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[[Fichier:Haouch du bureau arabe de Tlemcen (Algérie), recevant un message des mains d'un Mkazni du kaïd d'Oudjda (Maroc).jpg|vignette|Haouch du bureau arabe de [[Tlemcen]] ([[Algérie]]), recevant un message des mains d'un Mkazni du [[Caïd|kaïd]] d'[[Oudjda]] (Maroc). Photo [[Félix-Jacques Moulin]], {{date|1856}}.]]
Le terme {{citation|'''makhzen'''}} (en [[arabe]] : {{lang|rtl|ar|مخزن}} ; littéralement « magasin », en [[amazighe standard marocain|amazighe]] : ⵍⵎⴰⵅⵣⵏ) désigne, dans le langage courant et familier au [[Maroc]], à la fois le pouvoir marocain et par extension l'administration.
Le '''{{transl|ar|makhzen}}''' (en {{lang-ar|مَخْزَن}}, ''{{transl|ar|maḵzan}}'', {{litt.}} « magasin » ; en [[amazighe standard marocain|amazighe]] : {{lang|zgh|ⵍⵎⴰⵅⵣⵏ}}) est, dans le [[langage courant]] et [[Registre familier|familier]] au [[Maroc]], à la fois le pouvoir marocain et par extension l'administration.


Avant le [[Protectorat français au Maroc|protectorat]], le Makhzen était l'appellation du [[gouvernement]] du [[Liste des monarques du Maroc|monarque du Maroc]].
Avant le [[Protectorat français au Maroc|protectorat]], le {{transl|ar|makhzen}} était l'appellation du [[gouvernement]] du [[Roi du Maroc|monarque du Maroc]].


== Origine et étymologie ==
== Origine et étymologie ==
À l'origine, le terme Makhzen désignait les lieux (abris) où étaient stockées les denrées de base (blé, orge etc ..) par le pouvoir [[Saadiens]] pour faire face aux grandes famines ou aux catastrophes. Par extension, la population a commencé a assimiler le Makhzen aux personnes dépositaires de ces lieux de stockage de ces denrées et les responsables de leur distribution.
Selon l'''[[Encyclopédie de l'Islam]]''{{sfn|Michaux-Bellaire|Buret|1936}}, le terme « {{transl|ar|makhzen}} » est dérivé du [[verbe]] « {{transl|ar|khazana}} » ({{lang|rtl|ar|خَزَنَ}}, ''{{transl|ar|ḵazana}}'') qui signifie « enfermer », « conserver », « thésauriser ». À l'origine, « {{transl|ar|makhzen}} » désignait les abris où étaient stockées les denrées de base ([[blé]], [[Hordeum|orge]]{{etc.}}) par le pouvoir [[Saadiens|saadien]] pour faire face aux grandes famines ou aux catastrophes. Par extension, la population a commencé a assimiler le {{transl|ar|makhzen}} aux personnes dépositaires de ces lieux de stockage et aux responsables de la distribution des denrées stockées.


== Histoire ==
== Histoire ==
=== Ère médiévale et précoloniale ===
=== Ère médiévale et précoloniale ===
L'utilisation du terme {{citation|Makhzen}} pour désigner l'appareil étatique date de l'ère [[Almoravides|almoravide]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Yousra Abourabi|titre=Maroc|lieu=Louvain-la-Neuve|éditeur=De Boeck Superieur|année=2019|pages totales=128|passage=16|isbn=9782807321465}}</ref>, forme qui perdure sous les dynasties qui leur succéderont.
L'utilisation du terme « {{transl|ar|makhzen}} » pour désigner l'appareil étatique date de l'ère [[Almoravides|almoravide]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Yousra Abourabi|titre=Maroc|lieu=Louvain-la-Neuve|éditeur=[[De Boeck Supérieur]]|année=2019|pages totales=124|collection=Monde arabe - monde musulman|isbn=978-2-8073-2146-5|passage=49}}.</ref>, forme qui perdure sous les dynasties qui leur succèdent.


La structure administrative du Makhzen est réorganisée sous le sultan [[Saadiens|saadien]] [[Ahmed al-Mansour]], qui s'inspire du modèle [[Empire ottoman|ottoman]]<ref>{{Article|prénom1=Brahim|nom1=Harakat|titre=Le makhzen sa'adien|périodique=Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée|volume=15|numéro=1|date=1973|doi=10.3406/remmm.1973.1226|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/remmm_0035-1474_1973_num_15_1_1226|consulté le=2022-12-16|pages=43–60}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Yousra Abourabi|titre=Maroc|lieu=Louvain-la-Neuve|éditeur=De Boeck Superieur|année=2019|pages totales=128|passage=17|isbn=9782807321465}}</ref>.
La structure administrative du {{transl|ar|makhzen}} est réorganisée sous le sultan [[Saadiens|saadien]] [[Ahmed al-Mansour]], qui s'inspire du modèle [[Empire ottoman|ottoman]]<ref>{{Article|auteur1=Brahim Harakat|titre=Le {{transl|ar|makhzen}} sa'adien|périodique=[[Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée]]|numéro=15-16|date=1973|doi=10.3406/remmm.1973.1226|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/remmm_0035-1474_1973_num_15_1_1226|consulté le=2022-12-16|pages=43–60}}.</ref>{{,}}{{sfn|Abourabi|2019|p=17}}.


Sous les Alaouites, le Makhzen repose grandement sur les familles arabo-andalouses ou de l'aristocratie religieuse (chorfas) des grandes villes du Maroc telles que Fès, Rabat, Salé ou Marrakech.
Sous les [[Dynastie alaouite|Alaouites]], le {{transl|ar|makhzen}} repose grandement sur les familles [[Arabes|arabo]]-[[Al-Andalus|andalouses]] ou de l'aristocratie religieuse ([[Chérif|chorfas]]) des grandes villes du Maroc telles que [[Fès]], [[Rabat]], [[Salé]] ou [[Marrakech]].


=== Ère moderne ===
=== Ère moderne ===
Depuis l'[[indépendance du Maroc|indépendance retrouvée]] et la mise en place d'institutions modernes, l'institution traditionnelle du makhzen a théoriquement cessé d'exister. Cependant l'appellation {{citation|Makhzen}} continue de désigner, dans le langage courant et familier, l'appareil étatique marocain.
Depuis l'[[indépendance du Maroc|indépendance retrouvée]] et la mise en place d'institutions modernes, l'institution traditionnelle du {{transl|ar|makhzen}} a théoriquement cessé d'exister. Cependant l'appellation « {{transl|ar|makhzen}} » continue de désigner, dans le langage courant et familier, l'appareil étatique marocain.


Officiellement, le terme {{citation|Makhzen}} est actuellement réduit à désigner certaines brigades (Makhzen administratif, Makhzen mobile, Makhzen mécanisé, etc.) des [[Forces auxiliaires marocaines|Forces auxiliaires]], un corps paramilitaire dépendant du [[Ministère de l'Intérieur (Maroc)|ministère de l'Intérieur]].
Officiellement, le terme « {{transl|ar|makhzen}} » est de nos jours réduit à désigner certaines brigades ({{transl|ar|makhzen}} administratif, {{transl|ar|makhzen}} mobile, {{transl|ar|makhzen}} mécanisé, etc.) des [[Forces Auxiliaires|Forces auxiliaires]], un corps [[paramilitaire]] dépendant du [[Ministère de l'Intérieur (Maroc)|ministère de l'Intérieur]].


== Notes et références ==
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== Voir aussi ==
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=== Article connexe ===
=== Article connexe ===
* [[Forces auxiliaires marocaines]]
* [[Forces auxiliaires marocaines]]


=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* Elbaki Hermassi, ''Leadership and National development in North Africa, a comparative study'', [[University of California Press]], Berkeley, Los Angeles, Londres, 1972
* {{ouvrage|langue=en|auteur1=Elbaki Hermassi|titre=Leadership and National Development in North Africa|sous-titre=A Comparative Study|éditeur=[[University of California Press]]|lieu=Berkeley, Los Angeles, Londres|année=1972|réimpression=1975, {{coll.|Campus}}, {{n°}}136|pages totales=241|url={{Google Livres|2YoRyGGoT5oC|couv=1}}|isbn=0-520-02170-3|isbn2=0-520-02894-5}}.
* {{chapitre|auteur1=Alain Claisse|titre=Le {{transl|ar|makhzen}} aujourd'hui|auteurs ouvrage=Jean-Claude Santucci ({{dir.}}), [[Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman|IREMAM]]|titre ouvrage=Le Maroc actuel|sous-titre ouvrage=Une modernisation au miroir de la tradition ?|lieu=Paris|éditeur=[[CNRS Éditions|Éditions du CNRS]]|année=1992|pages totales=438|isbn=2-222-04477-4<!-- édition imprimée -->|isbn2=978-2-271-08130-8<!-- édition numérique-->|doi=10.4000/books.iremam.2431|url=https://books.openedition.org/iremam/2431|passage=285–310}}.
* {{citeref|Michaux-Bellaire|Buret|1936|{{chapitre|auteur1=[[Édouard Michaux-Bellaire|É. Michaux-Bellaire]]|responsabilité1=texte|auteur2=M. Buret|responsabilité2={{abrd|bibliogr.|bibliographie}}|titre chapitre={{transl|ar|Mak̲h̲zan}}|titre ouvrage=[[Encyclopédie de l'Islam]]|sous-titre ouvrage=Dictionnaire géographique, ethnographique et biographique des peuples musulmans|tome={{III}}|titre tome=L–R|auteurs ouvrage={{lien|Martijn Theodoor Houtsma|texte=M. Th. Houtsma}} ({{dir.}}), {{lien|langue=nl|Arent Jan Wensinck|texte=A. J. Wensinck}} ({{dir.}}), [[Évariste Lévi-Provençal|É. Lévi-Provençal]] ({{dir.}}), [[Hamilton Alexander Rosskeen Gibb|H. A. R. Gibb]] ({{dir.}}) et [[Wilhelm Heffening|W. Heffening]] ({{dir.}})|lieu=Leyde et Paris|éditeur=[[Éditions Brill|Brill]] et [[Klincksieck]]|numéro d'édition=1|année=1936|pages totales=1272|passage=176–182}}, repris dans {{ouvrage|titre=Encyclopédie de l'Islam|tome={{VI}}|titre tome=Mahk–Mid|auteur1=[[Clifford Edmund Bosworth|C. E. Bosworth]]|directeur1=oui|auteur2=[[Emeri van Donzel|E. van Donzel]]|directeur2=oui|auteur3=[[Bernard Lewis|B. Lewis]]|directeur3=oui|auteur4=[[Charles Pellat|Ch. Pellat]]|directeur4=oui|lieu=Leyde et Paris|éditeur=[[Éditions Brill|Brill]] et [[Maisonneuve et Larose]]|année=1991|numéro d'édition=2|pages totales=1037|isbn=90-04-08113-5|doi=10.1163/9789004206106_eifo_SIM_4828}}, d'abord publié dans le {{abrd|fasc.|fascicule}} {{n°|2}}, livraisons {{numéros|101–102}} : ''{{transl|ar|Mak̲h̲dūm Ḳulī–Malik Mug̲h̲īt̲h̲}}'', {{date|1987}}, 256{{nb p.}} {{ISBN|90-04-08660-9}}}}.


=== Liens externes ===
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[[Catégorie:Expression courante]]
[[Catégorie:Expression courante]]

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Haouch du bureau arabe de Tlemcen (Algérie), recevant un message des mains d'un Mkazni du kaïd d'Oudjda (Maroc). Photo Félix-Jacques Moulin, .

Le makhzen (en arabe : مَخْزَن, maḵzan, litt. « magasin » ; en amazighe : ⵍⵎⴰⵅⵣⵏ) est, dans le langage courant et familier au Maroc, à la fois le pouvoir marocain et par extension l'administration.

Avant le protectorat, le makhzen était l'appellation du gouvernement du monarque du Maroc.

Origine et étymologie[modifier | modifier le code]

Selon l'Encyclopédie de l'Islam[1], le terme « makhzen » est dérivé du verbe « khazana » (خَزَنَ, ḵazana) qui signifie « enfermer », « conserver », « thésauriser ». À l'origine, « makhzen » désignait les abris où étaient stockées les denrées de base (blé, orgeetc.) par le pouvoir saadien pour faire face aux grandes famines ou aux catastrophes. Par extension, la population a commencé a assimiler le makhzen aux personnes dépositaires de ces lieux de stockage et aux responsables de la distribution des denrées stockées.

Histoire[modifier | modifier le code]

Ère médiévale et précoloniale[modifier | modifier le code]

L'utilisation du terme « makhzen » pour désigner l'appareil étatique date de l'ère almoravide[2], forme qui perdure sous les dynasties qui leur succèdent.

La structure administrative du makhzen est réorganisée sous le sultan saadien Ahmed al-Mansour, qui s'inspire du modèle ottoman[3],[4].

Sous les Alaouites, le makhzen repose grandement sur les familles arabo-andalouses ou de l'aristocratie religieuse (chorfas) des grandes villes du Maroc telles que Fès, Rabat, Salé ou Marrakech.

Ère moderne[modifier | modifier le code]

Depuis l'indépendance retrouvée et la mise en place d'institutions modernes, l'institution traditionnelle du makhzen a théoriquement cessé d'exister. Cependant l'appellation « makhzen » continue de désigner, dans le langage courant et familier, l'appareil étatique marocain.

Officiellement, le terme « makhzen » est de nos jours réduit à désigner certaines brigades (makhzen administratif, makhzen mobile, makhzen mécanisé, etc.) des Forces auxiliaires, un corps paramilitaire dépendant du ministère de l'Intérieur.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Michaux-Bellaire et Buret 1936.
  2. Yousra Abourabi, Maroc, Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, coll. « Monde arabe - monde musulman », , 124 p. (ISBN 978-2-8073-2146-5), p. 49.
  3. Brahim Harakat, « Le makhzen sa'adien », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, nos 15-16,‎ , p. 43–60 (DOI 10.3406/remmm.1973.1226, lire en ligne, consulté le ).
  4. Abourabi 2019, p. 17.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Article connexe[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]