« Nicolas de Staël » : différence entre les versions

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Il y avait une incohérence entre l'âge et la date de décès de Nicolas de Staël. En effet, il se suicide à 41 ans et non à 40 ans.
 
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{{Voir homonymes|Staël}}
{{Voir homonymes|Staël}}
{{Infobox Artiste
{{Infobox Artiste
| image =Photographie de Nicolas de Staël.jpg
| image = Photographie de Nicolas de Staël.jpg
| légende = Photographie d'identité de Nicolas de Staël dans son dossier de demande de naturalisation française (1941)<ref>Archives nationales, cote 19780018/82, dossier 13357X47.</ref>.
| formation = [[Académie royale des beaux-arts de Bruxelles]], académie Fernand Léger de Paris
| œuvres principales = ''[[Hommage à Piranese]]'', ''[[Les Footballeurs]]'', ''[[Le Parc des Princes (Staël)|Le Parc des Princes]]'', ''[[L'Orchestre (Staël)|L'Orchestre]]'', ''[[Les Musiciens, souvenir de Sidney Bechet]]''
| formation = [[Académie royale des beaux-arts de Bruxelles]], académie Fernand Léger de Paris
| œuvres principales = ''[[Hommage à Piranese]]'', ''[[Les Footballeurs]]'', ''[[Le Parc des Princes (Staël)|Le Parc des Princes]]'', ''[[L'Orchestre (Staël)|L'Orchestre]]'', ''[[Les Musiciens, souvenir de Sidney Bechet]]''
| famille = [[Famille Staël von Holstein|Staël von Holstein]]
| famille = [[Famille Staël von Holstein|Staël von Holstein]]
| activités = [[Peinture (art)|Peinture]], [[dessin]], [[lithographie]], [[gravure]], [[collage (art)|collage]], [[écriture]]
| activités = [[Peinture (art)|peinture]], [[dessin]], [[lithographie]], [[gravure]], [[collage (art)|collage]], [[écriture]]
}}
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'''Nicolas de Staël''' (prononcé {{API|[stal]}}<ref group="note">En France, Staël est prononcé stal (comme « stalle »). En Suisse, Staël est souvent prononcé [stɛl] (comme « stèle »). Le nom n'est jamais prononcé « sta-elle », sauf par erreur.</ref>), baron '''Nikolaï Vladimirovitch Staël von Holstein''' (en {{lang-ru|Николай Владимирович Шталь фон Гольштейн}}), né le {{date|23|décembre|1914|julien=oui}} à [[Saint-Pétersbourg]], mort le {{date|16|mars|1955}} à [[Antibes]], est un [[artiste-peintre|peintre]] français originaire de [[Russie]], issu d'une branche cadette de la [[Staël von Holstein|famille Staël von Holstein]].
'''Nicolas de Staël''' (prononcé {{API|[stal]}}<ref group="note">En France, Staël est prononcé stal (comme « stalle »). En Suisse, Staël est souvent prononcé [stɛl] (comme « stèle »). Le nom n'est jamais prononcé « sta-elle », sauf par erreur.</ref>), baron '''Nikolaï Vladimirovitch Staël von Holstein''' (en {{lang-ru|Николай Владимирович Шталь фон Гольштейн}}), né le {{date|23|décembre|1913|julien=oui}} à [[Saint-Pétersbourg]] et mort le {{date|16|mars|1955}} à [[Antibes]], est un [[artiste-peintre|peintre]] français originaire de [[Russie]], issu d'une branche cadette de la [[Staël von Holstein|famille Staël von Holstein]].


La carrière de Nicolas de Staël s'étend sur quinze ans, de 1940 à sa mort. Artiste prolifique, il peint durant ces années plus d'un millier de toiles aux influences diverses {{incise|[[Paul Cézanne |Cézanne]], [[Henri Matisse |Matisse]], [[Vincent van Gogh |Van Gogh]], [[Georges Braque|Braque]], [[Chaïm Soutine|Soutine]] et les [[Fauvisme|fauves]], mais aussi les maîtres néerlandais [[Rembrandt]], [[Johannes Vermeer|Vermeer]] et [[Hercules Seghers|Seghers]]|stop}}.
La carrière de Nicolas de Staël s'étend sur quinze ans, de 1940 à sa mort. Artiste prolifique, il peint durant ces années plus d'un millier de toiles aux influences diverses {{incise|[[Paul Cézanne |Cézanne]], [[Henri Matisse |Matisse]], [[Vincent van Gogh |Van Gogh]], [[Georges Braque|Braque]], [[Chaïm Soutine|Soutine]] et les [[Fauvisme|fauves]], mais aussi les maîtres néerlandais [[Rembrandt]], [[Johannes Vermeer|Vermeer]] et [[Hercules Seghers|Seghers]]|stop}}.
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Sa peinture est en constante évolution. Des couleurs sombres de ses débuts (''Porte sans porte'', 1946 ou ''Ressentiment'', 1947), elle aboutit à l'exaltation de la couleur comme dans le ''Grand Nu orange'' (1953). Ses toiles se caractérisent par d'épaisses couches de peinture superposées et un important jeu de matières, passant des empâtements au couteau (''Compositions'', 1945-1949) à une peinture plus fluide (''Agrigente'', 1954, ''Chemin de fer au bord de la mer, soleil couchant'', 1955).
Sa peinture est en constante évolution. Des couleurs sombres de ses débuts (''Porte sans porte'', 1946 ou ''Ressentiment'', 1947), elle aboutit à l'exaltation de la couleur comme dans le ''Grand Nu orange'' (1953). Ses toiles se caractérisent par d'épaisses couches de peinture superposées et un important jeu de matières, passant des empâtements au couteau (''Compositions'', 1945-1949) à une peinture plus fluide (''Agrigente'', 1954, ''Chemin de fer au bord de la mer, soleil couchant'', 1955).


Refusant les étiquettes et les courants, tout comme [[Georges Braque]] qu'il admire, il travaille avec acharnement, détruisant autant d’œuvres qu'il en réalise. {{Citation|Dans sa frénésie de peindre il côtoie sans cesse l'abîme, trouvant des accords que nul autre avant lui n'avait osé tenter. Peinture tendue, nerveuse, toujours sur le fil du rasoir, à l'image des dernières toiles de [[Vincent van Gogh]] qu'il rejoint dans le suicide<ref>Bernard Heitz, article : Nicolas de Staël, les couleurs du tourment, [[Télérama]] n°2374 du 12 juillet 1995, p.13</ref>.}}
Refusant les étiquettes et les courants, tout comme [[Georges Braque]] qu'il admire, il travaille avec acharnement, détruisant autant d’œuvres qu'il en réalise. {{Citation|Dans sa frénésie de peindre il côtoie sans cesse l'abîme, trouvant des accords que nul autre avant lui n'avait osé tenter. Peinture tendue, nerveuse, toujours sur le fil du rasoir, à l'image des dernières toiles de [[Vincent van Gogh]] qu'il rejoint dans le suicide<ref name="BHeitz13">Bernard Heitz, article « Nicolas de Staël, les couleurs du tourment », ''[[Télérama]]'' 2374 du 12 juillet 1995, p. 13.</ref>.}}


Nicolas de Staël meurt à {{unité|40|ans}} en se jetant de la terrasse de la maison où il avait son atelier à [[Antibes]]. Cette maison fut classée monument historique en mars 2014 après une rénovation effectuée par Roman Rotges. Il est enterré au [[cimetière de Montrouge]].
Nicolas de Staël meurt à {{unité|41|ans}} en se jetant de la terrasse de la maison où il avait son atelier à [[Antibes]]. Cette maison est classée monument historique en mars 2014 après une rénovation effectuée par Roman Rotges. Il est enterré au [[cimetière de Montrouge]].


Par son style évolutif, qu'il a lui-même qualifié d'« évolution continue », il reste une énigme pour les historiens d'art qui le classent aussi bien dans la catégorie de l'[[École de Paris]] selon [[Lydia Harambourg]]<ref group="note">L'École de Paris reste une notion très vague selon [[André Chastel]]. Elle n'est mentionnée dans le Dictionnaire de la peinture de [[Michel Laclotte]] et Jean-Pierre Cuzin non pas comme un courant, mais comme un ensemble d'individus cité dans la notice de chaque artiste</ref>, que dans les [[Art abstrait|abstraits]] ayant inspiré les jeunes peintres à partir des années 1970, selon [[Marcelin Pleynet]] et [[Michel Ragon]], ou encore dans la catégorie de l'[[art informel]] selon Jean-Luc Daval. Il a maintes fois créé la surprise notamment avec la série ''[[Les Footballeurs]]'', entraînant derrière lui des artistes d'un nouveau mouvement d'abstraction parmi lesquels [[Jean-Pierre Pincemin]] et les artistes du néo-formalisme new-yorkais, ou de l'[[expressionnisme abstrait]] de l'[[École de New York]], parmi lesquels se trouve notamment [[Joan Mitchell]].
Par son style évolutif, qu'il a lui-même qualifié d'« évolution continue », il reste une énigme pour les historiens d'art qui le classent aussi bien dans la catégorie de l'[[École de Paris]] selon [[Lydia Harambourg]]<ref group="note">L'École de Paris reste une notion très vague selon [[André Chastel]]. Elle est mentionnée, dans le ''Dictionnaire de la peinture'' ([[éditions Larousse]]) de [[Michel Laclotte]] et Jean-Pierre Cuzin, non pas comme un courant mais comme un ensemble d'individus dont l'appartenance est citée dans la notice de chaque artiste.</ref>, que dans les [[Art abstrait|abstraits]] ayant inspiré les jeunes peintres à partir des [[années 1970]], selon [[Marcelin Pleynet]] et [[Michel Ragon]], ou encore dans la catégorie de l'[[art informel]] selon Jean-Luc Daval. De Staël a maintes fois créé la surprise notamment avec la série ''[[Les Footballeurs]]'', entraînant derrière lui des artistes d'un nouveau mouvement d'abstraction, parmi lesquels [[Jean-Pierre Pincemin]], et les artistes du néo-formalisme new-yorkais ou de l'[[expressionnisme abstrait]] de l'[[École de New York]], parmi lesquels se trouve notamment [[Joan Mitchell]].


== Biographie ==
== Biographie ==
=== Enfance ===
=== Enfance ===
[[Fichier:Neva-StPetersburg2.JPG|thumb|[[Forteresse Pierre-et-Paul]] de [[Saint-Pétersbourg]] où est né Nicolas de Staël.]]
[[Fichier:Neva-StPetersburg2.JPG|thumb|left|[[Forteresse Pierre-et-Paul]] de [[Saint-Pétersbourg]] où est né Nicolas de Staël.]]
Nicolas de Staël est issu d’une lignée de militaires. Son arrière-grand-père, Carl Gustav, dirige la deuxième division de cavalerie du tsar et termine sa carrière comme général de corps d’armée en 1861<ref>{{Ouvrage|auteur1=Gosudarstvennyĭ Ėrmitazh|titre=Nicolas de Staël|éditeur=Paris-Musées|année=2003|passage=33|isbn=}}.</ref>, son grand-père Ivan Karlovitch et son père Vladimir Ivanovitch sont aussi officiers généraux. Né en 1853, il sert dans les rangs des [[cosaques]] et des [[uhlan]]s de la [[garde impériale (Russie)|garde impériale]]<ref name="Greilsamer 18">{{harvsp|Greilsamer|p=18|id=LG}}</ref>. Il devient général major, vice-commandant de la [[forteresse Pierre-et-Paul]] de [[Saint-Pétersbourg]] en [[1908]], jusqu'en [[1917]].
Nicolas de Staël est issu d’une lignée de militaires. Il avait coutume de répondre {{citation|voyez le [[Almanach de Gotha|''Gotha'']]}} quand on lui posait des questions à propos de son ascendance. Son arrière-grand-père, Carl Gustav, dirige la deuxième division de cavalerie du tsar et termine sa carrière comme général de corps d’armée en 1861<ref>{{Ouvrage|auteur1=Gosudarstvennyĭ Ėrmitazh|titre=Nicolas de Staël|éditeur=Paris-Musées|année=2003|passage=33|isbn=}}.</ref>, son grand-père Ivan Karlovitch et son père Vladimir Ivanovitch sont aussi officiers généraux. Né en 1853, il sert dans les rangs des [[cosaques]] et des [[uhlan]]s de la [[garde impériale (Russie)|garde impériale]]<ref name="Greilsamer 18">{{harvsp|Greilsamer|p=18|id=LG}}.</ref>. Il devient général major, vice-commandant de la [[forteresse Pierre-et-Paul]] de [[Saint-Pétersbourg]] en [[1908]], jusqu'en [[1917]].


Son père est un orthodoxe pieux et austère. Sa mère, Lioubov Berdnikova, plus jeune que son mari de vingt-deux ans, est sa seconde épouse. Elle est issue d'un milieu très fortuné où l'on s'intéresse à l'art. Par sa mère, elle est apparentée à la famille du compositeur [[Alexandre Glazounov]]<ref name="Ameline 27">{{harvsp|Ameline et al|p=27|id=APA}}</ref>.
Son père est un orthodoxe pieux et austère. Sa mère, Lioubov Berdnikova, plus jeune que son mari de vingt-deux ans, est sa seconde épouse. Elle est issue d'un milieu très fortuné où l'on s'intéresse à l'art. Par sa mère, elle est apparentée à la famille du compositeur [[Alexandre Glazounov]]<ref name="Ameline 27">{{harvsp|Ameline et al|p=27|id=APA}}.</ref>.


Selon le [[calendrier julien]], Nicolas de Staël naît le {{date|23|décembre|1913}} à Saint-Pétersbourg, qui vient alors d'être rebaptisée Petrograd ({{lang|ru|Петроград}}).
Selon le [[calendrier julien]], Nicolas de Staël naît le {{date|23|décembre|1914}} à Saint-Pétersbourg, qui vient alors d'être rebaptisée Petrograd ({{lang|ru|Петроград}}).


À la suite de la [[Révolution russe|révolution]] de 1917, comme de nombreux [[Russes blancs]], la famille est contrainte à l’exil. Les parents de Nicolas de Staël meurent en 1919 après s'être installés en [[Pologne]]. Orphelin, il est confié par sa marraine en 1922 à une famille de [[Bruxelles]], les Fricero, avec ses deux sœurs, Marina et Olga. Les Fricero sont une famille d'origine [[Sardaigne|sarde]] qui a hérité de la nationalité russe au {{s|XIX|e}} lorsque le père d'Emmanuel Fricero était attaché naval à l'ambassade de Russie à Londres. Sa femme Charlotte est présidente de la [[Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge|Croix-Rouge]]. Ils ont déjà recueilli le descendant d'une grande famille russe, Alexandre Bereznikov<ref name="Greilsamer 40">{{harvsp|Greilsamer|p=40|id=LG}}</ref>.
À la suite de la [[Révolution russe|révolution]] de 1917, comme de nombreux [[Russes blancs]], la famille est contrainte à l’exil et quitte Saint-Pétersbourg à l'été 1919. Après une période d'errance, la famille s'installe pour un temps à Vilnius en janvier 1920. Son père meurt en 1921, sa mère l’année suivante<ref>[https://francearchives.gouv.fr/fr/pages_histoire/39595 Voir sur ''francearchives.gouv.fr''.]</ref> après s'être installés en [[Pologne]]. Orphelin, il est recueilli, avec ses deux sœurs Marina et Olga, par sa marraine Ludmila von Lubimov, la meilleure amie de sa mère, qui vit en France. Celle-ci les confie rapidement à une famille de [[Bruxelles]], les Fricero. Les Fricero sont une famille fortunée d'origine [[Sardaigne|sarde]] qui a hérité de la nationalité russe au {{s|XIX|e}} lorsque le père d'Emmanuel Fricero était attaché naval à l'ambassade de Russie à Londres. Sa femme Charlotte est présidente de la [[Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge|Croix-Rouge]]. Ils ont déjà recueilli le descendant d'une grande famille russe, Alexandre Bereznikov<ref name="Greilsamer 40">{{harvsp|Greilsamer|p=40|id=LG}}.</ref>.


=== Formation ===
=== Formation ===
Il est inscrit au collège jésuite Saint-Michel à [[Etterbeek]], commune voisine de Bruxelles, le {{date-|16 août 1924}} en avant-dernière année de primaire. Il accomplit ses humanités classiques dans le même collège jusqu'en {{date-|juillet 1931}} qu'il quitte en {{3e}} latine, après avoir redoublé cette classe. Les Fricero l'inscrivent au collège Cardinal Mercier de [[Braine-l'Alleud]] en {{date-|septembre 1931}}<ref name="Prat Bellet 195">{{harvsp|Prat |Bellet|p=195|id=PB95}}</ref>. Nicolas se passionne pour la littérature française et les tragédies grecques et dans le même temps découvre la peinture dans les musées et les galeries notamment [[Pierre Paul Rubens|Rubens]] et les peintres belges contemporains [[James Ensor]], [[Constant Permeke|Permeke]]. Sa vocation naissante d'artiste inquiète son père adoptif, Emmanuel Fricero, sorti de l'[[École centrale Paris|École centrale de Paris]], qui souhaite voir Nicolas s'orienter vers les sciences et le pousse à entreprendre des études d'ingénieur<ref>{{Ouvrage|auteur1=Daniel Dobbels|titre=Staël|éditeur=Hazan|année=1994|passage=239|isbn=}}</ref>. Mais dès ses études terminées, Nicolas se tourne vers la peinture<ref name="Ameline 27"/>.
Il est inscrit au collège jésuite Saint-Michel à [[Etterbeek]], commune voisine de Bruxelles, le {{date-|16 août 1924}} en avant-dernière année de primaire. Il accomplit ses humanités classiques dans le même collège jusqu'en {{date-|juillet 1931}}. Il n'y est pas heureux, c'est un élève indiscipliné avec de mauvais résultats. Il quitte ce collège en {{3e}} latine, après avoir redoublé cette classe. Les Fricero l'inscrivent au collège Cardinal Mercier de [[Braine-l'Alleud]] en {{date-|septembre 1931}}<ref name="Prat Bellet 195">{{harvsp|Prat |Bellet|p=195|id=PB95}}.</ref>. Nicolas se passionne pour la littérature française et les tragédies grecques et dans le même temps découvre la peinture dans les musées et les galeries notamment [[Pierre Paul Rubens|Rubens]] et les peintres belges contemporains [[James Ensor]], [[Constant Permeke|Permeke]]. Sa vocation naissante d'artiste inquiète son père adoptif, Emmanuel Fricero, sorti de l'[[École centrale Paris]], qui souhaite voir Nicolas s'orienter vers les sciences et le pousse à entreprendre des études d'ingénieur<ref>{{Ouvrage|auteur1=Daniel Dobbels|titre=Staël|éditeur=Hazan|année=1994|passage=239|isbn=}}.</ref>. Mais dès ses études terminées, Nicolas se tourne vers la peinture<ref name="Ameline 27"/>.


Après avoir visité les [[Pays-Bas]] en juin, et découvert la peinture flamande, il entre en {{date-|octobre 1933}} aux [[Académie royale des beaux-arts de Bruxelles|Beaux-arts de Bruxelles]] où il suit les cours de dessin antique avec [[Henri van Haelen]]. Il se lie d'amitié avec [[Lismonde]]<ref>[http://www.maison-lismonde.be/F-Lismonde-artiste-vie.html| Maison Lismonde. En 1932-1934, Lismonde se lie d'amitié avec Nicolas de Staël à l'Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles]</ref> et Madeleine Haupert qui a fréquenté les [[École nationale supérieure des beaux-arts|Beaux arts de Paris]] et qui lui fait découvrir la peinture abstraite<ref name="Ameline 27"/>. Il s'inscrit aussi à l'Académie des beaux-arts de [[Saint-Gilles (Bruxelles)|Saint-Gilles]] où il suit les cours d'architecture de Charles Malcause<ref name="Prat Bellet 195"/>. Dans cette même académie, il suit dès 1934-35 les cours de décoration en compagnie de [[Géo De Vlamynck |Georges de Vlamynck]] (Géo De Vlamynck) qu'il assiste par la suite pour la réalisation de peintures murales du pavillon du Verre d'Art de l'[[Exposition universelle de 1935|Exposition universelle de Bruxelles de 1935]]<ref name="DB-239">[[#DB|Daniel Dobbels (1994)]], {{p.|239}}</ref>.
Après avoir visité les [[Pays-Bas]] en juin, et découvert la peinture flamande, il entre en {{date-|octobre 1933}} aux [[Académie royale des beaux-arts de Bruxelles|Beaux-Arts de Bruxelles]] où il suit les cours de dessin antique avec [[Henri van Haelen]]. Il se lie d'amitié avec [[Lismonde]]<ref>[http://www.maison-lismonde.be/F-Lismonde-artiste-vie.html « En 1932-1934, Lismonde se lie d'amitié avec Nicolas de Staël à l'Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles »] sur ''maison-lismonde.be''.</ref> et Madeleine Haupert qui a fréquenté les [[Beaux-Arts de Paris]] et qui lui fait découvrir la peinture abstraite<ref name="Ameline 27"/>. Il s'inscrit aussi à l'Académie des beaux-arts de [[Saint-Gilles (Bruxelles)|Saint-Gilles]] où il suit les cours d'architecture de Charles Malcause<ref name="Prat Bellet 195"/>. Dans cette même académie, il suit dès 1934-35 les cours de décoration en compagnie de [[Géo De Vlamynck]] qu'il assiste par la suite pour la réalisation de peintures murales du pavillon du Verre d'art de l'[[Exposition universelle de 1935|Exposition universelle de Bruxelles de 1935]]<ref name="DB-239">[[#DB|Daniel Dobbels (1994)]], {{p.|239}}.</ref>.


Il voyage ensuite dans toute l'Europe. Dans le midi de la France et à Paris où il découvre [[Paul Cézanne]], [[Henri Matisse]], [[Chaïm Soutine]], [[Georges Braque]], puis il se rend en [[Espagne]] où il est séduit par la beauté des paysages<ref name = "DB-239"/>. Le voyage en Espagne, qu'il parcourt à bicyclette avec son ami Benoît Gilsoul, est un voyage d'étude au cours duquel il prend force notes et croquis<ref name = "Greilsamer 64">{{harvsp|Greilsamer|p=64|id=LG}}</ref>. À partir de [[Madrid]], c'est avec [[Emmanuel d'Hooghvorst (alchimiste)|Emmanuel d'Hooghvorst]] qu'il poursuit sa route jusqu'en [[Andalousie]]. Il envoie une abondante correspondance à [[Géo De Vlamynck|Georges de Vlamynck]], produit quelques aquarelles qu'il vend à [[Barcelone]], et aux Fricero il exprime son indignation devant la misère du peuple espagnol<ref name="Greilsamer 64"/>. Il exposera d'autres aquarelles d'Espagne à la galerie Dietrich avec Alain Haustrate et Rostislas Loukine<ref name="DB-239"/>.
Il voyage ensuite dans toute l'Europe. Dans le midi de la France et à Paris où il découvre [[Paul Cézanne]], [[Henri Matisse]], [[Chaïm Soutine]], [[Georges Braque]], puis il se rend en [[Espagne]] où il est séduit par la beauté des paysages<ref name = "DB-239"/>. Le voyage en Espagne, qu'il parcourt à bicyclette avec son ami Benoît Gilsoul, est un voyage d'étude au cours duquel il prend force notes et croquis<ref name = "Greilsamer 64">{{harvsp|Greilsamer|p=64|id=LG}}.</ref>. À partir de [[Madrid]], c'est avec [[Emmanuel d'Hooghvorst (alchimiste)|Emmanuel d'Hooghvorst]] qu'il poursuit sa route jusqu'en [[Andalousie]]. Il envoie une abondante correspondance à [[Géo De Vlamynck|Georges de Vlamynck]], produit quelques aquarelles qu'il vend à [[Barcelone]], et aux Fricero il exprime son indignation devant la misère du peuple espagnol<ref name="Greilsamer 64"/>. Il exposera d'autres aquarelles d'Espagne à la galerie Dietrich avec Alain Haustrate et Rostislas Loukine<ref name="DB-239"/>.


=== Le Maroc, l'Italie, Paris ===
=== Le Maroc, l'Italie, Paris ===
À [[Marrakech]], en [[1937]], Nicolas de Staël rencontre [[Jeannine Guillou]]<ref name="Greilsamer 80">{{harvsp|Greilsamer|p=80|id=LG}}</ref>. Jeannine Guillou est elle-même peintre, plus âgée de cinq ans que Nicolas. Bretonne d'origine, d'une famille de [[Concarneau]], elle est mariée depuis six ans à un [[Pologne|Polonais]], Olek Teslar (1900-1952), qu'elle a rencontré aux Arts décoratifs de [[Nice]] et dont elle a un fils, Antek (Antoine)<ref name="Greilsamer 81">{{harvsp|Greilsamer|p=81|id=LG}}</ref> qui deviendra par la suite écrivain et scénariste sous le pseudonyme d'[[Antoine Tudal]]. Les Teslar habitent le sud marocain dans une sorte de [[phalanstère]] où ils offrent des médicaments à la population. L'administration leur a fait signer des documents déchargeant la France de toute responsabilité en cas de malheur. Sorte de {{Citation|hippies avant la lettre}}, les Teslar se séparent élégamment lorsque Jeannine part avec Nicolas<ref name="Greilsamer 81"/>.
À [[Marrakech]], en [[1937]], Nicolas de Staël rencontre [[Jeannine Guillou]]<ref name="Greilsamer 80">{{harvsp|Greilsamer|p=80|id=LG}}.</ref>. Jeannine Guillou est elle-même peintre, plus âgée de cinq ans que lui. Bretonne d'origine, d'une famille de [[Concarneau]], elle est mariée depuis six ans à un [[Pologne|Polonais]], Olek Teslar (1900-1952), qu'elle a rencontré aux Arts décoratifs de [[Nice]] où elle étudiait, et dont elle a un fils, Antek (Antoine)<ref name="Greilsamer 81">{{harvsp|Greilsamer|p=81|id=LG}}.</ref> qui deviendra par la suite écrivain et scénariste sous le pseudonyme d'[[Antoine Tudal]]. Les Teslar habitent le sud marocain dans une sorte de [[phalanstère]] où ils offrent des médicaments à la population. L'administration leur a fait signer des documents déchargeant la France de toute responsabilité en cas de malheur. Sorte de {{Citation|hippies avant la lettre}}, les Teslar se séparent élégamment lorsque Jeannine part avec Nicolas<ref name="Greilsamer 81"/>.


Jeannine qui a étudié aux Arts décoratifs de Nice est déjà une peintre affirmée . À [[Fès]], en 1935, un critique d'art a couvert d'éloges son travail et son talent « viril et nerveux ». Nicolas, lui, cherche encore son style<ref name="Greilsamer 82">{{harvsp|Greilsamer|p=82|id=LG}}</ref>.
Jeannine est déjà une peintre affirmée. À [[Fès]], en 1935, un critique d'art a couvert d'éloges son travail et son talent « viril et nerveux ». Nicolas, lui, cherche encore son style<ref name="Greilsamer 82">{{harvsp|Greilsamer|p=82|id=LG}}.</ref>.


Staël est fasciné par l'[[Italie]]. En 1938, il entreprend avec Jeannine un voyage qui les conduit de [[Naples]] à [[Frascati]], [[Pompéi]], [[Paestum]], [[Sorrente]], [[Capri]]. À ses amis Fricero, il écrit : {{Citation bloc|Après avoir essayé de peindre un an dans ce merveilleux Maroc, et n'en étant pas sorti couvert de lauriers, je puis approcher, voir, copier [[Titien]], [[El Greco|Le Greco]], les beaux [[Primitifs italiens|Primitifs]], le dernier des [[Giovanni Bellini]], [[Andrea Mantegna]], [[Antonello de Messine]], tous, et si parfois ces toiles ne sont pas aussi près de mon cœur que les vieux Flamands, les Hollandais, [[Vermeer]], [[Rembrandt]], j'y apprends toujours énormément et n'espère qu'une seule chose, c'est de pouvoir les étudier aussi longtemps que possible<ref>Lettre à Emmanuel Fricero, Naples, le 15 février 1938, cité par {{harvsp|Prat |Bellet|p=32|id=PB95}}</ref>.}}
Staël est fasciné par l'[[Italie]]. En 1938, il entreprend avec Jeannine un voyage qui les conduit de [[Naples]] à [[Frascati]], [[Pompéi]], [[Paestum]], [[Sorrente]], [[Capri]]. À ses amis Fricero, il écrit : {{Citation bloc|Après avoir essayé de peindre un an dans ce merveilleux Maroc, et n'en étant pas sorti couvert de lauriers, je puis approcher, voir, copier [[Titien]], [[El Greco|Le Greco]], les beaux [[Primitifs italiens|Primitifs]], le dernier des [[Giovanni Bellini]], [[Andrea Mantegna]], [[Antonello de Messine]], tous, et si parfois ces toiles ne sont pas aussi près de mon cœur que les vieux Flamands, les Hollandais, [[Vermeer]], [[Rembrandt]], j'y apprends toujours énormément et n'espère qu'une seule chose, c'est de pouvoir les étudier aussi longtemps que possible<ref>Lettre à Emmanuel Fricero, Naples, le 15 février 1938, cité par {{harvsp|Prat |Bellet|p=32|id=PB95}}.</ref>.}}


Cette année-là, les relations avec les Fricero se détériorent. La famille d'accueil s'inquiète pour la carrière de Nicolas qui rompt tout lien avec la Belgique et décide de s'installer à Paris avec Jeannine. Il loge d'abord dans un hôtel au 147 ter, [[rue d'Alésia]], puis au 124, [[rue du Cherche-Midi]]<ref name="Ameline 32">{{harvsp|Ameline et al|p=32|id=APA}}</ref>. Il suit pendant une courte période les cours de l'académie [[Fernand Léger]] et il essaie d'obtenir un permis de séjour tout en copiant les œuvres du [[Musée du Louvre|Louvre]]. Il fait la connaissance de l'historien d'art suisse Pierre Courthion qui aura un rôle important par la suite<ref name="Ameline 32"/>.
Cette année-là, les relations avec les Fricero se détériorent. La famille d'accueil s'inquiète pour la carrière de Nicolas qui rompt tout lien avec la Belgique et décide de s'installer à Paris avec Jeannine. Il loge d'abord dans un hôtel au 147 ter, [[rue d'Alésia]], puis au 124, [[rue du Cherche-Midi]]<ref name="Ameline 32">{{harvsp|Ameline et al|p=32|id=APA}}.</ref>. Il suit pendant une courte période les cours de l'académie [[Fernand Léger]] et il essaie d'obtenir un permis de séjour tout en copiant les œuvres du [[Musée du Louvre|Louvre]]. Il fait la connaissance de l'historien d'art suisse Pierre Courthion qui aura un rôle important par la suite<ref name="Ameline 32"/>.


Pendant cette année, Nicolas peint énormément et détruit beaucoup de ses œuvres. Il ne reste de cette période qu'une vue des [[quai de la Seine|quais de la Seine]]<ref name="Ameline 33">{{harvsp|Ameline et al|p=33|id=APA}}</ref>.
Pendant cette année, Nicolas peint énormément et détruit beaucoup de ses œuvres. Il ne reste de cette période qu'une vue des [[quai de la Seine|quais de la Seine]]<ref name="Ameline 33">{{harvsp|Ameline et al|p=33|id=APA}}.</ref>.


Pour gagner un peu d'argent, il retourne en Belgique, à [[Liège]], où il travaille sur les fresques du pavillon d'exposition de la France pour l'[[Exposition internationale de la technique de l'eau de 1939|Exposition internationale de la technique de l'eau]]<ref name="Ameline 33"/>.
Pour gagner un peu d'argent, il retourne en Belgique, à [[Liège]], où il travaille sur les fresques du pavillon d'exposition de la France pour l'[[Exposition internationale de la technique de l'eau de 1939]]<ref name="Ameline 33"/>.


En {{date-|septembre 1939}}, le peintre s'engage dans la [[Légion étrangère]]<ref name="Ameline 33"/>. Pendant les deux mois qui précèdent son incorporation, il rencontre la galeriste [[Jeanne Bucher]] qui trouve pour lui et pour Jeannine des logements provisoires dans les ateliers d'artistes inoccupés. Jeannine est déjà tombée gravement malade pendant l'été à [[Concarneau]]. C'est à partir de cette époque, et jusqu'en 1942, que Nicolas a peint le plus grand nombre de portraits de sa compagne dans le style figuratif : ''[[Portrait de Jeannine]]''<ref name="Ameline 33"/>, dont Arno Mansar dit que {{Citation| c'est à la fois un [[Pablo Picasso|Picasso]] de la [[période bleue]] et aussi un souvenir des allongements du Greco, qu'il a admiré en Espagne<ref name="Mansar 32">{{harvsp|Mansar|p=32|id=AM}}</ref>.}}
En {{date-|septembre 1939}}, le peintre s'engage dans la [[Légion étrangère]]<ref name="Ameline 33"/>. Pendant les deux mois qui précèdent son incorporation, il rencontre la galeriste [[Jeanne Bucher]] qui trouve pour lui et pour Jeannine des logements provisoires dans les ateliers d'artistes inoccupés. Jeannine est déjà tombée gravement malade pendant l'été à [[Concarneau]]. C'est à partir de cette époque, et jusqu'en 1942, que Nicolas a peint le plus grand nombre de portraits de sa compagne dans le style figuratif : ''[[Portrait de Jeannine]]''<ref name="Ameline 33"/>, dont Arno Mansar dit que {{Citation| c'est à la fois un [[Pablo Picasso|Picasso]] de la [[période bleue]] et aussi un souvenir des allongements du Greco, qu'il a admiré en Espagne<ref name="Mansar 32">{{harvsp|Mansar|p=32|id=AM}}.</ref>.}}


Plus tard, Staël dira : {{Citation|Quand j'étais jeune, j'ai peint le portrait de Jeannine. Un portrait, un vrai portrait, c'est quand même le sommet de l'art<ref name="Prat Bellet 34">{{harvsp|Prat |Bellet|p=34|id=PB95}}</ref>.}}
Plus tard, Staël dira : {{Citation|Quand j'étais jeune, j'ai peint le portrait de Jeannine. Un portrait, un vrai portrait, c'est quand même le sommet de l'art<ref name="Prat Bellet 34">{{harvsp|Prat |Bellet|p=34|id=PB95}}.</ref>.}}


== L'évolution du peintre ==
== L'évolution du peintre ==
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Le {{date-|19 janvier 1940}}, il est mobilisé et rejoint le dépôt des [[légion étrangère|régiments étrangers]] où il est affecté au service des [[cartes d'État-major]] à [[Sidi Bel Abbès]], en [[Algérie]]. Il est ensuite envoyé le [[29 février]] au [[1er régiment étranger de cavalerie|{{1er|régiment}} étranger de cavalerie]] ({{1er}} REC) à [[Sousse]], en [[Tunisie]], où il travaille au service géographique de l’armée en mettant à jour les cartes d’état-major du protectorat. Il est démobilisé le {{date-|19 septembre 1940}}<ref name="Ameline 27"/>.
Le {{date-|19 janvier 1940}}, il est mobilisé et rejoint le dépôt des [[légion étrangère|régiments étrangers]] où il est affecté au service des [[cartes d'État-major]] à [[Sidi Bel Abbès]], en [[Algérie]]. Il est ensuite envoyé le [[29 février]] au [[1er régiment étranger de cavalerie|{{1er|régiment}} étranger de cavalerie]] ({{1er}} REC) à [[Sousse]], en [[Tunisie]], où il travaille au service géographique de l’armée en mettant à jour les cartes d’état-major du protectorat. Il est démobilisé le {{date-|19 septembre 1940}}<ref name="Ameline 27"/>.


Nicolas de Staël rejoint Jeannine qui vit alors à [[Nice]]. Il fait la connaissance d'[[Alberto Magnelli]], [[Maria Elena Vieira da Silva]], [[Jean Arp]], [[Christine Boumeester]], [[Sonia Delaunay]] et [[Robert Delaunay]]<ref name="Greilsamer 80"/>. Les artistes se retrouvent à la librairie Matarasso, avec [[Jacques Prévert]] et [[Francis Carco]]. C'est surtout grâce à son ami, le peintre Félix Aublet, qu'il sera introduit dans ces cercles artistiques et qu'il va orienter sa peinture vers un style plus abstrait<ref name="Greilsamer 95">{{harvsp|Greilsamer|p=95|id=LG}}</ref>. Il reste de cette période quelques traces de ses essais mélangeant [[cubisme]] et [[fauvisme]] avec le tableau ''Paysage du Broc (Maison du Broc)'' 1941, huile sur toile de {{unité|55×46|cm}}, collection particulière<ref name="Françoise de Staël 179">{{harvsp|Françoise de Staël|p=179||id=FdS97}}</ref>.
Nicolas de Staël rejoint Jeannine qui vit alors à [[Nice]]. Il fait la connaissance d'[[Alberto Magnelli]], [[Maria Elena Vieira da Silva]], [[Jean Arp]], [[Christine Boumeester]], [[Sonia Delaunay]] et [[Robert Delaunay]]<ref name="Greilsamer 80"/>. Les artistes se retrouvent à la librairie Matarasso, avec [[Jacques Prévert]] et [[Francis Carco]]. C'est surtout grâce à son ami, le peintre Félix Aublet, qu'il sera introduit dans ces cercles artistiques et qu'il va orienter sa peinture vers un style plus abstrait<ref name="Greilsamer 95">{{harvsp|Greilsamer|p=95|id=LG}}.</ref>. Il reste de cette période quelques traces de ses essais mélangeant [[cubisme]] et [[fauvisme]] avec le tableau ''Paysage du Broc (Maison du Broc)'' 1941, huile sur toile de {{unité|55×46|cm}}, collection particulière<ref name="Françoise de Staël 179">{{harvsp|Françoise de Staël|p=179||id=FdS97}}.</ref>.


Aublet lui vient encore en aide lorsque le jeune peintre ne peut gagner sa vie avec sa peinture, lui fournissant de petits travaux de décoration<ref name="Ameline 28">{{harvsp|Ameline et al|p=28|id=APA}}</ref>.
Aublet lui vient encore en aide lorsque le jeune peintre ne peut gagner sa vie avec sa peinture, lui fournissant de petits travaux de décoration<ref name="Ameline 28">{{harvsp|Ameline et al|p=28|id=APA}}.</ref>.


De son côté, Jeannine s'est remise à la peinture. {{Citation|Le marchand de tableau Mockers, de la rue Masséna à Nice, lui a fait signer un contrat d'exclusivité. Ce qui permet au couple de vivre alors que les restrictions alimentaires commencent à peser terriblement. L'arrière-pays niçois, assez peu agricole, a le plus grand mal à nourrir sa population<ref name="Greilsamer 93">{{harvsp|Greilsamer|p=93|id=LG}}</ref>.}} Jeannine a aussi retrouvé son fils, Antek, qu'elle avait confié à un pensionnat. Antek se débrouille au marché noir. Nicolas troque des bibelots contre de la nourriture. Malgré ces difficultés, Jeannine donne naissance le {{date|22|février|1942}} à leur fille Anne<ref name="Greilsamer 97">{{harvsp|Greilsamer|p=97|id=LG}}</ref>. Staël est fasciné par l'enfant qu'il décrit comme un « petit colosse aux yeux clairs ». Il voudrait épouser sa compagne mais les complications juridiques du divorce avec Olek Teslar, injoignable, le découragent.
De son côté, Jeannine s'est remise à la peinture. {{Citation|Le marchand de tableau Mockers, de la rue Masséna à Nice, lui a fait signer un contrat d'exclusivité. Ce qui permet au couple de vivre alors que les restrictions alimentaires commencent à peser terriblement. L'arrière-pays niçois, assez peu agricole, a le plus grand mal à nourrir sa population<ref name="Greilsamer 93">{{harvsp|Greilsamer|p=93|id=LG}}.</ref>.}} Jeannine a aussi retrouvé son fils, Antek, qu'elle avait confié à un pensionnat. Antek se débrouille au marché noir. Nicolas troque des bibelots contre de la nourriture. Malgré ces difficultés, Jeannine donne naissance le {{date|22|février|1942}} à leur fille Anne<ref name="Greilsamer 97">{{harvsp|Greilsamer|p=97|id=LG}}.</ref>. Staël est fasciné par l'enfant qu'il décrit comme un « petit colosse aux yeux clairs ». Il voudrait épouser sa compagne mais les complications juridiques du divorce avec Olek Teslar, injoignable, le découragent.


La naissance de sa fille induit chez Staël une nouvelle réflexion sur la peinture. Abandonnant le paysage, il se tourne vers le portrait, avec Jeannine pour principal modèle<ref name="Greilsamer 99">{{harvsp|Greilsamer|p=99|id=LG}}</ref>.
La naissance de sa fille induit chez Staël une nouvelle réflexion sur la peinture. Abandonnant le paysage, il se tourne vers le portrait, avec Jeannine pour principal modèle<ref name="Greilsamer 99">{{harvsp|Greilsamer|p=99|id=LG}}.</ref>.


Les trois années passées à Nice peuvent être considérées comme le premier « atelier » du peintre. Staël commence à appeler ses tableaux « compositions », il dessine et peint fiévreusement et continue de détruire autant qu'il crée. Mais il commence à rencontrer ses premiers amateurs<ref name="AdS-58">[[#AdS|Anne de Staël (2001)]], {{p.|58}}</ref> : Boris Wulfert lui achète une ''Nature morte à la pipe'' (1940-1941), une huile sur papier de {{unité|63.5 × 79.5|cm}}, et Jan Heyligers, son premier tableau abstrait peint à partir d'un coquillage<ref name="Françoise de Staël 90">{{harvsp|Françoise de Staël|p=90||id=FdS97}}</ref>. {{Citation|Dès 1942, il peint ses premières toiles abstraites. Sur fond uni, gris, s'animent des ellipses, des formes de lasso, des grilles. Le dessin est posé sur la peinture<ref name="AdS-58"/>.}} Staël compartimente sa peinture, certaines formes sont des lames, indépendantes du fond, dans un jeu de géométrie. Selon Anne de Staël, on ne sait pas si la composition est dans son [[aplat]], ou bien dans le trait qui limite, ou bien si ''composer'' revient à exprimer une chose unique<ref name="AdS-58"/>.
Les trois années passées à Nice peuvent être considérées comme le premier « atelier » du peintre. Staël commence à appeler ses tableaux « compositions », il dessine et peint fiévreusement et continue de détruire autant qu'il crée. Mais il commence à rencontrer ses premiers amateurs<ref name="AdS-58">[[#AdS|Anne de Staël (2001)]], {{p.|58}}.</ref> : Boris Wulfert lui achète une ''Nature morte à la pipe'' (1940-1941), une huile sur papier de {{unité|63.5 × 79.5|cm}}, et Jan Heyligers, son premier tableau abstrait peint à partir d'un coquillage<ref name="Françoise de Staël 90">{{harvsp|Françoise de Staël|p=90||id=FdS97}}.</ref>. {{Citation|Dès 1942, il peint ses premières toiles abstraites. Sur fond uni, gris, s'animent des ellipses, des formes de lasso, des grilles. Le dessin est posé sur la peinture<ref name="AdS-58"/>.}} Staël compartimente sa peinture, certaines formes sont des lames, indépendantes du fond, dans un jeu de géométrie. Selon Anne de Staël, on ne sait pas si la composition est dans son [[aplat]], ou bien dans le trait qui limite, ou bien si ''composer'' revient à exprimer une chose unique<ref name="AdS-58"/>.


Nicolas et Jeannine sont très proches de Suzie et [[Alberto Magnelli]] installés dans une ancienne [[magnanerie]] à [[Grasse|Plan de Grasse]]. Magnelli va être un grand soutien pour « Le Prince »<ref name="AdS-60">[[#AdS|Anne de Staël (2001)]], {{p.|60}}</ref>.
Nicolas et Jeannine sont très proches de Suzie et [[Alberto Magnelli]] installés dans une ancienne [[magnanerie]] à [[Grasse|Plan de Grasse]]. Magnelli va être un grand soutien pour « Le Prince »<ref name="AdS-60">[[#AdS|Anne de Staël (2001)]], {{p.|60}}.</ref>.


=== Retour à Paris, les premiers soutiens, le deuil ===
=== Retour à Paris, les premiers soutiens, le deuil ===
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En 1943, sous l'[[occupation de la France par l'Allemagne (Seconde Guerre mondiale)|occupation]], le couple et ses deux enfants retournent à Paris. Les années de guerre sont très difficiles.
En 1943, sous l'[[occupation de la France par l'Allemagne (Seconde Guerre mondiale)|occupation]], le couple et ses deux enfants retournent à Paris. Les années de guerre sont très difficiles.


Jeanne Bucher achète des dessins à Nicolas et prête un logement à la famille dans un hôtel particulier momentanément inhabité, celui de [[Pierre Chareau]] alors en Amérique<ref name="Prat Bellet 196">{{harvsp|Prat |Bellet|p=196|id=PB95}}</ref>. Pendant cette période, le peintre dessine beaucoup de grands formats<ref name="Prat Bellet 196"/>.
Jeanne Bucher achète des dessins à Nicolas et prête un logement à la famille dans un hôtel particulier momentanément inhabité, celui de [[Pierre Chareau]] alors en Amérique<ref name="Prat Bellet 196">{{harvsp|Prat |Bellet|p=196|id=PB95}}.</ref>. Pendant cette période, le peintre dessine beaucoup de grands formats<ref name="Prat Bellet 196"/>.


Magnelli présente à Staël un ami de [[Piet Mondrian]], [[César Domela]], qui insiste auprès de Jeanne Bucher pour que Nicolas de Staël participe à l'exposition qui réunit lui-même, et [[Vassily Kandinsky]]. L'exposition a lieu le {{date|15|février|1944}}, mais personne n'achète les tableaux du « Prince ». Des personnalités comme [[Pablo Picasso]], [[Georges Braque]], [[André Lanskoy]], [[Jean Bazaine]], [[Georges Hillaireau]] sont présentes lors du vernissage. Mais la critique, sans doute influencée par le préjugé selon lequel l'art abstrait est un art dégénéré, fait preuve d'indifférence, voire de mépris<ref name="Ameline 38">{{harvsp|Ameline et al|p=38|id=APA}}</ref>.
Magnelli présente à Staël un ami de [[Piet Mondrian]], [[César Domela]], qui insiste auprès de Jeanne Bucher pour que Nicolas de Staël participe à l'exposition qui réunit lui-même, et [[Vassily Kandinsky]]. L'exposition a lieu le {{date|15|février|1944}}, mais personne n'achète les tableaux du « Prince ». Des personnalités comme [[Pablo Picasso]], [[Georges Braque]], [[André Lanskoy]], [[Jean Bazaine]], [[Georges Hillaireau]] sont présentes lors du vernissage. Mais la critique, sans doute influencée par le préjugé selon lequel l'art abstrait est un art dégénéré, fait preuve d'indifférence, voire de mépris<ref name="Ameline 38">{{harvsp|Ameline et al|p=38|id=APA}}.</ref>.


Ce qui n'empêche pas Jeanne Bucher d'organiser, avec Noëlle Laucoutour et Maurice Panier, une deuxième exposition à la galerie l’''Esquisse'' où sont réunis Kandinsky, Magnelli, Domela et Staël, avec pour titre ''Peintures abstraites. Compositions de matières''. Mais pendant l'exposition, la galerie reçoit la visite de la [[Gestapo]] qui soupçonne Panier d'être un [[Résistance intérieure française|résistant]]<ref name="Ameline 38"/>. Malgré cela, la galerie l’''Esquisse'' organise le {{date-|12 mai}} de la même année une exposition personnelle Staël. Quelques dessins y sont vendus. [[Georges Braque]] manifeste sa sincère admiration pour le jeune peintre. Staël va devenir un proche du maître avec lequel il noue des liens d'amitié très étroits<ref name="Ameline 40">{{harvsp|Ameline et al|p=40|id=APA}}</ref>.
Ce qui n'empêche pas Jeanne Bucher d'organiser, avec Noëlle Laucoutour et Maurice Panier, une deuxième exposition à la galerie l’''Esquisse'' où sont réunis Kandinsky, Magnelli, Domela et Staël, avec pour titre ''Peintures abstraites. Compositions de matières''. Mais pendant l'exposition, la galerie reçoit la visite de la [[Gestapo]] qui soupçonne Panier d'être un [[Résistance intérieure française|résistant]]<ref name="Ameline 38"/>. Malgré cela, la galerie l’''Esquisse'' organise le {{date-|12 mai}} de la même année une exposition personnelle Staël. Quelques dessins y sont vendus. [[Georges Braque]] manifeste sa sincère admiration pour le jeune peintre. Staël va devenir un proche du maître avec lequel il noue des liens d'amitié très étroits<ref name="Ameline 40">{{harvsp|Ameline et al|p=40|id=APA}}.</ref>.

{{Citation|Aux yeux des amateurs, le style de Staël est reconnu comme une expression nouvelle, une syntaxe du dessin dénouée en compositions serrées en même temps qu'éclatées}}<ref name="AdS-62">[[#AdS|Anne de Staël (2001)]], {{p.|62}}.</ref>. C'est surtout au début de l'année 1945 que ces amateurs se manifesteront lors d'une autre exposition chez Jeanne Bucher du 5 au {{date-|28 avril 1945}}. Parmi eux, l'industriel Jean Bauret.


{{Citation|Aux yeux des amateurs, le style de Staël est reconnu comme une expression nouvelle, une syntaxe du dessin dénouée en compositions serrées en même temps qu'éclatées}}<ref name="AdS-62">[[#AdS|Anne de Staël (2001)]], {{p.|62}}</ref>. C'est surtout au début de l'année 1945 que ces amateurs se manifesteront lors d'une autre exposition chez Jeanne Bucher du 5 au {{date-|28 avril 1945}}. Parmi eux, l'industriel Jean Bauret.
Mais le peintre se débat dans de terribles difficultés financières, malgré l'aide de Félix Aublet. La situation familiale est désastreuse : {{Citation|Il n'y avait pas de repas. Un sac de farine nous donnait des crêpes à l'eau. La queue longuement tirée avec des tickets d'alimentation ramenait un peu de lait, un peu de beurre<ref name="AdS-105">[[#AdS|Anne de Staël (2001)]], p. 105</ref>.}}
Mais le peintre se débat dans de terribles difficultés financières, malgré l'aide de Félix Aublet. La situation familiale est désastreuse : {{Citation|Il n'y avait pas de repas. Un sac de farine nous donnait des crêpes à l'eau. La queue longuement tirée avec des tickets d'alimentation ramenait un peu de lait, un peu de beurre<ref name="AdS-105">[[#AdS|Anne de Staël (2001)]], p. 105</ref>.}}


Jeannine est en mauvaise santé et elle le cache aussi bien à sa fille Anne, qu'à son mari dont elle {{Citation|soutient l'élan dans le travail. Nicolas voyait grandir ses tableaux sans soupçonner que l'état de Jeannine s'amenuisait. Elle était moralement très forte et physiquement fragile. Dans la conscience des tensions de la création, les tensions de la vie ont lâché.(…) Jeannine mourut sur le quai d'un immense tableau : ''Composition bleue''<ref name="AdS-105"/>.}} Le {{date-|20 février}}, Jeannine rentre à l'hôpital Baudelocque afin de subir un [[avortement thérapeutique|avortement]]. Mal conclu, elle en meurt le {{date|27|février|1946}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=André Chastel, Germain Viatte, Jacques Dubourg, François de Staël|titre=Nicolas de Staël|éditeur=Le Temps|année=1968|passage=76}}</ref>.
Jeannine est en mauvaise santé et sa nouvelle grossesse est difficile. Elle le cache aussi bien à sa fille Anne, qu'à son mari dont elle {{Citation|soutient l'élan dans le travail. Nicolas voyait grandir ses tableaux sans soupçonner que l'état de Jeannine s'amenuisait. Elle était moralement très forte et physiquement fragile. Dans la conscience des tensions de la création, les tensions de la vie ont lâché.(…) Jeannine mourut sur le quai d'un immense tableau : ''Composition bleue''<ref name="AdS-105"/>.}} Le {{date-|20 février}}, Jeannine rentre à l'hôpital Baudelocque afin de subir un [[avortement thérapeutique|avortement]]. Mal conclu, elle en meurt le {{date|27|février|1946}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=André Chastel, Germain Viatte, Jacques Dubourg, François de Staël|titre=Nicolas de Staël|éditeur=Le Temps|année=1968|passage=76}}.</ref>.

Quelques mois plus tard, le critique d'art [[Charles Estienne (critique)|Charles Estienne]] (amateur de [[surréalisme]]) fait une critique élogieuse de la peinture de Staël : {{Citation|Un extraordinaire ''épos'' rythme ici les caravanes des formes et les fulgurantes zébrures verticales jaillies souvent des hasards de la matière<ref name="Ameline 43">''La Peinture et l'époque'', article de Charles Estienne paru dans ''Confluences'' n°10 de mars 1946 cité par {{harvsp|Ameline et al|p=43|id=APA}}</ref>.}}
Quelques mois plus tard, le critique d'art [[Charles Estienne (critique)|Charles Estienne]] (amateur de [[surréalisme]]) fait une critique élogieuse de la peinture de Staël : {{Citation|Un extraordinaire ''épos'' rythme ici les caravanes des formes et les fulgurantes zébrures verticales jaillies souvent des hasards de la matière<ref name="Ameline 43">''La Peinture et l'époque'', article de Charles Estienne paru dans ''Confluences'' n°10 de mars 1946 cité par {{harvsp|Ameline et al|p=43|id=APA}}.</ref>.}}


À la fin de l'année, Staël, qui ne vit que grâce à l'aide d'amis, cherche un marchand pour défendre son œuvre. Il croit l'avoir trouvé en la personne de [[Jacques Dubourg (galeriste)|Jacques Dubourg]] qui lui achète un tableau : ''Casse-lumière''. Mais c'est finalement la [[Louis Carré (galeriste)|galerie Louis Carré]] qui signe un contrat avec le peintre le {{date|9|octobre|1946}}<ref name="Ameline 44">{{harvsp|Ameline et al|p=44|id=APA}}</ref>.
À la fin de l'année, Staël, qui ne vit que grâce à l'aide d'amis, cherche un marchand pour défendre son œuvre. Il croit l'avoir trouvé en la personne de [[Jacques Dubourg (galeriste)|Jacques Dubourg]] qui lui achète un tableau : ''Casse-lumière''. Mais c'est finalement la [[Louis Carré (galeriste)|galerie Louis Carré]] qui signe un contrat avec le peintre le {{date|9|octobre|1946}}<ref name="Ameline 44">{{harvsp|Ameline et al|p=44|id=APA}}.</ref>.


Quelques mois après la mort de Jeannine, Nicolas épouse [[Françoise de Staël|Françoise Chapouton]] (1925-2012)<ref>Décédée le 29 mars 2012. ''Le Figaro'' du 2 avril 2012, Carnet du jour, {{p.}}17.</ref> que le couple avait engagée à l'âge de dix-neuf ans pour s'occuper des deux enfants, Anne et Antek. Staël aura encore trois enfants de sa nouvelle femme : Laurence, née le {{date|6|avril|1947}}<ref name="Prat Bellet 197">{{harvsp|Prat |Bellet|p=197|id=PB95}}</ref>, Jérôme né en 1948<ref name="group">date de naissance à préciser</ref>, Gustave, né le {{date|3|avril|1954}}<ref name="Greilsamer 249">{{harvsp|Greilsamer|p=249|id=LG}}</ref>.
Quelques mois après la mort de Jeannine, Nicolas épouse [[Françoise de Staël|Françoise Chapouton]] (1925-2012)<ref>Décédée le 29 mars 2012. ''Le Figaro'' du 2 avril 2012, Carnet du jour, {{p.}}17.</ref> que le couple avait engagée à l'âge de dix-neuf ans pour s'occuper des deux enfants, Anne et Antek. Staël aura encore trois enfants de sa nouvelle femme : Laurence, née le {{date|6|avril|1947}}<ref name="Prat Bellet 197">{{harvsp|Prat |Bellet|p=197|id=PB95}}.</ref>, Jérôme né en 1948<ref name="group">date de naissance à préciser</ref>, Gustave, né le {{date|3|avril|1954}}<ref name="Greilsamer 249">{{harvsp|Greilsamer|p=249|id=LG}}.</ref>.


Les années 1945-1950 couvrent une période « sombre » de la peinture de Staël, où l'abstraction est mise à nu<ref name="DB-52">[[#DB|Daniel Dobbels (1994)]], {{p.|52}}</ref>. En particulier dans ''Composition en noir'' 1946, huile sur toile (200 × {{unité|150.5|cm}}, [[Kunsthaus de Zurich]]<ref name="FdS97-205">[[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], {{p.|205}}</ref>). Et plus encore dans ''Orage'' (1945, 130 × {{unité|90|cm}}, collection particulière). {{Citation|Ce que montrent en un sens les toiles des années quarante, c'est qu'il faut naître plusieurs fois pour gagner un tableau. Qu'il faut multiplier les angles vifs, les zones mortes, les obstacles invisibles<ref name="DB-52"/>.}}
Les années 1945-1950 couvrent une période « sombre » de la peinture de Staël, où l'abstraction est mise à nu<ref name="DB-52">[[#DB|Daniel Dobbels (1994)]], {{p.|52}}.</ref>. En particulier dans ''Composition en noir'' 1946, huile sur toile (200 × {{unité|150.5|cm}}, [[Kunsthaus de Zurich]]<ref name="FdS97-205">[[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], {{p.|205}}.</ref>). Et plus encore dans ''Orage'' (1945, 130 × {{unité|90|cm}}, collection particulière). {{Citation|Ce que montrent en un sens les toiles des années quarante, c'est qu'il faut naître plusieurs fois pour gagner un tableau. Qu'il faut multiplier les angles vifs, les zones mortes, les obstacles invisibles<ref name="DB-52"/>.}}


== Les étapes de création ==
== Les étapes de création ==
=== De l'abstraction à l'involution 1943-1948 ===
=== De l'abstraction à l'involution 1943-1948 ===
[[Fichier:MAM-SP 05.JPG|thumb|Museu de Arte Moderna de [[São Paulo]], inauguré en 1948, où Nicolas de Staël a exposé.]]
[[Fichier:MAM-SP 05.JPG|thumb|Museu de Arte Moderna de [[São Paulo]], inauguré en 1948, où Nicolas de Staël a exposé.]]
Malgré ses difficultés matérielles, Staël refuse de participer à la première exposition du [[Salon des réalités nouvelles]] fondé par [[Sonia Delaunay]], [[Jean Dewasne]], [[Jean Arp]] et Fredo Sidès parce que la progression de sa peinture le conduit à s'écarter de l'abstraction la plus stricte<ref name="Ameline 41">Journal des années Staël du 29 avril 1947 cité par 1{{harvsp|Ameline et al|p=41|id=APA}}</ref>. Ce sera un sujet d'étonnement pour le jeune amateur [[Claude Mauriac]] qui déclare dans son journal : {{Citation bloc|Il semble surprenant que ni Staël, ni Lanskoy {{incise|novateurs peu contestés de l'art abstrait}} ne soient exposés au salon des réalités nouvelles. À moins qu'ayant l'un et l'autre dépassé les formules périmées dont usent encore la plupart des participants de ce salon, leur place eût été inexplicable dans ce qu'il faut bien appeler déjà une rétrospective (…) mais cela me fait plaisir d'apprendre que Nicolas de Staël se trouve maintenant dans le peloton de tête<ref name="Greilsamer 178">Journal de Claude Mauriac cité par {{harvsp|Greilsamer|p=178|id=LG}}</ref>.}}
Malgré ses difficultés matérielles, Staël refuse de participer à la première exposition du [[Salon des réalités nouvelles]] fondé par [[Sonia Delaunay]], [[Jean Dewasne]], [[Jean Arp]] et Fredo Sidès parce que la progression de sa peinture le conduit à s'écarter de l'abstraction la plus stricte<ref name="Ameline 41">Journal des années Staël du 29 avril 1947 cité par {{harvsp|Ameline et al|p=41|id=APA}}.</ref>. Ce sera un sujet d'étonnement pour le jeune amateur [[Claude Mauriac]] qui déclare dans son journal : {{Citation bloc|Il semble surprenant que ni Staël, ni Lanskoy {{incise|novateurs peu contestés de l'art abstrait}} ne soient exposés au salon des réalités nouvelles. À moins qu'ayant l'un et l'autre dépassé les formules périmées dont usent encore la plupart des participants de ce salon, leur place eût été inexplicable dans ce qu'il faut bien appeler déjà une rétrospective (…) mais cela me fait plaisir d'apprendre que Nicolas de Staël se trouve maintenant dans le peloton de tête<ref name="Greilsamer 178">Journal de Claude Mauriac cité par {{harvsp|Greilsamer|p=178|id=LG}}.</ref>.}}


Staël a horreur de s'aligner sur un courant quelconque, tout comme Braque auquel il rend visite régulièrement, ce qui l'amène à s'éloigner de Domela et Dewasne<ref name="Greilsamer 179">{{harvsp|Greilsamer|p=179|id=LG}}</ref>. {{Citation|De 1945 à 1949, la peinture de Staël se présente comme un faisceau, un lacis de formes impulsives dont les éléments formateurs, nés d'une décision rapide, loin de se perdre instantanément en elle, font valoir leur énergie propre<ref name="Prat Bellet 21">Introduction de Henri Maldiney dans {{harvsp|Prat |Bellet|p=21|id=PB95}}</ref>.}}
Staël a horreur de s'aligner sur un courant quelconque, tout comme Braque auquel il rend visite régulièrement, ce qui l'amène à s'éloigner de Domela et Dewasne<ref name="Greilsamer 179">{{harvsp|Greilsamer|p=179|id=LG}}.</ref>. {{Citation|De 1945 à 1949, la peinture de Staël se présente comme un faisceau, un lacis de formes impulsives dont les éléments formateurs, nés d'une décision rapide, loin de se perdre instantanément en elle, font valoir leur énergie propre<ref name="Prat Bellet 21">Introduction de Henri Maldiney dans {{harvsp|Prat |Bellet|p=21|id=PB95}}.</ref>.}}


Une énergie ramassée qu'il puisait sur l'instant selon Anne de Staël qui décrit ainsi l'attitude de son père après la mort de Jeannine, et après son mariage avec Françoise Chapouton : {{Citation|Ils se marient en mai 1946 sans attendre qu'une couleur sèche pour en poser une autre. Il posa à côté d'une douleur profonde le ton de la joie la plus haute. Et on peut dire que de la contradiction de pareils sentiments, il puisait une énergie ramassée sur l'instant, qui permettait d'avancer en vue d'un aiguisement acéré<ref name="AdS-111">[[#AdS|Anne de Staël (2001)]], p. 111</ref>.}}
Une énergie ramassée qu'il puisait sur l'instant selon Anne de Staël qui décrit ainsi l'attitude de son père après la mort de Jeannine, et après son mariage avec Françoise Chapouton : {{Citation|Ils se marient en mai 1946 sans attendre qu'une couleur sèche pour en poser une autre. Il posa à côté d'une douleur profonde le ton de la joie la plus haute. Et on peut dire que de la contradiction de pareils sentiments, il puisait une énergie ramassée sur l'instant, qui permettait d'avancer en vue d'un aiguisement acéré<ref name="AdS-111">[[#AdS|Anne de Staël (2001)]], p. 111</ref>.}}


[[André Chastel]], au sujet de la peinture de Staël parle d'« involution ». Selon Daniel Dobbels, ce terme est d'une grande force. En quelques années, Staël donne un corps à sa peinture, d'une ampleur sans égale et pour ainsi dire, sans précédent. [[Involution (mathématiques)|Involution]] est un terme mathématique qui définit les tableaux de l'immédiat après-guerre : ''[[La Vie dure]]'' ({{date-|octobre 1946}})<ref name="FdS97-216">[[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], {{p.|216}}</ref>, ''[[De la danse]]'' (fin 1916-début 1947)<ref name="FdS97-220">[[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], {{p.|220}}</ref>, ''[[Ressentiment (Staël)|Ressentiment]]'' et ''Tierce noir'', comme une évolution en sens inverse. Staël s'écarte de l'abstraction pour former des figures identifiables : deux traits donnent à l'intervention du peintre une signification élevée<ref name="DB-114-115">[[#DB|Daniel Dobbels (1994)]], {{p.|114-115}}</ref>.
[[André Chastel]], au sujet de la peinture de Staël parle d'« involution ». Selon Daniel Dobbels, ce terme est d'une grande force. En quelques années, Staël donne un corps à sa peinture, d'une ampleur sans égale et pour ainsi dire, sans précédent. [[Involution (mathématiques)|Involution]] est un terme mathématique qui définit les tableaux de l'immédiat après-guerre : ''[[La Vie dure]]'' ({{date-|octobre 1946}})<ref name="FdS97-216">[[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], {{p.|216}}.</ref>, ''[[De la danse]]'' (fin 1916-début 1947)<ref name="FdS97-220">[[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], {{p.|220}}.</ref>, ''[[Ressentiment (Staël)|Ressentiment]]'' et ''Tierce noir'', comme une évolution en sens inverse. Staël s'écarte de l'abstraction pour former des figures identifiables : deux traits donnent à l'intervention du peintre une signification élevée<ref name="DB-114-115">[[#DB|Daniel Dobbels (1994)]], {{p.|114-115}}.</ref>.


[[Fichier:Parc Montsouris 2.JPG|thumb|Vue du [[Parc Montsouris]], proche de la [[rue Gauguet]] où Staël avait son atelier.]]
[[Fichier:Parc Montsouris 2.JPG|thumb|Vue du [[Parc Montsouris]], proche de la [[rue Gauguet]] où Staël avait son atelier.]]
Les Staël déménagent dès le mois de {{date-|janvier 1947}} pour s'installer 7, [[rue Gauguet]], non loin du [[parc Montsouris]]. Non loin aussi de l'atelier de Georges Braque. L'atelier est vaste, haut de plafond, il rappelle les ateliers des maîtres d'autrefois<ref name="AdS-113">[[#AdS|Anne de Staël (2001)]], {{p.|113}}</ref>. Sa luminosité contribue à éclaircir la palette du peintre dont [[Pierre Lecuire]] dit dans le ''Journal des années Staël'' : {{Citation|Très étonnant personnage, ce Staël, d'une culture rare chez un peintre, sans préjugé de modernisme et pourtant, un des plus ''naturellement'' avancé<ref name="Ameline 45">Journal des années Staël du 29 avril 1947 cité par{{harvsp|Ameline et al|p=45|id=APA}}</ref>.}} Dès 1949, Pierre Lecuire travaille à un livre, ''Voir Nicolas de Staël'', dont le peintre annote les feuillets et précise sa pensée<ref name="AdS-136">[[#AdS|Anne de Staël (2001)]], {{p.|136}}</ref>, livre-poème qui paraîtra en 1953 avec deux [[gravures]] sur cuivre de Staël<ref name="FdS97-1047">Cité dans une lettre du 27 janvier 1953 par [[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], {{p.|1047}}</ref>.
Les Staël déménagent dès le mois de {{date-|janvier 1947}} pour s'installer 7, [[rue Gauguet]], non loin du [[parc Montsouris]]. Non loin aussi de l'atelier de Georges Braque. L'atelier est vaste, haut de plafond, il rappelle les ateliers des maîtres d'autrefois<ref name="AdS-113">[[#AdS|Anne de Staël (2001)]], {{p.|113}}.</ref>. Sa luminosité contribue à éclaircir la palette du peintre dont [[Pierre Lecuire]] dit dans le ''Journal des années Staël'' : {{Citation|Très étonnant personnage, ce Staël, d'une culture rare chez un peintre, sans préjugé de modernisme et pourtant, un des plus ''naturellement'' avancé<ref name="Ameline 45">Journal des années Staël du 29 avril 1947 cité par{{harvsp|Ameline et al|p=45|id=APA}}.</ref>.}} Dès 1949, Pierre Lecuire travaille à un livre, ''Voir Nicolas de Staël'', dont le peintre annote les feuillets et précise sa pensée<ref name="AdS-136">[[#AdS|Anne de Staël (2001)]], {{p.|136}}.</ref>, livre-poème qui paraîtra en 1953 avec deux [[gravures]] sur cuivre de Staël<ref name="FdS97-1047">Cité dans une lettre du 27 janvier 1953 par [[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], {{p.|1047}}.</ref>.


Dans cet immeuble, Staël rencontre un marchand de tableaux américain, Theodore Schempp qui fait circuler son œuvre aux États-Unis, au grand soulagement du peintre qui n'apprécie guère les méthodes de la galerie Louis Carré, qu'il abandonnera pour la galerie Jacques Dubourg au 126 [[boulevard Haussmann]]<ref name="Ameline 47">{{harvsp|Ameline et al|p=47|id=APA}}</ref>.
Dans cet immeuble, Staël rencontre un marchand de tableaux américain, Theodore Schempp, qui fait circuler son œuvre aux États-Unis, au grand soulagement du peintre qui n'apprécie guère les méthodes de la [[Louis Carré (galeriste)|galerie Louis Carré]], qu'il abandonnera pour la galerie Jacques Dubourg au 126 [[boulevard Haussmann]]<ref name="Ameline 47">{{harvsp|Ameline et al|p=47|id=APA}}.</ref>.
[[Fichier:Piranesicarceri.jpg|thumb|Planche XI d’une des prisons imaginaires de [[Giovanni Battista Piranesi|Piranese]] auquel Staël a dédié un tableau en 1948.]]
[[Fichier:Piranesicarceri.jpg|thumb|Planche XI d’une des prisons imaginaires de [[Giovanni Battista Piranesi|Piranese]] auquel Staël a dédié un tableau en 1948.]]


L'année suivante, grâce au père Laval, le peintre est exposé dans le couvent des dominicains du [[Le Saulchoir|Saulchoir]], à [[Étiolles]], en compagnie de Braque, [[Henry Laurens]] et Lanskoy. Jacques Laval est un [[Ordre des Prêcheurs|dominicain]] passionné de peinture. Il avait déjà tenté en 1944 d'exposer des toiles abstraites de Staël, mais avait été obligé de les décrocher sur ordre de ses supérieurs scandalisés. Cette fois l'exposition est acceptée et le père Laval achète un tableau de Staël pour le réfectoire du couvent Saint-Jacques, [[rue de la Glacière]], à Paris<ref name="MdB-47">[[#MdB|Marie du Bouchet (2003)]], {{p.|47}}</ref>.
L'année suivante, grâce au père Laval, le peintre est exposé dans le couvent des dominicains du [[Le Saulchoir|Saulchoir]], à [[Étiolles]], en compagnie de Braque, [[Henry Laurens]] et [[André Lanskoy]]. Jacques Laval est un [[Ordre des Prêcheurs|dominicain]] passionné de peinture. Il avait déjà tenté en 1944 d'exposer des toiles abstraites de Staël, mais avait été obligé de les décrocher sur ordre de ses supérieurs scandalisés. Cette fois l'exposition est acceptée et le père Laval achète un tableau de Staël pour le réfectoire du couvent Saint-Jacques, [[rue de la Glacière]], à Paris<ref name="MdB-47">[[#MdB|Marie du Bouchet (2003)]], {{p.|47}}.</ref>.


Staël commence à vendre ses œuvres et la critique voit en lui le peintre représentatif d'un renouveau artistique. [[Léon Degand]] l'invite à montrer ses œuvres à l'exposition inaugurale du ''Museu de Arte Moderna de São Paulo''. Mais Staël est très pointilleux sur la façon dont on interprète sa peinture. Il écrit à Degand : {{Citation bloc| (…) les tendances non figuratives n'existent pas, tu le sais bien et je me demande bien comment on peut y trouver de la peinture (…)<ref>Lettre à Léon Degand, avril 1948, Fonds Degand, [[Musée national d'art moderne]], [[Paris]]</ref>.}}
Staël commence à vendre ses œuvres et la critique voit en lui le peintre représentatif d'un renouveau artistique. [[Léon Degand]] l'invite à montrer ses œuvres à l'exposition inaugurale du ''Museu de Arte Moderna de São Paulo''. Mais Staël est très pointilleux sur la façon dont on interprète sa peinture. Il écrit à Degand : {{Citation bloc|(…) les tendances non figuratives n'existent pas, tu le sais bien et je me demande bien comment on peut y trouver de la peinture (…)<ref>Lettre à Léon Degand, avril 1948, Fonds Degand, [[musée national d'art moderne]], [[Paris]].</ref>.}}


En ce mois d'{{date-|avril 1948}}, Nicolas de Staël est naturalisé français<ref>Par décret du 6 avril 1948, référence 13357x47-75, publié au JO du 18 avril 1948, page 3841. Cote aux Archives Naionales : 19780018/82.</ref>, et le 13 du même mois naît son fils Jérôme. Anne de Staël voit un lien étroit entre les naissances et la peinture de son père. {{Citation| La vie sous la coiffe de sa peinture donnait dans l'éphémère un sentiment de très longue durée (…) La vie était faite de la naissance de sa fille Laurence, le {{date|6|avril|1947}}, de son fils Jérôme, le {{date|13|avril|1948}}. La joie de Staël au moment d'une naissance était une note très haut placée d'émotion (…) C'était le rappel de la « naissance », rappel du moment où la « lumière » vous est versée (…) Vivre était une couleur et l'énergie devait en exalter la flamme<ref name="AdS-115">[[#AdS|Anne de Staël (2001)]], p. 115</ref>.}}
En ce mois d'{{date-|avril 1948}}, Nicolas de Staël est naturalisé français<ref>Par décret du 6 avril 1948, référence 13357x47-75, publié au JO du 18 avril 1948, page 3841. Cote aux Archives nationales : 19780018/82.</ref>. Il avait appuyé sa demande avec l'argument : {{citation|La France est actuellement le seul pays où on peut peindre librement<ref group="note">Autographe dans le dossier de naturalisation ([[Archives nationales de France|Archives nationales]]).</ref>.}} Le 13 du même mois naît son fils Jérôme. Anne de Staël voit un lien étroit entre les naissances et la peinture de son père. {{Citation bloc| La vie sous la coiffe de sa peinture donnait dans l'éphémère un sentiment de très longue durée (…) La vie était faite de la naissance de sa fille Laurence, le {{date|6|avril|1947}}, de son fils Jérôme, le {{date|13|avril|1948}}. La joie de Staël au moment d'une naissance était une note très haut placée d'émotion (…) C'était le rappel de la "naissance", rappel du moment où la "lumière" vous est versée (…) Vivre était une couleur et l'énergie devait en exalter la flamme<ref name="AdS-115">[[#AdS|Anne de Staël (2001)]], p. 115.</ref>.}}


Entre 1947 et 1949, la palette du peintre s'éclaircit. Déjà avec ''[[Ressentiment (Staël)|Ressentiment]]''<ref>[http://images.blog-24.com/1110000/1110000/1110428.jpg Ressentiment présent à la fondation Gianadda juin-octobre 2010 pour la rétrospective de Staël]</ref>, enchevêtrement de structures encore sombres, on voit apparaître des gris et des bleus dans un empâtement de matière qui s'allège peu à peu, avec le noir qui s'efface graduellement comme on le voit l'année suivante dans des œuvres comme ''[[Hommage à Piranese]]'' (1948), tableau dans les tons ''pastellisés'' de gris argenté<ref name="Prat Bellet 44">{{harvsp|Prat |Bellet|p=44|id=PB95}}</ref>, puis dans une large toile paysagée, ''Calme '' (1949, collection Carroll Janis, [[New York]]<ref name="Ameline 99">{{harvsp|Ameline et al|p=99|id=APA}}</ref>. Staël se livre à une recherche acharnée sur la couleur, qui aboutit en 1949 à un nouveau système plastique avec ''[[Jour de fête (Staël)|Jour de fête]]'' {{Citation|où l'enduit se fait toujours plus dense et gras et la couleur plus délicate<ref name="Chastel 20">{{harvsp|Chastel et al|p=20|id=AC}}</ref>.}}
Entre 1947 et 1949, la palette du peintre s'éclaircit. Déjà avec ''[[Ressentiment (Staël)|Ressentiment]]''<ref>[http://images.blog-24.com/1110000/1110000/1110428.jpg ''Ressentiment''] présent à la [[fondation Gianadda]] (juin-octobre 2010) pour la rétrospective de Staël.</ref>, enchevêtrement de structures encore sombres, on voit apparaître des gris et des bleus dans un empâtement de matière qui s'allège peu à peu, avec le noir qui s'efface graduellement comme on le voit l'année suivante dans des œuvres comme ''[[Hommage à Piranese]]'' (1948), tableau dans les tons ''pastellisés'' de gris argenté<ref name="Prat Bellet 44">{{harvsp|Prat |Bellet|p=44|id=PB95}}.</ref>, puis dans une large toile paysagée, ''Calme '' (1949, collection Carroll Janis, [[New York]])<ref name="Ameline 99">{{harvsp|Ameline et al|p=99|id=APA}}.</ref>. Staël se livre à une recherche acharnée sur la couleur, qui aboutit en 1949 à un nouveau système plastique avec ''[[Jour de fête (Staël)|Jour de fête]]'', {{Citation|où l'enduit se fait toujours plus dense et gras et la couleur plus délicate<ref name="Chastel 20">{{harvsp|Chastel et al|p=20|id=AC}}.</ref>.}}


=== L'équilibre par la couleur 1949-1951 ===
=== L'équilibre par la couleur 1949-1951 ===
L'artiste commence plusieurs toiles à la fois mais son travail mûrit plus lentement. Il est animé d'une volonté de perfection dont Pierre Lecuire dit que c'est une {{Citation|formidable volonté de faire toujours plus fort, plus aigu, plus raffiné, avec au bout l'idée du chef-d'œuvre suprême<ref>Pierre Lecuire, Journal de années Staël du 22 janvier 1949</ref>.}}
L'artiste commence plusieurs toiles à la fois mais son travail mûrit plus lentement. Il est animé d'une volonté de perfection dont Pierre Lecuire dit que c'est une {{Citation|formidable volonté de faire toujours plus fort, plus aigu, plus raffiné, avec au bout l'idée du chef-d'œuvre suprême<ref>Pierre Lecuire, Journal de années Staël du 22 janvier 1949</ref>.}}


Staël abandonne les compositions en bâtonnets et leur surcharge pour des formes plus vastes, plus aérées, avec de larges plages de couleur. Le peintre accumule les couches de pâte jusqu'à parvenir à l'équilibre désiré<ref name="Ameline 85">{{harvsp|Ameline et al|p=85|id=APA}}</ref>. Si de nombreux tableaux portent encore le titre ''Compositions'', beaucoup ressemblent à des paysages comme l'huile sur toile intitulée ''Composition en gris et bleu'' de 1949, ({{unité|115x195|cm}}, collection particulière), dont Arno Mansar dit que c'est là une {{Citation|halte indispensable entre l’expressionnisme des empâtements de la matière de naguère et le prochain éclatement des champs de couleur<ref name="Mansar 61">{{harvsp|Mansar|p=61|id=AM}}</ref>.}}
Staël abandonne les compositions en bâtonnets et leur surcharge pour des formes plus vastes, plus aérées, avec de larges plages de couleur. Le peintre accumule les couches de pâte jusqu'à parvenir à l'équilibre désiré<ref name="Ameline 85">{{harvsp|Ameline et al|p=85|id=APA}}.</ref>. Si de nombreux tableaux portent encore le titre ''Compositions'', beaucoup ressemblent à des paysages comme l'huile sur toile intitulée ''Composition en gris et bleu'' de 1949, ({{unité|115x195|cm}}, collection particulière), dont Arno Mansar dit que c'est là une {{Citation|halte indispensable entre l’expressionnisme des empâtements de la matière de naguère et le prochain éclatement des champs de couleur<ref name="Mansar 61">{{harvsp|Mansar|p=61|id=AM}}.</ref>.}}


1949 est une année importante pour Staël qui participe à plusieurs expositions collectives au [[Musée des beaux-arts de Lyon]], à la galerie Jeanne Bucher à [[Paris]], à [[São Paulo]]. À [[Toronto]], il expose pour la première fois ''Casse-lumière'', et tandis que Schempp travaille à le faire connaître aux [[États-Unis]], le peintre cherche à entrer en contact avec [[Christian Zervos]] qui dirige la revue ''[[Cahiers d'art]]''. L'historien [[Georges Duthuit]] sert d'intermédiaire et devient l'ami du peintre<ref name="Ameline 87">{{harvsp|Ameline et al|p=87|id=APA}}</ref>. Staël continue à voir régulièrement Braque à Paris et à [[Varengeville-sur-Mer]], mais bientôt ses visites seront plus espacées car le jeune peintre a besoin de retrouver les couleurs du Midi. Braque restera néanmoins un de ses principaux inspirateurs et une référence importante<ref name="Ameline 85"/>.
1949 est une année importante pour Staël qui participe à plusieurs expositions collectives au [[Musée des beaux-arts de Lyon]], à la galerie Jeanne Bucher à [[Paris]], à [[São Paulo]]. À [[Toronto]], il expose pour la première fois ''Casse-lumière'', et tandis que Schempp travaille à le faire connaître aux [[États-Unis]], le peintre cherche à entrer en contact avec [[Christian Zervos]] qui dirige la revue ''[[Cahiers d'art]]''. L'historien [[Georges Duthuit]] sert d'intermédiaire et devient l'ami du peintre<ref name="Ameline 87">{{harvsp|Ameline et al|p=87|id=APA}}.</ref>. Staël continue à voir régulièrement Braque à Paris et à [[Varengeville-sur-Mer]], mais bientôt ses visites seront plus espacées car le jeune peintre a besoin de retrouver les couleurs du Midi. Braque restera néanmoins un de ses principaux inspirateurs et une référence importante<ref name="Ameline 85"/>.


Staël utilise toutes les techniques, tous les matériaux : [[gouache]], [[encre de Chine]], [[Peinture à l'huile|huile]], toile, papier. Et il refuse toujours d'être classé dans une catégorie quelconque. Lorsqu'en {{date-|mars 1950}}, le Musée national d'art moderne de Paris lui achète ''Composition (les pinceaux)'', une huile sur toile de 1949 (162,5 × {{unité|114|cm}})<ref name="Ameline 100">{{harvsp|Ameline et al|p=100|id=APA}}</ref>, il exige d'être accroché en haut de l'escalier pour être écarté du groupe des abstraits<ref name="Ameline 87"/> et il remercie le directeur du musée avec un jeu de mots répété dans toutes les biographies : {{Citation|Merci de m’avoir écarté du gang de l’abstraction avant, écrit-il à [[Bernard Dorival]], conservateur au Musée national d’art moderne de Paris<ref name="Prat Bellet 199">lettre à Bernard Dorival, septembre 1950, citée par{{harvsp|Prat |Bellet|p=199|id=PB95}}</ref>{{,}}<ref>Bernard Heitz, article : Nicolas de Staël, les couleurs du tourment, [[Télérama]] n°2374 du 12 juillet 1995, p.12</ref>.}}. Il faisait ainsi allusion aux faits divers sanglants du [[gang des Tractions Avant]]<ref name="Greilsamer 207">{{harvsp|Greilsamer|p=207|id=LG}}</ref>. Le tableau est ensuite intitulé ''Composition abstraite'', puis ''[[Composition en gris et vert]]''<ref name="FdS97-32">{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=267}}</ref>.
Staël utilise toutes les techniques, tous les matériaux : [[gouache]], [[encre de Chine]], [[Peinture à l'huile|huile]], toile, papier. Et il refuse toujours d'être classé dans une catégorie quelconque. Lorsqu'en {{date-|mars 1950}}, le Musée national d'art moderne de Paris lui achète ''Composition (les pinceaux)'', une huile sur toile de 1949 (162,5 × {{unité|114|cm}})<ref name="Ameline 100">{{harvsp|Ameline et al|p=100|id=APA}}.</ref>, il exige d'être accroché en haut de l'escalier pour être écarté du groupe des abstraits<ref name="Ameline 87"/> et il remercie le directeur du musée avec un jeu de mots répété dans toutes les biographies : {{Citation|Merci de m’avoir écarté du gang de l’abstraction avant, écrit-il à [[Bernard Dorival]], conservateur au Musée national d’art moderne de Paris<ref name="Prat Bellet 199">lettre à Bernard Dorival, septembre 1950, citée par{{harvsp|Prat |Bellet|p=199|id=PB95}}.</ref>{{,}}<ref>Bernard Heitz, article « Nicolas de Staël, les couleurs du tourment », ''[[Télérama]]'' 2374 du 12 juillet 1995, p. 12.</ref>.}}. Il faisait ainsi allusion aux faits divers sanglants du [[gang des Tractions Avant]]<ref name="Greilsamer 207">{{harvsp|Greilsamer|p=207|id=LG}}.</ref>. Le tableau est ensuite intitulé ''Composition abstraite'', puis ''[[Composition en gris et vert]]''<ref name="FdS97-32">{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=267}}.</ref>.


Dès 1950, Staël est déjà un peintre qui compte, on parle de lui dans la revue [[New York|new-yorkaise]] ''{{lang|en|Art and theatre}}''. En France, [[Christian Zervos]] lui consacre un très grand article où il compare l'artiste aux grandes figures de l'histoire de l'art<ref name="Ameline 90">{{harvsp|Ameline et al|p=90|id=APA}}</ref>. L'exposition personnelle qui lui est consacrée chez Dubourg du {{1er}} au {{date-|15 juin}} obtient un succès d'estime et le fait connaître des personnalités du monde des arts. En octobre, lorsque [[Jean Leymarie (historien d'art)|Jean Leymarie]] tente d'acheter la toile ''[[Rue Gauguet (Staël)|Rue Gauguet]]'' pour le [[musée de Grenoble]], il se trouve face à la [[Tate Gallery]] qui la lui dispute. Le tableau sera finalement acquis par le [[musée des beaux-arts de Boston]]<ref name="Ameline 91">{{harvsp|Ameline et al|p=91|id=APA}}</ref>.
Dès 1950, Staël est déjà un peintre qui compte, on parle de lui dans la revue [[New York|new-yorkaise]] ''{{lang|en|Art and theatre}}''. En France, [[Christian Zervos]] lui consacre un très grand article où il compare l'artiste aux grandes figures de l'histoire de l'art<ref name="Ameline 90">{{harvsp|Ameline et al|p=90|id=APA}}.</ref>. L'exposition personnelle qui lui est consacrée chez Dubourg du {{1er}} au {{date-|15 juin}} obtient un succès d'estime et le fait connaître des personnalités du monde des arts. En octobre, lorsque [[Jean Leymarie (historien d'art)|Jean Leymarie]] tente d'acheter la toile ''[[Rue Gauguet (Staël)|Rue Gauguet]]'' pour le [[musée de Grenoble]], il se trouve face à la [[Tate Gallery]] qui la lui dispute. Le tableau sera finalement acquis par le [[musée des beaux-arts de Boston]]<ref name="Ameline 91">{{harvsp|Ameline et al|p=91|id=APA}}.</ref>.


Staël devient un artiste d'autant plus important que ses tableaux commencent à entrer dans les collections américaines. Le critique Thomas B. Hess écrit dans la revue ''Art News'' : {{Citation|Staël jouit d'une réputation un peu ''underground'' en Amérique, où il vend une quantité étonnante de peintures, mais il reste relativement peu connu<ref name="Ameline 91"/>.}} Le travail de promotion de Schempp commence pourtant à porter ses fruits. L'atelier de l'artiste se vide de ses peintures. En 1951, Staël entre au [[Museum of Modern Art]] de [[New York]] avec une toile de la période sombre : ''Peinture 1947'' huile sur toile 195,6 × {{unité|97.5|cm}}<ref name="Ameline 92">{{harvsp|Ameline et al|p=92|id=APA}}</ref>.
Staël devient un artiste d'autant plus important que ses tableaux commencent à entrer dans les collections américaines. Le critique Thomas B. Hess écrit dans la revue ''Art News'' : {{Citation|Staël jouit d'une réputation un peu ''underground'' en Amérique, où il vend une quantité étonnante de peintures, mais il reste relativement peu connu<ref name="Ameline 91"/>.}} Le travail de promotion de Schempp commence pourtant à porter ses fruits. L'atelier de l'artiste se vide de ses peintures. En 1951, Staël entre au [[Museum of Modern Art]] de [[New York]] avec une toile de la période sombre : ''Peinture 1947'' huile sur toile 195,6 × {{unité|97.5|cm}}<ref name="Ameline 92">{{harvsp|Ameline et al|p=92|id=APA}}.</ref>.


Une exposition de ses dessins chez Dubourg, en {{date-|mai 1951}}, révèle aussi une autre facette du talent de l'artiste que [[René Char]] admire. C'est [[Georges Duthuit]] qui a fait découvrir l'atelier de Staël au poète. Début d’une amitié féconde : ils conçoivent ensemble plusieurs projets de livres dont l'un illustré de gravures sur bois , ''Poèmes de René Char - bois de Nicolas de Staël'', publié cette année-là. Le livre obtient un succès relatif lors de l'exposition à la galerie Dubourg le {{date-|12 décembre}}<ref name="Greilsamer 215">{{harvsp|Greilsamer|p=215|id=LG}}</ref>, mais cela n'entame pas l'enthousiasme du peintre qui poursuit un travail commencé à l'automne : des petits formats. Ces tableaux sont essentiellement des natures mortes, des pommes : ''Trois pommes en gris'', ''Une pomme'' (24 X 35 cm) et une série de trois toiles de ''Petites bouteilles'', cette dizaine de toiles témoigne de la nouvelle maturité du peintre qui, après avoir étudié un livre sur [[Vincent van Gogh|van Gogh]] s'écrie : « Moi aussi, je ferai des fleurs<ref name="Greilsamer 217">{{harvsp|Greilsamer|p=217|id=LG}}</ref>! » Des ''[[Fleurs (Staël)|Fleurs]]'' aux couleurs éclatantes qui jaillissent sur un grand format (140 × {{unité|97|cm}}) dès l'année suivante, après avoir vu une exposition où figurent les ''Roses blanches'' de van Gogh au [[musée de l'Orangerie]]<ref name="Mansar 115">{{harvsp|Mansar|p=115|id=AM}}</ref>.
Une exposition de ses dessins chez Dubourg, en {{date-|mai 1951}}, révèle aussi une autre facette du talent de l'artiste que [[René Char]] admire. C'est [[Georges Duthuit]] qui a fait découvrir l'atelier de Staël au poète. Début d’une amitié féconde : ils conçoivent ensemble plusieurs projets de livres dont l'un illustré de gravures sur bois, ''Poèmes de René Char - bois de Nicolas de Staël'', publié cette année-là. Le livre obtient un succès relatif lors de l'exposition à la galerie Dubourg le {{date-|12 décembre}}<ref name="Greilsamer 215">{{harvsp|Greilsamer|p=215|id=LG}}.</ref>, mais cela n'entame pas l'enthousiasme du peintre qui poursuit un travail commencé à l'automne : des petits formats. Ces tableaux sont essentiellement des natures mortes, des pommes : ''Trois pommes en gris'', ''Une pomme'' (24 X 35 cm) et une série de trois toiles de ''Petites bouteilles'', cette dizaine de toiles témoigne de la nouvelle maturité du peintre qui, après avoir étudié un livre sur [[Vincent van Gogh|van Gogh]] s'écrie : « Moi aussi, je ferai des fleurs<ref name="Greilsamer 217">{{harvsp|Greilsamer|p=217|id=LG}}.</ref>! » Des ''[[Fleurs (Staël)|Fleurs]]'' aux couleurs éclatantes qui jaillissent sur un grand format (140 × {{unité|97|cm}}) dès l'année suivante, après avoir vu une exposition où figurent les ''Roses blanches'' de van Gogh au [[musée de l'Orangerie]]<ref name="Mansar 115">{{harvsp|Mansar|p=115|id=AM}}.</ref>.


=== La figuration-abstraction 1952-1955 ===
=== La figuration-abstraction 1952-1955 ===
==== Les années explosives : 1952-1953 ====
==== Les années explosives : 1952-1953 ====
[[Fichier:Lagnes by Rosier.jpg|thumb|center|upright=1.5|Le village de Lagnes où Staël a résidé.]]
[[Fichier:Lagnes by Rosier.jpg|thumb|center|upright=1.5|Le village de Lagnes où Staël a résidé.]]
Ce sont les années où Staël a effectué le plus grand « renouvellement continu » selon l'expression de Dobbels<ref name="DB-137">[[#DB|Daniel Dobbels (1994)]], {{p.|137}}</ref>. L'année 1952 est riche en création, elle voit naître plus de 240 tableaux de l'artiste, grands et petits formats<ref name="Greilsamer 223">{{harvsp|Greilsamer|p=223|id=LG}}</ref> dont ''[[Mantes-la-Jolie (Staël)|Mantes-la-Jolie]]'', actuellement conservé au [[Musée des beaux-arts de Dijon]]. Staël passe de la nature morte aux paysages de l'[[Île-de-France]], aux scènes de football et aux paysages du [[Midi de la France]]. Pourtant cette année foisonnante commence par une déception avec une exposition à [[Londres]] à la Matthiesen Gallery. Cette ville enthousiasmait l'artiste en 1950. Mais à son retour, en 1952, il dit à sa fille Anne : {{Citation|Londres, c'est les égouts de Paris en plein ciel avec la majeure partie des maisons construites en poussière marine, pierres à coquillages, noires près de la terre et blanches là où le vent de la mer les lave suffisamment<ref name="Greilsamer 225">{{harvsp|Greilsamer|p=225|id=LG}}</ref>.}} En février-mars, 26 tableaux sont présentés. Le vernissage est mondain mais n'a aucun succès<ref name="AdS-187">[[#AdS|Anne de Staël (2001)]], {{p.|187}}</ref>. La critique ne comprend pas Staël à l'exception du critique d'art John Russell qui voit dans le peintre un novateur irremplaçable et de Dennis Sutton qui écrit dans la préface du catalogue : {{Citation|Staël a établi sa foi dans une œuvre intangible, nourrie par la lumière (…) Ce sont des peintures qui élèvent l'esprit<ref>Introduction au catalogue de l'exposition Nicolas de Saël, Matthiesen Gallery, 21 février-15 mars 1952</ref>.}}
Ce sont les années où Staël a effectué le plus grand « renouvellement continu » selon l'expression de Dobbels<ref name="DB-137">[[#DB|Daniel Dobbels (1994)]], {{p.|137}}.</ref>. L'année 1952 est riche en création, elle voit naître plus de 240 tableaux de l'artiste, grands et petits formats<ref name="Greilsamer 223">{{harvsp|Greilsamer|p=223|id=LG}}.</ref> dont ''[[Mantes-la-Jolie (Staël)|Mantes-la-Jolie]]'', actuellement conservé au [[Musée des beaux-arts de Dijon]]. Staël passe de la nature morte aux paysages de l'[[Île-de-France]], aux scènes de football et aux paysages du [[Midi de la France]]. Pourtant cette année foisonnante commence par une déception avec une exposition à [[Londres]] à la Matthiesen Gallery. Cette ville enthousiasmait l'artiste en 1950. Mais à son retour, en 1952, il dit à sa fille Anne : {{Citation|Londres, c'est les égouts de Paris en plein ciel avec la majeure partie des maisons construites en poussière marine, pierres à coquillages, noires près de la terre et blanches là où le vent de la mer les lave suffisamment<ref name="Greilsamer 225">{{harvsp|Greilsamer|p=225|id=LG}}.</ref>.}} En février-mars, 26 tableaux sont présentés. Le vernissage est mondain mais n'a aucun succès<ref name="AdS-187">[[#AdS|Anne de Staël (2001)]], {{p.|187}}.</ref>. La critique ne comprend pas Staël à l'exception du critique d'art John Russell qui voit dans le peintre un novateur irremplaçable et de Dennis Sutton qui écrit dans la préface du catalogue : {{Citation|Staël a établi sa foi dans une œuvre intangible, nourrie par la lumière (…) Ce sont des peintures qui élèvent l'esprit<ref>Introduction au catalogue de l'exposition Nicolas de Saël, Matthiesen Gallery, 21 février-15 mars 1952</ref>.}}


Staël est un peu ébranlé, il se lance dans des paysages sur carton de petits formats dans les tons gris bleu et vert ([[Mantes-la-Jolie|Mantes]], [[Chevreuse]], [[Fontenay-aux-Roses]]) qu'il distribue à ses amis, notamment à [[René Char]]<ref name="Ameline 130">{{harvsp|Ameline et al|p=130|id=APA}}</ref>. Il fait don des ''[[Les Toits (Staël)|Toits]],'' 200 × {{unité|150|cm}}, (tableau d'abord intitulé ''Le ciel de Dieppe'') au Musée d'art moderne de Paris<ref name="Ameline 120-121">{{harvsp|Ameline et al|p=120-121|id=APA}}</ref>. Londres l'a fait douter.
Staël est un peu ébranlé, il se lance dans des paysages sur carton de petits formats dans les tons gris bleu et vert ([[Mantes-la-Jolie|Mantes]], [[Chevreuse]], [[Fontenay-aux-Roses]]) qu'il distribue à ses amis, notamment à [[René Char]]<ref name="Ameline 130">{{harvsp|Ameline et al|p=130|id=APA}}.</ref>. Il fait don des ''[[Les Toits (Staël)|Toits]],'' 200 × {{unité|150|cm}}, (tableau d'abord intitulé ''Le ciel de Dieppe'') au Musée d'art moderne de Paris<ref name="Ameline 120-121">{{harvsp|Ameline et al|p=120-121|id=APA}}.</ref>. Londres l'a fait douter.


Mais bientôt un évènement va faire exploser son enthousiasme. Le {{date|26|mars|1952}} a lieu au [[Parc des Princes]] le match de football France-Suède auquel Staël assiste avec sa femme<ref name="Ameline 131">{{harvsp|Ameline et al|p=131|id=APA}}</ref>. Le peintre ressort du Parc transformé, habité par les couleurs qu'il veut immédiatement porter sur la toile<ref name="Greilsamer 220">{{harvsp|Greilsamer|p=220|id=LG}}</ref>. Il y passe la nuit, commençant une série de petites ébauches qui vont devenir ''[[Les Footballeurs]]'', sujet qu'il traite avec de très vives couleurs dans plus d'une dizaine de tableaux qui vont du petit au grand format, des huiles sur toile ou huiles sur carton dont un exemplaire se trouve à la [[Fondation Gianadda]], un plus grand nombre au [[Musée des beaux-arts de Dijon]], un exemplaire au [[Musée d'art contemporain de Los Angeles]] et beaucoup dans des collections privées<ref name="Ameline 141">{{harvsp|Ameline et al|p=141|id=APA}}</ref>. Staël se livre tout entier à sa passion des couleurs et du mouvement. Le clou de ce travail, sur lequel il passe la nuit entière pour les ébauches des footballeurs, apparaît au bout d'une semaine : ''[[Le Parc des Princes (Staël)|Le Parc des Princes]]'', une toile tendue sur châssis de 200 × {{unité|350|cm}} ({{unité|7|m|2}}). Il utilise des spatules très larges pour étaler la peinture et un morceau de tôle de {{unité|50|cm}} qui lui sert à ''maçonner'' les couleurs<ref name="Greilsamer 221">{{harvsp|Greilsamer|p=221|id=LG}}</ref>.
Mais bientôt un évènement va faire exploser son enthousiasme. Le {{date|26|mars|1952}} a lieu au [[Parc des Princes]] le match de football France-Suède auquel Staël assiste avec sa femme<ref name="Ameline 131">{{harvsp|Ameline et al|p=131|id=APA}}.</ref>. Le peintre ressort du Parc transformé, habité par les couleurs qu'il veut immédiatement porter sur la toile<ref name="Greilsamer 220">{{harvsp|Greilsamer|p=220|id=LG}}.</ref>. Il y passe la nuit, commençant une série de petites ébauches qui vont devenir ''[[Les Footballeurs]]'', sujet qu'il traite avec de très vives couleurs dans plus d'une dizaine de tableaux qui vont du petit au grand format, des huiles sur toile ou huiles sur carton dont un exemplaire se trouve à la [[Fondation Gianadda]], un plus grand nombre au [[Musée des beaux-arts de Dijon]], un exemplaire au [[Musée d'art contemporain de Los Angeles]] et beaucoup dans des collections privées<ref name="Ameline 141">{{harvsp|Ameline et al|p=141|id=APA}}.</ref>. Staël se livre tout entier à sa passion des couleurs et du mouvement. Le clou de ce travail, sur lequel il passe la nuit entière pour les ébauches des footballeurs, apparaît au bout d'une semaine : ''[[Le Parc des Princes (Staël)|Le Parc des Princes]]'', une toile tendue sur châssis de 200 × {{unité|350|cm}} ({{unité|7|m|2}}). Il utilise des spatules très larges pour étaler la peinture et un morceau de tôle de {{unité|50|cm}} qui lui sert à ''maçonner'' les couleurs<ref name="Greilsamer 221">{{harvsp|Greilsamer|p=221|id=LG}}.</ref>.


Lorsqu'il expose son ''Parc des Princes'' au [[Salon de mai]] de la même année, le tableau est ressenti comme une insulte tant par ses confrères que par la critique<ref name="Greilsamer 220"/>. ''Le Parc'' apparaît comme un manifeste du figuratif qui a contre lui tous les partisans de l'abstraction<ref name="Greilsamer 221"/>. Comme [[Jean Arp]] ou [[Jean Hélion]], Staël est déclaré coupable d'avoir abandonné ses recherches abstraites, il est traité de « contrevenant politique » selon l'expression d'[[André Lhote]]<ref name="Greilsamer 222">{{harvsp|Greilsamer|p=222|id=LG}}</ref>.
Lorsqu'il expose son ''Parc des Princes'' au [[Salon de mai]] de la même année, le tableau est ressenti comme une insulte tant par ses confrères que par la critique<ref name="Greilsamer 220"/>. ''Le Parc'' apparaît comme un manifeste du figuratif qui a contre lui tous les partisans de l'abstraction<ref name="Greilsamer 221"/>. Comme [[Jean Arp]] ou [[Jean Hélion]], Staël est déclaré coupable d'avoir abandonné ses recherches abstraites, il est traité de « contrevenant politique » selon l'expression d'[[André Lhote]]<ref name="Greilsamer 222">{{harvsp|Greilsamer|p=222|id=LG}}.</ref>.


À tout ce bouillonnement autour de deux mots, Staël répond dans un questionnaire que Julien Alvard, Léon Degand, et Roger van Gindertael ont donné à plusieurs peintres : {{Citation|Je n'oppose pas la peinture abstraite à la peinture figurative. Une peinture devrait être à la fois abstraite et figurative. Abstraite en tant que mur, figurative en tant que représentation d'un espace<ref name="Ameline 123">Alvard, Degand, van Gindertael, Témoignages pour l'art abstrait, Éditions Art Aujourd'hui, Paris 1952 cité par {{harvsp|Ameline et al|p=123|id=APA}}</ref>.}}
À tout ce bouillonnement autour de deux mots, Staël répond dans un questionnaire que Julien Alvard, Léon Degand, et Roger van Gindertael ont donné à plusieurs peintres : {{Citation|Je n'oppose pas la peinture abstraite à la peinture figurative. Une peinture devrait être à la fois abstraite et figurative. Abstraite en tant que mur, figurative en tant que représentation d'un espace<ref name="Ameline 123">Alvard, Degand, van Gindertael, Témoignages pour l'art abstrait, Éditions Art Aujourd'hui, Paris 1952 cité par {{harvsp|Ameline et al|p=123|id=APA}}.</ref>.}}


[[André Breton]] déclare que {{Citation|le novateur authentique, à qui marchands et critiques défendent aujourd'hui, pour des raisons de vogue, toute autre voie que celle du ''non-figuratif'' n'a pas grande chance de s'imposer<ref>André Breton, ''Entretiens'', éditions Gallimard, Paris, 1952, réédition 1960</ref>.}}. Ce en quoi il se trompe. Le galeriste new-yorkais [[Paul Rosenberg (galeriste)|Paul Rosenberg]], très attiré par cette toile, va imposer Staël aux [[États-Unis]] dès l'année suivante et lui proposer un contrat d'exclusivité après avoir vu l'exposition du 10 au {{date-|28 mars 1953}} à New York chez Knoedler, où Staël a connu un succès retentissant<ref name="Ameline 124">{{harvsp|Ameline et al|p=124|id=APA}}</ref>. Paul Rosenberg est un galeriste de référence auxquels les amateurs font confiance. Il vend les grands maîtres : [[Théodore Géricault]], [[Henri Matisse]], [[Eugène Delacroix]], [[Georges Braque]]. Nicolas de Staël est heureux de se retrouver en si bonne compagnie<ref name="Ameline 127">{{harvsp|Ameline et al|p=127|id=APA}}</ref>.
[[André Breton]] déclare que {{Citation|le novateur authentique, à qui marchands et critiques défendent aujourd'hui, pour des raisons de vogue, toute autre voie que celle du ''non-figuratif'' n'a pas grande chance de s'imposer<ref>André Breton, ''Entretiens'', éditions Gallimard, Paris, 1952, réédition 1960</ref>.}}. Ce en quoi il se trompe. Le galeriste new-yorkais [[Paul Rosenberg (galeriste)|Paul Rosenberg]], très attiré par cette toile, va imposer Staël aux [[États-Unis]] dès l'année suivante et lui proposer un contrat d'exclusivité après avoir vu l'exposition du 10 au {{date-|28 mars 1953}} à New York chez Knoedler, où Staël a connu un succès retentissant<ref name="Ameline 124">{{harvsp|Ameline et al|p=124|id=APA}}.</ref>. Paul Rosenberg est un galeriste de référence auxquels les amateurs font confiance. Il vend les grands maîtres : [[Théodore Géricault]], [[Henri Matisse]], [[Eugène Delacroix]], [[Georges Braque]]. Nicolas de Staël est heureux de se retrouver en si bonne compagnie<ref name="Ameline 127">{{harvsp|Ameline et al|p=127|id=APA}}.</ref>.


Mais la vie à New York lui est difficile. Le {{date-|13 mars}}, il revient à Paris, au moment où paraît le livre de [[Pierre Lecuire]], ''Voir Nicolas de Staël'', avec une [[lithographie]] en couverture et deux gravures de Staël<ref name="Ameline 126">{{harvsp|Ameline et al|p=126|id=APA}}</ref>.
Mais la vie à New York lui est difficile. Le {{date-|13 mars}}, il revient à Paris, au moment où paraît le livre de [[Pierre Lecuire]], ''Voir Nicolas de Staël'', avec une [[lithographie]] en couverture et deux gravures de Staël<ref name="Ameline 126">{{harvsp|Ameline et al|p=126|id=APA}}.</ref>.


Quelques mois plus tard, Staël trouve une nouvelle source d'inspiration dans la musique. Alors qu'il est invité le {{date-|5 mai}} à un concert chez Suzanne Tézenas, à la fois héritière et mondaine<ref name="Greilsamer 229">{{harvsp|Greilsamer|p=229|id=LG}}</ref>, le peintre découvre les « couleurs des sons » : après avoir entendu [[Pierre Boulez]], [[Olivier Messiaen]], [[Isaac Albéniz]], il s'intéresse à la musique contemporaine et au jazz. En particulier à [[Sidney Bechet]] auquel il rend hommage avec deux toiles : ''[[Les Musiciens, souvenir de Sidney Bechet]]''<ref>[http://www.servimg.com/image_preview.php?i=3790&u=13044625 Les Musiciens présenté à la fondation Ginadda en 2010]</ref> dont une version se trouve au [[Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou|Centre Pompidou]], à Paris, l'autre version, intitulée '' [[Les Musiciens, souvenir de Sidney Bechet|Les Musiciens (Street Musicians)]]'', à la [[The Phillips Collection|Phillips Collection]] de [[Washington (district de Columbia)|Washington]]<ref name="FdS97-418">[[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], {{p.|418}}</ref>. De cette période d'inspiration musicale naîtront également ''[[L'Orchestre (Staël)|L'Orchestre]]''<ref>[http://4.bp.blogspot.com/-XOxJ9BaZsYo/Td7CjbdY1II/AAAAAAAAABY/wNajwwszjSI/s1600/IMAG0283.jpg L'Orchestre]</ref>. Il envisage même un ballet avec [[René Char]] : ''L'Abominable des neiges''<ref name="Greilsamer 231">{{harvsp|Greilsamer|p=231|id=LG}}</ref>, ainsi qu'une toile inspirée par la reprise à l'[[Opéra Garnier|Opéra de Paris]] de l'opéra-ballet de [[Jean-Philippe Rameau]] ''[[Les Indes galantes]]'' que le peintre intitulera aussi ''Les Indes galantes''<ref name="FdS97-410">[[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], {{p.|410}}</ref>, une huile sur toile de 161 × {{unité|114|cm}} (collection particulière) peinte en 1952- 1953<ref>[http://malcontenta.blog.lemonde.fr/2009/09/19/les-mots-de-la-peinture/ voir Les Indes galantes de Staël]</ref>.
Quelques mois plus tard, Staël trouve une nouvelle source d'inspiration dans la musique. Alors qu'il est invité le {{date-|5 mai}} à un concert chez Suzanne Tézenas, à la fois héritière et mondaine<ref name="Greilsamer 229">{{harvsp|Greilsamer|p=229|id=LG}}.</ref>, le peintre découvre les « couleurs des sons » : après avoir entendu [[Pierre Boulez]], [[Olivier Messiaen]], [[Isaac Albéniz]], il s'intéresse à la musique contemporaine et au jazz. En particulier à [[Sidney Bechet]] auquel il rend hommage avec deux toiles : ''[[Les Musiciens, souvenir de Sidney Bechet]]''<ref>[http://www.servimg.com/image_preview.php?i=3790&u=13044625 Les Musiciens présenté à la fondation Ginadda en 2010.]</ref> dont une version se trouve au [[Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou|Centre Pompidou]], à Paris, l'autre version, intitulée '' [[Les Musiciens, souvenir de Sidney Bechet|Les Musiciens (Street Musicians)]]'', à la [[The Phillips Collection|Phillips Collection]] de [[Washington (district de Columbia)|Washington]]<ref name="FdS97-418">[[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], {{p.|418}}.</ref>. De cette période d'inspiration musicale naîtront également ''[[L'Orchestre (Staël)|L'Orchestre]]''<ref>[http://4.bp.blogspot.com/-XOxJ9BaZsYo/Td7CjbdY1II/AAAAAAAAABY/wNajwwszjSI/s1600/IMAG0283.jpg L'Orchestre.]</ref>. Il envisage même un ballet avec [[René Char]] : ''L'Abominable des neiges''<ref name="Greilsamer 231">{{harvsp|Greilsamer|p=231|id=LG}}.</ref>, ainsi qu'une toile inspirée par la reprise à l'[[Opéra Garnier|Opéra de Paris]] de l'opéra-ballet de [[Jean-Philippe Rameau]] ''[[Les Indes galantes]]'' que le peintre intitulera aussi ''Les Indes galantes''<ref name="FdS97-410">[[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], {{p.|410}}.</ref>, une huile sur toile de 161 × {{unité|114|cm}} (collection particulière) peinte en 1952- 1953<ref>[http://malcontenta.blog.lemonde.fr/2009/09/19/les-mots-de-la-peinture/ voir Les Indes galantes de Staël.]</ref>.


Mais il lui manque toujours les couleurs du Midi. Il loue pendant un mois une [[magnanerie]] près d'Avignon, à [[Lagnes]], où les couleurs de sa palette vont devenir éclatantes<ref name="Ameline 127"/>. Puis il met toute sa famille dans sa camionnette et l'emmène en Italie puis en Sicile où il admire la Toscane, [[Agrigente]], sujet de ses plus célèbres toiles<ref name="Ameline 128">{{harvsp|Ameline et al|p=128|id=APA}}</ref>.
Mais il lui manque toujours les couleurs du Midi. Il loue pendant un mois une [[magnanerie]] près d'Avignon, à [[Lagnes]], où les couleurs de sa palette vont devenir éclatantes<ref name="Ameline 127"/>. Puis il met toute sa famille dans sa camionnette et l'emmène en Italie puis en Sicile où il admire la Toscane, [[Agrigente]], sujet de ses plus célèbres toiles<ref name="Ameline 128">{{harvsp|Ameline et al|p=128|id=APA}}.</ref>.


Peu après, Staël achète une maison dans le [[Massif du Luberon|Luberon]] à [[Ménerbes]], le ''Castelet''. Il y peint entre autres plusieurs toiles intitulées ''Ménerbes'' dont une version d'un format de 60 × {{unité|81|cm}} se trouve au [[musée Fabre]] de [[Montpellier]]<ref name="DB-179">[[#DB|Daniel Dobbels (1994)]], {{p.|179}}</ref>. Il continue à fournir inlassablement Rosenberg qui affirme dans un journal américain qu'il considère Staël comme une des valeurs les plus sûres de son époque<ref name="Ameline 129">{{harvsp|Ameline et al|p=129|id=APA}}</ref>, le marchand d'art prépare une exposition : ''Recent Paintings by Nicolas de Staël'' qui aura lieu dans sa galerie en 1954<ref name="Prat Bellet 213">{{harvsp|Prat |Bellet|p=213|id=PB95}}</ref>.
Peu après, Staël achète une maison dans le [[Massif du Luberon|Luberon]] à [[Ménerbes]], le ''Castelet''. Il y peint entre autres plusieurs toiles intitulées ''Ménerbes'' dont une version d'un format de 60 × {{unité|81|cm}} se trouve au [[musée Fabre]] de [[Montpellier]]<ref name="DB-179">[[#DB|Daniel Dobbels (1994)]], {{p.|179}}.</ref>. Il continue à fournir inlassablement Rosenberg qui affirme dans un journal américain qu'il considère Staël comme une des valeurs les plus sûres de son époque<ref name="Ameline 129">{{harvsp|Ameline et al|p=129|id=APA}}.</ref>, le marchand d'art prépare une exposition : ''Recent Paintings by Nicolas de Staël'' qui aura lieu dans sa galerie en 1954<ref name="Prat Bellet 213">{{harvsp|Prat |Bellet|p=213|id=PB95}}.</ref>.


L'exposition du {{date|8|février|1954}} chez Paul Rosenberg se révèle un très grand succès commercial.
L'exposition du {{date|8|février|1954}} chez Paul Rosenberg se révèle un très grand succès commercial.


==== Les couleurs du Midi : 1954 - 1955 ====
==== Les couleurs du Midi : 1954-1955 ====
[[Fichier:Le Lavandou - vue générale.jpg|thumb|center|upright=2.2| [[Le Lavandou]], un des lieux où Staël a peint des paysages méditerranéens.]]
[[Fichier:Le Lavandou - vue générale.jpg|thumb|center|upright=2.2| [[Le Lavandou]], un des lieux où Staël a peint des paysages méditerranéens.]]
Exilé aux États-Unis depuis la Guerre, Rosenberg, qui avait une galerie au 26, [[rue La Boétie]] à [[Paris]], et une succursale à [[Londres]], a déjà vendu les plus grands peintres dans les années trente : Picasso, Braque, Léger, Matisse. Plus qu'un marchand, c'est un « seigneur » qui dit par provocation : {{Citation|Pour moi, un tableau est beau quand il se vend<ref name="Greilsamer 242">{{harvsp|Greilsamer|p=242|id=LG}}</ref>.}} Et précisément, il vend énormément de Staël. La majorité des œuvres de la période 1953-1955 ont été vendues à New York, principalement par Rosenberg (ainsi que par Schempp), comme on peut le vérifier dans le catalogue raisonné établi par Françoise de Staël et la liste des œuvres actuellement visibles dans les musées américains.
Exilé aux États-Unis depuis la Guerre, Rosenberg, qui avait une galerie au 26, [[rue La Boétie]] à [[Paris]], et une succursale à [[Londres]], a déjà vendu les plus grands peintres dans les années 1930 : Picasso, Braque, Léger, Matisse. Plus qu'un marchand, c'est un « seigneur » qui dit par provocation : {{Citation|Pour moi, un tableau est beau quand il se vend<ref name="Greilsamer 242">{{harvsp|Greilsamer|p=242|id=LG}}.</ref>.}} Et, précisément, il vend énormément de Staël. La majorité des œuvres de la période 1953-1955 ont été vendues à New York, principalement par Rosenberg (ainsi que par Schempp)<ref group="note">Comme on peut le vérifier dans le catalogue raisonné établi par Françoise de Staël et la liste des œuvres actuellement visibles dans les musées américains.</ref>.


Pour l'exposition du {{date|8|février|1954}}, le peintre lui fournit tous les tableaux qu'il a peints à [[Ménerbes]], en souvenir de son voyage en [[Sicile]], en [[Italie]]. Il propose toutes les couleurs du Midi, des fleurs, des natures mortes, des paysages<ref name="Ameline 169">{{harvsp|Ameline et al|p=169|id=APA}}</ref>. À [[Lagnes]], Staël a travaillé avec une telle énergie et a produit tant de toiles que Rosenberg est obligé de le freiner en lui expliquant que les clients risquent d'être effrayés par une trop grande rapidité de production<ref name="Ameline 169"/>. Agacé, Staël répond qu'il fait ce qu'il veut, et que peindre est pour lui une nécessité, exposition ou pas. Il demande même que le marchand lui renvoie une ''Nature morte aux bouteilles'' (1952) que Rosenberg trouve trop lourde<ref name="Greilsamer 244">{{harvsp|Greilsamer|p=244|id=LG}}</ref>, et dont une version de {{unité|64.7 × 81|cm}} se trouve au [[musée Boijmans Van Beuningen|musée Boijmans van Beuningen]] de [[Rotterdam]]<ref name="FdS97-328">[[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], {{p.|328}}</ref>.
Pour l'exposition du {{date|8|février|1954}}, le peintre lui fournit tous les tableaux qu'il a peints à [[Ménerbes]], en souvenir de son voyage en [[Sicile]], en [[Italie]]. Il propose toutes les couleurs du Midi, des fleurs, des natures mortes, des paysages<ref name="Ameline 169">{{harvsp|Ameline et al|p=169|id=APA}}.</ref>. À [[Lagnes]], Staël a travaillé avec une telle énergie et a produit tant de toiles que Rosenberg est obligé de le freiner en lui expliquant que les clients risquent d'être effrayés par une trop grande rapidité de production<ref name="Ameline 169"/>. Agacé, Staël répond qu'il fait ce qu'il veut, et que peindre est pour lui une nécessité, exposition ou pas. Il demande même que le marchand lui renvoie une ''Nature morte aux bouteilles'' (1952) que Rosenberg trouve trop lourde<ref name="Greilsamer 244">{{harvsp|Greilsamer|p=244|id=LG}}.</ref>, et dont une version de {{unité|64.7 × 81|cm}} se trouve au [[musée Boijmans Van Beuningen]] de [[Rotterdam]]<ref name="FdS97-328">[[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], {{p.|328}}.</ref>.


À New York, les tableaux de Staël reçoivent un accueil favorable de la part des collectionneurs américains qui achètent très rapidement, certains d'entre eux en feront don à des musées, ce qui explique l'énorme proportion de tableaux de Staël actuellement visibles aux États-Unis. Lors du vernissage, il y a, dans l'assemblée, un jeune diplomate français qui est bouleversé par cette peinture. C'est [[Romain Gary]]. Il écrit à Staël, rue Gauguet : {{Citation|Vous êtes le seul peintre moderne qui donne du génie au spectateur<ref name="Greilsamer 245">{{harvsp|Greilsamer|p=245|id=LG}}</ref>.}}
À New York, les tableaux de Staël reçoivent un accueil favorable de la part des collectionneurs américains qui achètent très rapidement, certains d'entre eux en feront don à des musées, ce qui explique le nombre conséquent de tableaux de Staël actuellement visibles aux États-Unis. Lors du vernissage, il y a, dans l'assemblée, un jeune diplomate français qui est bouleversé par cette peinture ; c'est [[Romain Gary]]. Il écrit à Staël, rue Gauguet : {{Citation|Vous êtes le seul peintre moderne qui donne du génie au spectateur<ref name="Greilsamer 245">{{harvsp|Greilsamer|p=245|id=LG}}.</ref>.}}


Le {{date-|3 avril}}, Françoise donne naissance à un fils, Gustave, dont le peintre dit que c'est « son portrait en miniature, un objet très vivant<ref name="Ameline 169"/>. »
Le {{date-|3 avril}}, Françoise donne naissance à un fils, Gustave, dont le peintre dit que c'est {{citation|son portrait en miniature, un objet très vivant<ref name="Ameline 169"/>.}}


Au mois de juin, chez Jacques Dubourg, une nouvelle exposition de Staël montre une douzaine de peintures parmi lesquelles ''Marseille (vue de Marseille)'', huile sur toile de {{unité|64.7 × 81|cm}} actuellement visible au [[Musée d'art du comté de Los Angeles|Los Angeles County Museum of Art]]<ref name="FdS97-516">[[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], {{p.|516}}</ref>, ''L'Étang de Berre'', ''La Route d'Uzès'', tableaux qui font sensation. Mais certains critiques s'en prennent au nouveau style du peintre. Notamment Léon Degand qui écrit que ces belles couleurs et ce brio « s'avèrent insuffisants au bout de cinq minutes, pour qui cherche un peu plus que des qualités purement extérieures<ref>Léon Degand dans " Art d'Aujourd'hui" {{n°|6}}, série 5, septembre 1954, {{p.|33}}</ref>. » Staël a aussi des défenseurs qui soulignent le talent du peintre dans le concret et dans la couleur, notamment Alain Berne-Jouffroy dans ''[[La Nouvelle Revue française]]''<ref>{{n°|20}}, du {{1er}} août 1954, {{p.|334}}</ref>.
Au mois de juin, chez Jacques Dubourg, une nouvelle exposition de Staël montre une douzaine de peintures parmi lesquelles ''Marseille (vue de Marseille)'', huile sur toile de {{unité|64.7 × 81|cm}} actuellement visible au [[Musée d'art du comté de Los Angeles|Los Angeles County Museum of Art]]<ref name="FdS97-516">[[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], {{p.|516}}.</ref>, ''L'Étang de Berre'', ''La Route d'Uzès'', tableaux qui font sensation. Mais certains critiques s'en prennent au nouveau style du peintre. Notamment Léon Degand qui écrit que ces belles couleurs et ce brio {{citation|s'avèrent insuffisants au bout de cinq minutes, pour qui cherche un peu plus que des qualités purement extérieures<ref>Léon Degand dans ''Art d'aujourd'hui'' {{n°|6}}, série 5, septembre 1954, {{p.|33}}.</ref>.}} Staël a aussi des défenseurs qui soulignent le talent du peintre dans le concret et dans la couleur, notamment Alain Berne-Jouffroy dans ''[[La Nouvelle Revue française]]''<ref>{{n°|20}}, du {{date-|1 août 1954}}, {{p.|334}}.</ref>.


À Paris, pendant l'été, Staël peint une série de natures mortes, de paysages et de bouquets de fleurs : ''La Seine'' (89,2 × {{unité|130.2|cm}}), achetée par Joseph H. Hirshhorn qui en a fait don à [[Hirshhorn Museum and Sculpture Garden]], [[Washington (district de Columbia)|Washington]]<ref name="FdS97-544">[[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], {{p.|544}}</ref>. Le peintre fait plusieurs séjours dans la [[Manche (département)|Manche]] ou près de la [[mer du Nord]] d'où il ramène le sujet de toiles aux tonalités douces : ''Cap Gris-Nez'', ''Cap Blanc-Nez''. Les toiles de cette période ont rapidement trouvé acquéreur et elles sont pour la plupart dans des collections privées<ref name="FdS97-553-561">[[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], {{p.|553-561}}</ref>.
À Paris, pendant l'été, Staël peint une série de natures mortes, de paysages et de bouquets de fleurs : ''La Seine'' (89,2 × {{unité|130.2|cm}}), achetée par Joseph H. Hirshhorn qui en a fait don à [[Hirshhorn Museum and Sculpture Garden]], [[Washington (district de Columbia)|Washington]]<ref name="FdS97-544">[[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], {{p.|544}}.</ref>. Le peintre fait plusieurs séjours dans la [[Manche (département)|Manche]] ou près de la [[mer du Nord]] d'où il ramène le sujet de toiles aux tonalités douces : ''Cap Gris-Nez'', ''Cap Blanc-Nez''. Les toiles de cette période ont rapidement trouvé acquéreur et elles sont pour la plupart dans des collections privées<ref name="FdS97-553-561">[[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], {{p.|553-561}}.</ref>.


Mais Nicolas de Staël a changé. Littéralement envoûté par Suzanne Tézenas, dont le salon parisien rivalise avec ceux de [[Louise de Vilmorin]] ou de [[Florence Gould]], il est pris d'une passion fiévreuse pour celle qui est la mécène de [[Pierre Boulez]] après avoir été l'amie très chère de [[Pierre Drieu la Rochelle]]<ref name="Greilsamer 230">{{harvsp|Greilsamer|p=230|id=LG}}</ref>.
Mais Nicolas de Staël a changé. Littéralement envoûté par Suzanne Tézenas, dont le salon parisien rivalise avec ceux de [[Louise de Vilmorin]] ou de [[Florence Gould]], il est pris d'une passion fiévreuse pour celle qui est la mécène de [[Pierre Boulez]] après avoir été l'amie très chère de [[Pierre Drieu la Rochelle]]<ref name="Greilsamer 230">{{harvsp|Greilsamer|p=230|id=LG}}.</ref>.


==== Les Nus et le désespoir ====
==== Les nus et le désespoir ====
À partir de 1953, Staël tombe amoureux d'une autre femme, Jeanne Polgue-Mathieu<ref>{{lien web | langue=fr | jour=36 | mois=avril | année=2021 | auteur1=Claudiofza | titre=René Char – Nicolas de Staël | site=Les vrais voyageurs | url=https://www.lesvraisvoyageurs.com/2021/04/26/rene-char-nicolas-de-stael/ }}</ref>{{,}}<ref name="LM2023">{{article | langue=fr | titre=Au Musée d’art moderne de Paris, Nicolas de Staël comme on ne l’a jamais vu | périodique=[[Le Monde]] | auteur1= Harry Bellet | jour=14 | mois=septembre | année=2023 | url texte= https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/09/14/au-musee-d-art-moderne-de-paris-nicolas-de-stael-comme-on-ne-l-a-jamais-vu_6189437_3246.html }}</ref>. Il l'a emmenée, en {{date-|août 1953}}, avec Ciska Grillet, une amie de [[René Char]], avec toute sa famille pour un périple qui le mène en [[Italie]], en [[Sicile]], puis en [[Toscane]]<ref name="Ameline 128"/>.
À partir de 1953, Staël tombe amoureux d'une autre femme, Jeanne Polgue-Mathieu<ref>{{lien web | langue=fr | jour=36 | mois=avril | année=2021 | auteur1=Claudiofza | titre=René Char – Nicolas de Staël | site=Les vrais voyageurs | url=https://www.lesvraisvoyageurs.com/2021/04/26/rene-char-nicolas-de-stael/}}.</ref>{{,}}<ref name="LM2023">{{article | langue=fr | titre=Au Musée d’art moderne de Paris, Nicolas de Staël comme on ne l’a jamais vu | périodique=[[Le Monde]] | auteur1= Harry Bellet | jour=14 | mois=septembre | année=2023 | url texte= https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/09/14/au-musee-d-art-moderne-de-paris-nicolas-de-stael-comme-on-ne-l-a-jamais-vu_6189437_3246.html}}.</ref>. Il l'a emmenée, en {{date-|août 1953}}, avec Ciska Grillet, une amie de [[René Char]], avec toute sa famille pour un périple qui le mène en [[Italie]], en [[Sicile]], puis en [[Toscane]]<ref name="Ameline 128"/>.


La Sicile va lui inspirer la série des ''[[Agrigente (Staël)|Agrigente]]'', mais son amour pour Jeanne va accélérer sa recherche sur le [[Nu (genre artistique)|nu]]. Le {{Date|28|septembre|1953}}, il écrit à [[Jacques Dubourg (galeriste)|Jacques Dubourg]] : {{Citation| Je crois que quelque chose se passe en moi de nouveau, et parfois, cela se greffe à mon inévitable besoin de tout casser. Que faire<ref name="LG 241">{{harvsp|Greilsamer|2001|p=241|id=LG}}.</ref> ?}} L'intégralité de la lettre, reproduite dans le catalogue raisonné de Françoise de Staël, montre que Dubourg est resté son marchand préféré et que le peintre continue à lui fournir des toiles<ref name="FdS97 1116">{{harvsp|Françoise de Staël1997|p=1116|id=FdS97}}</ref>. Et bien que les lettres de Paul Rosenberg lui annoncent des ventes somptueuses, et bien que désormais, le peintre puisse se considérer comme riche, il n'en reste pas moins mélancolique et désespéré.
La Sicile va lui inspirer la série des ''[[Agrigente (Staël)|Agrigente]]'', mais son amour pour Jeanne va accélérer sa recherche sur le [[Nu (genre artistique)|nu]]. Le {{Date|28|septembre|1953}}, il écrit à [[Jacques Dubourg (galeriste)|Jacques Dubourg]] : {{Citation| Je crois que quelque chose se passe en moi de nouveau, et parfois, cela se greffe à mon inévitable besoin de tout casser. Que faire<ref name="LG 241">{{harvsp|Greilsamer|2001|p=241|id=LG}}.</ref> ?}} L'intégralité de la lettre, reproduite dans le catalogue raisonné de Françoise de Staël, montre que Dubourg est resté son marchand préféré et que le peintre continue à lui fournir des toiles<ref name="FdS97 1116">{{harvsp|Françoise de Staël1997|p=1116|id=FdS97}}.</ref>. Et, bien que les lettres de Paul Rosenberg lui annoncent des ventes somptueuses et que, désormais, le peintre puisse se considérer comme riche, il n'en reste pas moins mélancolique et désespéré.


Jeanne Polgue-Mathieu est une femme mariée qui réside près de Nice. Pour être plus près d'elle, le peintre loue un appartement à [[Antibes]] où il vit seul, sans sa famille et où il installe son atelier<ref name="Ameline 170">{{harvsp|Ameline et al|p=170|id=APA}}</ref>. {{Citation|Pour la première fois de sa vie, Staël aime plus qu'il n'est aimé. Sa passion pour Jeanne le submerge<ref name="Greilsamer 250">{{harvsp|Greilsamer|p=250|id=LG}}</ref>.}} C'est elle qu'il campe de mémoire dans ''Jeanne (nu debout)'' ({{unité|146×97|cm}}), 1953, tableau postdaté et intitulé en 1954, ''Nu Jeanne (nu debout)''<ref name="FdS97-477">[[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], {{p.|477}}.</ref>, une silhouette vaporeuse, émergeant d'une brume de couleurs tendres. C'est également Jeanne Mathieu qui a servi de modèle au ''[[Nu couché (Nu)]]'' (1954)<ref name="FdS97-503">[[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], {{p.|503}}.</ref>, tableau qui a été vendu en {{date-|décembre 2011}} pour la somme de {{nombre|7.03|millions}} d'euros<ref>[http://www.fxgpariscaraibe.com/article-nicolas-de-stael-jean-michel-basquiat-91610268.html Vente de ''Nu couché'' à un collectionneur privé]</ref>. Tous ces [[Nu (genre artistique)|nus]] sont intitulés de différentes manières, non datés, réunis dans le catalogue raisonné selon les dates probables, certains étant postdatés, d'autres non signés.
Jeanne Polgue-Mathieu est une femme mariée qui réside près de Nice. Pour être plus près d'elle, le peintre loue un appartement à [[Antibes]] où il vit seul, sans sa famille et où il installe son atelier<ref name="Ameline 170">{{harvsp|Ameline et al|p=170|id=APA}}.</ref>. {{Citation|Pour la première fois de sa vie, Staël aime plus qu'il n'est aimé. Sa passion pour Jeanne le submerge<ref name="Greilsamer 250">{{harvsp|Greilsamer|p=250|id=LG}}.</ref>.}} C'est elle qu'il campe de mémoire dans ''Jeanne (nu debout)'' ({{unité|146×97|cm}}), 1953, tableau postdaté et intitulé en 1954, ''Nu Jeanne (nu debout)''<ref name="FdS97-477">[[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], {{p.|477}}.</ref>, une silhouette vaporeuse, émergeant d'une brume de couleurs tendres. C'est également Jeanne Mathieu qui a servi de modèle au ''[[Nu couché (Nu)]]'' (1954)<ref name="FdS97-503">[[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], {{p.|503}}.</ref>, tableau qui a été vendu en {{date-|décembre 2011}} pour la somme de {{nombre|7.03|millions}} d'euros<ref>[http://www.fxgpariscaraibe.com/article-nicolas-de-stael-jean-michel-basquiat-91610268.html Vente de ''Nu couché'' à un collectionneur privé.]</ref>. Tous ces [[Nu (genre artistique)|nus]] sont intitulés de différentes manières, non datés, réunis dans le catalogue raisonné selon les dates probables, certains étant postdatés, d'autres non signés.


Travaillant de nouveau comme un fou, il n'utilise plus la même technique. Maintenant, au lieu de peindre en pâtes épaisses, il dilue les couleurs. Les [[Marine (peinture)|marines]] deviennent son thème privilégié. Le fils de Paul Rosenberg lui écrit : « Il y a des gens pour regretter vos empâtements, trouvant la matière lisse du dernier lot moins frappante<ref name="Ameline 171">{{harvsp|Ameline et al|p=171|id=APA}}</ref>. » Le peintre use maintenant de matériaux différents, il abandonne le couteau et les spatules pour du coton ou des tampons de gaze avec lesquels il étale la couleur. Les grands formats l'intimident désormais, mais il continue à en réaliser<ref name="Ameline 171"/>. Le {{date-|12 octobre 1953}}, Nicolas de Staël écrit à [[Pierre Lecuire]] : {{Citation|Je peins dix fois trop, comme on écrase du raisin et non comme on boit du vin. (...)<ref name="Ameline 128"/>.}}
Travaillant de nouveau comme un fou, il n'utilise plus la même technique. Maintenant, au lieu de peindre en pâtes épaisses, il dilue les couleurs. Les [[Marine (peinture)|marines]] deviennent son thème privilégié. Le fils de Paul Rosenberg lui écrit : {{citation|Il y a des gens pour regretter vos empâtements, trouvant la matière lisse du dernier lot moins frappante<ref name="Ameline 171">{{harvsp|Ameline et al|p=171|id=APA}}.</ref>.}} Le peintre use maintenant de matériaux différents, il abandonne le couteau et les spatules pour du coton ou des tampons de gaze avec lesquels il étale la couleur. Les grands formats l'intimident désormais, mais il continue à en réaliser<ref name="Ameline 171"/>. Le {{date-|12 octobre 1953}}, Nicolas de Staël écrit à [[Pierre Lecuire]] : {{Citation|Je peins dix fois trop, comme on écrase du raisin et non comme on boit du vin […]<ref name="Ameline 128"/>.}}
Un voyage en Espagne et la visite des salles [[Diego Vélasquez|Vélasquez]] au [[musée du Prado]] lui font un temps oublier Jeanne. Mais bien vite, il retourne à Antibes car la passion le dévore. À l'automne, il se sépare définitivement de Françoise.
Un voyage en Espagne et la visite des salles [[Diego Vélasquez|Vélasquez]] au [[musée du Prado]] lui font un temps oublier Jeanne. Mais bien vite, il retourne à Antibes car la passion le dévore. À l'automne, il se sépare définitivement de Françoise. À la fin de l'année, il se retrouve seul et abattu<ref name="Greilsamer 258">{{harvsp|Greilsamer|p=258|id=LG}}</ref>. Mais il a plusieurs projets d'expositions dont une au [[Musée Picasso (Antibes)|musée Grimaldi]], et la frénésie le reprend. Il travaille sur plusieurs toiles à la fois : dans le dernier mois de sa vie, il réalise plus de 350 peintures<ref name="PASB 27">[[#PASB|Prat et al (2010)]], {{p.|27}}</ref>. Mais il a besoin d'avis. Il en demande d'abord à Douglas Cooper, un collectionneur d'art, qui se montre très sceptique sur le style décoratif de ces dernières œuvres<ref name="Ameline 171"/>. D'après John Richardson, Cooper était d'une humeur grincheuse. Cooper est insensible aux ''Mouettes'' (195 × 130). Fin janvier, Staël écrit à Cooper pour expliquer son évolution et défendre son point de vue, mais il est très atteint par la réserve de Cooper bien qu'il fasse mine de la rejeter. Il rejette également les remarques de Pierre Lecuire, mais les critiques le blessent<ref name="Greilsamer 260">{{harvsp|Greilsamer|p=260|id=LG}}</ref>. Mais, bien que très inquiet sur la qualité de son travail, il continue d'expédier des toiles à New York et à Paris<ref name="Greilsamer 261">{{harvsp|Greilsamer|p=261|id=LG}}</ref>.


À la fin de l'année, il se retrouve seul et abattu<ref name="Greilsamer 258">{{harvsp|Greilsamer|p=258|id=LG}}.</ref>. Il a plusieurs projets d'expositions dont une au [[Musée Picasso (Antibes)|musée Grimaldi]], et la frénésie le reprend. Il travaille sur plusieurs toiles à la fois : dans le dernier mois de sa vie, il réalise plus de 350 peintures<ref name="PASB 27">[[#PASB|Prat et al (2010)]], {{p.|27}}.</ref>. Mais il a besoin d'avis. Il en demande d'abord à Douglas Cooper, un collectionneur d'art, qui se montre très sceptique sur le style décoratif de ces dernières œuvres<ref name="Ameline 171"/>. D'après John Richardson, Cooper était d'une humeur grincheuse. Cooper est insensible aux ''Mouettes'' (195 × 130). Fin janvier, Staël écrit à Cooper pour expliquer son évolution et défendre son point de vue, mais il est très atteint par la réserve de Cooper bien qu'il fasse mine de la rejeter. Il rejette également les remarques de Pierre Lecuire, mais les critiques le blessent<ref name="Greilsamer 260">{{harvsp|Greilsamer|p=260|id=LG}}.</ref>. Bien que très inquiet sur la qualité de son travail, il continue d'expédier des toiles à New York et à Paris<ref name="Greilsamer 261">{{harvsp|Greilsamer|p=261|id=LG}}.</ref>.
[[Fichier:maison nicolas de stael Antibes.jpg|vignette|redresse|Maison d'Antibes où Staël a vécu de 1954 à 1955.]]


[[Fichier:maison nicolas de stael Antibes.jpg|vignette|Maison d'Antibes où Staël a vécu de 1954 à 1955.]]
Il écrit à Suzanne Tézenas : {{Citation|Je suis inquiet pour la différence de lumière, lumière d'Antibes à Paris. Il se pourrait que les tableaux n'aient pas à Paris la résonance qu'ils ont dans mon atelier d'Antibes. C'est une angoisse<ref name="Ameline 172">{{harvsp|Ameline et al|p=172|id=APA}}</ref>.}} Le {{date-|5 mars}}, il se rend à Paris où il retrouve finalement l'inspiration. Il assiste à deux concerts au [[Théâtre Marigny]], il suit une conférence de Pierre Boulez, il rencontre des amis avec lesquels il forme des projets et, de retour à Antibes, il peint ses impressions musicales. Sur un châssis de {{unité|6|mètres}} de haut il entreprend ''Le Concert'' et il trouve chez des amis violonistes des matériaux pour exécuter des esquisses. La peinture provoque chez lui une extrême tension. Le malaise de Nicolas est d'autant plus grand que Jeanne Mathieu se montre très distante, et ne vient pas à leur dernier rendez-vous<ref>[http://www.lepoint.fr/c-est-arrive-aujourd-hui/16-mars-1955-splash-le-peintre-nicolas-de-stael-atterrit-trop-brutalement-sur-le-trottoir-16-03-2012-1441804_494.php La passion orageuse de Nicolas de Staël et de Jeanne Mathieu, ''Le Point'', 16 mars 2012.]</ref>.
Il écrit à Suzanne Tézenas : {{Citation|Je suis inquiet pour la différence de lumière, lumière d'Antibes à Paris. Il se pourrait que les tableaux n'aient pas à Paris la résonance qu'ils ont dans mon atelier d'Antibes. C'est une angoisse<ref name="Ameline 172">{{harvsp|Ameline et al|p=172|id=APA}}.</ref>.}} Le {{date-|5 mars}}, il se rend à Paris où il retrouve finalement l'inspiration. Il assiste à deux concerts au [[Théâtre Marigny]], il suit une conférence de [[Pierre Boulez]], il rencontre des amis avec lesquels il forme des projets et, de retour à Antibes, il peint ses impressions musicales. Sur un châssis de {{unité|6|mètres}} de haut il entreprend ''Le Concert'' et il trouve chez des amis violonistes des matériaux pour exécuter des esquisses. La peinture provoque chez lui une extrême tension. Son malaise est d'autant plus grand que Jeanne Mathieu se montre très distante et ne vient pas à leur dernier rendez-vous<ref>[http://www.lepoint.fr/c-est-arrive-aujourd-hui/16-mars-1955-splash-le-peintre-nicolas-de-stael-atterrit-trop-brutalement-sur-le-trottoir-16-03-2012-1441804_494.php « La passion orageuse de Nicolas de Staël et de Jeanne Mathieu »], ''Le Point'', 16 mars 2012.</ref>.


Le {{date-|15 mars}}, Staël réunit toutes les lettres de Jeanne et les rend à son mari en lui disant : « Vous avez gagné<ref name="Greilsamer 265">{{harvsp|Greilsamer|p=265|id=LG}}</ref>. »
Le {{date-|15 mars}}, Staël réunit toutes les lettres de Jeanne et les rend à son mari en lui disant : {{citation|Vous avez gagné<ref name="Greilsamer 265">{{harvsp|Greilsamer|p=265|id=LG}}.</ref>.}}
Le {{date-|16 mars}}, après avoir tenté la veille d'ingurgiter des barbituriques<ref name="Greilsamer 265"/>, le peintre sort de son atelier, referme la porte, monte l'escalier qui conduit à la terrasse de l'immeuble, et se jette dans le vide<ref name="Greilsamer 266">{{harvsp|Greilsamer|p=266|id=LG}}</ref>. Auparavant, il a écrit à [[Jacques Dubourg (galeriste)|Jacques Dubourg]], qui a toujours été son soutien le plus fidèle et le plus désintéressé<ref name="Greilsamer 189">{{harvsp|Greilsamer|p=189|id=LG}}</ref>. Dans une lettre datée du {{Date|16|mars|1955}}, il lui demande de mettre en ordre des questions matérielles, comme si de rien n'était, mais avec deux dernières lignes en forme d'adieu : {{Citation|J'ai commandé chez un petit menuisier ébéniste près des remparts deux chaises longue en bois dont j'ai payé une, cela pour Ménerbes. Au soin de la douane il reste toujours, les papiers sont à la compagnie générale qui transporta mes tableaux la dernière fois, tous les papiers concernant ces petites chaises et tabourets que j'ai achetés en Espagne, aussi pour Ménerbes. Je n'ai pas la force de parachever mes tableaux. Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi. De tout cœur. Nicolas<ref name="FdS97-1263">[[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], p. 1263.</ref>.}}


Le {{date-|16 mars}}, après avoir tenté la veille d'ingurgiter des barbituriques<ref name="Greilsamer 265"/>, le peintre sort de son atelier, referme la porte, monte l'escalier qui conduit à la terrasse de l'immeuble, et se jette dans le vide<ref name="Greilsamer 266">{{harvsp|Greilsamer|p=266|id=LG}}.</ref>. Auparavant, il a écrit à [[Jacques Dubourg (galeriste)|Jacques Dubourg]], qui a toujours été son soutien le plus fidèle et le plus désintéressé<ref name="Greilsamer 189">{{harvsp|Greilsamer|p=189|id=LG}}.</ref>. Dans une lettre datée du {{Date|16|mars|1955}}, il lui demande de mettre en ordre des questions matérielles, comme si de rien n'était, mais avec deux dernières lignes en forme d'adieu : {{Citation bloc|J'ai commandé chez un petit menuisier ébéniste près des remparts deux chaises longues en bois dont j'ai payé une, cela pour Ménerbes. Au soin de la douane il reste toujours, les papiers sont à la compagnie générale qui transporta mes tableaux la dernière fois, tous les papiers concernant ces petites chaises et tabourets que j'ai achetés en Espagne, aussi pour Ménerbes. Je n'ai pas la force de parachever mes tableaux. Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi. De tout cœur.<br>Nicolas<ref name="FdS97-1263">[[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], p. 1263.</ref>.}}
Toutefois c'est à sa fille, Anne de Staël, que le peintre a écrit sa dernière lettre. Anne avait alors {{nombre|13|ans}}<ref name="Ameline 172" />. Toute la correspondance de Nicolas de Staël est intégralement réunie dans le catalogue raisonné et commentée par [[Germain Viatte]]<ref name="FdS97-763-1264">[[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], {{p.|763-1264}}.</ref>.


Toutefois c'est à sa fille, Anne de Staël, que le peintre a écrit sa dernière lettre. Anne avait alors {{nombre|13|ans}}<ref name="Ameline 172"/>. Toute la correspondance de Nicolas de Staël est intégralement réunie dans le catalogue raisonné et commentée par [[Germain Viatte]]<ref name="FdS97-763-1264">[[#FdS97|Françoise de Staël (1997)]], {{p.|763-1264}}.</ref>.
Plus tard, Anne de Staël commente en ces termes la peinture de son père, lors de l'exposition à la galerie Daniel Malingue en 1992 à Paris : {{Citation|Nous vivions en marge de la peinture, le foyer (...) ce n'était pas une maison, c'était la peinture<ref>[http://www.ina.fr/video/CAB92056510 commentaire d'Anne de Staël sur la peinture de son père document INA].</ref>.}}


Plus tard, Anne de Staël commente en ces termes la peinture de son père, lors de l'exposition à la galerie Daniel Malingue en 1992 à Paris : {{Citation|Nous vivions en marge de la peinture, le foyer […] ce n'était pas une maison, c'était la peinture<ref>{{vid}} [http://www.ina.fr/video/CAB92056510 Commentaire d'Anne de Staël sur la peinture de son père], document INA.</ref>.}}
Selon Jean-Louis Prat, commissaire de l'exposition Nicolas de Staël en 1995 à la [[Fondation Gianadda]] : {{Citation|Entre une abstraction qui n'a pour elle que le nom et une figuration qui n'illustre qu'imparfaitement le réel, Nicolas de Staël a exploré jusqu'à l'épuisement le vrai domaine de la peinture dans son essence et son esprit<ref>cité par Bernard Heitz, dans : Nicolas de Staël, les couleurs du tourment, Télérama n°2374 du 12 juillet 1995, p. 13</ref>.}}

Selon [[Jean-Louis Prat]], commissaire de l'exposition Nicolas de Staël en 1995 à la [[Fondation Gianadda]] : {{Citation|Entre une abstraction qui n'a pour elle que le nom et une figuration qui n'illustre qu'imparfaitement le réel, Nicolas de Staël a exploré jusqu'à l'épuisement le vrai domaine de la peinture dans son essence et son esprit<ref name="BHeitz13"/>.}}


== Le lien Braque-Staël ==
== Le lien Braque-Staël ==
[[Fichier:0 Varengeville-sur-Mer - Plage de Vasterival (2).JPG|thumb|right|Falaises de [[Varengeville-sur-Mer|Varengeville]] sur la plage de Vasterival]]
[[Fichier:0 Varengeville-sur-Mer - Plage de Vasterival (2).JPG|thumb|Falaises de [[Varengeville-sur-Mer|Varengeville]] sur la plage de Vasterival.]]


En 1944, Braque assiste à l'exposition qui regroupe les peintures de [[Vassily Kandinsky]], [[César Domela]] et Nicolas de Staël à la [[Jeanne Bucher|galerie Jeanne Bucher]]. Il fait part à Staël de son admiration et lui prodigue des encouragements<ref name="FdS97-703">{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=703}}</ref>. {{Citation|L'amitié et, si l'on peut dire, la liaison avec Braque, qui travaillait sur les ''Ateliers'', date de ces années-là [1944-1947]. C'est une indication qu'on ne peut négliger, encore que les échanges aient pu être plus réciproques qu'on ne l'a dit<ref>[[André Chastel]] dans {{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=192}}</ref>.}} Si Staël est influencé par « l'impeccable et suave harmonie de Braque » qui se retrouve dans les toiles du jeune peintre réalisées à la veille de sa mort telle l'envol des ''Mouettes'' qui est aussi un hommage au ''[[Champ de blé aux corbeaux]]'' de [[Vincent van Gogh]], à son tour Braque rend hommage à van Gogh vers 1957 avec ''Oiseaux dans les blés'', huile sur toile, {{unité|24 × 41|cm}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=John Golding|auteur2=Sophie Bowness|auteur3=Isabelle Monod-Fontaine|titre=Braque, the late works, [[Menil Collection]]|éditeur=[[Yale University Press]]|année=1997|pages totales=134|passage=122|isbn=978-0-300-07160-3}}</ref>, dans un style qui se rapproche de celui de Staël.
En 1944, Braque assiste à l'exposition qui regroupe les peintures de [[Vassily Kandinsky]], [[César Domela]] et Nicolas de Staël à la [[Jeanne Bucher|galerie Jeanne Bucher]]. Il fait part à Staël de son admiration et lui prodigue des encouragements<ref name="FdS97-703">{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=703}}.</ref>. {{Citation|L'amitié et, si l'on peut dire, la liaison avec Braque, qui travaillait sur les ''Ateliers'', date de ces années-là [1944-1947]. C'est une indication qu'on ne peut négliger, encore que les échanges aient pu être plus réciproques qu'on ne l'a dit<ref>[[André Chastel]] dans {{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=192}}.</ref>.}} Si Staël est influencé par « l'impeccable et suave harmonie de Braque » qui se retrouve dans les toiles du jeune peintre réalisées à la veille de sa mort telle l'envol des ''Mouettes'' qui est aussi un hommage au ''[[Champ de blé aux corbeaux]]'' de [[Vincent van Gogh]], à son tour Braque rend hommage à van Gogh vers 1957 avec ''Oiseaux dans les blés'', huile sur toile, {{unité|24 × 41|cm}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=John Golding|auteur2=Sophie Bowness|auteur3=Isabelle Monod-Fontaine|titre=Braque, the late works, [[Menil Collection]]|éditeur=[[Yale University Press]]|année=1997|pages totales=134|passage=122|isbn=978-0-300-07160-3}}.</ref>, dans un style qui se rapproche de celui de Staël.


C'est en sortant de la visite chez le collectionneur et historien d'art Douglas Cooper, en 1953, que Staël manifeste son enthousiasme pour la peinture de Georges Braque. La collection comprend des œuvres de Picasso, Léger, Juan Gris, et de Braque. Staël déclare : {{Citation|Là où l'histoire devient passionnante c'est au moment où l'on saisit les Braque dans la lumière où ils ont été peints (...) Ces Braque-là font une grande peinture comme [[Paolo Uccello|Ucello]] fait grande peinture (...) et ils acquièrent un mystère, une simplicité, une force sans précédent avec toute la parenté de [[Camille Corot]] à [[Paul Cézanne]] si naturellement libre (...)<ref name="FdS97-32"/>{{,}}<ref name="Greilsamer 247">{{harvsp|Greilsamer|p=247|id=LG}}</ref>.}}
C'est en sortant de la visite chez le collectionneur et historien d'art Douglas Cooper, en 1953, que Staël manifeste son enthousiasme pour la peinture de Georges Braque. La collection comprend des œuvres de Picasso, Léger, Juan Gris, et de Braque. Staël déclare : {{Citation|Là où l'histoire devient passionnante c'est au moment où l'on saisit les Braque dans la lumière où ils ont été peints […] Ces Braque-là font une grande peinture comme [[Paolo Uccello|Ucello]] fait grande peinture […] et ils acquièrent un mystère, une simplicité, une force sans précédent avec toute la parenté de [[Camille Corot]] à [[Paul Cézanne]] si naturellement libre […]<ref name="FdS97-32"/>{{,}}<ref name="Greilsamer 247">{{harvsp|Greilsamer|p=247|id=LG}}.</ref>.}}


Parmi les dernières œuvres de Staël, outre les titres qui font référence à Braque sans que la toile ait un quelconque rapport comme ''Le Pain'', 1955, huile sur toile ( {{unité|73 × 106|cm}}, collection privée, Paris<ref name="FdS97-645">{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=645}}</ref>), le peintre réalise des natures mortes : ''Nature morte au broc'', ''Nature morte à la salade'', Nature morte à l'artichaut'', ''Nature morte aux fruits'' qui marquent une sorte de « compagnonnage avec Braque ».''
Parmi les dernières œuvres de Staël, outre les titres qui font référence à Braque sans que la toile ait un quelconque rapport comme ''Le Pain'', 1955, huile sur toile ( {{unité|73 × 106|cm}}, collection privée, Paris<ref name="FdS97-645">{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=645}}.</ref>), le peintre réalise des natures mortes : ''Nature morte au broc'', ''Nature morte à la salade'', Nature morte à l'artichaut'', ''Nature morte aux fruits'' qui marquent une sorte de « compagnonnage avec Braque ».''


Mais on ne peut exclure que la multiplication des ''Marines'' et des paysages du nord réalisées par Staël au cours de ces années 1954-1955 (''Cap Gris nez'', ''Cap Blanc nez'') n'aient induit chez Braque un intérêt renouvelé pour ce type de sujet qu'il a traité lui-même : 1955-1956, ''La Plaine'', huile sur toile, {{unité|21 × 73|cm}}, ''Marine'', 1956 huile sur toile, {{unité|26 × 65|cm}}. Les deux artistes seront représentés aux États-Unis par le même marchand : Paul Rosenberg grâce à Ted Schempp qui s'est fait le ''colporteur'' de Nicolas de Staël. Ted Schempp le fait plus ou moins parrainer par Braque à partir d'une simple photo prise par Mariette Lachaud à Varengeville où Nicolas passe l'été. La photo présente Nicolas, Georges avec son éternelle casquette, et sa femme Marcelle Braque<ref name="Greilsamer 200">{{harvsp|Greilsamer|p=200|id=LG}}</ref>. Lorsque Nicolas de Staël enfin reconnu et acheté massivement aux États-Unis se retrouve riche, Georges Braque et Marcelle {{Citation|lui font du bien en le traitant comme si de rien n'était, avec leur simplicité coutumière. Faites attention, le prévient Marcelle, vous avez résisté à la pauvreté, soyez assez fort pour résister à la richesse<ref name="Greilsamer 237">{{harvsp|Greilsamer|p=237|id=LG}}</ref>.}}
Mais on ne peut exclure que la multiplication des ''Marines'' et des paysages du nord réalisées par Staël au cours de ces années 1954-1955 (''Cap Gris nez'', ''Cap Blanc nez'') n'aient induit chez Braque un intérêt renouvelé pour ce type de sujet qu'il a traité lui-même : 1955-1956, ''La Plaine'', huile sur toile, {{unité|21 × 73|cm}}, ''Marine'', 1956 huile sur toile, {{unité|26 × 65|cm}}. Les deux artistes seront représentés aux États-Unis par le même marchand : Paul Rosenberg grâce à Ted Schempp qui s'est fait le ''colporteur'' de Nicolas de Staël. Ted Schempp le fait plus ou moins parrainer par Braque à partir d'une simple photo prise par Mariette Lachaud à Varengeville où Nicolas passe l'été. La photo présente Nicolas, Georges avec son éternelle casquette, et sa femme Marcelle Braque<ref name="Greilsamer 200">{{harvsp|Greilsamer|p=200|id=LG}}.</ref>. Lorsque Nicolas de Staël enfin reconnu et acheté massivement aux États-Unis se retrouve riche, Georges Braque et Marcelle {{Citation|lui font du bien en le traitant comme si de rien n'était, avec leur simplicité coutumière. Faites attention, le prévient Marcelle, vous avez résisté à la pauvreté, soyez assez fort pour résister à la richesse<ref name="Greilsamer 237">{{harvsp|Greilsamer|p=237|id=LG}}.</ref>.}}


Nicolas de Staël avait pour Braque une admiration telle qu'il avait écrit au critique d'art et collectionneur américain David Cooper : {{Citation| Je vous serai toujours infiniment reconnaissant d'avoir su créer ce climat où la rhétorique de Braque reçoit la lumière d'autant mieux qu'il en refusa le grand éclat, où ses tableaux en un instant d'éclair font tout naturellement le chemin de [[Sophocle]] au ton confidentiel de [[Charles Baudelaire|Baudelaire]], sans insister, et en gardant la grande voix. C'est unique<ref name=MdB>Lettre à Douglas Cooper citée par {{harvsp|Marie du Bouchet|2003|id=MdB|page=35}}</ref>.}} Outre cette amitié qui les lie, Staël et Braque ont quelque chose en commun dans leur démarche de peintre à cette époque là. [[Duncan Phillips]], qui s'est « entiché » de Braque<ref name="Danchev 172">{{harvsp|Alex Danchev|2013|p=172|id=Danchev}}</ref> possède aussi dans [[The Phillips Collection]], beaucoup d'œuvres de Staël<ref>[http://www.phillipscollection.org/search?tpc_q=+Nicolas+de+Sta%C3%ABl&q1=Collection&x1=tpc_type tableaux de Staël à The Phillips Collection Les tableaux de Staël à The Phillips Collection]</ref>. Le retour inattendu au paysage à tendance figurative, que Braque a opéré entre les ''Ateliers'' et ''les Oiseaux'', est d'une certaine manière redevable à l'échange avec Staël<ref name="Hazan 40">{{harvsp|Collectif Hazan|1954|p=40|id=Hazan}}</ref>.
Nicolas de Staël avait pour Braque une admiration telle qu'il avait écrit au critique d'art et collectionneur américain David Cooper : {{Citation| Je vous serai toujours infiniment reconnaissant d'avoir su créer ce climat où la rhétorique de Braque reçoit la lumière d'autant mieux qu'il en refusa le grand éclat, où ses tableaux en un instant d'éclair font tout naturellement le chemin de [[Sophocle]] au ton confidentiel de [[Charles Baudelaire|Baudelaire]], sans insister, et en gardant la grande voix. C'est unique<ref name=MdB>Lettre à Douglas Cooper citée par {{harvsp|Marie du Bouchet|2003|id=MdB|page=35}}.</ref>.}} Outre cette amitié qui les lie, Staël et Braque ont quelque chose en commun dans leur démarche de peintre à cette époque là. [[Duncan Phillips]], qui s'est « entiché » de Braque<ref name="Danchev 172">{{harvsp|Alex Danchev|2013|p=172|id=Danchev}}.</ref> possède aussi dans [[The Phillips Collection]], beaucoup d'œuvres de Staël<ref>[http://www.phillipscollection.org/search?tpc_q=+Nicolas+de+Sta%C3%ABl&q1=Collection&x1=tpc_type tableaux de Staël à The Phillips Collection Les tableaux de Staël à The Phillips Collection.]</ref>. Le retour inattendu au paysage à tendance figurative, que Braque a opéré entre les ''Ateliers'' et ''les Oiseaux'', est d'une certaine manière redevable à l'échange avec Staël<ref name="Hazan 40">{{harvsp|Collectif Hazan|1954|p=40|id=Hazan}}.</ref>.


== Le nu ==
== Le nu ==
C'est un thème que Staël a longtemps hésité à traiter et dont l'analyse divise la critique. [[Harry Bellet]] trouve surprenant de le voir surgir au milieu des paysages comme un thème inattendu. S'agissant de ''Nu couché bleu'' (1955), huile sur toile {{unité|114 × 162|cm}}, non signée non datée, parmi les dernières toiles de l'artiste à [[Antibes]], Bellet remarque {{Citation| Au beau milieu des marines, des natures mortes et des ateliers de 1955, surgit, surprenant, un nu couché. Le premier regard, comme celui d'un voyeur, est rejeté de cette toile sans qu'on comprenne bien pourquoi (...) Pourtant, passé le premier choc, l'œil peu coupable, revient s'y fixer. Ultime tentation de Nicolas de Staël de se mesurer au thème le plus ancien de l'histoire de la peinture, ce nu est une splendide négation faite par avance à tous ceux qui ont pu voir dans son décès tragique un aveu d'impuissance : par son apparente simplicité, il égale les plus beaux Matisse, par son autorité complexe, il rejoint le maitre Vélasquez<ref name="PB91">{{harvsp|Prat Bellet|1991|p=176|id=PB91}}</ref>.}}
C'est un thème que Staël a longtemps hésité à traiter et dont l'analyse divise la critique. [[Harry Bellet]] trouve surprenant de le voir surgir au milieu des paysages comme un thème inattendu. S'agissant de ''Nu couché bleu'' (1955), huile sur toile {{unité|114 × 162|cm}}, non signée non datée, parmi les dernières toiles de l'artiste à [[Antibes]], Bellet remarque {{Citation| Au beau milieu des marines, des natures mortes et des ateliers de 1955, surgit, surprenant, un nu couché. Le premier regard, comme celui d'un voyeur, est rejeté de cette toile sans qu'on comprenne bien pourquoi […] Pourtant, passé le premier choc, l'œil peu coupable, revient s'y fixer. Ultime tentation de Nicolas de Staël de se mesurer au thème le plus ancien de l'histoire de la peinture, ce nu est une splendide négation faite par avance à tous ceux qui ont pu voir dans son décès tragique un aveu d'impuissance : par son apparente simplicité, il égale les plus beaux Matisse, par son autorité complexe, il rejoint le maitre Vélasquez<ref>{{harvsp|Prat|1991|p=[https://archive.org/details/nicolasdestaelrt0000nico/page/176 176]}}.</ref>.}}


[[Daniel Dobbels]] conteste cette approche dans la mesure où ce ''Nu'', qui paraît isolé, ne l'est pas. Il est peut-être déjà inscrit dans ''Les Mouettes'', [[Schème (psychologie)|schème]] propre à la nudité de cette peinture, et à ce motif dont on retrouve le trait cassé dans un tableau de 1948 ''Pierres traquées'', huile sur toile, {{unité|38 × 46|cm}}, [[Musée d'art de Cincinnati|Cincinnati Art museum]]<ref name="FdS97-253">{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=253}}.</ref>. D'autre part, dans une lettre à Jacques Dubourg, en 1954, Staël annonce déjà son intention : {{Citation|Je vais essayer des figures, nus, portraits et groupes de personnages. Il faut y aller quand même, que voulez-vous, c'est le moment, je ne peux peindre des kilomètres de natures mortes et paysages, ça ne suffit pas<ref name="DB-31">{{harvsp|Dobbels| 1994|p=31|id=DB}}</ref>...}} alors que le peintre a déjà travaillé sur ce thème, dans un style flouté comme celui du ''Nu debout-Nu Jeanne''.
[[Daniel Dobbels]] conteste cette approche dans la mesure où ce ''Nu'', qui paraît isolé, ne l'est pas. Il est peut-être déjà inscrit dans ''Les Mouettes'', [[Schème (psychologie)|schème]] propre à la nudité de cette peinture, et à ce motif dont on retrouve le trait cassé dans un tableau de 1948 ''Pierres traquées'', huile sur toile, {{unité|38 × 46|cm}}, [[Musée d'art de Cincinnati|Cincinnati Art museum]]<ref name="FdS97-253">{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=253}}.</ref>. D'autre part, dans une lettre à Jacques Dubourg, en 1954, Staël annonce déjà son intention : {{Citation|Je vais essayer des figures, nus, portraits et groupes de personnages. Il faut y aller quand même, que voulez-vous, c'est le moment, je ne peux peindre des kilomètres de natures mortes et paysages, ça ne suffit pas<ref name="DB-31">{{harvsp|Dobbels| 1994|p=31|id=DB}}.</ref>...}} alors que le peintre a déjà travaillé sur ce thème, dans un style flouté comme celui du ''Nu debout-Nu Jeanne''.


Ce ''Nu couché bleu'' sous un drap retiré est sœur de ce ''[[Nu couché (Nu)]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|145 × 89|cm}}, collection particulière, Zurich<ref>{{harvsp|Dobbels|1994|p=193|id=DB}}.</ref>, tout comme les toiles qui l'accompagnent en cette même année : ''[[Les Indes galantes (Staël)|Les Indes galantes I]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|162 × 114|cm}}, collection particulière<ref name="ReferenceA">{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=410}}.</ref>, ''[[Les Indes galantes (Staël)|Les Indes galantes II]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|162 × 113|cm}}, collection particulière<ref name="ReferenceB">{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=411}}.</ref>, ''[[Figures (Staël)|Figures]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|162 × 114|cm}}, collection particulière, Paris<ref name="ReferenceC">{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=414}}.</ref>. Staël écrit à Jean Bauret : {{Citation|J'ai besoin de vous parce que j'ai commencé plusieurs nus dans les nuages, et je me sens perdu, tant pour les nus que pour les nuages<ref name="DB-31"/>}} et à Paul Rosenberg : {{Citation|Les nus partis à New York pour ouvrir mon exposition ont atteint par brefs instants un tel degré de chaleur communicative que la terre n'est plus que boue<ref name="DB-36">{{harvsp|Dobbels| 1994|p=36|id=DB}}</ref>}}. Le ''Grand nu orange'', huile sur toile {{unité|97 × 146|cm}}, collection privée, date de cette même période. Généralement présenté la même année que les autres nus (1953), il est inscrit sous le titre ''Grand Nu orange'' au {{n°|780}} du catalogue raisonné de Françoise de Staël, peint à [[Ménerbes]] en 1954 selon la date inscrite au dos par l'artiste lui-même<ref>{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=509}}.</ref>.
Ce ''Nu couché bleu'' sous un drap retiré est sœur de ce ''[[Nu couché (Nu)]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|145 × 89|cm}}, collection particulière, Zurich<ref>{{harvsp|Dobbels|1994|p=193|id=DB}}.</ref>, tout comme les toiles qui l'accompagnent en cette même année : ''[[Les Indes galantes (Staël)|Les Indes galantes I]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|162 × 114|cm}}, collection particulière<ref name="ReferenceA">{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=410}}.</ref>, ''[[Les Indes galantes (Staël)|Les Indes galantes II]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|162 × 113|cm}}, collection particulière<ref name="ReferenceB">{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=411}}.</ref>, ''[[Figures (Staël)|Figures]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|162 × 114|cm}}, collection particulière, Paris<ref name="ReferenceC">{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=414}}.</ref>. Staël écrit à Jean Bauret : {{Citation|J'ai besoin de vous parce que j'ai commencé plusieurs nus dans les nuages, et je me sens perdu, tant pour les nus que pour les nuages<ref name="DB-31"/>}} et à Paul Rosenberg : {{Citation|Les nus partis à New York pour ouvrir mon exposition ont atteint par brefs instants un tel degré de chaleur communicative que la terre n'est plus que boue<ref name="DB-36">{{harvsp|Dobbels| 1994|p=36|id=DB}}.</ref>}}. Le ''Grand nu orange'', huile sur toile {{unité|97 × 146|cm}}, collection privée, date de cette même période. Généralement présenté la même année que les autres nus (1953), il est inscrit sous le titre ''Grand Nu orange'' au {{n°|780}} du catalogue raisonné de Françoise de Staël, peint à [[Ménerbes]] en 1954 selon la date inscrite au dos par l'artiste lui-même<ref>{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=509}}.</ref>.


Le nu a donc bien été un des thèmes majeurs de Staël qui s'y était attaqué avec difficulté dans les années 1952-1953 comme il le rapporte lui-même dans sa correspondance, mais qui a éclaté dans sa peinture à partir du moment où il a éprouvé une violente passion pour Jeanne Mathieu. Certaines toiles portent le nom de Jeanne en sous titre ''Nu-Jeanne'' 1953, huile sur toile, {{unité|162 × 113|cm}}, collection particulière, contre-signé en 1954<ref>{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=477}}.</ref>.
Le nu a donc bien été un des thèmes majeurs de Staël qui s'y était attaqué avec difficulté dans les années 1952-1953 comme il le rapporte lui-même dans sa correspondance, mais qui a éclaté dans sa peinture à partir du moment où il a éprouvé une violente passion pour Jeanne Mathieu. Certaines toiles portent le nom de Jeanne en sous titre ''Nu-Jeanne'' 1953, huile sur toile, {{unité|162 × 113|cm}}, collection particulière, contre-signé en 1954<ref>{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=477}}.</ref>.
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== Réception de la peinture de Staël ==
== Réception de la peinture de Staël ==


C'est aux États-Unis que les amateurs de Staël ont été les plus nombreux. Entre 1955 et 1956, année qui a suivi sa mort, les expositions personnelles du peintre ont eu lieu uniquement dans des musées américains<ref name="Ameline 242">{{harvsp|Ameline et al|p=242|id=APA}}</ref>, notamment au [[Musée des beaux-arts de Houston|Museum of Fine Arts]], [[Houston]], [[Texas]], au Kalamazoo Institute of Arts, [[Kalamazoo (Michigan)|Kalamazoo]], [[Michigan]] au DeCordova Museum and Sculpture Park, [[Lincoln (Massachusetts)]], [[Massachusetts]], à la [[The Phillips Collection|Phillips Collection]], [[Washington (district de Columbia)|Washington]], au [[Musée d'Art Moderne de Fort Worth|Fort Worth Art Center]], [[Fort Worth]], [[Texas]], au [[Rockefeller Center]], [[New York]], à la [[Université Cornell|Cornell University]], [[Ithaca (New York)|Ithaca]], au Memorial Art Gallery of the [[Université de Rochester|university of Rochester]], [[Rochester (New York)]] (catalogue préfacé par Theodore Schempp).
C'est aux États-Unis que les amateurs de Staël ont été les plus nombreux. Entre 1955 et 1956, année qui a suivi sa mort, les expositions personnelles du peintre ont eu lieu uniquement dans des musées américains<ref name="Ameline 242">{{harvsp|Ameline et al|p=242|id=APA}}.</ref>, notamment au [[Musée des beaux-arts de Houston|Museum of Fine Arts]], [[Houston]], [[Texas]], au Kalamazoo Institute of Arts, [[Kalamazoo (Michigan)|Kalamazoo]], [[Michigan]] au DeCordova Museum and Sculpture Park, [[Lincoln (Massachusetts)]], [[Massachusetts]], à la [[The Phillips Collection|Phillips Collection]], [[Washington (district de Columbia)|Washington]], au [[Musée d'Art Moderne de Fort Worth|Fort Worth Art Center]], [[Fort Worth]], [[Texas]], au [[Rockefeller Center]], [[New York]], à la [[Université Cornell|Cornell University]], [[Ithaca (New York)|Ithaca]], au Memorial Art Gallery of the [[Université de Rochester|university of Rochester]], [[Rochester (New York)]] (catalogue préfacé par Theodore Schempp).


Il était également présent dans l'exposition collective du [[Musée d'art d'Indianapolis|Indianapolis Museum of Art]], [[Indianapolis]], [[Indiana]] ''(20th century painting and sculpture)'', au [[San Francisco Museum of Modern Art]] ''(Arts in the 20th century)'', à l'Everson Museum of Art, [[Syracuse (New York)]] ''(Contemporary painting)'', à la [[Université Brandeis|Brandeis University]] de [[Waltham (Massachusetts)|Waltham]] ([[Massachusetts]]) ''(Three collections)''<ref name="FdS97 705">{{harvsp|Françoise de Staël1997|p=705|id=FdS97}}</ref>.
Il était également présent dans l'exposition collective du [[Musée d'art d'Indianapolis|Indianapolis Museum of Art]], [[Indianapolis]], [[Indiana]] ''(20th century painting and sculpture)'', au [[San Francisco Museum of Modern Art]] ''(Arts in the 20th century)'', à l'Everson Museum of Art, [[Syracuse (New York)]] ''(Contemporary painting)'', à la [[Université Brandeis|Brandeis University]] de [[Waltham (Massachusetts)|Waltham]] ([[Massachusetts]]) ''(Three collections)''<ref name="FdS97 705">{{harvsp|Françoise de Staël1997|p=705|id=FdS97}}.</ref>.


Dans le même temps, à [[Paris]], seules les galeries Craven et [[Galerie Charpentier|Charpentier]] montraient des toiles de Staël dans le cadre de deux expositions sur L'[[École de Paris]] en 1955, de même que les musées de [[Rouen]], [[Menton (Alpes-Maritimes)|Menton]], [[Oslo]], [[Saint-Étienne]], [[Antibes]] et [[Turin]] et pour cause : les toiles étaient de l'autre côté de l'Atlantique<ref name="FdS97 705"/>.
Dans le même temps, à [[Paris]], seules les galeries Craven et [[Galerie Charpentier|Charpentier]] montraient des toiles de Staël dans le cadre de deux expositions sur L'[[École de Paris]] en 1955, de même que les musées de [[Rouen]], [[Menton (Alpes-Maritimes)|Menton]], [[Oslo]], [[Saint-Étienne]], [[Antibes]] et [[Turin]] et pour cause : les toiles étaient de l'autre côté de l'Atlantique<ref name="FdS97 705"/>.


Il faudra attendre le {{date-|22 février 1956}} pour que le [[Musée d'art moderne de la ville de Paris|Musée d'Art Moderne, Palais de Tokyo]] organise une grande rétrospective, avec un catalogue rédigé par [[Jean Cassou (écrivain)|Jean Cassou]], [[Françoise de Staël]] et [[Pierre Lecuire]]. La suivante aura lieu en 1981, dans les [[Galeries nationales du Grand Palais]] qui ont accueilli une rétrospective du peintre, puis 2003 au [[Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou]] et au [[Musée de l'Ermitage]] la même année. Entre-temps, Staël a eu deux rétrospectives à la [[fondation Maeght]] de [[Saint-Paul-de-Vence]], plusieurs expositions personnelles à la [[Fondation Gianadda]] de [[Martigny]] dont la dernière remonte à 2010<ref name="Ameline 243">{{harvsp|Ameline et al|p=243|id=APA}}</ref>.
Il faudra attendre le {{date-|22 février 1956}} pour que le [[Musée d'art moderne de la ville de Paris|Musée d'Art Moderne, Palais de Tokyo]] organise une grande rétrospective, avec un catalogue rédigé par [[Jean Cassou (écrivain)|Jean Cassou]], [[Françoise de Staël]] et [[Pierre Lecuire]]. La suivante aura lieu en 1981, dans les [[Galeries nationales du Grand Palais]] qui ont accueilli une rétrospective du peintre, puis 2003 au [[Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou]] et au [[Musée de l'Ermitage]] la même année. Entre-temps, Staël a eu deux rétrospectives à la [[fondation Maeght]] de [[Saint-Paul-de-Vence]], plusieurs expositions personnelles à la [[Fondation Gianadda]] de [[Martigny]] dont la dernière remonte à 2010<ref name="Ameline 243">{{harvsp|Ameline et al|p=243|id=APA}}.</ref>.


Après la bataille livrée contre les tenants de l'abstraction, Staël s'est d'abord vu porté aux nues par le critique d'art anglais Douglas Cooper, qui curieusement, s'est transformé en critique féroce, opposé aux toiles des deux dernières années du peintre, en particulier aux nus qu'il démolit avec un acharnement incompréhensible, ainsi que le tableau ''Les Mouettes''<ref name="LG 244">{{harvsp|Greilsamer|2001|p=244|id=LG}}.</ref> que [[Daniel Dobbels]] range dans une variété de nus<ref name="DB-31"/>. Mais selon le témoignage de son compagnon John Richardson : {{Citation|Le collectionneur bougon persistait à critiquer l'éloquence facile de la peinture de Staël, son échelle grandiose, et son récent lyrisme<ref>* {{Ouvrage |langue=en |auteur1=Eliza Rathbone |auteur2=Nicholas Fox Weber |auteur3=John Richardon |titre=Nicolas de Staël in America |lieu=Washington DC |éditeur=The Phillips Phillips Collection et Cincinnati Art Museum|année=1990 |pages totales=196 |passage=63 |isbn=0-943044-15-4 }}</ref>.}}
Après la bataille livrée contre les tenants de l'abstraction, Staël s'est d'abord vu porté aux nues par le critique d'art anglais Douglas Cooper, qui curieusement, s'est transformé en critique féroce, opposé aux toiles des deux dernières années du peintre, en particulier aux nus qu'il démolit avec un acharnement incompréhensible, ainsi que le tableau ''Les Mouettes''<ref name="LG 244">{{harvsp|Greilsamer|2001|p=244|id=LG}}.</ref> que [[Daniel Dobbels]] range dans une variété de nus<ref name="DB-31"/>. Mais selon le témoignage de son compagnon John Richardson : {{Citation|Le collectionneur bougon persistait à critiquer l'éloquence facile de la peinture de Staël, son échelle grandiose, et son récent lyrisme<ref>* {{Ouvrage |langue=en |auteur1=Eliza Rathbone |auteur2=Nicholas Fox Weber |auteur3=John Richardon |titre=Nicolas de Staël in America |lieu=Washington DC |éditeur=The Phillips Phillips Collection et Cincinnati Art Museum|année=1990 |pages totales=196 |passage=63 |isbn=0-943044-15-4}}.</ref>.}}


Cooper, qui vivait en couple avec John Richardson, et dont on pourrait penser que l'homosexualité le poussait à rejeter les femmes nues, n'était pas, en réalité, le seul à critiquer Staël. Le fils de Paul Rosenberg insistait pour réorienter la peinture des deux dernières années vers les « empâtements » de l'époque des ''[[Les Footballeurs|Footballeurs]]'' alors même que Staël est en train de mettre au point les séries qui vont être les plus appréciées des amateurs et des collectionneurs<ref name="Ameline 177">{{harvsp|Ameline et al|p=177|id=APA}}</ref>.
Cooper, qui vivait en couple avec John Richardson, et dont on pourrait penser que l'homosexualité le poussait à rejeter les femmes nues, n'était pas, en réalité, le seul à critiquer Staël. Le fils de Paul Rosenberg insistait pour réorienter la peinture des deux dernières années vers les « empâtements » de l'époque des ''[[Les Footballeurs|Footballeurs]]'' alors même que Staël est en train de mettre au point les séries qui vont être les plus appréciées des amateurs et des collectionneurs<ref name="Ameline 177">{{harvsp|Ameline et al|p=177|id=APA}}.</ref>.


La critique contemporaine est généralement favorable au peintre dont les rétrospectives et expositions diverses se sont succédé à un rythme régulier depuis le début des années 1990, notamment la rétrospective à la [[Fondation Maeght]] en 1991, et l'exposition organisée par son fils, Gustave de Staël, à la Salle Saint-Jean de l'[[Hôtel de ville de Paris]] en 1994 commentée par [[Harry Bellet]]<ref>[https://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=318162 Gustave de Staël expose son père]</ref>. Mais il y a aussi des critiques pour le démolir entièrement, sans lui reconnaître un talent quelconque. C'est le cas notamment de Hervé Gauville et Elisabeth Lebovici lors de la rétrospective 2003 au [[Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou]] : {{Citation|Staël aura ainsi réussi à faire une peinture décevante alors qu'il avait peut-être les moyens de produire des chefs-d'œuvre. (...) Solitaire, mais quand même impliqué dans les débats parisiens de l'après-guerre, Staël aura sans doute tenté d'intriquer les deux, avec ses « murs » de peinture, bâtissant la toile comme une maçonnerie, déjà craquelée, de pâtes épaisses (mélange d'huile et de blanc de zinc, jamais d'éléments extérieurs), mais restant soigneusement à distance de toutes les tentations d'élargir la définition du peintre ou la gamme de ses moyens, voire d'introduire du jeu dans ses interventions. Le côté « vieux » de sa peinture ne provient-il pas de cet aspect « déjà vieilli » de ses compositions, au sens propre comme au sens figuré du terme ? En tout cas, lorsque Staël, au tournant de 1954-1955, abandonne tout « matiérisme », laisse les formes colorées prendre le dessus et revenir la figuration (nus féminins et paysages nombreux, vues d'atelier et palettes), les tableaux sombrent dans une ataraxie visuelle<ref>L'ataraxie désigne selon le petit Larousse 1998, p.97, l'absence de trouble, l'état de quiétude</ref>{{,}}<ref>[http://www.liberation.fr/culture/2003/03/12/tres-inegal-nicolas-de-stael_458275 Très inégal Nicolas de Staël]</ref>.}}
La critique contemporaine est généralement favorable au peintre dont les rétrospectives et expositions diverses se sont succédé à un rythme régulier depuis le début des années 1990, notamment la rétrospective à la [[Fondation Maeght]] en 1991, et l'exposition organisée par son fils, Gustave de Staël, à la Salle Saint-Jean de l'[[Hôtel de ville de Paris]] en 1994 commentée par [[Harry Bellet]]<ref>[https://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=318162 Gustave de Staël expose son père.]</ref>. Mais il y a aussi des critiques pour le démolir entièrement, sans lui reconnaître un talent quelconque. C'est le cas notamment de Hervé Gauville et Elisabeth Lebovici lors de la rétrospective 2003 au [[Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou]] : {{Citation|Staël aura ainsi réussi à faire une peinture décevante alors qu'il avait peut-être les moyens de produire des chefs-d'œuvre. […] Solitaire, mais quand même impliqué dans les débats parisiens de l'après-guerre, Staël aura sans doute tenté d'intriquer les deux, avec ses « murs » de peinture, bâtissant la toile comme une maçonnerie, déjà craquelée, de pâtes épaisses (mélange d'huile et de blanc de zinc, jamais d'éléments extérieurs), mais restant soigneusement à distance de toutes les tentations d'élargir la définition du peintre ou la gamme de ses moyens, voire d'introduire du jeu dans ses interventions. Le côté « vieux » de sa peinture ne provient-il pas de cet aspect « déjà vieilli » de ses compositions, au sens propre comme au sens figuré du terme ? En tout cas, lorsque Staël, au tournant de 1954-1955, abandonne tout « matiérisme », laisse les formes colorées prendre le dessus et revenir la figuration (nus féminins et paysages nombreux, vues d'atelier et palettes), les tableaux sombrent dans une ataraxie visuelle<ref>L'ataraxie désigne selon le petit Larousse 1998, p.97, l'absence de trouble, l'état de quiétude</ref>{{,}}<ref>[http://www.liberation.fr/culture/2003/03/12/tres-inegal-nicolas-de-stael_458275 Très inégal Nicolas de Staël.]</ref>.}}


Deux ans plus tard dans le même quotidien, Patrick Sabatier, à l'occasion de l'exposition d'[[Antibes]] dit son admiration pour les toiles des dernières années. {{Citation| Jean-Louis Andral, conservateur du musée Picasso, reprend la partition de l'œuvre ultime de Staël, exposée pour la première (et unique) fois, au même endroit, en juillet 1955. Le conservateur d'alors, Romuald Dor de la Souchère, avait conçu cette exposition avec Staël, deux mois avant la mort de celui-ci. Il avait présenté 14 des 147 toiles produites par le peintre à Antibes. Depuis, le musée d'Antibes conserve certains des plus beaux Staël, du ''Fort carré d'Antibes'' au monumental ''Concert'', son dernier tableau. Ces toiles sont toutes là, empreintes de la « grâce vulnérable » d'un peintre hors normes et écoles (...)<ref>[http://www.liberation.fr/culture/2005/07/12/antibes-fait-la-lumiere-sur-nicolas-de-stael_526360) fait la lumière sur Nicolas de Staël]</ref>.}}
Deux ans plus tard dans le même quotidien, Patrick Sabatier, à l'occasion de l'exposition d'[[Antibes]] dit son admiration pour les toiles des dernières années. {{Citation| Jean-Louis Andral, conservateur du musée Picasso, reprend la partition de l'œuvre ultime de Staël, exposée pour la première (et unique) fois, au même endroit, en juillet 1955. Le conservateur d'alors, Romuald Dor de la Souchère, avait conçu cette exposition avec Staël, deux mois avant la mort de celui-ci. Il avait présenté 14 des 147 toiles produites par le peintre à Antibes. Depuis, le musée d'Antibes conserve certains des plus beaux Staël, du ''Fort carré d'Antibes'' au monumental ''Concert'', son dernier tableau. Ces toiles sont toutes là, empreintes de la « grâce vulnérable » d'un peintre hors normes et écoles […]<ref>[http://www.liberation.fr/culture/2005/07/12/antibes-fait-la-lumiere-sur-nicolas-de-stael_526360) fait la lumière sur Nicolas de Staël.]</ref>.}}


[[Philippe Dagen]] résume les positions de la critique contemporaine avec une certaine ironie en classant les commentateurs dans diverses catégories : les « biographiques », les « psychologiques », les « dubitatifs ». Lors de la rétrospective de 2010 à la [[Fondation Gianadda]] Dagen écrit : {{Citation|On dirait que de Staël (…) cherche à fondre en une synthèse personnelle ce qu'il a appris du postimpressionnisme, des nabis, des fauves et de [[Vassily Kandinsky|Kandinsky]] d'une part et, de l'autre, certaines habitudes plus récentes, la simplification extrême de la forme, le geste ample, l'effet violent. Un paysage de 1954, l'une de ses toiles les plus intenses, a ce titre : ''Montagne Sainte-Victoire (Paysage de Sicile)''. Le relief sicilien, parce qu'il ressemble à celui que [[Paul Cézanne|Cézanne]] a tant peint, devient l'occasion de se mesurer avec ce dernier, de prouver qu'il est possible d'épurer encore plus, de monter les tons plus haut. Chaque toile se donne ainsi à résoudre des problèmes de lumière, d'harmonie et de cohérence spatiale - ces problèmes de pure peinture que de Staël tente d'exposer dans ses lettres. (...) De cette lutte difficile, avec de telles références en mémoire, sont nées quelques toiles parfaites, la ''Marine au Lavandou'' de 1952, l'aveuglant ''Soleil'' de 1953, la ''Nature morte au billot'' de 1954. Et d'autres plus volontaires et emphatiques qu'émouvantes. Peut-être le but pictural que de Staël s'était fixé était-il inaccessible<ref>[https://www.lemonde.fr/culture/article/2010/07/24/percer-le-mystere-nicolas-de-stael_1391815_3246.html Percer le mystère de Nicolas de Staël]</ref>.}}
[[Philippe Dagen]] résume les positions de la critique contemporaine avec une certaine ironie en classant les commentateurs dans diverses catégories : les « biographiques », les « psychologiques », les « dubitatifs ». Lors de la rétrospective de 2010 à la [[Fondation Gianadda]] Dagen écrit : {{Citation|On dirait que de Staël (…) cherche à fondre en une synthèse personnelle ce qu'il a appris du postimpressionnisme, des nabis, des fauves et de [[Vassily Kandinsky|Kandinsky]] d'une part et, de l'autre, certaines habitudes plus récentes, la simplification extrême de la forme, le geste ample, l'effet violent. Un paysage de 1954, l'une de ses toiles les plus intenses, a ce titre : ''Montagne Sainte-Victoire (Paysage de Sicile)''. Le relief sicilien, parce qu'il ressemble à celui que [[Paul Cézanne|Cézanne]] a tant peint, devient l'occasion de se mesurer avec ce dernier, de prouver qu'il est possible d'épurer encore plus, de monter les tons plus haut. Chaque toile se donne ainsi à résoudre des problèmes de lumière, d'harmonie et de cohérence spatiale - ces problèmes de pure peinture que de Staël tente d'exposer dans ses lettres. […] De cette lutte difficile, avec de telles références en mémoire, sont nées quelques toiles parfaites, la ''Marine au Lavandou'' de 1952, l'aveuglant ''Soleil'' de 1953, la ''Nature morte au billot'' de 1954. Et d'autres plus volontaires et emphatiques qu'émouvantes. Peut-être le but pictural que de Staël s'était fixé était-il inaccessible<ref>[https://www.lemonde.fr/culture/article/2010/07/24/percer-le-mystere-nicolas-de-stael_1391815_3246.html Percer le mystère de Nicolas de Staël.]</ref>.}}


Contrairement à certains critiques, [[Jean-Claude Marcadé]] trouve que l'on ne décèle pas, dans les toiles de Staël, l'expression de son drame, de sa solitude et de sa désolation. {{Citation|Si l'œuvre de Staël nous était parvenue dans une bouteille jetée à la mer, nous ne verrions aucune trace de sa tragédie existentielle<ref name="MA 947">{{harvsp|Marcadé|2012|p=947|id=MA}}.</ref>.}} En particulier, Marcadé ne partage pas le point de vue de l'ami de David Cooper, John Richardson, à propos des ''Mouettes'' : {{Citation|dotées d'un pouvoir menaçant (...) sur une mer désolée<ref name="MA 946">{{harvsp|Marcadé|2012|p=946|id=MA}}.</ref>}}, ni celui de [[Germain Viatte]] qui trouvait que les peintures de Staël étaient presque toutes marquées par « l'angoisse et l'atroce solitude du peintre<ref name="FdS97 1174">Germain Viatte dans {{harvsp|Françoise de Staël|1997|p=1116|id=FdS97}}</ref> ». Cette atroce solitude lui était nécessaire pour son accomplissement. {{Citation|Un peu, toutes proportions gardées, comme le vieux [[Léon Tolstoï|Tolstoï]] se dirigeant vers un désert et mourant dans une gare obscure<ref name="MA 948">{{harvsp|Marcadé|2012|p=948|id=MA}}.</ref>.}}
Contrairement à certains critiques, [[Jean-Claude Marcadé]] trouve que l'on ne décèle pas, dans les toiles de Staël, l'expression de son drame, de sa solitude et de sa désolation. {{Citation|Si l'œuvre de Staël nous était parvenue dans une bouteille jetée à la mer, nous ne verrions aucune trace de sa tragédie existentielle<ref name="MA 947">{{harvsp|Marcadé|2012|p=947|id=MA}}.</ref>.}} En particulier, Marcadé ne partage pas le point de vue de l'ami de David Cooper, John Richardson, à propos des ''Mouettes'' : {{Citation|dotées d'un pouvoir menaçant […] sur une mer désolée<ref name="MA 946">{{harvsp|Marcadé|2012|p=946|id=MA}}.</ref>}}, ni celui de [[Germain Viatte]] qui trouvait que les peintures de Staël étaient presque toutes marquées par « l'angoisse et l'atroce solitude du peintre<ref name="FdS97 1174">Germain Viatte dans {{harvsp|Françoise de Staël|1997|p=1116|id=FdS97}}.</ref> ». Cette atroce solitude lui était nécessaire pour son accomplissement. {{Citation|Un peu, toutes proportions gardées, comme le vieux [[Léon Tolstoï|Tolstoï]] se dirigeant vers un désert et mourant dans une gare obscure<ref name="MA 948">{{harvsp|Marcadé|2012|p=948|id=MA}}.</ref>.}}


L'implacable Paul Rosenberg avait déjà exprimé son opinion en forme de provocation : {{Citation|Pour moi, un tableau est beau quand il se vend<ref name="Greilsamer 242"/>.}} Nicolas de Staël se vend beaucoup à des prix de plus en plus élevés<ref>[http://fr.artmediaagency.com/95931/3-7-millions-de-bougies-pour-le-100e-anniversaire-de-nicolas-de-stael/ Vente de ''Composition (1950)'']</ref>. Estimée entre 2,5 et 3,5 M$, la toile de Nicolas de Staël, ''Composition (1950)'', huile sur toile {{unité|204 × 404.5|cm}}, a bénéficié de l’estimation la plus élevée de la vente. Présentée dans le cadre du {{100e|anniversaire}} de la naissance de l’artiste, elle a trouvé un acquéreur pour {{unité|3700000|€}} ({{unité|4241500|€}} avec frais).
L'implacable Paul Rosenberg avait déjà exprimé son opinion en forme de provocation : {{Citation|Pour moi, un tableau est beau quand il se vend<ref name="Greilsamer 242"/>.}} Nicolas de Staël se vend beaucoup à des prix de plus en plus élevés<ref>[http://fr.artmediaagency.com/95931/3-7-millions-de-bougies-pour-le-100e-anniversaire-de-nicolas-de-stael/ Vente de ''Composition (1950)''.]</ref>. Estimée entre 2,5 et 3,5 M$, la toile de Nicolas de Staël, ''Composition (1950)'', huile sur toile {{unité|204 × 404.5|cm}}, a bénéficié de l’estimation la plus élevée de la vente. Présentée dans le cadre du {{100e|anniversaire}} de la naissance de l’artiste, elle a trouvé un acquéreur pour {{unité|3700000|€}} ({{unité|4241500|€}} avec frais).


== L'influence de Staël dans l'histoire de la peinture ==
== L'influence de Staël dans l'histoire de la peinture ==
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Alors que Paris a perdu sa place de capitale des arts, dès les années 1960, sous l'effet du marché de l'art et de la surenchère, on y est devenu incapable de discerner le pastiche de l'original selon [[Umberto Eco]] cité par Jean-Luc Daval<ref name="Daval 125"/>.
Alors que Paris a perdu sa place de capitale des arts, dès les années 1960, sous l'effet du marché de l'art et de la surenchère, on y est devenu incapable de discerner le pastiche de l'original selon [[Umberto Eco]] cité par Jean-Luc Daval<ref name="Daval 125"/>.


Selon [[Marcelin Pleynet]] et [[Michel Seuphor]] : {{Citation bloc|[...] il faut tenir compte de Nicolas de Staël, vu et revu souvent avec et à travers l'avant-garde américaine des années cinquante. Ces nouveaux mouvements d'abstraction suivent le cheminement de Staël, délaissant la peinture gestuelle pour une peinture brossée, voir maçonnée<ref name="PR 236">{{harvsp|Pleynet Ragon|1988|p=236|id=PR}}.</ref>.}}
Selon [[Marcelin Pleynet]] et [[Michel Seuphor]] : {{Citation bloc|[..] il faut tenir compte de Nicolas de Staël, vu et revu souvent avec et à travers l'avant-garde américaine des années cinquante. Ces nouveaux mouvements d'abstraction suivent le cheminement de Staël, délaissant la peinture gestuelle pour une peinture brossée, voir maçonnée<ref name="PR 236">{{harvsp|Pleynet Ragon|1988|p=236|id=PR}}.</ref>.}}


D'autres ont œuvré à la manière de Staël ; ainsi [[Joan Mitchell]] (qui se réclamait aussi de Monet, tout en refusant les étiquettes), notamment dans son utilisation de larges aplats pour ''Wet orange''<ref>Huile sur toile, 1971, {{unité|284.5 × 622|cm}} et {{unité|142 × 245|cm}}, [[Carnegie Museum of Art]], [[Pittsburgh]], [[Pennsylvanie]].<br>Voir : [[Harry Bellet]], article paru page 15 dans ''[[Le Monde]]'' du {{Date-|1|11|1992}}.</ref>.
D'autres ont œuvré à la manière de Staël ; ainsi [[Joan Mitchell]] (qui se réclamait aussi de Monet, tout en refusant les étiquettes), notamment dans son utilisation de larges aplats pour ''Wet orange''<ref>Huile sur toile, 1971, {{unité|284.5 × 622|cm}} et {{unité|142 × 245|cm}}, [[Carnegie Museum of Art]], [[Pittsburgh]], [[Pennsylvanie]].<br>Voir : [[Harry Bellet]], article paru page 15 dans ''[[Le Monde]]'' du {{Date-|1|11|1992}}.</ref>.


Peu exposé de son vivant, Staël a donné lieu à de nombreuses manifestations posthumes qui ont confirmé sa stature sur le plan international.
Peu exposé de son vivant, Staël a donné lieu à de nombreuses manifestations posthumes qui ont confirmé sa stature sur le plan international.
{{Citation bloc|[...] Staël fut le plus puissant créateur de sa génération dans l'École de Paris de l'après-guerre, sur laquelle il a exercé une forte influence. Il a été le premier à dépasser l'antinomie "abstraction-figuration"<ref name="Michel">{{harvsp|Laclotte Cuzin|1988|p=864|id=Michel}}.</ref>.}}
{{Citation bloc|[..] Staël fut le plus puissant créateur de sa génération dans l'École de Paris de l'après-guerre, sur laquelle il a exercé une forte influence. Il a été le premier à dépasser l'antinomie "abstraction-figuration"<ref name="Michel">{{harvsp|Laclotte Cuzin|1988|p=864|id=Michel}}.</ref>.}}


=== Au cinéma ===
=== Au cinéma ===
L'influence et l'attraction pour l'œuvre de Nicolas de Staël sont visibles au cinéma, en particulier chez [[Jean-Luc Godard]], qui le considère comme « le » peintre inégalé, celui {{citation|qui est allé le plus loin<ref>Jean-Luc Godard, in ''Art Press'', n° 4, numéro spécial « Godard », décembre 1984 - janvier et février 1985, {{p.|12}}.</ref>.}} Le cinéaste fait de nombreuses citations et allusions au peintre dans ses films, notamment dans ''[[Pierrot le fou]]'' de 1965, où le personnage interprété par [[Jean-Paul Belmondo]] (Pierrot) se suicide avec des bâtons de dynamite bleu, rouge et jaune<ref>{{citation|Pour son film, Godard s’est aussi inspiré de la vie et de l’œuvre du peintre contemporain Nicolas de Staël qui, on le sait, a terminé tragiquement sa vie en se jetant du haut de son atelier à Antibes}}, in [https://cinerock07.blogspot.com/2014/10/pierrot-le-fou-de-jean-luc-godard-fr.html ''cinerock07.blogspot.com''.]</ref>.
L'influence et l'attraction pour l'œuvre de Nicolas de Staël sont visibles au cinéma, en particulier chez [[Jean-Luc Godard]], qui le considère comme « le » peintre inégalé, celui {{citation|qui est allé le plus loin<ref>Jean-Luc Godard, in ''Art Press'', n° 4, numéro spécial « Godard », décembre 1984 - janvier et février 1985, {{p.|12}}.</ref>.}} Le cinéaste fait de nombreuses citations et allusions au peintre dans ses films, notamment dans ''[[Pierrot le fou]]'' de 1965, où le personnage interprété par [[Jean-Paul Belmondo]] (Pierrot) se suicide avec des bâtons de dynamite bleu, rouge et jaune<ref>{{citation|Pour son film, Godard s’est aussi inspiré de la vie et de l’œuvre du peintre contemporain Nicolas de Staël qui, on le sait, a terminé tragiquement sa vie en se jetant du haut de son atelier à Antibes}}, in [https://cinerock07.blogspot.com/2014/10/pierrot-le-fou-de-jean-luc-godard-fr.html ''cinerock07.blogspot.com''.]</ref>.


{{ citation|C'était un film d'aventure, la prise de Constantinople, l'histoire du peintre Nicolas de Staël et de son suicide}} énonce la bande-annonce du film.
{{ citation|C'était un film d'aventure, la prise de Constantinople, l'histoire du peintre Nicolas de Staël et de son suicide}}, énonce la bande-annonce du film.


== Sélection d'expositions récentes de Nicolas de Staël ==
== Sélection d'expositions récentes ==
Les expositions citées dans cette section concernent les expositions personnelles du peintre à partir des années 2000. Elle n'est pas exhaustive.
Les expositions citées dans cette section concernent les expositions personnelles du peintre à partir des années 2000. Elle n'est pas exhaustive.
* [[Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou|Centre Pompidou]], [[Paris]], du {{date-|12 mars}} au {{date-|30 juin 2003}}, une rétrospective consacrée à l’œuvre de Nicolas de Staël<ref>[http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-destael/ENS-destael.html Exposition 2003 au Centre Pompidou]</ref>.
* [[Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou|Centre Pompidou]], [[Paris]], du {{date-|12 mars}} au {{date-|30 juin 2003}}, rétrospective de l’œuvre<ref>[http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-destael/ENS-destael.html Exposition 2003 au Centre Pompidou.]</ref>.
* [[Musée de l'Ermitage]], [[Saint-Pétersbourg]]<ref>{{Lien web|titre=https://www.hermitagemuseum.org/wps/portal/hermitage/what-s-on/temp_exh/1999_2013/hm4_1_008/?lng=en|url=https://www.hermitagemuseum.org/wps/portal/hermitage/what-s-on/temp_exh/1999_2013/hm4_1_008/?lng=en|date=}}</ref>.
* [[Musée de l'Ermitage]], [[Saint-Pétersbourg]]<ref>{{Lien web|titre=Exposition de Saint-Pétersbourg |site=hermitagemuseum.org|url=https://www.hermitagemuseum.org/wps/portal/hermitage/what-s-on/temp_exh/1999_2013/hm4_1_008/?lng=en|date=}}.</ref>.
* [[Fondation Gianadda]] de [[Martigny]] [[Suisse]], rétrospective de l'œuvre de Nicolas de Staël du [[18 juin]] au {{date|21|novembre|2010}}, ''Nicolas de Staël, 1945-1955''.
* [[Fondation Gianadda]], [[Martigny]], [[Suisse]], rétrospective de l'œuvre, du [[18 juin]] au {{date|21|novembre|2010}}, « Nicolas de Staël, 1945-1955 ».
* [[Académie royale des beaux-arts de Bruxelles]], [[Belgique]], 2012, à l'occasion du {{300e|anniversaire}} de l'Académie royale où Nicolas avait étudié de 1931 à 1934, l'exposition ''Les années de formation de Nicolas de Staël à Bruxelles'' a eu lieu à [[Université libre de Bruxelles]], Salle Allende, du {{date-|9 mai}} au {{date-|2 juin 2012}}. Un catalogue a été édité : ''Nicolas de Staël. Le terreau d'un apatride''<ref>N. Gesché-Koning (éd.), ''Nicolas de Staël. Le terreau d'un apatride'', ''Bruxelles, 1922-1939'', Bruxelles 2012, 119 p. ill.</ref>.
* [[Académie royale des beaux-arts de Bruxelles]], [[Belgique]], 2012, « Les années de formation de Nicolas de Staël à Bruxelles ». {{commentaire|À l'occasion du {{300e|anniversaire}} de l'Académie royale où de Staël a étudié de 1931 à 1934, l'exposition se tient à [[Université libre de Bruxelles]], salle Allende, du {{date-|9 mai}} au {{date-|2 juin 2012}}.<br>Un catalogue est édité, ''Nicolas de Staël. Le terreau d'un apatride''<ref>N. Gesché-Koning (éd.), ''Nicolas de Staël. Le terreau d'un apatride. Bruxelles, 1922-1939'', Bruxelles 2012, 119 p., ill.</ref>.}}
* [[Musée d'art moderne André-Malraux|MuMa - Musée d'art moderne André-Malraux]], [[Le Havre]], du 11 au {{date-|29 janvier 2012}}.
* [[Musée d'Art moderne André-Malraux]] (MuMa), [[Le Havre]], du 11 au {{date-|29 janvier 2012}}.
* MuMa - Musée d'art moderne André-Malraux, Le Havre, à l'occasion du centenaire de la naissance de l'artiste, le musée du Havre organise du {{date-|7 juin}} au {{date-|9 novembre 2014}} une exposition intitulée ''Lumières du Nord, Lumières du Sud''<ref>[http://www.muma-lehavre.fr/fr/expositions/nicolas-de-stael-lumieres-du-nord-lumieres-du-sud Nicolas de Staël]</ref>, consacrée au paysage dans l'œuvre de l'artiste<ref>[http://www.muma-lehavre.fr/fr/expositions/nicolas-de-stael-lumieres-du-nord-lumieres-du-sud annonce au Musée du Havre]</ref>. Plus de {{nombre|130|œuvres}} sont réunies réalisées entre 1951 et 1955. Un quart d'entre elles est inédit ou n'a jamais été exposé en Europe.
* MuMa - Musée d'Art moderne André-Malraux, Le Havre, du {{date-|7 juin}} au {{date-|9 novembre 2014}}, « Lumières du Nord, Lumières du Sud ». {{commentaire|À l'occasion du centenaire de la naissance de l'artiste, le musée organise une exposition<ref>[http://www.muma-lehavre.fr/fr/expositions/nicolas-de-stael-lumieres-du-nord-lumieres-du-sud Nicolas de Staël] sur ''muma-lehavre.fr''.</ref> consacrée au paysage dans son œuvre<ref>[http://www.muma-lehavre.fr/fr/expositions/nicolas-de-stael-lumieres-du-nord-lumieres-du-sud Annonce au musée du Havre.]</ref>.<br>Plus de {{nombre|130|œuvres}} sont réunies réalisées entre 1951 et 1955. Un quart d'entre elles est inédit ou n'a jamais été exposé en Europe.}}
* [[Musée Picasso (Antibes)|Château Grimaldi d'Antibes]], du {{date-|17 mai}} au {{date-|7 septembre 2014}}, exposition ''La figure à nu, hommage à Nicolas de Staël'', à l'occasion du centenaire de la naissance de Nicolas de Staël, sur le thème du [[Nu (genre artistique)|nu]] et de la figure féminine. Le reportage vidéo de V. Varin, E. Jacquet, et N. Brancato présente, dans l'ordre, les œuvres suivantes : ''Nu couché bleu'' (1955), ''[[Figures (Staël)]]'' (1953), ''[[Femme assise (Staël)]]'' (1953), ''[[Figure, nu assis, figure accoudée]]'' 1953, une version du ''[[Le Parc des Princes (Staël)|Parc des Princes]]'', (1952), ''[[Portrait d'Anne]]'' (1953), ''[[Le Concert (Le Grand Concert : L'Orchestre)]]'', 1955, huile sur toile {{unité|350 × 600|cm}}, dernier tableau de Staël appartenant au [[Musée Picasso (Antibes)]], avec les commentaires de Anne de Staël, fille du peintre, et de Jean-Louis Andral, directeur des musées d’Antibes<ref>[http://culturebox.francetvinfo.fr/expositions/peinture/la-figure-a-nu-exposition-hommage-a-nicolas-de-stael-au-musee-picasso-156315 voir les tableaux cités et les commentaires]</ref>.
* [[Musée Picasso (Antibes)|Château Grimaldi d'Antibes]], du {{date-|17 mai}} au {{date-|7 septembre 2014}}, exposition « La figure à nu, hommage à Nicolas de Staël ». {{commentaire|À l'occasion du centenaire de la naissance de Nicolas de Staël, sur le thème du [[Nu (genre artistique)|nu]] et de la figure féminine.<br>Le reportage vidéo de V. Varin, E. Jacquet, et N. Brancato présente, dans l'ordre, les œuvres suivantes : ''Nu couché bleu'' (1955), ''[[Figures (Staël)]]'' (1953), ''[[Femme assise (Staël)]]'' (1953), ''[[Figure, nu assis, figure accoudée]]'' 1953, une version du ''[[Le Parc des Princes (Staël)|Parc des Princes]]'', (1952), ''[[Portrait d'Anne]]'' (1953), ''[[Le Concert (Le Grand Concert : L'Orchestre)]]'', 1955, huile sur toile {{unité|350 × 600|cm}}, dernier tableau de Staël appartenant au [[Musée Picasso (Antibes)]], avec les commentaires de Anne de Staël, fille du peintre, et de Jean-Louis Andral, directeur des musées d’Antibes<ref>[http://culturebox.francetvinfo.fr/expositions/peinture/la-figure-a-nu-exposition-hommage-a-nicolas-de-stael-au-musee-picasso-156315 Voir les tableaux cités et les commentaires] sur ''culturebox.francetvinfo.fr''.</ref>.}}
* [[Hôtel de Caumont (Aix-en-Provence)|Hôtel de Caumont]], [[Aix-en-Provence]], du {{date-|27 avril}} au {{date-|23 septembre 2018}}, ''Nicolas de Staël en Provence''.
* [[Hôtel de Caumont (Aix-en-Provence)|Hôtel de Caumont]], [[Aix-en-Provence]], du {{date-|27 avril}} au {{date-|23 septembre 2018}}, « Nicolas de Staël en Provence ».
*Au Centre d'Art le Doyenné, Brioude Haute-Loire, du {{date-|26 juin}} au {{date-|11 octobre 2020}}, ''Nicolas de Staël - Ruptures et Traditions.'' Une soixantaine de tableaux. Commissaire de l'exposition [[Jean-Louis Pradel|Jean-Louis Prat]]
* Au centre d'art Le Doyenné, [[Brioude]], Haute-Loire, du {{date-|26 juin}} au {{date-|11 octobre 2020}}, « Nicolas de Staël - Ruptures et Traditions ». {{commentaire|Une soixantaine de tableaux. Commissaire de l'exposition [[Jean-Louis Prat]].}}
* [[Musée d'Art moderne de Paris]], du {{date-|15 septembre 2023}} au {{date-|21 janvier 2024}}, ''Nicolas de Staël.'' Environ {{unité|200}} tableaux, dessins, gravures et carnets. Commissaires : Charlotte Barat-Mabille et [[Pierre Wat]]<ref>{{Lien web |titre=Nicolas de Staël |url=https://www.mam.paris.fr/fr/expositions/exposition-nicolas-de-stael |date=07.09.2023 |site=mam.paris.fr |consulté le=7 septembre 2023}}.</ref>.
* [[Musée d'Art moderne de Paris]], du {{date-|15 septembre 2023}} au {{date-|21 janvier 2024}}, « Nicolas de Staël ». {{commentaire|Environ {{unité|200}} tableaux, dessins, gravures et carnets. Commissaires : Charlotte Barat-Mabille et [[Pierre Wat]]<ref>{{Lien web |titre=Nicolas de Staël |url=https://www.mam.paris.fr/fr/expositions/exposition-nicolas-de-stael |date=07.09.2023 |site=mam.paris.fr |consulté le=7 septembre 2023}}.</ref>.}}


== Sélection d'œuvres ==
== Sélection d'œuvres ==
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{{Article détaillé|Œuvres de Nicolas de Staël}}
{{Article détaillé|Œuvres de Nicolas de Staël}}
{{Article détaillé|Compositions 1942-1951 de Nicolas de Staël}}
{{Article détaillé|Compositions 1942-1951 de Nicolas de Staël}}
* '' [[Portrait de Jeannine]]'', 1941- 1942, {{unité|81×60|cm}}, collection particulière<ref name="Ameline 51">{{harvsp|Ameline et al|p=51|id=APA}}</ref>
* '' [[Portrait de Jeannine]]'', 1941- 1942, {{unité|81×60|cm}}, collection particulière<ref name="Ameline 51">{{harvsp|Ameline et al|p=51|id=APA}}.</ref>
* ''[[La Vie dure]]'', 1946, {{unité|142×161|cm}} Centre Pompidou<ref name="Ameline 61">{{harvsp|Ameline et al|p=61|id=APA}}</ref>.
* ''[[La Vie dure]]'', 1946, {{unité|142×161|cm}} Centre Pompidou<ref name="Ameline 61">{{harvsp|Ameline et al|p=61|id=APA}}.</ref>.
* ''[[De la danse]]'', 1946, huile sur toile, {{unité|195.4 × 114.5|cm}}, [[Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou|musée national d'Art moderne, Paris]]<ref name="Ameline 40-41">{{harvsp|Ameline et al|p=40-41|id=APA}}</ref>
* ''[[De la danse]]'', 1946, huile sur toile, {{unité|195.4 × 114.5|cm}}, [[Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou|musée national d'Art moderne, Paris]]<ref name="Ameline 40-41">{{harvsp|Ameline et al|p=40-41|id=APA}}.</ref>
* ''[[Hommage à Piranese]]'', 1948, huile sur toile, {{unité|100×73|cm}}, [[Centre d'art Henie-Onstad|Henie Onstad Art Center]], [[Oslo]]<ref name="Prat Bellet 44-45">{{harvsp|Prat |Bellet|p=44-45|id=PB95}}</ref>
* ''[[Hommage à Piranese]]'', 1948, huile sur toile, {{unité|100×73|cm}}, [[Centre d'art Henie-Onstad|Henie Onstad Art Center]], [[Oslo]]<ref name="Prat Bellet 44-45">{{harvsp|Prat |Bellet|p=44-45|id=PB95}}.</ref>
* ''[[Composition en gris et vert]]'', également intitulée ''Composition (les pinceaux'' ou ''Composition'', 1949, huile sur toile {{unité|162.5 × 114|cm}}, [[Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou|musée national d'Art moderne, Paris]]<ref name="Ameline 100"/>. Seules la date, la localisation et les dimensions permettent d'identifier ce tableau de manière certaine.
* ''[[Composition en gris et vert]]'', également intitulée ''Composition (les pinceaux'' ou ''Composition'', 1949, huile sur toile {{unité|162.5 × 114|cm}}, [[Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou|musée national d'Art moderne, Paris]]<ref name="Ameline 100"/>. Seules la date, la localisation et les dimensions permettent d'identifier ce tableau de manière certaine.
* ''[[Jour de fête (Staël)|Jour de fête]]'', 1949, huile sur toile {{unité|100×73|cm}}, [[Jeanne Bucher|Galerie Jeanne Bucher]]<ref name="Prat Bellet 46-47">{{harvsp|Prat |Bellet|p=46-47|id=PB95}}</ref>
* ''[[Jour de fête (Staël)|Jour de fête]]'', 1949, huile sur toile {{unité|100×73|cm}}, [[Jeanne Bucher|Galerie Jeanne Bucher]]<ref name="Prat Bellet 46-47">{{harvsp|Prat |Bellet|p=46-47|id=PB95}}.</ref>
* ''[[Les Toits (Staël)|Les Toits]]'', 1952, huile sur isorel, {{unité|200 × 150|cm}}, [[Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou|musée national d'Art moderne, Paris]]<ref>{{harvsp|Ameline et al|2003|p=117|id=APA}}</ref>
* ''[[Les Toits (Staël)|Les Toits]]'', 1952, huile sur isorel, {{unité|200 × 150|cm}}, [[Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou|musée national d'Art moderne, Paris]]<ref>{{harvsp|Ameline et al|2003|p=117|id=APA}}.</ref>
* ''[[Fleurs (Staël)|Fleurs]]'' 1949 140 × {{unité|97|cm}}, collection particulière, [[Genève]], et série d'une vingtaine d'huiles sur toiles de format divers.
* ''[[Fleurs (Staël)|Fleurs]]'' 1949 140 × {{unité|97|cm}}, collection particulière, [[Genève]], et série d'une vingtaine d'huiles sur toiles de format divers.
* Série « ''[[Les Footballeurs (Staël)|Les Footballeurs]]'' », 1952 :
* Série « ''[[Les Footballeurs (Staël)|Les Footballeurs]]'' », 1952 :
** [[Les Footballeurs (Staël)|''Les Footballeurs I'']] , [[Fondation Gianadda]], [[Martigny]]<ref name="FdS97-347">{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=347}}</ref>.
** [[Les Footballeurs (Staël)|''Les Footballeurs I'']], [[Fondation Gianadda]], [[Martigny]]<ref name="FdS97-347">{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=347}}.</ref>.
**[[Les Footballeurs (Staël)|''Les Footballeurs II'']]
** [[Les Footballeurs (Staël)|''Les Footballeurs II'']]
**[[Les Footballeurs (Staël)|''Les Footballeurs III'']]
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**[[Les Footballeurs (Staël)|''Les Footballeurs IV'']], [[Musée des beaux-arts de Dijon]]<ref>{{harvsp|Ameline et al|2003|p=138 à 141|id=APA}}</ref>{{,}}<ref name="FdS97-343-345">{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=343-345}}</ref>.,
** [[Les Footballeurs (Staël)|''Les Footballeurs IV'']], [[Musée des beaux-arts de Dijon]]<ref>{{harvsp|Ameline et al|2003|p=138 à 141|id=APA}}.</ref>{{,}}<ref name="FdS97-343-345">{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=343-345}}.</ref>.,
** [[Les Footballeurs (Staël)|''Les Footballeurs VII'']] [[Musée d'Art Contemporain de Los Angeles|Museum of Contemporary Art]] [[Los Angeles]]<ref name="FdS97-348">{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=348}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Ameline et al|2003|p=141|id=APA}}</ref>,
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** [[Les Footballeurs (Staël)|''Les Footballeurs VIII'']] , [[Musée d'Art Moderne de Fort Worth|Modern Art Museum of Fort Worth]], [[Fort Worth]], [[Texas]]<ref name="FdS97-347"/>
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* ''[[Le Parc des Princes (Staël)|Le Parc des Princes]]'', 1952, huile sur toile, {{unité|200 × 350|cm}}, collection particulière<ref>{{harvsp|Ameline et al|2003|p=51|id=APA}}</ref>.
* ''[[Le Parc des Princes (Staël)|Le Parc des Princes]]'', 1952, huile sur toile, {{unité|200 × 350|cm}}, collection particulière<ref>{{harvsp|Ameline et al|2003|p=51|id=APA}}.</ref>.
* '' [[Fleurs (Staël)|Fleurs]]'', 1952, huile sur toile, {{unité|140×97|cm}}, collection Daniel Varenne, [[Genève]]<ref name="Prat Bellet 64-65">{{harvsp|Prat |Bellet|p=64-65|id=PB95}}</ref>
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* ''[[Fleurs (Staël)|Fleurs blanches dans un vase noir]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|99,7×72,9|cm}} [[Toledo Museum of Art]], [[Toledo (Ohio)|Toledo]], [[Ohio]]<ref>{{harvsp|id=DB|Dobbels|1994|p=170}}</ref>
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* ''[[L'Orchestre (Staël)|L'Orchestre]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|200 × 350|cm}} Centre Pompidou<ref>{{harvsp|id=DB|Dobbels|1994|p=77 à 82}}</ref> (pour les photos voir Ameline et al {{p.|152-153}})
* ''[[L'Orchestre (Staël)|L'Orchestre]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|200 × 350|cm}} Centre Pompidou<ref>{{harvsp|id=DB|Dobbels|1994|p=77 à 82}}.</ref> (pour les photos voir Ameline et al {{p.|152-153}})
* ''[[Les Musiciens, souvenir de Sidney Bechet]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|162 × 114|cm}}, [[Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou|musée national d'Art moderne, Paris]]<ref>{{harvsp|id=PB95|Prat|Bellet|1995|p=94-95}}</ref>
* ''[[Les Musiciens, souvenir de Sidney Bechet]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|162 × 114|cm}}, [[Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou|musée national d'Art moderne, Paris]]<ref>{{harvsp|id=PB95|Prat|Bellet|1995|p=94-95}}.</ref>
* ''[[Les Indes galantes (Staël I)]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|162 × 114|cm}}, collection particulière<ref name="ReferenceA"/>.
* ''[[Les Indes galantes (Staël I)]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|162 × 114|cm}}, collection particulière<ref name="ReferenceA"/>.
* ''[[Les Indes galantes (Staël I)|Les Indes galantes (Staël II)]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|162 × 113|cm}}, collection particulière<ref name="ReferenceB"/>.
* ''[[Les Indes galantes (Staël I)|Les Indes galantes (Staël II)]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|162 × 113|cm}}, collection particulière<ref name="ReferenceB"/>.
* ''[[Figures (Staël)]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|162 × 114|cm}}, collection particulière, Paris<ref name="ReferenceC"/>.
* ''[[Figures (Staël)]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|162 × 114|cm}}, collection particulière, Paris<ref name="ReferenceC"/>.
* ''[[Les Musiciens, souvenir de Sidney Bechet|Les Musiciens (street musiciens)]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|162,2 × 114,3|cm}}, [[The Phillips Collection]], [[Washington (district de Columbia)|Washington]]<ref>{{harvsp|id=DB|Dobbels|1994|p=188}}</ref>
* ''[[Les Musiciens, souvenir de Sidney Bechet|Les Musiciens (street musiciens)]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|162,2 × 114,3|cm}}, [[The Phillips Collection]], [[Washington (district de Columbia)|Washington]]<ref>{{harvsp|id=DB|Dobbels|1994|p=188}}.</ref>
* ''[[Nu : une inconnue, nu couché]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|97× 146|cm}}<ref name="FdS97 474">{{harvsp|Françoise de Staël1997|p=474|id=FdS97}}.</ref>.
* ''[[Nu : une inconnue, nu couché]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|97× 146|cm}}<ref name="FdS97 474">{{harvsp|Françoise de Staël1997|p=474|id=FdS97}}.</ref>.
* ''[[Nu debout (Staël I)]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|146 × 97|cm}}, collection particulière, Zurich<ref>{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=475}}.</ref>.
* ''[[Nu debout (Staël I)]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|146 × 97|cm}}, collection particulière, Zurich<ref>{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=475}}.</ref>.
* ''[[Agrigente (Staël)|Agrigente Zurich]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|73×100|cm}}, [[Kunsthaus de Zurich|Kunsthaus, Zürich Vereinigung Zürcher Kunstfreunde]]<ref name="Ameline 179">{{harvsp|Ameline et al|p=179|id=APA}}.</ref>.
* ''[[Agrigente (Staël)|Agrigente Zurich]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|73×100|cm}}, [[Kunsthaus de Zurich|Kunsthaus, Zürich Vereinigung Zürcher Kunstfreunde]]<ref name="Ameline 179">{{harvsp|Ameline et al|p=179|id=APA}}.</ref>.
* ''[[Agrigente (MOCA)]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|89×130|cm}}, [[Musée d'art contemporain de Los Angeles]], collection Rita et Taft Schreiber, don de Rita Schreiber<ref name="Ameline 178">{{harvsp|Ameline et al|p=178|id=APA}}</ref>, répertorié dans le catalogue Schreiber à la date 1954 [https://books.google.fr/books?hl=fr&id=Y5Q0AQAAIAAJ&focus=searchwithinvolume&q=Nicolas+de+Staël voir en ligne] {{n°|757}} du catalogue raisonné de Françoise de Staël autre titre :''Vue d'Agrigente'', postdaté 1954 par l'artiste<ref name="FdS97-490">{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=490}}</ref>.
* ''[[Agrigente (MOCA)]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|89×130|cm}}, [[Musée d'art contemporain de Los Angeles]], collection Rita et Taft Schreiber, don de Rita Schreiber<ref name="Ameline 178">{{harvsp|Ameline et al|p=178|id=APA}}.</ref>, répertorié dans le catalogue Schreiber à la date 1954 [https://books.google.fr/books?hl=fr&id=Y5Q0AQAAIAAJ&focus=searchwithinvolume&q=Nicolas+de+Staël voir en ligne] {{n°|757}} du catalogue raisonné de Françoise de Staël autre titre :''Vue d'Agrigente'', postdaté 1954 par l'artiste<ref name="FdS97-490">{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=490}}.</ref>.
* ''[[Portrait d'Anne]]'', 1953, {{unité|89 × 130|cm}} [[musée Unterlinden]], [[Colmar]]<ref name="harvsp Dobbels p72">{{harvsp|id=DB|Dobbels|1994|p=72}}</ref>
* ''[[Portrait d'Anne]]'', 1953, {{unité|89 × 130|cm}} [[musée Unterlinden]], [[Colmar]]<ref name="harvsp Dobbels p72">{{harvsp|id=DB|Dobbels|1994|p=72}}.</ref>
* ''[[Femme assise (Staël)]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|114 × 162|cm}}<ref name="FdS97 476">{{harvsp|Françoise de Staël1997|p=476|id=FdS97}}</ref>
* ''[[Femme assise (Staël)]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|114 × 162|cm}}<ref name="FdS97 476">{{harvsp|Françoise de Staël1997|p=476|id=FdS97}}.</ref>
* ''[[Grand nu orange]]'', 1953, (post-daté par le peintre 1954) huile sur toile, {{unité|97× 146|cm}}<ref name="FdS97 509">{{harvsp|Françoise de Staël1997|p=509|id=FdS97}}.</ref>.
* ''[[Grand nu orange]]'', 1953, (post-daté par le peintre 1954) huile sur toile, {{unité|97× 146|cm}}<ref name="FdS97 509">{{harvsp|Françoise de Staël1997|p=509|id=FdS97}}.</ref>.
* ''[[Figure, nu assis, figure accoudée]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|89 × 130|cm}}<ref name="FdS97 478">{{harvsp|Françoise de Staël1997|p=478|id=FdS97}}</ref>
* ''[[Figure, nu assis, figure accoudée]]'', 1953, huile sur toile, {{unité|89 × 130|cm}}<ref name="FdS97 478">{{harvsp|Françoise de Staël1997|p=478|id=FdS97}}.</ref>
* ''[[Paysage Agrigente]]'', 1953-1954, {{unité|60 × 81|cm}} [[Staatliche Kunsthalle Karlsruhe]], [[Karlsruhe]]<ref name="FdS97-490"/>
* ''[[Paysage Agrigente]]'', 1953-1954, {{unité|60 × 81|cm}} [[Staatliche Kunsthalle Karlsruhe]], [[Karlsruhe]]<ref name="FdS97-490"/>
* ''[[Nu couché (Nu)]]'', (1954), {{unité|97 × 146.5|cm}}, collection particulière, acquis par une personne de nationalité américaine le mardi {{date-|6 décembre 2011}} lors d'une vente à Paris pour plus de {{nombre|7|millions}} d'euros.
* ''[[Nu couché (Nu)]]'', (1954), {{unité|97 × 146.5|cm}}, collection particulière, acquis par une personne de nationalité américaine le mardi {{date-|6 décembre 2011}} lors d'une vente à Paris pour plus de {{nombre|7|millions}} d'euros.
* ''[[Agrigente (1954)]]'', 1954, huile sur toile {{unité|60 × 81|cm}} collection particulière<ref name="Ameline 181">{{harvsp|Ameline et al|p=181|id=APA}}</ref>. Ce tableau a les mêmes dimensions et le même aspect que celui répertorié par [[Françoise de Staël]] au {{n°|731}} du catalogue raisonné de Françoise de Staël<ref name="FdS97-480">{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=480}}</ref>. Il existe en fait deux tableaux différents de mêmes dimensions portant le même titre et les mêmes dates, mais dont le traité diffère nettement.
* ''[[Agrigente (1954)]]'', 1954, huile sur toile {{unité|60 × 81|cm}} collection particulière<ref name="Ameline 181">{{harvsp|Ameline et al|p=181|id=APA}}.</ref>. Ce tableau a les mêmes dimensions et le même aspect que celui répertorié par [[Françoise de Staël]] au {{n°|731}} du catalogue raisonné de Françoise de Staël<ref name="FdS97-480">{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=480}}.</ref>. Il existe en fait deux tableaux différents de mêmes dimensions portant le même titre et les mêmes dates, mais dont le traité diffère nettement.
* ''[[Sicile vue d'Agrigente]]'', 1954, {{unité|114 × 146|cm}} [[Musée de Grenoble]]<ref name="FdS97-490"/>{{,}}<ref name="Prat Bellet 106-107">{{harvsp|Prat |Bellet|p=106-107|id=PB95}}</ref>
* ''[[Sicile vue d'Agrigente]]'', 1954, {{unité|114 × 146|cm}} [[Musée de Grenoble]]<ref name="FdS97-490"/>{{,}}<ref name="Prat Bellet 106-107">{{harvsp|Prat |Bellet|p=106-107|id=PB95}}.</ref>
*''[[Nu couché bleu]]'' (1955), huile sur toile {{unité|114 × 162|cm}}, collection particulière<ref name="FdS97-651">{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=651}}.</ref>.
*''[[Nu couché bleu]]'' (1955), huile sur toile {{unité|114 × 162|cm}}, collection particulière<ref name="FdS97-651">{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=651}}.</ref>.
* ''[[Paysage, Antibes]]'', 1955, huile sur toile {{unité|116 × 89|cm}}, initialement répertorié dans le catalogue raisonné sous le titre ''Paysage'' ({{n°|1023}}) avec le cachet d'atelier au dos, non daté, peint à Antibes. Le tableau a été offert au [[Musée d'art moderne André-Malraux|MuMa]] - Musée d'art moderne André Malraux<ref>[http://www.muma-lehavre.fr/fr/collections/oeuvres-commentees/xxe-siecle/paysage-antibes/nicolas-de-stael Paysage, Antibes]</ref> parmi les œuvres de la donation Senn-Fould<ref>[http://www.muma-lehavre.fr/fr/search/node/donation%20senn-foulds donation Senn-Foulds]</ref>,,
* ''[[Paysage, Antibes]]'', 1955, huile sur toile {{unité|116 × 89|cm}}, initialement répertorié dans le catalogue raisonné sous le titre ''Paysage'' ({{n°|1023}}) avec le cachet d'atelier au dos, non daté, peint à Antibes. Le tableau a été offert au [[Musée d'art moderne André-Malraux|MuMa]] - Musée d'art moderne André Malraux<ref>[http://www.muma-lehavre.fr/fr/collections/oeuvres-commentees/xxe-siecle/paysage-antibes/nicolas-de-stael Paysage, Antibes.]</ref> parmi les œuvres de la donation Senn-Fould<ref>[http://www.muma-lehavre.fr/fr/search/node/donation%20senn-foulds donation Senn-Foulds.]</ref>,,
*''[[Le Concert (Le Grand Concert : L'Orchestre)]]'', 1955, huile sur toile {{unité|350 × 600|cm}}, [[Musée Picasso (Antibes)|musée Picasso]], Antibes, dernier tableau de Nicolas de Staël {{n°|1100}} du catalogue raisonné<ref>{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=653}}</ref>
*''[[Le Concert (Le Grand Concert : L'Orchestre)]]'', 1955, huile sur toile {{unité|350 × 600|cm}}, [[Musée Picasso (Antibes)|musée Picasso]], Antibes, dernier tableau de Nicolas de Staël {{n°|1100}} du catalogue raisonné<ref>{{harvsp|id=FdS97|Françoise de Staël|1997|p=653}}.</ref>


=== Cote ===
=== Cote ===
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* ''Nu couché'', 1954, 97 × {{unité|146|cm}}, adjugée {{nombre|7.03|millions}} d'euros en {{date-|décembre 2011}} à Paris.
* ''Nu couché'', 1954, 97 × {{unité|146|cm}}, adjugée {{nombre|7.03|millions}} d'euros en {{date-|décembre 2011}} à Paris.


== Bibliographie ==
== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|group=note}}

=== Références ===
{{Références nombreuses|taille=18}}

== Voir aussi ==
{{Autres projets |commons=category : Nicolas de Staël |commons titre= Nicolas de Staël}}
=== Bibliographie ===
[[Fichier:Tombe Nicolas de Staël, Cimetière de Montrouge.jpg|thumb|Tombe de Nicolas de Staël et Jeannine Guillou au [[cimetière de Montrouge]].]]
[[Fichier:Tombe Nicolas de Staël, Cimetière de Montrouge.jpg|thumb|Tombe de Nicolas de Staël et Jeannine Guillou au [[cimetière de Montrouge]].]]


=== Correspondance ===
==== Correspondance ====
* [[René Char]] et Nicolas de Staël, ''Correspondance 1951-1954'', [[éditions des Busclats]], 2010.
* [[René Char]] et Nicolas de Staël, ''Correspondance 1951-1954'', [[éditions des Busclats]], 2010.
* ''Nicolas de Staël. Lettres : 1926-1955'', éditées par Germain Viatte, Le Bruit du Temps, 2016.
* ''Nicolas de Staël. Lettres : 1926-1955'', éditées par Germain Viatte, [[Le Bruit du temps]], 2016.


=== Essais et biographies ===
==== Essais et biographies ====
*{{Ouvrage|prénom=Jean-Paul|nom=Ameline|directeur=oui|titre=Nicolas de Staël|nature ouvrage=[https://www.centrepompidou.fr/fr/programme/agenda/evenement/cX4Mazn exposition], Paris, [[Centre Pompidou]], Galerie 1, 12 mars-30 juin 2003|éditeur=Centre Pompidou|collection=Classiques du XXe siècle|date=2003|isbn=2-84426-158-2 |id=APA|plume=oui}}
* Gustave de Staël, Marie du Bouchet, ''Nicolas de Staël en Provence'', [catalogue d'exposition], Hazan, 2018.
* {{Ouvrage|auteur=Jean-Louis Andral|directeur=oui|titre=Nicolas de Staël : un automne, un hiver|nature ouvrage=exposition, Antibes, [[Musée Picasso (Antibes)|Musée Picasso]], 2 juillet-16 octobre 2005|éditeur=Hazan/Musée Picasso|date=2005|isbn=2-7541-0028-8}}
* Guitemie Maldonado, ''Nicolas de Staël'', Citadelles et Mazenod, 2015.
*{{Ouvrage|auteur1=Charlotte Barat|auteur2=[[Pierre Wat]]|directeur1=oui|directeur2=oui|titre=Nicolas de Staël|nature ouvrage=[https://www.mam.paris.fr/fr/expositions/exposition-nicolas-de-stael exposition], Paris, [[Musée d'art moderne de Paris]], 15 septembre 2023-21 janvier 2024, Lausanne, [[Fondation de l'Hermitage]], 9 février-9 juin 2024|éditeur=Paris-musées/Musée d'art moderne de Paris|date=2023|isbn=978-2-7596-0555-2}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Françoise |nom1=de Staël |lien auteur1=Françoise de Staël |titre=Nicolas de Staël |sous-titre=catalogue raisonné de l'œuvre peint |lieu=Neuchâtel |éditeur=Ides et Calendes |année=1997 |pages totales=1267 |isbn=2-8258-0054-6 |id=FdS97}} {{plume}}. {{commentaire biblio|Françoise de Staël, née Françoise Chapouton, est la veuve de Nicolas de Staël, elle est morte le {{date|29 mars 2012}}. Elle a rédigé ce catalogue raisonné d'abord avec [[André Chastel]], puis avec Anne de Staël, fille de Nicolas, et [[Germain Viatte]]}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Anne de Staël|titre=Staël, du trait à la couleur|lieu=Paris|éditeur=[[Imprimerie nationale (France)]]|année=2001|pages totales=339|isbn=2-7433-0404-9|id=AdS}} {{plume}} {{commentaire biblio|Anne de Staël est la fille des peintres Nicolas de Staël et Jeanine Guillou.}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Marie du Bouchet|titre=Nicolas de Staël|sous-titre=une illumination sans précédent|lieu=Paris|éditeur=[[Gallimard|Éditions Gallimard]]|collection=[[Découvertes Gallimard]]|série=Arts|numéro dans collection=[[Liste des volumes de « Découvertes Gallimard » (2e partie)|432]]|année=2003|pages totales=127|isbn=2-07-076797-3|id=MdB}} {{plume}}.
*{{Ouvrage|auteur1=Marie du Bouchet|auteur2=Gustave de Staël|directeur1=oui|directeur2=oui|titre=Nicolas de Staël en Provence|nature ouvrage=[https://www.caumont-centredart.com/fr/nicolas-stael-en-provence exposition], Aix-en-Provence, [[Hôtel de Caumont (Aix-en-Provence)|Hôtel de Caumont]], du 27 avril au 23 septembre 2018|éditeur=Hazan/Culturespaces|date=2018|isbn=978-2-7541-1445-5}}
* {{Ouvrage|auteur1=Anne de Staël|titre=Cingles|lieu=Paris|éditeur=Deyrolles|année=1992|pages totales=64|isbn=2-908487-16-0|id=Anne}} {{plume}} [http://bibliothequekandinsky.centrepompidou.fr/clientBookline/service/reference.asp?INSTANCE=INCIPIO&OUTPUT=PORTAL&DOCID=0388275&DOCBASE=CGPP fiche technique de l'ouvrage à la Bibliothèque Kandinsky] {{commentaire biblio|Poèmes sur la peinture}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=André |nom1=Chastel |lien auteur1=André Chastel |prénom2=Françoise |nom2=de Staël |prénom3=Jacques |nom3=Dubourg |titre=Staël, lettres et catalogue raisonné de ses peintures 1934-1955 |lieu=Paris |éditeur=Le Temps |année=1968 |pages totales=407 |id=AC}}{{plume}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Marie du Bouchet|titre=Nicolas de Staël|sous-titre=une illumination sans précédent|lieu=Paris|éditeur=[[Gallimard|Éditions Gallimard]]|collection=[[Découvertes Gallimard]]|série=Arts|numéro dans collection=[[Liste des volumes de « Découvertes Gallimard » (2e partie)|432]]|année=2003|pages totales=127|isbn=2-07-076797-3|id=MdB}} {{plume}} {{Commentaire biblio| Marie du Bouchet est la petite fille de Nicolas de Staël, la fille d'Anne de Staël et du poète [[André du Bouchet]]}}
*{{Ouvrage|auteur=André Chastel|titre=Staël|nature ouvrage=exposition, Fondation Maeght, 11 juillet-24 septembre 1972|éditeur=Fondation Maeght|date=1972|sudoc=007724365}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Jean-Paul |nom1=Ameline |prénom2=Alfred |nom2=Pacquement |prénom3=Bénédicte |nom3=Ajac |titre=Nicolas de Staël, catalogue de l'exposition du 12 mars au 18 juin 2003|lieu=Paris |éditeur=éditions du Centre Pompidou |année=2003 |pages totales=251 |isbn=2-84426-158-2 |id=APA}}{{plume}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=André |nom1=Chastel |lien auteur1=André Chastel |titre=Fables, formes, figures|volume=2 |lieu=Paris |éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]] |année=1978 |pages totales=547 |isbn=|id=AC78}} ; rééd. en livre de poche, 2000, 538 p. {{plume}}.
* Jean-Louis Andral (sous la dir.), ''Nicolas de Staël, un automne, un hiver'', catalogue de l'exposition du [[Musée Picasso d'Antibes|musée Picasso]] à Antibes, éd. Hazan, Paris, 2005
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Daniel Dobbels]] |titre=Staël |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Hazan|Hazan]] |année=1994 |pages totales=248 |isbn=2-85025-350-2 |id=DB}} ; rééd. 2009 {{plume}}.
* [[Jean Revol]], ''Nicolas de Staël (Grand Palais)'', [[La Nouvelle Revue française]], {{n°|344}}, {{date-|septembre 1981}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=André |nom1=Chastel |lien auteur1=André Chastel |prénom2=Françoise |nom2=de Staël |prénom3=Jacques |nom3=Dubourg |titre=Staël, lettres et catalogue raisonné de ses peintures 1934-1955 |lieu=Paris |éditeur=Le Temps |année=1968 |pages totales=407 |id=AC}}{{plume}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Guy |nom1=Dumur |lien auteur1=Guy Dumur |titre=Nicolas de Staël |lieu=Paris |éditeur=Parenthèses |année=2009 |pages totales=96 |isbn=978-2-86364-655-7 |isbn2=2-86364-655-9}} ; première éd. [[Groupe Flammarion|Flammarion]], Paris, 1975, 96 p. {{plume}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=André |nom1=Chastel |lien auteur1=André Chastel |titre=Fables, formes, figures|volume=2 |lieu=Paris |éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]] |année=1978 |pages totales=547 |isbn=978-2-35355-559-8 |id=AC78}}{{plume}} réédité en livre de poche en 2000 538 pages
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Laurent |nom1=Greilsamer |lien auteur1=Laurent Greilsamer |titre=Le Prince foudroyé, la vie de Nicolas de Staël |lieu=Paris |éditeur=[[Fayard (maison d'édition)|Fayard]] |année=2001 |pages totales=335 |isbn=2-213-59552-6 |id=LG}} {{plume}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Jean |nom1=Guichard-Meili |lien auteur1=Jean Guichard-Meili |titre=Nicolas de Staël |sous-titre=peinture |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Hazan|Fernand Hazan]] |collection=petite encyclopédie de l'art, 78 |année=1966 |pages totales=15}}.
* [[André Chastel]], ''de Staël'', exposition [[Fondation Maeght|Maeght]], 1972
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Daniel Dobbels]] |titre=Staël |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Hazan|Hazan]] |année=1994 |pages totales=248 |isbn=2-85025-350-2 |id=DB}} réédition 2009 {{plume}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Jean-Pierre |nom1=Jouffroy |titre=La Mesure de Nicolas de Staël |lieu=Neuchâtel |éditeur=Ides et Calendes |année=1981 |pages totales=239 |isbn=2-8258-0001-5}} {{plume}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Guy |nom1=Dumur |lien auteur1=Guy Dumur |titre=Nicolas de Staël |lieu=Paris |éditeur=Parenthèses |année=2009 |pages totales=96 |isbn=978-2-86364-655-7 |isbn2=2-86364-655-9}} première édition sous le titre ''Nicolas de Staël'', [[Groupe Flammarion|Flammarion]], Paris, 1975, 96 p. {{plume}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Laurent |nom1=Greilsamer |lien auteur1=Laurent Greilsamer |titre=Le Prince foudroyé, la vie de Nicolas de Staël |lieu=Paris |éditeur=[[Fayard (maison d'édition)|Fayard]] |année=2001 |pages totales=335 |isbn=2-213-59552-6 |id=LG}} {{plume}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Jean |nom1=Guichard-Meili |lien auteur1=Jean Guichard-Meili |titre=Nicolas de Staël |sous-titre=peinture |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Hazan|Fernand Hazan]] |collection=petite encyclopédie de l'art, 78 |année=1966 |pages totales=15 }}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Jean-Pierre |nom1=Jouffroy |titre=La Mesure de Nicolas de Staël |lieu=Neuchâtel |éditeur=Ides et Calendes |année=1981 |pages totales=239 |isbn=2-8258-0001-5}} {{plume}}
* [[Stéphane Lambert]], ''Nicolas de Staël. Le vertige et la foi'', [[Arléa]], 2014.
* [[Stéphane Lambert]], ''Nicolas de Staël. Le vertige et la foi'', [[Arléa]], 2014.
* [[Stéphane Lambert]], ''Nicolas de Staël, la peinture comme un feu'' (monographie), Gallimard, 2023  <small>([[International Standard Book Number|ISBN]] [[Spécial:Ouvrages_de_référence/9782073024688|9782073024688]])</small>
* [[Stéphane Lambert]], ''Nicolas de Staël, la peinture comme un feu'' (monographie), Gallimard, 2023 {{ISBN|9782073024688|9782073024688}}.
* {{Ouvrage|auteur1=Arno Mansar|titre=Nicolas de Staël, l'aventure en peinture|lieu=Waterloo|éditeur=[[La Renaissance du livre]]|année=1999|pages totales=236|isbn=978-2-8046-0256-7|id=Arno}}
* {{Ouvrage|auteur=Guitemie Maldonado|titre=Nicolas de Staël|éditeur=Citadelles & Mazenod|date=2015|isbn=978-2-85088-602-7}}
* {{Ouvrage|auteur1=Arno Mansar|titre=Nicolas de Staël, l'aventure en peinture|lieu=Waterloo|éditeur=[[La Renaissance du livre]]|année=1999|pages totales=236|isbn=978-2-8046-0256-7|id=Arno}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Arno |nom1=Mansar |titre=Nicolas de Staël |lieu=Paris |éditeur=La Manufacture |année=1990 |isbn=2-8046-0256-7 |id=AM}} {{plume}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Arno |nom1=Mansar |titre=Nicolas de Staël |lieu=Paris |éditeur=La Manufacture |année=1990 |isbn=2-8046-0256-7 |id=AM}} {{plume}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Alain |nom1=Madeleine-Perdrillat |titre=Staël, les mots de la peinture |lieu=Paris |éditeur=Hazan |année=2003 |pages totales=128 |isbn=2-85025-861-X}}
* {{Ouvrage |prénom1=Alain |nom1=Madeleine-Perdrillat |titre=Staël, les mots de la peinture |lieu=Paris |éditeur=Hazan |année=2003 |pages totales=128 |isbn=2-85025-861-X}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Jean-Claude |nom1=Marcadé|lien auteur1=Jean-Claude Marcadé |titre=Nicolas de Staël |sous-titre=peintures et dessins |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Hazan]] |année=2012 |pages totales=412 |isbn=978-2-7541-0116-5 |id=MA}} {{plume}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Jean-Claude |nom1=Marcadé|lien auteur1=Jean-Claude Marcadé |titre=Nicolas de Staël |sous-titre=peintures et dessins |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Hazan]] |année=2012 |pages totales=412 |isbn=978-2-7541-0116-5 |id=MA}} {{plume}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Jean-Louis |nom1=Prat |lien auteur1=Jean-Louis Prat |prénom2=Harry. |nom2=Bellet |lien auteur2=Harry Bellet |titre=Nicolas de Staël, rétrospective de l'œuvre peint |sous-titre=catalogue de l'exposition à la [[Fondation Maeght]] |lieu=Saint-Paul-de-Vence |éditeur=[[Fondation Maeght]] |année=1991 |pages totales=205 |isbn= |id=PB91}} [https://www.archires.archi.fr/node/664220 lien Archires de l'ouvrage]{{plume}} {{commentaire biblio|l'ouvrage comporte des contributions notamment de [[Jorge Semprún]], Georges Raillard, [[André Chastel]], [[Bernard Dorival]] entre autres}}
*{{Ouvrage|prénom1=Jean-Louis |nom1=Prat |lien auteur1=Jean-Louis Prat|directeur=oui|titre=Nicolas de Staël : rétrospective de l'oeuvre peint|nature ouvrage=exposition, Saint-Paul-de-Vence, [[Fondation Maeght]], 2 juillet - 22 septembre 1991 |éditeur=Fondation Maeght|date=1991|isbn=<!--2-900923-019-5-->|sudoc=002517450|lire en ligne=http://archive.org/details/nicolasdestaelrt0000nico}}{{plume}}. {{commentaire biblio|Redaction des notices par [[Harry Bellet]]. L'ouvrage comporte aussi des contributions de [[Jorge Semprún]], Georges Raillard, [[André Chastel]], [[Bernard Dorival]]}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Jean-Louis |nom1=Prat |lien auteur1=Jean-Louis Prat |prénom2=Harry. |nom2=Bellet |titre=Nicolas de Staël |sous-titre=catalogue de l'exposition à la [[Fondation Gianadda]] |lieu=Martigny |éditeur=Fondation Gianadda |année=1995 |isbn= |id=PB95}} [http://www.worldcat.org/title/nicolas-de-stael-catalogue-de-lexposition-martigny-1995/oclc/406926882?ht=edition&referer=di worldcat pour l'ouvrage]{{plume}} {{commentaire biblio|avec les lettres du peintre commentées par [[Germain Viatte]].}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Jean-Louis |nom1=Prat |prénom2=Harry |nom2=Bellet |titre=Nicolas de Staël |nature ouvrage=exposition, Martigny, [[Fondation Gianadda]], 19 mai-5 novembre 1995|éditeur=Fondation Gianadda |année=1995 |isbn=2-88443-033-4|id=PB95}} {{plume}}. {{commentaire biblio|Avec les lettres du peintre commentées par [[Germain Viatte]].}}
* {{Ouvrage |auteur1=Jean-Louis Prat, Thomas Augais, Anne de Staël, André du Bouchet |titre=Nicolas de Staël 1945-1955 |sous-titre=catalogue de l'exposition à la [[Fondation Gianadda]] |lieu=Martigny |éditeur=[[Fondation Gianadda|Fondation Pierre Gianadda]] |année=2010 |pages totales=288 |isbn= |id=PASB}}{{plume}}
* {{Ouvrage |auteur1=Jean-Louis Prat, Thomas Augais, Anne de Staël, André du Bouchet |titre=Nicolas de Staël 1945-1955 |sous-titre=catalogue de l'exposition à la [[Fondation Gianadda]] |lieu=Martigny |éditeur=[[Fondation Gianadda|Fondation Pierre Gianadda]] |année=2010 |pages totales=288 |isbn= |id=PASB}} {{plume}}.
* [[Antoine Tudal]], ''Nicolas de Staël'', [[Le Musée de Poche]], Paris, 1958
* Philippe Rassat et Pierre J. Truchot, ''Jeanne ou le réel, Essai sur Nicolas de Staël'', Paris, L'Harmattan, 2023, 146 p. {{ISBN|978-2-14-049051-4}}.
* Philippe Rassat et Pierre J. Truchot, ''Jeanne ou le réel, Essai sur Nicolas de Staël'', Paris, L'Harmattan, 2023, 146 p., {{ISBN|978-2-14-049051-4}}
* [[Jean Revol]], ''Nicolas de Staël (Grand Palais)'', [[La Nouvelle Revue française]], {{n°|344}}, {{date-|septembre 1981}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Anne de Staël|titre=Staël, du trait à la couleur|lieu=Paris|éditeur=[[Imprimerie nationale (France)]]|année=2001|pages totales=339|isbn=2-7433-0404-9|id=AdS}} {{plume}}.
* {{Ouvrage|auteur1=Anne de Staël|titre=Cingles|lieu=Paris|éditeur=Deyrolles|année=1992|pages totales=64|isbn=2-908487-16-0|id=Anne}} {{plume}}. {{commentaire biblio|Poèmes sur la peinture.}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Françoise |nom1=de Staël |lien auteur1=Françoise de Staël |titre=Nicolas de Staël |sous-titre=catalogue raisonné de l'œuvre peint |lieu=Neuchâtel |éditeur=Ides et Calendes |année=1997 |pages totales=1267 |isbn=2-8258-0054-6 |id=FdS97}} {{plume}}. {{commentaire biblio|Françoise de Staël a rédigé ce catalogue raisonné d'abord avec [[André Chastel]], puis avec Anne de Staël, fille de Nicolas, et [[Germain Viatte]].}}
* [[Antoine Tudal]], ''Nicolas de Staël'', [[Le Musée de poche]], Paris, 1958.


=== Ouvrages annexes cités en référence ===
==== Ouvrages annexes cités en référence ====
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Alex Danchev|titre=Georges Braque, le défi silencieux|éditeur=[[Éditions Hazan]]|année=2013|pages totales=367|isbn=978-2-7541-0701-3|id=Danchev}}{{plume}}. Première édition en 2005, par [[Penguin Books]] pour l'édition originale en langue anglaise, traduit en français par Jean-François Allain.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Alex Danchev|titre=Georges Braque, le défi silencieux|éditeur=[[Éditions Hazan]]|année=2013|pages totales=367|isbn=978-2-7541-0701-3|id=Danchev}} ; première édition 2005, par [[Penguin Books]] pour l'édition originale en langue anglaise, traduit en français par Jean-François Allain {{plume}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Collectif Hazan|titre=Dictionnaire de la peinture moderne|éditeur=[[Éditions Hazan]]|année=1954|id=Hazan}} {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Collectif|titre=Dictionnaire de la peinture moderne|éditeur=[[Éditions Hazan]]|année=1954|id=Hazan}} {{plume}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Bernard Zurcher|titre=Braque vie et œuvre|lieu=Fribourg|éditeur=Office du livre|année=1988|pages totales=315|isbn=2-09-284742-2|id=Zurcher}} {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Bernard Zurcher|titre=Braque vie et œuvre|lieu=Fribourg|éditeur=Office du livre|année=1988|pages totales=315|isbn=2-09-284742-2|id=Zurcher}} {{plume}}.
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*{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jean-Luc Daval|titre=Histoire de la peinture abstraite|lieu=Paris|éditeur=Hazan|année=2005|pages totales=214|isbn=978-2-85025-166-5|id=Daval}} ; première éd. 1988 {{plume}}.


=== Filmographie ===
=== Filmographie ===
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* ''Nicolas de Staël, vie et mort d'un peintre'' (1963) d'[[Edmond A. Lévy]]
* ''Nicolas de Staël, vie et mort d'un peintre'' (1963) d'[[Edmond A. Lévy]]


== Notes et références ==
=== Liens externes ===
{{Liens}}
=== Notes ===
* [http://www.artcyclopedia.com/artists/de_stael_nicholas.html ''Artcyclopedia'']
<references group=note/>
* [http://www.passion-estampes.com/npe/newsletter14.html « Nicolas de Staël, de Saint-Petersbourg à Antibes : un destin… »] sur ''Passion Estampes''
=== Références ===
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== Liens externes ==
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* [http://www.artcyclopedia.com/artists/de_stael_nicholas.html Artcyclopedia]
* [http://www.passion-estampes.com/npe/newsletter14.html Nicolas de Staël : De St Petersbourg à Antibes : un destin… ''(Passion Estampes)'']
* [http://www.centrepompidou.fr/cpv/rechercher.action moteur de recherche sur les œuvres de Nicolas de Staël au centre Pompidou] Il suffit de taper Nicolas de Staël dans la case "rechercher" et l'on obtient neuf reproductions d'œuvres dont ''[[Les Toits (Staël)|Les Toits]]''.


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Nicolas de Staël
Photographie d'identité de Nicolas de Staël dans son dossier de demande de naturalisation française (1941)[1].
Naissance
Décès
Sépulture
Période d'activité
Nationalités
française (à partir de )
russeVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Formation
Académie royale des beaux-arts de Bruxelles, académie Fernand Léger de Paris
Représenté par
Lieux de travail
Famille
Père
Vladimir Baron Stael von Holstein (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Lubov Vladimirovna Berednikova (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoints
Enfant
Anne de Staël (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
signature de Nicolas de Staël
Signature de Nicolas de Staël.
Sépulture de Nicolas de Staël au cimetière de Montrouge.

Nicolas de Staël (prononcé [stal][note 1]), baron Nikolaï Vladimirovitch Staël von Holstein (en russe : Николай Владимирович Шталь фон Гольштейн), né le 23 décembre 1913 ( dans le calendrier grégorien) à Saint-Pétersbourg et mort le à Antibes, est un peintre français originaire de Russie, issu d'une branche cadette de la famille Staël von Holstein.

La carrière de Nicolas de Staël s'étend sur quinze ans, de 1940 à sa mort. Artiste prolifique, il peint durant ces années plus d'un millier de toiles aux influences diverses — Cézanne, Matisse, Van Gogh, Braque, Soutine et les fauves, mais aussi les maîtres néerlandais Rembrandt, Vermeer et Seghers.

Sa peinture est en constante évolution. Des couleurs sombres de ses débuts (Porte sans porte, 1946 ou Ressentiment, 1947), elle aboutit à l'exaltation de la couleur comme dans le Grand Nu orange (1953). Ses toiles se caractérisent par d'épaisses couches de peinture superposées et un important jeu de matières, passant des empâtements au couteau (Compositions, 1945-1949) à une peinture plus fluide (Agrigente, 1954, Chemin de fer au bord de la mer, soleil couchant, 1955).

Refusant les étiquettes et les courants, tout comme Georges Braque qu'il admire, il travaille avec acharnement, détruisant autant d’œuvres qu'il en réalise. « Dans sa frénésie de peindre il côtoie sans cesse l'abîme, trouvant des accords que nul autre avant lui n'avait osé tenter. Peinture tendue, nerveuse, toujours sur le fil du rasoir, à l'image des dernières toiles de Vincent van Gogh qu'il rejoint dans le suicide[2]. »

Nicolas de Staël meurt à 41 ans en se jetant de la terrasse de la maison où il avait son atelier à Antibes. Cette maison est classée monument historique en mars 2014 après une rénovation effectuée par Roman Rotges. Il est enterré au cimetière de Montrouge.

Par son style évolutif, qu'il a lui-même qualifié d'« évolution continue », il reste une énigme pour les historiens d'art qui le classent aussi bien dans la catégorie de l'École de Paris selon Lydia Harambourg[note 2], que dans les abstraits ayant inspiré les jeunes peintres à partir des années 1970, selon Marcelin Pleynet et Michel Ragon, ou encore dans la catégorie de l'art informel selon Jean-Luc Daval. De Staël a maintes fois créé la surprise notamment avec la série Les Footballeurs, entraînant derrière lui des artistes d'un nouveau mouvement d'abstraction, parmi lesquels Jean-Pierre Pincemin, et les artistes du néo-formalisme new-yorkais ou de l'expressionnisme abstrait de l'École de New York, parmi lesquels se trouve notamment Joan Mitchell.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance[modifier | modifier le code]

Forteresse Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg où est né Nicolas de Staël.

Nicolas de Staël est issu d’une lignée de militaires. Il avait coutume de répondre « voyez le Gotha » quand on lui posait des questions à propos de son ascendance. Son arrière-grand-père, Carl Gustav, dirige la deuxième division de cavalerie du tsar et termine sa carrière comme général de corps d’armée en 1861[3], son grand-père Ivan Karlovitch et son père Vladimir Ivanovitch sont aussi officiers généraux. Né en 1853, il sert dans les rangs des cosaques et des uhlans de la garde impériale[4]. Il devient général major, vice-commandant de la forteresse Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg en 1908, jusqu'en 1917.

Son père est un orthodoxe pieux et austère. Sa mère, Lioubov Berdnikova, plus jeune que son mari de vingt-deux ans, est sa seconde épouse. Elle est issue d'un milieu très fortuné où l'on s'intéresse à l'art. Par sa mère, elle est apparentée à la famille du compositeur Alexandre Glazounov[5].

Selon le calendrier julien, Nicolas de Staël naît le à Saint-Pétersbourg, qui vient alors d'être rebaptisée Petrograd (Петроград).

À la suite de la révolution de 1917, comme de nombreux Russes blancs, la famille est contrainte à l’exil et quitte Saint-Pétersbourg à l'été 1919. Après une période d'errance, la famille s'installe pour un temps à Vilnius en janvier 1920. Son père meurt en 1921, sa mère l’année suivante[6] après s'être installés en Pologne. Orphelin, il est recueilli, avec ses deux sœurs Marina et Olga, par sa marraine Ludmila von Lubimov, la meilleure amie de sa mère, qui vit en France. Celle-ci les confie rapidement à une famille de Bruxelles, les Fricero. Les Fricero sont une famille fortunée d'origine sarde qui a hérité de la nationalité russe au XIXe siècle lorsque le père d'Emmanuel Fricero était attaché naval à l'ambassade de Russie à Londres. Sa femme Charlotte est présidente de la Croix-Rouge. Ils ont déjà recueilli le descendant d'une grande famille russe, Alexandre Bereznikov[7].

Formation[modifier | modifier le code]

Il est inscrit au collège jésuite Saint-Michel à Etterbeek, commune voisine de Bruxelles, le en avant-dernière année de primaire. Il accomplit ses humanités classiques dans le même collège jusqu'en . Il n'y est pas heureux, c'est un élève indiscipliné avec de mauvais résultats. Il quitte ce collège en 3e latine, après avoir redoublé cette classe. Les Fricero l'inscrivent au collège Cardinal Mercier de Braine-l'Alleud en [8]. Nicolas se passionne pour la littérature française et les tragédies grecques et dans le même temps découvre la peinture dans les musées et les galeries notamment Rubens et les peintres belges contemporains James Ensor, Permeke. Sa vocation naissante d'artiste inquiète son père adoptif, Emmanuel Fricero, sorti de l'École centrale Paris, qui souhaite voir Nicolas s'orienter vers les sciences et le pousse à entreprendre des études d'ingénieur[9]. Mais dès ses études terminées, Nicolas se tourne vers la peinture[5].

Après avoir visité les Pays-Bas en juin, et découvert la peinture flamande, il entre en aux Beaux-Arts de Bruxelles où il suit les cours de dessin antique avec Henri van Haelen. Il se lie d'amitié avec Lismonde[10] et Madeleine Haupert qui a fréquenté les Beaux-Arts de Paris et qui lui fait découvrir la peinture abstraite[5]. Il s'inscrit aussi à l'Académie des beaux-arts de Saint-Gilles où il suit les cours d'architecture de Charles Malcause[8]. Dans cette même académie, il suit dès 1934-35 les cours de décoration en compagnie de Géo De Vlamynck qu'il assiste par la suite pour la réalisation de peintures murales du pavillon du Verre d'art de l'Exposition universelle de Bruxelles de 1935[11].

Il voyage ensuite dans toute l'Europe. Dans le midi de la France et à Paris où il découvre Paul Cézanne, Henri Matisse, Chaïm Soutine, Georges Braque, puis il se rend en Espagne où il est séduit par la beauté des paysages[11]. Le voyage en Espagne, qu'il parcourt à bicyclette avec son ami Benoît Gilsoul, est un voyage d'étude au cours duquel il prend force notes et croquis[12]. À partir de Madrid, c'est avec Emmanuel d'Hooghvorst qu'il poursuit sa route jusqu'en Andalousie. Il envoie une abondante correspondance à Georges de Vlamynck, produit quelques aquarelles qu'il vend à Barcelone, et aux Fricero il exprime son indignation devant la misère du peuple espagnol[12]. Il exposera d'autres aquarelles d'Espagne à la galerie Dietrich avec Alain Haustrate et Rostislas Loukine[11].

Le Maroc, l'Italie, Paris[modifier | modifier le code]

À Marrakech, en 1937, Nicolas de Staël rencontre Jeannine Guillou[13]. Jeannine Guillou est elle-même peintre, plus âgée de cinq ans que lui. Bretonne d'origine, d'une famille de Concarneau, elle est mariée depuis six ans à un Polonais, Olek Teslar (1900-1952), qu'elle a rencontré aux Arts décoratifs de Nice où elle étudiait, et dont elle a un fils, Antek (Antoine)[14] qui deviendra par la suite écrivain et scénariste sous le pseudonyme d'Antoine Tudal. Les Teslar habitent le sud marocain dans une sorte de phalanstère où ils offrent des médicaments à la population. L'administration leur a fait signer des documents déchargeant la France de toute responsabilité en cas de malheur. Sorte de « hippies avant la lettre », les Teslar se séparent élégamment lorsque Jeannine part avec Nicolas[14].

Jeannine est déjà une peintre affirmée. À Fès, en 1935, un critique d'art a couvert d'éloges son travail et son talent « viril et nerveux ». Nicolas, lui, cherche encore son style[15].

Staël est fasciné par l'Italie. En 1938, il entreprend avec Jeannine un voyage qui les conduit de Naples à Frascati, Pompéi, Paestum, Sorrente, Capri. À ses amis Fricero, il écrit :

« Après avoir essayé de peindre un an dans ce merveilleux Maroc, et n'en étant pas sorti couvert de lauriers, je puis approcher, voir, copier Titien, Le Greco, les beaux Primitifs, le dernier des Giovanni Bellini, Andrea Mantegna, Antonello de Messine, tous, et si parfois ces toiles ne sont pas aussi près de mon cœur que les vieux Flamands, les Hollandais, Vermeer, Rembrandt, j'y apprends toujours énormément et n'espère qu'une seule chose, c'est de pouvoir les étudier aussi longtemps que possible[16]. »

Cette année-là, les relations avec les Fricero se détériorent. La famille d'accueil s'inquiète pour la carrière de Nicolas qui rompt tout lien avec la Belgique et décide de s'installer à Paris avec Jeannine. Il loge d'abord dans un hôtel au 147 ter, rue d'Alésia, puis au 124, rue du Cherche-Midi[17]. Il suit pendant une courte période les cours de l'académie Fernand Léger et il essaie d'obtenir un permis de séjour tout en copiant les œuvres du Louvre. Il fait la connaissance de l'historien d'art suisse Pierre Courthion qui aura un rôle important par la suite[17].

Pendant cette année, Nicolas peint énormément et détruit beaucoup de ses œuvres. Il ne reste de cette période qu'une vue des quais de la Seine[18].

Pour gagner un peu d'argent, il retourne en Belgique, à Liège, où il travaille sur les fresques du pavillon d'exposition de la France pour l'Exposition internationale de la technique de l'eau de 1939[18].

En , le peintre s'engage dans la Légion étrangère[18]. Pendant les deux mois qui précèdent son incorporation, il rencontre la galeriste Jeanne Bucher qui trouve pour lui et pour Jeannine des logements provisoires dans les ateliers d'artistes inoccupés. Jeannine est déjà tombée gravement malade pendant l'été à Concarneau. C'est à partir de cette époque, et jusqu'en 1942, que Nicolas a peint le plus grand nombre de portraits de sa compagne dans le style figuratif : Portrait de Jeannine[18], dont Arno Mansar dit que « c'est à la fois un Picasso de la période bleue et aussi un souvenir des allongements du Greco, qu'il a admiré en Espagne[19]. »

Plus tard, Staël dira : « Quand j'étais jeune, j'ai peint le portrait de Jeannine. Un portrait, un vrai portrait, c'est quand même le sommet de l'art[20]. »

L'évolution du peintre[modifier | modifier le code]

Le nouvel atelier[modifier | modifier le code]

Nice où Staël a vécu trois ans.

Le , il est mobilisé et rejoint le dépôt des régiments étrangers où il est affecté au service des cartes d'État-major à Sidi Bel Abbès, en Algérie. Il est ensuite envoyé le 29 février au 1er régiment étranger de cavalerie (1er REC) à Sousse, en Tunisie, où il travaille au service géographique de l’armée en mettant à jour les cartes d’état-major du protectorat. Il est démobilisé le [5].

Nicolas de Staël rejoint Jeannine qui vit alors à Nice. Il fait la connaissance d'Alberto Magnelli, Maria Elena Vieira da Silva, Jean Arp, Christine Boumeester, Sonia Delaunay et Robert Delaunay[13]. Les artistes se retrouvent à la librairie Matarasso, avec Jacques Prévert et Francis Carco. C'est surtout grâce à son ami, le peintre Félix Aublet, qu'il sera introduit dans ces cercles artistiques et qu'il va orienter sa peinture vers un style plus abstrait[21]. Il reste de cette période quelques traces de ses essais mélangeant cubisme et fauvisme avec le tableau Paysage du Broc (Maison du Broc) 1941, huile sur toile de 55 × 46 cm, collection particulière[22].

Aublet lui vient encore en aide lorsque le jeune peintre ne peut gagner sa vie avec sa peinture, lui fournissant de petits travaux de décoration[23].

De son côté, Jeannine s'est remise à la peinture. « Le marchand de tableau Mockers, de la rue Masséna à Nice, lui a fait signer un contrat d'exclusivité. Ce qui permet au couple de vivre alors que les restrictions alimentaires commencent à peser terriblement. L'arrière-pays niçois, assez peu agricole, a le plus grand mal à nourrir sa population[24]. » Jeannine a aussi retrouvé son fils, Antek, qu'elle avait confié à un pensionnat. Antek se débrouille au marché noir. Nicolas troque des bibelots contre de la nourriture. Malgré ces difficultés, Jeannine donne naissance le à leur fille Anne[25]. Staël est fasciné par l'enfant qu'il décrit comme un « petit colosse aux yeux clairs ». Il voudrait épouser sa compagne mais les complications juridiques du divorce avec Olek Teslar, injoignable, le découragent.

La naissance de sa fille induit chez Staël une nouvelle réflexion sur la peinture. Abandonnant le paysage, il se tourne vers le portrait, avec Jeannine pour principal modèle[26].

Les trois années passées à Nice peuvent être considérées comme le premier « atelier » du peintre. Staël commence à appeler ses tableaux « compositions », il dessine et peint fiévreusement et continue de détruire autant qu'il crée. Mais il commence à rencontrer ses premiers amateurs[27] : Boris Wulfert lui achète une Nature morte à la pipe (1940-1941), une huile sur papier de 63,5 × 79,5 cm, et Jan Heyligers, son premier tableau abstrait peint à partir d'un coquillage[28]. « Dès 1942, il peint ses premières toiles abstraites. Sur fond uni, gris, s'animent des ellipses, des formes de lasso, des grilles. Le dessin est posé sur la peinture[27]. » Staël compartimente sa peinture, certaines formes sont des lames, indépendantes du fond, dans un jeu de géométrie. Selon Anne de Staël, on ne sait pas si la composition est dans son aplat, ou bien dans le trait qui limite, ou bien si composer revient à exprimer une chose unique[27].

Nicolas et Jeannine sont très proches de Suzie et Alberto Magnelli installés dans une ancienne magnanerie à Plan de Grasse. Magnelli va être un grand soutien pour « Le Prince »[29].

Retour à Paris, les premiers soutiens, le deuil[modifier | modifier le code]

Rue parisienne en 1941.

En 1943, sous l'occupation, le couple et ses deux enfants retournent à Paris. Les années de guerre sont très difficiles.

Jeanne Bucher achète des dessins à Nicolas et prête un logement à la famille dans un hôtel particulier momentanément inhabité, celui de Pierre Chareau alors en Amérique[30]. Pendant cette période, le peintre dessine beaucoup de grands formats[30].

Magnelli présente à Staël un ami de Piet Mondrian, César Domela, qui insiste auprès de Jeanne Bucher pour que Nicolas de Staël participe à l'exposition qui réunit lui-même, et Vassily Kandinsky. L'exposition a lieu le , mais personne n'achète les tableaux du « Prince ». Des personnalités comme Pablo Picasso, Georges Braque, André Lanskoy, Jean Bazaine, Georges Hillaireau sont présentes lors du vernissage. Mais la critique, sans doute influencée par le préjugé selon lequel l'art abstrait est un art dégénéré, fait preuve d'indifférence, voire de mépris[31].

Ce qui n'empêche pas Jeanne Bucher d'organiser, avec Noëlle Laucoutour et Maurice Panier, une deuxième exposition à la galerie l’Esquisse où sont réunis Kandinsky, Magnelli, Domela et Staël, avec pour titre Peintures abstraites. Compositions de matières. Mais pendant l'exposition, la galerie reçoit la visite de la Gestapo qui soupçonne Panier d'être un résistant[31]. Malgré cela, la galerie l’Esquisse organise le de la même année une exposition personnelle Staël. Quelques dessins y sont vendus. Georges Braque manifeste sa sincère admiration pour le jeune peintre. Staël va devenir un proche du maître avec lequel il noue des liens d'amitié très étroits[32].

« Aux yeux des amateurs, le style de Staël est reconnu comme une expression nouvelle, une syntaxe du dessin dénouée en compositions serrées en même temps qu'éclatées »[33]. C'est surtout au début de l'année 1945 que ces amateurs se manifesteront lors d'une autre exposition chez Jeanne Bucher du 5 au . Parmi eux, l'industriel Jean Bauret.

Mais le peintre se débat dans de terribles difficultés financières, malgré l'aide de Félix Aublet. La situation familiale est désastreuse : « Il n'y avait pas de repas. Un sac de farine nous donnait des crêpes à l'eau. La queue longuement tirée avec des tickets d'alimentation ramenait un peu de lait, un peu de beurre[34]. »

Jeannine est en mauvaise santé et sa nouvelle grossesse est difficile. Elle le cache aussi bien à sa fille Anne, qu'à son mari dont elle « soutient l'élan dans le travail. Nicolas voyait grandir ses tableaux sans soupçonner que l'état de Jeannine s'amenuisait. Elle était moralement très forte et physiquement fragile. Dans la conscience des tensions de la création, les tensions de la vie ont lâché.(…) Jeannine mourut sur le quai d'un immense tableau : Composition bleue[34]. » Le , Jeannine rentre à l'hôpital Baudelocque afin de subir un avortement. Mal conclu, elle en meurt le [35].

Quelques mois plus tard, le critique d'art Charles Estienne (amateur de surréalisme) fait une critique élogieuse de la peinture de Staël : « Un extraordinaire épos rythme ici les caravanes des formes et les fulgurantes zébrures verticales jaillies souvent des hasards de la matière[36]. »

À la fin de l'année, Staël, qui ne vit que grâce à l'aide d'amis, cherche un marchand pour défendre son œuvre. Il croit l'avoir trouvé en la personne de Jacques Dubourg qui lui achète un tableau : Casse-lumière. Mais c'est finalement la galerie Louis Carré qui signe un contrat avec le peintre le [37].

Quelques mois après la mort de Jeannine, Nicolas épouse Françoise Chapouton (1925-2012)[38] que le couple avait engagée à l'âge de dix-neuf ans pour s'occuper des deux enfants, Anne et Antek. Staël aura encore trois enfants de sa nouvelle femme : Laurence, née le [39], Jérôme né en 1948[40], Gustave, né le [41].

Les années 1945-1950 couvrent une période « sombre » de la peinture de Staël, où l'abstraction est mise à nu[42]. En particulier dans Composition en noir 1946, huile sur toile (200 × 150,5 cm, Kunsthaus de Zurich[43]). Et plus encore dans Orage (1945, 130 × 90 cm, collection particulière). « Ce que montrent en un sens les toiles des années quarante, c'est qu'il faut naître plusieurs fois pour gagner un tableau. Qu'il faut multiplier les angles vifs, les zones mortes, les obstacles invisibles[42]. »

Les étapes de création[modifier | modifier le code]

De l'abstraction à l'involution 1943-1948[modifier | modifier le code]

Museu de Arte Moderna de São Paulo, inauguré en 1948, où Nicolas de Staël a exposé.

Malgré ses difficultés matérielles, Staël refuse de participer à la première exposition du Salon des réalités nouvelles fondé par Sonia Delaunay, Jean Dewasne, Jean Arp et Fredo Sidès parce que la progression de sa peinture le conduit à s'écarter de l'abstraction la plus stricte[44]. Ce sera un sujet d'étonnement pour le jeune amateur Claude Mauriac qui déclare dans son journal :

« Il semble surprenant que ni Staël, ni Lanskoy — novateurs peu contestés de l'art abstrait — ne soient exposés au salon des réalités nouvelles. À moins qu'ayant l'un et l'autre dépassé les formules périmées dont usent encore la plupart des participants de ce salon, leur place eût été inexplicable dans ce qu'il faut bien appeler déjà une rétrospective (…) mais cela me fait plaisir d'apprendre que Nicolas de Staël se trouve maintenant dans le peloton de tête[45]. »

Staël a horreur de s'aligner sur un courant quelconque, tout comme Braque auquel il rend visite régulièrement, ce qui l'amène à s'éloigner de Domela et Dewasne[46]. « De 1945 à 1949, la peinture de Staël se présente comme un faisceau, un lacis de formes impulsives dont les éléments formateurs, nés d'une décision rapide, loin de se perdre instantanément en elle, font valoir leur énergie propre[47]. »

Une énergie ramassée qu'il puisait sur l'instant selon Anne de Staël qui décrit ainsi l'attitude de son père après la mort de Jeannine, et après son mariage avec Françoise Chapouton : « Ils se marient en mai 1946 sans attendre qu'une couleur sèche pour en poser une autre. Il posa à côté d'une douleur profonde le ton de la joie la plus haute. Et on peut dire que de la contradiction de pareils sentiments, il puisait une énergie ramassée sur l'instant, qui permettait d'avancer en vue d'un aiguisement acéré[48]. »

André Chastel, au sujet de la peinture de Staël parle d'« involution ». Selon Daniel Dobbels, ce terme est d'une grande force. En quelques années, Staël donne un corps à sa peinture, d'une ampleur sans égale et pour ainsi dire, sans précédent. Involution est un terme mathématique qui définit les tableaux de l'immédiat après-guerre : La Vie dure ()[49], De la danse (fin 1916-début 1947)[50], Ressentiment et Tierce noir, comme une évolution en sens inverse. Staël s'écarte de l'abstraction pour former des figures identifiables : deux traits donnent à l'intervention du peintre une signification élevée[51].

Vue du Parc Montsouris, proche de la rue Gauguet où Staël avait son atelier.

Les Staël déménagent dès le mois de pour s'installer 7, rue Gauguet, non loin du parc Montsouris. Non loin aussi de l'atelier de Georges Braque. L'atelier est vaste, haut de plafond, il rappelle les ateliers des maîtres d'autrefois[52]. Sa luminosité contribue à éclaircir la palette du peintre dont Pierre Lecuire dit dans le Journal des années Staël : « Très étonnant personnage, ce Staël, d'une culture rare chez un peintre, sans préjugé de modernisme et pourtant, un des plus naturellement avancé[53]. » Dès 1949, Pierre Lecuire travaille à un livre, Voir Nicolas de Staël, dont le peintre annote les feuillets et précise sa pensée[54], livre-poème qui paraîtra en 1953 avec deux gravures sur cuivre de Staël[55].

Dans cet immeuble, Staël rencontre un marchand de tableaux américain, Theodore Schempp, qui fait circuler son œuvre aux États-Unis, au grand soulagement du peintre qui n'apprécie guère les méthodes de la galerie Louis Carré, qu'il abandonnera pour la galerie Jacques Dubourg au 126 boulevard Haussmann[56].

Planche XI d’une des prisons imaginaires de Piranese auquel Staël a dédié un tableau en 1948.

L'année suivante, grâce au père Laval, le peintre est exposé dans le couvent des dominicains du Saulchoir, à Étiolles, en compagnie de Braque, Henry Laurens et André Lanskoy. Jacques Laval est un dominicain passionné de peinture. Il avait déjà tenté en 1944 d'exposer des toiles abstraites de Staël, mais avait été obligé de les décrocher sur ordre de ses supérieurs scandalisés. Cette fois l'exposition est acceptée et le père Laval achète un tableau de Staël pour le réfectoire du couvent Saint-Jacques, rue de la Glacière, à Paris[57].

Staël commence à vendre ses œuvres et la critique voit en lui le peintre représentatif d'un renouveau artistique. Léon Degand l'invite à montrer ses œuvres à l'exposition inaugurale du Museu de Arte Moderna de São Paulo. Mais Staël est très pointilleux sur la façon dont on interprète sa peinture. Il écrit à Degand :

« (…) les tendances non figuratives n'existent pas, tu le sais bien et je me demande bien comment on peut y trouver de la peinture (…)[58]. »

En ce mois d', Nicolas de Staël est naturalisé français[59]. Il avait appuyé sa demande avec l'argument : « La France est actuellement le seul pays où on peut peindre librement[note 3]. » Le 13 du même mois naît son fils Jérôme. Anne de Staël voit un lien étroit entre les naissances et la peinture de son père.

« La vie sous la coiffe de sa peinture donnait dans l'éphémère un sentiment de très longue durée (…) La vie était faite de la naissance de sa fille Laurence, le , de son fils Jérôme, le . La joie de Staël au moment d'une naissance était une note très haut placée d'émotion (…) C'était le rappel de la "naissance", rappel du moment où la "lumière" vous est versée (…) Vivre était une couleur et l'énergie devait en exalter la flamme[60]. »

Entre 1947 et 1949, la palette du peintre s'éclaircit. Déjà avec Ressentiment[61], enchevêtrement de structures encore sombres, on voit apparaître des gris et des bleus dans un empâtement de matière qui s'allège peu à peu, avec le noir qui s'efface graduellement comme on le voit l'année suivante dans des œuvres comme Hommage à Piranese (1948), tableau dans les tons pastellisés de gris argenté[62], puis dans une large toile paysagée, Calme (1949, collection Carroll Janis, New York)[63]. Staël se livre à une recherche acharnée sur la couleur, qui aboutit en 1949 à un nouveau système plastique avec Jour de fête, « où l'enduit se fait toujours plus dense et gras et la couleur plus délicate[64]. »

L'équilibre par la couleur 1949-1951[modifier | modifier le code]

L'artiste commence plusieurs toiles à la fois mais son travail mûrit plus lentement. Il est animé d'une volonté de perfection dont Pierre Lecuire dit que c'est une « formidable volonté de faire toujours plus fort, plus aigu, plus raffiné, avec au bout l'idée du chef-d'œuvre suprême[65]. »

Staël abandonne les compositions en bâtonnets et leur surcharge pour des formes plus vastes, plus aérées, avec de larges plages de couleur. Le peintre accumule les couches de pâte jusqu'à parvenir à l'équilibre désiré[66]. Si de nombreux tableaux portent encore le titre Compositions, beaucoup ressemblent à des paysages comme l'huile sur toile intitulée Composition en gris et bleu de 1949, (115 × 195 cm, collection particulière), dont Arno Mansar dit que c'est là une « halte indispensable entre l’expressionnisme des empâtements de la matière de naguère et le prochain éclatement des champs de couleur[67]. »

1949 est une année importante pour Staël qui participe à plusieurs expositions collectives au Musée des beaux-arts de Lyon, à la galerie Jeanne Bucher à Paris, à São Paulo. À Toronto, il expose pour la première fois Casse-lumière, et tandis que Schempp travaille à le faire connaître aux États-Unis, le peintre cherche à entrer en contact avec Christian Zervos qui dirige la revue Cahiers d'art. L'historien Georges Duthuit sert d'intermédiaire et devient l'ami du peintre[68]. Staël continue à voir régulièrement Braque à Paris et à Varengeville-sur-Mer, mais bientôt ses visites seront plus espacées car le jeune peintre a besoin de retrouver les couleurs du Midi. Braque restera néanmoins un de ses principaux inspirateurs et une référence importante[66].

Staël utilise toutes les techniques, tous les matériaux : gouache, encre de Chine, huile, toile, papier. Et il refuse toujours d'être classé dans une catégorie quelconque. Lorsqu'en , le Musée national d'art moderne de Paris lui achète Composition (les pinceaux), une huile sur toile de 1949 (162,5 × 114 cm)[69], il exige d'être accroché en haut de l'escalier pour être écarté du groupe des abstraits[68] et il remercie le directeur du musée avec un jeu de mots répété dans toutes les biographies : « Merci de m’avoir écarté du gang de l’abstraction avant, écrit-il à Bernard Dorival, conservateur au Musée national d’art moderne de Paris[70],[71]. ». Il faisait ainsi allusion aux faits divers sanglants du gang des Tractions Avant[72]. Le tableau est ensuite intitulé Composition abstraite, puis Composition en gris et vert[73].

Dès 1950, Staël est déjà un peintre qui compte, on parle de lui dans la revue new-yorkaise Art and theatre. En France, Christian Zervos lui consacre un très grand article où il compare l'artiste aux grandes figures de l'histoire de l'art[74]. L'exposition personnelle qui lui est consacrée chez Dubourg du 1er au obtient un succès d'estime et le fait connaître des personnalités du monde des arts. En octobre, lorsque Jean Leymarie tente d'acheter la toile Rue Gauguet pour le musée de Grenoble, il se trouve face à la Tate Gallery qui la lui dispute. Le tableau sera finalement acquis par le musée des beaux-arts de Boston[75].

Staël devient un artiste d'autant plus important que ses tableaux commencent à entrer dans les collections américaines. Le critique Thomas B. Hess écrit dans la revue Art News : « Staël jouit d'une réputation un peu underground en Amérique, où il vend une quantité étonnante de peintures, mais il reste relativement peu connu[75]. » Le travail de promotion de Schempp commence pourtant à porter ses fruits. L'atelier de l'artiste se vide de ses peintures. En 1951, Staël entre au Museum of Modern Art de New York avec une toile de la période sombre : Peinture 1947 huile sur toile 195,6 × 97,5 cm[76].

Une exposition de ses dessins chez Dubourg, en , révèle aussi une autre facette du talent de l'artiste que René Char admire. C'est Georges Duthuit qui a fait découvrir l'atelier de Staël au poète. Début d’une amitié féconde : ils conçoivent ensemble plusieurs projets de livres dont l'un illustré de gravures sur bois, Poèmes de René Char - bois de Nicolas de Staël, publié cette année-là. Le livre obtient un succès relatif lors de l'exposition à la galerie Dubourg le [77], mais cela n'entame pas l'enthousiasme du peintre qui poursuit un travail commencé à l'automne : des petits formats. Ces tableaux sont essentiellement des natures mortes, des pommes : Trois pommes en gris, Une pomme (24 X 35 cm) et une série de trois toiles de Petites bouteilles, cette dizaine de toiles témoigne de la nouvelle maturité du peintre qui, après avoir étudié un livre sur van Gogh s'écrie : « Moi aussi, je ferai des fleurs[78]! » Des Fleurs aux couleurs éclatantes qui jaillissent sur un grand format (140 × 97 cm) dès l'année suivante, après avoir vu une exposition où figurent les Roses blanches de van Gogh au musée de l'Orangerie[79].

La figuration-abstraction 1952-1955[modifier | modifier le code]

Les années explosives : 1952-1953[modifier | modifier le code]

Le village de Lagnes où Staël a résidé.

Ce sont les années où Staël a effectué le plus grand « renouvellement continu » selon l'expression de Dobbels[80]. L'année 1952 est riche en création, elle voit naître plus de 240 tableaux de l'artiste, grands et petits formats[81] dont Mantes-la-Jolie, actuellement conservé au Musée des beaux-arts de Dijon. Staël passe de la nature morte aux paysages de l'Île-de-France, aux scènes de football et aux paysages du Midi de la France. Pourtant cette année foisonnante commence par une déception avec une exposition à Londres à la Matthiesen Gallery. Cette ville enthousiasmait l'artiste en 1950. Mais à son retour, en 1952, il dit à sa fille Anne : « Londres, c'est les égouts de Paris en plein ciel avec la majeure partie des maisons construites en poussière marine, pierres à coquillages, noires près de la terre et blanches là où le vent de la mer les lave suffisamment[82]. » En février-mars, 26 tableaux sont présentés. Le vernissage est mondain mais n'a aucun succès[83]. La critique ne comprend pas Staël à l'exception du critique d'art John Russell qui voit dans le peintre un novateur irremplaçable et de Dennis Sutton qui écrit dans la préface du catalogue : « Staël a établi sa foi dans une œuvre intangible, nourrie par la lumière (…) Ce sont des peintures qui élèvent l'esprit[84]. »

Staël est un peu ébranlé, il se lance dans des paysages sur carton de petits formats dans les tons gris bleu et vert (Mantes, Chevreuse, Fontenay-aux-Roses) qu'il distribue à ses amis, notamment à René Char[85]. Il fait don des Toits, 200 × 150 cm, (tableau d'abord intitulé Le ciel de Dieppe) au Musée d'art moderne de Paris[86]. Londres l'a fait douter.

Mais bientôt un évènement va faire exploser son enthousiasme. Le a lieu au Parc des Princes le match de football France-Suède auquel Staël assiste avec sa femme[87]. Le peintre ressort du Parc transformé, habité par les couleurs qu'il veut immédiatement porter sur la toile[88]. Il y passe la nuit, commençant une série de petites ébauches qui vont devenir Les Footballeurs, sujet qu'il traite avec de très vives couleurs dans plus d'une dizaine de tableaux qui vont du petit au grand format, des huiles sur toile ou huiles sur carton dont un exemplaire se trouve à la Fondation Gianadda, un plus grand nombre au Musée des beaux-arts de Dijon, un exemplaire au Musée d'art contemporain de Los Angeles et beaucoup dans des collections privées[89]. Staël se livre tout entier à sa passion des couleurs et du mouvement. Le clou de ce travail, sur lequel il passe la nuit entière pour les ébauches des footballeurs, apparaît au bout d'une semaine : Le Parc des Princes, une toile tendue sur châssis de 200 × 350 cm (7 m2). Il utilise des spatules très larges pour étaler la peinture et un morceau de tôle de 50 cm qui lui sert à maçonner les couleurs[90].

Lorsqu'il expose son Parc des Princes au Salon de mai de la même année, le tableau est ressenti comme une insulte tant par ses confrères que par la critique[88]. Le Parc apparaît comme un manifeste du figuratif qui a contre lui tous les partisans de l'abstraction[90]. Comme Jean Arp ou Jean Hélion, Staël est déclaré coupable d'avoir abandonné ses recherches abstraites, il est traité de « contrevenant politique » selon l'expression d'André Lhote[91].

À tout ce bouillonnement autour de deux mots, Staël répond dans un questionnaire que Julien Alvard, Léon Degand, et Roger van Gindertael ont donné à plusieurs peintres : « Je n'oppose pas la peinture abstraite à la peinture figurative. Une peinture devrait être à la fois abstraite et figurative. Abstraite en tant que mur, figurative en tant que représentation d'un espace[92]. »

André Breton déclare que « le novateur authentique, à qui marchands et critiques défendent aujourd'hui, pour des raisons de vogue, toute autre voie que celle du non-figuratif n'a pas grande chance de s'imposer[93]. ». Ce en quoi il se trompe. Le galeriste new-yorkais Paul Rosenberg, très attiré par cette toile, va imposer Staël aux États-Unis dès l'année suivante et lui proposer un contrat d'exclusivité après avoir vu l'exposition du 10 au à New York chez Knoedler, où Staël a connu un succès retentissant[94]. Paul Rosenberg est un galeriste de référence auxquels les amateurs font confiance. Il vend les grands maîtres : Théodore Géricault, Henri Matisse, Eugène Delacroix, Georges Braque. Nicolas de Staël est heureux de se retrouver en si bonne compagnie[95].

Mais la vie à New York lui est difficile. Le , il revient à Paris, au moment où paraît le livre de Pierre Lecuire, Voir Nicolas de Staël, avec une lithographie en couverture et deux gravures de Staël[96].

Quelques mois plus tard, Staël trouve une nouvelle source d'inspiration dans la musique. Alors qu'il est invité le à un concert chez Suzanne Tézenas, à la fois héritière et mondaine[97], le peintre découvre les « couleurs des sons » : après avoir entendu Pierre Boulez, Olivier Messiaen, Isaac Albéniz, il s'intéresse à la musique contemporaine et au jazz. En particulier à Sidney Bechet auquel il rend hommage avec deux toiles : Les Musiciens, souvenir de Sidney Bechet[98] dont une version se trouve au Centre Pompidou, à Paris, l'autre version, intitulée Les Musiciens (Street Musicians), à la Phillips Collection de Washington[99]. De cette période d'inspiration musicale naîtront également L'Orchestre[100]. Il envisage même un ballet avec René Char : L'Abominable des neiges[101], ainsi qu'une toile inspirée par la reprise à l'Opéra de Paris de l'opéra-ballet de Jean-Philippe Rameau Les Indes galantes que le peintre intitulera aussi Les Indes galantes[102], une huile sur toile de 161 × 114 cm (collection particulière) peinte en 1952- 1953[103].

Mais il lui manque toujours les couleurs du Midi. Il loue pendant un mois une magnanerie près d'Avignon, à Lagnes, où les couleurs de sa palette vont devenir éclatantes[95]. Puis il met toute sa famille dans sa camionnette et l'emmène en Italie puis en Sicile où il admire la Toscane, Agrigente, sujet de ses plus célèbres toiles[104].

Peu après, Staël achète une maison dans le Luberon à Ménerbes, le Castelet. Il y peint entre autres plusieurs toiles intitulées Ménerbes dont une version d'un format de 60 × 81 cm se trouve au musée Fabre de Montpellier[105]. Il continue à fournir inlassablement Rosenberg qui affirme dans un journal américain qu'il considère Staël comme une des valeurs les plus sûres de son époque[106], le marchand d'art prépare une exposition : Recent Paintings by Nicolas de Staël qui aura lieu dans sa galerie en 1954[107].

L'exposition du chez Paul Rosenberg se révèle un très grand succès commercial.

Les couleurs du Midi : 1954-1955[modifier | modifier le code]

Le Lavandou, un des lieux où Staël a peint des paysages méditerranéens.

Exilé aux États-Unis depuis la Guerre, Rosenberg, qui avait une galerie au 26, rue La Boétie à Paris, et une succursale à Londres, a déjà vendu les plus grands peintres dans les années 1930 : Picasso, Braque, Léger, Matisse. Plus qu'un marchand, c'est un « seigneur » qui dit par provocation : « Pour moi, un tableau est beau quand il se vend[108]. » Et, précisément, il vend énormément de Staël. La majorité des œuvres de la période 1953-1955 ont été vendues à New York, principalement par Rosenberg (ainsi que par Schempp)[note 4].

Pour l'exposition du , le peintre lui fournit tous les tableaux qu'il a peints à Ménerbes, en souvenir de son voyage en Sicile, en Italie. Il propose toutes les couleurs du Midi, des fleurs, des natures mortes, des paysages[109]. À Lagnes, Staël a travaillé avec une telle énergie et a produit tant de toiles que Rosenberg est obligé de le freiner en lui expliquant que les clients risquent d'être effrayés par une trop grande rapidité de production[109]. Agacé, Staël répond qu'il fait ce qu'il veut, et que peindre est pour lui une nécessité, exposition ou pas. Il demande même que le marchand lui renvoie une Nature morte aux bouteilles (1952) que Rosenberg trouve trop lourde[110], et dont une version de 64,7 × 81 cm se trouve au musée Boijmans Van Beuningen de Rotterdam[111].

À New York, les tableaux de Staël reçoivent un accueil favorable de la part des collectionneurs américains qui achètent très rapidement, certains d'entre eux en feront don à des musées, ce qui explique le nombre conséquent de tableaux de Staël actuellement visibles aux États-Unis. Lors du vernissage, il y a, dans l'assemblée, un jeune diplomate français qui est bouleversé par cette peinture ; c'est Romain Gary. Il écrit à Staël, rue Gauguet : « Vous êtes le seul peintre moderne qui donne du génie au spectateur[112]. »

Le , Françoise donne naissance à un fils, Gustave, dont le peintre dit que c'est « son portrait en miniature, un objet très vivant[109]. »

Au mois de juin, chez Jacques Dubourg, une nouvelle exposition de Staël montre une douzaine de peintures parmi lesquelles Marseille (vue de Marseille), huile sur toile de 64,7 × 81 cm actuellement visible au Los Angeles County Museum of Art[113], L'Étang de Berre, La Route d'Uzès, tableaux qui font sensation. Mais certains critiques s'en prennent au nouveau style du peintre. Notamment Léon Degand qui écrit que ces belles couleurs et ce brio « s'avèrent insuffisants au bout de cinq minutes, pour qui cherche un peu plus que des qualités purement extérieures[114]. » Staël a aussi des défenseurs qui soulignent le talent du peintre dans le concret et dans la couleur, notamment Alain Berne-Jouffroy dans La Nouvelle Revue française[115].

À Paris, pendant l'été, Staël peint une série de natures mortes, de paysages et de bouquets de fleurs : La Seine (89,2 × 130,2 cm), achetée par Joseph H. Hirshhorn qui en a fait don à Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Washington[116]. Le peintre fait plusieurs séjours dans la Manche ou près de la mer du Nord d'où il ramène le sujet de toiles aux tonalités douces : Cap Gris-Nez, Cap Blanc-Nez. Les toiles de cette période ont rapidement trouvé acquéreur et elles sont pour la plupart dans des collections privées[117].

Mais Nicolas de Staël a changé. Littéralement envoûté par Suzanne Tézenas, dont le salon parisien rivalise avec ceux de Louise de Vilmorin ou de Florence Gould, il est pris d'une passion fiévreuse pour celle qui est la mécène de Pierre Boulez après avoir été l'amie très chère de Pierre Drieu la Rochelle[118].

Les nus et le désespoir[modifier | modifier le code]

À partir de 1953, Staël tombe amoureux d'une autre femme, Jeanne Polgue-Mathieu[119],[120]. Il l'a emmenée, en , avec Ciska Grillet, une amie de René Char, avec toute sa famille pour un périple qui le mène en Italie, en Sicile, puis en Toscane[104].

La Sicile va lui inspirer la série des Agrigente, mais son amour pour Jeanne va accélérer sa recherche sur le nu. Le , il écrit à Jacques Dubourg : « Je crois que quelque chose se passe en moi de nouveau, et parfois, cela se greffe à mon inévitable besoin de tout casser. Que faire[121] ? » L'intégralité de la lettre, reproduite dans le catalogue raisonné de Françoise de Staël, montre que Dubourg est resté son marchand préféré et que le peintre continue à lui fournir des toiles[122]. Et, bien que les lettres de Paul Rosenberg lui annoncent des ventes somptueuses et que, désormais, le peintre puisse se considérer comme riche, il n'en reste pas moins mélancolique et désespéré.

Jeanne Polgue-Mathieu est une femme mariée qui réside près de Nice. Pour être plus près d'elle, le peintre loue un appartement à Antibes où il vit seul, sans sa famille et où il installe son atelier[123]. « Pour la première fois de sa vie, Staël aime plus qu'il n'est aimé. Sa passion pour Jeanne le submerge[124]. » C'est elle qu'il campe de mémoire dans Jeanne (nu debout) (146 × 97 cm), 1953, tableau postdaté et intitulé en 1954, Nu Jeanne (nu debout)[125], une silhouette vaporeuse, émergeant d'une brume de couleurs tendres. C'est également Jeanne Mathieu qui a servi de modèle au Nu couché (Nu) (1954)[126], tableau qui a été vendu en pour la somme de 7,03 millions d'euros[127]. Tous ces nus sont intitulés de différentes manières, non datés, réunis dans le catalogue raisonné selon les dates probables, certains étant postdatés, d'autres non signés.

Travaillant de nouveau comme un fou, il n'utilise plus la même technique. Maintenant, au lieu de peindre en pâtes épaisses, il dilue les couleurs. Les marines deviennent son thème privilégié. Le fils de Paul Rosenberg lui écrit : « Il y a des gens pour regretter vos empâtements, trouvant la matière lisse du dernier lot moins frappante[128]. » Le peintre use maintenant de matériaux différents, il abandonne le couteau et les spatules pour du coton ou des tampons de gaze avec lesquels il étale la couleur. Les grands formats l'intimident désormais, mais il continue à en réaliser[128]. Le , Nicolas de Staël écrit à Pierre Lecuire : « Je peins dix fois trop, comme on écrase du raisin et non comme on boit du vin […][104]. » Un voyage en Espagne et la visite des salles Vélasquez au musée du Prado lui font un temps oublier Jeanne. Mais bien vite, il retourne à Antibes car la passion le dévore. À l'automne, il se sépare définitivement de Françoise.

À la fin de l'année, il se retrouve seul et abattu[129]. Il a plusieurs projets d'expositions dont une au musée Grimaldi, et la frénésie le reprend. Il travaille sur plusieurs toiles à la fois : dans le dernier mois de sa vie, il réalise plus de 350 peintures[130]. Mais il a besoin d'avis. Il en demande d'abord à Douglas Cooper, un collectionneur d'art, qui se montre très sceptique sur le style décoratif de ces dernières œuvres[128]. D'après John Richardson, Cooper était d'une humeur grincheuse. Cooper est insensible aux Mouettes (195 × 130). Fin janvier, Staël écrit à Cooper pour expliquer son évolution et défendre son point de vue, mais il est très atteint par la réserve de Cooper bien qu'il fasse mine de la rejeter. Il rejette également les remarques de Pierre Lecuire, mais les critiques le blessent[131]. Bien que très inquiet sur la qualité de son travail, il continue d'expédier des toiles à New York et à Paris[132].

Maison d'Antibes où Staël a vécu de 1954 à 1955.

Il écrit à Suzanne Tézenas : « Je suis inquiet pour la différence de lumière, lumière d'Antibes à Paris. Il se pourrait que les tableaux n'aient pas à Paris la résonance qu'ils ont dans mon atelier d'Antibes. C'est une angoisse[133]. » Le , il se rend à Paris où il retrouve finalement l'inspiration. Il assiste à deux concerts au Théâtre Marigny, il suit une conférence de Pierre Boulez, il rencontre des amis avec lesquels il forme des projets et, de retour à Antibes, il peint ses impressions musicales. Sur un châssis de 6 mètres de haut il entreprend Le Concert et il trouve chez des amis violonistes des matériaux pour exécuter des esquisses. La peinture provoque chez lui une extrême tension. Son malaise est d'autant plus grand que Jeanne Mathieu se montre très distante et ne vient pas à leur dernier rendez-vous[134].

Le , Staël réunit toutes les lettres de Jeanne et les rend à son mari en lui disant : « Vous avez gagné[135]. »

Le , après avoir tenté la veille d'ingurgiter des barbituriques[135], le peintre sort de son atelier, referme la porte, monte l'escalier qui conduit à la terrasse de l'immeuble, et se jette dans le vide[136]. Auparavant, il a écrit à Jacques Dubourg, qui a toujours été son soutien le plus fidèle et le plus désintéressé[137]. Dans une lettre datée du , il lui demande de mettre en ordre des questions matérielles, comme si de rien n'était, mais avec deux dernières lignes en forme d'adieu :

« J'ai commandé chez un petit menuisier ébéniste près des remparts deux chaises longues en bois dont j'ai payé une, cela pour Ménerbes. Au soin de la douane il reste toujours, les papiers sont à la compagnie générale qui transporta mes tableaux la dernière fois, tous les papiers concernant ces petites chaises et tabourets que j'ai achetés en Espagne, aussi pour Ménerbes. Je n'ai pas la force de parachever mes tableaux. Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi. De tout cœur.
Nicolas[138]. »

Toutefois c'est à sa fille, Anne de Staël, que le peintre a écrit sa dernière lettre. Anne avait alors 13 ans[133]. Toute la correspondance de Nicolas de Staël est intégralement réunie dans le catalogue raisonné et commentée par Germain Viatte[139].

Plus tard, Anne de Staël commente en ces termes la peinture de son père, lors de l'exposition à la galerie Daniel Malingue en 1992 à Paris : « Nous vivions en marge de la peinture, le foyer […] ce n'était pas une maison, c'était la peinture[140]. »

Selon Jean-Louis Prat, commissaire de l'exposition Nicolas de Staël en 1995 à la Fondation Gianadda : « Entre une abstraction qui n'a pour elle que le nom et une figuration qui n'illustre qu'imparfaitement le réel, Nicolas de Staël a exploré jusqu'à l'épuisement le vrai domaine de la peinture dans son essence et son esprit[2]. »

Le lien Braque-Staël[modifier | modifier le code]

Falaises de Varengeville sur la plage de Vasterival.

En 1944, Braque assiste à l'exposition qui regroupe les peintures de Vassily Kandinsky, César Domela et Nicolas de Staël à la galerie Jeanne Bucher. Il fait part à Staël de son admiration et lui prodigue des encouragements[141]. « L'amitié et, si l'on peut dire, la liaison avec Braque, qui travaillait sur les Ateliers, date de ces années-là [1944-1947]. C'est une indication qu'on ne peut négliger, encore que les échanges aient pu être plus réciproques qu'on ne l'a dit[142]. » Si Staël est influencé par « l'impeccable et suave harmonie de Braque » qui se retrouve dans les toiles du jeune peintre réalisées à la veille de sa mort telle l'envol des Mouettes qui est aussi un hommage au Champ de blé aux corbeaux de Vincent van Gogh, à son tour Braque rend hommage à van Gogh vers 1957 avec Oiseaux dans les blés, huile sur toile, 24 × 41 cm[143], dans un style qui se rapproche de celui de Staël.

C'est en sortant de la visite chez le collectionneur et historien d'art Douglas Cooper, en 1953, que Staël manifeste son enthousiasme pour la peinture de Georges Braque. La collection comprend des œuvres de Picasso, Léger, Juan Gris, et de Braque. Staël déclare : « Là où l'histoire devient passionnante c'est au moment où l'on saisit les Braque dans la lumière où ils ont été peints […] Ces Braque-là font une grande peinture comme Ucello fait grande peinture […] et ils acquièrent un mystère, une simplicité, une force sans précédent avec toute la parenté de Camille Corot à Paul Cézanne si naturellement libre […][73],[144]. »

Parmi les dernières œuvres de Staël, outre les titres qui font référence à Braque sans que la toile ait un quelconque rapport comme Le Pain, 1955, huile sur toile ( 73 × 106 cm, collection privée, Paris[145]), le peintre réalise des natures mortes : Nature morte au broc, Nature morte à la salade, Nature morte à l'artichaut, Nature morte aux fruits qui marquent une sorte de « compagnonnage avec Braque ».

Mais on ne peut exclure que la multiplication des Marines et des paysages du nord réalisées par Staël au cours de ces années 1954-1955 (Cap Gris nez, Cap Blanc nez) n'aient induit chez Braque un intérêt renouvelé pour ce type de sujet qu'il a traité lui-même : 1955-1956, La Plaine, huile sur toile, 21 × 73 cm, Marine, 1956 huile sur toile, 26 × 65 cm. Les deux artistes seront représentés aux États-Unis par le même marchand : Paul Rosenberg grâce à Ted Schempp qui s'est fait le colporteur de Nicolas de Staël. Ted Schempp le fait plus ou moins parrainer par Braque à partir d'une simple photo prise par Mariette Lachaud à Varengeville où Nicolas passe l'été. La photo présente Nicolas, Georges avec son éternelle casquette, et sa femme Marcelle Braque[146]. Lorsque Nicolas de Staël enfin reconnu et acheté massivement aux États-Unis se retrouve riche, Georges Braque et Marcelle « lui font du bien en le traitant comme si de rien n'était, avec leur simplicité coutumière. Faites attention, le prévient Marcelle, vous avez résisté à la pauvreté, soyez assez fort pour résister à la richesse[147]. »

Nicolas de Staël avait pour Braque une admiration telle qu'il avait écrit au critique d'art et collectionneur américain David Cooper : « Je vous serai toujours infiniment reconnaissant d'avoir su créer ce climat où la rhétorique de Braque reçoit la lumière d'autant mieux qu'il en refusa le grand éclat, où ses tableaux en un instant d'éclair font tout naturellement le chemin de Sophocle au ton confidentiel de Baudelaire, sans insister, et en gardant la grande voix. C'est unique[148]. » Outre cette amitié qui les lie, Staël et Braque ont quelque chose en commun dans leur démarche de peintre à cette époque là. Duncan Phillips, qui s'est « entiché » de Braque[149] possède aussi dans The Phillips Collection, beaucoup d'œuvres de Staël[150]. Le retour inattendu au paysage à tendance figurative, que Braque a opéré entre les Ateliers et les Oiseaux, est d'une certaine manière redevable à l'échange avec Staël[151].

Le nu[modifier | modifier le code]

C'est un thème que Staël a longtemps hésité à traiter et dont l'analyse divise la critique. Harry Bellet trouve surprenant de le voir surgir au milieu des paysages comme un thème inattendu. S'agissant de Nu couché bleu (1955), huile sur toile 114 × 162 cm, non signée non datée, parmi les dernières toiles de l'artiste à Antibes, Bellet remarque « Au beau milieu des marines, des natures mortes et des ateliers de 1955, surgit, surprenant, un nu couché. Le premier regard, comme celui d'un voyeur, est rejeté de cette toile sans qu'on comprenne bien pourquoi […] Pourtant, passé le premier choc, l'œil peu coupable, revient s'y fixer. Ultime tentation de Nicolas de Staël de se mesurer au thème le plus ancien de l'histoire de la peinture, ce nu est une splendide négation faite par avance à tous ceux qui ont pu voir dans son décès tragique un aveu d'impuissance : par son apparente simplicité, il égale les plus beaux Matisse, par son autorité complexe, il rejoint le maitre Vélasquez[152]. »

Daniel Dobbels conteste cette approche dans la mesure où ce Nu, qui paraît isolé, ne l'est pas. Il est peut-être déjà inscrit dans Les Mouettes, schème propre à la nudité de cette peinture, et à ce motif dont on retrouve le trait cassé dans un tableau de 1948 Pierres traquées, huile sur toile, 38 × 46 cm, Cincinnati Art museum[153]. D'autre part, dans une lettre à Jacques Dubourg, en 1954, Staël annonce déjà son intention : « Je vais essayer des figures, nus, portraits et groupes de personnages. Il faut y aller quand même, que voulez-vous, c'est le moment, je ne peux peindre des kilomètres de natures mortes et paysages, ça ne suffit pas[154]... » alors que le peintre a déjà travaillé sur ce thème, dans un style flouté comme celui du Nu debout-Nu Jeanne.

Ce Nu couché bleu sous un drap retiré est sœur de ce Nu couché (Nu), 1953, huile sur toile, 145 × 89 cm, collection particulière, Zurich[155], tout comme les toiles qui l'accompagnent en cette même année : Les Indes galantes I, 1953, huile sur toile, 162 × 114 cm, collection particulière[156], Les Indes galantes II, 1953, huile sur toile, 162 × 113 cm, collection particulière[157], Figures, 1953, huile sur toile, 162 × 114 cm, collection particulière, Paris[158]. Staël écrit à Jean Bauret : « J'ai besoin de vous parce que j'ai commencé plusieurs nus dans les nuages, et je me sens perdu, tant pour les nus que pour les nuages[154] » et à Paul Rosenberg : « Les nus partis à New York pour ouvrir mon exposition ont atteint par brefs instants un tel degré de chaleur communicative que la terre n'est plus que boue[159] ». Le Grand nu orange, huile sur toile 97 × 146 cm, collection privée, date de cette même période. Généralement présenté la même année que les autres nus (1953), il est inscrit sous le titre Grand Nu orange au no 780 du catalogue raisonné de Françoise de Staël, peint à Ménerbes en 1954 selon la date inscrite au dos par l'artiste lui-même[160].

Le nu a donc bien été un des thèmes majeurs de Staël qui s'y était attaqué avec difficulté dans les années 1952-1953 comme il le rapporte lui-même dans sa correspondance, mais qui a éclaté dans sa peinture à partir du moment où il a éprouvé une violente passion pour Jeanne Mathieu. Certaines toiles portent le nom de Jeanne en sous titre Nu-Jeanne 1953, huile sur toile, 162 × 113 cm, collection particulière, contre-signé en 1954[161].

Réception de la peinture de Staël[modifier | modifier le code]

C'est aux États-Unis que les amateurs de Staël ont été les plus nombreux. Entre 1955 et 1956, année qui a suivi sa mort, les expositions personnelles du peintre ont eu lieu uniquement dans des musées américains[162], notamment au Museum of Fine Arts, Houston, Texas, au Kalamazoo Institute of Arts, Kalamazoo, Michigan au DeCordova Museum and Sculpture Park, Lincoln (Massachusetts), Massachusetts, à la Phillips Collection, Washington, au Fort Worth Art Center, Fort Worth, Texas, au Rockefeller Center, New York, à la Cornell University, Ithaca, au Memorial Art Gallery of the university of Rochester, Rochester (New York) (catalogue préfacé par Theodore Schempp).

Il était également présent dans l'exposition collective du Indianapolis Museum of Art, Indianapolis, Indiana (20th century painting and sculpture), au San Francisco Museum of Modern Art (Arts in the 20th century), à l'Everson Museum of Art, Syracuse (New York) (Contemporary painting), à la Brandeis University de Waltham (Massachusetts) (Three collections)[163].

Dans le même temps, à Paris, seules les galeries Craven et Charpentier montraient des toiles de Staël dans le cadre de deux expositions sur L'École de Paris en 1955, de même que les musées de Rouen, Menton, Oslo, Saint-Étienne, Antibes et Turin et pour cause : les toiles étaient de l'autre côté de l'Atlantique[163].

Il faudra attendre le pour que le Musée d'Art Moderne, Palais de Tokyo organise une grande rétrospective, avec un catalogue rédigé par Jean Cassou, Françoise de Staël et Pierre Lecuire. La suivante aura lieu en 1981, dans les Galeries nationales du Grand Palais qui ont accueilli une rétrospective du peintre, puis 2003 au Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou et au Musée de l'Ermitage la même année. Entre-temps, Staël a eu deux rétrospectives à la fondation Maeght de Saint-Paul-de-Vence, plusieurs expositions personnelles à la Fondation Gianadda de Martigny dont la dernière remonte à 2010[164].

Après la bataille livrée contre les tenants de l'abstraction, Staël s'est d'abord vu porté aux nues par le critique d'art anglais Douglas Cooper, qui curieusement, s'est transformé en critique féroce, opposé aux toiles des deux dernières années du peintre, en particulier aux nus qu'il démolit avec un acharnement incompréhensible, ainsi que le tableau Les Mouettes[165] que Daniel Dobbels range dans une variété de nus[154]. Mais selon le témoignage de son compagnon John Richardson : « Le collectionneur bougon persistait à critiquer l'éloquence facile de la peinture de Staël, son échelle grandiose, et son récent lyrisme[166]. »

Cooper, qui vivait en couple avec John Richardson, et dont on pourrait penser que l'homosexualité le poussait à rejeter les femmes nues, n'était pas, en réalité, le seul à critiquer Staël. Le fils de Paul Rosenberg insistait pour réorienter la peinture des deux dernières années vers les « empâtements » de l'époque des Footballeurs alors même que Staël est en train de mettre au point les séries qui vont être les plus appréciées des amateurs et des collectionneurs[167].

La critique contemporaine est généralement favorable au peintre dont les rétrospectives et expositions diverses se sont succédé à un rythme régulier depuis le début des années 1990, notamment la rétrospective à la Fondation Maeght en 1991, et l'exposition organisée par son fils, Gustave de Staël, à la Salle Saint-Jean de l'Hôtel de ville de Paris en 1994 commentée par Harry Bellet[168]. Mais il y a aussi des critiques pour le démolir entièrement, sans lui reconnaître un talent quelconque. C'est le cas notamment de Hervé Gauville et Elisabeth Lebovici lors de la rétrospective 2003 au Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou : « Staël aura ainsi réussi à faire une peinture décevante alors qu'il avait peut-être les moyens de produire des chefs-d'œuvre. […] Solitaire, mais quand même impliqué dans les débats parisiens de l'après-guerre, Staël aura sans doute tenté d'intriquer les deux, avec ses « murs » de peinture, bâtissant la toile comme une maçonnerie, déjà craquelée, de pâtes épaisses (mélange d'huile et de blanc de zinc, jamais d'éléments extérieurs), mais restant soigneusement à distance de toutes les tentations d'élargir la définition du peintre ou la gamme de ses moyens, voire d'introduire du jeu dans ses interventions. Le côté « vieux » de sa peinture ne provient-il pas de cet aspect « déjà vieilli » de ses compositions, au sens propre comme au sens figuré du terme ? En tout cas, lorsque Staël, au tournant de 1954-1955, abandonne tout « matiérisme », laisse les formes colorées prendre le dessus et revenir la figuration (nus féminins et paysages nombreux, vues d'atelier et palettes), les tableaux sombrent dans une ataraxie visuelle[169],[170]. »

Deux ans plus tard dans le même quotidien, Patrick Sabatier, à l'occasion de l'exposition d'Antibes dit son admiration pour les toiles des dernières années. « Jean-Louis Andral, conservateur du musée Picasso, reprend la partition de l'œuvre ultime de Staël, exposée pour la première (et unique) fois, au même endroit, en juillet 1955. Le conservateur d'alors, Romuald Dor de la Souchère, avait conçu cette exposition avec Staël, deux mois avant la mort de celui-ci. Il avait présenté 14 des 147 toiles produites par le peintre à Antibes. Depuis, le musée d'Antibes conserve certains des plus beaux Staël, du Fort carré d'Antibes au monumental Concert, son dernier tableau. Ces toiles sont toutes là, empreintes de la « grâce vulnérable » d'un peintre hors normes et écoles […][171]. »

Philippe Dagen résume les positions de la critique contemporaine avec une certaine ironie en classant les commentateurs dans diverses catégories : les « biographiques », les « psychologiques », les « dubitatifs ». Lors de la rétrospective de 2010 à la Fondation Gianadda Dagen écrit : « On dirait que de Staël (…) cherche à fondre en une synthèse personnelle ce qu'il a appris du postimpressionnisme, des nabis, des fauves et de Kandinsky d'une part et, de l'autre, certaines habitudes plus récentes, la simplification extrême de la forme, le geste ample, l'effet violent. Un paysage de 1954, l'une de ses toiles les plus intenses, a ce titre : Montagne Sainte-Victoire (Paysage de Sicile). Le relief sicilien, parce qu'il ressemble à celui que Cézanne a tant peint, devient l'occasion de se mesurer avec ce dernier, de prouver qu'il est possible d'épurer encore plus, de monter les tons plus haut. Chaque toile se donne ainsi à résoudre des problèmes de lumière, d'harmonie et de cohérence spatiale - ces problèmes de pure peinture que de Staël tente d'exposer dans ses lettres. […] De cette lutte difficile, avec de telles références en mémoire, sont nées quelques toiles parfaites, la Marine au Lavandou de 1952, l'aveuglant Soleil de 1953, la Nature morte au billot de 1954. Et d'autres plus volontaires et emphatiques qu'émouvantes. Peut-être le but pictural que de Staël s'était fixé était-il inaccessible[172]. »

Contrairement à certains critiques, Jean-Claude Marcadé trouve que l'on ne décèle pas, dans les toiles de Staël, l'expression de son drame, de sa solitude et de sa désolation. « Si l'œuvre de Staël nous était parvenue dans une bouteille jetée à la mer, nous ne verrions aucune trace de sa tragédie existentielle[173]. » En particulier, Marcadé ne partage pas le point de vue de l'ami de David Cooper, John Richardson, à propos des Mouettes : « dotées d'un pouvoir menaçant […] sur une mer désolée[174] », ni celui de Germain Viatte qui trouvait que les peintures de Staël étaient presque toutes marquées par « l'angoisse et l'atroce solitude du peintre[175] ». Cette atroce solitude lui était nécessaire pour son accomplissement. « Un peu, toutes proportions gardées, comme le vieux Tolstoï se dirigeant vers un désert et mourant dans une gare obscure[176]. »

L'implacable Paul Rosenberg avait déjà exprimé son opinion en forme de provocation : « Pour moi, un tableau est beau quand il se vend[108]. » Nicolas de Staël se vend beaucoup à des prix de plus en plus élevés[177]. Estimée entre 2,5 et 3,5 M$, la toile de Nicolas de Staël, Composition (1950), huile sur toile 204 × 404,5 cm, a bénéficié de l’estimation la plus élevée de la vente. Présentée dans le cadre du 100e anniversaire de la naissance de l’artiste, elle a trouvé un acquéreur pour 3 700 000  (4 241 500  avec frais).

L'influence de Staël dans l'histoire de la peinture[modifier | modifier le code]

La « réinvention de la figuration » opérée par Staël à partir du Parc des princes et des Footballeurs a été mal comprise alors qu'elle anticipe d'une vingtaine d'années l'évolution générale de l'art. Il a « retrouvé le visible sans renoncer aux possibilités expressives et à la liberté d'action qui définissent la peinture contemporaine[178]. » C'est le même cheminement que l'on retrouve dans les œuvres du groupe CoBra[179], dans la peinture du Britannique Alan Davie. Et plus tard, sans que le nom de Staël soit cité, son style s'est imposé comme mode dans une abstraction lyrique ou art informel qui s'est « dévaluée jusqu'à faire oublier par les répétitions de ses suiveurs les qualités qui la firent reconnaître[180]. »

Alors que Paris a perdu sa place de capitale des arts, dès les années 1960, sous l'effet du marché de l'art et de la surenchère, on y est devenu incapable de discerner le pastiche de l'original selon Umberto Eco cité par Jean-Luc Daval[180].

Selon Marcelin Pleynet et Michel Seuphor :

« [..] il faut tenir compte de Nicolas de Staël, vu et revu souvent avec et à travers l'avant-garde américaine des années cinquante. Ces nouveaux mouvements d'abstraction suivent le cheminement de Staël, délaissant la peinture gestuelle pour une peinture brossée, voir maçonnée[181]. »

D'autres ont œuvré à la manière de Staël ; ainsi Joan Mitchell (qui se réclamait aussi de Monet, tout en refusant les étiquettes), notamment dans son utilisation de larges aplats pour Wet orange[182].

Peu exposé de son vivant, Staël a donné lieu à de nombreuses manifestations posthumes qui ont confirmé sa stature sur le plan international.

« [..] Staël fut le plus puissant créateur de sa génération dans l'École de Paris de l'après-guerre, sur laquelle il a exercé une forte influence. Il a été le premier à dépasser l'antinomie "abstraction-figuration"[183]. »

Au cinéma[modifier | modifier le code]

L'influence et l'attraction pour l'œuvre de Nicolas de Staël sont visibles au cinéma, en particulier chez Jean-Luc Godard, qui le considère comme « le » peintre inégalé, celui « qui est allé le plus loin[184]. » Le cinéaste fait de nombreuses citations et allusions au peintre dans ses films, notamment dans Pierrot le fou de 1965, où le personnage interprété par Jean-Paul Belmondo (Pierrot) se suicide avec des bâtons de dynamite bleu, rouge et jaune[185].

« C'était un film d'aventure, la prise de Constantinople, l'histoire du peintre Nicolas de Staël et de son suicide », énonce la bande-annonce du film.

Sélection d'expositions récentes[modifier | modifier le code]

Les expositions citées dans cette section concernent les expositions personnelles du peintre à partir des années 2000. Elle n'est pas exhaustive.

Sélection d'œuvres[modifier | modifier le code]

Entre les tableaux, les collages et les dessins, ce sont au total plus de mille pièces (compositions abstraites, nus, natures mortes) qui sont dans les musées et dans les collections particulières. Dans le catalogue raisonné établi par Françoise de Staël on compte 1100 huiles, la dernière étant : Le Concert (Le Grand Concert : L'Orchestre)

Cote[modifier | modifier le code]

  • Nature morte au poêlon, 1955, huile sur toile, 65 × 81 cm, adjugée 625 232 euros en .
  • Nu couché, 1954, 97 × 146 cm, adjugée 7,03 millions d'euros en à Paris.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. En France, Staël est prononcé stal (comme « stalle »). En Suisse, Staël est souvent prononcé [stɛl] (comme « stèle »). Le nom n'est jamais prononcé « sta-elle », sauf par erreur.
  2. L'École de Paris reste une notion très vague selon André Chastel. Elle est mentionnée, dans le Dictionnaire de la peinture (éditions Larousse) de Michel Laclotte et Jean-Pierre Cuzin, non pas comme un courant mais comme un ensemble d'individus dont l'appartenance est citée dans la notice de chaque artiste.
  3. Autographe dans le dossier de naturalisation (Archives nationales).
  4. Comme on peut le vérifier dans le catalogue raisonné établi par Françoise de Staël et la liste des œuvres actuellement visibles dans les musées américains.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Archives nationales, cote 19780018/82, dossier 13357X47.
  2. a et b Bernard Heitz, article « Nicolas de Staël, les couleurs du tourment », Télérama n° 2374 du 12 juillet 1995, p. 13.
  3. Gosudarstvennyĭ Ėrmitazh, Nicolas de Staël, Paris-Musées, , p. 33.
  4. Greilsamer, p. 18.
  5. a b c et d Ameline et al, p. 27.
  6. Voir sur francearchives.gouv.fr.
  7. Greilsamer, p. 40.
  8. a et b Prat Bellet, p. 195.
  9. Daniel Dobbels, Staël, Hazan, , p. 239.
  10. « En 1932-1934, Lismonde se lie d'amitié avec Nicolas de Staël à l'Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles » sur maison-lismonde.be.
  11. a b et c Daniel Dobbels (1994), p. 239.
  12. a et b Greilsamer, p. 64.
  13. a et b Greilsamer, p. 80.
  14. a et b Greilsamer, p. 81.
  15. Greilsamer, p. 82.
  16. Lettre à Emmanuel Fricero, Naples, le 15 février 1938, cité par Prat Bellet, p. 32.
  17. a et b Ameline et al, p. 32.
  18. a b c et d Ameline et al, p. 33.
  19. Mansar, p. 32.
  20. Prat Bellet, p. 34.
  21. Greilsamer, p. 95.
  22. Françoise de Staël, p. 179.
  23. Ameline et al, p. 28.
  24. Greilsamer, p. 93.
  25. Greilsamer, p. 97.
  26. Greilsamer, p. 99.
  27. a b et c Anne de Staël (2001), p. 58.
  28. Françoise de Staël, p. 90.
  29. Anne de Staël (2001), p. 60.
  30. a et b Prat Bellet, p. 196.
  31. a et b Ameline et al, p. 38.
  32. Ameline et al, p. 40.
  33. Anne de Staël (2001), p. 62.
  34. a et b Anne de Staël (2001), p. 105
  35. André Chastel, Germain Viatte, Jacques Dubourg, François de Staël, Nicolas de Staël, Le Temps, , p. 76.
  36. La Peinture et l'époque, article de Charles Estienne paru dans Confluences n°10 de mars 1946 cité par Ameline et al, p. 43.
  37. Ameline et al, p. 44.
  38. Décédée le 29 mars 2012. Le Figaro du 2 avril 2012, Carnet du jour, p. 17.
  39. Prat Bellet, p. 197.
  40. date de naissance à préciser
  41. Greilsamer, p. 249.
  42. a et b Daniel Dobbels (1994), p. 52.
  43. Françoise de Staël (1997), p. 205.
  44. Journal des années Staël du 29 avril 1947 cité par Ameline et al, p. 41.
  45. Journal de Claude Mauriac cité par Greilsamer, p. 178.
  46. Greilsamer, p. 179.
  47. Introduction de Henri Maldiney dans Prat Bellet, p. 21.
  48. Anne de Staël (2001), p. 111
  49. Françoise de Staël (1997), p. 216.
  50. Françoise de Staël (1997), p. 220.
  51. Daniel Dobbels (1994), p. 114-115.
  52. Anne de Staël (2001), p. 113.
  53. Journal des années Staël du 29 avril 1947 cité parAmeline et al, p. 45.
  54. Anne de Staël (2001), p. 136.
  55. Cité dans une lettre du 27 janvier 1953 par Françoise de Staël (1997), p. 1047.
  56. Ameline et al, p. 47.
  57. Marie du Bouchet (2003), p. 47.
  58. Lettre à Léon Degand, avril 1948, Fonds Degand, musée national d'art moderne, Paris.
  59. Par décret du 6 avril 1948, référence 13357x47-75, publié au JO du 18 avril 1948, page 3841. Cote aux Archives nationales : 19780018/82.
  60. Anne de Staël (2001), p. 115.
  61. Ressentiment présent à la fondation Gianadda (juin-octobre 2010) pour la rétrospective de Staël.
  62. Prat Bellet, p. 44.
  63. Ameline et al, p. 99.
  64. Chastel et al, p. 20.
  65. Pierre Lecuire, Journal de années Staël du 22 janvier 1949
  66. a et b Ameline et al, p. 85.
  67. Mansar, p. 61.
  68. a et b Ameline et al, p. 87.
  69. a et b Ameline et al, p. 100.
  70. lettre à Bernard Dorival, septembre 1950, citée parPrat Bellet, p. 199.
  71. Bernard Heitz, article « Nicolas de Staël, les couleurs du tourment », Télérama n° 2374 du 12 juillet 1995, p. 12.
  72. Greilsamer, p. 207.
  73. a et b Françoise de Staël 1997, p. 267.
  74. Ameline et al, p. 90.
  75. a et b Ameline et al, p. 91.
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  77. Greilsamer, p. 215.
  78. Greilsamer, p. 217.
  79. Mansar, p. 115.
  80. Daniel Dobbels (1994), p. 137.
  81. Greilsamer, p. 223.
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  83. Anne de Staël (2001), p. 187.
  84. Introduction au catalogue de l'exposition Nicolas de Saël, Matthiesen Gallery, 21 février-15 mars 1952
  85. Ameline et al, p. 130.
  86. Ameline et al, p. 120-121.
  87. Ameline et al, p. 131.
  88. a et b Greilsamer, p. 220.
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  90. a et b Greilsamer, p. 221.
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  92. Alvard, Degand, van Gindertael, Témoignages pour l'art abstrait, Éditions Art Aujourd'hui, Paris 1952 cité par Ameline et al, p. 123.
  93. André Breton, Entretiens, éditions Gallimard, Paris, 1952, réédition 1960
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  95. a et b Ameline et al, p. 127.
  96. Ameline et al, p. 126.
  97. Greilsamer, p. 229.
  98. Les Musiciens présenté à la fondation Ginadda en 2010.
  99. Françoise de Staël (1997), p. 418.
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  101. Greilsamer, p. 231.
  102. Françoise de Staël (1997), p. 410.
  103. voir Les Indes galantes de Staël.
  104. a b et c Ameline et al, p. 128.
  105. Daniel Dobbels (1994), p. 179.
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  113. Françoise de Staël (1997), p. 516.
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  115. no 20, du , p. 334.
  116. Françoise de Staël (1997), p. 544.
  117. Françoise de Staël (1997), p. 553-561.
  118. Greilsamer, p. 230.
  119. Claudiofza, « René Char – Nicolas de Staël », sur Les vrais voyageurs, .
  120. Harry Bellet, « Au Musée d’art moderne de Paris, Nicolas de Staël comme on ne l’a jamais vu », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  121. Greilsamer 2001, p. 241.
  122. Françoise de Staël1997, p. 1116.
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  125. Françoise de Staël (1997), p. 477.
  126. Françoise de Staël (1997), p. 503.
  127. Vente de Nu couché à un collectionneur privé.
  128. a b et c Ameline et al, p. 171.
  129. Greilsamer, p. 258.
  130. Prat et al (2010), p. 27.
  131. Greilsamer, p. 260.
  132. Greilsamer, p. 261.
  133. a et b Ameline et al, p. 172.
  134. « La passion orageuse de Nicolas de Staël et de Jeanne Mathieu », Le Point, 16 mars 2012.
  135. a et b Greilsamer, p. 265.
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  137. Greilsamer, p. 189.
  138. Françoise de Staël (1997), p. 1263.
  139. Françoise de Staël (1997), p. 763-1264.
  140. [vidéo] Commentaire d'Anne de Staël sur la peinture de son père, document INA.
  141. Françoise de Staël 1997, p. 703.
  142. André Chastel dans Françoise de Staël 1997, p. 192.
  143. (en) John Golding, Sophie Bowness et Isabelle Monod-Fontaine, Braque, the late works, Menil Collection, Yale University Press, , 134 p. (ISBN 978-0-300-07160-3), p. 122.
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  170. Très inégal Nicolas de Staël.
  171. fait la lumière sur Nicolas de Staël.
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  175. Germain Viatte dans Françoise de Staël 1997, p. 1116.
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  177. Vente de Composition (1950).
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    Voir : Harry Bellet, article paru page 15 dans Le Monde du .
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  185. « Pour son film, Godard s’est aussi inspiré de la vie et de l’œuvre du peintre contemporain Nicolas de Staël qui, on le sait, a terminé tragiquement sa vie en se jetant du haut de son atelier à Antibes », in cinerock07.blogspot.com.
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  187. « Exposition de Saint-Pétersbourg », sur hermitagemuseum.org.
  188. N. Gesché-Koning (éd.), Nicolas de Staël. Le terreau d'un apatride. Bruxelles, 1922-1939, Bruxelles 2012, 119 p., ill.
  189. Nicolas de Staël sur muma-lehavre.fr.
  190. Annonce au musée du Havre.
  191. Voir les tableaux cités et les commentaires sur culturebox.francetvinfo.fr.
  192. « Nicolas de Staël », sur mam.paris.fr, (consulté le ).
  193. a et b Ameline et al, p. 51.
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Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Tombe de Nicolas de Staël et Jeannine Guillou au cimetière de Montrouge.

Correspondance[modifier | modifier le code]

Essais et biographies[modifier | modifier le code]

Ouvrages annexes cités en référence[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]