« Raid aérien sur Ouadi Doum » : différence entre les versions

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Le '''raid aérien sur Ouadi Doum''' fut effectuée par des avions [[France|français]], le 16 février 1986, contre la base aérienne [[Libye|libyenne]] de [[Ouadi Doum]] dans le nord du [[Tchad]], pendant le [[conflit tchado-libyen]].
Le '''raid aérien sur Ouadi Doum''' fut effectué par des avions [[France|français]], le {{date|16 février 1986}}, contre la base aérienne [[Libye|libyenne]] de [[Ouadi Doum]] dans le nord du [[Tchad]], pendant le [[conflit tchado-libyen]]. Un second bombardement est effectué le {{date|7 janvier 1987}}<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur=Karim Djemaï|titre=Le 3/3 commémore les 30 ans de Ouadi Doum|url=https://www.defense.gouv.fr/air/actus-air/le-3-3-commemore-les-30-ans-de-ouadi-doum|date= 2 mars 2017|site=Armée de l'air |consulté le= 3 novembre 2019}}.</ref>.


==Contexte==
== Contexte ==
Dans un accord conclut en [[Crète]] en septembre 1984 entre les présidents libyen et français, [[Mouammar Kadhafi]] et [[François Mitterrand]], il avait été convenu que les forces françaises et libyennes devraient toutes deux quitter le Tchad, qui fut ensuite divisé au niveau du [[16e parallèle nord|16{{e}} parallèle]] avec les Libyens et les rebelles du [[Gouvernement d'Union nationale de transition|GUNT]] gardant le nord et les Français et le gouvernement tchadien tenant le sud. Mais alors que la France respecta les accords, quittant le Tchad en 1984, la Libye réduisit seulement ses forces armées, maintenant {{formatnum:5000}} hommes dans le pays.
Dans un accord conclu en [[Crète]] en {{date-|septembre 1984}} entre les présidents libyen et français, [[Mouammar Kadhafi]] et [[François Mitterrand]], il avait été convenu que les forces françaises et libyennes devraient toutes deux quitter le Tchad, qui fut ensuite divisé au niveau du [[16e parallèle nord|{{16e}} parallèle]] avec les Libyens et les rebelles du [[Gouvernement d'Union nationale de transition|GUNT]] gardant le nord et les Français et le gouvernement tchadien tenant le sud. Mais alors que la France respecta les accords, quittant le Tchad en 1984, la Libye réduisit seulement ses forces armées, maintenant {{formatnum:5000}} hommes dans le pays.


Lorsque les forces du GUNT, sur ordre de Kadhafi, attaquèrent le sud du Tchad en février 1986, violant le 16{{e}} parallèle, la réaction française fut immédiate: l’[[Opération Épervier (Tchad)|opération Épervier]] débuta le 13 février. Elle amena un millier de soldats français au Tchad, et un raid aérien fut préparé. Le premier mouvement fut de regrouper à [[Bangui]] environ quinze [[Dassault Mirage F1|Mirage F1]] et [[SEPECAT Jaguar|Jaguar]].
Lorsque les forces du GUNT, sur ordre de Kadhafi, attaquèrent le sud du Tchad en {{date-|février 1986}}, violant le {{16e}} parallèle, la réaction française fut immédiate: l’[[Opération Épervier (Tchad)|opération Épervier]] débuta le {{date-|13 février}}. Elle amena un millier de soldats français au Tchad, et un raid aérien fut préparé. Le premier mouvement fut de regrouper à [[Bangui]] environ quinze [[Dassault Mirage F1|Mirage F1]] et [[SEPECAT Jaguar|Jaguar]].


L'objectif de l'opération était d'endommager la piste d'atterrissage de Ouadi Doum dans le nord du Tchad, une piste de {{formatnum:3800}} mètres de long, construit par les Libyens entre novembre 1984 et octobre 1985. Ouadi Doum avait une grande importance stratégique, car il n’était possible aux bombardiers libyens d’attaquer la capitale du Tchad, [[N'Djamena]], qu’à partir de celle-ci.
L'objectif de l'opération était d'endommager la piste d'atterrissage de Ouadi Doum dans le nord du Tchad, une piste de {{formatnum:3800}} mètres de long, construite par les Libyens entre {{date-|novembre 1984}} et {{date-|octobre 1985}}. Ouadi Doum avait une grande importance stratégique, car il n’était possible aux bombardiers libyens d’attaquer la capitale du Tchad [[N'Djamena]] qu’à partir de cet aérodrome.


Plus importante encore étaient les aspects politiques de la frappe: Ouadi Doum était un symbole de la duplicité libyenne. Le gouvernement français entendait par cette action d’envoyer un message à leurs alliés africains, prouvant leur détermination à faire face à l'expansion libyenne.
Plus importante encore étaient les aspects politiques de la frappe: Ouadi Doum était un symbole de la duplicité libyenne. Le gouvernement français entendait par cette action envoyer un message à leurs alliés africains, prouvant leur détermination à faire face à l'expansion libyenne.


==Frappe==
== Frappe ==
Le 16 février, huit Jaguars escortés par quatre Mirage F1 quittèrent Bangui pour Ouadi Doum. Quand les avions français attaquèrent, ils volaient très près du sol, empêchant les radars libyens et les [[2K12 Kub|missiles sol-air libyens]] de détecter les avions jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Les avions effectuèrent un seul passage sur la cible, larguant une quarantaine de bombes [[BAP 100]] sur la piste d'atterrissage, l’endommageant gravement et la rendant temporairement inutilisable. L’attaque dura moins d'une minute.
Après plusieurs répétitions, le {{date-|16 février}}, onze Jaguars - sept armés de 12 BAP-100, quatre de quatre bombes de 250 kg - de l'[[Escadron de formation des instructeurs pilotes 1/11 Roussillon|Escadron 1/11 Roussillon]] escortés par quatre Mirage F1 de la [[5e escadre de chasse|{{5e}} escadre de chasse]]<ref>{{ouvrage|langue=fr|prénom=|nom=|titre=Point Fixe|sous-titre=2014-2015|éditeur=|volume=12|année=2015|pages totales=340|passage=232|isbn=|lire en ligne=https://fr.calameo.com/read/00015607886d9e110e957}}.</ref> quittèrent la [[Aéroport international de Bangui|base aérienne de Bangui]] pour Ouadi Doum, qui accueille alors des hélicoptères [[Mil Mi-24]] et des avions à hélice [[SIAI Marchetti SF.260|SF.260]] à {{unité|1600|km}} pour ce qui est nommé l'opération ''Tryonix'', un douzième Jaguar équipé de BAP-100 tombe en panne au décollage<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur=|titre= Ouadi-Doum|url=http://www.vieillestiges.com/HistoireRecits/html/Ouadi-Doum.html|date= décembre 2005 |site=LES VIEILLES TIGES D'HIER ET DE DEMAIN! |consulté le=3 novembre 2019 }}.</ref>. Quand les avions français attaquèrent, ils volaient très près du sol, empêchant les radars libyens et les [[2K12 Kub|missiles sol-air libyens]] de détecter les avions jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Les avions effectuèrent un seul passage sur la cible, larguant une quarantaine de bombes [[BAP 100]] et de bombes classiques de {{unité|250|kg}} sur la piste d'atterrissage, l’endommageant gravement et la rendant temporairement inutilisable. L’attaque dura moins d'une minute<ref name="arn">{{Lien web|url=http://aerohisto.blogspot.fr/2013/12/de-manta-epervier-operations-aeriennes.html |titre=De Manta à Epervier : opérations aériennes au-dessus du Tchad |site= Aéro Histo |auteur= Arnaud Delalande|année= 13 décembre 2013 |consulté le= 3 novembre 2019}}</ref>.


Cinq [[Avion ravitailleur|avions ravitailleurs]] en vol [[Boeing_KC-135_Stratotanker#Version_française|C-135F]] décollant de [[Libreville]] et de Bangui<ref name="arn"/>, un [[Breguet Atlantic]] servant de poste de commandement au général Jean-Jacques Brun qui a conçu l'opération, un [[hélicoptère de manœuvre et d'assaut]] de [[Sud-Aviation SA330 Puma|SA330 Puma]] pour la [[recherche et sauvetage]] et 2 [[C-160 Transall]] ravitailleurs de secours stationnés à N’Djamena et à Bangui sont également mobilisés<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur=|titre=L’attaque de Ouadi Doum ( 1ère partie)|url=http://www.pilote-chasse-11ec.com/lattaque-de-ouadi-doum-1-ere-partie/|date= 6 février 2016 |site=11e escadre de chasse |consulté le= 3 novembre 2019}}.</ref>.
==Réactions==
Peu après, le [[Liste des ministres français de la Défense|ministre de la Défense français]], [[Paul Quilès]], a annoncé que la piste de Ouadi Doum avait été rendu inutilisable. Les réactions politiques en France furent toutes favorables au gouvernement, à l'exception de celle du [[Parti communiste français]]. En ce qui concerne les réactions étrangères, François Mitterrand reçut le soutien des [[États-Unis]] et, comme cela fut précisé lors du sommet de la [[Francophonie]] qui eut lieu à [[Paris]] du 17 au 19 février, de la plupart des pays africains.


== Réactions ==
La première réaction de Kadhafi fut de prétendre que la piste d'atterrissage n’était utilisée uniquement à des fins civiles et que l'attaque avait causé la mort de neuf civils. Mais la meilleure preuve de la détermination de Kadhafi vint le lendemain du raid quand un [[Tupolev Tu-22]] libyen attaqua l'aéroport de la capitale tchadienne [[N'Djamena]] à partir d’[[Bande d'Aozou|Aouzou]]. Restant sous la couverture radar française en volant à basse altitude au-dessus du désert durant plus de {{formatnum:1100}} km, il accéléra à plus de Mach 1, grimpa à 5030 m et largua trois bombes lourdes. En dépit de la vitesse et de l’altitude très importantes, l'attaque fut extrêmement précise: deux bombes frappèrent la piste, une détruisit la voie de circulation, et l'aérodrome resta fermé pendant plusieurs heures.<ref>Cooper, Bishop and Hubers ''Air Enthusiast'' No. 117, pp. 54–55.</ref>{{,}}<ref>Zaloga, Steven J. "Tupolev Tu-22 'Blinder' and Tu-22M Backfire". ''World Air Power Journal'', Volume 33 Summer 1998. Aerospace Publishing, 1998. p. 82. ISBN 1-86184-015-2</ref> Le bombardier rencontra des problèmes techniques lors de son voyage de retour. Des avions de reconnaissance et d'alerte précoce américains basés au Soudan suivirent des appels de détresse envoyés par le pilote du Tu-22 qui s’écrasa probablement avant d'atteindre sa base à Aouzou (peut-être touché par les bi-tubes qui tirèrent à l'aéroport de N'Djamena).<ref>The Citizen, Ottawa, Page A7, [https://news.google.com/newspapers?nid=2194&dat=19860218&id=XDg0AAAAIBAJ&sjid=efUIAAAAIBAJ&pg=1356,3416676], 18 February 1986</ref>
Peu après, le [[Liste des ministres français de la Défense|ministre de la Défense français]], [[Paul Quilès]], a annoncé que la piste de Ouadi Doum avait été rendu inutilisable. Les réactions politiques en France furent toutes favorables au gouvernement, à l'exception de celle du [[Parti communiste français]]. En ce qui concerne les réactions étrangères, François Mitterrand reçut le soutien des [[États-Unis]] et, comme cela fut précisé lors du [[sommet de la francophonie]] qui eut lieu à [[Paris]] du 17 au {{date-|19 février}}, de la plupart des pays africains.


La première réaction de Kadhafi fut de prétendre que la piste d'atterrissage était utilisée uniquement à des fins civiles et que l'attaque avait causé la mort de neuf civils. Mais la meilleure preuve de la détermination de Kadhafi vint le lendemain du raid quand un [[Tupolev Tu-22]] libyen attaqua l'[[Aéroport international de N'Djaména|aéroport]] de la capitale tchadienne [[N'Djamena]] à partir de [[Koufra]]<ref>{{article|langue=fr|auteur= [[Laurent Zecchini]]|titre=Vive controverse sur le bombardement de l'aéroport de N'Djamena.|périodique=[[Le Monde]]|volume=|numéro=|jour=21|mois=février|année=1986|pages=|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/archives/article/1986/02/21/vive-controverse-sur-le-bombardement-de-l-aeroport-de-n-djamena_2924825_1819218.html}}.</ref>. Restant sous la couverture radar française en volant à basse altitude au-dessus du désert durant plus de {{formatnum:1100}} km, il accéléra à plus de Mach 1, grimpa à {{unité|5030|m}} et largua trois bombes lourdes. En dépit de la vitesse et de l’altitude très importantes, l'attaque fut extrêmement précise: deux bombes frappèrent la piste, une détruisit la voie de circulation, et l'aérodrome resta fermé pendant plusieurs heures<ref>Cooper, Bishop and Hubers ''Air Enthusiast'' No. 117, {{p.|54–55}}.</ref>{{,}}<ref>Zaloga, Steven J. "Tupolev Tu-22 'Blinder' and Tu-22M Backfire". ''World Air Power Journal'', Volume 33 Summer 1998. Aerospace Publishing, 1998. {{p.|82}}. {{ISBN|1-86184-015-2}}</ref>. Le [[Bombardier (avion)|bombardier]] rencontra des problèmes techniques lors de son voyage de retour. Des avions de reconnaissance et d'alerte précoce américains basés au Soudan suivirent des appels de détresse envoyés par le pilote du Tu-22 qui s’écrasa probablement avant d'atteindre sa base à [[Aozou]] (peut-être touché par les canons bitubes de la [[Lutte antiaérienne|DCA]] qui tirèrent à l'[[Aéroport international de N'Djaména|aéroport de N'Djamena]])<ref>The Citizen, Ottawa, Page A7, [https://news.google.com/newspapers?nid=2194&dat=19860218&id=XDg0AAAAIBAJ&sjid=efUIAAAAIBAJ&pg=1356,3416676], 18 February 1986</ref>.
==Voir aussi==

== Voir aussi ==
* [[Borkou-Ennedi-Tibesti]], région où se situait la base
* [[Borkou-Ennedi-Tibesti]], région où se situait la base


==Références==
== Références ==
{{Traduction/Référence|en|Ouadi Doum air raid|745403620}}
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{{Références}}


==Bibliographie==
== Bibliographie ==
*{{cite book |last=Facon |first=Patrick |year=1995 |title=Les guerres du tiers-monde |publisher=Editions ATLAS |isbn=2-7312-1199-7 |language=fr}}
*{{ouvrage | auteur=[[Patrick Facon]] |année=1995 |titre=Les guerres du tiers-monde |éditeur=Editions ATLAS |isbn=2-7312-1199-7 }}


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[[Catégorie:Bataille de 1986]]
[[Catégorie:1986 en France]]
[[Catégorie:1986 en Libye]]
[[Catégorie:Février 1986]]
[[Catégorie:Bataille du conflit tchado-libyen]]

Version du 10 mars 2024 à 22:21

Raid aérien sur Ouadi Doum

Informations générales
Date 16 février 1986
Lieu Ouadi Doum, Tchad
Issue Aéroport rendu inutilisable
Belligérants
Drapeau de la Libye Libye Drapeau de la France France
Commandants
Général Jean-Jacques Brun

Batailles

Coordonnées 18° 31′ 42″ nord, 20° 11′ 20″ est
Géolocalisation sur la carte : Tchad
(Voir situation sur carte : Tchad)
localisation

Le raid aérien sur Ouadi Doum fut effectué par des avions français, le , contre la base aérienne libyenne de Ouadi Doum dans le nord du Tchad, pendant le conflit tchado-libyen. Un second bombardement est effectué le [1].

Contexte

Dans un accord conclu en Crète en entre les présidents libyen et français, Mouammar Kadhafi et François Mitterrand, il avait été convenu que les forces françaises et libyennes devraient toutes deux quitter le Tchad, qui fut ensuite divisé au niveau du 16e parallèle avec les Libyens et les rebelles du GUNT gardant le nord et les Français et le gouvernement tchadien tenant le sud. Mais alors que la France respecta les accords, quittant le Tchad en 1984, la Libye réduisit seulement ses forces armées, maintenant 5 000 hommes dans le pays.

Lorsque les forces du GUNT, sur ordre de Kadhafi, attaquèrent le sud du Tchad en , violant le 16e parallèle, la réaction française fut immédiate: l’opération Épervier débuta le . Elle amena un millier de soldats français au Tchad, et un raid aérien fut préparé. Le premier mouvement fut de regrouper à Bangui environ quinze Mirage F1 et Jaguar.

L'objectif de l'opération était d'endommager la piste d'atterrissage de Ouadi Doum dans le nord du Tchad, une piste de 3 800 mètres de long, construite par les Libyens entre et . Ouadi Doum avait une grande importance stratégique, car il n’était possible aux bombardiers libyens d’attaquer la capitale du Tchad N'Djamena qu’à partir de cet aérodrome.

Plus importante encore étaient les aspects politiques de la frappe: Ouadi Doum était un symbole de la duplicité libyenne. Le gouvernement français entendait par cette action envoyer un message à leurs alliés africains, prouvant leur détermination à faire face à l'expansion libyenne.

Frappe

Après plusieurs répétitions, le , onze Jaguars - sept armés de 12 BAP-100, quatre de quatre bombes de 250 kg - de l'Escadron 1/11 Roussillon escortés par quatre Mirage F1 de la 5e escadre de chasse[2] quittèrent la base aérienne de Bangui pour Ouadi Doum, qui accueille alors des hélicoptères Mil Mi-24 et des avions à hélice SF.260 à 1 600 km pour ce qui est nommé l'opération Tryonix, un douzième Jaguar équipé de BAP-100 tombe en panne au décollage[3]. Quand les avions français attaquèrent, ils volaient très près du sol, empêchant les radars libyens et les missiles sol-air libyens de détecter les avions jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Les avions effectuèrent un seul passage sur la cible, larguant une quarantaine de bombes BAP 100 et de bombes classiques de 250 kg sur la piste d'atterrissage, l’endommageant gravement et la rendant temporairement inutilisable. L’attaque dura moins d'une minute[4].

Cinq avions ravitailleurs en vol C-135F décollant de Libreville et de Bangui[4], un Breguet Atlantic servant de poste de commandement au général Jean-Jacques Brun qui a conçu l'opération, un hélicoptère de manœuvre et d'assaut de SA330 Puma pour la recherche et sauvetage et 2 C-160 Transall ravitailleurs de secours stationnés à N’Djamena et à Bangui sont également mobilisés[5].

Réactions

Peu après, le ministre de la Défense français, Paul Quilès, a annoncé que la piste de Ouadi Doum avait été rendu inutilisable. Les réactions politiques en France furent toutes favorables au gouvernement, à l'exception de celle du Parti communiste français. En ce qui concerne les réactions étrangères, François Mitterrand reçut le soutien des États-Unis et, comme cela fut précisé lors du sommet de la francophonie qui eut lieu à Paris du 17 au , de la plupart des pays africains.

La première réaction de Kadhafi fut de prétendre que la piste d'atterrissage était utilisée uniquement à des fins civiles et que l'attaque avait causé la mort de neuf civils. Mais la meilleure preuve de la détermination de Kadhafi vint le lendemain du raid quand un Tupolev Tu-22 libyen attaqua l'aéroport de la capitale tchadienne N'Djamena à partir de Koufra[6]. Restant sous la couverture radar française en volant à basse altitude au-dessus du désert durant plus de 1 100 km, il accéléra à plus de Mach 1, grimpa à 5 030 m et largua trois bombes lourdes. En dépit de la vitesse et de l’altitude très importantes, l'attaque fut extrêmement précise: deux bombes frappèrent la piste, une détruisit la voie de circulation, et l'aérodrome resta fermé pendant plusieurs heures[7],[8]. Le bombardier rencontra des problèmes techniques lors de son voyage de retour. Des avions de reconnaissance et d'alerte précoce américains basés au Soudan suivirent des appels de détresse envoyés par le pilote du Tu-22 qui s’écrasa probablement avant d'atteindre sa base à Aozou (peut-être touché par les canons bitubes de la DCA qui tirèrent à l'aéroport de N'Djamena)[9].

Voir aussi

Références

  1. Karim Djemaï, « Le 3/3 commémore les 30 ans de Ouadi Doum », sur Armée de l'air, (consulté le ).
  2. Point Fixe : 2014-2015, vol. 12, , 340 p. (lire en ligne), p. 232.
  3. « Ouadi-Doum », sur LES VIEILLES TIGES D'HIER ET DE DEMAIN!, (consulté le ).
  4. a et b Arnaud Delalande, « De Manta à Epervier : opérations aériennes au-dessus du Tchad », sur Aéro Histo, (consulté le )
  5. « L’attaque de Ouadi Doum ( 1ère partie) », sur 11e escadre de chasse, (consulté le ).
  6. Laurent Zecchini, « Vive controverse sur le bombardement de l'aéroport de N'Djamena. », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  7. Cooper, Bishop and Hubers Air Enthusiast No. 117, p. 54–55.
  8. Zaloga, Steven J. "Tupolev Tu-22 'Blinder' and Tu-22M Backfire". World Air Power Journal, Volume 33 Summer 1998. Aerospace Publishing, 1998. p. 82. (ISBN 1-86184-015-2)
  9. The Citizen, Ottawa, Page A7, [1], 18 February 1986

Bibliographie