« Le Chant de Bernadette » : différence entre les versions

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'''''Le Chant de Bernadette''''' (Titre original : ''The Song of Bernadette'') est un [[Cinéma américain|film américain]] réalisé par [[Henry King]], sorti en [[1943 au cinéma|1943]]. Il est fondé sur l'histoire de [[Bernadette Soubirous]], qui, de février à juillet 1858 à Lourdes, aurait eu 18 [[Vision (religion)|visions]] de la [[Marie de Nazareth|Sainte-Vierge]].
'''''Le Chant de Bernadette''''' (titre original : {{Langue|en|The Song of Bernadette}}) est un [[Cinéma américain|film américain]] réalisé par [[Henry King]], sorti en [[1943 au cinéma|1943]]. Il est fondé sur l'histoire de [[Bernadette Soubirous]], qui, de février à {{date-|juillet 1858}} à [[Lourdes]], aurait eu 18 [[Vision (religion)|visions]] de la [[Marie (mère de Jésus)|Vierge Marie]].


Il s'agit d'une adaptation par George Seaton d'un récit romancé de l'histoire de Bernadette, dû à [[Franz Werfel]]. Publié en 1942 le roman avait eu un très grand succès, restant plus d'un an sur la liste des best-sellers du ''[[The New York Times|New York Times]]'', occupant la première place durant 13 semaines. Le film évoque la vie de Bernadette Soubirous depuis son enfance à [[Lourdes]], où, en 1858, elle fut témoin des apparitions de la Vierge, jusqu'à sa mort en 1879, à [[Nevers]] où elle avait rejoint la congrégation des [[Sœurs de la Charité de Nevers|Sœurs de la Charité]].
Il s'agit d'une adaptation par George Seaton d'un récit romancé de l'histoire de Bernadette, dû à [[Franz Werfel]]. Publié en 1942, le roman avait eu un très grand succès, figurant plus d'un an sur la liste des [[best-seller]]s du ''[[The New York Times|New York Times]]'', occupant la première place durant treize semaines.
Le film évoque la vie de Bernadette Soubirous depuis son enfance à [[Lourdes]], où, en 1858, elle fut témoin des [[Apparitions mariales de Lourdes|apparitions de la Vierge]], jusqu'à sa mort en 1879, à [[Nevers]] où elle avait rejoint la congrégation des [[Sœurs de la Charité de Nevers|Sœurs de la Charité]].


== Synopsis ==
== Synopsis ==
[[Image:Bernadette soubirous 1 publicdomain.jpg|right|200px|thumb|[[Bernadette Soubirous]]]]
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Avec sa sœur Marie et Jeanne, une camarade de classe, Bernadette ramasse du bois mort pour le chauffage à l'extérieur de la ville de Lourdes ; alors qu'elle est restée en arrière, ses compagnes lui conseillent de ne pas s'aventurer dans la rivière froide près des [[Grotte de Massabielle|grottes de Massabielle]], de peur de tomber malade. Alors qu'elle est sur le point de traverser quand même, Bernadette est distraite par un souffle étrange et un changement dans la luminosité. En examinant la grotte, elle y trouve une belle dame debout dans la lumière brillante et tenant un chapelet de perles. Elle le raconte à sa sœur et à son amie, qui promettent de ne rien dire, mais, bien sûr, elles ne s'en privent pas et l'histoire se répand bientôt dans toute la ville. Beaucoup, y compris Bernarde, la tante de Bernadette, la croient et la défendent devant ses parents incrédules, mais Bernadette doit affronter seule les autorités civiles et religieuses. Questionnée à plusieurs reprises, elle s'en tient fermement à son histoire étrange et continue de revenir à la grotte comme la dame le lui a demandé. Elle brave le ridicule au moment où la dame lui dit de boire et de se laver à une source qui n'existe pas, mais elle creuse un trou dans le sol et utilise du sable mouillé et de la boue. L'eau commence ensuite à couler et manifeste des propriétés miraculeuses : des guérisons se produisent. La dame finit par s'identifier comme « l'[[Immaculée Conception]] ». Les autorités civiles essaient de faire déclarer folle Bernadette, tandis que l'Église veut une enquête en forme pour savoir si l’enfant est une simulatrice, une folle, ou si elle est sincère. Elles concluent qu'on ne peut douter de sa sincérité, et que ce qu'elle a vu est sans doute réel.
Avec sa sœur Marie et Jeanne, une camarade de classe, Bernadette ramasse du bois mort pour le chauffage à l'extérieur de la ville de Lourdes. Alors qu'elle est restée en arrière, ses compagnes lui conseillent de ne pas s'aventurer dans la rivière froide près des [[Grotte de Massabielle|grottes de Massabielle]], de peur de tomber malade. Sur le point de traverser quand même, la jeune fille est intriguée par un souffle étrange et un changement dans la luminosité. En examinant la grotte, elle y trouve une belle dame debout dans la lumière brillante et tenant un chapelet de perles. Bernadette le raconte à sa sœur et à son amie, qui promettent de ne rien dire, mais, bien sûr, elles ne s'en privent pas et l'histoire se répand bientôt dans toute la ville. Beaucoup, y compris Bernarde, la tante de la jeune fille, la croient et la défendent devant ses parents incrédules, mais Bernadette doit affronter seule les autorités civiles et religieuses. Questionnée à plusieurs reprises, elle s'en tient fermement à son histoire étrange et continue de revenir à la grotte comme la dame le lui a demandé. Elle brave le ridicule au moment où la dame lui dit de boire et de se laver à une source qui n'existe pas : elle creuse un trou dans le sol et utilise du sable mouillé et de la boue. L'eau commence ensuite à couler et manifeste des propriétés miraculeuses : des guérisons se produisent. La dame finit par s'identifier comme « l'[[Immaculée Conception]] ». Les autorités civiles essaient de faire déclarer folle Bernadette, tandis que l'Église veut une enquête en bonne et due forme pour savoir si l’enfant est une simulatrice, une folle, ou si elle est sincère. Elles concluent qu'on ne peut douter de sa sincérité, et que ce qu'elle a vu est sans doute réel.

Bernadette aurait préféré mener une vie normale, travailler comme servante et si possible se marier, mais du fait qu'elle a vu la [[Marie de Nazareth|Vierge Marie]], la voilà forcée à la place de prendre le voile. Elle est soumise à une formation spirituelle qui pour être banale n'en est pas moins rigoureuse, et à des travaux pénibles. S'y ajoute la violence psychologique d'une maîtresse de novices froide et sinistre (une Gladys Cooper vraiment cadavérique) - son ancienne maîtresse d'école, jalouse dans son scepticisme de toute l'attention qu'on avait prêtée à Bernadette à la suite de ses visions. On diagnostique chez Bernadette une tuberculose osseuse, qui provoque chez elle une douleur intense, bien qu'elle ne se soit jamais plainte ni n'en ait parlé. La maîtresse de novices, pour laquelle la douleur et la souffrance constituent la seule voie vers le Ciel, finit par se rendre compte de la sainteté de Bernadette, demande pardon dans la chapelle, et devient une alliée de Bernadette. Comprenant qu'elle va mourir, Bernadette envoie chercher {{Mgr|[[Dominique Peyramale|Peyramale]]}}, l'ancien doyen de Lourdes qui, autrefois avait douté d'elle mais est devenu par la suite son allié le plus fidèle ; elle lui confie le sentiment de son indignité et son inquiétude de ne plus jamais revoir la dame. Mais celle-ci apparaît dans la chambre de la malade, en souriant et en lui tendant les bras. Seule Bernadette peut la voir, cependant, et avec un cri de « Je vous aime! », elle cherche à atteindre l'apparition et tombe morte.

== Analyse ==
L'intrigue suit le roman de Franz Werfel, qui n'est pas un documentaire mais un récit [[hagiographie|hagiographique]] idéalisé mélangeant faits historiques et récit romancé. L'ami de Bernadette dans la vraie vie, Antoine Nicolau, est décrit comme étant profondément amoureux d'elle, au point qu'il fait [[vœu]] de rester célibataire quand Bernadette entre au couvent. Aucune preuve n'existe d'une relation de ce genre entre les deux. Les autorités gouvernementales, en particulier le procureur impérial Vital Dutour (interprété par Vincent Price) sont représentées comme beaucoup plus antireligieuses qu'elles ne l'étaient effectivement, et de fait Dutour était lui-même un pieux catholique, qui pensait tout simplement que Bernadette était vicitme d'hallucinations. D'autres portraits sont plus proches de l'exactitude historique, en particulier Anne Revere et Roman Bohnen qui jouent les parents de Bernadette surchargés de travail, Charles Bickford comme le père Peyramale, et Blanche Yurka comme la tante Bernarde au caractère affirmé.


Bernadette aurait préféré mener une vie normale, travailler comme servante et si possible se marier, mais du fait qu'elle a vu la [[Marie de Nazareth|Vierge Marie]], la voilà forcée à la place de prendre le voile. Elle est soumise à une formation spirituelle qui, pour être banale, n'en est pas moins rigoureuse, et à des travaux pénibles. S'y ajoute la violence psychologique d'une maîtresse des novices froide et sinistre (une [[Gladys Cooper]] vraiment cadavérique) - son ancienne maîtresse d'école, jalouse dans son scepticisme de toute l'attention qu'on avait prêtée à Bernadette à la suite de ses visions. On diagnostique chez Bernadette une tuberculose osseuse, qui provoque chez elle une douleur intense, bien qu'elle ne se soit jamais plainte ni en ait parlé. La maîtresse des novices, pour laquelle la douleur et la souffrance constituent la seule voie vers le Ciel, finit par se rendre compte de la sainteté de Bernadette, demande pardon dans la chapelle et devient une alliée de Bernadette. Comprenant qu'elle va mourir, Bernadette envoie chercher {{Mgr|[[Dominique Peyramale|Peyramale]]}}, l'ancien doyen de Lourdes qui, autrefois, avait douté d'elle mais est devenu par la suite son allié le plus fidèle ; elle lui confie le sentiment de son indignité et son inquiétude de ne plus jamais revoir la dame. Mais celle-ci apparaît dans la chambre de la malade, en souriant et en lui tendant les bras. Seule Bernadette peut la voir, cependant, et avec un cri de « Je vous aime ! », elle cherche à atteindre l'apparition et tombe morte.
La mort de Bernadette, en particulier, est refaite pour le cinéma. Elle n'aurait pas eu assez de souffle pour parler autant. Peyramale n'était pas présent à son chevet, puisqu'il était mort deux ans plus tôt. On ne saurait dire si elle a eu une vision avant sa mort. Quelques heures avant sa mort des témoins l'ont vue regarder à travers la pièce avec une grande concentration comme elle le faisait quand elle avait une [[Vision (religion)|vision]], mais elle n'a rien dit. Ses derniers mots étaient tirés de la prière mariale ''[[Je vous salue Marie]]''.


== Fiche technique ==
== Fiche technique ==
[[Fichier:Jennifer Jones still, 'Song of Bernadette'.jpg|vignette|[[Jennifer Jones]] dans le rôle de [[Bernadette Soubirous]]]]
* Titre : ''Le Chant de Bernadette''
* Titre : ''Le Chant de Bernadette''
* Titre original : ''The Song of Bernadette''
* Titre original : ''{{Langue|en|The Song of Bernadette}}''
* Réalisation : [[Henry King]]
* Réalisation : [[Henry King]], assisté d'[[Albert R. Broccoli]] (non crédité)
* Scénario : [[George Seaton]] d'après le roman de [[Franz Werfel]]
* Scénario : [[George Seaton]] d'après le roman de [[Franz Werfel]]
* Direction artistique : [[James Basevi]] et [[William S. Darling]]
* Direction artistique : [[James Basevi]] et [[William S. Darling]]
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* Montage : [[Barbara McLean]]
* Montage : [[Barbara McLean]]
* Musique : [[Alfred Newman]]
* Musique : [[Alfred Newman]]
* Production : [[William Perlberg]]
* Production : [[William Perlberg]] et [[William Goetz]]
* Société de production : [[20th Century Fox]]
* Société de production : [[20th Century Fox]]
* Société de distribution : [[20th Century Fox]]
* Société de distribution : [[20th Century Fox]]
* Pays d'origine : [[États-Unis]]
* Pays d'origine : [[États-Unis]]
* Langue : [[Anglais]]
* Langue : [[anglais]]
* Format : Noir et blanc - 1,37:1 - Mono
* Format : [[noir et blanc]] - 1,37:1 - [[Monophonique|son : mono]]
* Genre : [[Drame (cinéma)|Drame]]/[[Film biographique]]
* Genre : [[Drame (cinéma)|drame]], [[Film biographique|biographie]]
* Durée : 156 minutes
* Durée : 156 minutes
* Dates de sortie : {{Etats-Unis}} [[21 décembre]] [[1943]] (première [[Los Angeles]])
* Dates de sortie :
** {{États-Unis}} {{date|21 décembre 1943|au cinéma}} (première à [[Los Angeles]])
** {{France}} {{date|2 avril 1947|au cinéma}}


== Distribution ==
== Distribution ==
* [[Jennifer Jones]] <small>(VF : [[Colette Adam]])</small> : [[Bernadette Soubirous]]
* [[Jennifer Jones]] <small>(VF : [[Colette Adam]])</small> : [[Bernadette Soubirous]]
* [[William Eythe]] : Antoine Nicolau
* [[William Eythe]] : Antoine Nicolau
* [[Charles Bickford]] <small> (VF : [[ Jean Clarens]])</small>: Peyramale
* [[Charles Bickford]] <small> (VF : [[Jean Clarens]])</small>: Peyramale
* [[Vincent Price]] <small>(VF : [[Gérald Castrix]])</small> : Vital Dufour
* [[Vincent Price]] <small>(VF : [[Gérald Castrix]])</small> : Vital Dufour
* [[Lee J. Cobb]] <small> (VF : [[Gérard Férat]])</small> : Docteur Dozous
* [[Lee J. Cobb]] <small> (VF : Gérard Férat)</small> : docteur Dozous
* [[Gladys Cooper]] : Sœur Marie-Thérèse Vauzous
* [[Gladys Cooper]] : Sœur Marie-Thérèse Vauzous
* [[Anne Revere]] : Louise Soubirous
* [[Anne Revere]] : Louise Soubirous
* [[Roman Bohnen]] <small> (VF : [[Pierre Leproux]])</small> : François Soubirous
* [[Roman Bohnen]] <small> (VF : [[Pierre Leproux]])</small> : François Soubirous
* [[Marcel Dalio]] : Callet
* [[Marcel Dalio]] : Callet
* [[Linda Darnell]] : La [[Vierge Marie]]
* [[Linda Darnell]] : la [[Vierge Marie]]
* [[Charles Dingle]] <small> (VF : [[Marcel Raine]])</small> : Le Commissaire Jacomet
* [[Charles Dingle]] <small> (VF : [[Marcel Raine]])</small> : le Commissaire Jacomet
* [[Pedro de Cordoba]] : Docteur LeCramps
* [[Pedro de Cordoba]] : Docteur LeCramps
* [[Patricia Morison]] : L'[[Eugénie de Montijo|Impératrice Eugénie]]
* [[Jerome Cowan]] : [[Napoléon III]]
*[[Patricia Morison]] : l'[[Eugénie de Montijo|Impératrice Eugénie]]
* [[Mary Anderson (actrice, 1920-)|Mary Anderson]] : Jeanne Abadie
* [[Mary Anderson (actrice, 1920-)|Mary Anderson]] : Jeanne Abadie
* [[Hooper Atchley]] <small> (VF : [[Fernand Rauzena]])</small> : Policier
* [[Hooper Atchley]] <small> (VF : [[Fernand Rauzena]])</small> : policier

Et, parmi les acteurs non crédités :
; acteurs non crédités
* [[Tala Birell]] : {{Mme}} Léontine Bruat
* [[Tala Birell]] : {{Mme}} Léontine Bruat
* [[Jean De Briac]], [[Arthur Hohl]], [[Fritz Leiber (acteur)|Fritz Leiber]] : Moines
* [[Jean De Briac]], [[Arthur Hohl]], [[Fritz Leiber (acteur)|Fritz Leiber]] : moines
* [[Jean Del Val]] : Estrade
* [[Jean Del Val]] : Estrade
* [[Edward Fielding]] : le docteur avec l'enfant de l'impératrice
* [[Dickie Moore (acteur)|Dickie Moore]] : Adolard Bouhouhorts (à 15 ans)
* [[Louis Mercier (acteur)|Louis Mercier]] : un colporteur
* [[Dickie Moore (acteur)|Dickie Moore]] : Adolard Bouhouhorts (à 15 ans)
* [[Nestor Paiva]] : Maisongrosse
* [[Nestor Paiva]] : Maisongrosse
* [[Charles Waldron]] : L'Évêque de Tarbes
* [[Edwin Stanley]] : {{M.}} Jones
* [[Charles Wagenheim]] : Jacques Rousseau
* [[Charles Waldron]] : l'Évêque de Tarbes
* [[Stephen Roberts (acteur)|Stephen Roberts]] : un citadin

== Analyse ==
L'intrigue suit le roman de Franz Werfel, qui n'est pas un documentaire mais un récit [[hagiographie|hagiographique]] idéalisé mélangeant faits historiques et récit romancé. L'ami de Bernadette dans la vraie vie, Antoine Nicolau, est décrit comme étant profondément amoureux d'elle, au point qu'il fait [[vœu]] de rester célibataire quand Bernadette entre au couvent. Aucune preuve n'existe d'une relation de ce genre entre eux. Les autorités gouvernementales, en particulier le procureur impérial Vital Dutour (interprété par Vincent Price), sont représentées comme beaucoup plus antireligieuses qu'elles ne l'étaient effectivement, et de fait Dutour était lui-même un pieux catholique, qui pensait tout simplement que Bernadette était victime d'hallucinations. D'autres portraits sont plus proches de l'exactitude historique, en particulier Anne Revere et Roman Bohnen qui jouent les parents de Bernadette surchargés de travail, Charles Bickford comme le père Peyramale, et Blanche Yurka comme la tante Bernarde au caractère affirmé.

La mort de Bernadette, en particulier, est refaite pour le cinéma. Elle n'aurait pas eu assez de souffle pour parler autant. Peyramale n'était pas présent à son chevet, puisqu'il était mort deux ans plus tôt. On ne saurait dire si elle a eu une vision avant sa mort. Quelques heures avant sa mort, des témoins l'ont vue regarder à travers la pièce avec une grande concentration comme elle le faisait quand elle avait une [[Vision (religion)|vision]], mais elle n'a rien dit. Ses derniers mots étaient tirés de la prière mariale ''[[Je vous salue Marie]]''.


== Autour du film ==
== Autour du film ==
Jennifer Jones avait tourné des films auparavant, sous son vrai nom de Phyllis Isley, mais Zanuck la présenta dans la distribution comme [[Jennifer Jones]] pour faire croire au public qu'il s'agissait d'une inconnue.
Jennifer Jones avait tourné des films auparavant, sous son vrai nom de Phyllis Isley, mais Zanuck la présenta dans la distribution comme [[Jennifer Jones]] pour faire croire au public qu'il s'agissait d'une inconnue.


Dans l'équipe de production beaucoup étaient d'avis que la « Dame » n'aurait pas dû être vue par les spectateurs, mais que l'adoration de Bernadette de quelque chose qu'elle-même voyait parfaitement aurait dû « rendre l'invisible visible aux autres », comme le livre de Werfel disait que la vraie Bernadette l'avait fait. Le choix de [[Linda Darnell]] (alors au début d'une grossesse) à qui on prêtait une réputation de modèle érotique mit en colère Werfel, qui menaça de retirer son nom à lui du générique. Selznick qui était résolu à confier le rôle à cette actrice assura à Werfel qu'il avait choisi une inconnue pour le rôle de la Vierge. Il drapa Darnell dans des vêtements et des voiles plus amples que la Bernadette de l'histoire ne l'avait dit et la filma inondée de lumière. Darnell est cependant reconnaissable dans la scène finale où elle entre dans la chambre de Bernadette. C'est elle aussi qui récite le peu de paroles que prononce la « Dame ».
Dans l'équipe de production, beaucoup étaient d'avis que la « Dame » n'aurait pas dû être vue par les spectateurs<ref>Paul Green, ''Jennifer Jones: The Life and Films'', McFarland, 2011, p. 34</ref>, mais que l'adoration de Bernadette de quelque chose qu'elle-même voyait parfaitement aurait dû « rendre l'invisible visible aux autres », comme le livre de Werfel disait que la vraie Bernadette l'avait fait. Le choix de [[Linda Darnell]] (alors au début d'une grossesse<ref>Ann C. Paietta ''Saints, Clergy and Other Religious Figures on Film and Television, 1895-2003'', McFarland, 2005, p. 145</ref>) à qui on prêtait une réputation de modèle érotique mit en colère Werfel<ref>Ronald L. Davis ''Hollywood Beauty: Linda Darnell and the American Dream'', University of Oklahoma Press, 2014, p.79</ref>, qui menaça de retirer son nom à lui du générique. Selznick qui était résolu à confier le rôle à cette actrice, assura à Werfel qu'il avait choisi une inconnue pour le rôle de la Vierge. Il drapa Darnell dans des vêtements et des voiles plus amples que la Bernadette de l'histoire ne l'avait dit, et la filma inondée de lumière. Darnell est cependant reconnaissable dans la scène finale où elle entre dans la chambre de Bernadette. C'est elle aussi qui récite le peu de paroles que prononce la « Dame ».


Il peut être difficile à des spectateurs modernes de comprendre le tumulte qu'a déchaîné le choix de Darnell. L'érotisme dont il est question ne consistait pas en films, mais il s'agissait d'une série de photographies, dans certaines desquelles Darnell apparaissait ''topless''. Apparemment Werfel les avait vues et c'est la raison pour laquelle il exigea qu'elle ne figurât pas dans la distribution. À cette époque les photos ou les films légèrement érotiques (que les anglophones appelaient ''risqué'') étaient qualifiés de « bleus », et cette expression était utilisée pour décrire les photographies dans la biographie de Selznick ''Showman'' (Abacus, 1993). Darnell a souvent interprété dans des films des personnages sexy ou sensuels, en particulier la fille de saloon Chihuahua dans le fameux western de [[John Ford (cinéma)|John Ford]], ''[[La Poursuite infernale (film, 1946)|La Poursuite infernale]]'' (''My Darling Clementine''), mais elle n'est pas connue pour avoir tourné des films « bleus ».
Il peut être difficile à des spectateurs modernes de comprendre le tumulte qu'a déchaîné le choix de Darnell. L'érotisme dont il est question ne consistait pas en films, mais il s'agissait d'une série de photographies, sur certaines desquelles Darnell apparaissait ''topless''. Apparemment, Werfel les avait vues et c'est la raison pour laquelle il exigea qu'elle ne figurât pas dans la distribution. À cette époque les photos ou les films légèrement érotiques (que les anglophones appelaient ''risqué'') étaient qualifiés de « bleus », et cette expression était utilisée pour décrire les photographies dans la biographie de Selznick <ref>''Showman'', Abacus, 1993.</ref>. Linda Darnell a souvent interprété au cinéma des personnages sexy ou sensuels, en particulier la fille de saloon Chihuahua dans le fameux western de [[John Ford]], ''[[La Poursuite infernale (film, 1946)|La Poursuite infernale]]'' (''My Darling Clementine''), mais elle n'est pas connue pour avoir tourné des films « bleus ».


== Récompenses et nominations ==
== Récompenses et nominations ==
Le film reçut douze nominations aux [[Oscars du cinéma|Oscars]] et en remporta 4 :
Le film reçut douze nominations aux [[Oscars du cinéma|Oscars]] et en remporta 4 :
* [[Oscar de la meilleure actrice]] pour [[Jennifer Jones]]
* [[Oscar de la meilleure actrice]] pour [[Jennifer Jones]]
* [[Oscar de la meilleure photographie]] pour Arthur C. Miller
* [[Oscar de la meilleure photographie]] pour Arthur C. Miller
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=== Liens externes ===
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== Sources ==
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Dernière version du 27 avril 2024 à 14:45

Le Chant de Bernadette
Description de l'image The Song of Bernadette (1946 poster).jpg.
Titre original The Song of Bernadette
Réalisation Henry King
Scénario George Seaton
Franz Werfel (roman)
Musique Alfred Newman
Acteurs principaux
Sociétés de production 20th Century Fox
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Drame
biographie
Durée 156 minutes
Sortie 1943

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Le Chant de Bernadette (titre original : The Song of Bernadette) est un film américain réalisé par Henry King, sorti en 1943. Il est fondé sur l'histoire de Bernadette Soubirous, qui, de février à à Lourdes, aurait eu 18 visions de la Vierge Marie.

Il s'agit d'une adaptation par George Seaton d'un récit romancé de l'histoire de Bernadette, dû à Franz Werfel. Publié en 1942, le roman avait eu un très grand succès, figurant plus d'un an sur la liste des best-sellers du New York Times, occupant la première place durant treize semaines.

Le film évoque la vie de Bernadette Soubirous depuis son enfance à Lourdes, où, en 1858, elle fut témoin des apparitions de la Vierge, jusqu'à sa mort en 1879, à Nevers où elle avait rejoint la congrégation des Sœurs de la Charité.

Synopsis[modifier | modifier le code]

Bernadette Soubirous

Avec sa sœur Marie et Jeanne, une camarade de classe, Bernadette ramasse du bois mort pour le chauffage à l'extérieur de la ville de Lourdes. Alors qu'elle est restée en arrière, ses compagnes lui conseillent de ne pas s'aventurer dans la rivière froide près des grottes de Massabielle, de peur de tomber malade. Sur le point de traverser quand même, la jeune fille est intriguée par un souffle étrange et un changement dans la luminosité. En examinant la grotte, elle y trouve une belle dame debout dans la lumière brillante et tenant un chapelet de perles. Bernadette le raconte à sa sœur et à son amie, qui promettent de ne rien dire, mais, bien sûr, elles ne s'en privent pas et l'histoire se répand bientôt dans toute la ville. Beaucoup, y compris Bernarde, la tante de la jeune fille, la croient et la défendent devant ses parents incrédules, mais Bernadette doit affronter seule les autorités civiles et religieuses. Questionnée à plusieurs reprises, elle s'en tient fermement à son histoire étrange et continue de revenir à la grotte comme la dame le lui a demandé. Elle brave le ridicule au moment où la dame lui dit de boire et de se laver à une source qui n'existe pas : elle creuse un trou dans le sol et utilise du sable mouillé et de la boue. L'eau commence ensuite à couler et manifeste des propriétés miraculeuses : des guérisons se produisent. La dame finit par s'identifier comme « l'Immaculée Conception ». Les autorités civiles essaient de faire déclarer folle Bernadette, tandis que l'Église veut une enquête en bonne et due forme pour savoir si l’enfant est une simulatrice, une folle, ou si elle est sincère. Elles concluent qu'on ne peut douter de sa sincérité, et que ce qu'elle a vu est sans doute réel.

Bernadette aurait préféré mener une vie normale, travailler comme servante et si possible se marier, mais du fait qu'elle a vu la Vierge Marie, la voilà forcée à la place de prendre le voile. Elle est soumise à une formation spirituelle qui, pour être banale, n'en est pas moins rigoureuse, et à des travaux pénibles. S'y ajoute la violence psychologique d'une maîtresse des novices froide et sinistre (une Gladys Cooper vraiment cadavérique) - son ancienne maîtresse d'école, jalouse dans son scepticisme de toute l'attention qu'on avait prêtée à Bernadette à la suite de ses visions. On diagnostique chez Bernadette une tuberculose osseuse, qui provoque chez elle une douleur intense, bien qu'elle ne se soit jamais plainte ni en ait parlé. La maîtresse des novices, pour laquelle la douleur et la souffrance constituent la seule voie vers le Ciel, finit par se rendre compte de la sainteté de Bernadette, demande pardon dans la chapelle et devient une alliée de Bernadette. Comprenant qu'elle va mourir, Bernadette envoie chercher Mgr Peyramale, l'ancien doyen de Lourdes qui, autrefois, avait douté d'elle mais est devenu par la suite son allié le plus fidèle ; elle lui confie le sentiment de son indignité et son inquiétude de ne plus jamais revoir la dame. Mais celle-ci apparaît dans la chambre de la malade, en souriant et en lui tendant les bras. Seule Bernadette peut la voir, cependant, et avec un cri de « Je vous aime ! », elle cherche à atteindre l'apparition et tombe morte.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Jennifer Jones dans le rôle de Bernadette Soubirous

Distribution[modifier | modifier le code]

acteurs non crédités

Analyse[modifier | modifier le code]

L'intrigue suit le roman de Franz Werfel, qui n'est pas un documentaire mais un récit hagiographique idéalisé mélangeant faits historiques et récit romancé. L'ami de Bernadette dans la vraie vie, Antoine Nicolau, est décrit comme étant profondément amoureux d'elle, au point qu'il fait vœu de rester célibataire quand Bernadette entre au couvent. Aucune preuve n'existe d'une relation de ce genre entre eux. Les autorités gouvernementales, en particulier le procureur impérial Vital Dutour (interprété par Vincent Price), sont représentées comme beaucoup plus antireligieuses qu'elles ne l'étaient effectivement, et de fait Dutour était lui-même un pieux catholique, qui pensait tout simplement que Bernadette était victime d'hallucinations. D'autres portraits sont plus proches de l'exactitude historique, en particulier Anne Revere et Roman Bohnen qui jouent les parents de Bernadette surchargés de travail, Charles Bickford comme le père Peyramale, et Blanche Yurka comme la tante Bernarde au caractère affirmé.

La mort de Bernadette, en particulier, est refaite pour le cinéma. Elle n'aurait pas eu assez de souffle pour parler autant. Peyramale n'était pas présent à son chevet, puisqu'il était mort deux ans plus tôt. On ne saurait dire si elle a eu une vision avant sa mort. Quelques heures avant sa mort, des témoins l'ont vue regarder à travers la pièce avec une grande concentration comme elle le faisait quand elle avait une vision, mais elle n'a rien dit. Ses derniers mots étaient tirés de la prière mariale Je vous salue Marie.

Autour du film[modifier | modifier le code]

Jennifer Jones avait tourné des films auparavant, sous son vrai nom de Phyllis Isley, mais Zanuck la présenta dans la distribution comme Jennifer Jones pour faire croire au public qu'il s'agissait d'une inconnue.

Dans l'équipe de production, beaucoup étaient d'avis que la « Dame » n'aurait pas dû être vue par les spectateurs[1], mais que l'adoration de Bernadette de quelque chose qu'elle-même voyait parfaitement aurait dû « rendre l'invisible visible aux autres », comme le livre de Werfel disait que la vraie Bernadette l'avait fait. Le choix de Linda Darnell (alors au début d'une grossesse[2]) à qui on prêtait une réputation de modèle érotique mit en colère Werfel[3], qui menaça de retirer son nom à lui du générique. Selznick qui était résolu à confier le rôle à cette actrice, assura à Werfel qu'il avait choisi une inconnue pour le rôle de la Vierge. Il drapa Darnell dans des vêtements et des voiles plus amples que la Bernadette de l'histoire ne l'avait dit, et la filma inondée de lumière. Darnell est cependant reconnaissable dans la scène finale où elle entre dans la chambre de Bernadette. C'est elle aussi qui récite le peu de paroles que prononce la « Dame ».

Il peut être difficile à des spectateurs modernes de comprendre le tumulte qu'a déchaîné le choix de Darnell. L'érotisme dont il est question ne consistait pas en films, mais il s'agissait d'une série de photographies, sur certaines desquelles Darnell apparaissait topless. Apparemment, Werfel les avait vues et c'est la raison pour laquelle il exigea qu'elle ne figurât pas dans la distribution. À cette époque les photos ou les films légèrement érotiques (que les anglophones appelaient risqué) étaient qualifiés de « bleus », et cette expression était utilisée pour décrire les photographies dans la biographie de Selznick [4]. Linda Darnell a souvent interprété au cinéma des personnages sexy ou sensuels, en particulier la fille de saloon Chihuahua dans le fameux western de John Ford, La Poursuite infernale (My Darling Clementine), mais elle n'est pas connue pour avoir tourné des films « bleus ».

Récompenses et nominations[modifier | modifier le code]

Le film reçut douze nominations aux Oscars et en remporta 4 :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Paul Green, Jennifer Jones: The Life and Films, McFarland, 2011, p. 34
  2. Ann C. Paietta Saints, Clergy and Other Religious Figures on Film and Television, 1895-2003, McFarland, 2005, p. 145
  3. Ronald L. Davis Hollywood Beauty: Linda Darnell and the American Dream, University of Oklahoma Press, 2014, p.79
  4. Showman, Abacus, 1993.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]