« Sex Pistols » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Stocha (discuter | contributions)
Mitchosaure (discuter | contributions)
→‎Biographie : Ajout de lien interne
Balises : Modification par mobile Modification par le web mobile Modification sur mobile avancée
 
(33 versions intermédiaires par 23 utilisateurs non affichées)
Ligne 10 : Ligne 10 :
| genre = [[Punk rock]]
| genre = [[Punk rock]]
| années actives = [[1975 en musique|1975]]–[[1978 en musique|1978]], [[1996 en musique|1996]], [[2002 en musique|2002]]–[[2003 en musique|2003]], [[2007 en musique|2007]]–[[2008 en musique|2008]]
| années actives = [[1975 en musique|1975]]–[[1978 en musique|1978]], [[1996 en musique|1996]], [[2002 en musique|2002]]–[[2003 en musique|2003]], [[2007 en musique|2007]]–[[2008 en musique|2008]]
| label = [[EMI Group|EMI Records]], [[A&M Records]], [[Virgin Records]], [[Universal Music Group]]<ref>{{lien web|titre=Sex Pistols Timeline|url=https://www.sexpistolsofficial.com/bio/sex-pistols-timeline/|site=Sex Pistols|consulté le=25 avril 2018}}</ref>
| label = [[EMI Group|EMI Records]], [[A&M Records]], [[Virgin Records]], [[Universal Music Group]]<ref>{{lien web|titre=Sex Pistols Timeline|url=https://www.sexpistolsofficial.com/bio/sex-pistols-timeline/|site=Sex Pistols|consulté le=25 avril 2018}}.</ref>
| influences = [[The Stooges]], [[Small Faces (groupe)|Small Faces]], [[New York Dolls]]
| influences = [[The Stooges]], [[Small Faces (groupe)|Small Faces]], [[New York Dolls]]
| site web = {{URL|http://www.sexpistolsofficial.com/}}
| site web = {{URL|http://www.sexpistolsofficial.com/}}
Ligne 18 : Ligne 18 :
}}
}}


'''Sex Pistols''' {{MSAPI|sɛks ˈpɪstəlz}}<ref>[[Prononciation de l'anglais|Prononciation]] en [[anglais britannique]] [[Transcription phonétique|retranscrite]] selon la [[alphabet phonétique international|norme API]].</ref> est un [[groupe musical|groupe]] de [[punk rock]] [[Royaume-Uni|britannique]], originaire de [[Londres]], au [[Royaume-Uni]]. Il est formé en [[1975 en musique|1975]] et connu pour être l'initiateur du [[mouvement punk]]<ref>{{en}} - [http://enjoyment.independent.co.uk/music/features/article324977.ece ''The birth of punk''] - ''Independent News and Media Limited''</ref>. À sa formation, le [[quatuor]] se compose de [[Johnny Rotten]] (Lydon de son vrai nom) au [[chant]], [[Steve Jones (musicien)|Steve Jones]] à la [[guitare]], [[Paul Cook (Sex Pistols)|Paul Cook]] à la [[batterie (musique)|batterie]] et [[Glen Matlock]] à la [[guitare basse|basse]]. Ce dernier est remplacé par [[Sid Vicious]] en [[1977 en musique|1977]]. Malgré une courte carrière de trois ans, un seul [[album (musique)|album]] studio enregistré, ''[[Never Mind the Bollocks, Here's the Sex Pistols]]'' et quatre [[single (musique)|singles]], Sex Pistols est décrit par la [[British Broadcasting Corporation|BBC]] comme {{citation|le groupe de punk rock anglais ultime}} ({{Citation étrangère|langue=en|the definitive English punk rock band}})<ref name="BBC1">{{en}} - {{Lien web|url=https://www.bbc.co.uk/music/profiles/sexpistols.shtml|titre=Artist profiles |auteur= BBC.co.uk|année=|éditeur=|consulté le=22 septembre 2006}}.</ref>.
'''Sex Pistols''' {{MSAPI|sɛks ˈpɪstəlz}}<ref>[[Prononciation de l'anglais|Prononciation]] en [[anglais britannique]] [[Transcription phonétique|retranscrite]] selon la [[alphabet phonétique international|norme API]].</ref>est un [[groupe musical|groupe]] de [[punk rock]] [[Royaume-Uni|britannique]], originaire de [[Londres]], au [[Royaume-Uni]]. Il est formé en [[1975 en musique|1975]] et connu pour être l'initiateur du [[mouvement punk]]<ref>{{en}} - [http://enjoyment.independent.co.uk/music/features/article324977.ece ''The birth of punk''] - ''Independent News and Media Limited''.</ref>. À sa formation, le [[quatuor]] se compose de [[Johnny Rotten]] (Lydon de son vrai nom) au [[chant]], [[Steve Jones (musicien)|Steve Jones]] à la [[guitare]], [[Paul Cook (Sex Pistols)|Paul Cook]] à la [[batterie (musique)|batterie]] et [[Glen Matlock]] à la [[guitare basse|basse]]. Ce dernier est remplacé par [[Sid Vicious]] en [[1977 en musique|1977]]. Malgré une courte carrière de trois ans, un seul [[album (musique)|album]] studio enregistré, ''[[Never Mind the Bollocks, Here's the Sex Pistols]]'' et quatre [[single (musique)|singles]], Sex Pistols est décrit par la [[British Broadcasting Corporation|BBC]] comme {{citation|le groupe de punk rock anglais ultime}} ({{Citation étrangère|langue=en|the definitive English punk rock band}})<ref name="BBC1">{{en}} - {{Lien web|url=https://www.bbc.co.uk/music/profiles/sexpistols.shtml|titre=Artist profiles |auteur= BBC.co.uk|année=|éditeur=|consulté le=22 septembre 2006}}.</ref>.


Le groupe voit le jour alors que le [[rock progressif]] et la [[pop (musique)|pop]] sont les [[genre musical|genres musicaux]] les plus dominants au milieu des [[années 1970]]<ref name="thesexpistol">{{en}} - {{Lien web|url=https://www.rollingstone.com/artists/thesexpistols/biography|titre=The Sex Pistols|auteur=Rolling Stone Encyclopedia of Rock & Roll|année=2001|éditeur=|consulté le=11 septembre 2006}}</ref>. Les nombreuses controverses, qui ont à la fois fasciné et choqué l'Angleterre, ont souvent dissimulé sa [[musique]]<ref name="Robb">Robb, John, ''Punk Rock: An Oral History'', Elbury Press, 2006. {{ISBN|0-09-190511-7}}.</ref>. Le single ''[[God Save the Queen (chanson)|God Save the Queen]]'' de [[1977 en musique|1977]] a été perçu comme une attaque envers la [[monarchie britannique|monarchie]] et le nationalisme britanniques<ref name="nat">{{en}} - BBC Radio 1 [http://www.bbc.co.uk/radio1/johnpeel/artists/s/sexpistols/# ''Artists A-Z''] 17 octobre 2006.</ref>. Les concerts ont souvent, à cause de la violence du public, posé des problèmes entre les autorités et les organisateurs.
Le groupe voit le jour alors que le [[rock progressif]] et la [[pop (musique)|pop]] sont les [[genre musical|genres musicaux]] les plus dominants au milieu des [[années 1970]]<ref name="thesexpistol">{{en}} - {{Lien web|url=https://www.rollingstone.com/artists/thesexpistols/biography|titre=The Sex Pistols|auteur=Rolling Stone Encyclopedia of Rock & Roll|année=2001|éditeur=|consulté le=11 septembre 2006}}.</ref>. Les nombreuses controverses, qui ont à la fois fasciné et choqué l'Angleterre, ont souvent dissimulé sa [[musique]]<ref name="Robb">Robb, John, ''Punk Rock: An Oral History'', Elbury Press, 2006. {{ISBN|0-09-190511-7}}</ref>. Le single ''[[God Save the Queen (chanson)|God Save the Queen]]'' de [[1977 en musique|1977]] a été perçu comme une attaque envers la [[monarchie britannique|monarchie]] et le nationalisme britanniques<ref name="nat">{{en}} - BBC Radio 1 [http://www.bbc.co.uk/radio1/johnpeel/artists/s/sexpistols/# ''Artists A-Z''] 17 octobre 2006.</ref>. Les concerts ont souvent, à cause de la violence du public, posé des problèmes entre les autorités et les organisateurs.


En janvier [[1978 en musique|1978]], après une tournée mouvementée aux [[États-Unis]], Johnny Rotten quitte le groupe, annonçant ainsi sa dissolution. Pendant les quelques mois qui suivent, les trois membres restant enregistrent plusieurs chansons pour le film de [[Julien Temple]], ''[[The Great Rock 'n' Roll Swindle]]''. Une « fable » selon Temple dans laquelle [[Malcolm McLaren]] (manager du groupe) se moque des médias qui lui ont tant reproché de n'avoir été là que pour l'argent. [[Sid Vicious]] meurt quelques mois plus tard d'une [[overdose]] à [[New York]]<ref>{{en}} [http://news.bbc.co.uk/onthisday/hi/dates/stories/february/2/newsid_2523000/2523601.stm BBC ON THIS DAY] - ''1979: Sid Vicious dies from drugs overdose''</ref>.
En janvier [[1978 en musique|1978]], après une tournée mouvementée aux [[États-Unis]], Johnny Rotten quitte le groupe, annonçant ainsi sa dissolution. Pendant les quelques mois qui suivent, les trois membres restant enregistrent plusieurs chansons pour le film de [[Julien Temple]], ''[[The Great Rock 'n' Roll Swindle]]''. Une « fable » selon Temple dans laquelle [[Malcolm McLaren]] (manager du groupe) se moque des médias qui lui ont tant reproché de n'avoir été là que pour l'argent. [[Sid Vicious]] meurt quelques mois plus tard d'une [[overdose]] d'[[héroïne]] à [[New York]]<ref>{{en}} [http://news.bbc.co.uk/onthisday/hi/dates/stories/february/2/newsid_2523000/2523601.stm BBC ON THIS DAY] - ''1979: Sid Vicious dies from drugs overdose''.</ref>.


En [[1996 en musique|1996]], Lydon, Cook, Matlock et Jones se réunissent à nouveau, et partent en tournée de juin à {{date-|décembre 1996}}. La formation a également entrepris d'autres tournées en 2002, [[2003 en musique|2003]], [[2007 en musique|2007]] et [[2008 en musique|2008]].
En [[1996 en musique|1996]], Lydon, Cook, Matlock et Jones se réunissent à nouveau, et partent en tournée de juin à {{date-|décembre 1996}}. La formation a également entrepris d'autres tournées en 2002, [[2003 en musique|2003]], [[2007 en musique|2007]] et [[2008 en musique|2008]].
Ligne 28 : Ligne 28 :
== Biographie ==
== Biographie ==
=== Origines et formation ===
=== Origines et formation ===
Les Sex Pistols, à l'instar de l'intégralité du mouvement punk<ref>{{Article |langue=Anglais |auteur1=Jonathan Watts |auteur2=Dan Collyns |titre=Where did punk begin? A cinema in Peru. |périodique=The Guardian |date=2016 |issn= |lire en ligne= |pages= }}</ref>, s'inspirent très largement du groupe [[Los Saicos]]. Ils sont nés de la formation de The Strand (également appelés pendant un moment The Swankers), un groupe londonien formé en [[1972 en musique|1972]], avec [[Steve Jones (musicien)|Steve Jones]] au chant et à la guitare, [[Paul Cook (Sex Pistols)|Paul Cook]] à la batterie, et Wally Nightingale à la seconde guitare. La bande recrute aussi Jim Mackin à l'[[orgue]] et Stephen Hayen (et plus tard Del Noones) à la basse<ref name="Anarchist">{{en}} - O'Shea, Mick, ''{{Langue|en|The Early Days of the Sex Pistols: “Only Anarchists Are Pretty”}}'', {{Langue|en|Helter Skelter Publishing}} (2004), {{p.|29}}. {{ISBN|1-900924-93-5}}.</ref>{{,}}<ref>{{en}} Savage, Jon. ''England's Dreaming'', {{p.|77–79}}.</ref> sans grand succès. Les membres du groupe fréquentent régulièrement deux magasins de vêtements sur [[Kings Road]], dans le quartier londonien de [[Chelsea (Londres)|Chelsea]], Acme Attractions, tenu par [[Don Letts]] et [[Too Fast to Live, Too Young to Die]] géré par le couple [[Vivienne Westwood]] et [[Malcolm McLaren]]. Ces derniers ouvrent leur commerce en [[1971]] sous l'enseigne Let it Rock, s'inspirant du style [[Teddy Boys]] dans leurs créations. Let it Rock est renommé en 1972.
Les Sex Pistols, à l'instar de l'intégralité du mouvement punk<ref>{{Article |langue=Anglais |auteur1=Jonathan Watts |auteur2=Dan Collyns |titre=Where did punk begin? A cinema in Peru. |périodique=The Guardian |date=2016 |issn= |lire en ligne= |pages= }}.</ref>, s'inspirent très largement du groupe [[Los Saicos]]. Ils sont nés de la formation de The Strand (également appelés pendant un moment The Swankers), un groupe londonien formé en [[1972 en musique|1972]], avec [[Steve Jones (musicien)|Steve Jones]] au chant et à la guitare, [[Paul Cook (Sex Pistols)|Paul Cook]] à la batterie, et Wally Nightingale à la seconde guitare. La bande recrute aussi Jim Mackin à l'[[orgue]] et Stephen Hayen (et plus tard Del Noones) à la basse<ref name="Anarchist">{{en}} - O'Shea, Mick, ''{{Langue|en|The Early Days of the Sex Pistols: “Only Anarchists Are Pretty”}}'', {{Langue|en|Helter Skelter Publishing}} (2004), {{p.|29}}. {{ISBN|1-900924-93-5}}</ref>{{,}}<ref>{{en}} Savage, Jon. ''England's Dreaming'', {{p.|77–79}}.</ref> sans grand succès. Les membres du groupe fréquentent régulièrement deux magasins de vêtements sur [[Kings Road]], dans le quartier londonien de [[Chelsea (Londres)|Chelsea]], Acme Attractions, tenu par [[Don Letts]], et [[Too Fast to Live, Too Young to Die]] géré par le couple [[Vivienne Westwood]] et [[Malcolm McLaren]]. Ces derniers ouvrent leur commerce en [[1971]] sous l'enseigne Let it Rock, s'inspirant du style [[Teddy Boys]] dans leurs créations. Let it Rock est renommé en 1972.


Au début de l'année [[1973]], Jones demande à McLaren s'il connait un bassiste car ceux qui ont été auditionnés n'ont pas convaincu. Glen Matlock, un étudiant qui travaille pour le magasin du couple Westwood/McLaren, est alors présenté et devient le bassiste définitif (jusqu'à l'arrivée de Sid Vicious). Entre 1973 et [[1974]], McLaren part à [[New York]] plusieurs fois, il y fait la connaissance de groupes et artistes qui fréquentent les clubs [[CBGB]]'s et [[Max's Kansas City]]. Il finit par s'occuper des [[New York Dolls]] avant que ceux-ci ne se séparent pour diverses raisons (drogues, egos, management). Pendant ce temps, [[Bernard Rhodes]], un ami de McLaren et futur manager de The Clash, aide Vivienne Westwood à tenir la boutique, il fait ainsi la connaissance des musiciens de The Strand et sympathise avec eux. Le groupe répète régulièrement et se produit en public pour la première fois au début de l'année 1975, à l'occasion d'un anniversaire, dans une pièce au premier étage d'un pub, le Tom Salters Cafe. Ils jouent des reprises de groupes des années 1960 (Small Faces, Who{{etc.}}) ainsi que deux compositions, ''{{Langue|en|Scarface}}'' et ''{{Langue|en|Did You No Wrong}}'', face B du simple ''{{Langue|en|God Save The Queen}}'' sorti en 1977.
Au début de l'année [[1973]], Jones demande à McLaren s'il connait un bassiste car ceux qui ont été auditionnés n'ont pas convaincu. Glen Matlock, un étudiant qui travaille pour le magasin du couple Westwood/McLaren, est alors présenté et devient le bassiste définitif (jusqu'à l'arrivée de Sid Vicious). Entre 1973 et [[1974]], McLaren part à [[New York]] plusieurs fois, il y fait la connaissance de groupes et artistes qui fréquentent les clubs [[CBGB]]'s et [[Max's Kansas City]]. Il finit par s'occuper des [[New York Dolls]] avant que ceux-ci ne se séparent pour diverses raisons (drogues, egos, management). Pendant ce temps, [[Bernard Rhodes]], un ami de McLaren et futur manager de [[The Clash]], aide Vivienne Westwood à tenir la boutique, il fait ainsi la connaissance des musiciens de The Strand et sympathise avec eux. Le groupe répète régulièrement et se produit en public pour la première fois au début de l'année 1975, à l'occasion d'un anniversaire, dans une pièce au premier étage d'un pub, le Tom Salters Cafe. Ils jouent des reprises de groupes des années 1960 (Small Faces, Who{{etc.}}) ainsi que deux compositions, ''{{Langue|en|Scarface}}'' et ''{{Langue|en|Did You No Wrong}}'', face B du simple ''{{Langue|en|God Save The Queen}}'' sorti en 1977.


Au cours de l'année [[1975 en musique|1975]], à force d'insistance, Steve Jones convainc [[Malcolm McLaren]] d'aider la formation The Strand. Celui-ci devient peu à peu le manager du groupe. Parallèlement à cela, la boutique change à nouveau de nom en devenant [[Sex (boutique)|SEX]]. Vivienne Westwood abandonne la mode rétro et se concentre sur une [[Mode punk|mode]] [[sadomasochiste]]. Le guitariste Wally Nightingale est renvoyé, [[Steve Jones (musicien)|Steve Jones]] prend sa place et il ne manque plus qu'à trouver un chanteur.
Au cours de l'année [[1975 en musique|1975]], à force d'insistance, Steve Jones convainc [[Malcolm McLaren]] d'aider la formation The Strand. Celui-ci devient peu à peu le manager du groupe. Parallèlement à cela, la boutique change à nouveau de nom en devenant [[Sex (boutique)|SEX]]. Vivienne Westwood abandonne la mode rétro et se concentre sur une [[Mode punk|mode]] [[sadomasochiste]]. Le guitariste Wally Nightingale est renvoyé, [[Steve Jones (musicien)|Steve Jones]] prend sa place et il ne manque plus qu'à trouver un chanteur.
Ligne 36 : Ligne 36 :
=== Arrivée de Johnny Rotten ===
=== Arrivée de Johnny Rotten ===
[[Fichier:Sex Pistols i Norge, 1977 (6262827245).jpg|vignette|gauche|Sex Pistols en [[Norvège]] en [[1977]].]]
[[Fichier:Sex Pistols i Norge, 1977 (6262827245).jpg|vignette|gauche|Sex Pistols en [[Norvège]] en [[1977]].]]
Au mois d'{{date-|août 1975}}, [[Steve Jones (musicien)|Steve Jones]] et Bernard Rhodes, futur manager des [[The Clash|Clash]], aperçoivent [[John Lydon]] à l'intérieur de la boutique londonienne SEX. D'après Jones, {{citation|John Lydon est venu avec des cheveux teints en vert. J'ai pensé qu'il avait vraiment un visage intéressant. J'aimais bien son look. Il portait un t-shirt avec l'inscription : « Je déteste {{Langue|en|[[Pink Floyd]]}} ». John avait quelque chose de spécial, mais quand il parlait c'était un véritable enfoiré—mais élégant.}}<ref>Steve Jones : {{Citation étrangère|langue=en|He came in with green hair. I thought he had a really interesting face. I liked his look. He had his ''I Hate Pink Floyd'' T-shirt on. John had something special, but when he spoke he was a real asshole—but smart.`}}</ref> Repéré, il est incité à chanter sur le [[juke-box]] du magasin, un morceau d'[[Alice Cooper]], {{Langue|en|''[[I'm Eighteen]]''}}. John Lydon est intégré au groupe par Steve Jones appuyé par Bernard Rhodes, tous deux opposés à Malcolm McLaren qui souhaitait engager un musicien de New York (selon les jours, [[Sylvain Sylvain|Syl Sylvain]] ou [[Johnny Thunders]] des {{Langue|en|[[The New York Dolls|New York Dolls]]}}, [[Richard Hell]], [[Iggy Pop]]) mais les futurs Sex Pistols n'y étaient pas favorables, préférant un jeune de leur niveau, débutant, et de leur âge. Ce sera donc John Lydon rebaptisé Johnny {{Langue|en|Rotten}} (« pourri ») à cause de sa denture en mauvais état.

Au mois d'{{date-|août 1975}}, [[Steve Jones (musicien)|Steve Jones]] et Bernard Rhodes, futur manager des [[The Clash|Clash]], aperçoivent [[John Lydon]] à l'intérieur de la boutique londonienne SEX. D'après Jones, {{citation|John Lydon est venu avec des cheveux teints en vert. J'ai pensé qu'il avait vraiment un visage intéressant. J'aimais bien son look. Il portait un t-shirt avec l'inscription : « Je déteste {{Langue|en|[[Pink Floyd]]}} ». John avait quelque chose de spécial, mais quand il parlait c'était un véritable enfoiré—mais élégant.}}<ref>Steve Jones : {{Citation étrangère|langue=en|He came in with green hair. I thought he had a really interesting face. I liked his look. He had his ''I Hate Pink Floyd'' T-shirt on. John had something special, but when he spoke he was a real asshole—but smart.`}}</ref> Repéré, il est incité à chanter sur le [[juke-box]] du magasin, un morceau d'[[Alice Cooper]], {{Langue|en|''[[I'm Eighteen]]''}}. John Lydon est intégré au groupe par Steve Jones appuyé par Bernard Rhodes, tous deux opposés à Malcolm McLaren qui souhaitait engager un musicien de New York (selon les jours, [[Sylvain Sylvain|Syl Sylvain]] ou [[Johnny Thunders]] des {{Langue|en|[[The New York Dolls|New York Dolls]]}}, [[Richard Hell]], [[Iggy Pop]]) mais les futurs Sex Pistols n'y étaient pas favorables, préférant un jeune de leur niveau, débutant, et de leur âge. Ce sera donc John Lydon rebaptisé Johnny {{Langue|en|Rotten}} (« pourri ») à cause de sa dentition en mauvais état.


Le [[journaliste]] de ''[[New Musical Express|NME]]'' [[Nick Kent]], qui répète parfois avec le groupe, est alors contraint de s'en aller, à cause de l'arrivée de John Lydon. Selon ce dernier, {{citation|quand je suis arrivé au sein du groupe, j'ai jeté un regard sur lui et me suis dit : Non. Ça doit partir. Il n'a jamais écrit un bon mot sur moi depuis<ref>{{en}} John Lydon : ''When I came along, I took one look at him and said, 'No. That has to go.' He's never written a good word about me since.''</ref>.}} Autre version : Nick Kent est alcoolique et toxicomane et ne joue pas bien du tout, passées quelques semaines les autres membres du groupe lui demandent de s'en aller. Après le départ de Kent, [[Paul Cook (musicien de Sex Pistols)|Paul Cook]] commence à penser que Jones n'assure pas sa place de guitariste seul. Le groupe publie alors sur le magazine musical ''[[Melody Maker]]'' une annonce de recherche d'un second guitariste<ref>{{en}} ''Wanted—Whizz kid guitarist, Not older than 20, Not worse looking than Johnny Thunders.''</ref>. Un musicien, Steve New, y répond, et intègre la formation, mais après quelques semaines de répétition, quitte celle-ci.
Le [[journaliste]] de ''[[New Musical Express|NME]]'' [[Nick Kent]], qui répète parfois avec le groupe, est alors contraint de s'en aller, à cause de l'arrivée de John Lydon. Selon ce dernier, {{citation|quand je suis arrivé au sein du groupe, j'ai jeté un regard sur lui et me suis dit : Non. Ça doit partir. Il n'a jamais écrit un bon mot sur moi depuis<ref>{{en}} John Lydon : ''When I came along, I took one look at him and said, 'No. That has to go.' He's never written a good word about me since.''</ref>.}} Autre version : Nick Kent est alcoolique et toxicomane et ne joue pas bien du tout, passées quelques semaines les autres membres du groupe lui demandent de s'en aller. Après le départ de Kent, [[Paul Cook (musicien de Sex Pistols)|Paul Cook]] commence à penser que Jones n'assure pas sa place de guitariste seul. Le groupe publie alors sur le magazine musical ''[[Melody Maker]]'' une annonce de recherche d'un second guitariste<ref>{{en}} ''Wanted—Whizz kid guitarist, Not older than 20, Not worse looking than Johnny Thunders.''</ref>. Un musicien, Steve New, y répond, et intègre la formation, mais après quelques semaines de répétition, quitte celle-ci.
Ligne 45 : Ligne 44 :
Le groupe multiplie les concerts dans les universités aux alentours de Londres. Dans le public, [[Siouxsie Sioux]], [[Steven Severin]] et [[Billy Idol]] profitent de ces rendez-vous pour se réunir et créent une dynamique. Encouragés par Malcom McLaren qui voient en eux un intérêt marketing<ref>Clinton Heylin, ''{{Langue|en|Babylon's Burning}}'', éditeur : Au Diable Vauvert. {{ISBN|284626130X}} Steve Severin : « Dès le début, Malcom tenait à construire un entourage autour du groupe et de la boutique. Il nous téléphonait pour nous dire où les {{Langue|en|Pistols}} donnaient leurs concerts secrets. »</ref>, ces jeunes gens constituent le cœur du {{Langue|en|[[Bromley Contingent]]}}, une étiquette inventée par la journaliste Caroline Coon pour désigner cette poignée d'adolescents venant du [[Kent]]. Le look provocateur et radical des Sex Pistols et des membres du {{Langue|en|Bromley Contingent}}, crée une tendance esthétique : la boutique {{Langue|en|Sex}} de [[Vivienne Westwood]] fournit une partie de leurs vêtements mais chacun porte surtout des créations « maison » customisées, comme le t-shirt {{Citation étrangère|langue=en|I Hate Pink Floyd}} (« Je déteste Pink Floyd ») déchiré de John {{Langue|en|Rotten}}.
Le groupe multiplie les concerts dans les universités aux alentours de Londres. Dans le public, [[Siouxsie Sioux]], [[Steven Severin]] et [[Billy Idol]] profitent de ces rendez-vous pour se réunir et créent une dynamique. Encouragés par Malcom McLaren qui voient en eux un intérêt marketing<ref>Clinton Heylin, ''{{Langue|en|Babylon's Burning}}'', éditeur : Au Diable Vauvert. {{ISBN|284626130X}} Steve Severin : « Dès le début, Malcom tenait à construire un entourage autour du groupe et de la boutique. Il nous téléphonait pour nous dire où les {{Langue|en|Pistols}} donnaient leurs concerts secrets. »</ref>, ces jeunes gens constituent le cœur du {{Langue|en|[[Bromley Contingent]]}}, une étiquette inventée par la journaliste Caroline Coon pour désigner cette poignée d'adolescents venant du [[Kent]]. Le look provocateur et radical des Sex Pistols et des membres du {{Langue|en|Bromley Contingent}}, crée une tendance esthétique : la boutique {{Langue|en|Sex}} de [[Vivienne Westwood]] fournit une partie de leurs vêtements mais chacun porte surtout des créations « maison » customisées, comme le t-shirt {{Citation étrangère|langue=en|I Hate Pink Floyd}} (« Je déteste Pink Floyd ») déchiré de John {{Langue|en|Rotten}}.


Au début de l'année 1976, les Sex Pistols se produisent dans d'autres clubs londoniens tels que le [[100 Club]], situé sur {{Langue|en|[[Oxford Street]]}} et le {{Langue|en|Marquee}}, où ils font la première partie d'{{Langue|en|[[Eddie and the Hot Rods]]}}, un des leaders du « [[pub rock]] » anglais avec [[Dr. Feelgood (groupe)|Dr. Feelgood]]. Ce concert dégénère au moment où Johnny Rotten a l'impression que les premiers rangs se moquent de lui et de la musique de son groupe. Il se montre alors très agressif verbalement et des tensions se font sentir entre les Sex Pistols et {{Langue|en|Eddie and the Hot Rods}} {{Référence nécessaire|(un ampli d'Eddie and the Hot Rods aurait été saccagé par les Sex Pistols selon certaines rumeurs)|date=15 septembre 2019}}. Par la suite, le groupe et son manager refuseront catégoriquement de partager une scène avec un groupe de « pub rock ». De ce concert pourtant ressort un point très positif : Neil Spencer, journaliste au ''NME'' assiste à l'événement et écrit un article fort élogieux sur la prestation des Sex Pistols. Il fait référence au retour du rock des années 1960, aux sons des {{Langue|en|[[The Who|Who]]}} et des {{Langue|en|[[The Stooges|Stooges]]}}. Deux amis de Manchester, [[Howard Devoto]] et Peter McNeish lisent l'article et téléphonent au ''NME'' pour savoir quand les Sex Pistols se produisent. Ils veulent absolument les voir sur scène. Grâce au magazine, ils contactent Malcolm McLaren et conduisent jusqu'à Londres afin d'assister à deux concerts, les 20 et {{date-|21 février 1976}}. De retour à Manchester, Peter McNeish se rebaptise [[Pete Shelley]] et avec son ami Howard Devoto, il forme un groupe, {{Langue|en|[[Buzzcocks]]}}. Le {{date|4|juin|1976}}, sur une invitation de Howard Devoto et de Pete Shelley, les Sex Pistols jouent un premier concert à [[Manchester]]. Leur performance au {{Langue|en|[[Free Trade Hall]]}} répand le punk rock partout en ville<ref name="davidnolan">{{en}} - Nolan, David, ''I Swear I Was There : The Gig That Changed the World'', Independent Music Press, 2007. {{ISBN|0-9549704-9-7}}.</ref>{{,}}<ref>Les membres de [[Joy Division]] se rencontrent pour la première fois lors de ce concert et décident de monter un groupe.</ref>. Par ailleurs, deux autres groupes de punk rock londoniens se forment, {{Langue|en|[[The Clash]]}} et {{Langue|en|[[The Damned (groupe)|The Damned]]}}. Ces derniers commencent à jouer en première partie des concerts des Sex Pistols, respectivement les 4 et {{date-|6 juillet}}. Les 3 et {{date-|5 septembre}} de la même année, les Sex Pistols effectuent leur première représentation en dehors de la [[Grande-Bretagne]], à [[Paris]], à l'ouverture du club du Chalet du Lac. Puis, ils accomplissent leur première grande tournée en Grande-Bretagne, qui se déroule entre mi-septembre et début décembre{{Référence nécessaire|date=15 septembre 2019}}.
Au début de l'année 1976, les Sex Pistols se produisent dans d'autres clubs londoniens tels que le [[100 Club]], situé sur {{Langue|en|[[Oxford Street]]}} et le {{Langue|en|Marquee}}, où ils font la première partie d'{{Langue|en|[[Eddie and the Hot Rods]]}}, un des leaders du « [[pub rock]] » anglais avec [[Dr. Feelgood (groupe)|Dr. Feelgood]]. Ce concert dégénère au moment où Johnny Rotten a l'impression que les premiers rangs se moquent de lui et de la musique de son groupe. Il se montre alors très agressif verbalement et des tensions se font sentir entre les Sex Pistols et {{Langue|en|Eddie and the Hot Rods}} {{Référence nécessaire|(un ampli d'Eddie and the Hot Rods aurait été saccagé par les Sex Pistols selon certaines rumeurs)|date=15 septembre 2019}}. Par la suite, le groupe et son manager refuseront catégoriquement de partager une scène avec un groupe de « pub rock ». De ce concert pourtant ressort un point très positif : Neil Spencer, journaliste au ''NME'' assiste à l'événement et écrit un article fort élogieux sur la prestation des Sex Pistols. Il fait référence au retour du rock des années 1960, aux sons des {{Langue|en|[[The Who|Who]]}} et des {{Langue|en|[[The Stooges|Stooges]]}}. Deux amis de Manchester, [[Howard Devoto]] et Peter McNeish lisent l'article et téléphonent au ''NME'' pour savoir quand les Sex Pistols se produisent. Ils veulent absolument les voir sur scène. Grâce au magazine, ils contactent Malcolm McLaren et conduisent jusqu'à Londres afin d'assister à deux concerts, les 20 et {{date-|21 février 1976}}. De retour à Manchester, Peter McNeish se rebaptise [[Pete Shelley]] et avec son ami Howard Devoto, il forme un groupe, {{Langue|en|[[Buzzcocks]]}}. Le {{date|4|juin|1976}}, sur une invitation de Howard Devoto et de Pete Shelley, les Sex Pistols jouent un premier concert à [[Manchester]]. Leur performance au {{Langue|en|[[Free Trade Hall]]}} répand le punk rock partout en ville<ref name="davidnolan">{{en}} - Nolan, David, ''I Swear I Was There : The Gig That Changed the World'', Independent Music Press, 2007. {{ISBN|0-9549704-9-7}}</ref>{{,}}<ref>Les membres de [[Joy Division]] se rencontrent pour la première fois lors de ce concert et décident de monter un groupe.</ref>. Par ailleurs, deux autres groupes de punk rock londoniens se forment, {{Langue|en|[[The Clash]]}} et {{Langue|en|[[The Damned (groupe)|The Damned]]}}. Ces derniers commencent à jouer en première partie des concerts des Sex Pistols, respectivement les 4 et {{date-|6 juillet}}. Les 3 et {{date-|5 septembre}} de la même année, les Sex Pistols effectuent leur première représentation en dehors de la [[Grande-Bretagne]], à [[Paris]], à l'ouverture du club du Chalet du Lac. Puis, ils accomplissent leur première grande tournée en Grande-Bretagne, qui se déroule entre mi-septembre et début décembre{{Référence nécessaire|date=15 septembre 2019}}.


=== EMI et incident avec Bill Grundy ===
=== EMI et incident avec Bill Grundy ===
Après leur premier festival punk au 100 Club, les 20 et {{date-|21 septembre 1976}}<ref>{{en}} - {{lien brisé|consulté le=2013-03-30|url=http://www.the100club.co.uk/history.asp#punk|titre=The100club}} : histoire du club londonien</ref>, les Sex Pistols signent un contrat avec le [[label discographique|label]] [[EMI Group|EMI]]. Le premier single du groupe, ''[[Anarchy in the U.K.]]'' est enregistré au cours du mois d'octobre et sort le {{date|26|novembre|1976}}. Il est produit par Chris Thomas, qui a également produit [[Roxy Music]] et mixé [[Pink Floyd]] sur leur album ''[[The Dark Side of the Moon]]''. Contredisant les rumeurs voulant que les groupes de punk rock ne savent pas jouer de leurs [[instrument de musique|instruments]] sur scène, la presse musicale révèle que les Sex Pistols sont un groupe capable, tendu et sauvage en concert<ref name="punk77">{{en}} - Don't Care, Peter, 1977, ''Club Lafayette, Wolverhampton UK 21/12/77'' [http://www.punk77.co.uk/groups/sexpistolsclublaf.htm www.punk77.co.uk]</ref>{{,}}<ref name="Coon">{{en}} - Coon, Caroline, ''Parade Of The Punks'', Melody Maker, 2 octobre 1976</ref>{{,}}<ref name="rstn">{{en}} - Young, Charles M, 1977, ''Rock Is Sick and Living in London'' [https://www.rollingstone.com/artists/thebeatles/articles/story/9437647/sex_pistols_rock_is_sick_and_living_in_london?source=thebeatles_rssfeed Rolling Stone]</ref>.
Après leur premier festival punk au 100 Club, les 20 et {{date-|21 septembre 1976}}<ref>{{lien web|langue=en|titre= History|url=https://www.the100club.co.uk/history/|site=the100club.co.uk|consulté le=1 juin 2022}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|titre=100 CLUB PUNK FESTIVAL|url=http://www.philjens.plus.com/pistols/pistols/100club_memories.htm|site=philjens.plus.com|consulté le=1 juin 2022}}</ref>, les Sex Pistols signent un contrat avec le [[label discographique|label]] [[EMI Group|EMI]]. Le premier single du groupe, ''[[Anarchy in the U.K.]]'' est enregistré au cours du mois d'octobre et sort le {{date|26|novembre|1976}}. Il est produit par Chris Thomas, qui a également produit [[Roxy Music]] et mixé [[Pink Floyd]] sur leur album ''[[The Dark Side of the Moon]]''. Contredisant les rumeurs voulant que les groupes de punk rock ne savent pas jouer de leurs [[instrument de musique|instruments]] sur scène, la presse musicale révèle que les Sex Pistols sont un groupe capable, tendu et sauvage en concert<ref name="punk77">{{en}} - Don't Care, Peter, 1977, ''Club Lafayette, Wolverhampton UK 21/12/77'' [http://www.punk77.co.uk/groups/sexpistolsclublaf.htm www.punk77.co.uk].</ref>{{,}}<ref name="Coon">{{en}} - Coon, Caroline, ''Parade Of The Punks'', Melody Maker, 2 octobre 1976.</ref>{{,}}<ref name="rstn">{{en}} - Young, Charles M, 1977, ''Rock Is Sick and Living in London'' [https://www.rollingstone.com/artists/thebeatles/articles/story/9437647/sex_pistols_rock_is_sick_and_living_in_london?source=thebeatles_rssfeed Rolling Stone].</ref>.


L'attitude et le comportement des Sex Pistols attirent davantage l'attention que leur musique. Le {{date|1 décembre 1976|en musique}}, invités en remplacement du populaire groupe [[Queen]] qui n'avait pu se déplacer, les membres du Bromley Contingent, ainsi que la formation elle-même, déclenchent un scandale lors d'une émission de début de soirée, ''Today'', en direct sur la chaîne Thames Television. Les musiciens qui ont patienté dans un salon avec un frigo plein d'alcool sont un peu saouls, tout comme le présentateur qui a la réputation d'aimer le whisky. Alors que l'émission prend fin, l'interview entre Bill Grundy et les membres du groupe accompagnés de leurs amis du Bromley Contingent se passe mal. Provoqué par l'animateur qui lui demande de prononcer à voix haute un gros mot, Johnny Rotten emploie le mot « merde » (''shit''). Le présentateur s'en moque ouvertement avant de s'adresser ensuite à [[Siouxsie Sioux]], présente à leurs côtés. Après que celle-ci lui a dit sur un ton taquin « j'ai toujours voulu vous rencontrer, Bill » ({{Citation étrangère|langue=en|I've always wanted to meet you, Bill}}), Grundy se met à flirter délibérément avec elle. Son comportement exaspère alors Steve Jones qui l'insulte copieusement avec des mots jusque-là jamais prononcés à la télévision anglaise, à une heure de grande écoute. « espèce de vieux salopard ». ({{Citation étrangère|langue=en|You dirty bastard}})<ref>{{YouTube|jRNOUz7uefA|sex pistols - bill grundy tv show|en}} (sous-titré en français) : entretien avec Bill Grundy lors du ''{{Langue|en|Today Show}}'' en décembre 1976, vidéo téléversée le {{1er}} octobre 2006.</ref>. Malgré cela Grundy en redemande « quel garçon intelligent, allez-y mon ami vous avez encore quelques minutes, dites quelque chose d'outrageant », et Steve Jones réplique avec d'autres insultes.
L'attitude et le comportement des Sex Pistols attirent davantage l'attention que leur musique. Le {{date|1 décembre 1976|en musique}}, invités en remplacement du populaire groupe [[Queen]] qui n'avait pu se déplacer, les membres du Bromley Contingent, ainsi que la formation elle-même, déclenchent un scandale lors d'une émission de début de soirée, ''Today'', en direct sur la chaîne Thames Television. Les musiciens qui ont patienté dans un salon avec un frigo plein d'alcool sont un peu saouls, tout comme le présentateur qui a la réputation d'aimer le whisky. Alors que l'émission prend fin, l'interview entre Bill Grundy et les membres du groupe accompagnés de leurs amis du Bromley Contingent se passe mal. Provoqué par l'animateur qui lui demande de prononcer à voix haute un gros mot, Johnny Rotten emploie le mot « merde » (''shit''). Le présentateur s'en moque ouvertement avant de s'adresser ensuite à [[Siouxsie Sioux]], présente à leurs côtés. Après que celle-ci lui a dit sur un ton taquin « j'ai toujours voulu vous rencontrer, Bill » ({{Citation étrangère|langue=en|I've always wanted to meet you, Bill}}), Grundy se met à flirter délibérément avec elle. Son comportement exaspère alors Steve Jones qui l'insulte copieusement avec des mots jusque-là jamais prononcés à la télévision anglaise, à une heure de grande écoute. « toi le sale bâtard ». ({{Citation étrangère|langue=en|You dirty bastard}})<ref>{{YouTube|jRNOUz7uefA|sex pistols - bill grundy tv show|en}} (sous-titré en français) : entretien avec Bill Grundy lors du ''{{Langue|en|Today Show}}'' en décembre 1976, vidéo téléversée le {{1er}} octobre 2006.</ref>. Malgré cela Grundy en redemande « quel garçon intelligent, allez-y mon ami vous avez encore quelques minutes, dites quelque chose d'outrageant », et Steve Jones réplique avec d'autres insultes.


Bien que l'émission ait été diffusée dans la région londonienne seule, cet événement a provoqué un tollé dans la presse populaire dans les jours suivants. Ainsi, ''[[The Daily Mirror]]'' a écrit son célèbre titre ''The filth and the fury'' (« La répugnance et la fureur »), tandis que le ''[[Daily Express]]'' a publié ''Punk? Call it filthy lucre'' (« Punk ? Appelez-le lucre répugnant »). Thames Television suspend alors provisoirement l'animateur Bill Grundy, mais cet incident mit finalement un terme à sa carrière<ref>{{en}} - {{lien brisé|consulté le=2017-06-13|url=http://www.manchester2002-uk.com/celebs/broadcasters10.html|titre=Manchester Celebrities: Bill Grundy}} : consulté le 14 octobre 2006</ref>. Il est intéressant de constater que le {{date-|6 décembre}}, à Leeds, avant de se produire sur scène, le groupe doit participer à une interview pour la télévision nationale. Au lieu de cela, les quatre musiciens sont sagement assis derrière leur manager qui prend la parole durant toute l'interview, sans faire de vague, sans doute pour éviter un nouveau scandale et de nouveaux problèmes avec la presse, les organisateurs de concerts et la maison de disque EMI.
Bien que l'émission ait été diffusée dans la région londonienne seule, cet événement a provoqué un tollé dans la presse populaire dans les jours suivants. Ainsi, ''[[The Daily Mirror]]'' a écrit son célèbre titre ''The filth and the fury'' (« La répugnance et la fureur »), tandis que le ''[[Daily Express]]'' a publié ''Punk? Call it filthy lucre'' (« Punk ? Appelez-le lucre répugnant »). Thames Television suspend alors provisoirement l'animateur Bill Grundy, mais cet incident mit finalement un terme à sa carrière<ref>{{Lien web|langue=en|titre=What happened when the Sex Pistols appeared on the Bill Grundy show|url=https://www.loudersound.com/features/in-december-1976-the-sex-pistols-appeared-on-the-bill-grundy-show|site=loudersound.com|date=2 décembre 2016|consulté le=1 juin 2022}}</ref>. Il est intéressant de constater que le {{date-|6 décembre}}, à Leeds, avant de se produire sur scène, le groupe doit participer à une interview pour la télévision nationale. Au lieu de cela, les quatre musiciens sont sagement assis derrière leur manager qui prend la parole durant toute l'interview, sans faire de vague, sans doute pour éviter un nouveau scandale et de nouveaux problèmes avec la presse, les organisateurs de concerts et la maison de disque EMI.


Cet épisode offre toutefois une fenêtre médiatique importante pour les Sex Pistols qui n'étaient jusque-là que confinés à quelques articles dans la presse musicale. Du jour au lendemain, ils deviennent un nom connu dans tout le pays. Fort de cette publicité, le groupe entame une nouvelle tournée, ''Anarchy Tour for the U.K. Tour (accompagné de The Clash, Johnny Thunders & The Heartbreakers et The Damned qui seront remplacés en cours de route par Buzzcocks). ''La tournée est un fiasco et un gouffre financier pour la société de management de Malcolm McLaren, Glitterbest. La plupart des concerts qui étaient prévus sont annulés, les salles leurs ferment les portes à cause du scandale télévisé. Sur vingt-et-une dates au départ, seuls trois concerts ont lieu, auxquels viennent s'ajouter deux à Manchester et deux à Plymouth, soit sept concerts. Lorsqu'ils peuvent jouer, les groupes se voient opposés aux autorités locales ou à des groupes religieux qui essayent d'empêcher les concerts d'avoir lieu<ref>{{en}} - Savage, Jon. ''England's Dreaming'', {{p.|267–275}}.</ref>. Dans une interview à la télévision, le conseiller municipal de Londres Bernard Brook Partridge déclare à propos des groupes de punk rock : {{citation étrangère|langue=en|Some of these groups would be vastly improved by sudden death… I would like to see someone dig a huge hole and bury the lot of them in it.}} ({{citation|Certains de ces groupes gagneraient à mourir rapidement. J'aimerais voir quelqu'un creuser un immense trou et les y enterrer.}})<ref name="fatf">{{en}} - ''The Sex Pistols ARE punk'' - [http://www.thefilthandthefury.co.uk/home.htm The Filth and the Fury Official Website]</ref>.
Cet épisode offre toutefois une fenêtre médiatique importante pour les Sex Pistols qui n'étaient jusque-là que confinés à quelques articles dans la presse musicale. Du jour au lendemain, ils deviennent un nom connu dans tout le pays. Fort de cette publicité, le groupe entame une nouvelle tournée, ''Anarchy Tour for the U.K. Tour (accompagné de The Clash, Johnny Thunders & The Heartbreakers et The Damned qui seront remplacés en cours de route par Buzzcocks). ''La tournée est un fiasco et un gouffre financier pour la société de management de Malcolm McLaren, Glitterbest. La plupart des concerts qui étaient prévus sont annulés, les salles leurs ferment les portes à cause du scandale télévisé. Sur vingt-et-une dates au départ, seuls trois concerts ont lieu, auxquels viennent s'ajouter deux à Manchester et deux à Plymouth, soit sept concerts. Lorsqu'ils peuvent jouer, les groupes se voient opposés aux autorités locales ou à des groupes religieux qui essayent d'empêcher les concerts d'avoir lieu<ref>{{en}} - Savage, Jon. ''England's Dreaming'', {{p.|267–275}}.</ref>. Dans une interview à la télévision, le conseiller municipal de Londres Bernard Brook Partridge déclare à propos des groupes de punk rock : {{citation étrangère|langue=en|Some of these groups would be vastly improved by sudden death… I would like to see someone dig a huge hole and bury the lot of them in it.}} ({{citation|Certains de ces groupes gagneraient à mourir rapidement. J'aimerais voir quelqu'un creuser un immense trou et les y enterrer.}})<ref name="fatf">{{en}} - ''The Sex Pistols ARE punk'' - [http://www.thefilthandthefury.co.uk/home.htm The Filth and the Fury Official Website].</ref>.


Après la fin de la tournée des Sex Pistols en {{date-|décembre 1976}}, la maison de disques EMI arrange au groupe une série de concerts en {{date-|janvier 1977}} au Paradiso, à [[Amsterdam]], aux [[Pays-Bas]]<ref name="BBC2">{{en}} - ''{{Langue|en|Artist Profiles}}'', ''{{Langue|en|On This Day}}'' (pour le 6 janvier) : « ''{{Langue|en|1977 - EMI fires Sex Pistols}}'' » - [http://news.bbc.co.uk/onthisday/hi/dates/stories/january/6/newsid_2476000/2476723.stm BBC.co.uk], consulté le 22 septembre 2006.</ref>. Mais avant l'embarquement du groupe à l'[[aéroport de Londres Heathrow]], une rumeur veut que ses membres engagent une dispute avec les membres du personnel de l'aéroport. Le magazine musical ''Rolling Stone'' relate les faits : {{citation étrangère|langue=en|One witness claimed the Sex Pistols were doing something so disgusting that she could not repeat it for publication… it became generally believed Jones had been vomiting on old ladies in the preflight lounge.}}{{citation|Un témoin a affirmé que les Sex Pistols faisaient des choses tellement répugnantes qu'elle ne pouvait pas les répéter pour publication… la rumeur court que Jones a vomi sur des femmes âgées dans la salle d'embarquement.}}<ref name="rstn" />. De son côté, EMI dément tout désordre dans cet aéroport, indiquant à la presse que le groupe et le représentant d'EMI étaient en retard et ont embarqué ''in extremis'' sans faire de vague. Le {{date-|22 janvier}} EMI rompt officiellement son contrat avec les Sex Pistols<ref name="BBC2" />. Johnny Rotten aurait alors déclaré : {{citation étrangère|langue=en|I don't understand it. All we're trying to do is destroy everything}} ({{citation|Je ne comprends pas. Tout ce que nous essayons de faire est de tout détruire.}})<ref>{{en}} - Album Review, 2004, ''Anarchy in the U.K.'' [https://www.rollingstone.com/news/story/6595898/anarchy_in_the_uk Rolling Stone] consulté le 10 octobre 2006</ref>
Après la fin de la tournée des Sex Pistols en {{date-|décembre 1976}}, la maison de disques EMI arrange au groupe une série de concerts en {{date-|janvier 1977}} au Paradiso, à [[Amsterdam]], aux [[Pays-Bas]]<ref name="BBC2">{{en}} - ''{{Langue|en|Artist Profiles}}'', ''{{Langue|en|On This Day}}'' (pour le 6 janvier) : « ''{{Langue|en|1977 - EMI fires Sex Pistols}}'' » - [http://news.bbc.co.uk/onthisday/hi/dates/stories/january/6/newsid_2476000/2476723.stm bbc.co.uk], consulté le 22 septembre 2006.</ref>. Mais avant l'embarquement du groupe à l'[[aéroport de Londres Heathrow]], une rumeur veut que ses membres engagent une dispute avec les membres du personnel de l'aéroport. Le magazine musical ''Rolling Stone'' relate les faits : {{citation étrangère|langue=en|One witness claimed the Sex Pistols were doing something so disgusting that she could not repeat it for publication… it became generally believed Jones had been vomiting on old ladies in the preflight lounge.}}{{citation|Un témoin a affirmé que les Sex Pistols faisaient des choses tellement répugnantes qu'elle ne pouvait pas les répéter pour publication… la rumeur court que Jones a vomi sur des femmes âgées dans la salle d'embarquement.}}<ref name="rstn" />. De son côté, EMI dément tout désordre dans cet aéroport, indiquant à la presse que le groupe et le représentant d'EMI étaient en retard et ont embarqué ''in extremis'' sans faire de vague. Le {{date-|22 janvier}} EMI rompt officiellement son contrat avec les Sex Pistols<ref name="BBC2" />. Johnny Rotten aurait alors déclaré : {{citation étrangère|langue=en|I don't understand it. All we're trying to do is destroy everything}} ({{citation|Je ne comprends pas. Tout ce que nous essayons de faire est de tout détruire.}})<ref>{{en}} - Album Review, 2004, ''Anarchy in the U.K.'' [https://www.rollingstone.com/news/story/6595898/anarchy_in_the_uk Rolling Stone] consulté le 10 octobre 2006.</ref>


=== Arrivée de Sid Vicious ===
=== Arrivée de Sid Vicious ===
[[Fichier:Sid Vicious Madrid (cropped).jpg|vignette|gauche|Représentation de Sid Vicious.]]
[[Fichier:Sid Vicious Madrid (cropped).jpg|vignette|gauche|Représentation de Sid Vicious.]]
Les concerts du groupe en {{date-|janvier 1977}} au Paradiso d'Amsterdam sont les derniers avec son bassiste Glen Matlock : il s'en sépare au mois de février. Selon la légende populaire, Matlock est contraint de quitter la formation parce qu'il aime et écoute les [[Beatles]]<ref name="BBC1"/>. Steve Jones explique plus tard la raison pour laquelle Matlock est parti : il ne s'est pas bien intégré au groupe<ref>{{Lien web|langue=en|titre=WHAT GLEN MATLOCK HAS DONE SINCE LEAVING THE SEX PISTOLS|url=https://www.grunge.com/249640/what-glen-matlock-has-done-since-leaving-the-sex-pistols/|site=grunge.com|date=10 avril 2022|consulté le=1 juin 2022}}</ref>. Quant à Matlock, il explique qu'il a quitté la formation volontairement, surtout à cause de ses relations de plus en plus tendues avec Johnny Rotten<ref name="coon2">Coon, Caroline, ''1988: The New Wave Punk Rock Explosion'', Omnibus Press, 1977. {{ISBN|0-7119-0051-5}}</ref>. Selon lui, ces tensions auraient été orchestrées par Malcolm McLaren<ref name="teenage">Matlock, Glen, ''I Was a Teenage Sex Pistol'', Virgin, 1996. {{ISBN|978-0-7535-0066-8}}</ref>. Selon toute probabilité, les tensions entre Johnny Rotten et Glen Matlock depuis le début du groupe sont allées crescendo, et sont à l'origine de son départ. Glen Matlock souhaitait un groupe très [[années 1960]], comme the Who, The Small Faces, etc. Et Johnny Rotten n'allait pas dans ce sens, il réécrivait les paroles des chansons des Small Faces, par exemple, en changeant le sens complet d'une chanson d'amour en chanson de haine (''{{Langue|en|Whatcha Gonna Do About It?}}''), ce qui avait le don d'énerver Matlock.


Après son départ, Glen Matlock forme immédiatement son propre groupe, [[Rich Kids (groupe) |Rich Kids]], avec [[Midge Ure]], Rusty Egan et Steve New. Les Sex Pistols n'ont alors plus de bassiste ; c'est pourquoi ils décident d'intégrer un ami de Johnny Rotten, [[Sid Vicious]] (né John Simon Ritchie, puis connu sous le nom de John Beverley), ancien batteur de [[Siouxsie and the Banshees]] et de [[The Flowers of Romance (groupe)|The Flowers of Romance]]. Le manager Malcolm McLaren approuve l'arrivée de Sid Vicious, appréciant son look et son attitude punk, mais au détriment de ses capacités à jouer. McLaren déclare alors qu'au début de la carrière des Sex Pistols, sa femme, Vivienne Westwood, l'avait encouragé à engager {{citation étrangère|langue=en|the guy called John who came to the store a couple of times}} ({{citation|le mec appelé John qui est venu au magasin quelques fois}}), mais en tant que chanteur. Lorsque Johnny Rotten est pris au sein du groupe, Vivienne Westwood annonce à son mari qu'il n'avait pas engagé le « bon John ». Elle avait alors recommandé John Beverley, futur Sid Vicious<ref name="Blood">Crabtree, Steve ''[https://www.imdb.com/title/tt0426340/combined Blood on the Turntable: The Sex Pistols]'', [[BBC]] documentaire (2004).</ref>…
Les concerts du groupe en {{date-|janvier 1977}} au Paradiso d'Amsterdam sont les derniers avec son bassiste Glen Matlock : il s'en sépare au mois de février. Selon la légende populaire, Matlock est contraint de quitter la formation parce qu'il aime et écoute les [[Beatles]]<ref name="BBC1"/>. Steve Jones explique plus tard la raison pour laquelle Matlock est parti : il ne s'est pas bien intégré au groupe<ref>{{en}} - McKenna, Kristine, 2005 - ''Q&A with Steve Jones'' {{lien brisé|consulté le=2013-03-30|url=http://www.rhino.com/rzine/StoryKeeper.lasso?StoryID=779|titre= Rhino Magazine}} consulté le 3 cotbore 2006</ref>. Quant à Matlock, il explique qu'il a quitté la formation volontairement, surtout à cause de ses relations de plus en plus tendues avec Johnny Rotten<ref name="coon2">Coon, Caroline, ''1988: The New Wave Punk Rock Explosion'', Omnibus Press, 1977. {{ISBN|0-7119-0051-5}}</ref>. Selon lui, ces tensions auraient été orchestrées par Malcolm McLaren<ref name="teenage">Matlock, Glen, ''I Was a Teenage Sex Pistol'', Virgin, 1996. {{ISBN|978-0-7535-0066-8}}</ref>. Selon toute probabilité, les tensions entre Johnny Rotten et Glen Matlock depuis le début du groupe sont allées crescendo, et sont à l'origine de son départ. Glen Matlock souhaitait un groupe très [[années 1960]], comme the Who, The Small Faces, etc. Et Johnny Rotten n'allait pas dans ce sens, il réécrivait les paroles des chansons des Small Faces, par exemple, en changeant le sens complet d'une chanson d'amour en chanson de haine (''{{Langue|en|Whatcha Gonna Do About It?}}''), ce qui avait le don d'énerver Matlock.

Après son départ, Glen Matlock forme immédiatement son propre groupe, [[Rich Kids]], avec [[Midge Ure]], Rusty Egan et Steve New. Les Sex Pistols n'ont alors plus de bassiste ; c'est pourquoi ils décident d'intégrer un ami de Johnny Rotten, [[Sid Vicious]] (né John Simon Ritchie, puis connu sous le nom de John Beverley), ancien batteur de [[Siouxsie and the Banshees]] et de [[The Flowers of Romance (groupe)|The Flowers of Romance]]. Le manager Malcolm McLaren approuve l'arrivée de Sid Vicious, appréciant son look et son attitude punk, mais au détriment de ses capacités à jouer. McLaren déclare alors qu'au début de la carrière des Sex Pistols, sa femme, Vivienne Westwood, l'avait encouragé à engager {{citation étrangère|langue=en|the guy called John who came to the store a couple of times}} ({{citation|le mec appelé John qui est venu au magasin quelques fois}}), mais en tant que chanteur. Lorsque Johnny Rotten est pris au sein du groupe, Vivienne Westwood annonce à son mari qu'il n'avait pas engagé le « bon John ». Elle avait alors recommandé John Beverley, futur Sid Vicious<ref name="Blood">Crabtree, Steve ''[https://www.imdb.com/title/tt0426340/combined Blood on the Turntable: The Sex Pistols]'', [[BBC]] documentaire (2004).</ref>…


Selon McLaren, {{citation étrangère|langue=en|When Sid joined he couldn't play guitar but his craziness fit into the structure of the band. He was the knight in shining armour with a giant fist.}} ({{citation|Quand Sid a rejoint le groupe, il ne savait pas jouer de la guitare, mais sa folie s'est bien intégrée à la structure du groupe. Il était le chevalier à l'armure luisante et au poing géant.}}<ref name="popmatters">{{lien web|lang=en|url=http://www.popmatters.com/feature/060809-sidvicious/|titre=So Tough: The Boy Behind the Sid Vicious Myth|auteur=Robinson, Charlotte|année=2006|éditeur=[[PopMatters]]|consulté le=11 juin 2017}}.</ref>. De même, John Lydon déclare {{citation étrangère|langue=en|Everyone agreed he had the look, but musical skill was another matter.}} ({{citation|Tout le monde était d'accord qu'il avait le look, mais pour le talent musical c'était une autre histoire.}})
Selon McLaren, {{citation étrangère|langue=en|When Sid joined he couldn't play guitar but his craziness fit into the structure of the band. He was the knight in shining armour with a giant fist.}} ({{citation|Quand Sid a rejoint le groupe, il ne savait pas jouer de la guitare, mais sa folie s'est bien intégrée à la structure du groupe. Il était le chevalier à l'armure luisante et au poing géant.}}<ref name="popmatters">{{lien web|lang=en|url=http://www.popmatters.com/feature/060809-sidvicious/|titre=So Tough: The Boy Behind the Sid Vicious Myth|auteur=Robinson, Charlotte|année=2006|éditeur=[[PopMatters]]|consulté le=11 juin 2017}}.</ref>. De même, John Lydon déclare {{citation étrangère|langue=en|Everyone agreed he had the look, but musical skill was another matter.}} ({{citation|Tout le monde était d'accord qu'il avait le look, mais pour le talent musical c'était une autre histoire.}})


John Simon Ritchie a vécu une enfance et une adolescence difficiles: il ne connaît pas son père, et sa mère est [[toxicomane]]. Enfant rebelle, il délaisse ses études, provoquant des bagarres à ''Sandown Court'', l'établissement qu'il fréquente. En 1974, alors adolescent et âgé de dix-sept ans, il vit avec sa mère sur Queensbridge Road, à Haggerston, dans l'est de Londres. Il rencontre alors [[Jah Wobble]], qui connaît également John Lydon. Les trois hommes se lient d'amitié, en raison de leur personnalité, et leur même vision du monde et des personnes. Selon Wooble, {{citation|On partageait la même frustration envers le monde et ses habitants.}}<ref name="PUNK1">{{ouvrage|auteur=Mark Blake|titre=PUNK : L'histoire complète|éditeur=Tournon|année=2008|isbn=978-2351440797|isbn2= 235144079X}}.</ref>.Désormais appelé John Beverley, il fréquente la boutique SEX et crée des liens avec les personnalités qui s'y côtoient. Puis, de son statut de ''fan punk'', il devient membre de Siouxsie Sioux and the Banshees. Mais un soir de concert au 100 Club, il commet un incident en jetant un verre contre un pilier dont les éclats blessèrent l'œil d'une spectatrice<ref name="RonWattsInterview">{{lien web|langue=en|titre=Ron Watts Interview Nov 2006|éditeur=Punk 77|url=http://www.punk77.co.uk/Books/ronwatts.htm|consulté le=4 septembre 2007}}.</ref>. Incarcéré pendant une semaine au Ashford Remand Centre, il est, à sa sortie, considéré comme un martyr punk, et devient aussi célèbre que Johnny Rotten pour la presse musicale. Après avoir tenté de sauver The Flowers of Romance, il intègre finalement les Sex Pistols en {{date-|mars 1977}}<ref name="PUNK1"/>. Il est alors obsédé par le paraître et l'attention que les gens lui portent<ref name="PUNK1" />{{,}}<ref>Jah Wooble : {{citation|Sid était obsédé par le paraître. C'était l'un des premiers à jouer au con.}}</ref>.
John Simon Ritchie a vécu une enfance et une adolescence difficiles: il ne connaît pas son père, et sa mère est [[toxicomane]]. Enfant rebelle, il délaisse ses études, provoquant des bagarres à ''Sandown Court'', l'établissement qu'il fréquente. En 1974, alors adolescent et âgé de dix-sept ans, il vit avec sa mère sur Queensbridge Road, à Haggerston, dans l'est de Londres. Il rencontre alors [[Jah Wobble]], qui connaît également John Lydon. Les trois hommes se lient d'amitié, en raison de leur personnalité, et leur même vision du monde et des personnes. Selon Wooble, {{citation|On partageait la même frustration envers le monde et ses habitants.}}<ref name="PUNK1">{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|auteur1=Mark Blake|titre=PUNK|sous-titre=L'histoire complète|lieu=Paris|éditeur=Tournon|année=2008|pages totales=288|isbn=978-2-35144-079-7|isbn2=235144079X}}</ref>.Désormais appelé John Beverley, il fréquente la boutique SEX et crée des liens avec les personnalités qui s'y côtoient. Puis, de son statut de ''fan punk'', il devient membre de Siouxsie Sioux and the Banshees. Mais un soir de concert au 100 Club, il commet un incident en jetant un verre contre un pilier dont les éclats blessèrent l'œil d'une spectatrice<ref name="RonWattsInterview">{{lien web|langue=en|titre=Ron Watts Interview Nov 2006|éditeur=Punk 77|url=http://www.punk77.co.uk/Books/ronwatts.htm|consulté le=4 septembre 2007}}.</ref>. Incarcéré pendant une semaine au Ashford Remand Centre, il est, à sa sortie, considéré comme un martyr punk, et devient aussi célèbre que Johnny Rotten pour la presse musicale. Après avoir tenté de sauver The Flowers of Romance, il intègre finalement les Sex Pistols en {{date-|mars 1977}}<ref name="PUNK1"/>. Il est alors obsédé par le paraître et l'attention que les gens lui portent<ref name="PUNK1" />{{,}}<ref>Jah Wooble : {{citation|Sid était obsédé par le paraître. C'était l'un des premiers à jouer au con.}}</ref>.


Mais son arrivée au sein du groupe a un effet progressivement destructeur sur lui. Au début de l'année 1977, Sid Vicous rencontre [[Nancy Spungen]], une [[groupie]] aux sérieux problèmes émotionnels<ref name="popmatters"/> qui suit les Sex Pistols, [[héroïne|héroïnomane]] et [[prostituée]]. Elle sera tenue responsable de l'addiction à la drogue de Sid Vicious et de son éloignement progressif du groupe. Johnny Rotten déclarera après la mort de Sid Vicious : {{citation|Nous avons tout fait pour nous débarrasser de Nancy… Elle le tuait. J'étais absolument convaincu que cette fille était dans une lente mission suicide… Seulement elle ne voulait pas mourir seule. Elle voulait emmener Sid avec elle…}}<ref>Lydon, John, ''{{Langue|en|Rotten}}'', {{p.|147}}.</ref>
Mais son arrivée au sein du groupe a un effet progressivement destructeur sur lui. Au début de l'année 1977, Sid Vicous rencontre [[Nancy Spungen]], une [[groupie]] aux sérieux problèmes émotionnels<ref name="popmatters"/> qui suit les Sex Pistols, [[héroïne|héroïnomane]] et [[prostituée]]. Elle sera tenue responsable de l'addiction à la drogue de Sid Vicious et de son éloignement progressif du groupe. Johnny Rotten déclarera après la mort de Sid Vicious : {{citation|Nous avons tout fait pour nous débarrasser de Nancy… Elle le tuait. J'étais absolument convaincu que cette fille était dans une lente mission suicide… Seulement elle ne voulait pas mourir seule. Elle voulait emmener Sid avec elle…}}<ref>Lydon, John, ''{{Langue|en|Rotten}}'', {{p.|147}}.</ref>
Ligne 73 : Ligne 71 :
=== ''{{Langue|en|God Save the Queen}}'' ===
=== ''{{Langue|en|God Save the Queen}}'' ===
[[Fichier:Sex Pistols in Paradiso - Johnny Rotten 2.jpg|vignette|upright|Johnny Rotten sur scène.]]
[[Fichier:Sex Pistols in Paradiso - Johnny Rotten 2.jpg|vignette|upright|Johnny Rotten sur scène.]]

Le {{date|10 mars 1977}}, à une cérémonie tenue à l'extérieur du [[palais de Buckingham]], les Sex Pistols signent un contrat avec la maison de disques [[A&M Records]]. Ils retournent par la suite à leurs bureaux, afin de fêter leur contrat, mais le comportement du groupe dans les locaux de la nouvelle maison de disque choque la direction<ref>{{en}} Strongman, Phil, ''Pretty Vacant'', {{p.|174}}; Savage, Jon, ''England's Dreaming'', pages 315–318.</ref>. Après cet incident, et ayant pris connaissance des paroles de la chanson ''[[God Save the Queen (chanson)|God Save the Queen]]'', [[A&M Records]] rompt son contrat dix jours seulement après avoir signé le groupe<ref name="rstn"/>. Le 45 tours ''God Save the Queen'' à peine pressé est retiré du marché et Malcolm McLaren en profite pour demander à la maison de disques des dommages et intérêts<ref>Pierre Mikaïloff, ''Dictionnaire raisonné du punk'', édition Scali, 2007.</ref>. Contrairement à ce qu'il prétendra plus tard, il ne s'agit nullement d'une escroquerie, mais simplement d'argent dû par contrat, comme avec EMI en janvier. Le 45 tours d'A&M est aujourd'hui un des disques les plus chers sur le marché puisqu'il en est sorti en très peu d'exemplaires des usines de pressage, et destiné à la promotion : radios, journaux notamment.
Le {{date|10 mars 1977}}, à une cérémonie tenue à l'extérieur du [[palais de Buckingham]], les Sex Pistols signent un contrat avec la maison de disques [[A&M Records]]. Ils retournent par la suite à leurs bureaux, afin de fêter leur contrat, mais le comportement du groupe dans les locaux de la nouvelle maison de disque choque la direction<ref>{{en}} Strongman, Phil, ''Pretty Vacant'', {{p.|174}}; Savage, Jon, ''England's Dreaming'', pages 315–318.</ref>. Après cet incident, et ayant pris connaissance des paroles de la chanson ''[[God Save the Queen (chanson)|God Save the Queen]]'', [[A&M Records]] rompt son contrat dix jours seulement après avoir signé le groupe<ref name="rstn"/>. Le 45 tours ''God Save the Queen'' à peine pressé est retiré du marché et Malcolm McLaren en profite pour demander à la maison de disques des dommages et intérêts<ref>Pierre Mikaïloff, ''Dictionnaire raisonné du punk'', édition Scali, 2007.</ref>. Contrairement à ce qu'il prétendra plus tard, il ne s'agit nullement d'une escroquerie, mais simplement d'argent dû par contrat, comme avec EMI en janvier. Le 45 tours d'A&M est aujourd'hui un des disques les plus chers sur le marché puisqu'il en est sorti en très peu d'exemplaires des usines de pressage, et destiné à la promotion : radios, journaux notamment.


Ligne 80 : Ligne 77 :
La célèbre pochette du single, montrant le visage de la reine {{nobr|Élisabeth II}} obstrué par le titre du morceau et le nom du groupe en lettres capitales, choque les copistes chargés de l'imprimer, ils arrêtent leur travail. Après discussion, la production reprend et le single sort comme prévu le {{date|27 mai 1977|en musique}}. Les paroles scandalisent et sont considérées comme provocantes par l'opinion publique britannique<ref name="Savage" />. Plusieurs stations de radio et de télévision refusent de diffuser le morceau. En effet, la BBC, mais aussi toutes les autres chaînes de télévision en ont fait le titre britannique le plus censuré de tous les temps<ref>{{Lien web|lang=en|url=https://www.theguardian.com/culture/2002/apr/12/artsfeatures.popandrock|titre=Leaders of the Banned|auteur=Petridis, Alexis|date=12 avril 2002|éditeur=theguardian.com|consulté le=11 juin 2017}}.</ref>. Steve Jones déclare : {{citation|Je ne vois pas comment quelqu'un peut nous décrire comme un groupe politique. Je ne connais même pas le nom du premier ministre.}} Le morceau, et son impact sur le public, font que le punk atteint la gloire au Royaume-Uni<ref>{{Lien web|lang=en|url =http://www.guardian.co.uk/music/2004/may/02/popandrock|titre=Fifty Years of Pop|auteur=O'Hagan, Sean|année=2 mai 2004|éditeur=guardian.co.uk|consulté le =20 mars 2009}}.</ref>.
La célèbre pochette du single, montrant le visage de la reine {{nobr|Élisabeth II}} obstrué par le titre du morceau et le nom du groupe en lettres capitales, choque les copistes chargés de l'imprimer, ils arrêtent leur travail. Après discussion, la production reprend et le single sort comme prévu le {{date|27 mai 1977|en musique}}. Les paroles scandalisent et sont considérées comme provocantes par l'opinion publique britannique<ref name="Savage" />. Plusieurs stations de radio et de télévision refusent de diffuser le morceau. En effet, la BBC, mais aussi toutes les autres chaînes de télévision en ont fait le titre britannique le plus censuré de tous les temps<ref>{{Lien web|lang=en|url=https://www.theguardian.com/culture/2002/apr/12/artsfeatures.popandrock|titre=Leaders of the Banned|auteur=Petridis, Alexis|date=12 avril 2002|éditeur=theguardian.com|consulté le=11 juin 2017}}.</ref>. Steve Jones déclare : {{citation|Je ne vois pas comment quelqu'un peut nous décrire comme un groupe politique. Je ne connais même pas le nom du premier ministre.}} Le morceau, et son impact sur le public, font que le punk atteint la gloire au Royaume-Uni<ref>{{Lien web|lang=en|url =http://www.guardian.co.uk/music/2004/may/02/popandrock|titre=Fifty Years of Pop|auteur=O'Hagan, Sean|année=2 mai 2004|éditeur=guardian.co.uk|consulté le =20 mars 2009}}.</ref>.


La sortie du single est planifiée de sorte qu'elle corresponde au plus près à la date de la cérémonie des vingt-cinq ans de règne d'Elisabeth II. Durant le week-end du jubilé de la reine, une semaine et demie après la sortie du single, {{nombre|150000|copies}} de ''God Save the Queen'' sont vendues. Le {{date|7 juin 1977|en musique}}, Richard Branson, le PDG de Virgin Records réserve un bateau privé pour que le groupe puisse y jouer en naviguant sur la [[Tamise]], en passant le long de [[Westminster]] et des [[chambres du Parlement]]. L'événement, qui est censé être une moquerie à l'égard de la reine, se termine dans le chaos. Beaucoup de membres de l'entourage du groupe, ainsi que Malcolm McLaren et Vivienne Westwood sont arrêtés par la [[police (institution)|police]]. Le journal ''Daily Mirror'' prédit par ailleurs la première place du single dans les charts. ''God Save the Queen'' se positionne finalement deuxième, derrière un titre de [[Rod Stewart]]. En juillet sort le second 45 tours ''Pretty Vacant'', dont le clip vidéo sera diffusé à ''Top of the Pops'' à la demande de Richard Branson, et contre l'avis de McLaren. S'ensuit une tournée en Scandinavie durant quinze jours, ainsi qu'une tournée anglaise au mois d'août, que le groupe devra effectuer sous des noms d'emprunt, étant interdit de concert en Angleterre<ref>{{lien web|langue=en|auteur=Leigh, Spencer|date=20 février 1998 title=Music: Charting the Number Ones That Somehow Got Away|série=The Independent|url=https://www.independent.co.uk/life-style/music-charting-the-number-ones-that-somehow-got-away-1145809.html|consulté le=18 mars 2009|lieu=Londres}}.</ref>. Cette tournée s'appelle SPOTS (« ''{{Langue|en|Sex Pistols on Tour Secretly}}'' », en français : « Sex Pistols secrètement en tournée »). L'album ''[[Never Mind The Bollocks, Here's the Sex Pistols]]'', annoncé par les singles ''Holidays in the Sun'' et ''[[Pretty Vacant]]'', sort le {{date-|28 octobre 1977}} et ne contient que des chansons originales. Pour en faire la promotion, le groupe reprend la route pour participer à des émissions radio en novembre, puis le mois suivant, pour une tournée aux Pays-Bas et enfin en Angleterre qui a fini par accepter de faire jouer le groupe. Le dernier concert anglais a lieu à Huddersfield devant des enfants de pompiers en grève dans l'après-midi (des extraits peuvent être vus dans le film de Julian Temple ''{{Langue|en|The Filth and the Fury}}''), et le soir, le groupe refait une prestation devant un public adulte.
La sortie du single est planifiée de sorte qu'elle corresponde au plus près à la date de la cérémonie des vingt-cinq ans de règne d'Elisabeth II. Durant le week-end du jubilé de la reine, une semaine et demie après la sortie du single, {{nombre|150000|copies}} de ''God Save the Queen'' sont vendues. Le {{date|7 juin 1977|en musique}}, Richard Branson, le PDG de Virgin Records réserve un bateau privé pour que le groupe puisse y jouer en naviguant sur la [[Tamise]], en passant le long de [[Westminster]] et des [[chambres du Parlement]]. L'événement, qui est censé être une moquerie à l'égard de la reine, se termine dans le chaos. Beaucoup de membres de l'entourage du groupe, ainsi que Malcolm McLaren et Vivienne Westwood sont arrêtés par la [[police (institution)|police]]. Le journal ''Daily Mirror'' prédit par ailleurs la première place du single dans les charts. ''God Save the Queen'' se positionne finalement deuxième, derrière un titre de [[Rod Stewart]]. En juillet sort le second 45 tours ''Pretty Vacant'', dont le clip vidéo sera diffusé à ''Top of the Pops'' à la demande de Richard Branson, et contre l'avis de McLaren. S'ensuit une tournée en Scandinavie durant quinze jours, ainsi qu'une tournée anglaise au mois d'août, que le groupe devra effectuer sous des noms d'emprunt, étant interdit de concert en Angleterre<ref>{{lien web|langue=en|auteur=Leigh, Spencer|date=20 février 1998|titre=Music: Charting the Number Ones That Somehow Got Away|série=The Independent|url=https://www.independent.co.uk/life-style/music-charting-the-number-ones-that-somehow-got-away-1145809.html|consulté le=18 mars 2009|lieu=Londres}}.</ref>. Cette tournée s'appelle SPOTS (« ''{{Langue|en|Sex Pistols on Tour Secretly}}'' », en français : « Sex Pistols secrètement en tournée »). L'album ''[[Never Mind The Bollocks, Here's the Sex Pistols]]'', annoncé par les singles ''Holidays in the Sun'' et ''[[Pretty Vacant]]'', sort le {{date-|28 octobre 1977}} et ne contient que des chansons originales. Pour en faire la promotion, le groupe reprend la route pour participer à des émissions radio en novembre, puis le mois suivant, pour une tournée aux Pays-Bas et enfin en Angleterre qui a fini par accepter de faire jouer le groupe. Le dernier concert anglais a lieu à Huddersfield devant des enfants de pompiers en grève dans l'après-midi (des extraits peuvent être vus dans le film de Julian Temple ''{{Langue|en|The Filth and the Fury}}''), et le soir, le groupe refait une prestation devant un public adulte.


La tournée aux États-Unis qui suit est un fiasco, Johnny Rotten quitte le groupe après une prestation chaotique à [[San Francisco]], dans une trop grande salle (Winterland) devant {{nombre|cinq-mille|personnes}}, ce que que le groupe n'était pas habitué à faire. La nouvelle tournée scandinave prévue en février avec Johnny Thunders and the Heartbreakers est donc annulée.
La tournée aux États-Unis qui suit est un fiasco, Johnny Rotten quitte le groupe après une prestation chaotique à [[San Francisco]], dans une trop grande salle (Winterland) devant {{nombre|cinq-mille|personnes}}, ce que le groupe n'était pas habitué à faire. La nouvelle tournée scandinave prévue en février avec Johnny Thunders and the Heartbreakers est donc annulée.


Durant leur carrière, les Sex Pistols effectuent une série de gestes provocants pour susciter des réactions d'indignation de la part de leurs détracteurs. Rotten / Lydon a posé pour le photographe Bob Gruen, avec une croix gammée accrochée à son pull-over tout en levant le bras droit à la verticale<ref>{{lien web|langue=en|titre=Punk and the Svastika|éditeur=acc.umu.se|consulté le=2 juillet 2016|url=https://web.archive.org/web/20070321032935/http://www.acc.umu.se/~samhain/summerofhate/punk.html}}. Photographie de Johnny Rotten avec une Swastika faisant le salut nazi. Photographie de Bob Gruen.</ref>. Par la suite, pour les besoins de la vidéo ''Pretty Vacant'', le chanteur arbore un t-shirt avec une nouvelle fois une représentation de la croix gammée, accompagnée de la mention « Détruisez » (''Destroy''). L'idée était de tirer un trait sur le passé, faire table rase de tout ce qui avait été fait par les générations précédentes, tout en attirant l'attention<ref>{{en}} Rockwell, John (7 août 1977), ''The Sex Pistols: A Fired-Up Rock Band'', ''New York Times''.</ref>.
Durant leur carrière, les Sex Pistols effectuent une série de gestes provocants pour susciter des réactions d'indignation de la part de leurs détracteurs. Rotten / Lydon a posé pour le photographe Bob Gruen, avec une croix gammée accrochée à son pull-over tout en levant le bras droit à la verticale<ref>{{Lien archive|langue=en|titre=Punk and the Svastika|éditeur=acc.umu.se|consulté le=2 juillet 2016|horodatage archive=20070321032935|url=http://www.acc.umu.se/~samhain/summerofhate/punk.html}}. Photographie de Johnny Rotten avec une Swastika faisant le salut nazi. Photographie de Bob Gruen.</ref>. Par la suite, pour les besoins de la vidéo ''Pretty Vacant'', le chanteur arbore un t-shirt avec une nouvelle fois une représentation de la croix gammée, accompagnée de la mention « Détruisez » (''Destroy''). L'idée était de tirer un trait sur le passé, faire table rase de tout ce qui avait été fait par les générations précédentes, tout en attirant l'attention<ref>{{en}} Rockwell, John (7 août 1977), ''The Sex Pistols: A Fired-Up Rock Band'', ''New York Times''.</ref>.


=== Réunion et postérité ===
=== Réunion et postérité ===
La formation originale des Sex Pistols se réunit en [[1996]] pour la tournée mondiale ''Filthy Lucre Tour''<ref name=RSE>{{lien web|langue=en|année=2001|titre=The Sex Pistols|éditeur=RollingStone.com| url=https://www.rollingstone.com/music/artists/TheSexPistols/;kw=%5Bnews,artists,9620,40534,40572%5D|consulté le=24 mai 2010}}.</ref>. L'accès aux archives des membres associées à ''The Great Rock 'n' Roll Swindle'' facilitent la production du documentaire ''The Filth and the Fury'' (2000). Il est réalisé, comme pour son prédécesseur, par Julian Temple<ref name=BW>{{lien web|langue=en|auteur=Wyman, Bill|date=avril 2000|titre= The Revenge of the Sex Pistols|éditeur=Salon| url=http://archive.salon.com/ent/movies/review/2000/04/28/pistols/index.html|consulté le=17 mars 2009}}.</ref>.
La formation originale des Sex Pistols se réunit en [[1996]] pour la tournée mondiale ''Filthy Lucre Tour''<ref name=RSE>{{lien web|langue=en|année=2001|titre=The Sex Pistols|éditeur=RollingStone.com| url=https://www.rollingstone.com/music/artists/TheSexPistols/;kw=%5Bnews,artists,9620,40534,40572%5D|consulté le=24 mai 2010}}.</ref>. L'accès aux archives des membres associées à ''The Great Rock 'n' Roll Swindle'' facilitent la production du documentaire ''The Filth and the Fury'' (2000). Il est réalisé, comme pour son prédécesseur, par Julian Temple<ref name=BW>{{lien web|langue=en|auteur=Wyman, Bill|date=avril 2000|titre= The Revenge of the Sex Pistols|éditeur=Salon| url=http://archive.salon.com/ent/movies/review/2000/04/28/pistols/index.html|consulté le=17 mars 2009}}.</ref>.


Les Sex Pistols se réunissent pour quelques concerts au Royaume-Uni en 2007<ref name=SPR>{{lien web|langue=en|date=26 septembre 2007|titre=Sex Pistols Reunion Is Expanded|éditeur=BBC|url=http://news.bbc.co.uk/1/hi/entertainment/7013761.stm|consulté le=19 mars 2009}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|langue=en|auteur= Northmore, Henry|date=20 novembre 2007|titre=Sex Pistols Review|éditeur=The List|url=http://www.list.co.uk/article/5702-sex-pistols-review/|consulté le=20 mars 2009}}.</ref>. En [[2008]], ils entreprennent une série de festivals européens, appelée tournée ''Combine Harvester Tour''. En août, après leur concert au festival néerlandais Campingflight to Lowlands Paradise, le directeur de Lowlands, Eric van Eerdenburg, considère la performance des Sex Pistols comme {{citation|navrante}}<ref>{{lien web|langue=en|date=17 août 2008|titre=Festivaldirecteur Over Lowlands|éditeur=Lowlands.nl|consulté le=20 mars 2009|url=https://web.archive.org/web/20080917174007/http://lowlands.nl/community_llowbite.php?blogpost=228&archivepage=1}}.</ref>. Cette même année, ils publient le DVD ''There'll Always Be An England'', enregistré à la Brixton Academy le {{date-|10 novembre 2007}}<ref>{{lien web|langue=en|titre=Features—There'll Always Be An England|éditeur=SexPistolsOfficial.com|url=http://www.sexpistolsofficial.com/index.php?module=features|consulté le=27 juillet 2010}}.</ref>.
Les Sex Pistols se réunissent pour quelques concerts en Angleterre et aux Etats-Unis en 2002 et 2003. Le groupe fait ensuite une tournée américaine et britannique (''Holidays in the Sun'') en 2007<ref name=SPR>{{lien web|langue=en|date=26 septembre 2007|titre=Sex Pistols Reunion Is Expanded|éditeur=BBC|url=http://news.bbc.co.uk/1/hi/entertainment/7013761.stm|consulté le=19 mars 2009}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|langue=en|auteur= Northmore, Henry|date=20 novembre 2007|titre=Sex Pistols Review|éditeur=The List|url=http://www.list.co.uk/article/5702-sex-pistols-review/|consulté le=20 mars 2009}}.</ref>. En [[2008]], ils entreprennent une série de festivals européens, appelée tournée ''Combine Harvester Tour''. Leur seule date française est au [[Festival des Terre-Neuvas]]<ref>[https://www.froggydelight.com/article-5631-Festival_des_terre_Neuvas_Bobital_2008_Dimanch.html Festival des terre-Neuvas Bobital 2008 - Dimanche], Froggy's delight</ref>. En août, après leur concert au festival néerlandais [[Lowlands (festival)|Lowlands]], le directeur, Eric van Eerdenburg, considère la performance des Sex Pistols comme {{citation|navrante}}<ref>{{Lien archive|langue=en|date=17 août 2008|titre=Festivaldirecteur Over Lowlands|éditeur=Lowlands.nl|consulté le=20 mars 2009|horodatage archive=20080917174007|url=http://lowlands.nl/community_llowbite.php?blogpost=228&archivepage=1}}.</ref>. Cette même année, ils publient le DVD ''There'll Always Be An England'', enregistré à la [[Brixton Academy]], le {{date-|10 novembre 2007}}<ref>{{lien web|langue=en|titre=Features—There'll Always Be An England|éditeur=SexPistolsOfficial.com|url=http://www.sexpistolsofficial.com/index.php?module=features|consulté le=27 juillet 2010}}.</ref>.

Le groupe signe avec [[Universal Music Group]] en [[2012]] pour la réédition de ''Never Mind the Bollocks''<ref>{{lien web|langue=en|url=https://www.bbc.co.uk/news/entertainment-arts-17170897|titre=The Sex Pistols Sign New Record Deal with Universal|éditeur=BBC|date=27 février 2012 |consulté le=27 février 2012}}.</ref>. En juin [[2015]], les couvertures de l'album ''Nevermind the Bollocks'' et du single ''Anarchy in the U.K.'' habillent des cartes de crédit de la banque du groupe Virgin<ref>''Les Sex Pistols, anarchistes et anticapitalistes, se retrouvent sur des cartes de crédit'', [[Éditions Le Nouvelliste|Le Nouvelliste]], 10 juin 2015, [http://www.lenouvelliste.ch/fr/lifestyle/buzz/les-sex-pistols-anarchistes-et-anticapitalistes-se-retrouvent-sur-des-cartes-de-credit-3144-1471146 lire en ligne].</ref>{{,}}<ref>Culturebox (avec AFP), ''Des cartes de crédit à l'effigie des Sex Pistols'', Francetvinfo, 9 juin 2015, [http://culturebox.francetvinfo.fr/musique/rock/des-cartes-de-credit-a-leffigie-des-sex-pistols-221457 lire en ligne].</ref>.


En 2022, quelques jours avant la célébration des {{unité|70 ans}} de règne d'{{Souverain-|Élisabeth II}}, le single ''[[God Save the Queen (chanson)|God Save the Queen]]'' est réédité. Le {{date-|4 juin 2022-}}, il devient {{numéro|1}} des ventes au [[Royaume-Uni]]<ref>{{en}} Thania Garcia, [https://variety.com/2022/music/news/sex-pistols-god-save-queen-number-one-uk-platinum-jubilee-1235285240/ « Sex Pistols’ ‘God Save The Queen’ Becomes Top-Selling Single in U.K. During Platinum Jubilee », sur variety.com], 5 juin 2022 (consulté le 8 juin 2022).</ref>.
Le groupe signe avec [[Universal Music Group]] en [[2012]] pour la réédition de ''Never Mind the Bollocks''<ref>{{lien web|langue=en|url=https://www.bbc.co.uk/news/entertainment-arts-17170897|titre=The Sex Pistols Sign New Record Deal with Universal|éditeur=BBC|date=27 février 2012 |consulté le=27 février 2012}}.</ref>. En juin [[2015]], les couvertures de l'album ''Nevermind the Bollocks'' et du single ''Anarchy in the U.K.'' habillent des cartes de crédit de la banque du groupe Virgin<ref>''Les Sex Pistols, anarchistes et anticapitalistes, se retrouvent sur des cartes de crédit'', [[Éditions Le Nouvelliste|Le Nouvelliste]], 10 juin 2015, [http://www.lenouvelliste.ch/fr/lifestyle/buzz/les-sex-pistols-anarchistes-et-anticapitalistes-se-retrouvent-sur-des-cartes-de-credit-3144-1471146 lire en ligne]</ref>{{,}}<ref>Culturebox (avec AFP), ''Des cartes de crédit à l'effigie des Sex Pistols'', Francetvinfo, 9 juin 2015, [http://culturebox.francetvinfo.fr/musique/rock/des-cartes-de-credit-a-leffigie-des-sex-pistols-221457 lire en ligne].</ref>.


== Discographie ==
== Discographie ==
Ligne 97 : Ligne 96 :
* [[1977]] : ''[[Never Mind The Bollocks, Here's the Sex Pistols]]''
* [[1977]] : ''[[Never Mind The Bollocks, Here's the Sex Pistols]]''


=== Sorties ultérieures ===
=== Compilations & Live ===
* 1977 : ''Live in Trondheim 21st July 1977''
* 1977 : ''Live in Trondheim 21st July 1977''
* [[1979]] : ''[[The Great Rock 'n' Roll Swindle]]'' (BO du film éponyme)
* [[1979]] : ''[[The Great Rock 'n' Roll Swindle]]'' (BO du film éponyme)
Ligne 108 : Ligne 107 :
* [[2004]] : ''Raw and Live''
* [[2004]] : ''Raw and Live''
* [[2006]] : ''Spunk'' (bootleg original de 1977)
* [[2006]] : ''Spunk'' (bootleg original de 1977)
* [[2021]] : ''76-77'' <small>(Coffret 4CD inclus démos, instrumentaux, versions alternatives, live...)</small>
* [[2022]] : ''The Original Recordings''


== Filmographie ==
== Filmographie ==
* ''[[La Grande Escroquerie du Rock'n'roll]]'', de [[Julien Temple]] sorti en 1980
*''[[Sid et Nancy]], un film d'[[Alex Cox]] (1986)''
* ''[[L'Obscénité et la Fureur]], la véritable histoire des Sex Pistols (The Filth and the Fury), film documentaire de Julian Temple, 2000, 110 min''
* ''[[Sid et Nancy]]'', un film d'[[Alex Cox]] (1986)
* ''[[L'Obscénité et la Fureur]]'', la véritable histoire des Sex Pistols (The Filth and the Fury), film documentaire de Julien Temple, 2000, 110 min
* ''Never Mind the Bollocks, Here's the Sex Pistols'', film documentaire sur l'album du même nom.
* ''Never Mind the Bollocks, Here's the Sex Pistols'', film documentaire sur l'album du même nom.
* ''[[Pistol]]'', [[mini-série]] [[Série télévisée|télévisée]] en six épisodes (2022).


== Bibliographie ==
== Bibliographie ==
Ligne 135 : Ligne 138 :


[[Catégorie:Sex Pistols|*]]
[[Catégorie:Sex Pistols|*]]
[[Catégorie:Groupe de punk rock anglais]]
[[Catégorie:Groupe anglais de punk rock]]
[[Catégorie:Groupe d'anarcho-punk]]
[[Catégorie:Groupe d'anarcho-punk]]
[[Catégorie:Groupe de musique de Londres]]
[[Catégorie:Groupe musical de Londres]]
[[Catégorie:Groupe de musique britannique des années 1970]]
[[Catégorie:Groupe musical britannique des années 1970]]
[[Catégorie:Groupe de musique formé en 1975]]
[[Catégorie:Groupe musical formé en 1975]]
[[Catégorie:Groupe de musique séparé]]
[[Catégorie:Groupe musical séparé]]
[[Catégorie:Quatuor britannique]]
[[Catégorie:Quatuor britannique]]
[[Catégorie:Membre du Rock and Roll Hall of Fame]]
[[Catégorie:Membre du Rock and Roll Hall of Fame]]

Dernière version du 13 février 2024 à 20:21

Sex Pistols
Description de cette image, également commentée ci-après
Sex Pistols en concert à Amsterdam en 1977.
Informations générales
Pays d'origine Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Genre musical Punk rock
Années actives 19751978, 1996, 20022003, 20072008
Labels EMI Records, A&M Records, Virgin Records, Universal Music Group[1]
Influences The Stooges, Small Faces, New York Dolls
Site officiel www.sexpistolsofficial.com
Composition du groupe
Anciens membres John Lydon (Johnny Rotten)
Steve Jones
Glen Matlock
Paul Cook
Sid Vicious (†)
Description de cette image, également commentée ci-après
Logo de Sex Pistols.

Sex Pistols [sɛks ˈpɪstəlz][2]est un groupe de punk rock britannique, originaire de Londres, au Royaume-Uni. Il est formé en 1975 et connu pour être l'initiateur du mouvement punk[3]. À sa formation, le quatuor se compose de Johnny Rotten (Lydon de son vrai nom) au chant, Steve Jones à la guitare, Paul Cook à la batterie et Glen Matlock à la basse. Ce dernier est remplacé par Sid Vicious en 1977. Malgré une courte carrière de trois ans, un seul album studio enregistré, Never Mind the Bollocks, Here's the Sex Pistols et quatre singles, Sex Pistols est décrit par la BBC comme « le groupe de punk rock anglais ultime » (« the definitive English punk rock band »)[4].

Le groupe voit le jour alors que le rock progressif et la pop sont les genres musicaux les plus dominants au milieu des années 1970[5]. Les nombreuses controverses, qui ont à la fois fasciné et choqué l'Angleterre, ont souvent dissimulé sa musique[6]. Le single God Save the Queen de 1977 a été perçu comme une attaque envers la monarchie et le nationalisme britanniques[7]. Les concerts ont souvent, à cause de la violence du public, posé des problèmes entre les autorités et les organisateurs.

En janvier 1978, après une tournée mouvementée aux États-Unis, Johnny Rotten quitte le groupe, annonçant ainsi sa dissolution. Pendant les quelques mois qui suivent, les trois membres restant enregistrent plusieurs chansons pour le film de Julien Temple, The Great Rock 'n' Roll Swindle. Une « fable » selon Temple dans laquelle Malcolm McLaren (manager du groupe) se moque des médias qui lui ont tant reproché de n'avoir été là que pour l'argent. Sid Vicious meurt quelques mois plus tard d'une overdose d'héroïne à New York[8].

En 1996, Lydon, Cook, Matlock et Jones se réunissent à nouveau, et partent en tournée de juin à . La formation a également entrepris d'autres tournées en 2002, 2003, 2007 et 2008.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines et formation[modifier | modifier le code]

Les Sex Pistols, à l'instar de l'intégralité du mouvement punk[9], s'inspirent très largement du groupe Los Saicos. Ils sont nés de la formation de The Strand (également appelés pendant un moment The Swankers), un groupe londonien formé en 1972, avec Steve Jones au chant et à la guitare, Paul Cook à la batterie, et Wally Nightingale à la seconde guitare. La bande recrute aussi Jim Mackin à l'orgue et Stephen Hayen (et plus tard Del Noones) à la basse[10],[11] sans grand succès. Les membres du groupe fréquentent régulièrement deux magasins de vêtements sur Kings Road, dans le quartier londonien de Chelsea, Acme Attractions, tenu par Don Letts, et Too Fast to Live, Too Young to Die géré par le couple Vivienne Westwood et Malcolm McLaren. Ces derniers ouvrent leur commerce en 1971 sous l'enseigne Let it Rock, s'inspirant du style Teddy Boys dans leurs créations. Let it Rock est renommé en 1972.

Au début de l'année 1973, Jones demande à McLaren s'il connait un bassiste car ceux qui ont été auditionnés n'ont pas convaincu. Glen Matlock, un étudiant qui travaille pour le magasin du couple Westwood/McLaren, est alors présenté et devient le bassiste définitif (jusqu'à l'arrivée de Sid Vicious). Entre 1973 et 1974, McLaren part à New York plusieurs fois, il y fait la connaissance de groupes et artistes qui fréquentent les clubs CBGB's et Max's Kansas City. Il finit par s'occuper des New York Dolls avant que ceux-ci ne se séparent pour diverses raisons (drogues, egos, management). Pendant ce temps, Bernard Rhodes, un ami de McLaren et futur manager de The Clash, aide Vivienne Westwood à tenir la boutique, il fait ainsi la connaissance des musiciens de The Strand et sympathise avec eux. Le groupe répète régulièrement et se produit en public pour la première fois au début de l'année 1975, à l'occasion d'un anniversaire, dans une pièce au premier étage d'un pub, le Tom Salters Cafe. Ils jouent des reprises de groupes des années 1960 (Small Faces, Who, etc.) ainsi que deux compositions, Scarface et Did You No Wrong, face B du simple God Save The Queen sorti en 1977.

Au cours de l'année 1975, à force d'insistance, Steve Jones convainc Malcolm McLaren d'aider la formation The Strand. Celui-ci devient peu à peu le manager du groupe. Parallèlement à cela, la boutique change à nouveau de nom en devenant SEX. Vivienne Westwood abandonne la mode rétro et se concentre sur une mode sadomasochiste. Le guitariste Wally Nightingale est renvoyé, Steve Jones prend sa place et il ne manque plus qu'à trouver un chanteur.

Arrivée de Johnny Rotten[modifier | modifier le code]

Sex Pistols en Norvège en 1977.

Au mois d', Steve Jones et Bernard Rhodes, futur manager des Clash, aperçoivent John Lydon à l'intérieur de la boutique londonienne SEX. D'après Jones, « John Lydon est venu avec des cheveux teints en vert. J'ai pensé qu'il avait vraiment un visage intéressant. J'aimais bien son look. Il portait un t-shirt avec l'inscription : « Je déteste Pink Floyd ». John avait quelque chose de spécial, mais quand il parlait c'était un véritable enfoiré—mais élégant. »[12] Repéré, il est incité à chanter sur le juke-box du magasin, un morceau d'Alice Cooper, I'm Eighteen. John Lydon est intégré au groupe par Steve Jones appuyé par Bernard Rhodes, tous deux opposés à Malcolm McLaren qui souhaitait engager un musicien de New York (selon les jours, Syl Sylvain ou Johnny Thunders des New York Dolls, Richard Hell, Iggy Pop) mais les futurs Sex Pistols n'y étaient pas favorables, préférant un jeune de leur niveau, débutant, et de leur âge. Ce sera donc John Lydon rebaptisé Johnny Rotten (« pourri ») à cause de sa denture en mauvais état.

Le journaliste de NME Nick Kent, qui répète parfois avec le groupe, est alors contraint de s'en aller, à cause de l'arrivée de John Lydon. Selon ce dernier, « quand je suis arrivé au sein du groupe, j'ai jeté un regard sur lui et me suis dit : Non. Ça doit partir. Il n'a jamais écrit un bon mot sur moi depuis[13]. » Autre version : Nick Kent est alcoolique et toxicomane et ne joue pas bien du tout, passées quelques semaines les autres membres du groupe lui demandent de s'en aller. Après le départ de Kent, Paul Cook commence à penser que Jones n'assure pas sa place de guitariste seul. Le groupe publie alors sur le magazine musical Melody Maker une annonce de recherche d'un second guitariste[14]. Un musicien, Steve New, y répond, et intègre la formation, mais après quelques semaines de répétition, quitte celle-ci.

En , McLaren loue un local de répétition au groupe, au 6 Denmark Street, avec un studio au premier étage qui permet à Steve Jones d'avoir un domicile fixe. La formation acquiert par ailleurs son nom définitif, Sex Pistols (le nom du groupe ayant été trouvé par Steve Jones, et non Malcolm McLaren comme ce dernier le prétendra plus tard)[réf. nécessaire]. Le nouveau quatuor s'arrange alors avec son bassiste Glen Matlock, qui étudie au Saint Martin's School of Art, pour pouvoir y jouer. Le , les Sex Pistols s'y produisent devant quelques spectateurs, en première partie d'un groupe de pub rock, Bazooka Joe, dans lequel joue le futur Adam Ant du groupe Adam and the Ants. Le set est très court car quelqu'un, horrifié par la musique des Sex Pistols (selon la légende), coupe l'électricité pendant leur prestation. Trente ans plus tard, Glen Matlock inaugure une plaque commémorant l'événement sur laquelle figure l'indication « unplugged » (débranché)[réf. nécessaire].

Le groupe multiplie les concerts dans les universités aux alentours de Londres. Dans le public, Siouxsie Sioux, Steven Severin et Billy Idol profitent de ces rendez-vous pour se réunir et créent une dynamique. Encouragés par Malcom McLaren qui voient en eux un intérêt marketing[15], ces jeunes gens constituent le cœur du Bromley Contingent, une étiquette inventée par la journaliste Caroline Coon pour désigner cette poignée d'adolescents venant du Kent. Le look provocateur et radical des Sex Pistols et des membres du Bromley Contingent, crée une tendance esthétique : la boutique Sex de Vivienne Westwood fournit une partie de leurs vêtements mais chacun porte surtout des créations « maison » customisées, comme le t-shirt « I Hate Pink Floyd » (« Je déteste Pink Floyd ») déchiré de John Rotten.

Au début de l'année 1976, les Sex Pistols se produisent dans d'autres clubs londoniens tels que le 100 Club, situé sur Oxford Street et le Marquee, où ils font la première partie d'Eddie and the Hot Rods, un des leaders du « pub rock » anglais avec Dr. Feelgood. Ce concert dégénère au moment où Johnny Rotten a l'impression que les premiers rangs se moquent de lui et de la musique de son groupe. Il se montre alors très agressif verbalement et des tensions se font sentir entre les Sex Pistols et Eddie and the Hot Rods (un ampli d'Eddie and the Hot Rods aurait été saccagé par les Sex Pistols selon certaines rumeurs)[réf. nécessaire]. Par la suite, le groupe et son manager refuseront catégoriquement de partager une scène avec un groupe de « pub rock ». De ce concert pourtant ressort un point très positif : Neil Spencer, journaliste au NME assiste à l'événement et écrit un article fort élogieux sur la prestation des Sex Pistols. Il fait référence au retour du rock des années 1960, aux sons des Who et des Stooges. Deux amis de Manchester, Howard Devoto et Peter McNeish lisent l'article et téléphonent au NME pour savoir quand les Sex Pistols se produisent. Ils veulent absolument les voir sur scène. Grâce au magazine, ils contactent Malcolm McLaren et conduisent jusqu'à Londres afin d'assister à deux concerts, les 20 et . De retour à Manchester, Peter McNeish se rebaptise Pete Shelley et avec son ami Howard Devoto, il forme un groupe, Buzzcocks. Le , sur une invitation de Howard Devoto et de Pete Shelley, les Sex Pistols jouent un premier concert à Manchester. Leur performance au Free Trade Hall répand le punk rock partout en ville[16],[17]. Par ailleurs, deux autres groupes de punk rock londoniens se forment, The Clash et The Damned. Ces derniers commencent à jouer en première partie des concerts des Sex Pistols, respectivement les 4 et . Les 3 et de la même année, les Sex Pistols effectuent leur première représentation en dehors de la Grande-Bretagne, à Paris, à l'ouverture du club du Chalet du Lac. Puis, ils accomplissent leur première grande tournée en Grande-Bretagne, qui se déroule entre mi-septembre et début décembre[réf. nécessaire].

EMI et incident avec Bill Grundy[modifier | modifier le code]

Après leur premier festival punk au 100 Club, les 20 et [18],[19], les Sex Pistols signent un contrat avec le label EMI. Le premier single du groupe, Anarchy in the U.K. est enregistré au cours du mois d'octobre et sort le . Il est produit par Chris Thomas, qui a également produit Roxy Music et mixé Pink Floyd sur leur album The Dark Side of the Moon. Contredisant les rumeurs voulant que les groupes de punk rock ne savent pas jouer de leurs instruments sur scène, la presse musicale révèle que les Sex Pistols sont un groupe capable, tendu et sauvage en concert[20],[21],[22].

L'attitude et le comportement des Sex Pistols attirent davantage l'attention que leur musique. Le , invités en remplacement du populaire groupe Queen qui n'avait pu se déplacer, les membres du Bromley Contingent, ainsi que la formation elle-même, déclenchent un scandale lors d'une émission de début de soirée, Today, en direct sur la chaîne Thames Television. Les musiciens qui ont patienté dans un salon avec un frigo plein d'alcool sont un peu saouls, tout comme le présentateur qui a la réputation d'aimer le whisky. Alors que l'émission prend fin, l'interview entre Bill Grundy et les membres du groupe accompagnés de leurs amis du Bromley Contingent se passe mal. Provoqué par l'animateur qui lui demande de prononcer à voix haute un gros mot, Johnny Rotten emploie le mot « merde » (shit). Le présentateur s'en moque ouvertement avant de s'adresser ensuite à Siouxsie Sioux, présente à leurs côtés. Après que celle-ci lui a dit sur un ton taquin « j'ai toujours voulu vous rencontrer, Bill » (« I've always wanted to meet you, Bill »), Grundy se met à flirter délibérément avec elle. Son comportement exaspère alors Steve Jones qui l'insulte copieusement avec des mots jusque-là jamais prononcés à la télévision anglaise, à une heure de grande écoute. « toi le sale bâtard ». (« You dirty bastard »)[23]. Malgré cela Grundy en redemande « quel garçon intelligent, allez-y mon ami vous avez encore quelques minutes, dites quelque chose d'outrageant », et Steve Jones réplique avec d'autres insultes.

Bien que l'émission ait été diffusée dans la région londonienne seule, cet événement a provoqué un tollé dans la presse populaire dans les jours suivants. Ainsi, The Daily Mirror a écrit son célèbre titre The filth and the fury (« La répugnance et la fureur »), tandis que le Daily Express a publié Punk? Call it filthy lucre (« Punk ? Appelez-le lucre répugnant »). Thames Television suspend alors provisoirement l'animateur Bill Grundy, mais cet incident mit finalement un terme à sa carrière[24]. Il est intéressant de constater que le , à Leeds, avant de se produire sur scène, le groupe doit participer à une interview pour la télévision nationale. Au lieu de cela, les quatre musiciens sont sagement assis derrière leur manager qui prend la parole durant toute l'interview, sans faire de vague, sans doute pour éviter un nouveau scandale et de nouveaux problèmes avec la presse, les organisateurs de concerts et la maison de disque EMI.

Cet épisode offre toutefois une fenêtre médiatique importante pour les Sex Pistols qui n'étaient jusque-là que confinés à quelques articles dans la presse musicale. Du jour au lendemain, ils deviennent un nom connu dans tout le pays. Fort de cette publicité, le groupe entame une nouvelle tournée, Anarchy Tour for the U.K. Tour (accompagné de The Clash, Johnny Thunders & The Heartbreakers et The Damned qui seront remplacés en cours de route par Buzzcocks). La tournée est un fiasco et un gouffre financier pour la société de management de Malcolm McLaren, Glitterbest. La plupart des concerts qui étaient prévus sont annulés, les salles leurs ferment les portes à cause du scandale télévisé. Sur vingt-et-une dates au départ, seuls trois concerts ont lieu, auxquels viennent s'ajouter deux à Manchester et deux à Plymouth, soit sept concerts. Lorsqu'ils peuvent jouer, les groupes se voient opposés aux autorités locales ou à des groupes religieux qui essayent d'empêcher les concerts d'avoir lieu[25]. Dans une interview à la télévision, le conseiller municipal de Londres Bernard Brook Partridge déclare à propos des groupes de punk rock : « Some of these groups would be vastly improved by sudden death… I would like to see someone dig a huge hole and bury the lot of them in it. » (« Certains de ces groupes gagneraient à mourir rapidement. J'aimerais voir quelqu'un creuser un immense trou et les y enterrer. »)[26].

Après la fin de la tournée des Sex Pistols en , la maison de disques EMI arrange au groupe une série de concerts en au Paradiso, à Amsterdam, aux Pays-Bas[27]. Mais avant l'embarquement du groupe à l'aéroport de Londres Heathrow, une rumeur veut que ses membres engagent une dispute avec les membres du personnel de l'aéroport. Le magazine musical Rolling Stone relate les faits : « One witness claimed the Sex Pistols were doing something so disgusting that she could not repeat it for publication… it became generally believed Jones had been vomiting on old ladies in the preflight lounge. »« Un témoin a affirmé que les Sex Pistols faisaient des choses tellement répugnantes qu'elle ne pouvait pas les répéter pour publication… la rumeur court que Jones a vomi sur des femmes âgées dans la salle d'embarquement. »[22]. De son côté, EMI dément tout désordre dans cet aéroport, indiquant à la presse que le groupe et le représentant d'EMI étaient en retard et ont embarqué in extremis sans faire de vague. Le EMI rompt officiellement son contrat avec les Sex Pistols[27]. Johnny Rotten aurait alors déclaré : « I don't understand it. All we're trying to do is destroy everything » (« Je ne comprends pas. Tout ce que nous essayons de faire est de tout détruire. »)[28]

Arrivée de Sid Vicious[modifier | modifier le code]

Représentation de Sid Vicious.

Les concerts du groupe en au Paradiso d'Amsterdam sont les derniers avec son bassiste Glen Matlock : il s'en sépare au mois de février. Selon la légende populaire, Matlock est contraint de quitter la formation parce qu'il aime et écoute les Beatles[4]. Steve Jones explique plus tard la raison pour laquelle Matlock est parti : il ne s'est pas bien intégré au groupe[29]. Quant à Matlock, il explique qu'il a quitté la formation volontairement, surtout à cause de ses relations de plus en plus tendues avec Johnny Rotten[30]. Selon lui, ces tensions auraient été orchestrées par Malcolm McLaren[31]. Selon toute probabilité, les tensions entre Johnny Rotten et Glen Matlock depuis le début du groupe sont allées crescendo, et sont à l'origine de son départ. Glen Matlock souhaitait un groupe très années 1960, comme the Who, The Small Faces, etc. Et Johnny Rotten n'allait pas dans ce sens, il réécrivait les paroles des chansons des Small Faces, par exemple, en changeant le sens complet d'une chanson d'amour en chanson de haine (Whatcha Gonna Do About It?), ce qui avait le don d'énerver Matlock.

Après son départ, Glen Matlock forme immédiatement son propre groupe, Rich Kids, avec Midge Ure, Rusty Egan et Steve New. Les Sex Pistols n'ont alors plus de bassiste ; c'est pourquoi ils décident d'intégrer un ami de Johnny Rotten, Sid Vicious (né John Simon Ritchie, puis connu sous le nom de John Beverley), ancien batteur de Siouxsie and the Banshees et de The Flowers of Romance. Le manager Malcolm McLaren approuve l'arrivée de Sid Vicious, appréciant son look et son attitude punk, mais au détriment de ses capacités à jouer. McLaren déclare alors qu'au début de la carrière des Sex Pistols, sa femme, Vivienne Westwood, l'avait encouragé à engager « the guy called John who came to the store a couple of times » (« le mec appelé John qui est venu au magasin quelques fois »), mais en tant que chanteur. Lorsque Johnny Rotten est pris au sein du groupe, Vivienne Westwood annonce à son mari qu'il n'avait pas engagé le « bon John ». Elle avait alors recommandé John Beverley, futur Sid Vicious[32]

Selon McLaren, « When Sid joined he couldn't play guitar but his craziness fit into the structure of the band. He was the knight in shining armour with a giant fist. » (« Quand Sid a rejoint le groupe, il ne savait pas jouer de la guitare, mais sa folie s'est bien intégrée à la structure du groupe. Il était le chevalier à l'armure luisante et au poing géant. »[33]. De même, John Lydon déclare « Everyone agreed he had the look, but musical skill was another matter. » (« Tout le monde était d'accord qu'il avait le look, mais pour le talent musical c'était une autre histoire. »)

John Simon Ritchie a vécu une enfance et une adolescence difficiles: il ne connaît pas son père, et sa mère est toxicomane. Enfant rebelle, il délaisse ses études, provoquant des bagarres à Sandown Court, l'établissement qu'il fréquente. En 1974, alors adolescent et âgé de dix-sept ans, il vit avec sa mère sur Queensbridge Road, à Haggerston, dans l'est de Londres. Il rencontre alors Jah Wobble, qui connaît également John Lydon. Les trois hommes se lient d'amitié, en raison de leur personnalité, et leur même vision du monde et des personnes. Selon Wooble, « On partageait la même frustration envers le monde et ses habitants. »[34].Désormais appelé John Beverley, il fréquente la boutique SEX et crée des liens avec les personnalités qui s'y côtoient. Puis, de son statut de fan punk, il devient membre de Siouxsie Sioux and the Banshees. Mais un soir de concert au 100 Club, il commet un incident en jetant un verre contre un pilier dont les éclats blessèrent l'œil d'une spectatrice[35]. Incarcéré pendant une semaine au Ashford Remand Centre, il est, à sa sortie, considéré comme un martyr punk, et devient aussi célèbre que Johnny Rotten pour la presse musicale. Après avoir tenté de sauver The Flowers of Romance, il intègre finalement les Sex Pistols en [34]. Il est alors obsédé par le paraître et l'attention que les gens lui portent[34],[36].

Mais son arrivée au sein du groupe a un effet progressivement destructeur sur lui. Au début de l'année 1977, Sid Vicous rencontre Nancy Spungen, une groupie aux sérieux problèmes émotionnels[33] qui suit les Sex Pistols, héroïnomane et prostituée. Elle sera tenue responsable de l'addiction à la drogue de Sid Vicious et de son éloignement progressif du groupe. Johnny Rotten déclarera après la mort de Sid Vicious : « Nous avons tout fait pour nous débarrasser de Nancy… Elle le tuait. J'étais absolument convaincu que cette fille était dans une lente mission suicide… Seulement elle ne voulait pas mourir seule. Elle voulait emmener Sid avec elle… »[37]

God Save the Queen[modifier | modifier le code]

Johnny Rotten sur scène.

Le , à une cérémonie tenue à l'extérieur du palais de Buckingham, les Sex Pistols signent un contrat avec la maison de disques A&M Records. Ils retournent par la suite à leurs bureaux, afin de fêter leur contrat, mais le comportement du groupe dans les locaux de la nouvelle maison de disque choque la direction[38]. Après cet incident, et ayant pris connaissance des paroles de la chanson God Save the Queen, A&M Records rompt son contrat dix jours seulement après avoir signé le groupe[22]. Le 45 tours God Save the Queen à peine pressé est retiré du marché et Malcolm McLaren en profite pour demander à la maison de disques des dommages et intérêts[39]. Contrairement à ce qu'il prétendra plus tard, il ne s'agit nullement d'une escroquerie, mais simplement d'argent dû par contrat, comme avec EMI en janvier. Le 45 tours d'A&M est aujourd'hui un des disques les plus chers sur le marché puisqu'il en est sorti en très peu d'exemplaires des usines de pressage, et destiné à la promotion : radios, journaux notamment.

Sid Vicious débute sur scène avec le groupe au Screen on the Green, à Londres, le [40]. Dans les mois qui suivent, les Sex Pistols signent un nouveau contrat avec la maison de disques Virgin Records, qui devient leur troisième label en un peu plus de six mois[5]. Le second single de la formation, enregistré en février avec Chris Thomas, sort le . Bien que God Save the Queen soit largement perçu comme une attaque envers la reine Élisabeth II[41], Johnny Rotten déclare que le morceau ne la vise pas personnellement, mais qu'il établit une critique de la royauté en général. Cependant, cette attaque est perçue comme celle de la monarchie britannique et provoque un désarroi général dans la population. Le single est par la suite interdit à la diffusion par la BBC. Rotten fera remarquer : « Nous avions déclaré la guerre au pays tout entier — sans le vouloir[42] ! »

La célèbre pochette du single, montrant le visage de la reine Élisabeth II obstrué par le titre du morceau et le nom du groupe en lettres capitales, choque les copistes chargés de l'imprimer, ils arrêtent leur travail. Après discussion, la production reprend et le single sort comme prévu le . Les paroles scandalisent et sont considérées comme provocantes par l'opinion publique britannique[41]. Plusieurs stations de radio et de télévision refusent de diffuser le morceau. En effet, la BBC, mais aussi toutes les autres chaînes de télévision en ont fait le titre britannique le plus censuré de tous les temps[43]. Steve Jones déclare : « Je ne vois pas comment quelqu'un peut nous décrire comme un groupe politique. Je ne connais même pas le nom du premier ministre. » Le morceau, et son impact sur le public, font que le punk atteint la gloire au Royaume-Uni[44].

La sortie du single est planifiée de sorte qu'elle corresponde au plus près à la date de la cérémonie des vingt-cinq ans de règne d'Elisabeth II. Durant le week-end du jubilé de la reine, une semaine et demie après la sortie du single, 150 000 copies de God Save the Queen sont vendues. Le , Richard Branson, le PDG de Virgin Records réserve un bateau privé pour que le groupe puisse y jouer en naviguant sur la Tamise, en passant le long de Westminster et des chambres du Parlement. L'événement, qui est censé être une moquerie à l'égard de la reine, se termine dans le chaos. Beaucoup de membres de l'entourage du groupe, ainsi que Malcolm McLaren et Vivienne Westwood sont arrêtés par la police. Le journal Daily Mirror prédit par ailleurs la première place du single dans les charts. God Save the Queen se positionne finalement deuxième, derrière un titre de Rod Stewart. En juillet sort le second 45 tours Pretty Vacant, dont le clip vidéo sera diffusé à Top of the Pops à la demande de Richard Branson, et contre l'avis de McLaren. S'ensuit une tournée en Scandinavie durant quinze jours, ainsi qu'une tournée anglaise au mois d'août, que le groupe devra effectuer sous des noms d'emprunt, étant interdit de concert en Angleterre[45]. Cette tournée s'appelle SPOTS (« Sex Pistols on Tour Secretly », en français : « Sex Pistols secrètement en tournée »). L'album Never Mind The Bollocks, Here's the Sex Pistols, annoncé par les singles Holidays in the Sun et Pretty Vacant, sort le et ne contient que des chansons originales. Pour en faire la promotion, le groupe reprend la route pour participer à des émissions radio en novembre, puis le mois suivant, pour une tournée aux Pays-Bas et enfin en Angleterre qui a fini par accepter de faire jouer le groupe. Le dernier concert anglais a lieu à Huddersfield devant des enfants de pompiers en grève dans l'après-midi (des extraits peuvent être vus dans le film de Julian Temple The Filth and the Fury), et le soir, le groupe refait une prestation devant un public adulte.

La tournée aux États-Unis qui suit est un fiasco, Johnny Rotten quitte le groupe après une prestation chaotique à San Francisco, dans une trop grande salle (Winterland) devant cinq-mille personnes, ce que le groupe n'était pas habitué à faire. La nouvelle tournée scandinave prévue en février avec Johnny Thunders and the Heartbreakers est donc annulée.

Durant leur carrière, les Sex Pistols effectuent une série de gestes provocants pour susciter des réactions d'indignation de la part de leurs détracteurs. Rotten / Lydon a posé pour le photographe Bob Gruen, avec une croix gammée accrochée à son pull-over tout en levant le bras droit à la verticale[46]. Par la suite, pour les besoins de la vidéo Pretty Vacant, le chanteur arbore un t-shirt avec une nouvelle fois une représentation de la croix gammée, accompagnée de la mention « Détruisez » (Destroy). L'idée était de tirer un trait sur le passé, faire table rase de tout ce qui avait été fait par les générations précédentes, tout en attirant l'attention[47].

Réunion et postérité[modifier | modifier le code]

La formation originale des Sex Pistols se réunit en 1996 pour la tournée mondiale Filthy Lucre Tour[48]. L'accès aux archives des membres associées à The Great Rock 'n' Roll Swindle facilitent la production du documentaire The Filth and the Fury (2000). Il est réalisé, comme pour son prédécesseur, par Julian Temple[49].

Les Sex Pistols se réunissent pour quelques concerts en Angleterre et aux Etats-Unis en 2002 et 2003. Le groupe fait ensuite une tournée américaine et britannique (Holidays in the Sun) en 2007[50],[51]. En 2008, ils entreprennent une série de festivals européens, appelée tournée Combine Harvester Tour. Leur seule date française est au Festival des Terre-Neuvas[52]. En août, après leur concert au festival néerlandais Lowlands, le directeur, Eric van Eerdenburg, considère la performance des Sex Pistols comme « navrante »[53]. Cette même année, ils publient le DVD There'll Always Be An England, enregistré à la Brixton Academy, le [54].

Le groupe signe avec Universal Music Group en 2012 pour la réédition de Never Mind the Bollocks[55]. En juin 2015, les couvertures de l'album Nevermind the Bollocks et du single Anarchy in the U.K. habillent des cartes de crédit de la banque du groupe Virgin[56],[57].

En 2022, quelques jours avant la célébration des 70 ans de règne d'Élisabeth II, le single God Save the Queen est réédité. Le , il devient no 1 des ventes au Royaume-Uni[58].

Discographie[modifier | modifier le code]

Album studio[modifier | modifier le code]

Compilations & Live[modifier | modifier le code]

  • 1977 : Live in Trondheim 21st July 1977
  • 1979 : The Great Rock 'n' Roll Swindle (BO du film éponyme)
  • 1979 : Some Product: Carri on Sex Pistols (interviews et gingles radio)
  • 1980 : Flogging a Dead Horse (compilation)
  • 1992 : Kiss This
  • 1996 : Filthy Lucre Live
  • 2002 : Jubilee: The Best of
  • 2002 : Sex Pistols (coffret)
  • 2004 : Raw and Live
  • 2006 : Spunk (bootleg original de 1977)
  • 2021 : 76-77 (Coffret 4CD inclus démos, instrumentaux, versions alternatives, live...)
  • 2022 : The Original Recordings

Filmographie[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Punk, Sex Pistols, Clash et l'explosion punk (Bruno Blum 2007)
  • Génération Extrême (1975-1982, du punk à la cold-wave) (Frédéric Thébault, éditions du Camion blanc 2005)
  • Babylon's Burning : du punk au grunge (Clinton Heylin, éd. Diable VAUVERT, 2007)
  • Kick out the Jams, Motherfuckers! Punk Rock 1969–1978 (Pierre Mikaïloff, éd. Camion blanc, 2012)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Sex Pistols Timeline », sur Sex Pistols (consulté le ).
  2. Prononciation en anglais britannique retranscrite selon la norme API.
  3. (en) - The birth of punk - Independent News and Media Limited.
  4. a et b (en) - BBC.co.uk, « Artist profiles » (consulté le ).
  5. a et b (en) - Rolling Stone Encyclopedia of Rock & Roll, « The Sex Pistols », (consulté le ).
  6. Robb, John, Punk Rock: An Oral History, Elbury Press, 2006. (ISBN 0-09-190511-7)
  7. (en) - BBC Radio 1 Artists A-Z 17 octobre 2006.
  8. (en) BBC ON THIS DAY - 1979: Sid Vicious dies from drugs overdose.
  9. (en) Jonathan Watts et Dan Collyns, « Where did punk begin? A cinema in Peru. », The Guardian,‎ .
  10. (en) - O'Shea, Mick, The Early Days of the Sex Pistols: “Only Anarchists Are Pretty”, Helter Skelter Publishing (2004), p. 29. (ISBN 1-900924-93-5)
  11. (en) Savage, Jon. England's Dreaming, p. 77–79.
  12. Steve Jones : « He came in with green hair. I thought he had a really interesting face. I liked his look. He had his I Hate Pink Floyd T-shirt on. John had something special, but when he spoke he was a real asshole—but smart.` »
  13. (en) John Lydon : When I came along, I took one look at him and said, 'No. That has to go.' He's never written a good word about me since.
  14. (en) Wanted—Whizz kid guitarist, Not older than 20, Not worse looking than Johnny Thunders.
  15. Clinton Heylin, Babylon's Burning, éditeur : Au Diable Vauvert. (ISBN 284626130X) Steve Severin : « Dès le début, Malcom tenait à construire un entourage autour du groupe et de la boutique. Il nous téléphonait pour nous dire où les Pistols donnaient leurs concerts secrets. »
  16. (en) - Nolan, David, I Swear I Was There : The Gig That Changed the World, Independent Music Press, 2007. (ISBN 0-9549704-9-7)
  17. Les membres de Joy Division se rencontrent pour la première fois lors de ce concert et décident de monter un groupe.
  18. (en) « History », sur the100club.co.uk (consulté le )
  19. (en) « 100 CLUB PUNK FESTIVAL », sur philjens.plus.com (consulté le )
  20. (en) - Don't Care, Peter, 1977, Club Lafayette, Wolverhampton UK 21/12/77 www.punk77.co.uk.
  21. (en) - Coon, Caroline, Parade Of The Punks, Melody Maker, 2 octobre 1976.
  22. a b et c (en) - Young, Charles M, 1977, Rock Is Sick and Living in London Rolling Stone.
  23. (en) [vidéo] sex pistols - bill grundy tv show sur YouTube (sous-titré en français) : entretien avec Bill Grundy lors du Today Show en décembre 1976, vidéo téléversée le 1er octobre 2006.
  24. (en) « What happened when the Sex Pistols appeared on the Bill Grundy show », sur loudersound.com, (consulté le )
  25. (en) - Savage, Jon. England's Dreaming, p. 267–275.
  26. (en) - The Sex Pistols ARE punk - The Filth and the Fury Official Website.
  27. a et b (en) - Artist Profiles, On This Day (pour le 6 janvier) : « 1977 - EMI fires Sex Pistols » - bbc.co.uk, consulté le 22 septembre 2006.
  28. (en) - Album Review, 2004, Anarchy in the U.K. Rolling Stone consulté le 10 octobre 2006.
  29. (en) « WHAT GLEN MATLOCK HAS DONE SINCE LEAVING THE SEX PISTOLS », sur grunge.com, (consulté le )
  30. Coon, Caroline, 1988: The New Wave Punk Rock Explosion, Omnibus Press, 1977. (ISBN 0-7119-0051-5)
  31. Matlock, Glen, I Was a Teenage Sex Pistol, Virgin, 1996. (ISBN 978-0-7535-0066-8)
  32. Crabtree, Steve Blood on the Turntable: The Sex Pistols, BBC documentaire (2004).
  33. a et b (en) Robinson, Charlotte, « So Tough: The Boy Behind the Sid Vicious Myth », PopMatters, (consulté le ).
  34. a b et c Mark Blake (trad. de l'anglais), PUNK : L'histoire complète, Paris, Tournon, , 288 p. (ISBN 978-2-35144-079-7 et 235144079X)
  35. (en) « Ron Watts Interview Nov 2006 », Punk 77 (consulté le ).
  36. Jah Wooble : « Sid était obsédé par le paraître. C'était l'un des premiers à jouer au con. »
  37. Lydon, John, Rotten, p. 147.
  38. (en) Strongman, Phil, Pretty Vacant, p. 174; Savage, Jon, England's Dreaming, pages 315–318.
  39. Pierre Mikaïloff, Dictionnaire raisonné du punk, édition Scali, 2007.
  40. (en) Gimarc, George, Punk Diary, p. 59–60.
  41. a et b (en) Savage, Jon, England's Dreaming, p. 347–367.
  42. (en) - Porter, Hugh, « John Lydon », time.com, (consulté le ).
  43. (en) Petridis, Alexis, « Leaders of the Banned », theguardian.com, (consulté le ).
  44. (en) O'Hagan, Sean, « Fifty Years of Pop », guardian.co.uk, (consulté le ).
  45. (en) Leigh, Spencer, « Music: Charting the Number Ones That Somehow Got Away », The Independent, Londres, (consulté le ).
  46. (en) « Punk and the Svastika », acc.umu.se (version du sur Internet Archive). Photographie de Johnny Rotten avec une Swastika faisant le salut nazi. Photographie de Bob Gruen.
  47. (en) Rockwell, John (7 août 1977), The Sex Pistols: A Fired-Up Rock Band, New York Times.
  48. (en) « The Sex Pistols », RollingStone.com, (consulté le ).
  49. (en) Wyman, Bill, « The Revenge of the Sex Pistols », Salon, (consulté le ).
  50. (en) « Sex Pistols Reunion Is Expanded », BBC, (consulté le ).
  51. (en) Northmore, Henry, « Sex Pistols Review », The List, (consulté le ).
  52. Festival des terre-Neuvas Bobital 2008 - Dimanche, Froggy's delight
  53. (en) « Festivaldirecteur Over Lowlands », Lowlands.nl, (version du sur Internet Archive).
  54. (en) « Features—There'll Always Be An England », SexPistolsOfficial.com (consulté le ).
  55. (en) « The Sex Pistols Sign New Record Deal with Universal », BBC, (consulté le ).
  56. Les Sex Pistols, anarchistes et anticapitalistes, se retrouvent sur des cartes de crédit, Le Nouvelliste, 10 juin 2015, lire en ligne.
  57. Culturebox (avec AFP), Des cartes de crédit à l'effigie des Sex Pistols, Francetvinfo, 9 juin 2015, lire en ligne.
  58. (en) Thania Garcia, « Sex Pistols’ ‘God Save The Queen’ Becomes Top-Selling Single in U.K. During Platinum Jubilee », sur variety.com, 5 juin 2022 (consulté le 8 juin 2022).

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :