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'''Fangataufa''' est un [[atoll]] situé dans l'[[archipel des Tuamotu]] en [[Polynésie française]], qui appartient en pleine propriété à l'État français depuis 1964. Il a servi {{incise|comme un autre site du Pacifique, l'atoll de [[Moruroa]] distant de {{unité|45|kilomètres}}}} de terrain d'expérimentation pour les [[essais nucléaires français]]. Quatorze essais nucléaires ont eu lieu dont 4 avec [[bombe H]], soit : 4 [[Essai nucléaire|atmosphériques]] dont 2 avec bombe H et 10 [[Essai nucléaire souterrain|souterrains]] avec aussi 2 bombes H.

'''Fangataufa''' est un [[atoll]] situé dans l'[[archipel des Tuamotu]] en [[Polynésie française]]. Celui-ci a servi, comme un autre site du Pacifique, l'atoll de [[Moruroa]] distant de 45 kilomètres, de terrain d'expérimentation pour les [[essais nucléaires français]].


== Géographie ==
== Géographie ==
Fangataufa est un atoll trapézoïdal de 9,5 km de longueur et 9,5 km de largeur maximales, pour une surface de terres émergées de {{unité|5|km|2}} et avec un lagon de {{unité|45|km|2}} accessible par une passe navigable située au nord. Il est situé à 37 km au sud de [[Mururoa]], l'atoll le plus proche et auquel il est administrativement rattaché, à 197 km à l'est de [[Tematangi]], à environ 240 km au sud-ouest des [[îles Gambier]] et à {{unité|1190|km}} au sud-est de [[Tahiti]].
Fangataufa est un atoll trapézoïdal de {{unité|9.5|km}} de longueur et {{unité|9.5|km}} de largeur maximales, pour une surface de terres émergées de {{unité|5|km|2}} et avec un lagon de {{unité|45|km|2}} accessible par une passe navigable située au nord. Il est situé à {{unité|37|km}} au sud de [[Moruroa]], l'atoll le plus proche et auquel il est administrativement rattaché, à {{unité|197|km}} à l'est de [[Tematangi]], à environ {{unité|240|km}} au sud-ouest des [[îles Gambier]] et à {{unité|1190|km}} au sud-est de [[Tahiti]].

D'un point de vue géologique, l'atoll est l'excroissance [[Corail|corallienne]] (de {{unité|345|mètres}}) du sommet du [[Volcan sous-marin|mont volcanique sous-marin]] homonyme – qui mesure {{unité|3250|mètres}} depuis le [[Lithosphère océanique|plancher océanique]] –, formé il y a 33,3 à 34,7 millions d'années<ref>{{lien web|langue=en|url=http://earthref.org/SC/SMNT-222S-1387W/|titre=Fangataufa Atoll|série=Seamount Catalog|site=EarthRef.org}}.</ref>.

L'atoll est totalement inhabité de manière permanente<ref name="ISPF2017"/>.


== Histoire ==
== Histoire ==
La première mention de cet atoll par un Européen est faite le 27 janvier 1826 par le capitaine [[Royaume-Uni|britannique]] [[Frederick William Beechey]]<ref name="Bonvallot">[http://books.google.fr/books?id=w6GQDRJfz3MC&pg=PA283&dq=Fangataufa+Bonvallot&hl=fr&sa=X&ei=su3AUPG7Dce6hAej3IHACA&ved=0CDMQ6AEwAA#v=onepage&q=Fangataufa%20Bonvallot&f=false ''Les Atolls des Tuamotu''] par Jacques Bonvallot, [[Institut de recherche pour le développement|éditions de l'IRD]], 1994, {{ISBN|9782709911757}}, pp.275-282.</ref>{{,}}<ref>[http://books.google.fr/books?id=_IpUCjJ6OgIC&printsec=frontcover&dq=Tahiti+et+ses+archipels&lr=&cd=1#v=onepage&q=&f=false ''Tahiti et ses archipels''] par Pierre-Yves Toullelan, éditions Karthala, 1991, {{ISBN|2-86537-291-X}}, p.61.</ref>. Fangataufa, comme tous les atolls de [[Polynésie française]], devient territoire français en 1841.
La première mention de cet atoll par un Européen est faite le {{date|27|janvier|1826}} par [[Frederick William Beechey]], un capitaine britannique, qui lui donne le nom de « Cockburn Island<ref name="Bonvallot">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jacques|nom1=Bonvallot|prénom2=Pierre|nom2=Laboute|prénom3=Francis|nom3=Rougerie|prénom4=Emmanuel|nom4=Vigneron|titre=Les Atolls des Tuamotu|éditeur=[[Institut de recherche pour le développement|Éditions de l'Orstom]]|lieu=Paris|année=1994|pages totales=296|passage=277|isbn=2-7099-1175-2|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=w6GQDRJfz3MC&pg=PA277}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Pierre-Yves|nom1=Toullelan|titre=Tahiti et ses archipels|éditeur=[[Éditions Karthala|Karthala]]|collection=Méridiens|lieu=Paris|année=1991|pages totales=230|passage=61|isbn=2-86537-291-X|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=_IpUCjJ6OgIC&pg=PA61}}.</ref> », en l'honneur de [[George Cockburn (10e baronnet)|George Cockburn]]<ref>{{Ouvrage|titre=Les atolls de Mururoa et de Fangataufa (Polynésie française) : Les expérimentations nucléaires, aspects radiologiques|éditeur=[[Commissariat à l'énergie atomique]]|nature ouvrage=rapport CEA-R-6136|année=2007|passage=6|isbn=|lire en ligne=http://www.iaea.org/inis/collection/NCLCollectionStore/_Public/39/077/39077318.pdf}}.</ref>.

Fangataufa, comme tous les atolls de [[Polynésie française]], devient territoire français en 1841.

Occupé épisodiquement durant le {{XXe siècle}}, l'atoll est, avec celui de Moruroa, cédé en 1964 par l'[[Assemblée de la Polynésie française|Assemblée territoriale polynésienne]] à l'[[État en France|État français]]<ref>[https://lexpol.cloud.pf/document.php?document=189197&deb=98&fin=99 Délibération {{numéro|64-27}} du 6 février 1964 portant cession gracieuse, par le territoire, des atolls de Moruroa et Fangataufa (Tuamotu) à l'État français], ''Journal officiel de la Polynésie française'', 29 février 1964, {{pp.|98–99}}, sur Lexpol.</ref>{{,}}<ref>[http://lexpol.cloud.pf/document.php?document=189197&deb=97&fin=97 Arrêté {{numéro|290}} AA/DOM du 8 février 1964 rendant exécutoires les délibérations de la commission permanente de l'assemblée territoriale {{numéros|64-26, 64-27 et 64-28}} du 6 février 1964], ''Journal officiel de la Polynésie française'', 29 février 1964, {{p.|97}}, sur Lexpol.</ref> alors à la recherche de sites destinés à prendre la succession de celui de [[Reggane]] (dans le [[Tanezrouft]]) et d'[[In Ecker]] (dans le [[Hoggar]]) au [[Sahara algérien]].


=== Zone d'expérimentations nucléaires ===
=== Zone d'expérimentations nucléaires ===
Occupée épisodiquement durant le {{XXe siècle}}, l'Assemblée territoriale le cède en 1964 à l'État français alors à la recherche de site destiné à prendre la succession de [[Reggane]] dans le [[Sahara]] [[algérie]]n. Le {{1er}} octobre [[1963]], la [[15e régiment du génie de l'air|115{{e}} Compagnie de Bataillon Marche du Génie de l'Air]], est mise à la disposition du Commandement interarmées en vue de son emploi au centre d’expérimentations du Pacifique (CEP), dans le cadre des [[essais nucléaires français]], en [[Polynésie française]]. En [[1968]], la compagnie a exécuté les grands chantiers de terrassement, à Fangataufa avec l’extension de l’infrastructure aérienne et routière : {{unité|90000|m|2}} de revêtement de la piste d’aviation et des servitudes<ref>[http://gadper.free.fr/public/Polynesie/les_anciens_racontent/HISTOIRE_DE_LA_115eme_COMPAGNIE_DE_MARCHE_DU_GENIE_DE_L_AIR.html Histoire de la 115e CMGA].</ref>. Quatre explosions nucléaires aériennes y ont été effectuées entre [[1966]]<ref>Les atolls de [[Moruroa]] et Fangataufa sont cédés par délibération du Territoire de Polynésie {{numéro}}64-27 du 6 février [[1964]], rendue exécutoire par arrêté {{numéro}}290/AA/DOM du 8 février [[1964]]</ref> et [[1970]] dont le {{Date|24|août|1968}}, le premier essai français de [[bombe H]] ([[Canopus (essais nucléaires)|opération Canopus]]), et 10 explosions souterraines de 1988 à 1996.
Le {{date|1 octobre 1963}}, la [[15e régiment du génie de l'air|{{115e}} Compagnie de marche du génie de l'air]] (CMGA) est mise à la disposition du Commandement interarmées en vue de son emploi au Centre d'expérimentations du Pacifique (CEP), dans le cadre des [[essais nucléaires français]], en [[Polynésie française]]. En [[1968]], la compagnie exécute les grands chantiers de terrassement sur l'atoll, avec l'extension de l'infrastructure aérienne et routière : {{unité|90000|m|2}} de revêtement de la piste d'aviation et des servitudes<ref>{{lien web|url=http://gadper.free.fr/public/Polynesie/les_anciens_racontent/HISTOIRE_DE_LA_115eme_COMPAGNIE_DE_MARCHE_DU_GENIE_DE_L_AIR.html|titre=Histoire de la {{115e}} Compagnie de marche du génie de l'air|prénom1=Pierre|nom1=Lajaunie|série=Souvenirs des anciens des atolls de Polynésie}}.</ref>. Quatre explosions nucléaires aériennes y sont effectuées entre [[1966]] et [[1970]] dont le {{Date|24|août|1968}}, le premier essai français de [[bombe H]] (''[[Canopus (essais nucléaires)|Canopus]]''), et 10 explosions souterraines de 1988 à 1996, dont 2 sous la couronne corallienne et 8 sous le lagon<ref>{{Chapitre |langue=fr |titre chapitre=Annexe 2 : Liste des essais atmosphériques et souterrains réalisés au CEP |titre ouvrage=La dimension radiologique des essais nucléaires français en Polynésie |année=2006 |mois=12 |pages totales=476 |isbn=978-2-11-096780-0 |lire en ligne=https://www.francetnp.gouv.fr/IMG/pdf/La_dimension_radiologique_des_essais_nucleaires_francais_en_Polynesie.pdf |passage=353-358 |format=pdf }}.</ref>.

=== Depuis 1998 ===
L'île fait l'objet, depuis 1998, d'une surveillance radiologique avec une campagne annuelle de prélèvements d'échantillons dans l'environnement menée par des personnels de la [[ministère de la Défense (France)|Défense]], du [[Commissariat à l'énergie atomique]] (CEA) et de Polynésiens.


Le {{date-|15 octobre 2006}}, l'[[Assemblée de la Polynésie française|Assemblée de Polynésie]] adopte un rapport sur les conséquences des essais nucléaires qui conclut que {{citation|les essais nucléaires ont eu un impact majeur sur la santé, l'environnement, la société et l'économie polynésienne}}<ref>{{pdf}} [http://www.obsarm.org/news/2006/Cesc-Rap139.pdf Rapport sur la reconnaissance par l'État des droits des victimes des essais nucléaires français et leurs impacts sur l'environnement, l'économie, le social et la santé publique en Polynésie française] du [[Conseil économique, social et culturel de Polynésie française]].</ref>. Le [[Conseil économique, social et culturel de Polynésie française|Conseil économique, social et culturel]] à l'origine de ce rapport recommande que {{citation|l'État reconnaisse le fait nucléaire et assume en conséquence sa pleine responsabilité}}. Les sous-sols de Mururoa et de Fangataufa recéleraient près de 500 kg de plutonium<ref>{{lien web |langue=fr |titre=État des lieux à Moruroa et Fangataufa |url=http://moruroa.assemblee.pf/Texte.aspx?t=259 |site=moruroa.assemblee.pf |date=2006 |consulté le=03/04/2024 }}.</ref>.
L'île aujourd'hui inhabitée par l'homme fait l'objet, depuis 1998, d'une surveillance radiologique avec une campagne annuelle de prélèvements d'échantillons dans l'environnement menées par des personnels de la [[ministère de la Défense (France)|Défense]], du [[Commissariat à l'énergie atomique]] (CEA) et de Polynésiens.


En 2012, le [[Sénat (France)|Sénat]] fait une proposition de loi visant à rétrocéder Moruroa et Fangataufa à la collectivité de Polynésie française ; le [[Gouvernement Jean-Marc Ayrault (2)|gouvernement Ayrault]] n'inscrit pas la loi à l'ordre du jour de l'[[Assemblée nationale (France)|Assemblée nationale]]<ref>[http://questions.assemblee-nationale.fr/q14/14-5966QE.htm Question {{numéro|5966}} et réponse] publiées au ''[[Journal officiel]]'' des 2 octobre 2012, {{p.|5306}} (question) et 5 mars 2013, {{p.|2570}} (réponse), sur le site de l'[[Assemblée nationale (France)|Assemblée nationale]].</ref>.
Le 15 octobre 2006, l'Assemblée de Polynésie adopte un rapport sur les conséquences des essais nucléaires qui conclut que ''les essais nucléaires ont eu un impact majeur sur la santé, l’environnement, la société et l’économie polynésienne''<ref>{{pdf}} [http://www.obsarm.org/news/2006/Cesc-Rap139.pdf Rapport sur la reconnaissance par l’État des droits des victimes des essais nucléaires français et leurs impacts sur l’environnement, l’économie, le social et la santé publique en Polynésie française] du Conseil économique, social et culturel de Polynésie Française</ref>. Le Conseil économique, social et culturel à l'origine de ce rapport recommande que ''l’État reconnaisse le fait nucléaire et assume en conséquence sa pleine responsabilité.''


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Références|colonnes=2}}
<references/>


== Annexe ==
== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* [[Essais nucléaires français]]
* [[Essais nucléaires français]]
* [[Moruroa]]
* [[Moruroa]]
* ''[[Alerte sur Fangataufa]]'' la bande dessinée de [[Philippe Geluck]] et [[Christophe de Viguerie]]
* ''[[Alerte sur Fangataufa]]'', la bande dessinée de [[Philippe Geluck]] et [[Christophe de Viguerie]]
* [[Messages d'avertissement de longue durée sur les déchets nucléaires]]


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* [http://www.partenaire-info.net/geovoyages/pages_sites/poly_fra/fangataufa/fangataufa_1.html Fangataufa : le petit frère de Moruroa]
* [http://www.partenaire-info.net/geovoyages/pages_sites/poly_fra/fangataufa/fangataufa_1.html Fangataufa : le petit frère de Moruroa]
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Dernière version du 19 avril 2024 à 19:53

Fangataufa
Vue satellite de la NASA.
Vue satellite de la NASA.
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Archipel Tuamotu
Localisation Océan Pacifique
Coordonnées 22° 15′ S, 138° 45′ O
Superficie km2
Géologie Atoll
Administration
Statut Possession française sous l'autorité directe du gouvernement
Démographie
Population Aucun habitant (2017[1])
Autres informations
Découverte 1826
Fuseau horaire UTC-10
Géolocalisation sur la carte : îles Tuamotu
(Voir situation sur carte : îles Tuamotu)
Fangataufa
Fangataufa
Géolocalisation sur la carte : Polynésie française
(Voir situation sur carte : Polynésie française)
Fangataufa
Fangataufa
Îles en France

Fangataufa est un atoll situé dans l'archipel des Tuamotu en Polynésie française, qui appartient en pleine propriété à l'État français depuis 1964. Il a servi — comme un autre site du Pacifique, l'atoll de Moruroa distant de 45 kilomètres — de terrain d'expérimentation pour les essais nucléaires français. Quatorze essais nucléaires ont eu lieu dont 4 avec bombe H, soit : 4 atmosphériques dont 2 avec bombe H et 10 souterrains avec aussi 2 bombes H.

Géographie[modifier | modifier le code]

Fangataufa est un atoll trapézoïdal de 9,5 km de longueur et 9,5 km de largeur maximales, pour une surface de terres émergées de 5 km2 et avec un lagon de 45 km2 accessible par une passe navigable située au nord. Il est situé à 37 km au sud de Moruroa, l'atoll le plus proche et auquel il est administrativement rattaché, à 197 km à l'est de Tematangi, à environ 240 km au sud-ouest des îles Gambier et à 1 190 km au sud-est de Tahiti.

D'un point de vue géologique, l'atoll est l'excroissance corallienne (de 345 mètres) du sommet du mont volcanique sous-marin homonyme – qui mesure 3 250 mètres depuis le plancher océanique –, formé il y a 33,3 à 34,7 millions d'années[2].

L'atoll est totalement inhabité de manière permanente[1].

Histoire[modifier | modifier le code]

La première mention de cet atoll par un Européen est faite le par Frederick William Beechey, un capitaine britannique, qui lui donne le nom de « Cockburn Island[3],[4] », en l'honneur de George Cockburn[5].

Fangataufa, comme tous les atolls de Polynésie française, devient territoire français en 1841.

Occupé épisodiquement durant le XXe siècle, l'atoll est, avec celui de Moruroa, cédé en 1964 par l'Assemblée territoriale polynésienne à l'État français[6],[7] alors à la recherche de sites destinés à prendre la succession de celui de Reggane (dans le Tanezrouft) et d'In Ecker (dans le Hoggar) au Sahara algérien.

Zone d'expérimentations nucléaires[modifier | modifier le code]

Le , la 115e Compagnie de marche du génie de l'air (CMGA) est mise à la disposition du Commandement interarmées en vue de son emploi au Centre d'expérimentations du Pacifique (CEP), dans le cadre des essais nucléaires français, en Polynésie française. En 1968, la compagnie exécute les grands chantiers de terrassement sur l'atoll, avec l'extension de l'infrastructure aérienne et routière : 90 000 m2 de revêtement de la piste d'aviation et des servitudes[8]. Quatre explosions nucléaires aériennes y sont effectuées entre 1966 et 1970 dont le , le premier essai français de bombe H (Canopus), et 10 explosions souterraines de 1988 à 1996, dont 2 sous la couronne corallienne et 8 sous le lagon[9].

Depuis 1998[modifier | modifier le code]

L'île fait l'objet, depuis 1998, d'une surveillance radiologique avec une campagne annuelle de prélèvements d'échantillons dans l'environnement menée par des personnels de la Défense, du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et de Polynésiens.

Le , l'Assemblée de Polynésie adopte un rapport sur les conséquences des essais nucléaires qui conclut que « les essais nucléaires ont eu un impact majeur sur la santé, l'environnement, la société et l'économie polynésienne »[10]. Le Conseil économique, social et culturel à l'origine de ce rapport recommande que « l'État reconnaisse le fait nucléaire et assume en conséquence sa pleine responsabilité ». Les sous-sols de Mururoa et de Fangataufa recéleraient près de 500 kg de plutonium[11].

En 2012, le Sénat fait une proposition de loi visant à rétrocéder Moruroa et Fangataufa à la collectivité de Polynésie française ; le gouvernement Ayrault n'inscrit pas la loi à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale[12].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Répartition de la population de la Polynésie française par île en 2017, Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF), consulté le 27 février 2019.
  2. (en) « Fangataufa Atoll », Seamount Catalog, sur EarthRef.org.
  3. Jacques Bonvallot, Pierre Laboute, Francis Rougerie et Emmanuel Vigneron, Les Atolls des Tuamotu, Paris, Éditions de l'Orstom, , 296 p. (ISBN 2-7099-1175-2, lire en ligne), p. 277.
  4. Pierre-Yves Toullelan, Tahiti et ses archipels, Paris, Karthala, coll. « Méridiens », , 230 p. (ISBN 2-86537-291-X, lire en ligne), p. 61.
  5. Les atolls de Mururoa et de Fangataufa (Polynésie française) : Les expérimentations nucléaires, aspects radiologiques (rapport CEA-R-6136), Commissariat à l'énergie atomique, (lire en ligne), p. 6.
  6. Délibération no 64-27 du 6 février 1964 portant cession gracieuse, par le territoire, des atolls de Moruroa et Fangataufa (Tuamotu) à l'État français, Journal officiel de la Polynésie française, 29 février 1964, pp. 98–99, sur Lexpol.
  7. Arrêté no 290 AA/DOM du 8 février 1964 rendant exécutoires les délibérations de la commission permanente de l'assemblée territoriale nos 64-26, 64-27 et 64-28 du 6 février 1964, Journal officiel de la Polynésie française, 29 février 1964, p. 97, sur Lexpol.
  8. Pierre Lajaunie, « Histoire de la 115e Compagnie de marche du génie de l'air », Souvenirs des anciens des atolls de Polynésie.
  9. « Annexe 2 : Liste des essais atmosphériques et souterrains réalisés au CEP », dans La dimension radiologique des essais nucléaires français en Polynésie, , 476 p. (ISBN 978-2-11-096780-0, lire en ligne [PDF]), p. 353-358.
  10. [PDF] Rapport sur la reconnaissance par l'État des droits des victimes des essais nucléaires français et leurs impacts sur l'environnement, l'économie, le social et la santé publique en Polynésie française du Conseil économique, social et culturel de Polynésie française.
  11. « État des lieux à Moruroa et Fangataufa », sur moruroa.assemblee.pf, (consulté le ).
  12. Question no 5966 et réponse publiées au Journal officiel des 2 octobre 2012, p. 5306 (question) et 5 mars 2013, p. 2570 (réponse), sur le site de l'Assemblée nationale.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]