« Inconnue d'Isdal » : différence entre les versions

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L''''Inconnue d'Isdal''' (en [[norvégien]] : {{Lang|no|Isdalskvinnen}}), est une affaire policière norvégienne non élucidée concernant le cadavre d'une jeune femme non identifiée, retrouvée morte en 1970 dans la vallée de l'Isdalen près de [[Bergen (Norvège)|Bergen]] en [[Norvège]].
L''''Inconnue d'Isdal''' (en [[norvégien]] : {{Lang|no|Isdalskvinnen}}), est une affaire policière norvégienne non élucidée concernant le cadavre d'une jeune femme non identifiée, retrouvée morte en 1970 dans la vallée de l'Isdalen près de [[Bergen (Norvège)|Bergen]] en [[Norvège]].


Le rapport officiel conclut à un suicide mais cette conclusion reste très controversée. L'affaire a été décrite comme l'un des plus profonds mystères de la Norvège, où son souvenir reste encore vivace de nos jours. Une tentative de résolution de l’énigme est relancée en {{date-|décembre 2016}} par un journal norvégien et à l'aide de techniques modernes. D'après leurs conclusions, l'espionnage militaire semble au cœur de l'affaire<ref name=peng/>{{,}}<ref name=nrk201810>{{lien web|langue=no|url=https://www.nrk.no/dokumentar/xl/fikk-pistol-av-politiet-da-han-varslet-om-isdalskvinnen-1.14055387|titre=Varslet om mulig spion – fikk pistol av politiet|site= NRK|auteur= Øyvind Bye Skille|année=2018 |consulté le= 28 août 2018|format=}}</ref>. L’inconnue pourrait être d'origine allemande, française ou belge<ref name=n2/>.
Le rapport officiel conclut à un suicide mais cette conclusion reste très controversée. L'affaire a été décrite comme l'un des plus profonds mystères de la Norvège, où son souvenir reste encore vivace de nos jours. Une tentative de résolution de l’énigme est relancée en {{date-|décembre 2016}} par un journal norvégien et à l'aide de techniques modernes. D'après leurs conclusions, l'espionnage militaire semble au cœur de l'affaire<ref name=peng/>{{,}}<ref name=nrk201810>{{lien web|langue=no|url=https://www.nrk.no/dokumentar/xl/fikk-pistol-av-politiet-da-han-varslet-om-isdalskvinnen-1.14055387|titre=Varslet om mulig spion – fikk pistol av politiet|site= NRK|auteur= Øyvind Bye Skille|année=2018 |consulté le= 28 août 2018|format=}}</ref>. L’inconnue pourrait être d'origine allemande, française ou belge<ref name=n2/>.
Depuis 1995 le crime, s'il y en a eu un, est désormais prescrit par la justice norvégienne.


== Découverte du corps ==
== Découverte du corps ==
Le {{date-|29 novembre 1970}} vers 13 h 15, lors d'une randonnée autour du mont [[Ulriken]], dans une zone connue comme la vallée de l'Isdalen (ou Isdal), un randonneur et ses deux jeunes filles tombent sur les restes partiellement carbonisés d'une femme nue, cachés parmi certains des rochers à faible distance d'un sentier de randonnée. On retrouve sur les lieux des fragments de vêtements, un parapluie, deux bouteilles en plastique fondu sentant le pétrole<ref name=doe/>, une demi-bouteille de « Kloster Liqueur », un couvercle en plastique presque totalement détruit, peut-être pour un passeport, une cuillère en argent, etc. La police remarque que toutes les étiquettes des vêtements de la victime ont été retirées, et que le fond des bouteilles en plastique a été soigneusement gratté<ref name=x>{{lien web|langue=no |url=https://www.nrk.no/dokumentar/xl/the-isdalen-mystery-1.13249066|titre=The Isdalen mystery|site= NRK|auteur= Ståle Hansen |année=2016 |consulté le= 16 janvier 2017|format=}}</ref> de même que le [[monogramme]] de la cuillère<ref name=doe/>.
[[Image:Isdalen.JPG|vignette|left|Vallée de l'Isdalen où le corps a été retrouvé.]]
Le {{date-|29 novembre 1970}} vers 13 h 15, lors d'une randonnée autour du mont [[Ulriken]], dans une zone connue comme la vallée de l'Isdalen (ou Isdal), un randonneur et ses deux jeunes filles tombent sur les restes partiellement carbonisés d'une femme nue, cachés parmi certains des rochers à faible distance d'un sentier de randonnée. On retrouve sur les lieux des fragments de vêtements, un parapluie, deux bouteilles en plastique fondu sentant le pétrole<ref name=doe/>, une demi-bouteille de « Kloster Liqueur », un couvercle en plastique presque totalement détruit, peut-être pour un passeport, une cuillère en argent, etc. La police remarque que toutes les étiquettes des vêtements de la victime ont été retirées, et que le fond des bouteilles en plastique a été soigneusement gratté<ref name=x>{{lien web|langue=no |url=https://www.nrk.no/dokumentar/xl/the-isdalen-mystery-1.13249066|titre=The Isdalen mystery|site= NRK|auteur= Ståle Hansen |année=2016 |consulté le= 16 janvier 2017|format=}}</ref> de même que le [[monogramme]] de la cuillère<ref name=doe/>.


Une enquête pour homicide est immédiatement lancée. Des traces de très nombreuses pilules somnifères (du [[gardénal]]) sont retrouvées dans son tube digestif, ingérées à des moments différents. Leur nombre indique une ingestion volontaire. Les conclusions de l'autopsie sont : {{citation |La mort est probablement due à une association [[barbiturique]] et [[monoxyde de carbone]]. Les brûlures ont pu contribuer au décès}}<ref name=x/>. Un peu de pétrole est retrouvé sous le corps, ce qui indique comment il a pu être brûlé. Son cou portait une [[ecchymose]], peut-être le résultat d'un coup. Ses empreintes digitales sont impossibles à obtenir car la peau a été poncée.
Une enquête pour homicide est immédiatement lancée. Des traces de très nombreuses pilules somnifères (du [[gardénal]]) sont retrouvées dans son tube digestif, ingérées à des moments différents. Leur nombre indique une ingestion volontaire. Les conclusions de l'autopsie sont : {{citation |La mort est probablement due à une association [[barbiturique]] et [[monoxyde de carbone]]. Les brûlures ont pu contribuer au décès}}<ref name=x/>. Un peu de pétrole est retrouvé sous le corps, ce qui indique comment il a pu être brûlé. Son cou portait une [[ecchymose]], peut-être le résultat d'un coup. Ses empreintes digitales sont impossibles à obtenir car la peau a été poncée.
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=== Affaires de la victime ===
=== Affaires de la victime ===
[[Image:Bergen station (171027).jpg|vignette|[[Gare de Bergen|Gare NSB de Bergen]] où sont retrouvées les deux valises appartenant à l'inconnue.]]
[[Image:Bergen station (171027).jpg|vignette|[[Gare de Bergen|Gare NSB de Bergen]] où sont retrouvées les deux valises appartenant à l'inconnue.]]
Trois jours après la découverte du corps, deux valises lui appartenant sont retrouvées dans la [[Gare de Bergen|gare NSB à Bergen]]<ref name=x/>. Dans ses affaires, la police découvre une perruque, plusieurs lunettes de soleil, d'autres cuillères en argent du même type<ref name=doe/>, une ordonnance pour une lotion mais dont la date et le nom du médecin ont été effacés, deux bouteilles de cosmétiques dont les noms ont été grattés<ref name=kodek>{{lien web|langue=no|url=https://www.nrk.no/dokumentar/xl/kodeknekkaren-1.13502051|titre=Kodeknekkaren|site= NRK|auteur= Eirin Aardal|année=2017 |consulté le= 23 mai 2017|format=}}</ref>. 500 [[deutschemark]]s et 130 [[Couronne norvégienne|couronnes norvégiennes]] sont retrouvés dans une doublure de la valise. Quelques fragments d'empreintes digitales ont pu être retrouvés sur une paire de lunettes brisée, correspondant au corps retrouvé<ref name=x/>.
Trois jours après la découverte du corps, deux valises lui appartenant sont retrouvées dans la [[Gare de Bergen|gare NSB à Bergen]]<ref name=x/>. Dans ses affaires, la police découvre une perruque, plusieurs [[lunettes de soleil]], d'autres cuillères en argent du même type<ref name=doe/>, une ordonnance pour une lotion mais dont la date et le nom du médecin ont été effacés, deux bouteilles de cosmétiques dont les noms ont été grattés<ref name=kodek>{{lien web|langue=no|url=https://www.nrk.no/dokumentar/xl/kodeknekkaren-1.13502051|titre=Kodeknekkaren|site= NRK|auteur= Eirin Aardal|année=2017 |consulté le= 23 mai 2017|format=}}</ref>. 500 [[deutschemark]]s et 130 [[Couronne norvégienne|couronnes norvégiennes]] sont retrouvés dans une doublure de la valise. Quelques fragments d'empreintes digitales ont pu être retrouvés sur une paire de lunettes brisée, correspondant au corps retrouvé<ref name=x/>.
Plusieurs codes de [[cryptographie]] sont retrouvés sur un bloc-notes et une carte avec la mention de cinq noms de gare le long de la ligne ferroviaire de Bergen<ref name=spo/>.
Plusieurs codes de [[cryptographie]] sont retrouvés sur un bloc-notes et une carte avec la mention de cinq noms de gare le long de la ligne ferroviaire de Bergen<ref name=spo/>.


=== Personnalité ===
=== Personnalité ===
Les enquêteurs trouvent également un sac provenant du magasin de chaussures « Oscar Rørtvedt » de la ville de [[Stavanger]]. Sur place, le jeune fils du propriétaire se souvient parfaitement de l'inconnue qui est venue au magasin trois semaines plus tôt pour acheter des bottes en caoutchouc bleues, correspondant aux bottes retrouvées près du cadavre. Le jeune vendeur de 22 ans est capable de donner une description précise de la femme : taille moyenne, cheveux longs et foncés, yeux brun foncé, visage rond, et aux « courbes légèrement marquées, presque potelées, aux jolies jambes ». Son style vestimentaire est défini par la police comme « provocant » avec un penchant marqué pour la mode italienne. Un portrait-robot de la victime est établi.
Les enquêteurs trouvent également un sac provenant du magasin de chaussures « Oscar Rørtvedt » de la ville de [[Stavanger]]. Sur place, le jeune fils du propriétaire se souvient parfaitement de l'inconnue qui est venue au magasin trois semaines plus tôt pour acheter des bottes en caoutchouc bleues, correspondant aux bottes retrouvées près du cadavre. Le jeune vendeur de 22 ans est capable de donner une description précise de la femme : taille moyenne, cheveux longs et foncés, yeux brun foncé, visage rond, et aux « courbes légèrement marquées, presque potelées, aux jolies jambes ». Son style vestimentaire est défini par la police comme « provocant » avec un penchant marqué pour la mode italienne. Un portrait-robot de la victime est établi.


Les enquêteurs vont pouvoir peu à peu retracer son parcours. En premier lieu, ils retrouvent sa trace à quelques mètres du magasin de chaussures, à l'hôtel Saint Svithun où elle s'est inscrite sous le nom de Finella Lorck, prétendant venir de [[Belgique]]. L'affaire semble se résoudre avant qu'on ne découvre bientôt qu'il s'agit d'une fausse identité.
Les enquêteurs vont pouvoir peu à peu retracer son parcours. En premier lieu, ils retrouvent sa trace à quelques mètres du magasin de chaussures, à l'hôtel Saint Svithun où elle s'est inscrite sous le nom de Finella Lorck, prétendant venir de [[Belgique]]. L'affaire semble se résoudre avant qu'on ne découvre bientôt qu'il s'agit d'une fausse identité.
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Les mystérieuses lignes du bloc-notes sont décryptées après plusieurs jours de travail par Tor Martin Røhr Andresen<ref name=kodek/>. Les enquêteurs peuvent y lire une succession de lieux visités par l'inconnue en [[Norvège]]. En recoupant avec les hôtels de ces villes, ils déterminent qu'elle a pu ainsi se faire enregistrer sous diverses identités grâce à de nombreux passeports différents<ref name=x/>. L'enquête parvient à déterminer que l'inconnue avait voyagé à travers la Norvège et l'Europe avec neuf identités différentes dont Geneviève Lancier, Claudia Tielt, Vera Schlosseneck, Claudia Nielsen, Alexia Zarna-Merchez, Vera Jarle, Finella Lorch et Elizabeth Leenhouwer. Plus tard on découvre qu'elle a également séjourné dans plusieurs hôtels à [[Paris]] sous le nom de Vera Schlosseneck. Toutes ces identités étaient fausses. Selon les observations de témoins, la femme utilisait différentes perruques. L'analyse de sa denture a révélé qu'elle avait reçu des soins dentaires<ref name=x/>.
Les mystérieuses lignes du bloc-notes sont décryptées après plusieurs jours de travail par Tor Martin Røhr Andresen<ref name=kodek/>. Les enquêteurs peuvent y lire une succession de lieux visités par l'inconnue en [[Norvège]]. En recoupant avec les hôtels de ces villes, ils déterminent qu'elle a pu ainsi se faire enregistrer sous diverses identités grâce à de nombreux passeports différents<ref name=x/>. L'enquête parvient à déterminer que l'inconnue avait voyagé à travers la Norvège et l'Europe avec neuf identités différentes dont Geneviève Lancier, Claudia Tielt, Vera Schlosseneck, Claudia Nielsen, Alexia Zarna-Merchez, Vera Jarle, Finella Lorch et Elizabeth Leenhouwer. Plus tard on découvre qu'elle a également séjourné dans plusieurs hôtels à [[Paris]] sous le nom de Vera Schlosseneck. Toutes ces identités étaient fausses. Selon les observations de témoins, la femme utilisait différentes perruques. L'analyse de sa denture a révélé qu'elle avait reçu des soins dentaires<ref name=x/>.


Les témoins ont rapporté que la femme savait parler plusieurs langues : français, allemand, anglais et néerlandais. Elle avait séjourné dans plusieurs hôtels à [[Bergen (Norvège)|Bergen]], et avait changé parfois de chambre dans un même hôtel, exigeant par exemple l'absence de balcon ou de vis-à-vis<ref name=slo>{{lien web|langue=no |url=https://www.nrk.no/dokumentar/xl/_slo-bensin-over-seg-og-tende-pa_-1.13137579|titre=«Slo bensin over seg og tende på»|site= NRK|auteur=Eirin Aardal|année=2016 |consulté le= 23 janvier 2017|format=}}</ref>. Comme profession, elle a indiqué celle de vendeuse itinérante ou d'antiquaire. Elle commandait régulièrement du porridge avec du lait, dans plusieurs des hôtels où elle a séjourné.
Les témoins ont rapporté que la femme savait parler plusieurs langues: allemand, anglais, français et néerlandais. Elle avait séjourné dans plusieurs hôtels à [[Bergen (Norvège)|Bergen]], et avait changé parfois de chambre dans un même hôtel, exigeant par exemple l'absence de balcon ou de vis-à-vis<ref name=slo>{{lien web|langue=no |url=https://www.nrk.no/dokumentar/xl/_slo-bensin-over-seg-og-tende-pa_-1.13137579|titre=«Slo bensin over seg og tende på»|site= NRK|auteur=Eirin Aardal|année=2016 |consulté le= 23 janvier 2017|format=}}</ref>. Comme profession, elle a indiqué celle de vendeuse itinérante ou d'antiquaire. Elle commandait régulièrement du porridge avec du lait, dans plusieurs des hôtels où elle a séjourné. Bien que supposée être belge, elle remplissait toujours les registres de séjour des hôtels en allemand, avec des données fausses. En particulier, elle déclarait que l'administration qui lui avait fourni son passeport était le "''Kreisleitung Brüssel".'' Non seulement cette autorité n'existe pas mais à l'époque, les administrations appelées ''Kreisleitung'' , n'existaient qu'en Allemagne de l'est.


Un avis de recherche est diffusé par [[Interpol]] sur l'[[Europe]], l'[[Afrique du Nord]] et le [[Proche-Orient]] : {{citation |Environ 25-30 ans. Taille 164 cm, mince avec des hanches larges. Long cheveux brun-noir, petit visage rond, yeux bruns, petites oreilles. Les dents présentaient de nombreuses réparations, plusieurs des molaires avaient des couronnes d'or, et le travail dentaire est d'un genre pratiqué en Extrême-Orient, en Europe centrale ou méridionale et en Amérique du Sud. Quatorze des dents sont partiellement ou complètement réparées. Il y a une séparation marquée entre les deux dents avant supérieures}}<ref name=x1>{{lien web|langue=en |url=https://www.nrk.no/dokumentar/do-you-remember-this-woman_-1.13215629|titre=do-you-remember-this-woman|site= NRK|auteur=|année=2016 |consulté le= 17 janvier 2017|format=}}</ref>.
Un avis de recherche est diffusé par [[Interpol]] sur l'[[Europe]], l'[[Afrique du Nord]] et le [[Proche-Orient]] : {{citation |Environ 25-30 ans. Taille 164 cm, mince avec des hanches larges. Long cheveux brun-noir, petit visage rond, yeux bruns, petites oreilles. Les dents présentaient de nombreuses réparations, plusieurs des molaires avaient des couronnes d'or, et le travail dentaire est d'un genre pratiqué en Extrême-Orient, en Europe centrale ou méridionale et en Amérique du Sud. Quatorze des dents sont partiellement ou complètement réparées. Il y a une séparation marquée entre les deux dents avant supérieures}}<ref name=x1>{{lien web|langue=en |url=https://www.nrk.no/dokumentar/do-you-remember-this-woman_-1.13215629|titre=do-you-remember-this-woman|site= NRK|auteur=|année=2016 |consulté le= 17 janvier 2017|format=}}</ref>.
[[Image:Loen - no-nb digifoto 20150121 00032 NB MIT FNR 19676.jpg|vignette|Hôtel Alexandra à Loen où l'inconnue dîne avec un photographe italien le {{Date-|3 octobre 1970}}.]]
[[Image:Loen - no-nb digifoto 20150121 00032 NB MIT FNR 19676.jpg|vignette|Hôtel Alexandra à [[Loen]] où l'inconnue dîne avec un photographe italien le {{Date-|3 octobre 1970}}.]]
Au début de l'enquête, la police interrogea un photographe italien qui avait dîné avec elle à l'hôtel Alexandra à Loen. Ce photographe avait été auparavant interrogé dans une affaire de viol mais finalement blanchi. Une carte postale à partir d'une de ses photographies a été trouvée dans les bagages de la victime. Le photographe a affirmé que la femme lui avait dit qu'elle venait d'une petite ville au nord de [[Johannesbourg]] en [[Afrique du Sud]], et qu'elle avait six mois pour voir les plus beaux endroits de la Norvège.
Au début de l'enquête, la police interrogea un photographe italien qui avait dîné avec elle à l'hôtel Alexandra à [[Loen]]. Ce photographe avait été auparavant interrogé dans une affaire de viol mais finalement blanchi. Une carte postale à partir d'une de ses photographies a été trouvée dans les bagages de la victime. Le photographe a affirmé que la femme lui avait dit qu'elle venait d'une petite ville au nord de [[Johannesbourg]] en [[Afrique du Sud]], et qu'elle avait six mois pour voir les plus beaux endroits de la Norvège.


Un témoin a déclaré qu'il l'avait entendu parler à un homme dans le hall de l'hôtel et lui dire ''« Ich komme bald »'' (en [[allemand]]: « Je viens bientôt »).
Un témoin a déclaré qu'il l'avait entendu parler à un homme dans le hall de l'hôtel et lui dire ''« Ich komme bald »'' (en [[allemand]]: « Je viens bientôt »).


Plusieurs employés d'hôtel ou de restaurant se souviennent l'avoir vue en discussion avec un ou plusieurs hommes, notamment en français. Elle fumait des cigarettes d'origine française<ref name=var>{{lien web|langue=no |url=https://www.nrk.no/dokumentar/xl/var-det-ein-som-visste_-1.13137949|titre=Kven var den mystiske mannen?|site= NRK|auteur=Eirin Aardal|année=2016 |consulté le= 23 janvier 2017|format=}}</ref>. À plusieurs reprises, des réceptionnistes se souviennent d'appels disant provenir de policiers qui cherchaient à obtenir des renseignements sur elle, en la décrivant parfois comme une « dame belge parlant anglais »<ref name=var/>.
Plusieurs employés d'hôtel ou de restaurant se souviennent l'avoir vue en discussion avec un ou plusieurs hommes, notamment en français. Elle fumait des cigarettes d'origine française<ref name=var>{{lien web|langue=no |url=https://www.nrk.no/dokumentar/xl/var-det-ein-som-visste_-1.13137949|titre=Kven var den mystiske mannen?|site= NRK|auteur=Eirin Aardal|année=2016 |consulté le= 23 janvier 2017|format=}}</ref>. À plusieurs reprises, des réceptionnistes se souviennent d'appels disant provenir de policiers qui cherchaient à obtenir des renseignements sur elle, en la décrivant parfois comme une « dame belge parlant anglais »<ref name=var/>.


=== Les derniers moments ===
=== Les derniers moments ===
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Une théorie impliquant un trafic de faux chèques a été proposée par un policier en retraite, mais rapidement abandonnée.
Une théorie impliquant un trafic de faux chèques a été proposée par un policier en retraite, mais rapidement abandonnée.


La théorie la plus fréquemment citée est celle d'[[espionnage]] dans le contexte de [[guerre froide]] de l'époque. La possession de neuf faux passeports semble en effet impliquer une organisation très professionnelle<ref name=x/>. Les dossiers déclassifiés de la défense nationale norvégienne apportent de troublantes coïncidences : plusieurs des déplacements de l'inconnue semblent correspondre à des essais, à l'époque top secrets, des [[Penguin (missile)|missiles Penguin norvégiens]]<ref name=peng/>. Un pêcheur a même déclaré avoir reconnu l'inconnue en train d’observer des mouvements militaires à [[Stavanger]]<ref name=peng>{{lien web|langue=no |url=https://www.nrk.no/dokumentar/xl/her-er-den-hemmelige-isdals-mappen-1.13191844|titre=Etterforsket for militærspionasje|site= NRK|auteur=Ståle Hansen|année=2016 |consulté le= 23 janvier 2017|format=}}</ref>.
La théorie la plus fréquemment citée est celle d'[[Renseignement|espionnage]] dans le contexte de [[guerre froide]] de l'époque. La possession de neuf faux passeports semble en effet impliquer une organisation très professionnelle<ref name=x/>. Les dossiers déclassifiés de la défense nationale norvégienne apportent de troublantes coïncidences : plusieurs des déplacements de l'inconnue semblent correspondre à des essais, à l'époque top secrets, des [[Penguin (missile)|missiles Penguin norvégiens]]<ref name=peng/>. Un pêcheur a même déclaré avoir reconnu l'inconnue en train d’observer des mouvements militaires à [[Stavanger]]<ref name=peng>{{lien web|langue=no |url=https://www.nrk.no/dokumentar/xl/her-er-den-hemmelige-isdals-mappen-1.13191844|titre=Etterforsket for militærspionasje|site= NRK|auteur=Ståle Hansen|année=2016 |consulté le= 23 janvier 2017|format=}}</ref>.


Pourtant la conclusion de la police locale reste celle d'un suicide par ingestion de somnifères.
Pourtant la conclusion de la police locale reste celle d'un suicide par ingestion de somnifères.
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Devant les doutes soulevés par cette conclusion, la police locale a également été soupçonnée d'avoir été impliquée dans cette affaire.
Devant les doutes soulevés par cette conclusion, la police locale a également été soupçonnée d'avoir été impliquée dans cette affaire.


La Norvège a également connu d'autres disparitions étranges dans les années 1960-1970, à proximité d'installations militaires, ce qui évoque également la piste de l'espionnage international<ref name=disp>{{lien web|langue=no |url=https://www.nrk.no/dokumentar/xl/de-kom-til-norge-og-dode-1.13428134|titre=De kom til Norge og døde|site= NRK|auteur=Ståle Hansen|année=2017 |consulté le= 23 mai 2017|format=}}</ref>.
La Norvège a également connu d'autres disparitions étranges dans les années 1960-1970 (un Japonais mort au sommet d’une montagne à [[Bodø]]; un Libanais qui a pataugé dans la neige à [[Bardufoss]] et a été retrouvé mort d'un empoisonnement à l'acide cyanhydrique; un Letton qui a été renversé par le train à [[Majavatn]]), à proximité d'installations militaires, ce qui évoque également la piste de l'espionnage international<ref name=disp>{{lien web|langue=no |url=https://www.nrk.no/dokumentar/xl/de-kom-til-norge-og-dode-1.13428134|titre=De kom til Norge og døde|site= NRK|auteur=Ståle Hansen|année=2017 |consulté le= 23 mai 2017|format=}}</ref>.


== Postérité ==
== Postérité ==
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Un témoignage tardif a été rendu public en 2002 : le {{date-|24 novembre 1970}}, soit cinq jours avant la découverte, un homme de 26 ans déclare avoir fait une randonnée avec des amis dans la zone de la découverte. Il a indiqué avoir rencontré une femme d'apparence étrangère, le visage déformé par la peur. Il a noté que la femme était vêtue avec élégance, mais beaucoup trop légèrement pour une randonnée en montagne. Au moment de se croiser, la femme a ouvert la bouche pour parler mais n'a finalement rien dit, apparemment inquiète des deux hommes habillés de noir et d'allure étrangère qui la suivaient. Interrogé par la police, le jeune homme a immédiatement reconnu le portrait-robot de l'inconnue, mais selon lui le policier qui l'a interrogé lui aurait affirmé : « Oubliez-la, elle a été tuée. L'affaire ne sera jamais résolue ». Il a suivi ce conseil et aurait attendu 32 ans pour raconter cette histoire au public<ref name=ba>{{lien web|langue=no |url=https://www.ba.no/drap/turgaer-motte-isdalskvinnen/s/1-41-1511766|titre=Turgåer møtte Isdalskvinnen|site= BA|auteur=|date=20 mars 2005|consulté le= 13 février 2017|format=}}</ref>.
Un témoignage tardif a été rendu public en 2002 : le {{date-|24 novembre 1970}}, soit cinq jours avant la découverte, un homme de 26 ans déclare avoir fait une randonnée avec des amis dans la zone de la découverte. Il a indiqué avoir rencontré une femme d'apparence étrangère, le visage déformé par la peur. Il a noté que la femme était vêtue avec élégance, mais beaucoup trop légèrement pour une randonnée en montagne. Au moment de se croiser, la femme a ouvert la bouche pour parler mais n'a finalement rien dit, apparemment inquiète des deux hommes habillés de noir et d'allure étrangère qui la suivaient. Interrogé par la police, le jeune homme a immédiatement reconnu le portrait-robot de l'inconnue, mais selon lui le policier qui l'a interrogé lui aurait affirmé : « Oubliez-la, elle a été tuée. L'affaire ne sera jamais résolue ». Il a suivi ce conseil et aurait attendu 32 ans pour raconter cette histoire au public<ref name=ba>{{lien web|langue=no |url=https://www.ba.no/drap/turgaer-motte-isdalskvinnen/s/1-41-1511766|titre=Turgåer møtte Isdalskvinnen|site= BA|auteur=|date=20 mars 2005|consulté le= 13 février 2017|format=}}</ref>.


Un Forbachois pense avoir connu l’inconnue tuée en Norvège. Le Républicain Lorrain a publié, le 8 mars 2019, une double page sur l’inconnue d’Isdal. Il a lu des détails sur cette femme à moitié carbonisée non identifiée, qui changeait aussi souvent de nom que d’apparence. Il a vu, surtout, un portrait-robot de cette femme, et ce visage qu’il a connu à [[Forbach]] à l’été 70. Il fouille ses affaires et à l’intérieur de ses valises, il y avait des perruques et des vêtements très colorés. La femme se transformait en jeune de 18 ans ou 20 ans. C'était durant la guerre froide et pendant quelques semaines, il voulait aller voir les autorités, la police, ou la gendarmerie mais il avait peur. Il a pris une photo de cette femme dans ses affaires où on la voit faire du cheval<ref>[https://www.republicain-lorrain.fr/edition-de-forbach/2019/06/09/un-forbachois-pense-avoir-connu-l-inconnue-tuee-en-norvege Un Forbachois pense avoir connu l’inconnue tuée en Norvège] (bn-r.fr)</ref>.
Depuis 1995 le crime, s'il y en a eu un, est désormais prescrit par la justice norvégienne.


=== Nouvelles recherches ===
== Nouvelles recherches ==
Une nouvelle tentative de résolution du mystère est débutée fin 2016 par des journalistes norvégiens de NRK<ref name=x/> :
Une nouvelle tentative de résolution du mystère est débutée fin 2016 par des journalistes norvégiens de [[NRK]]<ref name=x/> :
* Des fragments de mâchoire ont été retrouvés à l'hôpital Haukeland et sont soumis à de nouvelles analyses par des techniques modernes. Elles semblent confirmer que les travaux dentaires n'ont pas été réalisés en Scandinavie ou au Royaume-Uni, et n'excluent pas une origine soviétique<ref name=n1>{{lien web|langue=no |url=https://www.nrk.no/dokumentar/her-starter-undersokelsen-av-isdalskvinnens-tenner-1.13244726|titre=Her starter undersøkelsen av Isdalskvinnens tenner|site= NRK|auteur= Ståle Hansen |année=2016 |consulté le= 16 janvier 2017|format=}}</ref>.
* Des fragments de mâchoire ont été retrouvés à l'hôpital Haukeland et sont soumis à de nouvelles analyses par des techniques modernes. Elles semblent confirmer que les travaux dentaires n'ont pas été réalisés en [[Scandinavie]] ou au Royaume-Uni, et n'excluent pas une origine soviétique<ref name=n1>{{lien web|langue=no |url=https://www.nrk.no/dokumentar/her-starter-undersokelsen-av-isdalskvinnens-tenner-1.13244726|titre=Her starter undersøkelsen av Isdalskvinnens tenner|site= NRK|auteur= Ståle Hansen |année=2016 |consulté le= 16 janvier 2017|format=}}</ref>.
* Des graphologues ont réétudié les mots écrits par l'inconnue, notamment lors de ses enregistrements d'hôtel. Ils notent des ressemblances avec des formes d'écritures de type francophone, française ou belge<ref name=n2>{{lien web|langue=no |url=https://www.nrk.no/dokumentar/_-handskriften-peker-mot-frankrike-og-belgia-1.13258871|titre=Håndskriften peker mot Frankrike og Belgia|site= NRK|auteur= Ståle Hansen |année=2016 |consulté le= 16 janvier 2017|format=}}</ref>.
* Des graphologues ont réétudié les mots écrits par l'inconnue, notamment lors de ses enregistrements d'hôtel. Ils notent des ressemblances avec des formes d'écritures de type francophone, française ou belge<ref name=n2>{{lien web|langue=no |url=https://www.nrk.no/dokumentar/_-handskriften-peker-mot-frankrike-og-belgia-1.13258871|titre=Håndskriften peker mot Frankrike og Belgia|site= NRK|auteur= Ståle Hansen |année=2016 |consulté le= 16 janvier 2017|format=}}</ref>.
* De nouveaux portraits ont été réalisés<ref name=x1/>.
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* Une analyse isotopique du [[strontium]] et de l’[[oxygène]] prélevés sur ses dents montre où l'inconnue aurait pu passer son enfance. Les zones les plus probables se situent dans les [[Balkans]], en [[Allemagne]] du sud (avec un maximum de probabilité autour de [[Nuremberg]]) et vers la frontière franco-allemande<ref name=isotop>{{lien web|langue=no |url=https://www.nrk.no/dokumentar/kjemiske-analyser-av-isdalskvinnen-peker-mot-tyskland-og-frankrike-1.13521994|titre=Kjemiske analyser av Isdalskvinnen peker mot Tyskland og Frankrike|site= NRK|auteur=Øyvind Bye Skille |année=2017 |consulté le= 24 mai 2017|format=}}</ref>.
* Une analyse isotopique du [[strontium]] et de l’[[oxygène]] prélevés sur ses dents montre où l'inconnue aurait pu passer son enfance. Les zones les plus probables se situent dans les [[Balkans]], en [[Allemagne]] du sud (avec un maximum de probabilité autour de [[Nuremberg]]) et vers la frontière franco-allemande<ref name=isotop>{{lien web|langue=no |url=https://www.nrk.no/dokumentar/kjemiske-analyser-av-isdalskvinnen-peker-mot-tyskland-og-frankrike-1.13521994|titre=Kjemiske analyser av Isdalskvinnen peker mot Tyskland og Frankrike|site= NRK|auteur=Øyvind Bye Skille |année=2017 |consulté le= 24 mai 2017|format=}}</ref>.
* Un ancien espion norvégien qui a été consulté lors de l'enquête évoque une mort accidentelle mais n'exclut pas qu'elle ait pu être un agent soviétique ou israélien<ref name=esp>{{lien web|langue=no |url=https://www.nrk.no/dokumentar/_-kan-ha-blitt-drept-av-harspray-1.13200507|titre=Spionjeger lanserer ny Isdals-teori|site= NRK|auteur=Marit Higraff|année=2016 |consulté le= 20 janvier 2017|format=}}</ref>.
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* Des documents militaires déclassifiés montrent une coïncidence entre les déplacements de l'inconnue et divers essais militaires top-secret concernant les [[Penguin (missile)|missiles Penguin]]. Sa présence à Stavanger en train d'observer des essais militaires aurait même signalée par un pêcheur local<ref name=peng/>.
* Des documents militaires déclassifiés montrent une coïncidence entre les déplacements de l'inconnue et divers essais militaires top-secret concernant les [[Penguin (missile)|missiles Penguin]]. Sa présence à Stavanger en train d'observer des essais militaires aurait même été signalée par un pêcheur local<ref name=peng/>.
* Des analyses sur la radioactivité de ses dents montrent de façon certaine qu'elle est née avant 1944. La [[racémisation]] des acides aminés montrerait une date de naissance autour de 1930 (plus ou moins 4 ans). Ces résultats donnent un âge d'environ 40 ans au moment de sa mort, soit une dizaine d'année de plus que ce qui avait été auparavant estimé<ref name=c14/>.
* Des analyses sur la [[radioactivité]] de ses dents montrent de façon certaine qu'elle est née avant 1944. La [[racémisation]] des acides aminés montrerait une date de naissance autour de 1930 (plus ou moins 4 ans). Ces résultats donnent un âge d'environ 40 ans au moment de sa mort, soit une dizaine d'années de plus que ce qui avait été auparavant estimé<ref name=c14/>.


== Profil de l'inconnue ==
Les résultats des dernières recherches scientifiques dessinent un nouveau profil pour l'origine de l'inconnue : Elle serait ainsi née autour de 1930<ref name=c14/>, près de Nuremberg (voire les Balkans) puis aurait déménagé pour habiter dans la région alsacienne<ref name=isotop/>. La date de ce déménagement pourrait évoquer une origine juive ou tsigane au moment de la montée du nazisme<ref name=c14>{{lien web|langue=no |url=https://www.nrk.no/dokumentar/xl/isdalskvinnen-eldre-enn-man-har-trodd-1.13822049|titre=Tennene avslører: Isdalskvinnen eldre enn man trodde|site= NRK|auteur=Øyvind Bye Skille, Marit Higraff, Ståle Hansen|année=2018 |consulté le= 31 janvier 2018|format=}}</ref>. Elle aurait ensuite suivi une scolarité en France d'après son écriture<ref name=n2/>.


Profil de l'inconnue :
== Chronologie reconstituée de l'inconnue ==
[[Image:StoreMilde Landmark1917.jpg|vignette|Hôtel Rosenkrantz à Bergen où l'inconnue réside le 18 novembre 1970 sous le nom d'Elisabeth Leenhower.]]


Chronologie du 20 mars 1970 au 29 novembre 1970<ref name=doe>{{lien web|langue=en|url=http://www.doenetwork.org/cases-int/503ufnor.html|titre=Case File 503UFNOR|site=doenetwork|auteur=|année=|consulté le= 9 février 2017|format=}}</ref>
Les résultats de ces dernières recherches scientifiques dessinent un nouveau profil pour l'origine de l'inconnue : Elle serait ainsi née autour de 1930<ref name=c14/>, près de Nuremberg (voire les Balkans) puis aurait déménagé pour habiter dans la région alsacienne<ref name=isotop/>. La date de ce déménagement pourrait évoquer une origine juive ou tsigane au moment de la montée du nazisme<ref name=c14>{{lien web|langue=no |url=https://www.nrk.no/dokumentar/xl/isdalskvinnen-eldre-enn-man-har-trodd-1.13822049|titre=Tennene avslører: Isdalskvinnen eldre enn man trodde|site= NRK|auteur=Øyvind Bye Skille, Marit Higraff, Ståle Hansen|année=2018 |consulté le= 31 janvier 2018|format=}}</ref>. Elle aurait ensuite suivi une scolarité en France d'après son écriture<ref name=n2/>.


== Chronologie reconstituée de l'inconnue<ref name=doe>{{lien web|langue=en|url=http://www.doenetwork.org/cases-int/503ufnor.html|titre=Case File 503UFNOR|site=doenetwork|auteur=|année=|consulté le= 9 février 2017|format=}}</ref> ==
[[Image:StoreMilde Landmark1917.jpg|vignette|Hôtel Rosenkrantz à Bergen où l'inconnue réside le 18 novembre 1970 sous le nom d'Elisabeth Leenhower.]]
* {{date-|20 mars 1970}} : voyage de [[Genève]] à [[Oslo]].
* {{date-|20 mars 1970}} : voyage de [[Genève]] à [[Oslo]].
* {{date-|21 mars}} - {{date-|24 mars}} : séjourne à l'hôtel Viking à [[Oslo]] sous le nom de Geneviève Lancier.
* {{date-|21 mars}} - {{date-|24 mars}} : séjourne à l'hôtel Viking à [[Oslo]] sous le nom de Geneviève Lancier.
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* {{date-|29 octobre}} - {{date-|30 octobre}} : voyage de Paris à Stavanger puis Bergen.
* {{date-|29 octobre}} - {{date-|30 octobre}} : voyage de Paris à Stavanger puis Bergen.
* {{date-|30 octobre}} - {{date-|5 novembre}} : séjourne au ''Neptun Hôtel'' à Bergen sous le nom d'Alexia Zerner-Merches. Elle frappe un homme étrange à l'hôtel.
* {{date-|30 octobre}} - {{date-|5 novembre}} : séjourne au ''Neptun Hôtel'' à Bergen sous le nom d'Alexia Zerner-Merches. Elle frappe un homme étrange à l'hôtel.
* {{date-|6 novembre}} : voyage à [[Trondheim]].
* {{date-|6 novembre}} : voyage à [[Trondheim]] puis séjourne à l'''hôtel Bristol'' de Trondheim sous le nom de Vera Jarle
* {{date-|6 novembre}} - {{date-|8 novembre}} : séjourne à l'''hôtel Bristol'' de Trondheim sous le nom de Vera Jarle
* {{date-|9 novembre}} : voyage de Trondheim à Oslo puis séjourne à l'''hôtel St. Svitun'' à Stavanger sous le nom de Fenella Lorch.
* {{date-|9 novembre}} : voyage de Trondheim à Oslo puis Stavanger.
* {{date-|18 novembre}} : elle se déplace à bord du navire ''Vingtor'' à Bergen puis séjourne à l'''Hôtel Rosenkrantz'' sous le nom d'Elisabeth Leenhower, de Belgique.
* {{date-|9 novembre}} - {{date-|18 novembre}} : séjourne à l'''hôtel St. Svitun'' à Stavanger sous le nom de Fenella Lorch.
* {{date-|18 novembre}} : elle se déplace à bord du navire ''Vingtor'' à Bergen.
* {{date-|18 novembre}} : séjourne à l'''Hôtel Rosenkrantz'' sous le nom d'Elisabeth Leenhower, de Belgique.
* {{date-|19 novembre}} - {{date-|23 novembre}} : séjourne à l'''Hôtel Hordaheimen'', toujours sous le nom d'Elisabeth Leenhower. Reste la plupart du temps dans sa chambre et semble méfiante.
* {{date-|19 novembre}} - {{date-|23 novembre}} : séjourne à l'''Hôtel Hordaheimen'', toujours sous le nom d'Elisabeth Leenhower. Reste la plupart du temps dans sa chambre et semble méfiante.
* {{date-|23 novembre}} : elle quitte l'hôtel Hordaheimen, paie en liquide, part en taxi et va à la gare où elle met ses valises à la consigne.
* {{date-|23 novembre}} : elle quitte l'hôtel Hordaheimen, paie en liquide, part en taxi et va à la gare où elle met ses valises à la consigne.
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== Bibliographie ==
== Bibliographie ==
* {{ouvrage|langue=no|prénom1=Tore|nom1=Osland|titre=Isdalskvinnen|sous-titre=operasjon Isotopsy|éditeur=Bergen|volume=|année=2002|pages totales=|passage=|isbn=9788299656412|lire en ligne=}} : ouvrage en [[norvégien]] sur l'affaire
* {{Ouvrage|langue=no|prénom1=Tore|nom1=Osland|titre=Isdalskvinnen|sous-titre=operasjon Isotopsy|éditeur=Bergen|année=2002|pages totales=239|isbn=978-82-996564-1-2}} : ouvrage en [[norvégien]] sur l'affaire
* {{lien web|langue=no |url=https://www.nrk.no/dokumentar/xl/le-mystere-de-l_inconnue-d_isdal-1.13557120|titre=Le mystère de l’inconnue d’Isdal|site= NRK|auteur=Ståle Hansen|année=2017 |consulté le= 20 juillet 2017|format=}} : résumé en français de l'affaire sur un site norvégien.
* {{lien web|langue=no |url=https://www.nrk.no/dokumentar/xl/le-mystere-de-l_inconnue-d_isdal-1.13557120|titre=Le mystère de l’inconnue d’Isdal|site= NRK|auteur=Ståle Hansen|année=2017 |consulté le= 20 juillet 2017|format=}} : résumé en français de l'affaire sur un site norvégien.


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[[Catégorie:1970 en Norvège]]
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Version du 4 mars 2024 à 03:28

Inconnue d'Isdal
Vallée de l'Isdalen où le corps a été retrouvé.
Vallée de l'Isdalen où le corps a été retrouvé.

Titre Inconnue d'Isdal
Fait reproché Homicide
Chefs d'accusation Assassinat ou Suicide
Pays Drapeau de la Norvège Norvège
Ville Vallée de l'Isdalen près de Bergen
Nature de l'arme Barbituriques, intoxication au monoxyde de carbone et brûlures
Date
Jugement
Statut Non résolue

L'Inconnue d'Isdal (en norvégien : Isdalskvinnen), est une affaire policière norvégienne non élucidée concernant le cadavre d'une jeune femme non identifiée, retrouvée morte en 1970 dans la vallée de l'Isdalen près de Bergen en Norvège.

Le rapport officiel conclut à un suicide mais cette conclusion reste très controversée. L'affaire a été décrite comme l'un des plus profonds mystères de la Norvège, où son souvenir reste encore vivace de nos jours. Une tentative de résolution de l’énigme est relancée en par un journal norvégien et à l'aide de techniques modernes. D'après leurs conclusions, l'espionnage militaire semble au cœur de l'affaire[1],[2]. L’inconnue pourrait être d'origine allemande, française ou belge[3]. Depuis 1995 le crime, s'il y en a eu un, est désormais prescrit par la justice norvégienne.

Découverte du corps

Le vers 13 h 15, lors d'une randonnée autour du mont Ulriken, dans une zone connue comme la vallée de l'Isdalen (ou Isdal), un randonneur et ses deux jeunes filles tombent sur les restes partiellement carbonisés d'une femme nue, cachés parmi certains des rochers à faible distance d'un sentier de randonnée. On retrouve sur les lieux des fragments de vêtements, un parapluie, deux bouteilles en plastique fondu sentant le pétrole[4], une demi-bouteille de « Kloster Liqueur », un couvercle en plastique presque totalement détruit, peut-être pour un passeport, une cuillère en argent, etc. La police remarque que toutes les étiquettes des vêtements de la victime ont été retirées, et que le fond des bouteilles en plastique a été soigneusement gratté[5] de même que le monogramme de la cuillère[4].

Une enquête pour homicide est immédiatement lancée. Des traces de très nombreuses pilules somnifères (du gardénal) sont retrouvées dans son tube digestif, ingérées à des moments différents. Leur nombre indique une ingestion volontaire. Les conclusions de l'autopsie sont : « La mort est probablement due à une association barbiturique et monoxyde de carbone. Les brûlures ont pu contribuer au décès »[5]. Un peu de pétrole est retrouvé sous le corps, ce qui indique comment il a pu être brûlé. Son cou portait une ecchymose, peut-être le résultat d'un coup. Ses empreintes digitales sont impossibles à obtenir car la peau a été poncée.

Enquête

Affaires de la victime

Gare NSB de Bergen où sont retrouvées les deux valises appartenant à l'inconnue.

Trois jours après la découverte du corps, deux valises lui appartenant sont retrouvées dans la gare NSB à Bergen[5]. Dans ses affaires, la police découvre une perruque, plusieurs lunettes de soleil, d'autres cuillères en argent du même type[4], une ordonnance pour une lotion mais dont la date et le nom du médecin ont été effacés, deux bouteilles de cosmétiques dont les noms ont été grattés[6]. 500 deutschemarks et 130 couronnes norvégiennes sont retrouvés dans une doublure de la valise. Quelques fragments d'empreintes digitales ont pu être retrouvés sur une paire de lunettes brisée, correspondant au corps retrouvé[5]. Plusieurs codes de cryptographie sont retrouvés sur un bloc-notes et une carte avec la mention de cinq noms de gare le long de la ligne ferroviaire de Bergen[7].

Personnalité

Les enquêteurs trouvent également un sac provenant du magasin de chaussures « Oscar Rørtvedt » de la ville de Stavanger. Sur place, le jeune fils du propriétaire se souvient parfaitement de l'inconnue qui est venue au magasin trois semaines plus tôt pour acheter des bottes en caoutchouc bleues, correspondant aux bottes retrouvées près du cadavre. Le jeune vendeur de 22 ans est capable de donner une description précise de la femme : taille moyenne, cheveux longs et foncés, yeux brun foncé, visage rond, et aux « courbes légèrement marquées, presque potelées, aux jolies jambes ». Son style vestimentaire est défini par la police comme « provocant » avec un penchant marqué pour la mode italienne. Un portrait-robot de la victime est établi.

Les enquêteurs vont pouvoir peu à peu retracer son parcours. En premier lieu, ils retrouvent sa trace à quelques mètres du magasin de chaussures, à l'hôtel Saint Svithun où elle s'est inscrite sous le nom de Finella Lorck, prétendant venir de Belgique. L'affaire semble se résoudre avant qu'on ne découvre bientôt qu'il s'agit d'une fausse identité.

Les mystérieuses lignes du bloc-notes sont décryptées après plusieurs jours de travail par Tor Martin Røhr Andresen[6]. Les enquêteurs peuvent y lire une succession de lieux visités par l'inconnue en Norvège. En recoupant avec les hôtels de ces villes, ils déterminent qu'elle a pu ainsi se faire enregistrer sous diverses identités grâce à de nombreux passeports différents[5]. L'enquête parvient à déterminer que l'inconnue avait voyagé à travers la Norvège et l'Europe avec neuf identités différentes dont Geneviève Lancier, Claudia Tielt, Vera Schlosseneck, Claudia Nielsen, Alexia Zarna-Merchez, Vera Jarle, Finella Lorch et Elizabeth Leenhouwer. Plus tard on découvre qu'elle a également séjourné dans plusieurs hôtels à Paris sous le nom de Vera Schlosseneck. Toutes ces identités étaient fausses. Selon les observations de témoins, la femme utilisait différentes perruques. L'analyse de sa denture a révélé qu'elle avait reçu des soins dentaires[5].

Les témoins ont rapporté que la femme savait parler plusieurs langues: allemand, anglais, français et néerlandais. Elle avait séjourné dans plusieurs hôtels à Bergen, et avait changé parfois de chambre dans un même hôtel, exigeant par exemple l'absence de balcon ou de vis-à-vis[8]. Comme profession, elle a indiqué celle de vendeuse itinérante ou d'antiquaire. Elle commandait régulièrement du porridge avec du lait, dans plusieurs des hôtels où elle a séjourné. Bien que supposée être belge, elle remplissait toujours les registres de séjour des hôtels en allemand, avec des données fausses. En particulier, elle déclarait que l'administration qui lui avait fourni son passeport était le "Kreisleitung Brüssel". Non seulement cette autorité n'existe pas mais à l'époque, les administrations appelées Kreisleitung , n'existaient qu'en Allemagne de l'est.

Un avis de recherche est diffusé par Interpol sur l'Europe, l'Afrique du Nord et le Proche-Orient : « Environ 25-30 ans. Taille 164 cm, mince avec des hanches larges. Long cheveux brun-noir, petit visage rond, yeux bruns, petites oreilles. Les dents présentaient de nombreuses réparations, plusieurs des molaires avaient des couronnes d'or, et le travail dentaire est d'un genre pratiqué en Extrême-Orient, en Europe centrale ou méridionale et en Amérique du Sud. Quatorze des dents sont partiellement ou complètement réparées. Il y a une séparation marquée entre les deux dents avant supérieures »[9].

Hôtel Alexandra à Loen où l'inconnue dîne avec un photographe italien le .

Au début de l'enquête, la police interrogea un photographe italien qui avait dîné avec elle à l'hôtel Alexandra à Loen. Ce photographe avait été auparavant interrogé dans une affaire de viol mais finalement blanchi. Une carte postale à partir d'une de ses photographies a été trouvée dans les bagages de la victime. Le photographe a affirmé que la femme lui avait dit qu'elle venait d'une petite ville au nord de Johannesbourg en Afrique du Sud, et qu'elle avait six mois pour voir les plus beaux endroits de la Norvège.

Un témoin a déclaré qu'il l'avait entendu parler à un homme dans le hall de l'hôtel et lui dire « Ich komme bald » (en allemand: « Je viens bientôt »).

Plusieurs employés d'hôtel ou de restaurant se souviennent l'avoir vue en discussion avec un ou plusieurs hommes, notamment en français. Elle fumait des cigarettes d'origine française[10]. À plusieurs reprises, des réceptionnistes se souviennent d'appels disant provenir de policiers qui cherchaient à obtenir des renseignements sur elle, en la décrivant parfois comme une « dame belge parlant anglais »[10].

Les derniers moments

La dernière fois qu'elle a été vue en vie, fut lors de son départ de la chambre 407 de l'hôtel Hordaheimen le . Elle régla en espèces puis monta dans un taxi. Le personnel de l'hôtel la décrivit comme ayant entre 30 et 40 ans, fumeuse, mesurant environ 164 cm, hanches larges, de petits yeux et une figure agréable. Elle est surtout restée dans sa chambre, et semblait être sur ses gardes.

Le chauffeur de taxi qui l'a menée de l'hôtel à la gare n'a jamais été retrouvé. De même qu'on ne sut jamais comment elle se rendit au lieu isolé où on l'a retrouvée. Des observations de randonneurs sur le sujet sont restées imprécises[7]. En 1991, un chauffeur de taxi désirant rester anonyme dit qu'après avoir pris l'inconnue à l'hôtel, ils ont été rejoints par un autre homme avant la gare[7].

Diverses théories

Missile Penguin norvégien.

Malgré les importants moyens policiers déployés, l'inconnue n'a jamais été identifiée. De nombreuses questions restent en suspens, en particulier sur les motifs d'une existence aussi aventureuse avec autant de déplacements et d'identités différentes.

Une théorie impliquant un trafic de faux chèques a été proposée par un policier en retraite, mais rapidement abandonnée.

La théorie la plus fréquemment citée est celle d'espionnage dans le contexte de guerre froide de l'époque. La possession de neuf faux passeports semble en effet impliquer une organisation très professionnelle[5]. Les dossiers déclassifiés de la défense nationale norvégienne apportent de troublantes coïncidences : plusieurs des déplacements de l'inconnue semblent correspondre à des essais, à l'époque top secrets, des missiles Penguin norvégiens[1]. Un pêcheur a même déclaré avoir reconnu l'inconnue en train d’observer des mouvements militaires à Stavanger[1].

Pourtant la conclusion de la police locale reste celle d'un suicide par ingestion de somnifères.

Devant les doutes soulevés par cette conclusion, la police locale a également été soupçonnée d'avoir été impliquée dans cette affaire.

La Norvège a également connu d'autres disparitions étranges dans les années 1960-1970 (un Japonais mort au sommet d’une montagne à Bodø; un Libanais qui a pataugé dans la neige à Bardufoss et a été retrouvé mort d'un empoisonnement à l'acide cyanhydrique; un Letton qui a été renversé par le train à Majavatn), à proximité d'installations militaires, ce qui évoque également la piste de l'espionnage international[11].

Postérité

Le cimetière de Møllendal où l'inconnue est enterrée.

L'inconnue de l'Isdal est enterré le au cimetière de Møllendal à Bergen, dans une tombe anonyme, après une cérémonie catholique[5].

L'affaire a été très médiatisée en Norvège où elle reste un sujet très populaire. Des journalistes qui ont voulu reprendre l'enquête ont signalé que de nombreuses pistes n’avaient pas été exploitées.

Un témoignage tardif a été rendu public en 2002 : le , soit cinq jours avant la découverte, un homme de 26 ans déclare avoir fait une randonnée avec des amis dans la zone de la découverte. Il a indiqué avoir rencontré une femme d'apparence étrangère, le visage déformé par la peur. Il a noté que la femme était vêtue avec élégance, mais beaucoup trop légèrement pour une randonnée en montagne. Au moment de se croiser, la femme a ouvert la bouche pour parler mais n'a finalement rien dit, apparemment inquiète des deux hommes habillés de noir et d'allure étrangère qui la suivaient. Interrogé par la police, le jeune homme a immédiatement reconnu le portrait-robot de l'inconnue, mais selon lui le policier qui l'a interrogé lui aurait affirmé : « Oubliez-la, elle a été tuée. L'affaire ne sera jamais résolue ». Il a suivi ce conseil et aurait attendu 32 ans pour raconter cette histoire au public[12].

Un Forbachois pense avoir connu l’inconnue tuée en Norvège. Le Républicain Lorrain a publié, le 8 mars 2019, une double page sur l’inconnue d’Isdal. Il a lu des détails sur cette femme à moitié carbonisée non identifiée, qui changeait aussi souvent de nom que d’apparence. Il a vu, surtout, un portrait-robot de cette femme, et ce visage qu’il a connu à Forbach à l’été 70. Il fouille ses affaires et à l’intérieur de ses valises, il y avait des perruques et des vêtements très colorés. La femme se transformait en jeune de 18 ans ou 20 ans. C'était durant la guerre froide et pendant quelques semaines, il voulait aller voir les autorités, la police, ou la gendarmerie mais il avait peur. Il a pris une photo de cette femme dans ses affaires où on la voit faire du cheval[13].

Nouvelles recherches

Une nouvelle tentative de résolution du mystère est débutée fin 2016 par des journalistes norvégiens de NRK[5] :

  • Des fragments de mâchoire ont été retrouvés à l'hôpital Haukeland et sont soumis à de nouvelles analyses par des techniques modernes. Elles semblent confirmer que les travaux dentaires n'ont pas été réalisés en Scandinavie ou au Royaume-Uni, et n'excluent pas une origine soviétique[14].
  • Des graphologues ont réétudié les mots écrits par l'inconnue, notamment lors de ses enregistrements d'hôtel. Ils notent des ressemblances avec des formes d'écritures de type francophone, française ou belge[3].
  • De nouveaux portraits ont été réalisés[9].
  • Des analyses ADN[15],[16] et isotopiques[17] sont en cours à partir des restes osseux dentaires. Certains résultats montrent qu'elle est d'origine européenne[18].
  • Une analyse isotopique du strontium et de l’oxygène prélevés sur ses dents montre où l'inconnue aurait pu passer son enfance. Les zones les plus probables se situent dans les Balkans, en Allemagne du sud (avec un maximum de probabilité autour de Nuremberg) et vers la frontière franco-allemande[19].
  • Un ancien espion norvégien qui a été consulté lors de l'enquête évoque une mort accidentelle mais n'exclut pas qu'elle ait pu être un agent soviétique ou israélien[20].
  • Des documents militaires déclassifiés montrent une coïncidence entre les déplacements de l'inconnue et divers essais militaires top-secret concernant les missiles Penguin. Sa présence à Stavanger en train d'observer des essais militaires aurait même été signalée par un pêcheur local[1].
  • Des analyses sur la radioactivité de ses dents montrent de façon certaine qu'elle est née avant 1944. La racémisation des acides aminés montrerait une date de naissance autour de 1930 (plus ou moins 4 ans). Ces résultats donnent un âge d'environ 40 ans au moment de sa mort, soit une dizaine d'années de plus que ce qui avait été auparavant estimé[21].

Profil de l'inconnue

Les résultats des dernières recherches scientifiques dessinent un nouveau profil pour l'origine de l'inconnue : Elle serait ainsi née autour de 1930[21], près de Nuremberg (voire les Balkans) puis aurait déménagé pour habiter dans la région alsacienne[19]. La date de ce déménagement pourrait évoquer une origine juive ou tsigane au moment de la montée du nazisme[21]. Elle aurait ensuite suivi une scolarité en France d'après son écriture[3].

Chronologie reconstituée de l'inconnue

Hôtel Rosenkrantz à Bergen où l'inconnue réside le 18 novembre 1970 sous le nom d'Elisabeth Leenhower.

Chronologie du 20 mars 1970 au 29 novembre 1970[4]

  •  : voyage de Genève à Oslo.
  • -  : séjourne à l'hôtel Viking à Oslo sous le nom de Geneviève Lancier.
  •  : vol d'Oslo à Stavanger, puis prend le bateau express pour Bergen. Elle passe la nuit à l'hôtel Bristol sous le nom de Claudia Tielt.
  • - 1er avril : séjourne au Scandia Hôtel à Bergen, toujours sous le nom de Claudia Tielt.
  • 1er avril : départ de Bergen pour Stavanger, puis Kristiansand, Hirtshals, Hambourg et Bâle. Ce sont ses dernières traces en Norvège avant qu'elle ne revienne à Oslo six mois plus tard.
  •  : voyage de Stockholm à Oslo, puis à Oppdal. Elle passe la nuit au Oppdal Turisthotell avec le photographe italien Giovanni Trimboli. Ils dînent plus tard à l'Hôtel Alexandra à Loen (Norvège).
  •  : passe la nuit à l'Hôtel Altona à Paris.
  • -  : séjourne à l'Hôtel-de-Calais à Paris
  • -  : voyage de Paris à Stavanger puis Bergen.
  • -  : séjourne au Neptun Hôtel à Bergen sous le nom d'Alexia Zerner-Merches. Elle frappe un homme étrange à l'hôtel.
  •  : voyage à Trondheim puis séjourne à l'hôtel Bristol de Trondheim sous le nom de Vera Jarle
  •  : voyage de Trondheim à Oslo puis séjourne à l'hôtel St. Svitun à Stavanger sous le nom de Fenella Lorch.
  •  : elle se déplace à bord du navire Vingtor à Bergen puis séjourne à l'Hôtel Rosenkrantz sous le nom d'Elisabeth Leenhower, de Belgique.
  • -  : séjourne à l'Hôtel Hordaheimen, toujours sous le nom d'Elisabeth Leenhower. Reste la plupart du temps dans sa chambre et semble méfiante.
  •  : elle quitte l'hôtel Hordaheimen, paie en liquide, part en taxi et va à la gare où elle met ses valises à la consigne.
  •  : retrouvée morte dans la vallée d'Isdal.

Sources et références

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  2. (no) Øyvind Bye Skille, « Varslet om mulig spion – fikk pistol av politiet », sur NRK, (consulté le )
  3. a b et c (no) Ståle Hansen, « Håndskriften peker mot Frankrike og Belgia », sur NRK, (consulté le )
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  13. Un Forbachois pense avoir connu l’inconnue tuée en Norvège (bn-r.fr)
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Bibliographie