« Lois Jim Crow » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Jim Crow}}{{Infobox Norme juridique
{{Voir homonymes|Jim Crow}}{{Infobox Norme juridique
| désignation courte = Lois Jim Crow
| désignation courte = Lois Jim Crow
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| pays = États-Unis
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| autre nom = Jim Crow Law
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| régime = ségrégation raciale
| régime = ségrégation raciale
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[[Fichier:ColoredDrinking.jpg|vignette|Un [[Afro-Américain]] boit à un distributeur d'eau réservé aux {{citation|gens de couleur}} à un terminal de tramway en 1939 [[Oklahoma City]].]]
[[Fichier:ColoredDrinking.jpg|vignette|Un [[Afro-Américain]] boit à un distributeur d'eau réservé aux {{citation|gens de couleur}} à un terminal de tramway en 1939 [[Oklahoma City]].]]


Les '''lois Jim Crow''' (''{{langue|en|Jim Crow Laws}}'' en anglais) sont des lois nationales et locales issues des [[Black Codes]] imposant la [[ségrégation raciale aux États-Unis]]<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Jim Crow law |url=https://www.britannica.com/event/Jim-Crow-law |site=Encyclopedia Britannica |consulté le=2020-02-28}}</ref>{{,}}<ref name=":03">{{Lien web |langue=en-us |titre=Jim Crow Laws|url=https://www.encyclopedia.com/history/united-states-and-canada/us-history/jim-crow-laws |site=encyclopedia.com |consulté le=2020-02-28}}</ref> et promulguées par les législatures des États du Sud de [[1877 aux États-Unis|1877]] à [[1964 aux États-Unis|1964]]. Ces lois ont été mises en place pour entraver l'exercice des droits constitutionnels des [[Afro-Américains]] acquis au lendemain de la [[guerre de Sécession]] : le [[Treizième amendement de la Constitution des États-Unis]] du {{date|6 décembre 1865}} [[Abolition de l'esclavage|abolissant l'esclavage]], le [[Quatorzième amendement de la Constitution des États-Unis]] de [[1868 aux États-Unis|1868]] accordant la [[citoyenneté]] à toute personne née ou [[Naturalisation|naturalisée]] aux États-Unis et interdisant toute restriction à ce droit, et le [[Quinzième amendement de la Constitution des États-Unis]], de [[1870 aux États-Unis|1870]], garantissant le droit de vote à tous les citoyens des États-Unis.
Les '''lois Jim Crow''' (''{{langue|en|Jim Crow Laws}}'' en anglais) sont des lois nationales et locales issues des [[Black Codes]] imposant la [[ségrégation raciale aux États-Unis]]<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Jim Crow law |url=https://www.britannica.com/event/Jim-Crow-law |site=Encyclopedia Britannica |consulté le=2020-02-28}}</ref>{{,}}<ref name=":03">{{Lien web |langue=en-us |titre=Jim Crow Laws|url=https://www.encyclopedia.com/history/united-states-and-canada/us-history/jim-crow-laws |site=encyclopedia.com |consulté le=2020-02-28}}</ref> et promulguées par les [[Législature d'État des États-Unis|législatures]] des [[Sud des États-Unis|États du Sud]] de [[1877 aux États-Unis|1877]] à [[1964 aux États-Unis|1964]]. Ces lois ont été mises en place pour entraver l'exercice des droits constitutionnels des [[Afro-Américains]] acquis au lendemain de la [[guerre de Sécession]] : le [[Treizième amendement de la Constitution des États-Unis]] du {{date|6 décembre 1865}} [[Abolition de l'esclavage|abolissant l'esclavage]], le [[Quatorzième amendement de la Constitution des États-Unis]] de [[1868 aux États-Unis|1868]] accordant la [[citoyenneté]] à toute personne née ou [[Naturalisation|naturalisée]] aux États-Unis et interdisant toute restriction à ce droit, et le [[Quinzième amendement de la Constitution des États-Unis]], de [[1870 aux États-Unis|1870]], garantissant le droit de vote à tous les citoyens des États-Unis.


Les plus importantes lois Jim Crow introduisaient la ségrégation dans les services publics (établissements scolaires, hôpitaux, transports, justice, cimetière, etc.), les lieux de rassemblement (restaurants, cafés, théâtre, salle de concert, salles d'attente, stades, toilettes…) et restreignaient les interactions sociales entre Blancs et gens de couleur au strict minimum, cela au nom du principe {{Citation étrangère|lang=en|''separate but equal''}} (séparés mais égaux).
Les plus importantes lois Jim Crow introduisaient la ségrégation dans les services publics (établissements scolaires, hôpitaux, transports, justice, cimetière, etc.), les lieux de rassemblement (restaurants, cafés, théâtre, salle de concert, salles d'attente, stades, toilettes…) et restreignaient les interactions sociales entre Blancs et gens de couleur au strict minimum, cela au nom du principe ''{{Citation étrangère|lang=en|separate but equal}}'' (« [[séparés mais égaux]] »).


Les mouvements et actions visant l'application des [[Mouvement américain des droits civiques|droits civiques]] auront pour objet l'abrogation de ces lois, notamment par la saisine de la [[Cour suprême des États-Unis|Cour suprême]] pour demander des arrêts au sujet de situations de ségrégation pour en vérifier la constitutionnalité. C'est ainsi que la ségrégation scolaire a été déclarée inconstitutionnelle par la [[Cour suprême des États-Unis]] en 1954 (arrêt [[Brown v. Board of Education]]). Suivront d'autres affaires. Les Lois Jim Crow ont été définitivement abolies par le ''[[Civil Rights Act]]'' de [[1964 aux États-Unis|1964]], le [[Voting Rights Act de 1965]] et le [[Civil Rights Act de 1968]] qui mettent juridiquement fin à la ségrégation raciale sur l'ensemble des États-Unis.
Les mouvements et actions visant l'application des [[Mouvement américain des droits civiques|droits civiques]] auront pour objet l'abrogation de ces lois, notamment par la saisine de la [[Cour suprême des États-Unis|Cour suprême]] pour demander des arrêts au sujet de situations de ségrégation pour en vérifier la [[Contrôle de constitutionnalité|constitutionnalité]]. C'est ainsi que la [[ségrégation scolaire]] a été déclarée inconstitutionnelle par la [[Cour suprême des États-Unis]] en 1954 (arrêt [[Brown v. Board of Education]]). Suivront d'autres affaires. Les Lois Jim Crow ont été définitivement abolies par le ''[[Civil Rights Act]]'' de [[1964 aux États-Unis|1964]], le [[Voting Rights Act de 1965]] et le [[Civil Rights Act de 1968]] qui mettent juridiquement fin à la ségrégation raciale sur l'ensemble des États-Unis.


== Origine de l'expression ==
== Origine de l'expression ==
[[Fichier:TD Rice.jpg|gauche|vignette|[[Thomas D. Rice]]]]
[[Fichier:TD Rice.jpg|gauche|vignette|[[Thomas D. Rice]].]]
Le nom « Jim Crow » vient de la chanson ''[[Jump Jim Crow]]''. Cette chanson est une critique des politiques populistes d'[[Andrew Jackson]], composée et interprétée en [[1832 aux États-Unis|1832]] par [[Thomas D. Rice]]<ref>{{Lien web|langue=en|titre=Jim Crow law|url=https://www.britannica.com/event/Jim-Crow-law|site=Encyclopedia Britannica|consulté le=2019-10-26}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en-us|titre=Jim Crow Laws|url=https://www.encyclopedia.com/history/united-states-and-canada/us-history/jim-crow-laws|site=encyclopedia.com|consulté le=2019-10-26}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en-US|titre=Encyclopedia of Arkansas|url=https://encyclopediaofarkansas.net/entries/jim-crow-laws-4577/|site=Encyclopedia of Arkansas|consulté le=2019-10-26}}.</ref>, qui chante et danse le visage et les mains peints en noir pour caricaturer les Afro-Américains. La chanson et le spectacle qui l'inclut rencontrent un vif succès. Dès [[1838 aux États-Unis|1838]], {{Citation|Jim Crow}} est une expression péjorative désignant les personnes noires vivant aux États-Unis<ref name="scjc7">Woodward, C. Vann and McFeely, William S. (2001), ''The Strange Career of Jim Crow'', p. 7.</ref>.
Le nom « Jim Crow » vient de la chanson ''[[Jump Jim Crow]]''. Cette chanson est une critique des politiques populistes d'[[Andrew Jackson]], composée et interprétée en [[1832 aux États-Unis|1832]] par [[Thomas D. Rice]]<ref>{{Lien web|langue=en|titre=Jim Crow law|url=https://www.britannica.com/event/Jim-Crow-law|site=Encyclopedia Britannica|consulté le=2019-10-26}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en-us|titre=Jim Crow Laws|url=https://www.encyclopedia.com/history/united-states-and-canada/us-history/jim-crow-laws|site=encyclopedia.com|consulté le=2019-10-26}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en-US|titre=Encyclopedia of Arkansas|url=https://encyclopediaofarkansas.net/entries/jim-crow-laws-4577/|site=Encyclopedia of Arkansas|consulté le=2019-10-26}}.</ref>, qui chante et danse le visage et les mains peints en noir pour caricaturer les Afro-Américains. La chanson et le spectacle qui l'inclut rencontrent un vif succès. Dès [[1838 aux États-Unis|1838]], {{Citation|Jim Crow}} est une expression péjorative désignant les personnes noires vivant aux États-Unis<ref name="scjc7">Woodward, C. Vann and McFeely, William S. (2001), ''The Strange Career of Jim Crow'', p. 7.</ref>.


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== Historique ==
== Historique ==
=== Origines des lois Jim Crow ===
=== Origines des lois Jim Crow ===
Le {{date-|18 décembre 1865}}, le [[Treizième amendement de la Constitution des États-Unis]] est ratifié, abolissant l'[[esclavage]] dans l'ensemble du pays<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Thirteenth Amendment|url=https://www.britannica.com/topic/Thirteenth-Amendment |site=Encyclopedia Britannica |consulté le=2020-07-23}}</ref>{{,}}<ref name="Jaynes2005">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Gerald D. Jaynes|titre=Encyclopedia of African American Society|éditeur=[[Sagédition|SAGE]]|date=février 2005|pages totales=864–|isbn=978-0-7619-2764-8|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=eV45DQAAQBAJ&pg=PT864}}.</ref>, avec une réserve pénale : {{Citation|Ni esclavage ni servitude involontaire, si ce n'est en punition d'un crime dont le coupable aura été dument condamné, n'existeront aux États-Unis ni dans aucun des lieux soumis à leur juridiction}}<ref>{{Lien web |langue=en-us |titre=13th Amendment |url=https://www.law.cornell.edu/constitution/amendmentxiii |site=law.cornell.edu|consulté le=2020-07-23}}</ref>. Commence alors la [[Reconstruction (États-Unis)|Reconstruction]], qui dure de [[1865 aux États-Unis|1865]] à [[1877 aux États-Unis|1877]]. Au cours de cette période, les lois fédérales protègent les Afro-Américains [[Affranchissement|affranchis]] et les quelques Noirs déjà libres avant la [[guerre de Sécession]] comme le [[Quatorzième amendement de la Constitution des États-Unis]] de [[1868 aux États-Unis|1868]], accordant la [[citoyenneté]] à toute personne née ou [[Naturalisation|naturalisée]] aux États-Unis et interdisant toute restriction à ce droit, et le [[Quinzième amendement de la Constitution des États-Unis]], de [[1870 aux États-Unis|1870]], garantissant le droit de vote à tous les citoyens des États-Unis. Dans les années [[1870 aux États-Unis|1870]], le parti démocrate regagne du pouvoir dans les états du Sud<ref name="Milewski2017">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Melissa Milewski|titre=Litigating Across the Color Line : Civil Cases Between Black and White Southerners from the End of Slavery to Civil Rights|éditeur=[[Oxford University Press]]|date=01-11-2017|pages totales=47|isbn=978-0-19-024919-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=zXo7DwAAQBAJ&pg=PA47}}.</ref>, utilisant des [[Milice|milices]] [[Terrorisme|terroristes]] comme la [[White League]] ou le [[Ku Klux Klan]] pour empêcher l'organisation républicaine et empêcher les Noirs de voter<ref name="Perman2009">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Michael Perman|titre=Pursuit of unity|sous-titre=a political history of the American South|lieu=Chapel Hill|éditeur=[[University of North Carolina Press]]|année=2009|pages totales=138|isbn=978-0-8078-3324-7|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=jVHODYI1fNUC&pg=PA138}}.</ref>.
Le {{date-|18 décembre 1865}}, le [[Treizième amendement de la Constitution des États-Unis]] est ratifié, abolissant l'[[esclavage]] dans l'ensemble du pays<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Thirteenth Amendment|url=https://www.britannica.com/topic/Thirteenth-Amendment |site=Encyclopedia Britannica |consulté le=2020-07-23}}</ref>{{,}}<ref name="Jaynes2005">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Gerald D. Jaynes|titre=Encyclopedia of African American Society|éditeur=[[Sagédition|SAGE]]|date=février 2005|pages totales=864–|isbn=978-0-7619-2764-8|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=eV45DQAAQBAJ&pg=PT864}}.</ref>, avec une réserve pénale : {{Citation|Ni esclavage ni servitude involontaire, si ce n'est en punition d'un crime dont le coupable aura été dument condamné, n'existeront aux États-Unis ni dans aucun des lieux soumis à leur juridiction}}<ref>{{Lien web |langue=en-us |titre=13th Amendment |url=https://www.law.cornell.edu/constitution/amendmentxiii |site=law.cornell.edu|consulté le=2020-07-23}}</ref>. Commence alors la période dite de la [[Reconstruction (États-Unis)|Reconstruction]], qui dure de [[1865 aux États-Unis|1865]] à [[1877 aux États-Unis|1877]]. Au cours de cette période, les lois fédérales protègent les Afro-Américains [[Affranchissement|affranchis]] et les quelques Noirs déjà libres avant la [[guerre de Sécession]] comme le [[Quatorzième amendement de la Constitution des États-Unis]] de [[1868 aux États-Unis|1868]], accordant la [[citoyenneté]] à toute personne née ou [[Naturalisation|naturalisée]] aux États-Unis et interdisant toute restriction à ce droit, et le [[Quinzième amendement de la Constitution des États-Unis]], de [[1870 aux États-Unis|1870]], garantissant le droit de vote à tous les citoyens des États-Unis. Dans les années [[1870 aux États-Unis|1870]], le [[Parti démocrate (États-Unis)|parti démocrate]] regagne du pouvoir dans les États du Sud<ref name="Milewski2017">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Melissa Milewski|titre=Litigating Across the Color Line : Civil Cases Between Black and White Southerners from the End of Slavery to Civil Rights|éditeur=[[Oxford University Press]]|date=01-11-2017|pages totales=47|isbn=978-0-19-024919-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=zXo7DwAAQBAJ&pg=PA47}}.</ref>, utilisant des [[Milice|milices]] [[Terrorisme|terroristes]] comme la [[White League]] ou le [[Ku Klux Klan]] pour empêcher l'organisation républicaine et empêcher les Noirs de voter<ref name="Perman2009">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Michael Perman|titre=Pursuit of unity|sous-titre=a political history of the American South|lieu=Chapel Hill|éditeur=[[University of North Carolina Press]]|année=2009|pages totales=138|isbn=978-0-8078-3324-7|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=jVHODYI1fNUC&pg=PA138}}.</ref>.
[[Fichier:Charles-Sumner-Tilton.jpeg|gauche|vignette|Portrait de [[Charles Sumner]].]]

Le [[Civil Rights Act de 1875]], présenté au [[Congrès des États-Unis|Congrès]] par [[Charles Sumner]] et promulgué par le [[Président des États-Unis|Président]] [[Ulysses S. Grant|Ulysses Grant]] le 1er mars [[1875 aux États-Unis|1875]] , garantit que toute personne, sans distinction d'ethnicité, de couleur de peau ou de passé d'esclave, doit avoir accès au même traitement dans les infrastructures recevant du public comme les hôtels, les moyens de transport, les théâtres et les autres lieux de divertissement<ref name=":0">''New York Times'', 30 March 1882: 'COLORED METHODISTS INDIGNANT OVER THE EXPULSION OF THEIR SENIOR BISHOP FROM A FLORIDA RAILWAY CAR. : … Colored men of spirit and culture are resisting the conductors, who attempt to drive them into the "Jim Crow cars," and they sometimes succeed…'</ref>. En [[1883 aux États-Unis|1883]], la [[Cour suprême des États-Unis|Cour Suprême]] rend un arrêt déclarant inconstitutionnel le [[Civil Rights Act de 1875|Civil Rights Act]], estimant qu'aucune loi ne peut contrôler des personnes et entreprises privées<ref name="usgov">{{lien web|langue=en|titre=Constitutional Amendments and Major Civil Rights Acts of Congress Referenced in Black Americans in Congress|url=http://history.house.gov/Exhibitions-and-Publications/BAIC/Historical-Data/Constitutional-Amendments-and-Legislation/|website=History, Art & Archives|éditeur=US House of Repsentatives|consulté le=27 janvier 2018}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Civil Rights Act of 1875 {{!}} United States [1875] |url=https://www.britannica.com/topic/Civil-Rights-Act-United-States-1875 |site=Encyclopedia Britannica |consulté le=2020-07-23}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en-us |titre=Civil Rights Act Of 1875|url=https://www.encyclopedia.com/social-sciences-and-law/law/law/civil-rights-act-1875 |site=encyclopedia.com |consulté le=2020-07-23}}</ref>.
Le [[Civil Rights Act de 1875]], présenté au [[Congrès des États-Unis|Congrès]] par [[Charles Sumner]] et promulgué par le [[Président des États-Unis|Président]] [[Ulysses S. Grant|Ulysses Grant]] le {{Date|1 mars 1875}}, garantit que toute personne, sans distinction d'ethnicité, de couleur de peau ou de passé d'esclave, doit avoir accès au même traitement dans les infrastructures recevant du public comme les hôtels, les moyens de transport, les théâtres et les autres lieux de divertissement<ref name=":0">''New York Times'', 30 March 1882: 'COLORED METHODISTS INDIGNANT OVER THE EXPULSION OF THEIR SENIOR BISHOP FROM A FLORIDA RAILWAY CAR. : … Colored men of spirit and culture are resisting the conductors, who attempt to drive them into the "Jim Crow cars," and they sometimes succeed…'</ref>. En [[1883 aux États-Unis|1883]], la [[Cour suprême des États-Unis|Cour Suprême]] rend un arrêt déclarant inconstitutionnel le [[Civil Rights Act de 1875|Civil Rights Act]], estimant qu'aucune loi ne peut contrôler des personnes et entreprises privées<ref name="usgov">{{lien web|langue=en|titre=Constitutional Amendments and Major Civil Rights Acts of Congress Referenced in Black Americans in Congress|url=http://history.house.gov/Exhibitions-and-Publications/BAIC/Historical-Data/Constitutional-Amendments-and-Legislation/|website=History, Art & Archives|éditeur=US House of Repsentatives|consulté le=27 janvier 2018}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Civil Rights Act of 1875 {{!}} United States [1875] |url=https://www.britannica.com/topic/Civil-Rights-Act-United-States-1875 |site=Encyclopedia Britannica |consulté le=2020-07-23}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en-us |titre=Civil Rights Act Of 1875|url=https://www.encyclopedia.com/social-sciences-and-law/law/law/civil-rights-act-1875 |site=encyclopedia.com |consulté le=2020-07-23}}</ref>.


Avec le [[compromis de 1877]], le gouvernement retire les dernières troupes fédérales du Sud du pays. Les démocrates blancs dits {{Citation|[[Redeemers]]}} ont, à ce stade, repris le pouvoir de tous les états du Sud du pays<ref name="scjc6">Woodward, C. Vann, and McFeely, William S. ''The Strange Career of Jim Crow''. 2001, p.&nbsp;6.</ref>. Ils mettent en place la [[Ségrégation raciale aux États-Unis|ségrégation raciale]] sous forme des lois Jim Crow. Les personnes noires sont parfois élues à l'échelle locale dans les années 1880, mais leur vote est annulé pour les élections étatiques et nationales. Les démocrates font voter de nouveaux critères d'éligibilité au vote, qui empêchent la participation de la majorité des personnes noires et de beaucoup de blancs pauvres<ref name="Michael Perman 2001">Michael Perman.''Struggle for Mastery: Disfranchisement in the South, 1888–1908''. Chapel Hill: University of North Carolina Press, 2001, Introduction.</ref>{{,}}<ref name="ReferenceA">J. Morgan Kousser.''The Shaping of Southern Politics: Suffrage Restriction and the Establishment of the One-Party South'', New Haven, [[Yale University Press]], 1974.</ref>. De 1890 à 1910, dix des onze anciens états confédérés empêchent le vote noir quasi parfaitement en instaurant des critères de taxes, d'éducation et de comptabilité<ref name="Michael Perman 2001" />{{,}}<ref name="ReferenceA" />.
Avec le [[compromis de 1877]], le gouvernement retire les dernières troupes fédérales du Sud du pays. Les démocrates blancs dits {{Citation|[[Redeemers]]}} ont, à ce stade, repris le pouvoir de tous les états du Sud du pays<ref name="scjc6">Woodward, C. Vann, and McFeely, William S. ''The Strange Career of Jim Crow''. 2001, p.&nbsp;6.</ref>. Ils mettent en place la [[Ségrégation raciale aux États-Unis|ségrégation raciale]] sous forme des lois Jim Crow. Les personnes noires sont parfois élues à l'échelle locale dans les années 1880, mais leur vote est annulé pour les élections étatiques et nationales. Les démocrates font voter de nouveaux critères d'éligibilité au vote, qui empêchent la participation de la majorité des personnes noires et de beaucoup de blancs pauvres<ref name="Michael Perman 2001">Michael Perman.''Struggle for Mastery: Disfranchisement in the South, 1888–1908''. Chapel Hill: University of North Carolina Press, 2001, Introduction.</ref>{{,}}<ref name="ReferenceA">J. Morgan Kousser.''The Shaping of Southern Politics: Suffrage Restriction and the Establishment of the One-Party South'', New Haven, [[Yale University Press]], 1974.</ref>. De 1890 à 1910, dix des onze anciens états confédérés empêchent le vote noir quasi parfaitement en instaurant des critères de taxes, d'éducation et de comptabilité<ref name="Michael Perman 2001" />{{,}}<ref name="ReferenceA" />.
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[[File:FreedmenVotingInNewOrleans1867.jpeg|vignette|Des affranchis votent à La Nouvelle-Orléans, 1867.]]
[[File:FreedmenVotingInNewOrleans1867.jpeg|vignette|Des affranchis votent à La Nouvelle-Orléans, 1867.]]


En Louisiane en 1910, moins de {{Unité|0.5|%}} des hommes noirs ont le droit de vote, soit seulement {{Unité|730|hommes}} ; dix ans plus tôt, le nombre déjà réduit était de {{Unité|5320|votants}} noirs<ref name="Pildes">Richard H. Pildes, [http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=224731 "Democracy, Anti-Democracy, and the Canon", 2000, p.&nbsp;12, 27]. Retrieved March 10, 2008.</ref>. En [[Caroline du Nord]], il ne reste aucun homme noir pouvant voter entre 1896 et 1904. La classe moyenne noire disparait en une décennie d'interdiction de vote<ref name="Pildes" />. En Alabama, les législateurs promettent que les lois ne toucheront pas les Blancs pauvres : des dizaines de milliers d'entre eux perdent quand même leur droit de vote<ref name="Glenn Feldman 2004, pp. 135–136">Glenn Feldman, ''The Disfranchisement Myth: Poor Whites and Suffrage Restriction in Alabama'', Athens: University of Georgia Press, 2004, p.&nbsp;135–136.</ref>. Sans droit de vote, les personnes noires ne peuvent pas être jurées ni se présenter aux élections locales. Elles disparaissent de la vie politique. Si les politiques de la Reconstruction ont permis de faire ouvrir des écoles publiques, les écoles noires sont beaucoup moins bien financées que les écoles blanches, elles-mêmes en difficulté en raison de l'effondrement du prix du coton<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=W.|nom1=Reese|titre=History, Education, and the Schools|éditeur=Springer|date=2010-01-04|pages totales=145|isbn=978-0-230-10482-2|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=TUjFAAAAQBAJ&pg=PA145&dq=underfunded+jim+crow+schools}}.</ref>. Jusqu'à 1900, les quelques bibliothèques ouvertes aux personnes noires sont celles de leurs écoles<ref name="fultz2006">Fultz, M. (2006). "Black Public Libraries in the South in the Era of De Jure Segregation." ''Libraries & The Cultural Record'', 41(3), 338.</ref>. Si au début du vingtième siècle, de premières bibliothèques ouvrent, elles n'ont que des livres d'occasion et restent rares<ref name="jimlu">{{lien web|nom1=Lowery|prénom1=Malinda Maynor|titre=Lumbee Indians in the Jim Crow South: Race, Identity, and the Making of a Nation|url=https://books.google.com/books?id=vLY3XbAqDUwC&printsec=frontcover#v=onepage|éditeur=Univ of North Carolina Press|consulté le=27 novembre 2018|pages=0–339|date=1 janvier 2010}}.</ref>{{,}}<ref>Buddy, J., & Williams, M. (2005). "A dream deferred: school libraries and segregation", ''American Libraries'', 36(2), 33–35.</ref>{{,}}<ref name="Battles, D. M. 2009">Battles, D. M. (2009). ''The History of Public Library Access for African Americans in the South, or, Leaving Behind the Plow.'' Lanham, Md.: Scarecrow Press.</ref>.
En [[Louisiane]] en 1910, moins de {{Unité|0.5|%}} des hommes noirs ont le droit de vote, soit seulement {{Unité|730|hommes}} ; dix ans plus tôt, le nombre déjà réduit était de {{Unité|5320|votants}} noirs<ref name="Pildes">Richard H. Pildes, [http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=224731 "Democracy, Anti-Democracy, and the Canon", 2000, p.&nbsp;12, 27]. Retrieved March 10, 2008.</ref>. En [[Caroline du Nord]], il ne reste aucun homme noir pouvant voter entre [[1896 aux États-Unis|1896]] et [[1904 aux États-Unis|1904]]. La classe moyenne noire disparaît en une décennie d'interdiction de vote<ref name="Pildes" />. En [[Alabama]], les législateurs promettent que les lois ne toucheront pas les Blancs pauvres : des dizaines de milliers d'entre eux perdent quand même leur droit de vote<ref name="Glenn Feldman 2004, pp. 135–136">Glenn Feldman, ''The Disfranchisement Myth: Poor Whites and Suffrage Restriction in Alabama'', Athens: University of Georgia Press, 2004, p.&nbsp;135–136.</ref>. Sans droit de vote, les personnes noires ne peuvent pas être jurées, ni se présenter aux élections locales. Elles disparaissent de la vie politique. Si les politiques de la Reconstruction ont permis de faire ouvrir des écoles publiques, les écoles noires sont beaucoup moins bien financées que les écoles blanches, elles-mêmes en difficulté en raison de l'effondrement du prix du coton<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=W.|nom1=Reese|titre=History, Education, and the Schools|éditeur=Springer|date=2010-01-04|pages totales=145|isbn=978-0-230-10482-2|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=TUjFAAAAQBAJ&pg=PA145&dq=underfunded+jim+crow+schools}}.</ref>. Jusqu'en [[1900 aux États-Unis|1900]], les quelques bibliothèques ouvertes aux personnes noires sont celles de leurs écoles<ref name="fultz2006">Fultz, M. (2006). "Black Public Libraries in the South in the Era of De Jure Segregation." ''Libraries & The Cultural Record'', 41(3), 338.</ref>. Si au début du vingtième siècle, de premières bibliothèques ouvrent, elles n'ont que des livres d'occasion et restent rares<ref name="jimlu">{{lien web|nom1=Lowery|prénom1=Malinda Maynor|titre=Lumbee Indians in the Jim Crow South: Race, Identity, and the Making of a Nation|url=https://books.google.com/books?id=vLY3XbAqDUwC&printsec=frontcover#v=onepage|éditeur=Univ of North Carolina Press|consulté le=27 novembre 2018|pages=0–339|date=1 janvier 2010}}.</ref>{{,}}<ref>Buddy, J., & Williams, M. (2005). "A dream deferred: school libraries and segregation", ''American Libraries'', 36(2), 33–35.</ref>{{,}}<ref name="Battles, D. M. 2009">Battles, D. M. (2009). ''The History of Public Library Access for African Americans in the South, or, Leaving Behind the Plow.'' Lanham, Md.: Scarecrow Press.</ref>.


=== Essor des lois Jim Crow et premières oppositions ===
=== Essor des lois Jim Crow et premières oppositions ===
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[[File:JimCrowCar2.jpg|vignette|Caricature de 1904 représentant un wagon pour blancs et un wagon « Jim Crow ».]]
[[File:JimCrowCar2.jpg|vignette|Caricature de 1904 représentant un wagon pour blancs et un wagon « Jim Crow ».]]


En 1890, la Louisiane fait passer une loi requérant des wagons différents pour les passagers blancs, noirs et {{Citation|de couleur}} (généralement métis) sur les chemins de fer. La loi exprime déjà que les Noirs et Blancs ne peuvent pas prendre le train ensemble, mais le nouveau texte précise que les personnes de couleur ne peuvent pas non plus partager le wagon des Blancs. Le militant [[Homer Plessy]], dont un arrière-grand-parent est Noir et qui a la peau claire, prend le train des personnes blanches et refuse d'en descendre lorsqu'on lui demande son ascendance. Il est arrêté : un comité de militants de la Nouvelle-Orléans fait appel, mais perd contre la Cour Suprême dans le cas [[Plessy v. Ferguson]] en 1896, quand la Cour estime que le wagon {{Citation|séparé mais égal}} est constitutionnel<ref name="lou">{{lien web|langue=en|titre=Plessy v. Ferguson|url=http://www.knowlouisiana.org/entry/plessy-v-ferguson|website=Know Louisiana|éditeur=Louisiana Endowment for the Humanities|consulté le=27 janvier 2018}}.</ref>. En 1908, une proposition est faite d'appliquer le même système aux tramways de Washington D.C., mais elle est retoquée par le Congrès<ref>Congress rejected by a majority of 140 to 59 a transport bill amendment proposed by [[James Thomas Heflin]] (Ala.) to introduce racially segregated streetcars to the capital's transport system. ''The New York Times'', 23 February 1908: "JIM CROW CARS" DENIED BY CONGRESS.</ref>.
En 1890, la Louisiane fait passer une loi requérant des wagons différents pour les passagers blancs, noirs et {{Citation|de couleur}} (généralement métis) sur les chemins de fer. La loi exprime déjà que les Noirs et Blancs ne peuvent pas prendre le train ensemble, mais le nouveau texte précise que les personnes de couleur ne peuvent pas non plus partager le wagon des Blancs. Le militant [[Homer Plessy]], dont un arrière-grand-parent est Noir et qui a la peau claire, prend le train des personnes blanches et refuse d'en descendre lorsqu'on lui demande son ascendance. Il est arrêté : un comité de militants de [[la Nouvelle-Orléans]] fait appel, mais perd contre la Cour Suprême dans le cas [[Plessy v. Ferguson]] en [[1896 aux États-Unis|1896]], quand la Cour estime que le wagon {{Citation|séparé mais égal}} est constitutionnel<ref name="lou">{{lien web|langue=en|titre=Plessy v. Ferguson|url=http://www.knowlouisiana.org/entry/plessy-v-ferguson|website=Know Louisiana|éditeur=Louisiana Endowment for the Humanities|consulté le=27 janvier 2018}}.</ref>. En [[1908 aux États-Unis|1908]], une proposition est faite d'appliquer le même système aux tramways de Washington (district de Columbia), mais elle est retoquée par le [[Congrès des États-Unis|Congrès]]<ref>Congress rejected by a majority of 140 to 59 a transport bill amendment proposed by [[James Thomas Heflin]] (Ala.) to introduce racially segregated streetcars to the capital's transport system. ''The New York Times'', 23 February 1908: "JIM CROW CARS" DENIED BY CONGRESS.</ref>.
[[Fichier:Ww28.jpg|gauche|vignette|Portrait officiel du président Woodrow Wilson ]]

[[Fichier:William Gibbs McAdoo, formal photo portrait, 1914.jpg|vignette|Portrait photographique de [[William Gibbs McAdoo]].]]
L'[[Élection présidentielle américaine de 1912|élection présidentielle de 1912]] nuit fortement aux droits des Africains Américains. La plupart des Noirs vivent encore dans le sud du pays, où ils ont perdu le droit de vote<ref name="Dittmer1980">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=John Dittmer|titre=Black Georgia in the Progressive Era, 1900-1920|éditeur=[[University of Illinois Press]]|année=1980|pages totales=108|isbn=978-0-252-00813-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=mW4gKvP1oZkC&pg=PA108}}.</ref>. [[Woodrow Wilson]], élu président, est le premier président américain né dans le Sud du pays depuis la guerre de Sécession. Son cabinet est essentiellement constitué de sudistes. Certains d'entre eux font rapidement campagne pour des lieux de travail ségrégués, alors que Washington D.C. est intégrée depuis la guerre. En 1913, par exemple [[William Gibbs McAdoo]], le [[Secrétaire du Trésor des États-Unis]], s'oppose à voir des femmes noires et blanches travaillant ensemble au gouvernement<ref>King, Desmond. ''Separate and Unequal: Black Americans and the US Federal Government''. 1995, p. 3.</ref>. L'administration Wilson installe la ségrégation dans les bureaux gouvernementaux, malgré l'opposition des libéraux blancs et des militants noirs dans le Nord et le Midwest<ref name="BerkinMiller2011">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Carol Berkin|auteur2=Christopher Miller|auteur3=Robert Cherny|auteur4=James Gormly|titre=Making America|sous-titre=A History of the United States|éditeur=Cengage Learning|date=1 janvier 2011|pages totales=578|isbn=978-0-495-90979-8|isbn2=0-495-90979-3|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=zhcIPxzRC9YC&pg=PT578}}.</ref> ; le président lui-même affirme que la ségrégation raciale sert les intérêts des Blancs et des Noirs<ref name="wilson">Schulte Nordholt, J. W. and Rowen, Herbert H. ''Woodrow Wilson: A Life for World Peace''. 1991, p. 99–100.</ref>.
L'[[Élection présidentielle américaine de 1912|élection présidentielle de 1912]] nuit fortement aux droits des Afro-Américains. La plupart des Noirs vivent encore dans le sud du pays, où ils ont perdu le droit de vote<ref name="Dittmer1980">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=John Dittmer|titre=Black Georgia in the Progressive Era, 1900-1920|éditeur=[[University of Illinois Press]]|année=1980|pages totales=108|isbn=978-0-252-00813-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=mW4gKvP1oZkC&pg=PA108}}.</ref>. [[Woodrow Wilson]], élu président, est le premier président américain né dans le Sud du pays depuis la [[guerre de Sécession]]. Son cabinet est essentiellement constitué de sudistes. Certains d'entre eux font rapidement campagne pour des lieux de travail ségrégués, alors que Washington D.C. est intégrée depuis la guerre. En [[1913 aux États-Unis|1913]], par exemple [[William Gibbs McAdoo]], le [[Secrétaire du Trésor des États-Unis]], s'oppose à voir des femmes noires et blanches travaillant ensemble au gouvernement<ref>King, Desmond. ''Separate and Unequal: Black Americans and the US Federal Government''. 1995, p. 3.</ref>. L'administration Wilson installe la ségrégation dans les bureaux gouvernementaux, malgré l'opposition des libéraux blancs et des militants noirs dans le Nord et le Midwest<ref name="BerkinMiller2011">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Carol Berkin|auteur2=Christopher Miller|auteur3=Robert Cherny|auteur4=James Gormly|titre=Making America|sous-titre=A History of the United States|éditeur=Cengage Learning|date=1 janvier 2011|pages totales=578|isbn=978-0-495-90979-8|isbn2=0-495-90979-3|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=zhcIPxzRC9YC&pg=PT578}}.</ref> ; le président lui-même affirme que la ségrégation raciale sert les intérêts des Blancs et des Noirs<ref name="wilson">Schulte Nordholt, J. W. and Rowen, Herbert H. ''Woodrow Wilson: A Life for World Peace''. 1991, p. 99–100.</ref>.


De 1910 à 1920, plusieurs villes du [[Texas]] interdisent l'installation de Noirs dans de nombreux quartiers. Des lois mènent à la ségrégation des fontaines à eau et des toilettes. Les {{Citation|personnes de couleur}} contre qui la ségrégation opère incluent par ailleurs les [[Amérindiens]], surtout après leur transformation en citoyens via le [[Indian Citizenship Act]] de 1924<ref name="jimlu" />{{,}}<ref name="tperd">{{lien web|langue=en|nom1=Perdue|prénom1=Theda|titre=Legacy of Jim Crow for Southern Native Americans|url=https://www.c-span.org/video/?302379-1/legacy-jim-crow-southern-native-americans|website=C-SPAN|éditeur=[[C-SPAN]]|consulté le=27 novembre 2018|date=28 octobre 2011}}.</ref>. Les écoles amérindiennes sont très mal financées, et certains enfants fréquentent des écoles noires<ref name="jimlu" />.
De [[1910 aux États-Unis|1910]] à [[1920 aux États-Unis|1920]], plusieurs villes du [[Texas]] interdisent l'installation de Noirs dans de nombreux quartiers. Des lois mènent à la ségrégation des fontaines à eau et des toilettes. Les {{Citation|personnes de couleur}} contre qui la ségrégation opère incluent par ailleurs les [[Amérindiens]], surtout après leur transformation en citoyens via le [[Indian Citizenship Act]] de [[1924 aux États-Unis|1924]]<ref name="jimlu" />{{,}}<ref name="tperd">{{lien web|langue=en|nom1=Perdue|prénom1=Theda|titre=Legacy of Jim Crow for Southern Native Americans|url=https://www.c-span.org/video/?302379-1/legacy-jim-crow-southern-native-americans|website=C-SPAN|éditeur=[[C-SPAN]]|consulté le=27 novembre 2018|date=28 octobre 2011}}.</ref>. Les écoles amérindiennes sont très mal financées, et certains enfants fréquentent par défaut des écoles noires<ref name="jimlu" />.


=== Seconde Guerre mondiale ===
=== Seconde Guerre mondiale ===
[[Fichier:Justice Frank Murphy.jpg|vignette|Portait de [[William Francis Murphy|William Frank Murphy]].]]
En 1944, [[William Francis Murphy]] parle de racisme pour la première fois de l'histoire de la Cour Suprême des États-Unis, dans le cadre du cas [[Korematsu v. United States]]. Il estime que le déménagement forcé des Américains d'origine japonaise est raciste<ref>{{lien web|url=http://caselaw.lp.findlaw.com/scripts/getcase.pl?court=us&vol=323&invol=214|titre=Full text of Korematsu v. United States opinion|éditeur=Findlaw}}.</ref>.
En 1944, [[William Francis Murphy]] parle de racisme pour la première fois de l'histoire de la Cour Suprême des États-Unis, dans le cadre du cas [[Korematsu v. United States]]. Il estime que le déménagement forcé des Américains d'origine japonaise est raciste<ref>{{lien web|url=http://caselaw.lp.findlaw.com/scripts/getcase.pl?court=us&vol=323&invol=214|titre=Full text of Korematsu v. United States opinion|éditeur=Findlaw}}.</ref>.


Dans les années 1930 et 1940, de nombreux boycotts sont organisés par des militants, en particulier par la [[National Association for the Advancement of Colored People]], engagée dès le début du siècle. Les premières manifestations obtiennent des retours positifs<ref name="pg">{{lien web|langue=en|titre=Former Pa. House speaker K. Leroy Irvis dies|url=http://old.post-gazette.com/pg/06075/671363.stm|éditeur=Pittsburgh Post-Gazette|consulté le=27 janvier 2018}}.</ref>. Après la Seconde Guerre mondiale, l'opposition monte contre la ségrégation : les personnes noires estiment avoir gagné le droit à un traitement égal en raison de leur service militaire et de leurs sacrifices. En 1948, le président [[Harry S. Truman]] signe la dé-ségrégation de l'armée<ref name="Truman9881">{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Jon E.|nom1=Taylor|titre=Freedom to Serve|sous-titre=Truman, Civil Rights, and Executive Order 9981|éditeur=|date=2013-05-02|pages totales=203|isbn=978-0-415-89449-4|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=8qS8gCz6gHAC&pg=PA159&q=9981|passage=159}}.</ref>.
Dans les années 1930 et 1940, de nombreux boycotts sont organisés par des militants, en particulier par la [[National Association for the Advancement of Colored People]], engagée dès le début du siècle. Les premières manifestations obtiennent des retours positifs<ref name="pg">{{lien web|langue=en|titre=Former Pa. House speaker K. Leroy Irvis dies|url=http://old.post-gazette.com/pg/06075/671363.stm|éditeur=Pittsburgh Post-Gazette|consulté le=27 janvier 2018}}.</ref>. Après la [[Seconde Guerre mondiale]], l'opposition monte contre la ségrégation : les personnes noires estiment avoir gagné le droit à un traitement égal en raison de leur service militaire et de leurs sacrifices. En 1948, le président [[Harry S. Truman]] signe la dé-ségrégation de l'armée<ref name="Truman9881">{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Jon E.|nom1=Taylor|titre=Freedom to Serve|sous-titre=Truman, Civil Rights, and Executive Order 9981|éditeur=|date=2013-05-02|pages totales=203|isbn=978-0-415-89449-4|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=8qS8gCz6gHAC&pg=PA159&q=9981|passage=159}}.</ref>.


=== Déclin et abandon ===
=== Déclin et abandon ===
[[File:Warren_Supreme_Court.jpg|vignette|La Cour suprême ayant eu à connaître du cas [[Brown v. Board of Education]] (1954).]]
[[File:Warren_Supreme_Court.jpg|vignette|La Cour suprême ayant eu à connaître du cas [[Brown v. Board of Education]] (1954).]]
En 1954, le cas [[Brown v. Board of Education]] voit l'annulation dans les seules écoles publiques de la décision de Plessy v. Ferguson prise en 1896 par la Cour Suprême. Cette décision est prise sous l'égide du juge nouvellement nommé, [[Earl Warren]]<ref name=":02">{{lien web|langue=en|url=https://www.landmarkcases.org/cases/brown-v-board-of-education|titre=Brown v. Board of Education|nom=landmarkcases.dcwdbeta.com|prénom=Landmark Supreme Court Cases (555) 123-4567|site=Landmark Supreme Court Cases|consulté le=2019-09-29}}.</ref>{{,}}<ref name=":1">{{lien web|langue=en|url=https://www.oyez.org/cases/1940-1955/347us483|titre=Brown v. Board of Education of Topeka (1)|site=oyez.org|consulté le=2019-09-29}}.</ref>{{,}}<ref name=":2">{{lien web|langue=en|url=https://nmaahc.si.edu/blog-post/two-landmark-decisions-fight-equality-and-justice|titre=Two Landmark Decisions in the Fight for Equality and Justice|date=2017-10-11|website=National Museum of African American History and Culture|consulté le=2019-09-29}}.</ref> et à l'unanimité des neuf juges<ref name=":1" />.
En [[1954 aux États-Unis|1954]], le cas [[Brown v. Board of Education]] voit l'annulation dans les seules écoles publiques de l'avis de Plessy v. Ferguson rendu en [[1896 aux États-Unis|1896]] par la Cour Suprême. Cette décision est prise sous l'égide du juge nouvellement nommé, [[Earl Warren]]<ref name=":02">{{lien web|langue=en|url=https://www.landmarkcases.org/cases/brown-v-board-of-education|titre=Brown v. Board of Education|nom=landmarkcases.dcwdbeta.com|prénom=Landmark Supreme Court Cases (555) 123-4567|site=Landmark Supreme Court Cases|consulté le=2019-09-29}}.</ref>{{,}}<ref name=":1">{{lien web|langue=en|url=https://www.oyez.org/cases/1940-1955/347us483|titre=Brown v. Board of Education of Topeka (1)|site=oyez.org|consulté le=2019-09-29}}.</ref>{{,}}<ref name=":2">{{lien web|langue=en|url=https://nmaahc.si.edu/blog-post/two-landmark-decisions-fight-equality-and-justice|titre=Two Landmark Decisions in the Fight for Equality and Justice|date=2017-10-11|website=National Museum of African American History and Culture|consulté le=2019-09-29}}.</ref> et à l'unanimité des neuf juges<ref name=":1" />.


En 1955, [[Rosa Parks]] refuse d'abandonner son siège de bus à un homme blanc dans la ville de [[Montgomery (Alabama)]]. Ce n'est pas la première fois que ça arrive : neuf mois plus tôt, [[Claudette Colvin]], une adolescente de quinze ans, en a fait de même<ref>{{Lien web|langue=en|titre=The Other Rosa Parks: Now 73, Claudette Colvin Was First to Refuse Giving Up Seat on Montgomery Bus|url=http://www.democracynow.org/2013/3/29/the_other_rosa_parks_now_73|site=Democracy Now!|consulté le=2019-11-11}}.</ref>. L'acte de Parks est cependant celui choisi pour représenter le [[Mouvement afro-américain des droits civiques|mouvement des droits civiques]] : le [[boycott des bus de Montgomery]] dure plus d'un an et se termine par la déségrégation des compagnies de bus privées de la ville<ref name="vcu">{{lien web|langue=en|titre=Jim Crow Laws and Racial Segregation|url=https://socialwelfare.library.vcu.edu/eras/civil-war-reconstruction/jim-crow-laws-andracial-segregation/|site=VCU Libraries Social Welfare History Project|éditeur=Virginia Commonwealth University|consulté le=27 janvier 2018}}.</ref>.
En [[1955 aux États-Unis|1955]], [[Rosa Parks]] refuse d'abandonner son siège de bus à un homme blanc dans la ville de [[Montgomery (Alabama)]]. Ce n'est pas la première fois que ça arrive : neuf mois plus tôt, [[Claudette Colvin]], une adolescente de quinze ans, en a fait de même<ref>{{Lien web|langue=en|titre=The Other Rosa Parks: Now 73, Claudette Colvin Was First to Refuse Giving Up Seat on Montgomery Bus|url=http://www.democracynow.org/2013/3/29/the_other_rosa_parks_now_73|site=Democracy Now!|consulté le=2019-11-11}}.</ref>. L'acte de Parks est cependant celui choisi pour représenter le [[Mouvement afro-américain des droits civiques|mouvement des droits civiques]] : le [[boycott des bus de Montgomery]] dure plus d'un an et se termine par la [[déségrégation]] des compagnies de bus privées de la ville<ref name="vcu">{{lien web|langue=en|titre=Jim Crow Laws and Racial Segregation|url=https://socialwelfare.library.vcu.edu/eras/civil-war-reconstruction/jim-crow-laws-andracial-segregation/|site=VCU Libraries Social Welfare History Project|éditeur=Virginia Commonwealth University|consulté le=27 janvier 2018}}.</ref>.


[[File:Lyndon_Johnson_signing_Civil_Rights_Act,_July_2,_1964.jpg|alt=|vignette|Le président Johnson signe le [[:en:Civil_Rights_Act_of_1964|Civil Rights Act de 1964]].]]
[[File:Lyndon_Johnson_signing_Civil_Rights_Act,_July_2,_1964.jpg|alt=|vignette|Le président Johnson signe le [[:en:Civil_Rights_Act_of_1964|Civil Rights Act de 1964]].]]


Dans la ligne de son arrêt concernant les écoles publiques, la cour suprême rend le 13 novembre 1956 l'arrêt [[Browder v. Gayle]], qui déclare la ségrégation raciale dans les transports publics inconstitutionnelle.
Dans la ligne de son arrêt concernant les écoles publiques, la cour suprême rend le {{Date|13 novembre 1956}} l'arrêt [[Browder v. Gayle]], qui déclare la ségrégation raciale dans les transports publics inconstitutionnelle.


En {{date-|janvier 1964}}, le président [[Lyndon B. Johnson]] rencontre des militants pour les droits civiques. Le {{date-|8 janvier}}, pendant son [[Discours sur l'état de l'Union (États-Unis)|discours sur l'état de l'Union]], Johnson rappelle l'importance des droits civiques et de sa rencontre passée. Le {{date-|21 juin 1964}}, les [[meurtres de la Freedom Summer]] attirent l'attention nationale et permettent au Congrès de faire ratifier le [[Civil Rights Act de 1964]]<ref name="cra64">{{lien web|langue=en|url=http://finduslaw.com/civil_rights_act_of_1964_cra_title_vii_equal_employment_opportunities_42_us_code_chapter_21|titre=Civil Rights Act of 1964 - CRA - Title VII - Equal Employment Opportunities - 42 US Code Chapter 21}}.</ref>. Le {{date-|2 juillet 1964}}, l'acte est ratifié<ref name="cra64" />{{,}}<ref>{{lien web|langue=en|url=http://www.lbjlib.utexas.edu/johnson/lbjforkids/civil_timeline.shtm|éditeur=[[University of Texas]]|titre=LBJ for Kids – Civil rights during the Johnson Administration|archiveurl=https://web.archive.org/web/20120720111358/http://www.lbjlib.utexas.edu/johnson/lbjforkids/civil_timeline.shtm|archivedate=July 20, 2012}}.</ref>. Il interdit la discrimination dans les entreprises, y compris les écoles privées<ref name="cra64" />.
En {{date-|janvier 1964}}, le président [[Lyndon B. Johnson]] rencontre des militants pour les droits civiques. Le {{date-|8 janvier}}, pendant son [[Discours sur l'état de l'Union (États-Unis)|discours sur l'état de l'Union]], Johnson rappelle l'importance des droits civiques et de sa rencontre passée. Le {{date-|21 juin 1964}}, les [[meurtres de la Freedom Summer]] attirent l'attention nationale et permettent au Congrès de faire ratifier le [[Civil Rights Act de 1964]]<ref name="cra64">{{lien web|langue=en|url=http://finduslaw.com/civil_rights_act_of_1964_cra_title_vii_equal_employment_opportunities_42_us_code_chapter_21|titre=Civil Rights Act of 1964 - CRA - Title VII - Equal Employment Opportunities - 42 US Code Chapter 21}}.</ref>. Le {{date-|2 juillet 1964}}, l'acte est ratifié<ref name="cra64" />{{,}}<ref>{{lien web|langue=en|url=http://www.lbjlib.utexas.edu/johnson/lbjforkids/civil_timeline.shtm|éditeur=[[University of Texas]]|titre=LBJ for Kids – Civil rights during the Johnson Administration|archiveurl=https://web.archive.org/web/20120720111358/http://www.lbjlib.utexas.edu/johnson/lbjforkids/civil_timeline.shtm|archivedate=July 20, 2012}}.</ref>. Il interdit la discrimination dans les entreprises, y compris les écoles privées<ref name="cra64" />.
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=== Alabama ===
=== Alabama ===
; Infirmières
==== Infirmières ====
{{citation|Aucune personne ou société n'exigera de n'importe quelle infirmière féminine blanche de travailler dans les salles d'hôpitaux, publics ou privés, dans lesquels des Noirs sont placés.}}
{{citation|Aucune personne ou société n'exigera de n'importe quelle infirmière féminine blanche de travailler dans les salles d'hôpitaux, publics ou privés, dans lesquels des Noirs sont placés.}}


; Autobus
==== Autobus ====
{{citation|Toutes les stations de cet État, quelle que soit la compagnie de transport, devront avoir des salles d'attente et des guichets séparés pour les blancs et pour les personnes de couleur.}}
{{citation|Toutes les stations de cet État, quelle que soit la compagnie de transport, devront avoir des salles d'attente et des guichets séparés pour les blancs et pour les personnes de couleur.}}


; Transports ferroviaires
==== Transports ferroviaires ====
{{citation|Les contrôleurs de train de voyageurs doivent assigner à chaque passager le wagon ou le compartiment qui lui est destiné selon sa couleur.}}
{{citation|Les contrôleurs de train de voyageurs doivent assigner à chaque passager le wagon ou le compartiment qui lui est destiné selon sa couleur.}}


; Restaurants
==== Restaurants ====
{{citation|Tout restaurant ou tout autre endroit où est servi de la nourriture sera illégal s'il ne prévoit pas des salles distinctes pour les personnes blanches et de couleur, à moins que celles-ci ne soient efficacement séparées par une cloison pleine s'étendant du plancher vers le haut à une distance minimale de sept pieds et à moins qu'une entrée séparée soit prévue.}}
{{citation|Tout restaurant ou tout autre endroit où est servi de la nourriture sera illégal s'il ne prévoit pas des salles distinctes pour les personnes blanches et de couleur, à moins que celles-ci ne soient efficacement séparées par une cloison pleine s'étendant du plancher vers le haut à une distance minimale de sept pieds et à moins qu'une entrée séparée soit prévue.}}


=== Floride ===
=== Floride ===
; Mariage
==== Mariage ====
{{citation|Tout mariage entre une personne blanche et une personne noire ou entre une personne blanche et une personne d'ascendance noire à la quatrième génération est interdit.}}
{{citation|Tout mariage entre une personne blanche et une personne noire ou entre une personne blanche et une personne d'ascendance noire à la quatrième génération est interdit.}}


; Cohabitation
==== Cohabitation ====
{{citation|Tout Noir et toute femme blanche, ou tout homme blanc et toute femme noire qui ne sont pas mariés et qui vivent habituellement ensemble ou occupent la même chambre la même nuit sont punissables d'un emprisonnement ne pouvant dépasser 12 mois ou d'une amende maximale de 500 dollars.}}
{{citation|Tout Noir et toute femme blanche, ou tout homme blanc et toute femme noire qui ne sont pas mariés et qui vivent habituellement ensemble ou occupent la même chambre la même nuit sont punissables d'un emprisonnement ne pouvant dépasser 12 mois ou d'une amende maximale de 500 dollars.}}


; Éducation
==== Éducation ====
{{citation|Les écoles pour enfants blancs et pour enfants noirs devront être séparées.}}
{{citation|Les écoles pour enfants blancs et pour enfants noirs devront être séparées.}}


; Promotion de l'égalité
==== Promotion de l'égalité ====
{{citation|Toute personne qui sera reconnue coupable de l'impression, de l'édition ou de la circulation de tracts ou pétitions recommandant ou présentant au public des informations, des arguments ou des suggestions en faveur de l'égalité sociale ou en faveur du mariage entre Blancs et Noirs, sera coupable d'un délit et risquera jusqu'à cinq cents dollars d'amende ou six mois de prison.}}
{{citation|Toute personne qui sera reconnue coupable de l'impression, de l'édition ou de la circulation de tracts ou pétitions recommandant ou présentant au public des informations, des arguments ou des suggestions en faveur de l'égalité sociale ou en faveur du mariage entre Blancs et Noirs, sera coupable d'un délit et risquera jusqu'à 500 dollars d'amende ou 6 mois de prison.}}


; Entrées d'hôpital
==== Entrées d'hôpital ====
{{citation|Il sera maintenu par les autorités de chaque hôpital et par l'état, pour le traitement des blancs et des patients de couleur, des entrées séparées pour les blancs et pour les patients et les visiteurs de couleur, et de telles entrées seront employées seulement par la race par laquelle elles doivent être employées.}}
{{citation|Il sera maintenu par les autorités de chaque hôpital et par l'état, pour le traitement des blancs et des patients de couleur, des entrées séparées pour les blancs et pour les patients et les visiteurs de couleur, et de telles entrées seront employées seulement par la race par laquelle elles doivent être employées.}}


; Prison
==== Prison ====
{{citation|Le directeur veillera à ce que les condamnés blancs aient des lieux séparés pour dormir et pour manger de ceux des condamnés noirs.}}
{{citation|Le directeur veillera à ce que les condamnés blancs aient des lieux séparés pour dormir et pour manger de ceux des condamnés noirs.}}


== Notes et références ==
== Notes et références ==
=== Notes ===
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=== Références ===
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== Bibliographie ==
== Pour approfondir ==


=== Essais ===
=== Bibliographie ===

==== Essais ====
* {{Ouvrage|langue=en-gb|auteur1=John Briggs|titre=The history of Jim Crow|lieu=Londres|éditeur=Oxford University|année=1839|date=|pages totales=347|isbn=|lire en ligne=https://archive.org/details/historyjimcrow00briggoog}},
* {{Ouvrage|langue=en-gb|auteur1=John Briggs|titre=The history of Jim Crow|lieu=Londres|éditeur=Oxford University|année=1839|date=|pages totales=347|isbn=|lire en ligne=https://archive.org/details/historyjimcrow00briggoog}},
* {{Ouvrage|langue=en-us|auteur1=C. Vann Woodward & William S. McFeely|titre=The Strange Career of Jim Crow|éditeur=Oxford University Press, USA|date=février 1955, rééd. 2002|pages totales=245|isbn=978-0-19-514690-5|lire en ligne=https://archive.org/details/strangecareerofj0000unse}}
* {{Ouvrage|langue=en-us|auteur1=C. Vann Woodward & William S. McFeely|titre=The Strange Career of Jim Crow|éditeur=Oxford University Press, USA|date=février 1955, rééd. 2002|pages totales=245|isbn=978-0-19-514690-5|lire en ligne=https://archive.org/details/strangecareerofj0000unse}}
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* {{Ouvrage|langue=en-us|auteur1=Stephanie Cole|auteur2=Natalie J. Ring|titre=The Folly of Jim Crow|sous-titre=Rethinking the Segregated South|éditeur=Texas A&M University Press|date=3 avril 2012|pages totales=256|isbn=978-1-60344-582-5|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=9wJKDwAAQBAJ&printsec=frontcover}}
* {{Ouvrage|langue=en-us|auteur1=Stephanie Cole|auteur2=Natalie J. Ring|titre=The Folly of Jim Crow|sous-titre=Rethinking the Segregated South|éditeur=Texas A&M University Press|date=3 avril 2012|pages totales=256|isbn=978-1-60344-582-5|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=9wJKDwAAQBAJ&printsec=frontcover}}


=== Articles ===
==== Articles ====
* {{Article |langue=en-us |auteur1=Gilbert Thomas Stephenson |titre=The Separation of The Races in Public Conveyances |périodique=The American Political Science Review, Vol. 3, No. 2 |date=mai 1909 |lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/1944727 |pages=180-204 (25 pages) }}
* {{Article |langue=en-us |auteur1=Gilbert Thomas Stephenson |titre=The Separation of The Races in Public Conveyances |périodique=The American Political Science Review, Vol. 3, No. 2 |date=mai 1909 |lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/1944727 |pages=180-204 (25 pages) }}
* {{Article |langue=en-us |auteur1= |titre="Jim Crow" Cars |périodique=The Virginia Law Register, Vol. 17, No. 5 |date=septembre 1911 |lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/1105635 |pages=409-410 (2 pages) }}
* {{Article |langue=en-us |auteur1= |titre="Jim Crow" Cars |périodique=The Virginia Law Register, Vol. 17, No. 5 |date=septembre 1911 |lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/1105635 |pages=409-410 (2 pages) }}
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* {{Article |langue=en-us |auteur1=George Gmelch |titre=Southern Exposure: Life in the Carolina League in the Time of Jim Crow |périodique=Journal of Sport History, Vol. 42, No. 3 |date=2015 |lire en ligne=https://www.jstor.org/stable/10.5406/jsporthistory.42.3.0310 |pages=310-321 (12 pages) }}
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Dernière version du 19 mars 2024 à 01:55

Lois Jim Crow
Autre(s) nom(s) Jim Crow Laws
Description de l'image Jimcrow.jpg.
Présentation
Pays États-Unis
État États du sud
Adoption et entrée en vigueur
Régime ségrégation raciale
Promulgation 1877
Abrogation 1964

Un Afro-Américain boit à un distributeur d'eau réservé aux « gens de couleur » à un terminal de tramway en 1939 Oklahoma City.

Les lois Jim Crow (Jim Crow Laws en anglais) sont des lois nationales et locales issues des Black Codes imposant la ségrégation raciale aux États-Unis[1],[2] et promulguées par les législatures des États du Sud de 1877 à 1964. Ces lois ont été mises en place pour entraver l'exercice des droits constitutionnels des Afro-Américains acquis au lendemain de la guerre de Sécession : le Treizième amendement de la Constitution des États-Unis du abolissant l'esclavage, le Quatorzième amendement de la Constitution des États-Unis de 1868 accordant la citoyenneté à toute personne née ou naturalisée aux États-Unis et interdisant toute restriction à ce droit, et le Quinzième amendement de la Constitution des États-Unis, de 1870, garantissant le droit de vote à tous les citoyens des États-Unis.

Les plus importantes lois Jim Crow introduisaient la ségrégation dans les services publics (établissements scolaires, hôpitaux, transports, justice, cimetière, etc.), les lieux de rassemblement (restaurants, cafés, théâtre, salle de concert, salles d'attente, stades, toilettes…) et restreignaient les interactions sociales entre Blancs et gens de couleur au strict minimum, cela au nom du principe « separate but equal » (« séparés mais égaux »).

Les mouvements et actions visant l'application des droits civiques auront pour objet l'abrogation de ces lois, notamment par la saisine de la Cour suprême pour demander des arrêts au sujet de situations de ségrégation pour en vérifier la constitutionnalité. C'est ainsi que la ségrégation scolaire a été déclarée inconstitutionnelle par la Cour suprême des États-Unis en 1954 (arrêt Brown v. Board of Education). Suivront d'autres affaires. Les Lois Jim Crow ont été définitivement abolies par le Civil Rights Act de 1964, le Voting Rights Act de 1965 et le Civil Rights Act de 1968 qui mettent juridiquement fin à la ségrégation raciale sur l'ensemble des États-Unis.

Origine de l'expression

Thomas D. Rice.

Le nom « Jim Crow » vient de la chanson Jump Jim Crow. Cette chanson est une critique des politiques populistes d'Andrew Jackson, composée et interprétée en 1832 par Thomas D. Rice[3],[4],[5], qui chante et danse le visage et les mains peints en noir pour caricaturer les Afro-Américains. La chanson et le spectacle qui l'inclut rencontrent un vif succès. Dès 1838, « Jim Crow » est une expression péjorative désignant les personnes noires vivant aux États-Unis[6].

L'expression Jim Crow laws (« lois Jim Crow ») est répertoriée pour la première fois en 1892 dans le titre d'un article du New York Times consacré à la ségrégation dans les trains en Louisiane[6],[7].

Historique

Origines des lois Jim Crow

Le , le Treizième amendement de la Constitution des États-Unis est ratifié, abolissant l'esclavage dans l'ensemble du pays[8],[9], avec une réserve pénale : « Ni esclavage ni servitude involontaire, si ce n'est en punition d'un crime dont le coupable aura été dument condamné, n'existeront aux États-Unis ni dans aucun des lieux soumis à leur juridiction »[10]. Commence alors la période dite de la Reconstruction, qui dure de 1865 à 1877. Au cours de cette période, les lois fédérales protègent les Afro-Américains affranchis et les quelques Noirs déjà libres avant la guerre de Sécession comme le Quatorzième amendement de la Constitution des États-Unis de 1868, accordant la citoyenneté à toute personne née ou naturalisée aux États-Unis et interdisant toute restriction à ce droit, et le Quinzième amendement de la Constitution des États-Unis, de 1870, garantissant le droit de vote à tous les citoyens des États-Unis. Dans les années 1870, le parti démocrate regagne du pouvoir dans les États du Sud[11], utilisant des milices terroristes comme la White League ou le Ku Klux Klan pour empêcher l'organisation républicaine et empêcher les Noirs de voter[12].

Portrait de Charles Sumner.

Le Civil Rights Act de 1875, présenté au Congrès par Charles Sumner et promulgué par le Président Ulysses Grant le , garantit que toute personne, sans distinction d'ethnicité, de couleur de peau ou de passé d'esclave, doit avoir accès au même traitement dans les infrastructures recevant du public comme les hôtels, les moyens de transport, les théâtres et les autres lieux de divertissement[13]. En 1883, la Cour Suprême rend un arrêt déclarant inconstitutionnel le Civil Rights Act, estimant qu'aucune loi ne peut contrôler des personnes et entreprises privées[14],[15],[16].

Avec le compromis de 1877, le gouvernement retire les dernières troupes fédérales du Sud du pays. Les démocrates blancs dits « Redeemers » ont, à ce stade, repris le pouvoir de tous les états du Sud du pays[17]. Ils mettent en place la ségrégation raciale sous forme des lois Jim Crow. Les personnes noires sont parfois élues à l'échelle locale dans les années 1880, mais leur vote est annulé pour les élections étatiques et nationales. Les démocrates font voter de nouveaux critères d'éligibilité au vote, qui empêchent la participation de la majorité des personnes noires et de beaucoup de blancs pauvres[18],[19]. De 1890 à 1910, dix des onze anciens états confédérés empêchent le vote noir quasi parfaitement en instaurant des critères de taxes, d'éducation et de comptabilité[18],[19].

Des affranchis votent à La Nouvelle-Orléans, 1867.

En Louisiane en 1910, moins de 0,5 % des hommes noirs ont le droit de vote, soit seulement 730 hommes ; dix ans plus tôt, le nombre déjà réduit était de 5 320 votants noirs[20]. En Caroline du Nord, il ne reste aucun homme noir pouvant voter entre 1896 et 1904. La classe moyenne noire disparaît en une décennie d'interdiction de vote[20]. En Alabama, les législateurs promettent que les lois ne toucheront pas les Blancs pauvres : des dizaines de milliers d'entre eux perdent quand même leur droit de vote[21]. Sans droit de vote, les personnes noires ne peuvent pas être jurées, ni se présenter aux élections locales. Elles disparaissent de la vie politique. Si les politiques de la Reconstruction ont permis de faire ouvrir des écoles publiques, les écoles noires sont beaucoup moins bien financées que les écoles blanches, elles-mêmes en difficulté en raison de l'effondrement du prix du coton[22]. Jusqu'en 1900, les quelques bibliothèques ouvertes aux personnes noires sont celles de leurs écoles[23]. Si au début du vingtième siècle, de premières bibliothèques ouvrent, elles n'ont que des livres d'occasion et restent rares[24],[25],[26].

Essor des lois Jim Crow et premières oppositions

Pendant l'ère progressiste, des années 1890 aux années 1920, la ségrégation entre dans les mœurs : même là où il n'y a pas de lois Jim Crow, il est rare de voir Noirs et Blancs se mélanger[27]. La raison la plus communément invoquée est qu'en raison du racisme blanc, il serait négatif pour les personnes noires de devoir être méprisées dans la société blanche et qu'il vaut donc mieux que les Noirs restent avec des personnes qui les voient comme égales[28].

Caricature de 1904 représentant un wagon pour blancs et un wagon « Jim Crow ».

En 1890, la Louisiane fait passer une loi requérant des wagons différents pour les passagers blancs, noirs et « de couleur » (généralement métis) sur les chemins de fer. La loi exprime déjà que les Noirs et Blancs ne peuvent pas prendre le train ensemble, mais le nouveau texte précise que les personnes de couleur ne peuvent pas non plus partager le wagon des Blancs. Le militant Homer Plessy, dont un arrière-grand-parent est Noir et qui a la peau claire, prend le train des personnes blanches et refuse d'en descendre lorsqu'on lui demande son ascendance. Il est arrêté : un comité de militants de la Nouvelle-Orléans fait appel, mais perd contre la Cour Suprême dans le cas Plessy v. Ferguson en 1896, quand la Cour estime que le wagon « séparé mais égal » est constitutionnel[29]. En 1908, une proposition est faite d'appliquer le même système aux tramways de Washington (district de Columbia), mais elle est retoquée par le Congrès[30].

Portrait officiel du président Woodrow Wilson
Portrait photographique de William Gibbs McAdoo.

L'élection présidentielle de 1912 nuit fortement aux droits des Afro-Américains. La plupart des Noirs vivent encore dans le sud du pays, où ils ont perdu le droit de vote[31]. Woodrow Wilson, élu président, est le premier président américain né dans le Sud du pays depuis la guerre de Sécession. Son cabinet est essentiellement constitué de sudistes. Certains d'entre eux font rapidement campagne pour des lieux de travail ségrégués, alors que Washington D.C. est intégrée depuis la guerre. En 1913, par exemple William Gibbs McAdoo, le Secrétaire du Trésor des États-Unis, s'oppose à voir des femmes noires et blanches travaillant ensemble au gouvernement[32]. L'administration Wilson installe la ségrégation dans les bureaux gouvernementaux, malgré l'opposition des libéraux blancs et des militants noirs dans le Nord et le Midwest[33] ; le président lui-même affirme que la ségrégation raciale sert les intérêts des Blancs et des Noirs[34].

De 1910 à 1920, plusieurs villes du Texas interdisent l'installation de Noirs dans de nombreux quartiers. Des lois mènent à la ségrégation des fontaines à eau et des toilettes. Les « personnes de couleur » contre qui la ségrégation opère incluent par ailleurs les Amérindiens, surtout après leur transformation en citoyens via le Indian Citizenship Act de 1924[24],[35]. Les écoles amérindiennes sont très mal financées, et certains enfants fréquentent par défaut des écoles noires[24].

Seconde Guerre mondiale

Portait de William Frank Murphy.

En 1944, William Francis Murphy parle de racisme pour la première fois de l'histoire de la Cour Suprême des États-Unis, dans le cadre du cas Korematsu v. United States. Il estime que le déménagement forcé des Américains d'origine japonaise est raciste[36].

Dans les années 1930 et 1940, de nombreux boycotts sont organisés par des militants, en particulier par la National Association for the Advancement of Colored People, engagée dès le début du siècle. Les premières manifestations obtiennent des retours positifs[37]. Après la Seconde Guerre mondiale, l'opposition monte contre la ségrégation : les personnes noires estiment avoir gagné le droit à un traitement égal en raison de leur service militaire et de leurs sacrifices. En 1948, le président Harry S. Truman signe la dé-ségrégation de l'armée[38].

Déclin et abandon

La Cour suprême ayant eu à connaître du cas Brown v. Board of Education (1954).

En 1954, le cas Brown v. Board of Education voit l'annulation dans les seules écoles publiques de l'avis de Plessy v. Ferguson rendu en 1896 par la Cour Suprême. Cette décision est prise sous l'égide du juge nouvellement nommé, Earl Warren[39],[40],[41] et à l'unanimité des neuf juges[40].

En 1955, Rosa Parks refuse d'abandonner son siège de bus à un homme blanc dans la ville de Montgomery (Alabama). Ce n'est pas la première fois que ça arrive : neuf mois plus tôt, Claudette Colvin, une adolescente de quinze ans, en a fait de même[42]. L'acte de Parks est cependant celui choisi pour représenter le mouvement des droits civiques : le boycott des bus de Montgomery dure plus d'un an et se termine par la déségrégation des compagnies de bus privées de la ville[43].

Le président Johnson signe le Civil Rights Act de 1964.

Dans la ligne de son arrêt concernant les écoles publiques, la cour suprême rend le l'arrêt Browder v. Gayle, qui déclare la ségrégation raciale dans les transports publics inconstitutionnelle.

En , le président Lyndon B. Johnson rencontre des militants pour les droits civiques. Le , pendant son discours sur l'état de l'Union, Johnson rappelle l'importance des droits civiques et de sa rencontre passée. Le , les meurtres de la Freedom Summer attirent l'attention nationale et permettent au Congrès de faire ratifier le Civil Rights Act de 1964[44]. Le , l'acte est ratifié[44],[45]. Il interdit la discrimination dans les entreprises, y compris les écoles privées[44].

Exemples de lois Jim Crow dans différents États

Alabama

Infirmières

« Aucune personne ou société n'exigera de n'importe quelle infirmière féminine blanche de travailler dans les salles d'hôpitaux, publics ou privés, dans lesquels des Noirs sont placés. »

Autobus

« Toutes les stations de cet État, quelle que soit la compagnie de transport, devront avoir des salles d'attente et des guichets séparés pour les blancs et pour les personnes de couleur. »

Transports ferroviaires

« Les contrôleurs de train de voyageurs doivent assigner à chaque passager le wagon ou le compartiment qui lui est destiné selon sa couleur. »

Restaurants

« Tout restaurant ou tout autre endroit où est servi de la nourriture sera illégal s'il ne prévoit pas des salles distinctes pour les personnes blanches et de couleur, à moins que celles-ci ne soient efficacement séparées par une cloison pleine s'étendant du plancher vers le haut à une distance minimale de sept pieds et à moins qu'une entrée séparée soit prévue. »

Floride

Mariage

« Tout mariage entre une personne blanche et une personne noire ou entre une personne blanche et une personne d'ascendance noire à la quatrième génération est interdit. »

Cohabitation

« Tout Noir et toute femme blanche, ou tout homme blanc et toute femme noire qui ne sont pas mariés et qui vivent habituellement ensemble ou occupent la même chambre la même nuit sont punissables d'un emprisonnement ne pouvant dépasser 12 mois ou d'une amende maximale de 500 dollars. »

Éducation

« Les écoles pour enfants blancs et pour enfants noirs devront être séparées. »

Promotion de l'égalité

« Toute personne qui sera reconnue coupable de l'impression, de l'édition ou de la circulation de tracts ou pétitions recommandant ou présentant au public des informations, des arguments ou des suggestions en faveur de l'égalité sociale ou en faveur du mariage entre Blancs et Noirs, sera coupable d'un délit et risquera jusqu'à 500 dollars d'amende ou 6 mois de prison. »

Entrées d'hôpital

« Il sera maintenu par les autorités de chaque hôpital et par l'état, pour le traitement des blancs et des patients de couleur, des entrées séparées pour les blancs et pour les patients et les visiteurs de couleur, et de telles entrées seront employées seulement par la race par laquelle elles doivent être employées. »

Prison

« Le directeur veillera à ce que les condamnés blancs aient des lieux séparés pour dormir et pour manger de ceux des condamnés noirs. »

Notes et références

Notes

Références

  1. (en) « Jim Crow law », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  2. (en-US) « Jim Crow Laws », sur encyclopedia.com (consulté le )
  3. (en) « Jim Crow law », sur Encyclopedia Britannica (consulté le ).
  4. (en-US) « Jim Crow Laws », sur encyclopedia.com (consulté le ).
  5. (en-US) « Encyclopedia of Arkansas », sur Encyclopedia of Arkansas (consulté le ).
  6. a et b Woodward, C. Vann and McFeely, William S. (2001), The Strange Career of Jim Crow, p. 7.
  7. (en) « Louisiana's 'Jim Crow' Law Valid », The New York Times, New York,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ) :

    « New Orleans, Dec 20. – The Supreme Court yesterday declared constitutional the law passed two years ago and known as the 'Jim Crow' law, making it compulsory on railroads to provide separate cars for blacks. »

  8. (en) « Thirteenth Amendment », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  9. (en) Gerald D. Jaynes, Encyclopedia of African American Society, SAGE, , 864– (ISBN 978-0-7619-2764-8, lire en ligne).
  10. (en-US) « 13th Amendment », sur law.cornell.edu (consulté le )
  11. (en) Melissa Milewski, Litigating Across the Color Line : Civil Cases Between Black and White Southerners from the End of Slavery to Civil Rights, Oxford University Press, , 47 p. (ISBN 978-0-19-024919-9, lire en ligne).
  12. (en) Michael Perman, Pursuit of unity : a political history of the American South, Chapel Hill, University of North Carolina Press, , 138 p. (ISBN 978-0-8078-3324-7, lire en ligne).
  13. New York Times, 30 March 1882: 'COLORED METHODISTS INDIGNANT OVER THE EXPULSION OF THEIR SENIOR BISHOP FROM A FLORIDA RAILWAY CAR. : … Colored men of spirit and culture are resisting the conductors, who attempt to drive them into the "Jim Crow cars," and they sometimes succeed…'
  14. (en) « Constitutional Amendments and Major Civil Rights Acts of Congress Referenced in Black Americans in Congress », sur History, Art & Archives, US House of Repsentatives (consulté le ).
  15. (en) « Civil Rights Act of 1875 | United States [1875] », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  16. (en-US) « Civil Rights Act Of 1875 », sur encyclopedia.com (consulté le )
  17. Woodward, C. Vann, and McFeely, William S. The Strange Career of Jim Crow. 2001, p. 6.
  18. a et b Michael Perman.Struggle for Mastery: Disfranchisement in the South, 1888–1908. Chapel Hill: University of North Carolina Press, 2001, Introduction.
  19. a et b J. Morgan Kousser.The Shaping of Southern Politics: Suffrage Restriction and the Establishment of the One-Party South, New Haven, Yale University Press, 1974.
  20. a et b Richard H. Pildes, "Democracy, Anti-Democracy, and the Canon", 2000, p. 12, 27. Retrieved March 10, 2008.
  21. Glenn Feldman, The Disfranchisement Myth: Poor Whites and Suffrage Restriction in Alabama, Athens: University of Georgia Press, 2004, p. 135–136.
  22. (en) W. Reese, History, Education, and the Schools, Springer, , 145 p. (ISBN 978-0-230-10482-2, lire en ligne).
  23. Fultz, M. (2006). "Black Public Libraries in the South in the Era of De Jure Segregation." Libraries & The Cultural Record, 41(3), 338.
  24. a b et c Malinda Maynor Lowery, « Lumbee Indians in the Jim Crow South: Race, Identity, and the Making of a Nation », Univ of North Carolina Press, (consulté le ), p. 0–339.
  25. Buddy, J., & Williams, M. (2005). "A dream deferred: school libraries and segregation", American Libraries, 36(2), 33–35.
  26. Battles, D. M. (2009). The History of Public Library Access for African Americans in the South, or, Leaving Behind the Plow. Lanham, Md.: Scarecrow Press.
  27. Woodward, C. Vann and McFeely, William S. (2001), The Strange Career of Jim Crow. p. 7
  28. Murphy, Edgar Gardner. The Problems of the Present South. 1910, p. 37
  29. (en) « Plessy v. Ferguson », sur Know Louisiana, Louisiana Endowment for the Humanities (consulté le ).
  30. Congress rejected by a majority of 140 to 59 a transport bill amendment proposed by James Thomas Heflin (Ala.) to introduce racially segregated streetcars to the capital's transport system. The New York Times, 23 February 1908: "JIM CROW CARS" DENIED BY CONGRESS.
  31. (en) John Dittmer, Black Georgia in the Progressive Era, 1900-1920, University of Illinois Press, , 108 p. (ISBN 978-0-252-00813-9, lire en ligne).
  32. King, Desmond. Separate and Unequal: Black Americans and the US Federal Government. 1995, p. 3.
  33. (en) Carol Berkin, Christopher Miller, Robert Cherny et James Gormly, Making America : A History of the United States, Cengage Learning, , 578 p. (ISBN 978-0-495-90979-8 et 0-495-90979-3, lire en ligne).
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Pour approfondir

Bibliographie

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Articles connexes

Liens externes