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'''Ange Bidie Diawara''' est un officier et homme politique congolais ([[Congo-Brazzaville]]) né à [[Sibiti]] en [[1942]] et mort en [[1973]].

'''Ange Bidie Diawara''' est un [[officier]] et [[homme politique]] congolais ([[Congo-Brazzaville]]), né à [[Sibiti]] en [[1941]]<ref>Certaines notices biographiques indiquent une naissance en 1942</ref> et décédé en avril [[1973]].


== Biographie ==
== Biographie ==
Diawara interrompt ses études supérieures en [[Sciences économiques]] en [[1964]] pour se mettre au service de la [[Révolution Congolaise]]. Il intègre la Jeunesse du parti unique, la [[JMNR]] et devient le commandant de la Défense Civile, la milice politique du régime de [[Alphonse Massamba-Débat|Massamba-Débat]].
Diawara interrompt ses études supérieures en [[Sciences économiques]] en [[1964]] pour se mettre au service de la [[Révolution congolaise]]. Il intègre la Jeunesse du parti unique, la [[JMNR]] et devient membre de la Défense civile, la garde présidentielle civile du régime de [[Alphonse Massamba-Débat|Massamba-Débat]].


Durant le bras de fer entre le président Massamba-Débat et les officiers progressistes conduits par le [[capitaine]] [[Marien Ngouabi|Ngouabi]], en [[juillet]] [[1968]], il opte pour le second camp. Son ralliement permet de désamorcer l'affrontement entre la Défense Civile, pro-Massamba-Débat, et l'armée.
Durant le bras de fer entre le président Massamba-Débat et les officiers, conduits par le [[capitaine (grade militaire)|capitaine]] [[Marien Ngouabi|Ngouabi]], en {{date||juillet|1968}}, il opte pour le second camp. Son ralliement permet de désamorcer l'affrontement entre la Défense civile, pro-Massamba-Débat, et l'armée.


Il devient premier vice-président du [[Conseil National de la révolution]], mis en place le [[4 août]] [[1968]]. Il est également membre du Conseil d'état.
Il devient premier vice-président du [[Conseil national de la révolution]], mis en place le {{date|4 août 1968}}. Il est également membre du Conseil d'État.
Après la chûte de Massamba-Débat, la Défense Civile est dissoute et ses éléments reversés dans l'[[Armée Populaire Nationale]]. '''Diawara''' devient [[lieutenant]] dans l'armée de terre.
Après la chute de Massamba-Débat, la Défense civile est dissoute et ses éléments reversés dans l'[[Armée populaire nationale]]. Diawara devient [[Lieutenant (grade militaire)|lieutenant]] dans l'armée de terre.


Ange Diawara jouit alors d'une grande popularité auprès de la jeunesse pour son intégrité et son désintéressement, ses aptitudes aux arts martiaux et ses talents militaires, ainsi que pour ses capacités théoriques et sa connaissance de la théorie marxiste. Il est l'un des fondateurs du [[Parti congolais du travail]], institué par le président [[Marien Ngouabi]], le [[31 décembre]] [[1969]]. Membre du Bureau Politique, il est l'une des grandes figures de l'aile gauche du [[PCT]], avec [[Claude-Ernest Ndalla]] et [[Ambroise Noumazalaye]].
Ange Diawara jouit alors d'une grande popularité auprès de la jeunesse pour son intégrité et son désintéressement, ses aptitudes aux arts martiaux et ses talents militaires, ainsi que pour ses capacités théoriques et sa connaissance de la théorie marxiste. Il est l'un des fondateurs du [[Parti congolais du travail]] (PCT), institué par le président [[Marien Ngouabi]] le {{date|31 décembre 1969}} et [[parti unique]] de la [[république populaire du Congo]]. Membre du bureau politique, Ange Diawara est l'une des grandes figures de l'aile gauche du PCT, avec [[Claude-Ernest Ndalla]] et [[Ambroise Noumazalaye]].
A la suite du congrès extraordinaire du PCT convoqué par le Président Ngouabi du 30 mars au 1{{er}} avril 1970, après le putsch manqué du lieutenant [[Pierre Kinganga|Kinganga]], il entre au gouvernement comme ministre du Développement chargé des Eaux et Forêts.
À la suite du congrès extraordinaire du PCT convoqué par le président Ngouabi du {{date-|30 mars}} au {{date|1|avril|1970}}, après le putsch manqué du lieutenant [[Pierre Kinganga|Kinganga]], il entre au gouvernement comme ministre du Développement chargé des Eaux et Forêts.


Rapidement, il se démarque de l'entourage de Marien Ngouabi, dont il fustige l'embourgeoisement, la corruption et les tendances au népotisme. Il est le concepteur du néologisme '''obumitri''' (Oligarchie bureaucratique militaro-tribaliste), qu'il popularise à travers des tracts qu'il fait distribuer dans le pays.
Rapidement, il se démarque de l'entourage de Marien Ngouabi, dont il fustige l'embourgeoisement, la corruption et les tendances au népotisme. Il est le concepteur du néologisme ''obumitri'' (oligarchie bureaucratique militaro-tribaliste), qu'il popularise à travers des tracts qu'il fait distribuer dans le pays.


En [[décembre]] [[1971]], Diawara et ses amis tentent de mettre Marien Ngouabi en minorité lors de la session extraordinaire du Comité Central du PCT, convoquée suite aux grèves estudiantines de [[novembre 1971]]. C'est l'échec. Il perd sa place au gouvernement et au Conseil d'état.
En {{date||décembre|1971}}, Diawara et ses amis tentent de mettre Marien Ngouabi en minorité lors de la session extraordinaire du Comité Central du PCT, convoquée à la suite des grèves estudiantines de {{date||novembre|1971}}. C'est l'échec. Il perd sa place au gouvernement et au Conseil d'État.


Le [[22 février]] [[1972]], il prend la tête d'un putsch contre le président Ngouabi. Leur tentative qui sera baptisée [[Mouvement du M22]] échoue, et certains conjurés perdent la vie, [[Prosper Matoumpa-Mpolo]], [[Elie Itsouhou]], [[Franklin Boukaka]]... Plusieurs sont arrêtés, Noumazalaye, Ndalla, [[Camille Bongou|Bongou]], [[Luc Kimbouala-Nkaya|Kimbouala-Nkaya]]...
Le {{date|22|février|1972}}, il prend la tête d'un [[Tentative de coup d'état de 1972 au Congo|putsch]] contre le président Ngouabi. Leur tentative qui sera baptisée {{Lien|fr = mouvement du M 22|trad = M 22|lang = en}} échoue, et certains conjurés perdent la vie : [[Prosper Matoumpa-Mpolo]], [[Elie Itsouhou]], [[Franklin Boukaka]]{{etc.}} Plusieurs sont arrêtés, comme Noumazalaye, Ndalla, [[Camille Bongou|Bongou]], [[Luc Kimbouala-Nkaya|Kimbouala-Nkaya]]. Diawara et quelques rescapés prennent le maquis à quelques dizaines de kilomètres de [[Brazzaville]], dans les environs de [[Goma Tsé-Tsé]], village natal de sa mère dans le département du [[Pool (département)|Pool]].
Diawara et quelques rescapés prennent le maquis à quelques dizaines de kilomètres de [[Brazzaville]], dans les environs de [[Goma Tse-Tse]], village natale de sa mère dans la région du [[Pool]].


En [[avril]] [[1973]], Diawara et treize de ses compagnons, dont le [[lieutenant]] [[Jean-Baptiste Ikoko|Ikoko]], Olouka et Bakekolo, sont capturés et abattus. Selon la plupart des témoignages, ils avaient été arrêtés au [[Zaïre]] et livrés vivants par les autorités zaïroises. Leurs cadavres sont exhibés au [[Stade de la Révolution]], le [[24 avril]] [[1973]] au cours d'un meeting populaire tenu par le Président Marien Ngouabi.
En {{date||avril|1973}}, Diawara et treize de ses compagnons, dont le [[Lieutenant (grade militaire)|lieutenant]] [[Jean-Baptiste Ikoko|Ikoko]], Olouka et Bakekolo, sont capturés et abattus. Selon la plupart des témoignages, ils avaient été arrêtés au [[Zaïre]] et livrés vivants par les autorités zaïroises. Leurs cadavres sont exhibés au [[Stade de la Révolution]], le {{date|24|avril|1973}} au cours d'une assemblée populaire tenue par le président Marien Ngouabi.


La tentative du [[Mouvement du M22|M22]] marqua durablement les esprits au [[Congo]], du fait de la popularité dont jouissait Diawara auprès des jeunes et de la mise en scène par le régime de son échec (procession macabre à travers Brazzaville et outrages exercés sur les cadavres), et aussi parce qu'elle demeure à ce jour, l'unique entreprise politique dénuée d'arrières-pensées ethniques dans l'histoire du Congo.
La tentative du M 22 marqua durablement les esprits au [[République du Congo|Congo]], du fait de la popularité dont jouissait Diawara auprès des jeunes et de la mise en scène par le régime de son échec (procession macabre à travers Brazzaville et outrages exercés sur les cadavres), et aussi parce qu'elle demeure à ce jour l'unique entreprise politique dénuée d'arrière-pensées ethniques dans l'histoire du Congo.

== Notes et références ==
{{références}}


== Sources ==
== Sources ==
* Les voies du politique au Congo, Rémy Bazenguissa-Ganga. Karthala, 1997.
* Rémy Bazenguissa-Ganga, ''Les voies du politique au Congo'', Karthala, 1997.
* Le Mythe d'Ange, Dominique M'Fouilou. L'Harmattan, 2006.
* Dominique M'Fouilou, ''Le Mythe d'Ange'', L'Harmattan, 2006.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Achille|nom1=Kissita|titre=Congo: trois décennies pour une démocratie introuvable|éditeur=Editions S.E.D.|date=1993|lire en ligne=https://books.google.com.my/books?id=gJouAQAAIAAJ|consulté le=2017-10-14}}

== Liens externes ==
* {{Autorité}}


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[[en:Ange Diawara]]

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Ange Diawara
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Fonctions
Ministre
Vice President of the Republic of the Congo (en)
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activités
Conjoint
Autres informations
Parti politique
Grade militaire

Ange Bidie Diawara est un officier et homme politique congolais (Congo-Brazzaville), né à Sibiti en 1941[1] et décédé en avril 1973.

Biographie[modifier | modifier le code]

Diawara interrompt ses études supérieures en Sciences économiques en 1964 pour se mettre au service de la Révolution congolaise. Il intègre la Jeunesse du parti unique, la JMNR et devient membre de la Défense civile, la garde présidentielle civile du régime de Massamba-Débat.

Durant le bras de fer entre le président Massamba-Débat et les officiers, conduits par le capitaine Ngouabi, en , il opte pour le second camp. Son ralliement permet de désamorcer l'affrontement entre la Défense civile, pro-Massamba-Débat, et l'armée.

Il devient premier vice-président du Conseil national de la révolution, mis en place le . Il est également membre du Conseil d'État. Après la chute de Massamba-Débat, la Défense civile est dissoute et ses éléments reversés dans l'Armée populaire nationale. Diawara devient lieutenant dans l'armée de terre.

Ange Diawara jouit alors d'une grande popularité auprès de la jeunesse pour son intégrité et son désintéressement, ses aptitudes aux arts martiaux et ses talents militaires, ainsi que pour ses capacités théoriques et sa connaissance de la théorie marxiste. Il est l'un des fondateurs du Parti congolais du travail (PCT), institué par le président Marien Ngouabi le et parti unique de la république populaire du Congo. Membre du bureau politique, Ange Diawara est l'une des grandes figures de l'aile gauche du PCT, avec Claude-Ernest Ndalla et Ambroise Noumazalaye. À la suite du congrès extraordinaire du PCT convoqué par le président Ngouabi du au , après le putsch manqué du lieutenant Kinganga, il entre au gouvernement comme ministre du Développement chargé des Eaux et Forêts.

Rapidement, il se démarque de l'entourage de Marien Ngouabi, dont il fustige l'embourgeoisement, la corruption et les tendances au népotisme. Il est le concepteur du néologisme obumitri (oligarchie bureaucratique militaro-tribaliste), qu'il popularise à travers des tracts qu'il fait distribuer dans le pays.

En , Diawara et ses amis tentent de mettre Marien Ngouabi en minorité lors de la session extraordinaire du Comité Central du PCT, convoquée à la suite des grèves estudiantines de . C'est l'échec. Il perd sa place au gouvernement et au Conseil d'État.

Le , il prend la tête d'un putsch contre le président Ngouabi. Leur tentative qui sera baptisée mouvement du M 22 (en) échoue, et certains conjurés perdent la vie : Prosper Matoumpa-Mpolo, Elie Itsouhou, Franklin Boukakaetc. Plusieurs sont arrêtés, comme Noumazalaye, Ndalla, Bongou, Kimbouala-Nkaya. Diawara et quelques rescapés prennent le maquis à quelques dizaines de kilomètres de Brazzaville, dans les environs de Goma Tsé-Tsé, village natal de sa mère dans le département du Pool.

En , Diawara et treize de ses compagnons, dont le lieutenant Ikoko, Olouka et Bakekolo, sont capturés et abattus. Selon la plupart des témoignages, ils avaient été arrêtés au Zaïre et livrés vivants par les autorités zaïroises. Leurs cadavres sont exhibés au Stade de la Révolution, le au cours d'une assemblée populaire tenue par le président Marien Ngouabi.

La tentative du M 22 marqua durablement les esprits au Congo, du fait de la popularité dont jouissait Diawara auprès des jeunes et de la mise en scène par le régime de son échec (procession macabre à travers Brazzaville et outrages exercés sur les cadavres), et aussi parce qu'elle demeure à ce jour l'unique entreprise politique dénuée d'arrière-pensées ethniques dans l'histoire du Congo.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Certaines notices biographiques indiquent une naissance en 1942

Sources[modifier | modifier le code]

  • Rémy Bazenguissa-Ganga, Les voies du politique au Congo, Karthala, 1997.
  • Dominique M'Fouilou, Le Mythe d'Ange, L'Harmattan, 2006.
  • Achille Kissita, Congo: trois décennies pour une démocratie introuvable, Editions S.E.D., (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]