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[[Fichier:Nuraghe Losa.jpg|thumb|Le [[nuraghe Losa]], près d'[[Abbasanta]].]]
[[Fichier:Central tower of the Nuraghe at Saint Antine of Torralba.jpg|thumb|Tour centrale du [[nuraghe Santu Antine]] de [[Torralba]].]]
[[Fichier:Nuraghe Su Nuraxi.jpg|thumb|Le nuraghe [[Su Nuraxi]].]]


Un '''nuraghe''' est une [[Tour (édifice)|tour]] ronde en forme de [[Cône (géométrie)|cône]] tronqué que l'on trouve principalement en [[Sardaigne]]. Cet édifice [[Mégalithe|mégalithique]] est caractéristique de la [[culture nuragique]], culture apparue en Sardaigne entre 1900 et 730 av. J.-C.<ref name="depalmas" />
Un '''nuraghe''' est un type de construction préhistorique, le plus souvent constituée d'une unique [[Tour (édifice)|tour]] ronde en forme de [[Cône (géométrie)|cône]] tronqué, apparue en [[Sardaigne]] entre le {{-s|XV|e}} et la fin du {{-s|X}} C'est le monument éponyme de la [[culture nuragique]].


== Étymologie ==
== Étymologie ==
Le terme ''{{lang|it|nuraghe}}'' est [[sarde]], où il se prononce {{API |[nuˈraɡe]}} (pluriel ''{{lang|it|nuraghi}}'' en [[italien]], ''{{lang |sc|nuraghes}}'' en sarde).
Le terme ''{{lang|it|nuraghe}}'' est d'origine [[sarde]], où il se prononce {{API |[nuˈraɡe]}} (pluriel ''{{lang|it|nuraghi}}'' en [[italien]], ''{{lang |sc|nuraghes}}'' en sarde). En français, le terme, masculin, se prononce {{API|[nurag]}} ; les variantes « nouraghe » et « nourague » et les transcriptions vieillies « nurage », « noraghe » et « nurhag »<ref name="tlfi">{{CNRTL|nuraghe}}</ref> peuvent aussi se rencontrer. Le pluriel peut être un décalque de l'italien « nuraghi » ou être francisé en « nuraghes »<ref name="tlfi" />.


Selon l'''[[Oxford English Dictionary]]'', l'étymologie du terme est incertaine et contestée : « le terme est peut-être lié aux toponymes sardes ''Nurra'', ''Nurri'', ''Nurri'', ou au sarde ''{{lang |sc|nurra}}'', tas de pierres, cavité dans la terre (bien que ces sens soient difficiles à concilier). Une connexion avec la base sémitique de l'arabe ''{{lang|ar-Latn|nūr}}'', « lumière », « feu », est généralement rejetée. »<ref name="oed">{{Ouvrage|titre= [[Oxford English Dictionary]]|éditeur=[[Oxford University Press]]|titre chapitre=nuraghe}}</ref>.
En français, le terme, masculin, se prononce {{API|[nurag]}} ; les variantes « nouraghe » et « nourague » sont également rencontrées, ainsi que plus rarement et de façon vieillie « nurage », « noraghe » et « nurhag »<ref name="tlfi" />. Le pluriel peut être un décalque de l'italien « nuraghi » ou être francisé en « nuraghes »<ref name= "tlfi" />.


Une théorie étymologique suggère une origine [[proto-basque]] sous le terme *''nur'' (pierre) avec la terminaison commune plurielle -''ak''<ref>[https://www.academia.edu/1559257/Recensione_di_Blasco_Ferrer_Paleosardo Recensione di Blasco Ferrer, Paleosardo]</ref>, le suffixe [[paléosarde]] -''ake'', également présent dans certaines langues indo-européennes telles que le latin et le grec<ref>M. Wagner, La lingua sarda, Berna 1951</ref>. Une autre explication possible est que le mot nuraghe viendrait du nom du héros mythologique ibérique [[Norax]] et que la racine *''nur'' serait une adaptation de la racine indo-européenne *''nor''<ref>Giovanni Ugas, '' L'alba dei Nuraghi '', Cagliari, Fabula, 2005, p.23</ref>.
Selon l'''[[Oxford English Dictionary]]'', l'étymologie du terme est « incertaine et contestée » : « le terme est peut-être lié aux toponymes sardes ''Nurra'', ''Nurri'', ''Nurri'', ou au sarde ''{{lang |sc|nurra}}'', tas de pierres, cavité dans la terre (bien que ces sens soient difficiles à réconcilier). Une connexion avec la base sémitique de l'arabe ''{{lang|ar-Latn|nūr}}'', « lumière », « feu », est généralement rejetée. »<ref name= "oed" />.


Une théorie étymologique suggère une origine [[proto-basque]] sous le terme *''nur'' (pierre) avec la terminaison commune plurielle -''ak''<ref>[https://www.academia.edu/1559257/Recensione_di_Blasco_Ferrer_Paleosardo Recensione di Blasco Ferrer, Paleosardo]</ref>, le suffixe [[paléosarde]] -''ake'', également présent dans certaines langues indo-européennes telles que le latin et le grec<ref>M. Wagner, La lingua sarda, Berna 1951</ref>. Une autre explication possible est que Nuraghe vient du nom du héros mythologique ibérique [[Norax]] et que la racine *''nur'' serait une adaptation de la racine indo-européenne *''nor''<ref>Giovanni Ugas, '' L'alba dei Nuraghi '', Cagliari, Fabula, 2005, p.23</ref>{{,}}<ref>Sigismondo Arquer (édité par Maria Teresa Laneri, 2008). Sardiniae brevis historia et descriptio, CUEC, pg.16. <<Aujourd'hui, la Sardaigne fait partie de Espagne et des ruines antiques en forme de tour, effilées vers le sommet, recouvrent les zones rurales et montagneuses. Elles sont construites avec des rochers solides et présentent de petites ouvertures; au centre se trouvent de petites marches menant au sommet: elles ressemblent à des forteresses. Les [[Sardes (peuple)|Sardes]] indigènes appellent ce type de ruines Nuraghes, peut-être parce qu'elles sont ce qui reste des exploits de Norax.>> Texte original: <<Hodie insula paret regi Hispanorum habetque passim antiquissimas ruinas in locis agrestibus et montosis instar rotundarum turrium in angustiam ascendentium, quae robustissimis saxis sunt extructae, habentes ianuas angustissimas; intra vero muri mediam latitudinem sunt gradus per quos in altum conscenditur: prae se ferunt formam propugnaculorum. Incolae vocant huiusmodi ruinas nuragos, fortassis quod reliquiae quaedam sint operum Noraci.>> Sigismondo, Arquer (1549). ''Sardiniae brevis historia et descriptio, De Sardiniae antiquis vocabulis atque Reipublicae moderatoribus quos habuit olim et hodie quoque habet. Item de antiquitatibus''</ref>.
{{Citation bloc|Aujourd'hui, la Sardaigne fait partie de l'Espagne et des ruines antiques en forme de tour, effilées vers le sommet, recouvrent les zones rurales et montagneuses. Elles sont construites avec des rochers solides et présentent de petites ouvertures; au centre se trouvent de petites marches menant au sommet: elles ressemblent à des forteresses. Les [[Sardes (peuple)|Sardes]] indigènes appellent ce type de ruines Nuraghes, peut-être parce qu'elles sont ce qui reste des exploits de Norax.|Sigismondo Arquer, Sardiniae brevis historia et descriptio, CUEC, page 16.}}


== Caractéristiques ==
== Caractéristiques ==
[[Fichier:Nuraghe Losa.jpg|thumb|Le [[nuraghe Losa]], près d'[[Abbasanta]].]]
[[File:Nuraghe, 1600 B.C..jpg|thumb|Reconstruction d'un nuraghe complexe.]]


=== Structure ===
=== Architecture ===
Le nuraghe typique a la forme d'un cône tronqué et ressemble de l'extérieur à une tour médiévale et à l'intérieur à une [[tholos]]. Les murs sont constitués de trois composants :
* une couche externe en forme de tour, inclinée vers l'intérieur et composée de plusieurs couches de pierres dont la taille diminue avec la hauteur ;
* une couche intermédiaire, faite de petites pierres et de terre ;
* une couche interne, constituée de petites pierres formant un dôme en forme d'obus similaire à une tholos.


Chaque monument comporte des particularités mais les méthodes de construction sont similaires{{sfn|Costa|2005}}. On distingue deux types de monuments : des monuments simples, les plus nombreux, constitués d'une seule tour tronconique, et des monuments plus complexes comportant une tour principale incluse dans un ensemble plus vaste comprenant des remparts, des tours d'angles et des bastions, tels de véritables forteresse{{sfn|Costa|2005}} ([[Su Nuraxi]], [[Nuraghe Santu Antine|Santu Antine]]). Certains monuments complexes résultent de multiples rajouts (tours, remparts, enceinte avec tours d'angles) effectués autour d'une simple tour originelle réalisés à la fin de l'[[âge du bronze]] et au début de l'[[âge du fer]]. Il n'est pas pour autant démontré qu'il s'agisse d'une évolution systématique, l'état initial d'une construction n'étant pas toujours identifiable{{sfn|Costa|2005}}.
L'ensemble de la construction est robuste : un nuraghe tient debout simplement grâce au poids de ses pierres, qui peut avoisiner plusieurs tonnes par ouvrage. Certains nuraghes atteignent {{Unité|20|m}} de hauteur. Un escalier en spirale, en pierre, est bâti à l'intérieur des murs, conduisant aux étages supérieurs ou à une terrasse.


La tour nuraghique typique a la forme d'un cône tronqué et ressemble de l'extérieur à une tour médiévale et à l'intérieur à une [[tholos]] mycénienne. Elle est édifiée selon la technique du [[Parement (construction)|double parement]] avec des murs en pierres sèches. L'utilisation d'un liant en argile n'est attesté que sur de rares constructions et pourrait correspondre à une phase de réfection{{sfn|Costa|2005}}. Le mur extérieur est monté avec des blocs polygonaux irréguliers dont la taille diminue avec la hauteur avec une base en [[Mur cyclopéen|appareil cyclopéen]]. Le mur intérieur est constitué de petites pierres et s'achève par une voûte tronconique dans sa partie supérieure. L'ensemble est une construction robuste dont la masse peut avoisiner plusieurs tonnes par ouvrage. Certains nuraghes atteignent {{Unité|20|m}} de hauteur. Un escalier en spirale, en pierre, est bâti à l'intérieur des murs, conduisant aux étages supérieurs ou à une terrasse.
=== Époque ===

Les nuraghes sont bâtis entre le milieu ({{-sp-|XVIII|e|au|XV|e|s}}) et la fin de l'[[âge du bronze]]. Ils font leur apparition en Sardaigne vers [[XVIIe siècle av. J.-C.|1660 av. J.-C.]]-[[XVIe siècle av. J.-C.|1550 av. J.-C.]]. À partir de l'[[âge du fer]] (fin du {{Xe siècle av. J.-C.}}), on cesse d'en construire, mais ils continuent à être utilisés, souvent comme lieux de culte.
Les constructions les plus complexes peuvent comporter de quatre à six tours d'angles destinées à renforcer la muraille d'enceinte et à supprimer les angles morts. Elles permettent de répondre aux mêmes exigences que celles d'un château-fort médiéval. Elles comportent un espace intérieur dégagé qui pouvait accueillir temporairement des hommes et des animaux. L'accès n'est possible que par une entrée étroite pratiquée dans l'épaisseur de l'enceinte et prolongée par un couloir comportant des renfoncements qui pouvaient abriter des gardes. La découverte de modèles de nuraghi miniatures (en céramique ou en bronze) permet d'affirmer que les nuraghes comportaient parfois plusieurs étages (rarement conservés dans les faits). Un chemin de ronde protégé et équipé de meurtrières couronne l'ensemble et surplombe le mur extérieur. L'enceinte s'élève sur deux à trois niveaux, chaque niveau correspondant à un couloir interne à la muraille, percé de rangées de meurtrières et reliant les différentes tours d'angle entre elles. Certaines enceintes ont conservé des aménagements de type [[Corbeau (architecture)|corbeaux]] sur lesquels devaient reposer un genre de [[mâchicoulis]]{{sfn|Costa|2005}}.

=== Datation ===
Les nuraghes sont bâtis durant une période comprise entre le {{-s|XV|e}} et la fin du {{-s|X}} Ils font leur apparition en Sardaigne vers [[XVIIe siècle av. J.-C.|1660 av. J.-C.]]-[[XVIe siècle av. J.-C.|1550 av. J.-C.]]. Ultérieurement, ils continuent à être utilisés, souvent comme lieux de culte.


=== Fonction ===
=== Fonction ===
Aucun consensus n'existe sur la fonction des nuraghes. Il est difficile de la préciser, car il en existe de différentes dimensions et en différents endroits, aussi bien en plaine que sur le sommet des collines. Ils pourraient avoir servi de temples, d'habitations, de forts, de lieux de rencontre ou toute autre combinaison de ces possibilités. Toutefois, certains nuraghes sont situés dans des endroits stratégiques, comme au sommet des collines, et peuvent avoir servi de tours de guet. Certains grands nuragues sont constitués de plusieurs tours reliées par un mur, comme dans une forteresse, autour d'une cour et d'une sorte de donjon central.
[[File:Foto aere del Nuraghe Genna Maria di Villanovaforru.jpg|thumb|Nuraghe Genna Maria, [[Villanovaforru]]]]
== Nombre de monuments ==
A la fin du {{s-|XX}}, les archéologues estimaient qu'il subsistait un peu moins de {{formatnum:7000}} nuraghes en Sardaigne, principalement dans le nord-ouest et le centre-sud de l'île. Mais en une vingtaine d'années, {{cita|le nombre d’édifices répertoriés est passé de {{formatnum:9000}} à {{formatnum:20000}}}}<ref name=FlorenceEvin>Florence Evin, [https://www.lemonde.fr/arts/article/2015/07/02/la-tete-dans-les-nuraghes_4668036_1655012.html La tête dans les nuraghes], ''[[Le Monde]]'', 29 juin 2015.</ref>.


Aucun consensus n'existe sur la fonction des nuraghes. Toutefois, de nombreux nuraghes ont été édifiés à des endroits stratégiques (sommet des collines, à proximité de voies de communication) et pouvaient ainsi contribuer au contrôle d'un territoire donné{{sfn|Costa|2005}}.
== Exemples ==
{{Article détaillé|:catégorie:Nuraghe}}
[[File:Nuraghe, 1600 B.C..jpg|thumb|Reconstruction d'un nuraghe complexe]]
[[Su Nuraxi]], le village nuragique le mieux conservé, spectaculaire par son organisation<ref name=FlorenceEvin/>, est situé à [[Barumini]], dans la [[province du Sud-Sardaigne]]. Cette forteresse de grosses pierres basaltiques est classée au [[patrimoine mondial]] de l’Unesco depuis 1997<ref name=FlorenceEvin/>. Le visiteur y accède par un labyrinthe de murets circulaires, qui séparent entre elles les maisons d’un hameau construit plus tard<ref name=FlorenceEvin/>. Dans un silo, une température de douze degrés en toute saisons permet de conserver les aliments des habitants de la forteresse<ref name=FlorenceEvin/>.


Les nuraghes sont fréquemment associés à des structures d'habitat de forme circulaires accolées les unes aux autres sans espace de circulation entre elles. Ces villages semblent mieux aménagés à la fin de l'âge du Bronze avec des voies de circulation et des places. Les structures d'habitat sont constituées d'une base constituée de murs en pierres sèches ne dépassant pas {{unité|1|m}} de hauteur. Les archéologues supposent que la partie supérieure des murs devait être constituée d'une structure composée de matériaux périssables (torchis, branchages). Quelques habitations comportent un dol dallé. À Sédillo et à Su Nuraxi, le village adjacent au nuraghe comprend un ou plusieurs bâtiments de grande taille incluant un aménagement intérieur constitué d'une banquette en pierre adossée au mur interne sur tout le pourtour de la pièce : il s'agit probablement d'édifices publics permettant de réunir la population. Dans ce cadre, l'association d'un nuraghe et de son village rappelle celles des structures palatiales, connues en Crète et en Grèce continentale à la même période, mais à une échelle bien plus modeste{{sfn|Costa|2005}}. Les nuraghes pourraient ainsi correspondre à de petites chefferies indépendantes assurant la défense d'un territoire restreint où les édifices les plus complexes relèveraient autant si non plus d'une compétition entre communautés que de réelles nécessités défensives{{sfn|Costa|2005}}. L’archéologue [[Giovanni Lilliu]] a ainsi émis l'hypothèse que les nuraghes avaient un rôle militaire assez réduit et assuraient essentiellement des fonctions sociale, politique et religieuse au sein d'une communauté villageoise{{sfn|Costa|2005}}.
Vingt constructions de ce type ont été édifiées sur plateau basaltique appelé [[Giara#La Giara de Gesturi|Giara de Gesturi]], centre d’un ancien volcan de 42 kilomètres carrés<ref name=FlorenceEvin/>, à 600 mètres d’altitude<ref name=FlorenceEvin/>, qui à l'âge du bronze moyen « servait de pâturage d’hiver<ref name=FlorenceEvin/>. Chaque tour était celle du clan qui possédait les champs en contrebas. »<ref name=FlorenceEvin/>.


== Monuments ==
Le vaste "Su Nuraxi", à Barumini, est considéré comme le nuraghe {{cita|le plus complexe}}<ref name=FlorenceEvin/>. Il a été exhumé en 1950 par l’archéologue Giovanni Lilliu<ref name=FlorenceEvin/>, grâce à une cavité sur une petite montagne de terre et de cailloux<ref name=FlorenceEvin/>.


A la fin du {{s-|XX}}, les archéologues estimaient qu'il subsistait un peu moins de {{formatnum:7000}} nuraghes en Sardaigne, principalement dans le nord-ouest et le centre-sud de l'île, mais en une vingtaine d'années, {{cita|le nombre d’édifices répertoriés est passé de {{formatnum:9000}} à {{formatnum:20000}}}}<ref name=FlorenceEvin>Florence Evin, [https://www.lemonde.fr/arts/article/2015/07/02/la-tete-dans-les-nuraghes_4668036_1655012.html La tête dans les nuraghes], ''[[Le Monde]]'', 29 juin 2015.</ref>.
Dans l'un d'eux ont été exhumés des bijoux en or, argent, ambre, cristal de roche, et des centaines de lampes à huile en terre cuite en guise d’offrandes à la lumière<ref name=FlorenceEvin/>, transférés au musée voisin<ref name=FlorenceEvin/> : c'est le nuraghe de [[Su Mulinu]], à côté de [[Villanovafranca]], à 50 km au nord de [[Cagliari]]<ref name=FlorenceEvin/>.


D'autres nuraghes imposants sont situés à proximité d'[[Alghero]] ([[Complexe nuragique de Palmavera|nuraghe Palmavera]]), [[Macomer]] ([[nuraghe Santa Barbara]]), [[Abbasanta]] ([[nuraghe Losa]]), [[Orroli]] ([[nuraghe Arrubiu]]), [[Torralba]] ([[nuraghe Santu Antine]]), [[Villanovaforru]] ([[nuraghe Genna Maria]]), [[Villanova Monteleone]] ([[nuraghe Appiu]]) et [[Gonnesa]] ([[nuraghe Seruci]]).
[[Su Nuraxi]], dans la [[province du Sud-Sardaigne]] est sans doute le village nuragique le mieux conservé et le plus spectaculaire par son organisation. D'autres nuraghes imposants sont situés à proximité d'[[Alghero]] ([[Complexe nuragique de Palmavera|nuraghe Palmavera]]), [[Macomer]] ([[nuraghe Santa Barbara]]), [[Abbasanta]] ([[nuraghe Losa]]), [[Orroli]] ([[nuraghe Arrubiu]]), [[Torralba]] ([[nuraghe Santu Antine]]), [[Villanovaforru]] ([[nuraghe Genna Maria]]), [[Villanova Monteleone]] ([[nuraghe Appiu]]) et [[Gonnesa]] ([[nuraghe Seruci]]).


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Références|références=
{{Références}}
<ref name="depalmas">{{Ouvrage
| langue = en
| nom1 = A. Depalmas
| nom2 = R. T. Melis
| titre = Landscapes and Societies: Selected Cases
| sous-titre = The Nuragic People: their settlements, economic activities and use of the land, Sardinia, Italy
| éditeur = Martini, I. P. et W. Chesworth, [[Springer Science+Business Media]]
| lieu = New York
| année = 2010
}}</ref>
<ref name="tlfi">{{CNRTL|nuraghe}}</ref>
<ref name="oed">{{Ouvrage
| titre = [[Oxford English Dictionary]]
| éditeur = [[Oxford University Press]]
| titre chapitre = nuraghe
}}</ref>
}}


== Annexes ==
== Annexes ==
{{Autres projets
{{Autres projets |commons = Category:Nuraghi |wikt = nuraghe}}

|commons = Category:Nuraghi
=== Bibliographie ===
|wikt = nuraghe
* {{Article|auteur1=Laurent-Jacques Costa|titre=Les nuraghi, forteresses de l'âge du Bronze|périodique=Archéologia|numéro=428|pages=58-65|date=2005}}
}}
* {{Ouvrage | langue = it| auteur1=Giovanni Lilliu| titre= La civiltà dei sardi. Dal paleolitico all'età dei nuraghi| éditeur= Il Maestrale| année= 2004|pages=960}}

=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===

* [[Culture nuragique]]
* [[Culture nuragique]]
* [[Su Nuraxi]]
* [[Nuraghe La Prisgiona]]
* [[Broch]]
* [[Broch]]
* [[Talayot]]
* [[Talayot]]
* [[Tholos]]
* [[Tombe des géants]]
*[[Casteddu de Fanaris]]


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* [https://web.archive.org/web/20091213003140/http://www.isolavirtuale.it/index.php/archeologia/52-nuragica Reconstitution virtuelle]
* [https://web.archive.org/web/20091213003140/http://www.isolavirtuale.it/index.php/archeologia/52-nuragica Reconstitution virtuelle]


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[[Catégorie:Histoire de la Sardaigne]]
[[Catégorie:Monument en Sardaigne]]
[[Catégorie:Monument en Sardaigne]]

Dernière version du 18 février 2024 à 17:09

Un nuraghe est un type de construction préhistorique, le plus souvent constituée d'une unique tour ronde en forme de cône tronqué, apparue en Sardaigne entre le XVe siècle av. J.-C. et la fin du Xe siècle av. J.-C. C'est le monument éponyme de la culture nuragique.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le terme nuraghe est d'origine sarde, où il se prononce [nuˈraɡe] (pluriel nuraghi en italien, nuraghes en sarde). En français, le terme, masculin, se prononce [nurag] ; les variantes « nouraghe » et « nourague » et les transcriptions vieillies « nurage », « noraghe » et « nurhag »[1] peuvent aussi se rencontrer. Le pluriel peut être un décalque de l'italien « nuraghi » ou être francisé en « nuraghes »[1].

Selon l'Oxford English Dictionary, l'étymologie du terme est incertaine et contestée : « le terme est peut-être lié aux toponymes sardes Nurra, Nurri, Nurri, ou au sarde nurra, tas de pierres, cavité dans la terre (bien que ces sens soient difficiles à concilier). Une connexion avec la base sémitique de l'arabe nūr, « lumière », « feu », est généralement rejetée. »[2].

Une théorie étymologique suggère une origine proto-basque sous le terme *nur (pierre) avec la terminaison commune plurielle -ak[3], le suffixe paléosarde -ake, également présent dans certaines langues indo-européennes telles que le latin et le grec[4]. Une autre explication possible est que le mot nuraghe viendrait du nom du héros mythologique ibérique Norax et que la racine *nur serait une adaptation de la racine indo-européenne *nor[5].

« Aujourd'hui, la Sardaigne fait partie de l'Espagne et des ruines antiques en forme de tour, effilées vers le sommet, recouvrent les zones rurales et montagneuses. Elles sont construites avec des rochers solides et présentent de petites ouvertures; au centre se trouvent de petites marches menant au sommet: elles ressemblent à des forteresses. Les Sardes indigènes appellent ce type de ruines Nuraghes, peut-être parce qu'elles sont ce qui reste des exploits de Norax. »

— Sigismondo Arquer, Sardiniae brevis historia et descriptio, CUEC, page 16.

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Le nuraghe Losa, près d'Abbasanta.
Reconstruction d'un nuraghe complexe.

Architecture[modifier | modifier le code]

Chaque monument comporte des particularités mais les méthodes de construction sont similaires[6]. On distingue deux types de monuments : des monuments simples, les plus nombreux, constitués d'une seule tour tronconique, et des monuments plus complexes comportant une tour principale incluse dans un ensemble plus vaste comprenant des remparts, des tours d'angles et des bastions, tels de véritables forteresse[6] (Su Nuraxi, Santu Antine). Certains monuments complexes résultent de multiples rajouts (tours, remparts, enceinte avec tours d'angles) effectués autour d'une simple tour originelle réalisés à la fin de l'âge du bronze et au début de l'âge du fer. Il n'est pas pour autant démontré qu'il s'agisse d'une évolution systématique, l'état initial d'une construction n'étant pas toujours identifiable[6].

La tour nuraghique typique a la forme d'un cône tronqué et ressemble de l'extérieur à une tour médiévale et à l'intérieur à une tholos mycénienne. Elle est édifiée selon la technique du double parement avec des murs en pierres sèches. L'utilisation d'un liant en argile n'est attesté que sur de rares constructions et pourrait correspondre à une phase de réfection[6]. Le mur extérieur est monté avec des blocs polygonaux irréguliers dont la taille diminue avec la hauteur avec une base en appareil cyclopéen. Le mur intérieur est constitué de petites pierres et s'achève par une voûte tronconique dans sa partie supérieure. L'ensemble est une construction robuste dont la masse peut avoisiner plusieurs tonnes par ouvrage. Certains nuraghes atteignent 20 m de hauteur. Un escalier en spirale, en pierre, est bâti à l'intérieur des murs, conduisant aux étages supérieurs ou à une terrasse.

Les constructions les plus complexes peuvent comporter de quatre à six tours d'angles destinées à renforcer la muraille d'enceinte et à supprimer les angles morts. Elles permettent de répondre aux mêmes exigences que celles d'un château-fort médiéval. Elles comportent un espace intérieur dégagé qui pouvait accueillir temporairement des hommes et des animaux. L'accès n'est possible que par une entrée étroite pratiquée dans l'épaisseur de l'enceinte et prolongée par un couloir comportant des renfoncements qui pouvaient abriter des gardes. La découverte de modèles de nuraghi miniatures (en céramique ou en bronze) permet d'affirmer que les nuraghes comportaient parfois plusieurs étages (rarement conservés dans les faits). Un chemin de ronde protégé et équipé de meurtrières couronne l'ensemble et surplombe le mur extérieur. L'enceinte s'élève sur deux à trois niveaux, chaque niveau correspondant à un couloir interne à la muraille, percé de rangées de meurtrières et reliant les différentes tours d'angle entre elles. Certaines enceintes ont conservé des aménagements de type corbeaux sur lesquels devaient reposer un genre de mâchicoulis[6].

Datation[modifier | modifier le code]

Les nuraghes sont bâtis durant une période comprise entre le XVe siècle av. J.-C. et la fin du Xe siècle av. J.-C. Ils font leur apparition en Sardaigne vers 1660 av. J.-C.-1550 av. J.-C.. Ultérieurement, ils continuent à être utilisés, souvent comme lieux de culte.

Fonction[modifier | modifier le code]

Aucun consensus n'existe sur la fonction des nuraghes. Toutefois, de nombreux nuraghes ont été édifiés à des endroits stratégiques (sommet des collines, à proximité de voies de communication) et pouvaient ainsi contribuer au contrôle d'un territoire donné[6].

Les nuraghes sont fréquemment associés à des structures d'habitat de forme circulaires accolées les unes aux autres sans espace de circulation entre elles. Ces villages semblent mieux aménagés à la fin de l'âge du Bronze avec des voies de circulation et des places. Les structures d'habitat sont constituées d'une base constituée de murs en pierres sèches ne dépassant pas 1 m de hauteur. Les archéologues supposent que la partie supérieure des murs devait être constituée d'une structure composée de matériaux périssables (torchis, branchages). Quelques habitations comportent un dol dallé. À Sédillo et à Su Nuraxi, le village adjacent au nuraghe comprend un ou plusieurs bâtiments de grande taille incluant un aménagement intérieur constitué d'une banquette en pierre adossée au mur interne sur tout le pourtour de la pièce : il s'agit probablement d'édifices publics permettant de réunir la population. Dans ce cadre, l'association d'un nuraghe et de son village rappelle celles des structures palatiales, connues en Crète et en Grèce continentale à la même période, mais à une échelle bien plus modeste[6]. Les nuraghes pourraient ainsi correspondre à de petites chefferies indépendantes assurant la défense d'un territoire restreint où les édifices les plus complexes relèveraient autant si non plus d'une compétition entre communautés que de réelles nécessités défensives[6]. L’archéologue Giovanni Lilliu a ainsi émis l'hypothèse que les nuraghes avaient un rôle militaire assez réduit et assuraient essentiellement des fonctions sociale, politique et religieuse au sein d'une communauté villageoise[6].

Monuments[modifier | modifier le code]

A la fin du XXe siècle, les archéologues estimaient qu'il subsistait un peu moins de 7 000 nuraghes en Sardaigne, principalement dans le nord-ouest et le centre-sud de l'île, mais en une vingtaine d'années, « le nombre d’édifices répertoriés est passé de 9 000 à 20 000 »[7].

Su Nuraxi, dans la province du Sud-Sardaigne est sans doute le village nuragique le mieux conservé et le plus spectaculaire par son organisation. D'autres nuraghes imposants sont situés à proximité d'Alghero (nuraghe Palmavera), Macomer (nuraghe Santa Barbara), Abbasanta (nuraghe Losa), Orroli (nuraghe Arrubiu), Torralba (nuraghe Santu Antine), Villanovaforru (nuraghe Genna Maria), Villanova Monteleone (nuraghe Appiu) et Gonnesa (nuraghe Seruci).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Informations lexicographiques et étymologiques de « nuraghe » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  2. Oxford English Dictionary, Oxford University Press, « nuraghe »
  3. Recensione di Blasco Ferrer, Paleosardo
  4. M. Wagner, La lingua sarda, Berna 1951
  5. Giovanni Ugas, L'alba dei Nuraghi , Cagliari, Fabula, 2005, p.23
  6. a b c d e f g h et i Costa 2005.
  7. Florence Evin, La tête dans les nuraghes, Le Monde, 29 juin 2015.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Laurent-Jacques Costa, « Les nuraghi, forteresses de l'âge du Bronze », Archéologia, no 428,‎ , p. 58-65
  • (it) Giovanni Lilliu, La civiltà dei sardi. Dal paleolitico all'età dei nuraghi, Il Maestrale, , 960 p.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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