« Ikiza » : différence entre les versions

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== Évènements ==
== Évènements ==
=== Soulèvement des Hutus ===
Article archifaux.
Le 29 avril, entre 20h et 21h, des militants hutus entreprennent une série d'attaques à [[Bujumbura]] et dans les provinces méridionales de [[Province de Rumonge|Rumonge]], [[Province de Makamba|Makamba]] et [[Province de Bururi|Bururi]]{{sfn|Lemarchand|Martin|1974|p=14}}. Dans chaque point chaud, les rebelles se rassemblent autour d'un groupe d'individus portant un « uniforme » composé de chemises noires, de tatouages, d'un bandana rouge ou de pots de peinture repeints en rouge{{sfn|Weinstein|1974|p=46}}. Les individus en question, qui opèrent par bandes de 10 à 30 participants, possèdent des armes automatiques, des machettes et des lances{{sfn|Lemarchand|Martin|1974|p=14}}. Les militants sont rejoints par des exilés [[Zaïre|zaïrois]], surnommés les « Mulelistes ». En effet, le Burundi à l'époque héberge des milliers d'exilés zaïrois dont la culture est différente de celle des Burundiens mais qui partagent leurs griefs envers le « Groupe de Bururi » et se montrent réceptifs à l'hostilité envers le régime de Micombero. Le terme « Muleliste » provient du nom de [[Pierre Mulele]], qui a mené une [[Rébellion du Kwilu|rébellion comparable en Zaïre central]] entre 1964 et 1965. En réalité, les rebelles zaïrois qui ont rejoint les militants huts sont principalement d'anciens partisans de Gaston Soumialot, qui a dirigé une [[Rébellion Simba|rébellion similaire au Zaïre de l'Est]] à la même époque{{sfn|Lemarchand|Martin|1974|pp=14, 23}}{{,}}{{efn|Historian Aiden Russell wrote, "This portrayal [of the rebels as Mulelists] served a special purpose in currying foreign favor, or at least indulgence; given [[Mobutu Sese Seko|Mobutu]]'s early struggles against the Mulelists and the United States' fears of their Communist aspirations, this was a productive line of rhetoric. Mobutu's swift support to Micombero, and perhaps the general U.S. silence on the subsequent state violence, suggested it was substantially effective."{{sfn|Russell|2015b|p=80}}}}. Les rebelles s'en prennent aux Tutsis et commettent de nombreuses atrocités{{sfn|Lemarchand|2009|p=136}}, brûlent les maisons, abattent les troupeaux{{sfn|Chrétien|Dupaquier|2007|p=89}}. Au Bururi, ils assassinent toutes les autorités civiles et militaires. Ils mettent la main sur les armureries à Rumonge et Nyanza-Lac, où ils tuent chaque Tutsi qu'ils rencontrent ainsi que de nombreux Hutus qui refusent de les rejoindre{{sfn|Lemarchand|2009|p=136}}. Les paysans hutus et tutsis de [[Vyanda]] s'unissent pour tenter de repousser les assaillants{{sfn|Chrétien|Dupaquier|2007|p=89}}. Les missionnaires estiment que les rebelles ont tué entre 800 et {{formatnum:1200}} Tutsi et Hutus entre le 29 avril et le 5 mai ; la majorité de victimes sont des Tutsis{{sfn|Chrétien|Dupaquier|2007|p=140}}. [[René Lemarchand]] propose une fourchette de {{formatnum:1000}} à {{formatnum:2000}} Tutsi tués comme un nombre vraisemblable{{sfn|Lemarchand|2009|p=136}}. Après avoir obtenu le contrôle des territoires du Sud, les rebelles se rassemblent à Vyanda et proclament la création de la « [[République de Martyazo]] »{{sfn|Lemarchand|2009|p=136}}. Dans les territoires qu'ils contrôlent, les rebelles arborent un drapeau rouge et vert et ils soumettent les Tutsis capturés à des « tribunaux populaires »{{sfn|Chrétien|Dupaquier|2007|pp=89–90}}.

En fin de soirée le 29 avril, la Voix de la Révolution diffuse une déclaration d'[[état d'urgence]]{{sfn|Russell|2019|p=228}}. À Bujumbura, les rebelles tentent de s'emparer de la station de radio mais ils manquent leur effet de surprise et entreprennent bientôt des attaques erratiques contre les Tutsis. Les officiers de l'Armée ne tardent pas à mobiliser leurs troupes et à neutraliser les rebelles de la ville en 24 heures{{sfn|Weinstein|1974|p=46}}. La même nuit, Ntare est exécuté à Gitega par les soldats du gouvernement{{sfn|Chrétien|Dupaquier|2007|pp=129–130}}. Jean-Pierre Chrétien et Jean-François Dupaquier, après analyse de plusieurs témoignages, concluent que Ntare meurt par balles et par des coups d'arme blanche aux mains d'un groupe d'environ 12 soldats sous le commandement du capitaine Ntabiraho, qui a reçu les ordres de Micombero vers 23h15{{sfn|Chrétien|Dupaquier|2007|pp=130–131}}. Le 30 avril, Micombero rétablit les procureurs Cyrille Nzohabonayo et Bernard Kayibigi afin qu'ils l'aident à mater l'insurrection{{sfn|Russell|2019|p=236}}{{,}}{{sfn|Chrétien|Dupaquier|2007|p=150}}. Les médias publics annoncent l'établissement de gouverneurs militaires en remplacement des autorités civiles dans chaque province, révèlent la mort de Ntare ; les médias disent que des monarchistes ont pris d'assaut son palais à Gitega dans l'intention de le libérer et qu'il est mort dans l'attaque{{sfn|Chrétien|Dupaquier|2007|p=150}}.

Le même jour, Micombero sollicite l'assistance du gouvernement du Zaïre pour mater la révolte. Le président [[Mobutu Sese Seko]] réagit en envoyant une [[Forces armées de la république démocratique du Congo|compagnie de parachutistes]] à Bujumbura, chargée d'occuper l'aéroport et de garder les lieux stratégiques de la ville{{sfn|Melady|1974|p=14}}. En outre, Micombero lui emprunte quelques jets pour des opérations de reconnaissance aérienne{{sfn|CIA|1972|p=6}}. Ces actes permettent à Micombero de garder la capitale sous contrôle et de libérer les troupes burundaises qui sont envoyées combattre l'insurrection dans le Sud. L'armée zaïroise se retire une semaine plus tard. Le président tanzanien [[Julius Nyerere]] envoie 24 tonnes de munitions à l'armée burundaises pour l'aider dans sa campagne{{sfn|Melady|1974|pp=14–15}}{{,}}{{efn|According to [[Warren Weinstein]], "It is reported" that the Chinese government had pressured the Tanzanian government to send the "Chinese-provided" ammunition to Burundi.{{sfn|Weinstein|1975|p=71}}}}. Quand la portée des opérations de représailles devient connue, Mobutu et Nyerere refusent de prêter davantage leur aide à Micombero{{sfn|CIA|1972|p=6}}. Le gouvernement français vend des armes au régime burundais et plusieurs pilotes français sont envoyés combattre la rébellion{{sfn|Weinstein|1976b|p=162}}{{,}}{{efn|France signed a technical assistance agreement with Burundi concerning its army air force in 1969.{{sfn|Lott|2018|p=356}}}}. L'Ouganda et la Libye ont aussi offert au Burundi leur appui technique pour enrayer la révolte{{sfn|Daley|2008|p=71}}.

Le gouvernement burundais lance une première contre-attaque avec des soldats de Bujumbura et des camps militaires de Bururi. Le {{date|01|mai}}, les troupes de Bujumbura sécurisent Rumonge et le lendemain, les soldats de Gitega occupent Nyanza-Lac. Les témoins disent que tous les rebelles capturés par l'armée subissent des [[exécution sommaire|exécutions sommaires]] et sont enterrés dans des [[Charnier (tombe)|charniers]]. Toutes les personnes qui ont fui dans la brousse ou qui portent des marques de [[scarification]] sont catégorisées comme des « rebelles » et traquées. Ces exactions provoquent un exode de milliers de réfugiés vers le Zaïre et la Tanzanie, surtout de la part des anciens habitants des côtes du [[Lac Tanganyika]]. Un hélicoptère burundais lâche des tracts indiquant que l'ordre serait bientôt rétabli tandis qu'un autre mitraille les civils en fuite. Entre le 30 avril et le 5 mai, l'armée se concentre sur la reprise des rivages du [[Lac Tanganyika]]{{sfn|Chrétien|Dupaquier|2007|p=139}}. Le 10 mai, le gouvernement annonce que l'armée a repris le contrôle des régions du Sud, même s'il reste encore des combats{{sfn|Weinstein|1974|p=47}}.


=== Tueries de masse ===
=== Tueries de masse ===
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Waldheim informed the [[Burundian Permanent Representative to the United Nations in New York|Burundian Permanent Representative]] that the UN was concerned about the situation in the country.{{sfn|Kuper|1981|p=164}} OAU Secretary General [[Diallo Telli]] visited Burundi on 22 May for a "fact-finding" mission,{{sfn|Melady|1974|pp=23–24}} and declared that his presence indicated the OAU's solidarity with Micombero,{{sfn|Kuper|1981|p=164}} pledging his "full support" to the president. Many Western diplomats were shocked by this statement.{{sfn|Melady|1974|p=24}} The United States Department of State later reported that Telli had confided in a diplomat that he had urged Micombero to stop the killings, as they reflected poorly on Africa.{{sfn|Melady|1974|p=24}} The following month the OAU held a conference in [[Rabat]].{{sfn|Kuper|1981|p=164}} The Burundian delegation declared that the crisis in Burundi was primarily due to outsiders acting on the behalf of neocolonialists and that the country had no problem with ethnic relations.{{sfn|Melady|1974|pp=25–26}} The OAU Ministerial Council passed a resolution stating that it was assured that Micombero's actions would quickly restore peace and Burundian national unity.{{sfn|Kuper|1981|p=164}} A handful of African delegates privately expressed their dissatisfaction with this gesture.{{sfn|Melady|1974|p=26}} Aside from Kayibanda of Rwanda, most African heads of state made no public condemnation of the killings in Burundi, though the National Union of Students of Uganda did so on July 16.{{sfn|Melady|1974|pp=27–28}} On 21 August the [[United Nations Development Programme]]'s representative in Burundi left the country to protest the murder of Hutus.{{sfn|Weinstein|1976a|p=42}} The Rwandan government formally accused Burundi of committing genocide against Hutus at an OAU meeting in May 1973.{{sfn|Weinstein|1976a|p=50}}
Waldheim informed the [[Burundian Permanent Representative to the United Nations in New York|Burundian Permanent Representative]] that the UN was concerned about the situation in the country.{{sfn|Kuper|1981|p=164}} OAU Secretary General [[Diallo Telli]] visited Burundi on 22 May for a "fact-finding" mission,{{sfn|Melady|1974|pp=23–24}} and declared that his presence indicated the OAU's solidarity with Micombero,{{sfn|Kuper|1981|p=164}} pledging his "full support" to the president. Many Western diplomats were shocked by this statement.{{sfn|Melady|1974|p=24}} The United States Department of State later reported that Telli had confided in a diplomat that he had urged Micombero to stop the killings, as they reflected poorly on Africa.{{sfn|Melady|1974|p=24}} The following month the OAU held a conference in [[Rabat]].{{sfn|Kuper|1981|p=164}} The Burundian delegation declared that the crisis in Burundi was primarily due to outsiders acting on the behalf of neocolonialists and that the country had no problem with ethnic relations.{{sfn|Melady|1974|pp=25–26}} The OAU Ministerial Council passed a resolution stating that it was assured that Micombero's actions would quickly restore peace and Burundian national unity.{{sfn|Kuper|1981|p=164}} A handful of African delegates privately expressed their dissatisfaction with this gesture.{{sfn|Melady|1974|p=26}} Aside from Kayibanda of Rwanda, most African heads of state made no public condemnation of the killings in Burundi, though the National Union of Students of Uganda did so on July 16.{{sfn|Melady|1974|pp=27–28}} On 21 August the [[United Nations Development Programme]]'s representative in Burundi left the country to protest the murder of Hutus.{{sfn|Weinstein|1976a|p=42}} The Rwandan government formally accused Burundi of committing genocide against Hutus at an OAU meeting in May 1973.{{sfn|Weinstein|1976a|p=50}}


Aside from the diplomatic protests and the procuring of humanitarian aid, no steps were taken by the international community to stop the genocide.{{sfn|Kuper|1981|p=164}} United States Department of State officials concluded that "there could be no interference in the internal affairs of Burundi" for fear of aggravating anti-imperialist sentiment in Africa.{{sfn|Melady|1974|p=22}} The [[United States National Security Council]] closely monitored Burundian affairs in case events there were to "break more sharply into the public view than has thus far been the case."{{sfn|Taylor|2012|p=28}} This did not occur, as most news stories about Burundi faded by July.{{sfn|Taylor|2012|pp=28–29}} In September President [[Richard Nixon]] became intrigued by the events in Burundi and began requesting information on the State Department's response to the killings.{{sfn|Taylor|2012|p=22}} State officials maintained that they had taken the best course of action and that they held little leverage in Burundi, neglecting to mention that the United States was the chief importer of Burundian coffee.{{sfn|Taylor|2012|p=23}} United States National Security Adviser [[Henry Kissinger]] wrote a memo on the genocide to Nixon, arguing that since the United States had few strategic interests in the country that it should limit its involvement in the affair. Nixon reacted angrily to the cautious advice of the document, writing in its margins that "This is one of the most cynical, callous reactions of a great government to a terrible human tragedy I have ever seen."<ref name= lynch/> He added, "Tell the weak sister[s] in the [[Bureau of African Affairs|African Bureau of State]] to give a recommendation as to how we can at least show moral outrage. And let's begin by calling back our Ambassador immediately for consultation. Under no circumstances will I appoint a new Ambassador to present credentials to these butchers."<ref name= lynch>{{article| nom = Lynch| prénom = Colum| titre = Document of the Week: Nixon's Little-Known Crusade Against Genocide in Burundi| journal = Foreign Policy| date = 31 May 2019| url = https://foreignpolicy.com/2019/05/31/document-of-the-week-nixons-little-known-crusade-against-genocide-in-burundi/| consulté le = 5 novembre 2019}}</ref> [[Robert L. Yost]], Melady's replacement (Melady had been reassigned), was recalled from Burundi in 1973.{{sfn|Taylor|2012|p=45}}<ref>{{article| nom = Melady| prénom = Thomas Patrick| titre = To Stop the Killing, Partition Burundi| journal = The New York Times| page = A25| date = 1 September 1988}}</ref> This coincided with the termination of all bilateral cultural exchange and economic aid programs. Humanitarian aid was left to continue under the condition that it was fairly distributed to all Burundians.{{sfn|Taylor|2012|p=48}} The State Department arranged for diplomat [[David D. Newsom]] to meet Burundian Ambassador Terence Tsanze on 18 October to explain that the actions were meant to protest the anti-Hutu violence. Tsanze responded defensively, arguing that the Hutu uprising had posed the greatest threat to Micombero's government to date, denying that ethnicity was a major factor in the reprisals, and maintaining that all foreign aid was equitably distributed.{{sfn|Taylor|2012|pp=48–49}} The United States normalised its relations with Burundi in January 1974.{{sfn|Taylor|2012|p=57}}{{sfn|Weinstein|1976a|p=259}}
Aside from the diplomatic protests and the procuring of humanitarian aid, no steps were taken by the international community to stop the genocide.{{sfn|Kuper|1981|p=164}} United States Department of State officials concluded that "there could be no interference in the internal affairs of Burundi" for fear of aggravating anti-imperialist sentiment in Africa.{{sfn|Melady|1974|p=22}} The [[United States National Security Council]] closely monitored Burundian affairs in case events there were to "break more sharply into the public view than has thus far been the case."{{sfn|Taylor|2012|p=28}} This did not occur, as most news stories about Burundi faded by July.{{sfn|Taylor|2012|pp=28–29}} In September President [[Richard Nixon]] became intrigued by the events in Burundi and began requesting information on the State Department's response to the killings.{{sfn|Taylor|2012|p=22}} State officials maintained that they had taken the best course of action and that they held little leverage in Burundi, neglecting to mention that the United States was the chief importer of Burundian coffee.{{sfn|Taylor|2012|p=23}} United States National Security Adviser [[Henry Kissinger]] wrote a memo on the genocide to Nixon, arguing that since the United States had few strategic interests in the country that it should limit its involvement in the affair. Nixon reacted angrily to the cautious advice of the document, writing in its margins that "This is one of the most cynical, callous reactions of a great government to a terrible human tragedy I have ever seen."<ref name= lynch/> He added, "Tell the weak sister[s] in the [[Bureau of African Affairs|African Bureau of State]] to give a recommendation as to how we can at least show moral outrage. And let's begin by calling back our Ambassador immediately for consultation. Under no circumstances will I appoint a new Ambassador to present credentials to these butchers."<ref name= lynch>{{article| nom = Lynch| prénom = Colum| titre = Document of the Week: Nixon's Little-Known Crusade Against Genocide in Burundi| journal = Foreign Policy| date = 31 May 2019| url = https://foreignpolicy.com/2019/05/31/document-of-the-week-nixons-little-known-crusade-against-genocide-in-burundi/| consulté le = 5 novembre 2019}}</ref> [[Robert L. Yost]], Melady's replacement (Melady had been reassigned), was recalled from Burundi in 1973.{{sfn|Taylor|2012|p=45}}{{,}}<ref>{{article| nom = Melady| prénom = Thomas Patrick| titre = To Stop the Killing, Partition Burundi| journal = The New York Times| page = A25| date = 1 September 1988}}</ref> This coincided with the termination of all bilateral cultural exchange and economic aid programs. Humanitarian aid was left to continue under the condition that it was fairly distributed to all Burundians.{{sfn|Taylor|2012|p=48}} The State Department arranged for diplomat [[David D. Newsom]] to meet Burundian Ambassador Terence Tsanze on 18 October to explain that the actions were meant to protest the anti-Hutu violence. Tsanze responded defensively, arguing that the Hutu uprising had posed the greatest threat to Micombero's government to date, denying that ethnicity was a major factor in the reprisals, and maintaining that all foreign aid was equitably distributed.{{sfn|Taylor|2012|pp=48–49}} The United States normalised its relations with Burundi in January 1974.{{sfn|Taylor|2012|p=57}}{{,}}{{sfn|Weinstein|1976a|p=259}}
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The Ikiza secured the domination of Burundian society by Tutsis, particularly the Hima.{{sfn|Kay|1987|p=6}} The Banyaruguru elites who had sparred with Micombero's regime moved to support the Hima leaders, seeing the Hutu uprising as presenting a greater threat to themselves.{{sfn|Stapleton|2017|p=73}} Some of the underlying tension persisted, leading the president to dismiss his Banyarugu prime minister in 1973 and assume personal control over key ministerial portfolios.{{sfn|Daley|2008|p=70}} Thousands of Hutus and Tutsis were rendered internally displaced by the violence of 1972.{{sfn|Melady|1974|p=31}} In the event's aftermath, the surviving educated Hutus were almost entirely excluded from leading positions in the army, the civil service, state enterprises, and higher-level educational institutions.{{sfn|Kay|1987|p=6}} What Hutus were left in the civil service were kept there largely for appearances.{{sfn|Charny|1999|p=510}} The virtual elimination of a generation of educated Hutus also ensured Tutsi dominance of the judiciary for decades.{{sfn|Annan|2005|p=17}} The purges shrunk the size of the armed forces.<ref name= meisler/> The killings also caused limited harm to the economy, as the loss of Hutu workers in the coffee industry disrupted its transport and storage. Many Hutu farmers fled the violence and their crops were burned, but since most of these ran [[subsistence agriculture]] operations, their destruction had little national impact.{{sfn|CIA|1972|pp=5–6}} From 1973 to 1980, many Hutu students from Burundi pursued their secondary educations in neighboring countries.{{sfn|Kay|1987|p=7}} Within Burundi, the month of May—the anniversary of the Ikiza—generated anxiety among Hutu students, and this was reportedly exploited by Tutsi authorities to prevent them from passing their annual exams.{{sfn|Loft|1988|p=92}} In 1974 Micombero declared a general amnesty for Hutu refugees.{{sfn|Kay|1987|p=10}} His regime remained hostile to the exiles, however; in 1975 the government killed a group of repatriated refugees in [[Nyanza Lac]] one year after their return.{{sfn|Daley|2008|p=70}} Throughout the 1970s the Burundian government produced propaganda that portrayed the country as united and without ethnic problems. Nevertheless, its position remained precarious and fears of another Hutu uprising led to increased appropriations for the army.{{sfn|Daley|2008|pp=72–73}} The repressiveness of the Ikiza successfully dampened the prospects of anti-regime actions, and Burundi was unprecedently free of conflict until 1988.{{sfn|Lemarchand|2009|p=138}} Burundi received little military aid from Western powers following the killings with the exception of France. In turn, the country deepened its military ties with [[Eastern Bloc]] states.{{sfn|Lott|2018|p=357}}
The Ikiza secured the domination of Burundian society by Tutsis, particularly the Hima.{{sfn|Kay|1987|p=6}} The Banyaruguru elites who had sparred with Micombero's regime moved to support the Hima leaders, seeing the Hutu uprising as presenting a greater threat to themselves.{{sfn|Stapleton|2017|p=73}} Some of the underlying tension persisted, leading the president to dismiss his Banyarugu prime minister in 1973 and assume personal control over key ministerial portfolios.{{sfn|Daley|2008|p=70}} Thousands of Hutus and Tutsis were rendered internally displaced by the violence of 1972.{{sfn|Melady|1974|p=31}} In the event's aftermath, the surviving educated Hutus were almost entirely excluded from leading positions in the army, the civil service, state enterprises, and higher-level educational institutions.{{sfn|Kay|1987|p=6}} What Hutus were left in the civil service were kept there largely for appearances.{{sfn|Charny|1999|p=510}} The virtual elimination of a generation of educated Hutus also ensured Tutsi dominance of the judiciary for decades.{{sfn|Annan|2005|p=17}} The purges shrunk the size of the armed forces.<ref name= meisler/> The killings also caused limited harm to the economy, as the loss of Hutu workers in the coffee industry disrupted its transport and storage. Many Hutu farmers fled the violence and their crops were burned, but since most of these ran [[subsistence agriculture]] operations, their destruction had little national impact.{{sfn|CIA|1972|pp=5–6}} From 1973 to 1980, many Hutu students from Burundi pursued their secondary educations in neighboring countries.{{sfn|Kay|1987|p=7}} Within Burundi, the month of May—the anniversary of the Ikiza—generated anxiety among Hutu students, and this was reportedly exploited by Tutsi authorities to prevent them from passing their annual exams.{{sfn|Loft|1988|p=92}} In 1974 Micombero declared a general amnesty for Hutu refugees.{{sfn|Kay|1987|p=10}} His regime remained hostile to the exiles, however; in 1975 the government killed a group of repatriated refugees in [[Nyanza Lac]] one year after their return.{{sfn|Daley|2008|p=70}} Throughout the 1970s the Burundian government produced propaganda that portrayed the country as united and without ethnic problems. Nevertheless, its position remained precarious and fears of another Hutu uprising led to increased appropriations for the army.{{sfn|Daley|2008|pp=72–73}} The repressiveness of the Ikiza successfully dampened the prospects of anti-regime actions, and Burundi was unprecedently free of conflict until 1988.{{sfn|Lemarchand|2009|p=138}} Burundi received little military aid from Western powers following the killings with the exception of France. In turn, the country deepened its military ties with [[Eastern Bloc]] states.{{sfn|Lott|2018|p=357}}


In 1976 Micombero was overthrown in a bloodless coup by Colonel [[Jean-Baptiste Bagaza]]. Initially, Bagaza's regime offered potential ethnic reconciliation, declaring an amnesty for all Hutu refugees abroad and, in 1979, granting a limited amnesty to some of the incarcerated population. Nevertheless, Tutsi-Hima domination over the government was maintained.{{sfn|Kay|1987|p=7}} Political repression continued, and the government closely monitored the activities of its nationals abroad, even those who had renounced their Burundian citizenship.{{sfn|Kay|1987|p=8}} The systematic exclusion of Hutus from socio-economic opportunities was given little international attention for many years.{{sfn|Uvin|2013|loc= Chapter 1: A brief political history of Burundi}} Following international pressure, Burundi underwent a democratic transition in 1993 and elected its first Hutu president, [[Melchior Ndadaye]].{{sfn|Lemarchand|1996|pp=xi, xiii}} In an interview he said he would not pursue prosecution of individuals for acts committed in 1972, fearing that it would destabilise the country.<ref>{{article| nom = Watson| prénom = Catherine| titre = President Melchior Ndadaye: Turning a page on the past| journal = Africa Report| pages = 62–63| volume = 38| numéro = 5| date = September 1993}}</ref> On 21 October he and other political leaders were murdered by Tutsi army officers in [[1993 Burundian coup d'état attempt|a failed coup]].{{sfn|Lemarchand|1996|pp=xi, xiii}} The announcement of his death triggered [[1993 ethnic violence in Burundi|a wave of violence]], as Hutu peasants and political activists—many declaring that they feared a repeat of the Ikiza if they did not act—murdered thousands of Tutsis across the country.{{sfn|Lemarchand|1996|pp=xiii, xiv}}{{sfn|Lemarchand|2009|p=140}}
In 1976 Micombero was overthrown in a bloodless coup by Colonel [[Jean-Baptiste Bagaza]]. Initially, Bagaza's regime offered potential ethnic reconciliation, declaring an amnesty for all Hutu refugees abroad and, in 1979, granting a limited amnesty to some of the incarcerated population. Nevertheless, Tutsi-Hima domination over the government was maintained.{{sfn|Kay|1987|p=7}} Political repression continued, and the government closely monitored the activities of its nationals abroad, even those who had renounced their Burundian citizenship.{{sfn|Kay|1987|p=8}} The systematic exclusion of Hutus from socio-economic opportunities was given little international attention for many years.{{sfn|Uvin|2013|loc= Chapter 1: A brief political history of Burundi}} Following international pressure, Burundi underwent a democratic transition in 1993 and elected its first Hutu president, [[Melchior Ndadaye]].{{sfn|Lemarchand|1996|pp=xi, xiii}} In an interview he said he would not pursue prosecution of individuals for acts committed in 1972, fearing that it would destabilise the country.<ref>{{article| nom = Watson| prénom = Catherine| titre = President Melchior Ndadaye: Turning a page on the past| journal = Africa Report| pages = 62–63| volume = 38| numéro = 5| date = September 1993}}</ref> On 21 October he and other political leaders were murdered by Tutsi army officers in [[1993 Burundian coup d'état attempt|a failed coup]].{{sfn|Lemarchand|1996|pp=xi, xiii}} The announcement of his death triggered [[1993 ethnic violence in Burundi|a wave of violence]], as Hutu peasants and political activists—many declaring that they feared a repeat of the Ikiza if they did not act—murdered thousands of Tutsis across the country.{{sfn|Lemarchand|1996|pp=xiii, xiv}}{{,}}{{sfn|Lemarchand|2009|p=140}}


=== Refugees ===
=== Refugees ===
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In 1973 the [[UN Sub-Commission for Prevention of Discrimination and Protection of Minorities]] forwarded a complaint against the Burundian government for consistent human rights violations to the [[United Nations Commission on Human Rights|UN Commission on Human Rights]]. When the commission held its annual conference in 1974, it appointed a new working group to communicate with the Burundians and deliver a new report on the country's human rights issues at the next conference, effectively dropping the matter.{{sfn|Kuper|1981|p=164}} The commission ultimately dismissed the case in 1975.{{sfn|Weinstein|1976b|p=163}} Meanwhile, the [[Carnegie Endowment for International Peace]] published a report on the genocide, advocating that the United States use its position as the chief purchaser of Burundian coffee to apply economic pressure to Micombero's regime.{{sfn|Kay|1987|p=8}} United States State Department official [[Herman Jay Cohen]] told a [[United States Congress|congressional]] committee that, "We felt that a threatened boycott would not have influenced the immediate problems of ethnic violence" and would have been detrimental to regular Burundian citizens.{{sfn|Callahan|1997|p=5}} In 1987 the widow of Commandant Ndayahoze sought compensation for the murder of her husband and on behalf of other families with members who were victims of the Ikiza. At the request of the Burundian ambassador, she was barred from the [[Headquarters of the United Nations|UN headquarters building]] in New York.<ref>{{article| titre = U.N. Action in Barring A Woman Is Protested| journal = The New York Times| page = B4| numéro d'édition = late| date = 20 April 1987}}</ref>
In 1973 the [[UN Sub-Commission for Prevention of Discrimination and Protection of Minorities]] forwarded a complaint against the Burundian government for consistent human rights violations to the [[United Nations Commission on Human Rights|UN Commission on Human Rights]]. When the commission held its annual conference in 1974, it appointed a new working group to communicate with the Burundians and deliver a new report on the country's human rights issues at the next conference, effectively dropping the matter.{{sfn|Kuper|1981|p=164}} The commission ultimately dismissed the case in 1975.{{sfn|Weinstein|1976b|p=163}} Meanwhile, the [[Carnegie Endowment for International Peace]] published a report on the genocide, advocating that the United States use its position as the chief purchaser of Burundian coffee to apply economic pressure to Micombero's regime.{{sfn|Kay|1987|p=8}} United States State Department official [[Herman Jay Cohen]] told a [[United States Congress|congressional]] committee that, "We felt that a threatened boycott would not have influenced the immediate problems of ethnic violence" and would have been detrimental to regular Burundian citizens.{{sfn|Callahan|1997|p=5}} In 1987 the widow of Commandant Ndayahoze sought compensation for the murder of her husband and on behalf of other families with members who were victims of the Ikiza. At the request of the Burundian ambassador, she was barred from the [[Headquarters of the United Nations|UN headquarters building]] in New York.<ref>{{article| titre = U.N. Action in Barring A Woman Is Protested| journal = The New York Times| page = B4| numéro d'édition = late| date = 20 April 1987}}</ref>


The events in Burundi intensified ethnic tensions in Rwanda, where Hutus began harassing and attacking Tutsis,<ref name= meisler/>{{sfn|Lemarchand|1996|p=8}} particularly students.{{sfn|Lemarchand|2009|p=139}} Faced with increasing political isolation, Kayibanda used the Burundi killings as a reason to take further discriminatory measures against Tutsis. His government's use of vigilante committees to implement the programme generated instability when the bodies began questioning the power of the authorities, facilitating army officer [[Juvénal Habyarimana]]'s [[1973 Rwandan coup d'état|coup]] in 1973.{{sfn|Adelman|Suhrke|1999|p=64}} During the 1990–1994 [[Rwandan Civil War]], many Hutu politicians recalled the Ikiza, using it to inform their fears of atrocities if the Tutsi-dominated [[Rwandan Patriotic Front]] succeeded in seizing power.{{sfn|Charny|1999|p=510}}
The events in Burundi intensified ethnic tensions in Rwanda, where Hutus began harassing and attacking Tutsis,<ref name= meisler/>{{,}}{{sfn|Lemarchand|1996|p=8}} particularly students.{{sfn|Lemarchand|2009|p=139}} Faced with increasing political isolation, Kayibanda used the Burundi killings as a reason to take further discriminatory measures against Tutsis. His government's use of vigilante committees to implement the programme generated instability when the bodies began questioning the power of the authorities, facilitating army officer [[Juvénal Habyarimana]]'s [[1973 Rwandan coup d'état|coup]] in 1973.{{sfn|Adelman|Suhrke|1999|p=64}} During the 1990–1994 [[Rwandan Civil War]], many Hutu politicians recalled the Ikiza, using it to inform their fears of atrocities if the Tutsi-dominated [[Rwandan Patriotic Front]] succeeded in seizing power.{{sfn|Charny|1999|p=510}}


== Legacy ==
== Legacy ==
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* {{lien web| nom = Annan| prénom = Kofi A.| lien auteur = Kofi Annan| titre = Letter dated 11 March 2005 from the Secretary-General addressed to the President of the Security Council| lieu = New York| éditeur = [[Conseil de sécurité des Nations unies]]| date = 11 March 2005| url = https://www.un.org/ruleoflaw/files/Burundi%20S2005158.pdf}}
* {{lien web| nom = Annan| prénom = Kofi A.| lien auteur = Kofi Annan| titre = Letter dated 11 March 2005 from the Secretary-General addressed to the President of the Security Council| lieu = New York| éditeur = [[Conseil de sécurité des Nations unies]]| date = 11 March 2005| url = https://www.un.org/ruleoflaw/files/Burundi%20S2005158.pdf}}
* {{ouvrage| nom = Bentrovato| prénom = Denise| chapter = Burundi| titre = The Palgrave Handbook of Conflict and History Education in the Post-Cold War Era| éditeur = Palgrave Macmillan| date = 2019| lieu = Cham| isbn = 9783030057213 }}
* {{ouvrage| nom = Bentrovato| prénom = Denise| chapter = Burundi| titre = The Palgrave Handbook of Conflict and History Education in the Post-Cold War Era| éditeur = Palgrave Macmillan| date = 2019| lieu = Cham| isbn = 9783030057213 }}
* {{lien web| auteur=CIA|titre = Burundi: The Long, Hot Summer| journal = Current Intelligence Weekly Summary| éditeur = [[Central Intelligence Agency]]| numéro d'édition = special| date = 22 September 1972| numéro = 653| url = https://www.cia.gov/library/readingroom/docs/CIA-RDP85T00875R001500040032-3.pdf| ref = {{harvid|CIA|1972}}}}
* {{lien web| auteur=CIA|titre = Burundi: The Long, Hot Summer| périodique = Current Intelligence Weekly Summary| éditeur = [[Central Intelligence Agency]]| numéro d'édition = special| date = 22 September 1972| numéro = 653| url = https://www.cia.gov/library/readingroom/docs/CIA-RDP85T00875R001500040032-3.pdf| ref = {{harvid|CIA|1972}}}}
* {{ouvrage| nom = Callahan| prénom = David| titre = Unwinnable Wars: American Power and Ethnic Conflict| éditeur = Macmillan | numéro d'édition = reprint| date = 1997| lieu = New York| url = https://books.google.com/books?id=19CaOeVNCEMC| isbn = 9780809016105}}
* {{ouvrage| nom = Callahan| prénom = David| titre = Unwinnable Wars: American Power and Ethnic Conflict| éditeur = Macmillan | numéro d'édition = reprint| date = 1997| lieu = New York| url = https://books.google.com/books?id=19CaOeVNCEMC| isbn = 9780809016105}}
* {{ouvrage| nom = Campbell| prénom = Jason J.| titre = On the Nature of Genocidal Intent| éditeur = Lexington Books| date = 2012| lieu = Lanham| url = https://books.google.com/books?id=F24nUMrOU5YC| isbn = 9780739178478}}
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* {{ouvrage| nom = Daley| prénom = Patricia O.| titre = Gender & Genocide in Burundi : The Search for Spaces of Peace in the Great Lakes Region| éditeur = Indiana University Press| collection = African Issues| date = 2008| lieu = Bloomington| isbn = 978-0-253-35171-5}}
* {{ouvrage| nom = Daley| prénom = Patricia O.| titre = Gender & Genocide in Burundi : The Search for Spaces of Peace in the Great Lakes Region| éditeur = Indiana University Press| collection = African Issues| date = 2008| lieu = Bloomington| isbn = 978-0-253-35171-5}}
* {{ouvrage| nom = Davis| prénom = Morris| titre = Civil Wars and the Politics of International Relief: Africa, South Asia, and the Caribbean| éditeur = Praeger|lieu= New York| date = 1975| url = https://books.google.com/books?id=0rq6AAAAIAAJ| isbn = 9780275098704}}
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* {{article| nom = Des Forges| prénom = Alison| lien auteur = Alison Des Forges| titre = Burundi: Failed coup or creeping coup?| journal = Current History| volume = 93| numéro = 583| pages = 203–207| date = Mai 1994| issn = }}
* {{article| nom = Des Forges| prénom = Alison| lien auteur = Alison Des Forges| titre = Burundi: Failed coup or creeping coup?| journal = Current History| volume = 93| numéro = 583| pages = 203–207| date = Mai 1994}}
* {{ouvrage| nom = Kay| prénom = Reginald| titre = Burundi Since the Genocide| éditeur = [[Minority Rights Group International]]| numéro d'édition = second| date = 1987| lieu = London| url = https://books.google.com/books?id=PI8MAQAAIAAJ| isbn = 9780080308319}}
* {{ouvrage| nom = Kay| prénom = Reginald| titre = Burundi Since the Genocide| éditeur = [[Minority Rights Group International]]| numéro d'édition = second| date = 1987| lieu = London| url = https://books.google.com/books?id=PI8MAQAAIAAJ| isbn = 9780080308319}}
* {{ouvrage| nom = Krueger| prénom = Robert| nom2 = Krueger| prénom2 = Kathleen Tobin| titre = From Bloodshed to Hope in Burundi : Our Embassy Years During Genocide| éditeur = University of Texas Press| lieu= Austin| date = 2007| url= https://www.sahistory.org.za/sites/default/files/archive-files3/ambassador_robert_krueger_kathleen_tobin_kruegerbook4you.pdf| isbn = 9780292714861}}
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Ikiza
Image illustrative de l’article Ikiza
Carte du Burundi par la CIA. Elle montre les secteurs d'activité des rebelles hutus et la densité des réfugiés de l'Ikiza

Date avril - août 1972
Lieu Burundi
Victimes Hutus, surtout les intellectuels, ainsi que des Tutsi-Banyaruguru
Type massacre, tuerie de masse
Morts entre 100 000 et 300 000
Auteurs dictature Tutsi-Hima
Motif rébellion des hutus

L'Ikiza (traduite depuis le kirundi sous les noms de : « Catastrophe », « Grande Calamité », « Fléau ») ou Ubwicanyi (« tueries ») est une série de meurtres de masse — souvent décrits comme un génocide — commis au Burundi en 1972 par l'armée et le gouvernement dominés par les Tutsis contre les intellectuels et les élites Hutus qui vivaient dans le pays. Des estimations prudentes avancent le nombre de 100 000 à 150 000 meurtres mais d'autres auteurs vont jusqu'à 300 000.

Contexte[modifier | modifier le code]

Tensions interethniques au Burundi[modifier | modifier le code]

Le Burundi (en rouge) est voisin du Rwanda au Nord, de la République démocratique du Congo à l'Ouest et de la Tanzanie à l'Est.

Au XXe siècle, le Burundi compte trois groupes ethniques principaux : les Hutus, les Tutsi et les Twa[1]. La région est colonisée par l'Empire allemand à la fin du XIXe siècle et fait partie de l'Afrique orientale allemande. Au Burundi, tout comme au Rwanda voisin, les Allemands appliquent une politique d'indirect rule et laissent intactes les structures sociales. Ce système a permis aux minorités Tutsi de bénéficier d'un statut élevé d'aristocrates alors que les Hutus étaient rejetés en bas de l'échelle sociale[2]. Les monarques du Burundi appartenaient à un seul groupe ethnique : les Ganwa ; toutefois, au fil du temps, ce groupe social connaît un déclin et le clan est intégré aux Tutsis[3]. Pendant la Première Guerre mondiale, les troupes belges du Congo belge occupent le Burundi et le Rwanda. En 1919, sous l'égide de la Société des Nations, la Belgique est chargée d'administrer le Rwanda-Urundi. Même s'ils sont contraints de favoriser le progrès social sur leur territoire, les Belges ne modifient pas les structures de pouvoir locales. Après la Seconde Guerre mondiale, les Nations unies sont fondées ; le Rwanda-Urundi devient un territoire confié à l'ONU sous l'administration des Belges, qui avaient pour mission d'éduquer les populations locales en matière politique pour les préparer à l'indépendance[4].

Les habitants de l'Urundi sont autorisés à participer à la vie politique en 1959[5]. Un gouvernement local aux pouvoirs limités est établi en 1961. L'Union pour le progrès national (UPRONA) remporte une victoire éclatante aux élections nationales de 1961 et son dirigeant, Louis Rwagasore, devient premier ministre. Bien qu'il soit le fils du roi Mwambutsa IV, il organise un service pour l'égalité des chances, ce qui suscite des espoirs de relations interethniques pacifiques. Il est assassiné un mois après sa prise de fonction[6]. La polarisation des ethnies, qui jusque-là intéresse peu la classe dirigeante, ne tarde pas à absorber l'attention des élites politiques après l'assassinat[7]. L'Urundi accède à l'indépendance en tant que Royaume du Burundi en juillet 1962 et le Rwanda devient une république indépendante[6].

Les personnalités politiques du Burundi sont irritées contre Mwambutsa qui intervient à maintes reprises dans leurs affaires dans l'intention de réformer les gouvernements indisciplinés du pays[7]. Les violences commises contre les Tutsis pendant la Révolution rwandaise de 1962-1963 inspirent des inquiétudes en termes ethniques au Burundi[8]. Depuis ces évènements, le régime du Burundi, dominé par les Tutsis, se mobilise pour éviter une flambée comparable dans ses frontières[9]. En 1965, des assassinats, des machinations perturbatrices et un coup d'État avorté conduisent au meurtre de nombreux parlementaires hutus ainsi qu'à la montée de violences dans des milieux ruraux[7]. L'année suivante, Mwambutsa transmet la monarchie à son fils Ntare V. Ntare est déposé rapidement lors d'un Coup d'État en 1966 dirigé par un jeune soldat tutsi de l'armée du Burundi : Michel Micombero. Micombero devient président du Burundi et, sous sa domination, le pouvoir politique se concentre dans les mains de Tutsis, notamment celles d'un clan issu de la province de Bururi : le Groupe de Bururi[10] ; en parallèle, la participation des Hutus dans la direction politique décline peu à peu[1]. En 1969, les rumeurs sur un coup d'État hutu déclenchent, de la part du gouvernement, une campagne d'exécutions de dizaines de personnalités hutus[11]. Fin 1970, le Burundi compte une population de 5 millions de personnes, dont environ 85 % sont Hutu, 14 % Tutsi et 1 % Twa[1].

À la même époque, des tensions émergent entre des groupes de Tutsis : les Tutsi-Banyaruguru et les Tutsi-Hima. Traditionnellement, les Tutsi-Banyaruguru sont associés à la monarchie ; or, Micombero et nombre de ses collègues Bururi sont des Tutsi-Hima. En juillet 1971, son gouvernement accuse plusieurs Banyaruguru célèbres de conspirer pour rétablir Ntare sur le trône. Le 14 janvier 1972, un tribunal militaire condamne à mort neuf Banyaruguru et plusieurs autres à des peines de sept ans d'emprisonnement pour conspiration. Ces divisions entre Tutsis minent la légitimité du gouvernement de Micombero, largement composé de Hima[11].

Retour de Ntare V[modifier | modifier le code]

Le 30 mars 1972, Ndizeye Charles,dit Ntare V, est conduit sous escorte militaire en hélicoptère à Gitega depuis l'Ouganda via l'aéroport de Bujumbura après six années d'exil. Dès son arrivée, il est arrêté[12] et assigné à résidence dans son ancien palais de la ville de Gitega [13]. Les motivations de ce retour font l'objet de débats[12]. Peu après l'arrestation de Ntare V, les médias officiels du Burundi déclarent qu'il est emprisonné parce qu'il trame un coup d'État pour remonter sur le trône avec l'aide de mercenaires blancs[12],[13]. L'animateur de la radio publique Voix de la Révolution déclare : « Redoublons de vigilance, les ennemis de notre libération ne sont pas encore désarmés »[12].

En parallèle, le gouvernement du Burundi débat sur le sort réservé à Ntare V. Certains ministres soutiennent qu'il doit rester sous surveillance à Gitega et d'autres veulent l'exécuter[13]. En particulier, le « Groupe de Bururi » considère que sa mort est nécessaire alors que les dirigeants qui s'y opposent craignent que tuer l'ancien roi n'entraîne de graves répercussions[14]. Le 29 avril à midi, Micombero dissout son gouvernement[15] et limoge plusieurs hauts fonctionnaires[16] dont le secrétaire exécutif de l'UPRONA, André Yande. Certains Burundais accueillent la nouvelle avec enthousiasme en croyant qu'elle montre la décision de Micombero de prendre ses distances avec le « Groupe de Bururi »[17]. L'administration est placée sous la gouvernance des directeurs généraux des ministères[18].

Évènements[modifier | modifier le code]

Soulèvement des Hutus[modifier | modifier le code]

Le 29 avril, entre 20h et 21h, des militants hutus entreprennent une série d'attaques à Bujumbura et dans les provinces méridionales de Rumonge, Makamba et Bururi[19]. Dans chaque point chaud, les rebelles se rassemblent autour d'un groupe d'individus portant un « uniforme » composé de chemises noires, de tatouages, d'un bandana rouge ou de pots de peinture repeints en rouge[20]. Les individus en question, qui opèrent par bandes de 10 à 30 participants, possèdent des armes automatiques, des machettes et des lances[19]. Les militants sont rejoints par des exilés zaïrois, surnommés les « Mulelistes ». En effet, le Burundi à l'époque héberge des milliers d'exilés zaïrois dont la culture est différente de celle des Burundiens mais qui partagent leurs griefs envers le « Groupe de Bururi » et se montrent réceptifs à l'hostilité envers le régime de Micombero. Le terme « Muleliste » provient du nom de Pierre Mulele, qui a mené une rébellion comparable en Zaïre central entre 1964 et 1965. En réalité, les rebelles zaïrois qui ont rejoint les militants huts sont principalement d'anciens partisans de Gaston Soumialot, qui a dirigé une rébellion similaire au Zaïre de l'Est à la même époque[21],[note 1]. Les rebelles s'en prennent aux Tutsis et commettent de nombreuses atrocités[23], brûlent les maisons, abattent les troupeaux[24]. Au Bururi, ils assassinent toutes les autorités civiles et militaires. Ils mettent la main sur les armureries à Rumonge et Nyanza-Lac, où ils tuent chaque Tutsi qu'ils rencontrent ainsi que de nombreux Hutus qui refusent de les rejoindre[23]. Les paysans hutus et tutsis de Vyanda s'unissent pour tenter de repousser les assaillants[24]. Les missionnaires estiment que les rebelles ont tué entre 800 et 1 200 Tutsi et Hutus entre le 29 avril et le 5 mai ; la majorité de victimes sont des Tutsis[25]. René Lemarchand propose une fourchette de 1 000 à 2 000 Tutsi tués comme un nombre vraisemblable[23]. Après avoir obtenu le contrôle des territoires du Sud, les rebelles se rassemblent à Vyanda et proclament la création de la « République de Martyazo »[23]. Dans les territoires qu'ils contrôlent, les rebelles arborent un drapeau rouge et vert et ils soumettent les Tutsis capturés à des « tribunaux populaires »[26].

En fin de soirée le 29 avril, la Voix de la Révolution diffuse une déclaration d'état d'urgence[14]. À Bujumbura, les rebelles tentent de s'emparer de la station de radio mais ils manquent leur effet de surprise et entreprennent bientôt des attaques erratiques contre les Tutsis. Les officiers de l'Armée ne tardent pas à mobiliser leurs troupes et à neutraliser les rebelles de la ville en 24 heures[20]. La même nuit, Ntare est exécuté à Gitega par les soldats du gouvernement[27]. Jean-Pierre Chrétien et Jean-François Dupaquier, après analyse de plusieurs témoignages, concluent que Ntare meurt par balles et par des coups d'arme blanche aux mains d'un groupe d'environ 12 soldats sous le commandement du capitaine Ntabiraho, qui a reçu les ordres de Micombero vers 23h15[28]. Le 30 avril, Micombero rétablit les procureurs Cyrille Nzohabonayo et Bernard Kayibigi afin qu'ils l'aident à mater l'insurrection[29],[17]. Les médias publics annoncent l'établissement de gouverneurs militaires en remplacement des autorités civiles dans chaque province, révèlent la mort de Ntare ; les médias disent que des monarchistes ont pris d'assaut son palais à Gitega dans l'intention de le libérer et qu'il est mort dans l'attaque[17].

Le même jour, Micombero sollicite l'assistance du gouvernement du Zaïre pour mater la révolte. Le président Mobutu Sese Seko réagit en envoyant une compagnie de parachutistes à Bujumbura, chargée d'occuper l'aéroport et de garder les lieux stratégiques de la ville[30]. En outre, Micombero lui emprunte quelques jets pour des opérations de reconnaissance aérienne[31]. Ces actes permettent à Micombero de garder la capitale sous contrôle et de libérer les troupes burundaises qui sont envoyées combattre l'insurrection dans le Sud. L'armée zaïroise se retire une semaine plus tard. Le président tanzanien Julius Nyerere envoie 24 tonnes de munitions à l'armée burundaises pour l'aider dans sa campagne[32],[note 2]. Quand la portée des opérations de représailles devient connue, Mobutu et Nyerere refusent de prêter davantage leur aide à Micombero[31]. Le gouvernement français vend des armes au régime burundais et plusieurs pilotes français sont envoyés combattre la rébellion[34],[note 3]. L'Ouganda et la Libye ont aussi offert au Burundi leur appui technique pour enrayer la révolte[36].

Le gouvernement burundais lance une première contre-attaque avec des soldats de Bujumbura et des camps militaires de Bururi. Le , les troupes de Bujumbura sécurisent Rumonge et le lendemain, les soldats de Gitega occupent Nyanza-Lac. Les témoins disent que tous les rebelles capturés par l'armée subissent des exécutions sommaires et sont enterrés dans des charniers. Toutes les personnes qui ont fui dans la brousse ou qui portent des marques de scarification sont catégorisées comme des « rebelles » et traquées. Ces exactions provoquent un exode de milliers de réfugiés vers le Zaïre et la Tanzanie, surtout de la part des anciens habitants des côtes du Lac Tanganyika. Un hélicoptère burundais lâche des tracts indiquant que l'ordre serait bientôt rétabli tandis qu'un autre mitraille les civils en fuite. Entre le 30 avril et le 5 mai, l'armée se concentre sur la reprise des rivages du Lac Tanganyika[37]. Le 10 mai, le gouvernement annonce que l'armée a repris le contrôle des régions du Sud, même s'il reste encore des combats[38].

Tueries de masse[modifier | modifier le code]

Après avoir sécurisé le Bururi et éradiqué la révolte, le gouvernement burundais entame une campagne de répression et ses premières cibles sont des élites hutus restées dans le pays. Tous les anciens ministres hutus du gouvernement de Micombero sont arrêtés dès la première semaine de la crise[39]. Parmi eux se trouvent les quatre membres du conseil le 29 avril avant sa dissolution : Joseph Baragengana, Pascal Bubiriza (en), Marc Ndayiziga, Jean Chrysostome Bandyambona[40]. Tous quatre sont exécutés[40]. Les officiers hutus de l'armée subissent une purge précipitée : le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés estime que 131 officiers hutus sont tués fin mai et que seuls quatre ont survécu. Martin Ndayahoze, officier hutu fidèle à Micombero, vit une disparition forcée après avoir été convoqué à une réunion de crise[39] le matin du 30 avril. Par la suite, la population apprend qu'il a été arrêté et exécuté et les fonctionnaires burundais affirment qu'il tramait contre le gouvernement[41]. D'après l'ambassadeur américain Thomas Melady (en), outre ces purges, plus de 500 soldats hutus sont emprisonnés ainsi que 2 000 fonctionnaires vivant dans la capitale. Le gouvernement a reconnu le meurtre de ces prisonniers en déclarant que les « auteurs » du soulèvement ont été arrêtés, jugés et exécutés. Toutefois, aucun procès public n'a eu lieu envers les personnes accusées de fomenter les troubles[42]. Les victimes issue de Bujumbura sont enterrées dans une fosse commune à Buterere[43].

Comme Micombero avait dissous son gouvernement, les premiers stades de la répression sont marqués par une grande confusion[44]. Concrètement, des personnes en lien étroit avec le président, notamment le « Groupe de Bururi », parvient à préserver son autorité[45]. Le 12 mai, Micombero nomme Simbananiye au poste d'ambassadeur itinérant, ce qui lui permet d'organiser et de diriger les meurtres de Hutus[46]. Les secours de l'étranger voient bientôt dans Albert Shibura (en) et d'autres membres-clés du « Groupe de Bururi » les intermédiaires à solliciter pour toute négociation officielle avec les autorités. Par conséquent, le noyau du gouvernement consolide rapidement son emprise. Cette confusion ne touche d'abord que les échelons supérieurs de l'administration alors que les échelons inférieurs ne sont guère perturbés dans leurs opérations de répression[29]. En mai, les autorités burundaises interdisent aux journalistes étrangers d'entrer sur le territoire national[47].

Des étudiants tutsis de l'université du Burundi agressent et tuent certains de leurs homologues hutus. Au total, les autorités arrêtent 56 étudiants hutus dans l'établissement avant de les emmener[48], comme d'autres membres hutus du personnel[49]. Gabriel Barakana, recteur de l'université, condamne le meurtre de personnes innocentes et, en particulier, des étudiants dans un discours public le 9 mai. En privé, il pousse aussi Micombero, qui est son ami, de mettre fin à la répression[50]. Au 8 mai, la majorité des hutus instruits de Bujumbura ont été éliminés et le régime déploie la répression dans les provinces : Micombero appelle ses partisans à chercher de « nouvelles victoires »[51]. La répression s'étend alors au Nord du pays[52]. Quelques prêtres chrétiens étrangers, au Nord, condamnent les opérations, ce qui provoque leurs interrogatoires par la police concernant leurs « activités politiques » ainsi que leur mise sous surveillance[53]. Au total, 17 prêtres catholiques hutus sont tués et deux évêques assignés à domicile[54]. Plusieurs supérieurs hiérarchiques des missions catholiques adressent une lettre à l'Épiscopat du Burundi pour protester contre les religieux qui n'ont pas condamné les atrocités commises contre les Hutus. L'archevêque André Makarakiza (Tutsi) soutient la position de l'Église et la Sûreté Nationale burundaise expulse plusieurs signataires[55].

Les autorités judiciaires du Burundi s'engagent largement dans la répression[56]. Les procureurs autorisent les premières arrestations dans les provinces contre des personnes soupçonnées depuis longtemps de dissidence ou contre celles qui mènent la révolte. Progressivement, les actes d'accusation et les arrestations touchent aussi les proches des personnes arrêtées au point de frapper des segments entiers de la population[57]. Les réunions de routine entre les fonctionnaires des communes et des provinces au sujet des thèmes généraux de gouvernance dérivent vers des discussions sur les gens soupçonnés de participer à la rébellion[58]. À mesure que se déploient les arrestations, le magistrat Déogratias Ntavyo note que des « difficultés d'ordre matériel » l'empêchent de fournir les détails de ses mandats d'arrêt[59]. Mi-mai, Ntavyo catégorise 101 détenus selon leur métier et leur proximité géographique. Ces catégories correspondent aux accusations suivantes : fonctionnaire qui a utilisé sa fonction au gouvernement pour saper volontairement les institutions de l'État ; religieux qui ont prôné la sédition et le fanatisme ; marchands aisés qui, avec leur argent, ont persuadé autrui de soutenir leur cause[60],[note 4]. D'après Aidan Russell, l'avis de Ntavyo reflète celui qui règne alors dans le pays, à savoir : « couper tout ce qui dépasse »[62].

En général, les autorités arrêtent les gens d'après les noms inscrits sur une liste[63]. Certaines personnes sont arrêtées sur un caprice personnel pour des motifs opportunistes, par exemple si elles vivent dans une belle maison se prêtant au pillage ; même dans ce cas, les autorités justifient leur choix en déclarant que la victime figure sur les listes[64]. Si certains prisonniers sont brutalisés au moment de l'arrestation, dans la majorité des cas la procédure se déroule pacifiquement et les victimes sont ensuite exécutées par des soldats ou des gendarmes à l'abri des regards[65]. Les témoignages sur les tueries se rejoignent sur l'attitude des Hutus visés par l'État : ils se montrent dociles et coopératifs envers les autorités[66]. Les autorités se déploient de nuit dans les secteurs ruraux et se déplacent de maison en maison ; dans les villes en revanche, des barrages routiers sont installés et les Hutus tirés de leurs véhicules[67]. Les auteurs des meurtres sont surtout l'armée, les Jeunesses Révolutionnaires Rwagasore (la branche pour jeunes de l'UPRONA) et un nombre inconnu de réfugiés tutsis rwandais qui ont fui la Révolution rwandaise[68].

Michel Kayoya, intellectuel hutu, est arrêté par le régime pour « racisme » dans les premiers jours de l'Ikiza avant d'être retiré de prison puis tué par balles le 15 mai[69]. Joseph Cimpaye (en), ancien premier ministre, est lui aussi exécuté[70], tout comme l'ancien parlementaire et gouverneur Eustache Ngabisha (en)[71], l'administrateur d'université et ancien ministre Claver Nuwinkware[72],[49] et le footballer Meltus Habwawihe[43].

Lors de la campagne de répression, de rares meurtres de Tutsis sont dirigés par l'État[73]. Les observateurs internationaux à Bujumbura remarquent un « nettoyage » des Tutsis locaux : les autorités arrêtent et exécutent des personnalités modérées qui manifestent des réserves envers la campagne contre les Hutus[48]. Le « Groupe de Bururi » commandite l'arrestation de Tutsis « progressistes » début mai[45]. Environ 100 Tutsis sont exécutés à Gitega le 6 mai pendant un incident émanant probablement de rivalités Hima-Banyaruguru[73]. Dans la province de Ngozi, le gouverneur militaire Joseph Bizoza fait assassiner six fonctionnaires tutsis[74] dont l'ancien ministre Amédée Kabugubugu[75],[note 5]. Le gouverneur civil, Antoine Gahiro, s'inquiète pour sa sécurité et prend la fuite, aussi seul Bizoza commande-t-il le secteur[74]. Plusieurs ressortissants rwandais et zaïrois sont aussi tués[77]. L'ambassadeur belge signale qu'un citoyen belge est tué aux premiers jours de la répression, même si certains imputent ce fait à un accident[78]. Aucun autre occidental n'a été inquiété[79].

La violence atteint son apogée en juin[73]. Au début du mois, Micombero envoie des « Conseils des sages » visiter le pays pour inviter les populations au calme et les informer que la crise est surmontée. Dans certains cas, ces conseils organisent des réunions pour inciter les Hutus à quitter leurs cachettes afin que l'armée puisse les emmener et les exécuter[80]. Le 21 juin, le commandeur en chef Thomas Ndabyemeye annonce que les opérations militaires sont toutes achevées[81]. Le 13 juillet, l'armée burundaise saisit les véhicules de l'UICEF ainsi qu'un bateau de surveillance appartenant à l'ONU et exécute les Hutus qui travaillent au service de l'ONU. La Sûreté Nationale envoie aussi des agents au Zaïre de l'Est pour extrader les Hutus recherchés. Le lendemain, Micombero forme un nouveau gouvernement avec Albin Nyamoya (en)[82]. Pour désamorcer les critiques sur la campagne violente, il place davantage de modérés dans son cabinet, dont quelques Hutus à titre symbolique[83]. Simbananiye redevient ministre des Affaires étrangères[84] puis il remanie le commandement de l'armée ; il limoge le commandant adjoint qui a joué un rôle crucial dans les massacres de civils et élimine les soldats tutsis modérés[83]. Le nouveau Premier ministre mène une tournée de visites dans le pays et débat avec des foules dominées par les Tutsis. Il affrme que la paix est rétablie mais les encourage à se méfier des « traîtres » qui restent[85]. La majeure partie des exécutions est terminée début août[86],[87]. Le 23 août, les gouverneurs civils sont rétablis dans les provinces[88].

Version officielle du Burundi[modifier | modifier le code]

Micombero déclare que 100 000 personnes sont mortes pendant et après la rébellion en laissant entendre que les décès de Tutsis et de Hutus sont comparables[89]. Il nie officiellement que la dissolution du gouvernement ait un rapport avec la révolte et dit que la succession des évènements est « purement fortuite »[53]. Au début de l'Ikiza, le gouvernement tente d'établir un lien entre les rebelles hutus et les monarchistes rwandais mais cette thèse est vite écartée car les rebelles professent une idéologie fondée sur la suprématie hutue alors que la plupart des monarchistes rwandais sont, dans la population, vus comme des Tutsis[90]. Fin juin, Nzohabonayo énonce dans une interview que le soulèvement du Sud s'inscrit dans un complot « impérialiste » ourdi par les insurgés hutus, les partisans de l'ancien rebelle zaïrois Pierre Mulele et les anciens ministres hutus dans l'intention de capturer Burundi comme base pour attaquer la Tanzanie et le Zaïre[91].

Si les observateurs internationaux tendent à accréditer la thèse d'un quelconque « complot hutu », ils se montrent plus sceptiques concernant l'efficacité et la précision de la campagne de répression anti-Hutu. Certains dignitaires chrétiens soupçonnent le gouvernement d'avoir eu connaissance du complot et d'avoir laissé courir la révolte pour qu'elle serve de prétexte aux massacres[53]. Le 26 juin, l'ambassade burundaise aux États-Unis émet un livre blanc qui conteste les accusations de génocide. Dans un paragraphe, le document précise : « Nous ne croyons pas que la répression soit l'équivalent d'un génocide : un abîme sépare ces deux actes. Il n'est pas question de répression mais bien d'actes de LÉGITIME DÉFENSE CAR NOTRE PAYS ÉTAIT EN GUERRE »[92],[note 6]. Le livre blanc accuse les rebelles d'avoir préparé avec soin un génocide visant à éliminer tous les Tutsis burundais[94]. En septembre, le gouvernement publie un livre blanc intitulé Autopsie de la tragédie au Burundi et le diffuse aux diplomates. Selon ce document, la violence interethnique est orchestrée par des étrangers et la Belgique est grandement responsable des évènements de 1972. Ce document n'impute aucune responsabilité des dirigeants burundais dans les violences[95]. Des sources venant de l'étranger s'opposent aux versions officielles, disant que la description du soulèvement est exagérée et que la répression est minimisée[87]. Les évêques burundais ont largement soutenu la thèse du gouvernement et évoqué « un complot diabolique pour tromper la population afin de nourrir la haine raciale »[54]. Deux évêques ont déclaré que les massacres sont imputables à une « attaque d'une puissance étrangère »[54]. Le gouvernement et l'Église évoquent la rébellion et les massacres sous l'euphémisme de « troubles »[96].

Analyses[modifier | modifier le code]

Bilan humain[modifier | modifier le code]

Selon des estimations prudentes, les victimes des meurtres correspondent à une fourchette comprise entre 100 000 et 150 000 personnes[97] mais d'autres penchent pour 300 000, soit près de 10 à 15 % de la population masculine hutu du Burundi[98]. Lemarchand pense que les morts hutus s'élèvent à un nombre de 200 000 à 300 000[99]. Comme la répression a frappé des intellectuels hutus et comme la majorité des personnes instruites au Burundi étaient des hommes, la campagne de répression a tué davantage d'hommes que de femmes[100]. Environ 75 % des Burundais hutus instruits sont morts[98].

La question du génocide[modifier | modifier le code]

Les universitaires n'ont pas dégagé de consensus pour déterminer si l'Ikiza constitue une campagne de génocide, de « génocide sélectif », de « double génocide » ou simplement un vaste nettoyage ethnique[101]. Beaucoup préfèrent employer le terme de « massacre »[102]. Le juriste international William J. Butler et George Obiozor (en) concluent que « des actes génocidaires ont été commis au Burundi et les Hutus sont les principales victimes »[103]. Jean-Pierre Chrétien qualifie l'Ikiza de « véritable génocide contre les élites hutues »[104]. Leo Kuper (en) estime qu'il s'agit d'un génocide[105] et il en va de même pour Alison Des Forges[106]. Lemarchand voit dans ces répressions un « génocide sélectif » et un « génocide partiel » et souligne l'attention portée aux intellectuels dans la population générale des Hutus[107],[108]. Irving Louis Horowitz (en) critique la formulation de Lemarchand[109]. Les experts qui ont analysé le génocide de 1994 tendent à minimiser la portée des évènements de 1972 au Burundi. Les universitaires Scott Straus (en) et David Leonard les qualifient de « massacres organisés » au lieu de « génocide »[110]. David Rieff écrit que la sélection des Hutus selon le niveau d'instruction signifie que les massacres correspondent aux lois internationales contre le génocide[111]. L'historien Timothy J. Stapleton pense lui aussi que l'Ikiza remplit les conditions internationales pour la qualification de génocide[110]. En 1985, les Nations-unies qualifient, rétrospectivement, les tueries de 1972 de génocide[36].

Si la plupart des débats universitaires sur l'usage du terme « génocide » appliqué aux évènements de 1972 au Burundi renvoient aux massacres de Hutus par des Tutsis, Chrétien et Jean-François Dupaquier considèrent que les activités anti-Tutsis des rebelles hutus prouvent un « projet génocidaire » qui ne s'est jamais concrétisé[104]. À l'appui de cette thèse, Chrétien et Dupaquier citent l'existence de pamphlets, distribués par les rebelles, où figuraient des appels explicites au génocide contre les Tutsis. Il n'existe aucun exemplaire de ces documents mais les deux historiens citent un livre de Marc Manirakiza, opposant au régime de Micombero, qui déclare avoir reproduit la quasi-totalité de ces tracts. Lemarchand rejette l'authenticité de ces documents[94] et critique la thèse de Chrétien et Dupaquier[104].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Historian Aiden Russell wrote, "This portrayal [of the rebels as Mulelists] served a special purpose in currying foreign favor, or at least indulgence; given Mobutu's early struggles against the Mulelists and the United States' fears of their Communist aspirations, this was a productive line of rhetoric. Mobutu's swift support to Micombero, and perhaps the general U.S. silence on the subsequent state violence, suggested it was substantially effective."[22]
  2. According to Warren Weinstein, "It is reported" that the Chinese government had pressured the Tanzanian government to send the "Chinese-provided" ammunition to Burundi.[33]
  3. France signed a technical assistance agreement with Burundi concerning its army air force in 1969.[35]
  4. During the Ikiza the government seized the accounts of most prosperous Hutus at the Caisse d'Epargne du Burundi, the national savings bank.[61]
  5. Bizoza had a long-standing grudge against Kabugubugu.[76] He later stated that he had mistaken Kabugubugu and another Tutsi official as Hutus.[75]
  6. Russel wrote that the killings took place in "an absence of genuine civil war".[93]

Références[modifier | modifier le code]

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Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]