« Francisco Jiménez de Cisneros » : différence entre les versions

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| nom = Francisco Jiménez de Cisneros
| nom = Francisco Jiménez de Cisneros
| titre = Cardinal
| titre = Cardinal
| image = Cisneros3.jpg
| image = Matías Moreno (c. 1878) El cardenal Francisco Jiménez de Cisneros (Museo del Prado).jpg
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| légende = Portrait du cardinal Cisneros
| légende = Portrait du cardinal Cisneros, par [[Juan de Borgoña]] (ca. 1878).
| date de naissance = [[1436]]
| date de naissance = [[1436]]
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| lieu de naissance = [[Torrelaguna]]
| date de décès = [[1517]]
| date de décès = [[1517]]
| lieu de décès = à [[Roa (Espagne)|Roa]]
| lieu de décès = [[Roa (Espagne)|Roa]]
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| ordination =
| consécration =
| consécration = 11 octobre 1495
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| création = mai 1507
| titre cardinalice =
| titre cardinalice = [[Cardinal-prêtre]]<br/> de [[Sainte-Balbine (titre cardinalice)|Sainte-Balbine]]
| ministère 1 =
| ministère 1 = [[Liste des archevêques de Tolède|Archevêque de Tolède]]
| date début 1 =
| date début 1 =20 Feb 1495
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| date fin 1 =8 Nov 1517
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| prédécesseur 1 = [[Pedro González de Mendoza]]
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| successeur 1 = [[Guillaume III de Croÿ]]
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| fonc religieuses =
| fonc religieuses =* [[Inquisition espagnole|Grand inquisiteur d’Espagne]] de [[1507]] à [[1517]]
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| fonc laïques =
| blason = Coat of Arms of Cardinal Cisneros.svg
| blason = Coat of Arms of Cardinal Cisneros.svg
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'''Francisco Jiménez de Cisneros'''<ref>Parfois écrit ''Francisco Ximénes de Cisneros'', selon l'orthographe en vigueur à l'époque.</ref>, né '''Gonzalo Jiménez de Cisneros''' en [[1436]] à [[Torrelaguna]] et mort en [[1517]] à [[Roa (Espagne)|Roa]], est un [[Cardinal (religion)|cardinal]], réformateur religieux et homme d'État [[Espagne|espagnol]].
'''Francisco Jiménez de Cisneros''' (ou ''Francisco Ximénes de Cisneros'' selon l'orthographe en vigueur à l'époque), né '''Gonzalo Jiménez de Cisneros''' en [[1436]] à [[Torrelaguna]] et mort en [[1517]] à [[Roa (Espagne)|Roa]], est un [[Cardinal (religion)|cardinal]], réformateur religieux, Grand [[Inquisition espagnole|inquisiteur]] et homme d'État [[Espagne|espagnol]].


Proche conseiller d'[[Isabelle Ire de Castille|Isabelle la Catholique]], il fut à diverses reprises [[Régence|régent]] de [[Royaume de Castille|Castille]]. Moine [[Ordre des frères mineurs|franciscain]] avant d'être élevé à la pourpre cardinalice, il entreprit d'importantes réformes dans le fonctionnement du clergé espagnol, visant notamment à un meilleur respect des règles au sein des [[ordre religieux|ordres religieux]]. Personnage clef de la [[Renaissance (période historique)|Renaissance]] espagnole, il fonda la prestigieuse [[Université d'Alcalá de Henares (historique)|université d'Alcalá de Henares]] et dirigea la réalisation de la célèbre ''[[Bible polyglotte d'Alcalá]]''.
Proche conseiller d'[[Isabelle Ire de Castille|Isabelle la Catholique]], il est à diverses reprises [[Régence|régent]] de [[Royaume de Castille|Castille]]. Religieux [[Ordre des frères mineurs|franciscain]] avant d'être élevé à la pourpre cardinalice, il entreprend d'importantes réformes dans le fonctionnement du [[clergé]] espagnol, visant notamment à un meilleur respect des règles au sein des [[ordre religieux|ordres religieux]]. Personnage clef de la [[Renaissance (période historique)|Renaissance]] espagnole, il fonde la prestigieuse [[Université d'Alcalá de Henares (1499-1836)|université d'Alcalá de Henares]] et dirige la réalisation de la célèbre [[bible polyglotte d'Alcalá]].


== Biographie ==
== Biographie ==
Il naquit à [[Torrelaguna]] ([[Castille-La Manche]]) en [[1436]] du mariage d'Alfonso Jiménez, receveur de [[décime]]s, et María de la Torre, dans une modeste famille d'[[Hidalgo (noblesse)|hidalgos]]<ref name="Britannica">« Francisco, Cardinal Jiménez de Cisneros », sur l'[[Encyclopædia Britannica]].</ref>{{,}}<ref name="Bouillet">{{Bouillet note|article=Ximénès de Cisneros (le cardinal François)}}.</ref>{{,}}<ref name="fiu">[http://www.fiu.edu/~mirandas/bios1507.htm#Jimenez JIMÉNEZ DE CISNEROS, O.F.M.Obs., Francisco (1436-1517)].</ref>. Influencé par un oncle prêtre avec qui il entama ses études à [[Roa (Espagne)|Roa]], il se destina très vite à l'ecclésiat<ref name="fiu"/>. Il poursuivit ses études au collège d'[[Alcalá de Henares]], puis à la célèbre [[université de Salamanque]] qui lui décerna un diplôme de [[droit civil]] et de [[droit canonique]].
Il naît à [[Torrelaguna]] ([[Castille-La Manche]]) en [[1436]], dans une modeste famille d'[[Hidalgo (noblesse)|hidalgos]] ; ses parents sont Alfonso Jiménez, receveur de [[décime (taxe)|décimes]], et l'épouse de ce dernier María de la Torre<ref name="Britannica">« Francisco, Cardinal Jiménez de Cisneros », sur l'[[Encyclopædia Britannica]].</ref>{{,}}<ref name="Bouillet">{{Bouillet note|article=Ximénès de Cisneros (le cardinal François)}}.</ref>{{,}}<ref name="fiu">{{lien web |lang= fr |titre= Jiménez de Cisneros, O.F.M.Obs., Francisco (1436-1517) |site= webdept.fiu.edu |url= http://webdept.fiu.edu/~mirandas/bios1507.htm#Jimenez |consulté le= 10/2023 |brisé le= 10/2023 }}.</ref>. Influencé par un oncle prêtre avec qui il entame ses études à [[Roa (Espagne)|Roa]], il se destine très vite à l'ecclésiat<ref name="fiu"/>. Il poursuit ses études au collège d'[[Alcalá de Henares]], puis à la célèbre [[université de Salamanque]] qui lui décerne un diplôme de [[droit civil]] et de [[droit canonique]].


Pour faire carrière comme juriste il partit à [[Rome]] en [[1459]], comme avocat consistorial<ref name="fiu"/>. Après la mort de son père en 1466 il dut rentrer en Espagne en 1466<ref name="fiu"/> avec l’espoir d’obtenir un bénéfice ecclésiastique, et peut-être un évêché, comme le lui aurait promis le pape [[Sixte V]]. Il fut nommé à l’évêché d’[[Uceda]] par [[Paul II]] à la suite de la dénonciation par Cisneros d'irrégularités commises par son prédécesseur. L'insistance de Cisneros pour occuper la charge promise par le Pape déplut à l’archevêque de Tolède [[Alfonso de Carillo]] qui avait pensé réserver le poste pour un de ses proches et le fit incarcérer de 1473 à 1479<ref name="Britannica"/>{{,}}<ref name="fiu"/>.
Pour faire carrière comme [[juriste]], il part à [[Rome]] en [[1459]], comme [[Avocat (métier)|avocat]] consistorial<ref name="fiu"/>. Après la mort de son père en 1466, il doit rentrer en Espagne en 1466<ref name="fiu"/> avec l’espoir d’obtenir un bénéfice ecclésiastique, et peut-être un [[évêché]], comme le lui aurait promis le pape [[Sixte V]]. Il est nommé à l’évêché d’[[Uceda]] par [[Paul II]] à la suite de la dénonciation par Cisneros d'irrégularités commises par son prédécesseur. L'insistance de Cisneros pour occuper la charge promise par le pape déplait à l’archevêque de Tolède [[Alfonso Carrillo de Acuña]] qui pensait réserver le poste pour un de ses proches et le fait incarcérer de 1473 à 1479<ref name="Britannica"/>{{,}}<ref name="fiu"/>.


Toutefois, en récompense de ses qualités personnelles et de sa grande détermination, [[Pedro González de Mendoza]] lui concéda en 1482 la charge de vicaire général du diocèse de [[Sigüenza]]<ref name="Britannica"/>, mais il en démissionna en 1484, âgé de 48 ans, pour entrer chez les Franciscains de l’Observance au [[monastère de San Juan de los Reyes]], à la suite d'une véritable conversion pour renoncer aux honneurs<ref name="fiu"/>. Il prit alors le nom de ''fraile'' (frère) Francisco<ref name="Britannica"/>. Pendant près de dix ans il mena une vie d'[[ascèse]] et de recueil, mais ses qualités le firent remarquer et il fut rapidement élu « gardien » du couvent de Salzeda, puis, en 1484, ministre provincial de l’[[Observance]] en Castille<ref name="fiu"/>.
Toutefois, en récompense de ses qualités personnelles et de sa grande détermination, le [[Prélature|prélat]] [[Pedro González de Mendoza]] lui concède en 1482 la charge de [[vicaire général]] du [[diocèse]] de [[Sigüenza]]<ref name="Britannica"/> ; mais il en démissionne en 1484, âgé de 48 ans, pour entrer chez les [[Ordre des Frères mineurs#Séparation|franciscains]] de l’Observance au [[monastère de San Juan de los Reyes]], à la suite d'une véritable conversion pour renoncer aux honneurs<ref name="fiu"/>. Il prend alors le nom de ''fraile'' (frère) Francisco<ref name="Britannica"/>.
Pendant près de dix ans il mène une vie d'[[ascèse]] et de recueil, mais ses qualités le font remarquer et il est rapidement élu « gardien » du [[couvent]] de [[Salceda de Caselas|Salzeda]], puis, en 1484, ministre provincial de l’[[Observance]] en [[Castille]]<ref name="fiu" />.


=== L'ecclésiastique ===
=== L'ecclésiastique ===
En [[1492]], la reine [[Isabelle Ire de Castille|Isabelle]], sur les conseils de l’[[Liste des évêques et archevêques de Tolède|archevêque de Tolède]], le choisit comme [[Confession|confesseur]]<ref name="Britannica"/> et [[directeur de conscience]], à condition qu'il ne quitte pas son couvent pour venir à la Cour, et qu’il ne change en rien ses habitudes religieuses, particulièrement austères dans l’[[observance religieuse|observance]] espagnole. Trois ans après, le pape [[Alexandre VI]] Borgia le promeut [[archevêque de Tolède]] en remplacement de [[Pedro González de Mendoza|Mendoza]]<ref name="Bouillet"/>, [[Primatie|primat]] d’[[Espagne]], probablement à la demande des souverains espagnols [[Ferdinand II d'Aragon|Ferdinand]] et Isabelle. Il refuse cet honneur dans un premier temps ; il faut des lettres du pape pour le déterminer à accepter<ref name="Bouillet"/> au bout de quelques mois.
[[Fichier:El cardenal Francisco Jiménez de Cisneros (Museo del Prado).jpg|thumb|Cisneros en pourpre cardinalice, portait de [[Juan de Borgoña]]]]
En [[1492]], la reine [[Isabelle Ire de Castille|Isabelle]], sur les conseils de l’archevêque de Tolède, le choisit comme confesseur<ref name="Britannica"/> et directeur de conscience, à condition qu'il ne quitte pas son couvent pour venir à la Cour, et qu’il ne change en rien ses habitudes religieuses, particulièrement austères dans l’[[Observance]] espagnole. Trois ans après, le pape [[Alexandre VI]] Borgia le promeut [[Liste des archevêques de Tolède|archevêque de Tolède]] en remplacement de Mendoza<ref name="Bouillet"/>, [[Primatie|primat]] d’[[Espagne]], probablement à la demande des souverains espagnols, [[Ferdinand II d'Aragon|Ferdinand]] et Isabelle. Il refusa cet honneur dans un premier temps : il fallut des lettres du pape pour le déterminer à accepter<ref name="Bouillet"/> au bout de quelques mois.


[[Fichier:Francisco Ximenez de Cisneros.jpg|vignette|Le cardinal Francisco Ximenez de Cisneros, 1791]]
Aux synodes d'Alcalá et de Talavera, respectivement en 1497 et 1498, il s’efforça de réformer les mœurs du clergé, de ses chanoines et de promouvoir une stricte observance de la pauvreté chez les Franciscains des diverses obédiences. Il défendit diverses mesures visant à mettre fin à la pratique, alors courante, du [[concubinat]] chez les prêtres<ref name="Britannica"/>. Avant que ces réformes fussent véritablement appliquées et acceptées, du moins dans le clergé régulier, elles entraînèrent les protestations de certains ecclésiastiques auprès du Saint Siège ou de la reine Isabelle et même l'exil de plusieurs centaines d'entre eux en Afrique du Nord, où ils se convertirent à l'[[Islam]]<ref name="Britannica"/>.


Aux [[Synode|synodes]] d'Alcalá et de [[Talavera]] (respectivement en 1497 et 1498), il s’efforce de réformer les mœurs du clergé, de ses [[Chanoine|chanoines]] et de promouvoir une stricte observance de la [[Vœu de pauvreté|pauvreté]] chez les franciscains des diverses obédiences. Il défend diverses mesures visant à mettre fin à la pratique, alors courante, du [[concubinat]] chez les prêtres<ref name="Britannica"/>. Avant que ces réformes soient véritablement appliquées et acceptées, du moins dans le [[clergé régulier]], elles entraînent les protestations de certains ecclésiastiques auprès du [[Saint-Siège]] ou de la reine Isabelle et même l'exil de plusieurs centaines d'entre eux en [[Afrique du Nord]] où ils [[Conversion à l'islam|se convertissent à l'islam]]<ref name="Britannica"/>.
Il soutint le pape [[Jules II]], que le [[Concile de Pise (1511)|synode de Pise]] avait voulu déposer. Le Pape réagit en convoquant le [[Concile de Latran]] qui se tint en [[1512]] sous [[Léon X]] et annula le Synode schismatique.


Il soutient le pape [[Jules II]], que le [[Concile de Pise (1511)|synode de Pise]] a voulu déposer. Le pape réagit en convoquant le [[Cinquième concile du Latran|Concile de Latran]] qui se tient en [[1512]] sous [[Jules II]] puis [[Léon X]] et annule le [[synode]] schismatique.
À son retour en Espagne en 1507, Ferdinand le fit nommer [[cardinal (religion)|cardinal]] et Grand-Inquisiteur d’Espagne<ref name="Bouillet"/>, un poste qu'il occupa jusqu'en 1517. Les historiens reconnaissent que son action à ce poste redouté fut relativement modérée : il surveillait de près les procédures des inquisiteurs<ref name="Britannica"/> et modérait plutôt leurs actions. Il intervenait à l’occasion pour faire épargner des professeurs de théologie, des étudiants, injustement soupçonnés ou calomniés. il publia des instructions pour plus de justice envers les [[Nouveaux chrétiens|nouveaux convertis]] de l’[[Islam]] ou du [[Judaïsme]].

À son retour en Espagne en 1507, [[Ferdinand II d'Aragon|Ferdinand]] le fait nommer [[cardinal (religion)|cardinal]] et Grand-[[Inquisition espagnole|Inquisiteur d’Espagne]]<ref name="Bouillet"/> - en remplacement de l'inquisiteur général {{lien|Diego Deza}} considéré comme responsable des excès du cruel [[Diego Rodriguez Lucero]]. Cisneros occupe ce poste jusqu'en 1517. Certains historiens de la religion au {{s-|XIX}} décrivent son action à ce poste comme relativement modérée et le présentent comme surveillant de près les procédures d'autres inquisiteurs<ref name="Britannica"/> dont il aurait plutôt modéré les actions, intervenant à l’occasion pour faire épargner des professeurs de [[théologie]], des étudiants, injustement soupçonnés ou calomniés, et publiant des instructions pour plus de justice envers les [[Nouveaux chrétiens|nouveaux convertis]] de l’[[islam]] ou du [[judaïsme]]<ref>{{ouvrage |auteur= Ch. J. Hefele |lien auteur= Karl Joseph von Hefele |titre= Le Cardinal Ximenès et l'Église d'Espagne, à la fin du XVe et au commencement du {{s-|XVI}} : pour servir à l'histoire critique de l'Inquisition |nature ouvrage= voir l'introduction |lieu= Paris |éditeur= impr.-libr. J.-B. Pélagaud et {{Cie}} |date= 1856 |url= https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6210311s/f11.item.texteImage |format= sur ''gallica'' }}.</ref>. D'autres historiens, au {{s-|XX}}, accumulent et étudient la documentation le concernant, et, sans contester son action en faveur de l'Université, commencent à le décrire comme un inquisiteur à l'influence grandissante vis-à-vis de la royauté<ref>{{ouvrage |auteur= Philippe Conrad |titre= Histoire de la Reconquista |collection= Que Sais-Je ? |date= 1955 |passage= 114 (« Les rois catholiques vont résister… ») |présentation en ligne= https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4814416g/f5.item |format= sur ''gallica'' }}.</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage |auteur= Jean Métellus |titre= Collomb |éditeur= éd. L'autre mer |date= 1992 |passage= 128 (« Le cardinal Francisco Jiménez de Cisneros, homme d'une étonnante fermeté et d'une vaste culture […] n'aime pas les hiéronymites de Guadalupe auxquels était lié Christophe Collomb… »)|présentation en ligne= https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3321146h/f1.item |format= sur ''gallica'' }}.</ref> et le considèrent directement responsable de procédures d'[[exil]], de [[Confiscation|confiscations]], d'[[Esclavage|esclavagisme]] ou de condamnations à des peines de [[Emprisonnement à perpétuité|prison à vie]] à l'encontre de près de 53 000 personnes et d'être responsable de la condamnation de 3 574 personnes à être [[Bûcher|brûlées vives]], certains, comme l'archevêque de [[Rennes]] [[Pierre d'Ornellas]], considérant son action comme {{citation|problématique}} voire {{citation|néfaste}}<ref>{{chapitre |auteur= Pierre d'Ornellas |titre chapitre= Traduction, œuvre culturelle ou œuvre de tradition de la foi ? |titre ouvrage= Bibles en français Traduction et tradition |nature ouvrage= actes du colloque des 5-6 décembre 2003 |éditeur= éd. Parole et Silence |pages= 251 |présentation en ligne= https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3363578k/f70 }}.</ref>, d'autres comme [[Robert Escarpit]] de la taxer d'{{citation|impitoyable}}<ref>{{ouvrage |auteur1= Robert Escarpit |lien auteur1= Robert Escarpit |auteur2= F. Bergès |auteur3= Gracie Larrieu |titre= Guide hispanique |éditeur= éd. Hachette Classiques |date= 1959 |passage= 58 |chapitre= Les rois catholiques |présentation en ligne= https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3363578k/f7.item |format= sur ''gallica'' }}.</ref>.


=== L'homme politique ===
=== L'homme politique ===
À partir de [[1499]], il acquit en politique un rôle prépondérant, en particulier en raison de son action pour la [[Prise de Grenade|reconquête de Grenade]], récemment reprise aux musulmans, et pour l’[[évangélisation]] des [[Maures]]. Isabelle le nomma administrateur de Castille<ref name="Bouillet"/>.
À partir de [[1499]], il acquiert en politique un rôle prépondérant, en particulier en raison de son action pour la [[Prise de Grenade|reconquête de Grenade]], récemment reprise aux [[Musulman|musulmans]], et pour l’[[Conversions forcées des musulmans d'Espagne|évangélisation des Maures]]. Isabelle le nomma administrateur de Castille<ref name="Bouillet"/>.
[[Fichier:Cisneros2.jpg|thumb|left|Cisneros visite le chantier de l'hôpital de la charité, ''sanctuaire de la charité d'Illescas'', tableau d'Alejandro Ferrant (1844–1917)]]
Contre l'avis de l'archevêque de Grenade Hernando de Talavera, partisan d'une conversion progressive, il lança diverses réformes visant à obliger les [[Morisques]] à se convertir au christianisme, entraînant diverses révoltes à la fin du {{s-|XV|e}}<ref name="Britannica"/>. Ces réformes furent sanctionnées par un décret (''{{lang|es|pragmática}}'') des [[Rois catholiques]] du {{date|14|février|1502}}, dans la continuité du [[Décret de l'Alhambra]] de 1492 destiné aux [[Juifs]], qui rendirent systématique cette conversion, le catholicisme devenant alors la religion officielle de tous les Espagnols, et marquèrent le début d'un climat de tension avec la minorité morisque, qui persista jusqu'à l'[[Expulsion des Morisques d'Espagne|expulsion massive de ces derniers en 1609]]<ref name="Britannica"/>.


[[Fichier:Alejandro Ferrant (1892) Cardenal Cisneros. Hospital de la Caridad de Illescas.jpg|thumb|left|Cisneros visite le chantier de l'hôpital de la charité, ''sanctuaire de la charité d'Illescas'', tableau d'Alejandro Ferrant (1844–1917)]]
Après la mort de la reine Isabelle, en [[1504]], il prit le parti de Ferdinand dans le conflit de succession qui l'opposait à [[Philippe Ier de Castille|Philippe le Beau]], tout en assurant avec circonspection un rôle de médiation, qui déboucha sur les accords de Salamanque dans lesquels Philippe fut proclamé roi de Castille<ref name="Britannica"/>. Après la mort de ce dernier en 1506, Ferdinand, provisoirement absent du royaume, désigna à nouveau Cisneros régent de Castille, protecteur de la reine [[Jeanne Ire de Castille|Jeanne]], déclarée incompétente, ainsi que de son fils, le futur [[Charles Quint]]<ref name="Bouillet"/>. Il affronta alors avec succès un complot qui cherchait à placer l'empereur [[Maximilien Ier du Saint-Empire|Maximilien]] sur le trône d'Espagne<ref name="Britannica"/>.
Contre l'avis de l'archevêque de Grenade Hernando de Talavera, partisan d'une conversion progressive, il lance diverses réformes visant à obliger les [[Morisques]] à [[Conversion au christianisme|se convertir au christianisme]], entraînant diverses révoltes à la fin du {{s-|XV}}<ref name="Britannica"/>. Ces réformes sont confirmées par un décret (''{{lang|es|pragmática}}'') des [[Rois catholiques d'Espagne|Rois catholiques]] du {{date|14|février|1502}}, dans la continuité du [[décret de l'Alhambra]] de 1492 à l'encontre des [[Histoire des Juifs en Espagne|Juifs]] : la conversion est rendue systématique, le [[catholicisme]] devient alors la religion officielle de tous les [[Espagnols]]. C'est le début d'un climat de tension avec la minorité morisque, qui persiste jusqu'à l'[[Expulsion des morisques d'Espagne|expulsion massive de cette dernière en 1609]]<ref name="Britannica"/>.


[[Fichier:Casa de Cisneros - 02.jpg|vignette|Maison de Cisneros, ''Plaza de la Villa'', [[Madrid]], Espagne]]
En 1502, la colonie de Villa Cisneros, aujourd'hui [[Dakhla]], dans le [[Sahara occidental]], fut nommée en son honneur. En [[1509]], il conseilla à Ferdinand d’entreprendre une expédition en [[Algérie]] pour délivrer les Chrétiens captifs. Il organisa à ses frais l’expédition militaire qui aboutit à la prise d’[[Oran]], puis de [[Béjaïa|Bougie]] et de [[Tripoli (Libye)|Tripoli]]<ref name="Bouillet"/>{{,}}<ref>[http://fr.ca.encarta.msn.com/text_761585590___5/Cisneros_Francisco_Jim%C3%A9nez_de.html Article ''Francisco Jiménez de Cisneros''] sur [[Encarta]].</ref>. Ferdinand rejeta toutefois les conseils de Cisneros de se lancer dans une conquête de grande envergure en Afrique du Nord, préférant se consacrer à la question des [[guerres d'Italie]]<ref name="Britannica"/>. Le cardinal rapatria des chrétiens en Espagne, détruisit des mosquées et en transforma en églises. À son retour en Espagne il fut accueilli comme un héros et libérateur.
Après la mort de la reine Isabelle, en [[1504]], il prend le parti de [[Ferdinand II d'Aragon|Ferdinand]] dans le conflit de succession qui oppose ce dernier à [[Philippe Ier de Castille|Philippe le Beau]] ; il assure cependant — avec circonspection un rôle de [[médiation]], qui débouche sur les accords de [[Salamanque]] par lesquels Philippe est proclamé [[Liste des souverains de Castille|roi de Castille]]<ref name="Britannica" />. Après la mort de Philippe en 1506, Ferdinand, provisoirement absent du royaume, désigne à nouveau Cisneros comme régent de Castille, protecteur de la reine [[Jeanne Ire de Castille|Jeanne]] déclarée incompétente et de son fils le futur [[Charles Quint]]<ref name="Bouillet"/>. Il affronte alors avec succès un [[Conspiration|complot]] cherchant à placer l'empereur [[Maximilien Ier du Saint-Empire|Maximilien du Saint-Empire]] sur le trône d'Espagne<ref name="Britannica"/>.


En 1502, la colonie de Villa Cisneros (aujourd'hui [[Dakhla]], dans le [[Sahara occidental]]) est nommée en son honneur. En [[1509]], il conseille à [[Ferdinand II d'Aragon|Ferdinand]] d’entreprendre une expédition en [[Algérie]] pour délivrer les [[Chrétiens dans le monde arabe|chrétiens]] captifs. Il organise à ses frais l’expédition militaire qui aboutit à la prise d’[[Oran]], puis de [[Béjaïa|Bougie]] et de [[Tripoli (ville de Libye)|Tripoli]]<ref name="Bouillet"/>{{,}}<ref>{{lien web |libellé= |lang= fr |titre= Francisco Jiménez de Cisneros |description= article |site= fr.ca.encarta.msn.com |éditeur= [[Encarta]] |url= http://fr.ca.encarta.msn.com/text_761585590___5/Cisneros_Francisco_Jim%C3%A9nez_de.html |consulté le= 10/2023 |brisé le= 10/2023 }}.</ref>. Ferdinand rejette toutefois les conseils de Cisneros de se lancer dans une conquête de grande envergure en Afrique du Nord, préférant se consacrer à la question des [[guerres d'Italie]]<ref name="Britannica"/>. Le cardinal rapatrie des chrétiens en Espagne, détruit des [[Mosquée|mosquées]] et en transforme en [[Église (édifice)|églises]]. À son retour en Espagne, il est accueilli comme héros et libérateur.
Dans le domaine politique aussi, il soutint le Pape [[Jules II]] dans ses luttes contre les rois de France [[Louis XII de France]] et [[François Ier de France|François {{Ier}}]].

Dans le domaine politique aussi, il soutient le pape [[Jules II]] dans ses luttes contre les rois de France [[Louis XII de France|Louis {{XII}}]] et {{François Ier}}.

[[Ferdinand le Catholique|Ferdinand d'Aragon]], sur son lit de mort en 1516, lui confie le gouvernement de Castille jusqu'à l'avènement de son petit-fils [[Charles Quint|Charles]], dont Cisneros {{quand|organise le couronnement}}. Cisneros doit étouffer plusieurs révoltes, notamment les intrigues de certains nobles castillans qui cherchent à imposer [[Ferdinand Ier du Saint-Empire|Ferdinand du Saint-Empire]], frère cadet de Ferdinand d'Aragon, pour parvenir à faire reconnaître son autorité<ref name="Bouillet"/>{{,}}<ref name="Britannica"/>. Influencé par son entourage flamand, Charles se montre pour sa part peu reconnaissant et le renvoie dans son diocèse en 1517 ; le cardinal meurt en recevant la nouvelle de cette disgrâce<ref name="Bouillet"/>.


À sa mort en 1516, Ferdinand lui confia le gouvernement de Castille jusqu'à l'avènement de son petit-fils Charles, dont il organisa le couronnement. Il dut étouffer plusieurs révoltes, notamment les intrigues de certains nobles castillans qui cherchèrent à imposer son frère cadet [[Ferdinand Ier du Saint-Empire|Ferdinand]] pour parvenir à faire reconnaître son autorité<ref name="Bouillet"/>{{,}}<ref name="Britannica"/>. Influencé par son entourage flamand, Charles se montra pour sa part peu reconnaissant et le renvoya dans son diocèse en 1517 ; le cardinal mourut en recevant la nouvelle de cette disgrâce<ref name="Bouillet"/>.
=== Le réformateur ===
=== Le réformateur ===
[[Fichier:Francisco Jiménez de Cisneros (22-01-1510) Constituciones del Colegio Mayor de San Ildefonso.png|vignette|Premières constitutions latines originales du [[Collège universitaire Saint-Ildephonse (Alcalá de Henares)|''Colegio Mayor'' de San Ildefonso]] de l'[[université d'Alcalá de Henares (1499-1836)|université d'Alcalá]], signées par le cardinal Cisneros à [[Alcalá de Henares]], 22 janvier 1510. ]]
Il réforma l'enseignement de la théologie en décidant que les étudiants seraient formés selon les trois « voies » de la théologie médiévale : la ''Somme'' de saint Thomas, le scotisme et le nominalisme afin qu'ils confrontent les opinions de ces trois enseignements<ref>Bartholomé Bennassar, ''Un Siècle d'or espagnol'', Robert Laffont, 1982, p. 155.</ref>.
Il réforme l'enseignement de la [[Théologie catholique|théologie]] en décidant que les étudiants seraient formés selon les trois « voies » de la théologie médiévale : la ''Somme'' de saint Thomas, le [[scotisme]] et le [[nominalisme]], afin qu'ils confrontent les opinions de ces trois enseignements<ref>Bartholomé Bennassar, ''Un Siècle d'or espagnol'', Robert Laffont, 1982, p. 155.</ref>.


Il convient aussi de mentionner l’œuvre globalement bénéfique de Cisneros en faveur des missions du [[Amérique|Nouveau Monde]], en particulier de [[Nouvelle-Espagne]]. Il organisa le recrutement et la formation sérieuse des futurs [[Missionnaire (chrétien)|missionnaires]] de l’Ordre franciscain et d’autres ordres religieux, [[Ordre des Prêcheurs|Dominicains]] et [[Ordre du Carmel|Carmes]].
Cisneros œuvre de façon généralement bénéfique en faveur des [[Mission (christianisme)|missions]] du [[Amérique|Nouveau Monde]], en particulier de [[Nouvelle-Espagne]]. Il organise le recrutement et la formation sérieuse des futurs [[Missionnaire (chrétien)|missionnaires]] de l’ordre franciscain et d’autres ordres religieux, [[Ordre des Prêcheurs|dominicains]] et [[Ordre du Carmel|carmes]].


Il rédigea pour la défense des [[Amérindiens|Indiens]] des instructions très précises sur la façon de les catéchiser et afin de les protéger contre les exactions des colons et soldats.
Il rédige pour la défense des [[Amérindiens|Indiens]] persécutés des [[Amérique|Amériques]] des instructions très précises sur la façon de les [[Catéchisme|catéchiser]] et afin de les protéger contre les exactions des colons et soldats européens.


=== Le philologue ===
=== Le philologue ===
[[Fichier:Universidad de Alcala.jpg|thumb|left|Façade de l'université d'Alcalá, fondée par Cisneros]]
[[Fichier:Universidad de Alcala.jpg|thumb|left|Façade de l'université d'Alcalá, fondée par Cisneros]]
[[Fichier:Cisneros' original complutensian polyglot Bible -1.jpg|thumb|Frontispice original de la ''Biblia políglota complutense'', portant les armoiries de Cisneros.]]
[[Fichier:Cisneros' original complutensian polyglot Bible -1.jpg|thumb|Frontispice original de la ''Biblia políglota complutense'', portant les armoiries de Cisneros.]]
En accord avec le renouveau [[Évangélisme|évangélique]] de son temps, il s'intéressa très tôt à l'[[exégèse biblique]] ; ainsi, vers 1480 déjà, il apprit l'hébreu chez un fameux rabbin de Sigüenza<ref name="MB26">Bataillon, p. 26.</ref>. Autour de 1500 il commença à rassembler de précieux manuscrits et sa demeure devint un véritable centre d'études des Écritures où il accueillait hébraïsants et hellénistes<ref name="MB26"/>.


En accord avec le renouveau [[Évangélisme|évangélique]] de son temps, il s'intéresse très tôt à l'[[exégèse biblique]] ; ainsi, vers 1480 déjà, il apprend l'[[hébreu]] chez un fameux [[rabbin]] de [[Sigüenza]]. Autour de 1500, il commença à rassembler de précieux [[Manuscrit|manuscrits]] et sa demeure devint un véritable centre d'études des [[Saintes Écritures|Écritures]] où il accueillait [[Hébraïsant|hébraïsants]] et [[Hellénisme|hellénistes]]{{sfn|Bataillon|1998|p=26}}.
Tout en se montrant impitoyable dans la répression des [[hérésie]]s, il fonda et finança sur ses deniers personnels l'[[Université d'Alcalá de Henares (historique)|université d'Alcalá de Henares]]. Il posa lui-même la première pierre de l'édifice le 14 mars 1498, mais plus de dix ans s'écoulèrent avant qu'elle accueille ses premiers occupants, le 26 juillet 1508, l'enseignement n'y étant dispensé de façon régulière qu'à partir de la fin de l'année suivante<ref>Bataillon, p. 12.</ref>. Dans celle-ci furent paradoxalement enseignées des langues interdites par l'Inquisition, tels l'[[hébreu]] et l'[[araméen]]. Il y attira des étudiants issus de la plupart des ordres religieux ainsi que les plus grands érudits d'Europe. [[Érasme]] déclina cependant son invitation<ref name="Britannica"/>.

Tout en se montrant impitoyable dans la répression des [[hérésie]]s, il fonde et finance sur ses deniers personnels l'[[Université d'Alcalá de Henares (historique)|université d'Alcalá de Henares]]. Il en pose lui-même la première pierre le {{date-|14 mars 1498}}, mais plus de dix ans s'écoulent avant qu'elle accueille ses premiers occupants, le {{date-|26 juillet 1508}} ; l'enseignement n'y est dispensé de façon régulière qu'à partir de la fin de l'année suivante{{sfn|Bataillon|1998|p=12}}. Dans celle-ci, sont paradoxalement enseignées des langues interdites par l'Inquisition, tels l'[[hébreu]] et l'[[araméen]]. Il y attire des étudiants issus de la plupart des ordres religieux ainsi que les plus grands érudits d'Europe. [[Érasme]] décline cependant son invitation<ref name="Britannica"/>.


Cette université devint rapidement l'une des meilleures d'Europe. Elle inspira à [[François Ier de France|François {{Ier}}]], roi de France, l'idée de fonder le [[Collège de France]]. En [[1522]], elle fit paraître la ''[[Bible polyglotte d'Alcalá]]'' ou ''{{lang|es|Complutense}}'', édition complète de la Bible en [[hébreu]], entourée de sa traduction [[Koinè (grec)|grecque]] et [[latin]]e telle que la voulut Cisneros sur le modèle des ''[[Hexaples]]'' d'[[Origène]].
Cette université devient rapidement l'une des meilleures d'Europe. Elle inspire à [[François Ier de France|François {{Ier}}]], roi de France, l'idée de fonder le [[Collège de France]]. En [[1522]], elle fait paraître la [[bible polyglotte d'Alcalá]], édition complète de la [[Tanakh|bible en hébreu]], entourée de sa traduction [[Koinè (grec)|grecque]] et [[latin]]e telle que la veut Cisneros sur le modèle des ''[[Hexaples]]'' d'[[Origène]].


=== Sépulture ===
=== Sépulture ===
[[Fichier:Cardinal cisneros' tomb.jpg|thumb|Tombe du Cardinal Cisneros dans la chapelle de l'université d'Alcalá]]
[[Fichier:Cardinal cisneros' tomb.jpg|thumb|Tombe du Cardinal Cisneros dans la chapelle de l'université d'Alcalá]]
Francisco Jiménez mourut à [[Roa (Espagne)|Roa]], près de [[Valladolid]], le {{date|8|novembre|1517}}, à l'âge de 81 ans. Très aimé du peuple espagnol, il reçut de grandioses obsèques et fut enterré à Alcalá.
Francisco Jiménez meurt à [[Roa (Espagne)|Roa]], près de [[Valladolid]], le {{date|8|novembre|1517}}, à l'âge de 81 ans. Très aimé du peuple espagnol, il reçoit de grandioses obsèques et est enterré à Alcalá.


Sa vie a été écrite en français par [[Esprit Fléchier|Fléchier]], Marsollier, [[Dominique Baudier|Baudier]], et en allemand par Héléfé, dont l'ouvrage a été traduit par les abbés Sisson et [[Augustin Crampon|Crampon]] (Paris, 1856)<ref name="Bouillet"/>.
Sa vie a été écrite en français par [[Esprit Fléchier|Fléchier]], Marsollier, [[Dominique Baudier|Baudier]], et en allemand par Héléfé, dont l'ouvrage a été traduit par les abbés Sisson et [[Augustin Crampon|Crampon]] (Paris, 1856)<ref name="Bouillet"/>.


== Littérature ==
== Littérature ==
Cisneros est le personnage principal de la pièce de théâtre ''Le Cardinal d'Espagne'' d'[[Henry de Montherlant]].
Cisneros est le personnage principal de la pièce de théâtre ''[[Le Cardinal d'Espagne]]'' d'[[Henry de Montherlant]].


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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* Une partie de cet article est issue de l’[http://www.wikitau.org/index.php5?title=Francisco_Xim%C3%A9nez_de_Cisneros article ''Francisco Ximénez de Cisneros'' sur wikitau] disponible sous licence [[Licence de documentation libre GNU|GFDL]] dans sa version du 28 août 2008 (voir l'[http://www.wikitau.org/index.php5?title=Francisco_Xim%C3%A9nez_de_Cisneros&action=history historique] pour connaître la liste des contributeurs)
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== Bibliographie ==
== Annexes ==
=== Bibliographie ===
* García Oro, José, ''Cisneros: un cardenal reformista en el trono de España (1436-1517)'', La Esfera de los Libros, 2005, ISBN 978-84-9734-389-3.
* {{es}} José García Oro, ''Cisneros: un cardenal reformista en el trono de España (1436-1517)'', La Esfera de los Libros, 2005, {{ISBN|978-84-9734-389-3}}
* [[Marcel Bataillon|Bataillon, Marcel]], ''Érasme et l'Espagne - <small>Recherches sur l'histoire spirituelle du {{XVIe}} siècle''</small>, 1937 (thèse), réédition augmentée et corrigée de 1991, Droz, 1998, Genève {{ISBN|2-600-00510-2}}, 903 p.
* {{ouvrage |libellé= Bataillon 1998 |lang= fr |auteur1= Marcel Bataillon |lien auteur1= Marcel Bataillon |préface= Jean-Claude Margolin |titre= Érasme et l'Espagne - Recherches sur l'histoire spirituelle du {{s-|XVI}} |nature ouvrage= thèse |lieu= Genève |éditeur= éd. Droz |année= 1998 |année première impression= 1991 |pages= 903 |passage= |isbn= 2-600-00510-2 |résumé= |présentation en ligne= https://books.google.fr/books?id=PJ3YYyZE5L0C&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false
* Merton, Reginald, ''Cardinal Ximenes and the Making of Spain'', 1934.
}}.
* Pérez, Joseph, ''Cisneros, el cardenal de España'', Taurus, 2014, ISBN 978-84-306-0948-2.
* {{en}} Reginald Merton, ''Cardinal Ximenes and the Making of Spain'', 1934.
* {{es}} Joseph Pérez, ''Cisneros, el cardenal de España'', Taurus, 2014, {{ISBN|978-84-306-0948-2}}


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Francisco Jiménez de Cisneros
Image illustrative de l’article Francisco Jiménez de Cisneros
Portrait du cardinal Cisneros, par Juan de Borgoña (ca. 1878).
Biographie
Naissance
Torrelaguna
Ordre religieux Ordre des Frères mineurs
Décès
Roa
Cardinal de l'Église catholique
Créé
cardinal
Titre cardinalice Cardinal-prêtre
de Sainte-Balbine
Évêque de l'Église catholique
Ordination épiscopale
Archevêque de Tolède
Autres fonctions
Fonction religieuse
Fonction laïque

Signature de Francisco Jiménez de Cisneros

Blason
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Francisco Jiménez de Cisneros (ou Francisco Ximénes de Cisneros selon l'orthographe en vigueur à l'époque), né Gonzalo Jiménez de Cisneros en 1436 à Torrelaguna et mort en 1517 à Roa, est un cardinal, réformateur religieux, Grand inquisiteur et homme d'État espagnol.

Proche conseiller d'Isabelle la Catholique, il est à diverses reprises régent de Castille. Religieux franciscain avant d'être élevé à la pourpre cardinalice, il entreprend d'importantes réformes dans le fonctionnement du clergé espagnol, visant notamment à un meilleur respect des règles au sein des ordres religieux. Personnage clef de la Renaissance espagnole, il fonde la prestigieuse université d'Alcalá de Henares et dirige la réalisation de la célèbre bible polyglotte d'Alcalá.

Biographie[modifier | modifier le code]

Il naît à Torrelaguna (Castille-La Manche) en 1436, dans une modeste famille d'hidalgos ; ses parents sont Alfonso Jiménez, receveur de décimes, et l'épouse de ce dernier María de la Torre[1],[2],[3]. Influencé par un oncle prêtre avec qui il entame ses études à Roa, il se destine très vite à l'ecclésiat[3]. Il poursuit ses études au collège d'Alcalá de Henares, puis à la célèbre université de Salamanque qui lui décerne un diplôme de droit civil et de droit canonique.

Pour faire carrière comme juriste, il part à Rome en 1459, comme avocat consistorial[3]. Après la mort de son père en 1466, il doit rentrer en Espagne en 1466[3] avec l’espoir d’obtenir un bénéfice ecclésiastique, et peut-être un évêché, comme le lui aurait promis le pape Sixte V. Il est nommé à l’évêché d’Uceda par Paul II à la suite de la dénonciation par Cisneros d'irrégularités commises par son prédécesseur. L'insistance de Cisneros pour occuper la charge promise par le pape déplait à l’archevêque de Tolède Alfonso Carrillo de Acuña qui pensait réserver le poste pour un de ses proches et le fait incarcérer de 1473 à 1479[1],[3].

Toutefois, en récompense de ses qualités personnelles et de sa grande détermination, le prélat Pedro González de Mendoza lui concède en 1482 la charge de vicaire général du diocèse de Sigüenza[1] ; mais il en démissionne en 1484, âgé de 48 ans, pour entrer chez les franciscains de l’Observance au monastère de San Juan de los Reyes, à la suite d'une véritable conversion pour renoncer aux honneurs[3]. Il prend alors le nom de fraile (frère) Francisco[1].

Pendant près de dix ans il mène une vie d'ascèse et de recueil, mais ses qualités le font remarquer et il est rapidement élu « gardien » du couvent de Salzeda, puis, en 1484, ministre provincial de l’Observance en Castille[3].

L'ecclésiastique[modifier | modifier le code]

En 1492, la reine Isabelle, sur les conseils de l’archevêque de Tolède, le choisit comme confesseur[1] et directeur de conscience, à condition qu'il ne quitte pas son couvent pour venir à la Cour, et qu’il ne change en rien ses habitudes religieuses, particulièrement austères dans l’observance espagnole. Trois ans après, le pape Alexandre VI Borgia le promeut archevêque de Tolède en remplacement de Mendoza[2], primat d’Espagne, probablement à la demande des souverains espagnols Ferdinand et Isabelle. Il refuse cet honneur dans un premier temps ; il faut des lettres du pape pour le déterminer à accepter[2] au bout de quelques mois.

Le cardinal Francisco Ximenez de Cisneros, 1791

Aux synodes d'Alcalá et de Talavera (respectivement en 1497 et 1498), il s’efforce de réformer les mœurs du clergé, de ses chanoines et de promouvoir une stricte observance de la pauvreté chez les franciscains des diverses obédiences. Il défend diverses mesures visant à mettre fin à la pratique, alors courante, du concubinat chez les prêtres[1]. Avant que ces réformes soient véritablement appliquées et acceptées, du moins dans le clergé régulier, elles entraînent les protestations de certains ecclésiastiques auprès du Saint-Siège ou de la reine Isabelle et même l'exil de plusieurs centaines d'entre eux en Afrique du Nord où ils se convertissent à l'islam[1].

Il soutient le pape Jules II, que le synode de Pise a voulu déposer. Le pape réagit en convoquant le Concile de Latran qui se tient en 1512 sous Jules II puis Léon X et annule le synode schismatique.

À son retour en Espagne en 1507, Ferdinand le fait nommer cardinal et Grand-Inquisiteur d’Espagne[2] - en remplacement de l'inquisiteur général Diego Deza (en) considéré comme responsable des excès du cruel Diego Rodriguez Lucero. Cisneros occupe ce poste jusqu'en 1517. Certains historiens de la religion au XIXe siècle décrivent son action à ce poste comme relativement modérée et le présentent comme surveillant de près les procédures d'autres inquisiteurs[1] dont il aurait plutôt modéré les actions, intervenant à l’occasion pour faire épargner des professeurs de théologie, des étudiants, injustement soupçonnés ou calomniés, et publiant des instructions pour plus de justice envers les nouveaux convertis de l’islam ou du judaïsme[4]. D'autres historiens, au XXe siècle, accumulent et étudient la documentation le concernant, et, sans contester son action en faveur de l'Université, commencent à le décrire comme un inquisiteur à l'influence grandissante vis-à-vis de la royauté[5],[6] et le considèrent directement responsable de procédures d'exil, de confiscations, d'esclavagisme ou de condamnations à des peines de prison à vie à l'encontre de près de 53 000 personnes et d'être responsable de la condamnation de 3 574 personnes à être brûlées vives, certains, comme l'archevêque de Rennes Pierre d'Ornellas, considérant son action comme « problématique » voire « néfaste »[7], d'autres comme Robert Escarpit de la taxer d'« impitoyable »[8].

L'homme politique[modifier | modifier le code]

À partir de 1499, il acquiert en politique un rôle prépondérant, en particulier en raison de son action pour la reconquête de Grenade, récemment reprise aux musulmans, et pour l’évangélisation des Maures. Isabelle le nomma administrateur de Castille[2].

Cisneros visite le chantier de l'hôpital de la charité, sanctuaire de la charité d'Illescas, tableau d'Alejandro Ferrant (1844–1917)

Contre l'avis de l'archevêque de Grenade Hernando de Talavera, partisan d'une conversion progressive, il lance diverses réformes visant à obliger les Morisques à se convertir au christianisme, entraînant diverses révoltes à la fin du XVe siècle[1]. Ces réformes sont confirmées par un décret (pragmática) des Rois catholiques du , dans la continuité du décret de l'Alhambra de 1492 à l'encontre des Juifs : la conversion est rendue systématique, le catholicisme devient alors la religion officielle de tous les Espagnols. C'est le début d'un climat de tension avec la minorité morisque, qui persiste jusqu'à l'expulsion massive de cette dernière en 1609[1].

Maison de Cisneros, Plaza de la Villa, Madrid, Espagne

Après la mort de la reine Isabelle, en 1504, il prend le parti de Ferdinand dans le conflit de succession qui oppose ce dernier à Philippe le Beau ; il assure cependant — avec circonspection — un rôle de médiation, qui débouche sur les accords de Salamanque par lesquels Philippe est proclamé roi de Castille[1]. Après la mort de Philippe en 1506, Ferdinand, provisoirement absent du royaume, désigne à nouveau Cisneros comme régent de Castille, protecteur de la reine Jeanne — déclarée incompétente — et de son fils le futur Charles Quint[2]. Il affronte alors avec succès un complot cherchant à placer l'empereur Maximilien du Saint-Empire sur le trône d'Espagne[1].

En 1502, la colonie de Villa Cisneros (aujourd'hui Dakhla, dans le Sahara occidental) est nommée en son honneur. En 1509, il conseille à Ferdinand d’entreprendre une expédition en Algérie pour délivrer les chrétiens captifs. Il organise à ses frais l’expédition militaire qui aboutit à la prise d’Oran, puis de Bougie et de Tripoli[2],[9]. Ferdinand rejette toutefois les conseils de Cisneros de se lancer dans une conquête de grande envergure en Afrique du Nord, préférant se consacrer à la question des guerres d'Italie[1]. Le cardinal rapatrie des chrétiens en Espagne, détruit des mosquées et en transforme en églises. À son retour en Espagne, il est accueilli comme héros et libérateur.

Dans le domaine politique aussi, il soutient le pape Jules II dans ses luttes contre les rois de France Louis XII et François Ier.

Ferdinand d'Aragon, sur son lit de mort en 1516, lui confie le gouvernement de Castille jusqu'à l'avènement de son petit-fils Charles, dont Cisneros organise le couronnement[Quand ?]. Cisneros doit étouffer plusieurs révoltes, notamment les intrigues de certains nobles castillans qui cherchent à imposer Ferdinand du Saint-Empire, frère cadet de Ferdinand d'Aragon, pour parvenir à faire reconnaître son autorité[2],[1]. Influencé par son entourage flamand, Charles se montre pour sa part peu reconnaissant et le renvoie dans son diocèse en 1517 ; le cardinal meurt en recevant la nouvelle de cette disgrâce[2].

Le réformateur[modifier | modifier le code]

Premières constitutions latines originales du Colegio Mayor de San Ildefonso de l'université d'Alcalá, signées par le cardinal Cisneros à Alcalá de Henares, 22 janvier 1510.

Il réforme l'enseignement de la théologie en décidant que les étudiants seraient formés selon les trois « voies » de la théologie médiévale : la Somme de saint Thomas, le scotisme et le nominalisme, afin qu'ils confrontent les opinions de ces trois enseignements[10].

Cisneros œuvre de façon généralement bénéfique en faveur des missions du Nouveau Monde, en particulier de Nouvelle-Espagne. Il organise le recrutement et la formation sérieuse des futurs missionnaires de l’ordre franciscain et d’autres ordres religieux, dominicains et carmes.

Il rédige pour la défense des Indiens persécutés des Amériques des instructions très précises sur la façon de les catéchiser et afin de les protéger contre les exactions des colons et soldats européens.

Le philologue[modifier | modifier le code]

Façade de l'université d'Alcalá, fondée par Cisneros
Frontispice original de la Biblia políglota complutense, portant les armoiries de Cisneros.

En accord avec le renouveau évangélique de son temps, il s'intéresse très tôt à l'exégèse biblique ; ainsi, vers 1480 déjà, il apprend l'hébreu chez un fameux rabbin de Sigüenza. Autour de 1500, il commença à rassembler de précieux manuscrits et sa demeure devint un véritable centre d'études des Écritures où il accueillait hébraïsants et hellénistes[11].

Tout en se montrant impitoyable dans la répression des hérésies, il fonde et finance sur ses deniers personnels l'université d'Alcalá de Henares. Il en pose lui-même la première pierre le , mais plus de dix ans s'écoulent avant qu'elle accueille ses premiers occupants, le  ; l'enseignement n'y est dispensé de façon régulière qu'à partir de la fin de l'année suivante[12]. Dans celle-ci, sont paradoxalement enseignées des langues interdites par l'Inquisition, tels l'hébreu et l'araméen. Il y attire des étudiants issus de la plupart des ordres religieux ainsi que les plus grands érudits d'Europe. Érasme décline cependant son invitation[1].

Cette université devient rapidement l'une des meilleures d'Europe. Elle inspire à François Ier, roi de France, l'idée de fonder le Collège de France. En 1522, elle fait paraître la bible polyglotte d'Alcalá, édition complète de la bible en hébreu, entourée de sa traduction grecque et latine telle que la veut Cisneros sur le modèle des Hexaples d'Origène.

Sépulture[modifier | modifier le code]

Tombe du Cardinal Cisneros dans la chapelle de l'université d'Alcalá

Francisco Jiménez meurt à Roa, près de Valladolid, le , à l'âge de 81 ans. Très aimé du peuple espagnol, il reçoit de grandioses obsèques et est enterré à Alcalá.

Sa vie a été écrite en français par Fléchier, Marsollier, Baudier, et en allemand par Héléfé, dont l'ouvrage a été traduit par les abbés Sisson et Crampon (Paris, 1856)[2].

Littérature[modifier | modifier le code]

Cisneros est le personnage principal de la pièce de théâtre Le Cardinal d'Espagne d'Henry de Montherlant.

Notes et références[modifier | modifier le code]

"Archetypo de virtudes" (Pedro de Quintanilla y Mendoza, 1653).
  1. a b c d e f g h i j k l m n et o « Francisco, Cardinal Jiménez de Cisneros », sur l'Encyclopædia Britannica.
  2. a b c d e f g h i et j Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Ximénès de Cisneros (le cardinal François) » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, (lire sur Wikisource).
  3. a b c d e f et g « Jiménez de Cisneros, O.F.M.Obs., Francisco (1436-1517) »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur webdept.fiu.edu (consulté en ).
  4. Ch. J. Hefele, Le Cardinal Ximenès et l'Église d'Espagne, à la fin du XVe et au commencement du XVIe siècle : pour servir à l'histoire critique de l'Inquisition (voir l'introduction), Paris, impr.-libr. J.-B. Pélagaud et Cie, , sur gallica (lire en ligne).
  5. Philippe Conrad, Histoire de la Reconquista, coll. « Que Sais-Je ? », , sur gallica (présentation en ligne), p. 114 (« Les rois catholiques vont résister… »).
  6. Jean Métellus, Collomb, éd. L'autre mer, , sur gallica (présentation en ligne), p. 128 (« Le cardinal Francisco Jiménez de Cisneros, homme d'une étonnante fermeté et d'une vaste culture […] n'aime pas les hiéronymites de Guadalupe auxquels était lié Christophe Collomb… »).
  7. Pierre d'Ornellas, « Traduction, œuvre culturelle ou œuvre de tradition de la foi ? », dans Bibles en français Traduction et tradition (actes du colloque des 5-6 décembre 2003), éd. Parole et Silence, 251 p. (présentation en ligne).
  8. Robert Escarpit, F. Bergès et Gracie Larrieu, Guide hispanique, éd. Hachette Classiques, , sur gallica (présentation en ligne), « Les rois catholiques », p. 58.
  9. « Francisco Jiménez de Cisneros », article(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur fr.ca.encarta.msn.com, Encarta (consulté en ).
  10. Bartholomé Bennassar, Un Siècle d'or espagnol, Robert Laffont, 1982, p. 155.
  11. Bataillon 1998, p. 26.
  12. Bataillon 1998, p. 12.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (es) José García Oro, Cisneros: un cardenal reformista en el trono de España (1436-1517), La Esfera de los Libros, 2005, (ISBN 978-84-9734-389-3)
  • [Bataillon 1998] Marcel Bataillon (préf. Jean-Claude Margolin), Érasme et l'Espagne - Recherches sur l'histoire spirituelle du XVIe siècle (thèse), Genève, éd. Droz, , 903 p. (ISBN 2-600-00510-2, présentation en ligne).
  • (en) Reginald Merton, Cardinal Ximenes and the Making of Spain, 1934.
  • (es) Joseph Pérez, Cisneros, el cardenal de España, Taurus, 2014, (ISBN 978-84-306-0948-2)

Liens externes[modifier | modifier le code]

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