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{{Voir homonymes|Cachemire (homonymie)}}
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[[Fichier:Kashmir map.svg|thumb|Carte du Cachemire entouré en bleu : le [[Pakistan]] est en vert, l'[[Inde]] en bleu, la [[Chine]] en jaune, les autres pays en gris, le ''{{lang|en|[[no man's land]]}}'' du [[glacier de Siachen]] en bleu.]]
{{Infobox}}


Le '''Cachemire''' (variante orthographique rare : ''Kashmir'') est une région [[montagne]]use du [[sous-continent indien]]. On désigne sous ce vocable, depuis la [[partition des Indes]] et la disparition de l'[[État princier (Raj britannique)|État princier]] du [[Jammu-et-Cachemire (État princier)|Jammu-et-Cachemire]], l'ensemble du territoire qui constituait ce dernier.
Le '''Cachemire''' (variante orthographique rare : ''Kashmir'') est une région [[montagne]]use du [[sous-continent indien]]. On désigne sous ce vocable, depuis la [[partition des Indes]] et la disparition de l'[[État princier (Raj britannique)|État princier]] du [[Jammu-et-Cachemire (État princier)|Jammu-et-Cachemire]], l'ensemble du territoire qui constituait ce dernier.


Depuis le déclenchement de la [[première guerre indo-pakistanaise]] en [[1947]], le Cachemire est {{latin|[[de facto]]}} partagé entre l'[[Inde]], le [[Pakistan]] et la [[Chine]] qui administrent le territoire du [[Jammu-et-Cachemire (territoire de l'Union)|Jammu-et-Cachemire]] pour l'Inde, les territoires de l'[[Azad Cachemire]] et du [[Gilgit-Baltistan]] pour le Pakistan ainsi que la région de l'[[Aksai Chin]] et la [[vallée de Shaksgam]] pour la Chine.
Depuis le déclenchement de la [[première guerre indo-pakistanaise]] en [[1947]], le Cachemire est {{latin|[[de facto]]}} partagé entre l'[[Inde]], le [[Pakistan]] et la [[Chine]] qui administrent le territoire du [[Jammu-et-Cachemire (territoire de l'Union)|Jammu-et-Cachemire]] et du [[Ladakh]] pour l'Inde, les territoires de l'[[Azad Cachemire]] et du [[Gilgit-Baltistan]] pour le Pakistan ainsi que la région de l'[[Aksai Chin]] et la [[vallée de Shaksgam]] pour la Chine.


L'Inde continue de réclamer l'intégralité du Cachemire historique, à savoir l'Aksai Chin, la vallée de Shaksgam, le Gilgit-Baltistan et l'Azad Cachemire en plus des territoires qu'elle contrôle déjà.
L'Inde continue de réclamer l'intégralité du Cachemire historique, à savoir l'Aksai Chin, la vallée de Shaksgam, le Gilgit-Baltistan et l'Azad Cachemire en plus des territoires qu'elle contrôle déjà.
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== Géographie ==
== Géographie ==
[[Fichier:Srinagar pano.jpg|thumb|Vue panoramique de [[Srinagar]] dans la [[vallée du Cachemire]].]]
[[Fichier:Kashmir map.svg|thumb|Carte du Cachemire entouré en bleu : le [[Pakistan]] est en vert, l'[[Inde]] en bleu, la [[Chine]] en jaune, les autres pays en gris, le ''{{lang|en|[[no man's land]]}}'' du [[glacier de Siachen]] en bleu.]][[Fichier:Srinagar pano.jpg|thumb|Vue panoramique de [[Srinagar]] dans la [[vallée du Cachemire]].]]


Le Cachemire est situé en [[Asie]], dans le Nord du [[sous-continent indien]], dans le Nord de l'[[Inde]] et du [[Pakistan]] et l'Extrême Ouest de la [[Chine]]. Il est frontalier de l'[[Afghanistan]] au nord.
Le Cachemire est situé en [[Asie]], dans le Nord du [[sous-continent indien]], dans le Nord de l'[[Inde]] et du [[Pakistan]] et l'Extrême Ouest de la [[Chine]]. Il est frontalier de l'[[Afghanistan]] au nord.
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Couvrant l'extrémité occidentale de l'[[Himalaya]], le [[Karakoram]] et l'extrémité orientale de l'[[Hindou Kouch]], la région est très [[montagne]]use, parcourue par de nombreuses [[vallée]]s dont les plus importantes sont celles du [[Vallée du Cachemire|Cachemire]] et la haute vallée de l'[[Indus]]. Une toute petite frange de la [[plaine indo-gangétique]] constitue l'extrémité sud-ouest du Cachemire. Le Cachemire est aussi traversé par une chaîne de montagnes : le [[Pir Panjal]], dont les sommets atteignent plus de 4500 m et dont les cols les plus bas s’élèvent à 3500m.
Couvrant l'extrémité occidentale de l'[[Himalaya]], le [[Karakoram]] et l'extrémité orientale de l'[[Hindou Kouch]], la région est très [[montagne]]use, parcourue par de nombreuses [[vallée]]s dont les plus importantes sont celles du [[Vallée du Cachemire|Cachemire]] et la haute vallée de l'[[Indus]]. Une toute petite frange de la [[plaine indo-gangétique]] constitue l'extrémité sud-ouest du Cachemire. Le Cachemire est aussi traversé par une chaîne de montagnes : le [[Pir Panjal]], dont les sommets atteignent plus de 4500 m et dont les cols les plus bas s’élèvent à 3500m.


C’est un pays qui possède de grandes ressources en eau, élément vital pour [[irriguer les cultures]] et nourrir les populations. On le nomme communément “château d’eau”<ref>{{Lien web|langue=fr|nom1=française|prénom1=La Documentation|titre=La question du Cachemire|url=http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/inde-pakistan/cachemire.shtml|site=www.ladocumentationfrancaise.fr|consulté le=2019-04-15}}</ref>.
C’est un pays qui possède de grandes ressources en eau, élément vital pour irriguer les cultures et nourrir les populations. On le nomme communément « château d’eau »<ref>{{Lien web|langue=fr|nom1=française|prénom1=La Documentation|titre=La question du Cachemire|url=http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/inde-pakistan/cachemire.shtml|site=www.ladocumentationfrancaise.fr|consulté le=2019-04-15}}</ref>.


== Étymologie ==
== Étymologie ==
[[Fichier:'By @ibneAzhar'-BaltitFort-Hunza-GB-Pakistan- (31).JPG|thumb|Le [[fort de Baltit]] dans la [[vallée de la Hunza]], au [[Gilgit-Baltistan]].]]
[[Fichier:'By @ibneAzhar'-BaltitFort-Hunza-GB-Pakistan- (31).JPG|thumb|Le [[fort de Baltit]] dans la [[vallée de la Hunza]], au [[Gilgit-Baltistan]].]]


Le ''Nilamata Purana'' décrit l'origine de la vallée à partir des eaux, un fait corroboré par des géologues éminents, et montre comment le nom même de la terre a été dérivé du processus de dessiccation — ''Ka'' signifie « eau » et ''Shimir'' signifie « dessécher ». Par conséquent, le Cachemire signifie « un terrain desséché de l'eau ». Il y a aussi une théorie qui prend le Cachemire pour être une contraction de ''Kashyap-mira'', de ''Kashyapmir'' ou de ''Kashyapmeru'', la « mer ou montagne de [[Kashyapa (hindouisme)|Kashyapa]] », le sage qui a été crédité d'avoir vidé les eaux du lac primitif Satisar, Que Cachemire était avant qu'il ne soit récupéré. Le ''Nilamata Purana'' donne le nom ''Kashmira'' à la [[vallée du Cachemire]] comprend le {{lien|langue=en|trad=Wular Lake|fr=Lac Wular|texte=lac Wular}} ''Mira'' qui signifie le « lac de la mer ou la montagne du Sage Kashyapa ». ''Mira'' en [[sanskrit]] signifie « océan » ou les « frontières », considérant qu'il s'agit d'un mode de réalisation d'Uma{{Quoi|date=25 janvier 2018}} et c'est le Cachemire que le monde connaît aujourd'hui. Les Kashmiris, cependant, l'appellent ''Kashir'', qui a été dérivé phonétiquement du Cachemire.
Le ''Nilamata Purana'' décrit l'origine de la vallée à partir des eaux, un fait corroboré par des géologues éminents, et montre comment le nom même de la terre a été dérivé du processus de dessiccation — ''Ka'' signifie « eau » et ''Shimir'' signifie « dessécher ». Par conséquent, le Cachemire signifie « un terrain desséché de l'eau ». Il y a aussi une théorie qui prend le Cachemire pour être une contraction de ''Kashyap-mira'', de ''Kashyapmir'' ou de ''Kashyapmeru'', la « mer ou montagne de [[Kashyapa (hindouisme)|Kashyapa]] », le sage qui a été crédité d'avoir vidé les eaux du lac primitif Satisar, que Cachemire était avant qu'il ne soit récupéré. Le ''Nilamata Purana'' donne le nom ''Kashmira'' à la [[vallée du Cachemire]] comprend le {{lien|langue=en|trad=Wular Lake|fr=Lac Wular|texte=lac Wular}} ''Mira'' qui signifie le « lac de la mer ou la montagne du Sage Kashyapa ». ''Mira'' en [[sanskrit]] signifie « océan » ou les « frontières », considérant qu'il s'agit d'un mode de réalisation d'Uma{{Quoi|date=25 janvier 2018}} et c'est le Cachemire que le monde connaît aujourd'hui{{Refnec|date=7 septembre 2021}}. Les Kashmiris, cependant, l'appellent ''Kashir'', qui a été dérivé phonétiquement du Cachemire.


Les Grecs anciens l'ont appelé ''Kashyapa-pura'', qui a été identifié avec ''Kaspapyros'' de [[Hécatée de Milet|Hecatée]] (via [[Étienne de Byzance]]) et ''Kaspatyros'' d'[[Hérodote]] (3.102, 4.44). Le Cachemire est également considéré comme le pays désigné par la ''Kaspeiria'' de [[Ptolémée]]. ''Cashmere'' est une orthographe archaïque du présent-Cachemire et, dans certains pays, il est encore écrit de cette façon. Une tribu d'origine sémitique, nommée'' Kash ''(qui signifie une barre oblique en [[Cachemiri|natif dialecte]]), aurait fondé les villes de [[Kashan]] et [[Kashgar]], à ne pas confondre avec la tribu [[Kashyapi]] de Caspian<!-- Caspienne ? -->. La terre et les gens étaient connus sous le nom de « ''Kashir'' » dont le « Cachemire » en était également dérivé. Elle était appelée « ''Kaspeiria'' » par les [[Grèce antique|Grecs anciens]]. Dans la [[littérature classique]], [[Hérodote]] l'appelle ''Kaspatyrol''<ref name="Bamzai4-6">P. N. K. Bamzai, ''Culture et histoire politique du Cachemire'', vol. 1, New Delhi, MD Publications, 1994, pp. 4-6.</ref>. [[Xuanzang]], un [[moine]] [[Chine|chinois]] qui a visité le Cachemire en 631, le désigne sous le nom de ''Kia-shi-mi-lo''. Les [[Tibet|Tibét]]ains l'appellent ''Khachal'', qui signifie « [[neige]] [[montagne]] »<ref name="Bamzai4-6"/>. Cette zone a toujours été une terre de [[rivière]]s, de [[lac]]s et de fleurs sauvages. La rivière [[Jhelum (rivière)|Jhelum]] s'écoule tout au long de la vallée.
Les Grecs anciens l'ont appelé ''Kashyapa-pura'', qui a été identifié avec ''Kaspapyros'' de [[Hécatée de Milet|Hecatée]] (via [[Étienne de Byzance]]) et ''Kaspatyros'' d'[[Hérodote]] (3.102, 4.44). Le Cachemire est également considéré comme le pays désigné par la ''Kaspeiria'' de [[Ptolémée]]. ''Cashmere'' est une orthographe archaïque du présent-Cachemire et, dans certains pays, il est encore écrit de cette façon. La terre et les gens étaient connus sous le nom de « ''Kashir'' » dont le « Cachemire » était également dérivé. Elle était appelée « ''Kaspeiria'' » par les [[Grèce antique|Grecs anciens]]. Dans la [[littérature classique]], [[Hérodote]] l'appelle ''Kaspatyrol''<ref name="Bamzai4-6">P. N. K. Bamzai, ''Culture et histoire politique du Cachemire'', vol. 1, New Delhi, MD Publications, 1994, pp. 4-6.</ref>. [[Xuanzang]], un [[moine]] [[Chine|chinois]] qui a visité le Cachemire en 631, le désigne sous le nom de ''Kia-shi-mi-lo''. Les [[Tibet|Tibét]]ains l'appellent ''Khachal'', qui signifie « [[neige]] [[montagne]] »<ref name="Bamzai4-6"/>. Cette zone a toujours été une terre de [[rivière]]s, de [[lac]]s et de fleurs sauvages. La rivière [[Jhelum (rivière)|Jhelum]] s'écoule tout au long de la vallée.


== Histoire ==
== Histoire ==
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Anciennement peuplée, la région est gagnée à la culture [[hindou]]e au moins dès le {{VIe}} siècle avant notre ère. Elle appartient à plusieurs reprises aux grands empires de l'Inde notamment sous [[Ashoka]] et [[Kanishka]]<ref>[[Jacques Dupuis (indianiste)|Jacques Dupuis]], ''Histoire de l'Inde'', {{2e}} éd., Éditions Kailash, 2005, p. 169.</ref>.
Anciennement peuplée, la région est gagnée à la culture [[hindou]]e au moins dès le {{s-|VI}} avant notre ère. Elle appartient à plusieurs reprises aux grands empires de l'Inde notamment sous [[Ashoka]] et [[Kanishka]]<ref>[[Jacques Dupuis (indianiste)|Jacques Dupuis]], ''Histoire de l'Inde'', {{2e}} éd., Éditions Kailash, 2005, p. 169.</ref>.


Au {{VIIIe}} siècle, c'est un État indépendant et conquérant. Le roi [[:en:Lalitaditya Muktapida|Lalitaditya Muktapida]] (725-753) étend sa domination depuis les plaines du [[Pendjab]] jusqu'à la région montagneuse du [[Ladakh]]. Il englobe temporairement le royaume de [[Kânnauj]]. Lalitâditya fait venir des artisans des pays conquis et développe l'agriculture grâce au drainage et à la mise en place de l'irrigation du bassin de [[Srinagar]] qui constitue le cœur de son royaume. Il fait bâtir des villes et des temples dont celui célèbre de [[Temple de Martanda|Mârtânda]]. Le Cachemire est alors un foyer important de la culture [[sanskrit]]e où prospèrent simultanément [[bouddhisme]] et une école particulière du [[shivaïsme]]. Cette civilisation se maintient jusqu'à l'introduction de l'[[islam]] au {{XIVe}} siècle<ref>Jacques Dupuis, ''ibid.'', 2005, p. 169.</ref>.
Au {{s-|VIII}}, c'est un État indépendant et conquérant. Le roi [[:en:Lalitaditya Muktapida|Lalitaditya Muktapida]] (725-753) étend sa domination depuis les plaines du [[Pendjab]] jusqu'à la région montagneuse du [[Ladakh]]. Il englobe temporairement le royaume de [[Kânnauj]]. Lalitâditya fait venir des artisans des pays conquis et développe l'agriculture grâce au drainage et à la mise en place de l'irrigation du bassin de [[Srinagar]] qui constitue le cœur de son royaume. Il fait bâtir des villes et des temples dont celui célèbre de [[Temple de Martanda|Mârtânda]]. Le Cachemire est alors un foyer important de la culture [[sanskrit]]e où prospèrent simultanément [[bouddhisme]] et une école particulière du [[shivaïsme]]. Cette civilisation se maintient jusqu'à l'introduction de l'[[islam]] au {{s-|XIV}}<ref>Jacques Dupuis, ''ibid.'', 2005, p. 169.</ref>.


=== Période coloniale ===
=== Période coloniale ===
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[[Image:Hari Market Jammu.JPG|vignette|Marché de [[Jammu]].]]
[[Image:Hari Market Jammu.JPG|vignette|Marché de [[Jammu]].]]


La [[colonisation]] indienne est amorcée avec l’arrivée du Portugais Vasco de Gama à [[Kozhikode]] en 1498. A partir de ce moment là, des comptoirs commerciaux commencent à fleurir sur les côtes indiennes. Par la suite, les compagnies, plus seulement portugaises, se multiplient, notamment la ''[[East India Company]]'' (lancée en 1599), ou encore la compagnie française des Indes Orientales (fondée en 1673). Dès la victoire de l’anglais Robert Clive sur le ''nawab'' du [[Bengale]] en 1757, les britanniques dominent le continent indien. En 1833, le statut de la ''[[East India Company]]'' est bouleversé puisque la [[couronne britannique]] retire aux compagnies leurs privilèges commerciaux pour les transformer en un instrument de conquêtes territoriales. En 1846 l'empire britannique qui s'étendait jusqu'au sous-continent indien, vend le Cachemire à un chef de guerre hindou, [[Gulab Singh]]. Par ce changement de dirigeant, le Cachemire devient donc un [[État princier des Indes|état princier]] sous souveraineté hindoue (mais il demeure toujours sous protectorat britannique).
La [[colonisation]] européenne est amorcée avec l’arrivée du Portugais Vasco de Gama à [[Kozhikode]] en 1498. À partir de ce moment là, des comptoirs commerciaux commencent à fleurir sur les côtes indiennes. Par la suite, les compagnies, plus seulement portugaises, se multiplient, notamment la ''[[East India Company]]'' (lancée en 1599), ou encore la compagnie française des Indes Orientales (fondée en 1673). Dès la victoire de l’anglais Robert Clive sur le ''nawab'' du [[Bengale]] en 1757, les britanniques dominent le continent indien. En 1833, le statut de la ''[[East India Company]]'' est bouleversé puisque la [[couronne britannique]] retire aux compagnies leurs privilèges commerciaux pour les transformer en un instrument de conquêtes territoriales. En 1846 l'empire britannique qui s'étendait jusqu'au sous-continent indien, vend le Cachemire à un chef de guerre hindou, [[Gulab Singh]]. Par ce changement de dirigeant, le Cachemire devient donc un [[État princier des Indes|état princier]] sous souveraineté hindoue (mais il demeure toujours sous protectorat britannique).


La [[Première guerre anglo-sikhe]] (1845-1846) se conclut par le [[Traité d'Amritsar]] (1846) et l'établissement au sein du [[Raj britannique]] de l'[[État princier (Raj britannique)|État princier]] de [[Jammu-et-Cachemire (principauté)|Jammu-et-Cachemire]], dirigé par la [[Dynastie Dogra]] (ou Jamwal) (1846-1952). Et entre 1848 et 1849 il y aura la [[Seconde Guerre anglo-sikhe]].
La [[Première guerre anglo-sikhe]] (1845-1846) se conclut par le [[Traité d'Amritsar]] (1846) et l'établissement au sein du [[Raj britannique]] de l'[[État princier (Raj britannique)|État princier]] de [[Jammu-et-Cachemire (principauté)|Jammu-et-Cachemire]], dirigé par la [[Dynastie Dogra]] (ou Jamwal) (1846-1952). Entre 1848 et 1849 a lieu la [[Seconde Guerre anglo-sikhe]].


Ce statut sera dissoute en 1857 après la révolte des [[Cipayes]] et ses possessions passent sous l’administration directe de la Couronne, marquant ainsi le début du règne britannique. En 1877, la reine Victoria est couronnée [[impératrice des Indes]].  
Ce statut sera dissous en 1857 après la révolte des [[Cipayes]]. Ses possessions passent sous l’administration directe de la Couronne, marquant ainsi le début du règne britannique. En 1877, la reine Victoria est couronnée [[impératrice des Indes]].  


=== {{s-|XX}} ===
=== {{s-|XX}} ===
[[Image:Siachin27.JPG|vignette|Montagnes du [[glacier de Siachen]].]]
[[Image:Siachin27.JPG|vignette|Montagnes du [[glacier de Siachen]].]]


À la suite de l'[[indépendance de l'Inde]] en 1947 et du [[Pakistan]], un litige naît autour du Cachemire afin de savoir auquel de ces deux pays il va être rattaché, ce qui donne naissance en partie à la [[Première guerre indo-pakistanaise|premiere guerre indo-pakistanaise]] en 1947<ref>{{Ouvrage|auteur1=Guillard Olivier|titre=Géopolitique de l'Inde|sous-titre=le rêve brisé de l'unité.|lieu=Paris|éditeur=Presse universitaires de France|année=2012|isbn=}}</ref>.
À la suite de l'[[indépendance de l'Inde]] en 1947 et du [[Pakistan]], un litige naît autour du Cachemire afin de savoir auquel de ces deux pays il va être rattaché, ce qui donne naissance en partie à la [[Première guerre indo-pakistanaise|premiere guerre indo-pakistanaise]] en 1947<ref>{{Ouvrage|auteur1=Guillard Olivier|titre=Géopolitique de l'Inde|sous-titre=le rêve brisé de l'unité.|lieu=Paris|éditeur=Presses universitaires de France|année=2012|isbn=}}</ref>.
L'Inde avant son indépendance de l'Angleterre était pour une partie dirigé directement par les britanniques et pour l'autre partie appelée États princiers dirigé par les Maharadjas. Dans les états princiers il n'y avait qu'un représentant de la couronne britannique qui avait essentiellement un role de surveillance. Les états princiers n'avait pas le droit d'avoir une véritable armée. Quand l'indépendance a été obtenue les États princiers ont indiqué qu'ils voulaient rester indépendants. Mais comme ils n'avaient pas d'armée Jawaharlal Nehru et Lord Mountbatten les ont convaincu de rejoindre l'Union Indienne moyennant quelques privilèges. Seul le maharadjah de Cachemire a refusé. Peu de temps après alors que le Maharadja du Cachemire était à Srinagar sur un terrain de golfe on l'a informé que des bandes rivales en provenance du Pakistan allaient arriver d'ici quelques jours et dévaster Srinagar. Il a alors tout de suite téléphoné à Nehru pour lui demander de l'aide. Néhru a accepté mais à condition que le Cachemire rejoigne après l'Union Indienne. Le Maharadja a accepté avec comme condition qu'il y ai après un référendum pour savoir si le Cachemire rejoindrait l'Inde ou le Pakistan. Nehru a accepté. L'armée indienne est venu a ainsi empêché les bandes armées du Pakistan d'arriver par contre le référendum n'a jamais eu lieu et l'armée indienne est toujours là depuis ce moment. L'Inde n'a jamais voulu organiser de référendum car le Cachemire est à forte majorité musulman.
L'Inde avant son indépendance de l'Angleterre était pour une partie dirigée directement par les Britanniques et pour l'autre partie, appelée États princiers, dirigée par les Maharadjas. Dans les États princiers il n'y avait qu'un représentant de la couronne britannique qui avait essentiellement un rôle de surveillance. Les États princiers n'avaient pas le droit d'avoir une véritable armée. Quand l'indépendance a été obtenue, les États princiers ont indiqué qu'ils voulaient rester indépendants. Mais comme ils n'avaient pas d'armée, [[Jawaharlal Nehru]] et [[Louis Mountbatten|Lord Mountbatten]] les ont convaincus de rejoindre l'Union Indienne moyennant quelques privilèges. Seul le maharadjah de Cachemire a refusé. Peu de temps après alors que le Maharadja du Cachemire était à Srinagar sur un terrain de golf on l'a informé que des bandes rivales en provenance du Pakistan allaient arriver d'ici quelques jours et dévaster Srinagar. Il a alors tout de suite téléphoné à Nehru pour lui demander de l'aide. Nehru a accepté, mais à condition que le Cachemire rejoigne après l'Union Indienne. Le Maharadja a accepté avec comme condition qu'il y ait après un référendum pour savoir si le Cachemire rejoindrait l'Inde ou le Pakistan. Nehru a accepté. L'armée indienne est venue et a ainsi empêché les bandes armées du Pakistan d'arriver ; par contre le référendum n'a jamais eu lieu et l'armée indienne est toujours là depuis ce moment. L'Inde n'a jamais voulu organiser de référendum car le Cachemire est à forte majorité musulmane.

Il faut savoir que Nehru était d'une famille de brahmane originaire du Kashmir et qu'il était très attaché au Cachemire.
(Pour information il y avait deux états en Inde dont les dirigeants étaient d'une religion différente de celle de la majorité de leurs états: Le Cachemire qui a une majorité musulmane avec un prince hindou et le Nizam d'
Hyderabad qui est musulman dans un état à majorité hindou.)
Le 22 octobre 1947, le [[Jammu-et-Cachemire (État princier)|Jammu et Cachemire]] est envahi par {{nombre|2000|membres}} d’une tribu pakistanaise (des [[pachtounes]]), malgré l’envoi par [[Sheikh Abdullah]] de représentants au Pakistan pour un second volet de discussions. Ces tribus (bien que sous autorité pakistanaise) agissent indépendamment de la volonté de la [[République islamique du Pakistan|République Islamique du Pakistan]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Reynolds Nathalène|titre=Le Cachemire dans le conflit indo-pakistanais (1947-2004). Point sur l'Asie.|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L'Harmattan]]|année=2005|isbn=}}</ref>. De ce fait, le gouvernement du Pakistan avait tenté de refréner les actions de ces tribus, en faisant pression sur leur chef. Cependant, le gouvernement n’y est pas parvenu dans la mesure où le risque de débordement était très accru. Cette invasion a été l’élément déclencheur de la révolte des habitants du [[Poonch]] (district du Cachemire) contre le Maharaja. La situation s’envenime à partir du moment où des bandes armées d’hindous et de [[sikhs]], tous membres de l’Akaki Dal (parti politique sikh), attaquent des villages musulmans au Cachemire. Les Cachemiris sont donc favorables à un rattachement du Jammu et Cachemire à l’Inde. Ainsi, le 26 octobre 1947 la principauté du Jammu et Cachemire adhère à l’Inde. Par la suite, l’Inde déploie ainsi ses troupes sur le territoire mais se heurte à l’assaut de l’armée pakistanaise, qui a toujours pour ambition de rattacher le Jammu et Cachemire au Pakistan.
Le 22 octobre 1947, le [[Jammu-et-Cachemire (État princier)|Jammu et Cachemire]] est envahi par {{nombre|2000|membres}} d’une tribu pakistanaise (des [[pachtounes]]), malgré l’envoi par [[Sheikh Abdullah]] de représentants au Pakistan pour un second volet de discussions. Ces tribus (bien que sous autorité pakistanaise) agissent indépendamment de la volonté de la [[République islamique du Pakistan|République Islamique du Pakistan]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Reynolds Nathalène|titre=Le Cachemire dans le conflit indo-pakistanais (1947-2004). Point sur l'Asie.|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L'Harmattan]]|année=2005|isbn=}}</ref>. De ce fait, le gouvernement du Pakistan avait tenté de refréner les actions de ces tribus, en faisant pression sur leur chef. Cependant, le gouvernement n’y est pas parvenu dans la mesure où le risque de débordement était très accru. Cette invasion a été l’élément déclencheur de la révolte des habitants du [[Poonch]] (district du Cachemire) contre le Maharaja. La situation s’envenime à partir du moment où des bandes armées d’hindous et de [[sikhs]], tous membres de l’Akaki Dal (parti politique sikh), attaquent des villages musulmans au Cachemire. Les Cachemiris sont donc favorables à un rattachement du Jammu et Cachemire à l’Inde. Ainsi, le 26 octobre 1947 la principauté du Jammu et Cachemire adhère à l’Inde. Par la suite, l’Inde déploie ainsi ses troupes sur le territoire mais se heurte à l’assaut de l’armée pakistanaise, qui a toujours pour ambition de rattacher le Jammu et Cachemire au Pakistan.


Par crainte d'une guerre le 1er janvier 1948, le représentant indien s’adresse au Président du Conseil de Sécurité de l’[[ONU]] dans le but d’apaiser les tensions. L'[[ONU]] a donc essayé de mettre différents plans en place, mais tous on échoué comme celui d'avril 1948 qui consistait à rétablir la paix et l'ordre au Jammu et Cachemire. Mais ce plan de démilitarisation a rencontré de nombreuses critiques et n'a donc pas pu être mis en place.
Par crainte d'une guerre le {{1er}} janvier 1948, le représentant indien s’adresse au Président du Conseil de Sécurité de l’[[ONU]] dans le but d’apaiser les tensions. L'[[ONU]] a donc essayé de mettre différents plans en place, mais tous ont échoué comme celui d'avril 1948 qui consistait à rétablir la paix et l'ordre au Jammu et Cachemire.


Le 1er janvier 1949, à la demande de l'Inde, l’ONU intervient afin de négocier un [[cessez-le-feu]]. Se met alors en place une ligne de cessez-le-feu, ayant pour but à la fois de mettre fin au conflit, de créer une cohésion au sein du Cachemire, mais aussi d’éviter de nouveaux combats. Le Cachemire est donc divisé en trois : le [[Jammu-et-Cachemire (État)|Jammu-et-Cachemire]] au sud du Cachemire, appartenant à l’[[Etat fédéré]] indien, puis deux autres régions, l’Azad Jammu-et-Cachemire et les territoires du Nord qui appartiennent au Pakistan, et la Chine qui détient un petit bout du territoire au Nord-Est.
Le {{1er}} janvier 1949, à la demande de l'Inde, l’ONU intervient afin de négocier un [[cessez-le-feu]]. Se met alors en place une ligne de cessez-le-feu, ayant pour but à la fois de mettre fin au conflit, de créer une cohésion au sein du Cachemire, mais aussi d’éviter de nouveaux combats. Le Cachemire est donc divisé en trois : le [[Jammu-et-Cachemire (État)|Jammu-et-Cachemire]] au sud du Cachemire, appartenant à l’[[État fédéré]] indien, puis deux autres régions, l’Azad Jammu-et-Cachemire et les territoires du Nord qui appartiennent au Pakistan, et la Chine qui détient un petit bout du territoire au Nord-Est.


Cette répartition a été mal prise en compte, ce qui a en partie déclenché la [[Seconde guerre indo-pakistanaise|Seconde Guerre indo-pakistanaise]] en 1965.
Cette répartition a été mal prise en compte, ce qui a en partie déclenché la [[Seconde guerre indo-pakistanaise|Seconde Guerre indo-pakistanaise]] en 1965{{Refnec|date=7 septembre 2021}}.


En 1987, la manipulation des élections locales par le gouvernement indien déclenche une insurrection<ref name=":0" />.
En 1987, la manipulation des élections locales par le gouvernement indien déclenche une insurrection<ref name=":0" />.
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[[Image:Ajk 201610.jpg|vignette|L'[[Azad Kashmir]] au [[Pakistan]].]]
[[Image:Ajk 201610.jpg|vignette|L'[[Azad Kashmir]] au [[Pakistan]].]]


Les élections de 2004 qui ont porté le [[Congrès national indien]] au pouvoir en Inde se sont déroulées dans un climat d'apaisement entre les différentes communautés ([[Christianisme|chrétienne]], [[Hindouisme|hindoue]], [[Islam|musulmane]]) puisque le Premier ministre désigné n'était pas hindou, mais [[Sikhisme|sikh]]. En 2014, le retour au pouvoir du BJP rend plus incertaine la conclusion d'un processus de paix au Cachemire.
Cette question apparaît cependant très difficile à résoudre, car, après cinquante années de propagande intérieure, tout gouvernement indien ou pakistanais craint d’être renversé au moindre signe de faiblesse. Les gouvernements en place au tournant du siècle étaient de tendance « dure » : militaire au Pakistan, ultranationaliste du [[Bharatiya Janata Party|BJP]] en Inde, semblant, paradoxalement, avoir plus de poids pour imposer un accord à leurs opinions publiques.

Les élections de 2004 qui ont porté le [[Congrès national indien]] au pouvoir en Inde se sont déroulées dans un climat d'apaisement entre les différentes communautés ([[Christianisme|chrétienne]], [[Hindouisme|hindoue]], [[Islam|musulmane]]) puisque le Premier ministre désigné n'était pas hindou, mais [[Sikhisme|sikh]]. En 2014, le retour au pouvoir du BJP rend plus incertaine la conclusion d'un processus de paix au Cachemire.
* [[Insurrection au Jammu-et-Cachemire]] (depuis 1987)
* [[Insurrection au Jammu-et-Cachemire]] (depuis 1987)
* [[Confrontation indo-pakistanaise de 2001-2002]]
* [[Confrontation indo-pakistanaise de 2001-2002]]
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[[Image:Indian_police_attack_on_mourning_ceremony_of_Muharram_in_Kashmir_015_(2).jpg|vignette|Manifestation dans la Cachemire indien à l'occasion de la [[mouharram]].]]
[[Image:Indian_police_attack_on_mourning_ceremony_of_Muharram_in_Kashmir_015_(2).jpg|vignette|Manifestation dans la Cachemire indien à l'occasion de la [[mouharram]].]]


Le {{date|5 août 2019}}, en abolissant les articles 370 et 35A de la constitution indienne, le gouvernement indien révoque l'autonomie constitutionnelle du Cachemire. L'Inde interrompt tous les canaux de télécommunications : réseaux mobiles, internet, haut débit et lignes terrestres, au Cachemire<ref>{{Lien web |langue= |titre=L'Inde révoque par surprise l'autonomie du Cachemire, une décision explosive |url=https://www.bfmtv.com/international/l-inde-revoque-par-surprise-l-autonomie-du-cachemire-une-decision-explosive-1743020.html |date=5 août 2019 |site=bfmtv.com |consulté le= 5 août 2019}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue= |titre=L'Inde durcit sa mainmise sur le Cachemire en révoquant son autonomie constitutionnelle |url=https://www.20minutes.fr/monde/2577783-20190805-inde-durcit-mainmise-cachemire-revoquant-autonomie-constitutionnelle |date=5 août 2019 |site=20minutes.fr |consulté le= 5 août 2019}}.</ref>. Les mouvements de rue sont réprimés, faisant seize morts, et nombre de personnes, manifestants ou personnalités politique (dont [[Mehbooba Mufti]], ministre en chef de la province d'avril [[2016]] à juin 2018), sont incarcérées<ref name=":0">{{Lien web|langue=fr|nom1=Naravane|prénom1=Vaiju|titre=Au Cachemire, l’hindouisme sabre au clair|url=https://www.monde-diplomatique.fr/2019/10/NARAVANE/60460|site=Le Monde diplomatique|date=2019-10-01}}</ref>
Le {{date|5 août 2019}}, en abolissant les articles 370 et 35A de la constitution indienne, le gouvernement indien révoque l'autonomie constitutionnelle du Cachemire. L'Inde interrompt tous les canaux de télécommunications : réseaux mobiles, internet, haut débit et lignes terrestres, au Cachemire<ref>{{Lien web |langue= |titre=L'Inde révoque par surprise l'autonomie du Cachemire, une décision explosive |url=https://www.bfmtv.com/international/l-inde-revoque-par-surprise-l-autonomie-du-cachemire-une-decision-explosive-1743020.html |date=5 août 2019 |site=bfmtv.com |consulté le= 5 août 2019}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue= |titre=L'Inde durcit sa mainmise sur le Cachemire en révoquant son autonomie constitutionnelle |url=https://www.20minutes.fr/monde/2577783-20190805-inde-durcit-mainmise-cachemire-revoquant-autonomie-constitutionnelle |date=5 août 2019 |site=20minutes.fr |consulté le= 5 août 2019}}.</ref>. Les mouvements de rue sont réprimés, faisant seize morts, et nombre de personnes, manifestants ou personnalités politiques (dont [[Mehbooba Mufti]], ministre en chef de la province d'avril [[2016]] à juin 2018), sont incarcérées<ref name=":0">{{Lien web|langue=fr|nom1=Naravane|prénom1=Vaiju|titre=Au Cachemire, l’hindouisme sabre au clair|url=https://www.monde-diplomatique.fr/2019/10/NARAVANE/60460|site=Le Monde diplomatique|date=2019-10-01}}</ref>.


Selon le site d'information en ligne indépendant The Wire, cette décision « devrait avoir des retombées négatives considérables à trois niveaux. D'abord, du point de vue des violations de droits humains au sein du Cachemire. Ensuite, concernant la place de l'Inde sur la scène internationale : M. Modi a entamé le prestige démocratique du pays. Enfin, cela pose de graves problèmes pour le fonctionnement de la démocratie, car des mesures semblables peuvent être prises contre des États perçus comme récalcitrants ou hostiles au gouvernement. » L’essayiste et journaliste Prem Shankar Jha souligne que « des milliers de jeunes Cachemiris qui étaient jusqu'alors restés en marge de l'insurrection vont rejoindre ses rangs. » La communauté internationale — à l'exception du Pakistan et de la Chine — reste passive<ref name=":0" />
Selon le site d'information en ligne indépendant The Wire, cette décision « devrait avoir des retombées négatives considérables à trois niveaux. D'abord, du point de vue des violations de droits humains au sein du Cachemire. Ensuite, concernant la place de l'Inde sur la scène internationale : M. Modi a entamé le prestige démocratique du pays. Enfin, cela pose de graves problèmes pour le fonctionnement de la démocratie, car des mesures semblables peuvent être prises contre des États perçus comme récalcitrants ou hostiles au gouvernement. » L’essayiste et journaliste Prem Shankar Jha souligne que « des milliers de jeunes Cachemiris qui étaient jusqu'alors restés en marge de l'insurrection vont rejoindre ses rangs. » La communauté internationale — à l'exception du Pakistan et de la Chine — reste passive<ref name=":0" />
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== Culture ==
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[[Fichier:Cachemire religions 2011.png|vignette|Cachemire indien : religion majoritaire ou première religion par sous district selon le recensement indien de 2011.]]
[[Fichier:Cachemire religions 2011.png|vignette|Cachemire indien : religion majoritaire ou première religion par sous district selon le recensement indien de 2011.]]
Le Cachemire chinois est une zone très peu peuplée voire inhabitée<ref>{{Chapitre|langue=en|prénom1=Stephen P.|nom1=Westcott|titre chapitre=The Elusive Settlement|titre ouvrage=Global India|éditeur=[[Routledge]]|date=2022-11-02|pages totales=83–100|isbn=978-1-003-30513-2|doi=10.4324/9781003305132-8|lire en ligne=https://www.taylorfrancis.com/books/9781003305132/chapters/10.4324/9781003305132-8|consulté le=2024-02-27}}</ref>, où la présence de population a été historiquement de caractère occasionnel ou saisonnier. Celle-ci diverge en fonction du territoire dans le Cachemire chinois. Dans la [[vallée de Shaksgam]], une étroite bande de terre à la frontière avec le Pakistan, ce sont les nomades [[Kirghizes]] (de [[Langues turciques|langue turcique]]) et [[Sariqoli|Sariqolis]] (de [[Langues iraniennes|langue iranienne]]) musulmans, ainsi que les estivants [[Bourouchos]] de [[Hunza]], qui y étaient historiquement recensés<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Sujan R. Chinoy|titre=The Forgotten Fact of “China-Occupied Kashmir”|périodique=Special feature|lieu=New Delhi|éditeur=Manohar Parrikar Institute for Defence Studies and Analyses|date=13/11/2020|lire en ligne=https://www.idsa.in/specialfeature/forgotten-fact-of-china-occupied-kashmir-srchinoy-131120|accès url=libre}}</ref>. Dans l'[[Aksai Chin]], vaste plateau de haute altitude, situé à l'est du Cachemire indien, la rare présence humaine était le fait des [[Changpas]], des nomades de langue tibétique et de religion bouddhiste ([[Bouddhisme tibétain|tantrisme]]).
Le Cachemire chinois est une zone très peu peuplée, de langue [[tibétain]]e et de religion bouddhiste ([[Bouddhisme tibétain|tantrisme]]).


Le Cachemire pakistanais ([[Azad Cachemire]]) parle des langues indo-européennes du groupe [[Langues indo-aryennes|indo-aryen]] et est de religion musulmane.
Le Cachemire pakistanais parle majoritairement des langues indo-européennes du groupe [[Langues indo-aryennes|indo-aryen]] et est de religion musulmane. Néanmoins, de forts contrastes existent entre les deux subdivisions territoriales qui s'y trouvent, l'[[Azad Cachemire]] (dans sa partie méridionale ; la plus peuplée) et le [[Gilgit-Baltistan]] (dans sa partie centrale et septentrionale ; la plus étendue).

* Le Gilgit-Baltistan présente une diversité linguistique importante, composé de nombreux groupes ethnolinguistiques qui ne forment pas de majorité. Des langues indo-européennes du groupe [[Langues indo-aryennes|indo-aryen]] y sont parlées, telles que le [[shina]] et le [[khowar]], on y trouve également des populations telles que les [[Wakhis]] (de [[Langues iraniennes|langue iranienne]]), les [[Balti (peuple)|Baltis]] (de [[Langues tibétiques|langue tibétique]]) ou les Bourouchos, locuteurs du [[bourouchaski]] ([[Isolat (linguistique)|isolat]]). Tandis que l'Azad Cachemire parle de manière prédominante le [[pothohari]], une langue proche du [[pendjabi]]<ref name=":1">{{Article|langue=fr|auteur1=Jean-Luc Racine|titre=Le Cachemire : une géopolitique himalayenne|périodique=[[Hérodote (revue)|Hérodote]]|numéro=107|titre numéro=Géopolitique des montagnes|éditeur=[[La Découverte]]|date=17/10/2002|issn=0338-487X|oclc=7481096195|doi=10.3917/her.107.0017|accès url=libre}}</ref>.
* Le Gilgit-Baltistan se distingue également par ses spécificités religieuses, le [[chiisme]] y étant le courant religieux majoritairement suivi, une exception au Pakistan. L'Azad Cachemire, dans ses pratiques religieuses, ne se démarque pas de la norme nationale.


Le Cachemire indien est une zone de rencontre entre les langues et les religions de la région.
Le Cachemire indien est une zone de rencontre entre les langues et les religions de la région.
* Concernant les langues, deux zones existent : une zone parlant des [[langues tibétiques]], à l'est, et une autre parlant plusieurs [[langues indo-aryennes]], à l'ouest. Une forte diversité linguistique est aussi présente dans cette région, bien que des langues prédominantes peuvent être remarquées, telles que le [[cachemiri]], parlé dans le Cachemire ''stricto sensu'' ou [[vallée du Cachemire]], le [[dogri]] dans la région de [[Jammu]], le [[ladakhi]] dans le [[Ladakh]], et le gojri, langue des [[Gurjar|Gurjars]], dans la région de [[Poonch]]<ref name=":1" />. À celles-ci s'ajoutent des langues moins répandues, telles que le purigi et le balti, le shina, le [[brokskat]], langue des [[Brokpa|Brokpas]], ou encore des [[Langues pahari|langues paharies]] occidentales telles que le bhadarwahi et le padri.
* Concernant les langues, deux zones existent : une zone parlant un dialecte du [[tibétain]], à l'est, et une autre parlant plusieurs [[langues indo-aryennes]], à l'ouest.
* Concernant les religions, trois zones existent : une zone dominée par les [[hindouisme|hindouistes]], au sud et à l'ouest, une zone dominée par des [[Bouddhisme tibétain|bouddhistes tibétains]], à l'est, et enfin une zone dominée par les [[islam|musulmans]], au nord et au centre.
* Concernant les religions, trois zones existent : une zone dominée par les [[hindouisme|hindouistes]], au sud et à l'ouest, une zone dominée par des [[Bouddhisme tibétain|bouddhistes tibétains]], à l'est, et enfin une zone dominée par les [[islam|musulmans]], au nord et au centre.
* L'artiste [[KSHMR]] tient son pseudonyme en référence à ce lieu.
* L'artiste [[KSHMR]] tient son pseudonyme en référence à ce lieu, auquel il est lié par ses origines cachemiries.


Sur la [[Ligne de contrôle (Cachemire)|ligne de contrôle]] établie en 2003 à la [[frontière entre l'Inde et le Pakistan]], l'érection en 2007 d'une barrière de rangs de barbelés de 2 à 4 mètres de hauteur a rendu impossible la migration du [[cerf du Cachemire]], du [[Markhor]] et d'autres espèces et entrainé leur disparition de la partie pakistanaise du Cachemire, où elles étaient autrefois très présentes<ref name=ladepeche>{{Article|url=https://www.ladepeche.fr/article/2016/02/23/2282810-cachemire-faune-paie-prix-eleve-conflit-indo-pakistanais.html|auteur=[[Agence France-Presse]]|titre=Au Cachemire, la faune paie un prix élevé au conflit indo-pakistanais|date=23 février 2016|périodique=[[La Dépêche du Midi]]}}</ref>.
Sur la [[Ligne de contrôle (Cachemire)|ligne de contrôle]] établie en 2003 à la [[frontière entre l'Inde et le Pakistan]], l'érection en 2007 d'une barrière de rangs de barbelés de 2 à 4 mètres de hauteur a rendu impossible la migration du [[cerf du Cachemire]], du [[Markhor]] et d'autres espèces et entrainé leur disparition de la partie pakistanaise du Cachemire, où elles étaient autrefois très présentes<ref name=ladepeche>{{Article|url=https://www.ladepeche.fr/article/2016/02/23/2282810-cachemire-faune-paie-prix-eleve-conflit-indo-pakistanais.html|auteur=[[Agence France-Presse]]|titre=Au Cachemire, la faune paie un prix élevé au conflit indo-pakistanais|date=23 février 2016|périodique=[[La Dépêche du Midi]]}}</ref>.
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==Voir aussi==
== Articles connexes ==
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* [[Musique cachemirie]]
* [[Musique cachemirie]]
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* [[Groupe d'observateurs militaires des Nations unies pour l'Inde et le Pakistan]]
* [[Groupe d'observateurs militaires des Nations unies pour l'Inde et le Pakistan]]
* [[Alphasyllabaire sharda]]
* [[Alphasyllabaire sharda]]
* [[Cachemire (tissu)]]
* [[Meghavahana]] 

=== Liens externes ===
{{Liens}}
*[https://theconversation.com/au-cachemire-la-guerre-des-langues-fait-rage-dans-lombre-134193 « Au Cachemire, la guerre des langues fait rage dans l’ombre »], Shahzaman Haque, The Conversation


{{Palette|Entités administratives du Cachemire}}
{{Palette|Entités administratives du Cachemire}}

Dernière version du 10 avril 2024 à 15:17

Cachemire
Géographie
Pays
Pays
État souverain
Localisation géographique
Revendiqué par
Superficie
176 119,19 km2Voir et modifier les données sur Wikidata
Coordonnées
Démographie
Population
3,9 M hab. ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Densité
22,4 hab./km2 ()
Fonctionnement
Statut
Identité
Langue officielle
Carte

Le Cachemire (variante orthographique rare : Kashmir) est une région montagneuse du sous-continent indien. On désigne sous ce vocable, depuis la partition des Indes et la disparition de l'État princier du Jammu-et-Cachemire, l'ensemble du territoire qui constituait ce dernier.

Depuis le déclenchement de la première guerre indo-pakistanaise en 1947, le Cachemire est de facto partagé entre l'Inde, le Pakistan et la Chine qui administrent le territoire du Jammu-et-Cachemire et du Ladakh pour l'Inde, les territoires de l'Azad Cachemire et du Gilgit-Baltistan pour le Pakistan ainsi que la région de l'Aksai Chin et la vallée de Shaksgam pour la Chine.

L'Inde continue de réclamer l'intégralité du Cachemire historique, à savoir l'Aksai Chin, la vallée de Shaksgam, le Gilgit-Baltistan et l'Azad Cachemire en plus des territoires qu'elle contrôle déjà.

Le Pakistan revendique le Jammu-et-Cachemire contrôlé par l'Inde.

La Chine contrôle l'intégralité des territoires qu'elle revendique dans cette région, à savoir l'Aksai Chin et la vallée de Shaksgam. La souveraineté sur ces deux territoires chinois est reconnue par le Pakistan, mais pas par l'Inde. Des mouvements séparatistes continuent par ailleurs à prôner le rétablissement de l'indépendance du Cachemire.

Géographie[modifier | modifier le code]

Carte du Cachemire entouré en bleu : le Pakistan est en vert, l'Inde en bleu, la Chine en jaune, les autres pays en gris, le no man's land du glacier de Siachen en bleu.
Vue panoramique de Srinagar dans la vallée du Cachemire.

Le Cachemire est situé en Asie, dans le Nord du sous-continent indien, dans le Nord de l'Inde et du Pakistan et l'Extrême Ouest de la Chine. Il est frontalier de l'Afghanistan au nord.

Couvrant l'extrémité occidentale de l'Himalaya, le Karakoram et l'extrémité orientale de l'Hindou Kouch, la région est très montagneuse, parcourue par de nombreuses vallées dont les plus importantes sont celles du Cachemire et la haute vallée de l'Indus. Une toute petite frange de la plaine indo-gangétique constitue l'extrémité sud-ouest du Cachemire. Le Cachemire est aussi traversé par une chaîne de montagnes : le Pir Panjal, dont les sommets atteignent plus de 4500 m et dont les cols les plus bas s’élèvent à 3500m.

C’est un pays qui possède de grandes ressources en eau, élément vital pour irriguer les cultures et nourrir les populations. On le nomme communément « château d’eau »[1].

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le fort de Baltit dans la vallée de la Hunza, au Gilgit-Baltistan.

Le Nilamata Purana décrit l'origine de la vallée à partir des eaux, un fait corroboré par des géologues éminents, et montre comment le nom même de la terre a été dérivé du processus de dessiccation — Ka signifie « eau » et Shimir signifie « dessécher ». Par conséquent, le Cachemire signifie « un terrain desséché de l'eau ». Il y a aussi une théorie qui prend le Cachemire pour être une contraction de Kashyap-mira, de Kashyapmir ou de Kashyapmeru, la « mer ou montagne de Kashyapa », le sage qui a été crédité d'avoir vidé les eaux du lac primitif Satisar, que Cachemire était avant qu'il ne soit récupéré. Le Nilamata Purana donne le nom Kashmira à la vallée du Cachemire comprend le lac Wular (en) Mira qui signifie le « lac de la mer ou la montagne du Sage Kashyapa ». Mira en sanskrit signifie « océan » ou les « frontières », considérant qu'il s'agit d'un mode de réalisation d'Uma[Quoi ?] et c'est le Cachemire que le monde connaît aujourd'hui[réf. nécessaire]. Les Kashmiris, cependant, l'appellent Kashir, qui a été dérivé phonétiquement du Cachemire.

Les Grecs anciens l'ont appelé Kashyapa-pura, qui a été identifié avec Kaspapyros de Hecatée (via Étienne de Byzance) et Kaspatyros d'Hérodote (3.102, 4.44). Le Cachemire est également considéré comme le pays désigné par la Kaspeiria de Ptolémée. Cashmere est une orthographe archaïque du présent-Cachemire et, dans certains pays, il est encore écrit de cette façon. La terre et les gens étaient connus sous le nom de « Kashir » dont le « Cachemire » était également dérivé. Elle était appelée « Kaspeiria » par les Grecs anciens. Dans la littérature classique, Hérodote l'appelle Kaspatyrol[2]. Xuanzang, un moine chinois qui a visité le Cachemire en 631, le désigne sous le nom de Kia-shi-mi-lo. Les Tibétains l'appellent Khachal, qui signifie « neige montagne »[2]. Cette zone a toujours été une terre de rivières, de lacs et de fleurs sauvages. La rivière Jhelum s'écoule tout au long de la vallée.

Histoire[modifier | modifier le code]

Histoire ancienne[modifier | modifier le code]

Montagne du Ladakh.

Anciennement peuplée, la région est gagnée à la culture hindoue au moins dès le VIe siècle avant notre ère. Elle appartient à plusieurs reprises aux grands empires de l'Inde notamment sous Ashoka et Kanishka[3].

Au VIIIe siècle, c'est un État indépendant et conquérant. Le roi Lalitaditya Muktapida (725-753) étend sa domination depuis les plaines du Pendjab jusqu'à la région montagneuse du Ladakh. Il englobe temporairement le royaume de Kânnauj. Lalitâditya fait venir des artisans des pays conquis et développe l'agriculture grâce au drainage et à la mise en place de l'irrigation du bassin de Srinagar qui constitue le cœur de son royaume. Il fait bâtir des villes et des temples dont celui célèbre de Mârtânda. Le Cachemire est alors un foyer important de la culture sanskrite où prospèrent simultanément bouddhisme et une école particulière du shivaïsme. Cette civilisation se maintient jusqu'à l'introduction de l'islam au XIVe siècle[4].

Période coloniale[modifier | modifier le code]

Marché de Jammu.

La colonisation européenne est amorcée avec l’arrivée du Portugais Vasco de Gama à Kozhikode en 1498. À partir de ce moment là, des comptoirs commerciaux commencent à fleurir sur les côtes indiennes. Par la suite, les compagnies, plus seulement portugaises, se multiplient, notamment la East India Company (lancée en 1599), ou encore la compagnie française des Indes Orientales (fondée en 1673). Dès la victoire de l’anglais Robert Clive sur le nawab du Bengale en 1757, les britanniques dominent le continent indien. En 1833, le statut de la East India Company est bouleversé puisque la couronne britannique retire aux compagnies leurs privilèges commerciaux pour les transformer en un instrument de conquêtes territoriales. En 1846 l'empire britannique qui s'étendait jusqu'au sous-continent indien, vend le Cachemire à un chef de guerre hindou, Gulab Singh. Par ce changement de dirigeant, le Cachemire devient donc un état princier sous souveraineté hindoue (mais il demeure toujours sous protectorat britannique).

La Première guerre anglo-sikhe (1845-1846) se conclut par le Traité d'Amritsar (1846) et l'établissement au sein du Raj britannique de l'État princier de Jammu-et-Cachemire, dirigé par la Dynastie Dogra (ou Jamwal) (1846-1952). Entre 1848 et 1849 a lieu la Seconde Guerre anglo-sikhe.

Ce statut sera dissous en 1857 après la révolte des Cipayes. Ses possessions passent sous l’administration directe de la Couronne, marquant ainsi le début du règne britannique. En 1877, la reine Victoria est couronnée impératrice des Indes.  

XXe siècle[modifier | modifier le code]

Montagnes du glacier de Siachen.

À la suite de l'indépendance de l'Inde en 1947 et du Pakistan, un litige naît autour du Cachemire afin de savoir auquel de ces deux pays il va être rattaché, ce qui donne naissance en partie à la premiere guerre indo-pakistanaise en 1947[5]. L'Inde avant son indépendance de l'Angleterre était pour une partie dirigée directement par les Britanniques et pour l'autre partie, appelée États princiers, dirigée par les Maharadjas. Dans les États princiers il n'y avait qu'un représentant de la couronne britannique qui avait essentiellement un rôle de surveillance. Les États princiers n'avaient pas le droit d'avoir une véritable armée. Quand l'indépendance a été obtenue, les États princiers ont indiqué qu'ils voulaient rester indépendants. Mais comme ils n'avaient pas d'armée, Jawaharlal Nehru et Lord Mountbatten les ont convaincus de rejoindre l'Union Indienne moyennant quelques privilèges. Seul le maharadjah de Cachemire a refusé. Peu de temps après alors que le Maharadja du Cachemire était à Srinagar sur un terrain de golf on l'a informé que des bandes rivales en provenance du Pakistan allaient arriver d'ici quelques jours et dévaster Srinagar. Il a alors tout de suite téléphoné à Nehru pour lui demander de l'aide. Nehru a accepté, mais à condition que le Cachemire rejoigne après l'Union Indienne. Le Maharadja a accepté avec comme condition qu'il y ait après un référendum pour savoir si le Cachemire rejoindrait l'Inde ou le Pakistan. Nehru a accepté. L'armée indienne est venue et a ainsi empêché les bandes armées du Pakistan d'arriver ; par contre le référendum n'a jamais eu lieu et l'armée indienne est toujours là depuis ce moment. L'Inde n'a jamais voulu organiser de référendum car le Cachemire est à forte majorité musulmane.

Le 22 octobre 1947, le Jammu et Cachemire est envahi par 2 000 membres d’une tribu pakistanaise (des pachtounes), malgré l’envoi par Sheikh Abdullah de représentants au Pakistan pour un second volet de discussions. Ces tribus (bien que sous autorité pakistanaise) agissent indépendamment de la volonté de la République Islamique du Pakistan[6]. De ce fait, le gouvernement du Pakistan avait tenté de refréner les actions de ces tribus, en faisant pression sur leur chef. Cependant, le gouvernement n’y est pas parvenu dans la mesure où le risque de débordement était très accru. Cette invasion a été l’élément déclencheur de la révolte des habitants du Poonch (district du Cachemire) contre le Maharaja. La situation s’envenime à partir du moment où des bandes armées d’hindous et de sikhs, tous membres de l’Akaki Dal (parti politique sikh), attaquent des villages musulmans au Cachemire. Les Cachemiris sont donc favorables à un rattachement du Jammu et Cachemire à l’Inde. Ainsi, le 26 octobre 1947 la principauté du Jammu et Cachemire adhère à l’Inde. Par la suite, l’Inde déploie ainsi ses troupes sur le territoire mais se heurte à l’assaut de l’armée pakistanaise, qui a toujours pour ambition de rattacher le Jammu et Cachemire au Pakistan.

Par crainte d'une guerre le 1er janvier 1948, le représentant indien s’adresse au Président du Conseil de Sécurité de l’ONU dans le but d’apaiser les tensions. L'ONU a donc essayé de mettre différents plans en place, mais tous ont échoué comme celui d'avril 1948 qui consistait à rétablir la paix et l'ordre au Jammu et Cachemire.

Le 1er janvier 1949, à la demande de l'Inde, l’ONU intervient afin de négocier un cessez-le-feu. Se met alors en place une ligne de cessez-le-feu, ayant pour but à la fois de mettre fin au conflit, de créer une cohésion au sein du Cachemire, mais aussi d’éviter de nouveaux combats. Le Cachemire est donc divisé en trois : le Jammu-et-Cachemire au sud du Cachemire, appartenant à l’État fédéré indien, puis deux autres régions, l’Azad Jammu-et-Cachemire et les territoires du Nord qui appartiennent au Pakistan, et la Chine qui détient un petit bout du territoire au Nord-Est.

Cette répartition a été mal prise en compte, ce qui a en partie déclenché la Seconde Guerre indo-pakistanaise en 1965[réf. nécessaire].

En 1987, la manipulation des élections locales par le gouvernement indien déclenche une insurrection[7].

Leur accès « officiel », en 1998, à la maîtrise des armements nucléaires ne semble pas avoir aggravé ces risques, au contraire : on assiste à une sorte de guerre froide entre les deux pays, aucun des deux ne souhaitant réellement utiliser cette arme.

XXIe siècle[modifier | modifier le code]

L'Azad Kashmir au Pakistan.

Les élections de 2004 qui ont porté le Congrès national indien au pouvoir en Inde se sont déroulées dans un climat d'apaisement entre les différentes communautés (chrétienne, hindoue, musulmane) puisque le Premier ministre désigné n'était pas hindou, mais sikh. En 2014, le retour au pouvoir du BJP rend plus incertaine la conclusion d'un processus de paix au Cachemire.

Manifestation dans la Cachemire indien à l'occasion de la mouharram.

Le , en abolissant les articles 370 et 35A de la constitution indienne, le gouvernement indien révoque l'autonomie constitutionnelle du Cachemire. L'Inde interrompt tous les canaux de télécommunications : réseaux mobiles, internet, haut débit et lignes terrestres, au Cachemire[8],[9]. Les mouvements de rue sont réprimés, faisant seize morts, et nombre de personnes, manifestants ou personnalités politiques (dont Mehbooba Mufti, ministre en chef de la province d'avril 2016 à juin 2018), sont incarcérées[7].

Selon le site d'information en ligne indépendant The Wire, cette décision « devrait avoir des retombées négatives considérables à trois niveaux. D'abord, du point de vue des violations de droits humains au sein du Cachemire. Ensuite, concernant la place de l'Inde sur la scène internationale : M. Modi a entamé le prestige démocratique du pays. Enfin, cela pose de graves problèmes pour le fonctionnement de la démocratie, car des mesures semblables peuvent être prises contre des États perçus comme récalcitrants ou hostiles au gouvernement. » L’essayiste et journaliste Prem Shankar Jha souligne que « des milliers de jeunes Cachemiris qui étaient jusqu'alors restés en marge de l'insurrection vont rejoindre ses rangs. » La communauté internationale — à l'exception du Pakistan et de la Chine — reste passive[7]

Démographie[modifier | modifier le code]

Le Cachemire comporte 10 millions d’habitants[Quand ?] pour une superficie de 218 000 km2.

Administré par Région Population % Islam % Hindouisme % Bouddhisme % Autre
Drapeau de l'Inde Inde Vallée du Cachemire ~4 millions 95 % 4 %
Jammu ~3 millions 30 % 66 % 4 %
Ladakh ~0,25 million 46 % 50 % 3 %
Drapeau du Pakistan Pakistan Azad Kashmir ~2,6 millions 100 %
Gilgit-Baltistan ~1 million 99 %
Drapeau de la République populaire de Chine Chine Aksai Chin
Vallée de Shaksgam

Culture[modifier | modifier le code]

Cachemire indien : religion majoritaire ou première religion par sous district selon le recensement indien de 2011.

Le Cachemire chinois est une zone très peu peuplée voire inhabitée[10], où la présence de population a été historiquement de caractère occasionnel ou saisonnier. Celle-ci diverge en fonction du territoire dans le Cachemire chinois. Dans la vallée de Shaksgam, une étroite bande de terre à la frontière avec le Pakistan, ce sont les nomades Kirghizes (de langue turcique) et Sariqolis (de langue iranienne) musulmans, ainsi que les estivants Bourouchos de Hunza, qui y étaient historiquement recensés[11]. Dans l'Aksai Chin, vaste plateau de haute altitude, situé à l'est du Cachemire indien, la rare présence humaine était le fait des Changpas, des nomades de langue tibétique et de religion bouddhiste (tantrisme).

Le Cachemire pakistanais parle majoritairement des langues indo-européennes du groupe indo-aryen et est de religion musulmane. Néanmoins, de forts contrastes existent entre les deux subdivisions territoriales qui s'y trouvent, l'Azad Cachemire (dans sa partie méridionale ; la plus peuplée) et le Gilgit-Baltistan (dans sa partie centrale et septentrionale ; la plus étendue).

  • Le Gilgit-Baltistan présente une diversité linguistique importante, composé de nombreux groupes ethnolinguistiques qui ne forment pas de majorité. Des langues indo-européennes du groupe indo-aryen y sont parlées, telles que le shina et le khowar, on y trouve également des populations telles que les Wakhis (de langue iranienne), les Baltis (de langue tibétique) ou les Bourouchos, locuteurs du bourouchaski (isolat). Tandis que l'Azad Cachemire parle de manière prédominante le pothohari, une langue proche du pendjabi[12].
  • Le Gilgit-Baltistan se distingue également par ses spécificités religieuses, le chiisme y étant le courant religieux majoritairement suivi, une exception au Pakistan. L'Azad Cachemire, dans ses pratiques religieuses, ne se démarque pas de la norme nationale.

Le Cachemire indien est une zone de rencontre entre les langues et les religions de la région.

  • Concernant les langues, deux zones existent : une zone parlant des langues tibétiques, à l'est, et une autre parlant plusieurs langues indo-aryennes, à l'ouest. Une forte diversité linguistique est aussi présente dans cette région, bien que des langues prédominantes peuvent être remarquées, telles que le cachemiri, parlé dans le Cachemire stricto sensu ou vallée du Cachemire, le dogri dans la région de Jammu, le ladakhi dans le Ladakh, et le gojri, langue des Gurjars, dans la région de Poonch[12]. À celles-ci s'ajoutent des langues moins répandues, telles que le purigi et le balti, le shina, le brokskat, langue des Brokpas, ou encore des langues paharies occidentales telles que le bhadarwahi et le padri.
  • Concernant les religions, trois zones existent : une zone dominée par les hindouistes, au sud et à l'ouest, une zone dominée par des bouddhistes tibétains, à l'est, et enfin une zone dominée par les musulmans, au nord et au centre.
  • L'artiste KSHMR tient son pseudonyme en référence à ce lieu, auquel il est lié par ses origines cachemiries.

Sur la ligne de contrôle établie en 2003 à la frontière entre l'Inde et le Pakistan, l'érection en 2007 d'une barrière de rangs de barbelés de 2 à 4 mètres de hauteur a rendu impossible la migration du cerf du Cachemire, du Markhor et d'autres espèces et entrainé leur disparition de la partie pakistanaise du Cachemire, où elles étaient autrefois très présentes[13].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. La Documentation française, « La question du Cachemire », sur www.ladocumentationfrancaise.fr (consulté le )
  2. a et b P. N. K. Bamzai, Culture et histoire politique du Cachemire, vol. 1, New Delhi, MD Publications, 1994, pp. 4-6.
  3. Jacques Dupuis, Histoire de l'Inde, 2e éd., Éditions Kailash, 2005, p. 169.
  4. Jacques Dupuis, ibid., 2005, p. 169.
  5. Guillard Olivier, Géopolitique de l'Inde : le rêve brisé de l'unité., Paris, Presses universitaires de France,
  6. Reynolds Nathalène, Le Cachemire dans le conflit indo-pakistanais (1947-2004). Point sur l'Asie., Paris, L'Harmattan,
  7. a b et c Vaiju Naravane, « Au Cachemire, l’hindouisme sabre au clair », sur Le Monde diplomatique,
  8. « L'Inde révoque par surprise l'autonomie du Cachemire, une décision explosive », sur bfmtv.com, (consulté le )
  9. « L'Inde durcit sa mainmise sur le Cachemire en révoquant son autonomie constitutionnelle », sur 20minutes.fr, (consulté le ).
  10. (en) Stephen P. Westcott, « The Elusive Settlement », dans Global India, Routledge, , 83–100 p. (ISBN 978-1-003-30513-2, DOI 10.4324/9781003305132-8, lire en ligne)
  11. (en) Sujan R. Chinoy, « The Forgotten Fact of “China-Occupied Kashmir” », Special feature, New Delhi, Manohar Parrikar Institute for Defence Studies and Analyses,‎ (lire en ligne Accès libre)
  12. a et b Jean-Luc Racine, « Le Cachemire : une géopolitique himalayenne », Hérodote, La Découverte, no 107 « Géopolitique des montagnes »,‎ (ISSN 0338-487X, OCLC 7481096195, DOI 10.3917/her.107.0017)
  13. Agence France-Presse, « Au Cachemire, la faune paie un prix élevé au conflit indo-pakistanais », La Dépêche du Midi,‎ (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]