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« Édouard VIII » : différence entre les versions

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{{Titre mis en forme|{{souverain-|Édouard VIII}}}}
La Seconde Guerre mondiale, ou Deuxième Guerre mondiale3 est un conflit armé à l'échelle planétaire qui dure du 1er septembre 1939 au 2 septembre 1945. Ce conflit oppose schématiquement les Alliés et l’Axe.
{{Voir homonymes|Édouard du Royaume-Uni}}
{{Infobox Personnalité politique
| charte = Monarque
| nom = {{souverain-|Édouard VIII}}<br><small>''{{souverain-|Edward VIII}}''</small>
| image = King Edward VIII portrait.webp
| légende = {{souverain-|Édouard VIII}} en 1936, année de son règne.
| fonction1 = [[Gouverneur général des Bahamas|Gouverneur des Bahamas]]
| à partir du fonction1 = 18 août 1940
| jusqu'au fonction1 = 16 mars 1945<br/><small>({{Durée|18|août|1940|16|mars|1945}})</small>
| monarque 1 = {{souverain2|George VI}}
| prédécesseur 1 = Charles Dundas
| successeur 1 = William Lindsay Murphy
| fonction2 = [[Liste des monarques britanniques|Roi du Royaume-Uni]]
| depuis le fonction2 =
| à partir du fonction2 = {{date|20 janvier 1936-}}
| jusqu'au fonction2 = 11 décembre 1936<br /><small>({{Durée|20|janvier|1936|11|décembre|1936}})</small>
| couronnement 2 = ''Abdique avant son [[couronnement du monarque britannique|couronnement]]''
| premier ministre 2 = [[Stanley Baldwin]]
| prédécesseur 2 = {{souverain2|George V}}
| successeur 2 = {{souverain2|George VI}}
| fonction3 = [[Empereur des Indes]]
| à partir du fonction3 = {{date|20 janvier 1936-}}
| jusqu'au fonction3 = 11 décembre 1936<br /><small>({{Durée|20|janvier|1936|11|décembre|1936}})</small>
| gouverneur 3 = [[Victor Hope]]
| prédécesseur 3 = {{souverain2|George V}}
| successeur 3 = {{souverain2|George VI}}
| fonction4 = [[Monarchie canadienne|Roi du Canada]]
| à partir du fonction4 = {{date|20 janvier 1936-}}
| jusqu'au fonction4 = 11 décembre 1936<br /><small>({{Durée|20|janvier|1936|11|décembre|1936}})</small>
| gouverneur 4 = [[John Buchan]]
| premier ministre 4 = [[William Lyon Mackenzie King]]
| prédécesseur 4 = {{souverain2|George V}}
| successeur 4 = {{souverain2|George VI}}
| fonction5 = [[Monarchie australienne|Roi d'Australie]]
| à partir du fonction5 = {{date|20 janvier 1936-}}
| jusqu'au fonction5 = 11 décembre 1936<br /><small>({{Durée|20|janvier|1936|11|décembre|1936}})</small>
| gouverneur 5 = [[Alexander Hore-Ruthven]]
| premier ministre 5 = [[Joseph Lyons]]
| prédécesseur 5 = {{souverain2|George V}}
| successeur 5 = {{souverain2|George VI}}
| fonction6 = [[Monarchie néo-zélandaise|Roi de Nouvelle-Zélande]]
| à partir du fonction6 = {{date|20 janvier 1936-}}
| jusqu'au fonction6 = 11 décembre 1936<br /><small>({{Durée|20|janvier|1936|11|décembre|1936}})</small>
| gouverneur 6 = [[George Monckton-Arundell]]
| premier ministre 6 = [[Michael Joseph Savage]]
| prédécesseur 6 = {{souverain2|George V}}
| successeur 6 = {{souverain2|George VI}}
| fonction7 = [[Monarchie sud-africaine|Roi d'Afrique du Sud]]
| à partir du fonction7 = {{date|20 janvier 1936-}}
| jusqu'au fonction7 = 11 décembre 1936<br /><small>({{Durée|20|janvier|1936|11|décembre|1936}})</small>
| gouverneur 7 = [[George Villiers (6e comte de Clarendon)|George Villiers]]
| premier ministre 7 = [[James B. Hertzog]]
| prédécesseur 7 = {{souverain2|George V}}
| successeur 7 = {{souverain2|George VI}}
| fonction8 = [[Roi d'Irlande]]
| à partir du fonction8 = {{date|20 janvier 1936-}}
| jusqu'au fonction8 = 11 décembre 1936<br /><small>({{Durée|20|janvier|1936|11|décembre|1936}})</small>
| gouverneur 8 = [[Domhnall Ua Buachalla]]
| premier ministre 8 = [[Éamon de Valera]]
| prédécesseur 8 = {{souverain2|George V}}
| successeur 8 = {{souverain2|George VI}}
| fonction9 = [[Liste des héritiers du trône britannique|Prince héritier du Royaume-Uni]]
| à partir du fonction9 = 6 mai 1910
| jusqu'au fonction9 = 20 janvier 1936<br /><small>({{Durée|6|mai|1910|20|janvier|1936}})</small>
| monarque 9 = {{souverain2|George V}}
| prédécesseur 9 = [[George V|George]], ''prince de Galles''
| successeur 9 = [[George VI|Albert]], ''duc d'York''
| dynastie = [[Maison de Saxe-Cobourg et Gotha]] puis [[maison Windsor]]
| nom de naissance = Edward Albert Christian George Andrew Patrick David
| date de naissance = 23 juin 1894
| lieu de naissance = [[Londres]] ([[Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande|Royaume-Uni]])
| date de décès = 28 mai 1972
| lieu de décès = [[Villa Windsor]], [[Paris]] ([[France]])
| nature du décès = [[Cancer du larynx]]
| sépulture = [[Domaine de Frogmore|Cimetière royal de Frogmore]]
| père = {{souverain2|George V}}
| mère = [[Mary de Teck]]
| fratrie = {{souverain2|George VI}}<br>[[Mary du Royaume-Uni|Marie]], ''princesse royale''<br>[[Henry de Gloucester|Henry]], ''duc de Gloucester''<br>[[George de Kent|George]], ''duc de Kent''<br>[[John du Royaume-Uni]]
| conjoint = [[Wallis Simpson]]
| enfants =
| entourage =
| profession =
| religion = [[Anglicanisme]]
| résidence = [[Palais de Buckingham]]<br>Hôtel particulier à {{Arrondissement|16|Paris}}<br>[[Villa Windsor]]
| signature = Edwardsig.svg
| emblème = Coat of Arms of the United Kingdom (1837-1952).svg
| liste = [[Liste des monarques britanniques|Monarques du Royaume-Uni]]
}}


'''{{souverain-|Édouard VIII}}''' (en [[anglais]] ''{{souverain-|Edward VIII}}''), né le {{date de naissance|23 juin 1894}} à [[Londres]] et mort le {{date de décès|28 mai 1972}} à [[Paris]], est [[roi du Royaume-Uni]] et des autres [[dominion]]s du [[Commonwealth|Commonwealth britannique]], et [[empereur des Indes]] du {{date|20 janvier 1936-}} au {{date|11 décembre 1936}}.
Provoquée par le règlement insatisfaisant de la Première Guerre mondiale et par les ambitions expansionnistes et hégémoniques des trois principales nations de l’Axe (le Troisième Reich, l'Italie fasciste et l'empire du Japon), la seconde guerre mondiale est favorisée par la convergence d’un ensemble de tensions et conflits régionaux, notamment en Afrique (Seconde guerre italo-éthiopienne dès 1935), en Espagne où la guerre civile commence le 18 juillet 1936, en Chine où les agressions du Japon débutent le 7 juillet 1937, et en Europe centrale où l'Allemagne annexe autoritairement l'Autriche le 11 mars 1938 puis les territoires des Sudètes pris à la Tchécoslovaquie le 21 octobre 1938 et où enfin, le 1er septembre 1939, elle agresse militairement la Pologne selon un pacte conclu avec l'Union soviétique. Ce dernier évènement provoque dès le 3 septembre 1939 l'entrée en guerre du Royaume-Uni (à 11 h), de la France (à 17 h), et de leurs empires coloniaux respectifs.


Avant son accession au trône, Édouard, usuellement appelé David — son dernier prénom — par ses proches, est [[prince de Galles]], [[duc de Cornouailles]] et de [[duc de Rothesay|Rothesay]]. Il participe à la [[Première Guerre mondiale]] au sein des [[forces armées britanniques]] et réalise plusieurs voyages pour le compte de son père, le roi {{souverain2|George V}}. Édouard a des liaisons avec de nombreuses femmes mariées et souvent plus âgées que lui, mais reste célibataire jusqu'à ce qu'il devienne roi.
Tout d'abord associée à l'Allemagne dans le partage de l'Europe, l'URSS rejoint le camp allié sur le front est-européen à la suite de l'invasion allemande le 22 juin 1941. Quant aux États-Unis, ils abandonnent leur neutralité après l'attaque de Pearl Harbor par les forces japonaises, le 7 décembre 1941. Dès lors, le conflit devient vraiment mondial, impliquant toutes les grandes puissances, et la majorité des nations du monde sur la quasi-totalité des continents.


Édouard monte sur le trône à la mort de son père en {{date-|janvier 1936}} sous le nom d'{{souverain-|Édouard VIII}}. Il montre rapidement son refus des protocoles de la cour et les hommes politiques s'inquiétent de son apparent mépris des conventions établies. Quelques mois après le début de son règne, il provoque une crise constitutionnelle en demandant en mariage l'[[États-Unis|Américaine]] [[Wallis Simpson]], qui avait [[Divorce|divorcé]] de son premier époux et était en instance de divorce d'avec le second. Les [[Premier ministre du Royaume-Uni|Premiers ministres du Royaume-Uni]] et des dominions s'opposent à cette union en avançant que le peuple n'accepterait jamais comme reine une femme dont les deux ex-époux étaient encore en vie. De plus, un tel mariage serait entré en conflit avec le statut d'{{souverain-|Édouard VIII}} de [[Gouverneur suprême de l'Église d'Angleterre|chef suprême]] de l'[[Église d'Angleterre]], qui s'opposait au remariage de personnes divorcées si leurs anciens époux ou épouses étaient toujours en vie.
La guerre prend fin sur le théâtre d'opérations européen le 8 mai 1945 (le 9 mai 1945 en URSS du fait du décalage horaire) par la capitulation sans condition du Troisième Reich, puis s’achève définitivement sur le théâtre d'opérations Asie-Pacifique le 2 septembre 1945 par la capitulation également sans condition de l'empire du Japon.


L'une des raisons couramment avancées pour expliquer l'[[abdication]] est que {{souverain-|Édouard VIII}} savait que le gouvernement dirigé par le Premier ministre [[Stanley Baldwin]] démissionnerait si le mariage avait lieu, et que cela l'obligerait à organiser des [[élection générale|élections générales]], perdant ainsi son statut de [[Monarchie constitutionnelle|monarque]] politiquement neutre. Il aurait donc choisi d'[[Crise d'abdication d'Édouard VIII|abdiquer]] plutôt que de renoncer à sa relation. L'autre scénario, beaucoup plus probable d'un point de vue historique, est en revanche moins flatteur pour le roi : proche idéologiquement des théories [[Nazisme|nazies]] et même de certains hauts responsables du [[Troisième Reich]], il fut poussé à l'abdication par le gouvernement britannique.
La Seconde Guerre mondiale constitue le conflit armé le plus vaste que l’humanité ait connu, mobilisant plus de 100 millions de combattants de 61 nations, déployant les hostilités sur quelque 22 millions de km24, et tuant environ 62 millions de personnes, dont une majorité de civils. La Seconde Guerre mondiale est aussi la plus grande guerre idéologique de l’Histoire, ce qui explique que les forces de collaboration en Europe et en Asie occupées aient pu être solidaires de pays envahisseurs ou ennemis, ou qu’une résistance ait pu exister jusqu’en plein cœur de l’Allemagne nazie en guerre. Guerre totale, elle gomme presque entièrement la séparation entre espaces civils et militaires et donne lieu dans les deux camps à une mobilisation massive des ressources non seulement matérielles — économiques et scientifiques —, mais aussi morales et politiques, dans un engagement des sociétés tout entières.


Son frère cadet Albert monte sur le trône sous le nom de {{souverain2|George VI}}. Avec un règne de {{nobr|326 jours}}, {{souverain-|Édouard VIII}} est [[Liste des règnes les plus courts|l'un des monarques ayant eu le règne le plus court de l'histoire]] de la [[monarchie britannique]] et il ne fut jamais [[Couronnement du monarque britannique|couronné]].
La somme des dégâts matériels n’est pas évaluée avec certitude. Les pertes en vies humaines et les traumatismes collectifs et individuels sont considérables, la violence ayant pris des proportions inédites. Le conflit donne en effet lieu à de multiples crimes de guerre, crimes favorisés et banalisés par une violence militaire et policière d'une intensité et d'une profondeur inégalées, cette violence notamment contre les civils étant parfois un élément de la stratégie militaire. On assiste ainsi à l'émergence à une échelle inconnue jusqu'alors de crimes de masse particulièrement atroces et pour certains sans précédent, tout particulièrement à l'instigation de l'Allemagne nazie et du Japon impérial. Parmi ces crimes figurent des massacres génocidaires allant jusqu'à une organisation industrielle s’appuyant sur la déportation en camps de concentration, camps de travail et centres d'extermination, comportant des chambres à gaz à des fins d’extermination de populations entières (Juifs, Slaves, Tziganes) ou de catégories particulières d’individus (communistes, homosexuels, handicapés, Témoins de Jéhovah, etc.) particulièrement à l’instigation du régime nazi. L'ampleur des crimes des vaincus suscite la définition d'une incrimination nouvelle par les vainqueurs : le crime contre l'humanité, appliquée notamment au génocide des juifs d'Europe. Le régime Shōwa n'est nullement en reste en Asie avec, à son actif, dix millions de civils chinois enrôlés de force par la Kōa-in au Mandchoukouo, environ 200 000 « femmes de réconfort » enrôlées en Corée et dans tout l’Extrême-Orient, ainsi que l’annihilation systématique de civiles, principalement en Chine.


Après son abdication, il reçoit le titre de duc de Windsor et épouse Wallis Simpson en [[Troisième République (France)|France]] le {{Date|3 juin 1937}}, après l'officialisation du second divorce de celle-ci. Plus tard dans l'année, le couple se rend en [[Troisième Reich|Allemagne]]. Durant la [[Seconde Guerre mondiale]], il est initialement stationné avec le [[Corps expéditionnaire britannique#Seconde Guerre mondiale|corps expéditionnaire britannique]] en France, mais après des accusations de sympathies nazies<ref>{{Lien web|titre = Le duc qui voulait que son pays soit bombardé par les Nazis|url = https://www.courrierinternational.com/article/royaume-uni-le-duc-qui-voulait-que-son-pays-soit-bombarde-par-les-nazis|site = courrierinternational.com|date = 10 juin 2015|consulté le = 19 juin 2015}}.</ref>, il est nommé [[gouverneur général des Bahamas|gouverneur des Bahamas]]. Après la guerre, il ne reçut pas d'autres fonctions officielles et passa le reste de sa vie en France.
Il faut ajouter à cela l'assassinat systématique de résistants et d'opposants politiques, ainsi que les représailles contre les civils, comme le firent par exemple les nazis ; les viols généralisés des femmes dans les territoires ennemis occupés, crimes perpétrés tant par un camp que par l'autre, et à une moindre échelle dans les territoires amis ; les expérimentations sur des êtres humains auxquelles se livrèrent des médecins nazis tels le SS Josef Mengele, et l’unité japonaise 731 ; les bombardements aériens massifs de civils d’abord par l’Axe en Europe (Coventry au Royaume-Uni, Rotterdam aux Pays-Bas) et en Asie (Shanghai, Canton, Chongqing en Chine, cette dernière étant la ville la plus bombardée du conflit sino-japonais), puis par les Alliés : bombardement à grande échelle de nombreuses villes allemandes et notamment Dresde et Hambourg en Allemagne, attaques sur Tokyo au napalm au Japon. Développée par les États-Unis lors du conflit, la bombe atomique est utilisée pour la première fois de l'Histoire : deux bombes A larguées sur des cibles civiles par les États-Unis explosent à trois jours d’intervalle, à Hiroshima et à Nagasaki, au Japon.


== Premières années ==
La Seconde Guerre mondiale propulse les États-Unis et l’URSS, principaux vainqueurs, au rang de superpuissances concurrentes appelées à dominer le monde et à se confronter dans une vive rivalité idéologique et politique, pendant près d'un demi-siècle, et à s'affronter militairement par États interposés comme pour la guerre de Corée, celle du Viêt Nam et celle d'Afghanistan. Elle scelle le déclin des vieilles puissances impériales d’Europe et ouvre le processus de décolonisation qui s’accélère dans l'après-guerre en Asie, dans le monde arabe et en Afrique, jusqu'aux années 1960.
=== Enfance ===
[[Fichier:Edward VIII boy.jpg|gauche|vignette|redresse|Le jeune David (prénom d'usage au sein de la famille), photographié par sa grand-mère, la reine [[Alexandra de Danemark|Alexandra]].]]
{{souverain-|Édouard VIII}} est né le {{date-|23 juin 1894}} à [[White Lodge, Richmond Park|White Lodge]], résidence située à [[Richmond Park]], dans les faubourgs de [[Londres]], sous le règne de son arrière-grand-mère, la reine [[Victoria (reine)|Victoria]]<ref>{{Harvsp|Windsor|1951|p=1}}.</ref>. Il était le fils aîné du prince George, [[duc d'York]] (futur {{souverain2|George V}}), lui-même second fils du [[prince de Galles]] (futur {{souverain2|Édouard VII}}) et de la princesse de Galles ([[Alexandra de Danemark]]). Sa mère, la duchesse d'York (future [[Mary de Teck|reine Mary]]), était la fille aînée du [[François de Wurtemberg|duc]] et de la [[Marie-Adélaïde de Cambridge|duchesse de Teck]]. En tant qu'arrière-petit-fils du monarque dans la lignée mâle, Édouard reçut à la naissance le titre de ''Son Altesse'' le prince Édouard d'York. Son oncle, le [[Albert Victor de Galles|duc de Clarence]], étant décédé prématurément en 1892, il occupe, à sa naissance, le troisième rang dans la [[Ordre de succession au trône britannique|ligne de succession au trône]], après son grand-père et son père.


Il fut baptisé Édouard Albert Christian George Andrew Patrick David le {{date-|16 juillet 1894}} par l'[[archevêque de Canterbury]] [[Edward White Benson]]<ref group="n">Ses parrains étaient : [[Victoria du Royaume-Uni]] (son arrière-grand-mère paternelle) ; le [[Christian IX de Danemark|roi]] et la [[Louise de Hesse-Cassel|reine du Danemark]] (ses arrière-grands-parents paternels, qui furent représentés par le prince Adolphe de Teck et sa tante maternelle, la [[Louise du Royaume-Uni (1867-1931)|duchesse de Fife]]) ; le [[Guillaume II de Wurtemberg|roi de Wurtemberg]] (son cousin, représenté par son grand-oncle, le [[Arthur du Royaume-Uni (duc de Connaught et Strathearn)|duc de Connaught]]) ; la [[Olga Constantinovna de Russie|reine de Grèce]] (sa grand-tante, représentée par sa tante paternelle, la [[Victoria Alexandra du Royaume-Uni|princesse Victoria]]) ; le [[Alfred Ier de Saxe-Cobourg-Gotha|duc de Saxe-Cobourg-Gotha]] (son grand-oncle, représenté par le cousin du prince Édouard, [[Louis Alexandre de Battenberg]]); le [[Édouard VII|prince]] et la [[Alexandra de Danemark|princesse de Galles]] (ses grands-parents paternels) ; le tsar {{souverain3|Nicolas II de Russie}} (son cousin) ; le [[George de Cambridge (1819-1904)|prince George]], duc de Cambridge (son grand-oncle maternel et le cousin de la reine Victoria) ; et le [[François de Wurtemberg|duc]] et la duchesse de Teck (ses grands-parents maternels).</ref>{{,}}<ref>{{lien web |url=http://users.uniserve.com/~canyon/christenings.htm#Christenings |titre=Yvonne's Royalty Home Page - Royal Christenings}}.</ref>. Les prénoms furent choisis en honneur de son [[Albert Victor de Galles|oncle]] qui était appelé « Eddy » ou Édouard par sa famille et son arrière-grand-père {{souverain3|Christian IX de Danemark}}. Le prénom Albert fut inclus à la demande de la reine Victoria, pour rappeler son [[Albert de Saxe-Cobourg-Gotha|défunt mari]], et ses quatre derniers prénoms, [[Georges de Lydda|Georges]], [[André (apôtre)|Andrew]], [[Patrick d'Irlande|Patrick]] et [[David de Ménevie|David]] dérivaient des quatre [[Liste de saints patrons|saints patrons]] de l'[[Angleterre]], de l'[[Écosse]], de l'[[Irlande (île)|Irlande]] et du [[Pays de Galles]]. Il était toujours appelé David par les membres de sa famille et ses amis proches.
L'ampleur des destructions et des morts suscite la création d'instances internationales, politiques et économiques, visant à éviter la réapparition des conditions ayant mené à la guerre (Organisation des Nations unies, Fonds monétaire international, Banque mondiale et Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce pour les plus connues). Enfin, ce dernier conflit d'ampleur sur le continent européen est suivi en Europe de l'Ouest par une période de prospérité sans précédent, dans la foulée de la reconstruction, et l'émergence progressive d'un projet d'unification politique pacifique porté en premier lieu par les deux adversaires historiques, l'Allemagne et la France.


Comme les autres enfants de la haute société britannique de l'époque, Édouard et son jeune frère furent élevés par des [[Nourrice|nourrices]]. L'une de ses premières nourrices malmena Édouard en le pinçant avant qu'il ne soit présenté à ses parents. Ses pleurs et ses gémissements poussèrent le duc et la duchesse à renvoyer Édouard et la nourrice<ref>{{Harvsp|Windsor|1951|p=7}}</ref>. La nourrice fut par la suite licenciée.
Marche vers la guerre
Article détaillé : Causes de la Seconde Guerre mondiale.
Origines du conflit en Europe
Articles détaillés : Revanchisme et Réarmement de l'Allemagne sous le Troisième Reich.


Le père d'Édouard, quoique strict en matière de discipline<ref>{{Harvsp|Windsor|1951|p=25-28}}</ref>, était manifestement affectueux<ref>{{Harvsp|Ziegler|1991|p=30-31}}</ref> et sa mère montrait un caractère enjoué avec ses enfants, contredisant son image publique assez austère. Elle s'amusait, par exemple, des têtards mis par ses enfants sur les toasts de leur professeur de français<ref>{{Harvsp|Windsor|1951|p=38-39}}.</ref>. Elle les encouragea à se confier à elle<ref>{{Harvsp|Ziegler|1991|p=79}}.</ref>.
Territoires de l'Axe :
Puissances de l'Axe
Colonies et territoires occupés de l'Axe
Territoires alliés :
Alliés occidentaux
Dominions des Alliés occidentaux
Colonies et territoires occupés des Alliés occidentaux
Alliés de l'Est (URSS et États satellites)
Autres :
Empire du Japon et États satellites (avant de rejoindre l'Axe)
URSS et États satellites (avant de rejoindre les Alliés)
France de Vichy et ses colonies (officiellement neutre, mais collaboratrice de l'Axe)
Pays neutres
(Image animée, cliquez dessus pour voir l'évolution)
Les traités de Versailles, Saint-Germain-en-Laye, Trianon et Neuilly avaient suscité rancœurs, frustrations et désirs de reconquête chez les Allemands, les Autrichiens-Hongrois et les Bulgares5. L'humiliation de la défaite de 1918 et la signature du traité de Versailles sont vécues comme un diktat en Allemagne. C'est l'idée que la classe politique allemande est à l'origine de cette défaite qui entraine un sentiment de rancœur au sein de l'armée qui rejoindra les nazis dans leur ascension au pouvoir6.


=== Éducation ===
La crise de 1929 conduit les différents États à adopter des mesures protectionnistes et à se placer en rivaux. Alors que l’agressivité des démocraties se situe sur le plan économique, les dictatures fascistes vont adopter une stricte autarcie et, naturellement, penser leur défense et leur expansion en termes militaires. Mais partout, des politiques d’armement sont mises en place efficacement pour sortir du marasme économique7.
Édouard fut initialement éduqué à domicile par Helen Bricka. Lorsque ses parents visitèrent l'[[Empire britannique]] durant près de neuf mois à la suite de la mort de la reine Victoria en 1901, le jeune Édouard et son frère restèrent en Grande-Bretagne avec leurs grands-parents, la reine Alexandra et le roi {{souverain-|Édouard VII}} qui leur témoignèrent beaucoup d'affection. Au retour de ses parents, Édouard fut placé sous les soins de deux hommes, Frederick Finch et Henry Hansell, qui élevèrent pratiquement Édouard et son frère durant leurs premières années<ref>{{Harvsp|Parker|1988|p=12-13}}.</ref>.


Édouard fut gardé sous le tutorat strict de Hansell jusqu'à environ l'âge de {{nobr|13 ans}} ; Hansell souhaitait qu'Édouard entre à l'école plus tôt, mais son père s'y opposa. Édouard passa les concours pour entrer au [[Osborne House|collège naval d'Osborne]] et il fut accepté en 1907<ref>{{Harvsp|Parker|1988|p=13-14}}</ref>. Après deux années au collège naval où il ne se plaisait pas, Édouard intégra le [[Britannia Royal Naval College]] à [[Dartmouth (Angleterre)|Dartmouth]]. Deux années d'étude suivies par son entrée dans la [[Royal Navy]] étaient prévues. Lorsque son père monta sur le trône le {{date-|6 mai 1910}} après la mort d'{{souverain-|Édouard VII}} sous le nom de {{souverain-|George V}}, Édouard devint automatiquement [[duc de Cornouailles]] et de [[duc de Rothesay|Rothesay]]. Il fut investi [[prince de Galles]] un mois après son {{16e|anniversaire}} le {{date-|23 juin 1910}} et les préparatifs se mirent en place pour ses futures missions en tant que roi. Ses études furent arrêtées avant leur terme formel, et il passa trois mois en tant qu'aspirant à bord du [[cuirassé]] {{HMS|Hindustan|1903|6}} avant d'intégrer le ''[[Magdalen College (Oxford)|Magdalen College]]'' d'[[Université d'Oxford|Oxford]], pour lequel, selon l'opinion de ses biographes, il n'était pas intellectuellement préparé. Il quitta Oxford sans aucun diplôme<ref>{{Harvsp|Parker|1988|p=14-16}}.</ref>.
Ceci pourrait expliquer une guerre dans un contexte où la politique de l’Allemagne aurait été inspirée par les classes dominantes traditionnelles. La guerre en Europe est toutefois directement issue des ambitions expansionnistes du parti nazi — au pouvoir en Allemagne — exprimées dès 1924 par Adolf Hitler dans Mein Kampf. Sur ces ambitions visant à conquérir un espace vital pour le peuple germanique se sont greffées les velléités expansionnistes du régime fasciste italien qui tenta tant bien que mal de se constituer un empire colonial en Éthiopie et en Europe du Sud.

== Prince de Galles ==

=== Investiture ===
[[Fichier:Edward V111 circa1915.jpg|vignette|redresse|gauche|Édouard durant la Première Guerre mondiale.]]
Édouard devint officiellement [[prince de Galles]] lors d'une cérémonie spéciale au [[château de Caernarfon]] le {{date-|13 juillet 1911}}<ref>{{Ouvrage |prénom1=Alison |nom1=Weir |lien auteur1=Alison Weir |titre=Britain's Royal Families |sous-titre=The Complete Genealogy Revised edition |lieu=Londres |éditeur=Pimlico |année=1996 |pages totales=386 |passage=327 |isbn=0-7126-7448-9}}.</ref>. L'investiture eut lieu au [[Pays de Galles]] à l'instigation du politicien gallois [[David Lloyd George]], [[connétable]] du château et [[chancelier de l'Échiquier]] du gouvernement [[Parti libéral (Royaume-Uni)|libéral]]<ref name="duke">{{Harvsp|Windsor|1951|p=78}}.</ref>. Lloyd George inventa une cérémonie assez extravagante dans le style d'une reconstitution historique, et apprit quelques mots de [[gallois]] à Édouard.

=== Première Guerre mondiale ===
Lors du déclenchement de la [[Première Guerre mondiale]], Édouard, tout juste âgé de {{nobr|20 ans}}, avait l'âge minimum pour entrer dans l'armée et voulait participer au conflit<ref>{{Harvsp|Windsor|1951|p=106-107}} ; {{Harvsp|Ziegler|1991|p=48-50}}</ref>. Il avait rejoint les ''[[Grenadier Guards]]'' en {{date-|juin 1914}}, mais le secrétaire à la Guerre [[Horatio Herbert Kitchener|Lord Kitchener]] refusa de le laisser combattre sur le front en évoquant le mal terrible que produirait la capture de l'héritier par l'ennemi<ref>{{Harvsp|Roberts|2000|p=41}} ; {{Harvsp|Windsor|1951|p=109}}.</ref>.

Malgré cela, Édouard vit la [[guerre de tranchée]] de ses propres yeux et il essayait de visiter les premières lignes aussi souvent que possible, ce qui lui valut la [[Croix militaire (Royaume-Uni)|croix militaire]] en 1916. Son rôle dans la guerre, bien que limité, le rendit populaire auprès des vétérans<ref>{{Harvsp|Ziegler|1991|p=111}} ; {{Harvsp|Windsor|1951|p=140}}.</ref>. Édouard réalisa son premier vol militaire en 1918 et il obtint par la suite sa licence de pilote<ref>{{Ouvrage |titre={{souverain-|Edward VIII}} (Jan-Dec 1936) |éditeur=Site officiel de la monarchie britannique |année= |isbn= |lire en ligne=http://www.royal.gov.uk/HistoryoftheMonarchy/KingsandQueensoftheUnitedKingdom/TheHouseofWindsor/EdwardVIII.aspx |consulté le={{1er}} mai 2010}}.</ref>.

=== Engagements publics ===
[[Fichier:Edward VIII 1920.jpg|vignette|redresse|Le prince Édouard en 1920.]]
Tout au long des {{lnobr|années 1920}}, Édouard, en tant que prince de Galles, représenta son père, le roi {{souverain-|George V}}, au Royaume-Uni et à l'étranger en de nombreuses occasions. Il se rendait fréquemment dans les zones pauvres du pays<ref>{{Harvsp|Windsor|1951|p=215}}.</ref> et il réalisa {{nobr|16 tournées}} dans diverses parties de l'[[Empire britannique|Empire]] entre 1919 et 1935 ; durant une visite au [[Canada]] en 1919, il acheta le ranch Bedingfield près de Pekisko dans l'[[Alberta]]<ref>{{Ouvrage |prénom1=Paul |nom1=Voisey |titre=High River and the Times : an Alberta community and its weekly newspaper, 1905-1966 |lieu=Edmonton, Alberta |éditeur=University of Alberta |année=2004 |pages totales=270 |passage=129 |isbn=0-88864-411-6 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=SfNxewX8MnUC&printsec=frontcover}}.</ref>. En 1924, il remit le [[trophée Prince de Galles]] à la [[Ligue nationale de hockey]]<ref>{{Ouvrage |titre=Prince of Wales Trophy |éditeur=National Hockey League |année= |isbn= |lire en ligne=http://www.nhl.com/trophies/wales.html |consulté le={{1er}} mai 2010}}.</ref>. Son rang, ses voyages, son air élégant et son statut de célibataire attirèrent l'attention du public et à l'apogée de sa popularité, il était la célébrité la plus photographiée au monde<ref>{{Harvsp|Broad|1961|p=4-5}}.</ref>.

Son attitude envers de nombreux sujets de l'Empire et ses divers peuples indigènes, à la fois en tant que prince de Galles puis par la suite en tant que duc de Windsor, a été peu commentée à l'époque, mais a par la suite terni sa réputation<ref name="ziegler">{{Harvsp|Ziegler|1991|p=448}}.</ref>. Il déclara par exemple des [[aborigènes d'Australie]] : {{citation|ils sont les formes de vie les plus révoltantes que j'aie jamais vues ! Ils sont les êtres humains connus les plus primitifs et les choses les plus proches des singes<ref>{{Chapitre |nom1=Godfrey |prénom1=Rupert |année=1998 |titre=Letters From a Prince: Edward to Mrs. Freda Dudley Ward 1918-1921 |titre chapitre=11 July 1920 |éditeur=Little, Brown & Co |isbn=0-7515-2590-1}}.</ref>}}.

=== Romances et vie privée ===
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 102-13538, Edward Herzog von Windsor.jpg|vignette|gauche|redresse|alt=Édouard porte un haut de forme et un nœud papillon|Édouard en 1932.]]
La réputation de [[Séduction|coureur de jupons]] d'Édouard et les exemples de comportements imprudents durant les {{lnobr|années 1920}} et [[Années 1930|1930]] inquiétèrent le Premier ministre [[Stanley Baldwin]], le roi {{souverain2|George V}} et les personnes proches du prince. [[Alan Lascelles]], le secrétaire particulier d'Édouard durant huit ans lors de cette période, croyait que {{citation|pour une raison héréditaire ou psychologique, son développement mental s'était arrêté lorsqu'il avait atteint l'adolescence<ref>{{Article |nom1=Lascelles |prénom1=Alan 'Tommy' |titre=Prince Charmless: A damning portrait of {{souverain-|Edward VIII}} |url=http://www.dailymail.co.uk/news/article-417388/Prince-Charmless-A-damning-portrait-Edward-VIII.html |périodique=[[Daily Mail]] |jour=20 |mois=novembre |année=2006 |consulté le={{1er}} mai 2010}}.</ref>}}. {{souverain-|George V}} était mécontent de l'échec d'Édouard à se ranger, dégoûté par ses nombreuses aventures avec des femmes mariées et réticent à le voir monter sur le trône. Il déclara à propos de son fils : {{citation|Après ma mort, ce garçon va se ruiner en un an<ref>{{Ouvrage |prénom1=Keith |nom1=Middlemas |prénom2=John |nom2=Barnes |titre=Baldwin |sous-titre=A Biography |lieu=Londres |éditeur=[[Weidenfeld & Nicolson|Weidenfeld and Nicolson]] |année=1969 |passage=976 |isbn=0-297-17859-8}}.</ref>}}.

Lors de son séjour en France, en tant qu'officier des [[Grenadier Guards]] pendant la Première Guerre mondiale, il rencontre [[Marguerite Alibert]], une courtisane française. Accusée du meurtre de son époux, elle aurait bénéficié de cette ancienne relation amoureuse pour son acquittement. Dans son ouvrage intitulé ''The Prince, the Princess and the Perfect Murder'', l'avocat et ancien juge britannique Andrew Rose avance que l'entourage du prince de Galles aurait entamé des négociations immédiatement après l'arrestation de Marguerite Alibert, craignant que celle-ci révèle des correspondances intimes avec le prince, pouvant ternir l'honneur et la réputation de la famille royale<ref>{{Article|langue=français|auteur1=|titre=Un livre révèle la liaison entre {{souverain-|Edouard VIII}} et une Française|périodique=L'Obs|date=05 avril 2013|lire en ligne=https://www.nouvelobs.com/monde/20130405.REU1273/un-livre-revele-la-liaison-entre-edouard-viii-et-une-francaise.html|pages=}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=français|auteur1=Julien Helmlinger|titre=Quand la maison royale britannique étouffa le crime parfait|périodique=Actualitte|date=08.04.2013|lire en ligne=https://www.actualitte.com/article/monde-edition/quand-la-maison-royale-britannique-etouffa-le-crime-parfait/40557|pages=}}.</ref>.

En 1929, le magazine ''[[Time (magazine)|Time]]'' rapporta qu'Édouard avait taquiné sa belle-sœur, [[Elizabeth Bowes-Lyon|Elizabeth]], l'épouse de son frère cadet [[George VI|Albert]], en l'appelant « reine Élisabeth ». Le magazine s'interrogeait {{citation|si elle ne se demandait pas parfois quelle était la part de vérité dans l'histoire selon laquelle il avait une fois dit qu'il renoncerait à ses droits à la mort de {{souverain-|George V}}, ce qui ferait de son surnom la vérité<ref>{{Article |url=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,769224,00.html |titre=Foreign News: P'incess Is Three |périodique=Time |jour=29 |mois=avril |année=1929 |consulté le={{1er}} mai 2010}}.</ref>}}. Édouard vieillissait et restait [[Célibat|célibataire]], mais son frère et sa belle-sœur avaient déjà deux enfants dont la [[Élisabeth II|princesse Élisabeth]]. Le roi {{souverain-|George V}} préférait son fils Albert (« Bertie ») et sa petite-fille Élisabeth (« Lilibet »), et dit à un courtisan : {{citation|Je prie Dieu que mon fils aîné [Édouard] n'ait jamais ni femme ni enfant, et que rien n'empêche Bertie et Lilibet d'accéder au trône<ref>{{Ouvrage |prénom1=Mabell |nom1=Airlie |titre=Thatched with Gold |lieu=Londres |éditeur=Hutchinson |année=1962 |passage=197 }}.</ref>}}.

En 1930, {{souverain-|George V}} donna une résidence à Édouard à [[Fort Belvedere]] dans le [[Windsor Great Park|Grand Parc de Windsor]]<ref>{{Harvsp|Windsor|1951|p=235}}.</ref>. Édouard y entama une série de relations avec des femmes mariées, dont l'héritière du textile [[Freda Dudley Ward]] et Thelma {{Lien|langue=en|fr=Thelma Morgan|texte=Lady Furness}}, l'épouse d'un [[Pairie du Royaume-Uni|pair britannique]], qui le présenta à son amie américaine, [[Wallis Simpson]]. Mme Simpson avait divorcé de son premier mari en 1927 et son deuxième époux, {{Lien|langue=en|fr=Ernest Simpson}} était un homme d'affaires américano-britannique. Il est généralement accepté que Wallis Simpson et le prince de Galles devinrent amants lorsque Lady Furness voyageait à l'étranger, même si Édouard assura véhémentement à son père qu'il n'y avait aucune intimité et qu'il n'était donc pas approprié de parler de [[Maîtresse (relation amoureuse)|maîtresse]]<ref>{{Harvsp|Ziegler|1991|p=233}}</ref>. La relation avec Simpson aggrava encore plus ses liens déjà tendus avec son père. Même si le roi {{souverain-|George V}} et la reine Marie avaient rencontré Mme Simpson au palais de Buckingham en 1935<ref>{{Harvsp|Windsor|1951|p=255}}</ref>, ils refusèrent de la revoir<ref>{{Harvsp|Bradford|1989|p=142}}.</ref>.

L'aventure d'Édouard avec une femme américaine divorcée entraîna de telles inquiétudes que le couple était espionné par les membres de la ''[[Special Branch]]'' de la ''[[Metropolitan Police Service]]'' (habituellement chargée de missions [[antiterrorisme|antiterroristes]]) qui se renseignèrent en secret sur la nature de leur relation. Un rapport non daté détaille la visite d'un magasin d'antiquités par le couple dont le propriétaire nota par la suite que {{citation|la dame semblait contrôler complètement le POW [prince de Galles]<ref>{{Article |nom1=Boycott |prénom1=Owen |nom2=Bates |prénom2=Stephen |titre=Car dealer was Wallis Simpson's secret lover |périodique=[[The Guardian]] |jour=30 |mois=janvier |année=2003 |url=http://www.guardian.co.uk/uk_news/story/0,3604,885144,00.html |consulté le={{1er}} mai 2010 |lieu=Londres}}.</ref>}}. La perspective qu'une Américaine divorcée au passé discutable ait une telle influence sur le [[prince héritier]] inquiéta le gouvernement et les membres de l'institution monarchique.

== Roi du Royaume-Uni ==
=== Accession au trône ===
[[Fichier:King Edward VIII opening Parliament.jpg|vignette|gauche|redresse|{{souverain-|Édouard VIII}} entouré par les hérauts du ''[[College of Arms]]'' avant sa seule [[Cérémonie d'ouverture du Parlement (Royaume-Uni)|cérémonie d'ouverture du Parlement]] le {{date-|3 novembre 1936}}.]]
{{souverain-|George V}} mourut le {{date-|20 janvier 1936}} et Édouard monta sur le trône sous le nom d'{{souverain-|Édouard VIII}}. Le lendemain, il brisa le protocole royal en regardant la proclamation de son accession au trône depuis une fenêtre en compagnie de Wallis Simpson, qui était toujours mariée<ref>{{Harvsp|Windsor|1951|p=265}}.</ref>. {{souverain-|Édouard VIII}} causa un malaise dans les cercles gouvernementaux avec des actions interprétées comme des interférences dans les affaires politiques. Sa déclaration lors d'une visite dans les mines de charbon en déclin de [[Galles du Sud]] selon laquelle {{citation|quelque chose devait être fait<ref name="matthew">{{Chapitre |nom1=Matthew |prénom1=H. C. G. |mois=septembre |année=2004 |url=http://www.oxforddnb.com/view/article/31061 |titre chapitre={{souverain-|Edward VIII}}, later Prince Edward, duke of Windsor (1894–1972) |titre ouvrage=[[Oxford Dictionary of National Biography]] |éditeur=Oxford University Press |doi=10.1093/ref:odnb/31061 |consulté le={{1er}} mai 2010 }} (Inscription nécessaire).</ref>}} pour les mineurs au chômage fut considéré comme une critique directe du gouvernement même s'il n'était pas certain qu'Édouard le pensait ainsi. Les ministres étaient réticents à envoyer des documents confidentiels et des papiers officiels à Fort Belvedere, car il était clair qu'Édouard ne s'y intéressait pas et qu'il était possible que Wallis Simpson et les autres invités puissent y avoir accès<ref>{{Harvsp|Ziegler|1991|p=273-274}}.</ref>.

=== Exercice du pouvoir ===
L'approche peu orthodoxe d'Édouard vis-à-vis de son rôle s'étendit également à la monnaie qui portait son effigie. Il s'opposa à la tradition selon laquelle le profil du nouveau monarque sur les pièces de monnaie était tourné dans la direction opposée à celle de son prédécesseur. Édouard insista pour qu'il soit tourné vers la gauche (comme son père)<ref>{{Harvsp|Windsor|1951|p=293-294}}.</ref> pour montrer la séparation des cheveux<ref>{{Ouvrage|prénom1=A.|nom1=Michie|titre=God Save The Queen|éditeur=|année=|isbn=}}.</ref>. Seules quelques pièces d'essai furent frappées avant l'abdication. Lorsque {{souverain2|George VI}} monta sur le trône, son profil était tourné vers la gauche pour revenir à la tradition, puisque l'alternance normale aurait voulu que le profil d’{{souverain-|Édouard VIII}} regardât vers la droite<ref>{{lien web |url=http://www.royal.gov.uk/MonarchUK/Symbols/Coinageandbanknotes.aspx |titre=Coinage and bank notes |éditeur=Site officiel de la monarchie britannique |consulté le={{1er}} mai 2010}}.</ref>.

[[Fichier:EdwardVIIIcoin.jpg|vignette|Pièce de monnaie à l'effigie d'{{souverain-|Édouard VIII}}.]]

=== Tentative d'assassinat ===
Le {{date-|16 juillet 1936}}, lors de la cérémonie du [[Trooping the Colour]], un homme nommé {{Lien|trad=George McMahon (failed assassin)|fr=George McMahon}}, connu alors sous le nom de Jerome Bannigan, dégaina un revolver chargé alors qu'Édouard descendait à cheval [[Constitution Hill]] près du [[palais de Buckingham]]. Une femme assistant à la cérémonie, Alice Lawrence, s'est alors agrippée à son bras pour tenter de le maîtriser. La police repéra l'arme et il fut rapidement arrêté. À son procès, Bannigan déclara qu'une « puissance étrangère » l'avait approché pour qu'il tue Édouard, qu'il avait informé le [[Security Service|MI5]] du plan et qu'il avait exécuté sa mission pour que le MI5 puisse arrêter les véritables coupables mais que les services secrets n'avaient rien fait pour tenter de l'éviter<ref>{{Article |auteur1= |titre=Révélations. L’État britannique a-t-il couvert la tentative d’assassinat du roi {{souverain-|Édouard VIII}} ? |périodique=[[Courrier international]] |date=29-06-2020 |lire en ligne=https://www.courrierinternational.com/article/revelations-letat-britannique-t-il-couvert-la-tentative-dassassinat-du-roi-edouard-viii |consulté le=02-07-2020}}.</ref>. Le tribunal rejeta ces déclarations et il fut condamné à un an de prison<ref>{{lien web |url=http://www.nationalarchives.gov.uk/releases/2003/january2/attempt.htm |titre=George Andrew McMahon: attempt on the life of H.M. King {{souverain-|Edward VIII}} at Constitution Hill on 16 July 1936 |année=2003 |éditeur=The National Archives, Kew |consulté le=5 mars 2011}}.</ref>. On pense aujourd'hui que Bannigan avait effectivement été en contact avec le MI5, mais la véracité de ses autres déclarations reste incertaine<ref>{{Article |nom1=Cook |prénom1=Andrew |titre=The plot thickens |périodique=The Guardian |jour=3 |mois=janvier |année=2003 |url=http://www.guardian.co.uk/g2/story/0,3604,867861,00.html |consulté le={{1er}} mai 2010 |lieu=Londres}}.</ref>.

=== Négociations pour un mariage avec Wallis Simpson ===
[[Fichier:Mustafa Kemal Atatürk and Edward VIII.jpg|vignette|{{souverain-|Édouard VIII}} et le [[Président de la République de Turquie|président turc]] [[Mustafa Kemal Atatürk]] à [[Istanbul]] le {{date-|4 septembre 1936}}.]]
En août et {{date-|septembre 1936}}, Édouard et Wallis Simpson effectuèrent une croisière dans l'est de la [[Mer Méditerranée|Méditerranée]] à bord du yacht à vapeur ''Nahlin''. En octobre, il devint clair que le nouveau roi avait l'intention d'épouser Wallis Simpson, en particulier lorsque la procédure de divorce du couple Simpson commença au tribunal d'[[Ipswich]]<ref>{{Harvsp|Broad|1961|p=56-57}}.</ref>. Les préparatifs pour toutes les éventualités commencèrent dont celle d'un couronnement du roi {{souverain-|Édouard VIII}} et de la reine Wallis. Du fait des implications religieuses de tout mariage, des plans furent réalisés pour organiser une cérémonie de couronnement laïque non pas dans des lieux religieux comme l'[[abbaye de Westminster]], mais dans la [[maison des banquets]] de [[Whitehall]]<ref>''[[Antiques Roadshow]]'', BBC One, {{date-|14 octobre 2007}}. Le personnel de la maison des banquets a découvert des plans pour le couronnement dont un schéma manuscrit de la décoration du hall.</ref>. Même si les journaux américains firent les gros titres avec cette relation, les médias britanniques restèrent volontairement silencieux et le public ignora tout jusqu'au début du mois de décembre.

Le {{date-|16 novembre 1936}}, {{souverain-|Édouard VIII}} invita le Premier ministre [[Stanley Baldwin]] au [[palais de Buckingham]] et il exprima son désir d'épouser [[Wallis Simpson]] lorsqu'elle aurait terminé son divorce. Baldwin répondit que ses sujets considéreraient que le mariage serait moralement inacceptable, en grande partie parce que le divorce n'était pas accepté par l'[[Église d'Angleterre]] et que les gens ne toléreraient pas Wallis comme reine<ref>{{Harvsp|Windsor|1951|p=330-331}}.</ref>. En tant que roi, {{souverain-|Édouard VIII}} était devenu [[gouverneur suprême de l'Église d'Angleterre]] et le clergé exigea de lui qu'il soutînt les enseignements de l'Église.

[[Fichier:Edward abdication.png|vignette|gauche|L'acte d'abdication signé par {{souverain-|Édouard VIII}} et ses trois frères.]]
{{souverain-|Édouard VIII}} proposa la solution alternative d'un [[mariage morganatique]] par lequel il deviendrait roi sans que Wallis Simpson devînt reine. Elle aurait un titre de rang inférieur et aucun des enfants qu'ils auraient ne pourrait revendiquer le trône. Cette proposition fut rejetée par le [[Cabinet (Royaume-Uni)|Cabinet britannique]]<ref>{{Harvsp|Windsor|1951|p=346}}.</ref> de même que par les autres gouvernements des [[dominion]]s<ref>{{Harvsp|Windsor|1951|p=354}}.</ref> dont les vues étaient conformes au [[Statut de Westminster]] de 1931 qui précisait que {{citation|toute modification des règles de succession au trône et de présentation des titres royaux [soit présentée] à l'assentiment des parlements des dominions comme à celui du [[Parlement du Royaume-Uni]]<ref>{{Ouvrage |titre=Statute of Westminster 1931 c.4 |éditeur=The UK Statute Law Database |année= |isbn= |lire en ligne=http://www.statutelaw.gov.uk/content.aspx?activeTextDocId=1081723 |consulté le={{1er}} mai 2010}}.</ref>}}. Les Premiers ministres d'[[Australie]], du [[Canada]] et d'[[Union d'Afrique du Sud|Afrique du Sud]] rendirent publique leur opposition au mariage du roi avec une femme divorcée<ref>{{Harvsp|Ziegler|1991|p=305-307}}.</ref>. Le Premier ministre [[État libre d'Irlande|irlandais]] exprima son indifférence et son détachement tandis que le Premier ministre de [[Nouvelle-Zélande]], qui n'avait jamais entendu parler de Wallis Simpson auparavant, resta bouche bée<ref>{{Harvsp|Bradford|1989|p=187}}</ref>. Face à cette opposition, {{souverain-|Édouard VIII}} répondit qu'il {{citation|n'y avait pas grand monde en Australie}} et que leur opinion ne comptait pas<ref>{{Harvsp|Bradford|1989|p=188}}.</ref>.

{{souverain-|Édouard VIII}} informa Baldwin qu'il [[Abdication|abdiquerait]] s'il ne pouvait pas épouser Wallis Simpson. Baldwin présenta trois possibilités à {{souverain-|Édouard VIII}} : abandonner l'idée du mariage, se marier contre l'avis de ses ministres ou abdiquer<ref>{{Harvsp|Windsor|1951|p=354-355}}.</ref>. Il était clair qu'{{souverain-|Édouard VIII}} n'était pas prêt à abandonner Wallis Simpson et il savait que s'il se mariait contre l'avis de ses ministres, il causerait la démission du gouvernement et une crise constitutionnelle<ref>{{Ouvrage |prénom1=Lord |nom1=Beaverbrook |lien auteur1=Max Aitken |titre=The Abdication of King {{souverain-|Édouard VIII}} |lieu=Londres |éditeur=Hamish Hamilton |année=1966 |passage=57 }}</ref>. Il choisit donc d'abdiquer<ref>{{Harvsp|Windsor|1951|p=387}}.</ref>.

=== Abdication et départ en exil ===
Le {{date-|10 décembre 1936}}, à {{nobr|10 heures}}, en présence de deux avocats, {{souverain-|Édouard VIII}} signa les actes<ref group="n">Il y avait quinze copies séparées : une pour chaque dominion, l'[[État libre d'Irlande]], l'Inde, la [[Chambre des Communes (Royaume-Uni)|Chambre des Communes]], la [[Chambre des lords]] et le Premier ministre, entre autres.</ref> d'abdication à [[Fort Belvedere (Windsor Great Park)|Fort Belvedere]] en présence de ses trois frères, les ducs d'[[George VI du Royaume-Uni|York]], de [[Henry de Gloucester|Gloucester]] et de [[George de Kent|Kent]] (son plus jeune frère, [[John du Royaume-Uni|John]], était mort en 1919)<ref>{{Harvsp|Windsor|1951|p=407}}.</ref>. Ces actes, signés par le roi, indiquaient : « Moi, Édouard le Huitième, roi de Grande-Bretagne, d’Irlande et des Dominions britanniques au-delà des mers, empereur des Indes, déclare ici Ma détermination irrévocable à renoncer au Trône pour Moi-même et pour Mes descendants et Mon désir que cet acte d’abdication prenne effet immédiatement ». Ils furent portés à Londres vers midi et, à {{heure|15|40}}, l'abdication d'{{souverain-|Édouard VIII}} fut officiellement annoncée à [[Palais de Westminster|Westminster]]<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Paris |nom=Match |titre=Il y a {{nobr|80 ans}}, {{souverain-|Edward VIII}} abdiquait par amour pour Wallis Simpson |url=https://www.parismatch.com/Royal-Blog/Royaume-Uni/Il-y-a-80-ans-Edward-VIII-abdiquait-par-amour-pour-Wallis-Simpson-1140404 |site=parismatch.com |consulté le=2021-04-30}}.</ref>. Le lendemain, le dernier acte de son règne fut la [[sanction royale]] de sa déclaration d'abdication. Comme imposé par le [[Statut de Westminster]], tous les dominions acceptèrent l'abdication<ref>{{Ouvrage |prénom1=Andrew |nom1=Heard |titre=Canadian Independence |éditeur=[[Université Simon Fraser]], Canada |année=1990 |isbn= |lire en ligne=https://www.sfu.ca/~aheard/324/Independence.html |consulté le={{1er}} mai 2010}}.</ref> même si l'État libre d'Irlande ne vota pas l{{'}}''[[External Relations Act]]'' incluant l'acceptation de son abdication avant le {{date-|12 décembre}}.

Dans la nuit du {{date-|11 décembre 1936}}, Édouard fit une allocution radiophonique diffusée sur la [[BBC World Service|BBC]], depuis le [[château de Windsor]]. N'étant plus roi, il fut présenté par Sir [[John Reith]] comme {{citation|Son Altesse Royale le prince Édouard}}. Le discours avait été poli par [[Winston Churchill]] et était modéré dans le ton, parlant de l'incapacité d'Édouard, qui déclara notamment : {{citation|J'ai estimé impossible de porter le lourd fardeau de responsabilités et de remplir les devoirs qui m'incombent en tant que roi sans l'aide et le secours de la femme que j'aime}}. Le règne d'Édouard avait duré {{nobr|326 jours}}, le plus court parmi tous les monarques britanniques depuis le règne contesté de Lady [[Jeanne Grey]] plus de {{nobr|380 ans}} plus tôt. Quelques heures après cette dernière allocution, Édouard s'en alla définitivement du [[palais de Buckingham]] et quitta le Royaume-Uni pour l'[[Autriche]], mais il ne put rejoindre Wallis Simpson avant que son divorce ne soit prononcé plusieurs mois plus tard<ref>{{Harvsp|Ziegler|1991|p=336}}</ref>. Son frère, le duc d'York, lui succéda sous le nom de {{souverain2|George VI}} tandis que la fille aînée de ce dernier, la [[Élisabeth II|princesse Élisabeth]], devenait, à {{nobr|10 ans}}, la première dans l'[[Ordre de succession au trône britannique|ordre de succession]]. Elle lui succèdera des années plus tard, sous le nom de [[Élisabeth II]].

=== Causes politiques possibles ===

{{Article détaillé|Crise d'abdication d'Édouard VIII{{!}}Crise d'abdication d'{{souverain-|Édouard VIII}}}}
Selon une hypothèse commune, l'amour d'Édouard pour Wallis et son obstination à vouloir épouser une divorcée ont été instrumentalisés pour l'éloigner du trône. Selon cette hypothèse, le gouvernement britannique cherchait en fait une excuse pour écarter un couple qui avait beaucoup trop de sympathie pour l’[[Troisième Reich|Allemagne nazie]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Philip Ziegler]]|titre=King {{souverain-|Edward VIII}}|sous-titre=A Biography|éditeur=[[Alfred A. Knopf]]|année=1991|pages totales=552|passage=434|isbn=0-394-57730-2}}.</ref>.

Pour certains historiens comme Philip Williamson, l'idée populaire d'une abdication fondée sur des raisons politiques plus que religieuses (l'incompatibilité entre son mariage avec une femme divorcée et son rôle de chef de l'Église) est fausse et est liée au fait que le divorce est aujourd'hui beaucoup mieux accepté. Les restrictions religieuses qui empêchèrent {{souverain-|Édouard VIII}} de rester roi tout en épousant Wallis Simpson étaient largement suffisantes pour justifier son abdication<ref>{{Chapitre |nom1=Williamson |prénom1=Philip |année=2007 |titre chapitre=The monarchy and public values 1910-1953 |titre ouvrage=The monarchy and the British nation, 1780 to the present |passage=225 |éditeur=Cambridge University Press |isbn=978-0-521-84461-1}}.</ref>. Cependant les deux causes ne s'excluent pas : il est possible que le divorce ait suffi à provoquer la crise, mais que le gouvernement britannique ait été soulagé que cela permette d'éloigner un souverain peu sûr politiquement.

== Duc de Windsor ==

=== Création du titre par son frère ===
Le {{date-|12 décembre 1936}}, lors de la réunion d'accession du [[Conseil privé (Royaume-Uni)|conseil privé]], {{souverain-|George VI}} annonça qu'il voulait faire de son frère « ''Son Altesse Royale'' le duc de Windsor<ref>{{London Gazette|issue=34349|startpage=8111|date=12 décembre 1936}}</ref> ». Il voulait que ce soit le premier acte de son règne bien que les documents officiels ne fussent pas signés avant le {{date-|8 mars}} de l'année suivante. Durant l'intérim, Édouard était universellement connu comme le duc de Windsor. La décision de {{souverain-|George VI}} de faire d'Édouard un duc faisait qu'il ne pourrait pas se présenter à une élection pour la [[Chambre des communes (Royaume-Uni)|Chambre des communes]] ou parler de sujets politiques à la [[Chambre des lords]]<ref>Conversation de Clive Wigram avec Claud Schuster, greffier à la Couronne et secrétaire permanent du [[lord chancelier]] cité dans {{Harvsp|Bradford|1989|p=201}}.</ref>.

[[File:Edward VIII in 1937.jpg|vignette|{{souverain-|Édouard VIII}} en 1937.]]
La [[Lettres patentes|lettre patente]] datant du {{date-|27 mai 1937}} qui lui re-conférait le titre de duc de Windsor avançait spécifiquement que {{citation|sa femme et ses descendants, s'il y en a, ne pourront pas porter ce titre ou ces attributs}}. Certains ministres britanniques firent remarquer qu'Édouard n'avait aucun besoin de cette lettre, car il n'avait pas perdu son rang et d'autres considéraient que comme il avait abdiqué, il avait perdu tous ses titres royaux et devait être simplement appelé « {{M.|Edward Windsor}} ».

Le {{date-|14 avril 1937}}, le [[procureur général (Angleterre-et-Galles)|procureur général]], Sir Donald Somervell, soumit au [[secrétaire d'État à l'Intérieur]] [[John Allsebrook Simon]] un [[mémorandum]] résumant les vues du ''[[Lord Advocate]]'' Thomas Cooper, du conseiller parlementaire Sir Granville Ram et lui-même :
# {{Citation|Nous avons tendance à penser qu'après son abdication, le duc de Windsor n'a pas le droit de revendiquer le droit de se décrire en tant qu'Altesse Royale. En d'autres termes, aucune objection raisonnable n'aurait pu être prise si le roi avait décidé que son exclusion de la ligne de succession l'excluant du droit à ce titre comme conféré par la lettre patente.}}
# {{Citation|La question doit cependant être considérée sur la base du fait que, pour des raisons peu compréhensibles, il bénéficie, avec l'approbation expresse de Sa Majesté, de ce titre et a été appelé Altesse Royale lors d'une occasion formelle et dans les documents officiels. À la lumière de la jurisprudence, il semble clair que l'épouse d'une Altesse Royale jouit du même titre, sauf si une décision est prise pour l'en priver.}}
# {{Citation|Nous sommes arrivés à la conclusion que l'épouse ne peut pas revendiquer ce droit sur des bases légales. Nous considérons que le droit d'utiliser ce titre est dans les prérogatives de Sa Majesté et il a le pouvoir de la réguler par des lettres patentes dans des circonstances générales ou particulières<ref>Lettre du procureur général au secrétaire à l'Intérieur ({{date-|14 avril 1937}}) National Archives file HO 144/22945 cité dans {{Article |nom1=Velde |prénom1=François |jour=6 |mois=février |année=2006 |url=http://heraldica.org/topics/britain/drafting_lp1937.htm#documents |titre=The drafting of the letters patent of 1937 |périodique=Heraldica |consulté le=7 avril 2009}}.</ref>}}

=== Mariage avec Wallis en France ===
[[Fichier:ChateauCandé-B.jpg|vignette|gauche|Le [[château de Candé]] où les Windsor se marièrent.]]
Le duc de Windsor épousa Wallis Simpson, qui avait repris par ''[[deed poll]]'' son nom Wallis Warfield, lors d'une cérémonie privée le {{date-|3 juin 1937}} au [[château de Candé]] à [[Monts (Indre-et-Loire)|Monts]], près de [[Tours]] en [[Troisième République (France)|France]], propriété du sulfureux homme d'affaires franco-américain [[Charles Bedaux]], qui avait des relations avec des dignitaires nazis. Lorsque l'[[Église d'Angleterre]] refusa de reconnaître l'union, un ecclésiastique du [[Durham (comté)|comté de Durham]], le révérend Robert Anderson Jardine (vicaire de St Paul's, [[Darlington (Angleterre)|Darlington]]), offrit de célébrer la cérémonie et le duc accepta. Le nouveau roi, {{souverain-|George VI}}, interdit aux membres de la famille royale d'assister au mariage<ref>{{Ouvrage |prénom1=Susan |nom1=Williams |titre=The historical significance of the Abdication files |éditeur=Public Records Office of the United Kingdom |année=2003 |isbn= |lire en ligne=http://www.nationalarchives.gov.uk/releases/2003/january30/significance.htm |consulté le={{1er}} mai 2010}}.</ref> ; Édouard voulait en particulier que ses frères, les ducs de [[Henry de Gloucester|Gloucester]] et de [[George de Kent|Kent]], et son petit-cousin [[Louis Mountbatten]] soient présents, et cela laissa des traces dans les relations familiales<ref>{{Harvsp|Ziegler|1991|p=354-355}}.</ref>.

Après son mariage, le couple s'installe à Paris dans un hôtel particulier situé au {{n°|1}} [[square des Écrivains-Combattants-Morts-pour-la-France]], au croisement avec le [[boulevard Suchet]], où ils résident de 1937 à 1953<ref>[https://www.admagazine.fr/decoration/inspiration-deco/diaporama/cliches-villa-windsor-hotel-particulier-verdure-paris/62524 Article mentionnant la première résidence des Windsor à Paris].</ref>{{,}}<ref>[http://haute-decoration.over-blog.com/article-premiere-residence-parisienne-du-duc-et-de-la-duchesse-de-windsor-66366343.html Article sur la décoration et l'intérieur du premier hôtel particulier des Windsor à Paris].</ref>{{,}}<ref>[https://www.google.fr/books/edition/The_European_Collection/iDayCQAAQBAJ?hl=en&gbpv=1&dq=square+%22%C3%A9crivains+combattants%22&pg=PA274&printsec=frontcover Biographie du duc de Windsor mentionnant son arrivée au square des Écrivains-Combattants-Morts-pour-la-France].</ref>.

Le déni du titre d'Altesse Royale à la duchesse de Windsor aggrava les tensions avec la famille royale. De même, les questions financières furent un point de tension, le gouvernement ayant refusé d'inclure le duc et la duchesse sur la [[liste civile]], la dotation du duc était payée personnellement par {{souverain-|George VI}}. Le duc avait cependant compromis sa position avec son frère en cachant l'étendue de sa fortune personnelle lors des négociations informelles sur le montant de la dotation. La richesse d'Édouard était issue des revenus du titre de duc de Cornouailles qui lui étaient payés en tant que prince de Galles et ordinairement à la disposition d'un futur roi. {{souverain-|George VI}} payait également Édouard pour la [[Sandringham House]] et le [[château de Balmoral]]. Ces propriétés appartenaient personnellement à Édouard, qui en avait hérité directement de son père {{souverain-|George V}}<ref name="settlement">{{Harvsp|Ziegler|1991|p=376-378}}.</ref>. Les relations entre le duc de Windsor et le reste de la famille royale restèrent tendues durant des décennies. Édouard commença à devenir aigri envers sa mère à laquelle il écrivit en 1939 : {{citation|[votre dernière lettre]<ref group="n">Elle avait demandé à Alexander Hardinge d'écrire au duc qu'il ne pourrait pas être invité aux commémorations de la mort de son père.</ref> a détruit les derniers vestiges de sentiments que j'avais pour vous et a rendu une correspondance normale entre nous impossible<ref>{{Harvsp|Ziegler|1991|p=384}}</ref>}}. Dans les derniers jours du règne de {{souverain-|George VI}}, le duc téléphonait chaque jour pour demander de l'argent et le titre d'Al''tesse Royale'' pour la duchesse, jusqu'à ce que le roi harcelé ordonne de ne plus répondre aux appels<ref>{{Harvsp|Ziegler|1991|p=349}}.</ref>.

Le duc avait imaginé qu'il pourrait revenir en Grande-Bretagne après une année ou deux d'exil en France. Le roi {{souverain-|George VI}} (avec le soutien de sa mère, la reine Marie, et son épouse la reine [[Elizabeth Bowes-Lyon|Elizabeth]]) menaça de supprimer la dotation d'Édouard s'il retournait en Grande-Bretagne sans invitation<ref name="settlement"/>.

=== Seconde Guerre mondiale ===
[[Fichier:Duc et duchesse de Windsor avec Hitler (1937).jpg|vignette|La duchesse et le duc de Windsor avec [[Adolf Hitler|Hitler]] en 1937.]]
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 102-17964, Ordensburg Krössinsee, Herzog von Windsor.jpg|vignette|Édouard passe en revue une unité de [[Schutzstaffel|SS]] avec [[Robert Ley]] en 1937.]]
En {{date-|octobre 1937}}, le duc et la duchesse visitèrent l'[[Troisième Reich|Allemagne nationale-socialiste]] et rencontrèrent [[Adolf Hitler]] au ''[[Berghof]]'' à [[Obersalzberg]]. La visite fut largement annoncée et relatée par les médias allemands. Durant la visite, le duc effectua le [[salut nazi]] à de nombreuses reprises<ref>{{Harvsp|Donaldson|1974|p=331-332}}.</ref>.

L'ancien ambassadeur [[Autriche-Hongrie|austro-hongrois]] [[Albert von Mensdorff-Pouilly-Dietrichstein]], petit-cousin et ami de {{souverain2|George V}}, considérait qu'Édouard voyait le [[Nazisme|national-socialisme]] allemand comme un rempart contre le [[communisme]], et qu'il était même initialement en faveur d'une alliance avec l'Allemagne<ref>Documents d'Albert von Mensdorff-Pouilly-Dietrichstein (1861-1945) dans les Archives d'État de Vienne, cité dans {{Ouvrage |prénom1=Kenneth |nom1=Rose |titre=King {{souverain-|George V}} |lieu=Londres |éditeur=[[Weidenfeld & Nicolson|Weidenfeld and Nicolson]] |année=1983 |pages totales=514 |passage=391 |isbn=0-297-78245-2}}.</ref>. L'attitude d'Édouard à cette époque est représentative de nombreux cercles dirigeants britanniques qui ont un double sentiment [[Germanophilie|germanophile]] et hitlérophile<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[François-Georges Dreyfus]]|titre=1919-1939|sous-titre=l'engrenage|éditeur=Fallois|année=2002|passage=302|isbn=}}.</ref>. L'expérience d'Édouard des « scènes d'horreur sans fin<ref>{{Harvsp|Windsor|1951|p=122}}</ref> » durant la [[Première Guerre mondiale]] le poussa à soutenir la [[politique d'apaisement]] du Premier ministre britannique [[Neville Chamberlain]].

Hitler considérait Édouard comme un partisan de l'Allemagne nazie et pensait que les relations anglo-allemandes auraient pu être améliorées si Édouard n'avait pas abdiqué. L'architecte en chef du parti nazi [[Albert Speer (père)|Albert Speer]] cita Hitler directement : {{citation|Je suis persuadé que des relations amicales permanentes auraient pu être établies grâce à lui. S'il était resté, tout aurait été différent. Son abdication a été une lourde perte pour nous<ref>{{Ouvrage |prénom1=Albert |nom1=Speer |lien auteur1=Albert Speer |titre=Inside the Third Reich |lieu=New York |éditeur=[[Macmillan Publishers|Macmillan]] |année=1970 |passage=118 |isbn=}}.</ref>}}.

Le duc et la duchesse s'installèrent en France, louant de 1938 à 1949 le [[château de la Croë]]. Au déclenchement de la [[Seconde Guerre mondiale]] en {{date-|septembre 1939}}, ils sont rappelés en Grande-Bretagne par [[Louis Mountbatten]] à bord du {{HMS|Kelly|F01|6}}, et le duc, bien que [[Field marshal (Royaume-Uni)|maréchal]] honoraire, est fait [[Major général|major-général]] rattaché au [[Corps expéditionnaire britannique|corps britannique en France]]<ref name="matthew"/>. En {{date-|février 1940}}, l'ambassadeur allemand à [[La Haye]], le comte Julius von Zech-Burkersroda, avance que le duc avait livré les plans de défense alliés pour la défense de la [[Belgique]]<ref>{{Harvsp|Bradford|1989|p=434}}.</ref>. Lorsque l'Allemagne [[Bataille de France|envahit]] le nord de la France en {{date-|mai 1940}}, les Windsor fuient vers le sud, au départ pour [[Biarritz]] puis en juin pour l'[[Espagne]]. En juillet, le couple déménage à [[Lisbonne]] au [[Portugal]] où ils résident initialement dans la résidence de [[Banco Espírito Santo|Ricardo de Espírito Santo]], un banquier portugais ayant des contacts anglais et allemands<ref>{{Harvsp|Bloch|1982|p=91}}.</ref>.

Pour tenter de persuader l'ex-roi d'Angleterre de collaborer avec lui et faire la paix avec la Grande-Bretagne, le [[Führer]] décide de le [[Opération Willi|faire kidnapper]] avec la [[Wallis Simpson|duchesse de Windsor]] alors qu'ils résident à [[Lisbonne]] au [[Portugal]]. Après l'enlèvement, il a prévu d'installer le couple en Allemagne et avait déjà mis à leur disposition {{nobr|50 millions}} de [[Livre sterling|livres sterling]], déposés dans une banque de [[Genève]]. L'opération échoua de peu. Les agents de l'[[Secret Intelligence Service|Intelligence Service]] précédèrent d'un jour [[Walter Schellenberg]] et son équipe au Portugal<ref>[https://books.google.fr/books?id=GbOO8azYk38C&pg=PA98-IA1&lpg=PA98-IA1&dq=Enl%C3%A8vement+du+duc+de+Windsor+Lisbonne&source=bl&ots=slyEaI6K8i&sig=4N6VjcwfgenGTASX5TvY39FKlrs&hl=fr&sa=X&ei=ZTweUqGIK8av0QXv_4DQDw&ved=0CDkQ6AEwAQ#v=onepage&q=Enl%C3%A8vement%20du%20duc%20de%20Windsor%20Lisbonne&f=false HHhH Par Laurent Binet {{nobr|page 98}}].</ref>{{,}}<ref>Pierre Accoce et Pierre Quet : ''La guerre a été gagnée en Suisse, l'affaire Roessler'' {{nobr|page 27}}, édité par la [[librairie académique Perrin]].</ref>. En effet, comme écrivit Lord Caldecote à [[Winston Churchill]], {{citation|[le duc] est bien connu pour être un sympathisant nazi et il pourrait bien faire l'objet d'un complot<ref name="ziegler434">{{Harvsp|Ziegler|1991|p=434}}.</ref>}}. Une interview « défaitiste » du duc qui fut largement diffusée poussa le gouvernement britannique à bout : le Premier ministre Winston Churchill menaça le duc de [[cour martiale]] s'il ne revenait pas sur le sol britannique<ref>{{Harvsp|Bloch|1982|p=93}}</ref>. Les services secrets enlevèrent le couple qui partit, en août, sur un navire de guerre aux [[Bahamas]], où, selon Churchill, ils ne gêneraient pas l'effort de guerre britannique.

=== Gouverneur des Bahamas ===
Le duc de Windsor fut nommé [[gouverneur général des Bahamas|gouverneur des Bahamas]]. Il n'appréciait pas le poste et faisait référence aux îles comme à une « colonie britannique de troisième ordre<ref>{{Harvsp|Bloch|1982|p=364}}</ref> ». Le bureau des Affaires étrangères s'opposa vigoureusement à une croisière du couple à bord du yacht d'un magnat [[Suède|suédois]], [[Axel Wenner-Gren]], que les Renseignements américains considéraient à tort comme un ami proche du commandant de la [[Luftwaffe]], [[Hermann Göring]]<ref>{{Harvsp|Bloch|1982|p=154-159, 230-233}}.</ref>. Le duc fut néanmoins félicité pour ses actions de lutte contre la pauvreté sur les îles même s'il était méprisant vis-à-vis des Bahamiens, car ils étaient parmi les moins blancs des peuples de l'Empire. Il dit d'Étienne Dupuch, l'éditeur du ''Nassau Daily Tribune'' : {{citation|Il faut se souvenir que Dupuch est plus qu'à moitié nègre et du fait de la mentalité bizarre de cette race, il semble incapable de devenir important sans perdre son équilibre<ref name="ziegler"/>}}. Il fut félicité, par le même Dupuch, pour sa résolution des troubles sociaux liés aux faibles salaires à [[Nassau (Bahamas)|Nassau]] en 1942, même s'il fit porter la responsabilité des problèmes sur des « malfaiteurs communistes » et des « hommes d'Europe centrale d'ascendance juive<ref>{{Harvsp|Ziegler|1991|p=471-472}}.</ref> ». Il démissionna de son poste le {{date-|16 mars 1945}}<ref name="matthew"/>.

[[Fichier:The Duke of Windsor (1945).jpg|vignette|redresse|gauche|Le duc de Windsor en 1945.]]
De nombreux historiens ont suggéré qu'Hitler se préparait à placer Édouard sur le trône britannique dans l'espoir d'établir une Grande-Bretagne [[Fascisme|fasciste]]<ref>{{Harvsp|Ziegler|1991|p=392}}.</ref>. Durant l'[[Occupation de la France par l'Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale|occupation de la France]], le duc demanda aux forces allemandes de placer des gardes devant ses résidences de [[Paris]] et de la [[Riviera méditerranéenne|Riviera]], ce qu'elles firent<ref>{{Harvsp|Roberts|2000|p=52}}.</ref>. Il est largement admis que le duc et la duchesse sympathisaient avec les idées fascistes avant et pendant la Seconde Guerre mondiale et qu'ils furent envoyés aux Bahamas pour minimiser leurs possibilités d'action. En 1940, le duc déclara : {{citation|Dans les dix dernières années, l'Allemagne a totalement réorganisé l'ordre de sa société… Les pays qui n'étaient pas disposés à accepter une telle réorganisation de la société et de ses sacrifices concomitants devraient orienter leurs politiques en conséquence<ref>{{Harvsp|Bloch|1982|p=79-80}}.</ref>}}. Thomas Inskip écrivit à Winston Churchill juste avant que le couple ne soit envoyé aux Bahamas : « Les sympathies nazies du duc sont bien connues et il pourrait devenir le centre des intrigues<ref name="ziegler434"/> ». La deuxième partie de son argumentation, pas la première, est corroborée par les opérations allemandes pour manipuler le duc. Les [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]] furent suffisamment dérangés par les complots allemands pour que le [[Président des États-Unis|président américain]] [[Franklin D. Roosevelt]] ordonne une surveillance secrète du duc et de la duchesse lorsqu'ils visitèrent [[Palm Beach (Floride)|Palm Beach]] en [[Floride]] en {{date-|avril 1941}}. Le duc Carl Alexander de Württemberg (parent éloigné de la [[Mary de Teck|reine Mary]] et alors moine dans un monastère américain sous le nom de père Odo) avait convaincu le [[Federal Bureau of Investigation|FBI]], sur la foi de confidences recueillies auprès de la reine Mary<ref>Émission ''[[L'Ombre d'un doute (émission de télévision)|L'Ombre d'un doute]]'' diffusée sur {{lnobr|France 3}} le {{date-|6 février 2013}}.</ref>, que la duchesse avait couché avec l'ambassadeur allemand à [[Londres]], [[Joachim von Ribbentrop]]<ref>Le rapport du FBI en date du {{date-|29 septembre 1941}}, présenté par John Fox, directeur du département d'Histoire du FBI dans l'émission [[L'Ombre d'un doute (émission de télévision)|L'Ombre d'un doute]] diffusée sur {{lnobr|France 3}} le {{date-|6 février 2013}}, indique « Father Odo advised that he knew definitely that Von Ribbentrop, while in England, sent the then Wallis Simpson seventeen carnations every day. The seveteen supposedly represented the number of times that they had slept together. » : Le père Odo a révélé qu'il savait de source sûre que Von Ribbentrop, alors en Angleterre, envoyait à Wallis Simpson {{nobr|17 œillets}} par jour, 17 étant censé être le nombre de fois qu'ils avaient couché ensemble.</ref>, était restée en contact constant avec lui et avait continué à lui transmettre des informations secrètes<ref>{{Article |nom1=Evans |prénom1=Rob |nom2=Hencke |prénom2=David |titre=Wallis Simpson, the Nazi minister, the telltale monk and an FBI plot |périodique=The Guardian |jour=29 |mois=juin |année=2002 |url=http://www.guardian.co.uk/Archive/Article/0,4273,4451107,00.html |consulté le=2 mai 2010 |lieu= Londres}}.</ref>.

Certains auteurs ont avancé qu'[[Anthony Blunt]], un agent du [[Security Service|MI-5]], agissant sur les ordres de la [[famille royale britannique]], avait effectué un voyage secret au [[Château-hôtel de Kronberg|château de Kronberg]] à Friedrichshof en Allemagne vers la fin de la guerre, afin de récupérer la correspondance sensible entre le duc de Windsor, Hitler et les autres dirigeants nazis<ref>{{Ouvrage |prénom1=Charles |nom1=Higham |lien auteur1=Charles Higham |titre=The Duchess of Windsor |sous-titre=The Secret Life |lieu=New York |éditeur=McGraw-Hill Publishers |année=1988 |passage=388-389 |isbn=}} ; {{Ouvrage |prénom1=Peter |nom1=Wright |lien auteur1=Peter Wright (MI5) |titre=Spycatcher : The Autobiography of a Senior Intelligence Officer |lieu=Toronto |éditeur=Stoddart Publishers |année=1987 |isbn=}}.</ref>. Ce qui est certain est que {{souverain-|George VI}} envoya le bibliothécaire royal, Owen Morshead, accompagné de Blunt à Friedrichshof en {{date-|mars 1945}} pour récupérer les documents de l'[[Liste des épouses des souverains de Prusse|impératrice allemande]] [[Victoria du Royaume-Uni (1840-1901)|Victoria]], la fille aînée de la [[Victoria (reine)|reine Victoria]]. Des pilleurs avaient volé une partie des archives du château, dont des lettres entre la fille et la mère, et certaines ne furent récupérées qu'après la guerre à [[Chicago]]. Les documents rapportés par Morshead et Blunt et ceux rendus par les autorités américaines furent déposés aux Archives royales<ref>{{Harvsp|Bradford|1989|p=426}}.</ref>. À la fin des {{lnobr|années 1950}}, de nouveaux documents récupérés par les troupes américaines en {{date-|mai 1945}} à [[Marbourg]], en Allemagne, depuis intitulés les [[Dossiers de Marbourg]], ont été publiés, lesquels attestent plus précisément des sympathies du duc pour l'idéologie nazie.

Après la guerre, le duc affirma dans ses [[mémoires]] qu'il admirait les Allemands mais qu'il n'était pas pro-nazi. Sur Hitler, il écrivit : {{citation|Le Führer me sembla comme une figure quelque peu ridicule, avec ses postures théâtrales et ses prétentions pompeuses<ref>{{Harvsp|Windsor|1951|p=277}}.</ref>}}. Cependant, dans les {{lnobr|années 1960}}, il déclara en privé à un ami, Patrick Balfour : {{citation|Je n'ai jamais pensé qu'Hitler était un mauvais gars<ref>{{Chapitre |nom1=Balfour |prénom1=Patrick |titre chapitre=Love conquers all |titre ouvrage=Books and Bookmen |volume=20 |année=1974 |passage=50}}.</ref>.}} Dans les {{nobr|années 1950}}, le journaliste Frank Giles entendit le duc blâmer le ministre des Affaires étrangères [[Anthony Eden]] pour {{citation|avoir précipité la guerre à travers son traitement de [[Benito Mussolini]]… c'est ce qu'il fit, il aida à déclencher la guerre… et bien sûr Roosevelt et les juifs<ref>{{Article |nom1=Sebba |prénom1=Anne |url=http://tmagazine.blogs.nytimes.com/2011/11/01/wallis-simpson-that-woman-after-the-abdication/ |titre=Wallis Simpson, 'That Woman' After the Abdication |jour={{1er}} |mois=novembre |année=2011 |périodique=New York Times |consulté le=7 novembre 2011}}.</ref>}}.

=== Retour en France après la guerre ===

Après la démission de son poste de gouverneur aux Bahamas, il demande à être nommé [[ambassadeur]] du Royaume-Uni chargé des relations avec les États-Unis, mais cela lui est refusé<ref>Jean-Michel Demetz, [https://www.valeursactuelles.com/histoire/edouard-viii-un-frere-encombrant-pour-la-famille-royale/ « {{souverain-|Édouard VIII}}, un frère encombrant pour la famille royale »], valeursactuelles.com, {{date-|4 avril 2021}}.</ref>.

Le couple retourna en [[France]] pour passer la fin de sa vie essentiellement en retraite, car le duc n'occupa plus aucun poste officiel après son rôle de gouverneur général des Bahamas. La dotation du duc fut complétée par des faveurs du gouvernement et le [[marché noir]]<ref name="matthew"/>{{,}}<ref name="p53"/>{{,}}<ref>{{Harvsp|Bradford|1989|p=442}}.</ref>. En 1953, la ville de [[Paris]] fournit pour un loyer réduit<ref>{{Harvsp|Ziegler|1991|p=534-535}}.</ref> au duc un [[hôtel particulier]] situé au {{numéro|4}} [[route du Champ-d'Entraînement]] dans le [[16e arrondissement de Paris|{{16e|arrondissement}} de Paris]], à proximité de [[Neuilly-sur-Seine]] et longeant le [[bois de Boulogne]]. Cette résidence décorée par [[Stéphane Boudin]] prendra le nom de [[villa Windsor]] en 1986<ref>Le couple acquit également en 1952 le Moulin de la Tuilerie à [[Gif-sur-Yvette]], résidence qui leur servait de lieu de repos essentiellement les week-end. {{Cf.|maj}} {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Philip Ziegler|titre=King {{souverain-|Edward VIII}}|éditeur=Sutton|année=2001|passage=534|isbn=}}.</ref>. Le gouvernement français l'exempta de payer l'[[impôt sur le revenu]]<ref name="p53">{{Harvsp|Roberts|2000|p=53}}.</ref>{{,}}<ref name=tax>{{Harvsp|Bradford|1989|p=446}}.</ref> et le couple était autorisé à acheter des biens détaxés à l'[[Ambassade du Royaume-Uni en France|ambassade britannique]] et à l'intendance militaire<ref name=tax/>. En 1951, le duc publia des [[mémoires]] écrits par un [[nègre (littérature)|nègre]], ''A King's Story'', dans laquelle il exprimait son désaccord avec les politiques [[Libéralisme|libérales]]<ref name="duke"/>. Les droits du livre s'ajoutèrent à leurs revenus<ref name="p53"/>. Neuf ans plus tard, il écrit un livre relativement peu connu, ''A Family Album'', principalement sur les modes et les habitudes de la famille royale de l'époque de la reine [[Victoria (reine)|Victoria]], de son [[Édouard VII|grand-père]] et de son [[George V|père]], et sur ses propres goûts.

=== Apparitions publiques et popularité ===
[[Fichier:Nixon and the Windsors.jpg|vignette|Le [[Président des États-Unis|président américain]] [[Richard Nixon]] avec le duc et la duchesse de Windsor en 1970.]]
Le duc et la duchesse jouèrent effectivement le rôle de célébrités, et étaient considérés comme faisant partie du « beau monde » des {{lnobr|années 1950}} et [[Années 1960|1960]]. Ils organisaient des fêtes et voyageaient entre Paris et [[New York]] ; [[Gore Vidal]], qui fréquentait les Windsor, rapporta la vacuité de ses conversations avec le duc<ref>{{Ouvrage |langue=en |prénom1=Gore |nom1=Vidal |lien auteur1=Gore Vidal |titre=Palimpsest |sous-titre=a memoir |lieu=New York |éditeur=[[Random House]] |année=1995 |pages totales=419 |passage=206 |isbn=0-679-44038-0}}.</ref>. Le couple était fou des chiens [[carlin]]s qu'il gardait<ref>{{Ouvrage |prénom1=Michael |nom1=Farquhar |titre=A Treasure of Royal Scandals |lieu=New York |éditeur=[[Penguin Books]] |année=2001 |pages totales=323 |passage=48 |isbn=0-7394-2025-9}}.</ref>.

En {{date-|juin 1953}}, le duc et la duchesse regardèrent la cérémonie de [[couronnement du monarque britannique|couronnement]] d'{{souverain2|Élisabeth II}} à la [[télévision]], car outre le fait qu'ils n'aient pas été invités officiellement<ref>Jean-Jacques Allevi, [https://www.geo.fr/histoire/les-windsor-amours-sulfureuses-et-sympathies-nazies-retour-sur-labdication-dedouard-viii-203926 « Les Windsor : amours sulfureuses et sympathies nazies, retour sur l'abdication d'{{souverain-|Edouard VIII}} »], geo.fr, {{date-|3 mars 2021}}.</ref>, le duc pensait qu'il était contraire à la jurisprudence qu'un souverain ou qu'un ancien souverain assiste au couronnement d'un autre. Le duc fut payé pour écrire des articles sur la cérémonie pour le ''[[Daily Express|Sunday Express]]'' et le ''Women's Home Companion'' de même qu'un court livre, ''The Crown and the People, 1902-1953''<ref>{{Harvsp|Ziegler|1991|p=539-540}}.</ref>.

En 1955, ils rencontrèrent le [[Président des États-Unis|président]] [[Dwight D. Eisenhower]] à la [[Maison-Blanche]]. Le couple réalisa un entretien télévisé avec [[Edward R. Murrow]] dans l'émission ''Person to Person'' en 1956<ref>{{Article |périodique=Time |url=http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,824447,00.html |jour=8 |mois=octobre |année=1956 |titre=Peep Show |consulté le=2 mai 2010}}.</ref> et un autre entretien de {{nobr|50 minutes}} pour la BBC en 1970. La même année, ils furent invités à un dîner par le président [[Richard Nixon]]<ref>{{Article |auteur=[[United Press International|UPI]] |titre=Duke, Duchess Have Dinner With Nixons |périodique=The Times-News |lieu=[[Hendersonville (Caroline du Nord)]] |jour=6 |mois=avril |année=1970 |passage=13}}.</ref>.

La famille royale n'accepta jamais entièrement la duchesse. La reine Mary refusa de la recevoir officiellement. Cependant, le duc rencontra parfois sa mère et son frère, le roi {{souverain-|George VI}}, et il assista à ses funérailles en 1952. La reine Mary resta irritée contre Édouard et indignée par son mariage avec Wallis<ref>{{Harvsp|Bradford|1989|p=198}}.</ref>. En 1965, le duc et la duchesse retournèrent à [[Londres]]. La reine {{souverain-|Élisabeth II}}, la [[Marina de Grèce|princesse Marina]], duchesse de Kent, et la [[Mary du Royaume-Uni|princesse Mary]], comtesse de Harewood et [[Princesse royale (Royaume-Uni)|princesse royale]], leur rendirent visite. Une semaine plus tard, la princesse royale mourut, et ils assistèrent aux funérailles. En 1966, il a accordé une interview télévisée en langue allemande au journaliste [[Georg Stefan Troller]]<ref>https://www.youtube.com/watch?v=aOs6bNqrtJE</ref> et il a répondu aux questions sur son abdication<ref>https://www.welt.de/kultur/plus241181463/Georg-Stefan-Troller-trifft-den-Herzog-von-Windsor.html</ref>. En 1967, ils rejoignirent la famille royale pour le centenaire de la naissance de la reine Mary. La dernière cérémonie royale à laquelle participa le duc fut les funérailles de la princesse Marina en 1968<ref>{{Harvsp|Ziegler|1991|p=554-556}}.</ref>. Il déclina une invitation d'{{souverain-|Élisabeth II}} pour assister à l'investiture du prince de Galles en 1969 en indiquant que [[Charles de Galles|Charles]] ne voudrait pas de son « vieux grand-oncle<ref>{{Harvsp|Ziegler|1991|p=555}}.</ref> ».

Dans les {{nobr|années 1960}}, la santé du duc se détériora. En {{date-|décembre 1964}}, il fut opéré par [[Michael E. DeBakey]] à [[Houston]] pour un [[anévrisme de l'aorte abdominale]] et en {{date-|février 1965}} pour un [[décollement de rétine]] à l'œil gauche. Le duc était un grand fumeur : à la fin de l'{{nobr|année 1971}}, on diagnostiqua chez lui un [[cancer de la gorge]] et il subit une radiothérapie. La reine {{souverain-|Élisabeth II}} rendit visite aux Windsor en 1972 lors d'une [[visite d'État]] en France ; cependant seule la duchesse apparut avec la famille royale pour une séance de photographies.

=== Mort et héritage ===
[[Fichier:EdwardVIIIpostbox.jpg|vignette|Une des rares [[Boîte aux lettres|boîtes aux lettres]] au Royaume-Uni portant le [[Monogramme royal|monogramme]] du roi Édouard VIII.]]
Le {{date-|28 mai 1972}}, le duc meurt dans sa [[Villa Windsor|résidence de Paris]]<ref>{{Lien web|titre=Visionneuse - Archives de Paris ({{p.|10/11}})|url=http://archives.paris.fr/arkotheque/visionneuse/visionneuse.php?arko=YTo2OntzOjQ6ImRhdGUiO3M6MTA6IjIwMTctMDktMjciO3M6MTA6InR5cGVfZm9uZHMiO3M6MTE6ImFya29fc2VyaWVsIjtzOjQ6InJlZjEiO2k6NDtzOjQ6InJlZjIiO2k6Mjc0NTY3O3M6MTY6InZpc2lvbm5ldXNlX2h0bWwiO2I6MTtzOjIxOiJ2aXNpb25uZXVzZV9odG1sX21vZGUiO3M6NDoicHJvZCI7fQ==#uielem_move=-1673,-1693&uielem_islocked=0&uielem_zoom=213&uielem_brightness=0&uielem_contrast=0&uielem_isinverted=0&uielem_rotate=F|site=archives.paris.fr|consulté le=2017-09-27}}.</ref>, moins d'un mois avant son {{78e|anniversaire}}. Son corps est renvoyé en Grande-Bretagne où sa dépouille est exposée dans la [[Chapelle Saint-Georges de Windsor|chapelle Saint-Georges]] du [[château de Windsor]]. La cérémonie funèbre est organisée dans la chapelle le {{date-|5 juin}} en présence de la reine, de la famille royale et de la duchesse de Windsor ; le cercueil est inhumé dans le cimetière royal à l'arrière du mausolée de la reine Victoria et du prince Albert à [[Domaine de Frogmore|Frogmore]]. La duchesse resta au palais de Buckingham durant sa visite<ref>{{Harvsp|Ziegler|1991|p=556-557}}.</ref>. Jusqu'à un accord de 1965 avec la reine {{souverain-|Élisabeth II}}, le duc et la duchesse avaient envisagé un enterrement dans une parcelle du cimetière de Green Mount à [[Baltimore]] où le père de la duchesse était enterré<ref>{{Article |titre=Windsors had a plot at Green Mount |nom1=Rasmussen |prénom1=Frederick |périodique=[[The Baltimore Sun]] |lieu=Baltimore |jour=29 |mois=avril |année=1986}}.</ref>.

En 1973, un an après la mort de son époux, la duchesse, héritière sans partage de ses biens, décide de léguer un important ensemble de meubles et tableaux aux musées français, la part la plus importante revenant au [[château de Versailles]]. De santé fragile et souffrant de [[démence]] sénile, la duchesse meurt {{nobr|14 ans}} plus tard, le {{date-|24 avril 1986}}, à [[Paris]], et est enterrée aux côtés de son époux en tant que « Wallis, duchesse de Windsor<ref>{{lien web |url=http://news.bbc.co.uk/onthisday/hi/dates/stories/april/29/newsid_2500000/2500427.stm |éditeur=BBC |titre=Simple funeral rites for Duchess |date=29 avril 1986 |consulté le=2 mai 2010}}.</ref> ». Le couple ayant désigné l'[[Institut Pasteur]] comme [[légataire universel]], la vente de bijoux aux enchères rapporte à l'Institut {{nobr|75,42 millions}} de [[Franc suisse|francs suisses]], soit environ {{nobr|300 millions}} de [[Franc français|francs]]. Le reliquat des biens mobiliers est, quant à lui, racheté en bloc en 1986 par [[Mohamed Al-Fayed]] qui négocie un nouveau bail de vingt-cinq ans avec la ville de Paris, rebaptisant l'hôtel de Boulogne « [[villa Windsor]] » et investissant {{nobr|50 millions}} de dollars dans sa restauration, dans le dessein annoncé de le transformer en un « petit musée » dédié à la gloire du couple mythique. En 1998, Mohamed Al-Fayed décide de vendre aux enchères chez [[Sotheby's]] à [[New York]] {{nb|40000 objets}} de la villa ayant appartenu au célèbre couple<ref>{{Article|auteur=[[Colombe Pringle]]|titre=La légende Windsor aux enchères|périodique=L'Express|date=1998|numéro=2427|pages=31}}.</ref>.

== Titres, honneurs et armoiries ==
=== Titres ===
* {{date-|23 juin 1894}} - {{date-|28 mai 1898}} : ''Son Altesse'' le prince Édouard d'York
* {{date-|28 mai 1898}} - {{date-|22 janvier 1901}} : ''Son Altesse Royale'' le prince Édouard d'York
* {{date-|22 janvier 1901}} - {{date-|9 novembre 1901}} : ''Son Altesse Royale'' le prince Édouard de Cornouailles et d'York
* {{date-|9 novembre 1901}} - {{date-|6 mai 1910}} : ''Son Altesse Royale'' le prince Édouard de Galles
* {{date-|6 mai 1910}} - {{date-|23 juin 1910}} : ''Son Altesse Royale'' le duc de Cornouailles
* {{date-|23 juin 1910}} - {{date-|20 janvier 1936}} : ''Son Altesse Royale'' le prince de Galles
** en [[Écosse]] : 1910 - 1936 : ''Son Altesse Royale'' le duc de Rothesay
* {{date-|20 janvier 1936}} - {{date-|11 décembre 1936}} : ''Sa Majesté'' le roi
** et, occasionnellement, en dehors du Royaume-Uni et concernant l'[[Raj britannique|Inde]] : ''Sa Majesté Impériale'' le roi-empereur
* {{date-|11 décembre 1936}} - {{date-|8 mars 1937}} : ''Son Altesse Royale'' le prince Édouard
* {{date-|8 mars 1937}} - {{date-|28 mai 1972}} : ''Son Altesse Royale'' le duc de Windsor

Édouard commença à utiliser le titre de duc de Windsor immédiatement après son abdication, en accord avec la déclaration de {{souverain2|George VI}} que son premier acte en tant que roi serait d'accorder ce titre à son frère. Cependant, plusieurs mois passèrent avant que la concession ne soit formalisée par [[lettres patentes]].

Son titre complet en tant que roi était « Sa Majesté {{souverain-|Édouard VIII}}, par la grâce de Dieu, roi de Grande-Bretagne et d'Irlande et des dominions britanniques au-delà des mers, défenseur de la Foi, empereur des Indes ».

=== Honneurs ===
==== Britanniques ====
* [[Fichier:Order_of_the_Garter_UK_ribbon.png|50x50px|Order of the Garter UK ribbon]] [[Ordre de la Jarretière|Chevalier de l'ordre de la Jarretière]], 1910
* [[Fichier:Order of the Thistle UK ribbon.svg|50x50px|Order of the Thistle UK ribbon]] [[Ordre du Chardon|Chevalier de l'ordre du Chardon]], 1922
*[[Fichier:Ribbon_bar_Order_of_St._Patrick.jpg|50x50px|Ribbon bar Order of St. Patrick]] [[Ordre de Saint-Patrick|Chevalier de l'ordre de Saint-Patrick]], 1927
* [[Fichier:Order_of_the_Bath_ribbon.svg|50x50px|Order of the Bath ribbon]] [[Ordre du Bain|Chevalier grand-croix de l'ordre du Bain]], 1936
* [[Fichier:Ord.Stella.India.jpg|50x50px|Ord.Stella.India]] [[Ordre de l'Étoile d'Inde|Chevalier grand commandeur de l'ordre de l'Étoile d'Inde]], 1921
* [[Fichier:UK_Order_St-Michael_St-George_ribbon.svg|50x50px|UK Order St-Michael St-George ribbon]] [[Ordre de Saint-Michel et Saint-George|Grand maitre et chevalier grand-croix de l'ordre de Saint-Michel et Saint-George]], 1917
* [[Fichier:Order_of_the_Indian_Empire_Ribbon.svg|50x50px|Order of the Indian Empire Ribbon]] [[Ordre de l'Empire des Indes|Chevalier grand commandeur de l'ordre de l'Empire des Indes]], 1921
* [[Fichier:UK_Royal_Victorian_Order_ribbon.svg|50x50px|UK Royal Victorian Order ribbon]] [[Ordre royal de Victoria|Chevalier grand-croix de l'ordre royal de Victoria]], 1920 (Chaîne royale en 1921)
* [[Fichier:Order_of_the_British_Empire_(Civil)_Ribbon.svg|50x50px|Order of the British Empire (Civil) Ribbon]] [[Ordre de l'Empire britannique|Grand maitre et chevalier grand-croix de l'ordre de l'Empire britannique]], 1917
* [[Fichier:Order of St John (UK) ribbon -vector.svg|50x50px|Order of St John (UK) ribbon]] [[Très vénérable ordre de Saint-Jean|Chevalier de Justice de Saint-Jean]], 1917
* [[Fichier:ImperialServiceOrderRibbon.gif|50x50px|ImperialServiceOrderRibbon]] [[Ordre du service impérial|Compagnon de l'ordre du service impérial]], 1910
* [[Fichier:Military_Cross_ribbon.png|50x50px|Military Cross ribbon]] [[Croix militaire (Royaume-Uni)|Croix militaire]], 1916
* ''Royal Fellow of the Royal Society''
* [[Conseil privé (Royaume-Uni)|Conseiller privé]] (Royaume-Uni), 1920
* [[Conseil privé de la Reine pour le Canada|Conseiller privé]] (Canada), 1927<ref>{{Ouvrage |nom1=Bureau du Conseil privé |lien auteur1=Conseil privé de la Reine pour le Canada |titre=Historical Alphabetical List since 1867 of Members of the Queen's Privy Council for Canada |éditeur= |date={{1er}} février 2012 |isbn= |lire en ligne=http://www.pco-bcp.gc.ca/index.asp?lang=eng&page=information&sub=council-conseil&doc=members-membres/hist-alphabet-eng.htm#P |consulté le=29 mars 2012}}.</ref>

Édouard perdit presque tous ses titres honorifiques lors de son accession au trône, car il devint le chef suprême de presque tous les [[Ordre de chevalerie|ordres]]. Lorsqu'il abdiqua, son frère lui rendit ses anciens titres.

==== Étrangers ====
* [[Fichier:BOL_Order_of_Condor_of_the_Andes_-_Grand_Cross_BAR.png|50x50px|BOL Order of Condor of the Andes - Grand Cross BAR]] Grand collier de l'[[ordre du Condor des Andes]] (Bolivie, 1931).
*[[Fichier:BRA_Order_of_the_Southern_Cross_-_Grand_Cross_BAR.png|50x50px]] Grand-croix de l'[[Ordre national de la Croix du Sud|ordre national de la Croix du Sud du Brésil]].
*[[Fichier:CHL_Order_of_Merit_of_Chile_-_Grand_Cross_BAR.png|bordure|50x50px]] Grand-croix de l'[[ordre du Mérite du Chili]] (1925)
*[[Fichier:Order of the Elephant Ribbon bar.svg|50x50px]] [[Ordre de l'Éléphant|Chevalier de l’ordre de l'Éléphant]] (Danemark, 1914).
*[[Fichier:Order_of_the_Golden_Fleece_ribbon_bar.svg|50x50px|Order of the Golden Fleece ribbon bar]] [[Ordre de la Toison d'or|Chevalier de l'ordre de la Toison d'or]] (Espagne, 1912).
*[[Fichier:Order_of_Muhammad_Ali_(Egipt)_-_ribbon_bar.gif|alt=|50x50px]] Grand cordon de l'[[ordre de Mohamed Ali]] (Royaume d'Égypte, 1922)
*[[Fichier:Legion_Honneur_GC_ribbon.svg|50x50px|Legion Honneur GC ribbon]] [[Ordre national de la Légion d'honneur|Grand-croix de la Légion d'honneur]] (France, 1912).
*[[Fichier:Croix de Guerre 1914-1918 ribbon.svg|50x50px|Ruban de la Croix de guerre 1914-1918]] [[Croix de guerre 1914-1918 (France)|Croix de guerre 1914-1918]] (France, 1915).
*[[Fichier:Order_of_the_Most_Holy_Annunciation_BAR.svg|alt=|50x50px|Order of the Most Holy Annunciation BAR]] Chevalier grand-croix de l'[[ordre suprême de la Très Sainte Annonciade]] (Italie, 1915)
*[[Fichier:Gran_croce_OCI_BAR.svg|alt=|50x50px|Gran croce OCI BAR]] Grand-croix de l'[[ordre de la Couronne d'Italie]] ([[Italie]], 1915)
*[[Fichier:Cavaliere_di_gran_Croce_SSML_BAR.svg|alt=|50x50px|Cavaliere di gran Croce SSML BAR]] Grand-croix de l'[[Ordre des Saints-Maurice-et-Lazare|ordre royal des Saints-Maurice-et-Lazare]] (Italie, 1915)
*[[Fichier:Croce_di_guerra_al_merito_SC_BAR.svg|50x50px|Croce di guerra al merito SC BAR]] [[Croix du Mérite de la guerre]] (Italie, 1919).
*[[Fichier:JPN_Daikun'i_kikkasho_BAR.svg|bordure|50x50px|Grand cordon de l'Ordre du Chrysanthème]] Grand cordon de l'[[ordre du Chrysanthème]] (Japon).
*[[Fichier:St_Olavs_Orden_storkors_stripe.svg|50x50px]] Grand-croix de l'[[ordre de Saint-Olaf]] (Norvège, 1914).
*[[Fichier:PER_Order_of_the_Sun_of_Peru_-_Grand_Cross_BAR.png|alt=|bordure|50x50px]] [[Ordre du Soleil|Grand-croix de l'ordre du Soleil]] (Pérou, 1931).
*[[Fichier:PRT_Order_of_Christ_-_Grand_Cross_BAR.png|50x50px|PRT Order of Christ - Grand Cross BAR]] Grand-croix de l'[[Ordre du Christ (Portugal)|ordre du Christ]] (Portugal, 1931).
*[[Fichier:PRT_Two_Orders_BAR.png|50x50px|PRT Two Orders BAR]] Première classe de l'{{Lien|langue=en|trad=Sash of the Two Orders|fr=Écharpe des deux ordres|texte=Écharpe des deux ordres}} (Portugal, 1931).
*[[Fichier:Order_of_Michael_the_Brave_ribbon.svg|50x50px|Order of Michael the Brave ribbon]] Première classe de l'[[ordre de Michel le Brave]] (Royaume de Roumanie, 1918).
*[[Fichier:OrderofCarolI.ribbon.gif|50x50px|OrderofCarolI.ribbon]] Collier de l'[[ordre de Carol Ier|ordre de {{souverain-|Carol Ier}}]] (Royaume de Roumanie, 1924).
*[[Fichier:RUS Order of Saint George 4th class ribbon 2000.svg|50x50px|OrderStGeorge4cl rib]] Première classe de l'[[ordre impérial et militaire de Saint-Georges]] (Empire russe, 1916).
*[[Fichier:SMR_Order_of_Saint_Agatha_-_Grand_Cross_BAR.png|50x50px|SMR Order of Saint Agatha - Grand Cross BAR]] Grand-croix de l'{{Lien|langue=en|trad=Order of Saint Agatha|fr=ordre de Saint Agatha|texte=ordre de Saint Agatha}} (Saint-Marin, 1935).
*[[Fichier:Seraphimerorden_ribbon.svg|50x50px]] Chevalier de l'[[ordre des Séraphins]] (Suède, 1923).

==== Militaires ====
* Mid., {{date-|22 juin 1911}} : [[Cadet (grade militaire)|''midshipman'']], [[Royal Navy]]<ref name=cp>{{Ouvrage |langue = en |prénom1=G.E. |nom1=Cokayne |prénom2=H.A. |nom2=Doubleday |nom3=Lord Howard de Walden |titre=The Complete Peerage |volume=XIII |lieu=Londres |éditeur=St. Catherine's Press |année=1940 |passage=116-117 }}</ref>
* Lt, {{date-|17 mars 1913}} : lieutenant, Royal Navy<ref name=cp/>
* Lt, {{date-|18 novembre 1914}} : lieutenant, {{1er|''Battalion''}}, ''Grenadier Guards'', [[British Army]]. ([[Première Guerre mondiale]], [[Flandre (Belgique)|Flandres]] et [[Italie]])<ref name=cp/>
* Capt., {{date-|10 mars 1916}} : [[Captain (British Army et Royal Marines)|capitaine]], British Army<ref name=cp/>
* Maj, 1918 : ''temporary [[major]]'', British Army<ref name=cp/>
* Col., {{date-|15 avril 1919}} : [[colonel]], British Army<ref name=cp/>
* Capt., {{date-|8 juillet 1919}} : [[Captain (Royal Navy)|capitaine]], Royal Navy<ref name=cp/>
* Gp Capt., {{date-|5 décembre 1922}} : ''group captain'', [[Royal Air Force]]<ref name=cp/>{{,}}<ref>{{London Gazette|issue=32774|date=5 décembre 1922|startpage=8615}}</ref>
* Air Mshl, {{date-|1 septembre 1930}} : ''[[air marshal]]'', Royal Air Force<ref>{{London Gazette|issue=33640|date=2 septembre 1930|startpage=5428}}</ref>
* {{date-|1 janvier 1935}} : ''[[Admiral (Royal Navy)|admiral]]'', Royal Navy ; [[général]], British Army ; ''[[air chief marshal]]'', Royal Air Force<ref>{{London Gazette|issue=34119|date=28 décembre 1934|startpage=15|supp=x}}</ref>
* 1936 : ''[[Admiral of the fleet (Royal Navy)|admiral of the fleet]]'', Royal Navy ; ''[[Field marshal (Royaume-Uni)|field marshal]]'', British Army ; ''[[marshal of the Royal Air Force]]''<ref name=cp/>
* Major-Gen., {{date-|3 septembre 1939}} : [[major général]], British Army<ref>''The Times'', 19 septembre 1939, {{p.|6}}, col. F</ref>

==== Honoraires ====
* Hon LLD ([[doctorat en droit]]) : Edinburgh, [[Toronto]], Alberta and Queen's University Kingston ([[Ontario]]) 1919, [[Melbourne]] 1920, [[Cambridge]] et [[Calcutta]] 1921, [[St Andrews (Écosse)|St Andrews]] et [[Hong Kong]] 1922, Witwatersrand 1925
* Hon DCL (doctorat en droit civil) : [[Oxford]] 1921
* DSc ([[Doctorat en sciences|doctorat en science]]) et Hon MCom (maîtrise de commerce) : [[Londres]] 1921
* DLitt ([[Doctorat ès lettres|doctorat en lettres]]) : [[Varanasi|Benares]] 1921

=== Armoiries ===
En tant que [[prince de Galles]], les [[Héraldique|armoiries]] d'Édouard étaient les [[armoiries royales du Royaume-Uni]] différenciées par un [[lambel]] de trois points [[Argent (héraldique)|argent]], un [[Écu (héraldique)|écu]] [[Armoiries du pays de Galles|représentant le Pays de Galles]] surmonté d'une couronne (identique à celle du [[Charles de Galles|prince Charles]]). En tant que souverain, il portait des armoiries royales indifférenciées. Après son abdication, il réutilisa les armoiries avec un lambel de trois points argent, mais cette fois avec le point central portant une couronne impériale<ref>{{Ouvrage |prénom1=David |nom1=Prothero |titre=Flags of the Royal Family, United Kingdom |éditeur= |date=24 septembre 2002 |isbn= |lire en ligne=http://www.crwflags.com/fotw/flags/gb-rooth.html |consulté le=2 mai 2010}}.</ref>.

<gallery>
Fichier:Coat of Arms of Edward, Prince of Wales (1910-1936).svg|Armoiries d'Édouard, prince de Galles, de 1911 à 1936.
Fichier:Coat of Arms of the United Kingdom (1837-1952).svg|Armoiries d'{{souverain-|Édouard VIII}} du Royaume-Uni.
Fichier:Coat of Arms of the United Kingdom in Scotland (1837-1952).svg|Armoiries d'Édouard du Royaume-Uni (en Écosse).
Fichier:Coat of Arms of Edward, Duke of Windsor.svg|Armoiries d'Édouard, duc de Windsor.
</gallery>

== Ascendance ==
{{Boîte déroulante/début|titre=Ascendance d'{{souverain-|Édouard VIII}} du Royaume-Uni}}
<center>{{Ancêtres-compact5
|style=font-size: 90%; line-height: 110%;
|border=1
|boxstyle=padding-top: 0; padding-bottom: 0;
|boxstyle_1=background-color: #fcc;
|boxstyle_2=background-color: #fb9;
|boxstyle_3=background-color: #ffc;
|boxstyle_4=background-color: #bfc;
|boxstyle_5=background-color: #9fe;
|1= 1. '''{{souverain-|Édouard VIII}} du Royaume-Uni'''
|2= 2. {{souverain3|George V du Royaume-Uni}}
|3= 3. [[Mary de Teck]]
|4= 4. {{souverain3|Édouard VII du Royaume-Uni}}
|5= 5. [[Alexandra de Danemark]]
|6= 6. [[François de Wurtemberg]]
|7= 7. [[Marie-Adélaïde de Cambridge]]
|8= 8. [[Albert de Saxe-Cobourg-Gotha]]
|9= 9. [[Victoria du Royaume-Uni]]
|10= 10. {{souverain3|Christian IX de Danemark}}
|11= 11. [[Louise de Hesse-Cassel]]
|12= 12. [[Alexandre de Wurtemberg (1804-1885)|Alexandre de Wurtemberg]]
|13= 13. [[Claudine Rhédey de Kis-Rhéde]]
|14= 14. [[Adolphe de Cambridge]]
|15= 15. [[Augusta de Hesse-Cassel]]
|16= 16. {{souverain2|Ernest Ier de Saxe-Cobourg et Gotha|de Saxe-Cobourg-Gotha}}
|17= 17. [[Louise de Saxe-Gotha-Altenbourg]]
|18= 18. [[Édouard-Auguste de Kent]]
|19= 19. [[Victoire de Saxe-Cobourg-Saalfeld]]
|20= 20. [[Frédéric-Guillaume de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksbourg]]
|21= 21. [[Louise-Caroline de Hesse-Cassel]]
|22= 22. [[Guillaume de Hesse-Cassel-Rumpenheim]]
|23= 23. [[Louise-Charlotte de Danemark]]
|24= 24. [[Louis-Frédéric de Wurtemberg (1756-1817)|Louis-Frédéric de Wurtemberg]]
|25= 25. [[Henriette de Nassau-Weilbourg (1780-1857)|Henriette de Nassau-Weilbourg]]
|26= 26. [[László Rhédey de Kis-Rhéde]]
|27= 27. [[Ágnes Inczédy de Nagy-Várad]]
|28= 28. {{souverain3|George III du Royaume-Uni}}
|29= 29. [[Charlotte de Mecklembourg-Strelitz]]
|30= 30. [[Frédéric de Hesse-Cassel]]
|31= 31. [[Caroline de Nassau-Usingen]]
}}</center>
{{boîte déroulante/fin}}

== Représentation au cinéma ==
{{souverain-|Édouard VIII}} a été joué à l'écran par :
* [[Richard Chamberlain]] dans le [[téléfilm]] ''The Woman I Love'' ([[1972 à la télévision|1972]]) ;
* [[Ian Ogilvy]] dans la [[Série télévisée|série]] de la [[British Broadcasting Corporation|BBC]] ''The Gathering Storm'' ([[1974 à la télévision|1974]]) ;
* [[Edward Fox (acteur)|Edward Fox]] dans la série de la BBC ''[[Edward and Mrs. Simpson]]'' ([[1978 à la télévision|1978]]) ;
* [[David Yelland]] dans le [[Cinéma|film]] ''[[Les Chariots de feu]]'' ([[1981 au cinéma|1981]]) qui remporta l'[[Oscar du meilleur film]] ;
* Madison Mason dans l'épisode ''God Save the Queen'' de la série américaine ''[[Jake Cutter]]'' ([[1983 à la télévision|1983]]) ;
* [[John Standing]] dans le téléfilm ''To Catch a King'' ([[1984 à la télévision|1984]]) basé sur un roman de [[Jack Higgins]] ;
* [[Anthony Andrews]] dans le téléfilm ''The Woman He Loved'' ([[1988 à la télévision|1988]]) ;
* {{Lien|langue=en|fr=Julian Firth}} dans la série de la BBC ''[[Cambridge Spies]]'' ([[2003 à la télévision|2003]]) ;
* [[Stephen Campbell Moore]] dans le téléfilm ''{{Lien|langue=en|fr=Wallis & Edward}}'' ([[2005 à la télévision|2005]])
* [[Guy Pearce]] dans le film ''[[Le Discours d'un roi]]'' ([[2010 au cinéma|2010]]) qui remporta l'[[Oscar du meilleur film]] ;
* [[Tom Hollander]] dans la série ''Any Human Heart'' ([[2010 à la télévision|2010]]) ;
* [[James D'Arcy]] dans le film ''[[W.E.]]'' ([[2011 au cinéma|2011]]) ;
* [[Oliver Dimsdale]] dans la série ''[[Downton Abbey]]'' ([[2013 à la télévision|2013]]) ;
* [[Alex Jennings]] puis [[Derek Jacobi]] dans la série ''[[The Crown (série télévisée)|The Crown]]'' ([[2016 à la télévision|2016]]).

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Traduction/Référence|en|Edward VIII|529407277}}
{{Références|groupe=n}}

=== Références ===
{{Références nombreuses|taille=24}}

== Bibliographie ==
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |prénom1=Martin |nom1=Allen |lien auteur1=Martin Allen |titre=Le roi qui a trahi |lieu=Paris |éditeur=[[Plon]] |année=2000 |pages totales=320 |isbn=2-259-19300-5}}
* {{Ouvrage |prénom1=Michael |nom1=Bloch |titre=The Duke of Windsor's War |lieu=Londres |éditeur=[[Weidenfeld & Nicolson|Weidenfeld and Nicolson]] |année=1982 |pages totales=397 |isbn=0-297-77947-8}}
* {{Ouvrage |prénom1=Sarah |nom1=Bradford |titre=King {{souverain-|George VI}} |lieu=Londres |éditeur=[[Weidenfeld & Nicolson|Weidenfeld and Nicolson]] |année=1989 |isbn=0-297-79667-4}}
* {{Ouvrage |prénom1=Lewis |nom1=Broad |titre=The Abdication |sous-titre=Twenty-five Years After. A Re-appraisal |lieu=Londres |éditeur=Frederick Muller Ltd |année=1961 }}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Frances |nom1=Donaldson |titre={{souverain-|Edward VIII}} |lieu=Londres |éditeur=[[Weidenfeld & Nicolson|Weidenfeld and Nicolson]] |année=1974 |isbn=0-297-76787-9}}
* {{Ouvrage |prénom1=John |nom1=Parker |titre=King of Fools |lieu=New York |éditeur=St. Martin's Press |année=1988 |isbn=0-312-02598-X}}
* {{Ouvrage |prénom1=Owen |nom1=Platt |titre=The Royal Governor and the Duchess : The Duke and Duchess of Windsor in The Bahamas 1940-1945 |lieu=Lincoln, Neb. |éditeur=iUniverse Inc. |année=2003 |pages totales=128 |isbn=0-595-28783-2}}
* {{Ouvrage |prénom1=Andrew |nom1=Roberts |titre=The House of Windsor |lieu=Londres |éditeur=Cassell and Co |année=2000 |pages totales=104 |isbn=0-304-35406-6}}
* {{Ouvrage |prénom1=Susan |nom1=Williams |titre=The People's King |sous-titre=The True Story of the Abdication |lieu=Londres |éditeur=Allen Lane |année=2003 |pages totales=374 |isbn=978-0-7139-9573-2}}
* {{Ouvrage |prénom1=Le duc de |nom1=Windsor |titre=A King's Story |lieu=Londres |éditeur=Cassell and Co |année=1951 }}
* {{Ouvrage |prénom1=Philip |nom1=Ziegler |lien auteur1=Philip Ziegler |titre=King {{souverain-|Edward VIII}} |sous-titre=The Official Biography |lieu=New York |éditeur=[[Alfred A. Knopf]] |année=1991 |pages totales=552 |isbn=0-394-57730-2}}

== Liens externes ==
{{Autres projets|commons=Category:Edward VIII of the United Kingdom|commons titre={{souverain-|Édouard VIII}}}}
* {{Autorité}}
* {{Dictionnaires}}
* {{Bases}}
* {{en}} [http://www.royal.gov.uk/HistoryoftheMonarchy/KingsandQueensoftheUnitedKingdom/TheHouseofWindsor/EdwardVIII.aspx {{souverain-|Edward VIII}}] sur le site officiel de la [[monarchie britannique]]
* {{en}} [http://www.britishpathe.com/record.php?id=49780 Discours d'abdication d'{{souverain-|Édouard VIII}}]
* {{en}} [http://www.britishpathe.com/record.php?id=7119 Film sur l'abdication d'{{souverain-|Édouard VIII}}]
* {{en}} [http://www.npg.org.uk/collections/search/person.php?LinkID=mp04887 Documents photographiques] sur le site de la ''[[National Portrait Gallery (Royaume-Uni)|National Portrait Gallery]]''

{{Palette|Monarques britanniques|Prince de Galles|Duc de Rothesay|Maison de Windsor}}
{{Portail|monarchie|Empire britannique|Royaume-Uni|époque contemporaine}}

{{DEFAULTSORT:Edouard 08 du Royaume-Uni}}
[[Catégorie:Édouard VIII|*]]
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Version du 21 avril 2024 à 09:05

Édouard VIII
Edward VIII
Illustration.
Édouard VIII en 1936, année de son règne.
Titre
Gouverneur des Bahamas

(4 ans, 6 mois et 26 jours)
Monarque George VI
Prédécesseur Charles Dundas
Successeur William Lindsay Murphy
Roi du Royaume-Uni

(10 mois et 21 jours)
Couronnement Abdique avant son couronnement
Premier ministre Stanley Baldwin
Prédécesseur George V
Successeur George VI
Empereur des Indes

(10 mois et 21 jours)
Gouverneur Victor Hope
Prédécesseur George V
Successeur George VI
Roi du Canada

(10 mois et 21 jours)
Gouverneur John Buchan
Premier ministre William Lyon Mackenzie King
Prédécesseur George V
Successeur George VI
Roi d'Australie

(10 mois et 21 jours)
Gouverneur Alexander Hore-Ruthven
Premier ministre Joseph Lyons
Prédécesseur George V
Successeur George VI
Roi de Nouvelle-Zélande

(10 mois et 21 jours)
Gouverneur George Monckton-Arundell
Premier ministre Michael Joseph Savage
Prédécesseur George V
Successeur George VI
Roi d'Afrique du Sud

(10 mois et 21 jours)
Gouverneur George Villiers
Premier ministre James B. Hertzog
Prédécesseur George V
Successeur George VI
Roi d'Irlande

(10 mois et 21 jours)
Gouverneur Domhnall Ua Buachalla
Premier ministre Éamon de Valera
Prédécesseur George V
Successeur George VI
Prince héritier du Royaume-Uni

(25 ans, 8 mois et 14 jours)
Monarque George V
Prédécesseur George, prince de Galles
Successeur Albert, duc d'York
Biographie
Dynastie Maison de Saxe-Cobourg et Gotha puis maison Windsor
Nom de naissance Edward Albert Christian George Andrew Patrick David
Date de naissance
Lieu de naissance Londres (Royaume-Uni)
Date de décès (à 77 ans)
Lieu de décès Villa Windsor, Paris (France)
Nature du décès Cancer du larynx
Sépulture Cimetière royal de Frogmore
Père George V
Mère Mary de Teck
Fratrie George VI
Marie, princesse royale
Henry, duc de Gloucester
George, duc de Kent
John du Royaume-Uni
Conjoint Wallis Simpson
Religion Anglicanisme
Résidence Palais de Buckingham
Hôtel particulier à Paris 16e
Villa Windsor

Signature de Édouard VIIIEdward VIII

Édouard VIII
Monarques du Royaume-Uni

Édouard VIII (en anglais Edward VIII), né le à Londres et mort le à Paris, est roi du Royaume-Uni et des autres dominions du Commonwealth britannique, et empereur des Indes du au .

Avant son accession au trône, Édouard, usuellement appelé David — son dernier prénom — par ses proches, est prince de Galles, duc de Cornouailles et de Rothesay. Il participe à la Première Guerre mondiale au sein des forces armées britanniques et réalise plusieurs voyages pour le compte de son père, le roi George V. Édouard a des liaisons avec de nombreuses femmes mariées et souvent plus âgées que lui, mais reste célibataire jusqu'à ce qu'il devienne roi.

Édouard monte sur le trône à la mort de son père en sous le nom d'Édouard VIII. Il montre rapidement son refus des protocoles de la cour et les hommes politiques s'inquiétent de son apparent mépris des conventions établies. Quelques mois après le début de son règne, il provoque une crise constitutionnelle en demandant en mariage l'Américaine Wallis Simpson, qui avait divorcé de son premier époux et était en instance de divorce d'avec le second. Les Premiers ministres du Royaume-Uni et des dominions s'opposent à cette union en avançant que le peuple n'accepterait jamais comme reine une femme dont les deux ex-époux étaient encore en vie. De plus, un tel mariage serait entré en conflit avec le statut d'Édouard VIII de chef suprême de l'Église d'Angleterre, qui s'opposait au remariage de personnes divorcées si leurs anciens époux ou épouses étaient toujours en vie.

L'une des raisons couramment avancées pour expliquer l'abdication est que Édouard VIII savait que le gouvernement dirigé par le Premier ministre Stanley Baldwin démissionnerait si le mariage avait lieu, et que cela l'obligerait à organiser des élections générales, perdant ainsi son statut de monarque politiquement neutre. Il aurait donc choisi d'abdiquer plutôt que de renoncer à sa relation. L'autre scénario, beaucoup plus probable d'un point de vue historique, est en revanche moins flatteur pour le roi : proche idéologiquement des théories nazies et même de certains hauts responsables du Troisième Reich, il fut poussé à l'abdication par le gouvernement britannique.

Son frère cadet Albert monte sur le trône sous le nom de George VI. Avec un règne de 326 jours, Édouard VIII est l'un des monarques ayant eu le règne le plus court de l'histoire de la monarchie britannique et il ne fut jamais couronné.

Après son abdication, il reçoit le titre de duc de Windsor et épouse Wallis Simpson en France le , après l'officialisation du second divorce de celle-ci. Plus tard dans l'année, le couple se rend en Allemagne. Durant la Seconde Guerre mondiale, il est initialement stationné avec le corps expéditionnaire britannique en France, mais après des accusations de sympathies nazies[1], il est nommé gouverneur des Bahamas. Après la guerre, il ne reçut pas d'autres fonctions officielles et passa le reste de sa vie en France.

Premières années

Enfance

Le jeune David (prénom d'usage au sein de la famille), photographié par sa grand-mère, la reine Alexandra.

Édouard VIII est né le à White Lodge, résidence située à Richmond Park, dans les faubourgs de Londres, sous le règne de son arrière-grand-mère, la reine Victoria[2]. Il était le fils aîné du prince George, duc d'York (futur George V), lui-même second fils du prince de Galles (futur Édouard VII) et de la princesse de Galles (Alexandra de Danemark). Sa mère, la duchesse d'York (future reine Mary), était la fille aînée du duc et de la duchesse de Teck. En tant qu'arrière-petit-fils du monarque dans la lignée mâle, Édouard reçut à la naissance le titre de Son Altesse le prince Édouard d'York. Son oncle, le duc de Clarence, étant décédé prématurément en 1892, il occupe, à sa naissance, le troisième rang dans la ligne de succession au trône, après son grand-père et son père.

Il fut baptisé Édouard Albert Christian George Andrew Patrick David le par l'archevêque de Canterbury Edward White Benson[n 1],[3]. Les prénoms furent choisis en honneur de son oncle qui était appelé « Eddy » ou Édouard par sa famille et son arrière-grand-père Christian IX de Danemark. Le prénom Albert fut inclus à la demande de la reine Victoria, pour rappeler son défunt mari, et ses quatre derniers prénoms, Georges, Andrew, Patrick et David dérivaient des quatre saints patrons de l'Angleterre, de l'Écosse, de l'Irlande et du Pays de Galles. Il était toujours appelé David par les membres de sa famille et ses amis proches.

Comme les autres enfants de la haute société britannique de l'époque, Édouard et son jeune frère furent élevés par des nourrices. L'une de ses premières nourrices malmena Édouard en le pinçant avant qu'il ne soit présenté à ses parents. Ses pleurs et ses gémissements poussèrent le duc et la duchesse à renvoyer Édouard et la nourrice[4]. La nourrice fut par la suite licenciée.

Le père d'Édouard, quoique strict en matière de discipline[5], était manifestement affectueux[6] et sa mère montrait un caractère enjoué avec ses enfants, contredisant son image publique assez austère. Elle s'amusait, par exemple, des têtards mis par ses enfants sur les toasts de leur professeur de français[7]. Elle les encouragea à se confier à elle[8].

Éducation

Édouard fut initialement éduqué à domicile par Helen Bricka. Lorsque ses parents visitèrent l'Empire britannique durant près de neuf mois à la suite de la mort de la reine Victoria en 1901, le jeune Édouard et son frère restèrent en Grande-Bretagne avec leurs grands-parents, la reine Alexandra et le roi Édouard VII qui leur témoignèrent beaucoup d'affection. Au retour de ses parents, Édouard fut placé sous les soins de deux hommes, Frederick Finch et Henry Hansell, qui élevèrent pratiquement Édouard et son frère durant leurs premières années[9].

Édouard fut gardé sous le tutorat strict de Hansell jusqu'à environ l'âge de 13 ans ; Hansell souhaitait qu'Édouard entre à l'école plus tôt, mais son père s'y opposa. Édouard passa les concours pour entrer au collège naval d'Osborne et il fut accepté en 1907[10]. Après deux années au collège naval où il ne se plaisait pas, Édouard intégra le Britannia Royal Naval College à Dartmouth. Deux années d'étude suivies par son entrée dans la Royal Navy étaient prévues. Lorsque son père monta sur le trône le après la mort d'Édouard VII sous le nom de George V, Édouard devint automatiquement duc de Cornouailles et de Rothesay. Il fut investi prince de Galles un mois après son 16e anniversaire le et les préparatifs se mirent en place pour ses futures missions en tant que roi. Ses études furent arrêtées avant leur terme formel, et il passa trois mois en tant qu'aspirant à bord du cuirassé HMS Hindustan avant d'intégrer le Magdalen College d'Oxford, pour lequel, selon l'opinion de ses biographes, il n'était pas intellectuellement préparé. Il quitta Oxford sans aucun diplôme[11].

Prince de Galles

Investiture

Édouard durant la Première Guerre mondiale.

Édouard devint officiellement prince de Galles lors d'une cérémonie spéciale au château de Caernarfon le [12]. L'investiture eut lieu au Pays de Galles à l'instigation du politicien gallois David Lloyd George, connétable du château et chancelier de l'Échiquier du gouvernement libéral[13]. Lloyd George inventa une cérémonie assez extravagante dans le style d'une reconstitution historique, et apprit quelques mots de gallois à Édouard.

Première Guerre mondiale

Lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale, Édouard, tout juste âgé de 20 ans, avait l'âge minimum pour entrer dans l'armée et voulait participer au conflit[14]. Il avait rejoint les Grenadier Guards en , mais le secrétaire à la Guerre Lord Kitchener refusa de le laisser combattre sur le front en évoquant le mal terrible que produirait la capture de l'héritier par l'ennemi[15].

Malgré cela, Édouard vit la guerre de tranchée de ses propres yeux et il essayait de visiter les premières lignes aussi souvent que possible, ce qui lui valut la croix militaire en 1916. Son rôle dans la guerre, bien que limité, le rendit populaire auprès des vétérans[16]. Édouard réalisa son premier vol militaire en 1918 et il obtint par la suite sa licence de pilote[17].

Engagements publics

Le prince Édouard en 1920.

Tout au long des années 1920, Édouard, en tant que prince de Galles, représenta son père, le roi George V, au Royaume-Uni et à l'étranger en de nombreuses occasions. Il se rendait fréquemment dans les zones pauvres du pays[18] et il réalisa 16 tournées dans diverses parties de l'Empire entre 1919 et 1935 ; durant une visite au Canada en 1919, il acheta le ranch Bedingfield près de Pekisko dans l'Alberta[19]. En 1924, il remit le trophée Prince de Galles à la Ligue nationale de hockey[20]. Son rang, ses voyages, son air élégant et son statut de célibataire attirèrent l'attention du public et à l'apogée de sa popularité, il était la célébrité la plus photographiée au monde[21].

Son attitude envers de nombreux sujets de l'Empire et ses divers peuples indigènes, à la fois en tant que prince de Galles puis par la suite en tant que duc de Windsor, a été peu commentée à l'époque, mais a par la suite terni sa réputation[22]. Il déclara par exemple des aborigènes d'Australie : « ils sont les formes de vie les plus révoltantes que j'aie jamais vues ! Ils sont les êtres humains connus les plus primitifs et les choses les plus proches des singes[23] ».

Romances et vie privée

Édouard porte un haut de forme et un nœud papillon
Édouard en 1932.

La réputation de coureur de jupons d'Édouard et les exemples de comportements imprudents durant les années 1920 et 1930 inquiétèrent le Premier ministre Stanley Baldwin, le roi George V et les personnes proches du prince. Alan Lascelles, le secrétaire particulier d'Édouard durant huit ans lors de cette période, croyait que « pour une raison héréditaire ou psychologique, son développement mental s'était arrêté lorsqu'il avait atteint l'adolescence[24] ». George V était mécontent de l'échec d'Édouard à se ranger, dégoûté par ses nombreuses aventures avec des femmes mariées et réticent à le voir monter sur le trône. Il déclara à propos de son fils : « Après ma mort, ce garçon va se ruiner en un an[25] ».

Lors de son séjour en France, en tant qu'officier des Grenadier Guards pendant la Première Guerre mondiale, il rencontre Marguerite Alibert, une courtisane française. Accusée du meurtre de son époux, elle aurait bénéficié de cette ancienne relation amoureuse pour son acquittement. Dans son ouvrage intitulé The Prince, the Princess and the Perfect Murder, l'avocat et ancien juge britannique Andrew Rose avance que l'entourage du prince de Galles aurait entamé des négociations immédiatement après l'arrestation de Marguerite Alibert, craignant que celle-ci révèle des correspondances intimes avec le prince, pouvant ternir l'honneur et la réputation de la famille royale[26],[27].

En 1929, le magazine Time rapporta qu'Édouard avait taquiné sa belle-sœur, Elizabeth, l'épouse de son frère cadet Albert, en l'appelant « reine Élisabeth ». Le magazine s'interrogeait « si elle ne se demandait pas parfois quelle était la part de vérité dans l'histoire selon laquelle il avait une fois dit qu'il renoncerait à ses droits à la mort de George V, ce qui ferait de son surnom la vérité[28] ». Édouard vieillissait et restait célibataire, mais son frère et sa belle-sœur avaient déjà deux enfants dont la princesse Élisabeth. Le roi George V préférait son fils Albert (« Bertie ») et sa petite-fille Élisabeth (« Lilibet »), et dit à un courtisan : « Je prie Dieu que mon fils aîné [Édouard] n'ait jamais ni femme ni enfant, et que rien n'empêche Bertie et Lilibet d'accéder au trône[29] ».

En 1930, George V donna une résidence à Édouard à Fort Belvedere dans le Grand Parc de Windsor[30]. Édouard y entama une série de relations avec des femmes mariées, dont l'héritière du textile Freda Dudley Ward et Thelma Lady Furness (en), l'épouse d'un pair britannique, qui le présenta à son amie américaine, Wallis Simpson. Mme Simpson avait divorcé de son premier mari en 1927 et son deuxième époux, Ernest Simpson (en) était un homme d'affaires américano-britannique. Il est généralement accepté que Wallis Simpson et le prince de Galles devinrent amants lorsque Lady Furness voyageait à l'étranger, même si Édouard assura véhémentement à son père qu'il n'y avait aucune intimité et qu'il n'était donc pas approprié de parler de maîtresse[31]. La relation avec Simpson aggrava encore plus ses liens déjà tendus avec son père. Même si le roi George V et la reine Marie avaient rencontré Mme Simpson au palais de Buckingham en 1935[32], ils refusèrent de la revoir[33].

L'aventure d'Édouard avec une femme américaine divorcée entraîna de telles inquiétudes que le couple était espionné par les membres de la Special Branch de la Metropolitan Police Service (habituellement chargée de missions antiterroristes) qui se renseignèrent en secret sur la nature de leur relation. Un rapport non daté détaille la visite d'un magasin d'antiquités par le couple dont le propriétaire nota par la suite que « la dame semblait contrôler complètement le POW [prince de Galles][34] ». La perspective qu'une Américaine divorcée au passé discutable ait une telle influence sur le prince héritier inquiéta le gouvernement et les membres de l'institution monarchique.

Roi du Royaume-Uni

Accession au trône

Édouard VIII entouré par les hérauts du College of Arms avant sa seule cérémonie d'ouverture du Parlement le .

George V mourut le et Édouard monta sur le trône sous le nom d'Édouard VIII. Le lendemain, il brisa le protocole royal en regardant la proclamation de son accession au trône depuis une fenêtre en compagnie de Wallis Simpson, qui était toujours mariée[35]. Édouard VIII causa un malaise dans les cercles gouvernementaux avec des actions interprétées comme des interférences dans les affaires politiques. Sa déclaration lors d'une visite dans les mines de charbon en déclin de Galles du Sud selon laquelle « quelque chose devait être fait[36] » pour les mineurs au chômage fut considéré comme une critique directe du gouvernement même s'il n'était pas certain qu'Édouard le pensait ainsi. Les ministres étaient réticents à envoyer des documents confidentiels et des papiers officiels à Fort Belvedere, car il était clair qu'Édouard ne s'y intéressait pas et qu'il était possible que Wallis Simpson et les autres invités puissent y avoir accès[37].

Exercice du pouvoir

L'approche peu orthodoxe d'Édouard vis-à-vis de son rôle s'étendit également à la monnaie qui portait son effigie. Il s'opposa à la tradition selon laquelle le profil du nouveau monarque sur les pièces de monnaie était tourné dans la direction opposée à celle de son prédécesseur. Édouard insista pour qu'il soit tourné vers la gauche (comme son père)[38] pour montrer la séparation des cheveux[39]. Seules quelques pièces d'essai furent frappées avant l'abdication. Lorsque George VI monta sur le trône, son profil était tourné vers la gauche pour revenir à la tradition, puisque l'alternance normale aurait voulu que le profil d’Édouard VIII regardât vers la droite[40].

Pièce de monnaie à l'effigie d'Édouard VIII.

Tentative d'assassinat

Le , lors de la cérémonie du Trooping the Colour, un homme nommé George McMahon (en), connu alors sous le nom de Jerome Bannigan, dégaina un revolver chargé alors qu'Édouard descendait à cheval Constitution Hill près du palais de Buckingham. Une femme assistant à la cérémonie, Alice Lawrence, s'est alors agrippée à son bras pour tenter de le maîtriser. La police repéra l'arme et il fut rapidement arrêté. À son procès, Bannigan déclara qu'une « puissance étrangère » l'avait approché pour qu'il tue Édouard, qu'il avait informé le MI5 du plan et qu'il avait exécuté sa mission pour que le MI5 puisse arrêter les véritables coupables mais que les services secrets n'avaient rien fait pour tenter de l'éviter[41]. Le tribunal rejeta ces déclarations et il fut condamné à un an de prison[42]. On pense aujourd'hui que Bannigan avait effectivement été en contact avec le MI5, mais la véracité de ses autres déclarations reste incertaine[43].

Négociations pour un mariage avec Wallis Simpson

Édouard VIII et le président turc Mustafa Kemal Atatürk à Istanbul le .

En août et , Édouard et Wallis Simpson effectuèrent une croisière dans l'est de la Méditerranée à bord du yacht à vapeur Nahlin. En octobre, il devint clair que le nouveau roi avait l'intention d'épouser Wallis Simpson, en particulier lorsque la procédure de divorce du couple Simpson commença au tribunal d'Ipswich[44]. Les préparatifs pour toutes les éventualités commencèrent dont celle d'un couronnement du roi Édouard VIII et de la reine Wallis. Du fait des implications religieuses de tout mariage, des plans furent réalisés pour organiser une cérémonie de couronnement laïque non pas dans des lieux religieux comme l'abbaye de Westminster, mais dans la maison des banquets de Whitehall[45]. Même si les journaux américains firent les gros titres avec cette relation, les médias britanniques restèrent volontairement silencieux et le public ignora tout jusqu'au début du mois de décembre.

Le , Édouard VIII invita le Premier ministre Stanley Baldwin au palais de Buckingham et il exprima son désir d'épouser Wallis Simpson lorsqu'elle aurait terminé son divorce. Baldwin répondit que ses sujets considéreraient que le mariage serait moralement inacceptable, en grande partie parce que le divorce n'était pas accepté par l'Église d'Angleterre et que les gens ne toléreraient pas Wallis comme reine[46]. En tant que roi, Édouard VIII était devenu gouverneur suprême de l'Église d'Angleterre et le clergé exigea de lui qu'il soutînt les enseignements de l'Église.

L'acte d'abdication signé par Édouard VIII et ses trois frères.

Édouard VIII proposa la solution alternative d'un mariage morganatique par lequel il deviendrait roi sans que Wallis Simpson devînt reine. Elle aurait un titre de rang inférieur et aucun des enfants qu'ils auraient ne pourrait revendiquer le trône. Cette proposition fut rejetée par le Cabinet britannique[47] de même que par les autres gouvernements des dominions[48] dont les vues étaient conformes au Statut de Westminster de 1931 qui précisait que « toute modification des règles de succession au trône et de présentation des titres royaux [soit présentée] à l'assentiment des parlements des dominions comme à celui du Parlement du Royaume-Uni[49] ». Les Premiers ministres d'Australie, du Canada et d'Afrique du Sud rendirent publique leur opposition au mariage du roi avec une femme divorcée[50]. Le Premier ministre irlandais exprima son indifférence et son détachement tandis que le Premier ministre de Nouvelle-Zélande, qui n'avait jamais entendu parler de Wallis Simpson auparavant, resta bouche bée[51]. Face à cette opposition, Édouard VIII répondit qu'il « n'y avait pas grand monde en Australie » et que leur opinion ne comptait pas[52].

Édouard VIII informa Baldwin qu'il abdiquerait s'il ne pouvait pas épouser Wallis Simpson. Baldwin présenta trois possibilités à Édouard VIII : abandonner l'idée du mariage, se marier contre l'avis de ses ministres ou abdiquer[53]. Il était clair qu'Édouard VIII n'était pas prêt à abandonner Wallis Simpson et il savait que s'il se mariait contre l'avis de ses ministres, il causerait la démission du gouvernement et une crise constitutionnelle[54]. Il choisit donc d'abdiquer[55].

Abdication et départ en exil

Le , à 10 heures, en présence de deux avocats, Édouard VIII signa les actes[n 2] d'abdication à Fort Belvedere en présence de ses trois frères, les ducs d'York, de Gloucester et de Kent (son plus jeune frère, John, était mort en 1919)[56]. Ces actes, signés par le roi, indiquaient : « Moi, Édouard le Huitième, roi de Grande-Bretagne, d’Irlande et des Dominions britanniques au-delà des mers, empereur des Indes, déclare ici Ma détermination irrévocable à renoncer au Trône pour Moi-même et pour Mes descendants et Mon désir que cet acte d’abdication prenne effet immédiatement ». Ils furent portés à Londres vers midi et, à 15 h 40, l'abdication d'Édouard VIII fut officiellement annoncée à Westminster[57]. Le lendemain, le dernier acte de son règne fut la sanction royale de sa déclaration d'abdication. Comme imposé par le Statut de Westminster, tous les dominions acceptèrent l'abdication[58] même si l'État libre d'Irlande ne vota pas l'External Relations Act incluant l'acceptation de son abdication avant le .

Dans la nuit du , Édouard fit une allocution radiophonique diffusée sur la BBC, depuis le château de Windsor. N'étant plus roi, il fut présenté par Sir John Reith comme « Son Altesse Royale le prince Édouard ». Le discours avait été poli par Winston Churchill et était modéré dans le ton, parlant de l'incapacité d'Édouard, qui déclara notamment : « J'ai estimé impossible de porter le lourd fardeau de responsabilités et de remplir les devoirs qui m'incombent en tant que roi sans l'aide et le secours de la femme que j'aime ». Le règne d'Édouard avait duré 326 jours, le plus court parmi tous les monarques britanniques depuis le règne contesté de Lady Jeanne Grey plus de 380 ans plus tôt. Quelques heures après cette dernière allocution, Édouard s'en alla définitivement du palais de Buckingham et quitta le Royaume-Uni pour l'Autriche, mais il ne put rejoindre Wallis Simpson avant que son divorce ne soit prononcé plusieurs mois plus tard[59]. Son frère, le duc d'York, lui succéda sous le nom de George VI tandis que la fille aînée de ce dernier, la princesse Élisabeth, devenait, à 10 ans, la première dans l'ordre de succession. Elle lui succèdera des années plus tard, sous le nom de Élisabeth II.

Causes politiques possibles

Selon une hypothèse commune, l'amour d'Édouard pour Wallis et son obstination à vouloir épouser une divorcée ont été instrumentalisés pour l'éloigner du trône. Selon cette hypothèse, le gouvernement britannique cherchait en fait une excuse pour écarter un couple qui avait beaucoup trop de sympathie pour l’Allemagne nazie[60].

Pour certains historiens comme Philip Williamson, l'idée populaire d'une abdication fondée sur des raisons politiques plus que religieuses (l'incompatibilité entre son mariage avec une femme divorcée et son rôle de chef de l'Église) est fausse et est liée au fait que le divorce est aujourd'hui beaucoup mieux accepté. Les restrictions religieuses qui empêchèrent Édouard VIII de rester roi tout en épousant Wallis Simpson étaient largement suffisantes pour justifier son abdication[61]. Cependant les deux causes ne s'excluent pas : il est possible que le divorce ait suffi à provoquer la crise, mais que le gouvernement britannique ait été soulagé que cela permette d'éloigner un souverain peu sûr politiquement.

Duc de Windsor

Création du titre par son frère

Le , lors de la réunion d'accession du conseil privé, George VI annonça qu'il voulait faire de son frère « Son Altesse Royale le duc de Windsor[62] ». Il voulait que ce soit le premier acte de son règne bien que les documents officiels ne fussent pas signés avant le de l'année suivante. Durant l'intérim, Édouard était universellement connu comme le duc de Windsor. La décision de George VI de faire d'Édouard un duc faisait qu'il ne pourrait pas se présenter à une élection pour la Chambre des communes ou parler de sujets politiques à la Chambre des lords[63].

Édouard VIII en 1937.

La lettre patente datant du qui lui re-conférait le titre de duc de Windsor avançait spécifiquement que « sa femme et ses descendants, s'il y en a, ne pourront pas porter ce titre ou ces attributs ». Certains ministres britanniques firent remarquer qu'Édouard n'avait aucun besoin de cette lettre, car il n'avait pas perdu son rang et d'autres considéraient que comme il avait abdiqué, il avait perdu tous ses titres royaux et devait être simplement appelé « M. Edward Windsor ».

Le , le procureur général, Sir Donald Somervell, soumit au secrétaire d'État à l'Intérieur John Allsebrook Simon un mémorandum résumant les vues du Lord Advocate Thomas Cooper, du conseiller parlementaire Sir Granville Ram et lui-même :

  1. « Nous avons tendance à penser qu'après son abdication, le duc de Windsor n'a pas le droit de revendiquer le droit de se décrire en tant qu'Altesse Royale. En d'autres termes, aucune objection raisonnable n'aurait pu être prise si le roi avait décidé que son exclusion de la ligne de succession l'excluant du droit à ce titre comme conféré par la lettre patente. »
  2. « La question doit cependant être considérée sur la base du fait que, pour des raisons peu compréhensibles, il bénéficie, avec l'approbation expresse de Sa Majesté, de ce titre et a été appelé Altesse Royale lors d'une occasion formelle et dans les documents officiels. À la lumière de la jurisprudence, il semble clair que l'épouse d'une Altesse Royale jouit du même titre, sauf si une décision est prise pour l'en priver. »
  3. « Nous sommes arrivés à la conclusion que l'épouse ne peut pas revendiquer ce droit sur des bases légales. Nous considérons que le droit d'utiliser ce titre est dans les prérogatives de Sa Majesté et il a le pouvoir de la réguler par des lettres patentes dans des circonstances générales ou particulières[64] »

Mariage avec Wallis en France

Le château de Candé où les Windsor se marièrent.

Le duc de Windsor épousa Wallis Simpson, qui avait repris par deed poll son nom Wallis Warfield, lors d'une cérémonie privée le au château de Candé à Monts, près de Tours en France, propriété du sulfureux homme d'affaires franco-américain Charles Bedaux, qui avait des relations avec des dignitaires nazis. Lorsque l'Église d'Angleterre refusa de reconnaître l'union, un ecclésiastique du comté de Durham, le révérend Robert Anderson Jardine (vicaire de St Paul's, Darlington), offrit de célébrer la cérémonie et le duc accepta. Le nouveau roi, George VI, interdit aux membres de la famille royale d'assister au mariage[65] ; Édouard voulait en particulier que ses frères, les ducs de Gloucester et de Kent, et son petit-cousin Louis Mountbatten soient présents, et cela laissa des traces dans les relations familiales[66].

Après son mariage, le couple s'installe à Paris dans un hôtel particulier situé au no 1 square des Écrivains-Combattants-Morts-pour-la-France, au croisement avec le boulevard Suchet, où ils résident de 1937 à 1953[67],[68],[69].

Le déni du titre d'Altesse Royale à la duchesse de Windsor aggrava les tensions avec la famille royale. De même, les questions financières furent un point de tension, le gouvernement ayant refusé d'inclure le duc et la duchesse sur la liste civile, la dotation du duc était payée personnellement par George VI. Le duc avait cependant compromis sa position avec son frère en cachant l'étendue de sa fortune personnelle lors des négociations informelles sur le montant de la dotation. La richesse d'Édouard était issue des revenus du titre de duc de Cornouailles qui lui étaient payés en tant que prince de Galles et ordinairement à la disposition d'un futur roi. George VI payait également Édouard pour la Sandringham House et le château de Balmoral. Ces propriétés appartenaient personnellement à Édouard, qui en avait hérité directement de son père George V[70]. Les relations entre le duc de Windsor et le reste de la famille royale restèrent tendues durant des décennies. Édouard commença à devenir aigri envers sa mère à laquelle il écrivit en 1939 : « [votre dernière lettre][n 3] a détruit les derniers vestiges de sentiments que j'avais pour vous et a rendu une correspondance normale entre nous impossible[71] ». Dans les derniers jours du règne de George VI, le duc téléphonait chaque jour pour demander de l'argent et le titre d'Altesse Royale pour la duchesse, jusqu'à ce que le roi harcelé ordonne de ne plus répondre aux appels[72].

Le duc avait imaginé qu'il pourrait revenir en Grande-Bretagne après une année ou deux d'exil en France. Le roi George VI (avec le soutien de sa mère, la reine Marie, et son épouse la reine Elizabeth) menaça de supprimer la dotation d'Édouard s'il retournait en Grande-Bretagne sans invitation[70].

Seconde Guerre mondiale

La duchesse et le duc de Windsor avec Hitler en 1937.
Édouard passe en revue une unité de SS avec Robert Ley en 1937.

En , le duc et la duchesse visitèrent l'Allemagne nationale-socialiste et rencontrèrent Adolf Hitler au Berghof à Obersalzberg. La visite fut largement annoncée et relatée par les médias allemands. Durant la visite, le duc effectua le salut nazi à de nombreuses reprises[73].

L'ancien ambassadeur austro-hongrois Albert von Mensdorff-Pouilly-Dietrichstein, petit-cousin et ami de George V, considérait qu'Édouard voyait le national-socialisme allemand comme un rempart contre le communisme, et qu'il était même initialement en faveur d'une alliance avec l'Allemagne[74]. L'attitude d'Édouard à cette époque est représentative de nombreux cercles dirigeants britanniques qui ont un double sentiment germanophile et hitlérophile[75]. L'expérience d'Édouard des « scènes d'horreur sans fin[76] » durant la Première Guerre mondiale le poussa à soutenir la politique d'apaisement du Premier ministre britannique Neville Chamberlain.

Hitler considérait Édouard comme un partisan de l'Allemagne nazie et pensait que les relations anglo-allemandes auraient pu être améliorées si Édouard n'avait pas abdiqué. L'architecte en chef du parti nazi Albert Speer cita Hitler directement : « Je suis persuadé que des relations amicales permanentes auraient pu être établies grâce à lui. S'il était resté, tout aurait été différent. Son abdication a été une lourde perte pour nous[77] ».

Le duc et la duchesse s'installèrent en France, louant de 1938 à 1949 le château de la Croë. Au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en , ils sont rappelés en Grande-Bretagne par Louis Mountbatten à bord du HMS Kelly, et le duc, bien que maréchal honoraire, est fait major-général rattaché au corps britannique en France[36]. En , l'ambassadeur allemand à La Haye, le comte Julius von Zech-Burkersroda, avance que le duc avait livré les plans de défense alliés pour la défense de la Belgique[78]. Lorsque l'Allemagne envahit le nord de la France en , les Windsor fuient vers le sud, au départ pour Biarritz puis en juin pour l'Espagne. En juillet, le couple déménage à Lisbonne au Portugal où ils résident initialement dans la résidence de Ricardo de Espírito Santo, un banquier portugais ayant des contacts anglais et allemands[79].

Pour tenter de persuader l'ex-roi d'Angleterre de collaborer avec lui et faire la paix avec la Grande-Bretagne, le Führer décide de le faire kidnapper avec la duchesse de Windsor alors qu'ils résident à Lisbonne au Portugal. Après l'enlèvement, il a prévu d'installer le couple en Allemagne et avait déjà mis à leur disposition 50 millions de livres sterling, déposés dans une banque de Genève. L'opération échoua de peu. Les agents de l'Intelligence Service précédèrent d'un jour Walter Schellenberg et son équipe au Portugal[80],[81]. En effet, comme écrivit Lord Caldecote à Winston Churchill, « [le duc] est bien connu pour être un sympathisant nazi et il pourrait bien faire l'objet d'un complot[82] ». Une interview « défaitiste » du duc qui fut largement diffusée poussa le gouvernement britannique à bout : le Premier ministre Winston Churchill menaça le duc de cour martiale s'il ne revenait pas sur le sol britannique[83]. Les services secrets enlevèrent le couple qui partit, en août, sur un navire de guerre aux Bahamas, où, selon Churchill, ils ne gêneraient pas l'effort de guerre britannique.

Gouverneur des Bahamas

Le duc de Windsor fut nommé gouverneur des Bahamas. Il n'appréciait pas le poste et faisait référence aux îles comme à une « colonie britannique de troisième ordre[84] ». Le bureau des Affaires étrangères s'opposa vigoureusement à une croisière du couple à bord du yacht d'un magnat suédois, Axel Wenner-Gren, que les Renseignements américains considéraient à tort comme un ami proche du commandant de la Luftwaffe, Hermann Göring[85]. Le duc fut néanmoins félicité pour ses actions de lutte contre la pauvreté sur les îles même s'il était méprisant vis-à-vis des Bahamiens, car ils étaient parmi les moins blancs des peuples de l'Empire. Il dit d'Étienne Dupuch, l'éditeur du Nassau Daily Tribune : « Il faut se souvenir que Dupuch est plus qu'à moitié nègre et du fait de la mentalité bizarre de cette race, il semble incapable de devenir important sans perdre son équilibre[22] ». Il fut félicité, par le même Dupuch, pour sa résolution des troubles sociaux liés aux faibles salaires à Nassau en 1942, même s'il fit porter la responsabilité des problèmes sur des « malfaiteurs communistes » et des « hommes d'Europe centrale d'ascendance juive[86] ». Il démissionna de son poste le [36].

Le duc de Windsor en 1945.

De nombreux historiens ont suggéré qu'Hitler se préparait à placer Édouard sur le trône britannique dans l'espoir d'établir une Grande-Bretagne fasciste[87]. Durant l'occupation de la France, le duc demanda aux forces allemandes de placer des gardes devant ses résidences de Paris et de la Riviera, ce qu'elles firent[88]. Il est largement admis que le duc et la duchesse sympathisaient avec les idées fascistes avant et pendant la Seconde Guerre mondiale et qu'ils furent envoyés aux Bahamas pour minimiser leurs possibilités d'action. En 1940, le duc déclara : « Dans les dix dernières années, l'Allemagne a totalement réorganisé l'ordre de sa société… Les pays qui n'étaient pas disposés à accepter une telle réorganisation de la société et de ses sacrifices concomitants devraient orienter leurs politiques en conséquence[89] ». Thomas Inskip écrivit à Winston Churchill juste avant que le couple ne soit envoyé aux Bahamas : « Les sympathies nazies du duc sont bien connues et il pourrait devenir le centre des intrigues[82] ». La deuxième partie de son argumentation, pas la première, est corroborée par les opérations allemandes pour manipuler le duc. Les Alliés furent suffisamment dérangés par les complots allemands pour que le président américain Franklin D. Roosevelt ordonne une surveillance secrète du duc et de la duchesse lorsqu'ils visitèrent Palm Beach en Floride en . Le duc Carl Alexander de Württemberg (parent éloigné de la reine Mary et alors moine dans un monastère américain sous le nom de père Odo) avait convaincu le FBI, sur la foi de confidences recueillies auprès de la reine Mary[90], que la duchesse avait couché avec l'ambassadeur allemand à Londres, Joachim von Ribbentrop[91], était restée en contact constant avec lui et avait continué à lui transmettre des informations secrètes[92].

Certains auteurs ont avancé qu'Anthony Blunt, un agent du MI-5, agissant sur les ordres de la famille royale britannique, avait effectué un voyage secret au château de Kronberg à Friedrichshof en Allemagne vers la fin de la guerre, afin de récupérer la correspondance sensible entre le duc de Windsor, Hitler et les autres dirigeants nazis[93]. Ce qui est certain est que George VI envoya le bibliothécaire royal, Owen Morshead, accompagné de Blunt à Friedrichshof en pour récupérer les documents de l'impératrice allemande Victoria, la fille aînée de la reine Victoria. Des pilleurs avaient volé une partie des archives du château, dont des lettres entre la fille et la mère, et certaines ne furent récupérées qu'après la guerre à Chicago. Les documents rapportés par Morshead et Blunt et ceux rendus par les autorités américaines furent déposés aux Archives royales[94]. À la fin des années 1950, de nouveaux documents récupérés par les troupes américaines en à Marbourg, en Allemagne, depuis intitulés les Dossiers de Marbourg, ont été publiés, lesquels attestent plus précisément des sympathies du duc pour l'idéologie nazie.

Après la guerre, le duc affirma dans ses mémoires qu'il admirait les Allemands mais qu'il n'était pas pro-nazi. Sur Hitler, il écrivit : « Le Führer me sembla comme une figure quelque peu ridicule, avec ses postures théâtrales et ses prétentions pompeuses[95] ». Cependant, dans les années 1960, il déclara en privé à un ami, Patrick Balfour : « Je n'ai jamais pensé qu'Hitler était un mauvais gars[96]. » Dans les années 1950, le journaliste Frank Giles entendit le duc blâmer le ministre des Affaires étrangères Anthony Eden pour « avoir précipité la guerre à travers son traitement de Benito Mussolini… c'est ce qu'il fit, il aida à déclencher la guerre… et bien sûr Roosevelt et les juifs[97] ».

Retour en France après la guerre

Après la démission de son poste de gouverneur aux Bahamas, il demande à être nommé ambassadeur du Royaume-Uni chargé des relations avec les États-Unis, mais cela lui est refusé[98].

Le couple retourna en France pour passer la fin de sa vie essentiellement en retraite, car le duc n'occupa plus aucun poste officiel après son rôle de gouverneur général des Bahamas. La dotation du duc fut complétée par des faveurs du gouvernement et le marché noir[36],[99],[100]. En 1953, la ville de Paris fournit pour un loyer réduit[101] au duc un hôtel particulier situé au no 4 route du Champ-d'Entraînement dans le 16e arrondissement de Paris, à proximité de Neuilly-sur-Seine et longeant le bois de Boulogne. Cette résidence décorée par Stéphane Boudin prendra le nom de villa Windsor en 1986[102]. Le gouvernement français l'exempta de payer l'impôt sur le revenu[99],[103] et le couple était autorisé à acheter des biens détaxés à l'ambassade britannique et à l'intendance militaire[103]. En 1951, le duc publia des mémoires écrits par un nègre, A King's Story, dans laquelle il exprimait son désaccord avec les politiques libérales[13]. Les droits du livre s'ajoutèrent à leurs revenus[99]. Neuf ans plus tard, il écrit un livre relativement peu connu, A Family Album, principalement sur les modes et les habitudes de la famille royale de l'époque de la reine Victoria, de son grand-père et de son père, et sur ses propres goûts.

Apparitions publiques et popularité

Le président américain Richard Nixon avec le duc et la duchesse de Windsor en 1970.

Le duc et la duchesse jouèrent effectivement le rôle de célébrités, et étaient considérés comme faisant partie du « beau monde » des années 1950 et 1960. Ils organisaient des fêtes et voyageaient entre Paris et New York ; Gore Vidal, qui fréquentait les Windsor, rapporta la vacuité de ses conversations avec le duc[104]. Le couple était fou des chiens carlins qu'il gardait[105].

En , le duc et la duchesse regardèrent la cérémonie de couronnement d'Élisabeth II à la télévision, car outre le fait qu'ils n'aient pas été invités officiellement[106], le duc pensait qu'il était contraire à la jurisprudence qu'un souverain ou qu'un ancien souverain assiste au couronnement d'un autre. Le duc fut payé pour écrire des articles sur la cérémonie pour le Sunday Express et le Women's Home Companion de même qu'un court livre, The Crown and the People, 1902-1953[107].

En 1955, ils rencontrèrent le président Dwight D. Eisenhower à la Maison-Blanche. Le couple réalisa un entretien télévisé avec Edward R. Murrow dans l'émission Person to Person en 1956[108] et un autre entretien de 50 minutes pour la BBC en 1970. La même année, ils furent invités à un dîner par le président Richard Nixon[109].

La famille royale n'accepta jamais entièrement la duchesse. La reine Mary refusa de la recevoir officiellement. Cependant, le duc rencontra parfois sa mère et son frère, le roi George VI, et il assista à ses funérailles en 1952. La reine Mary resta irritée contre Édouard et indignée par son mariage avec Wallis[110]. En 1965, le duc et la duchesse retournèrent à Londres. La reine Élisabeth II, la princesse Marina, duchesse de Kent, et la princesse Mary, comtesse de Harewood et princesse royale, leur rendirent visite. Une semaine plus tard, la princesse royale mourut, et ils assistèrent aux funérailles. En 1966, il a accordé une interview télévisée en langue allemande au journaliste Georg Stefan Troller[111] et il a répondu aux questions sur son abdication[112]. En 1967, ils rejoignirent la famille royale pour le centenaire de la naissance de la reine Mary. La dernière cérémonie royale à laquelle participa le duc fut les funérailles de la princesse Marina en 1968[113]. Il déclina une invitation d'Élisabeth II pour assister à l'investiture du prince de Galles en 1969 en indiquant que Charles ne voudrait pas de son « vieux grand-oncle[114] ».

Dans les années 1960, la santé du duc se détériora. En , il fut opéré par Michael E. DeBakey à Houston pour un anévrisme de l'aorte abdominale et en pour un décollement de rétine à l'œil gauche. Le duc était un grand fumeur : à la fin de l'année 1971, on diagnostiqua chez lui un cancer de la gorge et il subit une radiothérapie. La reine Élisabeth II rendit visite aux Windsor en 1972 lors d'une visite d'État en France ; cependant seule la duchesse apparut avec la famille royale pour une séance de photographies.

Mort et héritage

Une des rares boîtes aux lettres au Royaume-Uni portant le monogramme du roi Édouard VIII.

Le , le duc meurt dans sa résidence de Paris[115], moins d'un mois avant son 78e anniversaire. Son corps est renvoyé en Grande-Bretagne où sa dépouille est exposée dans la chapelle Saint-Georges du château de Windsor. La cérémonie funèbre est organisée dans la chapelle le en présence de la reine, de la famille royale et de la duchesse de Windsor ; le cercueil est inhumé dans le cimetière royal à l'arrière du mausolée de la reine Victoria et du prince Albert à Frogmore. La duchesse resta au palais de Buckingham durant sa visite[116]. Jusqu'à un accord de 1965 avec la reine Élisabeth II, le duc et la duchesse avaient envisagé un enterrement dans une parcelle du cimetière de Green Mount à Baltimore où le père de la duchesse était enterré[117].

En 1973, un an après la mort de son époux, la duchesse, héritière sans partage de ses biens, décide de léguer un important ensemble de meubles et tableaux aux musées français, la part la plus importante revenant au château de Versailles. De santé fragile et souffrant de démence sénile, la duchesse meurt 14 ans plus tard, le , à Paris, et est enterrée aux côtés de son époux en tant que « Wallis, duchesse de Windsor[118] ». Le couple ayant désigné l'Institut Pasteur comme légataire universel, la vente de bijoux aux enchères rapporte à l'Institut 75,42 millions de francs suisses, soit environ 300 millions de francs. Le reliquat des biens mobiliers est, quant à lui, racheté en bloc en 1986 par Mohamed Al-Fayed qui négocie un nouveau bail de vingt-cinq ans avec la ville de Paris, rebaptisant l'hôtel de Boulogne « villa Windsor » et investissant 50 millions de dollars dans sa restauration, dans le dessein annoncé de le transformer en un « petit musée » dédié à la gloire du couple mythique. En 1998, Mohamed Al-Fayed décide de vendre aux enchères chez Sotheby's à New York 40 000 objets de la villa ayant appartenu au célèbre couple[119].

Titres, honneurs et armoiries

Titres

  • -  : Son Altesse le prince Édouard d'York
  • -  : Son Altesse Royale le prince Édouard d'York
  • -  : Son Altesse Royale le prince Édouard de Cornouailles et d'York
  • -  : Son Altesse Royale le prince Édouard de Galles
  • -  : Son Altesse Royale le duc de Cornouailles
  • -  : Son Altesse Royale le prince de Galles
    • en Écosse : 1910 - 1936 : Son Altesse Royale le duc de Rothesay
  • -  : Sa Majesté le roi
    • et, occasionnellement, en dehors du Royaume-Uni et concernant l'Inde : Sa Majesté Impériale le roi-empereur
  • -  : Son Altesse Royale le prince Édouard
  • -  : Son Altesse Royale le duc de Windsor

Édouard commença à utiliser le titre de duc de Windsor immédiatement après son abdication, en accord avec la déclaration de George VI que son premier acte en tant que roi serait d'accorder ce titre à son frère. Cependant, plusieurs mois passèrent avant que la concession ne soit formalisée par lettres patentes.

Son titre complet en tant que roi était « Sa Majesté Édouard VIII, par la grâce de Dieu, roi de Grande-Bretagne et d'Irlande et des dominions britanniques au-delà des mers, défenseur de la Foi, empereur des Indes ».

Honneurs

Britanniques

Édouard perdit presque tous ses titres honorifiques lors de son accession au trône, car il devint le chef suprême de presque tous les ordres. Lorsqu'il abdiqua, son frère lui rendit ses anciens titres.

Étrangers

Militaires

Honoraires

Armoiries

En tant que prince de Galles, les armoiries d'Édouard étaient les armoiries royales du Royaume-Uni différenciées par un lambel de trois points argent, un écu représentant le Pays de Galles surmonté d'une couronne (identique à celle du prince Charles). En tant que souverain, il portait des armoiries royales indifférenciées. Après son abdication, il réutilisa les armoiries avec un lambel de trois points argent, mais cette fois avec le point central portant une couronne impériale[126].

Ascendance

Représentation au cinéma

Édouard VIII a été joué à l'écran par :

Notes et références

Notes

  1. Ses parrains étaient : Victoria du Royaume-Uni (son arrière-grand-mère paternelle) ; le roi et la reine du Danemark (ses arrière-grands-parents paternels, qui furent représentés par le prince Adolphe de Teck et sa tante maternelle, la duchesse de Fife) ; le roi de Wurtemberg (son cousin, représenté par son grand-oncle, le duc de Connaught) ; la reine de Grèce (sa grand-tante, représentée par sa tante paternelle, la princesse Victoria) ; le duc de Saxe-Cobourg-Gotha (son grand-oncle, représenté par le cousin du prince Édouard, Louis Alexandre de Battenberg); le prince et la princesse de Galles (ses grands-parents paternels) ; le tsar Nicolas II de Russie (son cousin) ; le prince George, duc de Cambridge (son grand-oncle maternel et le cousin de la reine Victoria) ; et le duc et la duchesse de Teck (ses grands-parents maternels).
  2. Il y avait quinze copies séparées : une pour chaque dominion, l'État libre d'Irlande, l'Inde, la Chambre des Communes, la Chambre des lords et le Premier ministre, entre autres.
  3. Elle avait demandé à Alexander Hardinge d'écrire au duc qu'il ne pourrait pas être invité aux commémorations de la mort de son père.

Références

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Bibliographie

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