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La '''bande des Quatre''' ([[Sinogramme simplifié|chinois simplifié]] : 四人帮 ; [[Sinogramme traditionnel|chinois traditionnel]] : 四人幫 ; [[Hanyu pinyin|pinyin]] : ''Sì rén bāng'') est le nom d'un groupe de dirigeants [[chine|chinois]] qui furent arrêtés et démis de leurs fonctions en 1976, peu de temps après la mort de [[Mao Zedong]]. On les accusait d'être les instigateurs de la [[révolution culturelle]], qui fit de nombreuses victimes et plongea la Chine dans le chaos de 1966 à 1976.


La '''bande des Quatre''' ([[Sinogramme simplifié|chinois simplifié]] : 四人帮 ; [[Sinogramme traditionnel|chinois traditionnel]] : 四人幫 ; [[Hanyu pinyin|pinyin]] : ''Sì rén bāng'') est le nom d'un groupe de quatre dirigeants [[chine|chinois]] — [[Jiang Qing]], [[Zhang Chunqiao]], [[Yao Wenyuan]] et [[Wang Hongwen]] — qui sont arrêtés et démis de leurs fonctions en 1976, peu de temps après la mort de [[Mao Zedong]]. Ils sont alors accusés d'être les instigateurs de la [[révolution culturelle]], qui a fait de nombreuses victimes et a plongé la Chine dans le chaos de 1966 à 1976.
La défaite politique de ce groupe et sa mise à l'écart brutale du pouvoir marqua la fin définitive de la révolution culturelle et l'échec des maoïstes qui la soutenaient au sein du [[Parti communiste chinois]] dans la lutte pour la succession du ''Grand Timonier''.

La défaite politique de ce groupe et sa mise à l'écart brutale du pouvoir marque la fin définitive de la révolution culturelle et l'échec des maoïstes qui l'ont soutenue au sein du [[Parti communiste chinois]] dans la lutte pour la succession du ''Grand Timonier''.


== Membres ==
== Membres ==
La femme de Mao, [[Jiang Qing]], appartenait à ce groupe, avec trois de ses proches, [[Zhang Chunqiao]] (membre du comité permanent du Bureau politique), [[Yao Wenyuan]] (membre du Comité central), et [[Wang Hongwen]] (vice-président du Parti)<ref>[http://www.larousse.fr/encyclopedie/groupe-personnage/Bande_des_Quatre/107385 Bande des Quatre], Encyclopédie Larousse</ref>. Deux autres personnalités du Parti, [[Kang Sheng]] et [[Xie Fuzhi]], qui sont morts avant 1976, furent accusés d'avoir participé à l'activité de cette « bande ».
La femme de Mao, [[Jiang Qing]], appartient à ce groupe, avec trois de ses proches, [[Zhang Chunqiao]] (membre du comité permanent du Bureau politique), [[Yao Wenyuan]] (membre du Comité central), et [[Wang Hongwen]] (vice-président du Parti)<ref>[http://www.larousse.fr/encyclopedie/groupe-personnage/Bande_des_Quatre/107385 « Bande des Quatre »], Encyclopédie Larousse.</ref>. Deux autres personnalités du Parti, [[Kang Sheng]] et [[Xie Fuzhi]], morts avant 1976, sont également accusés d'avoir participé à l'activité de cette « bande ».


== Implication de Mao Zedong ==
== Implication de Mao Zedong ==
Le [[Sinologie|sinologue]] [[Simon Leys]] évoque la « bande des Cinq », car il considérait que [[Mao Zedong]] appartenait à cette faction<ref>[[Claude Hudelot]], [http://blogs.mediapart.fr/blog/claude-hudelot/110814/simon-leys-pourfendeur-clairvoyant-de-mao-et-du-maoisme Simon Leys, pourfendeur clairvoyant de Mao et du maoïsme] 11 août 2014</ref>.
Le [[Sinologie|sinologue]] [[Simon Leys]] évoque la « bande des Cinq », car il considérait que [[Mao Zedong]] appartenait à cette faction<ref>[[Claude Hudelot]], [http://blogs.mediapart.fr/blog/claude-hudelot/110814/simon-leys-pourfendeur-clairvoyant-de-mao-et-du-maoisme « Simon Leys, pourfendeur clairvoyant de Mao et du maoïsme »], 11 août 2014.</ref>.


La sinologue [[Marie-Claire Bergère]] indique que cette faction radicale tient son pouvoir de la « faveur personnelle de Mao Zedong vieillissant »<ref name="MCB"/>. [[Mao Yushi]], auteur de rapports très critiques envers Mao Zedong, écrit « Le chef de la bande des Quatre, le meneur de ce désastre national était bel et bien au donjon de [[Tian'anmen]] »<ref>Ming Pao, [http://www.institutricci.org/A6_documents/data_doc/Doc/Le_coin_des_penseurs_5_-_fevrier_2012.pdf MAO Yushi : Mao Zedong tel qu'il a été] [[Instituts Ricci]] ; Le coin des penseurs, février 2012</ref>.
La sinologue [[Marie-Claire Bergère]] indique que cette faction radicale tient son pouvoir de la « faveur personnelle de Mao Zedong vieillissant »<ref name="MCB"/>. [[Mao Yushi]], auteur de rapports très critiques envers Mao Zedong, écrit « Le chef de la bande des Quatre, le meneur de ce désastre national était bel et bien au donjon de [[Tian'anmen]] »<ref>Ming Pao, [http://www.institutricci.org/A6_documents/data_doc/Doc/Le_coin_des_penseurs_5_-_fevrier_2012.pdf MAO Yushi : Mao Zedong tel qu'il a été] [[Instituts Ricci]] ; Le coin des penseurs, février 2012.</ref>.


== Objectifs et arrestation ==
== Objectifs et arrestation ==
Alors qu'il avait lui-même lancé la [[révolution culturelle]], [[Mao Zedong|Mao]] doit brutalement la réprimer dès 1969 pour en reprendre le contrôle.


Lors du [[10e Politburo du Parti communiste chinois|{{10e|Politburo}} du Parti communiste chinois]] en 1973, la « bande des Quatre » est promue à des postes principaux au sein du Parti. Ses membres interviennent « contre le rétablissement du capitalisme sous toutes ses formes ». Pour critiquer l'action de [[Zhou Enlai]] et de [[Deng Xiaoping]], la bande des Quatre utilise même le roman ''[[Au bord de l'eau]]'' datant du {{s-|XVI}}, mettant en scène les aventures de bandits d'honneur aux prises avec les mandarins locaux<ref>Jean-Pierre Duteil, [http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/la_republique_populaire_de_chine_de_1949_a_nos_jours.asp « La République populaire de Chine, de 1949 à nos jours »], Le monde de Clio, mai 2004.</ref>.
Alors qu'il avait lui-même lancé la révolution culturelle, Mao avait été contraint de la réprimer brutalement dès 1969 pour en reprendre le contrôle.


À partir de l'arrestation de la bande des Quatre, la propagande aux mains des nouveaux maîtres de la Chine proclame que Mao Zedong n'approuvait plus leur action quelque temps avant sa mort. La « bande » aurait alors essayé de prendre le pouvoir.
Lors du [[10e Politburo du Parti communiste chinois|{{10e|Politburo}} du Parti communiste chinois]] en 1973, la « bande des Quatre » est promue aux postes principaux. Ses membres interviennent « contre le rétablissement du capitalisme sous toutes ses formes ». Pour critiquer l'action de [[Zhou Enlai]] et [[Deng Xiaoping]], la bande des Quatre utilise même le roman ''[[Au bord de l'eau]]'', datant du {{s-|XVI}} et mettant en scène les aventures de bandits d'honneur aux prises avec les mandarins locaux<ref>Jean-Pierre Duteil, [http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/la_republique_populaire_de_chine_de_1949_a_nos_jours.asp La République populaire de Chine, de 1949 à nos jours] Le monde de Clio, mai 2004.</ref>.


Des années après les événements, il est difficile de savoir précisément ce qui s'est passé juste après la mort de Mao. [[Lin Biao]] a également été accusé en 1971 d'avoir voulu s'emparer du pouvoir, sans que l'on sache aujourd'hui s'il s'est agi d'un prétexte pour l'éliminer ou si une tentative a bien eu lieu. Certes, l'influence des radicaux avant la mort de Mao a grandement décliné, car en {{date-|janvier 1976}}, à la mort de Zhou Enlai, Premier ministre de la république populaire de Chine, c'est [[Hua Guofeng]], un quasi-inconnu, qui lui succède. Il est aussi certain que [[Jiang Qing]], la femme de Mao et chef de file des radicaux, a tout fait pour s'emparer du pouvoir qu'elle considère alors comme devant lui revenir. Leur tentative fait long feu face au front commun des maoïstes modérés (auxquels appartient le Premier ministre Hua Guofeng) et des pragmatiques (emmenés par Deng Xiaoping) qui sont prêts à tout pour éviter un retour aux excès de la décennie précédente, lesquels excès ont mené la Chine au bord du gouffre.
À partir de l'arrestation de la bande des Quatre, la propagande aux mains des nouveaux maîtres de la Chine proclama que Mao Zedong n'approuvait plus leur action quelque temps avant sa mort. La Bande aurait alors essayé de prendre le pouvoir.


[[Mao Zedong|Mao]] mort le {{date-|9 septembre 1976}}, la « bande » est arrêtée dès le {{date-|6 octobre 1976-}}<ref name="MCB">[[Marie-Claire Bergère]] ''La République populaire de Chine de 1949 à nos jours Paris'', Armand Colin, Page 160.</ref>. D'autres partisans des Quatre comme [[Chi Qun]] et [[Xie Jingyi]] sont arrêtés peu après<ref>[[Jean-Luc Domenach]] ''Mao, sa cour et ses complots. Derrière les Murs rouges'', p. 462.</ref>. Dans les grandes villes, la défaite des partisans de la « bande des Quatre » est rapide et les rétorsions peu nécessaires. Ainsi, à Shanghai, « {{nb|1500 personnes}} auraient été appréhendées » ce qui est relativement faible pour cette métropole, base du pouvoir maoïste. De même, des arrestations s'opèrent dans les universités de Pékin. L'armée doit exceptionnellement intervenir dans le [[Jiangxi]] et la région de [[Baoding]] dans le [[Hebei]]<ref name="AO">Jean-Luc Domenach, ''[[Chine : l'archipel oublié]]'', Paris, Fayard, page 329.</ref>.
Des années après les événements, il est difficile de savoir précisément ce qui s'est passé juste après la mort de Mao. [[Lin Biao]] avait aussi été accusé en 1971 d'avoir voulu s'emparer du pouvoir, sans que l'on sache aujourd'hui s'il s'agissait d'un prétexte pour l'éliminer ou si une tentative avait bien eu lieu. Il est certain que l'influence des radicaux avant la mort de Mao avait beaucoup décliné, car en janvier 1976, à la mort de [[Zhou Enlai]], Premier ministre de la république populaire de Chine, c'était [[Hua Guofeng]], un quasi-inconnu, qui lui avait succédé. Il est également certain que [[Jiang Qing]], la femme de [[Mao Zedong|Mao]] et chef de file des radicaux, a tout fait pour s'emparer du pouvoir qu'elle considérait comme lui revenant. Leur tentative fit long feu face au front commun des maoïstes modérés (auxquels appartenait le Premier ministre [[Hua Guofeng]]) et des pragmatiques (emmenés par [[Deng Xiaoping]]) qui étaient prêts à tout pour éviter un retour aux excès des années précédentes qui avaient mené la Chine au bord du gouffre.


== Soutien ==
[[Mao Zedong|Mao]] mort le 9 septembre 1976, la « Bande » est arrêtée dès le 6 octobre<ref name="MCB">[[Marie-Claire Bergère]] ''La République populaire de Chine de 1949 à nos jours Paris'', Armand Colin, Page 160.</ref>. D'autres partisans des Quatre comme Chi Qun et Xie Jingyi sont arrêtés peu après<ref>[[Jean-Luc Domenach]] ''Mao, sa cour et ses complots. Derrière les Murs rouges'', p. 462.</ref>. Dans les grandes villes, la défaite des partisans de la « bande des Quatre » est rapide et les rétorsions réduites. Ainsi, à Shangai, « {{formatnum:1500}} personnes auraient été appréhendées » ce qui est relativement faible pour cette métropole, base du pouvoir maoïste. De même des arrestations s'opèrent dans les universités de Pékin. L'armée doit intervenir exceptionnellement dans le [[Jiangxi]] et la région de [[Baoding]] dans le [[Hebei]]<ref name="AO">Jean-Luc Domenach, [[Chine : l'archipel oublié]]'', Paris, Fayard, page 329.</ref>.
En France, en {{date-|novembre 1976}}, quelques intellectuels dont [[Maria Antonietta Macciocchi]], [[Philippe Sollers]] et Pierre Halbwachs signent un texte, publié dans le journal ''[[Le Monde]]'', critiquant la nouvelle ligne chinoise menée par [[Deng Xiaoping]] et soutenant Jiang Qing, arrêtée dans la nuit du 6 au {{date-|7 octobre}}, leader de la bande des Quatre<ref name="CBo">[[Christophe Bourseiller]], ''Les Maoïstes, la folle histoire des gardes rouges français'', 1996, page 411.</ref>.

== Soutien ==

En France, en novembre 1976, quelques intellectuels dont [[Maria Antonietta Macciocchi]], [[Philippe Sollers]] et Pierre Halbwachs signent un texte, publié dans le journal ''[[Le Monde]]'', critiquant la nouvelle ligne chinoise menée par [[Deng Xiaoping]] et soutenant Jiang Qing, arrêtée dans la nuit du 6 au 7 octobre, leader de la bande des Quatre<ref name="CBo">[[Christophe Bourseiller]], ''Les Maoïstes, la folle histoire des gardes rouges français'', 1996, page 411.</ref>.


== Le procès de Pékin ==
== Le procès de Pékin ==
[[Huang Huoqing]] occupe le poste de procureur général de la République populaire lors du procès<ref>[https://www.lemonde.fr/archives/article/1980/09/30/la-bande-des-quatre-et-les-anciens-partisans-de-lin-biao-vont-etre-juges-conjointement_2818860_1819218.html#1oJWecQIskb5geJR.99 « La "bande des Quatre" et les anciens partisans de Lin Biao vont être jugés conjointement »], ''[[Le Monde]]'', 30 septembre 1980.</ref>. Les membres de la bande des Quatre sont exclus à vie du Parti en {{date|juillet 1977}}. Ils sont jugés en {{date|novembre 1980}}, avec six autres personnes : cinq hauts officiers proches de [[Lin Biao]], dont [[Li Zuopeng]], [[Wu Faxian]], Qiu Huizuo et [[Huang Yongsheng]], qui l'ont aidé dans sa montée au pouvoir en [[1971]], et [[Chen Boda]], secrétaire de Mao et promoteur de la [[révolution culturelle]].


Les accusés comparaissent devant 35 juges et 880 représentants du Peuple, tous des cadres du Parti communiste<ref>Pascale Nivelle, [http://www.liberation.fr/culture/2011/08/01/la-clique-malefique_752474 « La clique maléfique »], ''Libération'', {{1er}} août 2011.</ref>. Le procès est diffusé à la télévision. L'acte d'accusation précise qu'ils sont accusés d'être directement responsables de la persécution de « {{nb|729511 personnes}} » et de la mort de {{formatnum:34800}} d'entre elles pendant la révolution culturelle ; de « conspiration pour renverser la dictature du prolétariat » et de conspiration contre Mao Zedong<ref>Journal télévisé de TF1 du {{date-|20 novembre 1980}}, sources de l'INA : https://www.youtube.com/watch?v=tHdhVk6oiIA</ref>. [[Zhang Chunqiao]] garde le silence durant tout le procès, alors que [[Jiang Qing]], ayant refusé tout avocat, fait montre de toute sa colère. Tous deux sont condamnés à mort avec un sursis de deux ans leur permettant de se repentir. Les autres sont condamnés à des peines de prison<ref>[http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMEve?codeEve=727 6 octobre 1976 Arrestation en Chine des membres de la « bande des quatre »], Site de l'[[Université de Sherbrooke]] au Québec.</ref>. L'acquittement est impossible, car il contesterait toutes les preuves amassées pendant quatre ans. Selon l'article 35 du Code pénal chinois, le témoignage des accusés n'est pas obligatoire si des preuves sont suffisamment convaincantes.
[[Huang Huoqing]] tient le poste de procureur général de la République populaire lors du procès<ref>[https://www.lemonde.fr/archives/article/1980/09/30/la-bande-des-quatre-et-les-anciens-partisans-de-lin-biao-vont-etre-juges-conjointement_2818860_1819218.html#1oJWecQIskb5geJR.99 La " bande des Quatre " et les anciens partisans de Lin Biao vont être jugés conjointement] ''[[Le Monde]]'', 30 septembre 1980</ref>. Les membres de la bande des Quatre ont été exclus à vie du Parti en juillet [[1977]]. Ils ont été jugés en novembre [[1980]], avec six autres personnes : cinq hauts officiers proches de [[Lin Biao]], dont [[Li Zuopeng]], [[Wu Faxian]], Qiu Huizuo et [[Huang Yongsheng]], qui l'avaient aidé dans sa montée au pouvoir en [[1971]], et [[Chen Boda]], secrétaire de Mao et promoteur de la [[révolution culturelle]].


Sur ordre du Parti communiste, l'avocat [[Zhang Sizhi]] assure la coordination de la défense de la bande des Quatre et des généraux de Lin Biao. La position de Zhang Sizhi est délicate. D'une part, il a souffert lui-même de la révolution culturelle et abhorre ses instigateurs, d'autre part, le verdict du procès est connu d'avance, car le parti ne peut les innocenter et que la foule les hait. Cependant, il accepte par devoir et surtout par conscience professionnelle. Il positionne le rôle de l'avocat comme un expert judiciaire au service de la société, et non au service de son client. Lui et son équipe échappent ainsi à une confrontation avec le parti communiste ainsi qu'à la dégradation à vie de leur réputation par amalgame avec les accusés. Cette stratégie apolitique est toujours celle en vigueur en Chine aujourd'hui, à la différence de la tradition occidentale<ref>{{lien web|url=https://www.nytimes.com/2022/07/04/world/asia/zhang-sizhi-dead.html|titre=Zhang Sizhi, Lawyer Who Defended Chinese Dissidents, Dies at 94|date=July 4, 2022|site=New York Times|auteur=Chris Buckley et Joy Dong}}</ref>{{,}}<ref>Bout Judith, [http://www.laviedesidees.fr/L-invention-de-la-defense-en-Chine.html L'invention de la défense en Chine, Retour sur le procès de la bande des Quatre], in ''La Vie des idées'', le 20 novembre 2012.</ref>.
Les accusés comparaissent devant 35 juges et 880 représentants du Peuple, tous des cadres du Parti communiste<ref>Pascale Nivelle, [http://www.liberation.fr/culture/2011/08/01/la-clique-malefique_752474 La clique maléfique] Libération, {{1er}} août 2011</ref>. Le procès fut diffusé à la télévision. L'acte d'accusation précisait qu'ils étaient accusés d'être directement responsables de la persécution de « {{formatnum:729511}} personnes » et de la mort de {{formatnum:34800}} d'entre elles pendant la révolution culturelle. [[Zhang Chunqiao]] garda le silence pendant tout le procès, alors que [[Jiang Qing]] fit montre de toute sa colère. Tous deux furent condamnés à mort avec un sursis de deux ans leur permettant de se repentir. Les autres furent condamnés à des peines de prison<ref>[http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMEve?codeEve=727 6 octobre 1976 Arrestation en Chine des membres de la « bande des quatre »], Site de l'[[Université de Sherbrooke]] au Québec</ref>.


Les accusés servent de boucs émissaires au régime entier. Pendant le procès sont mises en avant les « erreurs » de quelques dirigeants, ce qui permet de dénoncer la ligne politique des partisans de la révolution culturelle, puis d'effectuer un recentrage politique, et ce, sans remettre en question l'héritage essentiel de Mao Zedong, ni la légitimité historique du Parti communiste chinois<ref>Wojtek Zafanolli, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342x_1981_num_46_1_3049 La signification politique du procès de Pékin].</ref>{{,}}<ref>[[Jean-Pierre Cabestan]][https://books.google.fr/books?id=zyxkaG8FNAoC&pg=PA143&lpg=PA143&dq=bande+des+quatre+mao&source=bl&ots=Kss2A1jQYY&sig=dXXXjklB_PcIjSVGZEURBIDQ3ek&hl=fr&sa=X&ei=LSuxUIaND4a00QXotoCgCw&ved=0CDoQ6AEwAzg8 La juridiction d'exception du procès de la bande des Quatre].</ref>. L'ancienne Garde rouge [[Nie Yuanzi]] considère que le Parti communiste chinois est responsable de la révolution culturelle. En effet, en 1966, aucun membre du comité central ne s'y est opposé et la « responsabilité de ce désastre » ne relèverait ainsi pas de la seule bande des Quatre, contrairement aux allégations du Parti en 1980<ref name="Ex162006">Frédéric Koller [http://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/le-fantome-des-gardes-rouges_481830.html « Le fantôme des gardes rouges »], ''L'Express'', {{1er}} juin 2006.</ref>.
Sur ordre du Parti communiste, l'avocat [[Zhang Sizhi]] assure la coordination de la défense de la bande des Quatre et des généraux de Lin Biao<ref>Bout Judith, [http://www.laviedesidees.fr/L-invention-de-la-defense-en-Chine.html L'invention de la défense en Chine, Retour sur le procès de la bande des Quatre], in ''La Vie des idées'', le 20 novembre 2012.</ref>.

Ils servirent de boucs émissaires au régime entier. Pendant le procès sont mises en avant les « erreurs » de quelques leaders, ce qui permet de dénoncer la ligne politique des partisans de la révolution culturelle, puis d'effectuer un recentrage politique, et ce sans remettre en question l'héritage essentiel de Mao Zedong, ni la légitimité historique du Parti communiste chinois<ref>Wojtek Zafanolli, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342x_1981_num_46_1_3049 La signification politique du procès de Pékin]</ref>{{,}}<ref>[[Jean-Pierre Cabestan]][https://books.google.fr/books?id=zyxkaG8FNAoC&pg=PA143&lpg=PA143&dq=bande+des+quatre+mao&source=bl&ots=Kss2A1jQYY&sig=dXXXjklB_PcIjSVGZEURBIDQ3ek&hl=fr&sa=X&ei=LSuxUIaND4a00QXotoCgCw&ved=0CDoQ6AEwAzg8 La juridiction d'exception du procès de la bande des Quatre]</ref>. L'ancienne Garde rouge [[Nie Yuanzi]] considère que le Parti communiste chinois est responsable de la révolution culturelle. En effet en 1966, aucun membre du comité central ne s'est opposé à celle-ci. Donc la « responsabilité de ce désastre » ne relève pas de la seule bande des Quatre, contrairement aux allégations du Parti en 1980<ref name="Ex162006">Frédéric Koller [http://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/le-fantome-des-gardes-rouges_481830.html Le fantôme des gardes rouges] ''L'Express'', 1 juin 2006</ref>.


== Épilogue ==
== Épilogue ==
Après le procès, les condamnés furent placés dans la [[prison de Qincheng]], prison spécifique qui accueille notamment les membres déchus du Parti communiste dans des conditions privilégiées <ref>Régis Soubrouillard, [http://m.marianne.net/Chine-la-prison-5-etoiles-des-cadres-du-Parti_a232507.html Chine : la prison « 5 étoiles » des cadres du Parti] Marianne, 25 octobre 2013</ref>.
Après le procès, les condamnés sont placés dans la [[prison de Qincheng]], prison spécifique qui accueille notamment les membres déchus du Parti communiste dans des conditions privilégiées<ref>Régis Soubrouillard, [http://m.marianne.net/Chine-la-prison-5-etoiles-des-cadres-du-Parti_a232507.html « Chine : la prison « 5 étoiles » des cadres du Parti »], ''Marianne'', 25 octobre 2013.</ref>.

La femme de Mao Zedong s'est pendue dans sa cellule en 1991. Wang Hongwen est mort de maladie en prison en 1992, Zhang Chunqiao en avril 2005 des suites d'un [[cancer]]. Enfin Yao Wenyuan est décédé le 23 décembre 2005 des complications d'un diabète<ref>[http://mobile.liberation.fr/monde/010134705-mort-du-dernier-de-la-bande-des-quatre Mort du dernier de la bande des Quatre] Libération, 7 janvier 2006</ref>.


La femme de Mao Zedong se suicide par pendaison dans sa cellule en 1991. Wang Hongwen meurt de maladie en prison en 1992, Zhang Chunqiao en {{date-|avril 2005}} des suites d'un [[cancer]]. Enfin, Yao Wenyuan meurt le {{date-|23 décembre 2005}} des complications d'un diabète<ref>[http://mobile.liberation.fr/monde/010134705-mort-du-dernier-de-la-bande-des-quatre « Mort du dernier de la bande des Quatre »], ''Libération'', 7 janvier 2006.</ref>. Chen Boda, condamné à 18 ans de prison, est libéré pour raison de santé et meurt en 1989.
Chen Boda, condamné à 18 ans de prison, est libéré pour raison de santé et meurt en 1989.


== Références ==
== Références ==
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[[Catégorie:Histoire de la république populaire de Chine]]
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La bande des Quatre (chinois simplifié : 四人帮 ; chinois traditionnel : 四人幫 ; pinyin : Sì rén bāng) est le nom d'un groupe de quatre dirigeants chinoisJiang Qing, Zhang Chunqiao, Yao Wenyuan et Wang Hongwen — qui sont arrêtés et démis de leurs fonctions en 1976, peu de temps après la mort de Mao Zedong. Ils sont alors accusés d'être les instigateurs de la révolution culturelle, qui a fait de nombreuses victimes et a plongé la Chine dans le chaos de 1966 à 1976.

La défaite politique de ce groupe et sa mise à l'écart brutale du pouvoir marque la fin définitive de la révolution culturelle et l'échec des maoïstes qui l'ont soutenue au sein du Parti communiste chinois dans la lutte pour la succession du Grand Timonier.

Membres[modifier | modifier le code]

La femme de Mao, Jiang Qing, appartient à ce groupe, avec trois de ses proches, Zhang Chunqiao (membre du comité permanent du Bureau politique), Yao Wenyuan (membre du Comité central), et Wang Hongwen (vice-président du Parti)[1]. Deux autres personnalités du Parti, Kang Sheng et Xie Fuzhi, morts avant 1976, sont également accusés d'avoir participé à l'activité de cette « bande ».

Implication de Mao Zedong[modifier | modifier le code]

Le sinologue Simon Leys évoque la « bande des Cinq », car il considérait que Mao Zedong appartenait à cette faction[2].

La sinologue Marie-Claire Bergère indique que cette faction radicale tient son pouvoir de la « faveur personnelle de Mao Zedong vieillissant »[3]. Mao Yushi, auteur de rapports très critiques envers Mao Zedong, écrit « Le chef de la bande des Quatre, le meneur de ce désastre national était bel et bien au donjon de Tian'anmen »[4].

Objectifs et arrestation[modifier | modifier le code]

Alors qu'il avait lui-même lancé la révolution culturelle, Mao doit brutalement la réprimer dès 1969 pour en reprendre le contrôle.

Lors du 10e Politburo du Parti communiste chinois en 1973, la « bande des Quatre » est promue à des postes principaux au sein du Parti. Ses membres interviennent « contre le rétablissement du capitalisme sous toutes ses formes ». Pour critiquer l'action de Zhou Enlai et de Deng Xiaoping, la bande des Quatre utilise même le roman Au bord de l'eau datant du XVIe siècle, mettant en scène les aventures de bandits d'honneur aux prises avec les mandarins locaux[5].

À partir de l'arrestation de la bande des Quatre, la propagande aux mains des nouveaux maîtres de la Chine proclame que Mao Zedong n'approuvait plus leur action quelque temps avant sa mort. La « bande » aurait alors essayé de prendre le pouvoir.

Des années après les événements, il est difficile de savoir précisément ce qui s'est passé juste après la mort de Mao. Lin Biao a également été accusé en 1971 d'avoir voulu s'emparer du pouvoir, sans que l'on sache aujourd'hui s'il s'est agi d'un prétexte pour l'éliminer ou si une tentative a bien eu lieu. Certes, l'influence des radicaux avant la mort de Mao a grandement décliné, car en , à la mort de Zhou Enlai, Premier ministre de la république populaire de Chine, c'est Hua Guofeng, un quasi-inconnu, qui lui succède. Il est aussi certain que Jiang Qing, la femme de Mao et chef de file des radicaux, a tout fait pour s'emparer du pouvoir qu'elle considère alors comme devant lui revenir. Leur tentative fait long feu face au front commun des maoïstes modérés (auxquels appartient le Premier ministre Hua Guofeng) et des pragmatiques (emmenés par Deng Xiaoping) qui sont prêts à tout pour éviter un retour aux excès de la décennie précédente, lesquels excès ont mené la Chine au bord du gouffre.

Mao mort le , la « bande » est arrêtée dès le [3]. D'autres partisans des Quatre comme Chi Qun et Xie Jingyi sont arrêtés peu après[6]. Dans les grandes villes, la défaite des partisans de la « bande des Quatre » est rapide et les rétorsions peu nécessaires. Ainsi, à Shanghai, « 1 500 personnes auraient été appréhendées » ce qui est relativement faible pour cette métropole, base du pouvoir maoïste. De même, des arrestations s'opèrent dans les universités de Pékin. L'armée doit exceptionnellement intervenir dans le Jiangxi et la région de Baoding dans le Hebei[7].

Soutien[modifier | modifier le code]

En France, en , quelques intellectuels dont Maria Antonietta Macciocchi, Philippe Sollers et Pierre Halbwachs signent un texte, publié dans le journal Le Monde, critiquant la nouvelle ligne chinoise menée par Deng Xiaoping et soutenant Jiang Qing, arrêtée dans la nuit du 6 au , leader de la bande des Quatre[8].

Le procès de Pékin[modifier | modifier le code]

Huang Huoqing occupe le poste de procureur général de la République populaire lors du procès[9]. Les membres de la bande des Quatre sont exclus à vie du Parti en . Ils sont jugés en , avec six autres personnes : cinq hauts officiers proches de Lin Biao, dont Li Zuopeng, Wu Faxian, Qiu Huizuo et Huang Yongsheng, qui l'ont aidé dans sa montée au pouvoir en 1971, et Chen Boda, secrétaire de Mao et promoteur de la révolution culturelle.

Les accusés comparaissent devant 35 juges et 880 représentants du Peuple, tous des cadres du Parti communiste[10]. Le procès est diffusé à la télévision. L'acte d'accusation précise qu'ils sont accusés d'être directement responsables de la persécution de « 729 511 personnes » et de la mort de 34 800 d'entre elles pendant la révolution culturelle ; de « conspiration pour renverser la dictature du prolétariat » et de conspiration contre Mao Zedong[11]. Zhang Chunqiao garde le silence durant tout le procès, alors que Jiang Qing, ayant refusé tout avocat, fait montre de toute sa colère. Tous deux sont condamnés à mort avec un sursis de deux ans leur permettant de se repentir. Les autres sont condamnés à des peines de prison[12]. L'acquittement est impossible, car il contesterait toutes les preuves amassées pendant quatre ans. Selon l'article 35 du Code pénal chinois, le témoignage des accusés n'est pas obligatoire si des preuves sont suffisamment convaincantes.

Sur ordre du Parti communiste, l'avocat Zhang Sizhi assure la coordination de la défense de la bande des Quatre et des généraux de Lin Biao. La position de Zhang Sizhi est délicate. D'une part, il a souffert lui-même de la révolution culturelle et abhorre ses instigateurs, d'autre part, le verdict du procès est connu d'avance, car le parti ne peut les innocenter et que la foule les hait. Cependant, il accepte par devoir et surtout par conscience professionnelle. Il positionne le rôle de l'avocat comme un expert judiciaire au service de la société, et non au service de son client. Lui et son équipe échappent ainsi à une confrontation avec le parti communiste ainsi qu'à la dégradation à vie de leur réputation par amalgame avec les accusés. Cette stratégie apolitique est toujours celle en vigueur en Chine aujourd'hui, à la différence de la tradition occidentale[13],[14].

Les accusés servent de boucs émissaires au régime entier. Pendant le procès sont mises en avant les « erreurs » de quelques dirigeants, ce qui permet de dénoncer la ligne politique des partisans de la révolution culturelle, puis d'effectuer un recentrage politique, et ce, sans remettre en question l'héritage essentiel de Mao Zedong, ni la légitimité historique du Parti communiste chinois[15],[16]. L'ancienne Garde rouge Nie Yuanzi considère que le Parti communiste chinois est responsable de la révolution culturelle. En effet, en 1966, aucun membre du comité central ne s'y est opposé et la « responsabilité de ce désastre » ne relèverait ainsi pas de la seule bande des Quatre, contrairement aux allégations du Parti en 1980[17].

Épilogue[modifier | modifier le code]

Après le procès, les condamnés sont placés dans la prison de Qincheng, prison spécifique qui accueille notamment les membres déchus du Parti communiste dans des conditions privilégiées[18].

La femme de Mao Zedong se suicide par pendaison dans sa cellule en 1991. Wang Hongwen meurt de maladie en prison en 1992, Zhang Chunqiao en des suites d'un cancer. Enfin, Yao Wenyuan meurt le des complications d'un diabète[19]. Chen Boda, condamné à 18 ans de prison, est libéré pour raison de santé et meurt en 1989.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Bande des Quatre », Encyclopédie Larousse.
  2. Claude Hudelot, « Simon Leys, pourfendeur clairvoyant de Mao et du maoïsme », 11 août 2014.
  3. a et b Marie-Claire Bergère La République populaire de Chine de 1949 à nos jours Paris, Armand Colin, Page 160.
  4. Ming Pao, MAO Yushi : Mao Zedong tel qu'il a été Instituts Ricci ; Le coin des penseurs, février 2012.
  5. Jean-Pierre Duteil, « La République populaire de Chine, de 1949 à nos jours », Le monde de Clio, mai 2004.
  6. Jean-Luc Domenach Mao, sa cour et ses complots. Derrière les Murs rouges, p. 462.
  7. Jean-Luc Domenach, Chine : l'archipel oublié, Paris, Fayard, page 329.
  8. Christophe Bourseiller, Les Maoïstes, la folle histoire des gardes rouges français, 1996, page 411.
  9. « La "bande des Quatre" et les anciens partisans de Lin Biao vont être jugés conjointement », Le Monde, 30 septembre 1980.
  10. Pascale Nivelle, « La clique maléfique », Libération, 1er août 2011.
  11. Journal télévisé de TF1 du , sources de l'INA : https://www.youtube.com/watch?v=tHdhVk6oiIA
  12. 6 octobre 1976 Arrestation en Chine des membres de la « bande des quatre », Site de l'Université de Sherbrooke au Québec.
  13. Chris Buckley et Joy Dong, « Zhang Sizhi, Lawyer Who Defended Chinese Dissidents, Dies at 94 », sur New York Times,
  14. Bout Judith, L'invention de la défense en Chine, Retour sur le procès de la bande des Quatre, in La Vie des idées, le 20 novembre 2012.
  15. Wojtek Zafanolli, La signification politique du procès de Pékin.
  16. Jean-Pierre CabestanLa juridiction d'exception du procès de la bande des Quatre.
  17. Frédéric Koller « Le fantôme des gardes rouges », L'Express, 1er juin 2006.
  18. Régis Soubrouillard, « Chine : la prison « 5 étoiles » des cadres du Parti », Marianne, 25 octobre 2013.
  19. « Mort du dernier de la bande des Quatre », Libération, 7 janvier 2006.

Documentaire[modifier | modifier le code]