« Maître de chapelle » : différence entre les versions

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{{Voir homonyme|Le Maitre de chapelle}}
{{Voir homonyme|Le Maitre de chapelle}}
Un '''maître de chapelle''', appelé à l'origine '''[[wikt:maître de musique|maître de musique]]''', ou (dans les pays allemands) '''''Kapellmeister''''' ([[Alphabet phonétique international|IPA]]: {{IPA-de|kaˈpɛl.ˌmaɪstɐ|lang}}), ou encore '''''maestro di cappella''''' (en Italie) ou '''''maestro de capilla''''' (en Espagne), est une personne chargée, dans un cadre religieux chrétien, d'enseigner et de faire chanter (et secondairement jouer) la musique (avant tout liturgique), et de [[compositeur|composer]] des partitions [[polyphonique]]s (essentiellement des [[motet]]s et des [[Messe (musique)|messes]]) au sein de la « chapelle musicale » d'une église<ref>Et aussi d'un établissement d'enseignement, comme les collèges de Jésuites, à partir du {{s-|XVII|e}}.</ref>.
Un '''maître de chapelle''', appelé à l'origine '''maître de musique''', ou (dans les pays allemands) ''Kapellmeister'' ([[Alphabet phonétique international|IPA]]: {{IPA-de|kaˈpɛl.ˌmaɪstɐ|lang}}), ou encore ''maestro di cappella'' (en Italie) ou ''maestro de capilla'' (en Espagne), est une personne chargée, dans un cadre religieux chrétien, d'enseigner et de faire chanter (et secondairement jouer) la musique (avant tout liturgique), et de [[compositeur|composer]] des partitions [[polyphonique]]s (essentiellement des [[Motet|motets]] et des [[Messe (musique)|messes]]) au sein de la « chapelle musicale » d'une église<ref>Et aussi d'un établissement d'enseignement, comme les collèges de Jésuites, à partir du {{s-|XVII|e}}.</ref>.


Ces ensembles, avant tout vocaux étaient (ou sont) souvent soutenus par quelques instruments, mais ont pu aussi être accompagnés par un ensemble instrumental ou un orchestre. Ils ont été au centre (et en tout cas très largement à l'origine) de l'activité musicale en l'Europe occidentale ([[catholique]] et [[protestant]]e) et dans les [[Amériques]], depuis le [[Moyen Âge]] jusqu'aux {{sp-|XVIII|ou|XIX|s}}. La fonction de maître de chapelle perdure aujourd'hui, en France, en Europe et aux Amériques. Le sens de ce mot a pu évoluer au fil des époques, du fait de l'évolution de la profession, liée à celles de la société et de la musique elle-même.
Ces ensembles, avant tout vocaux étaient (ou sont) souvent soutenus par quelques instruments, mais ont pu aussi être accompagnés par un ensemble instrumental ou un orchestre. Ils ont été au centre (et en tout cas très largement à l'origine) de l'activité musicale en l'Europe occidentale ([[catholique]] et [[protestant]]e) et dans les [[Amériques]], depuis le [[Moyen Âge]] jusqu'aux {{sp-|XVIII|ou|XIX|s}}. La fonction de maître de chapelle perdure aujourd'hui, en France, en Europe et aux Amériques. Le sens de ce mot a pu évoluer au fil des époques, du fait de l'évolution de la profession, liée à celles de la société et de la musique elle-même.


Par extension, dans les pays de langue allemande, le mot désigne aussi le chef d'orchestre (''Kapelle'', détaché de son origine religieuse, signifie alors « orchestre » ou « ensemble instrumental »<ref>Voir, par exemple, la ''[[Staatsoper Unter den Linden|Staatskapelle Berlin]]'', la ''[[Staatskapelle Dresden]]'' (orchestre d'état de [[Berlin]] ou de [[Dresde]]), et toutes les autres ''{{Lien|langue=de|trad=Musikkapelle|fr=Musikkapelle|texte=Musikkapelle}}'' au répertoire plus populaire ou traditionnel, comme les ''[[Trachtenkapelle]]'' ([[orchestre d'harmonie|musiques d'harmonie]] traditionnelles, en costume, qu'on peut rencontrer dans les carnavals).</ref>). Dans le film ''[[La Grande Vadrouille]]'', [[Louis de Funès]], qui joue le rôle de chef d'orchestre de l'[[Opéra de Paris]] est appelé : « ''Herr Kapellmeister'' » par le [[Benno Sterzenbach|major Achbach, officier allemand]].
Par extension, dans les pays de langue allemande, le mot désigne aussi le chef d'orchestre (''Kapelle'', détaché de son origine religieuse, signifie alors « orchestre » ou « ensemble instrumental »<ref>Voir, par exemple, la ''[[Staatsoper Unter den Linden|Staatskapelle Berlin]]'', la ''[[Staatskapelle Dresden]]'' (orchestre d'état de [[Berlin]] ou de [[Dresde]]), et toutes les autres ''{{Lien|langue=de|trad=Musikkapelle|fr=Musikkapelle|texte=Musikkapelle}}'' au répertoire plus populaire ou traditionnel, comme les ''[[Trachtenkapelle]]'' ([[orchestre d'harmonie|musiques d'harmonie]] traditionnelles, en costume, qu'on peut rencontrer dans les carnavals).</ref>). Dans le film ''[[La Grande Vadrouille]]'', [[Louis de Funès]], qui joue le rôle de chef d'orchestre de l'[[Opéra de Paris]] est appelé : « ''Herr Kapellmeister'' » par le [[Benno Sterzenbach|major Achbach, officier allemand]].


== Usage historique ==
== Usage historique ==
[[Fichier:André Tiers, sacristain et maître de chapelle de l'église Saint-Nicolas à Wasquehal, fabricant des cierges en 1932.jpg|thumb|right|120px|André Tiers, maître de chapelle de l'[[Église Saint-Nicolas de Wasquehal]] en 1932.]]
[[Fichier:André Tiers(1).jpg|thumb|right|120px|Maître de chapelle dans son atelier.]]
Spécialement à l'époque des royautés en [[Europe]], le terme de [[wikt:maître de musique|maître de musique]] (et tardivement de maître de chapelle), ou de ''Kapellmeister'' (en allemand), désignait le [[chantre (christianisme)|chantre]] maître de musique ([[chef de chœur]], ou ''[[Cantor]]'' dans les pays allemands) mais aussi parfois l'instrumentiste (spécialement l'organiste) professionnel, responsable de la liturgie musicale et donc des interprètes (presque tous vocaux, professionnels également) attachés au service d'une [[église cathédrale]], d'une [[église collégiale]], d'un collège, ou par exemple, d'un des ''[[Hospice musicien|Ospedale]]'' à Venise, d'un des [[Conservatoire San Pietro a Majella de Naples|conservatoires]] de Naples, de la [[Conservatoire Sainte-Cécile|Congregazione de' musici di Roma]], ou encore d'un prince ou d'un monarque partout en Europe, etc. Cette position impliquait non seulement l'encadrement de la douzaine de chantres-choristes et des instrumentistes (tous appelés « [[Ordinaire|Ordinaires]] », en France), mais aussi la formation des [[enfant de chœur|enfants de chœur]] (enfants chantant la partie aiguë dans le chœur, souvent au nombre de six ou huit, ou parfois dix ou même douze).
Spécialement à l'époque des royautés en [[Europe]], le terme de maître de musique (et tardivement de maître de chapelle), ou de ''Kapellmeister'' (en allemand), désignait le [[chantre (christianisme)|chantre]] maître de musique ([[chef de chœur]], ou ''[[Cantor]]'' dans les pays allemands) mais aussi parfois l'instrumentiste (spécialement l'organiste) professionnel, responsable de la liturgie musicale et donc des interprètes (presque tous vocaux, professionnels également) attachés au service d'une [[église cathédrale]], d'une [[église collégiale]], d'un collège, ou par exemple, d'un des ''[[Hospice musicien|Ospedale]]'' à Venise, d'un des [[Conservatoire San Pietro a Majella de Naples|conservatoires]] de Naples, de la [[Conservatoire Sainte-Cécile|Congregazione de' musici di Roma]], ou encore d'un prince ou d'un monarque partout en Europe, etc. Cette position impliquait non seulement l'encadrement de la douzaine de chantres-choristes et des instrumentistes (tous appelés « [[Ordinaire|Ordinaires]] », en France), mais aussi la formation des [[enfant de chœur|enfants de chœur]] (enfants chantant la partie aiguë dans le chœur, souvent au nombre de six ou huit, ou parfois dix ou même douze).


L'origine de cette fonction était très ancienne et ces maîtres de musique ont été innombrables. Citons seulement quelques exemples de maîtres réputés, parmi bien d'autres :
L'origine de cette fonction était très ancienne et ces maîtres de musique ont été innombrables. Citons seulement quelques exemples de maîtres réputés, parmi bien d'autres :
* des {{s2|XII|XIII|}}, on a conservé, par exemple, les noms et plusieurs partitions de [[Léonin]] et [[Pérotin]], l'un et l'autre ''{{lang|la|magister musicæ}}'' (« maître de la musique ») de la [[cathédrale]] [[École de Notre-Dame de Paris (musique)|Notre-Dame, à Paris]] ;
* des {{s2|XII|XIII|}}, on a conservé, par exemple, les noms et plusieurs partitions de [[Léonin]] et [[Pérotin]], l'un et l'autre ''{{lang|la|magister musicæ}}'' (« maître de la musique ») de la [[cathédrale]] [[École de Notre-Dame de Paris (musique)|Notre-Dame, à Paris]] ;


* au {{s-|XIV|e}}, [[Guillaume de Machaut]], écrivain, poète, maître de musique, compositeur et chanoine de la [[cathédrale Notre-Dame de Reims]], a composé la première [[messe (musique)|messe]] mise intégralement en [[polyphonie]] ;
* au {{s-|XIV|e}}, [[Guillaume de Machaut]], écrivain, poète, maître de musique, compositeur et chanoine de la [[cathédrale Notre-Dame de Reims]], a composé la première [[messe (musique)|messe]] mise intégralement en [[polyphonie]] ;


* au {{s-|XV|e}}, [[Guillaume Dufay|Guillaume Dufaÿ]] (v. [[1400]]-[[1474]]) exerça à la cour de [[Savoie]] ([[1425]]-[[1428]], [[1437]]-[[1444]]), puis à la [[cathédrale de Cambrai]] (à partir de [[1445]] environ). Au {{s-|XV|e}} toujours, [[Johannes Ockeghem]] a été le maître de chapelle de trois rois, [[Charles VII de France|Charles VII]], [[Louis XI]] et [[Charles VIII de France|Charles VIII]], à la [[Cour de France|cour]] de [[Tours]] au {{s|XV|e}}<ref>{{lien web |auteur=Philippe Vendrix |titre=Johannes Ockeghem |url=http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00008960 |format=livre |site=ouvertes.fr |éditeur=Klincksieck |date=1998 |consulté le=10-08-2020 |page=880 p.}}.</ref>.
* au {{s-|XV|e}}, [[Guillaume Dufay]] (v. [[1400]]-[[1474]]) exerça à la cour de [[Savoie]] ([[1425]]-[[1428]], [[1437]]-[[1444]]), puis à la [[cathédrale de Cambrai]] (à partir de [[1445]] environ). Au {{s-|XV|e}} toujours, [[Johannes Ockeghem]] a été le maître de chapelle de trois rois, [[Charles VII de France|Charles VII]], [[Louis XI]] et [[Charles VIII de France|Charles VIII]], à la [[Cour de France|cour]] de [[Tours]] au {{s|XV|e}}<ref>{{lien web |auteur=Philippe Vendrix |titre=Johannes Ockeghem |url=http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00008960 |format=livre |site=ouvertes.fr |éditeur=Klincksieck |date=1998 |consulté le=10-08-2020 |page=880 p.}}.</ref>.

* Au début du {{s-|XVII}}, [[Claudio Monteverdi]] a terminé sa carrière en tant que maître de chapelle de la [[basilique Saint-Marc de Venise]] après avoir exercé des fonctions voisines à la cour de [[Mantoue]].


* de même, [[Johann Sebastian Bach|Jean-Sébastien Bach]] a travaillé de 1717 à 1723 comme ''Kapellmeister'' à la cour du prince [[Léopold d'Anhalt-Köthen]], avant d'exercer les mêmes fonctions à l'[[église Saint-Thomas de Leipzig|église Saint-Thomas]] de [[Leipzig]], jusqu'à sa mort en 1750. [[Joseph Haydn]] a travaillé de nombreuses années comme ''Kapellmeister'' pour la [[famille Esterházy]], une famille hongroise de haute noblesse, au rôle éminent au sein du [[Saint Empire romain germanique]]. [[Georg Friedrich Haendel]] a servi également comme maître de chapelle pour Georg, [[Prince-Électeur]] de [[Hanovre]] (avant de le suivre à Londres, quand celui-ci devint le roi [[George Ier de Grande-Bretagne|George {{Ier}} de Grande-Bretagne]]).
* de même, [[Johann Sebastian Bach|Jean-Sébastien Bach]] a travaillé de 1717 à 1723 comme ''Kapellmeister'' à la cour du prince [[Léopold d'Anhalt-Köthen]], avant d'exercer les mêmes fonctions à l'[[église Saint-Thomas de Leipzig|église Saint-Thomas]] de [[Leipzig]], jusqu'à sa mort en 1750. [[Joseph Haydn]] a travaillé de nombreuses années comme ''Kapellmeister'' pour la [[famille Esterházy]], une famille hongroise de haute noblesse, au rôle éminent au sein du [[Saint Empire romain germanique]]. [[Georg Friedrich Haendel]] a servi également comme maître de chapelle pour Georg, [[Prince-Électeur]] de [[Hanovre]] (avant de le suivre à Londres, quand celui-ci devint le roi [[George Ier de Grande-Bretagne|George {{Ier}} de Grande-Bretagne]]).
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Beaucoup d'entre eux (de même que leurs choristes et instrumentistes) exerçaient leurs talents, de différentes manières, à l'extérieur, souvent en accord avec leur hiérarchie. C'est ainsi qu'ils étaient ordinairement les pivots de la vie musicale dans une ville, en tant que professeurs et en tant qu'interprètes.
Beaucoup d'entre eux (de même que leurs choristes et instrumentistes) exerçaient leurs talents, de différentes manières, à l'extérieur, souvent en accord avec leur hiérarchie. C'est ainsi qu'ils étaient ordinairement les pivots de la vie musicale dans une ville, en tant que professeurs et en tant qu'interprètes.


[[W. A. Mozart]] fut également maître de chapelle, à [[Salzbourg]] auprès de l'[[archevêque]] [[Hieronymus von Colloredo-Mannsfeld|Colloredo]], pendant quelques années seulement. Vivant à l'époque des [[Lumières (philosophie)|Lumières]] et de la [[Révolution de 1789]], il fut un des premiers à tenter la voie difficile de musicien indépendant.
[[Wolfgang Amadeus Mozart]] fut également maître de chapelle, à [[Salzbourg]] auprès de l'[[archevêque]] [[Hieronymus von Colloredo-Mannsfeld|Colloredo]], pendant quelques années seulement. Vivant à l'époque des [[Lumières (philosophie)|Lumières]] et de la [[Révolution de 1789]], il fut un des premiers à tenter la voie difficile de musicien indépendant.


[[Carl Georg Reutter|Georg Reutter]] était maître de chapelle à la [[cathédrale Saint-Étienne de Vienne]]. Il est resté très peu connu mais il a eu parmi ses élèves, apprentis [[chantre (christianisme)|chantres]] et [[Chœur (musique)|choristes]], les futurs compositeurs [[Joseph Haydn|Joseph]] et [[Michael Haydn|Michael]] Haydn. C'est donc lui qui les a formés lorsqu'ils étaient enfants et adolescents. Pour les musiciens de cette époque, devenir ''Kapellmeister'' était une marque d'une réussite professionnelle et sociale, et plus encore si l'employeur était prestigieux. En l'occurrence, Joseph Haydn fit un jour la remarque que son père – modeste [[Charron (métier)|charron]] – avait vécu assez longtemps pour voir son fils arriver jusqu'à cette fonction.
[[Carl Georg Reutter|Georg Reutter]] était maître de chapelle à la [[cathédrale Saint-Étienne de Vienne]]. Il est resté très peu connu mais il a eu parmi ses élèves, apprentis [[chantre (christianisme)|chantres]] (ou [[Chœur (musique)|choristes]]), les futurs compositeurs [[Joseph Haydn|Joseph]] et [[Michael Haydn|Michael]] Haydn. C'est donc lui qui les a formés lorsqu'ils étaient enfants et adolescents. Pour les musiciens de cette époque, devenir ''Kapellmeister'' était une marque d'une réussite professionnelle et sociale, et plus encore si l'employeur était prestigieux. En l'occurrence, Joseph Haydn fit un jour la remarque que son père – modeste [[Charron (métier)|charron]] – avait vécu assez longtemps pour voir son fils arriver jusqu'à cette fonction.


Au fur et à mesure que la société a évolué vers une laïcisation, en même temps que la bourgeoisie se développait et que le prestige de la noblesse a diminué, les compositeurs souhaitèrent devenir plus indépendants, et obtenir un poste de maître de chapelle devint moins prestigieux. Ainsi [[Ludwig van Beethoven|Beethoven]] n'a jamais travaillé comme ''Kapellmeister'', poursuivant plutôt une carrière de musicien indépendant, suivant là les traces de [[Mozart]]. Néanmoins le métier ou la fonction de maître de chapelle existe toujours, en France et ailleurs.
Au fur et à mesure que la société a évolué vers une laïcisation, en même temps que la bourgeoisie se développait et que le prestige de la noblesse a diminué, les compositeurs souhaitèrent devenir plus indépendants, et obtenir un poste de maître de chapelle devint moins prestigieux. Ainsi [[Ludwig van Beethoven|Beethoven]] n'a jamais travaillé comme ''Kapellmeister'', poursuivant plutôt une carrière de musicien indépendant, suivant là les traces de [[Mozart]]. Néanmoins le métier ou la fonction de maître de chapelle existe toujours, en France et ailleurs.


== Le cas de Mozart ==
== Le cas de Mozart ==
À proprement parler, [[Wolfgang Amadeus Mozart|Mozart]] n'a jamais été ''Kapellmeister''. En [[1787]], à la cour de l'empereur [[Joseph II (empereur du Saint-Empire)|Joseph II]], il avait un poste rémunéré de ''Kammercompositeur'' (ou ''Kammerkomponist'' : « Compositeur de la chambre », pour établir la différence avec la fonction correspondante à l'église). Mais l'autorité dans le domaine musical était principalement exercée par [[Antonio Salieri]]. Quoi qu'il en soit, dans les revues, les journaux et les annonces de concerts Mozart était souvent désigné par le terme « (Herr) (Monsieur) le Kapellmeister Mozart ». Il semble que le prestige de Mozart, ainsi que le fait qu'il apparaissait fréquemment en public pour diriger d'autres musiciens, aient conduit à l'usage du terme ''Kapellmeister'' pour exprimer un certain respect à son égard. C'est du reste toujours l'usage dans les pays germaniques. Cette désignation, habituelle, est une extension de l'usage d'origine (voir aussi les orchestres d'Etat (''alias'' nationaux) appelés ''Staatskapelle'', à Berlin et à Dresde).
À proprement parler, [[Wolfgang Amadeus Mozart|Mozart]] n'a jamais été ''Kapellmeister''. En [[1787]], à la cour de l'empereur [[Joseph II (empereur du Saint-Empire)|Joseph II]], il avait un poste rémunéré de ''Kammercompositeur'' (ou ''Kammerkomponist'' : « Compositeur de la chambre », pour établir la différence avec la fonction correspondante à l'église). L'autorité dans le domaine musical était principalement exercée par [[Antonio Salieri]]. Toutefois, dans les revues, les journaux et les annonces de concerts, Mozart était souvent désigné par le terme « Herr Kapellmeister Mozart ». Il semble que le prestige de Mozart, ainsi que le fait qu'il apparaissait fréquemment en public pour diriger d'autres musiciens, aient conduit à l'usage du terme ''Kapellmeister'' pour exprimer un certain respect à son égard. C'est du reste toujours l'usage dans les pays germaniques. Cette désignation, habituelle, est une extension de l'usage d'origine (voir aussi les orchestres d'État (''alias'' nationaux) appelés ''Staatskapelle'', à Berlin et à Dresde).


En avril [[1791]], Mozart postula pour devenir ''Kapellmeister'' de la [[cathédrale Saint-Étienne de Vienne]]. Sa candidature fut retenue par le conseil municipal pour succéder au titulaire, [[Leopold Hofmann]], après la mort de ce dernier. Cependant, cela n'advint jamais, car Mozart mourra en {{date-|décembre 1791}}, avant Hofmann (mort en 1793).
En avril [[1791]], Mozart postula pour devenir ''Kapellmeister'' de la [[cathédrale Saint-Étienne de Vienne]]. Sa candidature fut retenue par le conseil municipal pour succéder au titulaire, [[Leopold Hofmann]], après la mort de ce dernier. Cela n'advint jamais, car Mozart mourut en {{date-|décembre 1791}}, avant Hofmann (mort en 1793).


== Quelques maîtres de chapelle ==
== Quelques maîtres de chapelle ==
=== Allemagne (''id.''), avant 1870 ===
=== Allemagne ===
==== À la cour de Dresde ====
==== Cour de Dresde ====
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* [[Johann Walther (Blanckenmüller)|Johann Walther]], de [[1548 en musique classique|1548]] à [[1554 en musique classique|1554]].
* [[Johann Walther (Blanckenmüller)|Johann Walther]], de [[1548 en musique classique|1548]] à [[1554 en musique classique|1554]].
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==== Autres villes ====
==== Autres villes ====
Classé par date de naissances.
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* [[Michael Praetorius]] ([[1571]]–[[1621]]), à [[Wolfenbüttel]] à partir de [[1604 en musique classique|1604]].
* [[Michael Praetorius]] ([[1571]]–[[1621]]), à [[Wolfenbüttel]] à partir de [[1604 en musique classique|1604]].
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* [[Johann Friedrich Fasch]] ([[1688]]–[[1758]]), à [[Zerbst]] à partir de [[1722 en musique classique|1722]].
* [[Johann Friedrich Fasch]] ([[1688]]–[[1758]]), à [[Zerbst]] à partir de [[1722 en musique classique|1722]].
* [[Carlo Grua]] (vers [[1700]]-[[1773]]), à la cour de [[Mannheim]] sous l'[[Prince-Électeur|Électorat]] de Karl III Philip.
* [[Carlo Grua]] (vers [[1700]]-[[1773]]), à la cour de [[Mannheim]] sous l'[[Prince-Électeur|Électorat]] de Karl III Philip.
* '[[Carl Heinrich Graun]] ([[1704]]-[[1759]]), à partir de [[1740]] pour [[Frédéric II de Prusse]] (Frédéric le Grand).
* [[Carl Heinrich Graun]] ([[1704]]-[[1759]]), à partir de [[1740]] pour [[Frédéric II de Prusse]] (Frédéric le Grand).
* [[Giuseppe Bonno]] ([[1711]]–[[1788]]), auprès du Prince de [[Saxe-Hildburghausen]] dans les années [[1750 en musique classique|1750]] et [[1760 en musique classique|1760]].
* [[Giuseppe Bonno]] ([[1711]]–[[1788]]), auprès du Prince de [[Saxe-Hildburghausen]] dans les années [[1750 en musique classique|1750]] et [[1760 en musique classique|1760]].
* Ludwig van Beethoven (Lodewijk) ([[1712]]-[[1773]]), grand-père de [[Ludwig van Beethoven]], à la [[Prince-Électeur|cour électorale]] de [[Bonn]].
* Ludwig van Beethoven (Lodewijk) ([[1712]]-[[1773]]), grand-père de [[Ludwig van Beethoven]], à la [[Prince-Électeur|cour électorale]] de [[Bonn]].
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=== Autriche-Hongrie ===
=== Autriche-Hongrie ===
==== À Vienne ====
==== Vienne ====
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* Maîtres de chapelle à la [[Empire d'Autriche|cour impériale d'Autriche]] :
* Maîtres de chapelle à la [[Empire d'Autriche|cour impériale d'Autriche]] :
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** [[Johann Heinrich Schmelzer]], de [[1679]] à [[1680]] ;
** [[Johann Heinrich Schmelzer]], de [[1679]] à [[1680]] ;
** [[Marc'Antonio Ziani]], de [[1712]] à [[1715]] ;
** [[Marc'Antonio Ziani]], de [[1712]] à [[1715]] ;
** [[Johann Fux]]''', de [[1715]] à [[1741]] ; Vice-maître de chapelle : '''[[Antonio Caldara]]''' de [[1716]] à [[1736]] ;
** [[Johann Fux]], de [[1715]] à [[1741]] ; Vice-maître de chapelle : [[Antonio Caldara]] de [[1716]] à [[1736]] ;
** [[Christoph Willibald Gluck]], en [[1754]] ;
** [[Christoph Willibald Gluck]], en [[1754]] ;
** [[Florian Leopold Gassmann]], de [[1772]] à [[1774]] ;
** [[Florian Leopold Gassmann]], de [[1772]] à [[1774]] ;
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==== Au Palais Esterházy ====
==== Palais Esterházy ====
* [[Joseph Haydn]] ([[1732]]-[[1809]]), Vice-''Kapellmeister'' entre [[1761]] et [[1766]], puis ''Kapellmeister'' de la [[famille Esterházy]], une noble famille hongroise du [[Saint Empire romain germanique]], jusqu'en [[1804]].
* [[Joseph Haydn]] ([[1732]]-[[1809]]), Vice-''Kapellmeister'' entre [[1761]] et [[1766]], puis ''Kapellmeister'' de la [[famille Esterházy]], une noble famille hongroise du [[Saint Empire romain germanique]], jusqu'en [[1804]].
* [[Johann Nepomuk Hummel]] ([[1778]]–[[1837]]), de [[1804]] à [[1811]].
* [[Johann Nepomuk Hummel]] ([[1778]]–[[1837]]), de [[1804]] à [[1811]].


==== À Innsbruck ====
==== Innsbruck ====
* [[Jacob Regnart]] ([[1540]]–[[1599]]), de [[1585]] à [[1596]].
* [[Jacob Regnart]] ([[1540]]–[[1599]]), de [[1585]] à [[1596]].
* [[Antonio Cesti]] ([[1623]]–[[1669]]), en [[1652]].
* [[Antonio Cesti]] ([[1623]]–[[1669]]), en [[1652]].


==== À Salzbourg ====
==== Salzbourg ====
* [[Heinrich Ignaz Franz Biber]] ([[1644]]–[[1704]]), à [[Salzbourg]] à partir de [[1684]].
* [[Heinrich Ignaz Franz Biber]] ([[1644]]–[[1704]]), à [[Salzbourg]] à partir de [[1684]].
* [[Michael Haydn]] ([[1737]]–[[1806]]), à [[Salzbourg]] à partir de [[1762]]. Il avait occupé ce poste à [[Oradea|Grosswardein]] auparavant).
* [[Michael Haydn]] ([[1737]]–[[1806]]), à [[Salzbourg]] à partir de [[1762]]. Il avait occupé ce poste à [[Oradea|Grosswardein]] auparavant).


=== En Belgique ===
=== Belgique ===
* [[Eugène Ysaÿe]] (1858-1931), nommé ''Maître de Chapelle de la Cour de Belgique'' par le roi [[Albert Ier (roi des Belges)|Albert Ier]] à partir de 1912<ref>{{Lien web|url=https://concoursreineelisabeth.be/Concours3/documents/75ansdemusiquepartageeFR47561.pdf|titre=Concours Reine-Élisabeth, 75 ans de musique partagée|auteur=Michel Stockhem|année= 2012|éditeur=Concours Reine Élisabeth|site=https://concoursreineelisabeth.be|consulté le= 7 novembre 2021}}</ref>.
* [[Eugène Ysaÿe]] (1858-1931), nommé ''Maître de Chapelle de la Cour de Belgique'' par le roi [[Albert Ier (roi des Belges)|Albert {{Ier}}]] à partir de 1912<ref>{{Lien web|url=https://concoursreineelisabeth.be/Concours3/documents/75ansdemusiquepartageeFR47561.pdf|titre=Concours Reine-Élisabeth, 75 ans de musique partagée|auteur=Michel Stockhem|année= 2012|éditeur=Concours Reine Élisabeth|site=concoursreineelisabeth.be|consulté le= 7 novembre 2021}}.</ref>.
* '''[[Joseph François Snel]]''' (1793-1861), maître de chapelle en la collégiale [[Sainte-Gudule ]] de [[Bruxelles]].
* [[Joseph François Snel]] (1793-1861), maître de chapelle en la collégiale [[Sainte-Gudule ]] de [[Bruxelles]].
* '''[[François Marivoet]]''' (1863-1943), maître de chapelle de la collégiale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles.
* [[François Marivoet]] (1863-1943), maître de chapelle de la collégiale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles.


=== Espagne ===
=== Espagne ===
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=== En Italie ===
=== Italie ===
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* [[Claudio Monteverdi]] ([[1567]]-[[1643]]), à la [[Basilique Saint-Marc]] de [[Venise]].
* [[Claudio Monteverdi]] ([[1567]]-[[1643]]), à la [[Basilique Saint-Marc]] de [[Venise]].
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=== En Russie ===
=== Russie ===
* [[Giovanni Paisiello]]' ([[1740]]-[[1816]]), de [[1776]] à [[1785]], maître de chapelle à la cour impériale de Russie.
* [[Giovanni Paisiello]] ([[1740]]-[[1816]]), de [[1776]] à [[1785]], maître de chapelle à la cour impériale de Russie.


=== En Suède ===
=== Suède ===
* [[Joseph Martin Kraus]] (1756-1792), ''Ordinarie Capellmästere'' à la cour du roi Gustav III de Suède à Stockholm.
* [[Joseph Martin Kraus]] (1756-1792), ''Ordinarie Capellmästere'' à la cour du roi Gustav III de Suède à Stockholm.


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== Annexes ==
== Annexes ==
=== Bibliographie ===
{{Autres projets
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}}

=== Bibliographie (sélection) ===
* Biographie consacrée à Mozart, par [[Otto Erich Deutsch]] (1965).
* Biographie consacrée à Mozart, par [[Otto Erich Deutsch]] (1965).
* Alain Gout, ''Histoire des maîtrises en Occident'', Paris, Éditions universitaires, 1987, 183 p.
* Alain Gout, ''Histoire des maîtrises en Occident'', Paris, Éditions universitaires, 1987, 183 p.
* Bernard Dompnier (Sous la direction de), ''Maîtrises & Chapelles aux {{s2-|XVII|XVIII|}}. Des institutions musicales au service de Dieu'', [[Clermont-Ferrand]], [[Université Clermont-Ferrand II|Presses universitaires Blaise-Pascal]], 2003, 568 p. (Collection « Histoires croisées » publiée par le Centre d'Histoire "Espaces et Cultures", Clermont-Ferrand).
* Bernard Dompnier (Sous la direction de), ''Maîtrises & Chapelles aux {{s2-|XVII|XVIII|}}. Des institutions musicales au service de Dieu'', [[Clermont-Ferrand]], [[Université Clermont-Ferrand II|Presses universitaires Blaise-Pascal]], 2003, 568 p. (Collection « Histoires croisées » publiée par le Centre d'Histoire "Espaces et Cultures", Clermont-Ferrand).
* Bernard Dompnier (dir.), ''Les Bas Chœurs d'Auvergne et du Velay. Le métier de musicien d'Église aux XVIIe et XVIIIe siècles'', Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2010, 406 p. (Collection « Etudes sur le Massif central »).
* Bernard Dompnier (dir.), ''Les Bas Chœurs d'Auvergne et du Velay. Le métier de musicien d'Église aux {{s2-|XVII|XVIII}}'', Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2010, 406 p. (Collection « Études sur le Massif central »).
* [[Patrick Demouy]], Jean-François Goudesenne, Jean-Luc Gester, ''La maîtrise de la cathédrale de Reims : Des origines à Henri Hardouin - {{sp-|XIII|–|XVIII|s}}'', Catalogue de l’exposition « Cathédrale » de la médiathèque de Reims, 2003, Coll. Musiques et Patrimoines, Paris, 2003, 104 p.
* [[Patrick Demouy]], Jean-François Goudesenne, Jean-Luc Gester, ''La maîtrise de la cathédrale de Reims : Des origines à Henri Hardouin - {{sp-|XIII|–|XVIII|s}}'', Catalogue de l’exposition « Cathédrale » de la médiathèque de Reims, 2003, Coll. Musiques et Patrimoines, Paris, 2003, 104 p.
* Luc Chanteloup, Philippe Lenoble, etc. (Denis Lavy et François Noblat-Billaud, Jean-Marie Poirier, Marie-José Chasseguet, Sylvie Granger, Bernard Girard, Eric Marras. Résumés allemand et anglais par Gereon Fritz et Dorothy Pochon), ''La musique à la cathédrale du Mans du Moyen Âge au {{s|XXI|e}}'', Le Mans, Psallette Éditions, 2007, 2 vol. (510 p.).
* Luc Chanteloup, Philippe Lenoble, etc. (Denis Lavy et François Noblat-Billaud, Jean-Marie Poirier, Marie-José Chasseguet, Sylvie Granger, Bernard Girard, Eric Marras. Résumés allemand et anglais par Gereon Fritz et Dorothy Pochon), ''La musique à la cathédrale du Mans du Moyen Âge au {{s|XXI|e}}'', Le Mans, Psallette Éditions, 2007, 2 vol. (510 p.).
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* [http://www.musimem.com/maitre-de-chapelle.htm Musimem]
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* [http://philidor.cmbv.fr/musefrem Base de données MUSEFREM, Musiciens d'Église en France à l'époque moderne]
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Un maître de chapelle, appelé à l'origine maître de musique, ou (dans les pays allemands) Kapellmeister (IPA: en allemand : [kaˈpɛl.ˌmaɪstɐ]), ou encore maestro di cappella (en Italie) ou maestro de capilla (en Espagne), est une personne chargée, dans un cadre religieux chrétien, d'enseigner et de faire chanter (et secondairement jouer) la musique (avant tout liturgique), et de composer des partitions polyphoniques (essentiellement des motets et des messes) au sein de la « chapelle musicale » d'une église[1].

Ces ensembles, avant tout vocaux étaient (ou sont) souvent soutenus par quelques instruments, mais ont pu aussi être accompagnés par un ensemble instrumental ou un orchestre. Ils ont été au centre (et en tout cas très largement à l'origine) de l'activité musicale en l'Europe occidentale (catholique et protestante) et dans les Amériques, depuis le Moyen Âge jusqu'aux XVIIIe ou XIXe siècles. La fonction de maître de chapelle perdure aujourd'hui, en France, en Europe et aux Amériques. Le sens de ce mot a pu évoluer au fil des époques, du fait de l'évolution de la profession, liée à celles de la société et de la musique elle-même.

Par extension, dans les pays de langue allemande, le mot désigne aussi le chef d'orchestre (Kapelle, détaché de son origine religieuse, signifie alors « orchestre » ou « ensemble instrumental »[2]). Dans le film La Grande Vadrouille, Louis de Funès, qui joue le rôle de chef d'orchestre de l'Opéra de Paris est appelé : « Herr Kapellmeister » par le major Achbach, officier allemand.

Usage historique[modifier | modifier le code]

Maître de chapelle dans son atelier.

Spécialement à l'époque des royautés en Europe, le terme de maître de musique (et tardivement de maître de chapelle), ou de Kapellmeister (en allemand), désignait le chantre maître de musique (chef de chœur, ou Cantor dans les pays allemands) mais aussi parfois l'instrumentiste (spécialement l'organiste) professionnel, responsable de la liturgie musicale et donc des interprètes (presque tous vocaux, professionnels également) attachés au service d'une église cathédrale, d'une église collégiale, d'un collège, ou par exemple, d'un des Ospedale à Venise, d'un des conservatoires de Naples, de la Congregazione de' musici di Roma, ou encore d'un prince ou d'un monarque partout en Europe, etc. Cette position impliquait non seulement l'encadrement de la douzaine de chantres-choristes et des instrumentistes (tous appelés « Ordinaires », en France), mais aussi la formation des enfants de chœur (enfants chantant la partie aiguë dans le chœur, souvent au nombre de six ou huit, ou parfois dix ou même douze).

L'origine de cette fonction était très ancienne et ces maîtres de musique ont été innombrables. Citons seulement quelques exemples de maîtres réputés, parmi bien d'autres :

Beaucoup d'entre eux (de même que leurs choristes et instrumentistes) exerçaient leurs talents, de différentes manières, à l'extérieur, souvent en accord avec leur hiérarchie. C'est ainsi qu'ils étaient ordinairement les pivots de la vie musicale dans une ville, en tant que professeurs et en tant qu'interprètes.

Wolfgang Amadeus Mozart fut également maître de chapelle, à Salzbourg auprès de l'archevêque Colloredo, pendant quelques années seulement. Vivant à l'époque des Lumières et de la Révolution de 1789, il fut un des premiers à tenter la voie difficile de musicien indépendant.

Georg Reutter était maître de chapelle à la cathédrale Saint-Étienne de Vienne. Il est resté très peu connu mais il a eu parmi ses élèves, apprentis chantres (ou choristes), les futurs compositeurs Joseph et Michael Haydn. C'est donc lui qui les a formés lorsqu'ils étaient enfants et adolescents. Pour les musiciens de cette époque, devenir Kapellmeister était une marque d'une réussite professionnelle et sociale, et plus encore si l'employeur était prestigieux. En l'occurrence, Joseph Haydn fit un jour la remarque que son père – modeste charron – avait vécu assez longtemps pour voir son fils arriver jusqu'à cette fonction.

Au fur et à mesure que la société a évolué vers une laïcisation, en même temps que la bourgeoisie se développait et que le prestige de la noblesse a diminué, les compositeurs souhaitèrent devenir plus indépendants, et obtenir un poste de maître de chapelle devint moins prestigieux. Ainsi Beethoven n'a jamais travaillé comme Kapellmeister, poursuivant plutôt une carrière de musicien indépendant, suivant là les traces de Mozart. Néanmoins le métier ou la fonction de maître de chapelle existe toujours, en France et ailleurs.

Le cas de Mozart[modifier | modifier le code]

À proprement parler, Mozart n'a jamais été Kapellmeister. En 1787, à la cour de l'empereur Joseph II, il avait un poste rémunéré de Kammercompositeur (ou Kammerkomponist : « Compositeur de la chambre », pour établir la différence avec la fonction correspondante à l'église). L'autorité dans le domaine musical était principalement exercée par Antonio Salieri. Toutefois, dans les revues, les journaux et les annonces de concerts, Mozart était souvent désigné par le terme « Herr Kapellmeister Mozart ». Il semble que le prestige de Mozart, ainsi que le fait qu'il apparaissait fréquemment en public pour diriger d'autres musiciens, aient conduit à l'usage du terme Kapellmeister pour exprimer un certain respect à son égard. C'est du reste toujours l'usage dans les pays germaniques. Cette désignation, habituelle, est une extension de l'usage d'origine (voir aussi les orchestres d'État (alias nationaux) appelés Staatskapelle, à Berlin et à Dresde).

En avril 1791, Mozart postula pour devenir Kapellmeister de la cathédrale Saint-Étienne de Vienne. Sa candidature fut retenue par le conseil municipal pour succéder au titulaire, Leopold Hofmann, après la mort de ce dernier. Cela n'advint jamais, car Mozart mourut en , avant Hofmann (mort en 1793).

Quelques maîtres de chapelle[modifier | modifier le code]

Allemagne[modifier | modifier le code]

Cour de Dresde[modifier | modifier le code]

Autres villes[modifier | modifier le code]

Autriche-Hongrie[modifier | modifier le code]

Vienne[modifier | modifier le code]

Palais Esterházy[modifier | modifier le code]

Innsbruck[modifier | modifier le code]

Salzbourg[modifier | modifier le code]

Belgique[modifier | modifier le code]

Espagne[modifier | modifier le code]

France[modifier | modifier le code]

Italie[modifier | modifier le code]

Russie[modifier | modifier le code]

Suède[modifier | modifier le code]

  • Joseph Martin Kraus (1756-1792), Ordinarie Capellmästere à la cour du roi Gustav III de Suède à Stockholm.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Et aussi d'un établissement d'enseignement, comme les collèges de Jésuites, à partir du XVIIe siècle.
  2. Voir, par exemple, la Staatskapelle Berlin, la Staatskapelle Dresden (orchestre d'état de Berlin ou de Dresde), et toutes les autres Musikkapelle (de) au répertoire plus populaire ou traditionnel, comme les Trachtenkapelle (musiques d'harmonie traditionnelles, en costume, qu'on peut rencontrer dans les carnavals).
  3. Philippe Vendrix, « Johannes Ockeghem » [livre], sur ouvertes.fr, Klincksieck, (consulté le ), p. 880 p..
  4. Michel Stockhem, « Concours Reine-Élisabeth, 75 ans de musique partagée », sur concoursreineelisabeth.be, Concours Reine Élisabeth, (consulté le ).
  5. Le maître était un ecclésiastique sans fonction musicale.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Biographie consacrée à Mozart, par Otto Erich Deutsch (1965).
  • Alain Gout, Histoire des maîtrises en Occident, Paris, Éditions universitaires, 1987, 183 p.
  • Bernard Dompnier (Sous la direction de), Maîtrises & Chapelles aux XVIIe et XVIIIe siècles. Des institutions musicales au service de Dieu, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2003, 568 p. (Collection « Histoires croisées » publiée par le Centre d'Histoire "Espaces et Cultures", Clermont-Ferrand).
  • Bernard Dompnier (dir.), Les Bas Chœurs d'Auvergne et du Velay. Le métier de musicien d'Église aux XVIIe et XVIIIe siècles, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2010, 406 p. (Collection « Études sur le Massif central »).
  • Patrick Demouy, Jean-François Goudesenne, Jean-Luc Gester, La maîtrise de la cathédrale de Reims : Des origines à Henri Hardouin - XIIIeXVIIIe siècles, Catalogue de l’exposition « Cathédrale » de la médiathèque de Reims, 2003, Coll. Musiques et Patrimoines, Paris, 2003, 104 p.
  • Luc Chanteloup, Philippe Lenoble, etc. (Denis Lavy et François Noblat-Billaud, Jean-Marie Poirier, Marie-José Chasseguet, Sylvie Granger, Bernard Girard, Eric Marras. Résumés allemand et anglais par Gereon Fritz et Dorothy Pochon), La musique à la cathédrale du Mans du Moyen Âge au XXIe siècle, Le Mans, Psallette Éditions, 2007, 2 vol. (510 p.).
  • Ernest Closson & Charles Van den Borren (Sous la direction de) La Musique en Belgique, A la Renaissance du Livre, Bruxelles, 1950.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Musikkapelle (de)

Liens externes[modifier | modifier le code]