Aller au contenu

« Anastasio Somoza Debayle » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
ce n'est pas un surnom, un surnom n'a rien à voir avec le prénom - Tachito est le diminutif de Tacho l'hipocoristique espagnol de Anastasio.
Parisii1976 (discuter | contributions)
mAucun résumé des modifications
 
(47 versions intermédiaires par 26 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{Voir famille|Somoza}}
{{Voir famille|Somoza}}

{{Infobox Politicien
{{Infobox Politicien
| charte = Chef d'État
| charte = Chef d'État
| nom = Anastasio Somoza Debayle
| nom = Anastasio Somoza Debayle
| image = President Anastasio Somoza Debayle of Nicaragua, before State Dinner - NARA - 194723-perspective-tilt-crop (cropped).jpg
| image = Anastasio Somoza Debayle.PNG
| taille image = 200
| taille image = 200
| légende = Anastasio Somoza en [[1971]].
| légende = Anastasio Somoza Debayle en 1971.
| fonction1 = [[Liste des présidents du Nicaragua|Président de la République du Nicaragua]]
| fonction1 = [[Liste des présidents du Nicaragua|Président de la république du Nicaragua]]
| à partir du fonction1 = {{Date|1|mai|1967}}
| à partir du fonction1 = 1 décembre 1974
| jusqu'au fonction1 = {{Date|1|mai|1972}}
| jusqu'au fonction1 = 17 juillet 1979<br><small>({{durée|1|12|1974|17|7|1979}})</small>
| élection1 =
| prédécesseur 1 = [[Junte Nationale de Gouvernement|Junte nationale de gouvernement]]
| réélection1 =
| successeur 1 = [[Francisco Urcuyo Maliaños]]
| président 1 =
| élection1 =
| premier ministre 1 =
| réélection1 =
| gouvernement 1 =
| président 1 =
| législature 1 =
| premier ministre 1 =
| coalition 1 =
| gouvernement 1 =
| groupe parlementaire 1 =
| législature 1 =
| prédécesseur 1 = Junte libérale conservative
| coalition 1 =
| groupe parlementaire 1 =
| successeur 1 = Francisco Urcuyo Maliaños
| à partir du fonction2 = {{Date|1|décembre|1974}}
| à partir du fonction2 = 1 mai 1967
| jusqu'au fonction2 = {{Date|17|juillet|1979}}
| jusqu'au fonction2 = 1 mai 1972<br><small>(5 ans)</small>
| prédécesseur 2 = Lorenzo Guerrero Gutiérrez
| prédécesseur 2 = [[Lorenzo Guerrero Gutiérrez]]
| successeur 2 = Junte libérale conservative
| successeur 2 = [[Junte Nationale de Gouvernement|Junte nationale de gouvernement]]
| nom de naissance = Anastasio Somoza Debayle
| nom de naissance = Anastasio Somoza Debayle
| date de naissance = {{Date|5|décembre|1925}}
| date de naissance = 5 décembre 1925
| lieu de naissance = León, [[Département de León|León]] ([[Nicaragua]])
| lieu de naissance = [[León (Nicaragua)|León]] ([[Nicaragua]])
| date de décès = {{Date de décès|17|septembre|1980|5|décembre|1925}}
| date de décès = 17 septembre 1980
| lieu de décès = [[Asuncion]] ([[Paraguay]])
| lieu de décès = [[Asuncion]] ([[Paraguay]])
| nature du décès =
| nature du décès = [[RPG-2]]
| sépulture =
| sépulture =
| nationalité = [[nicaragua]]yenne
| nationalité = [[nicaragua]]yenne
| parti = Partido Liberal Nacionalista (PLN)
| parti = [[Parti libéral nationaliste|PLN]]
| père =
| père = [[Anastasio Somoza García]]
| mère =
| mère =
| fratrie =
| fratrie =
| conjoint = [[Hope Portocarrero]]
| conjoint = [[Hope Portocarrero]]
| enfants =
| enfants =
| entourage =
| entourage =
| université =
| université =
| profession =
| profession =
| religion = [[Catholicisme|Catholique]]
| religion = [[Catholicisme]]
| résidence =
| résidence =
| signature =
| signature =
| emblème = Coat of arms of Nicaragua.svg
| emblème = Coat of arms of Nicaragua.svg
| liste = [[Liste des présidents du Nicaragua|Président de la République du Nicaragua]]
| liste = [[Liste des présidents du Nicaragua|Président de la république du Nicaragua]]
}}
}}


'''Anastasio Somoza Debayle''' ([[1925]] - [[1980]]) est un [[homme d'État]] [[nicaragua]]yen.
'''Anastasio Somoza Debayle''', né le {{date|5 décembre 1925}} à [[León (Nicaragua)|León]] et mort le {{date|17 septembre 1980}} à [[Asuncion]], est un [[homme d'État]] et un [[Dictature|dictateur]] [[nicaragua]]yen.


Il fut Président du [[Nicaragua]] entre [[1967]] et [[1972]], puis entre [[1974]] et [[1979]]. En tant que chef de la Garde nationale, il exerça ''de facto'' le pouvoir dans la période intérimaire. Ce fut le dernier membre de la famille [[Somoza]], une dynastie de dictateurs depuis [[1936]]. Il succéda à son père et à son frère.
Il est [[Liste des présidents du Nicaragua|président]] du [[Nicaragua]] de [[1967]] à [[1972]], puis de [[1974]] à [[1979]]. En tant que chef de la [[Garde nationale (Nicaragua)|Garde nationale nicaraguayenne]], il exerce ''[[de facto]]'' le pouvoir, malgré tout, entre 1972 et 1974. Il est le dernier membre de la [[Somoza|famille Somoza]], une dynastie de dictateurs qui règne sur le Nicaragua depuis [[1936]] : Anastasio Somoza Debayle succéda à son frère, qui avait lui-même succédé à son père. Au pouvoir, il est un homme autoritaire, restreint les libertés, participe à l'augmentation des inégalités sociales dans le pays, et est mêlé à des affaires de détournements d'aides internationales.

Il quitte la présidence et fuit le pays au moment où les mobilisations du [[Front sandiniste de libération nationale]] s'accentuent en {{date|juillet 1979}}, qui renversent finalement alors la dictature somoziste. Il s'exile d'abord aux États-Unis, puis au Paraguay, et est assassiné en septembre 1980 par un commando lié aux sandinistes.


== Biographie ==
== Biographie ==
Anastasio Somoza Debayle, (connu aussi sous l'[[hypocoristique]] ''Tachito'' le petit ''Tacho'' en référence a son père qui portait le même prénom) , est né le {{Date|5|décembre|1925}}. C'est le second fils de [[Anastasio Somoza García]] (''Tacho''), président du [[Nicaragua]] depuis [[1936]]. Étant le plus jeune des [[Somoza]], il fut envoyé en [[Floride]] étudier et à [[Long Island]]. Il sortit diplômé de l'[[Académie militaire de West Point]] en [[1946]]. L'année suivante, il fut nommé par son père chef de la Garde nationale, l'organe répressif et le soutien du [[régime somoziste]].


=== Premières années ===
Après l'assassinat de son père en [[1956]], le fils aîné, [[Luis Somoza Debayle]], accéda à la présidence. En [[1967]], peu après la mort de ce dernier, Anastasio Somoza fut élu président. Il dut abandonner son poste en [[1972]], une loi interdisant deux mandats consécutifs.
Anastasio Somoza Debayle, connu sous l'[[hypocoristique]] ''Tachito'', est né le {{Date|5|décembre|1925}}. C'est le second fils de [[Anastasio Somoza García]] (''Tacho''), président du [[Nicaragua]] depuis [[1936]]. Étant le plus jeune des [[Somoza]], il est envoyé en [[Floride]] étudier et à [[Long Island]]. Il sort diplômé de l'[[Académie militaire de West Point]] en [[1946]]. L'année suivante, il est nommé par son père chef de la Garde nationale, l'organe répressif et le soutien du régime somoziste.


Le {{Date|10|décembre|1950}}, il épouse à [[Managua]], [[Hope Portocarrero]], une [[Américains (peuple)|américaine]]. La cérémonie de mariage est présidée par son père. Cinq enfants seront issus de cette union. Les époux se séparent par ailleurs à la fin des [[années 1970]].
Anastasio Somoza et son fils étaient propriétaires de l'entreprise Plasmaferesis, fondée par un homme d'affaires cubain anticastriste. L'entreprise collectait quotidiennement du plasma sanguin auprès des nicaraguayens les plus pauvres pour le vendre aux États-Unis. Selon El Diario Nuevo et La Prensa, « chaque matin, les sans-abri, les ivrognes et les pauvres allaient vendre un demi-litre de sang pour 35 [[Cordoba (monnaie)|cordobas]] » (l'équivalent de 1,25 dollar en 2016). Selon les rapports publiés à l'époque, les normes sanitaires de Plasmaferesis étaient lamentables, et les cliniques pouvaient prélever le sang de la même personne jusqu'à deux fois par semaine<ref>{{Article|langue=|auteur1=|prénom1=|nom1=|titre=Company of US-backed Somoza Sucked Nicaraguan Blood – Literally|périodique=TeleSur|date=19 juillet 2016|issn=|lire en ligne=https://www.telesurtv.net/english/news/Company-of-US-backed-Somoza-Sucked-Nicaraguan-Blood--Literally-20160719-0022.html|consulté le=2017-11-05|pages=}}</ref>.


=== Vie politique ===
En décembre [[1972]], un [[tremblement de terre]] dévasta la capitale du pays, [[Managua]], faisant plus de dix mille morts, et détruisant la majorité de la ville. La loi martiale fut promulguée et Somoza, en tant que chef de la garde nationale, devint ''de facto'' l'homme fort du pays. Il fut prouvé par la suite que le clan Somoza fit main basse sur la majorité de l'aide internationale reçue après le tremblement de terre.
Après l'assassinat de son père en [[1956]], le fils aîné et frère d'Anastasio, [[Luis Somoza Debayle]], accède à la présidence du pays. En [[1967]], peu après la mort de ce dernier, Anastasio Somoza est élu président. Après une tentative de [[coup d'État]], il conduit une purge au sein de son parti, le Parti libéral somoziste<ref>https://www.clio.fr/CHRONOLOGIE/pdf/pdf_chronologie_lamerique_centrale.pdf</ref>.

Il doit abandonner son poste en [[1972]], une loi interdisant deux mandats consécutifs. Toutefois, avant de délaisser son poste, Somoza conclut une entente qui lui permettra de se représenter aux élections en [[1974]]. L'accord avec l'opposition du Parti Conservateur devrait mener à la tenue d'élections libres, sous l’œil d'observateur internationaux. Il sera remplacé entretemps par la [[Junte Nationale de Gouvernement]], composée de deux libéraux et d'un conservateur et conserverait également le contrôle de la [[Garde nationale (Nicaragua)|Garde nationale]], qui a un pouvoir immense dans le pays. Une nouvelle Constitution est même rédigée et ratifiée par lui et son [[triumvirat]] en [[1971]].

Anastasio Somoza et son fils étaient propriétaires de l'entreprise Plasmaferesis, fondée par un homme d'affaires [[Cubains|cubain]] anticastriste. L'entreprise collectait quotidiennement du [[plasma sanguin]] auprès des nicaraguayens les plus pauvres pour le vendre aux [[États-Unis]]. Selon ''El Diario Nuevo'' et ''La Prensa'', « chaque matin, les sans-abri, les ivrognes et les pauvres allaient vendre un demi-litre de sang pour 35 [[Cordoba (monnaie)|cordobas]] » (alors l'équivalent de cinq dollars US). Selon les rapports publiés à l'époque, les normes sanitaires de Plasmaferesis étaient lamentables, et les cliniques pouvaient prélever le sang de la même personne jusqu'à deux fois par semaine<ref>{{Article|langue=|auteur1=|prénom1=|nom1=|titre=Company of US-backed Somoza Sucked Nicaraguan Blood – Literally|périodique=TeleSur|date=19 juillet 2016|issn=|lire en ligne=https://www.telesurtv.net/english/news/Company-of-US-backed-Somoza-Sucked-Nicaraguan-Blood--Literally-20160719-0022.html|consulté le=2017-11-05|pages=}}</ref>.

En décembre [[1972]], un [[Séisme|tremblement de terre]] dévaste la capitale du pays, [[Managua]], faisant plus de dix mille morts, et détruisant la majorité de la ville. La [[loi martiale]] est promulguée et Somoza, en tant que chef de la Garde nationale, devient ''de facto'' l'homme fort du pays, profitant de son contrôle du triumvirat de la [[Junte Nationale de Gouvernement]], et finissant par évincer son principal opposant, Agüero (Parti Conservateur). Il est prouvé par la suite que le clan Somoza a fait main basse sur la majorité de l'aide internationale reçue après le tremblement de terre.
Malgré tout, Somoza fut réélu président lors des élections de [[1974]], sa volonté de se maintenir au sein d'un pouvoir répressif lui fit perdre l'appui d'anciens soutiens : l'[[oligarchie]], les [[États-Unis]] et l'[[Église catholique romaine]] qui commencèrent alors à s'opposer à son pouvoir.
Malgré tout, Somoza est réélu président lors des élections de [[1974]], sa volonté de se maintenir au sein d'un pouvoir répressif lui fait perdre l'appui d'anciens soutiens : l'[[oligarchie]], les [[États-Unis]] et l'[[Église catholique]] qui commencent alors à s'opposer à son pouvoir. Il conserve néanmoins d'étroites relations avec [[Israël]], dont les fournitures d'armement à la Garde nationale du Nicaragua ne s’interrompront que quinze jours avant qu'il ne quitte le pays<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=|nom1=|prénom1=|titre=L’Amérique latine s’invite en Palestine|url=https://www.monde-diplomatique.fr/2011/02/LEMOINE/20123|site=Le Monde diplomatique|périodique=|date=2011-02-01|consulté le=}}</ref>.

À la fin des années 1970, des groupes défenseurs des [[droits de l'homme]] dénoncent les violations aux droits humains commises par son gouvernement.


Bien que l'ère de Somoza Debayle à la présidence du pays ait été marquée par une croissance économique notable, le partage des richesses est particulièrement inégal : la famille Somoza contrôle environ 60 % de l'activité économique du pays et les dépenses sociales sont faibles. Entre [[1965]] et [[1975]], le nombre d'enfants de moins de cinq ans souffrant de [[malnutrition]] a doublé, malgré le fait que le [[Produit intérieur brut|PIB]] ait également doublé durant cette période<ref>{{Ouvrage|langue=es|auteur1=Ricardo Saenz de Tejada|titre=Democracias de posguerra en Centroamérica - Política, pobreza y desigualdad en Nicaragua, El Salvador y Guatemala (1979-2005)|passage=92|lieu=Guatemala|éditeur=Flacso|date=2017|pages totales=212|isbn=978-9929-585-51-5|lire en ligne=https://www.flacso.edu.gt/publicaciones/wp-content/uploads/2019/11/Libro-Demo-de-posguerra-final-dic.pdf}}</ref>.
À la fin des années 1970, des groupes défenseurs des [[droits de l'homme]] dénoncèrent les violations aux droits humains commis par son gouvernement.


Le {{Date|5|juillet|1978}}, la bourgeoisie opposée à Somoza fonde le Front élargi d’opposition (FAO) et propose l’installation d’un gouvernement provisoire et la tenue d’élections.
Le {{Date|5|juillet|1978}}, la bourgeoisie opposée à Somoza fonde le Front élargi d’opposition (FAO) et propose l’installation d’un gouvernement provisoire et la tenue d’élections.


De {{Date||septembre|1978}} jusqu'à son éviction le {{Date|17|juillet|1979}}, une [[guerre civile]] fit rage entre le [[Front sandiniste de libération nationale]] de [[gauche (politique)|gauche]] qui s'empara des principales villes du pays et les forces fidèles à Somoza et son fils [[Anastasio Somoza Portocarrero]] dont la {{lien|lang=es|trad=Guardia Nacional (Nicaragua)|fr=Garde nationale (Nicaragua)|texte=Garde nationale}} et l'armée qui utilisa l'artillerie et l'aviation pour tenter de mater l'insurrection.
De {{Date||septembre|1978}} jusqu'à son éviction le {{Date|17|juillet|1979}}, une [[guerre civile]] fait rage entre le [[Front sandiniste de libération nationale]] de [[gauche (politique)|gauche]] qui s'empare des principales villes du pays et les forces fidèles à Somoza et son fils [[Anastasio Somoza Portocarrero]], qui comprend notamment la [[Garde nationale (Nicaragua)|Garde nationale]] et l'armée qui utilisent l'artillerie et l'aviation pour tenter de mater l'insurrection.
[[Fichier:Meeting with President Anastasio Somoza Debayle of Nicaragua, before State Dinner - NARA - 194723-perspective-tilt-crop.jpg|vignette|Lors d'une rencontre avec [[Richard Nixon]] (gauche) et [[Alexander Haig|Alexander M. Haig]] (droite) en [[1971]].]]
Le bilan est estimé à 40&nbsp;000 morts liés directement au conflit<ref>{{fr}} [http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMPays?codePays=NIC&grandesRegions=100&annee=2000&codeStat2=x&mode=carte&langue=fr&afficheNom=aucun Nicaragua : statistique - politique - histoire]</ref>.


=== Après la politique ===
Le bilan est estimé à 40&nbsp;000 morts liés directement au conflit<ref>{{fr}} [http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMPays?codePays=NIC&grandesRegions=100&annee=2000&codeStat2=x&mode=carte&langue=fr&afficheNom=aucun Nicaragua : statistique - politique - histoire]</ref> .
À l'aube du {{Date|17|juillet|1979}}, Anastasio Somoza Debayle démissionne et les Somoza fuient à [[Miami]] mettant ainsi fin au régime somoziste. Peu de temps après, il obtient l'asile au [[Paraguay]] avec l'aide du dictateur [[Alfredo Stroessner]]. Il acquiert dans le pays quelque 8 000 hectares de [[Terre arable|terres arables]]<ref>{{Lien web |langue=es-ES |auteur= |titre=Millones de hectáreas de tierras malhabidas siguen aún impunes |url=https://www.ultimahora.com/millones-hectareas-tierras-malhabidas-siguen-aun-impunes-n2897981.html |site=ultimahora.com |date=03 août 2020 |consulté le=}}</ref>. Il est assassiné le {{Date|17|septembre|1980}} à [[Asuncion]] quand sa voiture est détruite au [[lance-roquettes]] par un commando nicaraguayen, auquel participa le guérillero argentin de l'[[Armée révolutionnaire du peuple (Argentine)|ERP]] {{lien|langue=es|Enrique Gorriarán Merlo}}<ref>[http://www.clarin.com/diario/2006/09/22/um/m-01276448.htm Murió el ex líder guerrillero Gorriarán Merlo], ''[[Clarín]]'', 22 septembre 2006</ref>. [[Edén Pastora Gómez]] alors [[Ministère de l'Intérieur (Nicaragua)|ministre de l'Intérieur]] du gouvernement sandiniste revendiqua en [[1998]] la paternité de cette attaque, attribuée à l'époque à des éléments indépendants argentins<ref>{{Article | titre=Le commandant Zéro revendique la paternité de l’exécution de Somoza en 1980 | périodique =L'Humanité | lien périodique =L'Humanité | jour=30 | mois=décembre | année=1998 | url texte=https://www.humanite.fr/1998-12-30_International_Le-commandant-Zero-revendique-la-paternite-de-l-execution}}</ref>.


== Dans la culture ==
À l'aube du {{Date|17|juillet|1979}}, Anastasio Somoza Debayle démissionne et les Somoza fuient à [[Miami]] mettant ainsi fin au régime somoziste. Peu de temps après, il obtient l'asile au [[Paraguay]] avec l'aide du dictateur [[Alfredo Stroessner]]. Il est assassiné le {{Date|17|septembre|1980}} à [[Asuncion]] quand sa voiture est détruite au [[lance-roquette]] par un commando nicaraguayen, auquel participa le guérillero argentin de l'[[Armée révolutionnaire du peuple (Argentine)|ERP]] {{lien|Enrique Gorriarán Merlo}} <ref>[http://www.clarin.com/diario/2006/09/22/um/m-01276448.htm Murió el ex líder guerrillero Gorriarán Merlo], ''[[Clarín]]'', 22 septembre 2006</ref>. [[Edén Pastora Gómez]] alors [[ministre de l'Intérieur]] du gouvernement sandiniste revendiqua en 1998 la paternité de cette attaque, attribuée à l'époque à des éléments indépendants argentins<ref>{{Article | titre=Le commandant Zéro revendique la paternité de l’exécution de Somoza en 1980 | périodique =L'Humanité | lien périodique =L'Humanité | jour=30 | mois=décembre | année=1998 | url texte=https://www.humanite.fr/1998-12-30_International_Le-commandant-Zero-revendique-la-paternite-de-l-execution}}</ref>.
Anastasio Somoza Debayle est l'un des personnages récurrents du film ''[[Under Fire (film, 1983)|Under Fire]]'', sorti en [[1983]], avec [[Nick Nolte]], [[Gene Hackman]], [[Joanna Cassidy]] et [[Jean-Louis Trintignant]]. Il est interprété par [[René Enríquez]].


== Vie privée ==
== Décorations ==
Il était l'époux de [[Hope Portocarrero]]. Ils se séparent à la fin des [[années 1970]].


* {{Déco Grand-croix de l'ordre de Saint-Charles de Monaco}} ([[Monaco]], 1968)<ref>{{Lien web |titre=Ordonnance Souveraine n° 4.124 portant nominations dans l'Ordre des Grimaldi / Journal 5796 / Année 1968 / Journaux / Accueil - Journal de Monaco |url=https://journaldemonaco.gouv.mc/Journaux/1968/Journal-5796/Ordonnance-Souveraine-n-4.124-portant-nominations-dans-l-Ordre-des-Grimaldi |site=journaldemonaco.gouv.mc |consulté le=2023-02-03}}</ref>
== Au cinéma ==
Anastasio Somoza Debayle est l'un des personnages récurrents du film ''[[Under Fire (film, 1983)|Under Fire]]'', sorti en 1983, avec Nick Nolte, Gene Hackman, Joanna Cassidy et Jean-Louis Trintignant. Il est interprété par [[René Enríquez]].


== Références ==
== Références ==
Ligne 96 : Ligne 108 :
[[Catégorie:Décès à Asuncion]]
[[Catégorie:Décès à Asuncion]]
[[Catégorie:Décès à 54 ans]]
[[Catégorie:Décès à 54 ans]]
[[Catégorie:Chef d'État assassiné]]
[[Catégorie:Grand-croix de l'ordre de Saint-Charles]]

Dernière version du 25 mars 2024 à 05:53

Anastasio Somoza Debayle
Illustration.
Anastasio Somoza Debayle en 1971.
Fonctions
Président de la république du Nicaragua

(4 ans, 7 mois et 16 jours)
Prédécesseur Junte nationale de gouvernement
Successeur Francisco Urcuyo Maliaños

(5 ans)
Prédécesseur Lorenzo Guerrero Gutiérrez
Successeur Junte nationale de gouvernement
Biographie
Nom de naissance Anastasio Somoza Debayle
Date de naissance
Lieu de naissance León (Nicaragua)
Date de décès (à 54 ans)
Lieu de décès Asuncion (Paraguay)
Nature du décès RPG-2
Nationalité nicaraguayenne
Parti politique PLN
Père Anastasio Somoza García
Conjoint Hope Portocarrero
Religion Catholicisme

Anastasio Somoza Debayle
Président de la république du Nicaragua

Anastasio Somoza Debayle, né le à León et mort le à Asuncion, est un homme d'État et un dictateur nicaraguayen.

Il est président du Nicaragua de 1967 à 1972, puis de 1974 à 1979. En tant que chef de la Garde nationale nicaraguayenne, il exerce de facto le pouvoir, malgré tout, entre 1972 et 1974. Il est le dernier membre de la famille Somoza, une dynastie de dictateurs qui règne sur le Nicaragua depuis 1936 : Anastasio Somoza Debayle succéda à son frère, qui avait lui-même succédé à son père. Au pouvoir, il est un homme autoritaire, restreint les libertés, participe à l'augmentation des inégalités sociales dans le pays, et est mêlé à des affaires de détournements d'aides internationales.

Il quitte la présidence et fuit le pays au moment où les mobilisations du Front sandiniste de libération nationale s'accentuent en , qui renversent finalement alors la dictature somoziste. Il s'exile d'abord aux États-Unis, puis au Paraguay, et est assassiné en septembre 1980 par un commando lié aux sandinistes.

Biographie[modifier | modifier le code]

Premières années[modifier | modifier le code]

Anastasio Somoza Debayle, connu sous l'hypocoristique Tachito, est né le . C'est le second fils de Anastasio Somoza García (Tacho), président du Nicaragua depuis 1936. Étant le plus jeune des Somoza, il est envoyé en Floride étudier et à Long Island. Il sort diplômé de l'Académie militaire de West Point en 1946. L'année suivante, il est nommé par son père chef de la Garde nationale, l'organe répressif et le soutien du régime somoziste.

Le , il épouse à Managua, Hope Portocarrero, une américaine. La cérémonie de mariage est présidée par son père. Cinq enfants seront issus de cette union. Les époux se séparent par ailleurs à la fin des années 1970.

Vie politique[modifier | modifier le code]

Après l'assassinat de son père en 1956, le fils aîné et frère d'Anastasio, Luis Somoza Debayle, accède à la présidence du pays. En 1967, peu après la mort de ce dernier, Anastasio Somoza est élu président. Après une tentative de coup d'État, il conduit une purge au sein de son parti, le Parti libéral somoziste[1].

Il doit abandonner son poste en 1972, une loi interdisant deux mandats consécutifs. Toutefois, avant de délaisser son poste, Somoza conclut une entente qui lui permettra de se représenter aux élections en 1974. L'accord avec l'opposition du Parti Conservateur devrait mener à la tenue d'élections libres, sous l’œil d'observateur internationaux. Il sera remplacé entretemps par la Junte Nationale de Gouvernement, composée de deux libéraux et d'un conservateur et conserverait également le contrôle de la Garde nationale, qui a un pouvoir immense dans le pays. Une nouvelle Constitution est même rédigée et ratifiée par lui et son triumvirat en 1971.

Anastasio Somoza et son fils étaient propriétaires de l'entreprise Plasmaferesis, fondée par un homme d'affaires cubain anticastriste. L'entreprise collectait quotidiennement du plasma sanguin auprès des nicaraguayens les plus pauvres pour le vendre aux États-Unis. Selon El Diario Nuevo et La Prensa, « chaque matin, les sans-abri, les ivrognes et les pauvres allaient vendre un demi-litre de sang pour 35 cordobas » (alors l'équivalent de cinq dollars US). Selon les rapports publiés à l'époque, les normes sanitaires de Plasmaferesis étaient lamentables, et les cliniques pouvaient prélever le sang de la même personne jusqu'à deux fois par semaine[2].

En décembre 1972, un tremblement de terre dévaste la capitale du pays, Managua, faisant plus de dix mille morts, et détruisant la majorité de la ville. La loi martiale est promulguée et Somoza, en tant que chef de la Garde nationale, devient de facto l'homme fort du pays, profitant de son contrôle du triumvirat de la Junte Nationale de Gouvernement, et finissant par évincer son principal opposant, Agüero (Parti Conservateur). Il est prouvé par la suite que le clan Somoza a fait main basse sur la majorité de l'aide internationale reçue après le tremblement de terre.

Malgré tout, Somoza est réélu président lors des élections de 1974, sa volonté de se maintenir au sein d'un pouvoir répressif lui fait perdre l'appui d'anciens soutiens : l'oligarchie, les États-Unis et l'Église catholique qui commencent alors à s'opposer à son pouvoir. Il conserve néanmoins d'étroites relations avec Israël, dont les fournitures d'armement à la Garde nationale du Nicaragua ne s’interrompront que quinze jours avant qu'il ne quitte le pays[3].

À la fin des années 1970, des groupes défenseurs des droits de l'homme dénoncent les violations aux droits humains commises par son gouvernement.

Bien que l'ère de Somoza Debayle à la présidence du pays ait été marquée par une croissance économique notable, le partage des richesses est particulièrement inégal : la famille Somoza contrôle environ 60 % de l'activité économique du pays et les dépenses sociales sont faibles. Entre 1965 et 1975, le nombre d'enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition a doublé, malgré le fait que le PIB ait également doublé durant cette période[4].

Le , la bourgeoisie opposée à Somoza fonde le Front élargi d’opposition (FAO) et propose l’installation d’un gouvernement provisoire et la tenue d’élections.

De jusqu'à son éviction le , une guerre civile fait rage entre le Front sandiniste de libération nationale de gauche qui s'empare des principales villes du pays et les forces fidèles à Somoza et son fils Anastasio Somoza Portocarrero, qui comprend notamment la Garde nationale et l'armée qui utilisent l'artillerie et l'aviation pour tenter de mater l'insurrection.

Lors d'une rencontre avec Richard Nixon (gauche) et Alexander M. Haig (droite) en 1971.

Le bilan est estimé à 40 000 morts liés directement au conflit[5].

Après la politique[modifier | modifier le code]

À l'aube du , Anastasio Somoza Debayle démissionne et les Somoza fuient à Miami mettant ainsi fin au régime somoziste. Peu de temps après, il obtient l'asile au Paraguay avec l'aide du dictateur Alfredo Stroessner. Il acquiert dans le pays quelque 8 000 hectares de terres arables[6]. Il est assassiné le à Asuncion quand sa voiture est détruite au lance-roquettes par un commando nicaraguayen, auquel participa le guérillero argentin de l'ERP Enrique Gorriarán Merlo (es)[7]. Edén Pastora Gómez alors ministre de l'Intérieur du gouvernement sandiniste revendiqua en 1998 la paternité de cette attaque, attribuée à l'époque à des éléments indépendants argentins[8].

Dans la culture[modifier | modifier le code]

Anastasio Somoza Debayle est l'un des personnages récurrents du film Under Fire, sorti en 1983, avec Nick Nolte, Gene Hackman, Joanna Cassidy et Jean-Louis Trintignant. Il est interprété par René Enríquez.

Décorations[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. https://www.clio.fr/CHRONOLOGIE/pdf/pdf_chronologie_lamerique_centrale.pdf
  2. « Company of US-backed Somoza Sucked Nicaraguan Blood – Literally », TeleSur,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. « L’Amérique latine s’invite en Palestine », sur Le Monde diplomatique,
  4. (es) Ricardo Saenz de Tejada, Democracias de posguerra en Centroamérica - Política, pobreza y desigualdad en Nicaragua, El Salvador y Guatemala (1979-2005), Guatemala, Flacso, , 212 p. (ISBN 978-9929-585-51-5, lire en ligne), p. 92
  5. (fr) Nicaragua : statistique - politique - histoire
  6. (es) « Millones de hectáreas de tierras malhabidas siguen aún impunes », sur ultimahora.com,
  7. Murió el ex líder guerrillero Gorriarán Merlo, Clarín, 22 septembre 2006
  8. « Le commandant Zéro revendique la paternité de l’exécution de Somoza en 1980 », L'Humanité,‎ (lire en ligne)
  9. « Ordonnance Souveraine n° 4.124 portant nominations dans l'Ordre des Grimaldi / Journal 5796 / Année 1968 / Journaux / Accueil - Journal de Monaco », sur journaldemonaco.gouv.mc (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]