« Guerre ougando-tanzanienne » : différence entre les versions

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{{Infobox conflit militaire
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| conflit = Guerre ougando-tanzanienne ou guerre de Libération
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|alt = Carte de l'Ouganda montrant les différents lieux des batailles de la guerre ougando-tanzanienne.
| légende = Carte des affrontements de la guerre ougando-tanzanienne.
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| casus = Annexion ougandaise d'une partie de la région de [[Kagera (région)|Kagera]]<ref>Frédéric CALAS et Gérard PRUNIER, ''[https://books.google.fr/books?id=bid4ZzGMjh8C&pg=PA128&lpg=PA128&dq=Guerre+ougando-tanzanienne+casus+belli&source=bl&ots=26bLampTBv&sig=HvuwrJVQ8NMZ_YgEXYCQAODKKFU&hl=fr&sa=X&ei=FUdWVbW-Lsj-UuLFgOgM&ved=0CCgQ6AEwAQ#v=onepage&q=Guerre%20ougando-tanzanienne%20casus%20belli&f=false L'Ouganda contemporain]'', Broché, 3 mai 2000</ref>
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La '''guerre ougando-tanzanienne''', appelée en [[Ouganda]] '''Guerre de Libération''', est un [[Guerre|conflit militaire]] qui se déroula entre [[1978]] et [[1979]], principalement en Ouganda entre ce pays, la [[Tanzanie]] et des factions rebelles. Ce conflit déboucha sur la chute du régime du président ougandais [[Idi Amin Dada]].
La '''guerre ougando-tanzanienne''', appelée en [[Ouganda]] '''guerre de Libération''', est un [[Guerre|conflit militaire]] qui se déroula entre [[1978]] et [[1979]], principalement en Ouganda, entre ce pays, la [[Tanzanie]] et des factions rebelles. Ce conflit déboucha sur la chute du régime du président ougandais [[Idi Amin Dada]].


== Événements déclencheurs ==
== Événements déclencheurs ==
En 1971, [[Idi Amin Dada]] destitue [[Milton Obote]] au cours d'un coup d'État et prend la tête de l'[[Ouganda]], ce qui complique les relations avec la [[Tanzanie]]<ref name="honey2">{{article|prénom=Martha|nom=Honey|titre=Ugandan Capital Captured|journal=[[The Washington Post]]|date=12 avril 1979|url=https://www.washingtonpost.com/archive/politics/1979/04/12/ugandan-capital-captured/1eb604a7-5ff0-4c51-9fa0-527169e5bffa/?noredirect=on|consulté le=7 novembre 2018}}.</ref>. Le président tanzanien [[Julius Nyerere]] est un proche d'Obote, à la fois personnellement et par ses politiques socialistes{{sfn|Roberts|2017|p=155}}. Nyerere refuse de reconnaître le nouveau gouvernement et offre l'asile à Obote et à ses soutiens. Il soutient une tentative d'[[invasion de l'Ouganda de 1972]] par Obote, et après quelques combats aux frontières, Amin et lui signent une trêve. Leurs relations restent tendues, et Amin menace plusieurs fois d'envahir la Tanzanie{{sfn|Roberts|2017|p=155}}.
En [[1978]], dans un contexte de mécontentement croissant à l'égard du président ougandais [[Idi Amin Dada]], certaines unités de son armée se [[Mutinerie|mutinent]]. Elles traversent la frontière avec la [[Tanzanie]] et rejoignent le [[Front de libération national de l’Ouganda]] (en [[anglais]] ''Uganda National Liberation Front'', ''UNLF''), formé quelques années auparavant par d’autres exilés ougandais opposés au régime d’Idi Amin Dada. En {{date||octobre|1978}}, ce dernier envoie des troupes pour combattre les mutins et le {{date|1|novembre|1978}}, accusant le président tanzanien [[Julius Nyerere]] de les financer, tente d’envahir la Tanzanie et annexe formellement une section de la région de [[Kagera (région)|Kagera]], le long de la frontière. Ce territoire d'environ {{formatnum:1800}} km², nommé ''saillant de la Kagera'', constituait une pomme de discorde ancienne entre les deux pays.


== Guerre ougando-tanzanienne ==
== Combats ==
Fin {{date-|octobre 1978}}, après une tentative de mutinerie dans l'armée ougandaise, des troupes traversent la frontière avec la Tanzanie pour poursuivre des soldats rebelles{{sfn|Roberts|2017|p=155-156}}. Le premier novembre, Amin annonce l'annexion du [[Kagera (région)|Kagera]], au nord de la Tanzanie{{sfn|Roberts|2017|p=157}}. La Tanzanie arrête l'invasion, mobilise des groupes opposés à Idi Amin Dada, et lance une contre-offensive{{sfn|Roberts|2017|p=160-161}}. Nyerere affirme à des diplomates étrangers qu'il souhaite donner une leçon à Amin, et pas le renverser, mais cette affirmation n'est pas prise au sérieux en raison de la haine portée par Nyerere à l'autre dirigeant et à des remarques sur un potentiel coup d'État qu'il a faites auparavant devant ses collègues. Le gouvernement tanzanien estime de plus que la frontière Nord ne sera pas sécurisée tant qu'Amin n'est pas neutralisé{{sfn|Roberts|2017|p=163-164}}. Après quelques premières incursions au sein du territoire ougandais, [[David Musuguri]] est nommé commandant de la {{20e|division}} des [[forces de défense du peuple tanzanien]] et reçoit l'ordre d'avancer dans le pays{{sfn|Avirgan|Honey|1983|p=79}}.
[[Julius Nyerere]] mobilise alors la [[Force de défense du peuple de Tanzanie]] et lance une contre-offensive afin de repousser cette invasion. En quelques semaines, l’armée tanzanienne passe d'un peu moins de 40&nbsp;000 soldats à 100&nbsp;000 unités incluant des membres de la [[Police (institution)|police]], des gardiens de [[prison]], des [[Réserve militaire|réservistes]] et des [[Milice|miliciens]]. Plusieurs groupes d'Ougandais opposés à [[Idi Amin Dada]], réunis en une [[Armée de libération nationale de l’Ouganda]] (en [[anglais]] ''Uganda National Liberation Army'', ''UNLA'') à la [[conférence de Moshi]], s'allient à l'occasion à l'armée tanzanienne. Ces groupes rebelles unifiés sont alors commandés par [[Tito Okello]] et [[David Oyite-Ojok]] (issus du [[Kikosi Maalum]]) , [[Yoweri Museveni]] du [[FRONASA]] ainsi que les dirigeants du [[Save Uganda Movement]], [[Akena p'Ojok]], [[William Omaria]] et [[Ateker Ejalu]].
[[Fichier:Battles_of_the_Uganda–Tanzania_War.svg|alt=Carte de l'Ouganda montrant les différents lieux des batailles de la guerre ougando-tanzanienne.|langue=fr|vignette|Carte des affrontements de la guerre ougando-tanzanienne.]]
L'armée tanzanienne fait notamment l'acquisition auprès de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]] d'un lanceur de roquettes [[Katioucha|BM Katioucha]] (connu en [[Ouganda]] sous le nom de ''saba saba'') afin de bombarder les cibles ennemies situées en Ouganda<ref>[http://www.nationaudio.com/News/EastAfrican/15042002/Features/Magazine3.html "Fighting for Amin"], '''The East African''', April 8, 2002</ref>. Le saillant de la Kagera et la ville ougandaise de [[Mbarara]] sont rapidement capturés. L'armée ougandaise est largement débordée et se replie en désordre, sans oublier de piller les villes et villages. Amin obtient le soutien du président libyen [[Mouammar Kadhafi]] qui était déjà intervenu en septembre 1972 lors d'une tentative de la rébellion de le chasser<ref>{{en}} [http://s188567700.online.de/CMS/index.php?option=com_content&task=view&id=144&Itemid=47 Uganda and Tansania, 1972 - 1979], Tom Cooper, Arthur Hubers, 10 février 2008, ACIG</ref> et celui-ci envoie sur place 3&nbsp;000 hommes des [[forces armées libyennes]] avec, en autre, des bombardiers [[Tupolev Tu-22]] dont un largua 20 bombes sur la ville tanzanienne de [[Mwanza]] le {{date|1|avril|1979}} mais manqua complètement sa cible<ref>{{en}} {{Lien web|url=http://s188567700.online.de/CMS/index.php?option=com_content&task=view&id=247&Itemid=47 |titre=Bombed by Blinders - Part 1 |site= ACIG|auteur= Tom Cooper, Farzad Bishop, Arthur Hubers, Ahmad Sadik|année=24 novembre 2010 |consulté le=17 septembre 2011 }}</ref>. Mais ceux-ci ne peuvent que ralentir les troupes tanzaniennes tandis que les Ougandais se replient en emportant leur [[butin de guerre]]. Malgré ce renfort, l'armée tanzanienne et les rebelles ougandais rencontrent peu de résistance, envahissent l'Ouganda et prennent la capitale [[Kampala]] le {{date|11|avril|1979}}, entraînant la fuite d'Idi Amin Dada qui se réfugie en [[Libye]] puis en [[Arabie saoudite]] jusqu'à sa mort en [[2003]].
Les forces de défense du peuple tanzanien remportent la [[bataille de Masaka]] le {{Date-|24 février 1979}}. Nyerere prévoit d'abord d'arrêter son armée là et d'autoriser les exilés ougandais à reprendre [[Kampala]] et à destituer Amin. Il semblerait que Nyerere ait demandé à Obote, alors exilé en Tanzanie, de se rendre en avion à Masaka pour accompagner les rebelles ougandais lors de la prise de la ville, mais qu'Obote aurait refusé, estimant qu'un retour aussi théâtral lui rendrait le peuple hostile{{sfn|Ingham|1994|p=150}}. Cette demande de Nyerere vient de son inquiétude des répercussions d'une invasion tanzanienne dans la ville sur l'image internationale de la Tanzanie{{sfn|Roberts|2017|p=162-163}}. La chute de Masaka inquiète beaucoup les commandants ougandais, qui estiment qu'elle rend Kampala vulnérable aux attaques. Les militaires ougandais commencent donc à mobiliser une armée plus importante et à préparer la défense de la ville{{sfn|Rwehururu|2002|p=124}}. Certains militaires sont envoyés à [[Lukaya (Ouganda)|Lukaya]], mais ne parviennent pas à empêcher la [[Bataille de Lukaya|chute de Lukaya]] aux mains des Tanzaniens{{sfn|Rwehururu|2002|p=125-126}}.


L'opposition ougandaise se réunit à [[Moshi]] fin {{date-|mars 1979-}}. Elle élit [[Yusufu Lule]] à la tête du [[Front de libération nationale de l'Ouganda]] et monte un gouvernement{{sfn|Avirgan|Honey|1983|p=117}}. Peu après, [[Mouammar Kadhafi]], allié d'Amin, tente d'arrêter les forces tanzaniennes en envoyant un ultimatum à Nyerere, exigeant qu'il retire ses troupes du pays sous {{nobr|24 heures}} ou qu'il se voie opposer les troupes libyennes, qui sont déjà actives en Ouganda. Nyerere répond à la radio que l'implication de la Libye dans la guerre ne change pas l'avis du gouvernement tanzanien sur Amin{{sfn|Avirgan|Honey|1983|p=120}}. Les rebelles ougandais n'ont pas la force militaire nécessaire pour vaincre les forces libyennes, et Nyerere envoie les forces de défense du peuple tanzanien prendre Kampala{{sfn|Roberts|2017|p=162-163}}. Les dirigeants tanzaniens sont d'autant plus motivés à prendre Kampala que des avions ougandais ont bombardé [[Kagera]] et qu'Idi Amin Dada a annoncé que les habitants de Masaka et de [[Mbarara]] subiront des représailles pour avoir cédé à l'invasion tanzanienne<ref name="lubega">{{lien web |prénom=Henry |nom=Lubega |titre=39 years after war that brought down Amin |url=http://www.monitor.co.ug/SpecialReports/39-years-after-war-brought-down-Amin/688342-4381066-mqe3pw/index.html |site=[[Daily Monitor]] |date=11 avril 2018 |consulté le=6 octobre 2018}}.</ref>. La création réussie du gouvernement temporaire du Front de libération nationale de l'Ouganda rassure les Tanzaniens quant aux conséquences d'une prise de la capitale{{sfn|Avirgan|Honey|1983|p=121}}.
Le régime renversé, l'armée tanzanienne reste en Ouganda dans le but de maintenir la paix pendant l'organisation d'[[élection]]s organisées par l'UNLF, la branche politique de l'armée de libération nationale de l’Ouganda.


Le {{Date-|11 avril 1979-}}, après la [[bataille de Kampala]] et la prise de la capitale par l'armée tanzanienne des gardes soudanais sont placés à la frontière ougandaise. Peu après, des réfugiés ougandais commencent à s'amasser à la frontière<ref>{{article|titre=Sudan Refugee Problem in Relation to Sudan Discussed|périodique=[[Foreign Broadcast Information Service]]|journal=Near East/North Africa Report|numéro=1998|date=1979|url=https://books.google.com/books?id=QOK5AAAAIAAJ|page=133}}.</ref>.
== Conséquences ==
La chute du régime d'[[Idi Amin Dada]] en {{date||avril|1979}} ne permet pas pour autant le rétablissement de la sécurité, les différents groupes rebelles luttant à leur tour pour la prise du pouvoir.


Les forces d'Amin sont en déroute après la prise de la capitale{{sfn|Roberts|2017|p=163}}. La nouvelle de la défaite provoque des désertions, et de nombreux officiers fuient le pays ou partent dans la [[sous-région du Nil-Occidental]]. De nombreux soldats du Nord, qui estiment que la guerre est un problème du Sud, accusent d'autres unités d'avoir perdu la guerre en se battant mal et perdent leur motivation{{sfn|Rwehururu|2002|p=127-128}}. La garnison de [[Mbale]] tout entière, qui comprenait {{Unité|250|soldats}}, déserte et installe des barricades autour de la ville pour empêcher l'armée régulière d'y entrer avant l'arrivée du Front de libération nationale{{sfn|Avirgan|Honey|1983|p=162}}. Quelques soldats se regroupent à Masindi pour prévoir une contre-attaque de Kampala{{sfn|Rwehururu|2002|p=127-128}}, mais ils doivent fuir en raison de nouvelles avancées tanzaniennes{{sfn|Rwehururu|2002|p=130}}. Des fonctionnaires ougandais partout dans le pays fuient pour le Kenya, ce qui précipite l'effondrement de l'administration du pays<ref>{{article|titre=Amin henchmen on the rampage|périodique=Reuters|journal=The Globe and Mail|date=20 avril 1979|page=3}}.</ref>. Après la chute de Kampala, les combats ne provoquent plus de dommages importants en Ouganda<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Posnett|prénom1=Richard|titre=Uganda after Amin|périodique=The World Today|volume=36|numéro=4|date=avril 1980|jstor=40395418|pages=148}}</ref>. Les combats continuent jusqu'au {{date-|3 juin 1979-}}, date à laquelle les Tanzaniens arrivent à la frontière soudanaise et éliminent ce qui reste de la résistance{{sfn|Roberts|2017|p=163}}.
[[Yusuf Lule]] avait succédé à Amin Dada mais en {{date||juin|1979}}, suivant une discorde sur l’étendue du pouvoir présidentiel, la Commission consultative nationale, l'organisme de la direction de l’UNLF, remplace Yusuf Lule par [[Godfrey Binaisa]]. Celui-ci est lui-même évincé le {{date|12|mai|1980}} par la Commission militaire, un puissant organe de l’UNLF dirigé par [[Paulo Muwanga]] et dont le député est [[Yoweri Museveni]].


== Fin de la guerre ==
Le pays est ensuite dirigé par la Commission présidentielle de l’Ouganda composée entre autres de [[Paulo Muwanga]], [[Yoweri Museveni]], [[Oyite Ojok]] et [[Tito Okello]]. Cette commission siège alors jusqu’aux élections générales de {{date||décembre|1980}} qui sont remportées par [[Milton Obote]] du [[Congrès des peuples de l’Ouganda]]. Mais les élections sont âprement contestées et Yoweri Museveni, arguant une [[fraude électorale]], organise une rébellion armée contre le gouvernement de Milton Obote, plongeant le pays dans une [[guerre civile]] particulièrement meurtrière connue sous le nom de [[Guerre de brousse en Ouganda]].
Lule est pris de court par la chute de Kampala et prépare une liste rapide de ministres qui représentent la diversité ethnique du pays{{sfn|Ingham|1994|p=155}}. Le {{date-|13 avril 1979-}}, il arrive par avion à la ville et prend le titre de président de l'Ouganda{{sfn|Roberts|2017|p=163}}. Un décret interdit le pillage{{sfn|Mzirai|1980|p=118}}, mais les autorités ne prennent aucune mesure contre les pilleurs, et l'appel à rendre la propriété de l'État rencontre un succès modéré{{sfn|Khiddu-Makubuya|1994|p=151}}. La décision de Nyerere d'utiliser son armée pour envahir l'Ouganda et destituer Amin force une implication importante de la Tanzanie dans les affaires ougandaises après la guerre, contrairement à ses souhaits{{sfn|Legum|1981|p=B350-B351}}.

Obote revient au pouvoir lors des {{Lien|trad=1980 Ugandan general election|fr=élections générales ougandaises de 1980}}, se nommant à la fois président et ministre des finances<ref name="ugandanews">{{lien web |titre=Uganda’s finance ministers since independence |url=https://www.newvision.co.ug/news/1010258/uganda-eur-finance-ministers-independence}}</ref> et provoquant la prise d'armes par plusieurs groupes d'opposition{{Sfn|Cooper|Fontanellaz|2015|p=39–40, 51}}. Ces élections sont largement truquées<ref>[[Dieter Nohlen]], Michael Krennerich & Bernhard Thibaut (1999) ''Elections in Africa: A data handbook'', p933 {{ISBN|0-19-829645-2}}</ref>, et l'{{Lien|trad=National Resistance Army|fr=armée de résistance nationale (Ouganda)|texte=armée de résistance nationale}} de Yoweri Museveni déclenche la [[guerre de brousse en Ouganda]]<ref>Henry Wasswa (10 October 2005), [http://usatoday30.usatoday.com/news/world/2005-10-11-oboteobit_x.htm "Uganda's first prime minister, and two-time president, dead at 80"], Associated Press</ref>[[Guerre de brousse en Ouganda|{{,}}]]<ref>Bercovitch, Jacob and Jackson, Richard (1997), ''International Conflict: A Chronological Encyclopedia of Conflicts and Their Management 1945–1995''. Congressional Quarterly. {{ISBN|978-1-56802-195-9}}.</ref>.

Après trois ans d'occupation, l'armée tanzanienne quitte l'Ouganda en 1981{{sfn|Avirgan|Honey|1983|p=232-233}}.

== Postérité ==
La chute de Kampala est la première fois dans l'histoire post-[[décolonisation de l'Afrique]] qu'un État africain prend la capitale d'un autre État africain{{sfn|Avirgan|Honey|1983|p=124}}. La destitution d'un chef d'État par une armée étrangère est également une première, qui reçoit l'opprobre de l'[[Organisation de l'unité africaine]]{{sfn|May|Furley|2017|loc=The Verdict on Tanzania: International Relations}}. En {{date-|juillet 1979}}, à une conférence de l'Organisation de l'unité africaine, le président du Soudan [[Gaafar Nimeiry]] affirme que la guerre est un précédent dangereux et est expressément interdite par la charte de l'organisation{{sfn|Roberts|2017|p=164}}. [[Olusegun Obasanjo]], chef de l'État nigérian, partage son opinion. [[Julius Nyerere|Nyerere]] accuse l'OUA de protéger les dictateurs africains, affirmant que le régime d'Amin a fait plus de morts que les gouvernements blancs du Sud de l'Afrique. [[Godfrey Binaisa]], le successeur de Lule, remercie la Tanzanie pour son intervention{{sfn|Roberts|2017|p=165}}.


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
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== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Traduction/Référence |en|Uganda-Tanzania War|129472824}}

{{Crédit d'auteurs|type=interne|titre=Bataille de Kampala}}
{{Crédit d'auteurs|type=interne|titre=Milton Obote}}
<references />
<references />
{{Traduction/Référence|en|Uganda-Tanzania War|129472824|9 mai 2007 à 10:03}}
* {{en}} [http://www.iss.co.za/pubs/ASR/10No1/Lupogo.html Tanzania Civil-military Relations and Political Stability]
* {{en}} [http://lcweb2.loc.gov/frd/cs/ugtoc.html Federal Research Division - Ouganda]


== Voir aussi ==
{{Portail|histoire militaire|Tanzanie|Ouganda|années 1970}}


=== Bibliographie ===
[[Catégorie:Histoire de la Tanzanie]]

[[Catégorie:Histoire de l'Ouganda]]
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Tony|nom1=Avirgan|prénom2=Martha|nom2=Honey|titre=War in Uganda: The Legacy of Idi Amin|lieu=Dar es Salaam|éditeur=Tanzania Publishing House|date=1983|isbn=978-9976-1-0056-3|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=OM9AAAAAYAAJ}}.
[[Catégorie:Guerre du XXe siècle|Ougando-tanzanienne]]
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Alicia C.|nom1=Decker|titre=In Idi Amin's Shadow: Women, Gender, and Militarism in Uganda|lieu=Athens, Ohio|éditeur=Ohio University Press|date=2014|isbn=978-0-8214-4502-0|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=9JKdBAAAQBAJ}}.
[[Catégorie:1978 en Afrique]]
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Laura|nom1=Fair|titre=Reel Pleasures: Cinema Audiences and Entrepreneurs in Twentieth-Century Urban Tanzania|lieu=Athens, OH|éditeur=[[Ohio University Press]]|date=2018|isbn=978-0-8214-4611-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=TbpCDwAAQBAJ}}.
[[Catégorie:1979 en Afrique]]
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Kenneth|nom1=Ingham|titre=Obote: A political biography|lieu=New York & London|éditeur=Routledge|date=1994|isbn=978-0-415-05342-6}}.
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Edward|nom1=Khiddu-Makubuya|titre=The Culture of Violence|volume=81|lieu=Tokyo|éditeur=[[United Nations University Press]]|date=1994|pages totales=[https://archive.org/details/bub_gb_RF8KEtssi6UC/page/144 144-177]|isbn=978-92-808-0866-7|lire en ligne=https://archive.org/details/bub_gb_RF8KEtssi6UC/page/144|titre chapitre=Violence and conflict resolution in Uganda}}.
* {{Ouvrage|langue=en|titre=Africa Contemporary Record: Annual Survey and Documents: 1979-1980|volume=XII|lieu=New York|éditeur=Africana Publishing Company|date=1981|isbn=978-0-8419-0160-5}}.
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Roy|nom1=May|prénom2=Oliver|nom2=Furley|titre=African Interventionist States|lieu=Milton, Vale of White Horse|éditeur=Routledge|date=2017|isbn=978-1-351-75635-8|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=0JU4DwAAQBAJ}}.
* {{Ouvrage|langue=sw|prénom1=Baldwin|nom1=Mzirai|titre=Kuzama kwa Idi Amin|lieu=Dar es Salaam|éditeur=Publicity International|date=1980|oclc=9084117}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Kenneth Michael|nom1=Pollack|titre=Arabs at War: Military Effectiveness, 1948-1991|lieu=Lincoln, NE|éditeur=[[University of Nebraska Press]]|date=2004|isbn=978-0-8032-0686-1|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=sSHYdGR_xvoC}}.
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=George|nom1=Roberts|titre=Politics and Violence in Eastern Africa: The Struggles of Emerging States|lieu=London|éditeur=Routledge|date=2017|pages totales=154-171|isbn=978-1-317-53952-0|titre chapitre=The Uganda-Tanzania War, the fall of Idi Amin, and the failure of African diplomacy, 1978-1979}}.
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Bernard|nom1=Rwehururu|titre=Cross to the Gun|lieu=Kampala|éditeur=Monitor|date=2002|oclc=50243051}}.
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Madanjeet|nom1=Singh|titre=Culture of the Sepulchre: Idi Amin's Monster Regime|lieu=New Delhi|éditeur=Penguin Books India|date=2012|isbn=978-0-670-08573-6|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=h7YGkcrJZJsC}}.
* {{Article|langue=en|auteur1=Umozurike|prénom1=U.D.|auteur2=Umozurike|prénom2=U.O.|titre=Tanzania's Intervention in Uganda|périodique=Archiv des Völkerrechts|volume=20|numéro=3|date=1982|jstor=40797989|pages=301-313}}.

=== Liens externes ===
* {{lien web|langue=en
|url=http://www.iss.co.za/pubs/ASR/10No1/Lupogo.html
|titre=Tanzania Civil-military Relations and Political Stability
|date=
|brisé le=19/12/2021}}
* {{lien web|langue=en
|url=http://lcweb2.loc.gov/frd/cs/ugtoc.html
|titre=Federal Research Division - Ouganda
|date=
}}

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Guerre ougando-tanzanienne ou guerre de Libération
Carte de l'Ouganda montrant les différents lieux des batailles de la guerre ougando-tanzanienne.
Carte des affrontements de la guerre ougando-tanzanienne.
Informations générales
Date 1978-1979
Lieu Ouganda
Casus belli Annexion ougandaise d'une partie de la région de Kagera[1]
Issue Victoire tanzanienne et chute du régime ougandais d'Idi Amin Dada
Belligérants
Drapeau de la Tanzanie Tanzanie
Armée de libération nationale en Ouganda
Drapeau de l'Ouganda Ouganda
Jamahiriya arabe libyenne
OLP
Commandants
Julius Nyerere
Abdallah Twalipo
Tumainiel Kiwelu
Tito Okello
Yoweri Museveni
David Oyite-Ojok
Idi Amin Dada
Mouammar Kadhafi
Yasser Arafat
Forces en présence

100 000 soldats


6 000 hommes

70 000 soldats


3 000 soldats


200 hommes

La guerre ougando-tanzanienne, appelée en Ouganda guerre de Libération, est un conflit militaire qui se déroula entre 1978 et 1979, principalement en Ouganda, entre ce pays, la Tanzanie et des factions rebelles. Ce conflit déboucha sur la chute du régime du président ougandais Idi Amin Dada.

Événements déclencheurs[modifier | modifier le code]

En 1971, Idi Amin Dada destitue Milton Obote au cours d'un coup d'État et prend la tête de l'Ouganda, ce qui complique les relations avec la Tanzanie[2]. Le président tanzanien Julius Nyerere est un proche d'Obote, à la fois personnellement et par ses politiques socialistes[3]. Nyerere refuse de reconnaître le nouveau gouvernement et offre l'asile à Obote et à ses soutiens. Il soutient une tentative d'invasion de l'Ouganda de 1972 par Obote, et après quelques combats aux frontières, Amin et lui signent une trêve. Leurs relations restent tendues, et Amin menace plusieurs fois d'envahir la Tanzanie[3].

Guerre ougando-tanzanienne[modifier | modifier le code]

Fin , après une tentative de mutinerie dans l'armée ougandaise, des troupes traversent la frontière avec la Tanzanie pour poursuivre des soldats rebelles[4]. Le premier novembre, Amin annonce l'annexion du Kagera, au nord de la Tanzanie[5]. La Tanzanie arrête l'invasion, mobilise des groupes opposés à Idi Amin Dada, et lance une contre-offensive[6]. Nyerere affirme à des diplomates étrangers qu'il souhaite donner une leçon à Amin, et pas le renverser, mais cette affirmation n'est pas prise au sérieux en raison de la haine portée par Nyerere à l'autre dirigeant et à des remarques sur un potentiel coup d'État qu'il a faites auparavant devant ses collègues. Le gouvernement tanzanien estime de plus que la frontière Nord ne sera pas sécurisée tant qu'Amin n'est pas neutralisé[7]. Après quelques premières incursions au sein du territoire ougandais, David Musuguri est nommé commandant de la 20e division des forces de défense du peuple tanzanien et reçoit l'ordre d'avancer dans le pays[8].

Carte de l'Ouganda montrant les différents lieux des batailles de la guerre ougando-tanzanienne.
Carte des affrontements de la guerre ougando-tanzanienne.

Les forces de défense du peuple tanzanien remportent la bataille de Masaka le . Nyerere prévoit d'abord d'arrêter son armée là et d'autoriser les exilés ougandais à reprendre Kampala et à destituer Amin. Il semblerait que Nyerere ait demandé à Obote, alors exilé en Tanzanie, de se rendre en avion à Masaka pour accompagner les rebelles ougandais lors de la prise de la ville, mais qu'Obote aurait refusé, estimant qu'un retour aussi théâtral lui rendrait le peuple hostile[9]. Cette demande de Nyerere vient de son inquiétude des répercussions d'une invasion tanzanienne dans la ville sur l'image internationale de la Tanzanie[10]. La chute de Masaka inquiète beaucoup les commandants ougandais, qui estiment qu'elle rend Kampala vulnérable aux attaques. Les militaires ougandais commencent donc à mobiliser une armée plus importante et à préparer la défense de la ville[11]. Certains militaires sont envoyés à Lukaya, mais ne parviennent pas à empêcher la chute de Lukaya aux mains des Tanzaniens[12].

L'opposition ougandaise se réunit à Moshi fin . Elle élit Yusufu Lule à la tête du Front de libération nationale de l'Ouganda et monte un gouvernement[13]. Peu après, Mouammar Kadhafi, allié d'Amin, tente d'arrêter les forces tanzaniennes en envoyant un ultimatum à Nyerere, exigeant qu'il retire ses troupes du pays sous 24 heures ou qu'il se voie opposer les troupes libyennes, qui sont déjà actives en Ouganda. Nyerere répond à la radio que l'implication de la Libye dans la guerre ne change pas l'avis du gouvernement tanzanien sur Amin[14]. Les rebelles ougandais n'ont pas la force militaire nécessaire pour vaincre les forces libyennes, et Nyerere envoie les forces de défense du peuple tanzanien prendre Kampala[10]. Les dirigeants tanzaniens sont d'autant plus motivés à prendre Kampala que des avions ougandais ont bombardé Kagera et qu'Idi Amin Dada a annoncé que les habitants de Masaka et de Mbarara subiront des représailles pour avoir cédé à l'invasion tanzanienne[15]. La création réussie du gouvernement temporaire du Front de libération nationale de l'Ouganda rassure les Tanzaniens quant aux conséquences d'une prise de la capitale[16].

Le , après la bataille de Kampala et la prise de la capitale par l'armée tanzanienne des gardes soudanais sont placés à la frontière ougandaise. Peu après, des réfugiés ougandais commencent à s'amasser à la frontière[17].

Les forces d'Amin sont en déroute après la prise de la capitale[18]. La nouvelle de la défaite provoque des désertions, et de nombreux officiers fuient le pays ou partent dans la sous-région du Nil-Occidental. De nombreux soldats du Nord, qui estiment que la guerre est un problème du Sud, accusent d'autres unités d'avoir perdu la guerre en se battant mal et perdent leur motivation[19]. La garnison de Mbale tout entière, qui comprenait 250 soldats, déserte et installe des barricades autour de la ville pour empêcher l'armée régulière d'y entrer avant l'arrivée du Front de libération nationale[20]. Quelques soldats se regroupent à Masindi pour prévoir une contre-attaque de Kampala[19], mais ils doivent fuir en raison de nouvelles avancées tanzaniennes[21]. Des fonctionnaires ougandais partout dans le pays fuient pour le Kenya, ce qui précipite l'effondrement de l'administration du pays[22]. Après la chute de Kampala, les combats ne provoquent plus de dommages importants en Ouganda[23]. Les combats continuent jusqu'au , date à laquelle les Tanzaniens arrivent à la frontière soudanaise et éliminent ce qui reste de la résistance[18].

Fin de la guerre[modifier | modifier le code]

Lule est pris de court par la chute de Kampala et prépare une liste rapide de ministres qui représentent la diversité ethnique du pays[24]. Le , il arrive par avion à la ville et prend le titre de président de l'Ouganda[18]. Un décret interdit le pillage[25], mais les autorités ne prennent aucune mesure contre les pilleurs, et l'appel à rendre la propriété de l'État rencontre un succès modéré[26]. La décision de Nyerere d'utiliser son armée pour envahir l'Ouganda et destituer Amin force une implication importante de la Tanzanie dans les affaires ougandaises après la guerre, contrairement à ses souhaits[27].

Obote revient au pouvoir lors des élections générales ougandaises de 1980 (en), se nommant à la fois président et ministre des finances[28] et provoquant la prise d'armes par plusieurs groupes d'opposition[29]. Ces élections sont largement truquées[30], et l'armée de résistance nationale (en) de Yoweri Museveni déclenche la guerre de brousse en Ouganda[31],[32].

Après trois ans d'occupation, l'armée tanzanienne quitte l'Ouganda en 1981[33].

Postérité[modifier | modifier le code]

La chute de Kampala est la première fois dans l'histoire post-décolonisation de l'Afrique qu'un État africain prend la capitale d'un autre État africain[34]. La destitution d'un chef d'État par une armée étrangère est également une première, qui reçoit l'opprobre de l'Organisation de l'unité africaine[35]. En , à une conférence de l'Organisation de l'unité africaine, le président du Soudan Gaafar Nimeiry affirme que la guerre est un précédent dangereux et est expressément interdite par la charte de l'organisation[36]. Olusegun Obasanjo, chef de l'État nigérian, partage son opinion. Nyerere accuse l'OUA de protéger les dictateurs africains, affirmant que le régime d'Amin a fait plus de morts que les gouvernements blancs du Sud de l'Afrique. Godfrey Binaisa, le successeur de Lule, remercie la Tanzanie pour son intervention[37].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Frédéric CALAS et Gérard PRUNIER, L'Ouganda contemporain, Broché, 3 mai 2000
  2. Martha Honey, « Ugandan Capital Captured », The Washington Post,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. a et b Roberts 2017, p. 155.
  4. Roberts 2017, p. 155-156.
  5. Roberts 2017, p. 157.
  6. Roberts 2017, p. 160-161.
  7. Roberts 2017, p. 163-164.
  8. Avirgan et Honey 1983, p. 79.
  9. Ingham 1994, p. 150.
  10. a et b Roberts 2017, p. 162-163.
  11. Rwehururu 2002, p. 124.
  12. Rwehururu 2002, p. 125-126.
  13. Avirgan et Honey 1983, p. 117.
  14. Avirgan et Honey 1983, p. 120.
  15. Henry Lubega, « 39 years after war that brought down Amin », sur Daily Monitor, (consulté le ).
  16. Avirgan et Honey 1983, p. 121.
  17. « Sudan Refugee Problem in Relation to Sudan Discussed », Foreign Broadcast Information Service, no 1998,‎ , p. 133 (lire en ligne).
  18. a b et c Roberts 2017, p. 163.
  19. a et b Rwehururu 2002, p. 127-128.
  20. Avirgan et Honey 1983, p. 162.
  21. Rwehururu 2002, p. 130.
  22. « Amin henchmen on the rampage », Reuters,‎ , p. 3.
  23. (en) Posnett, « Uganda after Amin », The World Today, vol. 36, no 4,‎ , p. 148 (JSTOR 40395418)
  24. Ingham 1994, p. 155.
  25. Mzirai 1980, p. 118.
  26. Khiddu-Makubuya 1994, p. 151.
  27. Legum 1981, p. B350-B351.
  28. « Uganda’s finance ministers since independence »
  29. Cooper et Fontanellaz 2015, p. 39–40, 51.
  30. Dieter Nohlen, Michael Krennerich & Bernhard Thibaut (1999) Elections in Africa: A data handbook, p933 (ISBN 0-19-829645-2)
  31. Henry Wasswa (10 October 2005), "Uganda's first prime minister, and two-time president, dead at 80", Associated Press
  32. Bercovitch, Jacob and Jackson, Richard (1997), International Conflict: A Chronological Encyclopedia of Conflicts and Their Management 1945–1995. Congressional Quarterly. (ISBN 978-1-56802-195-9).
  33. Avirgan et Honey 1983, p. 232-233.
  34. Avirgan et Honey 1983, p. 124.
  35. May et Furley 2017, The Verdict on Tanzania: International Relations.
  36. Roberts 2017, p. 164.
  37. Roberts 2017, p. 165.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]