« Bharata natyam » : différence entre les versions

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[[Fichier:Bharata Natyam Performance DS.jpg | alt=Sur fond noir, une jeune femme, portant une robe rouge et orange et de nombreux bijoux, écarte ses deux bras et lève son pied droit jusqu'à son bras droit.|vignette|Danseuse de bharata natyam.]]
Le '''bharata natyam''' est une forme de [[danses classiques indiennes|danse classique indienne]] originaire du sud de l'[[Inde]].
Le '''bharata natyam''', auparavant appelé ''Sadhir Attam'', est une [[Danse classique de l'Inde |danse classique indienne]] originaire du [[Tamil Nadu]], dans l'[[Inde]] méridionale.
[[Image:Bharata Natyam Performance DS.jpg|thumb|right]]
[[Fichier:Indian-dancer-nataraja.png|vignette|Une danseuse de bharata natyam dans une figure de [[Nataraja]].]]
C'est l'une des plus anciennes danses indiennes. Mélange de danse classique et d'art martial à la base, elle était liée aux pratiques religieuses dès son origine. Avec le temps, elle fut interdite sous la domination anglaise, mais autorisée dans les comptoirs français (Sud du pays).


C'est l'une des plus anciennes danses traditionnelles indiennes. Mélange de danse classique et d'art martial à la base, elle est liée aux pratiques religieuses dès son origine. Elle est l'une des huit formes de danse reconnues par la {{Lien|Sangeet Natak Akademi}}, les autres étant le [[kathak]], le [[kuchipudi]], l'[[odissi]], le [[kathakali]], le [[Mohiniattam|mohiniyattam]], le [[Manipuri (danse)|manipuri]], le [[sattriya]] et elle exprime les thèmes religieux et les idées spirituelles de l'[[Inde du Sud]], en particulier le [[shivaïsme]], le [[vishnouisme]] et le [[shaktisme]]. Avec le temps, elle fut interdite sous la domination anglaise, mais autorisée dans les [[Comptoirs français en Inde|comptoirs français]] de [[Pondichéry]] (Sud du pays).
La pratique de la danse a souffert au {{s-|XIX}} d'une dévalorisation de cet art par les colonisateurs anglais. La tradition a été sauvée puis renouvelée au cours du {{s-|XX}}, notamment après l'indépendance.


La description du bharata natyam, au {{s-|II|e}} de notre ère est mentionnée dans l'ancienne épopée tamoule ''[[Silappatikaram]]'', tandis que les sculptures des temples du {{sp-|VI| au |IX}} de notre ère suggèrent qu'il s'agissait d'un art du spectacle bien raffiné au milieu du premier millénaire de notre ère. Le bharata natyam est la plus ancienne tradition de danse classique en Inde. Cette forme de danse était répandue dans l'ancien Tamil Nadu, et plusieurs livres les ont codifiés comme le [[Nâtya-shâstra]]. Le Nâtya-shâstra n'est qu'une codification par un auteur inconnu des formes de danse existant au Tamil Nadu.<!--sourcer-->
Il existe différents styles de bharata Natyam. Le bharata natyam est une danse de soliste dont l'apprentissage est très difficile et très long. Souvent enseignée aujourd'hui aux jeunes filles, elle est restée ouverte aux garçons.

La pratique de la danse a souffert au {{s-|XIX}} d'une dévalorisation de cet art par les colonisateurs anglais. La tradition a été sauvée puis renouvelée au cours du {{s-|XX}}, notamment après l'indépendance.

Il existe différents styles de bharata natyam. Le bharata natyam est souvent une danse de soliste dont l'apprentissage est très difficile et très long. Souvent enseignée aujourd'hui aux jeunes filles, elle est restée ouverte aux garçons.


== Origines possibles de l'expression ==
== Origines possibles de l'expression ==
Le mot bharatha (bha-ra-tha) est composé de trois syllabes qui pourraient faire référence respectivement à trois mots : ''bavam ''(l'expression du visage), ''ragam ''(la musique et le rythme) et ''thalam ''(rythme imprimé par la main ou par le karuvi)><ref name="Lochtefeld2002p103">{{ouvrage | langue=en | lire en ligne=https://books.google.com/books?id=5kl0DYIjUPgC&pg=PA103|titre=The Illustrated Encyclopedia of Hinduism: A-M| auteur=James G. Lochtefeld| éditeur=The Rosen Publishing Group| année=2002| isbn=978-0-8239-3179-8| passage=103–104}}</ref>{{,}}<ref name="Arunkumar1989xxi">{{ouvrage | langue=en | auteur=Anjani Arunkumar | titre=Compositions for Bharatanāṭyam: A Soulful Worship of the Divine | lire en ligne=https://books.google.com/books?id=3UXkAAAAMAAJ | année=1989 | éditeur=Bharatiya Vidya Bhavan |passage=xxi–xxii}}</ref>{{,}}<ref name="McCutchen2006p450">{{ouvrage | langue=en |auteur=Brenda P McCutchen |titre=Teaching Dance as Art in Education | lire en ligne=https://books.google.com/books?id=C0yjXGJ3EEoC&pg=PA450 | année=2006 | éditeur=Human Kinetics |isbn=978-0-7360-5188-0 |passage=450–452}}</ref>.
Initialement connue sous le nom de ''sadhiraattam'' (tamoul : சதிராட்டம்), la danse classique indienne de bharata natyam doit son nom actuel à E Krishna Iyer et [[Rukmini Devi Arundale]], qui ont contribué à renouveler cette danse, en l'apurant et en lui redonnant sa dimension spirituelle initiale. Le mot bharatha (bha-ra-tha) est composé de trois syllabes qui pourraient faire référence respectivement à trois mots : ''bavam ''(l'expression du visage), ''ragam ''(la musique et le rythme) et ''thalam ''(rythme imprimé par la main ou par le karuvi)<ref name="Lochtefeld2002p103">{{Ouvrage | langue=en | auteur1=James G. Lochtefeld | titre=The Illustrated Encyclopedia of Hinduism : A-M | éditeur=The Rosen Publishing Group | année=2002 | passage=103–104 | isbn=978-0-8239-3179-8 | lire en ligne=https://books.google.com/books?id=5kl0DYIjUPgC&pg=PA103}}.</ref>{{,}}<ref name="Arunkumar1989xxi">{{Ouvrage | langue=en | auteur1=Anjani Arunkumar | titre=Compositions for Bharatanāṭyam | sous-titre=A Soulful Worship of the Divine | éditeur=Bharatiya Vidya Bhavan | année=1989 | passage=xxi–xxii | isbn= | lire en ligne=https://books.google.com/books?id=3UXkAAAAMAAJ}}.</ref>{{,}}<ref name="McCutchen2006p450">{{Ouvrage | langue=en | auteur1=Brenda P McCutchen | titre=Teaching Dance as Art in Education | éditeur=Human Kinetics | année=2006 | passage=450–452 | isbn=978-0-7360-5188-0 | lire en ligne=https://books.google.com/books?id=C0yjXGJ3EEoC&pg=PA450}}.</ref>.


Le mot ''natyam ''est un mot [[sanskrit]] pour la combinaison de mouvement, musique et théâtre, une façon de définir l'art de la danse<ref>{{ouvrage | langue=en | titre=Balasaraswati: Her Art and Life | auteur=Douglas Knight | éditeur=Wesleyan University Press | année=2010 | passage=290 | lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=Q3EsA2NooW4C&pg=PA290&dq=Natya+is+a+Sanskrit+word&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjppZTXu9jlAhVPbBoKHRicBzYQ6AEIPTAC#v=snippet&q=natya%20sanskrit%20movement%20music%20theater&f=false}}</ref>.
Le mot ''natyam ''est un mot [[Tamoul]] pour la combinaison de mouvement, musique et théâtre, une façon de définir l'art de la danse<ref>{{Ouvrage | langue=en | auteur1=Douglas Knight | titre=Balasaraswati | sous-titre=Her Art and Life | éditeur=Wesleyan University Press | année=2010 | passage=290 | isbn= | lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=Q3EsA2NooW4C&pg=PA290&dq=Natya+is+a+Sanskrit+word}}.</ref>.


== Les phases de la danse ==
== Les phases de la danse ==

Un spectacle typique comprend :
Un spectacle typique comprend :


=== Pushpanjali ou Kautuam ===
=== Pushpanjali ou Kautuam ===
Une prière traditionnelle d'ouverture au dieu [[Ganesha]], qui écarte les obstacles. Elle comprend une courte partie d'''abinaya'' (expressions du visage).

Une prière traditionnelle d'ouverture au dieu [[Ganesha]], qui écarte les obstacles. Elle comprend une courte partie d'''abinaya'' (expressions du visage).


Une présentation du [[tala]] ([[Rythme (solfège)|rythme]]), suite de [[syllabe]]s chantées par la danseuse. Cette danse est entièrement dédiée au dieu [[Nataraja]]. Entièrement technique, elle représente ''l'ouverture'' : les postures et les mouvements de plus en plus complexes symbolisent ''l'épanouissement'' d'une fleur et de l'art.
Une présentation du [[tala]] ([[Rythme (solfège)|rythme]]), suite de [[syllabe]]s chantées par la danseuse. Cette danse est entièrement dédiée au dieu [[Nataraja]]. Entièrement technique, elle représente ''l'ouverture'' : les postures et les mouvements de plus en plus complexes symbolisent ''l'épanouissement'' d'une fleur et de l'art.


Allaripu est constitué de pas de base dont le nombre total s'élève à 218, mais pour faire du bharathanatyam il y a une chose importante : l'Aramandi ou Ardha Mandalam (अर्ध मंडलम्)<ref>{{lien web|lang=en|url=http://www.natyakriya.com/2013/09/bharatanatyam-postures-or-positions.html|titre=Bharatanatyam Postures or Positions}}</ref>.
Allaripu est constitué de pas de base dont le nombre total s'élève à 218, mais pour faire du bharatha natyam il y a une chose importante : l'Aramandi ou Ardha Mandalam ({{lang|hi|अर्ध मंडलम्}})<ref>{{lien web|langue=en|url=http://www.natyakriya.com/2013/09/bharatanatyam-postures-or-positions.html|titre=Bharatanatyam Postures or Positions}}.</ref>.
[[Image:Geraldine.jpg|150px|right|thumb|Figure de dos : Géraldine-Nalini]]


=== Jathiswaram ===
=== Jathiswaram ===
C'est une danse technique et abstraite où le rythme est scandé par le tambour. La danseuse montre ici sa dextérité dans le travail des pieds et la grâce des mouvements de son corps. Les pas (ou Jatis), composés d'''adavus'' (enchaînements de mouvements) sont chorégraphiés en harmonie avec les notes (ou Svara) sur une mélodie (appelée ''raga'').
C'est une danse technique et abstraite où le rythme est scandé par le tambour. La danseuse montre ici sa dextérité dans le travail des pieds et la grâce des mouvements de son corps. Les pas (ou Jatis), composés d{{'}}''adavus'' (enchaînements de mouvements) sont chorégraphiés en harmonie avec les notes (ou Svara) sur une mélodie (appelée ''raga'').


=== Shabdam ===
=== Shabdam ===
La danse est ici accompagnée par un poème ou une chanson sur un thème dévotionnel ou amoureux. Cette danse parle souvent des dieux, racontant une histoire ou un récit épique.

Dans le déroulement d'un récital, c'est la première danse narrative, développant l{{'}}''abhinaya'' qui signifie l'expression du visage ou du corps.
La danse est ici accompagnée par un poème ou une chanson sur un thème dévotionnel ou amoureux. Cette danse parle souvent des dieux, racontant une histoire ou un récit épique.
Dans le déroulement d'un récital, c'est la première danse narrative, développant l'''abhinaya'' qui signifie l'expression du visage ou du corps.


=== Varnam ===
=== Varnam ===

La pièce centrale du spectacle. C'est aussi la partie la plus longue qui montre les mouvements les plus complexes et les plus difficiles. Les positions des mains et du corps racontent une histoire, habituellement d'[[amour]] et de désir. Elle varie entre sa partie technique et sa partie d'''abinaya'' et dure de 20 à 30 minutes.
La pièce centrale du spectacle. C'est aussi la partie la plus longue qui montre les mouvements les plus complexes et les plus difficiles. Les positions des mains et du corps racontent une histoire, habituellement d'[[amour]] et de désir. Elle varie entre sa partie technique et sa partie d'''abinaya'' et dure de 20 à 30 minutes.


=== Padam ===
=== Padam ===
Probablement la partie la plus lyrique où la danseuse exprime certaines formes d'amour : dévotion à l'être suprême, amour maternel, amour des amants séparés puis réunis. Tout comme le shapdam ou le jaavali, c'est une danse d'abhinaya.

[[Fichier:Bharatanatyam 5a.jpg|vignette|Figure de face.]]
Probablement la partie la plus lyrique où la danseuse exprime certaines formes d'amour : dévotion à l'être suprême, amour maternel, amour des amants séparés puis réunis. Tout comme le shapdam ou le jaavali, c'est une danse d'abhinaya. [[Image:Bharatanatyam 5a.jpg|thumb|Figure de face]]


=== Tillana ===
=== Tillana ===
Cette dernière partie est une danse abstraite où la virtuosité de la musique trouve son parallèle dans le travail des pieds et les poses captivantes de la danseuse. C'est la danse la plus technique qui clôt le spectacle.


En sanscrit ''thillana'' signifie « explosion de joie ».
Cette dernière partie est une danse abstraite où la virtuosité de la musique trouve son parallèle dans le travail des pieds et les poses captivantes de la danseuse. C'est la danse la plus technique qui clôture le spectacle.

En sanscrit ''thillana'' signifie « explosion de joie ».


=== Mangalam ===
=== Mangalam ===

Le spectacle se termine par la récitation de quelques versets religieux en forme de bénédiction.
Le spectacle se termine par la récitation de quelques versets religieux en forme de bénédiction.


== Musique et instruments ==
== Musique et instruments ==
La musique est dans le style [[musique carnatique|carnatique]] du sud de l'Inde<ref>{{Ouvrage | langue=en | auteur1=Siyuan Liu | titre=Routledge Handbook of Asian Theatre | éditeur=Routledge | année=2016 | passage=132 | isbn=978-1-317-27886-3 | lire en ligne=https://books.google.com/books?id=H1iFCwAAQBAJ&pg=PA132}}.</ref>, considérée par certains comme une forme plus pure que celle de la musique du nord de l'Inde.


Les instruments utilisés dans l'ensemble ''[[cinna mêlyam]]'' (« petit ensemble ») accompagnant le bharata natyam sont le [[mridang]] (tambour), le [[nâgasvaram]] (un hautbois), la flûte [[venu]], le [[violon]] et la [[vînâ]] (un instrument à cordes, luth indien)<ref name="Ravindranath1980p75">{{Ouvrage | langue=en | auteur1=P. K. Ravindranath | titre=Bhavaṁ, ragaṁ, talam, natyaṁ | sous-titre=a hand-book of Indian dance | éditeur=Savita Damodaran Arengetra Samiti | année=1980 | passage=44-84 | isbn= | lire en ligne=https://books.google.com/books?id=cBP0AAAAMAAJ | titre chapitre=Music in Bharata Natyam}}.</ref>.
La musique est dans le style [[musique carnatique|carnatique]] du sud de l'Inde<ref>{{ouvrage | langue=en | auteur=Siyuan Liu| titre=Routledge Handbook of Asian Theatre| lire en ligne=https://books.google.com/books?id=H1iFCwAAQBAJ&pg=PA132 | année=2016| éditeur=Routledge|isbn=978-1-317-27886-3 |passage=132 }}</ref>, considérée par certains comme une forme plus pure que celle de la musique du nord de l'Inde.

Les instruments utilisés dans l'ensemble ''[[cinna mêlyam]]'' (« petit ensemble ») accompagnant le bharata natyam sont le [[mridangam]] (tambour), le [[nâgasvaram]] (un hautbois), la flûte [[venu]], le [[violon]] et la [[vînâ]] (un instrument à cordes, luth indien)<ref name="Ravindranath1980p75">{{ouvrage | langue=en | auteur=P. K. Ravindranath| titre=Bhavaṁ, ragaṁ, talam, natyaṁ: a hand-book of Indian dance| lire en ligne=https://books.google.com/books?id=cBP0AAAAMAAJ| année=1980| éditeur=Savita Damodaran Arengetra Samiti|passage=44-84 | titre chapitre=Music in Bharata Natyam}}</ref>.


== Histoire ==
== Histoire ==
[[Fichier:Rukmini Devi.jpg|vignette|[[Rukmini Devi Arundale]], en 1940.]]
[[Fichier:Rukmini Devi.jpg|vignette|[[Rukmini Devi Arundale]] en 1940.]]
Les fondements théoriques du Bharata natyam se trouvent dans le ''[[Nâtya-shâstra]]'', une œuvre encyclopédique de l'[[hindouisme]], antique, donnant les bases du [[théâtre indien]]<ref name=":0">{{ouvrage | langue=en | titre=Traditions of Indian Classical Dance| auteur=Mohan Khokar| éditeur=Clarion Books| année=1984| passage=73–76}}</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage | langue=en |auteur1=Eugenio Barba | auteur2=Nicola Savarese | titre=A Dictionary of Theatre Anthropology : The Secret Art of the Performer | année=2011| éditeur=Routledge |isbn=978-1-1-135-17634-1|passage=208}}}</ref>{{,}}<ref>{{{ouvrage | langue=en |auteur1=Peter Fletcher|auteur2=Laurence Picken |titre=World Musics in Context : A Comprehensive Survey of the World's Major Musical Cultures |année =2004| éditeur=Oxford University Press |isbn=978-0-19-517507-3 |passage=262 }}</ref>.
Les fondements théoriques du bharata natyam se trouvent dans le ''[[Nâtya-shâstra]]'', une œuvre encyclopédique de l'[[hindouisme]], antique, donnant les bases du [[théâtre indien]]<ref name=":0">{{Ouvrage | langue=en | auteur1=Mohan Khokar | titre=Traditions of Indian Classical Dance | éditeur=Clarion Books | année=1984 | passage=73–76 | isbn=}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage | langue=en | auteur1=Eugenio Barba | auteur2=Nicola Savarese | titre=A Dictionary of Theatre Anthropology | sous-titre=The Secret Art of the Performer | éditeur=Routledge | année=2011 | passage=208 | isbn=978-1-135-17634-1}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage | langue=en | auteur1=Peter Fletcher | auteur2=Laurence Picken | titre=World Musics in Context : A Comprehensive Survey of the World's Major Musical Cultures | éditeur=Oxford University Press | année=2004 | passage=262 | isbn=978-0-19-517507-3}}.</ref>.


Des références historiques au bharata natyam se trouvent dans des épopées tamoules, telle que le ''[[Silappatikaram]]''<ref name="Lochtefeld2002p103"/>. Le texte du ''Silappatikaram'' inclut l'histoire d'une danseuse nommée Madhavi et décrit la formation à cette danse. Les sculptures du temple Shiva de Kanchipuram, datées du {{s2|VI|X}} de notre ère, suggèrent que le Bharatanatyam était un art de la performance bien développé vers le milieu du premier millénaire<ref name=":0"/>{{,}}<ref name="Lochtefeld2002p103"/>{{,}}<ref name=Kilger1993>{{{ouvrage| langue=en | auteur=George Kilger | titre=Bharata Natyam in Cultural Perspective | année=1993| éditeur=Manohar American Institute of Indian Studies| passage=2}}</ref>.
Des références historiques au bharata natyam sont présentes également dans les épopées tamoules, telle que le ''[[Silappatikaram]]''<ref name="Lochtefeld2002p103"/>. Le texte du ''Silappatikaram'' inclut l'histoire d'une danseuse nommée Madhavi et décrit la formation à cette danse. Les sculptures du temple Shiva de Kanchipuram, datées du {{s2|VI|X}} de notre ère, suggèrent que le Bharatanatyam était un art de la performance bien développé vers le milieu du premier millénaire<ref name=":0"/>{{,}}<ref name="Lochtefeld2002p103"/>{{,}}<ref name=Kilger1993>{{Ouvrage| langue=en| auteur1=George Kilger| titre=Bharata Natyam in Cultural Perspective| éditeur=Manohar American Institute of Indian Studies| année=1993| passage=2| isbn=}}.</ref>.


Avec la domination coloniale britannique, à partir du {{s-|XIX}}, de nombreuses formes de danse classique indienne ont été ridiculisées, dévalorisées, et découragées<ref>{{ouvrage | langue=en |auteur=Leslie C. Orr |titre=Dons, Devotees, and Daughters of God : Temple Women in Medieval Tamilnadu |url=https://books.google.com/books ?id=F___xKcP8lMC | année=2000| éditeur=Oxford University Press |isbn=978-0-19-535672-4 |passage=11-13}}}</ref> .Des missionnaires chrétiens et des responsables britanniques ont présenté les danseuses [[kathak]] de l'Inde du Nord et les [[Devadâsî|devadasis]] (danseuses dans les temples) du Sud (pratiquant le bharata natyam) comme preuves d'une dépravation sexuelle<ref name=marysnodgrass166>{{ouvrage | langue=en |auteur=Mary Ellen Snodgrass |titre=The Encyclopedia of World Folk Dance | année=2016 |éditeur=Rowman & Littlefield | isbn=978-1-4422-5749-8 |passage=165-168 }}</ref>{{,}}<ref name="Ghuman2014p97">{{ouvrage | langue=en |auteur=Nalini Ghuman |titre=Resonances of the Raj : India in the English Musical Imagination, 1897-1947 | année=2014 | éditeur=Oxford University Press |isbn=978-0-19-931489-8 |passage=97 (note 72) }}</ref>{{,}}<ref name="Walker2016p94">{{ouvrage | langue=en |auteur=Margaret E. Walker |titre=India's Kathak Dance in Historical Perspective | année=2016 | éditeur=Routledge |isbn=978-1-317-117-11737-7 |passage=94-98 }}</ref>. La pratique de la danse a été accusée de n'être qu'une façade pour la prostitution<ref name=amritsri73>{{article | langue=en |titre=The Hindu Temple-dancer : Prostitute or Nun ? | Auteur=Amrit Srinivasan |journal=The Cambridge Journal of Anthropology |volume=8| numéro=1 | année =1983 |passage=73-99 |jstor=23816342}}</ref>{{,}}<ref name=leslieorr8>{{ ouvrage | langue=en |auteur=Leslie C. Orr |titre=Dons, Devotes et Daughters of God : Temple Women in Medieval Tamilnadu | année=2000 | éditeur=Oxford University Press |isbn=978-0-19-535672-4|passage=5, 8-17}}</ref>.
Avec la domination coloniale britannique, à partir du {{s-|XIX}}, de nombreuses formes de danse classique indienne ont été ridiculisées, dévalorisées, et découragées<ref>{{Ouvrage | langue=en | auteur1=Leslie C. Orr | titre=Dons, Devotees, and Daughters of God | sous-titre=Temple Women in Medieval Tamilnadu | éditeur=Oxford University Press | année=2000 | passage=11-13 | isbn=978-0-19-535672-4 | lire en ligne=https://books.google.com/books ?id=F___xKcP8lMC}}.</ref>.Des missionnaires chrétiens et des responsables britanniques ont présenté les danseuses [[kathak]] de l'Inde du Nord et les [[Devadâsî|devadasis]] (danseuses dans les temples) du Sud (pratiquant le bharata natyam) comme preuves d'une dépravation sexuelle<ref name=marysnodgrass166>{{Ouvrage | langue=en | auteur1=Mary Ellen Snodgrass | titre=The Encyclopedia of World Folk Dance | éditeur=Rowman & Littlefield | année=2016 | passage=165-168 | isbn=978-1-4422-5749-8}}.</ref>{{,}}<ref name="Ghuman2014p97">{{Ouvrage | langue=en | auteur1=Nalini Ghuman | titre=Resonances of the Raj | sous-titre=India in the English musical imagination, 1897-1947 | éditeur=Oxford University Press | lieu=New York, NY | année=2014 | pages totales=345 | passage=97 (note 72) | isbn=978-0-19-931489-8}}.</ref>{{,}}<ref name="Walker2016p94">{{Ouvrage | langue=en | auteur1=Margaret E. Walker | titre=India's Kathak Dance in Historical Perspective | éditeur=Routledge | année=2016 | passage=94-98 | isbn=978-1-317-11737-7}}.</ref>. La pratique de la danse a été accusée de n'être qu'une façade pour la prostitution<ref name=amritsri73>{{article | langue=en |titre=The Hindu Temple-dancer : Prostitute or Nun ? | auteur=Amrit Srinivasan |journal=The Cambridge Journal of Anthropology |volume=8| numéro=1 | année =1983 |passage=73-99 |jstor=23816342}}.</ref>{{,}}<ref name=leslieorr8>{{Ouvrage | langue=en | auteur1=Leslie C. Orr | titre=Dons, Devotes et Daughters of God | sous-titre=Temple Women in Medieval Tamilnadu | éditeur=Oxford University Press | année=2000 | passage=5, 8-17 | isbn=978-0-19-535672-4}}.</ref>.


En 1910, la [[Présidence de Madras]], de l'[[Empire britannique]] interdit la danse dans les temples, portant un coup à la pratique traditionnelle du bharata natyam, cette pratique devenant peu recommandable au sein de la «bonne société» indienne<ref name=pallabinilan30>{{ouvrage | langue=en | auteur1=Pallabi Chakravorty |auteur2=Nilanjana Gupta |titre=Dance Matters : Performing India on Local and Global Stages | éditeur=Routledge |passage=30}}</ref>.
En 1910, la [[Présidence de Madras]], représentant la [[monarchie britannique]] en Inde, interdit la danse dans les temples, portant un coup à la pratique traditionnelle du bharata natyam, toute professionnalisation du métier de danseuse devenant également peu recommandable pour la «bonne société» indienne<ref name=pallabinilan30>{{Ouvrage | langue=en | auteur1=Pallabi Chakravorty | auteur2=Nilanjana Gupta | titre=Dance Matters : Performing India on Local and Global Stages | éditeur=Routledge | année= | passage=30 | isbn=}}.</ref>.


[[Image:Bharata_natyam.gif|thumb|[[Raghunath Manet]]]]
[[Fichier:Bharata natyam.png|vignette|[[Raghunath Manet]]]]
[[Rukmini Devi Arundale]] (1904-1986) lance en 1936 la [[Fondation Kalakshetra]] près de [[Chennai]], pour la sauvegarde de cet art millénaire. La pratique du bharata natyam se renouvelle d'autant plus facilement après l'indépendance de l'Inde en 1947, notamment grâce à l'intérêt des gouvernements indiens pour cet élément du patrimoine culturel du pays, grâce à l'action de la Fondation Kalakshetra, mais aussi par des artistes telle que [[Balasaraswati]], issue d'une lignée de danseuse. Ce style de danse classique indienne devient le plus populaire en Inde. Il jouit également d'un grand soutien dans les communautés indiennes expatriées. Dans la seconde moitié du {{s-|XX}}, le bharata natyam devient à la tradition de la danse indienne, ce qu'a été le ballet en occident<ref name="Leslie1992p149">{{ouvrage | langue=en |auteur=Anne-Marie Gaston|auteur2=Julia Leslie|titre=Roles and Rituals for Hindu Women |année=1992| éditeur=Motilal Banarsidass |isbn=978-81-208-1036-5 |pages=149–150, 170–171 }}</ref>. Des danseuses et chorégraphes comme [[Mrinalini Sarabhai]] jouent dans ce retour au premier plan un rôle majeur<ref>{{article | langue=en | titre = Mrinalini Sarabhai passed away|url texte= http://www.thehindu.com/news/noted-danseuse-mrinalini-sarabhai-passed-away/article8133753.ece| journal= [[The Hindu]] |date = 21 janvier 2016}}</ref>{{,}}<ref>{{article | langue=en | titre=Mrinalini Sarabhai, Indian Classical Dancer and Choreographer, Dies at 97 | périodique=[[The New York Times]] | url texte=https://www.nytimes.com/2016/01/28/arts/dance/mrinalini-sarabhai-renowned-indian-classical-dancer-dies-at-97.html | auteur1=Nida Najar | jour=28 | mois=janvier | année=2016 }}</ref>.
[[Rukmini Devi Arundale]] (1904-1986) lance en 1936 la [[Fondation Kalakshetra]] près de [[Chennai]], pour la sauvegarde de cet art millénaire. La pratique du bharata natyam se renouvelle d'autant plus facilement après l'indépendance de l'Inde en 1947, notamment grâce à l'intérêt des gouvernements indiens pour cet élément du patrimoine culturel du pays, grâce à l'action de la Fondation Kalakshetra, mais aussi par des artistes telle que [[Balasaraswati]], issue d'une lignée de danseuse. Ce style de danse classique indienne devient le plus populaire en Inde. Il jouit également d'un grand soutien dans les communautés indiennes expatriées. Dans la seconde moitié du {{s-|XX}}, le bharata natyam devient à la tradition de la danse indienne, ce qu'a été le ballet en occident<ref name="Leslie1992p149">{{Ouvrage | langue=en | auteur1=Anne-Marie Gaston | auteur2=Julia Leslie | titre=Roles and Rituals for Hindu Women | éditeur=Motilal Banarsidass | année=1992 | pages=149–150, 170–171 | isbn=978-81-208-1036-5}}.</ref>. Des danseuses et chorégraphes comme [[Mrinalini Sarabhai]] jouent dans ce retour au premier plan un rôle majeur<ref>{{article | langue=en | titre = Mrinalini Sarabhai passed away|url texte= http://www.thehindu.com/news/noted-danseuse-mrinalini-sarabhai-passed-away/article8133753.ece| journal= [[The Hindu]] |date = 21 janvier 2016}}.</ref>{{,}}<ref>{{article | langue=en | titre=Mrinalini Sarabhai, Indian Classical Dancer and Choreographer, Dies at 97 | périodique=[[The New York Times]] | url texte=https://www.nytimes.com/2016/01/28/arts/dance/mrinalini-sarabhai-renowned-indian-classical-dancer-dies-at-97.html | auteur1=Nida Najar | jour=28 | mois=janvier | année=2016 }}.</ref>.


Parmi les professeurs de bharata-natyam, on peut citer : [[Minakshisundaram Pillai]], [[Chokkalingam Pillai]], [[Ram Goppal]]. [[Raghunath Manet]], « fils spirituel » de Ram Gopal, est apprécié pour avoir innové et introduit une certaine notion de chorégraphie dans le bharata-nâtyam. La danseuse et chorégraphe indienne [[Chandralekha]], admirée par la chorégraphe allemande [[Pina Bausch]], a insuflé également un certain renouvellement de ce type de danse<ref name=6juillet1995Fretard>{{article | titre=Les leçons d'amour iconoclastes de Chandralekha | journal=[[Le Monde]] | auteur=Dominique Frétard | date=6 juillet 1995 | url texte=https://www.lemonde.fr/archives/article/1995/07/06/les-lecons-d-amour-iconoclastes-de-chandralekha_3542475_1819218.html }}</ref>{{,}}<ref name="Guardian obit">{{article | langue=en | url texte= https://www.theguardian.com/news/2007/feb/09/guardianobituaries.india | titre=Chandralekha : Controversial Indian dancer whose ideas challenged convention |date=9 février 2007| périodique=[[The Guardian]] }}</ref>{{,}}<ref>{{chapitre | langue=fr | auteur1=Milena Salvini | titre chapitre=Chandralekha Prashudas Patel, dite Chandralekha [Wada, Maharashtra 1928 – Madras, 2006] | titre ouvrage=[[Le Dictionnaire universel des créatrices]] | auteurs ouvrage=[[Béatrice Didier]], [[Antoinette Fouque]] et [[Mireille Calle-Gruber]] (dir.) | éditeur=[[Éditions des femmes]] | année=2013 | passage=829}}</ref>.
Parmi les professeurs de bharata-natyam, on peut citer : [[Minakshisundaram Pillai]], [[Chokkalingam Pillai]], [[Ram Gopal]]. [[Raghunath Manet]], « fils spirituel » de Ram Gopal, est apprécié pour avoir innové et introduit une certaine notion de chorégraphie dans le bharata-nâtyam. La danseuse et chorégraphe indienne [[Chandralekha]], admirée par la chorégraphe allemande [[Pina Bausch]], a insuflé également un certain renouvellement de ce type de danse<ref name=6juillet1995Fretard>{{article | titre=Les leçons d'amour iconoclastes de Chandralekha | journal=[[Le Monde]] | auteur=Dominique Frétard | date=6 juillet 1995 | url texte=https://www.lemonde.fr/archives/article/1995/07/06/les-lecons-d-amour-iconoclastes-de-chandralekha_3542475_1819218.html }}.</ref>{{,}}<ref name="Guardian obit">{{article | langue=en | url texte= https://www.theguardian.com/news/2007/feb/09/guardianobituaries.india | titre=Chandralekha : Controversial Indian dancer whose ideas challenged convention |date=9 février 2007| périodique=[[The Guardian]] }}.</ref>{{,}}<ref>{{chapitre | langue=fr | auteur1=[[Milena Salvini]] | titre chapitre=Chandralekha Prashudas Patel, dite Chandralekha [Wada, Maharashtra 1928 – Madras, 2006] | titre ouvrage=[[Le Dictionnaire universel des créatrices]] | auteurs ouvrage=[[Béatrice Didier]], [[Antoinette Fouque]] et [[Mireille Calle-Gruber]] (dir.) | éditeur=[[Éditions des femmes]] | année=2013 | passage=829}}.</ref>. [[Yamini Krishnamurthy]] est une danseuse indienne de bharata natyam et de [[kuchipudi]]. D’autres artistes, comme [[Malavika Sarukkai]] ont été des interprètes de cette danse sur les scènes internationales<ref>{{article | titre=Danse. Malavika Sarukkai et Mdhavi Mudgal au Rond-Point / Théâtre Renaud-Barrault. Deux Indiennes entre la terre et l'espace| journal=[[Le Monde]] | date=11 octobre 1994 | lire en ligne=https://www.lemonde.fr/archives/article/1994/10/11/danse-malavika-sarukkai-et-madhavi-mudgal-au-rond-point-theatre-renaud-barrault-deux-indiennes-entre-la-terre-et-l-espace_3847895_1819218.html}}.</ref>{{,}}<ref name="TOI India performance">{{article | langue=en | lire en ligne =http://timesofindia.indiatimes.com/city/chennai/Dance-has-been-my-life-since-I-was-7-Malavika-Sarukkai/articleshow/14422225.cms | titre=Dance has been my life since I was 7 : Malavika Sarukkai | journal=[[The Times of India]] | date=27 juin 2012 }}.</ref>{{,}}<ref name="New York Times">{{article | langue=en | lire en ligne=https://www.nytimes.com/2012/11/19/arts/dance/malavika-sarukkai-at-the-baryshnikov-arts-center.html?_r=0 | titre=Stories Told With a Leap, Even a Shake | journal=[[The New York Times]] | date=18 novembre 2012 | auteur=Brian Seibert }}.</ref>{{,}}<ref>{{article | langue=en | titre=Review : In dance, Malavika Sarukkai explores and expresses the essence of the Ganges | journal=[[Los Angeles Times]] | auteur=Mark Swed | date=21 juillet 2015 | lire en ligne= https://www.latimes.com/entertainment/arts/la-et-cm-malaviki-sarukkai-review-20150721-column.html }}.</ref>{{,}}<ref>{{article | langue=en | titre= Malavika Sarukkai. Queen Elizabeth Hall, London | journal=[[The Independent]] | auteur=Naseem Khan | date=7 octobre 1997 | lire en ligne=https://www.independent.co.uk/life-style/malavikas-alarm-call-1234409.html }}.</ref>.

== Galerie ==
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Geraldine.jpg|Figure de dos : Géraldine-Nalini.
Indian-dancer-nataraja.png|Une danseuse de bharata natyam dans une figure de [[Nataraja]].
Savithayudh.jpg|La danseuse et chorégraphe [[Savitha Sastry]] en 2013.
</gallery>


== Notes et références ==
== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Traduction/Référence|en|Bharatanatyam|1016882509}}
{{Notes}}

=== Références ===
{{Références}}
{{Références}}


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
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* [[Devadâsi]]
* [[Devadâsî]]
* [[Ghunghuru]]s (grelots de cheville)
* [[Kathak]]
* [[Kathak]]
* [[Kathakali]]
* [[Kathakali]]
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== Liens externes ==
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Sur fond noir, une jeune femme, portant une robe rouge et orange et de nombreux bijoux, écarte ses deux bras et lève son pied droit jusqu'à son bras droit.
Danseuse de bharata natyam.

Le bharata natyam, auparavant appelé Sadhir Attam, est une danse classique indienne originaire du Tamil Nadu, dans l'Inde méridionale.

C'est l'une des plus anciennes danses traditionnelles indiennes. Mélange de danse classique et d'art martial à la base, elle est liée aux pratiques religieuses dès son origine. Elle est l'une des huit formes de danse reconnues par la Sangeet Natak Akademi (en), les autres étant le kathak, le kuchipudi, l'odissi, le kathakali, le mohiniyattam, le manipuri, le sattriya et elle exprime les thèmes religieux et les idées spirituelles de l'Inde du Sud, en particulier le shivaïsme, le vishnouisme et le shaktisme. Avec le temps, elle fut interdite sous la domination anglaise, mais autorisée dans les comptoirs français de Pondichéry (Sud du pays).

La description du bharata natyam, au IIe siècle de notre ère est mentionnée dans l'ancienne épopée tamoule Silappatikaram, tandis que les sculptures des temples du VIe au IXe siècle de notre ère suggèrent qu'il s'agissait d'un art du spectacle bien raffiné au milieu du premier millénaire de notre ère. Le bharata natyam est la plus ancienne tradition de danse classique en Inde. Cette forme de danse était répandue dans l'ancien Tamil Nadu, et plusieurs livres les ont codifiés comme le Nâtya-shâstra. Le Nâtya-shâstra n'est qu'une codification par un auteur inconnu des formes de danse existant au Tamil Nadu.

La pratique de la danse a souffert au XIXe siècle d'une dévalorisation de cet art par les colonisateurs anglais. La tradition a été sauvée puis renouvelée au cours du XXe siècle, notamment après l'indépendance.

Il existe différents styles de bharata natyam. Le bharata natyam est souvent une danse de soliste dont l'apprentissage est très difficile et très long. Souvent enseignée aujourd'hui aux jeunes filles, elle est restée ouverte aux garçons.

Origines possibles de l'expression[modifier | modifier le code]

Initialement connue sous le nom de sadhiraattam (tamoul : சதிராட்டம்), la danse classique indienne de bharata natyam doit son nom actuel à E Krishna Iyer et Rukmini Devi Arundale, qui ont contribué à renouveler cette danse, en l'apurant et en lui redonnant sa dimension spirituelle initiale. Le mot bharatha (bha-ra-tha) est composé de trois syllabes qui pourraient faire référence respectivement à trois mots : bavam (l'expression du visage), ragam (la musique et le rythme) et thalam (rythme imprimé par la main ou par le karuvi)[1],[2],[3].

Le mot natyam est un mot Tamoul pour la combinaison de mouvement, musique et théâtre, une façon de définir l'art de la danse[4].

Les phases de la danse[modifier | modifier le code]

Un spectacle typique comprend :

Pushpanjali ou Kautuam[modifier | modifier le code]

Une prière traditionnelle d'ouverture au dieu Ganesha, qui écarte les obstacles. Elle comprend une courte partie d'abinaya (expressions du visage).

Une présentation du tala (rythme), suite de syllabes chantées par la danseuse. Cette danse est entièrement dédiée au dieu Nataraja. Entièrement technique, elle représente l'ouverture : les postures et les mouvements de plus en plus complexes symbolisent l'épanouissement d'une fleur et de l'art.

Allaripu est constitué de pas de base dont le nombre total s'élève à 218, mais pour faire du bharatha natyam il y a une chose importante : l'Aramandi ou Ardha Mandalam (अर्ध मंडलम्)[5].

Jathiswaram[modifier | modifier le code]

C'est une danse technique et abstraite où le rythme est scandé par le tambour. La danseuse montre ici sa dextérité dans le travail des pieds et la grâce des mouvements de son corps. Les pas (ou Jatis), composés d'adavus (enchaînements de mouvements) sont chorégraphiés en harmonie avec les notes (ou Svara) sur une mélodie (appelée raga).

Shabdam[modifier | modifier le code]

La danse est ici accompagnée par un poème ou une chanson sur un thème dévotionnel ou amoureux. Cette danse parle souvent des dieux, racontant une histoire ou un récit épique. Dans le déroulement d'un récital, c'est la première danse narrative, développant l'abhinaya qui signifie l'expression du visage ou du corps.

Varnam[modifier | modifier le code]

La pièce centrale du spectacle. C'est aussi la partie la plus longue qui montre les mouvements les plus complexes et les plus difficiles. Les positions des mains et du corps racontent une histoire, habituellement d'amour et de désir. Elle varie entre sa partie technique et sa partie d'abinaya et dure de 20 à 30 minutes.

Padam[modifier | modifier le code]

Probablement la partie la plus lyrique où la danseuse exprime certaines formes d'amour : dévotion à l'être suprême, amour maternel, amour des amants séparés puis réunis. Tout comme le shapdam ou le jaavali, c'est une danse d'abhinaya.

Figure de face.

Tillana[modifier | modifier le code]

Cette dernière partie est une danse abstraite où la virtuosité de la musique trouve son parallèle dans le travail des pieds et les poses captivantes de la danseuse. C'est la danse la plus technique qui clôt le spectacle.

En sanscrit thillana signifie « explosion de joie ».

Mangalam[modifier | modifier le code]

Le spectacle se termine par la récitation de quelques versets religieux en forme de bénédiction.

Musique et instruments[modifier | modifier le code]

La musique est dans le style carnatique du sud de l'Inde[6], considérée par certains comme une forme plus pure que celle de la musique du nord de l'Inde.

Les instruments utilisés dans l'ensemble cinna mêlyam (« petit ensemble ») accompagnant le bharata natyam sont le mridang (tambour), le nâgasvaram (un hautbois), la flûte venu, le violon et la vînâ (un instrument à cordes, luth indien)[7].

Histoire[modifier | modifier le code]

Rukmini Devi Arundale en 1940.

Les fondements théoriques du bharata natyam se trouvent dans le Nâtya-shâstra, une œuvre encyclopédique de l'hindouisme, antique, donnant les bases du théâtre indien[8],[9],[10].

Des références historiques au bharata natyam sont présentes également dans les épopées tamoules, telle que le Silappatikaram[1]. Le texte du Silappatikaram inclut l'histoire d'une danseuse nommée Madhavi et décrit la formation à cette danse. Les sculptures du temple Shiva de Kanchipuram, datées du VIe et Xe siècles de notre ère, suggèrent que le Bharatanatyam était un art de la performance bien développé vers le milieu du premier millénaire[8],[1],[11].

Avec la domination coloniale britannique, à partir du XIXe siècle, de nombreuses formes de danse classique indienne ont été ridiculisées, dévalorisées, et découragées[12].Des missionnaires chrétiens et des responsables britanniques ont présenté les danseuses kathak de l'Inde du Nord et les devadasis (danseuses dans les temples) du Sud (pratiquant le bharata natyam) comme preuves d'une dépravation sexuelle[13],[14],[15]. La pratique de la danse a été accusée de n'être qu'une façade pour la prostitution[16],[17].

En 1910, la Présidence de Madras, représentant la monarchie britannique en Inde, interdit la danse dans les temples, portant un coup à la pratique traditionnelle du bharata natyam, toute professionnalisation du métier de danseuse devenant également peu recommandable pour la «bonne société» indienne[18].

Raghunath Manet

Rukmini Devi Arundale (1904-1986) lance en 1936 la Fondation Kalakshetra près de Chennai, pour la sauvegarde de cet art millénaire. La pratique du bharata natyam se renouvelle d'autant plus facilement après l'indépendance de l'Inde en 1947, notamment grâce à l'intérêt des gouvernements indiens pour cet élément du patrimoine culturel du pays, grâce à l'action de la Fondation Kalakshetra, mais aussi par des artistes telle que Balasaraswati, issue d'une lignée de danseuse. Ce style de danse classique indienne devient le plus populaire en Inde. Il jouit également d'un grand soutien dans les communautés indiennes expatriées. Dans la seconde moitié du XXe siècle, le bharata natyam devient à la tradition de la danse indienne, ce qu'a été le ballet en occident[19]. Des danseuses et chorégraphes comme Mrinalini Sarabhai jouent dans ce retour au premier plan un rôle majeur[20],[21].

Parmi les professeurs de bharata-natyam, on peut citer : Minakshisundaram Pillai, Chokkalingam Pillai, Ram Gopal. Raghunath Manet, « fils spirituel » de Ram Gopal, est apprécié pour avoir innové et introduit une certaine notion de chorégraphie dans le bharata-nâtyam. La danseuse et chorégraphe indienne Chandralekha, admirée par la chorégraphe allemande Pina Bausch, a insuflé également un certain renouvellement de ce type de danse[22],[23],[24]. Yamini Krishnamurthy est une danseuse indienne de bharata natyam et de kuchipudi. D’autres artistes, comme Malavika Sarukkai ont été des interprètes de cette danse sur les scènes internationales[25],[26],[27],[28],[29].

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c (en) James G. Lochtefeld, The Illustrated Encyclopedia of Hinduism : A-M, The Rosen Publishing Group, (ISBN 978-0-8239-3179-8, lire en ligne), p. 103–104.
  2. (en) Anjani Arunkumar, Compositions for Bharatanāṭyam : A Soulful Worship of the Divine, Bharatiya Vidya Bhavan, (lire en ligne), xxi–xxii.
  3. (en) Brenda P McCutchen, Teaching Dance as Art in Education, Human Kinetics, (ISBN 978-0-7360-5188-0, lire en ligne), p. 450–452.
  4. (en) Douglas Knight, Balasaraswati : Her Art and Life, Wesleyan University Press, (lire en ligne), p. 290.
  5. (en) « Bharatanatyam Postures or Positions ».
  6. (en) Siyuan Liu, Routledge Handbook of Asian Theatre, Routledge, (ISBN 978-1-317-27886-3, lire en ligne), p. 132.
  7. (en) P. K. Ravindranath, Bhavaṁ, ragaṁ, talam, natyaṁ : a hand-book of Indian dance, Savita Damodaran Arengetra Samiti, (lire en ligne), « Music in Bharata Natyam », p. 44-84.
  8. a et b (en) Mohan Khokar, Traditions of Indian Classical Dance, Clarion Books, , p. 73–76.
  9. (en) Eugenio Barba et Nicola Savarese, A Dictionary of Theatre Anthropology : The Secret Art of the Performer, Routledge, (ISBN 978-1-135-17634-1), p. 208.
  10. (en) Peter Fletcher et Laurence Picken, World Musics in Context : A Comprehensive Survey of the World's Major Musical Cultures, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-517507-3), p. 262.
  11. (en) George Kilger, Bharata Natyam in Cultural Perspective, Manohar American Institute of Indian Studies, , p. 2.
  12. (en) Leslie C. Orr, Dons, Devotees, and Daughters of God : Temple Women in Medieval Tamilnadu, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-535672-4, lire en ligne), p. 11-13.
  13. (en) Mary Ellen Snodgrass, The Encyclopedia of World Folk Dance, Rowman & Littlefield, (ISBN 978-1-4422-5749-8), p. 165-168.
  14. (en) Nalini Ghuman, Resonances of the Raj : India in the English musical imagination, 1897-1947, New York, NY, Oxford University Press, , 345 p. (ISBN 978-0-19-931489-8), p. 97 (note 72).
  15. (en) Margaret E. Walker, India's Kathak Dance in Historical Perspective, Routledge, (ISBN 978-1-317-11737-7), p. 94-98.
  16. (en) Amrit Srinivasan, « The Hindu Temple-dancer : Prostitute or Nun ? », The Cambridge Journal of Anthropology, vol. 8, no 1,‎ , p. 73-99 (JSTOR 23816342).
  17. (en) Leslie C. Orr, Dons, Devotes et Daughters of God : Temple Women in Medieval Tamilnadu, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-535672-4), p. 5, 8-17.
  18. (en) Pallabi Chakravorty et Nilanjana Gupta, Dance Matters : Performing India on Local and Global Stages, Routledge, p. 30.
  19. (en) Anne-Marie Gaston et Julia Leslie, Roles and Rituals for Hindu Women, Motilal Banarsidass, , 149–150, 170–171 (ISBN 978-81-208-1036-5).
  20. (en) « Mrinalini Sarabhai passed away », The Hindu,‎ (lire en ligne).
  21. (en) Nida Najar, « Mrinalini Sarabhai, Indian Classical Dancer and Choreographer, Dies at 97 », The New York Times,‎ (lire en ligne).
  22. Dominique Frétard, « Les leçons d'amour iconoclastes de Chandralekha », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  23. (en) « Chandralekha : Controversial Indian dancer whose ideas challenged convention », The Guardian,‎ (lire en ligne).
  24. Milena Salvini, « Chandralekha Prashudas Patel, dite Chandralekha [Wada, Maharashtra 1928 – Madras, 2006] », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Le Dictionnaire universel des créatrices, Éditions des femmes, , p. 829.
  25. « Danse. Malavika Sarukkai et Mdhavi Mudgal au Rond-Point / Théâtre Renaud-Barrault. Deux Indiennes entre la terre et l'espace », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  26. (en) « Dance has been my life since I was 7 : Malavika Sarukkai », The Times of India,‎ (lire en ligne).
  27. (en) Brian Seibert, « Stories Told With a Leap, Even a Shake », The New York Times,‎ (lire en ligne).
  28. (en) Mark Swed, « Review : In dance, Malavika Sarukkai explores and expresses the essence of the Ganges », Los Angeles Times,‎ (lire en ligne).
  29. (en) Naseem Khan, « Malavika Sarukkai. Queen Elizabeth Hall, London », The Independent,‎ (lire en ligne).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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