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| logo = United Artists.png
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| légende = Logotype actuel de United Artists
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| image = United Artists contract signature 1919.jpg
| légende image = De gauche à droite au premier plan : [[D. W. Griffith]], [[Mary Pickford]], [[Charlie Chaplin]] (assis) et [[Douglas Fairbanks]] à la signature du contrat établissant la société United Artists en [[1919]]
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'''{{langue|en|United Artists}}''' ('''UA'''), connue aussi sous le nom de sa [[filiale]] [[France|française]] '''Les Artistes associés''', est une société de [[Distribution de film|distribution]] puis de [[Producteur de cinéma|production de cinéma]] [[États-Unis|américaine]] fondée le {{date|5|février|1919|au cinéma}} par quatre pionniers d'[[Cinéma américain|Hollywood]] : [[Charlie Chaplin]], [[Douglas Fairbanks]], [[Mary Pickford]] et [[D. W. Griffith]]. Créée comme une [[coopérative]] destinée à distribuer les œuvres de ses fondateurs, elle se diversifie dans les [[années 1920]] et [[années 1930]] en attirant d'autres producteurs indépendants.
'''{{langue|en|United Artists}}''' ('''UA'''), connue aussi sous le nom de sa [[filiale]] [[France|française]] '''Les Artistes associés''', est une société de [[Distribution de film|distribution]] puis de [[Producteur de cinéma|production de cinéma]] [[États-Unis|américaine]] fondée le {{date|5|février|1919|au cinéma}} par quatre pionniers de [[Cinéma américain|Hollywood]] : [[Charlie Chaplin]], [[Douglas Fairbanks]], [[Mary Pickford]] et [[D. W. Griffith]]. Créée comme une [[coopérative]] destinée à distribuer les œuvres de ses fondateurs, elle se diversifie dans les [[années 1920]] et [[années 1930]] en attirant d'autres producteurs indépendants.


Dans les [[années 1940]], des dissensions entre ses fondateurs amènent UA à la quasi-faillite. À partir des [[années 1950]], elle entame une renaissance en commençant à financer la [[Cinéma indépendant|production indépendante]]. Sa progression se poursuit au cours des [[années 1960]], et, dans les [[années 1970]] à [[1980 au cinéma|1980]], elle prend place dans la liste des [[Major du cinéma|8 majors]], les principaux [[Studio de cinéma|studios]] [[Hollywood|hollywoodiens]] qui, règnent sur le cinéma américain. Dans les [[années 1990]], victime d'une crise de [[management]], elle amorce une période de déclin et redevient un simple distributeur. Elle ne renoue avec la production qu'à la fin des [[années 2000]].
Dans les [[années 1940]], des dissensions entre ses fondateurs amènent UA à la quasi-faillite. À partir des [[années 1950]], elle entame une renaissance en commençant à financer la [[Cinéma indépendant|production indépendante]]. Sa progression se poursuit au cours des [[années 1960]], et, dans les [[années 1970]] à [[1980 au cinéma|1980]], elle prend place dans la liste des [[Major du cinéma|8 majors]], les principaux [[Studio de cinéma|studios]] [[hollywood]]iens qui, règnent sur le cinéma américain. Dans les [[années 1990]], victime d'une crise de [[management]], elle amorce une période de déclin et redevient un simple distributeur. Elle ne renoue avec la production qu'à la fin des [[années 2000]].


Mais, le {{date|3|novembre|2010}}, elle est placée sous le [[chapitre 11 de la loi sur les faillites des États-Unis]].
Mais, le {{date|3|novembre|2010}}, elle est placée sous le [[chapitre 11 de la loi sur les faillites des États-Unis]].


== Les années 1920 : la naissance ==
== Les années 1920 : la naissance ==
[[Fichier:United Artists contract signature 1919.jpg|vignette|De gauche à droite au premier plan : [[D. W. Griffith]], [[Mary Pickford]], [[Charlie Chaplin]] (assis) et [[Douglas Fairbanks]] à la signature du contrat établissant la société United Artists en [[1919]]]]
[[Fichier:United Artists Stockholders.jpg|vignette|gauche|[[Actionnaire]]s de UA après le {{1er}} [[Exercice comptable|exercice]] ({{date-|16 mars 1920}})]]
[[Fichier:United Artists Stockholders.jpg|vignette|gauche|[[Actionnaire]]s de UA après le {{1er}} [[Exercice comptable|exercice]] (16 mars 1920)]]
[[Fichier:Fairbanks - Pickford - Chaplin - Griffith.jpg|vignette|gauche|[[Douglas Fairbanks]], [[Mary Pickford]], [[Charlie Chaplin]] et [[D. W. Griffith]] en [[1919]]]]
[[Fichier:Fairbanks - Pickford - Chaplin - Griffith.jpg|vignette|gauche|[[Douglas Fairbanks]], [[Mary Pickford]], [[Charlie Chaplin]] et [[D. W. Griffith]] en [[1919]]]]
[[Fichier:United Artists Studio Corporation 1929.jpg|vignette|gauche|alt=Action de la United Artists Studio Corporation de 999 parts de 100 $ chacune, émise le 4 septembre 1929 au nom de Mary Pickford Faribanks et signée par elle au verso de l'original (photo du bas)|Action de la United Artists Studio Corporation de 999 parts de 100 $ chacune, émise le 4 septembre 1929 au nom de [[Mary Pickford|Mary Pickford Faribanks]] et signée par elle au verso de l'original (photo du bas)]]
[[Fichier:United Artists 1919.svg|vignette|Premier [[logotype|logo]] de UA (1919-1967)]]
[[Fichier:United Artists 1919.svg|vignette|Premier [[logotype|logo]] de UA (1919-1967)]]


=== La genèse ===
=== La genèse ===
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Leur objectif était de contrebalancer le pouvoir des grands studios hollywoodiens qui, selon eux, engrangeaient d'énormes bénéfices à leurs dépens. Suivant les conseils de l'homme d'affaires [[William Gibbs McAdoo]], ils décidèrent de créer leur propre société de distribution. Le premier directeur de la société fut [[Hiram Abrams]].
Leur objectif est de contrebalancer le pouvoir des grands studios hollywoodiens qui, selon eux, engrangent d'énormes bénéfices à leurs dépens. Suivant les conseils de l'homme d'affaires [[William Gibbs McAdoo]], ils décident de créer leur propre société de distribution. Le premier directeur de la société est [[Hiram Abrams]].


=== La mise en place ===
=== La mise en place ===
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D'emblée animée par la volonté de promouvoir les créateurs, United Artist se munit d'une infrastructure allégée, ne fournissant, dans un premier temps, ni plateaux, ni locaux de travail. Elle ne participe au départ qu'à la distribution des films. Elle accorde du reste un droit de gérance étendu aux réalisateurs (gestion des aspects artistiques et commerciaux)<ref name="r1" />.
D'emblée animée par la volonté de promouvoir les créateurs, United Artist se munit d'une infrastructure allégée, ne fournissant, dans un premier temps, ni plateaux, ni locaux de travail. Elle ne participe au départ qu'à la distribution des films. Elle accorde du reste un droit de gérance étendu aux réalisateurs (gestion des aspects artistiques et commerciaux)<ref name="r1">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jean-Loup Passek|titre=Dictionnaire du cinéma|éditeur=Larousse|année=2006|passage=42|isbn=978-2-03-505031-1}}.</ref>. Si UA a toujours soutenu la production indépendante, la [[stratégie marketing]] de Krim et Benjamin se différencie de celle de l'équipe [[Charlie Chaplin|Chaplin]]-Pickford. Ainsi, au lieu de la financer, UA facture aux producteurs des [[Distribution de film#Gestion de droits audiovisuels|frais de distribution]] avantageux. Alors qu'ils étaient de 30 %, ils plafonnent désormais à 25 %. Sorte d'[[impôt régressif]], ils peuvent descendre jusqu'à 10 %.
Si UA a toujours soutenu la production indépendante, la [[stratégie marketing]] de Krim et Benjamin se différencie de celle de l'équipe Chaplin-Pickford. Ainsi, au lieu de la financer, UA facture aux producteurs des [[Distribution de film#Gestion de droits audiovisuels|frais de distribution]] avantageux. Alors qu'ils étaient de 30 %, ils plafonnent désormais à 25 %. Sorte d'[[impôt régressif]], ils peuvent descendre jusqu'à 10 %.


=== La crise de l'offre ===
=== La crise de l'offre ===
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==== Howard Hugues ====
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==== Walt Disney ====
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La première trace de coopération avec Walt Disney avec United Artists remonte avant {{date-|mai 1931}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Comœdia 22 mai 1931 |url=https://www.retronews.fr/journal/comoedia/22-mai-1931/775/2491261/6 |site=RetroNews - Le site de presse de la BnF |consulté le=2020-07-07}}.</ref>, année où il signe un contrat qui prévoit pour la saison 1932, la réalisation de dix-huit "Mickey", ainsi que de dix-huit "Silly Simphonies" (en 1932, le nombre baisse à treize "Silly Simphonies").


== Les années 1940 : les Artistes dissociés ==
== Les années 1940 : les Artistes dissociés ==
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=== La crise de l'après-guerre ===
=== La crise de l'après-guerre ===


Excédé par le comportement dictatorial de Selznick, Chaplin lui intente un procès l'accusant de non-respect de son contrat (droits de distribution accordés à [[RKO Pictures]], notamment<ref name="Answers.com" />). Après un contre-procès, les parties trouvent un arrangement en [[1946]], selon lequel UA rachète pour 2 millions de dollars à Selznick les droits de ses films. Le problème est que Chaplin et Pickford, tous deux opposés dans cette bataille judiciaire, sont depuis irréconciliables. Ainsi, dès [[1948]], Pickford veut vendre ses parts mais Chaplin refuse une offre conjointe de 12,5 millions de dollars de la part de Si Fabian, président de ''Fabian Theatres'', et de Serge Semenenko, de la [[BankBoston|First National Bank of Boston]]. La [[récession (économie)|récession économique]] d'[[après-guerre]], la désaffection du public vis-à-vis des produits typiques des studios, le développement des [[Banlieue#Amérique du Nord|''suburbs'']] et le peu de bénéfices récoltés à l'étranger font qu'en [[1948]], les banques suspendent le financement des producteurs indépendants<ref name="Yale" />. Avec comme résultat pour UA que ces derniers refusent de livrer leurs films ou signent des contrats avec les majors. Face à cette pénurie d'[[Offre et demande|offre]], {{Source insuffisante|une dette de {{formatnum:200000}} dollars et des pertes de {{formatnum:65000}} par semaine, Chaplin et Pickford nomment en juillet [[1950]] une équipe de [[management]] dirigée par l'[[homme politique]] et [[Diplomatie|diplomate]] {{Lien|fr=Paul V. McNutt|lang=en|trad=Paul V. McNutt|texte=Paul V. McNutt}}, lequel reçoit un [[droit de préemption]] de deux ans sur la compagnie, pour 5,4 millions<ref name="r2" />{{,}}<ref name="r2a" />|date=13 avril 2018}}.
Excédé par le comportement dictatorial de Selznick, Chaplin lui intente un procès l'accusant de non-respect de son contrat (droits de distribution accordés à [[RKO Pictures]], notamment<ref name="Answers.com">{{Lien web|langue = en|url=http://www.answers.com/topic/metro-goldwyn-mayer-inc |titre=Company History : Metro-Goldwyn-Mayer Inc. |date= |site=answers.com |éditeur=[[Answers.com]] |consulté le={{date|2|mars|2009}} }}.</ref>). Après un contre-procès, les parties trouvent un arrangement en [[1946]], selon lequel UA rachète pour 2 millions de dollars à Selznick les droits de ses films. Le problème est que Chaplin et Pickford, tous deux opposés dans cette bataille judiciaire, sont depuis irréconciliables. Ainsi, dès [[1948]], Pickford veut vendre ses parts mais Chaplin refuse une offre conjointe de 12,5 millions de dollars de la part de Si Fabian, président de ''Fabian Theatres'', et de Serge Semenenko, de la [[BankBoston|First National Bank of Boston]]. La [[récession (économie)|récession économique]] d'[[après-guerre]], la désaffection du public vis-à-vis des produits typiques des studios, le développement des [[Banlieue#Amérique du Nord|''suburbs'']] et le peu de bénéfices récoltés à l'étranger font qu'en [[1948]], les banques suspendent le financement des producteurs indépendants<ref name="Yale">{{Article |langue=en |auteur=Barak Y. Orbach |titre=Antitrust and Pricing in the Motion Picture Industry |revue=Yale Journal on Regulation |no=2 |date=été 2004 |vol=21 |titre vol= |pages=346 |texte=http://www.law.arizona.edu/faculty/FacultyPubs/Documents/Orbach/AntitrusPricingMotionPictureIndustry.pdf |consulté le={{date|10|mars|2009}} }}.</ref>. Avec comme résultat pour UA que ces derniers refusent de livrer leurs films ou signent des contrats avec les majors. Face à cette pénurie d'[[Offre et demande|offre]], {{Source insuffisante|une dette de {{formatnum:200000}} dollars et des pertes de {{formatnum:65000}} par semaine, Chaplin et Pickford nomment en juillet [[1950]] une équipe de [[management]] dirigée par l'[[homme politique]] et [[Diplomatie|diplomate]] {{Lien|fr=Paul V. McNutt|lang=en|trad=Paul V. McNutt|texte=Paul V. McNutt}}, lequel reçoit un [[droit de préemption]] de deux ans sur la compagnie, pour 5,4 millions{{sfn|Balio|1987|p=14-15|loc=||id=}}{{,}}<ref name="r2a">{{Article|langue=en|auteur= |titre=Comeback? |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |date={{date|24|juillet|1950}} |lire en ligne=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,812859,00.html |consulté le={{date|4|mars|2009}}}}.</ref>|date=13 avril 2018}}.


== Les années 1950 : la prise de contrôle par Arthur Krim et Robert Benjamin ==
== Les années 1950 : la prise de contrôle par Arthur Krim et Robert Benjamin ==
Lorsqu'en février [[1951 au cinéma|1951]], [[Arthur B. Krim]] et {{Lien|fr=Robert Benjamin|lang=en|trad=Robert Benjamin|texte=Robert Benjamin}} prennent le contrôle de UA, la compagnie est au bord de la [[banqueroute]] et perd désormais {{formatnum:100000}} dollars par semaine. Après avoir convaincu Chaplin et Pickford que l'option McNutt n'est pas viable, Krim et Benjamin obtiennent un financement de {{formatnum:500000}} dollars de la part de [[Spyros Skouras]], président de [[20th Century Studios|20th Century Fox]] (en échange de tirer les copies des films UA en [[DeLuxe Color]], une filiale de la Fox) et 3 millions de [[ligne de crédit]] de [[Heller Financial]]<ref name="Answers.com"/>. Ils prennent en fait le contrôle de UA sans verser un seul dollar (bien que Pickford estime la valeur de la compagnie à 5,4 millions) pour trois ans. Le contrat stipule que si UA dégage des [[bénéfice]]s durant ces trois ans, leurs postes sont reconduits pour dix ans et ils se partagent chacun 50 % des parts<ref name="Time 23/02/1953" />. Krim, qui fut président de [[Eagle-Lion Films]] de [[1946 au cinéma|1946]] à [[1949 au cinéma|1949]], débauche ses anciens collaborateurs, qui reprennent les mêmes fonctions à UA : [[William J. Heineman]] est nommé vice-président responsable de la distribution aux États-Unis et {{Lien|fr=Max E. Youngstein|lang=en|trad=Max E. Youngstein|texte=Max E. Youngstein}}, vice-président responsable de la publicité et de l'exploitation. Par ailleurs, l'équipe de management s'étoffe de l'avocat [[Seymour Peyser]], conseiller juridique, d'[[Arnold V. Picker]], qui reprend son ancienne fonction à la [[Columbia Pictures|Columbia]] de vice-président responsable de la distribution à l'étranger et du [[Producteur de cinéma|producteur]] français [[Charles Smadja]], responsable des ventes européennes. Quant à Krim et Benjamin, ils servent respectivement comme président et président du conseil d'administration, bien que ''[[Fortune (magazine)|Fortune]]'' précise que leurs rôles sont interchangeables<ref name="r3"/>. Dans les faits, Krim s'occupe plus particulièrement des négociations avec les producteurs tandis que Benjamin a le rôle de [[directeur financier]] et sert d'intermédiaire entre UA, les [[banque]]s et [[New York Stock Exchange|Wall Street]]<ref name="r4" />.
Lorsqu'en février [[1951 au cinéma|1951]], [[Arthur B. Krim]] et {{Lien|fr=Robert Benjamin|lang=en|trad=Robert Benjamin|texte=Robert Benjamin}} prennent le contrôle de UA, la compagnie est au bord de la [[banqueroute]] et perd désormais {{formatnum:100000}} dollars par semaine. Après avoir convaincu Chaplin et Pickford que l'option McNutt n'est pas viable, Krim et Benjamin obtiennent un financement de {{formatnum:500000}} dollars de la part de [[Spyros Skouras]], président de [[20th Century Studios|20th Century Fox]] (en échange de tirer les copies des films UA en [[DeLuxe Color]], une filiale de la Fox) et 3 millions de [[ligne de crédit]] de [[Heller Financial]]<ref name="Answers.com"/>. Ils prennent en fait le contrôle de UA sans verser un seul dollar (bien que Pickford estime la valeur de la compagnie à 5,4 millions) pour trois ans. Le contrat stipule que si UA dégage des [[bénéfice]]s durant ces trois ans, leurs postes sont reconduits pour dix ans et ils se partagent chacun 50 % des parts<ref name="Time 23/02/1953">{{Article |auteur=|langue=en |titre=Re-United Artists |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |date={{date|23|février|1953}} |texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,936397,00.html |consulté le={{date|4|mars|2009}}}}.</ref>. Krim, qui fut président de [[Eagle-Lion Films]] de [[1946 au cinéma|1946]] à [[1949 au cinéma|1949]], débauche ses anciens collaborateurs, qui reprennent les mêmes fonctions à UA : [[William J. Heineman]] est nommé vice-président responsable de la distribution aux États-Unis et {{Lien|fr=Max E. Youngstein|lang=en|trad=Max E. Youngstein|texte=Max E. Youngstein}}, vice-président responsable de la publicité et de l'exploitation. Par ailleurs, l'équipe de management s'étoffe de l'avocat [[Seymour Peyser]], conseiller juridique, d'[[Arnold V. Picker]], qui reprend son ancienne fonction à la [[Columbia Pictures|Columbia]] de vice-président responsable de la distribution à l'étranger et du [[Producteur de cinéma|producteur]] français [[Charles Smadja]], responsable des ventes européennes. Quant à Krim et Benjamin, ils servent respectivement comme président et président du conseil d'administration, bien que ''[[Fortune (magazine)|Fortune]]'' précise que leurs rôles sont interchangeables<ref name="r3">{{Article|langue=en|titre=The Derring-Doers of the Movie Business |revue=[[Fortune (magazine)|Fortune]] 57|date=mai 1958|pages=137-141|extrait=The two men chiefly responsible for the new look in Hollywood are rarely mentioned separately by anyone in the industry. No line seperates their duties. One man picks up today where the other left off yesterday.}}</ref>. Dans les faits, Krim s'occupe plus particulièrement des négociations avec les producteurs tandis que Benjamin a le rôle de [[directeur financier]] et sert d'intermédiaire entre UA, les [[banque]]s et [[New York Stock Exchange|Wall Street]]{{sfn|Balio|1987|p=39|loc=||id=}}.


=== Le pari de la production indépendante ===
=== Le pari de la production indépendante ===
En [[1948 au cinéma|1948]], une cour suprême, dans un [[United States v. Paramount Pictures|procès fédéral « antitrust » contre les majors de cinéma]], proscrit le [[block booking]] et supprime l'intégralité des chaînes de cinéma des [[Big Five (cinéma)|Big Five]]. Cette décision ne touche pas UA, étant donné qu'elle ne possède pas de réseau de salles (les [[United Artists Theatres]] ne sont pas sa propriété), mais signifie la fin du [[studio system]]. Cependant, ces derniers commencent à offrir à leurs [[Vedette (personnalité)|stars]] des participations aux bénéfices atteignant 33 % (notamment de la part de [[Warner Bros.]] et [[Paramount Pictures]] pour [[John Garfield]], [[Danny Kaye]], [[Milton Berle]], [[Bob Hope]] et [[Bing Crosby]]) et jusqu'à 50 % (de la part de [[Universal Pictures]] pour [[James Stewart]] dans ''[[Winchester '73]]''<ref name="r5"/>) et créent des unités de production semi-autonomes. Pour Krim, {{citation|Bien que nos films ne devraient pas être meilleurs que ceux d'Eagle-Lion au début, nous savions qu'une star ne dirait pas 'Je ne veux pas travailler avec United Artists' ou qu'une chaîne de cinéma ne dirait pas 'Vous n'avez rien à faire ici'}}<ref name="ABK interview 01/08/1984" />. Mais la réputation seule du nom United Artists ne suffit pas. Selon Tino Balio, {{citation|si UA espérait pouvoir accéder aux meilleures salles, il fallait qu'elle possède des produits qui puissent rivaliser avec n'importe lesquels de ceux que les majors produisaient}}<ref name="r6" />. [[Fichier:The African Queen, title1.jpg|vignette|droite|[[Générique (œuvre)|Générique]] de ''[[L'Odyssée de l'African Queen]]'', l'un des [[Top 100 de l'American Film Institute|100 plus grands films américains]] selon l'[[American Film Institute]]]]La [[stratégie d'entreprise]] que Krim et Benjamin mettent alors en place reprend les études de [[Michael Porter]]<ref name="r7" /> : alors qu'Hollywood fait face à la [[concurrence]] de la [[télévision]], UA pousse son [[avantage concurrentiel]] en essayant de se différencier des majors et leur retirer des [[Part de marché|parts de marché]]. En attendant, UA acquiert gratuitement en échange de la vente de droits télévisés 200 films du catalogue [[Eagle-Lion]], dont ceux de [[Producers Releasing Corporation|PRC Pictures]], et en place 20 en [[Distribution de film|distribution]] en [[1951 au cinéma|1951]]. Ces films de [[série B]] récoltent {{formatnum:200000}} dollars par semaine et permettent à la société de dégager {{formatnum:313000}} dollars de profit, permettant à Krim et Benjamin d'acquérir 50 % des parts de UA pour {{formatnum:8000}} dollars chacun. Par ailleurs, deux films produits par l'ancienne équipe, ''[[L'Odyssée de l'African Queen]]'' et ''[[Le train sifflera trois fois]]'' réussissent au [[box-office]] et sont depuis classés par l'[[American Film Institute]] parmi les [[Top 100 de l'American Film Institute|100 plus grands films américains]]. Enfin, la sortie de ''[[Bwana Devil]]'' en [[1952 au cinéma|1952]], le premier film en [[Projection en relief stéréoscopique|relief]], ouvre à UA la porte des grandes salles.
En [[1948 au cinéma|1948]], une cour suprême, dans un [[United States v. Paramount Pictures|procès fédéral « antitrust » contre les majors de cinéma]], proscrit le [[block booking]] et supprime l'intégralité des chaînes de cinéma des [[Big Five (cinéma)|Big Five]]. Cette décision ne touche pas UA, étant donné qu'elle ne possède pas de réseau de salles (les [[United Artists Theatres]] ne sont pas sa propriété), mais signifie la fin du [[studio system]]. Cependant, ces derniers commencent à offrir à leurs [[Vedette (personnalité)|stars]] des participations aux bénéfices atteignant 33 % (notamment de la part de [[Warner Bros.]] et [[Paramount Pictures]] pour [[John Garfield]], [[Danny Kaye]], [[Milton Berle]], [[Bob Hope]] et [[Bing Crosby]]) et jusqu'à 50 % (de la part de [[Universal Pictures]] pour [[James Stewart]] dans ''[[Winchester '73]]''<ref name="r5">{{Ouvrage|langue=en|nom1=David Pirie|titre=Anatomy of the Movies|lieu=New York|éditeur=[[Macmillan Publishers|Macmillan]]|année=1981|pages totales=320|passage=42|isbn=978-0-02-597540-8}}.</ref>) et créent des unités de production semi-autonomes. Pour Krim, {{citation|Bien que nos films ne devraient pas être meilleurs que ceux d'Eagle-Lion au début, nous savions qu'une star ne dirait pas 'Je ne veux pas travailler avec United Artists' ou qu'une chaîne de cinéma ne dirait pas 'Vous n'avez rien à faire ici'}}<ref name="ABK interview 01/08/1984">{{en}} Tino Balio, Interview avec Arthur Krim, {{date|1|août|1984}}.</ref>. Mais la réputation seule du nom United Artists ne suffit pas. Selon Tino Balio, {{citation|si UA espérait pouvoir accéder aux meilleures salles, il fallait qu'elle possède des produits qui puissent rivaliser avec n'importe lesquels de ceux que les majors produisaient}}{{sfn|Balio|1987|p=41-42|loc=||id=}}. [[Fichier:The African Queen, title1.jpg|vignette|droite|[[Générique (œuvre)|Générique]] de ''[[L'Odyssée de l'African Queen]]'', l'un des [[Top 100 de l'American Film Institute|100 plus grands films américains]] selon l'[[American Film Institute]]]]La [[stratégie d'entreprise]] que Krim et Benjamin mettent alors en place reprend les études de [[Michael Porter]]<ref name="r7" >{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Michael|nom1=Porter|lien auteur1=Michael Porter|titre=Choix stratégiques et concurrence : techniques d'analyse des secteurs et de la concurrence dans l'industrie|éditeur=[[Économica]]|année=2001|pages totales=426|passage=130|isbn=2-7178-0931-7}}.</ref> : alors qu'Hollywood fait face à la [[concurrence]] de la [[télévision]], UA pousse son [[avantage concurrentiel]] en essayant de se différencier des majors et leur retirer des [[Part de marché|parts de marché]]. En attendant, UA acquiert gratuitement en échange de la vente de droits télévisés 200 films du catalogue [[Eagle-Lion]], dont ceux de [[Producers Releasing Corporation|PRC Pictures]], et en place 20 en [[Distribution de film|distribution]] en [[1951 au cinéma|1951]]. Ces films de [[série B]] récoltent {{formatnum:200000}} dollars par semaine et permettent à la société de dégager {{formatnum:313000}} dollars de profit, permettant à Krim et Benjamin d'acquérir 50 % des parts de UA pour {{formatnum:8000}} dollars chacun. Par ailleurs, deux films produits par l'ancienne équipe, ''[[L'Odyssée de l'African Queen]]'' et ''[[Le train sifflera trois fois]]'' réussissent au [[box-office]] et sont depuis classés par l'[[American Film Institute]] parmi les [[Top 100 de l'American Film Institute|100 plus grands films américains]]. Enfin, la sortie de ''[[Bwana Devil]]'' en [[1952 au cinéma|1952]], le premier film en [[Projection en relief stéréoscopique|relief]], ouvre à UA la porte des grandes salles.


=== UA attire des stars ===
=== UA attire des stars ===
==== Burt Lancaster ====
==== Burt Lancaster ====
{{Article détaillé|Hecht-Hill-Lancaster}}
{{Article détaillé|Hecht-Hill-Lancaster}}
Après le succès de ''[[Tant qu'il y aura des hommes]]'' pour la [[Columbia Pictures|Columbia]], qui récolte cinq [[Oscar du cinéma|Oscars]] en [[1953 au cinéma|1953]], [[Hecht-Hill-Lancaster|Hecht-Lancaster]] signe un contrat de cinq films pour UA. ''[[Bronco Apache]]'', ''[[Vera Cruz (film)|Vera Cruz]]'' ([[1954 au cinéma|1954]]), ''[[L'Homme du Kentucky]]'', ''[[Marty (film)|Marty]]'' ([[1955 au cinéma|1955]]) et ''[[Trapèze (film)|Trapèze]]'' ([[1956 au cinéma|1956]]) rapportent 42 millions de dollars sur une mise de 7,3<ref name="r8" />. Contrairement à Lancaster, UA aime le script de ''Marty''<ref name="r9" />, adaptation au cinéma d'une [[série télévisée]], et le programme dans des salles d'[[art et essai]] le temps que le bouche à oreille se fasse. La stratégie paye : ''Marty'', produit à {{formatnum:330000}} dollars, en rapporte 4 millions, plus quatre [[Oscar du cinéma|Oscars]] et la [[Palme d'or]] du [[Festival de Cannes]]. En [[1956 au cinéma|1956]], le contrat est renouvelé pour cinq films : ''[[La Nuit des maris]]'', ''[[Le Grand Chantage]]'' ([[1957 au cinéma|1957]]), ''[[L'Odyssée du sous-marin Nerka]]'', ''[[Tables séparées]]'' ([[1958 au cinéma|1958]]) et ''[[Au fil de l'épée (film)|Au fil de l'épée]]'' ([[1959 au cinéma|1959]])<ref name="ra" />. En [[1959 au cinéma|1959]], UA distribue également quatre autres films à petit budget dans la veine de ''Marty'', qui échouent au [[box-office]] : ''[[The Rabbit Trap]]'', ''[[La Fin d'un voyou]]'', ''[[Take a Giant Step]]'' et ''[[Summer of the Seventeenth Doll]]''. Afin de compenser ses pertes, Hecht-Hill-Lancaster accepte de produire pour UA deux [[blockbuster]]s mettant en scène Lancaster : ''[[Le Vent de la plaine]]'' et ''[[Elmer Gantry le charlatan]]'' ([[1960 au cinéma|1960]]). Tandis que Hecht-Hill-Lancaster est dissoute en février [[1960 au cinéma|1960]], Harold Hecht produit, seul, quatre films pour UA : ''[[Le Temps du châtiment]]'', ''[[Le Prisonnier d'Alcatraz]]'', ''[[Taras Bulba (film, 1962)|Tarass Bulba]]'' et ''[[Les Trois Soldats de l'aventure|Les Trois soldats de l'aventure]]''. Quant à James Hill, il produit, seul, pour UA ''[[Les Joyeux Voleurs]]''. En [[1964 au cinéma|1964]], UA rachète pour {{formatnum:920000}} dollars les parts de Lancaster dans les premiers films.
Après le succès de ''[[Tant qu'il y aura des hommes]]'' pour la [[Columbia Pictures|Columbia]], qui récolte cinq [[Oscar du cinéma|Oscars]] en [[1953 au cinéma|1953]], [[Hecht-Hill-Lancaster|Hecht-Lancaster]] signe un contrat de cinq films pour UA. ''[[Bronco Apache]]'', ''[[Vera Cruz (film)|Vera Cruz]]'' ([[1954 au cinéma|1954]]), ''[[L'Homme du Kentucky]]'', ''[[Marty (film)|Marty]]'' ([[1955 au cinéma|1955]]) et ''[[Trapèze (film)|Trapèze]]'' ([[1956 au cinéma|1956]]) rapportent 42 millions de dollars sur une mise de 7,3<ref name="r8">{{Article|langue=en |auteur= |titre=Top Branch |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |date={{date|3|septembre|1956}} |texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,824382,00.html |consulté le={{date|11|mars|2009}}}}.</ref>. Contrairement à Lancaster, UA aime le script de ''Marty''<ref name="r9">{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Robert|nom1=Windeler|titre=Burt Lancaster|lieu=New York|éditeur=St. Martin's Press|année=1984|pages totales=217|passage=82|isbn=0-312-10869-9}}.</ref>, adaptation au cinéma d'une [[série télévisée]], et le programme dans des salles d'[[art et essai]] le temps que le bouche à oreille se fasse. La stratégie paye : ''Marty'', produit à {{formatnum:330000}} dollars, en rapporte 4 millions, plus quatre [[Oscar du cinéma|Oscars]] et la [[Palme d'or]] du [[Festival de Cannes]]. En [[1956 au cinéma|1956]], le contrat est renouvelé pour cinq films : ''[[La Nuit des maris]]'', ''[[Le Grand Chantage]]'' ([[1957 au cinéma|1957]]), ''[[L'Odyssée du sous-marin Nerka]]'', ''[[Tables séparées]]'' ([[1958 au cinéma|1958]]) et ''[[Au fil de l'épée (film)|Au fil de l'épée]]'' ([[1959 au cinéma|1959]]){{sfn|Balio|1987|p=78-82|loc=||id=}}. En [[1959 au cinéma|1959]], UA distribue également quatre autres films à petit budget dans la veine de ''Marty'', qui échouent au [[box-office]] : ''[[The Rabbit Trap]]'', ''[[La Fin d'un voyou]]'', ''[[Take a Giant Step]]'' et ''[[Summer of the Seventeenth Doll]]''. Afin de compenser ses pertes, Hecht-Hill-Lancaster accepte de produire pour UA deux [[blockbuster]]s mettant en scène Lancaster : ''[[Le Vent de la plaine]]'' et ''[[Elmer Gantry le charlatan]]'' ([[1960 au cinéma|1960]]). Tandis que Hecht-Hill-Lancaster est dissoute en février [[1960 au cinéma|1960]], Harold Hecht produit, seul, quatre films pour UA : ''[[Le Temps du châtiment]]'', ''[[Le Prisonnier d'Alcatraz]]'', ''[[Taras Bulba (film, 1962)|Tarass Bulba]]'' et ''[[Les Trois Soldats de l'aventure|Les Trois soldats de l'aventure]]''. Quant à James Hill, il produit, seul, pour UA ''[[Les Joyeux Voleurs]]''. En [[1964 au cinéma|1964]], UA rachète pour {{formatnum:920000}} dollars les parts de Lancaster dans les premiers films.


==== Kirk Douglas ====
==== Kirk Douglas ====
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==== Le contrat avec les producteurs ====
==== Le contrat avec les producteurs ====
Les projets soumis à UA prennent la forme d'un ''package'' comprenant un [[Scénario (film)|scénario]], une équipe technique, un [[réalisateur]] et/ou une [[Vedette (personnalité)|vedette]]. Si UA est d'accord sur le ''package'', la [[Préproduction (produit)|préproduction]] démarre et la compagnie établit un accord de [[Producteur de cinéma|financement]] et de [[Distribution de film|distribution]]. Le projet progresse par étapes. La première, appelée « recherche et développement », comprend l'[[écriture]] ou la réécriture du scénario, la préparation du budget et du processus de production, le consentement du réalisateur et du [[casting]]. UA a un droit de regard sur tous ces choix. Il arrive, comme pour [[Gary Cooper]] pour ''[[Vera Cruz (film)|Vera Cruz]]'' en [[1954 au cinéma|1954]], que certaines stars, en plus de leur [[Commission (rémunération)|commission]], réclament un pourcentage du [[Earnings before interest, taxes, depreciation, and amortization|résultat brut d'exploitation]] au lieu d'un [[intéressement]] aux bénéfices. Cette pratique, rare durant les [[années 1950]], devient courante dans les [[années 1970]]<ref name="HTS interview 19/03/1985" />. UA et le producteur prennent chacun en charge 50 % de ce coût. Étant donné que les contrats avec UA ne comprennent pas de clause d’exclusivité, le producteur peut, si aucun accord n'est trouvé sur le développement, user de son droit de {{Lien|fr=Turnaround (filmmaking)|lang=en|trad=Turnaround (filmmaking)|texte=''turnaround''}}, c'est-à-dire transférer son projet à un autre studio. Dans ce cas, UA lui facture les frais de développement. Si le projet ne trouve pas preneur ailleurs, ces derniers sont, soit passés par pertes et profits, soit facturés sur le prochain film du producteur.
Les projets soumis à UA prennent la forme d'un ''package'' comprenant un [[Scénario (film)|scénario]], une équipe technique, un [[réalisateur]] et/ou une [[Vedette (personnalité)|vedette]]. Si UA est d'accord sur le ''package'', la [[Préproduction (produit)|préproduction]] démarre et la compagnie établit un accord de [[Producteur de cinéma|financement]] et de [[Distribution de film|distribution]]. Le projet progresse par étapes. La première, appelée « recherche et développement », comprend l'[[écriture]] ou la réécriture du scénario, la préparation du budget et du processus de production, le consentement du réalisateur et du [[casting]]. UA a un droit de regard sur tous ces choix. Il arrive, comme pour [[Gary Cooper]] pour ''[[Vera Cruz (film)|Vera Cruz]]'' en [[1954 au cinéma|1954]], que certaines stars, en plus de leur [[Commission (rémunération)|commission]], réclament un pourcentage du [[Earnings before interest, taxes, depreciation, and amortization|résultat brut d'exploitation]] au lieu d'un [[intéressement]] aux bénéfices. Cette pratique, rare durant les [[années 1950]], devient courante dans les [[années 1970]]<ref name="HTS interview 19/03/1985">{{en}} Tino Balio, Interview avec Herbert T. Schottenfeld, {{date|19|mars|1985}}.</ref>. UA et le producteur prennent chacun en charge 50 % de ce coût. Étant donné que les contrats avec UA ne comprennent pas de clause d’exclusivité, le producteur peut, si aucun accord n'est trouvé sur le développement, user de son droit de {{Lien|fr=Turnaround (filmmaking)|lang=en|trad=Turnaround (filmmaking)|texte=''turnaround''}}, c'est-à-dire transférer son projet à un autre studio. Dans ce cas, UA lui facture les frais de développement. Si le projet ne trouve pas preneur ailleurs, ces derniers sont, soit passés par pertes et profits, soit facturés sur le prochain film du producteur.


Dès qu'UA donne le feu vert à un projet, la seconde étape -celle de [[Préproduction (produit)|préproduction]]- commence et la compagnie arrange le financement complet du film, généralement par [[Emprunt (finance)|emprunt]]. Bien que le producteur a la liberté artistique complète sur son œuvre, UA nomme un [[producteur exécutif]] qui lui envoie des informations financières quotidiennes, notamment sur le [[flux de trésorerie]]. Afin de se prémunir contre les dépassements de budgets, UA [[Provision#Provisions pour risques et charges|provisionne]] 10 % du budget et demande en plus aux producteurs novices d'obtenir un [[cautionnement]] permettant que le film soit terminé coûte que coûte. En échange du financement du film, UA reçoit la [[Distribution de film#Gestion de droits audiovisuels|gestion des droits audiovisuels]], soit les droits de distribution pour tous pays, toute langue et tout support, notamment la [[Musique de film|bande originale du film]]. En cas de [[remake]] ou d'adaptation télévisée, UA partage ses droits avec le producteur. Lorsque Krim et Benjamin prennent le contrôle de UA, les droits de distribution sont de seulement cinq ans. Les contrats signés depuis permettent d'étendre leur durée à dix ans, voire à perpétuité, si le producteur est intéressé. Le prix est alors basé sur la [[Amortissement comptable#Caractéristiques principales de l'amortissement comptable|valeur résiduelle]] du film.
Dès qu'UA donne le feu vert à un projet, la seconde étape -celle de [[Préproduction (produit)|préproduction]]- commence et la compagnie arrange le financement complet du film, généralement par [[Emprunt (finance)|emprunt]]. Bien que le producteur a la liberté artistique complète sur son œuvre, UA nomme un [[producteur exécutif]] qui lui envoie des informations financières quotidiennes, notamment sur le [[flux de trésorerie]]. Afin de se prémunir contre les dépassements de budgets, UA [[Provision#Provisions pour risques et charges|provisionne]] 10 % du budget et demande en plus aux producteurs novices d'obtenir un [[cautionnement]] permettant que le film soit terminé coûte que coûte. En échange du financement du film, UA reçoit la [[Distribution de film#Gestion de droits audiovisuels|gestion des droits audiovisuels]], soit les droits de distribution pour tous pays, toute langue et tout support, notamment la [[Musique de film|bande originale du film]]. En cas de [[remake]] ou d'adaptation télévisée, UA partage ses droits avec le producteur. Lorsque Krim et Benjamin prennent le contrôle de UA, les droits de distribution sont de seulement cinq ans. Les contrats signés depuis permettent d'étendre leur durée à dix ans, voire à perpétuité, si le producteur est intéressé. Le prix est alors basé sur la [[Amortissement comptable#Caractéristiques principales de l'amortissement comptable|valeur résiduelle]] du film.
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Après la [[Distribution de film|distribution]] en salles, le producteur reçoit une commission fixée en proportion du risque qu'il a pris. UA déduit sa propre commission de distributeur ; le solde est utilisé pour payer les frais des copies et de la [[publicité]], le remboursement des emprunts puis les [[salaire]]s. Enfin, dans le cas de [[Portefeuille (finance)|portefeuilles]] de plusieurs films, les [[bénéfice]]s sont [[Collatéral (finance)|collatéralisés]] afin qu'UA soit [[Probabilité|sûre]] de percevoir un revenu moyen, même si un film du groupe ne dégage pas de profit.
Après la [[Distribution de film|distribution]] en salles, le producteur reçoit une commission fixée en proportion du risque qu'il a pris. UA déduit sa propre commission de distributeur ; le solde est utilisé pour payer les frais des copies et de la [[publicité]], le remboursement des emprunts puis les [[salaire]]s. Enfin, dans le cas de [[Portefeuille (finance)|portefeuilles]] de plusieurs films, les [[bénéfice]]s sont [[Collatéral (finance)|collatéralisés]] afin qu'UA soit [[Probabilité|sûre]] de percevoir un revenu moyen, même si un film du groupe ne dégage pas de profit.


En fait, UA n'a jamais dépensé de l'argent dans « l'art pour l'art » (sauf en [[1981 au cinéma|1981]] avec ''[[La Porte du paradis|La Porte du Paradis]]'', ce qui entraînera sa [[faillite]]) et les deux questions essentielles discutées avec ses producteurs indépendants sont : est-ce qu'un film peut recouvrer son investissement et comment se partager les risques ? Dès lors, des films non conventionnels comme ''[[La Lune était bleue]]'', ''[[La Nuit du chasseur]]'', ''[[L'Homme au bras d'or]]'', ''[[Les Sentiers de la gloire]]'' ou ''[[Douze hommes en colère (film)|Douze hommes en colère]]'' (classé par l'[[American Film Institute]] parmi les [[Top 100 de l'American Film Institute|100 plus grands films américains]]), destinés à attirer un public plus pointu, sont considérés par Tino Balio comme des « risques calculés »<ref name="rb" />.
En fait, UA n'a jamais dépensé de l'argent dans « l'art pour l'art » (sauf en [[1981 au cinéma|1981]] avec ''[[La Porte du paradis|La Porte du Paradis]]'', ce qui entraînera sa [[faillite]]) et les deux questions essentielles discutées avec ses producteurs indépendants sont : est-ce qu'un film peut recouvrer son investissement et comment se partager les risques ? Dès lors, des films non conventionnels comme ''[[La Lune était bleue]]'', ''[[La Nuit du chasseur]]'', ''[[L'Homme au bras d'or]]'', ''[[Les Sentiers de la gloire]]'' ou ''[[Douze hommes en colère (film)|Douze hommes en colère]]'' (classé par l'[[American Film Institute]] parmi les [[Top 100 de l'American Film Institute|100 plus grands films américains]]), destinés à attirer un public plus pointu, sont considérés par Tino Balio comme des « risques calculés »{{sfn|Balio|1987|p=95-104|loc=||id=}}.


==== Le marché de la série B ====
==== Le marché de la série B ====
{{Article détaillé|Série B}}
{{Article détaillé|Série B}}
En [[1957]], après son entrée en bourse, UA décide de développer sa [[croissance organique]] par un [[effet de réseau]]. À la différence des majors (dont les films distribués passent d'une moyenne de 448 entre [[1948 au cinéma|1948]] et [[1952 au cinéma|1952]] à 366 sur [[1953 au cinéma|1953]]-[[1957 au cinéma|57]], puis 240 sur [[1958 au cinéma|1958]]-[[1964 au cinéma|64]]<ref name="rc" />), UA augmente fortement le nombre de films [[Distribution de film|distribués]], avec pour but de réduire ses [[frais fixes]]<ref name="rd" />. Elle se tourne vers la série B, seule capable de générer du volume. La demande pour cette dernière, quoique limitée, perdure tout au long des [[années 1950]], dans les petites villes<ref name="Freeman Lincoln" />, comme les aires métropolitaines ou les [[Ciné-parc|drive-in]], où elle comble le trou entre deux sorties de série A<ref name="re" />. Les principaux fournisseurs de séries B de UA sont [[Edward Small]], [[Bel-Air Pictures]] et [[Security Pictures]]. Edward Small, qui signe un contrat avec UA en [[1952 au cinéma|1952]] est, de loin, le plus important : il lui fournit 75 [[Film d'exploitation|films d'exploitation]] en dix ans tout en lui proposant de temps à autre des séries A comme ''[[Témoin à charge (film, 1957)|Témoin à charge]]'' ou ''[[Salomon et la Reine de Saba]]''. Les budgets des films de Small, tournés en 7-9 jours, sont compris entre {{formatnum:100000}} et {{formatnum:300000}} dollars. Rapportant entre {{formatnum:300000}} et {{formatnum:500000}} dollars, ils ne contribuent que peu à la commission de distributeur de UA ou à sa [[Risque de réputation|réputation]]. En revanche, par le volume qu'ils génèrent (UA distribue en moyenne 25 films d'exploitation par an), la compagnie réduit ses frais fixes et obtient des [[rendements d'échelle]]<ref name="rf" />. Ces films consistent en des [[western]]s, des [[Film noir|films noirs]] (la série des ''Confidential'') ou des films de [[science-fiction]] (''spacers'') et d'[[Film d'horreur|horreur]] (''chillers'') qu'UA distribue en [[double programme]], suivant la pratique de l'époque.
En [[1957]], après son entrée en bourse, UA décide de développer sa [[croissance organique]] par un [[effet de réseau]]. À la différence des majors (dont les films distribués passent d'une moyenne de 448 entre [[1948 au cinéma|1948]] et [[1952 au cinéma|1952]] à 366 sur [[1953 au cinéma|1953]]-[[1957 au cinéma|57]], puis 240 sur [[1958 au cinéma|1958]]-[[1964 au cinéma|64]]<ref name="rc">{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Gary R. |nom1=Edgerton|titre=American Film Exhibition and an Analysis of the Motion Picture Industry's Market Structure, 1963-1980|lieu=New York|éditeur=[[Garland Publishing]]|année=1983|passage=29|isbn=0-8240-5100-9}}.</ref>), UA augmente fortement le nombre de films [[Distribution de film|distribués]], avec pour but de réduire ses [[frais fixes]]{{sfn|Londoner|Balio|1985|p=618|loc=|id=}}. Elle se tourne vers la série B, seule capable de générer du volume. La demande pour cette dernière, quoique limitée, perdure tout au long des [[années 1950]], dans les petites villes<ref name="Freeman Lincoln">{{Article |langue=en |auteur=Freeman Lincoln |titre=The Comeback of the Movies |revue=[[Fortune (magazine)|Fortune]] 51 |no= |date=février 1955 |vol= |titre vol= |pages=155 |extrait=The little picture is almost a necessity to the exhibitor in a small town where most of the available audience has seen a picture after a three-day run. The little westerns and other simple action pictures are important in many areas where the people generally prefer them to extravaganzas or to highbrow problem films. They are in heavy demand by the hundreds of exhibitors whose audiences insist on a long evening's entertainment, and so must have a 'second feature'.}}</ref>, comme les aires métropolitaines ou les [[Ciné-parc|drive-in]], où elle comble le trou entre deux sorties de série A<ref name="re">{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Thomas Patrick|nom1=Doherty|titre=Teenagers and teenpics : the juvenilization of American movies in the 1950s|lieu=Philadelphie|éditeur=Temple University Press|année=2002|pages totales=272|passage=37|isbn=978-1-56639-945-6}}.</ref>. Les principaux fournisseurs de séries B de UA sont [[Edward Small]], [[Bel-Air Pictures]] et [[Security Pictures]]. Edward Small, qui signe un contrat avec UA en [[1952 au cinéma|1952]] est, de loin, le plus important : il lui fournit 75 [[Film d'exploitation|films d'exploitation]] en dix ans tout en lui proposant de temps à autre des séries A comme ''[[Témoin à charge (film, 1957)|Témoin à charge]]'' ou ''[[Salomon et la Reine de Saba]]''. Les budgets des films de Small, tournés en 7-9 jours, sont compris entre {{formatnum:100000}} et {{formatnum:300000}} dollars. Rapportant entre {{formatnum:300000}} et {{formatnum:500000}} dollars, ils ne contribuent que peu à la commission de distributeur de UA ou à sa [[Risque de réputation|réputation]]. En revanche, par le volume qu'ils génèrent (UA distribue en moyenne 25 films d'exploitation par an), la compagnie réduit ses frais fixes et obtient des [[rendements d'échelle]]<ref name="rf" >{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Victor A. |nom1=Ginsburgh|auteur2=David Throsby|lien auteur2=David Throsby|titre=Handbook of the Economics of Art and Culture|lieu=Amsterdam|éditeur=[[Elsevier (éditeur)|Elsevier]]|année=2006|pages totales=1321|passage=615-665|isbn=978-0-444-50870-6|id=}}.</ref> Ces films consistent en des [[western]]s, des [[Film noir|films noirs]] (la série des ''Confidential'') ou des films de [[science-fiction]] (''spacers'') et d'[[Film d'horreur|horreur]] (''chillers'') qu'UA distribue en [[double programme]], suivant la pratique de l'époque.


=== La diversification ===
=== La diversification ===
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==== Production télévisée ====
==== Production télévisée ====
{{Article détaillé|United Artists Television}}
{{Article détaillé|United Artists Television}}
UA s'engage dans la production audiovisuelle plus tard que les autres studios, qui fournissent déjà à l'époque la plupart des programmes de [[première partie de soirée]]. Appliquant son financement de la production indépendante à la télévision, UA lance cinq [[Série télévisée|séries]] d'une demi-heure pour la [[Saison (télévision)|saison]] [[1959 à la télévision|1959]]-[[1960 à la télévision|60]]. ''[[Troubleshooters]]'' est programmé sur [[National Broadcasting Company|NBC]]<ref name="rg" /> et ''[[The Dennis O'Keefe Show]]'' sur [[Columbia Broadcasting System|CBS]]. La recherche de [[Synergie#Économie|synergies]] pousse à lancer ''[[Tales of the Vikings]]'', [[série dérivée]] des ''[[Les Vikings (film, 1958)|Vikings]]'' et ''{{Lien|fr=Miami Undercover|lang=en|trad=Miami Undercover|texte=Miami Undercover}}'', d'[[Aubrey Schenck]], un producteur UA. Ces deux séries ne sont diffusées qu'en [[syndication]] et la cinquième, ''[[Hudson's Bay (série télévisée)|Hudson's Bay]]'', n'est jamais diffusée. En [[1960 à la télévision|1960]], [[United Artists Television]] (UA-TV) acquiert pour environ 7 millions de dollars [[Ziv Television Programs]], qui accuse une dette de 10 millions. Selon Krim, {{citation|Nous avons acquis cette compagnie au moment où la syndication commençait à décliner et le contrôle du marché par les réseaux augmentait}}<ref name="ABK interview 20/10/1983"/>. Ce marché, caractérisé par pléthore d'offre (les producteurs) et peu de demande (les trois réseaux), ne connaît pas d'[[équilibre économique]]. Aussi, Ziv-United Artists n'arrive à placer aucun des douze pilotes qu'elle produit et subit la [[concurrence]] du studio [[Music Corporation of America|MCA]]/[[Universal Pictures|Universal]] et de producteurs de télévision comme [[Bing Crosby]], [[Desilu]], [[Four-Star]], [[Filmways]] ou [[Quinn Martin]]. En [[1962 à la télévision|1962]], UA renonce à son rôle de producteur, renomme à nouveau sa filiale en United Artists Television et revient au financement de la production indépendante. Durant la saison [[1962 à la télévision|1962]]-[[1963 à la télévision|63]], UA-TV vend ''[[Stoney Burke]]'' à [[American Broadcasting Company|ABC]] et durant la saison [[1963 à la télévision|1963]]-[[1964 à la télévision|64]] parvient à placer six séries en première partie de soirée, dont ''[[East Side/West Side]]'', ''[[Au-delà du réel]]'' et ''[[Le Fugitif (série télévisée)|Le Fugitif]]''. L'année suivante, c'est au tour de ''[[L'Île aux naufragés]]''. À ce moment, le contrôle des réseaux est complet et la concurrence entre producteurs plus féroce que jamais. Étant donné qu'UA-TV n'a pu se hisser qu'à la {{8e|place}} parmi ces derniers et n'a engrangé que 37 millions de dollars sur la période [[1960 à la télévision|1960]]-[[1964 à la télévision|64]]<ref name="rh" />, elle décide de se rabattre sur la location de films aux chaînes de télévision<ref name="ri" />.
UA s'engage dans la production audiovisuelle plus tard que les autres studios, qui fournissent déjà à l'époque la plupart des programmes de [[première partie de soirée]]. Appliquant son financement de la production indépendante à la télévision, UA lance cinq [[Série télévisée|séries]] d'une demi-heure pour la [[Saison (télévision)|saison]] [[1959 à la télévision|1959]]-[[1960 à la télévision|60]]. ''[[Troubleshooters]]'' est programmé sur [[National Broadcasting Company|NBC]]<ref name="rg">{{Ouvrage|langue=en|nom1=Alex McNeil|titre=Total Television|lieu=New York|éditeur=[[Penguin Books]]|année=1996|pages totales=257|passage=866|isbn=0-7864-0654-2}}.</ref> et ''[[The Dennis O'Keefe Show]]'' sur [[Columbia Broadcasting System|CBS]]. La recherche de [[Synergie#Économie|synergies]] pousse à lancer ''[[Tales of the Vikings]]'', [[série dérivée]] des ''[[Les Vikings (film, 1958)|Vikings]]'' et ''{{Lien|fr=Miami Undercover|lang=en|trad=Miami Undercover|texte=Miami Undercover}}'', d'[[Aubrey Schenck]], un producteur UA. Ces deux séries ne sont diffusées qu'en [[syndication]] et la cinquième, ''[[Hudson's Bay (série télévisée)|Hudson's Bay]]'', n'est jamais diffusée. En [[1960 à la télévision|1960]], [[United Artists Television]] (UA-TV) acquiert pour environ 7 millions de dollars [[Ziv Television Programs]], qui accuse une dette de 10 millions. Selon Krim, {{citation|Nous avons acquis cette compagnie au moment où la syndication commençait à décliner et le contrôle du marché par les réseaux augmentait}}<ref name="ABK interview 20/10/1983">{{en}} Tino Balio, interview avec Arthur Krim, {{date|20|octobre|1983}}.</ref>. Ce marché, caractérisé par pléthore d'offre (les producteurs) et peu de demande (les trois réseaux), ne connaît pas d'[[équilibre économique]]. Aussi, Ziv-United Artists n'arrive à placer aucun des douze pilotes qu'elle produit et subit la [[concurrence]] du studio [[Music Corporation of America|MCA]]/[[Universal Pictures|Universal]] et de producteurs de télévision comme [[Bing Crosby]], [[Desilu]], [[Four-Star]], [[Filmways]] ou [[Quinn Martin]]. En [[1962 à la télévision|1962]], UA renonce à son rôle de producteur, renomme à nouveau sa filiale en United Artists Television et revient au financement de la production indépendante. Durant la saison [[1962 à la télévision|1962]]-[[1963 à la télévision|63]], UA-TV vend ''[[Stoney Burke]]'' à [[American Broadcasting Company|ABC]] et durant la saison [[1963 à la télévision|1963]]-[[1964 à la télévision|64]] parvient à placer six séries en première partie de soirée, dont ''[[East Side/West Side]]'', ''[[Au-delà du réel (série télévisée)|Au-delà du réel]]'' et ''[[Le Fugitif (série télévisée)|Le Fugitif]]''. L'année suivante, c'est au tour de ''[[L'Île aux naufragés]]''. À ce moment, le contrôle des réseaux est complet et la concurrence entre producteurs plus féroce que jamais. Étant donné qu'UA-TV n'a pu se hisser qu'à la {{8e|place}} parmi ces derniers et n'a engrangé que 37 millions de dollars sur la période [[1960 à la télévision|1960]]-[[1964 à la télévision|64]]<ref name="rh">{{Article |langue=en |auteur=Albert Kroeger |titre=A Long Hard Look at the Genealogy of Network TV |revue=Television |no=4 |date=avril 1966 |vol=23 |titre vol= |pages=36-39 }}.</ref>, elle décide de se rabattre sur la location de films aux chaînes de télévision<ref name="ri">{{Ouvrage|langue=en|nom1=Kerry Segrave|titre=Movies at Home|sous-titre=How Hollywood Came to Television|lieu=Jefferson|éditeur=[[McFarland & Company]]|année=1999|pages totales=257|passage=79-104|isbn=0-7864-0654-2|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=IZTehB3M1_kC&printsec=frontcover}}.</ref>.


==== Location de films aux chaînes en syndication et aux réseaux ====
==== Location de films aux chaînes en syndication et aux réseaux ====
Dès [[1955 au cinéma|1955]], [[RKO Pictures|RKO]] et [[Warner Bros.]] vendent leurs catalogues pré-1950 à, respectivement, [[General Teleradio]] et [[Associated Artists Productions]]. Malgré la crainte des [[Exploitant de salle de cinéma|exploitants de salles]] face à la [[syndication]] (auxquels UA applique le même pourcentage), UA suit et dépasse même la tendance en étant la première major à louer son catalogue post-1950, essentiellement des [[Cinéma britannique|films britanniques]], dont ceux d'[[Eagle-Lion Films|Eagle-Lion]]. En [[1957 au cinéma|1957]], UA rachète pour 27 millions de dollars à Associated Artists Productions le catalogue pré-1950 de la Warner, soit 800 films sonores, 200 muets, {{formatnum:1400}} courts métrages, dont les séries des [[Animation (audiovisuel)|films d'animation]] ''[[Looney Tunes]]'', ''[[Merrie Melodies]]'' et ''[[Popeye#Dessin animé|Popeye]]''<ref name="rj" />. En [[1959 au cinéma|1959]], UA rachète pour 3,7 millions le catalogue pré-1950 de la RKO, si bien que l'année suivante, elle est à la tête du plus important catalogue de films d'Hollywood. L'on estime en [[1958 à la télévision|1958]] que la cession de droits télévisés a rapporté 200 millions de dollars aux majors<ref name="AFI" />.
Dès [[1955 au cinéma|1955]], [[RKO Pictures|RKO]] et [[Warner Bros.]] vendent leurs catalogues pré-1950 à, respectivement, [[General Teleradio]] et [[Associated Artists Productions]]. Malgré la crainte des [[Exploitant de salle de cinéma|exploitants de salles]] face à la [[syndication]] (auxquels UA applique le même pourcentage), UA suit et dépasse même la tendance en étant la première major à louer son catalogue post-1950, essentiellement des [[Cinéma britannique|films britanniques]], dont ceux d'[[Eagle-Lion Films|Eagle-Lion]]. En [[1957 au cinéma|1957]], UA rachète pour 27 millions de dollars à Associated Artists Productions le catalogue pré-1950 de la Warner, soit 800 films sonores, 200 muets, {{formatnum:1400}} courts métrages, dont les séries des [[Animation (audiovisuel)|films d'animation]] ''[[Looney Tunes]]'', ''[[Merrie Melodies]]'' et ''[[Popeye#Dessin animé|Popeye]]''{{sfn|Balio|1987|p=105-106|loc=||id=}}. En [[1959 au cinéma|1959]], UA rachète pour 3,7 millions le catalogue pré-1950 de la RKO, si bien que l'année suivante, elle est à la tête du plus important catalogue de films d'Hollywood. L'on estime en [[1958 à la télévision|1958]] que la cession de droits télévisés a rapporté 200 millions de dollars aux majors{{sfn|Londoner|Balio|1985|p=435|loc=|id=}}.


À la date de [[1960 à la télévision|1960]], les films pré-1950 sont diffusés en masse à la [[télévision]], qui est devenue un acteur de l'[[industrie du cinéma]], au même titre que les [[Exploitant de salle de cinéma|exploitants]]. Les droits de diffusion d'un long métrage (deux passages) passent ainsi de {{formatnum:10000}} dollars en [[1955 à la télévision|1955]] à {{formatnum:150000}} en [[1960 à la télévision|1960]], les films ayant réussi au [[box-office]] et les [[blockbuster]]s étant facturés plus cher<ref name="rk"/>. En [[1964 au cinéma|1964]], UA commence à vendre des ''packages'' de films récents aux [[réseau de télévision|réseaux]] [[Columbia Broadcasting System|CBS]] et [[American Broadcasting Company|ABC]], suivis en [[1965 au cinéma|1965]] par [[National Broadcasting Company|NBC]]. Le contrat de 125 millions de dollars négocié avec ce dernier en [[1967 à la télévision|1967]] est alors le plus important jamais signé<ref name="rl"/>. Quatre de ces films (''[[West Side Story (film)|West Side Story]]'', ''[[Un monde fou, fou, fou, fou]]'', ''[[La Plus Grande Histoire jamais contée|La Plus grande histoire jamais contée]]'' et ''[[Tom Jones (film)|Tom Jones]]'') sont vendus pour la somme jamais vue de 5 millions l'unité. De fait, la cession de droits télévisés permet de compenser les pertes à l'[[Exploitation cinématographique|exploitation]] mais constitue également une seconde source de profit pour UA.
À la date de [[1960 à la télévision|1960]], les films pré-1950 sont diffusés en masse à la [[télévision]], qui est devenue un acteur de l'[[industrie du cinéma]], au même titre que les [[Exploitant de salle de cinéma|exploitants]]. Les droits de diffusion d'un long métrage (deux passages) passent ainsi de {{formatnum:10000}} dollars en [[1955 à la télévision|1955]] à {{formatnum:150000}} en [[1960 à la télévision|1960]], les films ayant réussi au [[box-office]] et les [[blockbuster]]s étant facturés plus cher{{sfn|Balio|1987|p=111-112|loc=||id=}}. En [[1964 au cinéma|1964]], UA commence à vendre des ''packages'' de films récents aux [[réseau de télévision|réseaux]] [[Columbia Broadcasting System|CBS]] et [[American Broadcasting Company|ABC]], suivis en [[1965 au cinéma|1965]] par [[National Broadcasting Company|NBC]]. Le contrat de 125 millions de dollars négocié avec ce dernier en [[1967 à la télévision|1967]] est alors le plus important jamais signé<ref name="rl">{{Article|langue=en |prénom=Robert W. |nom1=Crandall |titre=The PostWar Performance of the Motion-Picture Industry |revue=[[The Antitrust Bulletin]] |no=49 |date=printemps 1975 |vol= |titre vol= |pages=85 }}.</ref>. Quatre de ces films (''[[West Side Story (film)|West Side Story]]'', ''[[Un monde fou, fou, fou, fou]]'', ''[[La Plus Grande Histoire jamais contée|La Plus grande histoire jamais contée]]'' et ''[[Tom Jones (film)|Tom Jones]]'') sont vendus pour la somme jamais vue de 5 millions l'unité. De fait, la cession de droits télévisés permet de compenser les pertes à l'[[Exploitation cinématographique|exploitation]] mais constitue également une seconde source de profit pour UA.


==== Production et publication de musique ====
==== Production et publication de musique ====
{{Article détaillé|United Artists Records|United Artists Music}}
{{Article détaillé|United Artists Records}}

[[Fichier:United artists records 1970 - 1980.svg|vignette|droite|Logo de [[United Artists Records]] (1971-1980)]]
[[Fichier:United artists records 1970 - 1980.svg|vignette|droite|Logo de [[United Artists Records]] (1971-1980)]]
L'entrée de UA dans l'[[industrie musicale]] est également tardive. À l'époque, le marché est dominé par des [[majors]] comme [[Columbia Records]], [[RCA Victor]], [[Capitol Records]] et [[Decca Records]], tandis que tous les [[Sociétés de production de cinéma américaines#Grands studios américains (ou « majors »)|studios hollywoodiens]] s'y sont déjà diversifié ou sont sur le point de le faire. Pour percer sur le secteur, UA entend dégager des [[Synergie#Économie|synergies]] avec le cinéma en commercialisant des [[Long Play|LP]] ou des [[Single (musique)|singles]] issus de ses [[Musique de film|musiques de film]] et, secondairement, monter un catalogue sur les [[Niche de marché|niches]] que constituent la [[musique populaire]] ou [[Musique classique|classique]]<ref name="rm" />. Le [[label discographique|label]] devient rapidement populaire dans les [[années 1960]] avec la sortie de singles extraits de la musique des films ''[[Les Sept Mercenaires]]'', ''[[Exodus (film, 1960)|Exodus]]'', ''[[Jamais le dimanche]]'', ''[[La Panthère rose (film, 1963)|La Panthère rose]]'' et ''[[Goldfinger]]'', mais pas de sa [[comédie musicale]] la plus rentable, ''[[West Side Story (film)|West Side Story]]'', dont la [[bande originale]] est distribuée par Columbia Records. Le plus grand [[Tube (musique)|hit]] de [[United Artists Records]] est l'album de [[1964 en musique|1964]] des [[The Beatles|Beatles]] ''[[A Hard Day's Night (album)|A Hard Day's Night]]'', qui se vend certes à 2 millions d'exemplaires en pleine [[beatlemania]], mais confirme que la synergie n'est réalisable que sur les bandes originales. Or, le catalogue [[United Artists Music]] est daté, ses disques sont distribués uniquement par des [[disquaire]]s indépendants et UA n'est pas prête à y investir, bien que cette filiale contribue à 25 % de son [[chiffre d'affaires]] en [[1966 en musique|1966]].
L'entrée de UA dans l'[[industrie musicale]] est également tardive. À l'époque, le marché est dominé par des [[majors]] comme [[Columbia Records]], [[RCA Victor]], [[Capitol Records]] et [[Decca Records]], tandis que tous les [[Sociétés de production de cinéma américaines#Grands studios américains (ou « majors »)|studios hollywoodiens]] s'y sont déjà diversifié ou sont sur le point de le faire. Pour percer sur le secteur, UA entend dégager des [[Synergie#Économie|synergies]] avec le cinéma en commercialisant des [[Long Play|LP]] ou des [[Single (musique)|singles]] issus de ses [[Musique de film|musiques de film]] et, secondairement, monter un catalogue sur les [[Niche de marché|niches]] que constituent la [[musique populaire]] ou [[Musique classique|classique]]{{sfn|Balio|1987|p=113|loc=||id=}}. Le [[label discographique|label]] devient rapidement populaire dans les [[années 1960]] avec la sortie de singles extraits de la musique des films ''[[Les Sept Mercenaires]]'', ''[[Exodus (film, 1960)|Exodus]]'', ''[[Jamais le dimanche]]'', ''[[La Panthère rose (film, 1963)|La Panthère rose]]'' et ''[[Goldfinger]]'', mais pas de sa [[comédie musicale]] la plus rentable, ''[[West Side Story (film)|West Side Story]]'', dont la [[bande originale]] est distribuée par Columbia Records. Le plus grand [[Tube (musique)|hit]] de [[United Artists Records]] est l'album de [[1964 en musique|1964]] des [[The Beatles|Beatles]] ''[[A Hard Day's Night (album)|A Hard Day's Night]]'', qui se vend certes à 2 millions d'exemplaires en pleine [[beatlemania]], mais confirme que la synergie n'est réalisable que sur les bandes originales. Or, le catalogue [[United Artists Music]] est daté, ses disques sont distribués uniquement par des [[disquaire]]s indépendants et UA n'est pas prête à y investir, bien que cette filiale contribue à 25 % de son [[chiffre d'affaires]] en [[1966 en musique|1966]].


Après la prise de contrôle de UA par la [[Transamerica Corporation]] (TA) en [[1967 au cinéma|1967]], cette dernière acquiert (contre l'avis de UA) [[Liberty Records]] pour 22 millions de dollars en [[1968 en musique|1968]]. Avec la [[fusion d'entreprises|fusion]], la nouvelle entité, renommée Liberty/United Artists Records, accède à la {{6e|place}} des majors. Liberty/UA dégage des [[profit]]s les deux premières années mais perd, respectivement, 5,1 millions de dollars en [[1970 en musique|1970]] et 3,8 millions en [[1971 en musique|1971]]. UA réorganise Liberty/UA, remplace l'[[Management|équipe de management]], réduit les frais généraux et la renomme à nouveau en United Artists Records. À l'issue d'une nouvelle réorganisation, TA se sépare des branches de distribution de United Artists Records en [[1973 en musique|1973]] et de production en [[1975 en musique|1975]]. L'ensemble est renommé en United Artists Records and Music Group Inc. (UARMG). En [[1976 en musique|1976]], United Artists Records ne contribue toujours qu'à 25 % du chiffre d'affaires de UA<ref name="rn" />. En [[1978 en musique|1978]], Artie Mogull et Jerry Rubinstein rachètent la filiale à TA grâce à un prêt d'[[EMI Group|EMI]]. Avec le passage de son label Jet Records chez [[CBS Records]] en [[1979 en musique|1979]], United Artists Records, renommée Liberty/United Records, perd du même coup [[Electric Light Orchestra]]. Incapable de recouvrer son investissement, EMI démantèle Liberty/United Records la même année, la renomme en Liberty Records, et la fusionne en [[1980 en musique|1980]] avec [[Capitol Records]]<ref name="ro" />. En [[1986]], le [[producteur de cinéma]] [[Jerry Weintraub]], appelé à la rescousse pour revitaliser UA, tente, sans succès, de relancer United Artists Records.
Après la prise de contrôle de UA par la [[Transamerica Corporation]] (TA) en [[1967 au cinéma|1967]], cette dernière acquiert (contre l'avis de UA) [[Liberty Records]] pour 22 millions de dollars en [[1968 en musique|1968]]. Avec la [[fusion d'entreprises|fusion]], la nouvelle entité, renommée Liberty/United Artists Records, accède à la {{6e|place}} des majors. Liberty/UA dégage des [[profit]]s les deux premières années mais perd, respectivement, 5,1 millions de dollars en [[1970 en musique|1970]] et 3,8 millions en [[1971 en musique|1971]]. UA réorganise Liberty/UA, remplace l'[[Management|équipe de management]], réduit les frais généraux et la renomme à nouveau en United Artists Records. À l'issue d'une nouvelle réorganisation, TA se sépare des branches de distribution de United Artists Records en [[1973 en musique|1973]] et de production en [[1975 en musique|1975]]. L'ensemble est renommé en United Artists Records and Music Group Inc. (UARMG). En [[1976 en musique|1976]], United Artists Records ne contribue toujours qu'à 25 % du chiffre d'affaires de UA{{sfn|Balio|1987|p=116|loc=||id=}}. En [[1978 en musique|1978]], Artie Mogull et Jerry Rubinstein rachètent la filiale à TA grâce à un prêt d'[[EMI Group|EMI]]. Avec le passage de son label Jet Records chez [[CBS Records]] en [[1979 en musique|1979]], United Artists Records, renommée Liberty/United Records, perd du même coup [[Electric Light Orchestra]]. Incapable de recouvrer son investissement, EMI démantèle Liberty/United Records la même année, la renomme en Liberty Records, et la fusionne en [[1980 en musique|1980]] avec [[Capitol Records]]<ref name="ro">{{Lien web|langue=en |url=http://www.bsnpubs.com/liberty/liberty.html |titre=The Liberty Records Story |auteur=David Edwards et Mike Callahan |date={{date|20|janvier|2001}} |site=bsnpubs.com |éditeur=Both Sides Now Publications |consulté le={{date|6|mars|2009}} }}.</ref>. En [[1986]], le [[producteur de cinéma]] [[Jerry Weintraub]], appelé à la rescousse pour revitaliser UA, tente, sans succès, de relancer United Artists Records.


== Les années 1960 : les ''blockbusters'' ==
== Les années 1960 : les ''blockbusters'' ==
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| ''[[Macadam Cowboy]]'' (Hellman - Schlesinger, 1969) || 11
| ''[[Macadam Cowboy]]'' (Hellman - Schlesinger, 1969) || 11
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| ''[[Les Russes arrivent]]'' (Mirisch, 1966) || 10
| ''[[Les Russes arrivent (film, 1966)|Les Russes arrivent]]'' (Mirisch, 1966) || 10
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| ''[[La Garçonnière (film, 1960)|La Garçonnière]]'' (Mirisch, 1960) || 9,3
| ''[[La Garçonnière (film, 1960)|La Garçonnière]]'' (Mirisch, 1960) || 9,3
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| ''[[Topkapi (film)|Topkapi]]'' (Filmways - Dassin, 1964) || 4
| ''[[Topkapi (film)|Topkapi]]'' (Filmways - Dassin, 1964) || 4
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|colspan="4" |Sources : {{en}} Variety (magazine), {{date-|7 janvier 1970}}, {{p.|25}}, 27, 32<ref name="rp"/>
|colspan="4" |Sources : {{en}} Variety (magazine), {{date-|7 janvier 1970}}, {{p.|25}}, 27, 32<ref name="rp">{{Article |langue=en |auteur= |titre=Hollywood Happy Ending |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |jour=28|mois=avril|année=1958 |url texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,868448,00.html |consulté le=4 mars 2009}}.</ref>
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=== Le marché de la série A ===
=== Le marché de la série A ===
La tendance de la « grosse machine » (ou [[blockbuster]]) débute en [[1952 au cinéma|1952]] avec des films comme ''[[Quo vadis (film, 1951)|Quo Vadis]]'' de la [[Metro-Goldwyn-Mayer|MGM]], ''[[L'Odyssée de l'African Queen]]'' de UA et ''[[Sous le plus grand chapiteau du monde]]'' de la [[Paramount Pictures|Paramount]] puis se poursuit l'année suivante avec l'introduction de nouveaux [[format d'image|formats de projection]] comme le [[Cinérama]], le film en [[Projection en relief stéréoscopique|relief]] et le [[CinemaScope]]. Ces innovations techniques permettent à l'[[Cinéma#Filière|industrie cinématographique]] de se [[Différenciation compétitive|différencier]] de la [[télévision]] tandis que l'augmentation du prix du billet compense la baisse de la [[Fréquentation cinématographique|fréquentation]]<ref name="rq"/>. En résumé, en adoptant la formule du blockbuster, [[Cinéma américain|Hollywood]] fait sienne la devise de ''[[Business Week]]'': {{citation|''Make them big, show them big ; and sell them big''
La tendance de la « grosse machine » (ou [[blockbuster]]) débute en [[1952 au cinéma|1952]] avec des films comme ''[[Quo vadis (film, 1951)|Quo Vadis]]'' de la [[Metro-Goldwyn-Mayer|MGM]], ''[[L'Odyssée de l'African Queen]]'' de UA et ''[[Sous le plus grand chapiteau du monde]]'' de la [[Paramount Pictures|Paramount]] puis se poursuit l'année suivante avec l'introduction de nouveaux [[format d'image|formats de projection]] comme le [[Cinérama]], le film en [[Projection en relief stéréoscopique|relief]] et le [[CinemaScope]]. Ces innovations techniques permettent à l'[[Cinéma#Filière|industrie cinématographique]] de se [[Différenciation compétitive|différencier]] de la [[télévision]] tandis que l'augmentation du prix du billet compense la baisse de la [[Fréquentation cinématographique|fréquentation]]{{sfn|Edgerton|1983|p=26|loc=||id=}}. En résumé, en adoptant la formule du blockbuster, [[Cinéma américain|Hollywood]] fait sienne la devise de ''[[Business Week]]'': {{citation|''Make them big, show them big ; and sell them big''<ref name="rr">{{Article|langue=en |auteur= |titre=Getting Them Back to the Movies |revue=[[Business Week]] |no= |date={{date|22|octobre|1955}} |vol= |titre vol= |pages=58 }}.</ref>}}. Le résultat ne se fait pas attendre : avant ''[[La Tunique]]'', le {{1er|film}} en CinemaScope en [[1953 au cinéma|1953]], seulement 100 films ont atteint la barre des 5 millions de dollars de recettes. Un an et demi après ce succès de la [[20th Century Studios|Fox]], on en compte plus de 30{{sfn|Lincoln|1955|p=127|loc=||id=}}.
<ref name="rr"/>}}. Le résultat ne se fait pas attendre : avant ''[[La Tunique]]'', le {{1er|film}} en CinemaScope en [[1953 au cinéma|1953]], seulement 100 films ont atteint la barre des 5 millions de dollars de recettes. Un an et demi après ce succès de la[[20th Century Studios|Fox]], on en compte plus de 30<ref name="rs"/>.


=== Les ''blockbusters'' de UA ===
=== Les ''blockbusters'' de UA ===
Avant son entrée en bourse, UA ne distribue qu'une poignée de blockbusters: ''[[L'Odyssée de l'African Queen]]'', ''[[Vera Cruz (film)|Vera Cruz]]'', ''[[La Comtesse aux pieds nus]]'', ''[[Alexandre le Grand (film, 1956)|Alexandre le Grand]]'' et ''[[Le Tour du monde en quatre-vingts jours (film, 1956)|Le Tour du monde en 80 jours]]''. Le producteur de ce dernier, [[Michael Todd (producteur)|Michael Todd]], a déjà sorti l'année passée ''[[Oklahoma ! (film, 1955)|Oklahoma !]]'', tourné en [[Todd-AO]] et adapté d'une [[comédie musicale]] à succès de [[Théâtre de Broadway|Broadway]] par [[Richard Rodgers|Rodgers]] et [[Oscar Hammerstein II|Hammerstein]]. Autre principale base d'un blockbuster, le [[best-seller]], qui lui sert cette fois-ci pour ''Le Tour du monde en 80 jours''. Budgeté à 2,5 millions de dollars, le film accuse un dépassement de 3,5 millions lorsqu'il est pris en distribution internationale par UA contre 2 millions. Après une [[avant-première]] au ''Rivoli'', à [[New York]], le {{date|17|octobre|1956}}, il est programmé lors des fêtes de fin d'année dans les grandes salles des [[métropole]]s disposant du Todd-AO, puis mis en distribution générale dans le reste du pays en CinemaScope, au prix normal du billet. Fin [[1958 au cinéma|1958]], ''Le Tour du monde'' a rapporté 23 millions de dollars (dont 10 % pour UA) et plusieurs [[Oscar du cinéma|Oscars]], dont celui du [[Oscar du meilleur film|meilleur film]].
Avant son entrée en bourse, UA ne distribue qu'une poignée de blockbusters: ''[[L'Odyssée de l'African Queen]]'', ''[[Vera Cruz (film)|Vera Cruz]]'', ''[[La Comtesse aux pieds nus]]'', ''[[Alexandre le Grand (film, 1956)|Alexandre le Grand]]'' et ''[[Le Tour du monde en quatre-vingts jours (film, 1956)|Le Tour du monde en 80 jours]]''. Le producteur de ce dernier, [[Michael Todd (producteur)|Michael Todd]], a déjà sorti l'année passée ''[[Oklahoma ! (film, 1955)|Oklahoma !]]'', tourné en [[Todd-AO]] et adapté d'une [[comédie musicale]] à succès de [[Théâtre de Broadway|Broadway]] par [[Richard Rodgers|Rodgers]] et [[Oscar Hammerstein II|Hammerstein]]. Autre principale base d'un blockbuster, le [[best-seller]], qui lui sert cette fois-ci pour ''Le Tour du monde en 80 jours''. Budgeté à 2,5 millions de dollars, le film accuse un dépassement de 3,5 millions lorsqu'il est pris en distribution internationale par UA contre 2 millions. Après une [[avant-première]] au ''Rivoli'', à [[New York]], le {{date|17|octobre|1956}}, il est programmé lors des fêtes de fin d'année dans les grandes salles des [[métropole]]s disposant du Todd-AO, puis mis en distribution générale dans le reste du pays en CinemaScope, au prix normal du billet. Fin [[1958 au cinéma|1958]], ''Le Tour du monde'' a rapporté 23 millions de dollars (dont 10 % pour UA) et plusieurs [[Oscar du cinéma|Oscars]], dont celui du [[Oscar du meilleur film|meilleur film]].


La [[Bourse (économie)|Bourse]] aide UA à financer ses blockbusters tandis que des coûts de production plus bas que ses [[concurrent]]s (2,3 millions contre 2 millions en [[1965 au cinéma|1965]] et 3 en [[1968 au cinéma|1968]]<ref name="rt"/>) lui évitent les aléas du « ''nobody knows''<ref name="ru"/> ». UA met en œuvre plusieurs parades pour éviter le flop : la [[Collatéral (finance)|collatéralisation]], déjà évoquée (qui, par exemple, lui permet de ne perdre que {{formatnum:700000}} dollars au lieu de 2,5 millions sur ''[[Pour que vivent les hommes]]'' et ''[[Orgueil et Passion]]'') ; le [[merchandising|marchandisage]] d'un [[roman (littérature)|roman]] (par exemple, ''[[Exodus (roman, Uris)|Exodus]]'' de [[Leon Uris]] avant la sortie de son [[Exodus (film, 1960)|adaptation]]) et l'évaluation du [[Bilan comptable|bilan]] d'un producteur (par exemple, [[Albert R. Broccoli]] et [[Harry Saltzman]] ne sont pas autorisés à produire autre chose que des [[James Bond#Films|''James Bond'']] tant que la série n'a pas dégagé de bénéfices substantiels)<ref name="rv"/>. En dépit de ces protections, le flop survient : celui de ''[[La Plus Grande Histoire jamais contée|La Plus grande histoire jamais contée]]''…
La [[Bourse (économie)|Bourse]] aide UA à financer ses blockbusters tandis que des coûts de production plus bas que ses [[concurrent]]s (2,3 millions contre 2 millions en [[1965 au cinéma|1965]] et 3 en [[1968 au cinéma|1968]]{{sfn|Crandall|1975|p=70-72|loc=||id=}}) lui évitent les aléas du « ''nobody knows''{{sfn|Ginsburgh|Throsby|2006|p=618|loc=|id=}} ». UA met en œuvre plusieurs parades pour éviter le flop : la [[Collatéral (finance)|collatéralisation]], déjà évoquée (qui, par exemple, lui permet de ne perdre que {{formatnum:700000}} dollars au lieu de 2,5 millions sur ''[[Pour que vivent les hommes]]'' et ''[[Orgueil et Passion]]'') ; le [[merchandising|marchandisage]] d'un [[roman (littérature)|roman]] (par exemple, ''[[Exodus (roman, Uris)|Exodus]]'' de [[Leon Uris]] avant la sortie de son [[Exodus (film, 1960)|adaptation]]) et l'évaluation du [[Bilan comptable|bilan]] d'un producteur (par exemple, [[Albert R. Broccoli]] et [[Harry Saltzman]] ne sont pas autorisés à produire autre chose que des [[James Bond#Films|''James Bond'']] tant que la série n'a pas dégagé de bénéfices substantiels){{sfn|Balio|1987|p=133|loc=||id=}}. En dépit de ces protections, le flop survient : celui de ''[[La Plus Grande Histoire jamais contée|La Plus grande histoire jamais contée]]''…


==== L'échec de ''La Plus grande histoire jamais contée'' ====
==== L'échec de ''La Plus grande histoire jamais contée'' ====
Développé à la[[20th Century Studios|Fox]], ''La Plus grande histoire'' doit être tourné aux [[États-Unis]] (les autres blockbusters sont généralement produits [[Offshoring|''offshore'']]) et a déjà coûté 2,3 millions de dollars en [[Préproduction (produit)|préproduction]]. La Fox, qui ne peut se le permettre<ref name="rw"/>, remet le film dans le {{Lien|fr=Turnaround (filmmaking)|lang=en|trad=Turnaround (filmmaking)|texte=''turnaround''}}. En reprenant le projet, UA rembourse à la Fox ses frais de préproduction (1 million de dollars), accorde au producteur-réalisateur [[George Stevens]] une [[Commission (rémunération)|commission]] de {{formatnum:300000}} dollars et décide d'un partage des bénéfices de 25 % pour UA et 75 % pour Stevens. Plus inhabituel, UA ne s'assure pas contre les dépassements de budget, pour plusieurs raisons selon Tino Balio : ''La Plus grande histoire'', budgétée à 7,4 millions de dollars pour 23 semaines de [[Tournage (audiovisuel)|tournage]], est présentée comme « un film intimiste sur Jésus-Christ » ; [[Spyros Skouras]], président de la Fox, déclare que le film possède un potentiel de 100 millions de dollars de bénéfices, tandis que Stevens est décrit par ''[[Time (magazine)|Time Magazine]]'' comme « intègre, respecté et capable »<ref name="rx"/>{{,}}<ref name="ry"/>. Pourtant, ''La Plus grande histoire'' dépasse son budget dès l'entrée en [[Producteur de cinéma|production]] et UA révise son budget à 12 millions de dollars à l'été [[1963 au cinéma|1963]] et espère encore, à la vue des résultats d'un autre film en [[Cinérama]], ''[[La Conquête de l'Ouest (film)|La Conquête de l'Ouest]]'' de la [[Metro-Goldwyn-Mayer|MGM]], que ce [[format de projection]] peut permettre au film de gagner 40 millions de dollars<ref name="rz"/>. Le film sort sans [[avant-première]]<ref name="raa"/> et reçoit de mauvaises critiques unanimes, sauf de la part de ''[[Variety]]''. Bien qu'UA espère un [[retour sur investissement]] positif sur 5 à 10 ans, en [[1965 au cinéma|1965]], elle passe par pertes et profits 60 % de la valeur du film (qu'elle récupère partiellement lors de sa location à [[National Broadcasting Company|NBC]] en [[1967 au cinéma|1967]]). Finalement, un an après sa sortie, le film a rapporté 12,1 millions de dollars<ref name="rab" />. Si ''La Plus grande histoire jamais contée'' ne cause pas trop de dommages, c'est qu'UA, à la différence de la Fox avec ''[[Cléopâtre (film, 1963)|Cléopâtre]]'', dispose d'un réservoir de blockbusters en distribution (voir tableau ci-contre).
Développé à la [[20th Century Studios|Fox]], ''La Plus grande histoire'' doit être tourné aux [[États-Unis]] (les autres blockbusters sont généralement produits [[Offshoring|''offshore'']]) et a déjà coûté 2,3 millions de dollars en [[Préproduction (produit)|préproduction]]. La Fox, qui ne peut se le permettre<ref name="rw">{{Article |langue=en |auteur= |titre=Cut! |revue=[[Newsweek]] |no= |date={{date|18|septembre|1961}} |vol= |titre vol= |pages=78 |extrait=Fox had an inventory of nearly $100 million in scenarios and unreleased films... and cannot commit itself to a project whose final cost it doesn't know.}}</ref>, remet le film dans le {{Lien|fr=Turnaround (filmmaking)|lang=en|trad=Turnaround (filmmaking)|texte=''turnaround''}}. En reprenant le projet, UA rembourse à la Fox ses frais de préproduction (1 million de dollars), accorde au producteur-réalisateur [[George Stevens]] une [[Commission (rémunération)|commission]] de {{formatnum:300000}} dollars et décide d'un partage des bénéfices de 25 % pour UA et 75 % pour Stevens. Plus inhabituel, UA ne s'assure pas contre les dépassements de budget, pour plusieurs raisons selon Tino Balio : ''La Plus grande histoire'', budgétée à 7,4 millions de dollars pour 23 semaines de [[Tournage (audiovisuel)|tournage]], est présentée comme « un film intimiste sur Jésus-Christ » ; [[Spyros Skouras]], président de la Fox, déclare que le film possède un potentiel de 100 millions de dollars de bénéfices, tandis que Stevens est décrit par ''[[Time (magazine)|Time Magazine]]'' comme « intègre, respecté et capable »<ref name="rx">{{Article|langue=en |auteur= |titre=Forget the Incense |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |date={{date|28|décembre|1962}} |texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,827958,00.html |consulté le={{date|15|mars|2009}}}}.</ref>{{,}}{{sfn|Balio|1987|p=175|loc=||id=}}. Pourtant, ''La Plus grande histoire'' dépasse son budget dès l'entrée en [[Producteur de cinéma|production]] et UA révise son budget à 12 millions de dollars à l'été [[1963 au cinéma|1963]] et espère encore, à la vue des résultats d'un autre film en [[Cinérama]], ''[[La Conquête de l'Ouest (film)|La Conquête de l'Ouest]]'' de la [[Metro-Goldwyn-Mayer|MGM]], que ce [[format de projection]] peut permettre au film de gagner 40 millions de dollars<ref name="rz">{{Article |langue=en |auteur= |titre=Memorandum |revue=United Artists Collection Addition, 1950-1980 |no= |date={{date|28|juin|1963}} |vol= |titre vol= |pages= |extrait=The picture would be just another big western if it were released in an ordinary process, and it would be likely to gross $15,000,000 worldwide. as a result of it being in Cinerama... a reasonable estimate of the ultimate gross of the picture is that it will be approximately $40 million world-wide. ''The Greatest Story Ever Told'' is so far superior to ''How the West Was Won'' that it is highly unlikely that it would not exceed the gross of ''How the West Was Won''.}}</ref>. Le film sort sans [[avant-première]]<ref name="raa">{{Ouvrage|langue=en|nom1=Marilyn Ann Moss|titre=Giant|sous-titre=George Stevens, A Life On Film|lieu=Madison|éditeur=University of Wisconsin Press|année=2004|pages totales=327|passage=269-288|isbn=978-0-299-20430-3|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=X7QlPeP1DFUC&pg=PA269&dq=%22greatest+story+ever+told%22+%22george+stevens%22}}.</ref> et reçoit de mauvaises critiques unanimes, sauf de la part de ''[[Variety]]''. Bien qu'UA espère un [[retour sur investissement]] positif sur 5 à 10 ans, en [[1965 au cinéma|1965]], elle passe par pertes et profits 60 % de la valeur du film (qu'elle récupère partiellement lors de sa location à [[National Broadcasting Company|NBC]] en [[1967 au cinéma|1967]]). Finalement, un an après sa sortie, le film a rapporté 12,1 millions de dollars{{sfn|Balio|1987|p=139|loc=||id=}}. Si ''La Plus grande histoire jamais contée'' ne cause pas trop de dommages, c'est qu'UA, à la différence de la Fox avec ''[[Cléopâtre (film, 1963)|Cléopâtre]]'', dispose d'un réservoir de blockbusters en distribution (voir tableau ci-contre).


==== Les frères Mirisch ====
==== Les frères Mirisch ====
{{Article détaillé|Mirisch Company}}
{{Article détaillé|Mirisch Company}}
Le contrat entre la [[Mirisch Company]] et UA n'est pas différent des autres : UA accepte de financer un minimum de quatre films par an sur trois ans à partir du {{date|1|septembre|1957}}, [[Collatéral (finance)|collatéralise]] les films, partage les profits 50-50 %, applique sa [[Commission (rémunération)|commission]] de distributeur habituelle, verse une commission hebdomadaire aux frères pour poursuivre l'[[Activité socioéconomique|activité]] et prend en charge leurs [[frais fixes]] (très bas, puisque de l'ordre de 2,5 %<ref name="rac"/>). Comme les autres producteurs indépendants de UA, {{citation|ils ne pouvaient rien dépenser sans notre approbation. Tant que nous étions concernés, ils étaient comme notre bureau sur la côte Ouest ou notre filiale. Ils donnaient de l'autonomie à beaucoup de monde, mais toujours avec notre autorisation. Avec les Mirisch, tout était fait sur la base de relations les plus étroites possibles ; nous avions grand respect pour tout ce qu'ils faisaient et, de fait, il y avait peu de conflits<ref name="ABK interview 20/03/1985"/>}}.
Le contrat entre la [[Mirisch Company]] et UA n'est pas différent des autres : UA accepte de financer un minimum de quatre films par an sur trois ans à partir du {{date|1|septembre|1957}}, [[Collatéral (finance)|collatéralise]] les films, partage les profits 50-50 %, applique sa [[Commission (rémunération)|commission]] de distributeur habituelle, verse une commission hebdomadaire aux frères pour poursuivre l'[[Activité socioéconomique|activité]] et prend en charge leurs [[frais fixes]] (très bas, puisque de l'ordre de 2,5 %<ref name="rac">{{Article|langue=en |auteur= |titre=The Big Ms |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |date={{date|23|juin|1961}} |texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,894522-2,00.html |consulté le={{date|18|mars|2009}}}}.</ref>). Comme les autres producteurs indépendants de UA, {{citation|ils ne pouvaient rien dépenser sans notre approbation. Tant que nous étions concernés, ils étaient comme notre bureau sur la côte Ouest ou notre filiale. Ils donnaient de l'autonomie à beaucoup de monde, mais toujours avec notre autorisation. Avec les Mirisch, tout était fait sur la base de relations les plus étroites possibles ; nous avions grand respect pour tout ce qu'ils faisaient et, de fait, il y avait peu de conflits<ref name="ABK interview 20/03/1985">{{en}} Tino Balio, interview avec Arthur Krim, {{date|20|mars|1985}}.</ref>}}.
[[Fichier:Marilyn Monroe in Some Like It Hot trailer.jpg|vignette|droite|[[Marilyn Monroe]] dans ''[[Certains l'aiment chaud]]'', l'un des [[Top 100 de l'American Film Institute|100 plus grands films américains]] selon l'[[American Film Institute]]]]
[[Fichier:Marilyn Monroe in Some Like It Hot trailer.jpg|vignette|droite|[[Marilyn Monroe]] dans ''[[Certains l'aiment chaud]]'', l'un des [[Top 100 de l'American Film Institute|100 plus grands films américains]] selon l'[[American Film Institute]]]]
[[Walter Mirisch|Walter]] et [[Harold Mirisch]] décident de se concentrer sur les [[réalisateur]]s, seuls capables selon eux, d'attirer des [[Vedette (personnalité)|stars]] et signent des multi-contrats avec des cinéastes confirmés comme [[Billy Wilder]], [[John Sturges]], [[Robert Wise]] et [[George Roy Hill]], mais aussi [[Blake Edwards]] et [[Norman Jewison]], tandis que d'autres tels [[Joseph M. Newman|Joseph Newman]], [[Michael Curtiz]], [[Daniel Petrie]], [[Walter Grauman]] ou [[Gordon Douglas]] sont rémunérés ''à la tâche'' sur un [[Scénario (film)|scénario]] déjà finalisé. Le premier des 12 films des Mirisch pour UA est un [[film d'exploitation]], ''Fort Massacre''. Il est immédiatement suivi par des films à plus gros budget : ''[[L'Homme de l'Ouest]]'' ([[1958 au cinéma|1958]]), qui échoue, et ''[[Certains l'aiment chaud]]'' ([[1959 au cinéma|1959]]), qui, produit à trois millions de dollars, en rapporte 13 ainsi que ne nombreuses récompenses<ref name="rad"/>. À l'exception d'''[[Irma la Douce (film)|Irma la Douce]]'' (15 millions de dollars en [[1963 au cinéma|1963]]), les films suivants de Wilder (''[[La Garçonnière (film, 1960)|La Garçonnière]]'' en [[1960 au cinéma|1960]] et ''[[Un, deux, trois]]'' en [[1961 au cinéma|1961]]) rapportent peu, voire perdent de l'argent (''[[Embrasse-moi, idiot (film, 1964)|Embrasse-moi, idiot]]'' en [[1964 au cinéma|1964]] et ''[[La Grande Combine]]'' en [[1966 au cinéma|1966]]). S'il est clair que la carrière de Wilder marque le pas<ref name="rae"/>, UA n'en laisse officiellement rien paraître (mais lui refuse un projet) et annonce en [[1965 au cinéma|1965]] l'extension de son contrat à trois films : ''[[La Vie privée de Sherlock Holmes]]'', ''[[Avanti! (film)|Avanti!]]'' et la coproduction [[France|franco]]-[[Allemagne|allemande]] ''[[Fedora (film)|Fedora]]''.
[[Walter Mirisch|Walter]] et [[Harold Mirisch]] décident de se concentrer sur les [[réalisateur]]s, seuls capables selon eux, d'attirer des [[Vedette (personnalité)|stars]] et signent des multi-contrats avec des cinéastes confirmés comme [[Billy Wilder]], [[John Sturges]], [[Robert Wise]] et [[George Roy Hill]], mais aussi [[Blake Edwards]] et [[Norman Jewison]], tandis que d'autres tels [[Joseph M. Newman|Joseph Newman]], [[Michael Curtiz]], [[Daniel Petrie]], [[Walter Grauman]] ou [[Gordon Douglas]] sont rémunérés ''à la tâche'' sur un [[Scénario (film)|scénario]] déjà finalisé. Le premier des 12 films des Mirisch pour UA est un [[film d'exploitation]], ''Fort Massacre''. Il est immédiatement suivi par des films à plus gros budget : ''[[L'Homme de l'Ouest]]'' ([[1958 au cinéma|1958]]), qui échoue, et ''[[Certains l'aiment chaud]]'' ([[1959 au cinéma|1959]]), qui, produit à trois millions de dollars, en rapporte 13 ainsi que de nombreuses récompenses<ref name="rad">{{lien web |langue=en |titre=Some Like It Hot |éditeur=[[The New York Times]] |date= |url=http://movies.nytimes.com/movie/45555/Some-Like-It-Hot/awards |consulté le={{date|19|mars|2009}}}}.</ref>. À l'exception d'''[[Irma la Douce (film)|Irma la Douce]]'' (15 millions de dollars en [[1963 au cinéma|1963]]), les films suivants de Wilder (''[[La Garçonnière (film, 1960)|La Garçonnière]]'' en [[1960 au cinéma|1960]] et ''[[Un, deux, trois]]'' en [[1961 au cinéma|1961]]) rapportent peu, voire perdent de l'argent (''[[Embrasse-moi, idiot (film, 1964)|Embrasse-moi, idiot]]'' en [[1964 au cinéma|1964]] et ''[[La Grande Combine]]'' en [[1966 au cinéma|1966]]). S'il est clair que la carrière de Wilder marque le pas<ref name="rae">{{Article|langue=en |auteur= |titre=Hipster's Harlot |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |date={{date|1|janvier|1965}} |texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,841733,00.html |consulté le={{date|21|mars|2009}}}}.</ref>, UA n'en laisse officiellement rien paraître (mais lui refuse un projet) et annonce en [[1965 au cinéma|1965]] l'extension de son contrat à trois films : ''[[La Vie privée de Sherlock Holmes]]'', ''[[Avanti! (film)|Avanti!]]'' et la coproduction [[France|franco]]-[[Allemagne|allemande]] ''[[Fedora (film)|Fedora]]''.


Après que leur contrat avec UA est étendu à vingt films en [[1959 au cinéma|1959]], les Mirisch produisent pour un public adulte deux adaptations de [[Pièce de théâtre|pièces]] de [[Lillian Hellman]] : ''[[La Rumeur (film)|La Rumeur]]'' et ''[[Le Tumulte]]'', qui perdent de l'argent. Les Mirisch ont plus de chance avec des [[western]]s/[[Film d'action|films d'action]] comme ''[[Le Shérif aux mains rouges]]'', ''[[Les Cavaliers (film, 1959)|Les Cavaliers]]'', deux films de Sturges (''[[Les Sept Mercenaires]]'' et ''[[La Grande Évasion (film, 1963)|La Grande Évasion]]'') ou ''[[Les Rois du soleil]]''. Les deux {{Lien|fr=vehicles|lang=en|trad=Star vehicle|texte=''vehicles''}} à la gloire d'[[Elvis Presley]] (''[[Le Shérif de ces dames]]'' et ''[[Un direct au cœur]]'') marchent bien, tout comme les premiers films de la collaboration Blake Edwards/[[Peter Sellers]] : ''[[La Panthère rose (film, 1963)|La Panthère rose]]'', ''[[Quand l'inspecteur s'emmêle]]'' et la [[La Panthère rose (série télévisée d'animation)|série d'animation dérivée]], coproduite avec [[DePatie-Freleng Enterprises]]<ref name="raf"/>. La Mirisch Company récupère enfin trois projets développés chez [[Seven Arts Productions]] : l'adaptation d'un [[best-seller]] (''[[Par l'amour possédé]]'') et de deux [[Comédie musicale|comédies musicales]] de [[Théâtre de Broadway|Broadway]] (''[[Deux sur la balançoire (film)|Deux sur la balançoire]]'' et ''[[West Side Story (film)|West Side Story]]''). Le premier, signé Sturges, comme le second, dirigé par Wise, sont des échecs au [[box-office]]. Robert Wide et Jerome Robbins ont plus de chance avec ''West Side Story'' qui, après une [[avant-première]] le {{date|18|octobre|1961}} au ''Rivoli'' de [[New York]] est projeté durant 68 semaines et devient le champion au box office de [[1962 au cinéma|1962]]<ref name="rag"/>. Rapportant à cette date 19 millions de dollars aux [[États-Unis]] et 30 millions à l'étranger, ''West Side'' génère 2,5 millions de profits, environ 12 millions de commission de distributeur pour UA, un million pour les Mirisch<ref name="p176-177"/> et est récompensé par dix [[Oscar du cinéma|Oscars]]. À l'issue de leur premier contrat, les 20 films des Mirisch ont rapporté 35 millions de dollars de commission de distributeur pour UA, sans parler de leur [[Amortissement comptable#Caractéristiques principales de l'amortissement comptable|valeur résiduelle]], notamment en cession de droits télévisés, estimée par UA à 92 millions en [[1963 au cinéma|1963]] et 125 en [[1968 au cinéma|1968]]<ref name="rah"/>.
Après que leur contrat avec UA est étendu à vingt films en [[1959 au cinéma|1959]], les Mirisch produisent pour un public adulte deux adaptations de [[Pièce de théâtre|pièces]] de [[Lillian Hellman]] : ''[[La Rumeur (film)|La Rumeur]]'' et ''[[Le Tumulte]]'', qui perdent de l'argent. Les Mirisch ont plus de chance avec des [[western]]s/[[Film d'action|films d'action]] comme ''[[Le Shérif aux mains rouges]]'', ''[[Les Cavaliers (film, 1959)|Les Cavaliers]]'', deux films de Sturges (''[[Les Sept Mercenaires]]'' et ''[[La Grande Évasion (film, 1963)|La Grande Évasion]]'') ou ''[[Les Rois du soleil]]''. Les deux {{Lien|fr=vehicles|lang=en|trad=Star vehicle|texte=''vehicles''}} à la gloire d'[[Elvis Presley]] (''[[Le Shérif de ces dames]]'' et ''[[Un direct au cœur]]'') marchent bien, tout comme les premiers films de la collaboration Blake Edwards/[[Peter Sellers]] : ''[[La Panthère rose (film, 1963)|La Panthère rose]]'', ''[[Quand l'inspecteur s'emmêle]]'' et la [[La Panthère rose (série télévisée d'animation)|série d'animation dérivée]], coproduite avec [[DePatie-Freleng Enterprises]]<ref name="raf">{{Ouvrage|langue=en|nom1=Peter Lehman|nom2=William Luhr|titre=Blake Edwards|lieu=Athènes|éditeur=Ohio University Press|année=1981|pages totales=288|passage=19|isbn=978-0-8214-0616-8}}.</ref>. La Mirisch Company récupère enfin trois projets développés chez [[Seven Arts Productions]] : l'adaptation d'un [[best-seller]] (''[[Par l'amour possédé]]'') et de deux [[Comédie musicale|comédies musicales]] de [[Théâtre de Broadway|Broadway]] (''[[Deux sur la balançoire (film)|Deux sur la balançoire]]'' et ''[[West Side Story (film)|West Side Story]]''). Le premier, signé Sturges, comme le second, dirigé par Wise, sont des échecs au [[box-office]]. Robert Wide et Jerome Robbins ont plus de chance avec ''West Side Story'' qui, après une [[avant-première]] le {{date|18|octobre|1961}} au ''Rivoli'' de [[New York]] est projeté durant 68 semaines et devient le champion au box office de [[1962 au cinéma|1962]]<ref name="rag">{{Article |langue=en |auteur= |titre='West Side' - The Lead Story |revue=[[Variety]] |no= |date={{date|9|janvier|1963}} |vol= |titre vol= |pages=13, 61 }}.</ref>. Rapportant à cette date 19 millions de dollars aux [[États-Unis]] et 30 millions à l'étranger, ''West Side'' génère 2,5 millions de profits, environ 12 millions de commission de distributeur pour UA, un million pour les Mirisch{{sfn|Balio|1987|p=176-177|loc=|id=}} et est récompensé par dix [[Oscar du cinéma|Oscars]]. À l'issue de leur premier contrat, les 20 films des Mirisch ont rapporté 35 millions de dollars de commission de distributeur pour UA, sans parler de leur [[Amortissement comptable#Caractéristiques principales de l'amortissement comptable|valeur résiduelle]], notamment en cession de droits télévisés, estimée par UA à 92 millions en [[1963 au cinéma|1963]] et 125 en [[1968 au cinéma|1968]]{{sfn|Balio|1987|p=180|loc=||id=}}.
Le deuxième contrat des Mirisch, signé le {{date|1|décembre|1963}} après qu'ils eurent acquis {{formatnum:62069}} [[action (finance)|actions]] de UA<ref name="p176-177"/>, est plus avantageux. Cependant, des rumeurs de leur passage chez [[Paramount Pictures|Paramount]]<ref name="rai" /> obligent UA à étendre leur contrat de 20 à 48 films (un lot de 20 films et deux lots de 14) sur la période [[1964 au cinéma|1964]]-[[1974 au cinéma|74]]. Le premier film du contrat est ''[[Hawaï (film, 1966)|Hawaï]]'', une superproduction développée dès [[1960 au cinéma|1960]] sur la base du [[best-seller]] de [[James A. Michener]]. George Roy Hill y remplace [[Fred Zinnemann]] et dépasse de 4 millions de dollars le budget initial de 10 millions, n'empêchant pas le film d'être le plus profitable du lot de 20 films, rapportant 19 millions et engendrant une suite en [[1970 au cinéma|1970]], ''[[Le Maître des îles]]''. La collaboration des Mirisch avec Blake Edwards se poursuit et ce dernier obtient {{formatnum:375000}} dollars par film comme réalisateur (voire {{formatnum:150000}} de plus comme scénariste) et 20 % des profits. ''[[Qu'as-tu fait à la guerre, papa ?]]'', produit à 7 millions de dollars, en perd 4 et est un échec critique<ref name="raj" />, si bien que les Mirisch tentent, sans Edwards, sans Sellers (pris par ''[[La Party]]'') et sans succès, de revitaliser le personnage de [[Jacques Clouseau]] avec ''[[L'Infaillible Inspecteur Clouseau]]''. Le [[western]] traditionnel décline dans les [[années 1960]] (au profit du [[western spaghetti]] vers lequel UA se tourne dès [[1964 au cinéma|1964]]) et il en va de même de la carrière de John Sturges : ''[[Sur la piste de la grande caravane]]'' et ''[[Sept secondes en enfer]]'' sont des échecs, tout comme son recyclage dans le [[film d'espionnage]] avec ''[[Station 3 : Ultra Secret|Station 3 ultra secret]]''.
Le deuxième contrat des Mirisch, signé le {{date|1|décembre|1963}} après qu'ils eurent acquis {{formatnum:62069}} [[action (finance)|actions]] de UA{{sfn|Balio|1987|p=176-177|loc=|id=}}, est plus avantageux. Cependant, des rumeurs de leur passage chez [[Paramount Pictures|Paramount]]<ref name="rai">{{Article |langue=en |auteur= |titre=Mirisches as Big UA Stockholders |revue=[[Variety]] |no= |date={{date|29|janvier|1964}} |vol= |titre vol= |pages=4 }}.</ref> obligent UA à étendre leur contrat de 20 à 48 films (un lot de 20 films et deux lots de 14) sur la période [[1964 au cinéma|1964]]-[[1974 au cinéma|74]]. Le premier film du contrat est ''[[Hawaï (film, 1966)|Hawaï]]'', une superproduction développée dès [[1960 au cinéma|1960]] sur la base du [[best-seller]] de [[James A. Michener]]. George Roy Hill y remplace [[Fred Zinnemann]] et dépasse de 4 millions de dollars le budget initial de 10 millions, n'empêchant pas le film d'être le plus profitable du lot de 20 films, rapportant 19 millions et engendrant une suite en [[1970 au cinéma|1970]], ''[[Le Maître des îles]]''. La collaboration des Mirisch avec Blake Edwards se poursuit et ce dernier obtient {{formatnum:375000}} dollars par film comme réalisateur (voire {{formatnum:150000}} de plus comme scénariste) et 20 % des profits. ''[[Qu'as-tu fait à la guerre, papa ?]]'', produit à 7 millions de dollars, en perd 4 et est un échec critique<ref name="raj">{{Article |langue=en |auteur=Peter Stamelman |titre=Blake Edwards Interview - In The Lair of the Pink Panther |revue=Millimeter |no=5 |date=janvier 1977 |vol= |titre vol= |pages=18-22 |extrait=I told him (Walter Mirisch) that I didn't think it was a good time to do a war comedy -it was right in the middle of the Vietnam War, there were a lot of Gold Star mothers and the perspective on war was not that it should be for this kind of satire.}}</ref>, si bien que les Mirisch tentent, sans Edwards, sans Sellers (pris par ''[[La Party]]'') et sans succès, de revitaliser le personnage de [[Jacques Clouseau]] avec ''[[L'Infaillible Inspecteur Clouseau]]''. Le [[western]] traditionnel décline dans les [[années 1960]] (au profit du [[western spaghetti]] vers lequel UA se tourne dès [[1964 au cinéma|1964]]) et il en va de même de la carrière de John Sturges : ''[[Sur la piste de la grande caravane]]'' et ''[[Sept secondes en enfer]]'' sont des échecs, tout comme son recyclage dans le [[film d'espionnage]] avec ''[[Station 3 : Ultra Secret|Station 3 ultra secret]]''.


Par contre, cette période voit monter le producteur-réalisateur Norman Jewison : ''[[Les Russes arrivent]]'' est le ''[[sleeper hit|sleeper]]'' de [[1966 au cinéma|1966]] et rapporte 12 millions de dollars sur une mise de 3,9. Suivent à intervalle d'un an ''[[Dans la chaleur de la nuit (film)|Dans la chaleur de la nuit]]'' et ''[[L'Affaire Thomas Crown (film, 1968)|L'Affaire Thomas Crown]]''. Parce que les Mirisch pensent que ''Dans la chaleur de la nuit'' ne sortira jamais dans le [[Sud des États-Unis|Sud]] (et a peu de chance de marcher ailleurs<ref name="rak"/>, il est produit à bas coût (2 millions de dollars). Il en rapporte 16, plus cinq [[Oscar du cinéma|Oscars]], dont celui du [[Oscar du meilleur film|meilleur film]]<ref name="ral"/> et engendrera deux suites (''[[Appelez-moi Monsieur Tibbs]]'' et ''[[L'Organisation (film, 1971)|L'Organisation]]'') et une [[Dans la chaleur de la nuit (série télévisée)|série dérivée]]. UA accorde à Jewison l'un des meilleurs contrats jamais signé par elle, soit {{formatnum:550000}} dollars sur 5 films et jusqu'à 22,5 % des profits. Malgré le succès de ''L'Affaire Thomas Crown'', qui rapporte 11 millions sur une mise de 4,3, à l'issue de leur second contrat, le bilan des Mirisch est décevant pour UA : 21 millions de dollars de bénéfices, contre 35 pour le premier lot<ref name="ram"/>.
Par contre, cette période voit monter le producteur-réalisateur Norman Jewison : ''[[Les Russes arrivent (film, 1966)|Les Russes arrivent]]'' est le ''[[sleeper hit|sleeper]]'' de [[1966 au cinéma|1966]] et rapporte 12 millions de dollars sur une mise de 3,9. Suivent à intervalle d'un an ''[[Dans la chaleur de la nuit (film)|Dans la chaleur de la nuit]]'' et ''[[L'Affaire Thomas Crown (film, 1968)|L'Affaire Thomas Crown]]''. Parce que les Mirisch pensent que ''Dans la chaleur de la nuit'' ne sortira jamais dans le [[Sud des États-Unis|Sud]] (et a peu de chance de marcher ailleurs<ref name="rak">{{Ouvrage|langue=en|nom1=Mark Harris|titre=Pictures at a Revolution|sous-titre=Five Movies and the Birth of the New Hollywood|lieu=New York|éditeur=[[Penguin Books]]|année=2008|pages totales=490|passage=288|isbn=978-1-59420-152-3}}.</ref>, il est produit à bas coût (2 millions de dollars). Il en rapporte 16, plus cinq [[Oscar du cinéma|Oscars]], dont celui du [[Oscar du meilleur film|meilleur film]]{{sfn|Harris|2008|p=387-388|loc=|id=}} et engendrera deux suites (''[[Appelez-moi Monsieur Tibbs]]'' et ''[[L'Organisation (film, 1971)|L'Organisation]]'') et une [[Dans la chaleur de la nuit (série télévisée)|série dérivée]]. UA accorde à Jewison l'un des meilleurs contrats jamais signé par elle, soit {{formatnum:550000}} dollars sur 5 films et jusqu'à 22,5 % des profits. Malgré le succès de ''L'Affaire Thomas Crown'', qui rapporte 11 millions sur une mise de 4,3, à l'issue de leur second contrat, le bilan des Mirisch est décevant pour UA : 21 millions de dollars de bénéfices, contre 35 pour le premier lot{{sfn|Balio|1987|p=186-187|loc=||id=}}.


Les deux contrats de 14 films des Mirisch débute au moment où [[Cinéma américain|Hollywood]] traverse en [[1968 au cinéma|1968]]-[[1972 au cinéma|72]] la plus grave [[#La récession de 1968-1972|récession économique de son histoire]]. Les Mirisch poursuivent leur politique de suites avec ''[[Le Retour des sept]]'', ''[[Les Colts des sept mercenaires]]'' et ''[[La Chevauchée des sept mercenaires]]'', des [[Série B|séries B]] tournées en [[Espagne]] comme telles par [[Burt Kennedy]], [[Paul Wendkos]] et [[George McCowan]], qui marchent bien, surtout hors des [[États-Unis]]. Mis à part ''Dans la chaleur de la nuit'', la Mirisch Company rate, par contre, le coche du [[Nouvel Hollywood]], dont les fers de lance sont ''[[Bonnie et Clyde (film)|Bonnie et Clyde]]'' ([[Warner Bros.-Seven Arts]]), ''[[Le Lauréat]]'' ([[Embassy Pictures]] mais distribué au [[Royaume-Uni]] par UA) et ''[[Easy Rider]]'' ([[Columbia Pictures|Columbia]])<ref name="Time 08/12/1967"/>. Des films destinés au public de jeunes adultes comme ''[[Davey des grands chemins]]'' de [[John Huston]], ''[[The First Time (film, 1969)|The First Time]]'' de [[James Neilson]], ''[[Colère noire (film, 1970)|Colère noire]]'' de [[Paul Bogart]], ''[[Gaily, Gaily]]'' de Jewison et ''[[Le Propriétaire]]'', le premier film de [[Hal Ashby]], sont tous des échecs. Sans ''[[Un violon sur le toit (film)|Un violon sur le toit]]'', toujours de Jewison, qu'UA coproduit sans l'assentiment des Mirisch<ref name="ran"/>, leur lot de 14 films aurait été désastreux. Il ne rapporte à UA qu'un maigre million de dollars, qui ne couvre même pas les frais de [[Distribution de film|distribution]]. Les Mirisch ne sont pas plus satisfaits, depuis qu'UA les oblige à sabrer la moitié de leurs [[frais fixes]] en [[1970 au cinéma|1970]]<ref name="rao"/> et leur propose, s'ils le souhaitent, de ne produire aucun des 14 films restants. Finalement, la Mirisch Company n'en produira que quatre : ''Avanti!'', ''[[Scorpio (film)|Scorpio]]'' de [[Michael Winner]] et deux films de [[Richard Fleischer]], ''[[Du sang dans la poussière]]'' et ''[[Mr. Majestyk|Mister Majestyk]]'', ceci jusqu'à extinction de leur contrat avec UA, le {{date|31|août|1974}}.
Les deux contrats de 14 films des Mirisch débute au moment où [[Cinéma américain|Hollywood]] traverse en [[1968 au cinéma|1968]]-[[1972 au cinéma|72]] la plus grave [[#La récession de 1968-1972|récession économique de son histoire]]. Les Mirisch poursuivent leur politique de suites avec ''[[Le Retour des sept]]'', ''[[Les Colts des sept mercenaires]]'' et ''[[La Chevauchée des sept mercenaires]]'', des [[Série B|séries B]] tournées en [[Espagne]] comme telles par [[Burt Kennedy]], [[Paul Wendkos]] et [[George McCowan]], qui marchent bien, surtout hors des [[États-Unis]]. Mis à part ''Dans la chaleur de la nuit'', la Mirisch Company rate, par contre, le coche du [[Nouvel Hollywood]], dont les fers de lance sont ''[[Bonnie et Clyde (film)|Bonnie et Clyde]]'' ([[Warner Bros.-Seven Arts]]), ''[[Le Lauréat]]'' ([[Embassy Pictures]] mais distribué au [[Royaume-Uni]] par UA) et ''[[Easy Rider (film)|Easy Rider]]'' ([[Columbia Pictures|Columbia]])<ref name="Time 08/12/1967">{{Article|langue=en |auteur= |titre=The Shock of Freedom in Films |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |date={{date|8|décembre|1967}} |texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,844256,00.html |consulté le={{date|1|avril|2009}}}}.</ref>. Des films destinés au public de jeunes adultes comme ''[[Davey des grands chemins]]'' de [[John Huston]], ''[[The First Time (film, 1969)|The First Time]]'' de [[James Neilson]], ''[[Colère noire (film, 1970)|Colère noire]]'' de [[Paul Bogart]], ''[[Gaily, Gaily]]'' de Jewison et ''[[Le Propriétaire]]'', le premier film de [[Hal Ashby]], sont tous des échecs. Sans ''[[Un violon sur le toit (film)|Un violon sur le toit]]'', toujours de Jewison, qu'UA coproduit sans l'assentiment des Mirisch<ref name="ran">{{Article |langue=en |auteur= |titre=Note de Walter Mirisch à Arthur B. Krim |revue=United Artists Collection Addition, 1950-1980 |no= |année= manquante |vol= |titre vol= |pages= |extrait=This establishes United Artists in the producing business and makes you a competitor of ours and of all your other producing entities. It is obviously impossible for us to operate in the market, subject always of course to your approvals, if we are to be in direct competition with you for talent and properties.}}</ref>, leur lot de 14 films aurait été désastreux. Il ne rapporte à UA qu'un maigre million de dollars, qui ne couvre même pas les frais de [[Distribution de film|distribution]]. Les Mirisch ne sont pas plus satisfaits, depuis qu'UA les oblige à sabrer la moitié de leurs [[frais fixes]] en [[1970 au cinéma|1970]]<ref name="rao">{{Article |langue=en |auteur=Tino Balio |titre=Interview avec Walter Mirisch |revue=United Artists Collection Addition, 1950-1980 |no= |jour=16|mois=mai|année=1984 |vol= |titre vol= |pages= |extrait=These had been very bad years for UA and they wanted us to cut all of our overhead. The order was to get rid of people. So we had to break our relatioship with the directors we had brought in, and we got rid of our permanent staff. Then, with our overhead down to the bone, we made fewer pictures.}}</ref> et leur propose, s'ils le souhaitent, de ne produire aucun des 14 films restants. Finalement, la Mirisch Company n'en produira que quatre : ''Avanti!'', ''[[Scorpio (film)|Scorpio]]'' de [[Michael Winner]] et deux films de [[Richard Fleischer]], ''[[Du sang dans la poussière]]'' et ''[[Mr. Majestyk|Mister Majestyk]]'', ceci jusqu'à extinction de leur contrat avec UA, le {{date|31|août|1974}}.


==== James Bond ====
==== James Bond ====
{{Article détaillé|EON Productions|Danjaq}}
{{Article détaillé|EON Productions|Danjaq}}
Lorsque [[Albert R. Broccoli]] et [[Harry Saltzman]] signent leur contrat avec UA en juin [[1961 au cinéma|1961]], [[Ian Fleming]] a déjà écrit 9 ''[[Liste de romans et recueils de nouvelles de la série James Bond|James Bond]]'', d'''[[Espions, faites vos jeux]]'' (''Casino Royale'') au dernier en date, ''[[Opération Tonnerre (roman)|Opération Tonnerre]]'', sans parvenir à entrer dans la liste des [[best-seller]]s, ni à décrocher un contrat à [[Cinéma américain|Hollywood]]<ref name="rap"/>. En [[1955 au cinéma|1955]], dépité, il vend pour {{formatnum:6000}} dollars les droits cinématographiques de ''Casino Royale'' au producteur [[Gregory Ratoff]] (les droits télévisés ayant déjà été acquis par [[Columbia Broadcasting System|CBS]], qui en avait tiré un [[Casino Royale (téléfilm, 1954)|téléfilm]] l'année précédente). En [[1960 au cinéma|1960]], dans l'impossibilité de trouver des fonds pour une adaptation à l'écran de ''Casino Royale'', Ratoff revend les droits au producteur [[Charles K. Feldman]]. En [[1959 au cinéma|1959]], Fleming s'attèle néanmoins à un [[Scénario (film)|scénario]], ''Opération Tonnerre'', écrit en compagnie de [[Kevin McClory]] et [[Jack Whittingham]] mais ne trouve pas plus de débouchés que Ratoff. Il publie ''Opération Tonnerre'' sous forme de [[roman (littérature)|roman]] sans créditer McClory, qui lui intente un procès, qui dure jusqu'en [[1963]].
Lorsque [[Albert R. Broccoli]] et [[Harry Saltzman]] signent leur contrat avec UA en juin [[1961 au cinéma|1961]], [[Ian Fleming]] a déjà écrit 9 ''[[Liste de romans et recueils de nouvelles de la série James Bond|James Bond]]'', d'''[[Espions, faites vos jeux]]'' (''Casino Royale'') au dernier en date, ''[[Opération Tonnerre (roman)|Opération Tonnerre]]'', sans parvenir à entrer dans la liste des [[best-seller]]s, ni à décrocher un contrat à [[Cinéma américain|Hollywood]]<ref name="rap">{{Ouvrage|langue=en|nom1=Alexander Walker|titre=Hollywood UK|sous-titre=The British Film Industry in the Sixties|lieu=New York|éditeur=Stein and Day Publishers|année=1974|pages totales=493|isbn=978-0-8128-1549-8}}{{Commentaire biblio|« Looking back in the Bond phenomenon, it is almost unbelievable to realize how slow and hesitant a start it had. Even after writing four Bond books, one a year between 1953 and 1955, Ian Fleming still hadn't achieved a really profitable breakthrough ; he had failed both to make the best-sellers lists in England and America and to clinch a Hollywood deal. »}}.</ref>. En [[1955 au cinéma|1955]], dépité, il vend pour {{formatnum:6000}} dollars les droits cinématographiques de ''Casino Royale'' au producteur [[Gregory Ratoff]] (les droits télévisés ayant déjà été acquis par [[Columbia Broadcasting System|CBS]], qui en avait tiré un [[Casino Royale (téléfilm, 1954)|téléfilm]] l'année précédente). En [[1960 au cinéma|1960]], dans l'impossibilité de trouver des fonds pour une adaptation à l'écran de ''Casino Royale'', Ratoff revend les droits au producteur [[Charles K. Feldman]]. En [[1959 au cinéma|1959]], Fleming s'attèle néanmoins à un [[Scénario (film)|scénario]], ''Opération Tonnerre'', écrit en compagnie de [[Kevin McClory]] et [[Jack Whittingham]] mais ne trouve pas plus de débouchés que Ratoff. Il publie ''Opération Tonnerre'' sous forme de [[roman (littérature)|roman]] sans créditer McClory, qui lui intente un procès, qui dure jusqu'en [[1963]].


Les discussions avec Broccoli ont lieu au siège de UA à [[New York]] en compagnie de Krim, Benjamin et [[David V. Picker]]… tandis que, pendant ce temps, Saltzman essaie de vendre le projet à la [[Columbia Pictures|Columbia]] quelques étages plus bas! UA accepte de financer ''[[James Bond 007 contre Dr No]]'' mais le contrat avec [[Danjaq]], une [[holding]] basée à [[Lausanne]], [[société mère]] de [[EON Productions]], n'est signé que le {{date|2|avril|1962}}. Il ne diffère pas des [[#Le contrat avec les producteurs|autres contrats]] signés à l'époque. Avec 2 millions de dollars de bénéfices aux [[États-Unis]] et 4 à l'international, ''{{Dr}} No'' marche bien, mais ne fait pas de score exceptionnel. Il est cependant prévu que si ''{{Dr}} No'' et l'opus suivant, ''[[Bons baisers de Russie (film)|Bons baisers de Russie]]'', récupèrent leur [[investissement]], la part de Danjaq dans les [[bénéfice]]s passe de 50 à 60 %. Le phénomène ''Bond'' (et les budgets) décolle avec ''[[Goldfinger]]'', qui coûte environ 3 millions de dollars et en rapporte 46 dans le monde entier, grâce à une politique de marketing indifférencié par saturation des [[Salle de cinéma|salles]] et un [[intéressement]] des [[Exploitant de salle de cinéma|exploitants]]. Cependant, ''[[Variety]]'' calcule qu'UA récupère finalement 80 % des bénéfices du film, depuis classé avec ''{{Dr}} No'' par le [[British Film Institute]] comme l'un des [[Cinéma britannique#Listes de « meilleurs films britanniques »|100 meilleurs films britanniques]]<ref name="raq"/>. À partir de ''Goldfinger'', chaque ''Bond'' rapportera à l'international le double des États-Unis. Il en va ainsi d'''[[Opération Tonnerre]]'', produit grâce à un arrangement avec McClory, qui a obtenu de la justice les droits sur le personnage d'[[Ernst Stavro Blofeld]] et sur le [[SPECTRE]]. En échange, McClory est nommé producteur et reçoit {{formatnum:250000}} dollars et 20 % des profits, à condition de ne pas produire de [[remake]] avant 10 ans (ce sera ''[[Jamais plus jamais]]'' en [[1983 au cinéma|1983]], dont UA rachète les droits de distribution en [[1997 au cinéma|1997]]<ref name="rar"/>). De même, en [[1964 au cinéma|1964]]-[[1965 au cinéma|65]], UA tente de persuader Feldman de trouver un accord avec Saltzman et Broccoli sur ''Casino Royale''. Éventuellement, UA est prête à signer un contrat séparé avec Feldman, qui a déjà 4 films en cours pour UA (''[[La Septième Aube]]'', ''[[Quoi de neuf, Pussycat ?]]'', ''[[Le Groupe (film, 1966)|Le Groupe]]'' et ''[[Guêpier pour trois abeilles]]''). En mai [[1965 au cinéma|1965]], Feldman réclame 75 % des recettes, ne laissant que 25 % à Saltzman, Broccoli et UA<ref name="ras"/>. Finalement, UA laisse tomber et la [[parodie]] ''[[Casino Royale (film, 1967)|Casino Royale]]'' est distribuée en [[1967 au cinéma|1967]] par la Columbia. Produit à 8 millions de dollars, contre 10 pour ''[[On ne vit que deux fois (film)|On ne vit que deux fois]]'', ''Casino Royale'' est un échec qui handicape ce dernier (qui ne rapporte que 19 millions aux États-Unis), mais ne cause pas de dommages à la série. En rachetant la société de production de Feldman, UA acquiert la moitié des droits de ''Casino Royale'', le restant étant la propriété de la Columbia. Aussi, lorsque cette dernière envisage en [[1997 au cinéma|1997]] plusieurs remakes sans UA (''Casino Royale'' et ''Opération Tonnerre''), la justice la déboute<ref name="New York Times 30/03/1999"/>.
Les discussions avec Broccoli ont lieu au siège de UA à [[New York]] en compagnie de Krim, Benjamin et [[David V. Picker]]… tandis que, pendant ce temps, Saltzman essaie de vendre le projet à la [[Columbia Pictures|Columbia]] quelques étages plus bas! UA accepte de financer ''[[James Bond 007 contre Dr No]]'' mais le contrat avec [[Danjaq]], une [[holding]] basée à [[Lausanne]], [[société mère]] de [[EON Productions]], n'est signé que le {{date|2|avril|1962}}. Il ne diffère pas des [[#Le contrat avec les producteurs|autres contrats]] signés à l'époque. Avec 2 millions de dollars de bénéfices aux [[États-Unis]] et 4 à l'international, ''{{Dr}} No'' marche bien, mais ne fait pas de score exceptionnel. Il est cependant prévu que si ''{{Dr}} No'' et l'opus suivant, ''[[Bons baisers de Russie (film)|Bons baisers de Russie]]'', récupèrent leur [[investissement]], la part de Danjaq dans les [[bénéfice]]s passe de 50 à 60 %. Le phénomène ''Bond'' (et les budgets) décolle avec ''[[Goldfinger]]'', qui coûte environ 3 millions de dollars et en rapporte 46 dans le monde entier, grâce à une politique de marketing indifférencié par saturation des [[Salle de cinéma|salles]] et un [[intéressement]] des [[Exploitant de salle de cinéma|exploitants]]. Cependant, ''[[Variety]]'' calcule qu'UA récupère finalement 80 % des bénéfices du film, depuis classé avec ''{{Dr}} No'' par le [[British Film Institute]] comme l'un des [[Cinéma britannique#Listes de « meilleurs films britanniques »|100 meilleurs films britanniques]]<ref name="raq">{{Article |langue=en |auteur=Vincent Canby |titre=United Artists' Fort Knox |revue=[[Variety]] |no= |date={{date|31|mars|1965}} |vol= |titre vol= |pages=3 }}.</ref>. À partir de ''Goldfinger'', chaque ''Bond'' rapportera à l'international le double des États-Unis. Il en va ainsi d'''[[Opération Tonnerre]]'', produit grâce à un arrangement avec McClory, qui a obtenu de la justice les droits sur le personnage d'[[Ernst Stavro Blofeld]] et sur le [[SPECTRE]]. En échange, McClory est nommé producteur et reçoit {{formatnum:250000}} dollars et 20 % des profits, à condition de ne pas produire de [[remake]] avant 10 ans (ce sera ''[[Jamais plus jamais]]'' en [[1983 au cinéma|1983]], dont UA rachète les droits de distribution en [[1997 au cinéma|1997]]<ref name="rar">{{Lien web |langue=en |url=http://mgm.mediaroom.com/index.php?s=43&item=47&printable |titre=Metro-Goldwyn-Mayer Inc. announces acquisition of ''Never Say Never Again'' James Bond assets |date={{date|4|décembre|1997}} |site=mgm.mediaroom.com |éditeur=[[Metro-Goldwyn-Mayer]] |consulté le={{date|26|mars|2009}} |archiveurl=https://web.archive.org/web/20080505213137/http://mgm.mediaroom.com/index.php?s=43&item=47&printable |archivedate=5 mai 2008 }}.</ref>). De même, en [[1964 au cinéma|1964]]-[[1965 au cinéma|65]], UA tente de persuader Feldman de trouver un accord avec Saltzman et Broccoli sur ''Casino Royale''. Éventuellement, UA est prête à signer un contrat séparé avec Feldman, qui a déjà 4 films en cours pour UA (''[[La Septième Aube]]'', ''[[Quoi de neuf, Pussycat ?]]'', ''[[Le Groupe (film, 1966)|Le Groupe]]'' et ''[[Guêpier pour trois abeilles]]''). En mai [[1965 au cinéma|1965]], Feldman réclame 75 % des recettes, ne laissant que 25 % à Saltzman, Broccoli et UA<ref name="ras">{{Lien web|langue=en |url=http://shatterhand007.com/MadRoyale/ItsAMadMadRoyale.html |titre=It's A Mad, Mad, Mad Royale |auteur=Stuart Basinger |date= site=shatterhand007.com |éditeur=Dr. Shatterhand's Botanical Garden |consulté le={{date|30|mars|2009}} }}.</ref>{{,}}<ref name="rba">{{Article|langue=en |auteur=Robert J. Landry |titre=Unsold in the Land of Sell |revue=[[Variety]] |no= |date={{date|24|avril|1957}} |vol= |titre vol= |pages=5 }}.</ref>. Finalement, UA laisse tomber et la [[parodie]] ''[[Casino Royale (film, 1967)|Casino Royale]]'' est distribuée en [[1967 au cinéma|1967]] par la Columbia. Produit à 8 millions de dollars, contre 10 pour ''[[On ne vit que deux fois (film)|On ne vit que deux fois]]'', ''Casino Royale'' est un échec qui handicape ce dernier (qui ne rapporte que 19 millions aux États-Unis), mais ne cause pas de dommages à la série. En rachetant la société de production de Feldman, UA acquiert la moitié des droits de ''Casino Royale'', le restant étant la propriété de la Columbia. Aussi, lorsque cette dernière envisage en [[1997 au cinéma|1997]] plusieurs remakes sans UA (''Casino Royale'' et ''Opération Tonnerre''), la justice la déboute<ref name="New York Times 30/03/1999">{{Article|langue=en |auteur=James Sterngold |titre=Sony Pictures, in an accord with MGM, drops its plan to produce new James Bond movies |revue=[[The New York Times]] |date={{date|30|mars|1999}} |lire en ligne=https://www.nytimes.com/1999/03/30/business/media-business-advertising-sony-pictures-accord-with-mgm-drops-its-plan-produce.html?n=Top%2fNews%2fBusiness%2fSmall%20Business%2fMarketing%20and%20Advertising |consulté le={{date|26|mars|2009}}}}.</ref>.


La série poursuit son chemin au rythme d'un film tous les deux ans, sans que les changements d'acteurs viennent démentir son succès (et sa longévité). En [[1967 au cinéma|1967]], UA révise son contrat avec Saltzman et Broccoli et leur accorde 75 % des bénéfices. On estime que les deux producteurs ont empoché 30 millions de dollars sur la série en [[1974 au cinéma|1974]]<ref name="p. 271-274"/>. Seulement, à cette date, Saltzman et Broccoli ne sont pas dans la même santé financière : Saltzman a investi massivement dans la [[Technicolor Motion Picture Corporation]], a produit pour UA des films qui n'ont pas marché (''[[Un homme de trop]]'', ''[[Un cerveau d'un milliard de dollars]]'', ''[[Enfants de salauds]]'' et ''[[La Bataille d'Angleterre (film, 1969)|La Bataille d'Angleterre]]'') et a besoin de [[Liquidité (finance d'entreprise)|liquidités]]<ref name="p. 271-274"/>. Par ailleurs, les deux producteurs ne sont plus en état de se parler et ne font plus d'affaires ensemble (ils produisent les ''Bond'' à tour de rôle depuis [[1966 au cinéma|1966]]<ref name="HTS interview 19/03/1985"/>). Aussi, lorsque Broccoli refuse de racheter les parts de Saltzman et que ce dernier prend langue avec la Columbia pour une vente, UA tape du poing sur la table et force l'arrangement. Le {{date|17|décembre|1975}}, UA rachète pour 26 millions de dollars les parts de Saltzman dans Danjaq. Et du moment où Danjaq et UA sont coproducteurs, UA possède désormais à perpétuité les droits de distribution de la série. Avec le rachat de UA par [[Sony Pictures Entertainment]], [[société mère]] de la Columbia, le {{date|8|avril|2005}}, la série est, depuis [[Casino Royale (film, 2006)|le remake de ''Casino Royale'']] de [[2006 au cinéma|2006]], distribuée par Columbia.
La série poursuit son chemin au rythme d'un film tous les deux ans, sans que les changements d'acteurs viennent démentir son succès (et sa longévité). En [[1967 au cinéma|1967]], UA révise son contrat avec Saltzman et Broccoli et leur accorde 75 % des bénéfices. On estime que les deux producteurs ont empoché 30 millions de dollars sur la série en [[1974 au cinéma|1974]]{{sfn|Balio|1987|p=271-274|loc=|id=}}. Seulement, à cette date, Saltzman et Broccoli ne sont pas dans la même santé financière : Saltzman a investi massivement dans la [[Technicolor Motion Picture Corporation]], a produit pour UA des films qui n'ont pas marché (''[[Un homme de trop]]'', ''[[Un cerveau d'un milliard de dollars]]'', ''[[Enfants de salauds]]'' et ''[[La Bataille d'Angleterre (film, 1969)|La Bataille d'Angleterre]]'') et a besoin de [[Liquidité (finance d'entreprise)|liquidités]]{{sfn|Balio|1987|p=271-274|loc=|id=}}. Par ailleurs, les deux producteurs ne sont plus en état de se parler et ne font plus d'affaires ensemble (ils produisent les ''Bond'' à tour de rôle depuis [[1966 au cinéma|1966]]<ref name="HTS interview 19/03/1985"/>). Aussi, lorsque Broccoli refuse de racheter les parts de Saltzman et que ce dernier prend langue avec la Columbia pour une vente, UA tape du poing sur la table et force l'arrangement. Le {{date|17|décembre|1975}}, UA rachète pour 26 millions de dollars les parts de Saltzman dans Danjaq. Et du moment où Danjaq et UA sont coproducteurs, UA possède désormais à perpétuité les droits de distribution de la série. Avec le rachat de UA par [[Sony Pictures Entertainment]], [[société mère]] de la Columbia, le {{date|8|avril|2005}}, la série est, depuis [[Casino Royale (film, 2006)|le remake de ''Casino Royale'']] de [[2006 au cinéma|2006]], distribuée par Columbia.


=== Le marché du cinéma européen ===
=== Le marché du cinéma européen ===
{{Article détaillé|Lopert Pictures Corporation}}
{{Article détaillé|Lopert Pictures Corporation}}
Les productions étrangères distribués aux [[États-Unis]] (sauf mention contraire, par des indépendants) consistent essentiellement en des [[Film d'exploitation|films d'exploitation]], des œuvres du [[Néoréalisme (cinéma)|néoréalisme]] italien, les [[Cinéma britannique#La comédie dans les années 50|comédies britanniques]], ''[[Les Chaussons rouges]]'' de [[Michael Powell|Powell]]-[[Emeric Pressburger|Pressburger]] (distribué par [[Universal Pictures|Universal]]), ''[[Hamlet (film, 1948)|Hamlet]]'' de [[Laurence Olivier]] (par [[Eagle-Lion Films]]), ''[[Rashōmon (film, 1950)|Rashōmon]]'' d'[[Akira Kurosawa]] (par [[RKO Pictures|RKO]]), ''[[Los Olvidados]]'' de [[Luis Buñuel]], ''[[La Ronde (film, 1950)|La Ronde]]'' et ''[[Le Plaisir]]'' de [[Max Ophüls]] (par [[Columbia Pictures|Columbia]]), ''[[Les Contes de la lune vague après la pluie]]'' de [[Kenji Mizoguchi]], ''[[Les Vacances de monsieur Hulot]]'' de [[Jacques Tati]], ''[[Les Diaboliques (film)|Les Diaboliques]]'' de [[Henri-Georges Clouzot]], ''[[Les Vitelloni]]'' et ''[[La strada|La Strada]]'' de [[Federico Fellini]], ''[[Sourires d'une nuit d'été]]'' (par [[The Rank Organisation|Rank]]) et ''[[Le Septième Sceau]]'' d'[[Ingmar Bergman]]. La douzaine d'indépendants qui se partagent le marché (dont les plus importants sont Joseph Burnstyn, Kingsley-International, une [[filiale]] de la Columbia, Brandon Films et [[Lopert Films]]) ne disposent pas des finances nécessaires pour assurer correctement la promotion de ces films<ref name="rba"/> : rares sont ceux qui dépassent les {{formatnum:100000}} dollars de recettes et encore moins les {{formatnum:500000}} (''Les Diaboliques'', ''La Strada'' et ''[[Du rififi chez les hommes]]'' de [[Jules Dassin]]). La situation change en [[1956 au cinéma|1956]] avec ''[[Et Dieu… créa la femme]]'' de [[Roger Vadim]], qui passe outre le [[code Hays]] en étant distribué par Kingsley-International et rapporte la somme jamais vue de 3 millions de dollars<ref name="rbb">{{Article|langue=en |auteur=Ed Kingsley |titre=A Respected Importer |revue=[[Variety]] |no= |date={{date|7|février|1962}} |vol= |titre vol= |pages=6 }}.</ref>. En [[1958 au cinéma|1958]], surfant sur la vague [[Brigitte Bardot]], UA rachète Lopert Films pour {{formatnum:840000}} dollars (dont {{formatnum:480000}} de dettes) et ses options sur le film ''[[Une Parisienne]]'' pour {{formatnum:500000}} dollars<ref name="rbc">{{Article|langue=en |auteur= |titre=UA Advances 220G for Bardot Pic |revue=[[Variety]] |no= |date={{date|19|février|1958}} |vol= |titre vol= |pages=3, 16 }}.</ref>. Renommée en [[Lopert Films|Lopert Pictures Corporation]], la filiale distribue de [[1959 au cinéma|1959]] à [[1969 au cinéma|1969]] environ 5 films l'an parmi la vingtaine de films produits par UA hors des États-Unis. Dès le deuxième, ''[[Jamais le dimanche]]'', UA expérimente une variante de la distribution par saturation, dite ''{{langue|en|Premiere Showcase}}'' : soutenu par une campagne de promotion dans des journaux ciblés du [[Grand New York]], le film est distribué dans 12 cinémas ([[Salle de cinéma|salles]] d'[[art et essai]] et [[multiplexe]]s). Produit à {{formatnum:150000}} dollars, le film rapporte 4 millions. À l'exception de ''[[Tom Jones (film)|Tom Jones]]'' en [[1963 au cinéma|1963]], les films suivants distribués via Lopert ne trouvent pas leur public hors de leur pays d'origine. En [[1967 au cinéma|1967]], ''[[Time (magazine)|Time Magazine]]'' écrit à propos des films du [[Nouvel Hollywood]] que leur bonne réception prouve que {{citation|l'innovation n'est plus le pré carré des salles d'art et essai mais désormais une caractéristique du cinéma hollywoodien}}<ref name="Time 08/12/1967"/>. Le marché du cinéma d'auteur étranger disparait totalement à la fin des [[années 1960]] : ''[[Variety]]'' rapporte qu'aucun d'entre eux n'a dépassé la barre du million de dollars sur la période [[1967 au cinéma|1967]]-[[1972 au cinéma|72]]<ref name="rbd">{{Article |langue=en |auteur=Robert B. Frederick |titre=Runaway : Par's 'Love Story' |revue=[[Variety]] |no= |date={{date|5|janvier|1972}} |vol= |titre vol= |pages=9 }}.</ref>. UA ferme sa filiale Lopert en [[1970 au cinéma|1970]]. Ce n'est qu'en [[1981 au cinéma|1981]] que Michael Barker, Tom Bernard et Marcie Bloom créent l'éphémère division United Artists Classics avant de quitter UA pour [[Orion Pictures]] au sein de laquelle ils développent Orion Classics à partir de [[1983 au cinéma|1983]].

Les productions étrangères distribués aux [[États-Unis]] (sauf mention contraire, par des indépendants) consistent essentiellement en des [[Film d'exploitation|films d'exploitation]], des œuvres du [[Néoréalisme (cinéma)|néoréalisme]] italien, les [[Cinéma britannique#La comédie dans les années 50|comédies britanniques]], ''[[Les Chaussons rouges]]'' de [[Michael Powell|Powell]]-[[Emeric Pressburger|Pressburger]] (distribué par [[Universal Pictures|Universal]]), ''[[Hamlet (film, 1948)|Hamlet]]'' de [[Laurence Olivier]] (par [[Eagle-Lion Films]]), ''[[Rashōmon (film, 1950)|Rashōmon]]'' d'[[Akira Kurosawa]] (par [[RKO Pictures|RKO]]), ''[[Los Olvidados]]'' de [[Luis Buñuel]], ''[[La Ronde (film, 1950)|La Ronde]]'' et ''[[Le Plaisir]]'' de [[Max Ophüls]] (par [[Columbia Pictures|Columbia]]), ''[[Les Contes de la lune vague après la pluie]]'' de [[Kenji Mizoguchi]], ''[[Les Vacances de monsieur Hulot]]'' de [[Jacques Tati]], ''[[Les Diaboliques]]'' de [[Henri-Georges Clouzot]], ''[[Les Vitelloni]]'' et ''[[La strada|La Strada]]'' de [[Federico Fellini]], ''[[Sourires d'une nuit d'été]]'' (par [[The Rank Organisation|Rank]]) et ''[[Le Septième Sceau]]'' d'[[Ingmar Bergman]]. La douzaine d'indépendants qui se partagent le marché (dont les plus importants sont Joseph Burnstyn, Kingsley-International, une [[filiale]] de la Columbia, Brandon Films et [[Lopert Films]]) ne disposent pas des finances nécessaires pour assurer correctement la promotion de ces films<ref name="rba"/> : rares sont ceux qui dépassent les {{formatnum:100000}} dollars de recettes et encore moins les {{formatnum:500000}} (''Les Diaboliques'', ''La Strada'' et ''[[Du rififi chez les hommes]]'' de [[Jules Dassin]]). La situation change en [[1956 au cinéma|1956]] avec ''[[Et Dieu… créa la femme]]'' de [[Roger Vadim]], qui passe outre le [[code Hays]] en étant distribué par Kingsley-International et rapporte la somme jamais vue de 3 millions de dollars<ref name="rbb"/>. En [[1958 au cinéma|1958]], surfant sur la vague [[Brigitte Bardot]], UA rachète Lopert Films pour {{formatnum:840000}} dollars (dont {{formatnum:480000}} de dettes) et ses options sur le film ''[[Une Parisienne]]'' pour {{formatnum:500000}} dollars<ref name="rbc"/>. Renommée en [[Lopert Films|Lopert Pictures Corporation]], la filiale distribue de [[1959 au cinéma|1959]] à [[1969 au cinéma|1969]] environ 5 films l'an parmi la vingtaine de films produits par UA hors des États-Unis. Dès le deuxième, ''[[Jamais le dimanche]]'', UA expérimente une variante de la distribution par saturation, dite ''{{langue|en|Premiere Showcase}}'' : soutenu par une campagne de promotion dans des journaux ciblés du [[Grand New York]], le film est distribué dans 12 cinémas ([[Salle de cinéma|salles]] d'[[art et essai]] et [[multiplexe]]s). Produit à {{formatnum:150000}} dollars, le film rapporte 4 millions. À l'exception de ''[[Tom Jones (film)|Tom Jones]]'' en [[1963 au cinéma|1963]], les films suivants distribués via Lopert ne trouvent pas leur public hors de leur pays d'origine. En [[1967 au cinéma|1967]], ''[[Time (magazine)|Time Magazine]]'' écrit à propos des films du [[Nouvel Hollywood]] que leur bonne réception prouve que {{citation|l'innovation n'est plus le pré carré des salles d'art et essai mais désormais une caractéristique du cinéma hollywoodien}}<ref name="Time 08/12/1967"/>. Le marché du cinéma d'auteur étranger disparait totalement à la fin des [[années 1960]] : ''[[Variety]]'' rapporte qu'aucun d'entre eux n'a dépassé la barre du million de dollars sur la période [[1967 au cinéma|1967]]-[[1972 au cinéma|72]]<ref name="rbd"/>. UA ferme sa filiale Lopert en [[1970 au cinéma|1970]]. Ce n'est qu'en [[1981 au cinéma|1981]] que Michael Barker, Tom Bernard et Marcie Bloom créent l'éphémère division United Artists Classics avant de quitter UA pour [[Orion Pictures]] au sein de laquelle ils développent Orion Classics à partir de [[1983 au cinéma|1983]].


==== Productions anglaises ====
==== Productions anglaises ====
{{Article détaillé|Woodfall Film Productions}}
{{Article détaillé|Woodfall Film Productions}}
En [[1948 au cinéma|1948]], le ''British Film Production Fund'' est créé par le gouvernement afin de soutenir les [[Producteur de cinéma|producteurs]] britanniques grâce à une taxe sur les [[Exploitation cinématographique|exploitants]], rendue obligatoire avec le ''Cinematograph Films Act'' de [[1957 au cinéma|1957]]. Les films faits en coproduction sont également éligibles au fonds, plus connu sous le nom d'''Eady Money''<ref name="rbe"/>, et c'est la solution que choisit UA en annonçant dès [[1958 au cinéma|1958]] un programme de productions britanniques comprenant deux films avec [[Alec Guinness]] (''[[De la bouche du cheval]]'' et ''[[Les Fanfares de la gloire]]'') et des films coproduits avec la [[Hammer Film Productions|Hammer]] (''[[Le Chien des Baskerville (film, 1959)|Le Chien des Baskerville]]'' de [[Terence Fisher]] et ''[[Tout près de Satan]]'' de [[Robert Aldrich]]). Mais ce n'est qu'en [[1962 au cinéma|1962]] qu'UA s'investit pleinement en signant avec [[EON Productions]] et [[Woodfall Film Productions|Woodfall Films]].
En [[1948 au cinéma|1948]], le ''British Film Production Fund'' est créé par le gouvernement afin de soutenir les [[Producteur de cinéma|producteurs]] britanniques grâce à une taxe sur les [[Exploitation cinématographique|exploitants]], rendue obligatoire avec le ''Cinematograph Films Act'' de [[1957 au cinéma|1957]]. Les films faits en coproduction sont également éligibles au fonds, plus connu sous le nom d'''Eady Money''<ref name="rbe">{{Lien web |langue=en |url=http://www.bfi.org.uk/filmtvinfo/publications/pub-rep-brief/pdf/industry.pdf |titre=British Film Industry |auteur=Linda Wood |date=octobre 1980 |site=bfi.org.uk |éditeur=[[British Film Institute]] |consulté le={{date|7|avril|2009}} }}.</ref>, et c'est la solution que choisit UA en annonçant dès [[1958 au cinéma|1958]] un programme de productions britanniques comprenant deux films avec [[Alec Guinness]] (''[[De la bouche du cheval]]'' et ''[[Les Fanfares de la gloire]]'') et des films coproduits avec la [[Hammer Film Productions|Hammer]] (''[[Le Chien des Baskerville (film, 1959)|Le Chien des Baskerville]]'' de [[Terence Fisher]] et ''[[Tout près de Satan]]'' de [[Robert Aldrich]]). Mais ce n'est qu'en [[1962 au cinéma|1962]] qu'UA s'investit pleinement en signant avec [[EON Productions]] et [[Woodfall Film Productions|Woodfall Films]].


Depuis six ans, [[Tony Richardson]] et consorts ont lancé le [[Free Cinema]], qui {{citation|atteint et révèle un nouveau public dont l'existence est restée insoupçonnée, aussi bien de l'industrie cinématographique que de l'establishment culturel<ref name="rbf">{{Article |langue=en |auteur=Raymond Durgnat |titre=The Loved One |revue=[[Film and Filming]] |no=12 |date=février 1966 |vol= |titre vol= |pages=20 }}.</ref>
Depuis six ans, [[Tony Richardson]] et consorts ont lancé le [[Free Cinema]], qui {{citation|atteint et révèle un nouveau public dont l'existence est restée insoupçonnée, aussi bien de l'industrie cinématographique que de l'establishment culturel<ref name="rbf"/>}}. Les premiers films de Woodfall, qui s'attachent à dépeindre la vie de la [[classe ouvrière]], sont des échecs commerciaux, à l'exception de ''[[Samedi soir, dimanche matin (film)|Samedi soir, dimanche matin]]'' de [[Karel Reisz]], qui fait d'[[Albert Finney]] une [[Vedette (personnalité)|star]] et ''[[Un goût de miel]]'' de Richardson, qui révèle [[Rita Tushingham]]. Avec ''[[Tom Jones (film)|Tom Jones]]'', UA pense tenir quelque chose de spécial et accepte le {{date|21|mai|1962}} de financer le film pour 1,25 million de dollars. La critique est partagée après l'avant-première au ''London Pavilion'' en juin [[1963 au cinéma|1963]] et se pose le problème de l'aversion traditionnelle du public américain pour les films en costumes anglais<ref name="rbg"/>. Pour la sortie de ''Tom Jones'' aux États-Unis, UA organise des projections de presse ciblées à [[New York]], [[Los Angeles]], [[San Francisco]] et [[Chicago]] et ne sort le film que dans une seule salle d'[[art et essai]], le ''Cinema I'', dans l'[[Upper East Side]], le {{date|7|octobre|1963}}. Plus tard, le film sort dans une autre salle d'art et essai de Los Angeles et ce n'est qu'à Noël [[1963]] que, le bouche à oreille ayant fonctionné, le film est distribué dans 18 salles de 12 aires métropolitaines. Pour la sortie dans de plus petites villes du [[Sud des États-Unis|Sud]] et du [[Midwest]], UA remplace l'affiche originale par une autre, plus « paillarde ». En mai [[1964]], après avoir décroché quatre [[Oscar du cinéma|Oscars]], dont celui du [[Oscar du meilleur film|meilleur film]], ''Tom Jones'' a déjà rapporté 8 millions de dollars aux États-Unis et 4 à l'international. UA signe avec Woodfall un contrat non exclusif de huit films. Les trois suivants sont des œuvres à petit budget : ''[[La Fille aux yeux verts]]'' (le premier film de [[Desmond Davis]]), ''[[One Way Pendulum]]'' (le premier de [[Peter Yates]]) et ''[[Le Knack... et comment l'avoir]]'' de [[Richard Lester]], le seul à remporter un succès à la fois critique ([[Palme d'or]] du [[Festival de Cannes]]) et commercial en engrangeant environ 2,5 millions de dollars. Les trois films réalisés par Richardson sous l'accord de coproduction franco-britannique de [[1966 au cinéma|1966]] sont des échecs commerciaux : {{formatnum:575000}} dollars de recettes pour ''[[Mademoiselle (film, 1966)|Mademoiselle]]'', {{formatnum:215000}} pour ''[[Le Marin de Gibraltar (film)|Le Marin de Gibraltar]]'' et {{formatnum:780000}} pour ''[[La Chambre obscure (film, 1969)|La Chambre obscure]]''. De même, ''[[La Charge de la brigade légère (film, 1968)|La Charge de la brigade légère]]'', une coproduction américano-britannique, n'est pas le [[blockbuster]] espéré : produit à 6 millions, il n'en rapporte que 2,3<ref name="rbh"/>. En [[1966]], ''[[Time (magazine)|Time Magazine]]'' s'enthousiasme du renouveau du cinéma britannique<ref name="rca"/> mais omet de préciser qu'il est totalement dépendant des financements américains. D'ailleurs, tout au long des [[années 1960]], les [[Liste de sociétés de production de cinéma américaines|studios hollywoodiens]] reçoivent 80 % de l'''Eady Money''<ref name="rcb"/>. De plus, après ''Tom Jones'', il est clair que le [[cinéma d'auteur]] de Woodfall ne marche pas sur le marché américain. Le contrat se conclut donc sur ''[[Kes (film)|Kes]]'', le deuxième film de [[Ken Loach]], et ''[[Ned Kelly (film, 1970)|Ned Kelly]]''.
}}. Les premiers films de Woodfall, qui s'attachent à dépeindre la vie de la [[classe ouvrière]], sont des échecs commerciaux, à l'exception de ''[[Samedi soir, dimanche matin (film)|Samedi soir, dimanche matin]]'' de [[Karel Reisz]], qui fait d'[[Albert Finney]] une [[Vedette (personnalité)|star]] et ''[[Un goût de miel]]'' de Richardson, qui révèle [[Rita Tushingham]]. Avec ''[[Tom Jones (film)|Tom Jones]]'', UA pense tenir quelque chose de spécial et accepte le {{date|21|mai|1962}} de financer le film pour 1,25 million de dollars. La critique est partagée après l'avant-première au ''London Pavilion'' en juin [[1963 au cinéma|1963]] et se pose le problème de l'aversion traditionnelle du public américain pour les films en costumes anglais{{sfn|Balio|1987|p=243|loc=||id=}}. Pour la sortie de ''Tom Jones'' aux États-Unis, UA organise des projections de presse ciblées à [[New York]], [[Los Angeles]], [[San Francisco]] et [[Chicago]] et ne sort le film que dans une seule salle d'[[art et essai]], le ''Cinema I'', dans l'[[Upper East Side]], le {{date|7|octobre|1963}}. Plus tard, le film sort dans une autre salle d'art et essai de Los Angeles et ce n'est qu'à Noël [[1963]] que, le bouche à oreille ayant fonctionné, le film est distribué dans 18 salles de 12 aires métropolitaines. Pour la sortie dans de plus petites villes du [[Sud des États-Unis|Sud]] et du [[Midwest]], UA remplace l'affiche originale par une autre, plus « paillarde ». En mai [[1964]], après avoir décroché quatre [[Oscar du cinéma|Oscars]], dont celui du [[Oscar du meilleur film|meilleur film]], ''Tom Jones'' a déjà rapporté 8 millions de dollars aux États-Unis et 4 à l'international. UA signe avec Woodfall un contrat non exclusif de huit films. Les trois suivants sont des œuvres à petit budget : ''[[La Fille aux yeux verts]]'' (le premier film de [[Desmond Davis]]), ''[[One Way Pendulum]]'' (le premier de [[Peter Yates]]) et ''[[Le Knack... et comment l'avoir]]'' de [[Richard Lester]], le seul à remporter un succès à la fois critique ([[Palme d'or]] du [[Festival de Cannes]]) et commercial en engrangeant environ 2,5 millions de dollars. Les trois films réalisés par Richardson sous l'accord de coproduction franco-britannique de [[1966 au cinéma|1966]] sont des échecs commerciaux : {{formatnum:575000}} dollars de recettes pour ''[[Mademoiselle (film, 1966)|Mademoiselle]]'', {{formatnum:215000}} pour ''[[Le Marin de Gibraltar (film)|Le Marin de Gibraltar]]'' et {{formatnum:780000}} pour ''[[La Chambre obscure (film, 1969)|La Chambre obscure]]''. De même, ''[[La Charge de la brigade légère (film, 1968)|La Charge de la brigade légère]]'', une coproduction américano-britannique, n'est pas le [[blockbuster]] espéré : produit à 6 millions, il n'en rapporte que 2,3<ref name="rbh">{{Article|langue=en|auteur=George Lellis |titre=Cashing the Bank Cheque |revue=[[Sight and Sound]] |no=38 |date=été 1969 |vol= |titre vol= |pages=130-133 }}.</ref>. En [[1966]], ''[[Time (magazine)|Time Magazine]]'' s'enthousiasme du renouveau du cinéma britannique<ref name="rca">{{Article|langue=en |auteur= |titre=You Can Walk Across It On the Grass |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |date={{date|15|avril|1966}} |texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,835349-9,00.html |consulté le={{date|7|avril|2009}}}}.</ref> mais omet de préciser qu'il est totalement dépendant des financements américains. D'ailleurs, tout au long des [[années 1960]], les [[Liste de sociétés de production de cinéma américaines|studios hollywoodiens]] reçoivent 80 % de l'''Eady Money''<ref name="rcb">{{Ouvrage|langue=en|nom1=Thomas H. Guback|titre=The International Film Industry|sous-titre=Western Europe and America since 1945|lieu=Bloomington|éditeur=Indiana University Press|année=1969|réimpression=1993|pages totales=244|passage=153-156|isbn=978-0-253-33050-5}}.</ref>. De plus, après ''Tom Jones'', il est clair que le [[cinéma d'auteur]] de Woodfall ne marche pas sur le marché américain. Le contrat se conclut donc sur ''[[Kes (film)|Kes]]'', le deuxième film de [[Ken Loach]], et ''[[Ned Kelly (film, 1970)|Ned Kelly]]''.


[[Fichier:Beatles logo.png|vignette|droite|UA distribue trois films des [[The Beatles|Beatles]]: ''[[A Hard Day's Night (film)|A Hard Day's Night]]'', ''[[Help! (film)|Help!]]'' et le [[film d'animation]] ''[[Yellow Submarine (film)|Yellow Submarine]]'']]
[[Fichier:Beatles logo.png|vignette|droite|UA distribue trois films des [[The Beatles|Beatles]]: ''[[A Hard Day's Night (film)|A Hard Day's Night]]'', ''[[Help! (film)|Help!]]'' et le [[film d'animation]] ''[[Yellow Submarine (film)|Yellow Submarine]]'']]
En [[1964 au cinéma|1964]], [[United Artists Records]], qui veut une [[Musique de film|bande originale]] des [[The Beatles|Beatles]] pour le marché américain, convainc UA de produire un film avec le [[Groupe musical|groupe]]. [[Walter Shenson]], grillant la politesse à [[Brian Epstein]], signe un contrat de trois films et soumet le ''package'' à UA : 30 % des profits pour lui-même comme producteur, un réalisateur attaché, Richard Lester, avec lequel il a déjà fait ''[[La Souris sur la Lune]]''… et 40 % des profits pour UA<ref name="rcc"/>, un ''deal'' pour le moins inespéré! ''[[A Hard Day's Night (film)|A Hard Day's Night]]'', précédé de la sortie de l'[[A Hard Day's Night (album)|album éponyme]], est montré aux [[Disc jockey|DJs]] et aux vendeurs de [[Produit dérivé (marketing)|produits dérivés]] et sa sortie sélective est vendue comme un [[concert]] avec pré-ventes. Produit à {{formatnum:500000}} dollars, ''A Hard Day's Night'' a rapporté 10 millions un an après sa sortie, date précise où est distribué ''[[Help! (film)|Help!]]'', toujours signé Lester, qui rapporte la même somme. Le dernier film, le [[Film d'animation|dessin animé]] ''[[Yellow Submarine (film)|Yellow Submarine]]'', n'est pas produit par Shenson mais par [[Apple Corps]] et dérivé de la [[série télévisée]] américaine ''The Beatles'', produite pour [[American Broadcasting Company|ABC]].
En [[1964 au cinéma|1964]], [[United Artists Records]], qui veut une [[Musique de film|bande originale]] des [[The Beatles|Beatles]] pour le marché américain, convainc UA de produire un film avec le [[Groupe musical|groupe]]. [[Walter Shenson]], grillant la politesse à [[Brian Epstein]], signe un contrat de trois films et soumet le ''package'' à UA : 30 % des profits pour lui-même comme producteur, un réalisateur attaché, Richard Lester, avec lequel il a déjà fait ''[[La Souris sur la Lune]]''… et 40 % des profits pour UA{{sfn|Walker|1974|p=231-2333|loc=||id=}}, un ''deal'' pour le moins inespéré! ''[[A Hard Day's Night (film)|A Hard Day's Night]]'', précédé de la sortie de l'[[A Hard Day's Night (album)|album éponyme]], est montré aux [[Disc jockey|DJs]] et aux vendeurs de [[Produit dérivé (marketing)|produits dérivés]] et sa sortie sélective est vendue comme un [[concert]] avec pré-ventes. Produit à {{formatnum:500000}} dollars, ''A Hard Day's Night'' a rapporté 10 millions un an après sa sortie, date précise où est distribué ''[[Help! (film)|Help!]]'', toujours signé Lester, qui rapporte la même somme. Le dernier film, le [[Film d'animation|dessin animé]] ''[[Yellow Submarine (film)|Yellow Submarine]]'', n'est pas produit par Shenson mais par [[Apple Corps]] et dérivé de la [[série télévisée]] américaine ''The Beatles'', produite pour [[American Broadcasting Company|ABC]].


Après la fin de son contrat avec Woodfall, UA se tourne vers [[Larry Kramer]], qui a déjà coécrit et produit pour elle ''[[Here We Go Round the Mulberry Bush]]''. N'ayant lu qu'un premier jet de cette adaptation de [[D. H. Lawrence]], UA accepte néanmoins les 1,6 million de dollars du budget de ''[[Love (film, 1969)|Love]]'' et le réalisateur [[Ken Russell]], dont ''[[Un cerveau d'un milliard de dollars]]'', le troisième volet des aventures d'[[Harry Palmer]], n'a pas convaincu. En dépit de bonnes critiques, ''Love'', pas plus que les autres films de UA de cette époque, n'atteint le public de jeunes adultes auquel il était destiné mais rapporte quand même 4,5 millions de dollars. En [[1970 au cinéma|1970]], Russell donne encore ''[[La Symphonie pathétique (film, 1969)|Music Lovers]]''. À cette date, UA et les autres majors ont considérablement réduit leurs investissements sur le marché britannique. Si le volume de films reste stable (70 par an), le financement (essentiellement américain) a chuté de 65 %<ref name="rcd"/>. UA se contente de distribuer un ''James Bond'' tous les deux ans et, occasionnellement, une production anglaise comme ''[[Un dimanche comme les autres]]'', ''[[The Offence]]'', ''[[Théâtre de sang]]'', ''[[Terreur sur le Britannic]]'', ''[[Brannigan]]'', ''[[Un pont trop loin]]'', ''[[Valentino (film, 1977)|Valentino]]'' ou ''[[La Grande Attaque du train d'or]]''.
Après la fin de son contrat avec Woodfall, UA se tourne vers [[Larry Kramer]], qui a déjà coécrit et produit pour elle ''[[Here We Go Round the Mulberry Bush]]''. N'ayant lu qu'un premier jet de cette adaptation de [[D. H. Lawrence]], UA accepte néanmoins les 1,6 million de dollars du budget de ''[[Love (film, 1969)|Love]]'' et le réalisateur [[Ken Russell]], dont ''[[Un cerveau d'un milliard de dollars]]'', le troisième volet des aventures d'[[Harry Palmer]], n'a pas convaincu. En dépit de bonnes critiques, ''Love'', pas plus que les autres films de UA de cette époque, n'atteint le public de jeunes adultes auquel il était destiné mais rapporte quand même 4,5 millions de dollars. En [[1970 au cinéma|1970]], Russell donne encore ''[[La Symphonie pathétique (film, 1969)|Music Lovers]]''. À cette date, UA et les autres majors ont considérablement réduit leurs investissements sur le marché britannique. Si le volume de films reste stable (70 par an), le financement (essentiellement américain) a chuté de 65 %{{sfn|Walker|1974|p=451|loc=||id=}}. UA se contente de distribuer un ''James Bond'' tous les deux ans et, occasionnellement, une production anglaise comme ''[[Un dimanche comme les autres]]'', ''[[The Offence]]'', ''[[Théâtre de sang]]'', ''[[Terreur sur le Britannic]]'', ''[[Brannigan]]'', ''[[Un pont trop loin]]'', ''[[Valentino (film, 1977)|Valentino]]'' ou ''[[La Grande Attaque du train d'or]]''.


==== Productions françaises ====
==== Productions françaises ====
{{Article détaillé|Les Films Ariane}}
{{Article détaillé|Les Films Ariane}}
En [[1959 au cinéma|1959]], [[André Malraux]] rattache le [[Centre national de la cinématographie]], [[Établissement public à caractère administratif (France)|établissement public à caractère administratif]], au [[Ministère de la Culture (France)|ministère chargé de la Culture]] nouvellement créé. En instaurant un compte de soutien financier de l’[[France|État]] à l’[[industrie cinématographique]] française, les [[long métrage|longs métrages]] sont désormais éligibles à l'[[avance sur recettes]] avant réalisation<ref name="rce"/>. Dans les premières années suivant les décrets de [[1959 au cinéma|1959]], les possibilités offertes à tout nouveau réalisateur s'avèrent énormes puisqu'il peut, soit devenir son propre producteur, soit voir la [[Préproduction (produit)|préproduction]] de son film être financée, soit s'associer comme [[producteur exécutif]] à un producteur chevronné<ref name="rcf"/>. On estime qu'entre [[1958 au cinéma|1958]] et [[1961 au cinéma|1961]], 100 films français sont l'œuvre de nouveaux réalisateurs, en particulier ceux de la [[Nouvelle Vague]] qui décrochent les honneurs du [[Festival de Cannes]] [[1959 au cinéma|1959]] : [[François Truffaut]] pour ''[[Les Quatre Cents Coups]]'', [[Alain Resnais]] pour ''[[Hiroshima mon amour]]'' et [[Marcel Camus]] avec ''[[Orfeu Negro]]'', le premier film distribué par [[Lopert Films|Lopert Pictures Corporation]], la filiale de UA, qui obtient l'[[Oscar du meilleur film en langue étrangère]]. Cependant, pour des raisons pratiques, UA ne s'investit pas avant [[1964 au cinéma|1964]] dans la [[producteur de cinéma|production]] française. Elle crée une société de production de [[Droit privé#En droit français|droit français]], la [[Société anonyme#Le statut de société anonyme en France|société anonyme]] Les productions Artistes associés et s'associe avec [[Les Films Ariane]], la société d'[[Alexandre Mnouchkine]] et [[Georges Dancigers]], productrice d'''[[Une Parisienne]]'', à l'origine du rachat de Lopert Films. Pour son premier film pour UA, Ariane récupère un projet, ''[[Le Train (film, 1964)|Le Train]]'' de [[John Frankenheimer]], développé initialement aux [[États-Unis]]. Produit à 6,7 millions de dollars, cette coproduction rapporte 3 millions aux États-Unis et 6 dans le reste du monde. Ariane, spécialisée dans la [[Histoire du cinéma français#« Qualité française »|''qualité française'']] se tourne ensuite vers les talents les plus commerciaux de la nouvelle vague, comme [[Philippe de Broca]], dont ''[[Le Farceur]]'' a été distribué par Lopert. De Broca et [[Louis Malle]] donnent coup sur coup trois [[comédie]]s [[Film d'aventure|d'aventure]] à succès : ''[[L'Homme de Rio]]'' ([[1964 au cinéma|1964]]), ''[[Viva Maria !]]'' et ''[[Les Tribulations d'un Chinois en Chine (film)|Les Tribulations d'un Chinois en Chine]]'' ([[1965 au cinéma|1965]]). UA finance également quatre autres films de De Broca : des [[Comédie de caractère|comédies de caractère]] comme ''[[Le Roi de cœur|Le roi de cœur]]'', qui est un échec commercial mais un phénomène cinéphile aux États-Unis<ref name="rcg"/>, ''[[Le Diable par la queue]]'', ''[[Les Caprices de Marie]]'', un [[Drame (cinéma)|drame]] qu'il produit (''[[Le Saut (film, 1968)|O Salto]]''), mais rate ''[[Le Magnifique (film)|Le Magnifique]]'', pourtant produit par Ariane et l'un des meilleurs De Broca. UA produit encore ''[[Le Voleur (film, 1967)|Le Voleur]]'' de Malle avant de se tourner vers [[Claude Lelouch]].
En [[1959 au cinéma|1959]], [[André Malraux]] rattache le [[Centre national de la cinématographie]], [[Établissement public à caractère administratif (France)|établissement public à caractère administratif]], au [[Ministère de la Culture (France)|ministère chargé de la Culture]] nouvellement créé. En instaurant un compte de soutien financier de l’[[France|État]] à l’[[industrie cinématographique]] française, les [[long métrage|longs métrages]] sont désormais éligibles à l'[[avance sur recettes]] avant réalisation<ref name="rce">{{Lien web |langue=fr |url=http://www.cnc.fr/CNC_GALLERY_CONTENT/DOCUMENTS/publications/etudes/HistSoutienAutoProd_1107.pdf |titre=Historique du fonctionnement du soutien automatique à la production cinématographique |auteur=Caroline Huguet, Caroline Jeanneau et Benoît Danard |date=novembre 2007 |site=cnc.fr |éditeur=[[Centre national de la cinématographie]] |consulté le={{date|2|avril|2009}} }}.</ref>. Dans les premières années suivant les décrets de [[1959 au cinéma|1959]], les possibilités offertes à tout nouveau réalisateur s'avèrent énormes puisqu'il peut, soit devenir son propre producteur, soit voir la [[Préproduction (produit)|préproduction]] de son film être financée, soit s'associer comme [[producteur exécutif]] à un producteur chevronné<ref name="rcf">{{Ouvrage |langue=en |auteur1=Steven Lipkin |titre=The Film Criticism of François Truffaut : A Contextual Analysis|nature ouvrage=thèse de {{3e|cycle}} |sous-titre= |lieu=Iowa City |éditeur= Université de l'Iowa|collection= |année=1977 |volume= |tome= |pages totales= |passage=p.60 |isbn= |lire en ligne= }}.</ref>. On estime qu'entre [[1958 au cinéma|1958]] et [[1961 au cinéma|1961]], 100 films français sont l'œuvre de nouveaux réalisateurs, en particulier ceux de la [[Nouvelle Vague]] qui décrochent les honneurs du [[Festival de Cannes]] [[1959 au cinéma|1959]] : [[François Truffaut]] pour ''[[Les Quatre Cents Coups]]'', [[Alain Resnais]] pour ''[[Hiroshima mon amour]]'' et [[Marcel Camus]] avec ''[[Orfeu Negro]]'', le premier film distribué par [[Lopert Films|Lopert Pictures Corporation]], la filiale de UA, qui obtient l'[[Oscar du meilleur film en langue étrangère]]. Cependant, pour des raisons pratiques, UA ne s'investit pas avant [[1964 au cinéma|1964]] dans la [[producteur de cinéma|production]] française. Elle crée une société de production de [[Droit privé#En droit français|droit français]], la [[Société anonyme#Le statut de société anonyme en France|société anonyme]] Les productions Artistes associés et s'associe avec [[Les Films Ariane]], la société d'[[Alexandre Mnouchkine]] et [[Georges Dancigers]], productrice d'''[[Une Parisienne]]'', à l'origine du rachat de Lopert Films. Pour son premier film pour UA, Ariane récupère un projet, ''[[Le Train (film, 1964)|Le Train]]'' de [[John Frankenheimer]], développé initialement aux [[États-Unis]]. Produit à 6,7 millions de dollars, cette coproduction rapporte 3 millions aux États-Unis et 6 dans le reste du monde. Ariane, spécialisée dans la [[Histoire du cinéma français#« Qualité française »|''qualité française'']] se tourne ensuite vers les talents les plus commerciaux de la nouvelle vague, comme [[Philippe de Broca]], dont ''[[Le Farceur]]'' a été distribué par Lopert. De Broca et [[Louis Malle]] donnent coup sur coup trois [[comédie]]s [[Film d'aventure|d'aventure]] à succès : ''[[L'Homme de Rio]]'' ([[1964 au cinéma|1964]]), ''[[Viva Maria !]]'' et ''[[Les Tribulations d'un Chinois en Chine (film)|Les Tribulations d'un Chinois en Chine]]'' ([[1965 au cinéma|1965]]). UA finance également quatre autres films de De Broca : des [[Comédie de caractère|comédies de caractère]] comme ''[[Le Roi de cœur|Le roi de cœur]]'', qui est un échec commercial mais un phénomène cinéphile aux États-Unis<ref name="rcg">{{Ouvrage|langue=en|nom1=Frank Northen Magill|directeur1=oui|titre=Magill's Cinema Annual 1995|sous-titre=A Survey of 1994 Films|lieu=Foster City|éditeur=Gale Cengage Learning|année=1995|pages totales=828|isbn=978-0-7876-0732-6|lire en ligne=http://alanbates.com/abarchive/film/king.html|consulté le=3 janvier 2016|archiveurl=https://web.archive.org/web/20160303190028/http://alanbates.com/abarchive/film/king.html|archivedate=3 mars 2016|brisé le=23 juillet 2018}}.</ref>, ''[[Le Diable par la queue]]'', ''[[Les Caprices de Marie]]'', un [[Drame (cinéma)|drame]] qu'il produit (''[[Le Saut (film, 1968)|O Salto]]''), mais rate ''[[Le Magnifique (film, 1973)|Le Magnifique]]'', pourtant produit par Ariane et l'un des meilleurs De Broca. UA produit encore ''[[Le Voleur (film, 1967)|Le Voleur]]'' de Malle avant de se tourner vers [[Claude Lelouch]].


UA récupère les droits de distribution internationaux d'''[[Un homme et une femme]]'', qui remporte la [[Palme d'or]] du [[Festival de Cannes]] et l'[[Oscar du meilleur film en langue étrangère]]. Si ''Un homme et une femme'' rapporte 7 millions de dollars, son [[remake]] virtuel, ''[[Vivre pour vivre]]'', ne marche essentiellement qu'en [[France]], le public américain, selon ''[[Variety]]'', ayant eu sa dose de nouveauté avec la première version<ref name="Variety 08/05/1968"/>. UA et Ariane n'en continuent pas moins de soutenir [[Les Films 13]], la société de Lelouch, bien que ses films suivants (''[[La Vie, l'Amour, la Mort]]'', ''[[Le Voyou (film, 1970)|Le Voyou]]'', ''[[L'aventure c'est l'aventure|L'aventure, c'est l'aventure]]'', ''[[Si c'était à refaire (film)|Si c'était à refaire]]'') connaissent des bonheurs divers au [[box-office]]. UA distribue également d'autres films produits par Lelouch (''[[Les Gauloises bleues]]'', ''[[L'Américain (film, 1969)|L'Américain]]'', ''[[Une infinie tendresse]]'', ''[[Le Maître du temps (film, 1970)|Le Maître du temps]]'' et ''[[Molière (film, 1978)|Molière]]'') et même son seul film en langue anglaise, ''[[Un autre homme, une autre chance]]'', coproduit par [[Robert Chartoff]] et [[Irwin Winkler]].
UA récupère les droits de distribution internationaux d'''[[Un homme et une femme]]'', qui remporte la [[Palme d'or]] du [[Festival de Cannes]] et l'[[Oscar du meilleur film en langue étrangère]]. Si ''Un homme et une femme'' rapporte 7 millions de dollars, son [[remake]] virtuel, ''[[Vivre pour vivre]]'', ne marche essentiellement qu'en [[France]], le public américain, selon ''[[Variety]]'', ayant eu sa dose de nouveauté avec la première version<ref name="Variety 08/05/1968">{{Article |langue=en |auteur=Stuart Byron |titre=On Imported Films, U.S. Public Fickle |revue=[[Variety]] |no= |date={{date|8|mai|1968}} |vol= |titre vol= |pages=40 |extrait=When a foreign-language film makes really big money in the U.S., it's purely because of a search for novelty -a novelty value that wears off after the first success of this type. The director or stars involved mean next to nothing when they're promoted in a subsequent film.}}</ref>. UA et Ariane n'en continuent pas moins de soutenir [[Les Films 13]], la société de Lelouch, bien que ses films suivants (''[[La Vie, l'Amour, la Mort]]'', ''[[Le Voyou (film, 1970)|Le Voyou]]'', ''[[L'aventure c'est l'aventure|L'aventure, c'est l'aventure]]'', ''[[Si c'était à refaire (film)|Si c'était à refaire]]'') connaissent des bonheurs divers au [[box-office]]. UA distribue également d'autres films produits par Lelouch (''[[Les Gauloises bleues]]'', ''[[L'Américain (film, 1969)|L'Américain]]'', ''[[Une infinie tendresse]]'', ''[[Le Maître du temps (film, 1970)|Le Maître du temps]]'' et ''[[Molière (film, 1978)|Molière]]'') et même son seul film en langue anglaise, ''[[Un autre homme, une autre chance]]'', coproduit par [[Robert Chartoff]] et [[Irwin Winkler]].


La collaboration de UA avec [[François Truffaut]] débute avec deux films [[Alfred Hitchcock|hitchcockiens]] adaptés de [[William Irish]], ''[[La mariée était en noir (film)|La mariée était en noir]]'' et ''[[La Sirène du Mississipi (film)|La Sirène du Mississippi]]'', qui rapportent, respectivement, de modestes 2 millions et 1,3 million de dollars. UA concède à Truffaut une liberté totale, telle que ses collaborateurs au sein de sa société de production [[Les Films du Carrosse]] ont consigne de garder le secret sur ses projets<ref name="rch"/>. À partir de ''[[Baisers volés]]'', Truffaut retourne à un cinéma plus intimiste (et moins coûteux) : produit pour {{formatnum:350000}} dollars, ''Baisers volés'' rapporte 1,5 million, plus diverses récompenses dont le [[Prix Louis-Delluc]] et le [[Prix Méliès]] et une nomination à l'[[Oscar du meilleur film en langue étrangère]]. Son film le moins commercial, ''[[L'Enfant sauvage]]'', produit à un coût encore plus bas, dégage un petit profit et fait dire à ''[[Variety]]'' que {{citation|United Artists mérite qu'on s'incline devant elle pour avoir soutenu ce film inhabituel, hors-courant tourné en noir et blanc}}, dont l'écriture a duré quatre ans. De même, cinq versions de [[Scénario (film)|scénarios]] sont nécessaires à ''[[L'Histoire d'Adèle H.]]'', prix Louis-Delluc, et huit ans s'écoulent entre l'idée d'adapter [[Henry James]] et la sortie de ''[[La Chambre verte]]'' en [[1978 au cinéma|1978]], son dernier film pour UA, précédé par ''[[L'Argent de poche]]'' et ''[[L'Homme qui aimait les femmes]]'', qui fait l'objet d'un [[L'Homme à femmes (film, 1983)|remake]] par [[Blake Edwards]] pour la [[Columbia Pictures|Columbia]] en [[1983 au cinéma|1983]].
La collaboration de UA avec [[François Truffaut]] débute avec deux films [[Alfred Hitchcock|hitchcockiens]] adaptés de [[William Irish]], ''[[La mariée était en noir (film)|La mariée était en noir]]'' et ''[[La Sirène du Mississipi (film)|La Sirène du Mississippi]]'', qui rapportent, respectivement, de modestes 2 millions et 1,3 million de dollars. UA concède à Truffaut une liberté totale, telle que ses collaborateurs au sein de sa société de production [[Les Films du Carrosse]] ont consigne de garder le secret sur ses projets<ref name="rch">{{Article |auteur=[[René Prédal]] |titre=Jean Gruault, un scénariste et ses auteurs |revue=[[Jeune Cinéma]] |no=166 |date=avril 1985 |vol= |titre vol= |pages=16-20 |extrait=On était chacun dans des cases qui, théoriquement, ne devaient avoir aucunecommunication, c'est-à-dire que l'on ne devait pas dire aux autres le sujet sur lequel on était en train de travailler.}}</ref>. À partir de ''[[Baisers volés]]'', Truffaut retourne à un cinéma plus intimiste (et moins coûteux) : produit pour {{formatnum:350000}} dollars, ''Baisers volés'' rapporte 1,5 million, plus diverses récompenses dont le [[Prix Louis-Delluc]] et le [[Prix Méliès]] et une nomination à l'[[Oscar du meilleur film en langue étrangère]]. Son film le moins commercial, ''[[L'Enfant sauvage]]'', produit à un coût encore plus bas, dégage un petit profit et fait dire à ''[[Variety]]'' que {{citation|United Artists mérite qu'on s'incline devant elle pour avoir soutenu ce film inhabituel, hors-courant tourné en noir et blanc}}, dont l'écriture a duré quatre ans. De même, cinq versions de [[Scénario (film)|scénarios]] sont nécessaires à ''[[L'Histoire d'Adèle H.]]'', prix Louis-Delluc, et huit ans s'écoulent entre l'idée d'adapter [[Henry James]] et la sortie de ''[[La Chambre verte]]'' en [[1978 au cinéma|1978]], son dernier film pour UA, précédé par ''[[L'Argent de poche]]'' et ''[[L'Homme qui aimait les femmes]]'', qui fait l'objet d'un [[L'Homme à femmes (film, 1983)|remake]] par [[Blake Edwards]] pour la [[Columbia Pictures|Columbia]] en [[1983 au cinéma|1983]].


Dans les [[1960 au cinéma|1960]]-[[1970 au cinéma|70]], UA, à travers les productions Artistes associés, soutient le [[cinéma d'auteur]] européen et, souvent, les premiers films de réalisateurs comme [[Alain Cavalier]] (''[[Mise à sac]]'', ''[[La Chamade]]''), [[Marguerite Duras]] (''[[La Musica (film)|La Musica]]''), [[Aleksandar Petrović]] (''[[Il pleut dans mon village]]'', ''[[Portrait de groupe avec dame (film)|Portrait de groupe avec dame]]''), [[Edmond Séchan]] (''[[Pour un amour lointain]]''), [[Claude Mulot]] (''[[La Saignée]]''), [[Peter Fleischmann]] (''[[Les Cloches de Silésie]]''), [[Harry Kümel]] (''[[Malpertuis (film)|Malpertuis]]''), [[Jean-Louis Bertuccelli]] (''[[Paulina 1880]]''), [[Claude Berri]] (''[[Sex-shop (film)|Sex-shop]]'') et son collaborateur [[Henri Graziani]] (''[[Poil de carotte (film, 1973)|Poil de carotte]]'') ou [[Marco Pico]] (''[[Un nuage entre les dents]]''). Parmi les réalisateurs plus commerciaux produits, on peut citer [[Pierre Tchernia]] (''[[Le Viager]]''), [[Gérard Pirès]] (''[[Elle court, elle court la banlieue]]''), [[Serge Leroy]] (''[[Attention, les enfants regardent]]''), [[Jean Yanne]] (''[[Moi y'en a vouloir des sous]]'' et ''[[Les Chinois à Paris]]''), [[Robert Dhéry]] (''[[Vos gueules, les mouettes !]]''), [[Costa-Gavras]] (''[[Un homme de trop]]'', ''[[Section spéciale (film)|Section spéciale]]''), [[Robert Enrico]] (''[[Le Vieux Fusil]]'', premier [[César du meilleur film]]), [[Marc Simenon]] (''[[Signé Furax (film)|Signé Furax]]'') et [[Édouard Molinaro]], dont ''[[La Cage aux folles]]'' et ''[[La Cage aux folles 2]]'' engendreront une [[La Cage aux folles (comédie musicale)|comédie musicale à Broadway]] et un [[Birdcage|remake]] en [[1996 au cinéma|1996]]. Viennent compléter le bilan plusieurs [[Film d'animation|films d'animation]] (''[[Pollux et le Chat bleu|Pollux et le chat bleu]]'', ''[[Lucky Luke (film d'animation)|Lucky Luke]]'', ''[[Tintin et le Lac aux requins|Tintin et le lac aux requins]]'', ''[[La Ballade des Dalton]]'') et la coproduction du ''[[James Bond]]'' ''[[Moonraker (film)|Moonraker]]'', tourné aux [[studios de Boulogne]].
Dans les [[1960 au cinéma|1960]]-[[1970 au cinéma|70]], UA, à travers les productions Artistes associés, soutient le [[cinéma d'auteur]] européen et, souvent, les premiers films de réalisateurs comme [[Alain Cavalier]] (''[[Mise à sac]]'', ''[[La Chamade]]''), [[Marguerite Duras]] (''[[La Musica (film)|La Musica]]''), [[Aleksandar Petrović]] (''[[Il pleut dans mon village]]'', ''[[Portrait de groupe avec dame (film)|Portrait de groupe avec dame]]''), [[Edmond Séchan]] (''[[Pour un amour lointain]]''), [[Claude Mulot]] (''[[La Saignée]]''), [[Peter Fleischmann]] (''[[Les Cloches de Silésie]]''), [[Harry Kümel]] (''[[Malpertuis (film)|Malpertuis]]''), [[Jean-Louis Bertuccelli]] (''[[Paulina 1880]]''), [[Claude Berri]] (''[[Sex-shop (film)|Sex-shop]]'') et son collaborateur [[Henri Graziani]] (''[[Poil de carotte (film, 1973)|Poil de carotte]]'') ou [[Marco Pico]] (''[[Un nuage entre les dents]]''). Parmi les réalisateurs plus commerciaux produits, on peut citer [[Pierre Tchernia]] (''[[Le Viager]]''), [[Gérard Pirès]] (''[[Elle court, elle court la banlieue]]''), [[Serge Leroy]] (''[[Attention, les enfants regardent]]''), [[Jean Yanne]] (''[[Moi y'en a vouloir des sous]]'' et ''[[Les Chinois à Paris]]''), [[Robert Dhéry]] (''[[Vos gueules, les mouettes !]]''), [[Costa-Gavras]] (''[[Un homme de trop]]'', ''[[Section spéciale (film)|Section spéciale]]''), [[Robert Enrico]] (''[[Le Vieux Fusil]]'', premier [[César du meilleur film]]), [[Marc Simenon]] (''[[Signé Furax (film)|Signé Furax]]'') et [[Édouard Molinaro]], dont ''[[La Cage aux folles]]'' et ''[[La Cage aux folles 2]]'' engendreront une [[La Cage aux folles (comédie musicale)|comédie musicale à Broadway]] et un [[Birdcage|remake]] en [[1996 au cinéma|1996]]. Viennent compléter le bilan plusieurs [[Film d'animation|films d'animation]] (''[[Pollux et le Chat bleu|Pollux et le chat bleu]]'', ''[[Lucky Luke (film d'animation)|Lucky Luke]]'', ''[[Tintin et le Lac aux requins|Tintin et le lac aux requins]]'', ''[[La Ballade des Dalton]]'') et la coproduction du ''[[James Bond]]'' ''[[Moonraker (film)|Moonraker]]'', tourné aux [[studios de Boulogne]].
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==== Productions italiennes ====
==== Productions italiennes ====
{{Article détaillé|Produzioni Europee Associati}}
{{Article détaillé|Produzioni Europee Associati}}
Dans les années [[1960 au cinéma|1960]], [[Cinecittà]] est le centre de la production en [[Cinéma européen|Europe]] grâce, certes, aux aides gouvernementales mais surtout parce que le cinéma italien, pas encore touché par la concurrence de la télévision, est en plein boom. Selon l'''Associazione nazionale industrie cinematografiche audiovisive e multimediali'' (ANICA), il totalise 640 millions d'entrées payantes en [[Salle de cinéma|salles]] (soit le double des spectateurs du Royaume-Uni, de la France et de la RFA) et rapporte 265 millions de dollars de bénéfices en [[1966 au cinéma|1966]] (soit 50 % de plus qu'au Royaume-Uni et 70 % de plus qu'en France et en RFA)<ref name="rci"/>. UA ne participe que marginalement à la vague du [[péplum]] italien en ne distribuant aux [[États-Unis]] que ''[[Les Derniers Jours de Pompéi (film, 1959)|Les Derniers Jours de Pompéi]]'', ''[[Thésée et le Minotaure|Thésée et le minotaure]]'' et ''[[La Fureur d'Hercule]]''. Par contre, elle s'intéresse dès [[1964 au cinéma|1964]] au [[western spaghetti]], dont elle distribue le fer de lance, ''[[Pour une poignée de dollars]]'', produit par la société de production d'Alberto Grimaldi, [[Produzioni Europee Associati]] (PEA). Après le succès de ce film en Europe (qui, dans certains pays, dépasse au [[box-office]] ''[[Mary Poppins (film, 1964)|Mary Poppins]]'', ''[[My Fair Lady (film, 1964)|My Fair Lady]]'' et même ''[[Goldfinger]]''<ref name="rcj"/>), UA finance les deux suites de la ''[[trilogie du dollar]]'' de [[Sergio Leone]] : ''[[Et pour quelques dollars de plus]]'' et ''[[Le Bon, la Brute et le Truand]]''<ref name="rck"/>. Produites à {{formatnum:400000}} dollars pour la première et {{formatnum:972000}} pour la seconde, elles rapportent 3,5-4 millions aux États-Unis et environ trois fois plus à l'international<ref name="Balio 285-301"/>. Tandis que [[Dino De Laurentiis]] lui fournit ''[[Du sang dans la montagne]]'' et ''[[Navajo Joe]]'', UA produit encore jusqu'en [[1972 au cinéma|1972]] ''[[Il était une fois la révolution]]'' ainsi que divers avatars du genre, dont ''[[La mort était au rendez-vous]]'', ''[[El mercenario]]'' et la trilogie des ''[[Sabata (trilogie)|Sabata]]''.
Dans les années [[1960 au cinéma|1960]], [[Cinecittà]] est le centre de la production en [[Cinéma européen|Europe]] grâce, certes, aux aides gouvernementales mais surtout parce que le cinéma italien, pas encore touché par la concurrence de la télévision, est en plein boom. Selon l'''Associazione nazionale industrie cinematografiche audiovisive e multimediali'' (ANICA), il totalise 640 millions d'entrées payantes en [[Salle de cinéma|salles]] (soit le double des spectateurs du Royaume-Uni, de la France et de la RFA) et rapporte 265 millions de dollars de bénéfices en [[1966 au cinéma|1966]] (soit 50 % de plus qu'au Royaume-Uni et 70 % de plus qu'en France et en RFA)<ref name="rci">{{Article |langue=en |auteur=Eitel Monaco |titre=All Film Roads Lead to Rome |revue=[[Variety]] |no= |date={{date|26|avril|1967}} |vol= |titre vol= |pages= p. 41 }}.</ref>. UA ne participe que marginalement à la vague du [[péplum]] italien en ne distribuant aux [[États-Unis]] que ''[[Les Derniers Jours de Pompéi (film, 1959)|Les Derniers Jours de Pompéi]]'', ''[[Thésée et le Minotaure (film, 1960)|Thésée et le minotaure]]'' et ''[[La Fureur d'Hercule]]''. Par contre, elle s'intéresse dès [[1964 au cinéma|1964]] au [[western spaghetti]], dont elle distribue le fer de lance, ''[[Pour une poignée de dollars]]'', produit par la société de production d'Alberto Grimaldi, [[Produzioni Europee Associati]] (PEA). Après le succès de ce film en Europe (qui, dans certains pays, dépasse au [[box-office]] ''[[Mary Poppins (film)|Mary Poppins]]'', ''[[My Fair Lady (film, 1964)|My Fair Lady]]'' et même ''[[Goldfinger]]''<ref name="rcj">{{Article |langue=en |titre=The Horse, Italian Style |revue=[[Newsweek]] |no= |date={{date|18|juin|1965}} |vol= |titre vol= |pages=87-88 }}.</ref>), UA finance les deux suites de la ''[[trilogie du dollar]]'' de [[Sergio Leone]] : ''[[Et pour quelques dollars de plus]]'' et ''[[Le Bon, la Brute et le Truand]]''<ref name="rck">{{Ouvrage|langue=en|auteurs=Cristopher Frayling|titre=Sergio Leone|sous-titre=Something To Do With Death|lieu=Londres|éditeur=[[Faber and Faber]]|année=2000|pages totales=570|passage=p. 201-246|isbn=978-0-571-16438-7}}.</ref>. Produites à {{formatnum:400000}} dollars pour la première et {{formatnum:972000}} pour la seconde, elles rapportent 3,5-4 millions aux États-Unis et environ trois fois plus à l'international{{sfn|Balio|1987|p=285-301|loc=||id=}}. Tandis que [[Dino De Laurentiis]] lui fournit ''[[Du sang dans la montagne]]'' et ''[[Navajo Joe]]'', UA produit encore jusqu'en [[1972 au cinéma|1972]] ''[[Il était une fois la révolution]]'' ainsi que divers avatars du genre, dont ''[[La mort était au rendez-vous]]'', ''[[El mercenario]]'' et la trilogie des ''[[Sabata (trilogie)|Sabata]]''.


En [[1968 au cinéma|1968]], UA signe un contrat de distribution non exclusif avec PEA pour la production de « films plus complexes, à plus gros budget »<ref name="Balio 285-301"/>. Alberto Grimaldi prend alors sous contrat [[Francesco Rosi]] (qui donne ''[[Cadavres exquis (film)|Cadavres exquis]]''), [[Mauro Bolognini]] (''[[Ce merveilleux automne]]''), [[Gillo Pontecorvo]] (''[[Queimada (film)|Queimada]]''), [[Elio Petri]] (''[[À chacun son dû]]'', ''[[Un coin tranquille à la campagne]]'') et, surtout, [[Federico Fellini]]. Pour assurer le succès du ''[[Satyricon (film, 1969)|Satyricon]]'', UA rachète [[Satyricon (film, 1968)|une version antérieure]], qu'un [[procès]] pour [[obscénité]] finit d'achever. Le ''Satyricon de Fellini'' engrange 8 millions de dollars à l'international et est suivi du décousu ''[[Fellini Roma]]''. En [[1970 au cinéma|1970]], UA renégocie pour trois ans son contrat de [[Distribution de film|distribution]] avec PEA et acquiert les droits internationaux des films à venir, dont la [[comédie musicale]] ''[[L'Homme de la Manche]]'' et la « trilogie de la vie » de [[Pier Paolo Pasolini]]. ''[[Le Décaméron (film)|Le Décaméron]]'', le seul à être distribué aux États-Unis n'y rapporte que {{formatnum:160000}} dollars mais marche à l'international (6,5 millions), tout comme ''[[Les Contes de Canterbury (film)|Les Contes de Canterbury]]'' (2 millions) et ''[[Les Mille et Une Nuits (film, 1974)|Les Mille et Une Nuits]]'' (4,5 millions). Le dernier film du réalisateur pour UA, ''[[Salò ou les 120 Journées de Sodome|Salò ou les 120 journées de Sodome]]'', est [[Censure|censuré]] dans de nombreux pays. L'un des plus grands succès de PEA, ''[[Le Dernier Tango à Paris]]'' sort en salles au moment où le [[premier choc pétrolier]] de [[1973 au cinéma|1973]] met à mal l'économie et l'industrie cinématographique italiennes, empêchant quasiment ces films de prétendre au [[retour sur investissement]] à l'international. En [[1976 au cinéma|1976]], dominé essentiellement par le [[cinéma américain]], le marché italien a perdu son ancienne vitalité et ses spectateurs, selon Carmine Cianfarani, président de l'ANICA<ref name="rcl"/>. Dès lors, les productions italiennes ou franco-italiennes de UA, favorisées par l’accord cinématographique franco-italien du {{date|1|août|1966}}<ref name="rcm"/>, ne sortiront que sur les marchés européens, à l'exception de ''[[Portier de nuit]]'' de [[Liliana Cavani]] et de ''[[1900 (film)|1900]]'' de [[Bernardo Bertolucci]].
En [[1968 au cinéma|1968]], UA signe un contrat de distribution non exclusif avec PEA pour la production de « films plus complexes, à plus gros budget »{{sfn|Balio|1987|p=285-301|loc=||id=}}. Alberto Grimaldi prend alors sous contrat [[Francesco Rosi]] (qui donne ''[[Cadavres exquis (film)|Cadavres exquis]]''), [[Mauro Bolognini]] (''[[Ce merveilleux automne]]''), [[Gillo Pontecorvo]] (''[[Queimada (film)|Queimada]]''), [[Elio Petri]] (''[[À chacun son dû]]'', ''[[Un coin tranquille à la campagne]]'') et, surtout, [[Federico Fellini]]. Pour assurer le succès du ''[[Satyricon (film, 1969)|Satyricon]]'', UA rachète [[Satyricon (film, 1968)|une version antérieure]], qu'un [[procès]] pour [[obscénité]] finit d'achever. Le ''Satyricon de Fellini'' engrange 8 millions de dollars à l'international et est suivi du décousu ''[[Fellini Roma]]''. En [[1970 au cinéma|1970]], UA renégocie pour trois ans son contrat de [[Distribution de film|distribution]] avec PEA et acquiert les droits internationaux des films à venir, dont la [[comédie musicale]] ''[[L'Homme de la Manche]]'' et la « trilogie de la vie » de [[Pier Paolo Pasolini]]. ''[[Le Décaméron (film)|Le Décaméron]]'', le seul à être distribué aux États-Unis n'y rapporte que {{formatnum:160000}} dollars mais marche à l'international (6,5 millions), tout comme ''[[Les Contes de Canterbury (film)|Les Contes de Canterbury]]'' (2 millions) et ''[[Les Mille et Une Nuits (film, 1974)|Les Mille et Une Nuits]]'' (4,5 millions). Le dernier film du réalisateur pour UA, ''[[Salò ou les 120 Journées de Sodome|Salò ou les 120 journées de Sodome]]'', est [[Censure|censuré]] dans de nombreux pays. L'un des plus grands succès de PEA, ''[[Le Dernier Tango à Paris]]'' sort en salles au moment où le [[premier choc pétrolier]] de [[1973 au cinéma|1973]] met à mal l'économie et l'industrie cinématographique italiennes, empêchant quasiment ces films de prétendre au [[retour sur investissement]] à l'international. En [[1976 au cinéma|1976]], dominé essentiellement par le [[cinéma américain]], le marché italien a perdu son ancienne vitalité et ses spectateurs, selon Carmine Cianfarani, président de l'ANICA<ref name="rcl">{{Article|langue=en|titre=ANICA's Chairman Has Plans |revue=[[Variety]] |no= |date={{date|20|octobre|1976}} |vol= |titre vol= |pages=p. 74 }}.</ref>. Dès lors, les productions italiennes ou franco-italiennes de UA, favorisées par l’accord cinématographique franco-italien du {{date|1|août|1966}}<ref name="rcm"> {{Lien web |langue=fr |url=http://www.cnc.fr/Site/Template/A2.aspx?SELECTID=36&ID=37&TextId=216&t=3 |titre=Accord cinématographique entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République italienne |date={{date|6|novembre|2000}} |site=cnc.fr |éditeur=[[Centre national de la cinématographie]] |consulté le={{date|2|avril|2009}} }}.</ref>, ne sortiront que sur les marchés européens, à l'exception de ''[[Portier de nuit]]'' de [[Liliana Cavani]] et de ''[[1900 (film)|1900]]'' de [[Bernardo Bertolucci]].


== Les années 1970 : la vie avec un conglomérat ==
== Les années 1970 : la vie avec un conglomérat ==
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[[Fichier:Transamerica Pyramid from 343 Sansome St. roof garden 2.JPG|vignette|droite|« We Are the People in the [[Transamerica Pyramid|Pyramid]] », slogan d'une campagne publicitaire de la [[Transamerica Corporation]] mettant en avant son [[gratte-ciel]]]]
[[Fichier:Transamerica Pyramid from 343 Sansome St. roof garden 2.JPG|vignette|droite|« We Are the People in the [[Transamerica Pyramid|Pyramid]] », slogan d'une campagne publicitaire de la [[Transamerica Corporation]] mettant en avant son [[gratte-ciel]]]]
[[Fichier:Transamerica.svg|vignette|droite|Le logo en « T » de la [[Transamerica Corporation]]]]
[[Fichier:Transamerica.svg|vignette|droite|Le logo en « T » de la [[Transamerica Corporation]]]]
Durant les [[années 1960]], l'industrie du cinéma entre dans l'ère des [[Conglomérat (économie)|conglomérats]] lorsque les studios sont, soit rachetés par ces entités, soit deviennent eux-mêmes des conglomérats<ref name="rcn"/>. La prise de contrôle de la [[Paramount Pictures|Paramount]] par [[Gulf+Western]] est la première du genre en [[1966]], suivie de celle de UA par la [[Transamerica Corporation]] et de [[Warner Bros.]] par [[Kinney National Company]]. Les [[Liste de sociétés de production de cinéma américaines|majors]] ont, durant les années 1960, produit des films dont la valeur est sous-évaluée en raison de recettes erratiques ; ils possèdent des [[Bien immobilier|biens immobiliers]] sous la forme de [[Studio de cinéma|studios]] et des [[Label discographique|labels discographiques]] ou des chaînes de [[Salle de cinéma|salles de cinéma]] à l'étranger ; ils gèrent des catalogues de films qui peuvent être exploités par des chaînes de [[télévision par câble]] ou [[Télévision payante|à péage]]. Charles Bluhdorn, président de Gulf+Western, donne l'explication suivante sur son acquisition : {{citation|Il existe un formidable futur dans le domaine des loisirs... Les films sur [[cassette vidéo]] pour l'usage familial vont ouvrir un marché énorme... Un jour, les [[Satellite de télécommunications|satellites]] relaieront des films récents dans des millions de foyers. C'est un grand challenge<ref name="rco"/>}}. Contrairement à la Paramount, UA est en bonne santé financière. Cependant, [[New York Stock Exchange|Wall Street]] continue de classer l'industrie cinématographique comme « à risque ». Afin d'impressionner cette dernière, UA rend publique sa [[capitalisation boursière]] et attire les repreneurs. En juillet [[1966]], UA annonce son rachat par [[Consolidated Food]], qui souhaite l'[[Intégration horizontale|intégrer horizontalement]] en la [[Diversification (stratégie d'entreprise)|diversifiant]] dans l'édition de [[Maison d'édition|livres]], de [[Éditeur de presse|magazines]] et de [[Label discographique|disques]]<ref name="rcp"/>. Les [[actionnaire]]s du UA refusent l'offre et cette dernière trouve un accord avec la [[Transamerica Corporation]] (TA) en {{date-|novembre 1966}}<ref name="rcq"/>, qui sera officialisé le {{date|11|avril|1967}}. Après l'acquisition de UA, TA rachète [[Liberty Records]], {{Lien|fr=Trans International Airlines|lang=en|trad=Trans International Airlines|texte=Trans International Airlines}} et [[Budget Rent-A-Car]]: des [[filiale]]s dédiées aux loisirs qui contribuent à 30 % de son [[chiffre d'affaires]] à la fin des années 1960. Bien que classée entre [[Shell (entreprise)|Shell]] et [[Eastman Kodak]], TA souffre d'un manque d'[[image de marque]]: elle décide donc de s'offrir une campagne publicitaire dans ''[[Time (magazine)|Time Magazine]]'' où elle présente son [[logotype|logo]] en « T » et annonce la construction à [[San Francisco]] de son [[siège social]] mondial, la [[Transamerica Pyramid]]. Ce bâtiment moderne doit refléter, selon John Beckett, président de TA, la philosophie du nouvel acquéreur de UA selon laquelle {{citation|les hommes jeunes, ou au moins les hommes qui paraissent jeunes, créent le changement et veulent essayer de nouvelles choses<ref name="Beckett"/>}}. Et de rajouter que, ''a contrario'', {{citation|les cadres séniors participent à des [[Élection présidentielle américaine#Conventions nationales des Partis républicain et démocrate|conventions]], ils deviennent des personnalités importantes en ville et font partie de la liste des [[Mécénat|mécènes]]. Le gouvernement leur demande de servir comme conseillers et on leur offre de parler à des colloques de différentes sortes. J'espère que c'est une chose que nous pouvons éviter. Autant que j'en sais, peu d'idées sur de nouvelles ou meilleures façons de faire de l'argent sont discutées lors de conventions<ref name="Beckett"/>}}. Si [[Arthur B. Krim]], membre du [[conseil d'administration]] de l'[[Institut Weizmann]], conseiller des [[Liste des présidents des États-Unis|présidents des États-Unis]] [[John Fitzgerald Kennedy]] et [[Lyndon B. Johnson|Lyndon Johnson]], [[trésorier]] du [[Parti démocrate (États-Unis)|Parti démocrate américain]], se sent visé, il n'en laisse rien paraitre, pas plus que {{Lien|fr=Robert Benjamin|lang=en|trad=Robert Benjamin|texte=Robert Benjamin}}, à l'origine de la création de l'United Nations Association of the United States of America et également conseiller de Johnson. Les deux vice-présidents de UA rentrent pour cinq ans au conseil d'administration de TA. À la date de juin [[1969 au cinéma|1969]], l'équipe dirigeante de UA est désormais composée d'[[Arnold M. Picker]], ancien vice-président responsable de la distribution à l'étranger, et de son neveu [[David V. Picker]], 38 ans, ancien président de [[United Artists Records]]<ref name="rda"/>.
Durant les [[années 1960]], l'industrie du cinéma entre dans l'ère des [[Conglomérat (économie)|conglomérats]] lorsque les studios sont, soit rachetés par ces entités, soit deviennent eux-mêmes des conglomérats<ref name="rcn">{{Ouvrage|langue=en|auteurs=Willard F. Mueller|directeur1=James Brock|titre=The Structure of American Industry|titre volume=Conglomerates: A 'Nonindustry'|lieu=Upper Saddle River|éditeur=[[Prentice Hall]]|année=1977|réimpression=2008|pages totales=411|isbn=978-0-13-230230-2}}.</ref>{{,}}<ref name="rco">{{Article |langue=en |auteur= |titre=The Day The Dream Factory Woke Up |revue=[[Life]] |no= |date={{date|27|février|1970}} |vol= |titre vol= |pages=p. 44 }}.</ref>. La prise de contrôle de la [[Paramount Pictures|Paramount]] par [[Gulf+Western]] est la première du genre en [[1966]], suivie de celle de UA par la [[Transamerica Corporation]] et de [[Warner Bros.]] par [[Kinney National Company]]. Les [[Liste de sociétés de production de cinéma américaines|majors]] ont, durant les années 1960, produit des films dont la valeur est sous-évaluée en raison de recettes erratiques ; ils possèdent des [[Bien immobilier|biens immobiliers]] sous la forme de [[Studio de cinéma|studios]] et des [[Label discographique|labels discographiques]] ou des chaînes de [[Salle de cinéma|salles de cinéma]] à l'étranger ; ils gèrent des catalogues de films qui peuvent être exploités par des chaînes de [[télévision par câble]] ou [[Télévision payante|à péage]]. Charles Bluhdorn, président de Gulf+Western, donne l'explication suivante sur son acquisition : {{citation|Il existe un formidable futur dans le domaine des loisirs... Les films sur [[cassette vidéo]] pour l'usage familial vont ouvrir un marché énorme... Un jour, les [[Satellite de télécommunications|satellites]] relaieront des films récents dans des millions de foyers. C'est un grand challenge<ref name="rco"/>}}. Contrairement à la Paramount, UA est en bonne santé financière. Cependant, [[New York Stock Exchange|Wall Street]] continue de classer l'industrie cinématographique comme « à risque ». Afin d'impressionner cette dernière, UA rend publique sa [[capitalisation boursière]] et attire les repreneurs. En juillet [[1966]], UA annonce son rachat par [[Consolidated Food]], qui souhaite l'[[Intégration horizontale|intégrer horizontalement]] en la [[Diversification (stratégie d'entreprise)|diversifiant]] dans l'édition de [[Maison d'édition|livres]], de [[Éditeur de presse|magazines]] et de [[Label discographique|disques]]<ref name="rcp">{{Article|langue=en |auteur= |titre=From Food to Films |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |date={{date|29|juillet|1966}} |texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,899324,00.html |consulté le={{date|9|avril|2009}}}}.</ref>. Les [[actionnaire]]s du UA refusent l'offre et cette dernière trouve un accord avec la [[Transamerica Corporation]] (TA) en {{date-|novembre 1966}}<ref name="rcq">{{Article|langue=en |auteur= |titre=New Gold in the Hollywood Hills |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |date={{date|25|novembre|1966}} |texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,843128,00.html |consulté le={{date|19|mars|2009}}}}.</ref>, qui sera officialisé le {{date|11|avril|1967}}. Après l'acquisition de UA, TA rachète [[Liberty Records]], {{Lien|fr=Trans International Airlines|lang=en|trad=Trans International Airlines|texte=Trans International Airlines}} et [[Budget Rent-A-Car]]: des [[filiale]]s dédiées aux loisirs qui contribuent à 30 % de son [[chiffre d'affaires]] à la fin des années 1960. Bien que classée entre [[Shell (entreprise)|Shell]] et [[Eastman Kodak]], TA souffre d'un manque d'[[image de marque]]: elle décide donc de s'offrir une campagne publicitaire dans ''[[Time (magazine)|Time Magazine]]'' où elle présente son [[logotype|logo]] en « T » et annonce la construction à [[San Francisco]] de son [[siège social]] mondial, la [[Transamerica Pyramid]]. Ce bâtiment moderne doit refléter, selon John Beckett, président de TA, la philosophie du nouvel acquéreur de UA selon laquelle {{citation|les hommes jeunes, ou au moins les hommes qui paraissent jeunes, créent le changement et veulent essayer de nouvelles choses<ref name="Beckett">''Principles of Management'' : discours de John Beckett devant la conférence de management de la Transamerica Corporation, Solvang, 11-13 mai 1969.</ref>}}. Et de rajouter que, ''a contrario'', {{citation|les cadres séniors participent à des [[Élection présidentielle américaine#Conventions nationales des Partis républicain et démocrate|conventions]], ils deviennent des personnalités importantes en ville et font partie de la liste des [[Mécénat|mécènes]]. Le gouvernement leur demande de servir comme conseillers et on leur offre de parler à des colloques de différentes sortes. J'espère que c'est une chose que nous pouvons éviter. Autant que j'en sais, peu d'idées sur de nouvelles ou meilleures façons de faire de l'argent sont discutées lors de conventions<ref name="Beckett"/>}}. Si [[Arthur B. Krim]], membre du [[conseil d'administration]] de l'[[Institut Weizmann]], conseiller des [[Liste des présidents des États-Unis|présidents des États-Unis]] [[John Fitzgerald Kennedy]] et [[Lyndon B. Johnson|Lyndon Johnson]], [[trésorier]] du [[Parti démocrate (États-Unis)|Parti démocrate américain]], se sent visé, il n'en laisse rien paraitre, pas plus que {{Lien|fr=Robert Benjamin|lang=en|trad=Robert Benjamin|texte=Robert Benjamin}}, à l'origine de la création de l'United Nations Association of the United States of America et également conseiller de Johnson. Les deux vice-présidents de UA entrent pour cinq ans au conseil d'administration de TA. À la date de juin [[1969 au cinéma|1969]], l'équipe dirigeante de UA est désormais composée d'[[Arnold M. Picker]], ancien vice-président responsable de la distribution à l'étranger, et de son neveu [[David V. Picker]], 38 ans, ancien président de [[United Artists Records]]<ref name="rda">{{Article |langue=en |auteur= |titre=UA Officers Elected; Quarterly Net Up |revue=Box Office |date={{date|16|juin|1969}} |texte=http://issuu.com/boxoffice/docs/boxoffice_061669?mode=a_p |consulté le={{date|19|avril|2009}}}}.</ref>.


=== La récession de 1968-1972 ===
=== La récession de 1968-1972 ===
En [[1968 au cinéma|1968]]-[[1972 au cinéma|72]], [[Cinéma américain|Hollywood]] traverse sa plus grave [[récession (économie)|récession économique]]. Tout d'abord, le public devient [[Hédonisme|hédoniste]] et plus sélectif. Ensuite, les studios font sienne la politique du [[blockbuster]]<ref name="rdz"/>, tandis que l'offre devient pléthorique avec l'arrivée des réseaux télévisés ([[Columbia Broadcasting System|CBS]], [[American Broadcasting Company|ABC]], {{Lien|fr=National General Pictures|lang=en|trad=National General Pictures|texte=National General Pictures}}) dans la [[producteur de cinéma|production cinématographique]], portant le nombre de principaux fournisseurs à onze. De fait, les blockbusters peinent à recouvrer leur [[retour sur investissement]] et sont privés de location aux réseaux, ces derniers ayant suffisamment de produits jusqu'en [[1972 au cinéma|1972]]<ref name="rde"/>. Si Hollywood ne s'effondre pas, c'est au prix de dures [[restructuration]]s : abandon d'une [[branche d'activité]] (comme les [[Studio de cinéma|studios]] de [[Borehamwood]] et de [[Culver City]] par la [[Metro-Goldwyn-Mayer|MGM]]), [[externalisation]] des services à la production (par [[Columbia Pictures|Columbia]], [[Warner Bros.-Seven Arts]], MGM, [[Paramount Pictures|Paramount]] et[[20th Century Studios|Fox]]) et, surtout, remise dans le {{Lien|fr=Turnaround (filmmaking)|lang=en|trad=Turnaround (filmmaking)|texte=''turnaround''}} de projets et réduction des coûts de production. En décembre [[1969 au cinéma|1969]], Krim fait l'[[inventaire]] des films placés en production fin [[1968 au cinéma|1968]]-[[1969 au cinéma|69]] et estime que 35 films, coûtant 80 millions de dollars, devraient en perdre 50. La raison à cela est que {{citation|la politique de sélection des produits a complètement changé en mettant l'accent sur le risque de pertes au lieu de l'espoir de profits<ref name="ABK interview 02/08/1983"/>}}. Après avoir été autorisé par Beckett à reprendre les rênes de UA, Krim sabre où il peut (''[[Les Canons de Cordoba]]'', notamment, est distribué en [[double feature]] avec ''[[Underground (film, 1970)|Underground]]'') mais ne peut annuler des films sans potentiel commercial tels que ''[[Léo le dernier|Leo the Last]]'', ''[[Ned Kelly (film, 1970)|Ned Kelly]]'', ''[[Le Propriétaire]]'' ou ''[[Cold Turkey (film, 1971)|Cold Turkey]]''. Krim convainc les [[Audit comptable et financier|auditeurs comptables]] de UA et la [[Securities and Exchange Commission|SEC]] de la nécessité de passer plusieurs millions par pertes et profits, à l'instar des autres [[Liste de sociétés de production de cinéma américaines|studios hollywoodiens]], qui auraient perdu 200 millions de dollars en [[1969 au cinéma|1969]]<ref name="rdr"/>. La récession touche de plein fouet les [[Conglomérat (économie)|conglomérats]], dont les pratiques de [[fusion-acquisition]] font par ailleurs l'objet d'une commission d'enquête du [[Sénat des États-Unis]]. Les pertes de UA de [[1970 au cinéma|1970]], les seules du régime Krim-Benjamin ([[1951 au cinéma|1951]]-[[1978 au cinéma|1978]]), contribuent à 80 % de celles de TA (le reste provenant de Liberty/United Artists Records et de Transamerica Computer). Aussi, Beckett réorganise TA en quatre groupes opérationnels avec un vice-président à la tête de chacun. Pour le président de TA, {{citation|maintenant que les temps sont durs, il y a plus que jamais grand besoin d'organisation au sein de la structure de la compagnie... La coopération est obligatoire... Aucune filiale n'est une île en elle-même, en particulier ces compagnies en détresse<ref name="rdt"/>}}, un discours en opposition avec celui de trois ans plus tôt selon lequel {{citation|Transamerica croit en une forte centralisation des fonctions des équipes dirigeantes et, de manière équivalente, à une décentralisation des opérations au jour le jour<ref name="Beckett"/>}}. C'est ainsi que Krim et Benjamin, parmi les principaux [[actionnaire]]s de TA, se retrouvent chapeautés par James R. Harvey, 38 ans, vice-président chargé des activités de loisirs. Par ailleurs, si TA ne s'est jamais mêlé des choix de UA concernant ses projets, elle recommande néanmoins de les passer au filtre d'un [[statisticien]] soi-disant apte à déceler les recettes d'un succès, mais aussi d'un [[sociologue]], d'un [[psychologue]] et d'un [[anthropologue]]…
En [[1968 au cinéma|1968]]-[[1972 au cinéma|72]], [[Cinéma américain|Hollywood]] traverse sa plus grave [[récession (économie)|récession économique]]. Tout d'abord, le public devient [[Hédonisme|hédoniste]] et plus sélectif. Ensuite, les studios font sienne la politique du [[blockbuster]]<ref>{{harvsp|Londoner|Balio|1985|p=|loc=|id=}}.{{Commentaire biblio|Other studios quickly embraced the larger risks of high cost films and by 1968 six of the eight majors were contentedly producing blockbuster movies.}}</ref>, tandis que l'offre devient pléthorique avec l'arrivée des réseaux télévisés ([[Columbia Broadcasting System|CBS]], [[American Broadcasting Company|ABC]], {{Lien|fr=National General Pictures|lang=en|trad=National General Pictures|texte=National General Pictures}}) dans la [[producteur de cinéma|production cinématographique]], portant le nombre de principaux fournisseurs à onze. De fait, les blockbusters peinent à recouvrer leur [[retour sur investissement]] et sont privés de location aux réseaux, ces derniers ayant suffisamment de produits jusqu'en [[1972 au cinéma|1972]]{{sfn|Balio|1987|p=316|loc=||id=}}. Si Hollywood ne s'effondre pas, c'est au prix de dures [[restructuration]]s : abandon d'une [[branche d'activité]] (comme les [[Studio de cinéma|studios]] de [[Borehamwood]] et de [[Culver City]] par la [[Metro-Goldwyn-Mayer|MGM]]), [[externalisation]] des services à la production (par [[Columbia Pictures|Columbia]], [[Warner Bros.-Seven Arts]], MGM, [[Paramount Pictures|Paramount]] et [[20th Century Studios|Fox]]) et, surtout, remise dans le {{Lien|fr=Turnaround (filmmaking)|lang=en|trad=Turnaround (filmmaking)|texte=''turnaround''}} de projets et réduction des coûts de production. En décembre [[1969 au cinéma|1969]], Krim fait l'[[inventaire]] des films placés en production fin [[1968 au cinéma|1968]]-[[1969 au cinéma|69]] et estime que 35 films, coûtant 80 millions de dollars, devraient en perdre 50. La raison à cela est que {{citation|la politique de sélection des produits a complètement changé en mettant l'accent sur le risque de pertes au lieu de l'espoir de profits<ref name="ABK interview 02/08/1983">{{en}} Tino Balio, Interview avec Arthur Krim, {{date|2|août|1983}}.</ref>}}. Après avoir été autorisé par Beckett à reprendre les rênes de UA, Krim sabre où il peut (''[[Les Canons de Cordoba]]'', notamment, est distribué en [[double programme]] avec ''[[Underground (film, 1970)|Underground]]'') mais ne peut annuler des films sans potentiel commercial tels que ''[[Léo le dernier|Leo the Last]]'', ''[[Ned Kelly (film, 1970)|Ned Kelly]]'', ''[[Le Propriétaire]]'' ou ''[[Cold Turkey (film, 1971)|Cold Turkey]]''. Krim convainc les [[Audit comptable et financier|auditeurs comptables]] de UA et la [[Securities and Exchange Commission|SEC]] de la nécessité de passer plusieurs millions par pertes et profits, à l'instar des autres [[Liste de sociétés de production de cinéma américaines|studios hollywoodiens]], qui auraient perdu 200 millions de dollars en [[1969 au cinéma|1969]]<ref name="rdr">{{Article|langue=en |auteur=A. H. Howe |titre=A Bankeer Looks at the Picture Business |revue=Journal of the Screen Producers Guild |no=11 |date=mars 1969 |vol= |titre vol= |pages=15-22 }}.</ref>. La récession touche de plein fouet les [[Conglomérat (économie)|conglomérats]], dont les pratiques de [[fusion-acquisition]] font par ailleurs l'objet d'une commission d'enquête du [[Sénat des États-Unis]]. Les pertes de UA de [[1970 au cinéma|1970]], les seules du régime Krim-Benjamin ([[1951 au cinéma|1951]]-[[1978 au cinéma|1978]]), contribuent à 80 % de celles de TA (le reste provenant de Liberty/United Artists Records et de Transamerica Computer). Aussi, Beckett réorganise TA en quatre groupes opérationnels avec un vice-président à la tête de chacun. Pour le président de TA, {{citation|maintenant que les temps sont durs, il y a plus que jamais grand besoin d'organisation au sein de la structure de la compagnie... La coopération est obligatoire... Aucune filiale n'est une île en elle-même, en particulier ces compagnies en détresse<ref name="rdt">Discours de John Beckett devant la conférence de management de la Transamerica Corporation, San Francisco, 28 avril 1972</ref>}}, un discours en opposition avec celui de trois ans plus tôt selon lequel {{citation|Transamerica croit en une forte centralisation des fonctions des équipes dirigeantes et, de manière équivalente, à une décentralisation des opérations au jour le jour<ref name="Beckett"/>}}. C'est ainsi que Krim et Benjamin, parmi les principaux [[actionnaire]]s de TA, se retrouvent chapeautés par James R. Harvey, 38 ans, vice-président chargé des activités de loisirs. Par ailleurs, si TA ne s'est jamais mêlé des choix de UA concernant ses projets, elle recommande néanmoins de les passer au filtre d'un [[statisticien]] soi-disant apte à déceler les recettes d'un succès, mais aussi d'un [[sociologue]], d'un [[psychologue]] et d'un [[anthropologue]]…


=== UA, la censure et les relations avec TA ===
=== UA, la censure et les relations avec TA ===
À plusieurs reprises dans son histoire, UA a dû affronter la censure ou les campagnes de [[Lobby|groupes de pression]] contre ses réalisateurs et/ou ses films. Il en est ainsi de [[Charlie Chaplin]], accusé d'être membre du [[Parti communiste USA|parti communiste américain]], et dont ''[[Les Feux de la rampe]]'' est [[boycott]]é en [[1952 au cinéma|1952]] par l'[[American Legion]] et par les [[Salle de cinéma|salles de cinéma]] [[RKO Pictures|RKO]] d'[[Howard Hughes]]. Ironiquement, UA avait ressorti en [[1946 au cinéma|1946]] ''[[Le Banni]]'' du même Hugues, malgré un « C » (désapprouvé pour tous) de la [[ligue pour la vertu]]. Cette dernière s'en prend également à deux films d'[[Otto Preminger]], ''[[La Lune était bleue]]'' et ''[[L'Homme au bras d'or]]'', qu'UA distribue malgré, respectivement, un « C » et un « B » (désapprouvé pour les jeunes, avec un avertissement même pour les adultes) et quitte à démissionner de la [[Motion Picture Association of America]] (MPAA). Le [[code Hays]] est remplacé en [[1968 au cinéma|1968]] par un nouveau classement. Stephen Farber, qui a travaillé à la commission de censure de la MPAA, estime que ses membres ont, dès le début, menacé de [[Classement X#Aux États-Unis|classer « X »]] un film qui ne correspondait pas à leurs sensibilités personnelles. Enfin, selon Farber, la MPAA aurait utilisé son système de classement pour « punir » certains réalisateurs comme [[Stanley Kubrick]] (pour ''[[Orange mécanique]]'') ou [[John Schlesinger]] (pour ''[[Macadam Cowboy]]'') et, au contraire, en récompenser d'autres<ref name="rdy"/>. En fait, ''Macadam Cowboy'' reçoit initialement un « R » (les mineurs de moins de 17 ans doivent être accompagnés d'un adulte) de la MPAA et c'est UA qui décide de le distribuer avec un « X ». Étant donné qu'UA se refuse à capitaliser sur les soi-disant éléments « sordides » du film, le [[plan marketing]] est risqué. UA organise une projection de presse ciblée et ne programme le film que dans une seule salle, le ''Coronet'', dans l'East Side. Le but étant, selon Gabe Sumner, vice-président responsable du marketing et de la publicité, {{citation|de dépasser les réactions épidermiques que, quoi qu'on fasse, certaines personnes ont avec le classement « X ». La plus récente publicité, et de fait celle dont on se souvient le plus, concernant le film ne fait allusion, ni à sa qualité, ni aux éloges qu'il a reçu mais vient de tous ces articles dans les journaux qui sont autant de justificatifs pour ces personnes pour « punir » le film « X »<ref name="rdu"/>}}. Selon Tino Balio, l'autre but est de convaincre le public que ''Macadam Cowboy'' n'est pas juste un autre film pour jeunes -comme ''[[Le Lauréat]]'' ou ''[[Easy Rider]]''- mais une œuvre sérieuse. D'ailleurs, pour faire adhérer le maximum de gens au film, tous les encarts publicitaires contiennent l'accroche « Tout ce que vous avez entendu sur ''Macadam Cowboy'' est vrai »<ref name="rdi"/>. Après une [[avant-première]] le {{date|6|mai|1969}}, le film est projeté dans un seul cinéma par ville (10 au total), en juillet [[1969]], le temps que le bouche à oreille se fasse. Au moment de sa distribution nationale, ''Macadam Cowboy'' a déjà reçu sept nominations aux [[Oscar du cinéma|Oscars]]. Il en gagne finalement trois ([[Oscar du meilleur film|meilleur film]], [[Oscar du meilleur réalisateur|meilleur réalisateur]] et [[Oscar du meilleur scénario original|meilleur scénario original]]) et rapporte 18 millions de dollars aux [[États-Unis]] et 8 à l'international sur une mise de 3,2. La MPAA revoit son classement en [[1970 au cinéma|1970]] et étend le « R » en créant le « NC-17 » (interdit aux moins de 17 ans) afin de réserver le « X » aux [[Film pornographique|films pornographiques]]. Entretemps, et à la différence de ''Macadam Cowboy'', trois films sont remontés par leurs distributeurs pour éviter le « X » : ''[[Bob et Carole et Ted et Alice]]'' ([[Columbia Pictures|Columbia]]), ''[[Dernier Été (film, 1969)|Dernier Été]]'' ([[Allied Artists]]) et ''[[If....]]'' ([[Paramount Pictures|Paramount]]).
À plusieurs reprises dans son histoire, UA a dû affronter la censure ou les campagnes de [[Lobby|groupes de pression]] contre ses réalisateurs et/ou ses films. Il en est ainsi de [[Charlie Chaplin]], accusé d'être membre du [[Parti communiste USA|parti communiste américain]], et dont ''[[Les Feux de la rampe]]'' est [[boycott]]é en [[1952 au cinéma|1952]] par l'[[American Legion]] et par les [[Salle de cinéma|salles de cinéma]] [[RKO Pictures|RKO]] d'[[Howard Hughes]]. Ironiquement, UA avait ressorti en [[1946 au cinéma|1946]] ''[[Le Banni]]'' du même Hughes, malgré un « C » (désapprouvé pour tous) de la [[ligue pour la vertu]]. Cette dernière s'en prend également à deux films d'[[Otto Preminger]], ''[[La Lune était bleue]]'' et ''[[L'Homme au bras d'or]]'', qu'UA distribue malgré, respectivement, un « C » et un « B » (désapprouvé pour les jeunes, avec un avertissement même pour les adultes) et quitte à démissionner de la [[Motion Picture Association of America]] (MPAA). Le [[code Hays]] est remplacé en [[1968 au cinéma|1968]] par un nouveau classement. Stephen Farber, qui a travaillé à la commission de censure de la MPAA, estime que ses membres ont, dès le début, menacé de [[Classement X#Aux États-Unis|classer « X »]] un film qui ne correspondait pas à leurs sensibilités personnelles. Enfin, selon Farber, la MPAA aurait utilisé son système de classement pour « punir » certains réalisateurs comme [[Stanley Kubrick]] (pour ''[[Orange mécanique]]'') ou [[John Schlesinger]] (pour ''[[Macadam Cowboy]]'') et, au contraire, en récompenser d'autres<ref name="rdy">{{Ouvrage|langue=en|nom1=Stephen Farber|titre=Fade The Movie Rating Game|lieu=Washington|éditeur=Public Affairs Books|année=1972|isbn=0-8183-0181-3}}.</ref>. En fait, ''Macadam Cowboy'' reçoit initialement un « R » (les mineurs de moins de 17 ans doivent être accompagnés d'un adulte) de la MPAA et c'est UA qui décide de le distribuer avec un « X ». Étant donné qu'UA se refuse à capitaliser sur les soi-disant éléments « sordides » du film, le [[plan marketing]] est risqué. UA organise une projection de presse ciblée et ne programme le film que dans une seule salle, le ''Coronet'', dans l'East Side. Le but étant, selon Gabe Sumner, vice-président responsable du marketing et de la publicité, {{citation|de dépasser les réactions épidermiques que, quoi qu'on fasse, certaines personnes ont avec le classement « X ». La plus récente publicité, et de fait celle dont on se souvient le plus, concernant le film ne fait allusion, ni à sa qualité, ni aux éloges qu'il a reçu mais vient de tous ces articles dans les journaux qui sont autant de justificatifs pour ces personnes pour « punir » le film « X »<ref name="rdu">{{Article|langue=en |auteur=Gabe Sumner |titre=Memorandum |revue=United Artists Collection Addition, 1950-1980 |no= |date={{date|23|janvier|1970}} |vol= |titre vol= |pages= }}.</ref>}}. Selon Tino Balio, l'autre but est de convaincre le public que ''Macadam Cowboy'' n'est pas juste un autre film pour jeunes -comme ''[[Le Lauréat]]'' ou ''[[Easy Rider (film)|Easy Rider]]''- mais une œuvre sérieuse. D'ailleurs, pour faire adhérer le maximum de gens au film, tous les encarts publicitaires contiennent l'accroche « Tout ce que vous avez entendu sur ''Macadam Cowboy'' est vrai »{{sfn|Balio|1987|p=292|loc=||id=}}. Après une [[avant-première]] le {{date|6|mai|1969}}, le film est projeté dans un seul cinéma par ville (10 au total), en juillet [[1969]], le temps que le bouche à oreille se fasse. Au moment de sa distribution nationale, ''Macadam Cowboy'' a déjà reçu sept nominations aux [[Oscar du cinéma|Oscars]]. Il en gagne finalement trois ([[Oscar du meilleur film|meilleur film]], [[Oscar du meilleur réalisateur|meilleur réalisateur]] et [[Oscar du meilleur scénario original|meilleur scénario original]]) et rapporte 18 millions de dollars aux [[États-Unis]] et 8 à l'international sur une mise de 3,2. La MPAA revoit son classement en [[1970 au cinéma|1970]] et étend le « R » en créant le « NC-17 » (interdit aux moins de 17 ans) afin de réserver le « X » aux [[Film pornographique|films pornographiques]]. Entretemps, et à la différence de ''Macadam Cowboy'', trois films sont remontés par leurs distributeurs pour éviter le « X » : ''[[Bob et Carole et Ted et Alice]]'' ([[Columbia Pictures|Columbia]]), ''[[Dernier Été (film, 1969)|Dernier Été]]'' ([[Allied Artists]]) et ''[[If....]]'' ([[Paramount Pictures|Paramount]]).


Lorsqu'en novembre [[1971 au cinéma|1971]] UA accepte de produire pour 1,25 million de dollars ''[[Le Dernier Tango à Paris]]'', refusé par la [[Metro-Goldwyn-Mayer|MGM]], elle pense tenir tous les ingrédients d'un film d'auteur à potentiel commercial. Le jour du [[Fête du Travail#Amérique du Nord|''Labor Day'']] [[1972]], ''[[Le Parrain (film)|Le Parrain]]'' a déjà rapporté 75 millions de dollars à la Paramount et a rétabli [[Marlon Brando]] (acteur dans ''[[Le Dernier Tango à Paris]]'') sur son piédestal de [[Vedette (personnalité)|star]]. Le film est projeté en clôture du [[Festival du film de New York|New York Film Festival]] le {{date|14|octobre|1972}} et UA décide de l'affubler d'un « X » sans le montrer à la MPAA. Cette coproduction franco-italienne sort sans encombre en [[France]] le {{Date|15|décembre|1972}} mais l'[[Italie]] l'interdit jusqu'en [[1987 au cinéma|1987]] tandis que la [[Cour de cassation (Italie)|Cour de cassation]] italienne ordonne la destruction de toutes ses copies et que [[Bernardo Bertolucci]] est condamné à quatre mois de prison. Présenté à des critiques américains triés sur le volet (au point qu'UA se verra accusée d'en bannir certains<ref name="rdo"/>), ''Le Dernier Tango à Paris'' commence sa carrière le {{date|1|février|1973}} dans une seule salle de [[New York]], le ''Trans-Lux East'', avec pré-ventes ({{unité|5|dollars}} la place, le prix d'entrée pour un film pornographique) et seulement deux séances par jour. Le film divise la critique : ''[[Time (magazine)|Time Magazine]]'' le descend<ref name="rdp"/> tandis que ''[[Newsweek]]'', parlant de [[succès de scandale]], le défend. Durant l'« orgie médiatique » qui suit, selon les termes de l' ''[[The Atlantic Monthly|Atlantic]]'', John Beckett, président de la Transamerica, transmet à Krim les plaintes des [[Courtier#Courtier en assurances|courtiers]] en [[assurance-vie]] de TA. Krim fait projeter le film au [[conseil d'administration]] de TA, qui presse Beckett de laisser UA distribuer le film<ref name="ABK interview 19/10/1983"/>. Cependant, avec un vice-président de TA chapeautant UA, cette dernière perd sa visibilité<ref name="Time 30/01/1978"/>. Pour Krim, {{citation|dans les communiqués, les brochures, les rapports annuels et autres, il est pris soin d'éviter de mentionner le nom du moindre cadre de UA -à la différence de ceux de TA, connus dans l'industrie pour être inexpérimentés dans ce domaine. Nous sommes constamment obligés de réaffirmer aux créateurs, qui sont la base de notre business, que nous sommes autonomes, que nous sommes responsables du choix des films, que nous n'allons pas insister seulement sur des « films familiaux » comme cela a été un jour suggéré, que nous n'abandonnons pas ''[[Le Dernier Tango à Paris]]'', que nous sommes toujours la compagnie qui vit de par la variété et que nous prenons toujours les décisions<ref name="United Artists 1970-1973"/>}}. ''[[Le Dernier Tango à Paris]]'' est distribué à partir de mars [[1973 au cinéma|1973]] dans une autre salle, le ''Fine Arts'' de [[Los Angeles]] avant la sortie nationale, en juillet. Afin de se prémunir contre d'éventuelles réticences d'[[Exploitant de salle de cinéma|exploitants]], UA loue directement des salles dans 33 villes. Par ailleurs, UA craint que le récent arrêt ''[[Miller v. California]]'' de la [[Cour suprême des États-Unis]], qui donne pouvoir aux district attorneys et autres shérifs locaux de juger de l'[[obscénité]] d'une œuvre<ref name="rdq"/>, ne soit utilisé contre le film. Elle s'adjoint les services de l'[[Avocat (métier)|avocat]] Louis Nizer, qui a gagné le procès intenté contre ''[[Ce plaisir qu'on dit charnel]]'' devant la Cour suprême et gagnera tous les procès locaux contre ''[[Le Dernier Tango à Paris]]''. Finalement, le film engrange 40 millions de dollars aux États-Unis et 60 à l'international.
Lorsqu'en novembre [[1971 au cinéma|1971]] UA accepte de produire pour 1,25 million de dollars ''[[Le Dernier Tango à Paris]]'', refusé par la [[Metro-Goldwyn-Mayer|MGM]], elle pense tenir tous les ingrédients d'un film d'auteur à potentiel commercial. Le jour du [[Fête du Travail#Amérique du Nord|''Labor Day'']] [[1972]], ''[[Le Parrain (film)|Le Parrain]]'' a déjà rapporté 75 millions de dollars à la Paramount et a rétabli [[Marlon Brando]] (acteur dans ''[[Le Dernier Tango à Paris]]'') sur son piédestal de [[Vedette (personnalité)|star]]. Le film est projeté en clôture du [[Festival du film de New York|New York Film Festival]] le {{date|14|octobre|1972}} et UA décide de l'affubler d'un « X » sans le montrer à la MPAA. Cette coproduction franco-italienne sort sans encombre en [[France]] le {{Date|15|décembre|1972}} mais l'[[Italie]] l'interdit jusqu'en [[1987 au cinéma|1987]] tandis que la [[Cour de cassation (Italie)|Cour de cassation]] italienne ordonne la destruction de toutes ses copies et que [[Bernardo Bertolucci]] est condamné à quatre mois de prison. Présenté à des critiques américains triés sur le volet (au point qu'UA se verra accusée d'en bannir certains<ref name="rdo">{{Article|langue=en |auteur= |titre=Sumner Bars Reed |revue=[[Variety]] |no= |date={{date|31|janvier|1973}} |vol= |titre vol= |pages=4 }}.</ref>), ''Le Dernier Tango à Paris'' commence sa carrière le {{date|1|février|1973}} dans une seule salle de [[New York]], le ''Trans-Lux East'', avec pré-ventes ({{unité|5|dollars}} la place, le prix d'entrée pour un film pornographique) et seulement deux séances par jour. Le film divise la critique : ''[[Time (magazine)|Time Magazine]]'' le descend<ref name="rdp">{{Article|langue=en |auteur= |titre=Self-Portrait of an Angel and Monster |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |date={{date|22|janvier|1973}} |texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,903717,00.html |consulté le={{date|12|avril|2009}}}}.</ref> tandis que ''[[Newsweek]]'', parlant de [[succès de scandale]], le défend. Durant l'« orgie médiatique » qui suit, selon les termes de l' ''[[The Atlantic Monthly|Atlantic]]'', John Beckett, président de la Transamerica, transmet à Krim les plaintes des [[Courtier#Courtier en assurances|courtiers]] en [[assurance-vie]] de TA. Krim fait projeter le film au [[conseil d'administration]] de TA, qui presse Beckett de laisser UA distribuer le film
<ref name="ABK interview 19/10/1983">{{en}} Tino Balio, Interview avec Arthur Krim, {{date|19|octobre|1983}}.</ref>. Cependant, avec un vice-président de TA chapeautant UA, cette dernière perd sa visibilité<ref name="Time 30/01/1978">{{Article |auteur=|langue=en |titre=Bitter Bust-Up In Filmland: Revolt at Transamerica |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |date={{date|30|janvier|1978}} |texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,945903,00.html |consulté le={{date|4|mars|2009}}}}.</ref>. Pour Krim, {{citation|dans les communiqués, les brochures, les rapports annuels et autres, il est pris soin d'éviter de mentionner le nom du moindre cadre de UA -à la différence de ceux de TA, connus dans l'industrie pour être inexpérimentés dans ce domaine. Nous sommes constamment obligés de réaffirmer aux créateurs, qui sont la base de notre business, que nous sommes autonomes, que nous sommes responsables du choix des films, que nous n'allons pas insister seulement sur des « films familiaux » comme cela a été un jour suggéré, que nous n'abandonnons pas ''[[Le Dernier Tango à Paris]]'', que nous sommes toujours la compagnie qui vit de par la variété et que nous prenons toujours les décisions<ref name="United Artists 1970-1973">Arthur Krim, ''United Artists 1970-1973: Background Report'', décembre 1973</ref>}}. ''[[Le Dernier Tango à Paris]]'' est distribué à partir de mars [[1973 au cinéma|1973]] dans une autre salle, le ''Fine Arts'' de [[Los Angeles]] avant la sortie nationale, en juillet. Afin de se prémunir contre d'éventuelles réticences d'[[Exploitant de salle de cinéma|exploitants]], UA loue directement des salles dans 33 villes. Par ailleurs, UA craint que le récent arrêt ''[[Miller v. California]]'' de la [[Cour suprême des États-Unis]], qui donne pouvoir aux district attorneys et autres shérifs locaux de juger de l'[[obscénité]] d'une œuvre<ref name="rdq">{{Ouvrage|langue=en|nom1=Richard S. Randall|nom2=Tino Balio|directeur2=oui|titre=The American Film Industry|titre volume=Censorship: From ''The Miracle'' to ''Deep Throat''|lieu=Madison|éditeur=University of Wisconsin Press|année=1985|pages totales=680|passage=519|isbn=978-0-299-09874-2}}.</ref>, ne soit utilisé contre le film. Elle s'adjoint les services de l'[[Avocat (métier)|avocat]] Louis Nizer, qui a gagné le procès intenté contre ''[[Ce plaisir qu'on dit charnel]]'' devant la Cour suprême et gagnera tous les procès locaux contre ''[[Le Dernier Tango à Paris]]''. Finalement, le film engrange 40 millions de dollars aux États-Unis et 60 à l'international.


=== La renaissance ===
=== La renaissance ===
John Beckett ne se départira jamais de son idée selon laquelle la [[théorie des probabilités]] [[Informatique|informatisée]] mise en place par TA est {{citation|l'un des meilleurs systèmes de [[management]] de l'industrie du cinéma}}, ce que Krim dénoncera comme une plaisanterie : {{citation|Les modèles informatisés n'ont jamais été utilisés... La Transamerica confond obtenir de l'information qu'ils puissent comprendre et un changement dans notre méthode habituelle de faire des affaires<ref name="Fortune 16/01/1978"/>{{,}}<ref name="Time 30/01/1978"/>}}. Le mariage bat de l'aile et Krim propose même qu'UA devienne une [[holding]] de TA et non plus une [[filiale]]<ref name="Fortune 16/01/1978"/>, proposition qui est refusée. Cependant, en octobre [[1973 au cinéma|1973]], TA consent à revoir son organigramme : [[David V. Picker]] démissionne de son poste de président tandis que Krim et Benjamin reprennent peu ou prou leurs fonctions de [[1951 au cinéma|1951]], soit, respectivement, président du conseil d'administration et président du comité des finances. Ils nomment Eric Pleskow comme président, lequel s'entoure de William Bernstein, vice-président responsable des affaires commerciales, et Mike Medavoy, vice-président responsable de la production sur la côte ouest.
John Beckett ne se départira jamais de son idée selon laquelle la [[théorie des probabilités]] [[Informatique|informatisée]] mise en place par TA est {{citation|l'un des meilleurs systèmes de [[management]] de l'industrie du cinéma}}, ce que Krim dénoncera comme une plaisanterie : {{citation|Les modèles informatisés n'ont jamais été utilisés... La Transamerica confond obtenir de l'information qu'ils puissent comprendre et un changement dans notre méthode habituelle de faire des affaires<ref name="Fortune 16/01/1978">{{Article|langue=en |auteur=Peter J. Schuyten |titre=United Artists' Scrip Calls for Divorce |revue=[[Fortune (magazine)|Fortune]] 97 |no= |date={{date|16|janvier|1978}} |vol= |titre vol= |pages=137 }}.</ref>{{,}}<ref name="Time 30/01/1978"/>}}. Le mariage bat de l'aile et Krim propose même qu'UA devienne une [[holding]] de TA et non plus une [[filiale]]<ref name="Fortune 16/01/1978"/>, proposition qui est refusée. Cependant, en octobre [[1973 au cinéma|1973]], TA consent à revoir son organigramme : [[David V. Picker]] démissionne de son poste de président tandis que Krim et Benjamin reprennent peu ou prou leurs fonctions de [[1951 au cinéma|1951]], soit, respectivement, président du conseil d'administration et président du comité des finances. Ils nomment Eric Pleskow comme président, lequel s'entoure de William Bernstein, vice-président responsable des affaires commerciales, et [[Mike Medavoy]], vice-président responsable de la production sur la côte ouest.


Un coup d'accélérateur inattendu vient de la [[Metro-Goldwyn-Mayer|MGM]]. Depuis [[1968]], son propriétaire [[Kirk Kerkorian]] observe le fonctionnement de UA du [[conseil d'administration]] de TA (à laquelle il a vendu {{Lien|langue=en|trad=Trans International Airlines|fr=Trans International Airlines|texte=Trans International Airlines}}). Kerkorian aurait affirmé selon Peter Bart que Krim était son {{citation|modèle}} dans l'[[industrie du cinéma]]<ref name="rdd"/> et aurait apparemment voulu faire de MGM une compagnie avec peu de [[frais fixes]], comme UA<ref name="rdf"/>. Aussi, en [[1973 au cinéma|1973]], les deux hommes commencent à discuter sérieusement de la cession par MGM de ses [[Salle de cinéma|salles de cinéma]] hors-[[États-Unis]] et de ses [[Distribution de film#Gestion de droits audiovisuels|droits de distribution]] internationaux. Finalement, UA n'acquiert, pour 15 millions de dollars et pour 10 ans, que les droits pour les États-Unis, comprenant les droits cinématographiques et la location de films aux [[Chaîne de télévision|chaînes]] en [[syndication]]. À l'étranger, les films MGM seront distribués pour 17 millions de dollars et pour 10 ans<ref name="rdg"/> par [[Cinema International Corporation]], une [[coentreprise]] entre [[Universal Pictures|Universal]] et [[Paramount Pictures|Paramount]]. En échange, MGM reçoit une commission assez faible de 22 % par film. En plus d'être à nouveau la tête du plus important catalogue de films d'Hollywood, UA fait une bonne acquisition : grâce à ''[[Il était une fois Hollywood]]'', UA récupère la moitié de son investissement en [[1975 au cinéma|1975]] puis la totalité en [[1976 au cinéma|1976]], après les sorties de ''[[The Sunshine Boys]]'', de ''[[L'Âge de cristal]]'' et de ''[[Network : Main basse sur la télévision|Network]]'', une coproduction MGM/UA<ref name="rdh"/>.
Un coup d'accélérateur inattendu vient de la [[Metro-Goldwyn-Mayer|MGM]]. Depuis [[1968]], son propriétaire [[Kirk Kerkorian]] observe le fonctionnement de UA du [[conseil d'administration]] de TA (à laquelle il a vendu {{Lien|langue=en|trad=Trans International Airlines|fr=Trans International Airlines|texte=Trans International Airlines}}). Kerkorian aurait affirmé selon Peter Bart que Krim était son {{citation|modèle}} dans l'[[industrie du cinéma]]{{sfn|Bart|1991|p=58|loc=||id=}} et aurait apparemment voulu faire de MGM une compagnie avec peu de [[frais fixes]], comme UA<ref name="rdf">{{Article|langue=en |auteur=Irwin Ross |titre=Kirk Kerkorian Doesn't Want All the Meat Off the Bone |revue=[[Fortune (magazine)|Fortune]] 80 |no= |date=novembre 1969 |vol= |titre vol= |pages=8 }}.</ref>. Aussi, en [[1973 au cinéma|1973]], les deux hommes commencent à discuter sérieusement de la cession par MGM de ses [[Salle de cinéma|salles de cinéma]] hors-[[États-Unis]] et de ses [[Distribution de film#Gestion de droits audiovisuels|droits de distribution]] internationaux. Finalement, UA n'acquiert, pour 15 millions de dollars et pour 10 ans, que les droits pour les États-Unis, comprenant les droits cinématographiques et la location de films aux [[Chaîne de télévision|chaînes]] en [[syndication]]. À l'étranger, les films MGM seront distribués pour 17 millions de dollars et pour 10 ans{{sfn|Bart|1991|p=58|loc=||id=}} par [[Cinema International Corporation]], une [[coentreprise]] entre [[Universal Pictures|Universal]] et [[Paramount Pictures|Paramount]]. En échange, MGM reçoit une commission assez faible de 22 % par film. En plus d'être à nouveau la tête du plus important catalogue de films d'Hollywood, UA fait une bonne acquisition : grâce à ''[[Il était une fois Hollywood]]'', UA récupère la moitié de son investissement en [[1975 au cinéma|1975]] puis la totalité en [[1976 au cinéma|1976]], après les sorties de ''[[The Sunshine Boys]]'', de ''[[L'Âge de cristal]]'' et de ''[[Network : Main basse sur la télévision|Network]]'', une coproduction MGM/UA{{sfn|Balio|1987|p=325|loc=||id=}}.


En [[1974 au cinéma|1974]], la nouvelle équipe signe des multi-contrats avec [[Norman Jewison]], [[Blake Edwards]], [[Woody Allen]] et les [[producteur de cinéma|producteurs]] [[Elliott Kastner]], [[Robert Chartoff]] et [[Irwin Winkler]]. Libérés de leurs contrats avec les [[Mirisch Company|Mirisch]], Jewison, et Edwards donnent respectivement dès [[1975 au cinéma|1975]] ''[[Rollerball (film, 1975)|Rollerball]]'' et ''[[Le Retour de la Panthère rose]]'', une production britannique d'[[Incorporated Television Company|ITC Entertainment]] qui rapporte 31 millions de dollars. UA produira encore ''[[F.I.S.T.]]'' de Jewison et, d'Edwards, ''[[Quand la Panthère rose s'emmêle]]'', ''[[La Malédiction de la Panthère rose]]'', ''[[À la recherche de la Panthère rose]]'', ''[[L'Héritier de la Panthère rose]]'' et ''[[Le Fils de la Panthère rose]]'', ceci jusqu'en [[1993 au cinéma|1993]]. Toujours en [[1975 au cinéma|1975]], UA récupère une autre production indépendante de [[Saul Zaentz]] et [[Michael Douglas]], ''[[Vol au-dessus d'un nid de coucou]]'', qui rapporte 108 millions de dollars sur une mise de 4,4 ainsi que quatre [[Oscar du cinéma|Oscars]], dont celui du [[Oscar du meilleur film|meilleur film]]. Zaentz donnera encore le [[film d'animation]] ''[[Le Seigneur des anneaux (film, 1978)|Le Seigneur des anneaux]]''. Si Jewison et Edwards ont démontré leur potentiel commercial, il n'en est pas de même pour Chartoff et Winkler. Certes, leur ''[[On achève bien les chevaux]]'' a marché, mais pas leurs films pour UA (sauf ''[[Le Flingueur (film, 1972)|Le Flingueur]]'') : ''[[Léo le dernier|Leo the Last]]'' est un échec, tout comme ''[[Les Casseurs de gang]]''. Les choses changent avec ''[[Rocky (film, 1976)|Rocky]]'', écrit et joué par un [[Sylvester Stallone|acteur inconnu]], qui rapporte 117 millions de dollars sur une mise de 1,2 ainsi que quatre [[Oscar du cinéma|Oscars]], dont celui du [[Oscar du meilleur film|meilleur film]]. ''Rocky'' engendrera cinq suites à succès jusqu'en [[2006 au cinéma|2006]]. En dehors de cette série, les films suivants de Chartoff et Winkler pour UA perdent de l'argent (''[[New York, New York]]'', ''[[Sanglantes Confessions|Sanglantes confessions]]'', ''[[La Main droite du diable]]'', ''[[De-Lovely]]'') ou en gagnent peu (5 millions de dollars pour ''[[Raging Bull]]''). À l'exception de ''[[Bananas]]'', qui met du temps à marcher, les [[Burlesque|comédies burlesques]] d'Allen pour UA (''[[Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander]]'', ''[[Woody et les Robots]]'' et ''[[Guerre et Amour]]'') rencontrent une demande stable et gagnent en moyenne 5 millions de dollars aux [[États-Unis]] et autant à l'international. ''[[Annie Hall]]'' constitue selon son auteur {{citation|un changement de cap majeur<ref name="rdj"/>}}, alliant un [[humour]] plus sophistiqué au [[Drame (cinéma)|drame]] et posant les bases de la [[comédie romantique]] moderne, qui fera florès à [[Cinéma américain|Hollywood]]. ''Annie Hall'' marche beaucoup mieux que les films précédents d'Allen, récolte trois [[Oscar du cinéma|Oscars]], dont celui du [[Oscar du meilleur film|meilleur film]] et est depuis classé parmi les [[Top 100 de l'American Film Institute|100 plus grands films américains]] selon l'[[American Film Institute]]. Après la parenthèse d' ''[[Intérieurs (film)|Intérieurs]]'', Allen revient à la formule d' ''Annie Hall'' avec ses deux derniers films pour UA : ''[[Manhattan (film, 1979)|Manhattan]]'' et ''[[Stardust Memories]]''. Quant à Elliott Kastner, qui avait déjà donné à UA ''[[Flics et voyous]]'', ''[[Le Corrupteur (film, 1972)|Le Corrupteur]]'' et plusieurs films de [[Robert Altman]] (''[[Le Privé]]'' et ''[[Nous sommes tous des voleurs]]''), il produit à partir de [[1975 au cinéma|1975]] plusieurs [[western]]s (''[[Rancho Deluxe]]'', ''[[Le Solitaire de Fort Humboldt]]'', ''[[Missouri Breaks]]''), deux [[Film noir|films noirs]] (''[[Adieu ma jolie (film, 1975)|Adieu ma jolie]]'', ''[[Le Grand Sommeil (film, 1978)|Le Grand Sommeil]]'') et deux [[Sidney Lumet]] (''[[Equus (film)|Equus]]'' et ''[[À la recherche de Garbo]]''). En [[1977 au cinéma|1977]], le bilan de Krim, Benjamin, Pleskow et Medavoy est éloquent : en plus des [[Oscar du cinéma|Oscars]], les films distribués par UA (dont quatre [[blockbuster]]s : ''Rocky'', ''Quand la panthère rose s'emmêle'', ''Network'' et ''[[Carrie au bal du diable]]'') dégagent 318 millions de dollars de bénéfices, battant le précédent record de [[Music Corporation of America|MCA]]/[[Universal Pictures|Universal]] de [[1975 au cinéma|1975]], l'année où elle sortait ''[[Les Dents de la mer]]''<ref name="rdk"/>{{,}}<ref name="Time 30/01/1978"/>.
En [[1974 au cinéma|1974]], la nouvelle équipe signe des multi-contrats avec [[Norman Jewison]], [[Blake Edwards]], [[Woody Allen]] et les [[producteur de cinéma|producteurs]] [[Elliott Kastner]], [[Robert Chartoff]] et [[Irwin Winkler]]. Libérés de leurs contrats avec les [[Mirisch Company|Mirisch]], Jewison, et Edwards donnent respectivement dès [[1975 au cinéma|1975]] ''[[Rollerball (film, 1975)|Rollerball]]'' et ''[[Le Retour de la Panthère rose]]'', une production britannique d'[[Incorporated Television Company|ITC Entertainment]] qui rapporte 31 millions de dollars. UA produira encore ''[[F.I.S.T.]]'' de Jewison et, d'Edwards, ''[[Quand la Panthère rose s'emmêle]]'', ''[[La Malédiction de la Panthère rose]]'', ''[[À la recherche de la Panthère rose]]'', ''[[L'Héritier de la Panthère rose]]'' et ''[[Le Fils de la Panthère rose]]'', ceci jusqu'en [[1993 au cinéma|1993]]. Toujours en [[1975 au cinéma|1975]], UA récupère une autre production indépendante de [[Saul Zaentz]] et [[Michael Douglas]], ''[[Vol au-dessus d'un nid de coucou]]'', qui rapporte 108 millions de dollars sur une mise de 4,4 ainsi que quatre [[Oscar du cinéma|Oscars]], dont celui du [[Oscar du meilleur film|meilleur film]]. Zaentz donnera encore le [[film d'animation]] ''[[Le Seigneur des anneaux (film, 1978)|Le Seigneur des anneaux]]''. Si Jewison et Edwards ont démontré leur potentiel commercial, il n'en est pas de même pour Chartoff et Winkler. Certes, leur ''[[On achève bien les chevaux]]'' a marché, mais pas leurs films pour UA (sauf ''[[Le Flingueur (film, 1972)|Le Flingueur]]'') : ''[[Léo le dernier|Leo the Last]]'' est un échec, tout comme ''[[Les Casseurs de gang]]''. Les choses changent avec ''[[Rocky (film, 1976)|Rocky]]'', écrit et joué par un [[Sylvester Stallone|acteur inconnu]], qui rapporte 117 millions de dollars sur une mise de 1,2 ainsi que quatre [[Oscar du cinéma|Oscars]], dont celui du [[Oscar du meilleur film|meilleur film]]. ''Rocky'' engendrera cinq suites à succès jusqu'en [[2006 au cinéma|2006]]. En dehors de cette série, les films suivants de Chartoff et Winkler pour UA perdent de l'argent (''[[New York, New York]]'', ''[[Sanglantes Confessions|Sanglantes confessions]]'', ''[[La Main droite du diable]]'', ''[[De-Lovely]]'') ou en gagnent peu (5 millions de dollars pour ''[[Raging Bull]]''). À l'exception de ''[[Bananas]]'', qui met du temps à marcher, les [[Burlesque|comédies burlesques]] d'Allen pour UA (''[[Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander]]'', ''[[Woody et les Robots]]'' et ''[[Guerre et Amour]]'') rencontrent une demande stable et gagnent en moyenne 5 millions de dollars aux [[États-Unis]] et autant à l'international. ''[[Annie Hall]]'' constitue selon son auteur {{citation|un changement de cap majeur<ref name="rdj">{{Ouvrage|langue=fr|nom1=Stig Björkman|directeur1=oui|titre=Woody Allen|sous-titre=Entretiens avec Stig Björkman|lieu=Paris|éditeur=[[Cahiers du cinéma]]|année=1993|réimpression=2002|passage=75-93|isbn=978-2-86642-324-7}}.</ref>}}, alliant un [[humour]] plus sophistiqué au [[Drame (cinéma)|drame]] et posant les bases de la [[comédie romantique]] moderne, qui fera florès à [[Cinéma américain|Hollywood]]. ''Annie Hall'' marche beaucoup mieux que les films précédents d'Allen, récolte trois [[Oscar du cinéma|Oscars]], dont celui du [[Oscar du meilleur film|meilleur film]] et est depuis classé parmi les [[Top 100 de l'American Film Institute|100 plus grands films américains]] selon l'[[American Film Institute]]. Après la parenthèse d' ''[[Intérieurs (film)|Intérieurs]]'', Allen revient à la formule d' ''Annie Hall'' avec ses deux derniers films pour UA : ''[[Manhattan (film, 1979)|Manhattan]]'' et ''[[Stardust Memories]]''. Quant à Elliott Kastner, qui avait déjà donné à UA ''[[Flics et voyous]]'', ''[[Le Corrupteur (film, 1972)|Le Corrupteur]]'' et plusieurs films de [[Robert Altman]] (''[[Le Privé]]'' et ''[[Nous sommes tous des voleurs]]''), il produit à partir de [[1975 au cinéma|1975]] plusieurs [[western]]s (''[[Rancho Deluxe]]'', ''[[Le Solitaire de Fort Humboldt]]'', ''[[Missouri Breaks]]''), deux [[Film noir|films noirs]] (''[[Adieu ma jolie (film, 1975)|Adieu ma jolie]]'', ''[[Le Grand Sommeil (film, 1978)|Le Grand Sommeil]]'') et deux [[Sidney Lumet]] (''[[Equus (film)|Equus]]'' et ''[[À la recherche de Garbo]]''). En [[1977 au cinéma|1977]], le bilan de Krim, Benjamin, Pleskow et Medavoy est éloquent : en plus des [[Oscar du cinéma|Oscars]], les films distribués par UA (dont quatre [[blockbuster]]s : ''Rocky'', ''Quand la panthère rose s'emmêle'', ''Network'' et ''[[Carrie au bal du diable]]'') dégagent 318 millions de dollars de bénéfices, battant le précédent record de [[Music Corporation of America|MCA]]/[[Universal Pictures|Universal]] de [[1975 au cinéma|1975]], l'année où elle sortait ''[[Les Dents de la mer]]''<ref name="rdk">{{Article |langue=en |auteur=A. D. Murphy |titre=UA Global Rentals |revue=[[Variety]] |no= |date={{date|11|janvier|1978}} |vol= |titre vol= |pages=3 }}.</ref>{{,}}<ref name="Time 30/01/1978"/>.


=== Le départ du staff de UA ===
=== Le départ du staff de UA ===
{{Article détaillé|Orion Pictures Corporation}}
{{Article détaillé|Orion Pictures Corporation}}


Le vendredi {{date|13|janvier|1978}}, Arthur Krim, Robert Benjamin et Eric Pleskow annoncent leur intention de démissionner. Le lundi qui suit, William Bernstein et Mike Medavoy, soit le reste du staff de UA, annoncent également leur départ<ref name="Time 30/01/1978"/>. Trois semaines plus tard, grâce à une [[ligne de crédit]] [[Crédit permanent|permanent]] de 100 millions de dollars de la [[BankBoston|First National Bank of Boston]], le quintet fonde [[Orion Pictures]], une société de [[Producteur de cinéma|production]] utilisant le réseau de [[Distribution de film|distribution]] de [[Warner Bros.]]. L'explication du divorce de Krim, Benjamin et de la Transamerica se fait par presse interposée. Dans un article du numéro du {{date|16|janvier|1978}} de ''[[Fortune (magazine)|Fortune]]'', Krim déclare : {{citation|Vous ne trouverez aucun cadre supérieur ici qui pense que la Transamerica a contribué en quoi que ce soit à United Artists<ref name="Fortune 16/01/1978"/>}}. Quant à John Beckett, sa réponse est : {{citation|Si les gens de United Artists n'aiment pas (notre façon de faire), ils peuvent démissionner et voler de leurs propres ailes<ref name="Fortune 16/01/1978"/>}}. Selon James Harvey, leur remplaçant, le départ de Krim et Benjamin est en partie motivé par l'argent : {{citation|Ils sont partis essentiellement pour fonder leur propre société. C'est aussi simple que ça : faire des films et faire de l'argent. Et, évidemment, ils pensaient qu'ils pouvaient faire plus d'argent<ref name="rdm"/>}}. Il faut dire que le cours de l'[[Action (finance)|action]] de corporations comme [[Music Corporation of America|MCA]]/[[Universal Pictures|Universal]] ou [[20th Century Studios|20th Century Fox]] a bénéficié des succès des ''[[Les Dents de la mer|Dents de la mer]]'' ou de ''[[Star Wars]]'' et que ça pas été le cas pour un [[Conglomérat (économie)|conglomérat]] comme TA, à cause d'une simple question arithmétique (UA ne contribue qu'à 15 % des bénéfices de TA) et parce que [[New York Stock Exchange|Wall Street]] est traditionnellement moins enthousiaste quand il s'agit de conglomérats<ref name="rdn"/>. Ainsi le cours de TA, après avoir atteint {{unité|44|dollars}} en [[1968]] au moment de l'acquisition de UA, plafonne au moment de la rupture à 13-{{unité|16|dollars}}. Mise à part la question de l'argent, TA n'a jamais vraiment compris la façon d'opérer de UA et a, après [[#La récession de 1968-1972|la récession de 1968-1972]], essayer de fondre UA dans un moule inadéquat. Pour Herbert T. Schottenfeld, ancien vice-président de UA, {{citation|TA a décidé de contrôler UA en lui imposant des limitations financières, des rapports à transmettre et des [[Projection (économie)|projections]] qui n'avaient vraiment aucun sens dans ce métier. Et du moment que Beckett prenait cette position hostile, il envoyait la Transamerica et sa filiale dans le mur<ref name="HTS interview 08/10/1986"/>}}.
Le vendredi {{date|13|janvier|1978}}, Arthur Krim, Robert Benjamin et Eric Pleskow annoncent leur intention de démissionner. Le lundi qui suit, William Bernstein et [[Mike Medavoy]], soit le reste du staff de UA, annoncent également leur départ<ref name="Time 30/01/1978"/>. Trois semaines plus tard, grâce à une [[ligne de crédit]] [[Crédit permanent|permanent]] de 100 millions de dollars de la [[BankBoston|First National Bank of Boston]], le quintet fonde [[Orion Pictures]], une société de [[Producteur de cinéma|production]] utilisant le réseau de [[Distribution de film|distribution]] de [[Warner Bros.]]. L'explication du divorce de Krim, Benjamin et de la Transamerica se fait par presse interposée. Dans un article du numéro du {{date|16|janvier|1978}} de ''[[Fortune (magazine)|Fortune]]'', Krim déclare : {{citation|Vous ne trouverez aucun cadre supérieur ici qui pense que la Transamerica a contribué en quoi que ce soit à United Artists<ref name="Fortune 16/01/1978"/>}}. Quant à John Beckett, sa réponse est : {{citation|Si les gens de United Artists n'aiment pas (notre façon de faire), ils peuvent démissionner et voler de leurs propres ailes<ref name="Fortune 16/01/1978"/>}}. Selon James Harvey, leur remplaçant, le départ de Krim et Benjamin est en partie motivé par l'argent : {{citation|Ils sont partis essentiellement pour fonder leur propre société. C'est aussi simple que ça : faire des films et faire de l'argent. Et, évidemment, ils pensaient qu'ils pouvaient faire plus d'argent<ref name="rdm">{{Article |langue=en |auteur=Charles Schreger |titre=Shoutout at the UA Corral : Artists vs. Accountants |revue=[[Los Angeles Times]] |no= |date={{date|26|août|1979}} |vol= |titre vol= |pages=7 }}.</ref>}}. Il faut dire que le cours de l'[[Action (finance)|action]] de corporations comme [[Music Corporation of America|MCA]]/[[Universal Pictures|Universal]] ou [[20th Century Studios|20th Century Fox]] a bénéficié des succès des ''[[Les Dents de la mer|Dents de la mer]]'' ou de ''[[Star Wars]]'' et que ça pas été le cas pour un [[Conglomérat (économie)|conglomérat]] comme TA, à cause d'une simple question arithmétique (UA ne contribue qu'à 15 % des bénéfices de TA) et parce que [[New York Stock Exchange|Wall Street]] est traditionnellement moins enthousiaste quand il s'agit de conglomérats<ref name="rdn">{{Article |langue=en |auteur= |titre=Hits Less 'Fun' for Conglomerated UA |revue=[[Variety]] |no= |date={{date|15|juin|1977}} |vol= |titre vol= |pages=3 |extrait=To be sure, there are plausible reasons why the stock boom doesn't reflect in conglomerate share -a far greater of shares outstanding being the arithmetic explanation. Still, the UA people don't get the dual thrill of a hit at the box-office and a hot stock on Wall Street (...). Wall Street doesn't get nearly as excited when a film company is part of a conglomerate.}}</ref>. Ainsi le cours de TA, après avoir atteint {{unité|44|dollars}} en [[1968]] au moment de l'acquisition de UA, plafonne au moment de la rupture à 13-{{unité|16|dollars}}. Mise à part la question de l'argent, TA n'a jamais vraiment compris la façon d'opérer de UA et a, après [[#La récession de 1968-1972|la récession de 1968-1972]], essayer de fondre UA dans un moule inadéquat. Pour Herbert T. Schottenfeld, ancien vice-président de UA, {{citation|TA a décidé de contrôler UA en lui imposant des limitations financières, des rapports à transmettre et des [[Projection (économie)|projections]] qui n'avaient vraiment aucun sens dans ce métier. Et du moment que Beckett prenait cette position hostile, il envoyait la Transamerica et sa filiale dans le mur<ref name="HTS interview 08/10/1986">{{en}} Tino Balio, Interview avec Herbert T. Schottenfeld, {{date|8|octobre|1986}}.</ref>}}.


La démission de Krim et Benjamin reçoit une couverture médiatique nationale et ils deviennent même les héros du jour alors que [[David Begelman]] est forcé de démissionner de son poste de président de la [[Columbia Pictures|Columbia]] après une affaire d'[[escroquerie]]<ref name="Time 31/07/1978"/>{{,}}<ref name="rdb"/>. Une semaine après le fameux article de ''[[Fortune (magazine)|Fortune]]'', une [[lettre ouverte (texte)|lettre ouverte]] à John Beckett paraît dans la presse corporative. Signée de 63 producteurs et réalisateurs (tels [[Francis Ford Coppola]], [[Stanley Kubrick]], [[Blake Edwards]], [[William Friedkin]], [[Norman Jewison]], [[François Truffaut]], [[Saul Zaentz]], [[Fred Zinnemann]] ou [[Bob Fosse]]), elle pointe du doigt le fait que {{citation|le succès de United Artists... était basé sur les relations personnelles de ces cadres avec nous, les réalisateurs}} et questionne sérieusement {{citation|la sagesse de la Transamerica Corporation en perdant le talent de ces gens}}. Beckett, tout en annonçant qu'il n'y aurait aucun changement dans la philosophie de UA ou ses méthodes, qu'elle possède toujours {{citation|l'un des meilleurs systèmes de distribution dans le monde}}, nomme James Harvey président du [[conseil d'administration]] et Andy Albeck, président<ref name="Time 30/01/1978"/>. Ce dernier s'entoure de deux coprésidents : David Field, responsable de la production sur la côte ouest, et Steven Bach, responsable de la production sur la côte est. Dans cette répartition des rôles, Field et Bach doivent être d'accord tous les deux avant le lancement de la production d'un film, un arrangement jamais vu dans l'[[industrie du cinéma]]. La [[Promotion (travail)|promotion]] d'Albeck est, quant à elle, un geste purement « pyramidal ». Entré à UA en provenance d'[[Eagle-Lion Films]] en [[1951 au cinéma|1951]], il fait partie du sérail et, bien que n'ayant aucune expérience dans la production, il permet à TA de rassurer la communauté artistique. De toutes les compagnies, UA n'est-elle pas {{citation|la plus familiale. C'est comme une tribu, pas une société, et Krim est la figure tutélaire<ref name="rdv"/>}}? Enfin, selon Bach, {{citation|son manque de style est compensé par sa connaissance des chiffres, les chiffres de la Transamerica : systèmes de contrôle des budgets, estimation des coûts, projection des profits, retours sur investissement, toutes les minuties... qui sont les systèmes de rapports standards que la Transamerica requiert désormais de toutes ses filiales<ref name="rdc"/>}}. Albeck hérite de 26 films de l'ère Krim-Benjamin : deux productions d'[[American Zoetrope]] (''[[Apocalypse Now]]'' et ''[[L'Étalon noir (film, 1979)|L'Étalon noir]]''), un Woody Allen, un ''James Bond'', un ''Rocky'' et un film franco-italien à succès (''[[Manhattan (film, 1979)|Manhattan]]'', ''[[Moonraker (film)|Moonraker]]'', ''[[Rocky 2|Rocky 2 : La Revanche]]'' et ''[[La Cage aux folles]]'') plus le [[film musical]] américano-allemand ''[[Hair (film)|Hair]]'', des productions [[Lorimar Productions|Lorimar]] (''[[Bienvenue, mister Chance]]'', ''[[La Chasse (film, 1980)|La Chasse]]'') et les deux derniers films promis à [[Sean Connery]] en échange de son retour dans ''[[Les diamants sont éternels (film)|Les Diamants sont éternels]]'' (''[[La Grande Attaque du train d'or]]'' et ''[[Cuba (film, 1979)|Cuba]]'', qui est un échec).
La démission de Krim et Benjamin reçoit une couverture médiatique nationale et ils deviennent même les héros du jour alors que [[David Begelman]] est forcé de démissionner de son poste de président de la [[Columbia Pictures|Columbia]] après une affaire d'[[escroquerie]]<ref name="Time 31/07/1978">{{Article|langue=en |auteur= |titre=High Drama |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |date={{date|31|juillet|1978}} |texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,946931,00.html |consulté le={{date|29|mars|2009}}}}.</ref>{{,}}<ref name="rdb">{{Ouvrage|langue=en|auteurs=David McClintick|titre=Indecent Exposure|sous-titre=A True Story of Hollywood and Wall Street|lieu=New York|éditeur=[[HarperCollins|William Morrow & Co]]|année=1982|pages totales=544|isbn=978-0-688-01349-3}}.</ref>. Une semaine après le fameux article de ''[[Fortune (magazine)|Fortune]]'', une [[lettre ouverte (texte)|lettre ouverte]] à John Beckett paraît dans la presse corporative. Signée de 63 producteurs et réalisateurs (tels [[Francis Ford Coppola]], [[Stanley Kubrick]], [[Blake Edwards]], [[William Friedkin]], [[Norman Jewison]], [[François Truffaut]], [[Saul Zaentz]], [[Fred Zinnemann]] ou [[Bob Fosse]]), elle pointe du doigt le fait que {{citation|le succès de United Artists... était basé sur les relations personnelles de ces cadres avec nous, les réalisateurs}} et questionne sérieusement {{citation|la sagesse de la Transamerica Corporation en perdant le talent de ces gens}}. Beckett, tout en annonçant qu'il n'y aurait aucun changement dans la philosophie de UA ou ses méthodes, qu'elle possède toujours {{citation|l'un des meilleurs systèmes de distribution dans le monde}}, nomme James Harvey président du [[conseil d'administration]] et Andy Albeck, président<ref name="Time 30/01/1978"/>. Ce dernier s'entoure de deux coprésidents : David Field, responsable de la production sur la côte ouest, et Steven Bach, responsable de la production sur la côte est. Dans cette répartition des rôles, Field et Bach doivent être d'accord tous les deux avant le lancement de la production d'un film, un arrangement jamais vu dans l'[[industrie du cinéma]]. La [[Promotion (travail)|promotion]] d'Albeck est, quant à elle, un geste purement « pyramidal ». Entré à UA en provenance d'[[Eagle-Lion Films]] en [[1951 au cinéma|1951]], il fait partie du sérail et, bien que n'ayant aucune expérience dans la production, il permet à TA de rassurer la communauté artistique. De toutes les compagnies, UA n'est-elle pas {{citation|la plus familiale. C'est comme une tribu, pas une société, et Krim est la figure tutélaire<ref name="rdv">{{Article |langue=en |auteur= |titre=United Artists Shorn of Chiefs |revue=[[Variety]] |no= |date={{date|18|janvier|1978}} |vol= |titre vol= |pages=42 }}.</ref>}}? Enfin, selon Bach, {{citation|son manque de style est compensé par sa connaissance des chiffres, les chiffres de la Transamerica : systèmes de contrôle des budgets, estimation des coûts, projection des profits, retours sur investissement, toutes les minuties... qui sont les systèmes de rapports standards que la Transamerica requiert désormais de toutes ses filiales{{sfn|Bach|1985|p=62-64|loc=||id=}}}}. Albeck hérite de 26 films de l'ère Krim-Benjamin : deux productions d'[[American Zoetrope]] (''[[Apocalypse Now]]'' et ''[[L'Étalon noir (film, 1979)|L'Étalon noir]]''), un Woody Allen, un ''James Bond'', un ''Rocky'' et un film franco-italien à succès (''[[Manhattan (film, 1979)|Manhattan]]'', ''[[Moonraker (film)|Moonraker]]'', ''[[Rocky 2|Rocky 2 : La Revanche]]'' et ''[[La Cage aux folles]]'') plus le [[film musical]] américano-allemand ''[[Hair (film)|Hair]]'', des productions [[Lorimar Productions|Lorimar]] (''[[Bienvenue, mister Chance]]'', ''[[La Chasse (film, 1980)|La Chasse]]'') et les deux derniers films promis à [[Sean Connery]] en échange de son retour dans ''[[Les diamants sont éternels (film)|Les Diamants sont éternels]]'' (''[[La Grande Attaque du train d'or]]'' et ''[[Cuba (film, 1979)|Cuba]]'', qui est un échec).


=== Le fiasco de ''La Porte du paradis'' ===
=== Le fiasco de ''La Porte du paradis'' ===


''[[La Porte du paradis]]'' a déjà été refusé par UA (et les autres [[Liste de sociétés de production de cinéma américaines|studios]]) sous Krim et Benjamin mais est soumis à la nouvelle équipe. Alors que {{citation|le bouche à oreille sur ''[[Voyage au bout de l'enfer]]'' (de [[Michael Cimino]]) commence à gagner rapidement Hollywood<ref name="rdx"/>}}, UA signe volontiers pour 7,5 millions de dollars avec Cimino en novembre [[1978 au cinéma|1978]]. D'ailleurs, ''Voyage au bout de l'enfer'' démarre bien à [[New York]] et [[Los Angeles]] et rapportera plus de 30 millions de dollars et cinq [[Oscar du cinéma|Oscars]], dont celui du [[Oscar du meilleur film|meilleur film]]. Le tournage de ''La Porte du paradis'' débute en avril [[1979 au cinéma|1979]], peu avant la cérémonie des Oscars, sur la base d'un budget révisé à 11,5 millions. Deux semaines après l'entrée en [[Producteur de cinéma|production]], le film accuse deux semaines de retard ; quatorze semaines plus tard, le budget est passé à 21 millions. Selon Steven Bach, qui est promu durant le tournage chef de la production internationale à UA, {{citation|la production indépendante basée sur le laisser-faire -c'est-à-dire sans authentiques producteurs- commençait à devenir une méthode de production commune. Même les studios qui exerçaient de forts contrôles sur la production étaient empoisonnés par les dépassements de budgets... et UA n'avait pas la structure ni les équipes nécessaires pour faire appliquer ses protections contractuelles, à moins de rompre fortement avec la routine, comme ''La Porte du paradis'' l'a montré<ref name="rdw"/>}}. Surtout, l'absence de véritable décideur sous l'ère Andy Albeck fait que la sélection des projets passe du département de la production à celui de la distribution. Au lieu que la production ait le mot de la fin, les idées de scripts, de traitements, de scénarios, de casting et du choix du réalisateur, bref tout ce qui constituait [[#Le contrat avec les producteurs|la phase « recherche et développement » sous Krim et Benjamin]], {{citation|était soumis pour lecture et commentaires de façon routinière à l'équipe de distribution<ref name="rea"/>}}. En résumé, on en arrive à une situation où, parce que le vendeur a le dernier mot sur le produit, on laisse passer des navets sans potentiel commercial comme ''[[Windows (film, 1980)|Windows]]'', ''[[L'Homme des cavernes]]'', ''[[La Galaxie de la terreur]]'', ''[[La Créature du marais (film)|La Créature du marais]]'', etc. Aucun du box-office de ces films, ni de ceux profitant des 200 millions de dollars mis en production en [[1980 au cinéma|1980]], ne parviendra à éponger le coût final de ''La Porte du paradis'', désormais de 44 millions. Bref, [[#L'échec de La Plus grande histoire jamais contée|l'échec de ''La Plus grande histoire jamais contée'']] se reproduit mais sans ''[[Un monde fou, fou, fou, fou]]'', ''[[Tom Jones (film)|Tom Jones]]'', ''[[Irma la Douce (film)|Irma la Douce]]'', ''[[Bons baisers de Russie (film)|Bons baisers de Russie]]'', ''[[La Panthère rose (film, 1963)|La Panthère rose]]'' dans les tuyaux. Malgré des [[avant-première]]s désastreuse {{nobr|les 18}} et {{date|19|novembre|1980}} à [[New York]] et [[Toronto]] et l'autorisation donnée le lendemain à Cimino de remonter son film, selon Pauline Kael, du ''[[The New Yorker|New Yorker]]'', {{citation|si la compagnie avait pensé que les critiques avaient tort, elle aurait mis des millions dans la publicité et elle aurait peut-être pu avoir un retour sur investissement. Beaucoup de films mauvais y arrivent si les compagnies y croient. Mais (UA) ne croyait pas en (''La Porte du paradis'') et c'est pourquoi elle a écouté la presse<ref name="rez"/>}}. D'ailleurs, la Transamerica enfonce le clou en déclarant aussitôt à ''[[Variety]]'' que {{citation|le film est un flop...qui n'a aucune chance de dégager du bénéfice<ref name="ree"/>}} et qu'elle l'a déjà passé par pertes et profits. Tué par le bouche à oreille, ''La Porte du paradis'' ne rapporte que {{formatnum:3484331}} dollars, est nommé aux [[Razzie Awards]] et devient l'un des plus gros échecs du box-office américain.
''[[La Porte du paradis]]'' a déjà été refusé par UA (et les autres [[Liste de sociétés de production de cinéma américaines|studios]]) sous Krim et Benjamin mais est soumis à la nouvelle équipe. Alors que {{citation|le bouche à oreille sur ''[[Voyage au bout de l'enfer]]'' (de [[Michael Cimino (réalisateur)|Michael Cimino]]) commence à gagner rapidement Hollywood{{sfn|Bach|1985|p=121|loc=||id=}}}}, UA signe volontiers pour 7,5 millions de dollars avec Cimino en novembre [[1978 au cinéma|1978]]. D'ailleurs, ''Voyage au bout de l'enfer'' démarre bien à [[New York]] et [[Los Angeles]] et rapportera plus de 30 millions de dollars et cinq [[Oscar du cinéma|Oscars]], dont celui du [[Oscar du meilleur film|meilleur film]]. Le tournage de ''La Porte du paradis'' débute en avril [[1979 au cinéma|1979]], peu avant la cérémonie des Oscars, sur la base d'un budget révisé à 11,5 millions. Deux semaines après l'entrée en [[Producteur de cinéma|production]], le film accuse deux semaines de retard ; quatorze semaines plus tard, le budget est passé à 21 millions. Selon Steven Bach, qui est promu durant le tournage chef de la production internationale à UA, {{citation|la production indépendante basée sur le laisser-faire -c'est-à-dire sans authentiques producteurs- commençait à devenir une méthode de production commune. Même les studios qui exerçaient de forts contrôles sur la production étaient empoisonnés par les dépassements de budgets... et UA n'avait pas la structure ni les équipes nécessaires pour faire appliquer ses protections contractuelles, à moins de rompre fortement avec la routine, comme ''La Porte du paradis'' l'a montré{{sfn|Bach|1985|p=308-309|loc=||id=}}}}. Surtout, l'absence de véritable décideur sous l'ère Andy Albeck fait que la sélection des projets passe du département de la production à celui de la distribution. Au lieu que la production ait le mot de la fin, les idées de scripts, de traitements, de scénarios, de casting et du choix du réalisateur, bref tout ce qui constituait [[#Le contrat avec les producteurs|la phase « recherche et développement » sous Krim et Benjamin]], {{citation|était soumis pour lecture et commentaires de façon routinière à l'équipe de distribution{{sfn|Bach|1985|p=85|loc=||id=}}}}.
Des films sans potentiel commercial comme ''[[Windows (film, 1980)|Windows]]'', ''[[L'Homme des cavernes]]'', ''[[La Galaxie de la terreur]]'' ou ''[[La Créature du marais (film)|La Créature du marais]]'' sont produits. Aucun du box-office de ces films, ni de ceux profitant des 200 millions de dollars mis en production en [[1980 au cinéma|1980]], ne parviendra à éponger le coût final de ''La Porte du paradis'', désormais de 44 millions. [[#L'échec de La Plus grande histoire jamais contée|l'échec de ''La Plus grande histoire jamais contée'']] se reproduit mais sans ''[[Un monde fou, fou, fou, fou]]'', ''[[Tom Jones (film)|Tom Jones]]'', ''[[Irma la Douce (film)|Irma la Douce]]'', ''[[Bons baisers de Russie (film)|Bons baisers de Russie]]'', ''[[La Panthère rose (film, 1963)|La Panthère rose]]'' pour compenser. Malgré des [[avant-première]]s désastreuses {{nobr|les 18}} et {{date|19|novembre|1980}} à [[New York]] et [[Toronto]] et l'autorisation donnée le lendemain à Cimino de remonter son film, selon Pauline Kael, du ''[[The New Yorker|New Yorker]]'', {{citation|si la compagnie avait pensé que les critiques avaient tort, elle aurait mis des millions dans la publicité et elle aurait peut-être pu avoir un retour sur investissement. Beaucoup de films mauvais y arrivent si les compagnies y croient. Mais (UA) ne croyait pas en (''La Porte du paradis'') et c'est pourquoi elle a écouté la presse<ref name="rez">{{Article |langue=en |auteur=Pauline Kael |titre=Heaven's Gate |revue=[[The New Yorker]] |no= |date={{date|22|décembre|1980}} |vol= |titre vol= |pages=102 }}.</ref>}}. D'ailleurs, la Transamerica enfonce le clou en déclarant aussitôt à ''[[Variety]]'' que {{citation|le film est un flop...qui n'a aucune chance de dégager du bénéfice<ref name="ree">{{Article|langue=en |auteur= |titre=Transamerica Writes Off 'Gate' |revue=[[Variety]] |no= |date={{date|26|novembre|1980}} |vol= |titre vol= |pages=3 }}.</ref>}} et qu'elle l'a déjà passé par pertes et profits. Tué par le bouche-à-oreille, ''La Porte du paradis'' ne rapporte que {{formatnum:3484331}} dollars, est nommé aux [[Razzie Awards]] et devient l'un des plus gros échecs du box-office américain.


== Les années 1980 : l'ère Kerkorian ==
== Les années 1980 : l'ère Kerkorian ==


=== Le raid sur UA ===
=== Le raid sur UA ===
Dès [[1978 au cinéma|1978]], [[Kirk Kerkorian]] cherche un [[Liste de sociétés de production de cinéma américaines|studio]] à acheter. Il acquiert secrètement 24 % de la [[Columbia Pictures|Columbia]] et tente de la fusionner avec sa [[Metro-Goldwyn-Mayer|MGM]], avant d'abandonner en février [[1981 au cinéma|1981]]. Il convoite sans plus de succès la [[20th Century Studios|20th Century Fox]]<ref name="Time 01/06/1981"/>. Membre du [[conseil d'administration]] de TA, il lorgne ensuite naturellement sur UA, qui distribue avec succès les films MGM depuis [[1973 au cinéma|1973]]. Car MGM, dont le président [[David Begelman]] a lancé en [[1980 au cinéma|1980]] la production de 24 films (sur 51 prévus), veut désormais contrôler sa propre distribution. Au lieu de débourser 55 millions de dollars<ref name="p. 180-182"/> pour racheter le contrat de distribution à UA, Kerkorian prend conseil, y compris auprès d'Arthur Krim, et étudie le rachat en entier de UA, pour un coût estimé à 300-400 millions de dollars<ref name="p. 180-182"/>. Fin mai [[1981 au cinéma|1981]], le rachat est finalisé pour 380 millions de dollars et la nouvelle entité prend le nom de MGM/UA Communications. Si la vente est une bonne affaire pour TA (en [[1967 au cinéma|1967]], elle avait acquis UA pour 185 millions), les auteurs diffèrent sur le fait de savoir si c'est une si bonne affaire pour Kerkorian. Certes, combinés, les catalogues de UA et de MGM, comprennent {{formatnum:4100}} films, ce qui fait dire à Frank Rosenfelt, président du conseil d'administration de MGM/UA, que {{citation|nous ne sommes plus dans l'industrie du cinéma ; nous sommes entrés dans le business du software de divertissement<ref name="Time 01/06/1981"/>}}. Sauf que, à la suite d'un précédent accord de [[1978 au cinéma|1978]] avec [[Warner Home Video]], MGM/UA se voit privée jusqu'en [[1992 au cinéma|1992]] de la distribution du catalogue UA sur [[cassette vidéo]] ou [[laserdisc]] (elle doit fournir au moins dix films par an à WHV sous peine d'une pénalité de {{formatnum:200000}} dollars par film non distribué<ref name="p. 280"/>). Rosenfelt se trompe tout autant en affirmant : {{citation|Nous avons récupéré notre (branche de) distribution}}. En effet, l'accord de [[1973 au cinéma|1973]] avec [[Cinema International Corporation]] (CIC) sur les [[Distribution de film#Gestion de droits audiovisuels|droits de distribution]] internationaux tient jusqu'en [[1983 au cinéma|1983]]. Plutôt que d'accepter de voir MGM être privée durant seulement deux ans de ses commissions de distributeur, Kerkorian se laisse convaincre de faire distribuer les films MGM/UA par CIC, qui est renommée pour l'occasion en [[United International Pictures]]. Comme le dit à l'époque un cadre supérieur de MGM, cité par Peter Bart, {{citation|ainsi, MGM se retrouve obligée de dépenser des millions de dollars pour démanteler une superbe branche de distribution internationale (celle de UA) et en mettre sur pied encore une autre, ce dont elle n'avait vraiment pas besoin<ref name="p. 180-182"/>}}.
Dès [[1978 au cinéma|1978]], [[Kirk Kerkorian]] cherche un [[Liste de sociétés de production de cinéma américaines|studio]] à acheter. Il acquiert secrètement 24 % de la [[Columbia Pictures|Columbia]] et tente de la fusionner avec sa [[Metro-Goldwyn-Mayer|MGM]], avant d'abandonner en février [[1981 au cinéma|1981]]. Il convoite sans plus de succès la [[20th Century Studios|20th Century Fox]]<ref name="Time 01/06/1981">{{Article|langue=en |auteur=Alexander Taylor, Michael Moritz et Sue Raffety |titre=Bad Days at the Box Office |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |date={{date|1|juin|1981}} |texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,954805,00.html |consulté le={{date|22|avril|2009}}}}.</ref>. Membre du [[conseil d'administration]] de TA, il lorgne ensuite naturellement sur UA, qui distribue avec succès les films MGM depuis [[1973 au cinéma|1973]]. Car MGM, dont le président [[David Begelman]] a lancé en [[1980 au cinéma|1980]] la production de 24 films (sur 51 prévus), veut désormais contrôler sa propre distribution. Au lieu de débourser 55 millions de dollars{{sfn|Bart|1991|p=180-182|loc=||id=}} pour racheter le contrat de distribution à UA, Kerkorian prend conseil, y compris auprès d'Arthur Krim, et étudie le rachat en entier de UA, pour un coût estimé à 300-400 millions de dollars{{sfn|Bart|1991|p=180-182|loc=||id=}}. Fin mai [[1981 au cinéma|1981]], le rachat est finalisé pour 380 millions de dollars et la nouvelle entité prend le nom de MGM/UA Communications. Si la vente est une bonne affaire pour TA (en [[1967 au cinéma|1967]], elle avait acquis UA pour 185 millions), les auteurs diffèrent sur le fait de savoir si c'est une si bonne affaire pour Kerkorian. Certes, combinés, les catalogues de UA et de MGM, comprennent {{formatnum:4100}} films, ce qui fait dire à Frank Rosenfelt, président du conseil d'administration de MGM/UA, que {{citation|nous ne sommes plus dans l'industrie du cinéma ; nous sommes entrés dans le business du software de divertissement<ref name="Time 01/06/1981"/>}}. Sauf que, à la suite d'un précédent accord de [[1978 au cinéma|1978]] avec [[Warner Home Video]], MGM/UA se voit privée jusqu'en [[1992 au cinéma|1992]] de la distribution du catalogue UA sur [[cassette vidéo]] ou [[laserdisc]] (elle doit fournir au moins dix films par an à WHV sous peine d'une pénalité de {{formatnum:200000}} dollars par film non distribué{{sfn|Bart|1991|p=280|loc=||id=}}). Rosenfelt se trompe tout autant en affirmant : {{citation|Nous avons récupéré notre (branche de) distribution}}. En effet, l'accord de [[1973 au cinéma|1973]] avec [[Cinema International Corporation]] (CIC) sur les [[Distribution de film#Gestion de droits audiovisuels|droits de distribution]] internationaux tient jusqu'en [[1983 au cinéma|1983]]. Plutôt que d'accepter de voir MGM être privée durant seulement deux ans de ses commissions de distributeur, Kerkorian se laisse convaincre de faire distribuer les films MGM/UA par CIC, qui est renommée pour l'occasion en [[United International Pictures]]. Comme le dit à l'époque un cadre supérieur de MGM, cité par Peter Bart, {{citation|ainsi, MGM se retrouve obligée de dépenser des millions de dollars pour démanteler une superbe branche de distribution internationale (celle de UA) et en mettre sur pied encore une autre, ce dont elle n'avait vraiment pas besoin{{sfn|Bart|1991|p=180-182|loc=||id=}}}}.


=== L'échec de David Begelman ===
=== L'échec de David Begelman ===


Au lieu d’une structure unifiée destinée à réduire les frais fixes, Kerkorian opte pour deux sociétés séparées ([[Metro-Goldwyn-Mayer|MGM]] et UA) possédant chacune son président, son trésorier, son département marketing, son unité de production, etc<ref name="rer"/>. Joseph A. Fisher est nommé président de UA. En [[1981 au cinéma|1981]]-[[1982 au cinéma|82]], 11 films MGM sortent (dont ''[[Riches et Célèbres|Riches et célèbres]]'', ''[[Deux filles au tapis]]'', ''[[C'est ma vie, après tout !]]'', ''[[Victor la gaffe]]'', ''[[Tout l'or du ciel]]'', ''[[Rue de la sardine (film)|Rue de la sardine]]'' (''Cannery Row''), ''[[Yes, Giorgio]]'' et ''[[Inchon (film)|Inchon]]'') et sont tous des échecs cuisants (seul ''[[Poltergeist (film, 1982)|Poltergeist]]'', produit par [[Steven Spielberg]], récolte 48 millions de dollars<ref name="Time 26/07/1982"/>). Ironiquement, deux films qu'UA avait mis en production avant la prise de contrôle (''[[Rien que pour vos yeux]]'', le dernier à porter le [[logo]] en « T » de la Transamerica, et ''[[Rocky 3|Rocky 3, l'œil du tigre]]'') sont de gros succès<ref name="ret"/>. À lui seul, ''Tout l'or du ciel'' coûte 22 millions de dollars et en rapporte peut-être 3. Ainsi, selon Steven Bach, {{citation|il est probable que les pertes cumulées de la MGM égalent ou surpassent celles subies par UA avec ''La Porte du paradis''<ref name="rey"/>}}. En avril [[1982 au cinéma|1982]], Frank Rothman est nommé président de MGM/UA, un poste qui, selon Kerkorian, n’existait pas<ref name="reu"/> et chapeaute de fait Begelman, qui est poussé vers la sortie<ref name="Time 26/07/1982"/>. Pendant ce temps, aucun nouveau film n'est mis en production chez MGM/UA tandis que le pipeline de films produits à UA sous la Transamerica se tarit et que ses derniers films (''[[La Maîtresse du lieutenant français]]'', ''[[Sanglantes Confessions|Sanglantes confessions]]'' ou ''[[Cutter's Way]]'') ne possèdent guère de potentiel commercial… Kerkorian, qui a toujours voulu s'entourer d'un [[management]] efficace apte à produire des [[blockbuster]]s, se retrouve avec des dettes et des équipes redondantes (Paula Weinstein chez UA et Freddie Fields chez MGM). L'homme d'affaires réagit<ref name="rei"/>.
Au lieu d’une structure unifiée destinée à réduire les frais fixes, Kerkorian opte pour deux sociétés séparées ([[Metro-Goldwyn-Mayer|MGM]] et UA) possédant chacune son président, son trésorier, son département marketing, son unité de production, etc{{sfn|Bart|1991|p=199|loc=||id=}}. Joseph A. Fisher est nommé président de UA. En [[1981 au cinéma|1981]]-[[1982 au cinéma|82]], 11 films MGM sortent (dont ''[[Riches et Célèbres|Riches et célèbres]]'', ''[[Deux filles au tapis]]'', ''[[C'est ma vie, après tout !]]'', ''[[Victor la gaffe]]'', ''[[Tout l'or du ciel]]'', ''[[Rue de la sardine (film)|Rue de la sardine]]'' (''Cannery Row''), ''[[Yes, Giorgio]]'' et ''[[Inchon (film)|Inchon]]'') et sont tous des échecs cuisants (seul ''[[Poltergeist (film, 1982)|Poltergeist]]'', produit par [[Steven Spielberg]], récolte 48 millions de dollars<ref name="Time 26/07/1982">{{Article|langue=en |auteur=E. Graydon Carter |titre=U.S. |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |date={{date|26|juillet|1982}} |texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,922971,00.html |consulté le={{date|29|mars|2009}}}}.</ref>). Ironiquement, deux films qu'UA avait mis en production avant la prise de contrôle (''[[Rien que pour vos yeux]]'', le dernier à porter le [[logo]] en « T » de la Transamerica, et ''[[Rocky 3|Rocky 3, l'œil du tigre]]'') sont de gros succès{{sfn|Bart|1991|p=182|loc=||id=}}. À lui seul, ''Tout l'or du ciel'' coûte 22 millions de dollars et en rapporte peut-être 3. Ainsi, selon Steven Bach, {{citation|il est probable que les pertes cumulées de la MGM égalent ou surpassent celles subies par UA avec ''La Porte du paradis''{{sfn|Bach|1985|p=418|loc=||id=}}}}. En avril [[1982 au cinéma|1982]], Frank Rothman est nommé président de MGM/UA, un poste qui, selon Kerkorian, n’existait pas{{sfn|Bart|1991|p=204|loc=||id=}} et chapeaute de fait Begelman, qui est poussé vers la sortie<ref name="Time 26/07/1982"/>. Pendant ce temps, aucun nouveau film n'est mis en production chez MGM/UA tandis que le pipeline de films produits à UA sous la Transamerica se tarit et que ses derniers films (''[[La Maîtresse du lieutenant français]]'', ''[[Sanglantes Confessions|Sanglantes confessions]]'' ou ''[[Cutter's Way]]'') ne possèdent guère de potentiel commercial… Kerkorian, qui a toujours voulu s'entourer d'un [[management]] efficace apte à produire des [[blockbuster]]s, se retrouve avec des dettes et des équipes redondantes (Paula Weinstein chez UA et Freddie Fields chez MGM). L'homme d'affaires réagit{{sfn|Bart|1991|p=209|loc=||id=}}.


=== Frank Yablans à la recherche de projets ===
=== Frank Yablans à la recherche de projets ===
Cela fait plus de sept ans que [[Frank Yablans]] a quitté la [[Paramount Pictures|Paramount]], où il a donné une série de succès (''[[Le Parrain (film)|Le Parrain]]'', ''[[Chinatown (film)|Chinatown]]'', ''[[Serpico]]'', ''[[Un justicier dans la ville]]'', etc). Son étoile a depuis pâli à cause de flops comme ''[[Maman très chère]]'' et ''[[Monsignor (film)|Monsignor]]'' mais toujours est-il qu'il est choisi par « Le Boss » Kerkorian. Yablans hérite de différents contrats signés de manière discrétionnaire par Begelman avec les [[Producteur de cinéma|producteurs]] [[Leonard Goldberg]], [[Fred Silverman]], [[David Gerber]], [[Walter Mirisch]], les « second couteaux » [[George Hamilton (acteur)|George Hamilton]], [[Lindsay Wagner]], [[Farrah Fawcett]] et d'un projet de [[western]] avec [[Jack Nicholson]], ''Road Show''. Aucun de ces producteurs/acteurs ne fourniront le moindre matériau. La nouvelle équipe puise elle-même dans les budgets discrétionnaires pour des projets de [[copinage]]: Yablans engage sa compagne pour développer un [[remake]] de ''[[Indiscrétions]]'', Freddie Fields accorde les mêmes faveurs à son ex-épouse [[Polly Bergen]] comme à son actuelle, Corrine, et Kerkorian charge son amie de longue date [[Yvette Mimieux]] de développer une [[comédie musicale]]… Aucun de ces projets ne verra le jour, pas plus que le remake du ''[[Le Dernier Rivage|Dernier Rivage]]'', le film de [[science-fiction]] ''Millenium'', la comédie d'[[humour noir]] ''Turn Left or Die'' ou l'histoire d'amour sur fond de [[projet Manhattan]] ''Double Sunrise''. Enfant-star d'[[Cinéma américain|Hollywood]] et doté d'une culture encyclopédique du cinéma, l'acteur [[Roddy McDowall]] développe plusieurs remakes, dont ''The Earl of Chicago'' pour [[Eddie Murphy]], qui seront tous refusés, sauf ''[[Un couple à la mer]]''. Yablans engage enfin son ami de la Paramount, le producteur-[[Scénario (film)|scénariste]] [[Robert Towne]], dont l'entregent est utilisé, sans succès, pour attirer des [[Vedette (personnalité)|stars]] chez MGM/UA. Yablans commence à discuter avec [[Steven Spielberg]] (pour ''[[Always (film, 1989)|Always]]'', [[Un nommé Joe|remake d'un film MGM de 1943]], une coproduction UA/[[Universal Pictures|Universal]], qui ne se fera qu'en [[1989 au cinéma|1989]]) et des réalisateurs qui, finalement, développeront leurs projets ailleurs (chez [[EMI Films]] pour ''[[La Route des Indes (film)|La Route des Indes]]'' de [[David Lean]], chez [[Embassy Pictures]] pour ''[[La Forêt d'émeraude]]'' de [[John Boorman]], chez [[Vestron Pictures]] pour ''[[Dirty Dancing]]'' d'[[Emile Ardolino]]). Par contre, Yablans lance quatre films imprégnés de l'idéologie [[Ronald Reagan|reaganienne]] alors dans l'air du temps<ref name="Time 18/04/2005"/>{{,}}<ref name="reo"/> (le général [[Alexander Haig]], ancien [[secrétaire d'État des États-Unis]], est entré au [[conseil d'administration]] de MGM/UA) : ''[[Rocky 4]]'', qu'il veut superviser lui-même, offrant 2 millions de dollars à [[Robert Chartoff]] et [[Irwin Winkler]] pour abandonner leur rôle de producteurs, ''[[L'Aube rouge (film, 1984)|L'Aube rouge]]'' (avec Haig comme consultant), ''[[Wargames (film)|WarGames]]'' et le ''James Bond'' ''[[Octopussy]]'', qu'il veut également mieux contrôler. En définitive, Yablans n'arrive pas à dupliquer chez MGM/UA ses succès de la Paramount. Certes, ''Octopussy'' n'est pas touché par la concurrence de ''[[Jamais plus jamais]]'', ''[[Ras les profs !]]'' est un''[[Sleeper hit|sleeper]]'' qui rapporte 15 millions de dollars, ''WarGames'' et ''[[Yentl]]'' (qui reçoit le [[Golden Globe du meilleur réalisateur]]) mettent un peu de temps à décoller mais gagnent de l'argent. Par contre, le [[blockbuster]] espéré, ''L'Aube rouge'', démarre très bien mais, à cause de mauvaises critiques, ne rapporte que 18 millions de dollars le jour du [[Fête du Travail#Amérique du Nord|''Labor Day'']] [[1984]] pour un coût de 19. À Noël [[1984 au cinéma|1984]], il s'avère que ''[[Le Pape de Greenwich Village]]'', ''[[Vol d'enfer (film, 1985)|Vol d'enfer]]'', ''[[French Lover (film, 1984)|French Lover]]'', ''[[À la recherche de Garbo]]'' et ''[[Martin's Day]]'' sont des échecs au box-office<ref name="Time 18/04/2005"/>. Les films MGM ne rapportent pas mieux (l'attendu ''[[Mrs. Soffel]]'' est un flop et les sorties de ''[[Movers and Shakers]]'' et de ''[[Vous avez dit dingues ?]]'' sont reportées). Malgré plusieurs films passés par pertes et profit, MGM/UA termine son exercice avec 82,2 millions de pertes. Il est annoncé publiquement que l'ère Yablans a coûté 250 millions à la compagnie et ce dernier est chapeauté en janvier [[1985 au cinéma|1985]] par [[Alan Ladd Jr.]], nouveau [[président-directeur général]] de MGM/UA. Yablans démissionne six semaines plus tard<ref name="p. 228-229"/>.
Cela fait plus de sept ans que [[Frank Yablans]] a quitté la [[Paramount Pictures|Paramount]], où il a donné une série de succès (''[[Le Parrain (film)|Le Parrain]]'', ''[[Chinatown (film)|Chinatown]]'', ''[[Serpico]]'', ''[[Un justicier dans la ville]]'', etc). Son étoile a depuis pâli à cause de flops comme ''[[Maman très chère]]'' et ''[[Monsignor (film)|Monsignor]]'' mais toujours est-il qu'il est choisi par « Le Boss » Kerkorian. Yablans hérite de différents contrats signés de manière discrétionnaire par Begelman avec les [[Producteur de cinéma|producteurs]] [[Leonard Goldberg]], [[Fred Silverman]], [[David Gerber]], [[Walter Mirisch]], les « second couteaux » [[George Hamilton (acteur)|George Hamilton]], [[Lindsay Wagner]], [[Farrah Fawcett]] et d'un projet de [[western]] avec [[Jack Nicholson]], ''Road Show''. Aucun de ces producteurs/acteurs ne fournira le moindre matériau. La nouvelle équipe puise elle-même dans les budgets discrétionnaires pour des projets de [[copinage]]: Yablans engage sa compagne pour développer un [[remake]] de ''[[Indiscrétions]]'', Freddie Fields accorde les mêmes faveurs à son ex-épouse [[Polly Bergen]] comme à son actuelle, Corrine, et Kerkorian charge son amie de longue date [[Yvette Mimieux]] de développer une [[comédie musicale]]… Aucun de ces projets ne verra le jour, pas plus que le remake du ''[[Le Dernier Rivage|Dernier Rivage]]'', le film de [[science-fiction]] ''Millenium'', la comédie d'[[humour noir]] ''Turn Left or Die'' ou l'histoire d'amour sur fond de [[projet Manhattan]] ''Double Sunrise''. Enfant-star d'[[Cinéma américain|Hollywood]] et doté d'une culture encyclopédique du cinéma, l'acteur [[Roddy McDowall]] développe plusieurs remakes, dont ''The Earl of Chicago'' pour [[Eddie Murphy]], qui seront tous refusés, sauf ''[[Un couple à la mer]]''. Yablans engage enfin son ami de la Paramount, le producteur-[[Scénario (film)|scénariste]] [[Robert Towne]], dont l'entregent est utilisé, sans succès, pour attirer des [[Vedette (personnalité)|stars]] chez MGM/UA. Yablans commence à discuter avec [[Steven Spielberg]] (pour ''[[Always (film, 1989)|Always]]'', [[Un nommé Joe|remake d'un film MGM de 1943]], une coproduction UA/[[Universal Pictures|Universal]], qui ne se fera qu'en [[1989 au cinéma|1989]]) et des réalisateurs qui, finalement, développeront leurs projets ailleurs (chez [[EMI Films]] pour ''[[La Route des Indes (film)|La Route des Indes]]'' de [[David Lean]], chez [[Embassy Pictures]] pour ''[[La Forêt d'émeraude]]'' de [[John Boorman]], chez [[Vestron Pictures]] pour ''[[Dirty Dancing]]'' d'[[Emile Ardolino]]). Par contre, Yablans lance quatre films imprégnés de l'idéologie [[Ronald Reagan|reaganienne]] alors dans l'air du temps<ref name="Time 18/04/2005">{{Article|langue=en |auteur=Janice Castro |titre=Turner Takes On Hollywood |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |date={{date|18|avril|2005}} |texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,1050481,00.html |consulté le={{date|4|mars|2009}}}}.</ref>{{,}}<ref name="reo">{{Article|langue=en |auteur=Kurt Andersen, Joelle Attinger, William Blaylock et Elizabeth Taylor |titre=America's Upbeat Mood |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |date={{date|24|septembre|1984}} |texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,923635,00.html |consulté le={{date|24|mars|2009}}}}.</ref> (le général [[Alexander Haig]], ancien [[secrétaire d'État des États-Unis]], est entré au [[conseil d'administration]] de MGM/UA) : ''[[Rocky 4]]'', qu'il veut superviser lui-même, offrant 2 millions de dollars à [[Robert Chartoff]] et [[Irwin Winkler]] pour abandonner leur rôle de producteurs, ''[[L'Aube rouge (film, 1984)|L'Aube rouge]]'' (avec Haig comme consultant), ''[[Wargames (film)|WarGames]]'' et le ''James Bond'' ''[[Octopussy]]'', qu'il veut également mieux contrôler. En définitive, Yablans n'arrive pas à dupliquer chez MGM/UA ses succès de la Paramount. Certes, ''Octopussy'' n'est pas touché par la concurrence de ''[[Jamais plus jamais]]'', ''[[Ras les profs !]]'' est un''[[Sleeper hit|sleeper]]'' qui rapporte 15 millions de dollars, ''WarGames'' et ''[[Yentl]]'' (qui reçoit le [[Golden Globe du meilleur réalisateur]]) mettent un peu de temps à décoller mais gagnent de l'argent. Par contre, le [[blockbuster]] espéré, ''L'Aube rouge'', démarre très bien mais, à cause de mauvaises critiques, ne rapporte que 18 millions de dollars le jour du [[Fête du Travail#Amérique du Nord|''Labor Day'']] [[1984]] pour un coût de 19. À Noël [[1984 au cinéma|1984]], il s'avère que ''[[Le Pape de Greenwich Village]]'', ''[[Vol d'enfer (film, 1985)|Vol d'enfer]]'', ''[[French Lover (film, 1984)|French Lover]]'', ''[[À la recherche de Garbo]]'' et ''[[Martin's Day]]'' sont des échecs au box-office<ref name="Time 18/04/2005"/>. Les films MGM ne rapportent pas mieux (l'attendu ''[[Mrs. Soffel]]'' est un flop et les sorties de ''[[Movers and Shakers]]'' et de ''[[Vous avez dit dingues ?]]'' sont reportées). Malgré plusieurs films passés par pertes et profit, MGM/UA termine son exercice avec 82,2 millions de pertes. Il est annoncé publiquement que l'ère Yablans a coûté 250 millions à la compagnie et ce dernier est chapeauté en janvier [[1985 au cinéma|1985]] par [[Alan Ladd Jr.]], nouveau [[président-directeur général]] de MGM/UA. Yablans démissionne six semaines plus tard{{sfn|Bart|1991|p=228-229|loc=||id=}}.


=== L'entrée en scène de Ted Turner ===
=== L'entrée en scène de Ted Turner ===
« Laddie » n'est pas qu'un « fils à [[Alan Ladd|Papa]] ». Comme président de la[[20th Century Studios|Fox]] ou comme producteur indépendant, il a renouvelé le film de [[science-fiction]] avec ''[[Star Wars]]'', ''[[Alien (film)|Alien]]'' et ''[[Blade Runner (film)|Blade Runner]]'', relancé le [[film noir]] avec ''[[La Fièvre au corps]]'' et raconté un pan du [[rêve américain]] avec ''[[L'Étoffe des héros]]''. Ladd est confirmé président-directeur général le {{date|15|mars|1985}} et nomme Richard Berger président de UA. Aussitôt, il remet des millions de dollars de projets de l'ère Yablans dans le {{Lien|fr=Turnaround (filmmaking)|lang=en|trad=Turnaround (filmmaking)|texte=''turnaround''}}, dont il n'hérite que de deux [[Suite d'une œuvre|suites]] prometteuses en [[Préproduction (produit)|préproduction]], ''[[Rocky 4]]'' et ''[[Poltergeist 2]]''. Mais, aussitôt, des rumeurs commencent à circuler à [[New York Stock Exchange|Wall Street]] que MGM/UA ou l'une des deux entités est à vendre<ref name="rep"/>.
« Laddie » n'est pas qu'un « fils à [[Alan Ladd|Papa]] ». Comme président de la [[20th Century Studios|Fox]] ou comme producteur indépendant, il a renouvelé le film de [[science-fiction]] avec ''[[Star Wars]]'', ''[[Alien (film)|Alien]]'' et ''[[Blade Runner (film)|Blade Runner]]'', relancé le [[film noir]] avec ''[[La Fièvre au corps]]'' et raconté un pan du [[rêve américain]] avec ''[[L'Étoffe des héros]]''. Ladd est confirmé président-directeur général le {{date|15|mars|1985}} et nomme Richard Berger président de UA. Aussitôt, il remet des millions de dollars de projets de l'ère Yablans dans le {{Lien|fr=Turnaround (filmmaking)|lang=en|trad=Turnaround (filmmaking)|texte=''turnaround''}}, dont il n'hérite que de deux [[Suite d'une œuvre|suites]] prometteuses en [[Préproduction (produit)|préproduction]], ''[[Rocky 4]]'' et ''[[Poltergeist 2]]''. Mais, aussitôt, des rumeurs commencent à circuler à [[New York Stock Exchange|Wall Street]] que MGM/UA ou l'une des deux entités est à vendre{{sfn|Bart|1991|p=232|loc=||id=}}.


Moins d'une semaine après sa tentative manquée de rachat de [[Columbia Broadcasting System|CBS]], [[Ted Turner]] convoite le catalogue de films de MGM/UA pour les [[Télévision payante|chaînes à péage]] de son groupe [[Turner Broadcasting System]] (TBS), alors en plein développement (282 millions de dollars de [[chiffre d'affaires]] en [[1984 à la télévision|1984]])<ref name="Time 18/04/2005"/>. [[Drexel Burnham Lambert]], la [[banque d'investissement]] de Turner le met en garde contre les [[junk bond]]s qui doivent financer l'acquisition de MGM/UA, surtout à la vue de la fragilité du [[Sociétés de production de cinéma américaines#Grands studios américains (ou « majors »)|studio]], MGM venant de distribuer un flop après l'autre (''[[Marie (film, 1985)|Marie]]'', ''[[9 semaines 1/2]]'', ''[[Dream Lover (film, 1986)|Dream Lover]]'' et ''[[La Fièvre du jeu]]'', nommé aux [[6e cérémonie des Razzie Awards|Razzie Awards]]). Kerkorian étant prêt à vendre, l'affaire est conclue rapidement. TBS rachète MGM/UA pour 1,5 milliard de dollars et assure une partie de sa dette puis revend UA et la [[Droit des marques|marque commerciale]] « Leo the Lion » à Kerkorian pour, respectivement, 480 et 300 millions<ref name="req"/>. Si l'opération est apparemment « blanche » pour Kerkorian (il avait acquis UA pour la même somme en [[1981 au cinéma|1981]]), la « nouvelle » UA, renommée United Artists Pictures, Inc., dont l'effectif est réduit d'un tiers, {{citation|n'est ni la compagnie originelle, ni un successeur au sens technique ou légal. C'est une nouvelle compagnie séparée qui possède certains [[Actif (comptabilité)|actifs]] qui appartenaient à l'ancienne United Artists<ref name="HTS interview 08/10/1986"/>}}. Surtout, à l'issue des 74 jours durant lesquels Turner possède UA, la compagnie est délestée des catalogues pré-1950 de la [[RKO Pictures|RKO]] et de [[Warner Bros.]], acquis en [[1957 au cinéma|1957]] et [[1959 au cinéma|1959]]<ref name="res"/>.
Moins d'une semaine après sa tentative manquée de rachat de [[Columbia Broadcasting System|CBS]], [[Ted Turner]] convoite le catalogue de films de MGM/UA pour les [[Télévision payante|chaînes à péage]] de son groupe [[Turner Broadcasting System]] (TBS), alors en plein développement (282 millions de dollars de [[chiffre d'affaires]] en [[1984 à la télévision|1984]])<ref name="Time 18/04/2005"/>. [[Drexel Burnham Lambert]], la [[banque d'investissement]] de Turner le met en garde contre les [[junk bond]]s qui doivent financer l'acquisition de MGM/UA, surtout à la vue de la fragilité du [[Sociétés de production de cinéma américaines#Grands studios américains (ou « majors »)|studio]], MGM venant de distribuer un flop après l'autre (''[[Marie (film, 1985)|Marie]]'', ''[[9 semaines 1/2]]'', ''[[Dream Lover (film, 1986)|Dream Lover]]'' et ''[[La Fièvre du jeu]]'', nommé aux [[6e cérémonie des Razzie Awards|Razzie Awards]]). Kerkorian étant prêt à vendre, l'affaire est conclue rapidement. TBS rachète MGM/UA pour 1,5 milliard de dollars et assure une partie de sa dette puis revend UA et la [[Droit des marques|marque commerciale]] « Leo the Lion » à Kerkorian pour, respectivement, 480 et 300 millions{{sfn|Bart|1991|p=236|loc=||id=}}. Si l'opération est apparemment « blanche » pour Kerkorian (il avait acquis UA pour la même somme en [[1981 au cinéma|1981]]), la « nouvelle » UA, renommée United Artists Pictures, Inc., dont l'effectif est réduit d'un tiers, {{citation|n'est ni la compagnie originelle, ni un successeur au sens technique ou légal. C'est une nouvelle compagnie séparée qui possède certains [[Actif (comptabilité)|actifs]] qui appartenaient à l'ancienne United Artists<ref name="HTS interview 08/10/1986"/>}}. Surtout, à l'issue des 74 jours durant lesquels Turner possède UA, la compagnie est délestée des catalogues pré-1950 de la [[RKO Pictures|RKO]] et de [[Warner Bros.]], acquis en [[1957 au cinéma|1957]] et [[1959 au cinéma|1959]]<ref name="res">{{Article |langue=en |auteur=Philip Elmer-DeWitt et B. Russell Leavitt |titre=Sailing Close to the Wind |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |date={{date|25|août|1986}} |texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,962141,00.html |consulté le={{date|4|mars|2009}}}}.</ref>.


=== La valse des cadres s'accélère ===
=== La valse des cadres s'accélère ===
En novembre [[1985]], [[Jerry Weintraub]], qui avait produit ''[[La Chasse (film, 1980)|La Chasse]]'' pour UA, investit 30 millions de dollars dans la compagnie et en est nommé président. Il signe un multi-contrat avec [[Sylvester Stallone]], décide de sortir son film en cours, ''[[Rocky 4]]'', durant les fêtes de fin d'année, rompant avec une pratique habituelle et s'entoure de [[Billy Wilder]] comme conseiller. Son seul fait d'armes est de sortir ''[[Youngblood (film, 1986)|Youngblood]]'', un succès d'un coût de 6 millions de dollars hérité de l'ère Yablans, et qui révèle [[Rob Lowe]] et [[Patrick Swayze]]. Le {{date|14|avril|1986}}, il est éjecté de UA après seulement cinq mois de mandature<ref name="red"/>. Quinze jours plus tard, il est remplacé par [[Lee Rich]]<ref name="ref"/>. Connu pour avoir produit des [[Feuilleton télévisé|feuilletons télévisés]] à succès comme ''[[Dallas (série télévisée, 1978)|Dallas]]'', Rich et sa société [[Lorimar Productions]] ont également donné à UA ''[[Bienvenue, mister Chance]]'' et ''[[La Chasse (film, 1980)|La Chasse]]''. Nommé président de MGM/UA, il désigne Tony Thomopoulos président de UA, tandis qu'Alan Ladd Jr. hérite de MGM. Rich et Thomopoulos donnent le feu vert aux ''[[Les Feux de la nuit|Feux de la nuit]]'', un projet développé par Weintraub dès [[1984 au cinéma|1984]] à la [[Columbia Pictures|Columbia]] pour [[Tom Cruise]]. Quatre ans plus tard, le film a changé quatre fois de réalisateur, trois fois de vedette, trois fois de lieu de tournage et son budget final est passé de 15 à 25 millions de dollars<ref name="reg"/>. À sa sortie, le film ne récolte que 16 millions. ''[[Real Men]]'', après une projection-test catastrophique, n'a pas droit à une sortie nationale et n'amasse que {{formatnum:873000}} dollars pour un coût de 13 millions. Pour autant, La nouvelle équipe lance en production des projets avant que leurs scénarios ne soient finalisés. Selon un cadre, cité par Peter Bart, {{citation|nous essayons d'accomplir en quelques semaines ce qui devrait prendre des années. Nous sommes entraînés dans des opérations du type 'tournons maintenant, prions ensuite'}}<ref name="reh"/>. De même, et bien que ces dernières ont un potentiel commercial ([[Patrick Swayze]], [[Diane Keaton]]), elles sont budgetés assez haut : ''[[Road House]]'' à 20 millions de dollars et ''[[Baby Boom (film)|Baby Boom]]'' à 17. Cependant, les deux films marchent, tout comme le ''James Bond'' ''[[Permis de tuer]]'' et ''[[Jeu d'enfant (film, 1988)|Jeu d'enfant]]'', qui lance la série ''[[Chucky]]'', laquelle échappe cependant à UA au profit d'[[Universal Pictures|Universal]]. Enfin, UA hérite de ''[[Rain Man]]'', un projet refusé par [[Warner Bros.]], qu'elle développe, selon Bart, sans grand enthousiasme<ref name="rej"/>. Succès critique (cinq [[Oscar du cinéma|Oscars]], dont celui du [[Oscar du meilleur film|meilleur film]], [[Ours d'or|Ours d'or du meilleur film]], etc.), ''Rain Man'' est également une réussite commerciale, devenant avec 172 millions de dollars de recettes, le plus gros [[blockbuster]] de [[1988 au cinéma|1988]].
En novembre [[1985]], [[Jerry Weintraub]], qui avait produit ''[[La Chasse (film, 1980)|La Chasse]]'' pour UA, investit 30 millions de dollars dans la compagnie et en est nommé président. Il signe un multi-contrat avec [[Sylvester Stallone]], décide de sortir son film en cours, ''[[Rocky 4]]'', durant les fêtes de fin d'année, rompant avec une pratique habituelle et s'entoure de [[Billy Wilder]] comme conseiller. Son seul fait d'armes est de sortir ''[[Youngblood (film, 1986)|Youngblood]]'', un succès d'un coût de 6 millions de dollars hérité de l'ère Yablans, et qui révèle [[Rob Lowe]] et [[Patrick Swayze]]. Le {{date|14|avril|1986}}, il est éjecté de UA après seulement cinq mois de mandature<ref name="red">{{Article |langue=en |auteur=Al Delugach et Jack Mathews |titre=Weintraub Out as Chief at UA After 5-Month Tenure |revue=[[Los Angeles Times]] |date={{date|15|avril|1986}} |texte=http://pqasb.pqarchiver.com/latimes/access/58583463.html?dids=58583463:58583463&FMT=ABS&FMTS=ABS:FT&type=current&date=Apr+15%2C+1986&author=AL+DELUGACH%3BJACK+MATHEWS&pub=Los+Angeles+Times+(pre-1997+Fulltext)&edition=&startpage=1&desc=Weintraub+Out+as+Chief+at+UA+After+5-Month+Tenure |consulté le={{date|30|avril|2009}}}}.</ref>. Quinze jours plus tard, il est remplacé par [[Lee Rich]]<ref name="ref">{{Article |langue=en |auteur=Kathryn Harris |titre=Rich Resigns From Lorimar to Become Chairman of UA |revue=[[Los Angeles Times|The Los Angeles Times]] |date={{date|29|avril|1986}} |texte=http://pqasb.pqarchiver.com/latimes/access/58596780.html?dids=58596780:58596780&FMT=ABS&FMTS=ABS:FT&type=current&date=Apr+29%2C+1986&author=KATHRYN+HARRIS&pub=Los+Angeles+Times+(pre-1997+Fulltext)&edition=&startpage=1&desc=Rich+Resigns+From+Lorimar+to+Become+Chairman+of+UA |consulté le={{date|30|avril|2009}}}}.</ref>. Connu pour avoir produit des [[Feuilleton télévisé|feuilletons télévisés]] à succès comme ''[[Dallas (série télévisée, 1978)|Dallas]]'', Rich et sa société [[Lorimar Productions]] ont également donné à UA ''[[Bienvenue, mister Chance]]'' et ''[[La Chasse (film, 1980)|La Chasse]]''. Nommé président de MGM/UA, il désigne Tony Thomopoulos président de UA, tandis qu'Alan Ladd Jr. hérite de MGM. Rich et Thomopoulos donnent le feu vert aux ''[[Les Feux de la nuit|Feux de la nuit]]'', un projet développé par Weintraub dès [[1984 au cinéma|1984]] à la [[Columbia Pictures|Columbia]] pour [[Tom Cruise]]. Quatre ans plus tard, le film a changé quatre fois de réalisateur, trois fois de vedette, trois fois de lieu de tournage et son budget final est passé de 15 à 25 millions de dollars<ref name="reg">{{Article|langue=en |auteur=Caryn James |titre='Bright Lights, Big City' - Big Trouble |revue=[[The New York Times]] |date={{date|10|janvier|1988}} |texte=https://www.nytimes.com/1988/01/10/magazine/bright-lights-big-city-big-trouble.html?scp=8&sq=Big%20Trouble&st=cse |consulté le={{date|4|mai|2009}}}}.</ref>. À sa sortie, le film ne récolte que 16 millions. ''[[Real Men]]'', après une projection-test catastrophique, n'a pas droit à une sortie nationale et n'amasse que {{formatnum:873000}} dollars pour un coût de 13 millions. Pour autant, La nouvelle équipe lance en production des projets avant que leurs scénarios ne soient finalisés. Selon un cadre, cité par Peter Bart, {{citation|nous essayons d'accomplir en quelques semaines ce qui devrait prendre des années. Nous sommes entraînés dans des opérations du type 'tournons maintenant, prions ensuite'}}{{sfn|Bart|1991|p=259|loc=||id=}}. De même, et bien que ces dernières ont un potentiel commercial ([[Patrick Swayze]], [[Diane Keaton]]), elles sont budgetés assez haut : ''[[Road House]]'' à 20 millions de dollars et ''[[Baby Boom (film)|Baby Boom]]'' à 17. Cependant, les deux films marchent, tout comme le ''James Bond'' ''[[Permis de tuer]]'' et ''[[Jeu d'enfant (film, 1988)|Jeu d'enfant]]'', qui lance la série ''[[Chucky]]'', laquelle échappe cependant à UA au profit d'[[Universal Pictures|Universal]]. Enfin, UA hérite de ''[[Rain Man]]'', un projet refusé par [[Warner Bros.]], qu'elle développe, selon Bart, sans grand enthousiasme{{sfn|Bart|1991|p=261-268|loc=||id=}}. Succès critique (cinq [[Oscar du cinéma|Oscars]], dont celui du [[Oscar du meilleur film|meilleur film]], [[Ours d'or|Ours d'or du meilleur film]], etc.), ''Rain Man'' est également une réussite commerciale, devenant avec 172 millions de dollars de recettes, le plus gros [[blockbuster]] de [[1988 au cinéma|1988]].


== Les années 1990 : de Charybde en Scylla ==
== Les années 1990 : de Charybde en Scylla ==
=== Braquage à l'italienne ===
=== Braquage à l'italienne ===
Le succès de ''[[Rain Man]]'' entraîne la publication en janvier [[1989]] d'un mémorandum confidentiel de 93 pages déclarant que {{citation|les branches de UA montrent une croissance formidable}}. [[Paramount Pictures|Paramount]] serait éventuellement intéressée par un rachat de MGM/UA, grâce à une [[coentreprise]] entre [[Universal Pictures|Universal]], tout comme Warner Communications et [[Rupert Murdoch]], propriétaire de la[[20th Century Studios|Fox]]<ref name="p. 280"/>. Finalement, en mars [[1989]], Kerkorian entre en discussions avec le [[conglomérat (économie)|conglomérat]] [[australie]]n [[Qintex]]<ref name="rek"/>. À l'issue d'un contrat aussi complexe que celui avec [[Ted Turner|Turner]], Qintex offrirait 1,1 milliard de dollars pour les branches de production, de marketing et de distribution de MGM/UA, [[MGM/UA Home Video]] et le catalogue UA. En échange, Kerkorian rachèterait pour 250 millions de dollars [[MGM/UA Television]], la [[marque commerciale]] « Leo the Lion », le siège social en construction à [[Beverly Hills]], le catalogue MGM et investirait 75 millions dans la « nouvelle » UA<ref name="rel"/>. Entretemps, la société de [[notation financière]] [[Standard & Poor's]] inscrit Qintex sur sa liste de suivi, tandis que les [[junk bond]]s de MGM/UA sont classés comme [[Spéculation (économie)|spéculatifs]]. À la mi-novembre [[1989]], les 50 millions de dollars d'avance promis par Qintex ne sont toujours pas versés et sa filiale [[États-Unis|américaine]] Qintex Entertainment se place sous le [[chapitre 11 de la loi sur les faillites des États-Unis|chapitre 11]] du Code du commerce sur les [[faillite]]s. Alors que MGM/UA annonce à [[New York Stock Exchange|Wall Street]] des pertes de 75 millions de dollars sur son [[Exercice comptable|exercice]] [[1988]], Kerkorian annonce la production de nouveaux films, dont un [[Barbra Streisand]] et un [[Michael Cimino]]. En dépit du fait que Standard & Poor's inscrit à son tour MGM/UA sur sa liste de suivi, son prix de vente grimpe : Murdoch offre 1,4 milliard. Mais c'est l'[[homme d'affaires]] [[italie]]n [[Giancarlo Parretti]] qui, en mars [[1990 au cinéma|1990]], rafle la mise pour 1,3 milliard<ref name="Time 23/04/1990"/> grâce à un prêt de 650 millions de dollars de [[Time Warner]] (en échange des droits de distribution des futurs films du studio sur [[cassette vidéo]] ou [[DVD]]). L'année précédente, Parretti, associé à l'[[homme d'affaires]] [[France|français]] à la réputation controversée [[Max Théret]], avait racheté [[Cannon Group]] aux cousins [[Menahem Golan]] et [[Yoram Globus]] pour 200 millions de dollars puis [[Pathé]] pour 160 millions. Il regroupait les deux sociétés sous une [[holding]] du nom de Pathé Communications Corporation (PCC). Bien que condamné en [[Italie]] à 46 mois de prison pour [[banqueroute]] frauduleuse, Parretti obtient un prêt de plus d'un million de dollars d'une [[filiale]] [[Pays-Bas|néerlandaise]] du [[Crédit lyonnais]], Crédit Lyonnais Bank Nederland<ref name="rem"/>. Time Warner retire son offre de prêt de 650 millions de dollars et attaque Parretti au motif qu'il essayerait de vendre les droits des films à la fois à MGM/UA Home Video et [[Warner Home Video]]. En octobre [[1990 au cinéma|1990]], c'est au tour de [[Danjaq]], la [[holding]] contrôlant [[EON Productions]], d'intenter un procès à MGM/UA, Pathé Communications et Tracinda, la holding de Kerkorian afin d'empêcher Parretti de vendre les droits des ''James Bond'' à des chaînes de télévision. Selon Danjaq, c'est l'argent issu de ces droits qui permettrait à Parretti de financer l'acquisition de MGM/UA. EON Productions ne délivrera ainsi ni le ''Bond'' de [[1991 au cinéma|1991]], ni celui de [[1993 au cinéma|1993]]. Durant cette période, UA est dormante et ne sort qu'un seul film, ''[[Rocky 5]]''.
Le succès de ''[[Rain Man]]'' entraîne la publication en janvier [[1989]] d'un mémorandum confidentiel de 93 pages déclarant que {{citation|les branches de UA montrent une croissance formidable}}. [[Paramount Pictures|Paramount]] serait éventuellement intéressée par un rachat de MGM/UA, grâce à une [[coentreprise]] entre [[Universal Pictures|Universal]], tout comme Warner Communications et [[Rupert Murdoch]], propriétaire de la [[20th Century Studios|Fox]]{{sfn|Bart|1991|p=280|loc=||id=}}. Finalement, en mars [[1989]], Kerkorian entre en discussions avec le [[conglomérat (économie)|conglomérat]] [[australie]]n [[Qintex]]<ref name="rek">{{Article |langue=en |auteur=Barbara Rudolph et Elaine Dutka |titre=Hollywood Or Bust |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |date={{date|4|septembre|1989}} |texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,958554,00.html |consulté le={{date|30|avril|2009}}}}.</ref>. À l'issue d'un contrat aussi complexe que celui avec [[Ted Turner|Turner]], Qintex offrirait 1,1 milliard de dollars pour les branches de production, de marketing et de distribution de MGM/UA, [[MGM/UA Home Video]] et le catalogue UA. En échange, Kerkorian rachèterait pour 250 millions de dollars [[MGM/UA Television]], la [[marque commerciale]] « Leo the Lion », le siège social en construction à [[Beverly Hills]], le catalogue MGM et investirait 75 millions dans la « nouvelle » UA{{sfn|Bart|1991|p=281|loc=||id=}}. Entretemps, la société de [[notation financière]] [[Standard & Poor's]] inscrit Qintex sur sa liste de suivi, tandis que les [[junk bond]]s de MGM/UA sont classés comme [[Spéculation (économie)|spéculatifs]]. À la mi-novembre [[1989]], les 50 millions de dollars d'avance promis par Qintex ne sont toujours pas versés et sa filiale [[États-Unis|américaine]] Qintex Entertainment se place sous le [[chapitre 11 de la loi sur les faillites des États-Unis|chapitre 11]] du Code du commerce sur les [[faillite]]s. Alors que MGM/UA annonce à [[New York Stock Exchange|Wall Street]] des pertes de 75 millions de dollars sur son [[Exercice comptable|exercice]] [[1988]], Kerkorian annonce la production de nouveaux films, dont un [[Barbra Streisand]] et un [[Michael Cimino (réalisateur)|Michael Cimino]]. En dépit du fait que Standard & Poor's inscrit à son tour MGM/UA sur sa liste de suivi, son prix de vente grimpe : Murdoch offre 1,4 milliard. Mais c'est l'[[homme d'affaires]] [[italie]]n [[Giancarlo Parretti]] qui, en mars [[1990 au cinéma|1990]], rafle la mise pour 1,3 milliard<ref name="Time 23/04/1990">{{Article|langue=en |auteur=John Greenwald, Jordan Bonfante et Karen Wolman |titre=What Makes Giancarlo Run? |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |date={{date|23|avril|1990}} |texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,969937,00.html |consulté le={{date|4|mars|2009}}}}.</ref>
grâce à un prêt de 650 millions de dollars de [[Time Warner]] (en échange des droits de distribution des futurs films du studio sur [[cassette vidéo]] ou [[DVD]]). L'année précédente, Parretti, associé à l'[[homme d'affaires]] [[France|français]] à la réputation controversée [[Max Théret]], avait racheté [[Cannon Group]] aux cousins [[Menahem Golan]] et [[Yoram Globus]] pour 200 millions de dollars puis [[Pathé]] pour 160 millions. Il regroupait les deux sociétés sous une [[holding]] du nom de Pathé Communications Corporation (PCC). Bien que condamné en [[Italie]] à 46 mois de prison pour [[banqueroute]] frauduleuse, Parretti obtient un prêt de plus d'un million de dollars d'une [[filiale]] [[Pays-Bas|néerlandaise]] du [[Crédit lyonnais]], Crédit Lyonnais Bank Nederland<ref name="rem">{{Article |langue=en |auteur=David McLintick et Anne Faircloth |titre=Predator : How an Italian thug looted MGM, brought Credit Lyonnais to its knees, and made the Pope cry |revue=[[Fortune (magazine)|Fortune]] |date={{date|8|juillet|1996}} |texte=http://www.sgrm.com/art43.htm |consulté le={{date|24|mars|2009}}}}.</ref>. Time Warner retire son offre de prêt de 650 millions de dollars et attaque Parretti au motif qu'il essayerait de vendre les droits des films à la fois à MGM/UA Home Video et [[Warner Home Video]]. En octobre [[1990 au cinéma|1990]], c'est au tour de [[Danjaq]], la [[holding]] contrôlant [[EON Productions]], d'intenter un procès à MGM/UA, Pathé Communications et Tracinda, la holding de Kerkorian afin d'empêcher Parretti de vendre les droits des ''James Bond'' à des chaînes de télévision. Selon Danjaq, c'est l'argent issu de ces droits qui permettrait à Parretti de financer l'acquisition de MGM/UA. EON Productions ne délivrera ainsi ni le ''Bond'' de [[1991 au cinéma|1991]], ni celui de [[1993 au cinéma|1993]]. Durant cette période, UA est dormante et ne sort qu'un seul film, ''[[Rocky 5]]''.


=== La production relancée ===
=== La production relancée ===
Parretti ne pouvant rembourser le [[Crédit lyonnais]], ce dernier se retrouve propriétaire de MGM/UA, qui lui a déjà coûté 2 milliards de dollars. En mai [[1992 au cinéma|1992]], après avoir obtenu de la justice américaine le renvoi de Parretti<ref name="rew"/>, le Crédit lyonnais décide de relancer l'activité de MGM/UA en y injectant 400 millions de plus. [[Frank Mancuso Sr.]] est installé aux commandes en juillet en remplacement d'[[Alan Ladd Jr.]]<ref name="rex"/>. John Calley est nommé président de UA. Le premier film distribué par UA après le hiatus de cinq ans est ''[[Sleep with Me]]''.
Parretti ne pouvant rembourser le [[Crédit lyonnais]], ce dernier se retrouve propriétaire de MGM/UA, qui lui a déjà coûté 2 milliards de dollars. En mai [[1992 au cinéma|1992]], après avoir obtenu de la justice américaine le renvoi de Parretti<ref name="rew">{{Article |langue=en |auteur= |titre=Business Notes: Hollywood |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |date={{date|13|janvier|1992}} |texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,974640,00.html |consulté le={{date|10|mai|2009}}}}.</ref>, le Crédit lyonnais décide de relancer l'activité de MGM/UA en y injectant 400 millions de plus. [[Frank Mancuso Sr.]] est installé aux commandes en juillet en remplacement d'[[Alan Ladd Jr.]]<ref name="rex">{{Article |langue=fr |auteur=Guillaume Dubois |titre=Le Crédit lyonnais défie Hollywood |revue=[[L'Expansion]] |date={{date|17|février|1994}} |texte=http://www.lexpansion.com/economie/le-credit-lyonnais-defie-hollywood_1924.html |consulté le={{date|7|mai|2009}}}}.</ref>. John Calley est nommé président de UA. Le premier film distribué par UA après le hiatus de cinq ans est ''[[Sleep with Me]]''.
En octobre [[1996 au cinéma|1996]], la [[banque d'affaires]] [[Banque Lazard|Lazard Frères]] négocie pour 1,3 milliard de dollars la revente de MGM/UA à… Kirk Kerkorian. L'homme d'affaires est, cette fois-ci, associé à Frank Mancuso Sr. et la chaîne australienne [[Seven Network]]. UA limoge John Calley, en mauvais termes avec Mancuso, et lui intentera plus tard un procès l'accusant de vouloir produire pour son nouvel employeur la [[Columbia Pictures|Columbia]] un [[remake]] d'''[[Opération Tonnerre]]''<ref name="New York Times 30/03/1999"/>. Calley est remplacé à la tête de UA par [[Lindsay Doran]], ancienne associée de [[Sydney Pollack]]. Elle développe les ''Bond'' ''[[Demain ne meurt jamais]]'' et ''[[Le monde ne suffit pas]]'', qui, après le renouvellement de ''[[GoldenEye]]'', atteignent de nouveaux sommets au box-office, tout comme un autre film avec [[Pierce Brosnan]], ''[[Thomas Crown]]'', [[remake]] d'un film de Norman Jewison, qui rapporte 20 millions de dollars. Les deux films historiques ''[[Rob Roy (film)|Rob Roy]]'' et ''[[L'Homme au masque de fer (film, 1998)|L'Homme au masque de fer]]'' marchent également. Par contre, le très coûteux ''[[Ronin (film)|Ronin]]'' déçoit, tout comme ''[[Showgirls]]'', un flop qui reçoit plusieurs [[Razzie Awards]]. De même, aucun des films relevant de la [[science-fiction]] produits sous son régime (l'[[Anarchisme|anarcho]]-[[Mouvement punk|punk]] ''[[Tank Girl (film)|Tank Girl]]'', le [[steampunk]] ''[[Richard III (film, 1995)|Richard III]]'', le [[splatterpunk]] ''[[Le Maître des illusions (film)|Le Maître des illusions]]'' et les plus classiques ''[[Carrie 2]]'' et ''[[Supernova (film, 2000)|Supernova]]'') ne marchent.
En octobre [[1996 au cinéma|1996]], la [[banque d'affaires]] [[Banque Lazard|Lazard Frères]] négocie pour 1,3 milliard de dollars la revente de MGM/UA à… Kirk Kerkorian. L'homme d'affaires est, cette fois-ci, associé à Frank Mancuso Sr. et la chaîne australienne [[Seven Network]]. UA limoge John Calley, en mauvais termes avec Mancuso, et lui intentera plus tard un procès l'accusant de vouloir produire pour son nouvel employeur la [[Columbia Pictures|Columbia]] un [[remake]] d'''[[Opération Tonnerre]]''. Calley est remplacé à la tête de UA par [[Lindsay Doran]], ancienne associée de [[Sydney Pollack]]. Elle développe les ''Bond'' ''[[Demain ne meurt jamais]]'' et ''[[Le monde ne suffit pas]]'', qui, après le renouvellement de ''[[GoldenEye]]'', atteignent de nouveaux sommets au box-office, tout comme un autre film avec [[Pierce Brosnan]], ''[[Thomas Crown]]'', [[remake]] d'un film de Norman Jewison, qui rapporte 20 millions de dollars. Les deux films historiques ''[[Rob Roy (film)|Rob Roy]]'' et ''[[L'Homme au masque de fer (film, 1998)|L'Homme au masque de fer]]'' marchent également. Par contre, le très coûteux ''[[Ronin (film)|Ronin]]'' déçoit, tout comme ''[[Showgirls]]'', un flop qui reçoit plusieurs [[Razzie Awards]]. De même, aucun des films relevant de la [[science-fiction]] produits sous son régime (l'[[Anarchisme|anarcho]]-[[Mouvement punk|punk]] ''[[Tank Girl (film)|Tank Girl]]'', le [[steampunk]] ''[[Richard III (film, 1995)|Richard III]]'', le [[splatterpunk]] ''[[Le Maître des illusions (film)|Le Maître des illusions]]'' et les plus classiques ''[[Carrie 2]]'' et ''[[Supernova (film, 2000)|Supernova]]'') ne marchent.


== Les années 2000 ==
== Les années 2000 ==
=== Filiale art et essai de MGM ===
=== Filiale art et essai de MGM ===
En [[1997 au cinéma|1997]], [[Metro-Goldwyn-Mayer|MGM]] absorbe le [[Producteur de cinéma|producteur]] de films d'[[art et essai]] [[The Samuel Goldwyn Company]] (SMC), qu'elle démantèle en [[2000 au cinéma|2000]]. À partir de cette date, UA remplace la SMC comme label de distribution de films indépendants<ref name="rec"/> de MGM et sort des films tels que ''[[No Man's Land (film, 2001)|No Man's Land]]'', [[Oscar du meilleur film étranger]], ''[[Bowling for Columbine]]'', [[Oscar du meilleur film documentaire]], [[Nicholas Nickleby (film, 2002)|''Nicholas Nickleby'']] et ''[[Hôtel Rwanda (film, 2004)|Hotel Rwanda]]''. À l'exception de la série ''Jeepers Creepers'', coproduite avec [[American Zoetrope]] (''[[Jeepers Creepers (film, 2001)|Jeepers Creepers]]'' et ''[[Jeepers Creepers 2]]''), qui conserve le logo UA, le [[copyright]] des séries ''James Bond'', ''La Panthère rose'' et ''Rocky'' passe dans les mains de la MGM, tout comme les remakes du catalogue UA, comme le ''[[Rollerball (film, 2002)|Rollerball]]'' de [[2002 au cinéma|2002]], qui par ailleurs perd 50 millions de dollars et fait partie des plus gros échecs du box-office américain.
En [[1997 au cinéma|1997]], [[Metro-Goldwyn-Mayer|MGM]] absorbe le [[Producteur de cinéma|producteur]] de films d'[[art et essai]] [[The Samuel Goldwyn Company]] (SMC), qu'elle démantèle en [[2000 au cinéma|2000]]. À partir de cette date, UA remplace la SMC comme label de distribution de films indépendants<ref name="rec">{{Article |langue=en |auteur= |titre=Losing Our Independence |revue=[[Newsweek]] |date={{date|10|septembre|2001}} |texte=http://www.newsweek.com/id/75977 |consulté le={{date|9|mars|2009}}}}.</ref> de MGM et sort des films tels que ''[[No Man's Land (film, 2001)|No Man's Land]]'', [[Oscar du meilleur film étranger]], ''[[Bowling for Columbine]]'', [[Oscar du meilleur film documentaire]], [[Nicholas Nickleby (film, 2002)|''Nicholas Nickleby'']] et ''[[Hôtel Rwanda (film, 2004)|Hotel Rwanda]]''. À l'exception de la série ''Jeepers Creepers'', coproduite avec [[American Zoetrope]] (''[[Jeepers Creepers (film, 2001)|Jeepers Creepers]]'' et ''[[Jeepers Creepers 2]]''), qui conserve le logo UA, le [[copyright]] des séries ''James Bond'', ''La Panthère rose'' et ''Rocky'' passe dans les mains de la MGM, tout comme les remakes du catalogue UA, comme le ''[[Rollerball (film, 2002)|Rollerball]]'' de [[2002 au cinéma|2002]], qui par ailleurs perd 50 millions de dollars et fait partie des plus gros échecs du box-office américain.
Le {{date|13|septembre|2004}}, Kirk Kerkorian se retire définitivement de l'industrie du cinéma en vendant MGM/UA aux [[enchère]]s<ref name="rev"/>. [[Sony Pictures Entertainment]] et [[Comcast]] finalisent le rachat le {{date|8|avril|2005}} pour 1,7 milliard de dollars et assument une dette de 1,3. [[Harry E. Sloan]] est nommé [[président-directeur général]] de MGM/UA en octobre [[2005 au cinéma|2005]].
Le {{date|13|septembre|2004}}, Kirk Kerkorian se retire définitivement de l'industrie du cinéma en vendant MGM/UA aux [[enchère]]s<ref name="rev">{{Article|langue=en |auteur=Frank Ahrens |titre=Kerkorian and MGM, Off Again : Billionaire Selling Studio for the Third Time |revue=[[The Washington Post]] |date={{date|15|septembre|2004}} |texte=https://www.washingtonpost.com/ac2/wp-dyn/A21636-2004Sep14?language=printer |consulté le={{date|10|mai|2009}}}}.</ref>. [[Sony Pictures Entertainment]] et [[Comcast]] finalisent le rachat le {{date|8|avril|2005}} pour 1,7 milliard de dollars et assument une dette de 1,3. [[Harry E. Sloan]] est nommé [[président-directeur général]] de MGM/UA en octobre [[2005 au cinéma|2005]].


=== La prise de contrôle par Tom Cruise et Paula Wagner ===
=== La prise de contrôle par Tom Cruise et Paula Wagner ===
Le {{date|2|novembre|2006}}, [[Tom Cruise]] et [[Paula Wagner]] sont nommés co-[[Chief operating officer|CEO]] de UA par Sloan<ref name="reb">{{Lien web |langue=en |url=http://mgm.mediaroom.com/index.php?s=43&item=10 |titre=MGM Partners With Tom Cruise And Paula Wagner to Form New United Artists |date={{date|2|novembre|2006}} |site=mgm.mediaroom.com |éditeur=[[Metro-Goldwyn-Mayer]] |consulté le={{date|18|mai|2009}} |archive-url=https://web.archive.org/web/20090202064031/http://mgm.mediaroom.com/index.php?s=43 |archive-date=2 février 2009 |brisé le=23 juillet 2018 }}.</ref>{{,}}<ref name="ren">{{Article |langue=en |auteur=Rebecca Winters |titre=Take That, Sumner! Tom Cruise Gets His Own Studio |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |date={{date|2|novembre|2006}} |texte=http://www.time.com/time/arts/article/0,8599,1554117,00.html |consulté le={{date|4|mars|2009}}}}.</ref>.
Le {{date|2|novembre|2006}}, [[Tom Cruise]] et [[Paula Wagner]] sont nommés co-[[Chief operating officer|CEO]] de UA par Sloan<ref name="reb"/>{{,}}<ref name="ren"/>.


En mars [[2007 au cinéma|2007]], Elliott Kleinberg remplace Wagner. Cruise débauche Don Granger de [[Cruise/Wagner Productions]], qui reprend le même poste à UA, soit président responsable de la production, tout comme Dennis Rice, en provenance de [[Walt Disney Studios Entertainment]], qui est nommé chef du marketing et de la publicité. En août [[2007 au cinéma|2007]], UA obtient un prêt de 500 millions de dollars de la [[banque d'investissement]] [[Merrill Lynch]] pour la production de 15 à 18 films d'ici [[2012 au cinéma|2012]]<ref name="rfa" />.
En mars [[2007 au cinéma|2007]], Elliott Kleinberg remplace Wagner. Cruise débauche Don Granger de [[Cruise/Wagner Productions]], qui reprend le même poste à UA, soit président responsable de la production, tout comme Dennis Rice, en provenance de [[Walt Disney Studios Entertainment]], qui est nommé chef du marketing et de la publicité. En août [[2007 au cinéma|2007]], UA obtient un prêt de 500 millions de dollars de la [[banque d'investissement]] [[Merrill Lynch]] pour la production de 15 à 18 films d'ici [[2012 au cinéma|2012]]<ref name="rfa">{{Lien web |langue=en |url=http://mgm.mediaroom.com/index.php?s=43&item=441 |titre=United Artists Secures $500 Million in Production Financing Arranged by Merrill Lynch |date={{date|16|août|2007}} |site=mgm.mediaroom.com |éditeur=[[Metro-Goldwyn-Mayer]] |consulté le={{date|18|mai|2009}} |archive-url=https://web.archive.org/web/20090202064031/http://mgm.mediaroom.com/index.php?s=43 |archive-date=2 février 2009 |brisé le=23 juillet 2018 }}.</ref>.


Wagner quitte son poste en août [[2008 au cinéma|2008]]<ref name="rfz" /> mais Cruise/Wagner Productions reste producteur pour UA. ''[[Lions et Agneaux]]'', le premier film produit par la nouvelle United Artists, est un échec ne rapportant que 15 millions de dollars sur une mise de 35. La seconde entrée, ''[[Walkyrie (film)|Walkyrie]]'', s'en sort mieux, rapportant 80 millions de dollars.
Wagner quitte son poste en août [[2008 au cinéma|2008]]<ref name="rfz">{{Lien web |langue=en |url=http://mgm.mediaroom.com/index.php?s=43&item=566 |titre=Joint Statement From Metro-Goldwyn-Mayer Studios, Inc. (MGM) And United Artists Entertainment, LLC (UA) |date={{date|13|août|2008}} |site=mgm.mediaroom.com |éditeur=[[Metro-Goldwyn-Mayer]] |consulté le={{date|18|mai|2009}} |archiveurl=https://web.archive.org/web/20090722055322/http://mgm.mediaroom.com/index.php?s=43&item=566 |archivedate=22 juillet 2009 }}.</ref> mais Cruise/Wagner Productions reste producteur pour UA. ''[[Lions et Agneaux]]'', le premier film produit par la nouvelle United Artists, est un échec ne rapportant que 15 millions de dollars sur une mise de 35. La seconde entrée, ''[[Walkyrie (film)|Walkyrie]]'', s'en sort mieux, rapportant 80 millions de dollars.


En [[2009]], UA annonce pour les deux ans à venir ''[[Fame (film, 2009)|Fame]]'', ''[[Sur la route (film, 2012)|Sur la route]]'', ''Pinkville'', ''[[Bright Lights, Big City (film)|Bright Lights, Big City]]'', ''[[La Cabane dans les bois]]'' et une quinzaine de films en [[Préproduction (produit)|préproduction]] : ''[[The Champions]]'', ''Coal River'', ''Conjure Wife'', ''Cure'', ''Ranger's Apprentice'', ''Rules of Dating for Teenage Girls''<ref name="rfe" />, ''The Monster of Florence'', ''[[Paperboy (film)|Paperboy]]'', ''[[The Tourist]]'', ''[[Duo à trois (film, 2011)|Something Borrowed]]'' et ''[[Timecrimes (film, 2010)|Timecrimes]]''.
En [[2009]], UA annonce pour les deux ans à venir ''[[Fame (film, 2009)|Fame]]'', ''[[Sur la route (film, 2012)|Sur la route]]'', ''Pinkville'', ''[[Bright Lights, Big City (film)|Bright Lights, Big City]]'', ''[[La Cabane dans les bois]]'' et une quinzaine de films en [[Préproduction (produit)|préproduction]] : ''[[The Champions]]'', ''Coal River'', ''Conjure Wife'', ''Cure'', ''Ranger's Apprentice'', ''Rules of Dating for Teenage Girls''<ref name="rfe">{{Lien web|langue=en |url=http://www.comingsoon.net/news/movienews.php?id=54458 |titre=United Artists Adapting ''The Heartbreakers'' |date={{date|14|avril|2009}} |site=comingsoon.net |éditeur=Coming Soon |consulté le={{date|18|mai|2009}} }}.</ref>, ''The Monster of Florence'', ''[[Paperboy (film)|Paperboy]]'', ''[[The Tourist]]'', ''[[Duo à trois (film, 2011)|Something Borrowed]]'' et ''[[Timecrimes (film, 2010)|Timecrimes]]''.


Finalement, seuls ''[[Fame (film, 2009)|Fame]]'' et ''[[La Machine à démonter le temps]]'' seront distribués durant la saison 2009-2010. Les droits des autres films sont transférés à [[Studio Canal]] (''The Tourist''), [[MK2]] (''Sur la route''), [[Warner Bros.]] (''Something Borrowed'') ou [[Lions Gate Film]] (''The Paperboy'', ''La Cabane dans les bois'').
Finalement, seuls ''[[Fame (film, 2009)|Fame]]'' et ''[[La Machine à démonter le temps]]'' seront distribués durant la saison 2009-2010. Les droits des autres films sont transférés à [[Studio Canal]] (''The Tourist''), [[MK2]] (''Sur la route''), [[Warner Bros.]] (''Something Borrowed'') ou [[Lions Gate Film]] (''The Paperboy'', ''La Cabane dans les bois'').


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Références|colonnes=2|références=
{{Références|colonnes=2}}
<ref name="p176-177">{{en}} Tino Balio, ''United Artists : The Company That Changed the Film Industry'', {{opcit}}, {{p.|176-177}}</ref>
<ref name="ABK interview 01/08/1984">{{en}} Tino Balio, Interview avec Arthur Krim, {{date|1|août|1984}}</ref>
<ref name="ABK interview 02/08/1983">{{en}} Tino Balio, Interview avec Arthur Krim, {{date|2|août|1983}}</ref>
<ref name="ABK interview 19/10/1983">{{en}} Tino Balio, Interview avec Arthur Krim, {{date|19|octobre|1983}}</ref>
<ref name="ABK interview 20/03/1985">{{en}} Tino Balio, interview avec Arthur Krim, {{date|20|mars|1985}}</ref>
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<ref name="AFI">{{ouvrage|nom1=Tino Balio|directeur1=oui|langue=en|titre=The American Film Industry|éditeur=University of Wisconsin Press|lieu=Madison|année=1985|mois= |jour= |titre volume=|isbn=978-0-299-09874-2|passage=435|commentaire=}}</ref>
<ref name="Answers.com">{{Lien web|langue = en|url=http://www.answers.com/topic/metro-goldwyn-mayer-inc |titre=Company History : Metro-Goldwyn-Mayer Inc. |auteur= |date= |site=answers.com |éditeur=[[Answers.com]] |consulté le={{date|2|mars|2009}} }}</ref>
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<ref name="Fortune 16/01/1978">{{Article|langue=en |id= |lang=fr |auteur=Peter J. Schuyten |traduction= |titre=United Artists' Scrip Calls for Divorce |sous-titre= |journal= |revue=[[Fortune (magazine)|Fortune]] 97 |ISSN= |ISSN2= |ISSN3= |no= |date={{date|16|janvier|1978}} |vol= |titre vol= |numéro= |pages=137 |résumé= |texte= |consulté le= |doi= |commentaire= |extrait=}}</ref>
<ref name="Freeman Lincoln">{{Article |id= |langue=en |auteur=Freeman Lincoln |traduction= |titre=The Comeback of the Movies |sous-titre= |journal= |revue=[[Fortune (magazine)|Fortune]] 51 |ISSN= |ISSN2= |ISSN3= |no= |date=février 1955 |vol= |titre vol= |numéro= |pages=155 |résumé= |texte= |consulté le= |doi= |commentaire= |extrait=The little picture is almost a necessity to the exhibitor in a small town where most of the available audience has seen a picture after a three-day run. The little westerns and other simple action pictures are important in many areas where the people generally prefer them to extravaganzas or to highbrow problem films. They are in heavy demand by the hundreds of exhibitors whose audiences insist on a long evening's entertainment, and so must have a 'second feature'}}</ref>
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<ref name="New York Times 30/03/1999">{{Article|langue=en |auteur=James Sterngold |titre=Sony Pictures, in an accord with MGM, drops its plan to produce new James Bond movies |revue=[[The New York Times]] |ISSN= |date={{date|30|mars|1999}} |texte=https://www.nytimes.com/1999/03/30/business/media-business-advertising-sony-pictures-accord-with-mgm-drops-its-plan-produce.html?n=Top%2fNews%2fBusiness%2fSmall%20Business%2fMarketing%20and%20Advertising |consulté le={{date|26|mars|2009}}}}</ref>
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<ref name="rai">{{Article |id= |langue=en |auteur= |traduction= |titre=Mirisches as Big UA Stockholders |sous-titre= |journal= |revue=[[Variety]] |ISSN= |ISSN2= |ISSN3= |no= |date={{date|29|janvier|1964}} |vol= |titre vol= |numéro= |pages=4 |résumé= |texte= |consulté le= |doi= |commentaire= |extrait=}}</ref>
<ref name="raj">{{Article |id= |langue=en |auteur=Peter Stamelman |traduction= |titre=Blake Edwards Interview - In The Lair of the Pink Panther |sous-titre= |journal= |revue=Millimeter |ISSN= |ISSN2= |ISSN3= |no=5 |date=janvier 1977 |vol= |titre vol= |numéro= |pages=18-22 |résumé= |texte= |consulté le= |doi= |commentaire= |extrait=I told him (Walter Mirisch) that I didn't think it was a good time to do a war comedy -it was right in the middle of the Vietnam War, there were a lot of Gold Star mothers and the perspective on war was not that it should be for this kind of satire}}</ref>
<ref name="rak">{{ouvrage|nom1=Mark Harris|langue=en|titre=Pictures at a Revolution: Five Movies and the Birth of the New Hollywood|lien éditeur=Penguin Books|éditeur=Penguin Books|lieu=New York|année=2008|mois= |jour= |isbn=978-1-59420-152-3|passage=288}}</ref>
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<ref name="ran">{{Article |langue=en |id= |auteur= |traduction= |titre=Note de Walter Mirisch à Arthur B. Krim |sous-titre= |journal= |revue=United Artists Collection Addition, 1950-1980 |ISSN= |ISSN2= |ISSN3= |no= |année= manquante |vol= |titre vol= |numéro= |pages= |résumé= |texte= |consulté le= |doi= |extrait=This establishes United Artists in the producing business and makes you a competitor of ours and of all your other producing entities. It is obviously impossible for us to operate in the market, subject always of course to your approvals, if we are to be in direct competition with you for talent and properties}}</ref>
<ref name="rao">{{Article |langue=en |id= |lang=fr |auteur=Tino Balio |traduction= |titre=Interview avec Walter Mirisch |sous-titre= |journal= |revue=United Artists Collection Addition, 1950-1980 |ISSN= |ISSN2= |ISSN3= |no= |jour=16|mois=mai|année=1984 |vol= |titre vol= |numéro= |pages= |résumé= |texte= |consulté le= |doi= |commentaire= |extrait=These had been very bad years for UA and they wanted us to cut all of our overhead. The order was to get rid of people. So we had to break our relatioship with the directors we had brought in, and we got rid of our permanent staff. Then, with our overhead down to the bone, we made fewer pictures}}</ref>
<ref name="rap">{{ouvrage|nom1=Alexander Walker|langue=en|titre=Hollywood UK : The British Film Industry in the Sixties|éditeur=Stein and Day Publishers|lieu=New York|année=1974|mois= |jour= |titre volume=|isbn=978-0812-8154-98|commentaire=« Looking back in the Bond phenomenon, it is almost unbelievable to realize how slow and hesitant a start it had. Even after writing four Bond books, one a year between 1953 and 1955, Ian Fleming still hadn't achieved a really profitable breakthrough ; he had failed both to make the best-sellers lists in England and America and to clinch a Hollywood deal. »}}</ref>
<ref name="raq">{{Article |langue=en |id= |lang=fr |auteur=Vincent Canby |traduction= |titre=United Artists' Fort Knox |sous-titre= |journal= |revue=[[Variety]] |ISSN= |ISSN2= |ISSN3= |no= |date={{date|31|mars|1965}} |vol= |titre vol= |numéro= |pages=3 |résumé= |texte= |consulté le= |doi= |commentaire= |extrait=}}</ref>
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<ref name="rci">{{Article |id= |langue=en |auteur=Eitel Monaco |traduction= |titre=All Film Roads Lead to Rome |sous-titre= |journal= |revue=[[Variety]] |ISSN= |ISSN2= |ISSN3= |no= |date={{date|26|avril|1967}} |vol= |titre vol= |numéro= |pages= |résumé= |texte= |consulté le= |doi= |commentaire=p. 41 |extrait=}}</ref>
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<ref name="rw">{{Article |langue=en |id= |lang=fr |auteur= |traduction= |titre=Cut! |sous-titre= |journal= |revue=[[Newsweek]] |ISSN= |ISSN2= |ISSN3= |no= |date={{date|18|septembre|1961}} |vol= |titre vol= |numéro= |pages=78 |résumé= |texte= |consulté le= |doi= |commentaire= |extrait=Fox had an inventory of nearly $100 million in scenarios and unreleased films... and cannot commit itself to a project whose final cost it doesn't know}}</ref>
<ref name="rx">{{Article|langue=en |auteur= |titre=Forget the Incense |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |ISSN= |date={{date|28|décembre|1962}} |texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,827958,00.html |consulté le={{date|15|mars|2009}}}}</ref>
<ref name="ry">{{en}} Tino Balio, ''United Artists : The Company That Changed the Film Industry'', {{opcit}}, p. 175</ref>
<ref name="rz">{{Article |langue=en|id= |lang=fr |auteur= |traduction= |titre=Memorandum |sous-titre= |journal= |revue=United Artists Collection Addition, 1950-1980 |ISSN= |ISSN2= |ISSN3= |no= |date={{date|28|juin|1963}} |vol= |titre vol= |numéro= |pages= |résumé= |texte= |consulté le= |doi= |commentaire= |extrait=The picture would be just another big western if it were released in an ordinary process, and it would be likely to gross $15,000,000 worldwide. as a result of it being in Cinerama... a reasonable estimate of the ultimate gross of the picture is that it will be approximately $40 million world-wide. ''The Greatest Story Ever Told'' is so far superior to ''How the West Was Won'' that it is highly unlikely that it would not exceed the gross of ''How the West Was Won''}}</ref>
<ref name="Time 01/06/1981">{{Article|langue=en |auteur=Alexander Taylor, Michael Moritz et Sue Raffety |titre=Bad Days at the Box Office |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |ISSN= |date={{date|1|juin|1981}} |texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,954805,00.html |consulté le={{date|22|avril|2009}}}}</ref>
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<ref name="Time 18/04/2005">{{Article|langue=en |auteur=Janice Castro |titre=Turner Takes On Hollywood |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |ISSN= |date={{date|18|avril|2005}} |texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,1050481,00.html |consulté le={{date|4|mars|2009}}}}</ref>
<ref name="Time 23/02/1953">{{Article |auteur=|langue=en |titre=Re-United Artists |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |ISSN= |date={{date|23|février|1953}} |texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,936397,00.html |consulté le={{date|4|mars|2009}}}}</ref>
<ref name="Time 23/04/1990">{{Article|langue=en |auteur=John Greenwald, Jordan Bonfante et Karen Wolman |titre=What Makes Giancarlo Run? |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |ISSN= |date={{date|23|avril|1990}} |texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,969937,00.html |consulté le={{date|4|mars|2009}}}}</ref>
<ref name="Time 26/07/1982">{{Article|langue=en |auteur=E. Graydon Carter |titre=U.S. |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |ISSN= |date={{date|26|juillet|1982}} |texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,922971,00.html |consulté le={{date|29|mars|2009}}}}</ref>
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<ref name="Time 31/07/1978">{{Article|langue=en |auteur= |titre=High Drama |revue=[[Time (magazine)|Time Magazine]] |ISSN= |date={{date|31|juillet|1978}} |texte=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,946931,00.html |consulté le={{date|29|mars|2009}}}}</ref>
<ref name="United Artists 1970-1973">Arthur Krim, ''United Artists 1970-1973: Background Report'', décembre 1973</ref>
<ref name="Variety 08/05/1968"> {{Article |langue=en |auteur=Stuart Byron |traduction= |titre=On Imported Films, U.S. Public Fickle |sous-titre= |journal= |revue=[[Variety]] |ISSN= |ISSN2= |ISSN3= |no= |date={{date|8|mai|1968}} |vol= |titre vol= |numéro= |pages=40 |résumé= |texte= |consulté le= |doi= |commentaire= |extrait=When a foreign-language film makes really big money in the U.S., it's purely because of a search for novelty -a novelty value that wears off after the first success of this type. The director or stars involved mean next to nothing when they're promoted in a subsequent film}}</ref>
<ref name="Yale">{{Article |langue=en |auteur=Barak Y. Orbach |traduction= |titre=Antitrust and Pricing in the Motion Picture Industry |sous-titre= |journal= |revue=Yale Journal on Regulation |ISSN= |ISSN2= |ISSN3= |no=2 |date=été 2004 |vol=21 |titre vol= |numéro= |pages=346 |résumé= |texte=http://www.law.arizona.edu/faculty/FacultyPubs/Documents/Orbach/AntitrusPricingMotionPictureIndustry.pdf |consulté le={{date|10|mars|2009}} |doi= |commentaire= |extrait=}}</ref>

}}
* {{Article |langue=en |auteur=Ben Fritz |titre=Sony finalizing distribution and co-financing deal with MGM, including next two 'Bond' films |revue=[[Los Angeles Times]] |ISSN= |date={{date|8|février|2011}} |texte=http://latimesblogs.latimes.com/entertainmentnewsbuzz/2011/02/sony-mgm-distribution-bond.html |consulté le={{date|10|février|2011}}}}
* {{Lien web|langue=en|url=http://blogs.indiewire.com/thompsononhollywood/2011/02/02/glickman_named_president_of_mgm_motion_picture_group/# |titre=Jonathan Glickman Named MGM Production Chief |auteur=Anne Thompson |date={{date|2|février|2011}} |site=indiewire.com |éditeur=[[Indiewire|IndieWire]] |consulté le={{date|16|février|2011}} }}


== Bibliographie ==
== Bibliographie ==
=== Ouvrage de référence===
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Tino Balio|titre=United Artists|sous-titre=The Company Built by the Stars|lieu=Madison|éditeur=University of Wisconsin Press|année=1976|réimpression=2009|pages totales=446|isbn=978-0-299-23004-3}} {{Commentaire biblio|Ouvrage de référence.}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Tino Balio|titre=United Artists|sous-titre=The Company that Changed the Film Industry|lieu=Madison|éditeur=University of Wisconsin Press|année=1987|pages totales=446|isbn=0-299-11440-6}} {{Commentaire biblio|Ouvrage de référence.}}


=== Lectures complémentaires ===
* {{ouvrage|nom1=Tino Balio
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Steven Bach|titre=Final Cut|sous-titre=Dreams and Disaster in the Making of Heaven's Gate|lieu=New York|éditeur=[[HarperCollins|William Morrow & Co]]|année=1985|pages totales=432|isbn=0-688-04382-8}}.
|langue=en|titre=United Artists : The Company Built by the Stars
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Ronald Bergan|titre=The United Artists Story|lieu=New York|éditeur=[[Random House|Crown Publishers]]|année=1988|pages totales=352|isbn=978-0-517-56100-3}}.
|éditeur=University of Wisconsin Press
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Peter Bart|titre=Fade Out|sous-titre=Calamitous Final Days of MGM|lieu=New York|éditeur=[[Doubleday|Anchor Books]]|année=1991|mois=octobre|pages totales=292|isbn=0-385-41892-2}}.
|lieu=Madison
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=David J. |nom1=Londoner|prénom2=Tino |nom2=Balio|directeur2=oui|titre=The American Film Industry|titre volume=The Changing Economics of Entertainment|lieu=Madison|éditeur=University of Wisconsin Press|année=1985|pages totales=680|isbn=978-0-299-09874-2}}.
|année=1976
* {{Article |langue=en |auteur=Ben Fritz |titre=Sony finalizing distribution and co-financing deal with MGM, including next two 'Bond' films |revue=[[Los Angeles Times]] |date={{date|8|février|2011}} |texte=http://latimesblogs.latimes.com/entertainmentnewsbuzz/2011/02/sony-mgm-distribution-bond.html |consulté le={{date|10|février|2011}}}}.
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* {{Lien web|langue=en|url=http://blogs.indiewire.com/thompsononhollywood/2011/02/02/glickman_named_president_of_mgm_motion_picture_group/# |titre=Jonathan Glickman Named MGM Production Chief |auteur=Anne Thompson |date={{date|2|février|2011}} |site=indiewire.com |éditeur=[[Indiewire|IndieWire]] |consulté le={{date|16|février|2011}} }}.
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== Annexes ==
== Annexes ==

Version du 10 avril 2024 à 18:43

United Artists
United Artists Corporation
United Artists Films, Inc.
United Artists Entertainment, LLC
logo de United Artists
Logotype actuel de United Artists
illustration de United Artists
De gauche à droite au premier plan : D. W. Griffith, Mary Pickford, Charlie Chaplin (assis) et Douglas Fairbanks à la signature du contrat établissant la société United Artists en 1919

Création
Dates clés  : rachat par la Transamerica Corporation
mai 1981 : rachat par Metro-Goldwyn-Mayer
 : rachat par Sony Pictures Entertainment et Comcast
 : placement sous le chapitre 11 de la loi sur les faillites des États-Unis
Disparition Voir et modifier les données sur Wikidata
Fondateurs D.W. Griffith
Mary Pickford
Charlie Chaplin
Douglas Fairbanks
Personnages clés Joseph M. Schenck
Arthur B. Krim
Robert Benjamin (en)
Kirk Kerkorian
Ted Turner
Giancarlo Parretti
Tom Cruise
Roger Birnbaum
Gary Barber
Sylvester Stallone
Forme juridique filiale
Siège social 235-269 North Beverly Drive (en), Beverly Hills Drapeau des États-Unis États-Unis
Direction Roger Birnbaum
Gary Barber
Actionnaires Metro-Goldwyn-MayerVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité Distribution de film
Produits Film et logiciel[1]Voir et modifier les données sur Wikidata
Société mère Metro-Goldwyn-Mayer
Site web www.unitedartists.com
Société suivante Metro-Goldwyn-Mayer et United Artists Releasing (en)Voir et modifier les données sur Wikidata

United Artists (UA), connue aussi sous le nom de sa filiale française Les Artistes associés, est une société de distribution puis de production de cinéma américaine fondée le par quatre pionniers de Hollywood : Charlie Chaplin, Douglas Fairbanks, Mary Pickford et D. W. Griffith. Créée comme une coopérative destinée à distribuer les œuvres de ses fondateurs, elle se diversifie dans les années 1920 et années 1930 en attirant d'autres producteurs indépendants.

Dans les années 1940, des dissensions entre ses fondateurs amènent UA à la quasi-faillite. À partir des années 1950, elle entame une renaissance en commençant à financer la production indépendante. Sa progression se poursuit au cours des années 1960, et, dans les années 1970 à 1980, elle prend place dans la liste des 8 majors, les principaux studios hollywoodiens qui, règnent sur le cinéma américain. Dans les années 1990, victime d'une crise de management, elle amorce une période de déclin et redevient un simple distributeur. Elle ne renoue avec la production qu'à la fin des années 2000.

Mais, le , elle est placée sous le chapitre 11 de la loi sur les faillites des États-Unis.

Les années 1920 : la naissance

Actionnaires de UA après le 1er exercice ()
Douglas Fairbanks, Mary Pickford, Charlie Chaplin et D. W. Griffith en 1919
Action de la United Artists Studio Corporation de 999 parts de 100 $ chacune, émise le 4 septembre 1929 au nom de Mary Pickford Faribanks et signée par elle au verso de l'original (photo du bas)
Action de la United Artists Studio Corporation de 999 parts de 100 $ chacune, émise le 4 septembre 1929 au nom de Mary Pickford Faribanks et signée par elle au verso de l'original (photo du bas)
Premier logo de UA (1919-1967)

La genèse

Leur objectif est de contrebalancer le pouvoir des grands studios hollywoodiens qui, selon eux, engrangent d'énormes bénéfices à leurs dépens. Suivant les conseils de l'homme d'affaires William Gibbs McAdoo, ils décident de créer leur propre société de distribution. Le premier directeur de la société est Hiram Abrams.

La mise en place

D'emblée animée par la volonté de promouvoir les créateurs, United Artist se munit d'une infrastructure allégée, ne fournissant, dans un premier temps, ni plateaux, ni locaux de travail. Elle ne participe au départ qu'à la distribution des films. Elle accorde du reste un droit de gérance étendu aux réalisateurs (gestion des aspects artistiques et commerciaux)[2]. Si UA a toujours soutenu la production indépendante, la stratégie marketing de Krim et Benjamin se différencie de celle de l'équipe Chaplin-Pickford. Ainsi, au lieu de la financer, UA facture aux producteurs des frais de distribution avantageux. Alors qu'ils étaient de 30 %, ils plafonnent désormais à 25 %. Sorte d'impôt régressif, ils peuvent descendre jusqu'à 10 %.

La crise de l'offre

Gloria Swanson

Howard Hughes

Samuel Goldwyn

L'accès aux salles de cinéma

Les années 1930 : le développement

De nouveaux producteurs

Alexander Korda

Twentieth Century

Walter Wanger

Walt Disney

La première trace de coopération avec Walt Disney avec United Artists remonte avant [3], année où il signe un contrat qui prévoit pour la saison 1932, la réalisation de dix-huit "Mickey", ainsi que de dix-huit "Silly Simphonies" (en 1932, le nombre baisse à treize "Silly Simphonies").

Les années 1940 : les Artistes dissociés

David O. Selznick

David O. Selznick

La crise de l'après-guerre

Excédé par le comportement dictatorial de Selznick, Chaplin lui intente un procès l'accusant de non-respect de son contrat (droits de distribution accordés à RKO Pictures, notamment[4]). Après un contre-procès, les parties trouvent un arrangement en 1946, selon lequel UA rachète pour 2 millions de dollars à Selznick les droits de ses films. Le problème est que Chaplin et Pickford, tous deux opposés dans cette bataille judiciaire, sont depuis irréconciliables. Ainsi, dès 1948, Pickford veut vendre ses parts mais Chaplin refuse une offre conjointe de 12,5 millions de dollars de la part de Si Fabian, président de Fabian Theatres, et de Serge Semenenko, de la First National Bank of Boston. La récession économique d'après-guerre, la désaffection du public vis-à-vis des produits typiques des studios, le développement des suburbs et le peu de bénéfices récoltés à l'étranger font qu'en 1948, les banques suspendent le financement des producteurs indépendants[5]. Avec comme résultat pour UA que ces derniers refusent de livrer leurs films ou signent des contrats avec les majors. Face à cette pénurie d'offre, une dette de 200 000 dollars et des pertes de 65 000 par semaine, Chaplin et Pickford nomment en juillet 1950 une équipe de management dirigée par l'homme politique et diplomate Paul V. McNutt (en), lequel reçoit un droit de préemption de deux ans sur la compagnie, pour 5,4 millions[6],[7][source insuffisante].

Les années 1950 : la prise de contrôle par Arthur Krim et Robert Benjamin

Lorsqu'en février 1951, Arthur B. Krim et Robert Benjamin (en) prennent le contrôle de UA, la compagnie est au bord de la banqueroute et perd désormais 100 000 dollars par semaine. Après avoir convaincu Chaplin et Pickford que l'option McNutt n'est pas viable, Krim et Benjamin obtiennent un financement de 500 000 dollars de la part de Spyros Skouras, président de 20th Century Fox (en échange de tirer les copies des films UA en DeLuxe Color, une filiale de la Fox) et 3 millions de ligne de crédit de Heller Financial[4]. Ils prennent en fait le contrôle de UA sans verser un seul dollar (bien que Pickford estime la valeur de la compagnie à 5,4 millions) pour trois ans. Le contrat stipule que si UA dégage des bénéfices durant ces trois ans, leurs postes sont reconduits pour dix ans et ils se partagent chacun 50 % des parts[8]. Krim, qui fut président de Eagle-Lion Films de 1946 à 1949, débauche ses anciens collaborateurs, qui reprennent les mêmes fonctions à UA : William J. Heineman est nommé vice-président responsable de la distribution aux États-Unis et Max E. Youngstein (en), vice-président responsable de la publicité et de l'exploitation. Par ailleurs, l'équipe de management s'étoffe de l'avocat Seymour Peyser, conseiller juridique, d'Arnold V. Picker, qui reprend son ancienne fonction à la Columbia de vice-président responsable de la distribution à l'étranger et du producteur français Charles Smadja, responsable des ventes européennes. Quant à Krim et Benjamin, ils servent respectivement comme président et président du conseil d'administration, bien que Fortune précise que leurs rôles sont interchangeables[9]. Dans les faits, Krim s'occupe plus particulièrement des négociations avec les producteurs tandis que Benjamin a le rôle de directeur financier et sert d'intermédiaire entre UA, les banques et Wall Street[10].

Le pari de la production indépendante

En 1948, une cour suprême, dans un procès fédéral « antitrust » contre les majors de cinéma, proscrit le block booking et supprime l'intégralité des chaînes de cinéma des Big Five. Cette décision ne touche pas UA, étant donné qu'elle ne possède pas de réseau de salles (les United Artists Theatres ne sont pas sa propriété), mais signifie la fin du studio system. Cependant, ces derniers commencent à offrir à leurs stars des participations aux bénéfices atteignant 33 % (notamment de la part de Warner Bros. et Paramount Pictures pour John Garfield, Danny Kaye, Milton Berle, Bob Hope et Bing Crosby) et jusqu'à 50 % (de la part de Universal Pictures pour James Stewart dans Winchester '73[11]) et créent des unités de production semi-autonomes. Pour Krim, « Bien que nos films ne devraient pas être meilleurs que ceux d'Eagle-Lion au début, nous savions qu'une star ne dirait pas 'Je ne veux pas travailler avec United Artists' ou qu'une chaîne de cinéma ne dirait pas 'Vous n'avez rien à faire ici' »[12]. Mais la réputation seule du nom United Artists ne suffit pas. Selon Tino Balio, « si UA espérait pouvoir accéder aux meilleures salles, il fallait qu'elle possède des produits qui puissent rivaliser avec n'importe lesquels de ceux que les majors produisaient »[13].

Générique de L'Odyssée de l'African Queen, l'un des 100 plus grands films américains selon l'American Film Institute

La stratégie d'entreprise que Krim et Benjamin mettent alors en place reprend les études de Michael Porter[14] : alors qu'Hollywood fait face à la concurrence de la télévision, UA pousse son avantage concurrentiel en essayant de se différencier des majors et leur retirer des parts de marché. En attendant, UA acquiert gratuitement en échange de la vente de droits télévisés 200 films du catalogue Eagle-Lion, dont ceux de PRC Pictures, et en place 20 en distribution en 1951. Ces films de série B récoltent 200 000 dollars par semaine et permettent à la société de dégager 313 000 dollars de profit, permettant à Krim et Benjamin d'acquérir 50 % des parts de UA pour 8 000 dollars chacun. Par ailleurs, deux films produits par l'ancienne équipe, L'Odyssée de l'African Queen et Le train sifflera trois fois réussissent au box-office et sont depuis classés par l'American Film Institute parmi les 100 plus grands films américains. Enfin, la sortie de Bwana Devil en 1952, le premier film en relief, ouvre à UA la porte des grandes salles.

UA attire des stars

Burt Lancaster

Après le succès de Tant qu'il y aura des hommes pour la Columbia, qui récolte cinq Oscars en 1953, Hecht-Lancaster signe un contrat de cinq films pour UA. Bronco Apache, Vera Cruz (1954), L'Homme du Kentucky, Marty (1955) et Trapèze (1956) rapportent 42 millions de dollars sur une mise de 7,3[15]. Contrairement à Lancaster, UA aime le script de Marty[16], adaptation au cinéma d'une série télévisée, et le programme dans des salles d'art et essai le temps que le bouche à oreille se fasse. La stratégie paye : Marty, produit à 330 000 dollars, en rapporte 4 millions, plus quatre Oscars et la Palme d'or du Festival de Cannes. En 1956, le contrat est renouvelé pour cinq films : La Nuit des maris, Le Grand Chantage (1957), L'Odyssée du sous-marin Nerka, Tables séparées (1958) et Au fil de l'épée (1959)[17]. En 1959, UA distribue également quatre autres films à petit budget dans la veine de Marty, qui échouent au box-office : The Rabbit Trap, La Fin d'un voyou, Take a Giant Step et Summer of the Seventeenth Doll. Afin de compenser ses pertes, Hecht-Hill-Lancaster accepte de produire pour UA deux blockbusters mettant en scène Lancaster : Le Vent de la plaine et Elmer Gantry le charlatan (1960). Tandis que Hecht-Hill-Lancaster est dissoute en février 1960, Harold Hecht produit, seul, quatre films pour UA : Le Temps du châtiment, Le Prisonnier d'Alcatraz, Tarass Bulba et Les Trois soldats de l'aventure. Quant à James Hill, il produit, seul, pour UA Les Joyeux Voleurs. En 1964, UA rachète pour 920 000 dollars les parts de Lancaster dans les premiers films.

Kirk Douglas

Stanley Kramer

Frank Sinatra

John Wayne

Bob Hope

Yul Brynner

La compagnie en place

Le contrat avec les producteurs

Les projets soumis à UA prennent la forme d'un package comprenant un scénario, une équipe technique, un réalisateur et/ou une vedette. Si UA est d'accord sur le package, la préproduction démarre et la compagnie établit un accord de financement et de distribution. Le projet progresse par étapes. La première, appelée « recherche et développement », comprend l'écriture ou la réécriture du scénario, la préparation du budget et du processus de production, le consentement du réalisateur et du casting. UA a un droit de regard sur tous ces choix. Il arrive, comme pour Gary Cooper pour Vera Cruz en 1954, que certaines stars, en plus de leur commission, réclament un pourcentage du résultat brut d'exploitation au lieu d'un intéressement aux bénéfices. Cette pratique, rare durant les années 1950, devient courante dans les années 1970[18]. UA et le producteur prennent chacun en charge 50 % de ce coût. Étant donné que les contrats avec UA ne comprennent pas de clause d’exclusivité, le producteur peut, si aucun accord n'est trouvé sur le développement, user de son droit de turnaround (en), c'est-à-dire transférer son projet à un autre studio. Dans ce cas, UA lui facture les frais de développement. Si le projet ne trouve pas preneur ailleurs, ces derniers sont, soit passés par pertes et profits, soit facturés sur le prochain film du producteur.

Dès qu'UA donne le feu vert à un projet, la seconde étape -celle de préproduction- commence et la compagnie arrange le financement complet du film, généralement par emprunt. Bien que le producteur a la liberté artistique complète sur son œuvre, UA nomme un producteur exécutif qui lui envoie des informations financières quotidiennes, notamment sur le flux de trésorerie. Afin de se prémunir contre les dépassements de budgets, UA provisionne 10 % du budget et demande en plus aux producteurs novices d'obtenir un cautionnement permettant que le film soit terminé coûte que coûte. En échange du financement du film, UA reçoit la gestion des droits audiovisuels, soit les droits de distribution pour tous pays, toute langue et tout support, notamment la bande originale du film. En cas de remake ou d'adaptation télévisée, UA partage ses droits avec le producteur. Lorsque Krim et Benjamin prennent le contrôle de UA, les droits de distribution sont de seulement cinq ans. Les contrats signés depuis permettent d'étendre leur durée à dix ans, voire à perpétuité, si le producteur est intéressé. Le prix est alors basé sur la valeur résiduelle du film.

Lors de l'étape de la postproduction, UA s'assure que le film reçoit un visa de censure.

Après la distribution en salles, le producteur reçoit une commission fixée en proportion du risque qu'il a pris. UA déduit sa propre commission de distributeur ; le solde est utilisé pour payer les frais des copies et de la publicité, le remboursement des emprunts puis les salaires. Enfin, dans le cas de portefeuilles de plusieurs films, les bénéfices sont collatéralisés afin qu'UA soit sûre de percevoir un revenu moyen, même si un film du groupe ne dégage pas de profit.

En fait, UA n'a jamais dépensé de l'argent dans « l'art pour l'art » (sauf en 1981 avec La Porte du Paradis, ce qui entraînera sa faillite) et les deux questions essentielles discutées avec ses producteurs indépendants sont : est-ce qu'un film peut recouvrer son investissement et comment se partager les risques ? Dès lors, des films non conventionnels comme La Lune était bleue, La Nuit du chasseur, L'Homme au bras d'or, Les Sentiers de la gloire ou Douze hommes en colère (classé par l'American Film Institute parmi les 100 plus grands films américains), destinés à attirer un public plus pointu, sont considérés par Tino Balio comme des « risques calculés »[19].

Le marché de la série B

En 1957, après son entrée en bourse, UA décide de développer sa croissance organique par un effet de réseau. À la différence des majors (dont les films distribués passent d'une moyenne de 448 entre 1948 et 1952 à 366 sur 1953-57, puis 240 sur 1958-64[20]), UA augmente fortement le nombre de films distribués, avec pour but de réduire ses frais fixes[21]. Elle se tourne vers la série B, seule capable de générer du volume. La demande pour cette dernière, quoique limitée, perdure tout au long des années 1950, dans les petites villes[22], comme les aires métropolitaines ou les drive-in, où elle comble le trou entre deux sorties de série A[23]. Les principaux fournisseurs de séries B de UA sont Edward Small, Bel-Air Pictures et Security Pictures. Edward Small, qui signe un contrat avec UA en 1952 est, de loin, le plus important : il lui fournit 75 films d'exploitation en dix ans tout en lui proposant de temps à autre des séries A comme Témoin à charge ou Salomon et la Reine de Saba. Les budgets des films de Small, tournés en 7-9 jours, sont compris entre 100 000 et 300 000 dollars. Rapportant entre 300 000 et 500 000 dollars, ils ne contribuent que peu à la commission de distributeur de UA ou à sa réputation. En revanche, par le volume qu'ils génèrent (UA distribue en moyenne 25 films d'exploitation par an), la compagnie réduit ses frais fixes et obtient des rendements d'échelle[24] Ces films consistent en des westerns, des films noirs (la série des Confidential) ou des films de science-fiction (spacers) et d'horreur (chillers) qu'UA distribue en double programme, suivant la pratique de l'époque.

La diversification

En 1957, peu après son entrée en bourse, UA se diversifie en interne avec pour but de dégager des synergies, voire de devenir une compagnie intégrée. À cet effet, elle crée trois filiales : la compagnie de distribution et de production United Artists Television, le label United Artists Records et la maison d'édition United Artists Music. UA ne sera guère heureuse dans ces différents secteurs et restera tout au long de son histoire essentiellement un distributeur de films.

Production télévisée

UA s'engage dans la production audiovisuelle plus tard que les autres studios, qui fournissent déjà à l'époque la plupart des programmes de première partie de soirée. Appliquant son financement de la production indépendante à la télévision, UA lance cinq séries d'une demi-heure pour la saison 1959-60. Troubleshooters est programmé sur NBC[25] et The Dennis O'Keefe Show sur CBS. La recherche de synergies pousse à lancer Tales of the Vikings, série dérivée des Vikings et Miami Undercover (en), d'Aubrey Schenck, un producteur UA. Ces deux séries ne sont diffusées qu'en syndication et la cinquième, Hudson's Bay, n'est jamais diffusée. En 1960, United Artists Television (UA-TV) acquiert pour environ 7 millions de dollars Ziv Television Programs, qui accuse une dette de 10 millions. Selon Krim, « Nous avons acquis cette compagnie au moment où la syndication commençait à décliner et le contrôle du marché par les réseaux augmentait »[26]. Ce marché, caractérisé par pléthore d'offre (les producteurs) et peu de demande (les trois réseaux), ne connaît pas d'équilibre économique. Aussi, Ziv-United Artists n'arrive à placer aucun des douze pilotes qu'elle produit et subit la concurrence du studio MCA/Universal et de producteurs de télévision comme Bing Crosby, Desilu, Four-Star, Filmways ou Quinn Martin. En 1962, UA renonce à son rôle de producteur, renomme à nouveau sa filiale en United Artists Television et revient au financement de la production indépendante. Durant la saison 1962-63, UA-TV vend Stoney Burke à ABC et durant la saison 1963-64 parvient à placer six séries en première partie de soirée, dont East Side/West Side, Au-delà du réel et Le Fugitif. L'année suivante, c'est au tour de L'Île aux naufragés. À ce moment, le contrôle des réseaux est complet et la concurrence entre producteurs plus féroce que jamais. Étant donné qu'UA-TV n'a pu se hisser qu'à la 8e place parmi ces derniers et n'a engrangé que 37 millions de dollars sur la période 1960-64[27], elle décide de se rabattre sur la location de films aux chaînes de télévision[28].

Location de films aux chaînes en syndication et aux réseaux

Dès 1955, RKO et Warner Bros. vendent leurs catalogues pré-1950 à, respectivement, General Teleradio et Associated Artists Productions. Malgré la crainte des exploitants de salles face à la syndication (auxquels UA applique le même pourcentage), UA suit et dépasse même la tendance en étant la première major à louer son catalogue post-1950, essentiellement des films britanniques, dont ceux d'Eagle-Lion. En 1957, UA rachète pour 27 millions de dollars à Associated Artists Productions le catalogue pré-1950 de la Warner, soit 800 films sonores, 200 muets, 1 400 courts métrages, dont les séries des films d'animation Looney Tunes, Merrie Melodies et Popeye[29]. En 1959, UA rachète pour 3,7 millions le catalogue pré-1950 de la RKO, si bien que l'année suivante, elle est à la tête du plus important catalogue de films d'Hollywood. L'on estime en 1958 que la cession de droits télévisés a rapporté 200 millions de dollars aux majors[30].

À la date de 1960, les films pré-1950 sont diffusés en masse à la télévision, qui est devenue un acteur de l'industrie du cinéma, au même titre que les exploitants. Les droits de diffusion d'un long métrage (deux passages) passent ainsi de 10 000 dollars en 1955 à 150 000 en 1960, les films ayant réussi au box-office et les blockbusters étant facturés plus cher[31]. En 1964, UA commence à vendre des packages de films récents aux réseaux CBS et ABC, suivis en 1965 par NBC. Le contrat de 125 millions de dollars négocié avec ce dernier en 1967 est alors le plus important jamais signé[32]. Quatre de ces films (West Side Story, Un monde fou, fou, fou, fou, La Plus grande histoire jamais contée et Tom Jones) sont vendus pour la somme jamais vue de 5 millions l'unité. De fait, la cession de droits télévisés permet de compenser les pertes à l'exploitation mais constitue également une seconde source de profit pour UA.

Production et publication de musique

Logo de United Artists Records (1971-1980)

L'entrée de UA dans l'industrie musicale est également tardive. À l'époque, le marché est dominé par des majors comme Columbia Records, RCA Victor, Capitol Records et Decca Records, tandis que tous les studios hollywoodiens s'y sont déjà diversifié ou sont sur le point de le faire. Pour percer sur le secteur, UA entend dégager des synergies avec le cinéma en commercialisant des LP ou des singles issus de ses musiques de film et, secondairement, monter un catalogue sur les niches que constituent la musique populaire ou classique[33]. Le label devient rapidement populaire dans les années 1960 avec la sortie de singles extraits de la musique des films Les Sept Mercenaires, Exodus, Jamais le dimanche, La Panthère rose et Goldfinger, mais pas de sa comédie musicale la plus rentable, West Side Story, dont la bande originale est distribuée par Columbia Records. Le plus grand hit de United Artists Records est l'album de 1964 des Beatles A Hard Day's Night, qui se vend certes à 2 millions d'exemplaires en pleine beatlemania, mais confirme que la synergie n'est réalisable que sur les bandes originales. Or, le catalogue United Artists Music est daté, ses disques sont distribués uniquement par des disquaires indépendants et UA n'est pas prête à y investir, bien que cette filiale contribue à 25 % de son chiffre d'affaires en 1966.

Après la prise de contrôle de UA par la Transamerica Corporation (TA) en 1967, cette dernière acquiert (contre l'avis de UA) Liberty Records pour 22 millions de dollars en 1968. Avec la fusion, la nouvelle entité, renommée Liberty/United Artists Records, accède à la 6e place des majors. Liberty/UA dégage des profits les deux premières années mais perd, respectivement, 5,1 millions de dollars en 1970 et 3,8 millions en 1971. UA réorganise Liberty/UA, remplace l'équipe de management, réduit les frais généraux et la renomme à nouveau en United Artists Records. À l'issue d'une nouvelle réorganisation, TA se sépare des branches de distribution de United Artists Records en 1973 et de production en 1975. L'ensemble est renommé en United Artists Records and Music Group Inc. (UARMG). En 1976, United Artists Records ne contribue toujours qu'à 25 % du chiffre d'affaires de UA[34]. En 1978, Artie Mogull et Jerry Rubinstein rachètent la filiale à TA grâce à un prêt d'EMI. Avec le passage de son label Jet Records chez CBS Records en 1979, United Artists Records, renommée Liberty/United Records, perd du même coup Electric Light Orchestra. Incapable de recouvrer son investissement, EMI démantèle Liberty/United Records la même année, la renomme en Liberty Records, et la fusionne en 1980 avec Capitol Records[35]. En 1986, le producteur de cinéma Jerry Weintraub, appelé à la rescousse pour revitaliser UA, tente, sans succès, de relancer United Artists Records.

Les années 1960 : les blockbusters

Les blockbusters de United Artists 1957-1969
Titre (Producteur et date) Bénéfice
USA
en
millions
de $
Opération Tonnerre (McClory - Saltzman - Broccoli, 1965) 27
West Side Story (Mirisch - Seven Arts, 1961) 25
Goldfinger (Saltzman - Broccoli, 1964) 22,5
Un monde fou, fou, fou, fou (Kramer, 1963) 19,3
Tom Jones (Woodfall, 1963) 18
Hawaï (Mirisch, 1966) 16
Irma la Douce (Mirisch, 1963) 12,1
Dans la chaleur de la nuit (Mirisch, 1967) 11
Macadam Cowboy (Hellman - Schlesinger, 1969) 11
Les Russes arrivent (Mirisch, 1966) 10
La Garçonnière (Mirisch, 1960) 9,3
Bons baisers de Russie (Saltzman - Broccoli, 1963) 9,2
Exodus (Preminger, 1960) 8,7
Quoi de neuf, Pussycat ? (Feldman, 1965) 8,7
Certains l'aiment chaud (Mirisch, 1959) 8,3
Alamo (Wayne, 1960) 8
Chitty Chitty Bang Bang (Broccoli, 1968) 7,5
La Plus grande histoire jamais contée (Stevens, 1965) 7
Quand l'inspecteur s'emmêle (Mirisch, 1964) 6,7
L'Affaire Thomas Crown (Mirisch, 1968) 6,1
Les Vikings (Douglas, 1958) 6
La Panthère rose (Mirisch, 1963) 6
A Hard Day's Night (Shenson, 1964) 6
Help! (Shenson, 1965) 6
Pendez-les haut et court (Eastwood, 1968) 6
Salomon et la Reine de Saba (Small, 1959) 5,5
James Bond 007 contre Dr No
(Saltzman - Broccoli, 1963)
5,5
La Grande Évasion (Mirisch, 1963) 5,5
Elmer Gantry le charlatan (Brooks, 1960) 5,2
Le Dernier Rivage (Kramer, 1959) 5
Jugement à Nuremberg (Kramer, 1961) 5
Le Bon, la Brute et le Truand
(Produzioni Europee Associati, 1967)
5
Orgueil et Passion (Kramer, 1957) 4,5
Le Grand McLintock (Wayne, 1963) 4,5
Quel numéro ce faux numéro ! (Small, 1966) 4,4
Les Trois Sergents (Sinatra, 1962) 4,3
La Brigade du diable (Volper, 1968) 4,2
Les Désaxés (Seven Arts, 1961) 4,1
Les Cavaliers (Mirisch, 1959) 4
Jamais le dimanche (Dassin, 1960) 4
Topkapi (Filmways - Dassin, 1964) 4
Sources : (en) Variety (magazine), , p. 25, 27, 32[36]

Le marché de la série A

La tendance de la « grosse machine » (ou blockbuster) débute en 1952 avec des films comme Quo Vadis de la MGM, L'Odyssée de l'African Queen de UA et Sous le plus grand chapiteau du monde de la Paramount puis se poursuit l'année suivante avec l'introduction de nouveaux formats de projection comme le Cinérama, le film en relief et le CinemaScope. Ces innovations techniques permettent à l'industrie cinématographique de se différencier de la télévision tandis que l'augmentation du prix du billet compense la baisse de la fréquentation[37]. En résumé, en adoptant la formule du blockbuster, Hollywood fait sienne la devise de Business Week: « Make them big, show them big ; and sell them big[38] ». Le résultat ne se fait pas attendre : avant La Tunique, le 1er film en CinemaScope en 1953, seulement 100 films ont atteint la barre des 5 millions de dollars de recettes. Un an et demi après ce succès de la Fox, on en compte plus de 30[39].

Les blockbusters de UA

Avant son entrée en bourse, UA ne distribue qu'une poignée de blockbusters: L'Odyssée de l'African Queen, Vera Cruz, La Comtesse aux pieds nus, Alexandre le Grand et Le Tour du monde en 80 jours. Le producteur de ce dernier, Michael Todd, a déjà sorti l'année passée Oklahoma !, tourné en Todd-AO et adapté d'une comédie musicale à succès de Broadway par Rodgers et Hammerstein. Autre principale base d'un blockbuster, le best-seller, qui lui sert cette fois-ci pour Le Tour du monde en 80 jours. Budgeté à 2,5 millions de dollars, le film accuse un dépassement de 3,5 millions lorsqu'il est pris en distribution internationale par UA contre 2 millions. Après une avant-première au Rivoli, à New York, le , il est programmé lors des fêtes de fin d'année dans les grandes salles des métropoles disposant du Todd-AO, puis mis en distribution générale dans le reste du pays en CinemaScope, au prix normal du billet. Fin 1958, Le Tour du monde a rapporté 23 millions de dollars (dont 10 % pour UA) et plusieurs Oscars, dont celui du meilleur film.

La Bourse aide UA à financer ses blockbusters tandis que des coûts de production plus bas que ses concurrents (2,3 millions contre 2 millions en 1965 et 3 en 1968[40]) lui évitent les aléas du « nobody knows[41] ». UA met en œuvre plusieurs parades pour éviter le flop : la collatéralisation, déjà évoquée (qui, par exemple, lui permet de ne perdre que 700 000 dollars au lieu de 2,5 millions sur Pour que vivent les hommes et Orgueil et Passion) ; le marchandisage d'un roman (par exemple, Exodus de Leon Uris avant la sortie de son adaptation) et l'évaluation du bilan d'un producteur (par exemple, Albert R. Broccoli et Harry Saltzman ne sont pas autorisés à produire autre chose que des James Bond tant que la série n'a pas dégagé de bénéfices substantiels)[42]. En dépit de ces protections, le flop survient : celui de La Plus grande histoire jamais contée

L'échec de La Plus grande histoire jamais contée

Développé à la Fox, La Plus grande histoire doit être tourné aux États-Unis (les autres blockbusters sont généralement produits offshore) et a déjà coûté 2,3 millions de dollars en préproduction. La Fox, qui ne peut se le permettre[43], remet le film dans le turnaround (en). En reprenant le projet, UA rembourse à la Fox ses frais de préproduction (1 million de dollars), accorde au producteur-réalisateur George Stevens une commission de 300 000 dollars et décide d'un partage des bénéfices de 25 % pour UA et 75 % pour Stevens. Plus inhabituel, UA ne s'assure pas contre les dépassements de budget, pour plusieurs raisons selon Tino Balio : La Plus grande histoire, budgétée à 7,4 millions de dollars pour 23 semaines de tournage, est présentée comme « un film intimiste sur Jésus-Christ » ; Spyros Skouras, président de la Fox, déclare que le film possède un potentiel de 100 millions de dollars de bénéfices, tandis que Stevens est décrit par Time Magazine comme « intègre, respecté et capable »[44],[45]. Pourtant, La Plus grande histoire dépasse son budget dès l'entrée en production et UA révise son budget à 12 millions de dollars à l'été 1963 et espère encore, à la vue des résultats d'un autre film en Cinérama, La Conquête de l'Ouest de la MGM, que ce format de projection peut permettre au film de gagner 40 millions de dollars[46]. Le film sort sans avant-première[47] et reçoit de mauvaises critiques unanimes, sauf de la part de Variety. Bien qu'UA espère un retour sur investissement positif sur 5 à 10 ans, en 1965, elle passe par pertes et profits 60 % de la valeur du film (qu'elle récupère partiellement lors de sa location à NBC en 1967). Finalement, un an après sa sortie, le film a rapporté 12,1 millions de dollars[48]. Si La Plus grande histoire jamais contée ne cause pas trop de dommages, c'est qu'UA, à la différence de la Fox avec Cléopâtre, dispose d'un réservoir de blockbusters en distribution (voir tableau ci-contre).

Les frères Mirisch

Le contrat entre la Mirisch Company et UA n'est pas différent des autres : UA accepte de financer un minimum de quatre films par an sur trois ans à partir du , collatéralise les films, partage les profits 50-50 %, applique sa commission de distributeur habituelle, verse une commission hebdomadaire aux frères pour poursuivre l'activité et prend en charge leurs frais fixes (très bas, puisque de l'ordre de 2,5 %[49]). Comme les autres producteurs indépendants de UA, « ils ne pouvaient rien dépenser sans notre approbation. Tant que nous étions concernés, ils étaient comme notre bureau sur la côte Ouest ou notre filiale. Ils donnaient de l'autonomie à beaucoup de monde, mais toujours avec notre autorisation. Avec les Mirisch, tout était fait sur la base de relations les plus étroites possibles ; nous avions grand respect pour tout ce qu'ils faisaient et, de fait, il y avait peu de conflits[50] ».

Marilyn Monroe dans Certains l'aiment chaud, l'un des 100 plus grands films américains selon l'American Film Institute

Walter et Harold Mirisch décident de se concentrer sur les réalisateurs, seuls capables selon eux, d'attirer des stars et signent des multi-contrats avec des cinéastes confirmés comme Billy Wilder, John Sturges, Robert Wise et George Roy Hill, mais aussi Blake Edwards et Norman Jewison, tandis que d'autres tels Joseph Newman, Michael Curtiz, Daniel Petrie, Walter Grauman ou Gordon Douglas sont rémunérés à la tâche sur un scénario déjà finalisé. Le premier des 12 films des Mirisch pour UA est un film d'exploitation, Fort Massacre. Il est immédiatement suivi par des films à plus gros budget : L'Homme de l'Ouest (1958), qui échoue, et Certains l'aiment chaud (1959), qui, produit à trois millions de dollars, en rapporte 13 ainsi que de nombreuses récompenses[51]. À l'exception d'Irma la Douce (15 millions de dollars en 1963), les films suivants de Wilder (La Garçonnière en 1960 et Un, deux, trois en 1961) rapportent peu, voire perdent de l'argent (Embrasse-moi, idiot en 1964 et La Grande Combine en 1966). S'il est clair que la carrière de Wilder marque le pas[52], UA n'en laisse officiellement rien paraître (mais lui refuse un projet) et annonce en 1965 l'extension de son contrat à trois films : La Vie privée de Sherlock Holmes, Avanti! et la coproduction franco-allemande Fedora.

Après que leur contrat avec UA est étendu à vingt films en 1959, les Mirisch produisent pour un public adulte deux adaptations de pièces de Lillian Hellman : La Rumeur et Le Tumulte, qui perdent de l'argent. Les Mirisch ont plus de chance avec des westerns/films d'action comme Le Shérif aux mains rouges, Les Cavaliers, deux films de Sturges (Les Sept Mercenaires et La Grande Évasion) ou Les Rois du soleil. Les deux vehicles (en) à la gloire d'Elvis Presley (Le Shérif de ces dames et Un direct au cœur) marchent bien, tout comme les premiers films de la collaboration Blake Edwards/Peter Sellers : La Panthère rose, Quand l'inspecteur s'emmêle et la série d'animation dérivée, coproduite avec DePatie-Freleng Enterprises[53]. La Mirisch Company récupère enfin trois projets développés chez Seven Arts Productions : l'adaptation d'un best-seller (Par l'amour possédé) et de deux comédies musicales de Broadway (Deux sur la balançoire et West Side Story). Le premier, signé Sturges, comme le second, dirigé par Wise, sont des échecs au box-office. Robert Wide et Jerome Robbins ont plus de chance avec West Side Story qui, après une avant-première le au Rivoli de New York est projeté durant 68 semaines et devient le champion au box office de 1962[54]. Rapportant à cette date 19 millions de dollars aux États-Unis et 30 millions à l'étranger, West Side génère 2,5 millions de profits, environ 12 millions de commission de distributeur pour UA, un million pour les Mirisch[55] et est récompensé par dix Oscars. À l'issue de leur premier contrat, les 20 films des Mirisch ont rapporté 35 millions de dollars de commission de distributeur pour UA, sans parler de leur valeur résiduelle, notamment en cession de droits télévisés, estimée par UA à 92 millions en 1963 et 125 en 1968[56].

Le deuxième contrat des Mirisch, signé le après qu'ils eurent acquis 62 069 actions de UA[55], est plus avantageux. Cependant, des rumeurs de leur passage chez Paramount[57] obligent UA à étendre leur contrat de 20 à 48 films (un lot de 20 films et deux lots de 14) sur la période 1964-74. Le premier film du contrat est Hawaï, une superproduction développée dès 1960 sur la base du best-seller de James A. Michener. George Roy Hill y remplace Fred Zinnemann et dépasse de 4 millions de dollars le budget initial de 10 millions, n'empêchant pas le film d'être le plus profitable du lot de 20 films, rapportant 19 millions et engendrant une suite en 1970, Le Maître des îles. La collaboration des Mirisch avec Blake Edwards se poursuit et ce dernier obtient 375 000 dollars par film comme réalisateur (voire 150 000 de plus comme scénariste) et 20 % des profits. Qu'as-tu fait à la guerre, papa ?, produit à 7 millions de dollars, en perd 4 et est un échec critique[58], si bien que les Mirisch tentent, sans Edwards, sans Sellers (pris par La Party) et sans succès, de revitaliser le personnage de Jacques Clouseau avec L'Infaillible Inspecteur Clouseau. Le western traditionnel décline dans les années 1960 (au profit du western spaghetti vers lequel UA se tourne dès 1964) et il en va de même de la carrière de John Sturges : Sur la piste de la grande caravane et Sept secondes en enfer sont des échecs, tout comme son recyclage dans le film d'espionnage avec Station 3 ultra secret.

Par contre, cette période voit monter le producteur-réalisateur Norman Jewison : Les Russes arrivent est le sleeper de 1966 et rapporte 12 millions de dollars sur une mise de 3,9. Suivent à intervalle d'un an Dans la chaleur de la nuit et L'Affaire Thomas Crown. Parce que les Mirisch pensent que Dans la chaleur de la nuit ne sortira jamais dans le Sud (et a peu de chance de marcher ailleurs[59], il est produit à bas coût (2 millions de dollars). Il en rapporte 16, plus cinq Oscars, dont celui du meilleur film[60] et engendrera deux suites (Appelez-moi Monsieur Tibbs et L'Organisation) et une série dérivée. UA accorde à Jewison l'un des meilleurs contrats jamais signé par elle, soit 550 000 dollars sur 5 films et jusqu'à 22,5 % des profits. Malgré le succès de L'Affaire Thomas Crown, qui rapporte 11 millions sur une mise de 4,3, à l'issue de leur second contrat, le bilan des Mirisch est décevant pour UA : 21 millions de dollars de bénéfices, contre 35 pour le premier lot[61].

Les deux contrats de 14 films des Mirisch débute au moment où Hollywood traverse en 1968-72 la plus grave récession économique de son histoire. Les Mirisch poursuivent leur politique de suites avec Le Retour des sept, Les Colts des sept mercenaires et La Chevauchée des sept mercenaires, des séries B tournées en Espagne comme telles par Burt Kennedy, Paul Wendkos et George McCowan, qui marchent bien, surtout hors des États-Unis. Mis à part Dans la chaleur de la nuit, la Mirisch Company rate, par contre, le coche du Nouvel Hollywood, dont les fers de lance sont Bonnie et Clyde (Warner Bros.-Seven Arts), Le Lauréat (Embassy Pictures mais distribué au Royaume-Uni par UA) et Easy Rider (Columbia)[62]. Des films destinés au public de jeunes adultes comme Davey des grands chemins de John Huston, The First Time de James Neilson, Colère noire de Paul Bogart, Gaily, Gaily de Jewison et Le Propriétaire, le premier film de Hal Ashby, sont tous des échecs. Sans Un violon sur le toit, toujours de Jewison, qu'UA coproduit sans l'assentiment des Mirisch[63], leur lot de 14 films aurait été désastreux. Il ne rapporte à UA qu'un maigre million de dollars, qui ne couvre même pas les frais de distribution. Les Mirisch ne sont pas plus satisfaits, depuis qu'UA les oblige à sabrer la moitié de leurs frais fixes en 1970[64] et leur propose, s'ils le souhaitent, de ne produire aucun des 14 films restants. Finalement, la Mirisch Company n'en produira que quatre : Avanti!, Scorpio de Michael Winner et deux films de Richard Fleischer, Du sang dans la poussière et Mister Majestyk, ceci jusqu'à extinction de leur contrat avec UA, le .

James Bond

Lorsque Albert R. Broccoli et Harry Saltzman signent leur contrat avec UA en juin 1961, Ian Fleming a déjà écrit 9 James Bond, d'Espions, faites vos jeux (Casino Royale) au dernier en date, Opération Tonnerre, sans parvenir à entrer dans la liste des best-sellers, ni à décrocher un contrat à Hollywood[65]. En 1955, dépité, il vend pour 6 000 dollars les droits cinématographiques de Casino Royale au producteur Gregory Ratoff (les droits télévisés ayant déjà été acquis par CBS, qui en avait tiré un téléfilm l'année précédente). En 1960, dans l'impossibilité de trouver des fonds pour une adaptation à l'écran de Casino Royale, Ratoff revend les droits au producteur Charles K. Feldman. En 1959, Fleming s'attèle néanmoins à un scénario, Opération Tonnerre, écrit en compagnie de Kevin McClory et Jack Whittingham mais ne trouve pas plus de débouchés que Ratoff. Il publie Opération Tonnerre sous forme de roman sans créditer McClory, qui lui intente un procès, qui dure jusqu'en 1963.

Les discussions avec Broccoli ont lieu au siège de UA à New York en compagnie de Krim, Benjamin et David V. Picker… tandis que, pendant ce temps, Saltzman essaie de vendre le projet à la Columbia quelques étages plus bas! UA accepte de financer James Bond 007 contre Dr No mais le contrat avec Danjaq, une holding basée à Lausanne, société mère de EON Productions, n'est signé que le . Il ne diffère pas des autres contrats signés à l'époque. Avec 2 millions de dollars de bénéfices aux États-Unis et 4 à l'international, Dr No marche bien, mais ne fait pas de score exceptionnel. Il est cependant prévu que si Dr No et l'opus suivant, Bons baisers de Russie, récupèrent leur investissement, la part de Danjaq dans les bénéfices passe de 50 à 60 %. Le phénomène Bond (et les budgets) décolle avec Goldfinger, qui coûte environ 3 millions de dollars et en rapporte 46 dans le monde entier, grâce à une politique de marketing indifférencié par saturation des salles et un intéressement des exploitants. Cependant, Variety calcule qu'UA récupère finalement 80 % des bénéfices du film, depuis classé avec Dr No par le British Film Institute comme l'un des 100 meilleurs films britanniques[66]. À partir de Goldfinger, chaque Bond rapportera à l'international le double des États-Unis. Il en va ainsi d'Opération Tonnerre, produit grâce à un arrangement avec McClory, qui a obtenu de la justice les droits sur le personnage d'Ernst Stavro Blofeld et sur le SPECTRE. En échange, McClory est nommé producteur et reçoit 250 000 dollars et 20 % des profits, à condition de ne pas produire de remake avant 10 ans (ce sera Jamais plus jamais en 1983, dont UA rachète les droits de distribution en 1997[67]). De même, en 1964-65, UA tente de persuader Feldman de trouver un accord avec Saltzman et Broccoli sur Casino Royale. Éventuellement, UA est prête à signer un contrat séparé avec Feldman, qui a déjà 4 films en cours pour UA (La Septième Aube, Quoi de neuf, Pussycat ?, Le Groupe et Guêpier pour trois abeilles). En mai 1965, Feldman réclame 75 % des recettes, ne laissant que 25 % à Saltzman, Broccoli et UA[68],[69]. Finalement, UA laisse tomber et la parodie Casino Royale est distribuée en 1967 par la Columbia. Produit à 8 millions de dollars, contre 10 pour On ne vit que deux fois, Casino Royale est un échec qui handicape ce dernier (qui ne rapporte que 19 millions aux États-Unis), mais ne cause pas de dommages à la série. En rachetant la société de production de Feldman, UA acquiert la moitié des droits de Casino Royale, le restant étant la propriété de la Columbia. Aussi, lorsque cette dernière envisage en 1997 plusieurs remakes sans UA (Casino Royale et Opération Tonnerre), la justice la déboute[70].

La série poursuit son chemin au rythme d'un film tous les deux ans, sans que les changements d'acteurs viennent démentir son succès (et sa longévité). En 1967, UA révise son contrat avec Saltzman et Broccoli et leur accorde 75 % des bénéfices. On estime que les deux producteurs ont empoché 30 millions de dollars sur la série en 1974[71]. Seulement, à cette date, Saltzman et Broccoli ne sont pas dans la même santé financière : Saltzman a investi massivement dans la Technicolor Motion Picture Corporation, a produit pour UA des films qui n'ont pas marché (Un homme de trop, Un cerveau d'un milliard de dollars, Enfants de salauds et La Bataille d'Angleterre) et a besoin de liquidités[71]. Par ailleurs, les deux producteurs ne sont plus en état de se parler et ne font plus d'affaires ensemble (ils produisent les Bond à tour de rôle depuis 1966[18]). Aussi, lorsque Broccoli refuse de racheter les parts de Saltzman et que ce dernier prend langue avec la Columbia pour une vente, UA tape du poing sur la table et force l'arrangement. Le , UA rachète pour 26 millions de dollars les parts de Saltzman dans Danjaq. Et du moment où Danjaq et UA sont coproducteurs, UA possède désormais à perpétuité les droits de distribution de la série. Avec le rachat de UA par Sony Pictures Entertainment, société mère de la Columbia, le , la série est, depuis le remake de Casino Royale de 2006, distribuée par Columbia.

Le marché du cinéma européen

Les productions étrangères distribués aux États-Unis (sauf mention contraire, par des indépendants) consistent essentiellement en des films d'exploitation, des œuvres du néoréalisme italien, les comédies britanniques, Les Chaussons rouges de Powell-Pressburger (distribué par Universal), Hamlet de Laurence Olivier (par Eagle-Lion Films), Rashōmon d'Akira Kurosawa (par RKO), Los Olvidados de Luis Buñuel, La Ronde et Le Plaisir de Max Ophüls (par Columbia), Les Contes de la lune vague après la pluie de Kenji Mizoguchi, Les Vacances de monsieur Hulot de Jacques Tati, Les Diaboliques de Henri-Georges Clouzot, Les Vitelloni et La Strada de Federico Fellini, Sourires d'une nuit d'été (par Rank) et Le Septième Sceau d'Ingmar Bergman. La douzaine d'indépendants qui se partagent le marché (dont les plus importants sont Joseph Burnstyn, Kingsley-International, une filiale de la Columbia, Brandon Films et Lopert Films) ne disposent pas des finances nécessaires pour assurer correctement la promotion de ces films[69] : rares sont ceux qui dépassent les 100 000 dollars de recettes et encore moins les 500 000 (Les Diaboliques, La Strada et Du rififi chez les hommes de Jules Dassin). La situation change en 1956 avec Et Dieu… créa la femme de Roger Vadim, qui passe outre le code Hays en étant distribué par Kingsley-International et rapporte la somme jamais vue de 3 millions de dollars[72]. En 1958, surfant sur la vague Brigitte Bardot, UA rachète Lopert Films pour 840 000 dollars (dont 480 000 de dettes) et ses options sur le film Une Parisienne pour 500 000 dollars[73]. Renommée en Lopert Pictures Corporation, la filiale distribue de 1959 à 1969 environ 5 films l'an parmi la vingtaine de films produits par UA hors des États-Unis. Dès le deuxième, Jamais le dimanche, UA expérimente une variante de la distribution par saturation, dite Premiere Showcase : soutenu par une campagne de promotion dans des journaux ciblés du Grand New York, le film est distribué dans 12 cinémas (salles d'art et essai et multiplexes). Produit à 150 000 dollars, le film rapporte 4 millions. À l'exception de Tom Jones en 1963, les films suivants distribués via Lopert ne trouvent pas leur public hors de leur pays d'origine. En 1967, Time Magazine écrit à propos des films du Nouvel Hollywood que leur bonne réception prouve que « l'innovation n'est plus le pré carré des salles d'art et essai mais désormais une caractéristique du cinéma hollywoodien »[62]. Le marché du cinéma d'auteur étranger disparait totalement à la fin des années 1960 : Variety rapporte qu'aucun d'entre eux n'a dépassé la barre du million de dollars sur la période 1967-72[74]. UA ferme sa filiale Lopert en 1970. Ce n'est qu'en 1981 que Michael Barker, Tom Bernard et Marcie Bloom créent l'éphémère division United Artists Classics avant de quitter UA pour Orion Pictures au sein de laquelle ils développent Orion Classics à partir de 1983.

Productions anglaises

En 1948, le British Film Production Fund est créé par le gouvernement afin de soutenir les producteurs britanniques grâce à une taxe sur les exploitants, rendue obligatoire avec le Cinematograph Films Act de 1957. Les films faits en coproduction sont également éligibles au fonds, plus connu sous le nom d'Eady Money[75], et c'est la solution que choisit UA en annonçant dès 1958 un programme de productions britanniques comprenant deux films avec Alec Guinness (De la bouche du cheval et Les Fanfares de la gloire) et des films coproduits avec la Hammer (Le Chien des Baskerville de Terence Fisher et Tout près de Satan de Robert Aldrich). Mais ce n'est qu'en 1962 qu'UA s'investit pleinement en signant avec EON Productions et Woodfall Films.

Depuis six ans, Tony Richardson et consorts ont lancé le Free Cinema, qui « atteint et révèle un nouveau public dont l'existence est restée insoupçonnée, aussi bien de l'industrie cinématographique que de l'establishment culturel[76] ». Les premiers films de Woodfall, qui s'attachent à dépeindre la vie de la classe ouvrière, sont des échecs commerciaux, à l'exception de Samedi soir, dimanche matin de Karel Reisz, qui fait d'Albert Finney une star et Un goût de miel de Richardson, qui révèle Rita Tushingham. Avec Tom Jones, UA pense tenir quelque chose de spécial et accepte le de financer le film pour 1,25 million de dollars. La critique est partagée après l'avant-première au London Pavilion en juin 1963 et se pose le problème de l'aversion traditionnelle du public américain pour les films en costumes anglais[77]. Pour la sortie de Tom Jones aux États-Unis, UA organise des projections de presse ciblées à New York, Los Angeles, San Francisco et Chicago et ne sort le film que dans une seule salle d'art et essai, le Cinema I, dans l'Upper East Side, le . Plus tard, le film sort dans une autre salle d'art et essai de Los Angeles et ce n'est qu'à Noël 1963 que, le bouche à oreille ayant fonctionné, le film est distribué dans 18 salles de 12 aires métropolitaines. Pour la sortie dans de plus petites villes du Sud et du Midwest, UA remplace l'affiche originale par une autre, plus « paillarde ». En mai 1964, après avoir décroché quatre Oscars, dont celui du meilleur film, Tom Jones a déjà rapporté 8 millions de dollars aux États-Unis et 4 à l'international. UA signe avec Woodfall un contrat non exclusif de huit films. Les trois suivants sont des œuvres à petit budget : La Fille aux yeux verts (le premier film de Desmond Davis), One Way Pendulum (le premier de Peter Yates) et Le Knack... et comment l'avoir de Richard Lester, le seul à remporter un succès à la fois critique (Palme d'or du Festival de Cannes) et commercial en engrangeant environ 2,5 millions de dollars. Les trois films réalisés par Richardson sous l'accord de coproduction franco-britannique de 1966 sont des échecs commerciaux : 575 000 dollars de recettes pour Mademoiselle, 215 000 pour Le Marin de Gibraltar et 780 000 pour La Chambre obscure. De même, La Charge de la brigade légère, une coproduction américano-britannique, n'est pas le blockbuster espéré : produit à 6 millions, il n'en rapporte que 2,3[78]. En 1966, Time Magazine s'enthousiasme du renouveau du cinéma britannique[79] mais omet de préciser qu'il est totalement dépendant des financements américains. D'ailleurs, tout au long des années 1960, les studios hollywoodiens reçoivent 80 % de l'Eady Money[80]. De plus, après Tom Jones, il est clair que le cinéma d'auteur de Woodfall ne marche pas sur le marché américain. Le contrat se conclut donc sur Kes, le deuxième film de Ken Loach, et Ned Kelly.

UA distribue trois films des Beatles: A Hard Day's Night, Help! et le film d'animation Yellow Submarine

En 1964, United Artists Records, qui veut une bande originale des Beatles pour le marché américain, convainc UA de produire un film avec le groupe. Walter Shenson, grillant la politesse à Brian Epstein, signe un contrat de trois films et soumet le package à UA : 30 % des profits pour lui-même comme producteur, un réalisateur attaché, Richard Lester, avec lequel il a déjà fait La Souris sur la Lune… et 40 % des profits pour UA[81], un deal pour le moins inespéré! A Hard Day's Night, précédé de la sortie de l'album éponyme, est montré aux DJs et aux vendeurs de produits dérivés et sa sortie sélective est vendue comme un concert avec pré-ventes. Produit à 500 000 dollars, A Hard Day's Night a rapporté 10 millions un an après sa sortie, date précise où est distribué Help!, toujours signé Lester, qui rapporte la même somme. Le dernier film, le dessin animé Yellow Submarine, n'est pas produit par Shenson mais par Apple Corps et dérivé de la série télévisée américaine The Beatles, produite pour ABC.

Après la fin de son contrat avec Woodfall, UA se tourne vers Larry Kramer, qui a déjà coécrit et produit pour elle Here We Go Round the Mulberry Bush. N'ayant lu qu'un premier jet de cette adaptation de D. H. Lawrence, UA accepte néanmoins les 1,6 million de dollars du budget de Love et le réalisateur Ken Russell, dont Un cerveau d'un milliard de dollars, le troisième volet des aventures d'Harry Palmer, n'a pas convaincu. En dépit de bonnes critiques, Love, pas plus que les autres films de UA de cette époque, n'atteint le public de jeunes adultes auquel il était destiné mais rapporte quand même 4,5 millions de dollars. En 1970, Russell donne encore Music Lovers. À cette date, UA et les autres majors ont considérablement réduit leurs investissements sur le marché britannique. Si le volume de films reste stable (70 par an), le financement (essentiellement américain) a chuté de 65 %[82]. UA se contente de distribuer un James Bond tous les deux ans et, occasionnellement, une production anglaise comme Un dimanche comme les autres, The Offence, Théâtre de sang, Terreur sur le Britannic, Brannigan, Un pont trop loin, Valentino ou La Grande Attaque du train d'or.

Productions françaises

En 1959, André Malraux rattache le Centre national de la cinématographie, établissement public à caractère administratif, au ministère chargé de la Culture nouvellement créé. En instaurant un compte de soutien financier de l’État à l’industrie cinématographique française, les longs métrages sont désormais éligibles à l'avance sur recettes avant réalisation[83]. Dans les premières années suivant les décrets de 1959, les possibilités offertes à tout nouveau réalisateur s'avèrent énormes puisqu'il peut, soit devenir son propre producteur, soit voir la préproduction de son film être financée, soit s'associer comme producteur exécutif à un producteur chevronné[84]. On estime qu'entre 1958 et 1961, 100 films français sont l'œuvre de nouveaux réalisateurs, en particulier ceux de la Nouvelle Vague qui décrochent les honneurs du Festival de Cannes 1959 : François Truffaut pour Les Quatre Cents Coups, Alain Resnais pour Hiroshima mon amour et Marcel Camus avec Orfeu Negro, le premier film distribué par Lopert Pictures Corporation, la filiale de UA, qui obtient l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. Cependant, pour des raisons pratiques, UA ne s'investit pas avant 1964 dans la production française. Elle crée une société de production de droit français, la société anonyme Les productions Artistes associés et s'associe avec Les Films Ariane, la société d'Alexandre Mnouchkine et Georges Dancigers, productrice d'Une Parisienne, à l'origine du rachat de Lopert Films. Pour son premier film pour UA, Ariane récupère un projet, Le Train de John Frankenheimer, développé initialement aux États-Unis. Produit à 6,7 millions de dollars, cette coproduction rapporte 3 millions aux États-Unis et 6 dans le reste du monde. Ariane, spécialisée dans la qualité française se tourne ensuite vers les talents les plus commerciaux de la nouvelle vague, comme Philippe de Broca, dont Le Farceur a été distribué par Lopert. De Broca et Louis Malle donnent coup sur coup trois comédies d'aventure à succès : L'Homme de Rio (1964), Viva Maria ! et Les Tribulations d'un Chinois en Chine (1965). UA finance également quatre autres films de De Broca : des comédies de caractère comme Le roi de cœur, qui est un échec commercial mais un phénomène cinéphile aux États-Unis[85], Le Diable par la queue, Les Caprices de Marie, un drame qu'il produit (O Salto), mais rate Le Magnifique, pourtant produit par Ariane et l'un des meilleurs De Broca. UA produit encore Le Voleur de Malle avant de se tourner vers Claude Lelouch.

UA récupère les droits de distribution internationaux d'Un homme et une femme, qui remporte la Palme d'or du Festival de Cannes et l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. Si Un homme et une femme rapporte 7 millions de dollars, son remake virtuel, Vivre pour vivre, ne marche essentiellement qu'en France, le public américain, selon Variety, ayant eu sa dose de nouveauté avec la première version[86]. UA et Ariane n'en continuent pas moins de soutenir Les Films 13, la société de Lelouch, bien que ses films suivants (La Vie, l'Amour, la Mort, Le Voyou, L'aventure, c'est l'aventure, Si c'était à refaire) connaissent des bonheurs divers au box-office. UA distribue également d'autres films produits par Lelouch (Les Gauloises bleues, L'Américain, Une infinie tendresse, Le Maître du temps et Molière) et même son seul film en langue anglaise, Un autre homme, une autre chance, coproduit par Robert Chartoff et Irwin Winkler.

La collaboration de UA avec François Truffaut débute avec deux films hitchcockiens adaptés de William Irish, La mariée était en noir et La Sirène du Mississippi, qui rapportent, respectivement, de modestes 2 millions et 1,3 million de dollars. UA concède à Truffaut une liberté totale, telle que ses collaborateurs au sein de sa société de production Les Films du Carrosse ont consigne de garder le secret sur ses projets[87]. À partir de Baisers volés, Truffaut retourne à un cinéma plus intimiste (et moins coûteux) : produit pour 350 000 dollars, Baisers volés rapporte 1,5 million, plus diverses récompenses dont le Prix Louis-Delluc et le Prix Méliès et une nomination à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. Son film le moins commercial, L'Enfant sauvage, produit à un coût encore plus bas, dégage un petit profit et fait dire à Variety que « United Artists mérite qu'on s'incline devant elle pour avoir soutenu ce film inhabituel, hors-courant tourné en noir et blanc », dont l'écriture a duré quatre ans. De même, cinq versions de scénarios sont nécessaires à L'Histoire d'Adèle H., prix Louis-Delluc, et huit ans s'écoulent entre l'idée d'adapter Henry James et la sortie de La Chambre verte en 1978, son dernier film pour UA, précédé par L'Argent de poche et L'Homme qui aimait les femmes, qui fait l'objet d'un remake par Blake Edwards pour la Columbia en 1983.

Dans les 1960-70, UA, à travers les productions Artistes associés, soutient le cinéma d'auteur européen et, souvent, les premiers films de réalisateurs comme Alain Cavalier (Mise à sac, La Chamade), Marguerite Duras (La Musica), Aleksandar Petrović (Il pleut dans mon village, Portrait de groupe avec dame), Edmond Séchan (Pour un amour lointain), Claude Mulot (La Saignée), Peter Fleischmann (Les Cloches de Silésie), Harry Kümel (Malpertuis), Jean-Louis Bertuccelli (Paulina 1880), Claude Berri (Sex-shop) et son collaborateur Henri Graziani (Poil de carotte) ou Marco Pico (Un nuage entre les dents). Parmi les réalisateurs plus commerciaux produits, on peut citer Pierre Tchernia (Le Viager), Gérard Pirès (Elle court, elle court la banlieue), Serge Leroy (Attention, les enfants regardent), Jean Yanne (Moi y'en a vouloir des sous et Les Chinois à Paris), Robert Dhéry (Vos gueules, les mouettes !), Costa-Gavras (Un homme de trop, Section spéciale), Robert Enrico (Le Vieux Fusil, premier César du meilleur film), Marc Simenon (Signé Furax) et Édouard Molinaro, dont La Cage aux folles et La Cage aux folles 2 engendreront une comédie musicale à Broadway et un remake en 1996. Viennent compléter le bilan plusieurs films d'animation (Pollux et le chat bleu, Lucky Luke, Tintin et le lac aux requins, La Ballade des Dalton) et la coproduction du James Bond Moonraker, tourné aux studios de Boulogne.

Productions italiennes

Dans les années 1960, Cinecittà est le centre de la production en Europe grâce, certes, aux aides gouvernementales mais surtout parce que le cinéma italien, pas encore touché par la concurrence de la télévision, est en plein boom. Selon l'Associazione nazionale industrie cinematografiche audiovisive e multimediali (ANICA), il totalise 640 millions d'entrées payantes en salles (soit le double des spectateurs du Royaume-Uni, de la France et de la RFA) et rapporte 265 millions de dollars de bénéfices en 1966 (soit 50 % de plus qu'au Royaume-Uni et 70 % de plus qu'en France et en RFA)[88]. UA ne participe que marginalement à la vague du péplum italien en ne distribuant aux États-Unis que Les Derniers Jours de Pompéi, Thésée et le minotaure et La Fureur d'Hercule. Par contre, elle s'intéresse dès 1964 au western spaghetti, dont elle distribue le fer de lance, Pour une poignée de dollars, produit par la société de production d'Alberto Grimaldi, Produzioni Europee Associati (PEA). Après le succès de ce film en Europe (qui, dans certains pays, dépasse au box-office Mary Poppins, My Fair Lady et même Goldfinger[89]), UA finance les deux suites de la trilogie du dollar de Sergio Leone : Et pour quelques dollars de plus et Le Bon, la Brute et le Truand[90]. Produites à 400 000 dollars pour la première et 972 000 pour la seconde, elles rapportent 3,5-4 millions aux États-Unis et environ trois fois plus à l'international[91]. Tandis que Dino De Laurentiis lui fournit Du sang dans la montagne et Navajo Joe, UA produit encore jusqu'en 1972 Il était une fois la révolution ainsi que divers avatars du genre, dont La mort était au rendez-vous, El mercenario et la trilogie des Sabata.

En 1968, UA signe un contrat de distribution non exclusif avec PEA pour la production de « films plus complexes, à plus gros budget »[91]. Alberto Grimaldi prend alors sous contrat Francesco Rosi (qui donne Cadavres exquis), Mauro Bolognini (Ce merveilleux automne), Gillo Pontecorvo (Queimada), Elio Petri (À chacun son dû, Un coin tranquille à la campagne) et, surtout, Federico Fellini. Pour assurer le succès du Satyricon, UA rachète une version antérieure, qu'un procès pour obscénité finit d'achever. Le Satyricon de Fellini engrange 8 millions de dollars à l'international et est suivi du décousu Fellini Roma. En 1970, UA renégocie pour trois ans son contrat de distribution avec PEA et acquiert les droits internationaux des films à venir, dont la comédie musicale L'Homme de la Manche et la « trilogie de la vie » de Pier Paolo Pasolini. Le Décaméron, le seul à être distribué aux États-Unis n'y rapporte que 160 000 dollars mais marche à l'international (6,5 millions), tout comme Les Contes de Canterbury (2 millions) et Les Mille et Une Nuits (4,5 millions). Le dernier film du réalisateur pour UA, Salò ou les 120 journées de Sodome, est censuré dans de nombreux pays. L'un des plus grands succès de PEA, Le Dernier Tango à Paris sort en salles au moment où le premier choc pétrolier de 1973 met à mal l'économie et l'industrie cinématographique italiennes, empêchant quasiment ces films de prétendre au retour sur investissement à l'international. En 1976, dominé essentiellement par le cinéma américain, le marché italien a perdu son ancienne vitalité et ses spectateurs, selon Carmine Cianfarani, président de l'ANICA[92]. Dès lors, les productions italiennes ou franco-italiennes de UA, favorisées par l’accord cinématographique franco-italien du [93], ne sortiront que sur les marchés européens, à l'exception de Portier de nuit de Liliana Cavani et de 1900 de Bernardo Bertolucci.

Les années 1970 : la vie avec un conglomérat

La conglomérisation de l'industrie du cinéma

« We Are the People in the Pyramid », slogan d'une campagne publicitaire de la Transamerica Corporation mettant en avant son gratte-ciel
Le logo en « T » de la Transamerica Corporation

Durant les années 1960, l'industrie du cinéma entre dans l'ère des conglomérats lorsque les studios sont, soit rachetés par ces entités, soit deviennent eux-mêmes des conglomérats[94],[95]. La prise de contrôle de la Paramount par Gulf+Western est la première du genre en 1966, suivie de celle de UA par la Transamerica Corporation et de Warner Bros. par Kinney National Company. Les majors ont, durant les années 1960, produit des films dont la valeur est sous-évaluée en raison de recettes erratiques ; ils possèdent des biens immobiliers sous la forme de studios et des labels discographiques ou des chaînes de salles de cinéma à l'étranger ; ils gèrent des catalogues de films qui peuvent être exploités par des chaînes de télévision par câble ou à péage. Charles Bluhdorn, président de Gulf+Western, donne l'explication suivante sur son acquisition : « Il existe un formidable futur dans le domaine des loisirs... Les films sur cassette vidéo pour l'usage familial vont ouvrir un marché énorme... Un jour, les satellites relaieront des films récents dans des millions de foyers. C'est un grand challenge[95] ». Contrairement à la Paramount, UA est en bonne santé financière. Cependant, Wall Street continue de classer l'industrie cinématographique comme « à risque ». Afin d'impressionner cette dernière, UA rend publique sa capitalisation boursière et attire les repreneurs. En juillet 1966, UA annonce son rachat par Consolidated Food, qui souhaite l'intégrer horizontalement en la diversifiant dans l'édition de livres, de magazines et de disques[96]. Les actionnaires du UA refusent l'offre et cette dernière trouve un accord avec la Transamerica Corporation (TA) en [97], qui sera officialisé le . Après l'acquisition de UA, TA rachète Liberty Records, Trans International Airlines (en) et Budget Rent-A-Car: des filiales dédiées aux loisirs qui contribuent à 30 % de son chiffre d'affaires à la fin des années 1960. Bien que classée entre Shell et Eastman Kodak, TA souffre d'un manque d'image de marque: elle décide donc de s'offrir une campagne publicitaire dans Time Magazine où elle présente son logo en « T » et annonce la construction à San Francisco de son siège social mondial, la Transamerica Pyramid. Ce bâtiment moderne doit refléter, selon John Beckett, président de TA, la philosophie du nouvel acquéreur de UA selon laquelle « les hommes jeunes, ou au moins les hommes qui paraissent jeunes, créent le changement et veulent essayer de nouvelles choses[98] ». Et de rajouter que, a contrario, « les cadres séniors participent à des conventions, ils deviennent des personnalités importantes en ville et font partie de la liste des mécènes. Le gouvernement leur demande de servir comme conseillers et on leur offre de parler à des colloques de différentes sortes. J'espère que c'est une chose que nous pouvons éviter. Autant que j'en sais, peu d'idées sur de nouvelles ou meilleures façons de faire de l'argent sont discutées lors de conventions[98] ». Si Arthur B. Krim, membre du conseil d'administration de l'Institut Weizmann, conseiller des présidents des États-Unis John Fitzgerald Kennedy et Lyndon Johnson, trésorier du Parti démocrate américain, se sent visé, il n'en laisse rien paraitre, pas plus que Robert Benjamin (en), à l'origine de la création de l'United Nations Association of the United States of America et également conseiller de Johnson. Les deux vice-présidents de UA entrent pour cinq ans au conseil d'administration de TA. À la date de juin 1969, l'équipe dirigeante de UA est désormais composée d'Arnold M. Picker, ancien vice-président responsable de la distribution à l'étranger, et de son neveu David V. Picker, 38 ans, ancien président de United Artists Records[99].

La récession de 1968-1972

En 1968-72, Hollywood traverse sa plus grave récession économique. Tout d'abord, le public devient hédoniste et plus sélectif. Ensuite, les studios font sienne la politique du blockbuster[100], tandis que l'offre devient pléthorique avec l'arrivée des réseaux télévisés (CBS, ABC, National General Pictures (en)) dans la production cinématographique, portant le nombre de principaux fournisseurs à onze. De fait, les blockbusters peinent à recouvrer leur retour sur investissement et sont privés de location aux réseaux, ces derniers ayant suffisamment de produits jusqu'en 1972[101]. Si Hollywood ne s'effondre pas, c'est au prix de dures restructurations : abandon d'une branche d'activité (comme les studios de Borehamwood et de Culver City par la MGM), externalisation des services à la production (par Columbia, Warner Bros.-Seven Arts, MGM, Paramount et Fox) et, surtout, remise dans le turnaround (en) de projets et réduction des coûts de production. En décembre 1969, Krim fait l'inventaire des films placés en production fin 1968-69 et estime que 35 films, coûtant 80 millions de dollars, devraient en perdre 50. La raison à cela est que « la politique de sélection des produits a complètement changé en mettant l'accent sur le risque de pertes au lieu de l'espoir de profits[102] ». Après avoir été autorisé par Beckett à reprendre les rênes de UA, Krim sabre où il peut (Les Canons de Cordoba, notamment, est distribué en double programme avec Underground) mais ne peut annuler des films sans potentiel commercial tels que Leo the Last, Ned Kelly, Le Propriétaire ou Cold Turkey. Krim convainc les auditeurs comptables de UA et la SEC de la nécessité de passer plusieurs millions par pertes et profits, à l'instar des autres studios hollywoodiens, qui auraient perdu 200 millions de dollars en 1969[103]. La récession touche de plein fouet les conglomérats, dont les pratiques de fusion-acquisition font par ailleurs l'objet d'une commission d'enquête du Sénat des États-Unis. Les pertes de UA de 1970, les seules du régime Krim-Benjamin (1951-1978), contribuent à 80 % de celles de TA (le reste provenant de Liberty/United Artists Records et de Transamerica Computer). Aussi, Beckett réorganise TA en quatre groupes opérationnels avec un vice-président à la tête de chacun. Pour le président de TA, « maintenant que les temps sont durs, il y a plus que jamais grand besoin d'organisation au sein de la structure de la compagnie... La coopération est obligatoire... Aucune filiale n'est une île en elle-même, en particulier ces compagnies en détresse[104] », un discours en opposition avec celui de trois ans plus tôt selon lequel « Transamerica croit en une forte centralisation des fonctions des équipes dirigeantes et, de manière équivalente, à une décentralisation des opérations au jour le jour[98] ». C'est ainsi que Krim et Benjamin, parmi les principaux actionnaires de TA, se retrouvent chapeautés par James R. Harvey, 38 ans, vice-président chargé des activités de loisirs. Par ailleurs, si TA ne s'est jamais mêlé des choix de UA concernant ses projets, elle recommande néanmoins de les passer au filtre d'un statisticien soi-disant apte à déceler les recettes d'un succès, mais aussi d'un sociologue, d'un psychologue et d'un anthropologue

UA, la censure et les relations avec TA

À plusieurs reprises dans son histoire, UA a dû affronter la censure ou les campagnes de groupes de pression contre ses réalisateurs et/ou ses films. Il en est ainsi de Charlie Chaplin, accusé d'être membre du parti communiste américain, et dont Les Feux de la rampe est boycotté en 1952 par l'American Legion et par les salles de cinéma RKO d'Howard Hughes. Ironiquement, UA avait ressorti en 1946 Le Banni du même Hughes, malgré un « C » (désapprouvé pour tous) de la ligue pour la vertu. Cette dernière s'en prend également à deux films d'Otto Preminger, La Lune était bleue et L'Homme au bras d'or, qu'UA distribue malgré, respectivement, un « C » et un « B » (désapprouvé pour les jeunes, avec un avertissement même pour les adultes) et quitte à démissionner de la Motion Picture Association of America (MPAA). Le code Hays est remplacé en 1968 par un nouveau classement. Stephen Farber, qui a travaillé à la commission de censure de la MPAA, estime que ses membres ont, dès le début, menacé de classer « X » un film qui ne correspondait pas à leurs sensibilités personnelles. Enfin, selon Farber, la MPAA aurait utilisé son système de classement pour « punir » certains réalisateurs comme Stanley Kubrick (pour Orange mécanique) ou John Schlesinger (pour Macadam Cowboy) et, au contraire, en récompenser d'autres[105]. En fait, Macadam Cowboy reçoit initialement un « R » (les mineurs de moins de 17 ans doivent être accompagnés d'un adulte) de la MPAA et c'est UA qui décide de le distribuer avec un « X ». Étant donné qu'UA se refuse à capitaliser sur les soi-disant éléments « sordides » du film, le plan marketing est risqué. UA organise une projection de presse ciblée et ne programme le film que dans une seule salle, le Coronet, dans l'East Side. Le but étant, selon Gabe Sumner, vice-président responsable du marketing et de la publicité, « de dépasser les réactions épidermiques que, quoi qu'on fasse, certaines personnes ont avec le classement « X ». La plus récente publicité, et de fait celle dont on se souvient le plus, concernant le film ne fait allusion, ni à sa qualité, ni aux éloges qu'il a reçu mais vient de tous ces articles dans les journaux qui sont autant de justificatifs pour ces personnes pour « punir » le film « X »[106] ». Selon Tino Balio, l'autre but est de convaincre le public que Macadam Cowboy n'est pas juste un autre film pour jeunes -comme Le Lauréat ou Easy Rider- mais une œuvre sérieuse. D'ailleurs, pour faire adhérer le maximum de gens au film, tous les encarts publicitaires contiennent l'accroche « Tout ce que vous avez entendu sur Macadam Cowboy est vrai »[107]. Après une avant-première le , le film est projeté dans un seul cinéma par ville (10 au total), en juillet 1969, le temps que le bouche à oreille se fasse. Au moment de sa distribution nationale, Macadam Cowboy a déjà reçu sept nominations aux Oscars. Il en gagne finalement trois (meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur scénario original) et rapporte 18 millions de dollars aux États-Unis et 8 à l'international sur une mise de 3,2. La MPAA revoit son classement en 1970 et étend le « R » en créant le « NC-17 » (interdit aux moins de 17 ans) afin de réserver le « X » aux films pornographiques. Entretemps, et à la différence de Macadam Cowboy, trois films sont remontés par leurs distributeurs pour éviter le « X » : Bob et Carole et Ted et Alice (Columbia), Dernier Été (Allied Artists) et If.... (Paramount).

Lorsqu'en novembre 1971 UA accepte de produire pour 1,25 million de dollars Le Dernier Tango à Paris, refusé par la MGM, elle pense tenir tous les ingrédients d'un film d'auteur à potentiel commercial. Le jour du Labor Day 1972, Le Parrain a déjà rapporté 75 millions de dollars à la Paramount et a rétabli Marlon Brando (acteur dans Le Dernier Tango à Paris) sur son piédestal de star. Le film est projeté en clôture du New York Film Festival le et UA décide de l'affubler d'un « X » sans le montrer à la MPAA. Cette coproduction franco-italienne sort sans encombre en France le mais l'Italie l'interdit jusqu'en 1987 tandis que la Cour de cassation italienne ordonne la destruction de toutes ses copies et que Bernardo Bertolucci est condamné à quatre mois de prison. Présenté à des critiques américains triés sur le volet (au point qu'UA se verra accusée d'en bannir certains[108]), Le Dernier Tango à Paris commence sa carrière le dans une seule salle de New York, le Trans-Lux East, avec pré-ventes (5 dollars la place, le prix d'entrée pour un film pornographique) et seulement deux séances par jour. Le film divise la critique : Time Magazine le descend[109] tandis que Newsweek, parlant de succès de scandale, le défend. Durant l'« orgie médiatique » qui suit, selon les termes de l' Atlantic, John Beckett, président de la Transamerica, transmet à Krim les plaintes des courtiers en assurance-vie de TA. Krim fait projeter le film au conseil d'administration de TA, qui presse Beckett de laisser UA distribuer le film [110]. Cependant, avec un vice-président de TA chapeautant UA, cette dernière perd sa visibilité[111]. Pour Krim, « dans les communiqués, les brochures, les rapports annuels et autres, il est pris soin d'éviter de mentionner le nom du moindre cadre de UA -à la différence de ceux de TA, connus dans l'industrie pour être inexpérimentés dans ce domaine. Nous sommes constamment obligés de réaffirmer aux créateurs, qui sont la base de notre business, que nous sommes autonomes, que nous sommes responsables du choix des films, que nous n'allons pas insister seulement sur des « films familiaux » comme cela a été un jour suggéré, que nous n'abandonnons pas Le Dernier Tango à Paris, que nous sommes toujours la compagnie qui vit de par la variété et que nous prenons toujours les décisions[112] ». Le Dernier Tango à Paris est distribué à partir de mars 1973 dans une autre salle, le Fine Arts de Los Angeles avant la sortie nationale, en juillet. Afin de se prémunir contre d'éventuelles réticences d'exploitants, UA loue directement des salles dans 33 villes. Par ailleurs, UA craint que le récent arrêt Miller v. California de la Cour suprême des États-Unis, qui donne pouvoir aux district attorneys et autres shérifs locaux de juger de l'obscénité d'une œuvre[113], ne soit utilisé contre le film. Elle s'adjoint les services de l'avocat Louis Nizer, qui a gagné le procès intenté contre Ce plaisir qu'on dit charnel devant la Cour suprême et gagnera tous les procès locaux contre Le Dernier Tango à Paris. Finalement, le film engrange 40 millions de dollars aux États-Unis et 60 à l'international.

La renaissance

John Beckett ne se départira jamais de son idée selon laquelle la théorie des probabilités informatisée mise en place par TA est « l'un des meilleurs systèmes de management de l'industrie du cinéma », ce que Krim dénoncera comme une plaisanterie : « Les modèles informatisés n'ont jamais été utilisés... La Transamerica confond obtenir de l'information qu'ils puissent comprendre et un changement dans notre méthode habituelle de faire des affaires[114],[111] ». Le mariage bat de l'aile et Krim propose même qu'UA devienne une holding de TA et non plus une filiale[114], proposition qui est refusée. Cependant, en octobre 1973, TA consent à revoir son organigramme : David V. Picker démissionne de son poste de président tandis que Krim et Benjamin reprennent peu ou prou leurs fonctions de 1951, soit, respectivement, président du conseil d'administration et président du comité des finances. Ils nomment Eric Pleskow comme président, lequel s'entoure de William Bernstein, vice-président responsable des affaires commerciales, et Mike Medavoy, vice-président responsable de la production sur la côte ouest.

Un coup d'accélérateur inattendu vient de la MGM. Depuis 1968, son propriétaire Kirk Kerkorian observe le fonctionnement de UA du conseil d'administration de TA (à laquelle il a vendu Trans International Airlines (en)). Kerkorian aurait affirmé selon Peter Bart que Krim était son « modèle » dans l'industrie du cinéma[115] et aurait apparemment voulu faire de MGM une compagnie avec peu de frais fixes, comme UA[116]. Aussi, en 1973, les deux hommes commencent à discuter sérieusement de la cession par MGM de ses salles de cinéma hors-États-Unis et de ses droits de distribution internationaux. Finalement, UA n'acquiert, pour 15 millions de dollars et pour 10 ans, que les droits pour les États-Unis, comprenant les droits cinématographiques et la location de films aux chaînes en syndication. À l'étranger, les films MGM seront distribués pour 17 millions de dollars et pour 10 ans[115] par Cinema International Corporation, une coentreprise entre Universal et Paramount. En échange, MGM reçoit une commission assez faible de 22 % par film. En plus d'être à nouveau la tête du plus important catalogue de films d'Hollywood, UA fait une bonne acquisition : grâce à Il était une fois Hollywood, UA récupère la moitié de son investissement en 1975 puis la totalité en 1976, après les sorties de The Sunshine Boys, de L'Âge de cristal et de Network, une coproduction MGM/UA[117].

En 1974, la nouvelle équipe signe des multi-contrats avec Norman Jewison, Blake Edwards, Woody Allen et les producteurs Elliott Kastner, Robert Chartoff et Irwin Winkler. Libérés de leurs contrats avec les Mirisch, Jewison, et Edwards donnent respectivement dès 1975 Rollerball et Le Retour de la Panthère rose, une production britannique d'ITC Entertainment qui rapporte 31 millions de dollars. UA produira encore F.I.S.T. de Jewison et, d'Edwards, Quand la Panthère rose s'emmêle, La Malédiction de la Panthère rose, À la recherche de la Panthère rose, L'Héritier de la Panthère rose et Le Fils de la Panthère rose, ceci jusqu'en 1993. Toujours en 1975, UA récupère une autre production indépendante de Saul Zaentz et Michael Douglas, Vol au-dessus d'un nid de coucou, qui rapporte 108 millions de dollars sur une mise de 4,4 ainsi que quatre Oscars, dont celui du meilleur film. Zaentz donnera encore le film d'animation Le Seigneur des anneaux. Si Jewison et Edwards ont démontré leur potentiel commercial, il n'en est pas de même pour Chartoff et Winkler. Certes, leur On achève bien les chevaux a marché, mais pas leurs films pour UA (sauf Le Flingueur) : Leo the Last est un échec, tout comme Les Casseurs de gang. Les choses changent avec Rocky, écrit et joué par un acteur inconnu, qui rapporte 117 millions de dollars sur une mise de 1,2 ainsi que quatre Oscars, dont celui du meilleur film. Rocky engendrera cinq suites à succès jusqu'en 2006. En dehors de cette série, les films suivants de Chartoff et Winkler pour UA perdent de l'argent (New York, New York, Sanglantes confessions, La Main droite du diable, De-Lovely) ou en gagnent peu (5 millions de dollars pour Raging Bull). À l'exception de Bananas, qui met du temps à marcher, les comédies burlesques d'Allen pour UA (Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander, Woody et les Robots et Guerre et Amour) rencontrent une demande stable et gagnent en moyenne 5 millions de dollars aux États-Unis et autant à l'international. Annie Hall constitue selon son auteur « un changement de cap majeur[118] », alliant un humour plus sophistiqué au drame et posant les bases de la comédie romantique moderne, qui fera florès à Hollywood. Annie Hall marche beaucoup mieux que les films précédents d'Allen, récolte trois Oscars, dont celui du meilleur film et est depuis classé parmi les 100 plus grands films américains selon l'American Film Institute. Après la parenthèse d' Intérieurs, Allen revient à la formule d' Annie Hall avec ses deux derniers films pour UA : Manhattan et Stardust Memories. Quant à Elliott Kastner, qui avait déjà donné à UA Flics et voyous, Le Corrupteur et plusieurs films de Robert Altman (Le Privé et Nous sommes tous des voleurs), il produit à partir de 1975 plusieurs westerns (Rancho Deluxe, Le Solitaire de Fort Humboldt, Missouri Breaks), deux films noirs (Adieu ma jolie, Le Grand Sommeil) et deux Sidney Lumet (Equus et À la recherche de Garbo). En 1977, le bilan de Krim, Benjamin, Pleskow et Medavoy est éloquent : en plus des Oscars, les films distribués par UA (dont quatre blockbusters : Rocky, Quand la panthère rose s'emmêle, Network et Carrie au bal du diable) dégagent 318 millions de dollars de bénéfices, battant le précédent record de MCA/Universal de 1975, l'année où elle sortait Les Dents de la mer[119],[111].

Le départ du staff de UA

Le vendredi , Arthur Krim, Robert Benjamin et Eric Pleskow annoncent leur intention de démissionner. Le lundi qui suit, William Bernstein et Mike Medavoy, soit le reste du staff de UA, annoncent également leur départ[111]. Trois semaines plus tard, grâce à une ligne de crédit permanent de 100 millions de dollars de la First National Bank of Boston, le quintet fonde Orion Pictures, une société de production utilisant le réseau de distribution de Warner Bros.. L'explication du divorce de Krim, Benjamin et de la Transamerica se fait par presse interposée. Dans un article du numéro du de Fortune, Krim déclare : « Vous ne trouverez aucun cadre supérieur ici qui pense que la Transamerica a contribué en quoi que ce soit à United Artists[114] ». Quant à John Beckett, sa réponse est : « Si les gens de United Artists n'aiment pas (notre façon de faire), ils peuvent démissionner et voler de leurs propres ailes[114] ». Selon James Harvey, leur remplaçant, le départ de Krim et Benjamin est en partie motivé par l'argent : « Ils sont partis essentiellement pour fonder leur propre société. C'est aussi simple que ça : faire des films et faire de l'argent. Et, évidemment, ils pensaient qu'ils pouvaient faire plus d'argent[120] ». Il faut dire que le cours de l'action de corporations comme MCA/Universal ou 20th Century Fox a bénéficié des succès des Dents de la mer ou de Star Wars et que ça pas été le cas pour un conglomérat comme TA, à cause d'une simple question arithmétique (UA ne contribue qu'à 15 % des bénéfices de TA) et parce que Wall Street est traditionnellement moins enthousiaste quand il s'agit de conglomérats[121]. Ainsi le cours de TA, après avoir atteint 44 dollars en 1968 au moment de l'acquisition de UA, plafonne au moment de la rupture à 13-16 dollars. Mise à part la question de l'argent, TA n'a jamais vraiment compris la façon d'opérer de UA et a, après la récession de 1968-1972, essayer de fondre UA dans un moule inadéquat. Pour Herbert T. Schottenfeld, ancien vice-président de UA, « TA a décidé de contrôler UA en lui imposant des limitations financières, des rapports à transmettre et des projections qui n'avaient vraiment aucun sens dans ce métier. Et du moment que Beckett prenait cette position hostile, il envoyait la Transamerica et sa filiale dans le mur[122] ».

La démission de Krim et Benjamin reçoit une couverture médiatique nationale et ils deviennent même les héros du jour alors que David Begelman est forcé de démissionner de son poste de président de la Columbia après une affaire d'escroquerie[123],[124]. Une semaine après le fameux article de Fortune, une lettre ouverte à John Beckett paraît dans la presse corporative. Signée de 63 producteurs et réalisateurs (tels Francis Ford Coppola, Stanley Kubrick, Blake Edwards, William Friedkin, Norman Jewison, François Truffaut, Saul Zaentz, Fred Zinnemann ou Bob Fosse), elle pointe du doigt le fait que « le succès de United Artists... était basé sur les relations personnelles de ces cadres avec nous, les réalisateurs » et questionne sérieusement « la sagesse de la Transamerica Corporation en perdant le talent de ces gens ». Beckett, tout en annonçant qu'il n'y aurait aucun changement dans la philosophie de UA ou ses méthodes, qu'elle possède toujours « l'un des meilleurs systèmes de distribution dans le monde », nomme James Harvey président du conseil d'administration et Andy Albeck, président[111]. Ce dernier s'entoure de deux coprésidents : David Field, responsable de la production sur la côte ouest, et Steven Bach, responsable de la production sur la côte est. Dans cette répartition des rôles, Field et Bach doivent être d'accord tous les deux avant le lancement de la production d'un film, un arrangement jamais vu dans l'industrie du cinéma. La promotion d'Albeck est, quant à elle, un geste purement « pyramidal ». Entré à UA en provenance d'Eagle-Lion Films en 1951, il fait partie du sérail et, bien que n'ayant aucune expérience dans la production, il permet à TA de rassurer la communauté artistique. De toutes les compagnies, UA n'est-elle pas « la plus familiale. C'est comme une tribu, pas une société, et Krim est la figure tutélaire[125] »? Enfin, selon Bach, « son manque de style est compensé par sa connaissance des chiffres, les chiffres de la Transamerica : systèmes de contrôle des budgets, estimation des coûts, projection des profits, retours sur investissement, toutes les minuties... qui sont les systèmes de rapports standards que la Transamerica requiert désormais de toutes ses filiales[126] ». Albeck hérite de 26 films de l'ère Krim-Benjamin : deux productions d'American Zoetrope (Apocalypse Now et L'Étalon noir), un Woody Allen, un James Bond, un Rocky et un film franco-italien à succès (Manhattan, Moonraker, Rocky 2 : La Revanche et La Cage aux folles) plus le film musical américano-allemand Hair, des productions Lorimar (Bienvenue, mister Chance, La Chasse) et les deux derniers films promis à Sean Connery en échange de son retour dans Les Diamants sont éternels (La Grande Attaque du train d'or et Cuba, qui est un échec).

Le fiasco de La Porte du paradis

La Porte du paradis a déjà été refusé par UA (et les autres studios) sous Krim et Benjamin mais est soumis à la nouvelle équipe. Alors que « le bouche à oreille sur Voyage au bout de l'enfer (de Michael Cimino) commence à gagner rapidement Hollywood[127] », UA signe volontiers pour 7,5 millions de dollars avec Cimino en novembre 1978. D'ailleurs, Voyage au bout de l'enfer démarre bien à New York et Los Angeles et rapportera plus de 30 millions de dollars et cinq Oscars, dont celui du meilleur film. Le tournage de La Porte du paradis débute en avril 1979, peu avant la cérémonie des Oscars, sur la base d'un budget révisé à 11,5 millions. Deux semaines après l'entrée en production, le film accuse deux semaines de retard ; quatorze semaines plus tard, le budget est passé à 21 millions. Selon Steven Bach, qui est promu durant le tournage chef de la production internationale à UA, « la production indépendante basée sur le laisser-faire -c'est-à-dire sans authentiques producteurs- commençait à devenir une méthode de production commune. Même les studios qui exerçaient de forts contrôles sur la production étaient empoisonnés par les dépassements de budgets... et UA n'avait pas la structure ni les équipes nécessaires pour faire appliquer ses protections contractuelles, à moins de rompre fortement avec la routine, comme La Porte du paradis l'a montré[128] ». Surtout, l'absence de véritable décideur sous l'ère Andy Albeck fait que la sélection des projets passe du département de la production à celui de la distribution. Au lieu que la production ait le mot de la fin, les idées de scripts, de traitements, de scénarios, de casting et du choix du réalisateur, bref tout ce qui constituait la phase « recherche et développement » sous Krim et Benjamin, « était soumis pour lecture et commentaires de façon routinière à l'équipe de distribution[129] ».

Des films sans potentiel commercial comme Windows, L'Homme des cavernes, La Galaxie de la terreur ou La Créature du marais sont produits. Aucun du box-office de ces films, ni de ceux profitant des 200 millions de dollars mis en production en 1980, ne parviendra à éponger le coût final de La Porte du paradis, désormais de 44 millions. l'échec de La Plus grande histoire jamais contée se reproduit mais sans Un monde fou, fou, fou, fou, Tom Jones, Irma la Douce, Bons baisers de Russie, La Panthère rose pour compenser. Malgré des avant-premières désastreuses les 18 et à New York et Toronto et l'autorisation donnée le lendemain à Cimino de remonter son film, selon Pauline Kael, du New Yorker, « si la compagnie avait pensé que les critiques avaient tort, elle aurait mis des millions dans la publicité et elle aurait peut-être pu avoir un retour sur investissement. Beaucoup de films mauvais y arrivent si les compagnies y croient. Mais (UA) ne croyait pas en (La Porte du paradis) et c'est pourquoi elle a écouté la presse[130] ». D'ailleurs, la Transamerica enfonce le clou en déclarant aussitôt à Variety que « le film est un flop...qui n'a aucune chance de dégager du bénéfice[131] » et qu'elle l'a déjà passé par pertes et profits. Tué par le bouche-à-oreille, La Porte du paradis ne rapporte que 3 484 331 dollars, est nommé aux Razzie Awards et devient l'un des plus gros échecs du box-office américain.

Les années 1980 : l'ère Kerkorian

Le raid sur UA

Dès 1978, Kirk Kerkorian cherche un studio à acheter. Il acquiert secrètement 24 % de la Columbia et tente de la fusionner avec sa MGM, avant d'abandonner en février 1981. Il convoite sans plus de succès la 20th Century Fox[132]. Membre du conseil d'administration de TA, il lorgne ensuite naturellement sur UA, qui distribue avec succès les films MGM depuis 1973. Car MGM, dont le président David Begelman a lancé en 1980 la production de 24 films (sur 51 prévus), veut désormais contrôler sa propre distribution. Au lieu de débourser 55 millions de dollars[133] pour racheter le contrat de distribution à UA, Kerkorian prend conseil, y compris auprès d'Arthur Krim, et étudie le rachat en entier de UA, pour un coût estimé à 300-400 millions de dollars[133]. Fin mai 1981, le rachat est finalisé pour 380 millions de dollars et la nouvelle entité prend le nom de MGM/UA Communications. Si la vente est une bonne affaire pour TA (en 1967, elle avait acquis UA pour 185 millions), les auteurs diffèrent sur le fait de savoir si c'est une si bonne affaire pour Kerkorian. Certes, combinés, les catalogues de UA et de MGM, comprennent 4 100 films, ce qui fait dire à Frank Rosenfelt, président du conseil d'administration de MGM/UA, que « nous ne sommes plus dans l'industrie du cinéma ; nous sommes entrés dans le business du software de divertissement[132] ». Sauf que, à la suite d'un précédent accord de 1978 avec Warner Home Video, MGM/UA se voit privée jusqu'en 1992 de la distribution du catalogue UA sur cassette vidéo ou laserdisc (elle doit fournir au moins dix films par an à WHV sous peine d'une pénalité de 200 000 dollars par film non distribué[134]). Rosenfelt se trompe tout autant en affirmant : « Nous avons récupéré notre (branche de) distribution ». En effet, l'accord de 1973 avec Cinema International Corporation (CIC) sur les droits de distribution internationaux tient jusqu'en 1983. Plutôt que d'accepter de voir MGM être privée durant seulement deux ans de ses commissions de distributeur, Kerkorian se laisse convaincre de faire distribuer les films MGM/UA par CIC, qui est renommée pour l'occasion en United International Pictures. Comme le dit à l'époque un cadre supérieur de MGM, cité par Peter Bart, « ainsi, MGM se retrouve obligée de dépenser des millions de dollars pour démanteler une superbe branche de distribution internationale (celle de UA) et en mettre sur pied encore une autre, ce dont elle n'avait vraiment pas besoin[133] ».

L'échec de David Begelman

Au lieu d’une structure unifiée destinée à réduire les frais fixes, Kerkorian opte pour deux sociétés séparées (MGM et UA) possédant chacune son président, son trésorier, son département marketing, son unité de production, etc[135]. Joseph A. Fisher est nommé président de UA. En 1981-82, 11 films MGM sortent (dont Riches et célèbres, Deux filles au tapis, C'est ma vie, après tout !, Victor la gaffe, Tout l'or du ciel, Rue de la sardine (Cannery Row), Yes, Giorgio et Inchon) et sont tous des échecs cuisants (seul Poltergeist, produit par Steven Spielberg, récolte 48 millions de dollars[136]). Ironiquement, deux films qu'UA avait mis en production avant la prise de contrôle (Rien que pour vos yeux, le dernier à porter le logo en « T » de la Transamerica, et Rocky 3, l'œil du tigre) sont de gros succès[137]. À lui seul, Tout l'or du ciel coûte 22 millions de dollars et en rapporte peut-être 3. Ainsi, selon Steven Bach, « il est probable que les pertes cumulées de la MGM égalent ou surpassent celles subies par UA avec La Porte du paradis[138] ». En avril 1982, Frank Rothman est nommé président de MGM/UA, un poste qui, selon Kerkorian, n’existait pas[139] et chapeaute de fait Begelman, qui est poussé vers la sortie[136]. Pendant ce temps, aucun nouveau film n'est mis en production chez MGM/UA tandis que le pipeline de films produits à UA sous la Transamerica se tarit et que ses derniers films (La Maîtresse du lieutenant français, Sanglantes confessions ou Cutter's Way) ne possèdent guère de potentiel commercial… Kerkorian, qui a toujours voulu s'entourer d'un management efficace apte à produire des blockbusters, se retrouve avec des dettes et des équipes redondantes (Paula Weinstein chez UA et Freddie Fields chez MGM). L'homme d'affaires réagit[140].

Frank Yablans à la recherche de projets

Cela fait plus de sept ans que Frank Yablans a quitté la Paramount, où il a donné une série de succès (Le Parrain, Chinatown, Serpico, Un justicier dans la ville, etc). Son étoile a depuis pâli à cause de flops comme Maman très chère et Monsignor mais toujours est-il qu'il est choisi par « Le Boss » Kerkorian. Yablans hérite de différents contrats signés de manière discrétionnaire par Begelman avec les producteurs Leonard Goldberg, Fred Silverman, David Gerber, Walter Mirisch, les « second couteaux » George Hamilton, Lindsay Wagner, Farrah Fawcett et d'un projet de western avec Jack Nicholson, Road Show. Aucun de ces producteurs/acteurs ne fournira le moindre matériau. La nouvelle équipe puise elle-même dans les budgets discrétionnaires pour des projets de copinage: Yablans engage sa compagne pour développer un remake de Indiscrétions, Freddie Fields accorde les mêmes faveurs à son ex-épouse Polly Bergen comme à son actuelle, Corrine, et Kerkorian charge son amie de longue date Yvette Mimieux de développer une comédie musicale… Aucun de ces projets ne verra le jour, pas plus que le remake du Dernier Rivage, le film de science-fiction Millenium, la comédie d'humour noir Turn Left or Die ou l'histoire d'amour sur fond de projet Manhattan Double Sunrise. Enfant-star d'Hollywood et doté d'une culture encyclopédique du cinéma, l'acteur Roddy McDowall développe plusieurs remakes, dont The Earl of Chicago pour Eddie Murphy, qui seront tous refusés, sauf Un couple à la mer. Yablans engage enfin son ami de la Paramount, le producteur-scénariste Robert Towne, dont l'entregent est utilisé, sans succès, pour attirer des stars chez MGM/UA. Yablans commence à discuter avec Steven Spielberg (pour Always, remake d'un film MGM de 1943, une coproduction UA/Universal, qui ne se fera qu'en 1989) et des réalisateurs qui, finalement, développeront leurs projets ailleurs (chez EMI Films pour La Route des Indes de David Lean, chez Embassy Pictures pour La Forêt d'émeraude de John Boorman, chez Vestron Pictures pour Dirty Dancing d'Emile Ardolino). Par contre, Yablans lance quatre films imprégnés de l'idéologie reaganienne alors dans l'air du temps[141],[142] (le général Alexander Haig, ancien secrétaire d'État des États-Unis, est entré au conseil d'administration de MGM/UA) : Rocky 4, qu'il veut superviser lui-même, offrant 2 millions de dollars à Robert Chartoff et Irwin Winkler pour abandonner leur rôle de producteurs, L'Aube rouge (avec Haig comme consultant), WarGames et le James Bond Octopussy, qu'il veut également mieux contrôler. En définitive, Yablans n'arrive pas à dupliquer chez MGM/UA ses succès de la Paramount. Certes, Octopussy n'est pas touché par la concurrence de Jamais plus jamais, Ras les profs ! est unsleeper qui rapporte 15 millions de dollars, WarGames et Yentl (qui reçoit le Golden Globe du meilleur réalisateur) mettent un peu de temps à décoller mais gagnent de l'argent. Par contre, le blockbuster espéré, L'Aube rouge, démarre très bien mais, à cause de mauvaises critiques, ne rapporte que 18 millions de dollars le jour du Labor Day 1984 pour un coût de 19. À Noël 1984, il s'avère que Le Pape de Greenwich Village, Vol d'enfer, French Lover, À la recherche de Garbo et Martin's Day sont des échecs au box-office[141]. Les films MGM ne rapportent pas mieux (l'attendu Mrs. Soffel est un flop et les sorties de Movers and Shakers et de Vous avez dit dingues ? sont reportées). Malgré plusieurs films passés par pertes et profit, MGM/UA termine son exercice avec 82,2 millions de pertes. Il est annoncé publiquement que l'ère Yablans a coûté 250 millions à la compagnie et ce dernier est chapeauté en janvier 1985 par Alan Ladd Jr., nouveau président-directeur général de MGM/UA. Yablans démissionne six semaines plus tard[143].

L'entrée en scène de Ted Turner

« Laddie » n'est pas qu'un « fils à Papa ». Comme président de la Fox ou comme producteur indépendant, il a renouvelé le film de science-fiction avec Star Wars, Alien et Blade Runner, relancé le film noir avec La Fièvre au corps et raconté un pan du rêve américain avec L'Étoffe des héros. Ladd est confirmé président-directeur général le et nomme Richard Berger président de UA. Aussitôt, il remet des millions de dollars de projets de l'ère Yablans dans le turnaround (en), dont il n'hérite que de deux suites prometteuses en préproduction, Rocky 4 et Poltergeist 2. Mais, aussitôt, des rumeurs commencent à circuler à Wall Street que MGM/UA ou l'une des deux entités est à vendre[144].

Moins d'une semaine après sa tentative manquée de rachat de CBS, Ted Turner convoite le catalogue de films de MGM/UA pour les chaînes à péage de son groupe Turner Broadcasting System (TBS), alors en plein développement (282 millions de dollars de chiffre d'affaires en 1984)[141]. Drexel Burnham Lambert, la banque d'investissement de Turner le met en garde contre les junk bonds qui doivent financer l'acquisition de MGM/UA, surtout à la vue de la fragilité du studio, MGM venant de distribuer un flop après l'autre (Marie, 9 semaines 1/2, Dream Lover et La Fièvre du jeu, nommé aux Razzie Awards). Kerkorian étant prêt à vendre, l'affaire est conclue rapidement. TBS rachète MGM/UA pour 1,5 milliard de dollars et assure une partie de sa dette puis revend UA et la marque commerciale « Leo the Lion » à Kerkorian pour, respectivement, 480 et 300 millions[145]. Si l'opération est apparemment « blanche » pour Kerkorian (il avait acquis UA pour la même somme en 1981), la « nouvelle » UA, renommée United Artists Pictures, Inc., dont l'effectif est réduit d'un tiers, « n'est ni la compagnie originelle, ni un successeur au sens technique ou légal. C'est une nouvelle compagnie séparée qui possède certains actifs qui appartenaient à l'ancienne United Artists[122] ». Surtout, à l'issue des 74 jours durant lesquels Turner possède UA, la compagnie est délestée des catalogues pré-1950 de la RKO et de Warner Bros., acquis en 1957 et 1959[146].

La valse des cadres s'accélère

En novembre 1985, Jerry Weintraub, qui avait produit La Chasse pour UA, investit 30 millions de dollars dans la compagnie et en est nommé président. Il signe un multi-contrat avec Sylvester Stallone, décide de sortir son film en cours, Rocky 4, durant les fêtes de fin d'année, rompant avec une pratique habituelle et s'entoure de Billy Wilder comme conseiller. Son seul fait d'armes est de sortir Youngblood, un succès d'un coût de 6 millions de dollars hérité de l'ère Yablans, et qui révèle Rob Lowe et Patrick Swayze. Le , il est éjecté de UA après seulement cinq mois de mandature[147]. Quinze jours plus tard, il est remplacé par Lee Rich[148]. Connu pour avoir produit des feuilletons télévisés à succès comme Dallas, Rich et sa société Lorimar Productions ont également donné à UA Bienvenue, mister Chance et La Chasse. Nommé président de MGM/UA, il désigne Tony Thomopoulos président de UA, tandis qu'Alan Ladd Jr. hérite de MGM. Rich et Thomopoulos donnent le feu vert aux Feux de la nuit, un projet développé par Weintraub dès 1984 à la Columbia pour Tom Cruise. Quatre ans plus tard, le film a changé quatre fois de réalisateur, trois fois de vedette, trois fois de lieu de tournage et son budget final est passé de 15 à 25 millions de dollars[149]. À sa sortie, le film ne récolte que 16 millions. Real Men, après une projection-test catastrophique, n'a pas droit à une sortie nationale et n'amasse que 873 000 dollars pour un coût de 13 millions. Pour autant, La nouvelle équipe lance en production des projets avant que leurs scénarios ne soient finalisés. Selon un cadre, cité par Peter Bart, « nous essayons d'accomplir en quelques semaines ce qui devrait prendre des années. Nous sommes entraînés dans des opérations du type 'tournons maintenant, prions ensuite' »[150]. De même, et bien que ces dernières ont un potentiel commercial (Patrick Swayze, Diane Keaton), elles sont budgetés assez haut : Road House à 20 millions de dollars et Baby Boom à 17. Cependant, les deux films marchent, tout comme le James Bond Permis de tuer et Jeu d'enfant, qui lance la série Chucky, laquelle échappe cependant à UA au profit d'Universal. Enfin, UA hérite de Rain Man, un projet refusé par Warner Bros., qu'elle développe, selon Bart, sans grand enthousiasme[151]. Succès critique (cinq Oscars, dont celui du meilleur film, Ours d'or du meilleur film, etc.), Rain Man est également une réussite commerciale, devenant avec 172 millions de dollars de recettes, le plus gros blockbuster de 1988.

Les années 1990 : de Charybde en Scylla

Braquage à l'italienne

Le succès de Rain Man entraîne la publication en janvier 1989 d'un mémorandum confidentiel de 93 pages déclarant que « les branches de UA montrent une croissance formidable ». Paramount serait éventuellement intéressée par un rachat de MGM/UA, grâce à une coentreprise entre Universal, tout comme Warner Communications et Rupert Murdoch, propriétaire de la Fox[134]. Finalement, en mars 1989, Kerkorian entre en discussions avec le conglomérat australien Qintex[152]. À l'issue d'un contrat aussi complexe que celui avec Turner, Qintex offrirait 1,1 milliard de dollars pour les branches de production, de marketing et de distribution de MGM/UA, MGM/UA Home Video et le catalogue UA. En échange, Kerkorian rachèterait pour 250 millions de dollars MGM/UA Television, la marque commerciale « Leo the Lion », le siège social en construction à Beverly Hills, le catalogue MGM et investirait 75 millions dans la « nouvelle » UA[153]. Entretemps, la société de notation financière Standard & Poor's inscrit Qintex sur sa liste de suivi, tandis que les junk bonds de MGM/UA sont classés comme spéculatifs. À la mi-novembre 1989, les 50 millions de dollars d'avance promis par Qintex ne sont toujours pas versés et sa filiale américaine Qintex Entertainment se place sous le chapitre 11 du Code du commerce sur les faillites. Alors que MGM/UA annonce à Wall Street des pertes de 75 millions de dollars sur son exercice 1988, Kerkorian annonce la production de nouveaux films, dont un Barbra Streisand et un Michael Cimino. En dépit du fait que Standard & Poor's inscrit à son tour MGM/UA sur sa liste de suivi, son prix de vente grimpe : Murdoch offre 1,4 milliard. Mais c'est l'homme d'affaires italien Giancarlo Parretti qui, en mars 1990, rafle la mise pour 1,3 milliard[154]

grâce à un prêt de 650 millions de dollars de Time Warner (en échange des droits de distribution des futurs films du studio sur cassette vidéo ou DVD). L'année précédente, Parretti, associé à l'homme d'affaires français à la réputation controversée Max Théret, avait racheté Cannon Group aux cousins Menahem Golan et Yoram Globus pour 200 millions de dollars puis Pathé pour 160 millions. Il regroupait les deux sociétés sous une holding du nom de Pathé Communications Corporation (PCC). Bien que condamné en Italie à 46 mois de prison pour banqueroute frauduleuse, Parretti obtient un prêt de plus d'un million de dollars d'une filiale néerlandaise du Crédit lyonnais, Crédit Lyonnais Bank Nederland[155]. Time Warner retire son offre de prêt de 650 millions de dollars et attaque Parretti au motif qu'il essayerait de vendre les droits des films à la fois à MGM/UA Home Video et Warner Home Video. En octobre 1990, c'est au tour de Danjaq, la holding contrôlant EON Productions, d'intenter un procès à MGM/UA, Pathé Communications et Tracinda, la holding de Kerkorian afin d'empêcher Parretti de vendre les droits des James Bond à des chaînes de télévision. Selon Danjaq, c'est l'argent issu de ces droits qui permettrait à Parretti de financer l'acquisition de MGM/UA. EON Productions ne délivrera ainsi ni le Bond de 1991, ni celui de 1993. Durant cette période, UA est dormante et ne sort qu'un seul film, Rocky 5.

La production relancée

Parretti ne pouvant rembourser le Crédit lyonnais, ce dernier se retrouve propriétaire de MGM/UA, qui lui a déjà coûté 2 milliards de dollars. En mai 1992, après avoir obtenu de la justice américaine le renvoi de Parretti[156], le Crédit lyonnais décide de relancer l'activité de MGM/UA en y injectant 400 millions de plus. Frank Mancuso Sr. est installé aux commandes en juillet en remplacement d'Alan Ladd Jr.[157]. John Calley est nommé président de UA. Le premier film distribué par UA après le hiatus de cinq ans est Sleep with Me. En octobre 1996, la banque d'affaires Lazard Frères négocie pour 1,3 milliard de dollars la revente de MGM/UA à… Kirk Kerkorian. L'homme d'affaires est, cette fois-ci, associé à Frank Mancuso Sr. et la chaîne australienne Seven Network. UA limoge John Calley, en mauvais termes avec Mancuso, et lui intentera plus tard un procès l'accusant de vouloir produire pour son nouvel employeur la Columbia un remake d'Opération Tonnerre. Calley est remplacé à la tête de UA par Lindsay Doran, ancienne associée de Sydney Pollack. Elle développe les Bond Demain ne meurt jamais et Le monde ne suffit pas, qui, après le renouvellement de GoldenEye, atteignent de nouveaux sommets au box-office, tout comme un autre film avec Pierce Brosnan, Thomas Crown, remake d'un film de Norman Jewison, qui rapporte 20 millions de dollars. Les deux films historiques Rob Roy et L'Homme au masque de fer marchent également. Par contre, le très coûteux Ronin déçoit, tout comme Showgirls, un flop qui reçoit plusieurs Razzie Awards. De même, aucun des films relevant de la science-fiction produits sous son régime (l'anarcho-punk Tank Girl, le steampunk Richard III, le splatterpunk Le Maître des illusions et les plus classiques Carrie 2 et Supernova) ne marchent.

Les années 2000

Filiale art et essai de MGM

En 1997, MGM absorbe le producteur de films d'art et essai The Samuel Goldwyn Company (SMC), qu'elle démantèle en 2000. À partir de cette date, UA remplace la SMC comme label de distribution de films indépendants[158] de MGM et sort des films tels que No Man's Land, Oscar du meilleur film étranger, Bowling for Columbine, Oscar du meilleur film documentaire, Nicholas Nickleby et Hotel Rwanda. À l'exception de la série Jeepers Creepers, coproduite avec American Zoetrope (Jeepers Creepers et Jeepers Creepers 2), qui conserve le logo UA, le copyright des séries James Bond, La Panthère rose et Rocky passe dans les mains de la MGM, tout comme les remakes du catalogue UA, comme le Rollerball de 2002, qui par ailleurs perd 50 millions de dollars et fait partie des plus gros échecs du box-office américain. Le , Kirk Kerkorian se retire définitivement de l'industrie du cinéma en vendant MGM/UA aux enchères[159]. Sony Pictures Entertainment et Comcast finalisent le rachat le pour 1,7 milliard de dollars et assument une dette de 1,3. Harry E. Sloan est nommé président-directeur général de MGM/UA en octobre 2005.

La prise de contrôle par Tom Cruise et Paula Wagner

Le , Tom Cruise et Paula Wagner sont nommés co-CEO de UA par Sloan[160],[161].

En mars 2007, Elliott Kleinberg remplace Wagner. Cruise débauche Don Granger de Cruise/Wagner Productions, qui reprend le même poste à UA, soit président responsable de la production, tout comme Dennis Rice, en provenance de Walt Disney Studios Entertainment, qui est nommé chef du marketing et de la publicité. En août 2007, UA obtient un prêt de 500 millions de dollars de la banque d'investissement Merrill Lynch pour la production de 15 à 18 films d'ici 2012[162].

Wagner quitte son poste en août 2008[163] mais Cruise/Wagner Productions reste producteur pour UA. Lions et Agneaux, le premier film produit par la nouvelle United Artists, est un échec ne rapportant que 15 millions de dollars sur une mise de 35. La seconde entrée, Walkyrie, s'en sort mieux, rapportant 80 millions de dollars.

En 2009, UA annonce pour les deux ans à venir Fame, Sur la route, Pinkville, Bright Lights, Big City, La Cabane dans les bois et une quinzaine de films en préproduction : The Champions, Coal River, Conjure Wife, Cure, Ranger's Apprentice, Rules of Dating for Teenage Girls[164], The Monster of Florence, Paperboy, The Tourist, Something Borrowed et Timecrimes.

Finalement, seuls Fame et La Machine à démonter le temps seront distribués durant la saison 2009-2010. Les droits des autres films sont transférés à Studio Canal (The Tourist), MK2 (Sur la route), Warner Bros. (Something Borrowed) ou Lions Gate Film (The Paperboy, La Cabane dans les bois).

Notes et références

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    « When a foreign-language film makes really big money in the U.S., it's purely because of a search for novelty -a novelty value that wears off after the first success of this type. The director or stars involved mean next to nothing when they're promoted in a subsequent film. »

  87. René Prédal, « Jean Gruault, un scénariste et ses auteurs », Jeune Cinéma, no 166,‎ , p. 16-20 :

    « On était chacun dans des cases qui, théoriquement, ne devaient avoir aucunecommunication, c'est-à-dire que l'on ne devait pas dire aux autres le sujet sur lequel on était en train de travailler. »

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    « To be sure, there are plausible reasons why the stock boom doesn't reflect in conglomerate share -a far greater of shares outstanding being the arithmetic explanation. Still, the UA people don't get the dual thrill of a hit at the box-office and a hot stock on Wall Street (...). Wall Street doesn't get nearly as excited when a film company is part of a conglomerate. »

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Bibliographie

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Lectures complémentaires

Annexes

Articles connexes