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L’'''hétéronomie''' est le fait qu'un être vive selon des règles qui lui sont imposées, selon une "loi" subie. L'hétéronomie est l'inverse de l'[[autonomie]], où un être ou une société vit et interagit avec le reste du monde selon sa volonté autonome.
L’'''hétéronomie''' est le fait qu'un être vive selon des règles qui lui sont imposées, selon une « loi » subie. L'hétéronomie est l'inverse de l'[[autonomie]], où un être vit et interagit avec le reste du monde selon sa nature propre.


Chez l'être humain, l'hétéronomie représente l'impossibilité concrète ou l'incapacité morale à se donner ses propres lois et à se régir d'après elles ; l'autonomie est chez l'humain la faculté de vivre et d'agir selon ses propres forces, motivation et morale qu'il modifie suivant ses besoin. Il y a ainsi un double aspect externe : pression concrète d'une relation ou d'un système de pouvoir ; et interne : endoctrinement suivant les principes des réalités environnementales, pression sociale fondée sur le devoir. La notion d'hétéronomie est très proche de celle d’[[aliénation sociale|aliénation]] bien que celle-ci soit tenue pour plus floue, moins technique (sauf chez [[Karl Marx|Marx]]). L'[[épître aux Galates]] est l'un des rares textes de l'Antiquité qui discute de l'hétéronomie religieuse.
Chez l'être humain, l'hétéronomie représente l'impossibilité concrète ou l'incapacité morale à se donner ses propres lois et à se régir d'après elles ; l'autonomie est chez l'humain la faculté de vivre et d'agir selon ses propres forces, motivation et morale. Il y a ainsi un double aspect externe : violence concrète d'une relation ou d'un système de pouvoir ; et interne : [[endoctrinement]] idéologique, pression sociale. La notion d'hétéronomie est très proche de celle d’[[aliénation sociale|aliénation]] bien que celle-ci soit tenue pour plus floue, moins technique (sauf chez [[Karl Marx|Marx]]). L'[[épître aux Galates]] est l'un des rares textes de l'Antiquité qui discute de l'hétéronomie religieuse.


On peut élargir les notions d'autonomie et d'hétéronomie à tout système, notamment vivant, et en particulier à un [[écosystème]] : cela mène alors aux questions d'exploitation, de dégradation, de destruction de la nature.
Les sociétés d'ancien régime traditionnelles sont en règles générale des régimes hétéronomes de droit naturel dit divin où les lois ne peuvent aller contre la nature et la morale "révélée" par la nature ou Dieu. Les régimes modernes libéraux, socialistes ou nationalistes sont issus de la pensée moderne autonome de droit humain élaborée au Siècle des Lumières, où la loi repose sur une morale définie par les humains pour servir la volonté et l'intérêt humain afin de créer l'utopie et "l'Homme Nouveau". Cette autonomie juridique est l'une des caractéristiques majeures qui définit le totalitarisme des régimes modernes (Libéralisme, Socialisme, Nationalisme).


== Chez Kant ==
On peut élargir les notions d'autonomie et d'hétéronomie à tout système, notamment vivant, et en particulier à un [[écosystème]] : cela mène alors aux questions d'exploitation, de dégradation, de destruction de la nature dans les systèmes autonomes tels que les régimes totalitaires modernes.

== L'hétéronomie chez Kant ==


Pour [[Kant]]<ref>[[Emmanuel Kant]], ''[[Métaphysique des mœurs|Fondements de la métaphysique des mœurs]]'',1796</ref>, l'hétéronomie est la dépendance à l'égard de mobiles pathologiques [[Sensible (philosophie)|sensibles]] ou d'une loi extérieure.
Pour [[Kant]]<ref>[[Emmanuel Kant]], ''[[Métaphysique des mœurs|Fondements de la métaphysique des mœurs]]'',1796</ref>, l'hétéronomie est la dépendance à l'égard de mobiles pathologiques [[Sensible (philosophie)|sensibles]] ou d'une loi extérieure.
Il distingue le domaine de l'hétéronomie, soumission inévitable au socius politique, de l'[[autonomie]], capacité de se donner à soi-même ses propres lois, qui ne se conçoit valablement que dans le domaine de la liberté morale. Il évite d'envisager la morale comme domaine de la soumission aux [[norme]]s, dans le respect des pouvoirs établis et la conformité aux exigences de la raison. Kant soutient que la Raison morale (pratique comme il dit) ne se définit pas par rapport au politique, domaine par excellence de l'hétéronomie, mais par la liberté.
Il distingue le domaine de l'hétéronomie, soumission inévitable au socius politique, de l'[[autonomie]], capacité de se donner à soi-même ses propres lois, qui ne se conçoit valablement que dans le domaine de la liberté morale. Il évite d'envisager la morale comme domaine de la soumission aux [[norme]]s, dans le respect des pouvoirs établis et la conformité aux exigences de la raison. Kant soutient que la Raison morale (pratique comme il dit) ne se définit pas par rapport au politique, domaine par excellence de l'hétéronomie, mais par la liberté.


Kant a montré qu'une volonté hétéronome ne peut pas être libre et que l'action qui en résulte ne peut avoir aucune valeur morale. Par exemple, celui qui " est contraint " de faire le bien ou le mal ne saurait en porter la responsabilité ; de même, l'action de celui qui fait le bien par convenance, par imitation ou par intérêt n'a aucun sens moral<ref>{{Ouvrage|nom1=Julia, Didier (1934-....).|titre=Petit dictionnaire de la philosophie|éditeur=Larousse|date=DL 2013, cop. 2013|isbn=978-2-03-589319-2|isbn2=2-03-589319-4|oclc=862745049|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/862745049|consulté le=2020-03-25}}</ref>.
Kant a montré qu'une volonté hétéronome ne peut pas être libre et que l'action qui en résulte ne peut avoir aucune [[valeur morale]]. Par exemple, celui qui " est contraint " de faire le bien ou le mal ne saurait en porter la responsabilité ; de même, l'action de celui qui fait le bien par convenance, par imitation ou par intérêt n'a aucun sens moral<ref>{{Ouvrage|nom1=Julia, Didier (1934-....).|titre=Petit dictionnaire de la philosophie|éditeur=Larousse|date=DL 2013, cop. 2013|isbn=978-2-03-589319-2|isbn2=2-03-589319-4|oclc=862745049|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/862745049|consulté le=2020-03-25}}</ref>.


== Hétéronomie en biologie ==
== En biologie ==
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Dernière version du 2 février 2024 à 16:22

L’hétéronomie est le fait qu'un être vive selon des règles qui lui sont imposées, selon une « loi » subie. L'hétéronomie est l'inverse de l'autonomie, où un être vit et interagit avec le reste du monde selon sa nature propre.

Chez l'être humain, l'hétéronomie représente l'impossibilité concrète ou l'incapacité morale à se donner ses propres lois et à se régir d'après elles ; l'autonomie est chez l'humain la faculté de vivre et d'agir selon ses propres forces, motivation et morale. Il y a ainsi un double aspect externe : violence concrète d'une relation ou d'un système de pouvoir ; et interne : endoctrinement idéologique, pression sociale. La notion d'hétéronomie est très proche de celle d’aliénation bien que celle-ci soit tenue pour plus floue, moins technique (sauf chez Marx). L'épître aux Galates est l'un des rares textes de l'Antiquité qui discute de l'hétéronomie religieuse.

On peut élargir les notions d'autonomie et d'hétéronomie à tout système, notamment vivant, et en particulier à un écosystème : cela mène alors aux questions d'exploitation, de dégradation, de destruction de la nature.

Chez Kant[modifier | modifier le code]

Pour Kant[1], l'hétéronomie est la dépendance à l'égard de mobiles pathologiques sensibles ou d'une loi extérieure. Il distingue le domaine de l'hétéronomie, soumission inévitable au socius politique, de l'autonomie, capacité de se donner à soi-même ses propres lois, qui ne se conçoit valablement que dans le domaine de la liberté morale. Il évite d'envisager la morale comme domaine de la soumission aux normes, dans le respect des pouvoirs établis et la conformité aux exigences de la raison. Kant soutient que la Raison morale (pratique comme il dit) ne se définit pas par rapport au politique, domaine par excellence de l'hétéronomie, mais par la liberté.

Kant a montré qu'une volonté hétéronome ne peut pas être libre et que l'action qui en résulte ne peut avoir aucune valeur morale. Par exemple, celui qui " est contraint " de faire le bien ou le mal ne saurait en porter la responsabilité ; de même, l'action de celui qui fait le bien par convenance, par imitation ou par intérêt n'a aucun sens moral[2].

En biologie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs,1796
  2. Julia, Didier (1934-....)., Petit dictionnaire de la philosophie, Larousse, dl 2013, cop. 2013 (ISBN 978-2-03-589319-2 et 2-03-589319-4, OCLC 862745049, lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]