well">{{Lien web|langue=en|nom1=Martin|prénom1=Jenny Beth|titre=The Tea Party Movement Is Alive and Well – And We Saw Trump Coming|url=http://www.politico.com/magazine/story/2016/11/the-tea-party-movement-is-alive-and-well-and-we-saw-trump-coming-214469|éditeur=[[Politico|Politico Magazine]]|date=19 novembre 2016|consulté le=2 novembre 2020}}.</ref>.


Au commencement de son mandat, l'une des premières décisions de Donald Trump fut la nomination de [[Nikki Haley]], l'une des égéries du Tea Party, au poste très représentatif d'ambassadeur aux [[Organisation des Nations unies|Nations unies]]<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur=[[Agence France-Presse|AFP]]|titre=Qui est Nikki Haley, égérie du Tea Party et première femme nommée par Trump ?|url=https://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique-nord/qui-est-nikki-haley-egerie-du-tea-party-et-premiere-femme-nommee-par-trump_1853503.html|date=24 novembre 2016|site=[[L'Express]]|consulté le=2 novembre 2020}}.</ref>.
Au commencement de son mandat, l'une des premières décisions de Donald Trump fut la nomination de [[Nikki Haley]], l'une des égéries du Tea Party, au poste très représentatif d'ambassadeur aux [[Organisation des Nations unies|Nations unies]]<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur=[[Agence France-Presse|AFP]]|titre=Qui est Nikki Haley, égérie du Tea Party et première femme nommée par Trump ?|url=https://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique-nord/qui-est-nikki-haley-egerie-du-tea-party-et-premiere-femme-nommee-par-trump_1853503.html|date=24 novembre 2016|site=[[L'Express]]|consulté le=2 novembre 2020}}.</ref>.
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Le Tea Party est ainsi interprété aussi bien comme un parti anti-islam au Pakistan, un parti de la peur du déclin américain en Allemagne, un parti qui pourrait conduire à un conflit en Chine, un parti de partisans de théories du complot, de réactionnaires et d'anti-élites en France<ref name=fphorror/>.
Le Tea Party est ainsi interprété aussi bien comme un parti anti-islam au Pakistan, un parti de la peur du déclin américain en Allemagne, un parti qui pourrait conduire à un conflit en Chine, un parti de partisans de théories du complot, de réactionnaires et d'anti-élites en France<ref name=fphorror/>.


En dernière analyse, le Tea Party pourrait se comprendre comme une sorte d'insurrection libertarienne, conservatrice et anti-taxe ([[conservatisme fiscal]]), ce que le pays produit régulièrement<ref name=fpexport/>.
En dernière analyse, le Tea Party pourrait se comprendre comme une sorte d'insurrection libertarienne, conservatrice et anti-taxe ([[Conservatisme fiscal (États-Unis et Canada)|conservatisme fiscal]]), ce que le pays produit régulièrement<ref name=fpexport/>.


=== Facteurs de cohérence ===
=== Facteurs de cohérence ===
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Se structurant rapidement, le mouvement ''{{Langue|en|texte=Tea Party}}'' a tenu en {{date-|février 2010}} une première convention nationale à [[Nashville]], organisée par la ''{{Langue|en|texte=Tea Party Nation}}'' et à laquelle participaient [[Ron Paul]] et [[Sarah Palin]]<ref>Kate Zernike, [https://www.nytimes.com/2010/02/07/us/politics/08palin.html?_r=1 « Palin Assails Obama at Tea Party Meeting »], ''{{Langue|en|texte=The New York Times}}'', 6 février 2010.</ref>, devenus des icônes médiatiques du mouvement. Si le premier est un habitué du mouvement libertarien, la seconde, colistière de John McCain aux présidentielles de 2008, ne peut être considérée comme un dirigeant du mouvement<ref name="Vergniolle">François Vergniolle de Chantal [https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/10/31/pourquoi-le-tea-party-bouscule-la-politique-americaine_1432819_3222.html « L'inconnue “Tea Party” »], ''Le Monde'', 31 octobre 2010.</ref>. Les sympathisants tea party, tout comme le reste de la population américaine, ne l'estiment pas qualifiée pour la fonction présidentielle<ref name=fpexport/>.
Se structurant rapidement, le mouvement ''{{Langue|en|texte=Tea Party}}'' a tenu en {{date-|février 2010}} une première convention nationale à [[Nashville]], organisée par la ''{{Langue|en|texte=Tea Party Nation}}'' et à laquelle participaient [[Ron Paul]] et [[Sarah Palin]]<ref>Kate Zernike, [https://www.nytimes.com/2010/02/07/us/politics/08palin.html?_r=1 « Palin Assails Obama at Tea Party Meeting »], ''{{Langue|en|texte=The New York Times}}'', 6 février 2010.</ref>, devenus des icônes médiatiques du mouvement. Si le premier est un habitué du mouvement libertarien, la seconde, colistière de John McCain aux présidentielles de 2008, ne peut être considérée comme un dirigeant du mouvement<ref name="Vergniolle">François Vergniolle de Chantal [https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/10/31/pourquoi-le-tea-party-bouscule-la-politique-americaine_1432819_3222.html « L'inconnue “Tea Party” »], ''Le Monde'', 31 octobre 2010.</ref>. Les sympathisants tea party, tout comme le reste de la population américaine, ne l'estiment pas qualifiée pour la fonction présidentielle<ref name=fpexport/>.


Les membres du Tea Party réclament une réduction de la taille de l'État, ainsi que la révision de son rôle dans un sens de réduction à l'État des [[Père de la Nation|Pères fondateurs]]. Ils considèrent que l'État fédéral s'est arrogé des pouvoirs que la [[Constitution des États-Unis|Constitution]] réserve aux [[États des États-Unis|États fédérés]], notamment dans le domaine de l'Éducation, des finances et de la santé<ref name="Hétu3010" />. Adversaires féroces de la réforme du système de santé mise en œuvre par l'[[Présidence de Barack Obama|administration Obama]], notamment par le ''{{Langue|en|texte=[[Patient Protection and Affordable Care Act]]}}'' de {{date-|mars 2010}}, ils sont nombreux à se montrer très sceptiques à l'égard des origines [[Principe anthropique|anthropiques]] d'un [[réchauffement climatique]] qu'ils n'acceptent pas non plus comme étant une réalité scientifique. Ils sont en général ''[[Mouvement pro-vie|{{Langue|ro|texte=pro-life}}]]'' et pour la légalité de la [[peine de mort aux États-Unis|peine de mort]]. Si l'ensemble de ces revendications sont assez communes chez la plupart des Républicains, les ''{{Langue|en|texte=tea-baggers}}'' ont tendance à les radicaliser : {{Lien|langue=en|fr=Sharron Angle}}, ancienne sénatrice d'État du Nevada, s'est ainsi fait beaucoup d'ennemis au sein du Parti républicain ; [[Michele Bachmann]], représentante du Minnesota, prétend que les [[lampe fluorescente|lampes fluorescentes]] consommeraient autant d'énergie que les lampes ordinaires, et souligne que leur fabrication et leur composition sont très polluantes, etc.
Les membres du Tea Party réclament une réduction de la taille de l'État, ainsi que la révision de son rôle dans un sens de réduction à l'État des [[Père de la Nation|Pères fondateurs]]. Ils considèrent que l'État fédéral s'est arrogé des pouvoirs que la [[Constitution des États-Unis|Constitution]] réserve aux [[États des États-Unis|États fédérés]], notamment dans le domaine de l'Éducation, des finances et de la santé<ref name="Hétu3010" />. Adversaires féroces de la réforme du système de santé mise en œuvre par l'[[Présidence de Barack Obama|administration Obama]], notamment par le ''{{Langue|en|texte=[[Patient Protection and Affordable Care Act]]}}'' de {{date-|mars 2010}}, ils sont nombreux à se montrer très sceptiques à l'égard des origines [[Principe anthropique|anthropiques]] d'un [[réchauffement climatique]] qu'ils n'acceptent pas non plus comme étant une réalité scientifique. Ils sont en général ''[[Mouvement pro-vie|{{Langue|ro|texte=pro-life}}]]'' et pour la légalité de la [[peine de mort aux États-Unis|peine de mort]]. Si l'ensemble de ces revendications sont assez communes chez la plupart des Républicains, les ''{{Langue|en|texte=tea-baggers}}'' ont tendance à les radicaliser : {{Lien|langue=en|fr=Sharron Angle}}, ancienne sénatrice d'État du Nevada, s'est ainsi fait beaucoup d'ennemis au sein du Parti républicain ; [[Michele Bachmann]], représentante du [[Minnesota]], prétend que les [[lampe fluorescente|lampes fluorescentes]] consommeraient autant d'énergie que les lampes ordinaires, et souligne que leur fabrication et leur composition sont très polluantes, etc.


Selon un sondage [[Politico]], « 54 % des Américains pensent que le mouvement du Tea Party est positif pour le système politique américain », contre 22 % qui pensent qu’il s’agit d’une mauvaise chose. Près de 69 % des personnes interrogées voient le Tea Party d’un œil approbateur ou neutre, contre 24 % qui le jugent néfaste, même si seule une minorité est active et participe aux rassemblements<ref name=fpexport/>. Une étude statistique a montré une relative homogénéité de la base, faite d'{{Citation|Américains plus riches et plus instruits que la moyenne, et majoritairement républicains. Des hommes, blancs, mariés, de plus de 45 ans, gagnant bien leur vie, qui représenteraient 18 % de l'électorat<ref name=Vergniolle/>}}.
Selon un sondage [[Politico]], « 54 % des Américains pensent que le mouvement du Tea Party est positif pour le système politique américain », contre 22 % qui pensent qu’il s’agit d’une mauvaise chose. Près de 69 % des personnes interrogées voient le Tea Party d’un œil approbateur ou neutre, contre 24 % qui le jugent néfaste, même si seule une minorité est active et participe aux rassemblements<ref name=fpexport/>. Une étude statistique a montré une relative homogénéité de la base, faite d'{{Citation|Américains plus riches et plus instruits que la moyenne, et majoritairement républicains. Des hommes, blancs, mariés, de plus de 45 ans, gagnant bien leur vie, qui représenteraient 18 % de l'électorat<ref name=Vergniolle/>}}.


=== Caractère hétéroclite du mouvement ===
=== Caractère hétéroclite du mouvement ===
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Ainsi, on trouve dans le mouvement aussi bien des [[libertarianisme|libertariens]] et des [[Conservatisme|conservateurs]] sociétaux.
Ainsi, on trouve dans le mouvement aussi bien des [[libertarianisme|libertariens]] et des [[Conservatisme|conservateurs]] sociétaux.


De même, de nombreux membres du [[Évangélisme|mouvement évangélique]] (déclarant 60 millions d'adeptes aux États-Unis{{référence nécessaire}}) ont rejoint en masse le mouvement qui apparaît donc, de plus en plus, comme un regroupement de la droite du parti républicain. Cependant on ne saurait confondre évangéliques et ''{{Langue|en|texte=tea baggers}}'' (« marchands de thé », partisans du Tea Party)<ref name="route" />.
De même, de nombreux membres du [[Évangélisme|mouvement évangélique]] (déclarant {{nombre|60|millions}} d'adeptes aux États-Unis{{référence nécessaire}}) ont rejoint en masse le mouvement qui apparaît donc, de plus en plus, comme un regroupement de la droite du parti républicain. Cependant on ne saurait confondre évangéliques et ''{{Langue|en|texte=tea baggers}}'' (« marchands de thé », partisans du Tea Party)<ref name="route" />.

Le Tea Party se caractérise également par la présence de nombreuses femmes leaders, comme Sarah Palin, et par son succès auprès de l'électorat féminin de droite, ce que la professeure de science politique Melissa Deckman explique par le fait {{Citation|qu'une grande partie de l'establishment [[Parti républicain (États-Unis)|républicain]] local n'était pas accueillant envers les femmes. Le Tea Party s'est bâti à partir de la base et ça a donné l'opportunité aux femmes d'organiser leurs propres groupes sans avoir affaire aux réseaux d'hommes dirigeants}}. Cet engagement en marge du parti traditionnel répond historiquement au succès de la conservatrice antiféministe [[Phyllis Schlafly]] dans les années 1970, avec son [[mouvement STOP ERA]]<ref>{{Article |langue=Français |auteur1=Marie Telling |titre=De Phyllis Schlafly aux électrices de Trump, les contradictions des antiféministes américaines |périodique=Slate |date=6 juillet 2020 |issn= |lire en ligne=http://www.slate.fr/story/192126/phyllis-schlafly-era-parti-republicain-trump-contradictions-antifeministes |pages= }}</ref>.


== Personnalités du mouvement ==
== Personnalités du mouvement ==
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* [[Ron Paul]], membre du Parti républicain, représentant du Texas à la [[Chambre des représentants des États-Unis]] de 1976 à 1985, et de nouveau depuis 1997. Il a été candidat à l'élection présidentielle américaine de 1988 pour le [[Parti libertarien (États-Unis)|Parti libertarien]] et à l'investiture du Parti républicain pour les élections présidentielles de 2008 et 2012.
* [[Ron Paul]], membre du Parti républicain, représentant du Texas à la [[Chambre des représentants des États-Unis]] de 1976 à 1985, et de nouveau depuis 1997. Il a été candidat à l'élection présidentielle américaine de 1988 pour le [[Parti libertarien (États-Unis)|Parti libertarien]] et à l'investiture du Parti républicain pour les élections présidentielles de 2008 et 2012.
* [[Rand Paul]], fils du précédent, sénateur du Parti républicain du Kentucky<ref>Richard Hétu, [http://blogues.cyberpresse.ca/hetu/2010/05/19/un-croisement-entre-ron-paul-et-sarah-palin/ « Un croisement entre Ron Paul et Sarah Palin »], ''Le blogue de Richard Hétu'', 19 mai 2010.</ref>, réélu en 2016. Il fut candidat aux primaires présidentielles républicaines de 2016.
* [[Rand Paul]], fils du précédent, sénateur du Parti républicain du Kentucky<ref>Richard Hétu, [http://blogues.cyberpresse.ca/hetu/2010/05/19/un-croisement-entre-ron-paul-et-sarah-palin/ « Un croisement entre Ron Paul et Sarah Palin »], ''Le blogue de Richard Hétu'', 19 mai 2010.</ref>, réélu en 2016. Il fut candidat aux primaires présidentielles républicaines de 2016.
* [[Sarah Palin]], membre du Parti républicain, ex-gouverneur de l'[[Alaska]], colistière et candidate au poste de [[vice-président des États-Unis]] en [[Élection présidentielle américaine de 2008|2008]] avec [[John McCain]]. Sarah Palin soutient un ensemble de candidats de droite, soit du Tea Party soit de l'establishment traditionnel républicain<ref>[https://www.washingtonpost.com/wp-srv/special/politics/palin_tracker/ « Campaign 2010: The Politics of Palin »], ''{{Langue|en|texte=The Washington Post}}'', 22 novembre 2010.</ref>.
* [[Sarah Palin]], membre du Parti républicain, ex-gouverneur de l'[[Alaska]], colistière et candidate au poste de [[vice-président des États-Unis]] en [[Élection présidentielle américaine de 2008|2008]] avec [[John McCain]]. Sarah Palin soutient un ensemble de candidats de droite, soit du Tea Party soit de l'establishment traditionnel républicain<ref>[https://www.washingtonpost.com/wp-srv/special/politics/palin_tracker/ « Campaign 2010: The Politics of Palin »], ''{{Langue|en|texte=The Washington Post}}'', 22 novembre 2010.</ref>.
* {{Lien|langue=en|fr=J. D. Hayworth}}, ancien membre de la [[Chambre des représentants des États-Unis]]<ref>Vanessa Gaudoin-Haustein, [http://www.temoignagechretien.fr/articles/article.aspx?Clef_ARTICLES=1817&Clef_RUBRIQUES_EDITORIALES=1 « Tea party, les anti-Obama s’organisent »], ''Témoignage chrétien'', 13 mai 2010.</ref>.
* {{Lien|langue=en|fr=J. D. Hayworth}}, ancien membre de la [[Chambre des représentants des États-Unis]]<ref>Vanessa Gaudoin-Haustein, [http://www.temoignagechretien.fr/articles/article.aspx?Clef_ARTICLES=1817&Clef_RUBRIQUES_EDITORIALES=1 « Tea party, les anti-Obama s’organisent »], ''Témoignage chrétien'', 13 mai 2010.</ref>.
* {{Lien|langue=en|fr=Sharron Angle}}, sénatrice de l'État du Nevada, battue aux sénatoriales de 2010. C'est l'une des plus radicales ''{{Langue|en|texte=tea-baggers}}'' : outre une controverse concernant son soutien à des programmes de lutte contre la [[toxicomanie]] soutenue par la [[Scientologie]] (le ''{{Lien|langue=en|fr=Second Chance Program}}'') et ses liens avec des scientologues, elle prône la dissolution du [[Département de l'Éducation des États-Unis|Département de l'Éducation]], s'oppose à la [[fluor]]ation de l'eau, prône le retrait des États-Unis des [[Organisation des Nations unies|Nations unies]] et considère le [[réchauffement climatique]] comme une invention produite par une « science frauduleuse », etc<ref>{{en}} [https://www.nytimes.com/cwire/2010/05/26/26climatewire-reid-in-fistfight-could-take-more-punches-fr-84354.html « Reid, in Fistfight, Could Take More Punches From Climate Bill »], ''{{Langue|en|texte=[[The New York Times]]}}'', 26 mai 2010 : « ''the umpire on fraudulent science such as global warming'' ».</ref>.
* {{Lien|langue=en|fr=Sharron Angle}}, sénatrice de l'État du Nevada, battue aux sénatoriales de 2010. C'est l'une des plus radicales ''{{Langue|en|texte=tea-baggers}}'' : outre une controverse concernant son soutien à des programmes de lutte contre la [[toxicomanie]] soutenue par la [[Scientologie]] (le ''{{Lien|langue=en|fr=Second Chance Program}}'') et ses liens avec des scientologues, elle prône la dissolution du [[Département de l'Éducation des États-Unis|Département de l'Éducation]], s'oppose à la [[fluor]]ation de l'eau, prône le retrait des États-Unis des [[Organisation des Nations unies|Nations unies]] et considère le [[réchauffement climatique]] comme une invention produite par une « science frauduleuse », etc<ref>{{en}} [https://www.nytimes.com/cwire/2010/05/26/26climatewire-reid-in-fistfight-could-take-more-punches-fr-84354.html « Reid, in Fistfight, Could Take More Punches From Climate Bill »], ''{{Langue|en|texte=[[The New York Times]]}}'', 26 mai 2010 : « ''the umpire on fraudulent science such as global warming'' ».</ref>.
* [[Christine O'Donnell]], candidate du Parti républicain pour l'élection au [[Sénat des États-Unis]] dans le [[Delaware]], après avoir remporté les primaires dans son État contre [[Michael Castle|Mike Castle]], pourtant grand favori<ref>''Time Magazine'', 27 septembre 2010, {{p.|18-19}}</ref>.
* [[Christine O'Donnell]], candidate du Parti républicain pour l'élection au [[Sénat des États-Unis]] dans le [[Delaware]], après avoir remporté les primaires dans son État contre [[Michael Castle|Mike Castle]], pourtant grand favori<ref>''Time Magazine'', 27 septembre 2010, {{p.|18-19}}</ref>.
* [[Michele Bachmann]], représentante du Minnesota jusque 2012. Également sceptique concernant le réchauffement climatique, elle s'est opposée à la loi sur les [[lampe fluorescente|lampes fluorescentes]] à économie d'énergie, affirmant qu'elles étaient aussi énergivores que des lampes normales et qu'il fallait préserver la liberté du consommateur.
* [[Michele Bachmann]], représentante du Minnesota jusque 2012. Également sceptique concernant le réchauffement climatique, elle s'est opposée à la loi sur les [[lampe fluorescente|lampes fluorescentes]] à économie d'énergie, affirmant qu'elles étaient aussi énergivores que des lampes normales et qu'il fallait préserver la liberté du consommateur.
* [[Marco Rubio]], sénateur de la Floride à l'issue des élections de mi-mandat de {{date-|novembre 2010}}, réélu en 2016. Il fut candidat aux primaires présidentielles républicaines de 2016.
* [[Marco Rubio]], sénateur de la Floride à l'issue des élections de mi-mandat de {{date-|novembre 2010}}, réélu en 2016. Il fut candidat aux primaires présidentielles républicaines de 2016.
* [[Ron Johnson (homme politique)|Ron Johnson]], élu sénateur du Wisconsin, obtenant le siège contre le démocrate [[Russ Feingold]], qui était l'un des sénateurs les plus à gauche. Johnson a dépensé plus de 8 millions de dollars de sa poche pour sa campagne. Outre son opposition à la réforme de la santé menée par l'[[Présidence de Barack Obama|administration Obama]], il considère aussi, comme Angle, que le réchauffement climatique ne peut être attribué aux activités humaines.
* [[Ron Johnson (homme politique)|Ron Johnson]], élu sénateur du Wisconsin, obtenant le siège contre le démocrate [[Russ Feingold]], qui était l'un des sénateurs les plus à gauche. Johnson a dépensé plus de {{nombre|8|millions}} de dollars de sa poche pour sa campagne. Outre son opposition à la réforme de la santé menée par l'[[Présidence de Barack Obama|administration Obama]], il considère aussi, comme Angle, que le réchauffement climatique ne peut être attribué aux activités humaines.
* [[Pat Toomey]], élu sénateur de Pennsylvanie en 2010, réélu en 2016.
* [[Pat Toomey]], élu sénateur de Pennsylvanie en 2010, réélu en 2016.
* [[Nikki Haley]], élue gouverneure de Caroline du Sud en 2010. Elle est de 2017 à 2018 ambassadrice américaine auprès des Nations unies.
* [[Nikki Haley]], élue gouverneure de Caroline du Sud en 2010. Elle est de 2017 à 2018 ambassadrice américaine auprès des Nations unies.
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* [[Matt Bevin]], élu gouverneur du Kentucky en 2015.
* [[Matt Bevin]], élu gouverneur du Kentucky en 2015.
* [[Ted Cruz]], sénateur du Texas depuis 2012. Il fut candidat aux primaires présidentielles républicaines de 2016<ref>{{Article |prénom1=CNN |nom1=Library |titre=Ted Cruz Fast Facts |périodique=CNN |date=2017 |lire en ligne=https://edition.cnn.com/2015/03/26/us/ted-cruz-fast-facts/index.html |consulté le=2018-01-24}}</ref>. Après [[Donald Trump]], il a remporté le plus de délégués au cours de ces primaires en vue de la convention d'investiture républicaine à Cleveland.
* [[Ted Cruz]], sénateur du Texas depuis 2012. Il fut candidat aux primaires présidentielles républicaines de 2016<ref>{{Article |prénom1=CNN |nom1=Library |titre=Ted Cruz Fast Facts |périodique=CNN |date=2017 |lire en ligne=https://edition.cnn.com/2015/03/26/us/ted-cruz-fast-facts/index.html |consulté le=2018-01-24}}</ref>. Après [[Donald Trump]], il a remporté le plus de délégués au cours de ces primaires en vue de la convention d'investiture républicaine à Cleveland.
* [[Mike Pence]], gouverneur de l'Indiana de [[2013]] à [[2017]] et {{48e}} vice-président des États-Unis depuis [[2017]]<ref>{{Lien web |langue=en |nom1=Beutler |prénom1=Brian |titre=Pence To Join Bachmann's Tea Party Caucus |url=http://tpmdc.talkingpointsmemo.com/2010/07/pence-to-join-bachmanns-tea-party-caucus.php |site={{Lien|trad=Talking Points Memo|fr=Talking Points Memo|texte=Talking Points Memo}} |date=19 juillet 2010 |consulté le=25 septembre 2018}}</ref>.
* [[Mike Pence]], gouverneur de l'Indiana de [[2013]] à [[2017]] et {{48e}} vice-président des États-Unis de 2017 à 2021<ref>{{Lien web |langue=en |nom1=Beutler |prénom1=Brian |titre=Pence To Join Bachmann's Tea Party Caucus |url=http://tpmdc.talkingpointsmemo.com/2010/07/pence-to-join-bachmanns-tea-party-caucus.php |site={{Lien|trad=Talking Points Memo|fr=Talking Points Memo|texte=Talking Points Memo}} |date=19 juillet 2010 |consulté le=25 septembre 2018}}</ref>.


== Buts et contestations ==
== Buts et contestations ==
=== Trois lois, sujets de la fronde ===
=== Trois lois, sujets de la fronde ===
Trois dispositifs législatifs se trouvent au centre des réformes attaquées par les Républicains et par le Tea Party :
Trois dispositifs législatifs se trouvent au centre des réformes attaquées par les Républicains et par le Tea Party :
* la loi sur l'énergie ;
* la [[Énergie aux États-Unis|loi sur l'énergie]] ;
* la régulation financière ;
* la [[Régulation (économie)|régulation financière]] ;
* surtout, la loi sur la [[Barack Obama#Réforme de la santé|réforme de la santé]] (''[[Patient Protection and Affordable Care Act]]'').
* surtout, la loi sur la [[Barack Obama#Réforme de la santé|réforme de la santé]] (''[[Patient Protection and Affordable Care Act]]'').


Si le [[Parti républicain (États-Unis)|Parti républicain]] qui veut abroger cette dernière loi (par le processus du ''{{Lien|langue=en|fr=repeal}}''), n’obtient pas la majorité au [[Sénat des États-Unis|Sénat]], il engage les gouverneurs à refuser les crédits pour l'appliquer (par le processus du ''{{Langue|en|texte=defund}}''). L'émergence du mouvement Tea Party risque de gêner fortement la représentation électorale de ce parti ayant actuellement la majorité au Sénat.
Si le [[Parti républicain (États-Unis)|Parti républicain]] qui veut abroger cette dernière loi (par le processus du ''{{Lien|langue=en|fr=repeal}}''), n’obtient pas la majorité au [[Sénat des États-Unis|Sénat]], il engage les gouverneurs à refuser les crédits pour l'appliquer (par le processus du ''{{Langue|en|texte=defund}}''). L'émergence du mouvement Tea Party risque de gêner fortement la représentation électorale de ce parti ayant actuellement la majorité au Sénat.


Or le ''{{Langue|en|texte=[[Patient Protection and Affordable Care Act]]}}'' est déjà attaqué en justice par 20 États et son application dépend en grande partie des [[gouverneur]]s, dont 37 sont soumis à réélection{{référence nécessaire}}.
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=== Accusations de racisme ===
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=== Défilé parodique ===
=== Défilé parodique ===
Les humoristes [[Jon Stewart]] et [[Stephen Colbert]] organisent une parodie de Tea Party qui rassemble des dizaines de milliers de personnes devant le [[Capitole des États-Unis|Capitole]] le {{Date|31|octobre|2010|aux États-Unis}} en pleine campagne législative aux [[États-Unis]]<ref>[https://www.lemonde.fr/international/portfolio/2010/10/31/des-centaines-de-milliers-de-personnes-raillent-les-tea-parties-a-washington_1433619_3210.html « Des dizaines de milliers de personnes raillent les “Tea Party” à Washington »], ''lemonde.fr'', 31 octobre 2010.</ref>. Bien que l'évènement se veuille apolitique, il est clairement de gauche<ref name="Soir2010">{{Lien web |titre=Succès pour le rassemblement anti-Tea Party |url=https://archive.is/uPrrV |site=Le Soir |date=30 octobre 2010}}.</ref>. Baptisée « Rassemblement pour retrouver du bon sens » ({{Citation étrangère|lang=en|Rally to Restore Sanity}}), ou ironiquement « Marche pour garder la peur vivante » ({{Citation étrangère|lang=en|March to Keep Fear Alive}}), c'est une réponse à la manifestation organisée par [[Glenn Beck]], un animateur vedette de la chaîne de télévision [[Fox News Channel|Fox News]] et grand adepte du Tea Party<ref name="Soir2010" />.
Les humoristes [[Jon Stewart]] et [[Stephen Colbert]] organisent une parodie de Tea Party qui rassemble des dizaines de milliers de personnes devant le [[Capitole des États-Unis|Capitole]] le {{Date|31|octobre|2010|aux États-Unis}} en pleine campagne législative aux [[États-Unis]]<ref>[https://www.lemonde.fr/international/portfolio/2010/10/31/des-centaines-de-milliers-de-personnes-raillent-les-tea-parties-a-washington_1433619_3210.html « Des dizaines de milliers de personnes raillent les “Tea Party” à Washington »], ''lemonde.fr'', 31 octobre 2010.</ref>. Bien que l'évènement se veuille apolitique, il est clairement de gauche<ref name="Soir2010">{{Lien web |titre=Succès pour le rassemblement anti-Tea Party |url=https://archive.is/uPrrV |site=Le Soir |date=30 octobre 2010}}.</ref>. Baptisée « Rassemblement pour retrouver du bon sens » ({{Citation étrangère|lang=en|Rally to Restore Sanity}}), ou ironiquement « Marche pour garder la peur vivante » ({{Citation étrangère|lang=en|March to Keep Fear Alive}}), c'est une réponse à la manifestation organisée par [[Glenn Beck]], un animateur vedette de la chaîne de télévision [[Fox News Channel|Fox News]] et grand adepte du Tea Party<ref name="Soir2010" />.


== Galerie ==
== Galerie ==
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File:Birth certificate bumper sticker.jpg|2009 : Autocollants apposés sur le hayon d'une camionnette du [[Maryland]] sur le certificat de naissance de [[Barack Obama]].
File:Birth certificate bumper sticker.jpg|alt=2009 : Autocollants apposés sur le hayon d'une camionnette du Maryland à propos du certificat de naissance de Barack Obama.|2009 : Autocollants apposés sur le hayon d'une camionnette du [[Maryland]] à propos du certificat de naissance de [[Barack Obama]].
File:Boetcker's 1916 Industrial Decalogue misattributed to Abe Lincoln at a Tea Party rally (5589195161).jpg|2011 : Le [[décalogue]] industriel 1916 de {{Lien|langue=en|trad=William J. H. Boetcker|fr=William J. H. Boetcker|texte=Boetcker}} attribué par erreur à [[Abraham Lincoln|Abe Lincoln]] lors d'un rassemblement de Tea Party.
File:Boetcker's 1916 Industrial Decalogue misattributed to Abe Lincoln at a Tea Party rally (5589195161).jpg|alt=2011 : Le décalogue industriel 1916 de Boetcker (en) attribué par erreur à Abe Lincoln lors d'un rassemblement de Tea Party.|2011 : Le [[décalogue]] industriel 1916 de {{Lien|langue=en|trad=William J. H. Boetcker|fr=William J. H. Boetcker|texte=Boetcker}} attribué par erreur à [[Abraham Lincoln|Abe Lincoln]] lors d'un rassemblement de Tea Party.
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File:Can't fix stupid (8210413531).jpg|alt=2012 : « Vous ne pouvez pas réparer les stupidités mais vous pouvez voter ».|2012 : {{citation|Vous ne pouvez pas réparer les stupidités mais vous pouvez voter}}.
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File:Des Moines Tea Party 2010 (4523509997).jpg|alt=2007 : Pancarte présente à la Tea Party de Des Moines (Washington).|2007 : Pancarte présente à la ''Tea Party'' de [[Des Moines (Washington)]].
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== Notes et références ==
== Notes et références ==
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== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* Theda Skocpol et Vanessa Williamson, ''The Tea Party and the remaking of Republican conservatism'', Oxford ; New York, [[Oxford University Press]], 2012, 245 p.
* {{Ouvrage |prénom1=Aurélie |nom1=Godet |titre=Le Tea Party |sous-titre=Portrait d'une Amérique désorientée |éditeur=Vendemiaire |collection=Enquêtes |année=2012 |mois=mars |jour=21 |pages totales=256 |isbn=978-236-358026-9 |isbn2=2363580265}}
* {{Ouvrage |prénom1=Évelyne |nom1=Joslain |lien auteur1=Évelyne Joslain |titre=Tea Party |sous-titre=L'Amérique à la reconquête d'elle-même |éditeur=Jean Picollec |lien éditeur=Jean Picollec |collection=ARTICLES SANS C |année=2012 |mois=novembre |jour=23 |pages totales=294 |isbn=978-2864772668 |isbn2=2864772663}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Aurélie |nom1=Godet |titre=Le Tea Party |sous-titre=Portrait d'une Amérique désorientée |lieu=Paris |éditeur=Vendemiaire |collection=Enquêtes |année=2012 |mois=mars |jour=21 |pages totales=256 |isbn=978-2-36358-026-9 |isbn2=2363580265}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Évelyne |nom1=Joslain |lien auteur1=Évelyne Joslain |titre=Tea Party |sous-titre=L'Amérique à la reconquête d'elle-même |lieu=Paris |éditeur=[[Jean Picollec]] |collection=ARTICLES SANS C |année=2012 |mois=novembre |jour=23 |pages totales=294 |isbn=978-2-86477-266-8 |isbn2=2864772663}}
* Soufian Alsabbagh, ''La nouvelle droite américaine : le parti républicain à l'âge du Tea Party'', Demopolis, 2012 {{ISBN|978-235-457050-7}}
* Soufian Alsabbagh, ''La nouvelle droite américaine : le parti républicain à l'âge du Tea Party'', Demopolis, 2012 {{ISBN|978-235-457050-7}}
* {{Article |langue=en |prénom1=Andreas |nom1=Madestam |prénom2=Daniel |nom2=Shoag |prénom3=Stan |nom3=Veuger |prénom4=David |nom4=Yanagizawa-Drott |titre=Do Political Protests Matter? |sous-titre=Evidence from the Tea Party Movement |périodique=The Quarterly Journal of Economics |lien périodique=Quarterly Journal of Economics |volume=128 |numéro=4 |année=2013 |doi=10.1093/qje/qjt021 |pages=1633-1685}}
* {{Article |langue=en |prénom1=Andreas |nom1=Madestam |prénom2=Daniel |nom2=Shoag |prénom3=Stan |nom3=Veuger |prénom4=David |nom4=Yanagizawa-Drott |titre=Do Political Protests Matter? |sous-titre=Evidence from the Tea Party Movement |périodique=The Quarterly Journal of Economics |lien périodique=Quarterly Journal of Economics |volume=128 |numéro=4 |année=2013 |doi=10.1093/qje/qjt021 |pages=1633-1685}}

Dernière version du 19 janvier 2024 à 21:11

Tea Party
Manifestation de partisans du Tea Party à Washington devant le Capitole le 12 septembre 2009.
Cadre
Type
Mouvement politique, tendance politiqueVoir et modifier les données sur Wikidata
Pays
Organisation
Idéologie
Le Gadsden flag et sa devise libertarienne (« Ne me marche pas dessus ») figurent parmi l'imagerie révolutionnaire de la guerre d'indépendance reprise par les partisans du mouvement Tea Party.

Le Tea Party est un mouvement politique aux États-Unis, contestataire, de type libertarien, qui s'oppose à la croissance de l'État fédéral et de ses impôts (en)[1],[2].

Le Tea Party émerge au début de la présidence Obama, dans le contexte de la crise économique de 2008-2010 liée à la crise financière. Le mouvement critique notamment les dépenses gouvernementales qui s'accroissent sous l'administration Obama, tant celles qui soutiennent le système financier et la relance économique que celles qui fondent une protection sociale financée au niveau fédéral (Patient Protection and Affordable Care Act).

Réclamant une restauration de l'esprit fondateur du pays, le Tea Party emprunte à ce titre l'imagerie de la guerre d'indépendance et son nom fait référence au Tea Party de Boston, un événement historique qui a marqué les débuts de la révolution américaine contre la monarchie britannique au XVIIIe siècle[3].

Histoire[modifier | modifier le code]

Origines et premiers succès du Tea Party[modifier | modifier le code]

Le Tea Party fait référence au Boston Tea Party qui fut une révolte politique à Boston (alors capitale de la Colonie de la baie du Massachusetts) contre le Parlement britannique, en 1773[4]. Une « tea party » consistait alors à passer par-dessus bord une cargaison de thé d'un bateau dans le port de Boston.

Pour le mouvement Tea Party, l'acronyme TEA signifie « Taxed Enough Already » (déjà suffisamment imposés)[4].

Le mouvement récent a pour origine des manifestations organisées en réaction aux plans de sauvetage du secteur bancaire, à la suite de la crise financière de 2008, et plus particulièrement contre le plan de relance fédéral de 787 milliards de dollars proposé par le gouvernement de Barack Obama et adopté par le Congrès des États-Unis[5].

On attribue généralement à une blogueuse de Seattle, Keli Carender, l'organisation d'une des premières manifestations du mouvement. Carender a convaincu 120 personnes de participer à une manifestation contre le plan de relance économique de 787 milliards de dollars que Barack Obama devait promulguer le lendemain. Le , Rick Santelli, journaliste de la chaîne financière CNBC, proposa sur YouTube de protester contre la décision du président de débloquer 75 milliards de dollars pour aider les propriétaires endettés à éviter la saisie de leur maison en organisant une « Tea Party » à Chicago[6].

FreedomWorks, dirigé par le républicain Dick Armey, contribue au financement du mouvement. Cet organisme est lui-même financé par plusieurs entreprises comme Verizon, AT&T ou Philip Morris. Un autre grand sponsor est Americans for Prosperity, des milliardaires David et Charles Koch[7]. D'après The New Yorker, ces deux frères milliardaires, septuagénaires et libertariens dont l'origine de la fortune repose sur le pétrole, sont indirectement de grands pourvoyeurs en argent des campagnes Tea Party[8]. Selon François Vergniolle de Chantal, il est difficile d'apprécier la part des petits contributeurs dans le financement du mouvement. En effet, « la décentralisation du mouvement favorise l'opacité financière »[7]. Les Tea Parties ont leurs propres think tanks[9].

Le mouvement gagne de l'ampleur lors de la révélation au public du montant des primes versées aux dirigeants d’AIG, renfloué par le premier plan de relance du gouvernement. Il gagne encore de l'importance lors des débats sur la réforme de santé menée par Barack Obama et apporte un soutien décisif à l'élection du républicain Scott Brown au Sénat des États-Unis pour l'un des deux sièges du Massachusetts.

Élections législatives de 2010[modifier | modifier le code]

Il était prévu que le Tea Party aurait de l'influence lors des élections de mi-mandat de novembre 2010 et pourrait envisager de présenter des candidats sous ses couleurs et concurrencer le Parti républicain[10].

Le Tea Party a eu une influence considérable sur l'orientation de la campagne des républicains et même (dans une moindre mesure) sur celle des démocrates. Le mouvement obtient un ou deux sièges significatifs, notamment en Floride. Mais plusieurs candidats des Tea Parties ont éloigné l'électorat républicain traditionnel et assuré la victoire de leurs adversaires démocrates alors même qu'ils avaient remporté les primaires républicaines.

Des menaces ou des actes violents ayant occasionné des dégâts matériels visent une dizaine de membres de la Chambre, selon le chef de la majorité démocrate de la Chambre des représentants, Steny Hoyer. Ce dernier indique que certaines menaces reçues par les élus sont qualifiées de « très graves »[4].

Dans l'Alaska, la républicaine Lisa Murkowski, qui n'a pas obtenu l'investiture de son parti au profit d'une personnalité soutenue par le Tea Party, est néanmoins arrivée en tête alors qu'il lui a fallu se présenter en indépendante et faire écrire son nom par chacun de ses électeurs sur les bulletins.

Élection présidentielle de 2016[modifier | modifier le code]

Donald Trump a loué le Tea Party tout au long de sa campagne électorale. Dès , il déclarait à Nashville que les gens du Tea Party « sont des gens qui travaillent dur et qui ont l'amour de leur pays, mais que les médias ne cessent d'attaquer »[11]. En , au début des élections primaires du parti Républicain, un sondage de CNN montrait que les électeurs se disant proches du Tea Party plaçaient Trump en tête avec 37 % des intentions de vote, trois points devant le suivant, Ted Cruz[12].

Michael Johns, cofondateur et chef de file du mouvement, soutient Trump dès l'annonce de sa candidature[13],[14].

Plusieurs commentateurs[15],[16] et Sarah Palin[17] ont soutenu que le Tea Party a joué un rôle clé dans cette élection, et même que l'élection de Donald Trump a été le point culminant de ce mouvement de contestation de l'establishment. Après l'élection, Jenny Beth Martin a déclaré qu'« avec la victoire de Donald Trump, les valeurs et les principes qui ont donné naissance au Tea Party en 2009 ont finalement gagné le plus haut siège du pouvoir, la Maison-Blanche »[18].

Au commencement de son mandat, l'une des premières décisions de Donald Trump fut la nomination de Nikki Haley, l'une des égéries du Tea Party, au poste très représentatif d'ambassadeur aux Nations unies[19].

Mouvement cohérent ou hétéroclite ?[modifier | modifier le code]

La doctrine des Tea Parties apparaît être particulièrement difficile à appréhender pour les étrangers[20]. Chaque pays semble interpréter l'émergence des Tea Parties en fonction de ses préoccupations nationales[21].

Le Tea Party est ainsi interprété aussi bien comme un parti anti-islam au Pakistan, un parti de la peur du déclin américain en Allemagne, un parti qui pourrait conduire à un conflit en Chine, un parti de partisans de théories du complot, de réactionnaires et d'anti-élites en France[21].

En dernière analyse, le Tea Party pourrait se comprendre comme une sorte d'insurrection libertarienne, conservatrice et anti-taxe (conservatisme fiscal), ce que le pays produit régulièrement[20].

Facteurs de cohérence[modifier | modifier le code]

Le Tea Party est un parti populiste selon l'américanologue De Chantal, parfois montré comme le parti du contre : « contre tout ce qui prélève des impôts ». Éclaté en plusieurs factions sur tout le territoire, il comporte, outre des déçus de la société, des factions libertariennes, et d'autres, contestataires et radicales. Sa devise commune serait : « Moins de taxes, moins de gouvernement » donnant l'acronyme Tea : « Taxed Enough Already » (« déjà suffisamment taxé »). En rejoignant le Tea Party, les adhérents cherchent à protéger les États-Unis des interventions de l'État Fédéral, qui est perçu comme liberticide lorsqu'il tente d'imposer des mesures égalitaires, l'inégalité étant ressentie comme un facteur naturel[22].

Se structurant rapidement, le mouvement Tea Party a tenu en une première convention nationale à Nashville, organisée par la Tea Party Nation et à laquelle participaient Ron Paul et Sarah Palin[23], devenus des icônes médiatiques du mouvement. Si le premier est un habitué du mouvement libertarien, la seconde, colistière de John McCain aux présidentielles de 2008, ne peut être considérée comme un dirigeant du mouvement[7]. Les sympathisants tea party, tout comme le reste de la population américaine, ne l'estiment pas qualifiée pour la fonction présidentielle[20].

Les membres du Tea Party réclament une réduction de la taille de l'État, ainsi que la révision de son rôle dans un sens de réduction à l'État des Pères fondateurs. Ils considèrent que l'État fédéral s'est arrogé des pouvoirs que la Constitution réserve aux États fédérés, notamment dans le domaine de l'Éducation, des finances et de la santé[6]. Adversaires féroces de la réforme du système de santé mise en œuvre par l'administration Obama, notamment par le Patient Protection and Affordable Care Act de , ils sont nombreux à se montrer très sceptiques à l'égard des origines anthropiques d'un réchauffement climatique qu'ils n'acceptent pas non plus comme étant une réalité scientifique. Ils sont en général pro-life et pour la légalité de la peine de mort. Si l'ensemble de ces revendications sont assez communes chez la plupart des Républicains, les tea-baggers ont tendance à les radicaliser : Sharron Angle (en), ancienne sénatrice d'État du Nevada, s'est ainsi fait beaucoup d'ennemis au sein du Parti républicain ; Michele Bachmann, représentante du Minnesota, prétend que les lampes fluorescentes consommeraient autant d'énergie que les lampes ordinaires, et souligne que leur fabrication et leur composition sont très polluantes, etc.

Selon un sondage Politico, « 54 % des Américains pensent que le mouvement du Tea Party est positif pour le système politique américain », contre 22 % qui pensent qu’il s’agit d’une mauvaise chose. Près de 69 % des personnes interrogées voient le Tea Party d’un œil approbateur ou neutre, contre 24 % qui le jugent néfaste, même si seule une minorité est active et participe aux rassemblements[20]. Une étude statistique a montré une relative homogénéité de la base, faite d'« Américains plus riches et plus instruits que la moyenne, et majoritairement républicains. Des hommes, blancs, mariés, de plus de 45 ans, gagnant bien leur vie, qui représenteraient 18 % de l'électorat[7] ».

Caractère hétéroclite du mouvement[modifier | modifier le code]

Le mouvement est cependant très hétéroclite — à l'image de la seule Floride, qui en compte 80 dénominations distinctes — et n'a pas su encore fédérer toutes ses factions à l'instar des Tea Party Patriots de Chicago et des Tea Party Express californiens qui n'ont pas participé à la convention nationale de Nashville[5].

Ainsi, on trouve dans le mouvement aussi bien des libertariens et des conservateurs sociétaux.

De même, de nombreux membres du mouvement évangélique (déclarant 60 millions d'adeptes aux États-Unis[réf. nécessaire]) ont rejoint en masse le mouvement qui apparaît donc, de plus en plus, comme un regroupement de la droite du parti républicain. Cependant on ne saurait confondre évangéliques et tea baggers (« marchands de thé », partisans du Tea Party)[22].

Le Tea Party se caractérise également par la présence de nombreuses femmes leaders, comme Sarah Palin, et par son succès auprès de l'électorat féminin de droite, ce que la professeure de science politique Melissa Deckman explique par le fait « qu'une grande partie de l'establishment républicain local n'était pas accueillant envers les femmes. Le Tea Party s'est bâti à partir de la base et ça a donné l'opportunité aux femmes d'organiser leurs propres groupes sans avoir affaire aux réseaux d'hommes dirigeants ». Cet engagement en marge du parti traditionnel répond historiquement au succès de la conservatrice antiféministe Phyllis Schlafly dans les années 1970, avec son mouvement STOP ERA[24].

Personnalités du mouvement[modifier | modifier le code]

Le Tea Party a eu trois sénateurs et 60 des 83 nouveaux représentants républicains à l'issue des élections législatives américaines de 2010[25].

  • Ron Paul, membre du Parti républicain, représentant du Texas à la Chambre des représentants des États-Unis de 1976 à 1985, et de nouveau depuis 1997. Il a été candidat à l'élection présidentielle américaine de 1988 pour le Parti libertarien et à l'investiture du Parti républicain pour les élections présidentielles de 2008 et 2012.
  • Rand Paul, fils du précédent, sénateur du Parti républicain du Kentucky[26], réélu en 2016. Il fut candidat aux primaires présidentielles républicaines de 2016.
  • Sarah Palin, membre du Parti républicain, ex-gouverneur de l'Alaska, colistière et candidate au poste de vice-président des États-Unis en 2008 avec John McCain. Sarah Palin soutient un ensemble de candidats de droite, soit du Tea Party soit de l'establishment traditionnel républicain[27].
  • J. D. Hayworth (en), ancien membre de la Chambre des représentants des États-Unis[28].
  • Sharron Angle (en), sénatrice de l'État du Nevada, battue aux sénatoriales de 2010. C'est l'une des plus radicales tea-baggers : outre une controverse concernant son soutien à des programmes de lutte contre la toxicomanie soutenue par la Scientologie (le Second Chance Program (en)) et ses liens avec des scientologues, elle prône la dissolution du Département de l'Éducation, s'oppose à la fluoration de l'eau, prône le retrait des États-Unis des Nations unies et considère le réchauffement climatique comme une invention produite par une « science frauduleuse », etc[29].
  • Christine O'Donnell, candidate du Parti républicain pour l'élection au Sénat des États-Unis dans le Delaware, après avoir remporté les primaires dans son État contre Mike Castle, pourtant grand favori[30].
  • Michele Bachmann, représentante du Minnesota jusque 2012. Également sceptique concernant le réchauffement climatique, elle s'est opposée à la loi sur les lampes fluorescentes à économie d'énergie, affirmant qu'elles étaient aussi énergivores que des lampes normales et qu'il fallait préserver la liberté du consommateur.
  • Marco Rubio, sénateur de la Floride à l'issue des élections de mi-mandat de , réélu en 2016. Il fut candidat aux primaires présidentielles républicaines de 2016.
  • Ron Johnson, élu sénateur du Wisconsin, obtenant le siège contre le démocrate Russ Feingold, qui était l'un des sénateurs les plus à gauche. Johnson a dépensé plus de 8 millions de dollars de sa poche pour sa campagne. Outre son opposition à la réforme de la santé menée par l'administration Obama, il considère aussi, comme Angle, que le réchauffement climatique ne peut être attribué aux activités humaines.
  • Pat Toomey, élu sénateur de Pennsylvanie en 2010, réélu en 2016.
  • Nikki Haley, élue gouverneure de Caroline du Sud en 2010. Elle est de 2017 à 2018 ambassadrice américaine auprès des Nations unies.
  • Mike Lee, élu sénateur de l'Utah en 2010, réélu en 2016.
  • Matt Bevin, élu gouverneur du Kentucky en 2015.
  • Ted Cruz, sénateur du Texas depuis 2012. Il fut candidat aux primaires présidentielles républicaines de 2016[31]. Après Donald Trump, il a remporté le plus de délégués au cours de ces primaires en vue de la convention d'investiture républicaine à Cleveland.
  • Mike Pence, gouverneur de l'Indiana de 2013 à 2017 et 48e vice-président des États-Unis de 2017 à 2021[32].

Buts et contestations[modifier | modifier le code]

Trois lois, sujets de la fronde[modifier | modifier le code]

Trois dispositifs législatifs se trouvent au centre des réformes attaquées par les Républicains et par le Tea Party :

Si le Parti républicain qui veut abroger cette dernière loi (par le processus du repeal (en)), n’obtient pas la majorité au Sénat, il engage les gouverneurs à refuser les crédits pour l'appliquer (par le processus du defund). L'émergence du mouvement Tea Party risque de gêner fortement la représentation électorale de ce parti ayant actuellement la majorité au Sénat.

Or le Patient Protection and Affordable Care Act est déjà attaqué en justice par 20 États et son application dépend en grande partie des gouverneurs, dont 37 sont soumis à réélection[réf. nécessaire].

Accusations de racisme[modifier | modifier le code]

Le Tea Party s'en prend souvent avec virulence à Barack Obama, notamment du fait de ses origines[33], ce qui lui vaut de fréquentes accusations de racisme[34],[35], notamment de la part de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP)[36],[37],[38] ou du président américain lui-même[39],[40], ce dont le mouvement se défend[35],[41],[42].

Défilé parodique[modifier | modifier le code]

Les humoristes Jon Stewart et Stephen Colbert organisent une parodie de Tea Party qui rassemble des dizaines de milliers de personnes devant le Capitole le en pleine campagne législative aux États-Unis[43]. Bien que l'évènement se veuille apolitique, il est clairement de gauche[44]. Baptisée « Rassemblement pour retrouver du bon sens » (« Rally to Restore Sanity »), ou ironiquement « Marche pour garder la peur vivante » (« March to Keep Fear Alive »), c'est une réponse à la manifestation organisée par Glenn Beck, un animateur vedette de la chaîne de télévision Fox News et grand adepte du Tea Party[44].

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Russell Berman, « Gallup: Tea Party’s top concerns are debt, size of government », The Hill,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. (en-us) Sandhya Somashekhar, « Tea party activists march on Capitol Hill », sur The Washington Post, (version du sur Internet Archive) (consulté le ).
  3. (en) « Boston Tea Party is protest template », United Press,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. a b et c « Explosion » des mouvements extrémistes et paramilitaires aux USA, publié le par Antoine Ajoury, sur le site L'Orient-Le Jour (consulté le ).
  5. a et b Corine Lesnes, « Le mouvement Tea Party tente d'organiser la fronde anti-Washington », sur Le Monde, (consulté le ).
  6. a et b Richard Hétu, « Dix questions sur le Tea Party », (version du 28 juin 2013 sur Archive.today), sur Cyberpresse.ca, (consulté le ).
  7. a b c et d François Vergniolle de Chantal « L'inconnue “Tea Party” », Le Monde, 31 octobre 2010.
  8. (en-US) Jane Mayer, « Covert Operations : The billionaire brothers who are waging a war against Obama », sur The New Yorker, (consulté le ).
  9. Marie-Cécile Naves, « Aux États-Unis, les Tea Parties aussi ont leurs think tanks », sur mariececilenaves.blog.lemonde.fr, (version du sur Internet Archive) (consulté le ).
  10. « Le mouvement Tea Party pourrait nuire aux républicains »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur L'Express, dépêche Reuters, (consulté le ).
  11. (en-US) MJ Lee, « Donald Trump courts tea party at Nashville straw poll », sur CNN, (consulté le ).
  12. (en-US) Jennifer Agiesta, « CNN/ORC Donald Trump Poll: Donald Trump dominates GOP field at 41% », CNN, (consulté le ).
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Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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  • Évelyne Joslain, Tea Party : L'Amérique à la reconquête d'elle-même, Paris, Jean Picollec, coll. « ARTICLES SANS C », , 294 p. (ISBN 978-2-86477-266-8 et 2864772663)
  • Soufian Alsabbagh, La nouvelle droite américaine : le parti républicain à l'âge du Tea Party, Demopolis, 2012 (ISBN 978-235-457050-7)
  • (en) Andreas Madestam, Daniel Shoag, Stan Veuger et David Yanagizawa-Drott, « Do Political Protests Matter? : Evidence from the Tea Party Movement », The Quarterly Journal of Economics, vol. 128, no 4,‎ , p. 1633-1685 (DOI 10.1093/qje/qjt021)
  • Pierre Guerlain, « Le Tea Party ou la jacquerie instrumentalisée », dans Résistances, voix citoyennes en marge des institutions politiques, Cénomane, .

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]