« Livre de poche » : différence entre les versions
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{{Autre|la collection littéraire|Le Livre de poche}} |
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Un '''livre de poche''' est un [[livre (document)|livre]] qui possède |
Un '''livre de poche''' est un format d'[[Imprimerie|impression]] de [[livre (document)|livre]] qui possède trois principales caractéristiques : une dimension réduite, un prix modéré et un tirage relativement important<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-Yves|nom1=Mollier|prénom2=Lucile|nom2=Trunel|prénom3=Joëlle|nom3=Garcia|titre=Du "poche" aux collections de poche : histoire et mutations d'un genre : actes des ateliers du livre Bibliothèque nationale de France, 2002 et 2003|lieu=Liège|éditeur=CEFAL|année=2011|pages totales=131|passage=45-46|isbn=978-2-87130-293-3|isbn2=2-87130-293-6|oclc=778278811|lire en ligne=http://worldcat.org/oclc/778278811|consulté le=2021-11-09}}</ref>. |
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Avant tout destiné à un public élargi<ref name=":0" />, le livre de poche est de qualité relativement plus faible qu'un ouvrage original, tant au niveau de l'impression que du façonnage, éxécuté en cahiers collés plutôt que [[Reliure|cousus]]. Les nombreuses collections de ce type permettent la réimpression à prix modique d'ouvrages ayant déjà connu un succès suffisant sous leur [[édition originale|format d'origine]]. |
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== {{passage non neutre|Le mode de fonctionnement change|date=novembre 2021}} == |
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Le livre de poche est une invention qui remet tous les codes en question. La [[reliure]] n’est plus la même et la couverture est plus souple. Le papier utilisé est plus fin. Les pages ne sont pas préalablement regroupées en cahiers cousus entre eux, mais massicotées sur les quatre côtés et directement collées sur le dos de la reliure<ref>{{Ouvrage|prénom1=Parinet,|nom1=Elisabeth.|titre=Une histoire de l'édition à l'époque contemporaine : {{XIXe}}-{{XXe}} siècle|passage=406|éditeur=Seuil|date=2004|isbn=2-02-041576-3|isbn2=978-2-02-041576-7|oclc=300399593|lire en ligne=http://worldcat.org/oclc/300399593|consulté le=2021-11-09}}</ref>. Ses caractéristiques physiques participent à la transformation du fonctionnement du monde l'édition. Lors de l'événement éditorial de 1953 en France, le livre de poche est présenté comme un instrument de démocratisation de la lecture, grâce à son prix bas et à son réseau de distribution hors des librairies traditionnelles<ref>{{Ouvrage|prénom1=Parinet,|nom1=Elisabeth.|titre=Une histoire de l'édition à l'époque contemporaine : {{XIXe}}-{{XXe}} siècle|passage=404|éditeur=Seuil|date=2004|isbn=2-02-041576-3|isbn2=978-2-02-041576-7|oclc=300399593|lire en ligne=http://worldcat.org/oclc/300399593|consulté le=2021-11-09}}</ref>. Le livre de poche change les codes entre le libraire et l’acquéreur. La librairie était un lieu intime, on connaissait son libraire, il nous guidait : c’était un moment privilégié. Désormais, le livre de poche est le premier livre en "libre service". Ils sont présentés sur des tourniquets ou dans des bacs. Le libraire peut n’avoir ‘qu’une’ fonction de vendeur<ref>{{Article|langue=fr-FR|titre=L'invention du livre de poche, entre démocratisation de la lecture et réactions épidermiques|périodique=France Culture|date=2017-03-24|lire en ligne=https://www.franceculture.fr/litterature/linvention-du-livre-de-poche-entre-democratisation-de-la-lecture-et-reactions|consulté le=2017-05-25}}</ref>. |
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Parmi les premiers livres au format poche se trouvaient parfois des récits de nature érotique ou sentimentale, format qui permettait de dissimuler le livre à l'abri des regards – on pourrait parler ici d’un format de discrétion<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Historique du Livre de Poche|url=http://www.livredepoche.com/content/historique-du-livre-de-poche|site=Le Livre de Poche|consulté le=2018-05-18}}</ref>. |
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Le livre de poche va également modifier la manière de lire. Le livre est un objet précieux par son contenu et sa forme, il peut même s’exposer. Le livre est un symbole de grandeur. Il se manipule avec précaution. Pour les personnes qui n’ont pas les moyens de se payer des livres, ils en empruntent à la bibliothèque et doivent donc garder leur aspect premier. On peut le « mettre dans la poche », c'est-à-dire le transporter partout. C'est devenu un objet dynamique : on peut se permettre d'écrire dessus, de le souligner, d’y laisser sa trace. Le livre est vivant et il vit au rythme de ses lecteurs. |
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== Histoire d'un format == |
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Le livre de poche est peu onéreux et peut se multiplier très vite, c'est un marché de masse<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Éric|nom1=Marti|titre=Les Enjeux du livre au format de poche, The place and future of paperbacks|périodique=Culture études|numéro=4|date=2011-02-01|issn=1959-691X|lire en ligne=http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=CULE_084_0001|consulté le=2017-05-26|pages=1–8}}</ref>. Sa production, voire sa sur-production, s'inscrit dans une société de consommation. Cela a suscité des critiques. Une certaine catégorie de personne a vu en cette démocratisation du livre - du lecteur - la perte de sa valeur. Certains prônent l’aristocratie des lecteurs. |
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=== Pratiques et modes de lecture === |
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Le livre au format poche est une invention qui va remettre en question le rapport que les lecteurs entretiennent quant à leurs pratiques ou modes de consommation de cet objet qu'est le [[Livre (document)|livre]]. Son mode de fabrication change : la [[reliure]] et la couverture sont souples, le papier utilisé est plus fin, les pages ne sont pas préalablement regroupées en cahiers cousus entre eux, mais massicotées sur les quatre côtés dont l'un est directement collé sur la couverture<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Parinet,|nom1=Elisabeth.|titre=Une histoire de l'édition à l'époque contemporaine|sous-titre={{sp-|XIX|-|XX}}|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]]|année=2004|pages totales=489|passage=406|isbn=2-02-041576-3|isbn2=978-2-02-041576-7|oclc=300399593|lire en ligne=http://worldcat.org/oclc/300399593|consulté le=2021-11-09}}</ref>. Ses caractéristiques physiques participent à la transformation du fonctionnement du monde de l'édition au {{s|XX|e}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Parinet,|nom1=Elisabeth.|titre=Une histoire de l'édition à l'époque contemporaine|sous-titre={{sp-|XIX|-|XX}}|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]]|année=2004|pages totales=489|passage=404|isbn=2-02-041576-3|isbn2=978-2-02-041576-7|oclc=300399593|lire en ligne=http://worldcat.org/oclc/300399593|consulté le=2021-11-09}}</ref>. Ce format change également les rapports entretenus avec le commerce traditionnel de la [[librairie]] : les lecteurs trouvent ce type de format dans d'autres points de vente (gares, centres commerciaux, stations services, etc.)<ref>{{Article|langue=fr-FR|titre=L'invention du livre de poche, entre démocratisation de la lecture et réactions épidermiques|périodique=France Culture|date=2017-03-24|lire en ligne=https://www.franceculture.fr/litterature/linvention-du-livre-de-poche-entre-democratisation-de-la-lecture-et-reactions|consulté le=2017-05-25}}</ref>. |
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Le livre de format poche, peu onéreux, de plus en plus facile à fabriquer à de grands tirages, est caractéristique de l'émergence d'un marché de masse sur le plan de la lecture, élan qui prend sa source au {{XIXe}} grâce à l'industrialisation et la possibilité de réduire le coût unitaire de production<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Éric|nom1=Marti|titre=Les Enjeux du livre au format de poche, The place and future of paperbacks|périodique=Culture études|numéro=4|date=2011-02-01|issn=1959-691X|lire en ligne=http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=CULE_084_0001|consulté le=2017-05-26|pages=1–8}}</ref>. Cette production s'inscrit dans l'évolution de la [[société de consommation]]. Format très décrié à ses débuts, certains virent en cette évolution une dénaturation de la valeur du livre. |
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== Histoire == |
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=== Le livre de poche avant le « poche »<ref name=":0" /> === |
=== Le livre de poche avant le « poche »<ref name=":0" /> === |
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[[Fichier:Bibliothèque choisie Plutarque.JPG|vignette| Le Bureau de la bibliothèque choisie dirigée à Paris par [[Pierre-Sébastien Laurentie]] proposa en 1829-1830 par souscription deux petits ouvrages ({{Dunité|9,5|15|cm}}) par mois à {{Unité|2|francs}} l'exemplaire. Il renouvela l'expérience en 1853 mais trop tard : ''via'' [[Louis Hachette]], la Bibliothèque des chemins de fer l'emporta.]] |
[[Fichier:Bibliothèque choisie Plutarque.JPG|vignette| Le Bureau de la bibliothèque choisie dirigée à Paris par [[Pierre-Sébastien Laurentie]] proposa en 1829-1830 par souscription deux petits ouvrages ({{Dunité|9,5|15|cm}}) par mois à {{Unité|2|francs}} l'exemplaire. Il renouvela l'expérience en 1853 mais trop tard : ''via'' [[Louis Hachette]], la Bibliothèque des chemins de fer l'emporta.]] |
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[[Fichier:Nelson and sons NY add.jpg|vignette| Publicité pour la collection New Century Book publiée par [[Thomas Nelson (maison d'édition)|Thomas Nelson and Sons]] à New York : un petit format, relié cuir souple, mais vendu {{Unité|1|[[dollar américain|dollar]]}}, une forte somme en 1899.]] |
[[Fichier:Nelson and sons NY add.jpg|vignette| Publicité pour la collection New Century Book publiée par [[Thomas Nelson (maison d'édition)|Thomas Nelson and Sons]] à New York : un petit format, relié cuir souple, mais vendu {{Unité|1|[[dollar américain|dollar]]}}, une forte somme en 1899.]] |
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[[Image:Livre de Poche Tallandier back cover 1934.png|vignette|redresse| Publicité pour la collection [[Le Livre de Poche Tallandier|Le Livre de Poche]] au dos d'un ouvrage publié par [[Éditions Tallandier|Tallandier]] en 1934.]] |
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L'idée du livre peu encombrant et bon marché remonte au {{s|XVII}}<ref>{{ |
L'idée du livre peu encombrant et bon marché remonte au {{s|XVII}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Lise Andriès|titre=La Bibliothèque bleue au dix-huitième siècle|sous-titre=une tradition éditoriale|éditeur=[[Voltaire Foundation]]|année=1989|passage=18|isbn=}}</ref>. Au {{s2-|XVII|XVIII}}, les livres de [[colportage]] (tels ceux de la [[Bibliothèque bleue]] en France, le ''[[chapbook]]'' anglais, le ''Volksbuch'' allemand, etc.) sont des ouvrages de littérature populaire qui, par leur format et dans une certaine mesure leur conception, rappellent le livre de poche actuel : prenant la forme de feuille pliée 2, 4 ou {{Unité|8|fois}}, ces publications non reliées sont grossièrement imprimées et rarement cousues, elles sont à rapprocher en définitive du fascicule. |
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En France, par exemple, on trouve l'expression {{citation|petit livre de poche}} en 1727 sous la plume de Demoz de La Salle qui suggère de faire fabriquer de petits recueils de chants liturgiques et de les destiner aux fidèles de l'Église afin de populariser cette pratique<ref>[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58163003/f30.image.r ''Réponse à la critique de M. *** contre un nouveau systême de chant''], Paris, G.-F. Quillau, 1727, {{p.|29}} — lire sur ''Gallica''.</ref>. |
En France, par exemple, on trouve l'expression {{citation|petit livre de poche}} en 1727 sous la plume de Demoz de La Salle qui suggère de faire fabriquer de petits recueils de chants liturgiques et de les destiner aux fidèles de l'Église afin de populariser cette pratique<ref>[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58163003/f30.image.r ''Réponse à la critique de M. *** contre un nouveau systême de chant''], Paris, G.-F. Quillau, 1727, {{p.|29}} — lire sur ''Gallica''.</ref>. |
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Dans les années 1830, certains éditeurs de [[Bruxelles]], pour des raisons politiques et de [[censure]], publient de petits livres (format in-8 et in-16). Ces opuscules inspirent [[Gervais Charpentier]], libraire-éditeur français « père du livre de poche » (avec l'imprimeur Eugène Roulhac sur ses instructions) qui lance en [[1838]] sa collection de la « [[Bibliothèque Charpentier]] » au format {{Dunité|11.5|18.3|cm}} à moitié prix ({{Unité|3,50|francs}}) et publie en trois ans tous les classiques de l'époque (Balzac, Hugo, Musset, etc.) avec succès. |
Dans les années 1830, certains éditeurs de [[Bruxelles]], pour des raisons politiques et de [[censure]], publient de petits livres (format in-8 et in-16). Ces opuscules inspirent [[Gervais Charpentier]], libraire-éditeur français « père du livre de poche » (avec l'imprimeur Eugène Roulhac sur ses instructions) qui lance en [[1838]] sa collection de la « [[Bibliothèque Charpentier]] » au format {{Dunité|11.5|18.3|cm}} à moitié prix ({{Unité|3,50|francs}}) et publie en trois ans tous les classiques de l'époque (Balzac, Hugo, Musset, etc.) avec succès. Peu avant la [[Révolution de 1848 en France|révolution de 1848]], les frères [[Jean-Nicolas Barba|Barba]] installés à Paris, lancent de petits livres à 20 centimes ou « roman à 4 sous ». En 1853, [[Louis Hachette]] avec sa « Bibliothèque des chemins de fer » est le premier à investir les points de vente que sont les [[Gare ferroviaire|gares ferroviaires]]. En Angleterre, la maison [[Routledge|George Routledge & Co]] lance la même année une collection appelée « Railway Library ». En 1856, la [[maison d'édition]] [[Michel Lévy frères]] lance la « collection Michel Lévy » à un franc et en petit format. |
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En 1867, la maison allemande [[Reclam-Verlag]] lance l'Universal-Bibliothek (environ {{Unité|40|centimes}} le volume) en profitant aussi des gares. Un autre éditeur allemand, de [[Leipzig]], [[Tauchnitz]], lance dans la deuxième moitié du {{s-|XIX}} une collection de rééditions d'auteurs, traduits en anglais et du monde entier, imprimées en format poche, vendues {{Unité|2|francs}} pièce, ce qui reste cher. |
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Peu avant la [[Révolution de 1848 en France|révolution de 1848]], les frères [[Jean-Nicolas Barba|Barba]] installés à Paris, lancent de petits livres à 20 centimes ou « roman à 4 sous. » Dans les années 1870-1880, des éditeurs comme [[Éditions Rouff|Jules Rouff]] se lancent dans le fascicule à diffusion périodique : de petit format, prenant la forme de cahiers agrafés, ils déclinent les œuvres d'écrivains célèbres comme [[Victor Hugo]] et se vendent {{Unité|20|centimes}} l'unité. |
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Dans les années 1870-1880, des éditeurs comme [[Éditions Rouff|Jules Rouff]] se lancent dans le fascicule à diffusion périodique : de petit format, prenant la forme de cahiers agrafés, ils déclinent les œuvres d'écrivains célèbres comme [[Victor Hugo]] et se vendent {{Unité|20|centimes}} l'unité. |
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Dans les premières années du {{s-|XX}}, la [[collection Nelson]] publie des ouvrages de petit format, cartonnés, toilés et recouverts d'une jaquette illustrée vendu {{Unité|1,25|franc}}. En [[1905]], [[Fayard (maison d'édition)|Fayard]] lance le « Livre populaire », romans populaires à {{Unité|65|centimes}} de petit format. En [[1915]], les [[Librairie Jules Tallandier|éditions Jules Tallandier]] commercialisent une collection appelée [[Le Livre de Poche Tallandier|« Le Livre de poche »]], des romans populaires vendus 30 centimes de 64 à 128 pages agrafées ; cette formule se poursuivra jusqu'en 1941 ; Hachette devra racheter cette marque en 1953 aux éditions Pierre Trémois<ref>{{BNF|cb444579912}}</ref> (comme « Le Livre Plastic », collection créée en 1948 par [[Marabout (maison d'édition)|Marabout]])<ref>{{ouvrage|auteur=Ellen Constans|titre=Ouvrières des lettres|éditeur=Presses universitaires de Limoges|date=2007|passage=27|isbn=|lire en ligne=}}</ref>). À partir de 1919, les [[Éditions du Sagittaire]] (éd. Simon Kra) lancent la « Collection européenne » (1919-1951, formellement « Collection de la Revue européenne ») au format poche {{dunité|13|18|cm}}. |
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Dans les premières années du {{s-|XX}}, les collections britanniques [[Everyman's Library]] et [[collection Nelson|Nelson]] publient des ouvrages de petit format, cartonnés, toilés et recouverts d'une jaquette illustrée vendu {{Unité|1|shilling}}. En [[1905]], [[Fayard (maison d'édition)|Fayard]] lance le « Livre populaire », romans populaires à {{Unité|65|centimes}} de petit format. En [[1915]], les [[Librairie Jules Tallandier|éditions Jules Tallandier]] commercialisent une collection appelée [[Le Livre de Poche Tallandier|« Le Livre de poche »]], des romans populaires vendus 30 centimes de 64 à 128 pages agrafées ; cette formule se poursuivra jusqu'en 1941 ; Hachette devra racheter cette marque en 1953 aux [[éditions Pierre Trémois]]<ref>{{BNF|cb444579912}}</ref>, ainsi que la marque « Le Livre Plastic », collection créée en 1948 par [[Marabout (maison d'édition)|Marabout]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Ellen Constans|titre=Ouvrières des lettres|éditeur=Presses universitaires de Limoges|année=2007|passage=27|isbn=}}</ref>). À partir de 1919, les [[Éditions du Sagittaire]] (éd. Simon Kra) lancent la « Collection européenne » (1919-1951, formellement « Collection de la Revue européenne ») au format poche {{dunité|13|18|cm}}. |
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=== Une formule apparue dans les années 1930 === |
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Le livre de poche, en tant que genre et tel que nous le connaissons maintenant, c'est-à-dire à un prix relativement bas, ne prend réellement son essor que dans les [[années 1930]] : |
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=== Essor dans les années 1930 === |
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* Une première expérience européenne, éphémère, est tentée par l'éditeur {{Lien|Kurt Enoch}}, en [[1931]]-[[1932]], en [[Allemagne]] à [[Hambourg]], puis au [[Royaume-Uni]] (à [[Londres]]), sous le nom d'''Albatross Books''. La montée en puissance des [[Nazisme|nazis]] puis leur arrivée au pouvoir contraint Kurt Enoch de fermer sa maison d'édition et à s'exiler aux États-Unis<ref name="Enoch">Source : article « [http://paperbarn.www1.50megs.com/Paperbacks/msg6.htm The Third Paperback Revolution] », Robert Fair de Graff et Pocket Books, sur le site paperbarn.www1.50megs.com (Hyde Park Books).</ref> ; |
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Le livre de poche, en tant que genre et tel que nous le connaissons maintenant, c'est-à-dire à un prix relativement bas, ne prend réellement son essor que dans les [[années 1930]], du fait surtout de la [[Grande Dépression]]. |
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* En 1936, au Royaume-Uni, fondation de la maison d'édition ''{{langue|en|[[Penguin Books]]}}'', à l'initiative d'[[Allen Lane]] qui, dès l'année précédente, avait tenté avec succès des rééditions bon marché chez ''{{langue|en|[[The Bodley Head]]}}'', maison d'édition fondée par son oncle [[John Lane (éditeur)|John Lane]] ; |
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* L'éditeur américain [[Simon & Schuster]] (après diverses tentatives dont celle, dès 1917, de l'éditeur [[Boni & Liveright]]) lance en [[1939]] les {{Lien|Pocket Books}}<ref>{{ouvrage|auteur=Roger Chartier, Jacques Revel|titre=Histoire de la France. Choix culturels et mémoire|éditeur=Éditions du Seuil|date=2000|passage=205|isbn=|lire en ligne=}}</ref>. |
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Une première expérience européenne, éphémère, est tentée par l'éditeur {{Lien|Kurt Enoch}}, en 1931-1932, en [[Allemagne]] à [[Hambourg]], puis au [[Royaume-Uni]] (à [[Londres]]), sous le nom d'Albatross Books. La montée en puissance des [[Nazisme|nazis]] puis leur arrivée au pouvoir contraint Kurt Enoch de fermer sa maison d'édition et à s'exiler aux États-Unis<ref name="Enoch">Source : article « [http://paperbarn.www1.50megs.com/Paperbacks/msg6.htm The Third Paperback Revolution] », Robert Fair de Graff et Pocket Books, sur le site paperbarn.www1.50megs.com (Hyde Park Books).</ref>. |
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En 1936, au Royaume-Uni, est fondée la maison d'édition {{langue|en|[[Penguin Books]]}}, à l'initiative d'[[Allen Lane]] qui, dès l'année précédente, avait tenté avec succès des rééditions bon marché chez {{langue|en|[[The Bodley Head]]}}, maison d'édition fondée par son oncle [[John Lane (éditeur)|John Lane]]. |
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L'éditeur américain [[Simon & Schuster]] (après diverses tentatives dont celle, dès 1917, de l'éditeur [[Boni & Liveright]]) lance en 1939 la marque {{Lien|Pocket Books}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Roger Chartier|auteur2=Jacques Revel|titre=Histoire de la France. Choix culturels et mémoire|éditeur=Éditions du Seuil|année=2000|passage=205|isbn=}}</ref>. |
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=== Le livre de poche en France === |
=== Le livre de poche en France === |
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En [[France]], entre 1833 et 1882, l'apparition d'une [[culture de masse]] suppose une alphabétisation plus généralisée<ref name=":0" />. Ceci est une condition essentielle à l'apparition du livre de poche à grand tirage. L'émergence de dépenses en loisir et l'existence d'un système éditorial capable d'anticiper la demande du public et de faire naître un besoin de divertissement<ref name=":0" />. L'homogénéisation des comportements de masse<ref name=":0" /> se révèle déterminante pour l'histoire du livre de poche. Plusieurs dates caractérisent son histoire |
En [[France]], entre 1833 et 1882, l'apparition d'une [[culture de masse]] suppose une alphabétisation plus généralisée<ref name=":0" />. Ceci est une condition essentielle à l'apparition du livre de poche à grand tirage. L'émergence de dépenses en loisir et l'existence d'un système éditorial capable d'anticiper la demande du public et de faire naître un besoin de divertissement<ref name=":0" />. L'homogénéisation des comportements de masse<ref name=":0" /> se révèle déterminante pour l'histoire du livre de poche. Plusieurs dates caractérisent son histoire. |
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* [[Albert Pigasse]], initialement conseiller littéraire chez [[Éditions Grasset & Fasquelle|Grasset]], fonde en 1925 sa propre [[maison d'édition]], la [[Librairie des Champs-Élysées]] et, au sein de celle-ci, lance en [[1927]] la collection « [[Le Masque (collection)|Le Masque]] », spécialisée dans le [[roman policier]] commercialisé dans un format réduit et bon marché<ref name="masque">Source : article « [http://www.polars.org/article41.html Le Masque] », 10 février 2004, sur le site À l'ombre du Polar.</ref>. Le premier ouvrage de cette collection est ''[[Le Meurtre de Roger Ackroyd]]'', d'[[Agatha Christie]], paru deux ans plus tôt au Royaume-Uni. La spécialisation de la collection « Le Masque » empêche cependant d'y voir le précurseur du genre en France, faute d'un catalogue ouvert à la littérature générale. |
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[[Albert Pigasse]], initialement conseiller littéraire chez [[Éditions Grasset & Fasquelle|Grasset]], fonde en 1925 sa propre [[maison d'édition]], la [[Librairie des Champs-Élysées]] et, au sein de celle-ci, lance en 1927 la collection « [[Le Masque (collection)|Le Masque]] », spécialisée dans le [[roman policier]] commercialisé dans un format réduit et bon marché<ref name="masque">Source : article « [http://www.polars.org/article41.html Le Masque] », 10 février 2004, sur le site À l'ombre du Polar.</ref>. Le premier ouvrage de cette collection est ''[[Le Meurtre de Roger Ackroyd]]'', d'[[Agatha Christie]], paru deux ans plus tôt au Royaume-Uni. La spécialisation de la collection « Le Masque » et surtout son mode de fabrication, chaque ouvrage prenant au début la forme d'un livre relié et cartonné (et non souple), empêche cependant d'y voir le précurseur du genre en France. En 1938, [[Calmann-Lévy]] lance la collection Pourpre pour concurrencer la [[collection Nelson]], les ouvrages sont là aussi publiés sous couverture cartonnée. |
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* En 1938, [[Calmann-Lévy]] lance la [[collection Pourpre]] pour concurrencer la [[collection Nelson]]. |
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* Les [[Presses universitaires de France]] lancent, en [[1941]], la collection « [[Que sais-je ?]] », destinée à rassembler, sous un format réduit et bon marché, une synthèse des connaissances essentielles sur un sujet donné. Cette collection à vocation [[Encyclopédie|encyclopédique]] existe, plus de soixante ans après sa création, en une quarantaine de [[langue]]s. |
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Les [[Presses universitaires de France]] lancent, en 1941, la collection « [[Que sais-je ?]] », destinée à rassembler, sous un format réduit (17,5 sur 11,5 cm) et bon marché, une synthèse des connaissances essentielles sur un sujet donné. Chaque ouvrage se présente sous couverture souple. Cette collection à vocation [[Encyclopédie|encyclopédique]] existe encore de nos jours. |
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* En [[1949]], [[Marabout (maison d'édition)|Marabout]], maison créée en [[Belgique]] (Verviers, Bruxelles), (d'abord avec son Livre Plastic) pour rééditer ensuite de grands succès anciens et des classiques à petit prix, puis une encyclopédie (Marabout Université) ([[1962]]), Marabout Junior avec des œuvres originales (les aventures de Bob Morane de [[Henri Vernes]]) et des livres sur l'art et un ''Panorama des littératures'' ([[Léon Thoorens]]), Marabout Géant qui se hausse à un niveau international avec des textes de [[Robert Bloch]], [[Jean Ray (écrivain)|Jean Ray]], mais aussi de petits livres dans un format carré inusité consacrés à des sujets pratiques (bricolage, maison, cuisine, santé, etc.) Le succès de Marabout entraînera son entrée dans les [[Editions Hachette]]<ref>Ellen Constans, ''Ouvrière des Lettres'', Presses universitaires de Limoges, 2007, p.27</ref> |
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* Les [[Éditions du Seuil]], en [[1951]], créaient la collection « Microcosme »<ref name="Seuil">Page « Notre histoire », sur le [http://www.editionsduseuil.fr/ site officiel du Seuil].</ref>. |
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En 1949, [[Marabout (maison d'édition)|Marabout]], maison créée en [[Belgique]] (Verviers, Bruxelles), d'abord avec sa marque « Livre Plastic », réédite de grands succès et des classiques à petit prix, puis décline des collections à partir de 1962 sous la forme de petits livres carré consacrés à des sujets pratiques (bricolage, maison, cuisine, santé, etc.). Le succès des Guides Marabout entraînera son entrée dans les [[Editions Hachette]]<ref>Ellen Constans, ''Ouvrière des Lettres'', Presses universitaires de Limoges, 2007, {{p.|27}}.</ref> |
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* Mais c'est surtout la ''[[Librairie générale française]]'', créatrice en février [[1953]] de la collection « [[Le Livre de poche]] », qui lance réellement le format en France, en s'ouvrant à la littérature générale et en agrégeant les fonds de dizaines de maisons d'édition. D'autres éditeurs vont suivre le mouvement en lançant leur propres collections : |
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** [[1958]] : [[J'ai lu]] |
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Les [[Éditions du Seuil]], en 1951, lancent la collection « Microcosme » en format poche et souple<ref name="Seuil">Page « Notre histoire », sur le [http://www.editionsduseuil.fr/ site officiel du Seuil].</ref>. |
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** [[1962]] : [[10/18]], [[collection (édition)|collection]] de [[Plon]] |
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** [[1962]] : [[Presses Pocket]], maison d'édition créée par les [[Presses de la Cité]] |
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En février 1953, la [[Librairie générale française]] dirigée par [[Daniel Filipacchi]], lance la collection « [[Le Livre de poche]] », marque qui s'inscrit durablement en France, en s'ouvrant à la littérature générale et en agrégeant au départ les fonds de dizaines de maisons d'édition. D'autres éditeurs vont suivre le mouvement en lançant leur propres collections par exemple en 1958, [[J'ai lu]] (Flammarion), puis [[10/18]] ([[Plon]]) en 1962, etc. |
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** [[1964]] : [[GF (collection)|GF]], collection créée par les [[Éditions Garnier Frères]] |
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** [[1970]] : [[Éditions Points|Points]], collection des [[Éditions du Seuil]] |
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L’introduction puis la popularisation du format de poche en France rencontra à ces débuts quelques oppositions, du fait d’une crainte de la banalisation et de la vulgarisation de la littérature, attitude répandue jusque dans les années 1960<ref>{{video}}[http://www.ina.fr/video/I13043985 ''Le livre de poche et le mépris''], 21 septembre 1964, Archives INA.</ref>. {{refnec|[[Julien Gracq]] fut aussi l’un des fervents détracteurs du livre de poche}}. |
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** [[1972]] : [[Folio (Gallimard)|Folio]], collection de [[Gallimard]]. |
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* Depuis les années 90, le livre de poche est publié un an et demi après le grand format. Il offre une seconde vie au livre, en le proposant à un prix de l’ordre du tiers de la parution initiale<ref>{{Article|prénom1=Benoît|nom1=Le Blanc|titre=La révolution du livre de poche|périodique=Hermès|volume={{n°|70}}|numéro=3|date=2014|issn=0767-9513|issn2=1963-1006|doi=10.3917/herm.070.0061|lire en ligne=https://doi.org/10.3917/herm.070.0061|consulté le=2021-11-10|pages=61}}</ref>.<br>En 2013, le livre au format poche représente un tiers du marché du livre français, et un livre sur 4 acheté en librairie l’est dans ce format, contre 1 sur 5 en 2003<ref>{{Lien web|url=http://www.historia.fr/web/lair-du-temps/le-9-fevrier-1953-lancement-du-livre-de-poche-17-01-2013-86414|titre=Le 9 février 1953 : lancement du Livre de Poche|auteur=Denis Lefebvre|date=17 janvier 2013|site=[[Historia (revue)|Historia]]}}</ref>. |
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Depuis les années 1990, le livre en format poche, on parle alors de « pocketisation », est publié en moyenne un an et demi après la date de publication de l'édition originale ou première édition en grand format. Cette formule offre une seconde vie au livre, en le proposant à un prix de l’ordre du tiers de la parution initiale<ref>{{Article|prénom1=Benoît|nom1=Le Blanc|titre=La révolution du livre de poche|périodique=Hermès|volume={{n°|70}}|numéro=3|date=2014|issn=0767-9513|issn2=1963-1006|doi=10.3917/herm.070.0061|lire en ligne=https://doi.org/10.3917/herm.070.0061|consulté le=2021-11-10|pages=61}}</ref>.<br>En 2013, le livre au format poche représente un tiers du marché du livre français, et 25 % des livres achetés en librairie le sont dans ce format, contre 20 % en 2003<ref>{{Lien web|url=http://www.historia.fr/web/lair-du-temps/le-9-fevrier-1953-lancement-du-livre-de-poche-17-01-2013-86414|titre=Le 9 février 1953 : lancement du Livre de Poche|auteur=Denis Lefebvre|date=17 janvier 2013|site=[[Historia (revue)|Historia]]}}</ref>. |
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* L’introduction du livre de poche en France a rencontré quelques oppositions, du fait d’une crainte de la banalisation et de la vulgarisation de la littérature : [http://www.ina.fr/video/I13043985 ''Le livre de poche et le mépris'', 21 septembre 1964]. [[Julien Gracq]] est aussi l’un des fervents détracteurs du livre de poche. |
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=== Le livre de poche aux États-Unis === |
=== Le livre de poche aux États-Unis === |
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Dès le {{XIXe siècle}}, les [[États-Unis]] connaissent une succession d’initiatives qui investissent le format poche, mais ces tentatives ne s’inscrivent pas dans la durée<ref name=":2">{{Lien web |auteur=Louis Wiart |titre=Comment le livre de poche a démocratisé la lecture |url=https://larevuedesmedias.ina.fr/comment-le-livre-de-poche-democratise-la-lecture |site=larevuedesmedias.ina.fr |date=4 mars 2019 |consulté le=9 novembre 2021}}</ref>. L'histoire du livre de poche aux États-Unis tels qu'elle apparait aujourd'hui: les conditions de son développement, son impact économique, ses modes d'articulation avec l'édition traditionnelle se rapportent à la société américaine de 1930-1950<ref name=":3">{{Ouvrage|auteur1=Kenneth C. Davis|préface=Bertrand Legendre|titre=Une culture à deux balles |
Dès le {{XIXe siècle}}, les [[États-Unis]] connaissent une succession d’initiatives qui investissent le format poche, mais ces tentatives ne s’inscrivent pas dans la durée<ref name=":2">{{Lien web |auteur=Louis Wiart |titre=Comment le livre de poche a démocratisé la lecture |url=https://larevuedesmedias.ina.fr/comment-le-livre-de-poche-democratise-la-lecture |site=larevuedesmedias.ina.fr |date=4 mars 2019 |consulté le=9 novembre 2021}}</ref>. L'histoire du livre de poche aux États-Unis tels qu'elle apparait aujourd'hui : les conditions de son développement, son impact économique, ses modes d'articulation avec l'édition traditionnelle se rapportent à la société américaine de 1930-1950<ref name=":3">{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|auteur1=Kenneth C. Davis|préface=Bertrand Legendre|titre=Une culture à deux balles|sous-titre=la révolution du livre de poche aux États-Unis|lieu=Lyon|éditeur=Presses de l'ENSSIB|année=2015|pages totales=496|passage=11-44|isbn=9791091281058|consulté le=10 novembre 2021}}</ref>. C'est en 1939 que commence l'ère du "paperback" (livre de poche) aux États-Unis. La collection "[[PocketBook|Pocket Book]]" lancée par Robert de Graaf et la firme "[[Simon & Schuster]]" connaît un succès immédiat<ref name=":1">{{Ouvrage|auteur1=Guillemette de Saurigné|titre=L'aventure du Livre de Poche|lieu=Paris|éditeur=Librairie Générale Française|année=1983|pages totales=124|passage=16|isbn=|issn=0248-3653|consulté le=9 novembre 2021}}</ref>. Les "Pocket Book" se vendent 25 cents principalement dans les [[Kiosque|kiosques à journaux]] et connaissent des ventes records<ref name=":1" />. Ces petits livres brochés avec leurs couvertures en plastiques stratifiés prirent d'assaut [[New York]], puis le reste du pays<ref name=":3" />. Pour aider à la vente, ils portent tous la mention "complete and Unabridged" (œuvres complètes)<ref name=":3" />. Dans les années qui ont suivi, de nombreuses entreprises sont devenues des joueurs dans le domaine de l'édition de poche, notamment Ace, Dell, [[Bantam Books|Bantam]], Avon et des dizaines d'autres éditeurs<ref>{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|auteur1=Kenneth C. Davis|titre=Une culture à deux balles|sous-titre=la révolution de poche aux États-Unis|lieu=Villeurbanne|éditeur=ENNSIB|année=2015|pages totales=496|isbn=9791091281058|consulté le=10 novembre 2021}}</ref>. |
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Durant la guerre, de nombreux soldats lisaient des livres de poche. De 1943 à 1946, le programme "Armed Services Editions", né d’une coopération entre l’armée et le monde de l’édition, adapte le livre de poche aux uniformes des soldats, qui peuvent l’emmener avec eux facilement<ref name=":2" />. |
Durant la guerre, de nombreux soldats lisaient des livres de poche. De 1943 à 1946, le programme "Armed Services Editions", né d’une coopération entre l’armée et le monde de l’édition, adapte le livre de poche aux uniformes des soldats, qui peuvent l’emmener avec eux facilement<ref name=":2" />. |
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Au sortir de la guerre, une culture de masse se fait sentir dans l'édition du livre de poche. Les maisons d’édition intègrent des publicités dans leurs ouvrages, augmentent les prix, lancent des revues au format poche et accordent une large place dans leurs sélections aux genres populaires<ref name=":2" />. Les couvertures deviennent de plus en plus sensationnalistes, avec des slogans accrocheurs et des illustrations suggestives<ref name=":2" />. En 1950, 200 millions d’exemplaires en format poche sont écoulés aux [[États-Unis]]<ref name=":2" />. Dans les années |
Au sortir de la guerre, une culture de masse se fait sentir dans l'édition du livre de poche. Les maisons d’édition intègrent des publicités dans leurs ouvrages, augmentent les prix, lancent des revues au format poche et accordent une large place dans leurs sélections aux genres populaires<ref name=":2" />. Les couvertures deviennent de plus en plus sensationnalistes, avec des slogans accrocheurs et des illustrations suggestives<ref name=":2" />. En 1950, 200 millions d’exemplaires en format poche sont écoulés aux [[États-Unis]]<ref name=":2" />. Dans les années 1980, l'édition de poche représente le tiers des volumes produits dans le milieu de l'édition aux États-Unis<ref>{{Ouvrage|auteur1=Guillemette de Sairigné|titre=L'Aventure du Livre de poche : l'enfant de Gutenberg et du {{XXe}} siècle|lieu=Paris|éditeur=Librairie générale française,|année=1983|pages totales=124|passage=123|isbn=|issn=0248-3653|consulté le=9 novembre 2021}}</ref>. À cette époque, le livre de poche se retrouve dans environ 100 000 points de vente, dans les librairies et les supermarchés, les kiosques à journaux et les magasins de variétés<ref>{{Article|langue=en-US|prénom1=Edwin|nom1=McDowell|titre=THE PAPERBACK EVOLUTION|périodique=The New York Times|date=1982-01-10|issn=0362-4331|lire en ligne=https://www.nytimes.com/1982/01/10/books/the-paperback-evolution.html|consulté le=2021-11-10}}</ref>. |
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== Collections célèbres == |
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La plupart des maisons d'édition françaises ont développé leurs propres collections de poche : |
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!Création |
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!Collection |
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!Maison d'édition originale |
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!Premier ouvrage paru |
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|1941 |
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|[[Que sais-je ?]] |
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|[[Presses universitaires de France]] |
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|[[Maurice Caullery]], ''Les étapes de la biologie'' |
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|1958 |
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|[[J'ai lu]] |
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|[[Groupe Flammarion|Flammarion]] |
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|[[Giovannino Guareschi|Giovanni Guareschi]], ''Le petit monde de Don Camillo'' |
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|1960 |
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|Petite Bibliothèque Payot |
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|[[Payot et Rivages|Payot]] |
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|1962 |
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|Idées (NRF) |
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|[[Gallimard]] |
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|[[Albert Camus]], ''[[Le Mythe de Sisyphe]]'' |
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|1962 |
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|[[Pocket]] |
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|[[Presses de la Cité]] |
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|1964 |
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|[[Éditions Garnier Frères#La collection Garnier-Flammarion (GF)|GF (Garnier-Flammarion)]] |
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|Flammarion |
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|1970 |
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|[[Points]] |
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|[[Éditions du Seuil]] |
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|[[Maurice Nadeau]], ''Histoire du surréalisme'' |
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|1972 |
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|[[Folio (Gallimard)|Folio]] |
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|Gallimard |
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|[[André Malraux]], ''[[La Condition humaine]]'' |
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|1977 |
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|Pluriel |
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|[[Hachette Livre|Hachette]] (aujourd'hui [[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]) |
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|[[Andreï Amalrik]], ''L'union soviétique survivra-t-elle en 1984 ?'' |
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|1977 |
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|[[Champs Flammarion|Champs]] |
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|Flammarion |
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|[[Vladimir Jankélévitch]], ''[[La Mort (Jankélévitch)|La Mort]]'' |
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|1989 |
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|[[Babel (collection)|Babel]] |
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|[[Actes Sud]] |
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|[[Jacques Audiberti]], ''La Fin du monde'' |
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|1992 |
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|La Petite Vermillon |
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|[[Éditions de la Table ronde]] |
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|Adrien Baillet, ''Vie de Monsieur Descartes'' |
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|2002 |
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|Tempus |
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|[[Éditions Perrin]] |
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|[[Georges Duby|Duby]] et [[Michelle Perrot|Perrot]], ''Histoire des femmes en Occident'' |
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== Les Salons == |
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=== Articles connexes === |
=== Articles connexes === |
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* [[Littérature de colportage]], [[Bibliothèque bleue]] |
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* [[Brocheuse|Brochage]] |
* [[Brocheuse|Brochage]] |
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* [[Imprimerie]] |
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*[[Le Livre de poche|Le livre de poche]] |
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* [[ |
* [[Pulp (magazine)|Pulp]] |
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* [[Reliure]] (format des livres) |
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* [[Pulp (magazine)|Pulp fiction]] |
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* [[Penguin Books]], maison d’édition britannique fondée en [[1936]] à Londres. |
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=== Liens externes === |
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* [[Collection Nelson]], ancêtre des éditions de poche. |
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* {{lien web|url=https://www.radiofrance.fr/franceculture/le-livre-de-poche-a-70-ans-et-reste-fringant-7048410|titre=Le Livre de Poche a 70 ans et reste fringant|auteur=Héloïse Décarre et Éric Chaverou|site=[[Radio France]]}} |
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* [[Boni & Liveright]] |
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{{Portail|littérature|sciences de l'information et des bibliothèques|édition}} |
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Version du 25 avril 2024 à 16:25
Pour la collection littéraire diffusée par Hachette, voir Le Livre de poche.
Un livre de poche est un format d'impression de livre qui possède trois principales caractéristiques : une dimension réduite, un prix modéré et un tirage relativement important[1].
Avant tout destiné à un public élargi[1], le livre de poche est de qualité relativement plus faible qu'un ouvrage original, tant au niveau de l'impression que du façonnage, éxécuté en cahiers collés plutôt que cousus. Les nombreuses collections de ce type permettent la réimpression à prix modique d'ouvrages ayant déjà connu un succès suffisant sous leur format d'origine.
Parmi les premiers livres au format poche se trouvaient parfois des récits de nature érotique ou sentimentale, format qui permettait de dissimuler le livre à l'abri des regards – on pourrait parler ici d’un format de discrétion[2].
Histoire d'un format
Pratiques et modes de lecture
Le livre au format poche est une invention qui va remettre en question le rapport que les lecteurs entretiennent quant à leurs pratiques ou modes de consommation de cet objet qu'est le livre. Son mode de fabrication change : la reliure et la couverture sont souples, le papier utilisé est plus fin, les pages ne sont pas préalablement regroupées en cahiers cousus entre eux, mais massicotées sur les quatre côtés dont l'un est directement collé sur la couverture[3]. Ses caractéristiques physiques participent à la transformation du fonctionnement du monde de l'édition au XXe siècle[4]. Ce format change également les rapports entretenus avec le commerce traditionnel de la librairie : les lecteurs trouvent ce type de format dans d'autres points de vente (gares, centres commerciaux, stations services, etc.)[5].
Le livre de format poche, peu onéreux, de plus en plus facile à fabriquer à de grands tirages, est caractéristique de l'émergence d'un marché de masse sur le plan de la lecture, élan qui prend sa source au XIXe grâce à l'industrialisation et la possibilité de réduire le coût unitaire de production[6]. Cette production s'inscrit dans l'évolution de la société de consommation. Format très décrié à ses débuts, certains virent en cette évolution une dénaturation de la valeur du livre.
Le livre de poche avant le « poche »[1]
L'idée du livre peu encombrant et bon marché remonte au XVIIe siècle[7]. Au XVIIe et XVIIIe siècles, les livres de colportage (tels ceux de la Bibliothèque bleue en France, le chapbook anglais, le Volksbuch allemand, etc.) sont des ouvrages de littérature populaire qui, par leur format et dans une certaine mesure leur conception, rappellent le livre de poche actuel : prenant la forme de feuille pliée 2, 4 ou 8 fois, ces publications non reliées sont grossièrement imprimées et rarement cousues, elles sont à rapprocher en définitive du fascicule.
En France, par exemple, on trouve l'expression « petit livre de poche » en 1727 sous la plume de Demoz de La Salle qui suggère de faire fabriquer de petits recueils de chants liturgiques et de les destiner aux fidèles de l'Église afin de populariser cette pratique[8].
Dans les années 1830, certains éditeurs de Bruxelles, pour des raisons politiques et de censure, publient de petits livres (format in-8 et in-16). Ces opuscules inspirent Gervais Charpentier, libraire-éditeur français « père du livre de poche » (avec l'imprimeur Eugène Roulhac sur ses instructions) qui lance en 1838 sa collection de la « Bibliothèque Charpentier » au format 11,5 × 18,3 cm à moitié prix (3,50 francs) et publie en trois ans tous les classiques de l'époque (Balzac, Hugo, Musset, etc.) avec succès. Peu avant la révolution de 1848, les frères Barba installés à Paris, lancent de petits livres à 20 centimes ou « roman à 4 sous ». En 1853, Louis Hachette avec sa « Bibliothèque des chemins de fer » est le premier à investir les points de vente que sont les gares ferroviaires. En Angleterre, la maison George Routledge & Co lance la même année une collection appelée « Railway Library ». En 1856, la maison d'édition Michel Lévy frères lance la « collection Michel Lévy » à un franc et en petit format.
En 1867, la maison allemande Reclam-Verlag lance l'Universal-Bibliothek (environ 40 centimes le volume) en profitant aussi des gares. Un autre éditeur allemand, de Leipzig, Tauchnitz, lance dans la deuxième moitié du XIXe siècle une collection de rééditions d'auteurs, traduits en anglais et du monde entier, imprimées en format poche, vendues 2 francs pièce, ce qui reste cher.
Dans les années 1870-1880, des éditeurs comme Jules Rouff se lancent dans le fascicule à diffusion périodique : de petit format, prenant la forme de cahiers agrafés, ils déclinent les œuvres d'écrivains célèbres comme Victor Hugo et se vendent 20 centimes l'unité.
Dans les premières années du XXe siècle, les collections britanniques Everyman's Library et Nelson publient des ouvrages de petit format, cartonnés, toilés et recouverts d'une jaquette illustrée vendu 1 shilling. En 1905, Fayard lance le « Livre populaire », romans populaires à 65 centimes de petit format. En 1915, les éditions Jules Tallandier commercialisent une collection appelée « Le Livre de poche », des romans populaires vendus 30 centimes de 64 à 128 pages agrafées ; cette formule se poursuivra jusqu'en 1941 ; Hachette devra racheter cette marque en 1953 aux éditions Pierre Trémois[9], ainsi que la marque « Le Livre Plastic », collection créée en 1948 par Marabout[10]). À partir de 1919, les Éditions du Sagittaire (éd. Simon Kra) lancent la « Collection européenne » (1919-1951, formellement « Collection de la Revue européenne ») au format poche 13 × 18 cm.
Essor dans les années 1930
Le livre de poche, en tant que genre et tel que nous le connaissons maintenant, c'est-à-dire à un prix relativement bas, ne prend réellement son essor que dans les années 1930, du fait surtout de la Grande Dépression.
Une première expérience européenne, éphémère, est tentée par l'éditeur Kurt Enoch (en), en 1931-1932, en Allemagne à Hambourg, puis au Royaume-Uni (à Londres), sous le nom d'Albatross Books. La montée en puissance des nazis puis leur arrivée au pouvoir contraint Kurt Enoch de fermer sa maison d'édition et à s'exiler aux États-Unis[11].
En 1936, au Royaume-Uni, est fondée la maison d'édition Penguin Books, à l'initiative d'Allen Lane qui, dès l'année précédente, avait tenté avec succès des rééditions bon marché chez The Bodley Head, maison d'édition fondée par son oncle John Lane.
L'éditeur américain Simon & Schuster (après diverses tentatives dont celle, dès 1917, de l'éditeur Boni & Liveright) lance en 1939 la marque Pocket Books (en)[12].
Le livre de poche en France
En France, entre 1833 et 1882, l'apparition d'une culture de masse suppose une alphabétisation plus généralisée[1]. Ceci est une condition essentielle à l'apparition du livre de poche à grand tirage. L'émergence de dépenses en loisir et l'existence d'un système éditorial capable d'anticiper la demande du public et de faire naître un besoin de divertissement[1]. L'homogénéisation des comportements de masse[1] se révèle déterminante pour l'histoire du livre de poche. Plusieurs dates caractérisent son histoire.
Albert Pigasse, initialement conseiller littéraire chez Grasset, fonde en 1925 sa propre maison d'édition, la Librairie des Champs-Élysées et, au sein de celle-ci, lance en 1927 la collection « Le Masque », spécialisée dans le roman policier commercialisé dans un format réduit et bon marché[13]. Le premier ouvrage de cette collection est Le Meurtre de Roger Ackroyd, d'Agatha Christie, paru deux ans plus tôt au Royaume-Uni. La spécialisation de la collection « Le Masque » et surtout son mode de fabrication, chaque ouvrage prenant au début la forme d'un livre relié et cartonné (et non souple), empêche cependant d'y voir le précurseur du genre en France. En 1938, Calmann-Lévy lance la collection Pourpre pour concurrencer la collection Nelson, les ouvrages sont là aussi publiés sous couverture cartonnée.
Les Presses universitaires de France lancent, en 1941, la collection « Que sais-je ? », destinée à rassembler, sous un format réduit (17,5 sur 11,5 cm) et bon marché, une synthèse des connaissances essentielles sur un sujet donné. Chaque ouvrage se présente sous couverture souple. Cette collection à vocation encyclopédique existe encore de nos jours.
En 1949, Marabout, maison créée en Belgique (Verviers, Bruxelles), d'abord avec sa marque « Livre Plastic », réédite de grands succès et des classiques à petit prix, puis décline des collections à partir de 1962 sous la forme de petits livres carré consacrés à des sujets pratiques (bricolage, maison, cuisine, santé, etc.). Le succès des Guides Marabout entraînera son entrée dans les Editions Hachette[14]
Les Éditions du Seuil, en 1951, lancent la collection « Microcosme » en format poche et souple[15].
En février 1953, la Librairie générale française dirigée par Daniel Filipacchi, lance la collection « Le Livre de poche », marque qui s'inscrit durablement en France, en s'ouvrant à la littérature générale et en agrégeant au départ les fonds de dizaines de maisons d'édition. D'autres éditeurs vont suivre le mouvement en lançant leur propres collections par exemple en 1958, J'ai lu (Flammarion), puis 10/18 (Plon) en 1962, etc.
L’introduction puis la popularisation du format de poche en France rencontra à ces débuts quelques oppositions, du fait d’une crainte de la banalisation et de la vulgarisation de la littérature, attitude répandue jusque dans les années 1960[16]. Julien Gracq fut aussi l’un des fervents détracteurs du livre de poche[réf. nécessaire].
Depuis les années 1990, le livre en format poche, on parle alors de « pocketisation », est publié en moyenne un an et demi après la date de publication de l'édition originale ou première édition en grand format. Cette formule offre une seconde vie au livre, en le proposant à un prix de l’ordre du tiers de la parution initiale[17].
En 2013, le livre au format poche représente un tiers du marché du livre français, et 25 % des livres achetés en librairie le sont dans ce format, contre 20 % en 2003[18].
Le livre de poche aux États-Unis
Dès le XIXe siècle, les États-Unis connaissent une succession d’initiatives qui investissent le format poche, mais ces tentatives ne s’inscrivent pas dans la durée[19]. L'histoire du livre de poche aux États-Unis tels qu'elle apparait aujourd'hui : les conditions de son développement, son impact économique, ses modes d'articulation avec l'édition traditionnelle se rapportent à la société américaine de 1930-1950[20]. C'est en 1939 que commence l'ère du "paperback" (livre de poche) aux États-Unis. La collection "Pocket Book" lancée par Robert de Graaf et la firme "Simon & Schuster" connaît un succès immédiat[21]. Les "Pocket Book" se vendent 25 cents principalement dans les kiosques à journaux et connaissent des ventes records[21]. Ces petits livres brochés avec leurs couvertures en plastiques stratifiés prirent d'assaut New York, puis le reste du pays[20]. Pour aider à la vente, ils portent tous la mention "complete and Unabridged" (œuvres complètes)[20]. Dans les années qui ont suivi, de nombreuses entreprises sont devenues des joueurs dans le domaine de l'édition de poche, notamment Ace, Dell, Bantam, Avon et des dizaines d'autres éditeurs[22].
Durant la guerre, de nombreux soldats lisaient des livres de poche. De 1943 à 1946, le programme "Armed Services Editions", né d’une coopération entre l’armée et le monde de l’édition, adapte le livre de poche aux uniformes des soldats, qui peuvent l’emmener avec eux facilement[19].
Au sortir de la guerre, une culture de masse se fait sentir dans l'édition du livre de poche. Les maisons d’édition intègrent des publicités dans leurs ouvrages, augmentent les prix, lancent des revues au format poche et accordent une large place dans leurs sélections aux genres populaires[19]. Les couvertures deviennent de plus en plus sensationnalistes, avec des slogans accrocheurs et des illustrations suggestives[19]. En 1950, 200 millions d’exemplaires en format poche sont écoulés aux États-Unis[19]. Dans les années 1980, l'édition de poche représente le tiers des volumes produits dans le milieu de l'édition aux États-Unis[23]. À cette époque, le livre de poche se retrouve dans environ 100 000 points de vente, dans les librairies et les supermarchés, les kiosques à journaux et les magasins de variétés[24].
Collections célèbres
La plupart des maisons d'édition françaises ont développé leurs propres collections de poche :
| Création | Collection | Maison d'édition originale | Premier ouvrage paru |
|---|---|---|---|
| 1941 | Que sais-je ? | Presses universitaires de France | Maurice Caullery, Les étapes de la biologie |
| 1958 | J'ai lu | Flammarion | Giovanni Guareschi, Le petit monde de Don Camillo |
| 1960 | Petite Bibliothèque Payot | Payot | |
| 1962 | Idées (NRF) | Gallimard | Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe |
| 1962 | Presses de la Cité | ||
| 1964 | GF (Garnier-Flammarion) | Flammarion | |
| 1970 | Points | Éditions du Seuil | Maurice Nadeau, Histoire du surréalisme |
| 1972 | Folio | Gallimard | André Malraux, La Condition humaine |
| 1977 | Pluriel | Hachette (aujourd'hui Fayard) | Andreï Amalrik, L'union soviétique survivra-t-elle en 1984 ? |
| 1977 | Champs | Flammarion | Vladimir Jankélévitch, La Mort |
| 1989 | Babel | Actes Sud | Jacques Audiberti, La Fin du monde |
| 1992 | La Petite Vermillon | Éditions de la Table ronde | Adrien Baillet, Vie de Monsieur Descartes |
| 2002 | Tempus | Éditions Perrin | Duby et Perrot, Histoire des femmes en Occident |
Les Salons
Depuis quelques années, des salons du livre se sont spécialisés sur le format poche :
Notes et références
- Jean-Yves Mollier, Lucile Trunel et Joëlle Garcia, Du "poche" aux collections de poche : histoire et mutations d'un genre : actes des ateliers du livre Bibliothèque nationale de France, 2002 et 2003, Liège, CEFAL, , 131 p. (ISBN 978-2-87130-293-3 et 2-87130-293-6, OCLC 778278811, lire en ligne), p. 45-46
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- Guillemette de Sairigné, L'Aventure du Livre de poche : l'enfant de Gutenberg et du XXe siècle, Paris, Librairie générale française,, , 124 p. (ISSN 0248-3653), p. 123
- (en-US) Edwin McDowell, « THE PAPERBACK EVOLUTION », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- Yvonne Johannot (1978). Quand le livre devient poche, Presses universitaires de Grenoble (PUG), collection Actualités-Recherches/Sociologie : 199 p. (ISBN 978-2-7061-0121-2)
- Isabelle Olivero, Les Trois Révolutions du livre de poche. Une aventure européenne, Sorbonne Université Presses, 2022.
Articles connexes
- Littérature de colportage, Bibliothèque bleue
- Brochage
- Imprimerie
- Pulp
- Reliure (format des livres)
Liens externes
- Héloïse Décarre et Éric Chaverou, « Le Livre de Poche a 70 ans et reste fringant », sur Radio France
