« Moïse de Camondo » : différence entre les versions

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[[File:Les enfants Camondo, by Alphonse Hirsch, 1875.jpg|vignette|gauche| [[Alphonse Hirsch]], ''Les enfants Camondo'' (1875).]]

[[Fichier:HC de-CAMONDO M CIM-Paris-Montmartre(03) 2015-04.jpg|vignette|Chapelle des Camondo au [[cimetière de Montmartre]] (div. 3), à Paris.]]
'''Moïse [[Famille Camondo|comte de Camondo]]''', né à [[Istanbul]] le {{date|15|mars|1860}} et mort à [[8e arrondissement de Paris|Paris VIII]]{{e}} le {{date|14|novembre|1935}}, est un banquier et [[collectionneur d'art]] français, fondateur du [[Musée Nissim-de-Camondo]].
'''Moïse de Camondo''', né à [[Constantinople]] le {{date|15|mars|1860}} et mort dans le {{8e arrondissement de Paris}} le {{date-|14|novembre|1935}}, est un banquier et [[collectionneur d'art]] italien d'origine turque, fondateur du [[musée Nissim-de-Camondo]].


== Biographie ==
== Biographie ==


Le comte Moïse de Camondo est issu d’une famille juive [[sépharade]], anoblie par le roi d’Italie en [[1867]].
Le comte Moïse de Camondo est issu d’une famille juive [[sépharade]] [[Histoire des Juifs en Turquie|de Turquie]], devenue italienne et [[anobli]]e par le [[Royaume d'Italie (1861-1946)|roi d’Italie]] en [[1867]].
[[Fichier:Moïse de Camondo.jpg|vignette|gauche|Portrait enfant de Moïse de Camondo.]]

Il arrive en France en [[1869]], à l'âge de neuf ans, son père, Nissim, et son oncle, Abraham-Behor, ayant décidé de développer à Paris les affaires financières créées par la [[Famille Camondo|famille de Camondo]] dans l'[[Empire ottoman]].
Il arrive en France en [[1869]], à l'âge de neuf ans, son père, Nissim, et son oncle, Abraham-Behor, ayant décidé de développer à Paris les affaires financières créées par la [[famille Camondo]] dans l’[[Empire ottoman]].


La famille s'installe [[rue de Monceau]], Nissim achetant un [[hôtel particulier]] au {{n°|63}} à l'entrepreneur Violet - dépeint par [[Émile Zola]] comme l'hôtel Saccard dans "[[La Curée]]" - qui sera démoli par Moïse à l'exception des communs - et son frère faisant bâtir son propre hôtel à côté.
La famille s’installe [[rue de Monceau]], Nissim achetant à l'entrepreneur Violet un [[hôtel particulier]] au {{n°|63}} (dépeint par [[Émile Zola]] comme l'hôtel Saccard dans ''[[La Curée]]''). Cette demeure sera démolie par Moïse à l’exception des communs, son frère faisant bâtir son propre hôtel à côté.


Financier habile et redouté<ref name="p.299">{{harvsp|Colling|1949|p=299}}</ref>, Nissim de Camondo faisait partie des grands investisseurs à la Bourse de Paris à la fin des [[années 1870]], avec la [[Famille Lebaudy]], [[Louis Cahen d'Anvers]] et [[Herman Hoskier]]. Lors de la faillite de l'[[Union générale]] de [[1882]], il fait partie du petit groupe de grands financiers, avec [[Louis Cahen d'Anvers]], Rothschild et la [[Banque de Paris]], qui organisent le sauvetage des banques prises dans la crise, en montant un fonds spécial de 20 millions de francs<ref name="p.304">{{harvsp|Colling|1949|p=304}}</ref>. Puis, il fut l'un des fondateurs de la [[Compagnie française des mines d'or de l'Afrique du Sud]]<ref name="p.322">{{harvsp|Colling|1949|p=322}}</ref>, en 1895, au moment du boom minier dans ce pays. Son fils Moïse devient, comme son cousin [[Isaac de Camondo|Isaac]], un collectionneur en vue en même temps qu'un important financier.
Financier habile et redouté<ref name="p.299">{{harvsp|Colling|1949|p=299}}.</ref>, Nissim de Camondo fait partie des grands investisseurs à la Bourse de Paris à la fin des [[années 1870]], avec la [[Famille Lebaudy]], [[Louis Cahen d'Anvers]] et [[Herman Hoskier]]. Lors de la faillite de l'[[Union générale]] de [[1882]], il fait partie du petit groupe de grands financiers, avec [[Louis Cahen d'Anvers]], Rothschild et la [[Banque de Paris]], qui organisent le sauvetage des banques prises dans la crise, en montant un fonds spécial de vingt millions de francs<ref name="p.304">{{harvsp|Colling|1949|p=304}}.</ref>. Puis, il est l'un des fondateurs de la [[Compagnie française des mines d'or de l'Afrique du Sud]]<ref name="p.322">{{harvsp|Colling|1949|p=322}}.</ref>, en 1895, au moment du boom minier dans ce pays. Son fils Moïse devient, comme son cousin [[Isaac de Camondo|Isaac]], un collectionneur en vue en même temps qu'un important financier.


Se passionnant pour l'art du {{XVIIIe siècle}} français, Moïse de Camondo fait raser, après la mort de sa mère, la demeure paternelle pour faire construire un [[Musée Nissim-de-Camondo|hôtel]] dont le style et la surface s'accordent à son importante collection de meubles, de tableaux et d'objets d'art du {{s-|XVIII}} ; la construction s'étend de [[1911]] et [[1914]] et les travaux sont dirigés par l'architecte [[René Sergent]].
Se passionnant pour l'art du {{s-|XVIII}} français, Moïse de Camondo fait raser, après la mort de sa mère, la demeure paternelle pour faire construire un [[Musée Nissim-de-Camondo|hôtel]] dont le style et la surface s'accordent à son importante collection de meubles, de tableaux et d'objets d'art du {{s-|XVIII}} ; la construction s'étend de [[1911]] et [[1914]] et les travaux sont dirigés par l'architecte [[René Sergent]].


=== Famille ===
=== Famille ===


Le {{date|14|octobre|1891}}, il épouse [[Irène Cahen d'Anvers]] ([[1872]]–[[1963]]), fille de [[Louis Cahen d'Anvers]], et de Louise de Morpurgo, « dont l'hôtel parisien (2, [[rue de Bassano]]) était le théâtre des réceptions les plus commentées »<ref>P.Assouline, op.cit., {{p.}}184</ref> : ils possédaient le [[château de Champs-sur-Marne]], restauré, redécoré et remeublé à grands frais, et le manoir de « La Jonchère » à [[Bougival]].
Le {{date-|14|octobre|1891}}, il épouse [[Irène Cahen d'Anvers]] (1872–1963), fille de [[Louis Cahen d'Anvers]], et de Louise de Morpurgo, « dont l'hôtel parisien ({{nobr|2, [[rue de Bassano]]}}) était le théâtre des réceptions les plus commentées »<ref>P. Assouline, op.cit., p. 184.</ref> : ils possédaient le [[château de Champs-sur-Marne]], restauré, redécoré et remeublé à grands frais, et le manoir de « La Jonchère » à [[Bougival]].


Le couple, qui se sépara en [[1896]], eut deux enfants, qui continueront à habiter avec leur père dans leur hôtel particulier de la [[rue Hamelin]] à Paris après le divorce, prononcé le {{date|8|janvier|1902}} : un fils, [[Nissim de Camondo|Nissim]] ({{date|23|août|1892}}-{{date|5|septembre|1917}}), prénommé comme son grand-père, mort célibataire, et Béatrice ({{date|9|juillet|1894}}-[[1944]]), devenue {{Mme}} Léon Reinach. Le {{date|5|septembre|1917}}, Nissim, engagé dans l'[[armée de l'Air française]] dès le début de la [[Première Guerre mondiale]] en tant que photographe aérien, trouvera la mort à 25 ans, lors d'un combat aérien de son unité en [[Meurthe-et-Moselle]].
Le couple, qui se sépara en 1896, eut deux enfants, qui continueront à habiter avec leur père dans leur hôtel particulier de la [[rue Hamelin]] à Paris après le divorce, prononcé le {{date-|8|janvier|1902}} : un fils, [[Nissim de Camondo|Nissim]] ({{date-|23|août|1892}}-{{date-|5|septembre|1917}}), prénommé comme son grand-père, mort célibataire, et [[Béatrice de Camondo|Béatrice]] ({{date-|9|juillet|1894}}-1944), devenue {{Mme}} Léon Reinach. Le {{date-|5|septembre|1917}}, Nissim, engagé dans l'[[Armée de l'air française]] dès le début de la [[Première Guerre mondiale]] en tant que photographe aérien, trouve la mort à 25 ans, lors d'un combat aérien de son unité en [[Meurthe-et-Moselle]].


Cette disparition tragique détermine son père à léguer son hôtel et ses collections à l'[[Union centrale des arts décoratifs]] et, dans cette perspective, il ne cessera, jusqu'à sa mort en [[1935]], de l'enrichir pour constituer un ensemble parfaitement représentatif de l'art du {{XVIIIe siècle}} français (voir [[Musée Nissim-de-Camondo]]).
Cette disparition tragique détermine son père à léguer son hôtel et ses collections à l'[[Union centrale des arts décoratifs]] et, dans cette perspective, il ne cessera, jusqu'à sa mort en 1935, de l'enrichir pour constituer un ensemble parfaitement représentatif de l'art du {{s-|XVIII}} français (voir [[musée Nissim-de-Camondo]]).


=== Les héritiers ===
=== Les héritiers ===
[[image:Musée Camondo.JPG|thumb|left|Hôtel Camondo, aujourd'hui [[Musée Nissim de Camondo]].]]
[[image:Paris (75008) Hôtel Moïse de Camondo 05.JPG|thumb|left|Hôtel Camondo, aujourd'hui [[musée Nissim de Camondo]].]]
Pendant la guerre, les quatre membres de la famille Reinach, seuls héritiers de la fortune Camondo, sont déportés à [[Camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz|Auschwitz et Birkenau]] (Pologne) : le {{date|5|décembre|1942}}, sa fille [[Béatrice de Camondo|Béatrice]] et sa petite-fille Fanny ([[1920]]-[[1943]]) sont arrêtées à leur domicile à [[Neuilly-sur-Seine|Neuilly]], et le 12 dans l'[[Ariège (département)|Ariège]], son gendre [[Famille Reinach|Léon Reinach]] ([[1893]]-[[1943]]) et son fils Bertrand ([[1923]]-[[1943]]) sont arrêtés à la suite de la trahison de leur passeur, ainsi « promis au pire par l'action conjuguée des Allemands qui ne les aimaient pas, et des Français qui ne les aimaient guère »<ref>P.Assouline, op.cit. {{p.}}271</ref>.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les quatre membres de la famille Reinach, seuls héritiers de la fortune Camondo, sont déportés à [[Camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz|Auschwitz et Birkenau]] (Pologne) : le {{date-|5|décembre|1942}}, sa fille [[Béatrice de Camondo|Béatrice]] et sa petite-fille Fanny (1920-1943) sont arrêtées à leur domicile à [[Neuilly-sur-Seine|Neuilly]], et le 12 dans l'[[Ariège (département)|Ariège]], son gendre [[Famille Reinach|Léon Reinach]] (1893-1943) et son fils Bertrand (1923-1943) sont arrêtés à la suite de la trahison de leur passeur, ainsi « promis au pire par l'action conjuguée des Allemands qui ne les aimaient pas, et des Français qui ne les aimaient guère »<ref>P. Assouline, op.cit. p. 271.</ref>.


La Gestapo, perquisitionnant chez [[Famille Reinach|les frères Adolf et Hermann-Joseph Reinach]], y vola les tableaux, la bibliothèque, les manuscrits de Théodore Reinach et ses archives. Béatrice, inconsciente du danger ou se présumant protégée par ses relations, resta à Paris où, portant discrètement son étoile jaune sur sa veste de cavalière, elle continuait à participer à des concours hippiques avec des officiers allemands.
La Gestapo, perquisitionnant chez [[Famille Reinach|les frères Adolf et Hermann-Joseph Reinach]], y vola les tableaux, la bibliothèque, les manuscrits de Théodore Reinach et ses archives. Béatrice, inconsciente du danger ou se présumant protégée par ses relations, resta à Paris où, portant discrètement son étoile jaune sur sa veste de cavalière, elle continuait à participer à des concours hippiques avec des officiers allemands.


Sa cousine germaine Colette Cahen d'Anvers, comtesse Armand de Dampierre (mort en déportation) et sa tante Élisabeth Cahen d'Anvers, ex-comtesse Jean de Forceville, puis ex-{{Mme}} Alfred Denfert-Rochereau - convertie au [[catholicisme]] depuis cinquante ans - furent arrêtées et déportées: la première sauta d'un train en route, ce qui la sauva, la seconde mourut entre [[Drancy]] et [[Auschwitz]]<ref>{{Lien web|titre = CAHEN D’ANVERS Elisabeth (Mme la Comtesse)|url = https://lesdeportesdesarthe.wordpress.com/de-cahen-danvers-elisabeth-mme-la-comtesse/|site = lesdeportesdesarthe.wordpress.com}}</ref>.
Sa cousine germaine Colette Cahen d'Anvers, comtesse Armand de Dampierre (mort en déportation) et sa tante Élisabeth Cahen d'Anvers, ex-comtesse Jean de Forceville, puis ex-{{Mme}} Alfred Denfert-Rochereau - convertie au [[catholicisme]] depuis cinquante ans - furent arrêtées et déportées : la première sauta d'un train en route, ce qui la sauva, la seconde mourut entre [[Drancy]] et [[Auschwitz]]<ref>{{Lien web |titre = CAHEN D’ANVERS Elisabeth (Mme la Comtesse) |url = https://lesdeportesdesarthe.wordpress.com/de-cahen-danvers-elisabeth-mme-la-comtesse/ |site = lesdeportesdesarthe.wordpress.com }}.</ref>.


La lettre de [[Georges Duhamel]], secrétaire perpétuel de l'[[Académie française]], auprès de [[Fernand de Brinon]], ambassadeur de France auprès des Allemands, afin d'obtenir un adoucissement à leur sort, démarche « mollement relayée » par une note du diplomate auprès de la police allemande, demeura vaine. Pourtant des « certificats d'[[aryen d'honneur]] », distinction nationale-socialiste prévue par [[Adolf Hitler]] « pour services exceptionnels » et par l'article 8 du [[Loi portant statut des juifs|Statut des Juifs]], avaient permis à [[Philippe Pétain]], chef de l'État Français, de soustraire à ce destin tragique trois de ses protégées d'origine juive, la marquise de Chasseloup-Laubat, née Marie-Louise Stern, et {{Mme}} Girot de Langlade, nées Lucie-Ernesta Stern, toutes deux filles du Baron Louis Stern et la comtesse d'Aramon, Suzanne Stern (1887-1954), fille d'[[Edgard Stern|Edgar]] et de Marguerite Fould ; {{Mme}} de Brinon, née [[Jeanne Louise Rachel Franck]], avait reçu cette distinction des autorités allemandes.
La lettre de [[Georges Duhamel]], secrétaire perpétuel de l'[[Académie française]], auprès de [[Fernand de Brinon]], ambassadeur de France auprès des Allemands, afin d'obtenir un adoucissement à leur sort, démarche « mollement relayée » par une note du diplomate auprès de la police allemande, demeura vaine.


Aussi abandonnés que leurs semblables, les Camondo passèrent plusieurs mois à Drancy, d'où ils furent emmenés le {{date|20|novembre|1943}} et déportés avec 1200 personnes vers le camp de concentration d'[[Camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz|Auschwitz-Birkenau]], où, dès leur arrivée le 25 novembre, 914 hommes et femmes furent triés et gazés. En [[1945]], le convoi {{n°|62}} ne comptait que 29 survivants dont seulement 2 femmes. Avec eux s'est éteinte une famille qui aura beaucoup donné à la France : le cousin de Moïse, [[Isaac de Camondo]], mort sans postérité légitime - mais qui eut deux fils naturels - a en effet offert au [[Musée du Louvre]] le prestigieux « legs Camondo », ensemble exceptionnel de meubles XVIIIe et d'une cinquantaine de peintures de maîtres impressionnistes ([[Degas]], [[Claude Monet|Monet]], [[Berthe Morisot|Morisot]], Manet…) parmi lesquels le célèbre ''[[Le Joueur de fifre|Joueur de fifre]]'' de [[Édouard Manet|Manet]], comme les Reinach avaient donné à l'Institut de France la ''Villa Kérylos'' à [[Beaulieu-sur-Mer]] (Alpes-Maritimes).
Aussi abandonnés que leurs semblables, les Camondo passèrent plusieurs mois à Drancy, d'où ils furent emmenés le {{date-|20|novembre|1943}} et déportés avec {{unité|1200}} personnes vers le camp de concentration d'[[Camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz|Auschwitz-Birkenau]], où, dès leur arrivée le {{date-|25 novembre}}, 914 hommes et femmes furent triés et gazés. En [[1945]], le convoi {{n°|62}} ne comptait que 29 survivants dont seulement deux femmes. Avec eux s'est éteinte la lignée des banquiers de cette famille, qui aura beaucoup donné à la France : le cousin de Moïse, [[Isaac de Camondo]], mort sans postérité légitime - mais qui eut deux fils naturels - a en effet offert au [[musée du Louvre]] le prestigieux « legs Camondo », ensemble exceptionnel de meubles {{s-|XVIII}} et d'une cinquantaine de peintures de maîtres impressionnistes ([[Degas]], [[Claude Monet|Monet]], [[Berthe Morisot|Morisot]], Manet…) parmi lesquels le célèbre ''[[Le Joueur de fifre|Joueur de fifre]]'' de [[Édouard Manet|Manet]], comme les Reinach avaient donné à l'Institut de France la ''Villa Kérylos'' à [[Beaulieu-sur-Mer]] (Alpes-Maritimes).


=== Le mausolée familial ===
=== Le mausolée familial ===


{{référence nécessaire|Le mausolée familial au [[cimetière Montmartre]] à Paris porte cette plaque en mémoire des quatre déportés : « Morts pour la France en 1943 et 1944 » (Assouline corrige justement : « par la France »), mais ne figure pas dans « l'Index des célébrités » à l'entrée du cimetière ; seule une plaque sous la porte cochère du musée Nissim de Camondo rappelle aux visiteurs ces destins tragiques.}}
Le mausolée familial au [[cimetière de Montmartre]] à Paris porte cette plaque en mémoire des quatre déportés : « Morts pour la France en 1943 et 1944 » (Assouline corrige justement : « par la France »), mais ne figure pas dans « l'Index des célébrités » à l'entrée du cimetière ; seule une plaque sous la porte cochère du musée Nissim-de-Camondo rappelle aux visiteurs ces destins tragiques<ref>[[Pierre Assouline]], ''Le dernier des Camondo'', Paris, [[Gallimard]], 1997.</ref>.


== ''La Petite Fille au ruban bleu'', peinture volée ==
== ''La Petite Fille au ruban bleu'', peinture volée ==
''{{article détaillé|Portrait d'Irène Cahen d'Anvers}}''
''{{article détaillé|Portrait d'Irène Cahen d'Anvers}}''


Pendant ces heures tragiques, Irène Cahen d'Anvers ([[1872]]-[[1963]]), ex-comtesse Moïse de Camondo puis ex-comtesse Charles Sampieri, doublement protégée d'une éventuelle dénonciation par sa conversion ancienne au catholicisme et le patronyme italien de son second époux, échappa au sort de sa famille, vivant discrètement quatre ans dans un appartement parisien.
Pendant ces heures tragiques, Irène Cahen d'Anvers (1872-1963), ex-comtesse Moïse de Camondo puis ex-comtesse Charles Sampieri, doublement protégée d'une éventuelle dénonciation par sa conversion ancienne au catholicisme et le patronyme italien de son second époux, échappe au sort de sa famille, vivant discrètement quatre ans dans un appartement parisien.


Durant l'été [[1946]], elle reconnut dans une exposition d'œuvres d'art retrouvées en [[Allemagne]], son portrait enfant par [[Auguste Renoir]], appelé par les connaisseurs ''La Petite Fille au ruban bleu'', tableau commandé au peintre par ses parents en [[1880]].
Durant l'été 1946, elle reconnaît dans une exposition d'œuvres d'art retrouvées en [[Allemagne]], son portrait enfant par [[Auguste Renoir]], appelé par les connaisseurs ''La Petite Fille au ruban bleu'', tableau commandé au peintre par ses parents en 1880.


Pendant l'Occupation, cette toile avait été comprise dans un lot exigé par [[Goering]] afin de l'échanger contre d'autres œuvres, malgré les protestations écrites de Reinach demandant la restitution de ces biens mobiliers, et de [[Jacques Jaujard]], directeur des Musées Nationaux.
Pendant l'Occupation, cette toile avait été comprise dans un lot exigé par [[Goering]] afin de l'échanger contre d'autres œuvres, malgré les protestations écrites de Reinach demandant la restitution de ces biens mobiliers, et de [[Jacques Jaujard]], directeur des Musées nationaux.


Cette toile fut ensuite négociée par le marchand Walter Feuz pour le compte de [[Emil Georg Bührle]], industriel d'origine allemande naturalisé suisse en [[1937]], à la tête de la société Oerlikon, fournisseur de la [[Wehrmacht]], qui acquit une douzaine d'œuvres ainsi confisquées<ref name="a">P. Assouline, op. cit.</ref>. Irène Sampieri obtint restitution de son portrait et le vendit ensuite à un galeriste parisien qui le céda à... Emil Bürhle. Unique héritière de sa fille, elle entra en possession de la fortune des Camondo qu'elle dilapida avant de mourir à 91 ans<ref name="a"/>.
Cette toile fut ensuite négociée par le marchand Walter Feuz pour le compte de [[Emil Georg Bührle]], industriel d'origine allemande naturalisé suisse en 1937, à la tête de la société Oerlikon, fournisseur de la [[Wehrmacht]], qui acquit une douzaine d'œuvres ainsi confisquées<ref name="a">P. Assouline, op. cit.</ref>. Irène Sampieri obtint restitution de son portrait et le vendit ensuite à un galeriste parisien qui le céda à… Emil Bührle. Unique héritière de sa fille, elle entra en possession de la fortune des Camondo qu'elle dilapida avant de mourir à 91 ans<ref name="a"/>.


== Résidences ==
== Résidences ==
* Jusqu'en 1914 : [[rue Hamelin]] ([[16e arrondissement de Paris|{{16e|arrondissement}}]])
* Jusqu'en 1914 : [[rue Hamelin]] ([[16e arrondissement de Paris|{{16e|arrondissement}}]]).
* 1914-1935 : Hôtel particulier 63 [[rue de Monceau]] ([[8e arrondissement de Paris|{{8e|arrondissement}}]])
* 1914-1935 : Hôtel particulier au 63 de la [[rue de Monceau]] ([[8e arrondissement de Paris|{{8e|arrondissement}}]]).
* "Villa Béatrice " à [[Aumont-en-Halatte]] <ref>''Les Camondo ou l'éclipse d'une fortune'', Nora Seni et Sophie le Tarnec, hébraïca, Actes Sud, {{p.}}212-213.</ref>
* "Villa Béatrice " à [[Aumont-en-Halatte]]<ref>''Les Camondo ou l'éclipse d'une fortune'', [[Nora Şeni]] et Sophie le Tarnec, hébraïca, Actes Sud, p. 212-213.</ref>.


== Bibliographie ==
== Bibliographie ==
{{refinc}}
{{refinc}}
* [[Arsène Alexandre]], ''Collection de M. le comte Isaac de Camondo'', [[Les Arts]], {{date-|novembre 1908}}.
* {{ouvrage |titre= [[La Prodigieuse Histoire de la Bourse]] |prénom1= Alfred |nom1= Colling |lien auteur1= Alfred Colling |éditeur= Société d'Éditions Économiques et Financières |année= 1949|plume= oui }}
* [[Arsène Alexandre]], ''Collection de M. le Comte de Camondo'', [[Les Arts Décoratifs]], novembre 1908.
* [[Pierre Assouline]], ''Le dernier des Camondo'', Paris, [[Gallimard]], 1997 (Liste étendue de sources).
* [[Jean Cassou]], ''Le pillage par les Allemands des œuvres d'art et des bibliothèques appartenant à des Juifs en France'', Éditions du Centre, 1947.
* {{ouvrage |titre=[[La Prodigieuse Histoire de la Bourse]] |prénom1=Alfred |nom1=Colling |lien auteur1=Alfred Colling |éditeur=Société d'Éditions Économiques et Financières |année=1949 |plume= oui }}
* [[Connaissance des Arts]], ''Le Musée Nissim de Camondo'', {{numéro}} hors-série, 2005.
* Carle Dreyfus, Préface au ''Guide du musée Nissim de Camondo'', 1935.
* Carle Dreyfus, Préface au ''Guide du musée Nissim de Camondo'', 1935.
* Jean Messelet, ''La Collection Camondo'', Art et Industrie, juillet 1936.
* [[Philippe Erlanger]], ''Notes sur l'histoire des Camondo'', archives [[Paribas]], Paris, {{date-|1 novembre 1972}}.
* Hector Feliciano, ''Le Musée disparu'', [[Austral (éditions)|Austral]], 1996.
* [[Jean Cassou (écrivain)|Jean Cassou]], ''Le Pillage par les Allemands des œuvres d'art et des bibliothèques appartenant à des Juifs en France'', Éditions du Centre, 1947.
* (Sous la direction de) Marie-Noël de Gary, ''Musée Nissim de Camondo. La demeure d'un collectionneur'', photos de J.-M. del Moral, Paris, [[Les Arts décoratifs]], 2007.
* [[Philippe Erlanger]], ''Notes sur l'histoire des Camondo'', Archives [[Paribas]], Paris, {{1er}} novembre 1972.
* Jean Messelet, ''La Collection Camondo'', Art et Industrie, {{date-|juillet 1936}}.
* Hector Feliciano, ''le Musée disparu'', Austral, 1996.
* [[Pierre Assouline]], ''Le Dernier des Camondo'', Paris, [[Gallimard]], 1997.
* Sylvie Legrand-Rossi, ''Le Musée Nissim de Camondo'', Paris, Les Arts décoratifs, 2009.
* Nora Seni et Sophie Le Tarnec, ''Les Camondo ou l'éclipse d'une fortune'', Arles, [[Actes Sud]], 1997.
* [[Nora Şeni]] et Sophie Le Tarnec, ''Les Camondo ou l'éclipse d'une fortune'', Arles, [[Actes Sud]], 1997.
* ''Le Musée Nissim de Camondo'', [[Connaissance des arts]], numéro hors série, 2005.
* Sous la direction de Marie-Noël de Gary, ''Musée Nissim de Camondo. La demeure d'un collectionneur'', photographies de Jean-Marie del Moral, Paris, [[Les Arts Décoratifs]], 2007.
* Sylvie Legrand-Rossi, ''Le Musée Nissim de Camondo'', Paris, Les Arts Décoratifs, 2009.


== Références ==
== Références ==
{{Références}}
{{Références|colonnes=2}}


== Annexes ==
== Annexes ==
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=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* {{autorité}}
*{{autorité}}
*{{bases}}
* [http://www.mahj.org/fr/3_expositions/anim/camondo.html Exposition la splendeur des Camondo]
*{{dictionnaires}}
* http://www.genami.org/Personnages-celebres/fr_Camondo.php
* [https://www.mahj.org/fr/programme/la-splendeur-des-camondo-de-constantinople-paris-1806-1945-74 Exposition « La Splendeur des Camondo »] au [[musée d'Art et d'Histoire du judaïsme]]
* [http://www.genami.org/Personnages-celebres/fr_Camondo.php Fiche sur GenAmi]


{{Portail|histoire de l'art|collections|finance}}
{{Portail|histoire de l'art|collections|finance|judaïsme|XIXe siècle|XXe siècle|Paris}}


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[[Catégorie:Naissance à Constantinople]]
[[Catégorie:Naissance à Constantinople]]
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[[Catégorie:Banquier français]]
[[Catégorie:Collectionneur d'art français]]
[[Catégorie:Collectionneur français d'œuvres d'art]]
[[Catégorie:Millionnaire au XIXe siècle]]
[[Catégorie:Millionnaire au XIXe siècle]]
[[Catégorie:Famille Camondo|Moise]]
[[Catégorie:Famille Camondo|Moise]]
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[[Catégorie:Décès dans le 8e arrondissement de Paris]]
[[Catégorie:Décès dans le 8e arrondissement de Paris]]
[[Catégorie:Décès à 75 ans]]
[[Catégorie:Décès à 75 ans]]
[[Catégorie:Personnalité inhumée au cimetière de Montmartre]]

Dernière version du 25 février 2024 à 20:56

Moïse de Camondo
Comte Moïse de Camondo.
Titres de noblesse
Comte
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nationalité
Activités
Période d'activité
Famille
Père
Nissim de Camondo (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Irène Cahen d'Anvers (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Parentèle
Abraham Salomon de Camondo (en) (grand-père)
Abraham Behor de Camondo (d) (oncle)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Propriétaire de
Alphonse Hirsch, Les enfants Camondo (1875).
Chapelle des Camondo au cimetière de Montmartre (div. 3), à Paris.

Moïse de Camondo, né à Constantinople le et mort dans le 8e arrondissement de Paris le , est un banquier et collectionneur d'art italien d'origine turque, fondateur du musée Nissim-de-Camondo.

Biographie[modifier | modifier le code]

Le comte Moïse de Camondo est issu d’une famille juive sépharade de Turquie, devenue italienne et anoblie par le roi d’Italie en 1867.

Portrait enfant de Moïse de Camondo.

Il arrive en France en 1869, à l'âge de neuf ans, son père, Nissim, et son oncle, Abraham-Behor, ayant décidé de développer à Paris les affaires financières créées par la famille Camondo dans l’Empire ottoman.

La famille s’installe rue de Monceau, Nissim achetant à l'entrepreneur Violet un hôtel particulier au no 63 (dépeint par Émile Zola comme l'hôtel Saccard dans La Curée). Cette demeure sera démolie par Moïse à l’exception des communs, son frère faisant bâtir son propre hôtel à côté.

Financier habile et redouté[1], Nissim de Camondo fait partie des grands investisseurs à la Bourse de Paris à la fin des années 1870, avec la Famille Lebaudy, Louis Cahen d'Anvers et Herman Hoskier. Lors de la faillite de l'Union générale de 1882, il fait partie du petit groupe de grands financiers, avec Louis Cahen d'Anvers, Rothschild et la Banque de Paris, qui organisent le sauvetage des banques prises dans la crise, en montant un fonds spécial de vingt millions de francs[2]. Puis, il est l'un des fondateurs de la Compagnie française des mines d'or de l'Afrique du Sud[3], en 1895, au moment du boom minier dans ce pays. Son fils Moïse devient, comme son cousin Isaac, un collectionneur en vue en même temps qu'un important financier.

Se passionnant pour l'art du XVIIIe siècle français, Moïse de Camondo fait raser, après la mort de sa mère, la demeure paternelle pour faire construire un hôtel dont le style et la surface s'accordent à son importante collection de meubles, de tableaux et d'objets d'art du XVIIIe siècle ; la construction s'étend de 1911 et 1914 et les travaux sont dirigés par l'architecte René Sergent.

Famille[modifier | modifier le code]

Le , il épouse Irène Cahen d'Anvers (1872–1963), fille de Louis Cahen d'Anvers, et de Louise de Morpurgo, « dont l'hôtel parisien (2, rue de Bassano) était le théâtre des réceptions les plus commentées »[4] : ils possédaient le château de Champs-sur-Marne, restauré, redécoré et remeublé à grands frais, et le manoir de « La Jonchère » à Bougival.

Le couple, qui se sépara en 1896, eut deux enfants, qui continueront à habiter avec leur père dans leur hôtel particulier de la rue Hamelin à Paris après le divorce, prononcé le  : un fils, Nissim (-), prénommé comme son grand-père, mort célibataire, et Béatrice (-1944), devenue Mme Léon Reinach. Le , Nissim, engagé dans l'Armée de l'air française dès le début de la Première Guerre mondiale en tant que photographe aérien, trouve la mort à 25 ans, lors d'un combat aérien de son unité en Meurthe-et-Moselle.

Cette disparition tragique détermine son père à léguer son hôtel et ses collections à l'Union centrale des arts décoratifs et, dans cette perspective, il ne cessera, jusqu'à sa mort en 1935, de l'enrichir pour constituer un ensemble parfaitement représentatif de l'art du XVIIIe siècle français (voir musée Nissim-de-Camondo).

Les héritiers[modifier | modifier le code]

Hôtel Camondo, aujourd'hui musée Nissim de Camondo.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les quatre membres de la famille Reinach, seuls héritiers de la fortune Camondo, sont déportés à Auschwitz et Birkenau (Pologne) : le , sa fille Béatrice et sa petite-fille Fanny (1920-1943) sont arrêtées à leur domicile à Neuilly, et le 12 dans l'Ariège, son gendre Léon Reinach (1893-1943) et son fils Bertrand (1923-1943) sont arrêtés à la suite de la trahison de leur passeur, ainsi « promis au pire par l'action conjuguée des Allemands qui ne les aimaient pas, et des Français qui ne les aimaient guère »[5].

La Gestapo, perquisitionnant chez les frères Adolf et Hermann-Joseph Reinach, y vola les tableaux, la bibliothèque, les manuscrits de Théodore Reinach et ses archives. Béatrice, inconsciente du danger ou se présumant protégée par ses relations, resta à Paris où, portant discrètement son étoile jaune sur sa veste de cavalière, elle continuait à participer à des concours hippiques avec des officiers allemands.

Sa cousine germaine Colette Cahen d'Anvers, comtesse Armand de Dampierre (mort en déportation) et sa tante Élisabeth Cahen d'Anvers, ex-comtesse Jean de Forceville, puis ex-Mme Alfred Denfert-Rochereau - convertie au catholicisme depuis cinquante ans - furent arrêtées et déportées : la première sauta d'un train en route, ce qui la sauva, la seconde mourut entre Drancy et Auschwitz[6].

La lettre de Georges Duhamel, secrétaire perpétuel de l'Académie française, auprès de Fernand de Brinon, ambassadeur de France auprès des Allemands, afin d'obtenir un adoucissement à leur sort, démarche « mollement relayée » par une note du diplomate auprès de la police allemande, demeura vaine.

Aussi abandonnés que leurs semblables, les Camondo passèrent plusieurs mois à Drancy, d'où ils furent emmenés le et déportés avec 1 200 personnes vers le camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau, où, dès leur arrivée le , 914 hommes et femmes furent triés et gazés. En 1945, le convoi no 62 ne comptait que 29 survivants dont seulement deux femmes. Avec eux s'est éteinte la lignée des banquiers de cette famille, qui aura beaucoup donné à la France : le cousin de Moïse, Isaac de Camondo, mort sans postérité légitime - mais qui eut deux fils naturels - a en effet offert au musée du Louvre le prestigieux « legs Camondo », ensemble exceptionnel de meubles XVIIIe siècle et d'une cinquantaine de peintures de maîtres impressionnistes (Degas, Monet, Morisot, Manet…) parmi lesquels le célèbre Joueur de fifre de Manet, comme les Reinach avaient donné à l'Institut de France la Villa Kérylos à Beaulieu-sur-Mer (Alpes-Maritimes).

Le mausolée familial[modifier | modifier le code]

Le mausolée familial au cimetière de Montmartre à Paris porte cette plaque en mémoire des quatre déportés : « Morts pour la France en 1943 et 1944 » (Assouline corrige justement : « par la France »), mais ne figure pas dans « l'Index des célébrités » à l'entrée du cimetière ; seule une plaque sous la porte cochère du musée Nissim-de-Camondo rappelle aux visiteurs ces destins tragiques[7].

La Petite Fille au ruban bleu, peinture volée[modifier | modifier le code]

Pendant ces heures tragiques, Irène Cahen d'Anvers (1872-1963), ex-comtesse Moïse de Camondo puis ex-comtesse Charles Sampieri, doublement protégée d'une éventuelle dénonciation par sa conversion ancienne au catholicisme et le patronyme italien de son second époux, échappe au sort de sa famille, vivant discrètement quatre ans dans un appartement parisien.

Durant l'été 1946, elle reconnaît dans une exposition d'œuvres d'art retrouvées en Allemagne, son portrait enfant par Auguste Renoir, appelé par les connaisseurs La Petite Fille au ruban bleu, tableau commandé au peintre par ses parents en 1880.

Pendant l'Occupation, cette toile avait été comprise dans un lot exigé par Goering afin de l'échanger contre d'autres œuvres, malgré les protestations écrites de Reinach demandant la restitution de ces biens mobiliers, et de Jacques Jaujard, directeur des Musées nationaux.

Cette toile fut ensuite négociée par le marchand Walter Feuz pour le compte de Emil Georg Bührle, industriel d'origine allemande naturalisé suisse en 1937, à la tête de la société Oerlikon, fournisseur de la Wehrmacht, qui acquit une douzaine d'œuvres ainsi confisquées[8]. Irène Sampieri obtint restitution de son portrait et le vendit ensuite à un galeriste parisien qui le céda à… Emil Bührle. Unique héritière de sa fille, elle entra en possession de la fortune des Camondo qu'elle dilapida avant de mourir à 91 ans[8].

Résidences[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

[réf. incomplète]

  • Arsène Alexandre, Collection de M. le comte Isaac de Camondo, Les Arts, .
  • Pierre Assouline, Le dernier des Camondo, Paris, Gallimard, 1997 (Liste étendue de sources).
  • Jean Cassou, Le pillage par les Allemands des œuvres d'art et des bibliothèques appartenant à des Juifs en France, Éditions du Centre, 1947.
  • Alfred Colling, La Prodigieuse Histoire de la Bourse, Société d'Éditions Économiques et Financières, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Connaissance des Arts, Le Musée Nissim de Camondo, no  hors-série, 2005.
  • Carle Dreyfus, Préface au Guide du musée Nissim de Camondo, 1935.
  • Philippe Erlanger, Notes sur l'histoire des Camondo, archives Paribas, Paris, .
  • Hector Feliciano, Le Musée disparu, Austral, 1996.
  • (Sous la direction de) Marie-Noël de Gary, Musée Nissim de Camondo. La demeure d'un collectionneur, photos de J.-M. del Moral, Paris, Les Arts décoratifs, 2007.
  • Jean Messelet, La Collection Camondo, Art et Industrie, .
  • Sylvie Legrand-Rossi, Le Musée Nissim de Camondo, Paris, Les Arts décoratifs, 2009.
  • Nora Şeni et Sophie Le Tarnec, Les Camondo ou l'éclipse d'une fortune, Arles, Actes Sud, 1997.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Colling 1949, p. 299.
  2. Colling 1949, p. 304.
  3. Colling 1949, p. 322.
  4. P. Assouline, op.cit., p. 184.
  5. P. Assouline, op.cit. p. 271.
  6. « CAHEN D’ANVERS Elisabeth (Mme la Comtesse) », sur lesdeportesdesarthe.wordpress.com.
  7. Pierre Assouline, Le dernier des Camondo, Paris, Gallimard, 1997.
  8. a et b P. Assouline, op. cit.
  9. Les Camondo ou l'éclipse d'une fortune, Nora Şeni et Sophie le Tarnec, hébraïca, Actes Sud, p. 212-213.

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]