« Sanhédrin » : différence entre les versions

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[[Fichier:Sanhedrin1.jpg|thumb|Le ''Sanhédrin'', d'une encyclopédie de 1883.]]
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Le '''Sanhédrin''' était l'[[assemblée législative]] traditionnelle d’[[Israël (Bible)|Israël]] ainsi que son tribunal suprême et siégeait normalement à [[Jérusalem]]. Son nom dérive du grec {{grec ancien|συνέδριον}} / ''[[Synédrion|sunédrion]]'', signifiant « assemblée siégeante ». Composé de soixante et onze sages experts en « [[Halakha|Loi Juive]] », il doit comporter vingt-trois membres pour décider en matière judiciaire ; il est alors nommé '''petit sanhédrin''' et siège dans les principales villes.
Le '''Sanhédrin''' était l'[[assemblée législative]] traditionnelle d’[[Israël (Bible)|Israël]] ainsi que son tribunal suprême et siégeait normalement à [[Jérusalem]]. Son nom dérive du grec {{grec ancien|συνέδριον}} / ''[[Synédrion|sunédrion]]'', signifiant « assemblée siégeante ». Composé de soixante et onze sages experts en « [[Halakha|Loi Juive]] », il doit comporter vingt-trois membres pour décider en matière judiciaire ; il est alors nommé '''petit sanhédrin''' et siège dans les principales villes.


Ce terme a été repris par [[Napoléon Ier|Napoléon {{Ier}}]] qui a convoqué un [[Grand Sanhédrin]] en 1807 avant de créer le [[Consistoire central israélite de France]].
Ce terme a été repris par [[Napoléon Ier|Napoléon {{Ier}}]] qui a convoqué un [[Grand Sanhédrin]] en 1807 avant de créer le [[Consistoire central israélite de France]].
{{Article détaillé|Grand Sanhédrin}}


== Fonctions ==
== Fonctions ==
Le mot « Sanhédrin », en araméen סַנְהֶדְרִין, ''Sanhêdrin'', en grec Συνέδριον, ''Sunedrion'', littéralement « siégeant ensemble », est une assemblée, un conseil.


Le Sanhédrin interprétait et tranchait la loi des [[israélites]] à partir de ses sources [[Torah|écrites]] et [[Talmud|orales]]. Son travail de codification a abouti à la rédaction de la [[Mishna]].
Le Sanhédrin interprétait et tranchait la loi des [[israélites]] à partir de ses sources [[Torah|écrites]] et [[Talmud|orales]]. Son travail de codification a abouti à la rédaction de la [[Mishna]].
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== Organisation ==
== Organisation ==
Le Sanhédrin était composé de soixante-dix hommes des anciens d'Israël (chiffre en relation avec [[Livre des Nombres|Nb 11, 16]]<ref>{{réf Bible|Nb|11|16}}</ref>)<ref>{{ouvrage|auteur=[[Simon Claude Mimouni]], [[Pierre Maraval (historien)|Pierre Maraval]]|titre=Le christianisme des origines à Constantin|éditeur=Presses universitaires de France|date=2006|passage=123}}.</ref> qui se cooptaient par imposition de la ''[[semikha]]''. Sa composition a été l'objet d'une lutte féroce entre les docteurs [[Pharisaïsme|pharisiens]] et la caste des [[sadducéens]] à l'[[époque du Second Temple]]. La victoire finale des premiers après la destruction du Temple a assuré l'autorité rabbinique sur le [[Judaïsme]] jusqu'à ce jour.
Le Sanhédrin était composé de soixante-dix hommes des anciens d'Israël (chiffre en relation avec [[Livre des Nombres|Nb 11, 16]]<ref>{{réf Bible|Nb|11|16}}.</ref>)<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Simon Claude Mimouni]], [[Pierre Maraval (historien)|Pierre Maraval]]|titre=Le christianisme des origines à Constantin|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|année=2006|passage=123|isbn=}}.</ref> qui se cooptaient par imposition de la ''[[semikha]]''. Sa composition a été l'objet d'une lutte féroce entre les docteurs [[Pharisaïsme|pharisiens]] et la caste des [[sadducéens]] à l'[[époque du Second Temple]]. La victoire finale des premiers après la destruction du Temple a assuré l'autorité rabbinique sur le [[Judaïsme]] jusqu'à ce jour.


Le Sanhédrin est placé sous l'autorité de son [[Nassi|Président]] qui dirige les débats législatifs. Son adjoint dirige les procès et est appelé ''Av [[Beth din]]''. Ces deux postes sont traditionnellement confiés aux deux plus grandes autorités légales du moment.
Le Sanhédrin est placé sous l'autorité de son [[Nassi|Président]] qui dirige les débats législatifs. Son adjoint dirige les procès et est appelé ''Av [[Beth din]]''. Ces deux postes sont traditionnellement confiés aux deux plus grandes autorités légales du moment.
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La tradition juive fait remonter l'existence du Sanhédrin au temps de [[Moïse]]. En [[Livre de l'Exode|Exode]] 24, Moïse monte au Sinaï accompagné d'[[Aaron (Bible)|Aaron]], des deux fils de celui-ci et de soixante-dix anciens pour recevoir la [[Torah]]. Plus tard, il leur impose les mains pour qu'ils reçoivent l'esprit saint et légifèrent à ses côtés. Le Sanhédrin aurait continué à exister durant l'époque des Juges et du [[premier Temple]]. Les sources bibliques sont cependant silencieuses à ce sujet.
La tradition juive fait remonter l'existence du Sanhédrin au temps de [[Moïse]]. En [[Livre de l'Exode|Exode]] 24, Moïse monte au Sinaï accompagné d'[[Aaron (Bible)|Aaron]], des deux fils de celui-ci et de soixante-dix anciens pour recevoir la [[Torah]]. Plus tard, il leur impose les mains pour qu'ils reçoivent l'esprit saint et légifèrent à ses côtés. Le Sanhédrin aurait continué à exister durant l'époque des Juges et du [[premier Temple]]. Les sources bibliques sont cependant silencieuses à ce sujet.


Après la destruction du premier Temple, le Sanhédrin aurait été [[Exil à Babylone|exilé à Babylone]]. Après le retour des exilés, il aurait été recréé par [[Esdras]]. Son autorité politique est grandement minimisée par le statut de protectorat [[perse]] auquel la [[Judée]] est soumise. Après la révolte [[hasmonéen]]ne et la recouvrance de l'indépendance politique, le Sanhédrin est incapable d'empêcher des rois non issus de la lignée davidique de contrôler le pays ni de nommer les [[Grand prêtre d'Israël|grands prêtres]] inacceptables aux yeux de la Loi Juive. Lorsqu'il se rebelle, ses sages sont même impitoyablement massacrés. Avec l'occupation romaine, le Sanhédrin voit aussi son pouvoir judiciaire réduit puisqu'il ne peut plus condamner à mort. Cette prérogative est réservée au gouverneur romain. Le Sanhédrin se concentre donc sur la codification de la Loi Juive.
Après la destruction du premier Temple, le Sanhédrin aurait été [[Exil à Babylone|exilé à Babylone]]. Après le retour des exilés, il aurait été recréé par [[Esdras]]. Son autorité politique est grandement minimisée par le statut de protectorat [[empire perse|perse]] auquel la [[Judée]] est soumise. Après la révolte [[hasmonéen]]ne et la recouvrance de l'indépendance politique, le Sanhédrin est incapable d'empêcher des rois non issus de la lignée davidique de contrôler le pays ni de nommer les [[Grand prêtre d'Israël|grands prêtres]] inacceptables aux yeux de la Loi Juive. Lorsqu'il se rebelle, ses sages sont même impitoyablement massacrés. Avec l'occupation romaine, le Sanhédrin voit aussi son pouvoir judiciaire réduit puisqu'il ne peut plus condamner à mort. Cette prérogative est réservée au gouverneur romain. Le Sanhédrin se concentre donc sur la codification de la Loi Juive.


Après la [[Grande révolte juive|Grande Révolte]] et la destruction de Jérusalem par les [[Romains]] en l'an 70, le Sanhédrin est transféré pour un temps à [[Yavné]]. Le [[Talmud de Babylone]] (traité [[Roch Hachana (traité)|Rosh Hashana]], page 31a) décrit les dix déplacements du Sanhédrin, notamment à [[Ousha (ville)|Oucha]], [[Shefa Amr]], [[Beït-Shéarim]], [[Sepphoris|Tsippori]] ([[Sepphoris]]) et [[Tibériade]]. Avec la disparition du Temple de Jérusalem, le Sanhédrin reste la seule autorité juive tolérée par [[Rome]]. Son président, qui est choisi parmi les descendants d'[[Hillel]] l’Ancien, devient le représentant des Juifs de l'Empire.
Après la [[Grande révolte juive|Grande Révolte]] et la destruction de Jérusalem par les [[Romains]] en l'an 70, le Sanhédrin est transféré pour un temps à [[Yavné]]. Le [[Talmud de Babylone]] (traité [[Roch Hachana (traité)|Rosh Hashana]], page 31a) décrit les dix déplacements du Sanhédrin, notamment à [[Ousha (ville)|Oucha]], [[Shefa Amr]], [[Beït-Shéarim]], [[Sepphoris|Tsippori]] ([[Sepphoris]]) et [[Tibériade]]. Avec la disparition du Temple de Jérusalem, le Sanhédrin reste la seule autorité juive tolérée par [[Rome]]. Son président, qui est choisi parmi les descendants d'[[Hillel]] l’Ancien, devient le représentant des Juifs de l'Empire.


Après la mort de [[Juda Hanassi|Judah ha-Nassi]], l'éditeur de la Mishna vers l’an 219, le Nassi perd son statut de chef spirituel au profit des dirigeants des grandes académies de [[Babylonie]]. Enfin, la fonction de Nassi est abolie en 429 par [[Théodose II]] avec la destitution de [[Gamaliel VI]] afin de faciliter la christianisation du pays. Depuis, le Sanhédrin n'existe plus.
Après la mort de [[Juda Hanassi|Judah ha-Nassi]], l'éditeur de la Mishna vers l’an 219, le Nassi perd son statut de chef spirituel au profit des dirigeants des grandes académies de [[Babylone (civilisation)|Babylonie]]. Enfin, la fonction de Nassi est abolie en 429 par [[Théodose II]] avec la destitution de [[Gamaliel VI]] afin de faciliter la christianisation du pays. Depuis, le Sanhédrin n'existe plus.


Au {{s-|XVII|e}} un groupe de rabbins kabbalistes d'origine espagnole a tenté de recréer le Sanhédrin en suivant la procédure établie par [[Maïmonide]]. En raison de l'opposition des rabbins hiérosolémites, cet essai fut un échec.
Au {{s-|XVII|e}} un groupe de rabbins kabbalistes d'origine espagnole a tenté de recréer le Sanhédrin en suivant la procédure établie par [[Maïmonide]]. En raison de l'opposition des rabbins [[Jérusalem|hiérosolymites]], cet essai fut un échec.
[[Fichier:Napoleonic Medal.jpg|vignette|Médaillon de 1806 frappé en commémoration du [[Grand Sanhédrin]] napoléonien, dans la collection du [[Musée juif de Suisse]].]]
[[Napoléon Ier|Napoléon]] a attribué ce nom à une assemblée rabbinique convoquée à Paris, dans la salle Saint-Jean, derrière l’[[Hôtel de ville]], du {{date-|9 février}} au {{date-|13 mars 1807}}, pour accepter les dispositions prises par l'[[Assemblée des notables]] pour l'administration des Juifs de l'Empire (voir article [[Grand Sanhédrin (Napoléon)|Grand Sanhédrin]]). À cette occasion, la [[rue du Pet-au-Diable]] fut renommée [[rue du Sanhédrin]].


Depuis 2007, un groupe de rabbins [[Sionisme religieux|sionistes religieux]], rejoints par quelques autorités hassidiques, tente de reconstruire le Sanhédrin. Son président temporaire est le rabbin [[Adin Steinsaltz]]<ref>[http://www.haaretz.com/hasen/spages/831646.html « ''Present-day Sanhedrin court seeks to revive ancient Temple rituals'' »], ''[[Haaretz]]'', 28 février 2007.</ref>.
[[Napoléon Ier|Napoléon]] a attribué ce nom à une assemblée rabbinique convoquée à Paris, dans la salle Saint-Jean, derrière l’[[Hôtel de ville]], du {{date-|9 février}} au {{date-|13 mars 1807}} pour accepter les dispositions prises par l'[[Assemblée des notables]] pour l'administration des Juifs de l'Empire (voir article [[Grand Sanhédrin (Napoléon)|Grand Sanhédrin]]). À cette occasion la [[rue du Pet-au-Diable]] fut renommée [[rue du Sanhédrin]].

Depuis 2007, un groupe de rabbins [[Sionisme religieux|sionistes religieux]] rejoints par quelques autorités hassidiques tente de reconstruire le Sanhédrin. Son président temporaire est le rabbin [[Adin Steinsaltz]]<ref>[http://www.haaretz.com/hasen/spages/831646.html « ''Present-day Sanhedrin court seeks to revive ancient Temple rituals'' »], ''[[Haaretz]]'', 28 février 2007</ref>.


== Christianisme ==
== Christianisme ==
De nombreuses références au Sanhédrin sont présentes dans le [[Nouveau Testament]]. Selon les [[Évangiles synoptiques]], c'est devant le Sanhédrin que comparaît [[Jésus]] après [[Arrestation de Jésus|son arrestation]] à [[Gethsémani]] par la garde du grand prêtre [[Caïphe]]. Ayant réaffirmé qu'il était le fils de Dieu, il est accusé de [[blasphème]], mais ensuite jugé et condamné à la [[crucifixion]] pour [[sédition]] par [[Ponce Pilate]]. Le récit du [[Procès de Jésus|procès au Sanhédrin]] {{Citation|est vraisemblablement une reconstruction chrétienne<ref>{{Chapitre |auteur1= [[Daniel Marguerat]]|titre chapitre= Introduction. Jésus de Nazareth|auteurs ouvrage=[[Jean-Marie Mayeur]], [[Luce Pietri]], [[André Vauchez (historien)|André Vauchez]], [[Marc Venard]] |titre ouvrage= Histoire du christianisme. Le nouveau peuple (des origines à 250)|éditeur= Desclée|année= 2000|passage= 46}}.</ref>.}}
De nombreuses références au Sanhédrin sont présentes dans le [[Nouveau Testament]]. Selon les [[Évangiles synoptiques]], c'est devant le Sanhédrin que comparaît [[Jésus]] après [[Arrestation de Jésus|son arrestation]] à [[Gethsémani]] par la garde du grand prêtre [[Caïphe]]. Ayant réaffirmé qu'il était le fils de Dieu, il est accusé de [[blasphème]]<ref>{{Réf bible|Matthieu|26|65}} ; {{Réf bible|Jean|19|7}}.</ref>, mais ensuite jugé et condamné à la [[crucifixion]] pour [[sédition]] par [[Ponce Pilate]] ; c'est néanmoins l'un des membres du Sanhédrin, [[Joseph d'Arimathie]], qui offre un caveau pour l'inhumation du Christ crucifié.


[[Pierre (apôtre)|Pierre]], [[Jean (apôtre)|Jean]], [[Étienne (premier martyr)|Étienne]] et [[Jacques le Juste|Jacques]], des disciples de Jésus passeront aussi à leur tour devant les membres de la docte assemblée.
Des disciples de Jésus passeront à leur tour devant cette assemblée, tels [[Pierre (apôtre)|Pierre]] et [[Jean (apôtre)|Jean]]<ref>{{Réf bible|Ac|4|2}} ; {{Réf bible|Ac|5|21}}.</ref>, [[Étienne (premier martyr)|Étienne]]<ref>{{Réf bible|Ac|6|12}}.</ref>, Paul<ref>{{Réf bible|Ac|23|6}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=H. Lesêtre.|titre=Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V|lieu=Paris|année=1912|wikisource=Dictionnaire_de_la_Bible_-_Vigouroux|page=1459|consulté le=19 février 2024}}.</ref>.


Selon les traductions, le Sanhédrin est aussi appelé Grand Conseil.
Selon les traductions, le Sanhédrin est aussi appelé Grand Conseil.
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* [[Hillel]]
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* [[Nicodème|Nicodéme]]
* [[Nicodème|Nicodéme]]
* [[Joseph d'Arimathie]]
* Simon ben Hillel (environ 10-30)
* Simon ben Hillel (environ 10-30)
* Rabban [[Gamaliel l'Ancien|Gamaliel]] l’Ancien (environ 30-50)
* Rabban [[Gamaliel l'Ancien|Gamaliel]] l’Ancien (environ 30-50)
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*[[Grand Sanhédrin]]
*[[Grand Sanhédrin]]


=== Lien externe ===
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* [http://www.thesanhedrin.org Le site du nouveau Sanhédrin]
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Dernière version du 12 avril 2024 à 23:33

Le Sanhédrin, illustration d'une encyclopédie de 1883.

Le Sanhédrin était l'assemblée législative traditionnelle d’Israël ainsi que son tribunal suprême et siégeait normalement à Jérusalem. Son nom dérive du grec συνέδριον / sunédrion, signifiant « assemblée siégeante ». Composé de soixante et onze sages experts en « Loi Juive », il doit comporter vingt-trois membres pour décider en matière judiciaire ; il est alors nommé petit sanhédrin et siège dans les principales villes.

Ce terme a été repris par Napoléon Ier qui a convoqué un Grand Sanhédrin en 1807 avant de créer le Consistoire central israélite de France.

Fonctions[modifier | modifier le code]

Le mot « Sanhédrin », en araméen סַנְהֶדְרִין, Sanhêdrin, en grec Συνέδριον, Sunedrion, littéralement « siégeant ensemble », est une assemblée, un conseil.

Le Sanhédrin interprétait et tranchait la loi des israélites à partir de ses sources écrites et orales. Son travail de codification a abouti à la rédaction de la Mishna.

Le Sanhédrin est aussi le tribunal suprême dont une des fonctions vitales est la promulgation du calendrier. Il est aussi habilité à reconnaître officiellement un prophète qui puisse lui-même identifier le Messie.

Le Sanhédrin est doté d'un grand pouvoir politique puisqu'il exerce un contrôle légal sur le Roi ainsi que sur le Grand Prêtre responsable des activités du Temple.

Organisation[modifier | modifier le code]

Le Sanhédrin était composé de soixante-dix hommes des anciens d'Israël (chiffre en relation avec Nb 11, 16[1])[2] qui se cooptaient par imposition de la semikha. Sa composition a été l'objet d'une lutte féroce entre les docteurs pharisiens et la caste des sadducéens à l'époque du Second Temple. La victoire finale des premiers après la destruction du Temple a assuré l'autorité rabbinique sur le Judaïsme jusqu'à ce jour.

Le Sanhédrin est placé sous l'autorité de son Président qui dirige les débats législatifs. Son adjoint dirige les procès et est appelé Av Beth din. Ces deux postes sont traditionnellement confiés aux deux plus grandes autorités légales du moment.

Histoire[modifier | modifier le code]

La tradition juive fait remonter l'existence du Sanhédrin au temps de Moïse. En Exode 24, Moïse monte au Sinaï accompagné d'Aaron, des deux fils de celui-ci et de soixante-dix anciens pour recevoir la Torah. Plus tard, il leur impose les mains pour qu'ils reçoivent l'esprit saint et légifèrent à ses côtés. Le Sanhédrin aurait continué à exister durant l'époque des Juges et du premier Temple. Les sources bibliques sont cependant silencieuses à ce sujet.

Après la destruction du premier Temple, le Sanhédrin aurait été exilé à Babylone. Après le retour des exilés, il aurait été recréé par Esdras. Son autorité politique est grandement minimisée par le statut de protectorat perse auquel la Judée est soumise. Après la révolte hasmonéenne et la recouvrance de l'indépendance politique, le Sanhédrin est incapable d'empêcher des rois non issus de la lignée davidique de contrôler le pays ni de nommer les grands prêtres inacceptables aux yeux de la Loi Juive. Lorsqu'il se rebelle, ses sages sont même impitoyablement massacrés. Avec l'occupation romaine, le Sanhédrin voit aussi son pouvoir judiciaire réduit puisqu'il ne peut plus condamner à mort. Cette prérogative est réservée au gouverneur romain. Le Sanhédrin se concentre donc sur la codification de la Loi Juive.

Après la Grande Révolte et la destruction de Jérusalem par les Romains en l'an 70, le Sanhédrin est transféré pour un temps à Yavné. Le Talmud de Babylone (traité Rosh Hashana, page 31a) décrit les dix déplacements du Sanhédrin, notamment à Oucha, Shefa Amr, Beït-Shéarim, Tsippori (Sepphoris) et Tibériade. Avec la disparition du Temple de Jérusalem, le Sanhédrin reste la seule autorité juive tolérée par Rome. Son président, qui est choisi parmi les descendants d'Hillel l’Ancien, devient le représentant des Juifs de l'Empire.

Après la mort de Judah ha-Nassi, l'éditeur de la Mishna vers l’an 219, le Nassi perd son statut de chef spirituel au profit des dirigeants des grandes académies de Babylonie. Enfin, la fonction de Nassi est abolie en 429 par Théodose II avec la destitution de Gamaliel VI afin de faciliter la christianisation du pays. Depuis, le Sanhédrin n'existe plus.

Au XVIIe siècle un groupe de rabbins kabbalistes d'origine espagnole a tenté de recréer le Sanhédrin en suivant la procédure établie par Maïmonide. En raison de l'opposition des rabbins hiérosolymites, cet essai fut un échec.

Médaillon de 1806 frappé en commémoration du Grand Sanhédrin napoléonien, dans la collection du Musée juif de Suisse.

Napoléon a attribué ce nom à une assemblée rabbinique convoquée à Paris, dans la salle Saint-Jean, derrière l’Hôtel de ville, du au , pour accepter les dispositions prises par l'Assemblée des notables pour l'administration des Juifs de l'Empire (voir article Grand Sanhédrin). À cette occasion, la rue du Pet-au-Diable fut renommée rue du Sanhédrin.

Depuis 2007, un groupe de rabbins sionistes religieux, rejoints par quelques autorités hassidiques, tente de reconstruire le Sanhédrin. Son président temporaire est le rabbin Adin Steinsaltz[3].

Christianisme[modifier | modifier le code]

De nombreuses références au Sanhédrin sont présentes dans le Nouveau Testament. Selon les Évangiles synoptiques, c'est devant le Sanhédrin que comparaît Jésus après son arrestation à Gethsémani par la garde du grand prêtre Caïphe. Ayant réaffirmé qu'il était le fils de Dieu, il est accusé de blasphème[4], mais ensuite jugé et condamné à la crucifixion pour sédition par Ponce Pilate ; c'est néanmoins l'un des membres du Sanhédrin, Joseph d'Arimathie, qui offre un caveau pour l'inhumation du Christ crucifié.

Des disciples de Jésus passeront à leur tour devant cette assemblée, tels Pierre et Jean[5], Étienne[6], Paul[7],[8].

Selon les traductions, le Sanhédrin est aussi appelé Grand Conseil.

Membres connus[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Nb 11,16.
  2. Simon Claude Mimouni, Pierre Maraval, Le christianisme des origines à Constantin, Presses universitaires de France, , p. 123.
  3. « Present-day Sanhedrin court seeks to revive ancient Temple rituals », Haaretz, 28 février 2007.
  4. Mt 26,65 ; Jn 19,7.
  5. Ac 4,2 ; Ac 5,21.
  6. Ac 6,12.
  7. Ac 23,6.
  8. H. Lesêtre., Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V, Paris, (lire sur Wikisource), p. 1459.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]