« Beatles for Sale » : différence entre les versions

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<dfn>''{{lang|en|Beatles for Sale}}''</dfn> est le quatrième album des [[The Beatles|Beatles]], paru le {{date|4|décembre|1964|en musique}} au [[Royaume-Uni]]. Il est conçu alors que la [[Beatlemania]] bat son plein, dans la foulée de la sortie de l'album ''[[A Hard Day's Night (album)|A Hard Day's Night]]''. Selon la volonté du manager [[Brian Epstein]] et du producteur [[George Martin]], le groupe doit, à cette époque, respecter un rythme de deux albums par an, celui-ci devant paraître à temps pour les fêtes de fin d'année. Il est donc rapidement enregistré aux [[studios Abbey Road|studios EMI]], en sept journées de travail éparpillées entre août et octobre 1964.
<dfn>''{{lang|en|Beatles for Sale}}''</dfn> est le quatrième album des [[The Beatles|Beatles]], paru le {{date|4|décembre|1964|en musique}} au [[Royaume-Uni]]. Il est conçu alors que la [[Beatlemania]] bat son plein, dans la foulée de la sortie de l'album ''[[A Hard Day's Night (album)|A Hard Day's Night]]''. Selon la volonté du manager [[Brian Epstein]] et du producteur [[George Martin]], le groupe doit, à cette époque, respecter un rythme de deux albums par an, le second devant paraître à temps pour les fêtes de fin d'année. Il est donc rapidement enregistré aux [[studios Abbey Road|studios EMI]], en sept journées de travail éparpillées entre août et octobre 1964.


Les Beatles ont alors acquis une popularité planétaire, ils sont harassés par les tournées internationales, les concerts quasi quotidiens et la folie qui les entoure, ce qui se reflète notamment dans la pochette et les thèmes sombres de leurs chansons.
Les Beatles ont alors acquis une popularité planétaire, ils sont harassés par les tournées internationales, les concerts quasi quotidiens et la folie qui les entoure, ce qui se reflète notamment dans la pochette et les thèmes sombres de leurs chansons.


Alors que toutes les chansons de ''[[A Hard Day's Night (album)|{{lang|en|A Hard Day's Night}}]]'' étaient signées [[Lennon/McCartney]], ''{{lang|en|Beatles for Sale}}'' est marqué par le retour des [[Liste des chansons reprises par les Beatles|reprises]] de [[rock 'n' roll]]. Pressés par le temps, littéralement poussés vers les studios, les {{langue|en|Fab Four}} enregistrent ici ce qui constitue leur répertoire de scène du moment, incluant six reprises et huit chansons originales, nouvellement composées ou plus anciennes. L'album innove cependant dans plusieurs sens, avec des chansons plus personnelles de la part de [[John Lennon]], et le recours plus fréquent à des techniques de studio pour peaufiner les enregistrements.
Alors que toutes les chansons de ''[[A Hard Day's Night (album)|{{lang|en|A Hard Day's Night}}]]'' étaient signées [[Lennon/McCartney]], ''{{lang|en|Beatles for Sale}}'' est marqué par le retour des [[Liste des chansons reprises par les Beatles|reprises]] de [[rock 'n' roll]]. Pressés par le temps, littéralement poussés vers les studios, les {{langue|en|Fab Four}} enregistrent ici ce qui constitue leur répertoire de scène du moment, incluant six reprises et huit chansons originales, nouvellement composées ou plus anciennes. L'album innove cependant dans plusieurs sens, avec des chansons plus personnelles de la part de [[John Lennon]], et le recours plus fréquent à des techniques de studio pour peaufiner les enregistrements.


En [[Grande-Bretagne]], ''{{lang|en|Beatles for Sale}}'' passe sept semaines en première place des [[hit-parade]]s, délogeant ''{{lang|en|A Hard Day's Night}}'' du sommet, et reste quarante-six semaines en tout dans les classements. Il ne paraît pas sous cette forme aux [[États-Unis]] : onze jours après la version britannique, il est édité par [[Capitol Records]] avec une pochette, une liste de chansons et un nom différents, ''[[Beatles '65]]''. De plus, certains titres n'apparaissent que sur l'album suivant, ''[[Beatles VI]]''. Ce qui n'empêchera pas les deux albums, sortis à un mois d'intervalle, de rester à la première place du [[Billboard]], pendant plusieurs semaines de suite.
En [[Grande-Bretagne]], ''{{lang|en|Beatles for Sale}}'' passe sept semaines en première place des [[hit-parade]]s, délogeant ''{{lang|en|A Hard Day's Night}}'' du sommet, et reste quarante-six semaines en tout dans les classements. Il ne paraît pas sous cette forme aux [[États-Unis]] : onze jours après la version britannique, il est édité par [[Capitol Records]] avec une pochette, une liste de chansons et un nom différents, ''[[Beatles '65]]''. De plus, certains titres n'apparaissent que sur l'album suivant, ''[[Beatles VI]]''. Ce qui n'empêchera pas les deux albums, sortis à un mois d'intervalle, de rester à la première place du [[Billboard]], pendant plusieurs semaines de suite.

En [[France]], le disque, calqué, comme à l'habitude, sur la version britannique, est baptisé « ''Les Beatles 1965'' »<ref>{{lien web |langue=en |titre=Beatles discography : France |url=https://www.beatlesbible.com/discography/france/ |site=The Beatles Bible |date=15-04-2009 |consulté le=11-06-2023}}.</ref>, et dans une double pochette contenant la photo de couverture sur support adhésif. En dessous se trouve une photo des Beatles en noir et blanc.


== Historique ==
== Historique ==
=== Contexte ===
=== Contexte ===
{{Article détaillé|Beatlemania}}
{{Article détaillé|Beatlemania}}
[[Fichier:The Beatles in America.JPG|thumb|L'enregistrement de ''{{lang|en|Beatles for Sale}}'' se fait en pleine {{lang|en|Beatlemania}}, alors que le groupe enchaîne les tournées et les obligations contractuelles.]]
[[Fichier:The Beatles arrive at JFK Airport.jpg|thumb|L'enregistrement de ''{{lang|en|Beatles for Sale}}'' se fait en pleine {{lang|en|Beatlemania}}, alors que le groupe enchaîne les tournées et les obligations contractuelles.]]


''{{lang|en|Beatles for Sale}}'' est enregistré et publié durant la deuxième moitié de l'année 1964, alors que la [[Beatlemania]] bat son plein. Le groupe a en effet acquis, l'année précédente, une très forte notoriété dans une grande partie du monde, et a finalement conquis le public américain lors de son passage au ''[[The Ed Sullivan Show|{{lang|en|Ed Sullivan Show}}]]'', le 9 février 1964, qui a battu le record d'audience pour une émission télévisée<ref>{{Harvsp|Daniel Ichbiah|2009|p=47}}</ref>. Cette popularité est bien représentée par le texte qui accompagne l'album, affirmant que les {{langue|en|Fab Four}} sont {{citation|la plus grande attraction que le monde ait jamais connue}}<ref name="MH127">{{Harvsp|Mark Herstgaard|1995|p=127}}</ref>.
''{{lang|en|Beatles for Sale}}'' est enregistré et publié durant la deuxième moitié de l'année 1964, alors que la [[Beatlemania]] bat son plein. Le groupe a en effet acquis, l'année précédente, une très forte notoriété dans une grande partie du monde, et a finalement conquis le public américain lors de son passage au ''[[The Ed Sullivan Show|{{lang|en|Ed Sullivan Show}}]]'', le 9 février 1964, qui a battu le record d'audience pour une émission télévisée<ref>{{Harvsp|Daniel Ichbiah|2009|p=47}}</ref>. Cette popularité est bien représentée par le texte qui accompagne l'album, affirmant que les {{langue|en|Fab Four}} sont {{citation|la plus grande attraction que le monde ait jamais connue}}<ref name="MH127">{{Harvsp|Mark Herstgaard|1995|p=127}}</ref>.


En 1964, l'agenda des Beatles est plein : les tournées mondiales, les apparitions télévisées et les réceptions s'enchaînent à un rythme effréné.
En 1964, l'agenda des Beatles est plein : les tournées mondiales, les apparitions télévisées et les réceptions s'enchaînent à un rythme effréné. Comme l'explique [[Neil Aspinall]], {{citation|quand on regarde leur emploi du temps entre fin 1963 et fin 1964, on se rend compte que c'était vraiment incroyable. En plus des tournées, des disques et du film, ils ont fait une émission de Noël et toutes les émissions de télé : ''[[Top of the Pops]]'', ''{{lang|en|Thank Your Lucky Stars}}'', ''{{lang|en|Ready, Steady, Go}}'', ''{{lang|en|Around the Beatles}}'', et aussi toutes les émissions de radio de la [[British Broadcasting Corporation|BBC]]. Ça n'arrêtait jamais}}<ref>{{Harvsp|The Beatles|2000|p=161}}</ref>. Le début de l'année a ainsi vu la première incursion du groupe au cinéma, avec le film ''[[A Hard Day's Night (film)|A Hard Day's Night]]'', réalisé par [[Richard Lester]]. L'[[A Hard Day's Night (album)|album du même nom]], qui constitue la bande originale du film, est pour sa part sorti en juillet et a été plébiscité par la critique. Il s'agit par ailleurs du premier album du groupe dont toutes les chansons sont originales et signées [[Lennon/McCartney]]<ref>{{Harvsp|Daniel Ichbiah|2009|p=54}}</ref>.


{{Citation bloc|Quand on regarde leur emploi du temps entre fin 1963 et fin 1964, on se rend compte que c'était vraiment incroyable. En plus des tournées, des disques et du film, ils ont fait une émission de Noël et toutes les émissions de télé : ''[[Top of the Pops]]'', ''{{lang|en|Thank Your Lucky Stars}}'', ''{{lang|en|Ready, Steady, Go}}'', ''{{lang|en|Around the Beatles}}'', et aussi toutes les émissions de radio de la [[British Broadcasting Corporation|BBC]]. Ça n'arrêtait jamais.|[[Neil Aspinall]]<ref>{{Harvsp|The Beatles|2000|p=161}}</ref>}}
Peu après la sortie de cet album, [[Brian Epstein]], manager du groupe, souhaite publier un nouvel opus pour les fêtes de Noël, maintenant ainsi la cadence de deux albums par an. C'est donc un groupe, harassé et fatigué par l'hystérie collective qu'il provoque, qui enregistre ''{{lang|en|Beatles for Sale}}''. Pour le producteur [[George Martin]], il ne s'agit assurément pas de leur œuvre la plus marquante : {{Citation|Ils ont enregistré ''{{lang|en|Beatles for Sale}}'' de guerre lasse. Il faut dire qu'ils étaient entraînés sur un rythme de folie depuis 1963 et durant toute l'année 1964. Le succès est une chose merveilleuse, mais très, très fatigante. Ils étaient toujours en mouvement. […] ''{{lang|en|Beatles for Sale}}'' ne fait pas partie de leurs disques les plus mémorables, mais ils ont repris du poil de la bête après ça}}<ref name="MH128">{{Harvsp|Mark Herstgaard|1995|p=128}}</ref>{{,}}<ref name="ML53">{{Harvsp|Mark Lewisohn|1988|p=53}}</ref>. Néanmoins, à ce stade de leur carrière, les Beatles (surnommés le « monstre à quatre têtes ») sont au sommet de leur unité et de leur cohésion, ne manquent pas d'énergie et s'amusent beaucoup, vivant encore avec bonheur et satisfaction leur récent statut de stars internationales, plus pour très longtemps cependant<ref>{{Harvsp|The Beatles|2000|p=139–160}}</ref>.

Le début de l'année a ainsi vu la première incursion du groupe au cinéma, avec le film ''[[A Hard Day's Night (film)|A Hard Day's Night]]'', réalisé par [[Richard Lester]]. L'[[A Hard Day's Night (album)|album du même nom]], qui constitue la bande originale du film, est pour sa part sorti en juillet et a été plébiscité par la critique. Il s'agit par ailleurs du premier album du groupe dont toutes les chansons sont originales et signées [[Lennon/McCartney]]<ref>{{Harvsp|Daniel Ichbiah|2009|p=54}}</ref>.

Peu après la sortie de cet album, [[Brian Epstein]], manager du groupe, souhaite publier un nouvel opus pour les fêtes de Noël, maintenant ainsi la cadence de deux albums par an. C'est donc un groupe, harassé et fatigué par l'hystérie collective qu'il provoque, qui enregistre ''{{lang|en|Beatles for Sale}}''. Pour leur producteur, il ne s'agit assurément pas de leur œuvre la plus marquante :

{{Citation bloc|Ils ont enregistré ''{{lang|en|Beatles for Sale}}'' de guerre lasse. Il faut dire qu'ils étaient entraînés sur un rythme de folie depuis 1963 et durant toute l'année 1964. Le succès est une chose merveilleuse, mais très, très fatigante. Ils étaient toujours en mouvement. […] ''{{lang|en|Beatles for Sale}}'' ne fait pas partie de leurs disques les plus mémorables, mais ils ont repris du poil de la bête après ça.|[[George Martin]]<ref name="MH128">{{Harvsp|Mark Herstgaard|1995|p=128}}</ref>{{,}}<ref name="ML53">{{Harvsp|Mark Lewisohn|1988|p=53}}</ref>}}

Néanmoins, à ce stade de leur carrière, les Beatles (surnommés le « monstre à quatre têtes ») sont au sommet de leur unité et de leur cohésion, ne manquent pas d'énergie et s'amusent beaucoup, vivant encore avec bonheur et satisfaction leur récent statut de stars internationales, plus pour très longtemps cependant<ref>{{Harvsp|The Beatles|2000|p=139–160}}</ref>.


=== Enregistrement ===
=== Enregistrement ===
''{{lang|en|Beatles for Sale}}'' est enregistré sur une période de sept jours non consécutifs, le calendrier devant être morcelé du fait des engagements du groupe sur scène. Les sessions se déroulent les 11 et 14 août, à la fin d'une tournée en [[Angleterre]] et en [[Suède]] ; les 29 et 30 septembre, au retour de la [[tournées américaines des Beatles en 1964|seconde tournée américaine du groupe]] ; et les 6, 18 et 26 octobre 1964, au cours d'un programme de {{unité|27|concerts}} à travers le Royaume-Uni<ref group="a" name="tour">{{en}} [http://www.dermon.com/Beatles/details/tours.htm « The Beatles on Tour 1963 to 1966 »], Dave Dermon, 2008. Consulté le 25 septembre 2010.</ref>. Elles se déroulent entièrement aux [[studios Abbey Road|studios EMI]], sur [[Abbey Road (rue)|Abbey Road]], à [[Londres]]<ref>{{Harvsp|Mark Lewisohn|1988|p=47–51}}</ref>.
''{{lang|en|Beatles for Sale}}'' est enregistré sur une période de sept jours non consécutifs, le calendrier devant être morcelé du fait des engagements du groupe sur scène. Les sessions se déroulent les 11 et 14 août, à la fin d'une tournée en [[Angleterre]] et en [[Suède]] ; les 29 et 30 septembre, au retour de la [[tournées américaines des Beatles en 1964|seconde tournée américaine du groupe]] ; et les 6, 18 et 26 octobre 1964, au cours d'un programme de {{unité|27|concerts}} à travers le Royaume-Uni<ref group="a" name="tour">{{en}} [http://www.dermon.com/Beatles/details/tours.htm « The Beatles on Tour 1963 to 1966 »], Dave Dermon, 2008. Consulté le 25 septembre 2010.</ref>. Elles se déroulent entièrement aux [[studios Abbey Road|studios EMI]], sur [[Abbey Road (rue)|Abbey Road]], à [[Londres]]<ref>{{Harvsp|Mark Lewisohn|1988|p=47–51}}</ref>.


Les Beatles sont pressés par le temps et, en raison du court délai entre la sortie de ''{{lang|en|A Hard Day's Night}}'' et la production du nouvel album, se retrouvent en manque de matériel. Ils se résignent à enregistrer une sélection de six reprises qu'ils interprètent depuis l'époque du [[Cavern Club]], et presque quotidiennement sur scène cette année-là<ref>{{Harvsp|Mark Herstgaard|1995|p=130}}</ref>{{,}}<ref name="ML48">{{Harvsp|Mark Lewisohn|1988|p=48}}</ref>. [[John Lennon]] et [[Paul McCartney]] ajoutent à l'album huit chansons originales, pour un total de quatorze titres. Parmi les nouveautés proposées, certaines font déjà partie du répertoire du groupe depuis de nombreuses années, comme ''[[I'll Follow the Sun|{{lang|en|I'll Follow the Sun}}]]'', que le groupe jouait à l'époque de ses concerts au Cavern<ref>{{Harvsp|Steve Turner|1999|p=75}}</ref>. L'enregistrement est, de fait, simplifié pour toutes ces chansons, comme l'explique [[George Harrison]] : {{Citation|Pour cet album-là, on n'a répété que les nouvelles chansons. On avait si souvent joué sur scène des choses comme ''[[Honey Don't|{{lang|en|Honey Don't}}]]'' ou ''[[Everybody's Trying to Be My Baby|{{lang|en|Everybody's Trying to Be My Baby}}]]'', qu'il suffisait de trouver la bonne couleur sonore et de les enregistrer}}<ref name="A160">{{Harvsp|The Beatles|2000|p=160}}</ref>.
Les Beatles sont pressés par le temps et, en raison du court délai entre la sortie de ''{{lang|en|A Hard Day's Night}}'' et la production du nouvel album, se retrouvent en manque de matériel. Ils se résignent à enregistrer une sélection de six reprises qu'ils interprètent depuis l'époque du [[Cavern Club]], et presque quotidiennement sur scène cette année-là<ref>{{Harvsp|Mark Herstgaard|1995|p=130}}</ref>{{,}}<ref name="ML48">{{Harvsp|Mark Lewisohn|1988|p=48}}</ref>. [[John Lennon]] et [[Paul McCartney]] ajoutent à l'album huit chansons originales, pour un total de quatorze titres. Parmi les nouveautés proposées, certaines font déjà partie du répertoire du groupe depuis de nombreuses années, comme ''[[I'll Follow the Sun|{{lang|en|I'll Follow the Sun}}]]'', que le groupe jouait à l'époque de ses concerts au Cavern<ref>{{Harvsp|Steve Turner|1999|p=75}}</ref>. L'enregistrement est, de fait, simplifié pour toutes ces chansons.
{{Citation bloc|Pour cet album-là, on n'a répété que les nouvelles chansons. On avait si souvent joué sur scène des choses comme ''[[Honey Don't|{{lang|en|Honey Don't}}]]'' ou ''[[Everybody's Trying to Be My Baby|{{lang|en|Everybody's Trying to Be My Baby}}]]'', qu'il suffisait de trouver la bonne couleur sonore et de les enregistrer.|[[George Harrison]]<ref name="A160">{{Harvsp|The Beatles|2000|p=160}}</ref>}}

D'autres chansons composées pour l'album, telles que ''[[I'm a Loser|{{lang|en|I'm a Loser}}]]'', ''[[Eight Days a Week|{{lang|en|Eight Days a Week}}]]'' ou ''[[I Feel Fine|{{lang|en|I Feel Fine}}]]'' — finalement parue en [[single (musique)|single]] — nécessitent plus de travail et de répétitions. Le groupe, qui enregistre désormais avec un [[magnétophone]] à quatre pistes - et non plus sur les deux-pistes utilisés pour les premiers albums en 1963<ref group="a" name="livret18">Livret de l'album ''{{lang|en|Beatles for Sale}}'', Apple, 2009, {{p.|18}}</ref> - se montre par ailleurs plus inventif sur le plan musical. Il se détache progressivement du [[rock 'n' roll]] classique pour ajouter des effets à ses morceaux, tels que le ''{{langue|en|[[fader|fade in]]}}'' introduisant et concluant ''{{lang|en|Eight Days a Week}}'' ou l'[[effet Larsen]] de ''{{lang|en|I Feel Fine}}''<ref>{{Harvsp|Mark Herstgaard|1995|p=130–133}}</ref>. Ceci nécessite un travail de studio plus élaboré, auquel le groupe commence à prendre goût. Ces retouches ne servaient auparavant qu'à corriger les erreurs commises durant l'enregistrement ; avec ''{{lang|en|Beatles for Sale}}'', les Beatles commencent à s'intéresser à cet aspect de la production et à lui trouver de nouvelles applications<ref group="a" name="livret18"/>.


{{Citation bloc|On commençait à faire quelques [[re-recording|overdubs]] avec un quatre-pistes. Et [[George Martin]] suggérait quelques modifications. Pas trop, mais il faisait toujours partie intégrante de l'ensemble.|George Harrison<ref name="A160"/>}}
D'autres chansons composées pour l'album, telles que ''[[I'm a Loser|{{lang|en|I'm a Loser}}]]'', ''[[Eight Days a Week|{{lang|en|Eight Days a Week}}]]'' ou ''[[I Feel Fine|{{lang|en|I Feel Fine}}]]'' — finalement parue en [[single (musique)|single]] — nécessitent plus de travail et de répétitions. Le groupe,  qui enregistre désormais avec un [[magnétophone]] à quatre pistes - et non plus sur les deux-pistes utilisés pour les premiers albums en 1963<ref group="a" name="livret18">Livret de l'album ''{{lang|en|Beatles for Sale}}'', Apple, 2009, {{p.|18}}</ref> - se montre par ailleurs plus inventif sur le plan musical. Il se détache progressivement du [[rock 'n' roll]] classique pour ajouter des effets à ses morceaux, tels que le ''{{langue|en|[[fader|fade in]]}}'' introduisant et concluant ''{{lang|en|Eight Days a Week}}'' ou l'[[effet Larsen]] de ''{{lang|en|I Feel Fine}}''<ref>{{Harvsp|Mark Herstgaard|1995|p=130–133}}</ref>. Ceci nécessite un travail de studio plus élaboré, auquel le groupe commence à prendre goût. Ces retouches ne servaient auparavant qu'à corriger les erreurs commises durant l'enregistrement ; avec ''{{lang|en|Beatles for Sale}}'', les Beatles commencent à s'intéresser à cet aspect de la production et à lui trouver de nouvelles applications<ref group="a" name="livret18"/>. Harrison raconte : {{Citation|On commençait à faire quelques [[re-recording|overdubs]] avec un quatre-pistes. Et [[George Martin]] suggérait quelques modifications. Pas trop, mais il faisait toujours partie intégrante de l'ensemble}}<ref name="A160"/>.


==== Sessions d'août ====
==== Sessions d'août ====
Vingt-quatre heures après un concert à [[Scarborough (Yorkshire du Nord)|Scarborough]]<ref group="a" name="tour"/>, les Beatles entrent en studio très tard dans la soirée du 11 août 1964 pour débuter les sessions de ''{{lang|en|Beatles for Sale}}''. La seule chanson enregistrée lors de cette session est ''[[Baby's in Black|{{lang|en|Baby's in Black}}]]''. Quinze prises sont mises en boîte, mais seulement cinq sont complètes, puisque la plupart consistent à travailler le [[riff (musique)|riff]] d'ouverture joué par [[George Harrison]]. Cet enregistrement constitue un bel exemple du changement dans les rapports entre les Beatles et leur producteur, à cette époque ; après quatorze tentatives, Harrison arrive enfin à un résultat satisfaisant, et [[George Martin]] se contente de demander {{citation|Vous voulez vraiment que ça débute ainsi ?}}, alors qu'en 1963, il aurait lui-même décidé de la façon de jouer<ref name="ML47">{{Harvsp|Mark Lewisohn|1988|p=47}}</ref>.
Vingt-quatre heures après un concert à [[Scarborough (Yorkshire du Nord)|Scarborough]]<ref group="a" name="tour"/>, les Beatles entrent en studio très tard dans la soirée du 11 août 1964 pour commencer les sessions de ''{{lang|en|Beatles for Sale}}''. La seule chanson enregistrée lors de cette session est ''[[Baby's in Black|{{lang|en|Baby's in Black}}]]''. Quinze prises sont mises en boîte, mais seulement cinq sont complètes, puisque la plupart consistent à travailler le [[riff (musique)|riff]] d'ouverture joué par [[George Harrison]]. Cet enregistrement constitue un bel exemple du changement dans les rapports entre les Beatles et leur producteur, à cette époque ; après quatorze tentatives, Harrison arrive enfin à un résultat satisfaisant, et [[George Martin]] se contente de demander {{citation|Vous voulez vraiment que ça débute ainsi ?}}, alors qu'en 1963, il aurait lui-même décidé de la façon de jouer<ref name="ML47">{{Harvsp|Mark Lewisohn|1988|p=47}}</ref>.


Trois jours plus tard, la veille d'un concert à [[Blackpool]] dans le cadre de leur tournée en [[Suède]] et en [[Grande-Bretagne]]<ref group="a" name="tour"/>, les Beatles enregistrent trois chansons, ''[[I'm a Loser|{{lang|en|I'm a Loser}}]]'', ''[[Mr. Moonlight|{{lang|en|Mr. Moonlight}}]]'' et ''[[Leave My Kitten Alone|{{lang|en|Leave My Kitten Alone}}]]''<ref name="ML48"/>. La première est bouclée en huit prises, mais seulement quatre sont complètes. Les deux autres sont des [[reprise]]s. ''Mr. Moonlight'' (suite à la version de [[Piano Red]] datant de 1962) est enregistrée sans les [[instrument de percussion|percussions]] ni l'[[orgue Hammond]], ajoutés dans une session ultérieure<ref name="ML48"/>. Quant à ''{{lang|en|Leave My Kitten Alone}}'', un morceau de [[Little Willie John]] datant de 1959, il est correctement enregistré, mais les Beatles ne semblent pas satisfaits de leur interprétation, puisqu'il est exclu de l'album et remplacé par ''{{lang|en|Mr. Moonlight}}''. Cette décision sera, plus tard, qualifiée d'erreur de jugement par plusieurs auteurs, notamment Mark Herstgaard<ref name="MH134-135">{{Harvsp|Mark Herstgaard|1995|p=134–135}}</ref> et [[Mark Lewisohn]]<ref name="ML48"/>, qui considèrent la version enregistrée de ''{{lang|en|Leave My Kitten Alone}}'' bien meilleure que celle de ''{{lang|en|Mr. Moonlight}}''.
Trois jours plus tard, la veille d'un concert à [[Blackpool]] dans le cadre de leur tournée en [[Suède]] et en [[Grande-Bretagne]]<ref group="a" name="tour"/>, les Beatles enregistrent trois chansons, ''[[I'm a Loser|{{lang|en|I'm a Loser}}]]'', ''[[Mr. Moonlight|{{lang|en|Mr. Moonlight}}]]'' et ''[[Leave My Kitten Alone|{{lang|en|Leave My Kitten Alone}}]]''<ref name="ML48"/>. La première est bouclée en huit prises, mais seulement quatre sont complètes. Les deux autres sont des [[reprise]]s. ''Mr. Moonlight'' (à la suite de la version de [[Piano Red]] datant de 1962) est enregistrée sans les [[instrument de percussion|percussions]] ni l'[[orgue Hammond]], ajoutés dans une session ultérieure<ref name="ML48"/>. Quant à ''{{lang|en|Leave My Kitten Alone}}'', un morceau de [[Little Willie John]] datant de 1959, il est correctement enregistré, mais les Beatles ne semblent pas satisfaits de leur interprétation, puisqu'il est exclu de l'album et remplacé par ''{{lang|en|Mr. Moonlight}}''. Cette décision sera, plus tard, qualifiée d'erreur de jugement par plusieurs auteurs, notamment Mark Herstgaard<ref name="MH134-135">{{Harvsp|Mark Herstgaard|1995|p=134–135}}</ref> et [[Mark Lewisohn]]<ref name="ML48"/>, qui considèrent la version enregistrée de ''{{lang|en|Leave My Kitten Alone}}'' bien meilleure que celle de ''{{lang|en|Mr. Moonlight}}''.


==== Sessions de septembre ====
==== Sessions de septembre ====
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==== Sessions d'octobre ====
==== Sessions d'octobre ====
[[Fichier:Abbey Road Studios London.jpg|thumb|left|''{{lang|en|Beatles for Sale}}'' est enregistré au cours de sept sessions aux studios EMI de Londres, sur Abbey Road.]]
[[Fichier:Abbey Road Studios London.jpg|vignette|gauche|''{{lang|en|Beatles for Sale}}'' est enregistré au cours de sept sessions aux studios EMI de Londres, sur Abbey Road.]]


La majorité de l'album est enregistrée en trois sessions durant le mois d'{{Date||octobre|1964}}. Le [[9 octobre|9]], jour du 24{{ème}} anniversaire de [[John Lennon]], les {{langue|en|Fab Four}} doivent entamer une grande tournée à travers tout le [[Royaume-Uni]]. Trois jours auparavant, ils sont à Abbey Road pour mettre sur bande un nouveau titre, ''[[Eight Days a Week|{{lang|en|Eight Days a Week}}]]''. Lors de l'enregistrement du [[6 octobre]], ce qui va constituer l'innovation majeure de cette chanson appelée à connaitre un grand succès ({{n°}}1 aux [[États-Unis]]), c'est-à-dire l'entrée et la sortie en [[fondu]] (''{{langue|en|fade in}}'' et ''{{langue|en|fade out}}''), n'est pas encore à l'ordre du jour. Les Beatles s'essaient d'abord à une introduction en [[chœur (musique)|chœur]], modulant plusieurs fois des « ''{{langue|en|ooooohh}}'' » sur fond de guitare acoustique<ref name="ML49"/>, comme on peut l'entendre sur le disque ''Anthology 1''<ref group="a">''[[Anthology 1]]'' (disque 2, pistes 24 et 25), 1995, prises 1, 2, 4 et 5 d'''Eight Days a Week''.</ref>. Ils répètent également ce jour-là une nouvelle composition de John Lennon, ''[[I Feel Fine]]''<ref name="ML49"/>.
La majorité de l'album est enregistrée en trois sessions durant le mois d'{{date-|octobre 1964}}. Le {{date-|9 octobre}}, jour du {{24e|anniversaire}} de [[John Lennon]], les {{langue|en|Fab Four}} doivent entamer une grande tournée à travers tout le [[Royaume-Uni]]. Trois jours auparavant, ils sont à Abbey Road pour mettre sur bande un nouveau titre, ''[[Eight Days a Week|{{lang|en|Eight Days a Week}}]]''. Lors de l'enregistrement du {{date-|6 octobre}}, ce qui va constituer l'innovation majeure de cette chanson appelée à connaître un grand succès ({{n°}}1 aux [[États-Unis]]), c'est-à-dire l'entrée et la sortie en [[fondu]] (''{{langue|en|fade in}}'' et ''{{langue|en|fade out}}''), n'est pas encore à l'ordre du jour. Les Beatles s'essaient d'abord à une introduction en [[chœur (musique)|chœur]], modulant plusieurs fois des « ''{{langue|en|ooooohh}}'' » sur fond de guitare acoustique<ref name="ML49"/>, comme on peut l'entendre sur le disque ''Anthology 1''<ref group="a">''[[Anthology 1]]'' (disque 2, pistes 24 et 25), 1995, prises 1, 2, 4 et 5 d'''Eight Days a Week''.</ref>. Ils répètent également ce jour-là une nouvelle composition de John Lennon, ''[[I Feel Fine]]''<ref name="ML49"/>.


Le [[8 octobre]], à la veille de leur prestation publique au cinéma [[Gaumont British Picture Corporation|Gaumont]] de [[Bradford]], en ouverture de leur tournée d'automne<ref group="a" name="tour"/>, ''[[She's a Woman|{{lang|en|She's a Woman}}]]'' est rapidement mise en boîte. Destinée à occuper la [[face (disque)|face B]] du single ''{{lang|en|I Feel Fine}}'', cette chanson de Paul McCartney ne figure pas sur ''{{lang|en|Beatles for Sale}}''<ref name="ML49"/>.
Le {{date-|8 octobre}}, à la veille de leur prestation publique au cinéma [[Gaumont British Picture Corporation|Gaumont]] de [[Bradford]], en ouverture de leur tournée d'automne<ref group="a" name="tour"/>, ''[[She's a Woman|{{lang|en|She's a Woman}}]]'' est rapidement mise en boîte. Destinée à occuper la [[face (disque)|face B]] du single ''{{lang|en|I Feel Fine}}'', cette chanson de Paul McCartney ne figure pas sur ''{{lang|en|Beatles for Sale}}''<ref name="ML49"/>.


La session d'enregistrement la plus productive de l'album a lieu le [[18 octobre]], pendant une pause de {{unité|24|heures}} entre un concert à [[Kingston-upon-Hull]] et un autre à [[Édimbourg]]<ref name="ML50">{{Harvsp|Mark Lewisohn|1988|p=50}}</ref>{{,}}<ref group="a" name="tour"/>. Le groupe est en grande forme, plein d'énergie, heureux et, comme le note [[Geoff Emerick]], {{citation|c'est sans doute que leur tournée se passait vraiment bien}}<ref name="emerick">{{Harvsp|Geoff Emerick, Howard Massey|2006|p=90}}</ref>. Le jeune [[ingénieur du son]], encore assistant lors de cette séance, la considère comme {{citation|une des meilleures de la carrière du groupe}}<ref name="emerick"/>. Les Beatles commencent par de nouveaux essais pour l'introduction et le final de ''{{lang|en|Eight Days a Week}}'', qui ne s'avèrent pas concluants. L'idée du démarrage en fondu naît alors, et est appliquée au cours d'une séance de mixage, plus tard dans le mois<ref name="ML50"/>.
La session d'enregistrement la plus productive de l'album a lieu le {{date-|18 octobre}}, pendant une pause de {{unité|24|heures}} entre un concert à [[Kingston-upon-Hull]] et un autre à [[Édimbourg]]<ref name="ML50">{{Harvsp|Mark Lewisohn|1988|p=50}}</ref>{{,}}<ref group="a" name="tour"/>. Le groupe est en grande forme, plein d'énergie, heureux et, comme le note [[Geoff Emerick]], {{citation|c'est sans doute que leur tournée se passait vraiment bien}}<ref name="emerick">{{Harvsp|Geoff Emerick, Howard Massey|2006|p=90}}</ref>. Le jeune [[ingénieur du son]], encore assistant lors de cette séance, la considère comme {{citation|une des meilleures de la carrière du groupe}}<ref name="emerick"/>. Les Beatles commencent par de nouveaux essais pour l'introduction et le final de ''{{lang|en|Eight Days a Week}}'', qui ne s'avèrent pas concluants. L'idée du démarrage en fondu naît alors, et est appliquée au cours d'une séance de mixage, plus tard dans le mois<ref name="ML50"/>.
Ils s'attaquent ensuite à leur reprise en [[Pot-pourri (musique)|medley]] de deux titres, ''[[Kansas City (chanson)|{{lang|en|Kansas City}}]]'' et ''[[Hey, Hey, Hey, Hey]]'', expédiée en deux prises. La première étant la meilleure, ce titre vigoureusement chanté par [[Paul McCartney]], accompagné par le chœur des trois autres Beatles, devient une nouvelle « performance en une seule prise » du groupe, à laquelle George Martin ajoute une partie de piano<ref name="ML50"/>. Dans la foulée, les Beatles se remettent à l'ouvrage sur ''{{lang|en|Mr. Moonlight}}'', qu'ils complètent en quatre prises, avec un [[re-recording|overdub]] d'[[orgue Hammond]] joué par Paul McCartney<ref name="ML50"/>.
Ils s'attaquent ensuite à leur reprise en [[Pot-pourri (musique)|pot-pourri]] de deux titres, ''[[Kansas City (chanson)|{{lang|en|Kansas City}}]]'' et ''[[Hey, Hey, Hey, Hey]]'', expédiée en deux prises. La première étant la meilleure, ce titre vigoureusement chanté par [[Paul McCartney]], accompagné par le chœur des trois autres Beatles, devient une nouvelle « performance en une seule prise » du groupe, à laquelle George Martin ajoute une partie de piano<ref name="ML50"/>. Dans la foulée, les Beatles se remettent à l'ouvrage sur ''{{lang|en|Mr. Moonlight}}'', qu'ils complètent en quatre prises, avec un [[re-recording|overdub]] d'[[orgue Hammond]] joué par Paul McCartney<ref name="ML50"/>.


La suite est entrée dans l'histoire du rock. Par la baie vitrée de la salle de contrôle, [[Geoff Emerick]] aperçoit, interloqué, John Lennon coller sa guitare, volume tourné à fond, contre le haut-parleur de son amplificateur. Il est en train d'en tirer un effet de {{langue|en|[[effet Larsen|feedback]]}} qu'il a l'idée d'utiliser en introduction de sa chanson ''[[I Feel Fine|{{lang|en|I Feel Fine}}]]''<ref name="emerick"/>. Ce que la presse britannique qualifie d'« accident électronique »<ref name="ML50"/> est, en fait, un bruitage délibéré qui rend Lennon particulièrement fier de son « effet ». Selon lui, c'est bien la première fois - et plusieurs années avant [[Jimi Hendrix]] et les [[The Who|Who]] - que l'on entend du larsen sur un disque de rock<ref name="A160"/>{{,}}<ref>{{Harvsp|Mark Herstgaard|1995|p=131}}</ref>. ''I Feel Fine'', futur {{n°}}1 des deux côtés de l'Atlantique et destiné à être publié en [[single (musique)|single]], n'apparaît pas sur l'album en préparation.
La suite est entrée dans l'histoire du rock. Par la baie vitrée de la salle de contrôle, [[Geoff Emerick]] aperçoit, interloqué, John Lennon coller sa guitare, volume tourné à fond, contre le haut-parleur de son amplificateur. Il est en train d'en tirer un effet de {{langue|en|[[effet Larsen|feedback]]}} qu'il a l'idée d'utiliser en introduction de sa chanson ''[[I Feel Fine|{{lang|en|I Feel Fine}}]]''<ref name="emerick"/>. Ce que la presse britannique qualifie d'« accident électronique »<ref name="ML50"/> est, en fait, un bruitage délibéré qui rend Lennon particulièrement fier de son « effet ». Selon lui, c'est bien la première fois - et plusieurs années avant [[Jimi Hendrix]] et les [[The Who|Who]] - que l'on entend du larsen sur un disque de rock<ref name="A160"/>{{,}}<ref>{{Harvsp|Mark Herstgaard|1995|p=131}}</ref>. {{refsou|''I Feel Fine'', futur {{n°}}1 des deux côtés de l'Atlantique et destiné à être publié en [[single (musique)|single]], n'apparaît pas sur l'album en préparation.}}


Les Beatles enregistrent ensuite une vieille chanson de Paul McCartney, ''[[I'll Follow the Sun|{{lang|en|I'll Follow the Sun}}]]''. Ce n'est que sur la huitième et dernière prise, celle qui est conservée, que le [[pont (musique)|pont]] du morceau comprend un solo de guitare électrique joué par George Harrison<ref name="ML50"/>. Les choses s'accélèrent dans la foulée. Les standards de rock, ''[[Everybody's Trying to Be My Baby]]'', sur lequel le chant de Harrison est traité avec de l'[[chambre d'écho|écho]], et ''[[Rock and Roll Music (chanson)|{{lang|en|Rock and Roll Music}}]]'' (morceau que les Beatles interprètent du début à la fin de leur carrière scénique), avec George Martin au piano, sont mis en boîte ''{{langue|en|live}}'' en une seule prise<ref name="ML50"/>. La petite équipe qui s'affaire dans le studio {{n°}}2 d'Abbey Road achève la journée avec la reprise de ''[[Words of Love|{{lang|en|Words of Love}}]]'' de [[Buddy Holly]]. Là aussi, entre performance directe et overdubs, seules trois prises s'avèrent nécessaires<ref name="ML50"/>.
Les Beatles enregistrent ensuite une vieille chanson de Paul McCartney, ''[[I'll Follow the Sun|{{lang|en|I'll Follow the Sun}}]]''. Ce n'est que sur la huitième et dernière prise, celle qui est conservée, que le [[pont (musique)|pont]] du morceau comprend un solo de guitare électrique joué par George Harrison<ref name="ML50"/>. Les choses s'accélèrent dans la foulée. Les standards de rock, ''[[Everybody's Trying to Be My Baby]]'', sur lequel le chant de Harrison est traité avec de l'[[chambre d'écho|écho]], et ''[[Rock and Roll Music (chanson)|{{lang|en|Rock and Roll Music}}]]'' (morceau que les Beatles interprètent du début à la fin de leur carrière scénique), avec George Martin au piano, sont mis en boîte ''{{langue|en|live}}'' en une seule prise<ref name="ML50"/>. La petite équipe qui s'affaire dans le studio {{n°}}2 d'Abbey Road achève la journée avec la reprise de ''[[Words of Love|{{lang|en|Words of Love}}]]'' de [[Buddy Holly]]. Là aussi, entre performance directe et overdubs, seules trois prises s'avèrent nécessaires<ref name="ML50"/>.
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Enfin, un nouveau jour libre au milieu de la tournée britannique d'automne, le dimanche [[26 octobre]], permet au groupe d'en finir avec l'enregistrement de l'album après avoir, pour la première fois, participé à la séance de mixage des titres déjà mis en boîte, ce qui marque une évolution importante de son travail en studio<ref name="ML51">{{Harvsp|Mark Lewisohn|1988|p=51}}</ref>. Le temps de se mettre en place, et [[Ringo Starr]] chante ''[[Honey Don't|{{lang|en|Honey Don't}}]]''. C'est habituellement John Lennon qui l'exécute sur scène, mais ce titre a été choisi pour être la traditionnelle « chanson de Ringo » du disque, puisqu'il correspond bien à sa [[tessiture]] [[voix (instrument)|vocale]] limitée<ref name="ML51"/>. Reste enfin à refaire définitivement ''[[What You're Doing|{{lang|en|What You're Doing}}]]'' pour en terminer avec ''{{lang|en|Beatles for Sale}}'', avant d'enregistrer, dans un grand éclat de rire, ''[[Jingle Bells]]'' et les messages de vœux pour le [[flexi disc]] de Noël, cadeau réservé aux {{unité|65000|membres}} du [[fan club]] britannique<ref name="ML51"/>{{,}}<ref group="a">{{en}} [http://www.yokono.co.uk/collection/beatles/uk/flexi/uk_flexi.html##2 « The Beatles UK Flexidiscs – ''Another Beatles Chrismas Record'' (1964) »], Masanori Yokono. Consulté le 4 octobre 2010.</ref>.
Enfin, un nouveau jour libre au milieu de la tournée britannique d'automne, le dimanche [[26 octobre]], permet au groupe d'en finir avec l'enregistrement de l'album après avoir, pour la première fois, participé à la séance de mixage des titres déjà mis en boîte, ce qui marque une évolution importante de son travail en studio<ref name="ML51">{{Harvsp|Mark Lewisohn|1988|p=51}}</ref>. Le temps de se mettre en place, et [[Ringo Starr]] chante ''[[Honey Don't|{{lang|en|Honey Don't}}]]''. C'est habituellement John Lennon qui l'exécute sur scène, mais ce titre a été choisi pour être la traditionnelle « chanson de Ringo » du disque, puisqu'il correspond bien à sa [[tessiture]] [[voix (instrument)|vocale]] limitée<ref name="ML51"/>. Reste enfin à refaire définitivement ''[[What You're Doing|{{lang|en|What You're Doing}}]]'' pour en terminer avec ''{{lang|en|Beatles for Sale}}'', avant d'enregistrer, dans un grand éclat de rire, ''[[Jingle Bells]]'' et les messages de vœux pour le [[flexi disc]] de Noël, cadeau réservé aux {{unité|65000|membres}} du [[fan club]] britannique<ref name="ML51"/>{{,}}<ref group="a">{{en}} [http://www.yokono.co.uk/collection/beatles/uk/flexi/uk_flexi.html##2 « The Beatles UK Flexidiscs – ''Another Beatles Chrismas Record'' (1964) »], Masanori Yokono. Consulté le 4 octobre 2010.</ref>.


Du [[21 octobre]], au [[4 novembre]], le mixage des chansons est effectué par [[George Martin]], [[Norman Smith]] et [[Ken Scott (producteur)|Ken Scott]], avec la participation des Beatles<ref name="ML51"/>. Pour la session de remixage en [[son stéréophonique|stéréo]], le [[27 octobre]], le biographe [[Mark Lewisohn]] note : {{Citation|Il ne doit pas exister beaucoup d'albums, réalisés de nos jours, qui contiennent autant de titres remixés en stéréo en seulement une demi-heure. En comparant avec le temps passé pour les mixes [[monophonique|mono]], il est facile de comprendre quel format était le plus important en 1964}}<ref name="ML53"/>.
Du {{date-|21 octobre}}, au {{date-|4 novembre}}, le mixage des chansons est effectué par [[George Martin]], [[Norman Smith]] et [[Ken Scott (producteur)|Ken Scott]], avec la participation des Beatles<ref name="ML51"/>. Pour la session de remixage en [[son stéréophonique|stéréo]], le {{date-|27 octobre}}, le biographe [[Mark Lewisohn]] note : {{Citation|Il ne doit pas exister beaucoup d'albums, réalisés de nos jours, qui contiennent autant de titres remixés en stéréo en seulement une demi-heure. En comparant avec le temps passé pour les mixes [[monophonique|mono]], il est facile de comprendre quel format était le plus important en 1964}}<ref name="ML53"/>.


== Caractéristiques artistiques ==
== Caractéristiques artistiques ==
=== Analyse musicale ===
=== Analyse musicale ===
[[Fichier:Joan Baez Bob Dylan crop.jpg|thumb|Avec ''{{lang|en|Beatles for Sale}}'', John Lennon commence à s'inspirer des chansons de Bob Dylan pour ses propres travaux d'écriture.]]
[[Fichier:Joan Baez Bob Dylan crop.jpg|thumb|Avec ''{{lang|en|Beatles for Sale}}'', John Lennon commence à s'inspirer des chansons de Bob Dylan pour ses propres travaux d'écriture.]]
Bien qu'il marque un retour en arrière en termes de nombre de chansons signées [[Lennon/McCartney]], ''{{lang|en|Beatles for Sale}}'' est un album qui amorce l'évolution artistique des compositions du tandem. On y trouve en effet plusieurs titres qui se distinguent de leurs créations précédentes. Ainsi, ''[[I'm a Loser|{{lang|en|I'm a Loser}}]]'' est une chanson qui marque l'inspiration croissante que puise [[John Lennon]] dans les textes de [[Bob Dylan]]. Avec cette composition, Lennon s'éloigne de la thématique classique de l'amour, au profit de textes plus personnels<ref>{{Harvsp|Steve Turner|1999|p=80}}</ref>. ''[[No Reply (chanson)|{{lang|en|No Reply}}]]'', qui ouvre l'album est, selon l'éditeur des chansons du groupe, Dick James, {{citation|la première chanson [de Lennon] qui ait une fin}}<ref name="ST82">{{Harvsp|Steve Turner|1999|p=82}}</ref>. De même, ''[[I Don't Want to Spoil the Party|{{lang|en|I Don't Want to Spoil the Party}}]]'' est une autre chanson introspective de Lennon, qui exprime son désarroi face à sa nouvelle vie, en pleine [[Beatlemania]]. Il regrette en effet de devoir toujours avoir l'air heureux en public<ref name="ST82"/>. Enfin, ''[[Baby's in Black|{{lang|en|Baby's in Black}}]]'' est la première composition que Lennon et McCartney composent vraiment ensemble depuis ''[[I Want to Hold Your Hand|{{lang|en|I Want to Hold Your Hand}}]]'', un an plus tôt<ref>{{Harvsp|Steve Turner|1999|p=84}}</ref>.
Bien qu'il marque un retour en arrière pour ce qui est du nombre de chansons signées [[Lennon/McCartney]], ''{{lang|en|Beatles for Sale}}'' est un album qui amorce l'évolution artistique des compositions du tandem. On y trouve en effet plusieurs titres qui se distinguent de leurs créations précédentes. Ainsi, ''[[I'm a Loser|{{lang|en|I'm a Loser}}]]'' est une chanson qui marque l'inspiration croissante que puise [[John Lennon]] dans les textes de [[Bob Dylan]]. Avec cette composition, Lennon s'éloigne de la thématique classique de l'amour, au profit de textes plus personnels<ref>{{Harvsp|Steve Turner|1999|p=80}}</ref>. ''[[No Reply (chanson)|{{lang|en|No Reply}}]]'', qui ouvre l'album est, selon l'éditeur des chansons du groupe, Dick James, {{citation|la première chanson [de Lennon] qui ait une fin}}<ref name="ST82">{{Harvsp|Steve Turner|1999|p=82}}</ref>. De même, ''[[I Don't Want to Spoil the Party|{{lang|en|I Don't Want to Spoil the Party}}]]'' est une autre chanson introspective de Lennon, qui exprime son désarroi face à sa nouvelle vie, en pleine [[Beatlemania]]. Il regrette en effet de devoir toujours avoir l'air heureux en public<ref name="ST82"/>. Enfin, ''[[Baby's in Black|{{lang|en|Baby's in Black}}]]'' est la première composition que Lennon et McCartney composent vraiment ensemble depuis ''[[I Want to Hold Your Hand|{{lang|en|I Want to Hold Your Hand}}]]'', un an plus tôt<ref>{{Harvsp|Steve Turner|1999|p=84}}</ref>.


Les autres compositions originales sont plus classiques : ''[[Every Little Thing|{{lang|en|Every Little Thing}}]]'', écrite par [[Paul McCartney]], vante les qualités de sa petite amie de l'époque, l'actrice [[Jane Asher]], tandis que ''[[What You're Doing|{{lang|en|What You're Doing}}]]'' est une chanson au thème assez classique, bien que le groupe ait recours à de nouvelles techniques en studio pour l'étoffer, avec un fondu et l'ajout d'un piano<ref>{{Harvsp|Steve Turner|1999|p=85}}</ref>. Une autre composition de McCartney est ''[[I'll Follow the Sun|{{lang|en|I'll Follow the Sun}}]]''. Cette chanson annonce son talent de compositeur de ballades. Il ne s'agit pas, cependant, d'une composition récente : écrite en 1959, elle a fait partie du répertoire du groupe pendant plusieurs années avant son enregistrement<ref>{{Harvsp|Steve Turner|1999|p=83}}</ref>.
Les autres compositions originales sont plus classiques : ''[[Every Little Thing|{{lang|en|Every Little Thing}}]]'', écrite par [[Paul McCartney]], vante les qualités de sa petite amie de l'époque, l'actrice [[Jane Asher]], tandis que ''[[What You're Doing|{{lang|en|What You're Doing}}]]'' est une chanson au thème assez classique, bien que le groupe ait recours à de nouvelles techniques en studio pour l'étoffer, avec un fondu et l'ajout d'un piano<ref>{{Harvsp|Steve Turner|1999|p=85}}</ref>. Une autre composition de McCartney est ''[[I'll Follow the Sun|{{lang|en|I'll Follow the Sun}}]]''. Cette chanson annonce son talent de compositeur de ballades. Il ne s'agit pas, cependant, d'une composition récente : écrite en 1959, elle a fait partie du répertoire du groupe pendant plusieurs années avant son enregistrement<ref>{{Harvsp|Steve Turner|1999|p=83}}</ref>.


Les six autres morceaux de l'album sont des [[reprise]]s. Deux créations de [[Carl Perkins]], ''[[Honey Don't|{{lang|en|Honey Don't}}]]'' et ''[[Everybody's Trying to Be My Baby|{{lang|en|Everybody's Trying to Be My Baby}}]]'', sont chantées respectivement par [[Ringo Starr]] et [[George Harrison]]. ''[[Words of Love|{{lang|en|Words of Love}}]]'', écrite par [[Buddy Holly]] et chantée en chœur par Lennon et McCartney, fait partie du répertoire du groupe depuis quelques années. L'album comprend également un [[Pot-pourri (musique)|medley]] de ''[[Kansas City (chanson)|Kansas City]]'' - un standard du [[rhythm and blues]] écrit en 1951 par [[Jerry Leiber et Mike Stoller]] - et de ''[[Hey, Hey, Hey, Hey]]'' de [[Little Richard]], dont Paul McCartney est un grand fan<ref name="emerick"/>. La chanson ''[[Rock and Roll Music (chanson)|{{lang|en|Rock and Roll Music}}]]'', de [[Chuck Berry]], hommage à cette musique qui est à l'origine de la création du groupe, est interprétée par Lennon et reste un classique des Beatles sur scène, souvent joué en introduction de leurs concerts, jusqu'à leur ultime tournée à l'été 1966. Lennon chante également ''[[Mr. Moonlight|{{lang|en|Mr. Moonlight}}]]'', souvent considérée comme une des moins bonnes pistes enregistrées par le groupe<ref name="ML48"/>{{,}}<ref name="MH134-135"/>.
Les six autres morceaux de l'album sont des [[reprise]]s. Deux créations de [[Carl Perkins]], ''[[Honey Don't|{{lang|en|Honey Don't}}]]'' et ''[[Everybody's Trying to Be My Baby|{{lang|en|Everybody's Trying to Be My Baby}}]]'', sont chantées respectivement par [[Ringo Starr]] et [[George Harrison]]. ''[[Words of Love|{{lang|en|Words of Love}}]]'', écrite par [[Buddy Holly]] et chantée en chœur par Lennon et McCartney, fait partie du répertoire du groupe depuis quelques années. L'album comprend également un [[Pot-pourri (musique)|pot-pourri]] de ''[[Kansas City (chanson)|Kansas City]]'' - un standard du [[rhythm and blues]] écrit en 1951 par [[Jerry Leiber et Mike Stoller]] - et de ''[[Hey, Hey, Hey, Hey]]'' de [[Little Richard]], dont Paul McCartney est un grand fan<ref name="emerick"/>. La chanson ''[[Rock and Roll Music (chanson)|{{lang|en|Rock and Roll Music}}]]'', de [[Chuck Berry]], hommage à cette musique qui est à l'origine de la création du groupe, est interprétée par Lennon et reste un classique des Beatles sur scène, souvent joué en introduction de leurs concerts, jusqu'à leur ultime tournée à l'été 1966. Lennon chante également ''[[Mr. Moonlight|{{lang|en|Mr. Moonlight}}]]'', souvent considérée comme une des moins bonnes pistes enregistrées par le groupe<ref name="ML48"/>{{,}}<ref name="MH134-135"/>.


=== Pochette ===
=== Pochette ===
[[Fichier:Hyde Park in a late autumn morning.jpg|thumb|left|Pour la pochette de l'album, les Beatles se sont fait photographier à Hyde Park durant l'automne.]]
[[Fichier:Hyde Park in a late autumn morning.jpg|thumb|left|Pour la pochette de l'album, les Beatles se sont fait photographier à Hyde Park durant l'automne.]]
La période de folie que traversent les Beatles, autant que les thèmes moins joyeux des chansons, se reflètent dans la pochette de ''{{lang|en|Beatles for Sale}}''. Le titre « Beatles à vendre » évoque clairement le but commercial, ainsi que la fatigue, {{citation|comme si personne n'avait eu l'énergie de trouver mieux}}<ref name="MH127"/>. [[Derek Taylor]], l'attaché de presse du groupe, précise toutefois, dans les notes de pochette : {{Citation|Les [Beatles] eux-mêmes ne sont pas à vendre. Et même si le bruit de l'argent ''parle'' fort, il ne parle pas ''assez fort'' pour ça. Mais vous pouvez acheter cet album !}}
La période de folie que traversent les Beatles, autant que les thèmes moins joyeux des chansons, se reflètent dans la pochette de ''{{lang|en|Beatles for Sale}}''. Le titre « Beatles à vendre » évoque clairement le but commercial, ainsi que la fatigue, {{citation|comme si personne n'avait eu l'énergie de trouver mieux}}<ref name="MH127"/>. {{refsou|[[Derek Taylor]], l'attaché de presse du groupe, précise toutefois, dans les notes de pochette : {{Citation|Les [Beatles] eux-mêmes ne sont pas à vendre. Et même si le bruit de l'argent ''parle'' fort, il ne parle pas ''assez fort'' pour ça. Mais vous pouvez acheter cet album !}}}}


La photo de couverture, en couleur, montre les membres du groupe avec une mine un peu lasse, dans une scène automnale photographiée à [[Hyde Park]]. Paul McCartney se souvient toutefois de séances agréables : {{Citation|La photo de l'album, réalisée par Robert Freeman, était vraiment sympa. Ça a été facile. Nous avons posé environ deux heures, avec comme résultat de bonnes planches à utiliser. Le photographe n'avait qu'à nous dire « Montrez-vous ! ». Nous portions tous le même genre d'habits : costumes sombres, chemises blanches et grandes écharpes noires}}<ref name="A160"/>.
La photo de couverture, en couleur, montre les membres du groupe avec une mine un peu lasse, dans une scène automnale photographiée à [[Hyde Park]] près du [[Albert Memorial]]<ref>http://www.norwegianwood.org/beatles/english/albumcovers4.html</ref>. Paul McCartney se souvient toutefois de séances agréables : {{Citation|La photo de l'album, réalisée par [[Photographes officiels des Beatles#Robert Freeman|Robert Freeman]], était vraiment sympa. Ça a été facile. Nous avons posé environ deux heures, avec comme résultat de bonnes planches à utiliser. Le photographe n'avait qu'à nous dire « Montrez-vous ! ». Nous portions tous le même genre d'habits : costumes sombres, chemises blanches et grandes écharpes noires}}<ref name="A160"/>.


Pour un album des Beatles, c'est la première pochette qui s'ouvre ; la suivante est celle de ''[[Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (album)|Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band]]'' en 1967. L'intérieur montre d'abord une image du groupe en noir et blanc, posant devant un montage photographique, puis une autre photo en noir et blanc, sur scène, lors de leur tournée américaine de l'automne 1964, dans leur costume-uniforme traditionnel. Le dos est orné d'une image du groupe, en couleur, prise par Robert Freeman, montrant leurs quatre têtes en gros plan.
Pour un album des Beatles, c'est la première pochette qui s'ouvre ; la suivante est celle de ''[[Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (album)|Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band]]'' en 1967. L'intérieur montre deux photos en noir et blanc. À droite, une image du groupe, posant devant un montage photographique sur le mur de la salle de visionnement du [[Twickenham Film Studios|studio Twickenham]], puis, à gauche, sur scène au [[Washington Coliseum]], prise le 11 février 1964<ref>http://wogew.blogspot.ca/2014/12/album-covers-beatles-for-sale.html</ref>, dans leur costume traditionnel. Le dos est orné d'une image en plongée du groupe, en couleur, toujours prise par Robert Freeman dans le parc.


Les notes de la pochette sont donc écrites par Derek Taylor, dans un style très imaginatif, comme en témoigne cet extrait : {{Citation|Lorsque, dans une génération ou plus, un enfant radioactif, fumant le cigare en pique-niquant sur Saturne, vous demandera ce qu'était cette « affaire Beatles », n'essayez pas de tout lui expliquer sur les cheveux longs et l'hystérie collective ! Faites-lui écouter quelques pistes de cet album et il comprendra probablement. Les enfants de l'an 2000 auront le même sentiment de bien-être et de chaleur que celui que nous éprouvons aujourd'hui}}<ref name="MH128"/>.
Les notes de la pochette sont donc écrites par Derek Taylor, dans un style très imaginatif, comme en témoigne cet extrait : {{Citation|Lorsque, dans une génération ou plus, un enfant radioactif, fumant le cigare en pique-niquant sur Saturne, vous demandera ce qu'était cette « affaire Beatles », n'essayez pas de tout lui expliquer sur les cheveux longs et l'hystérie collective ! Faites-lui écouter quelques pistes de cet album et il comprendra probablement. Les enfants de l'an 2000 auront le même sentiment de bien-être et de chaleur que celui que nous éprouvons aujourd'hui}}<ref name="MH128"/>.
==== En France ====
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La [[France]] effectue un effort de promotion spécial : l'album s'y nomme "Les Beatles 1965", le nom des Beatles apparaissant à gauche dans un dégradé du rouge au jaune, la photo de sa pochette est détachable et adhésive (et recouvre une photo différente imprimée sur la pochette, en noir et blanc, et la photo apparaît à travers un cercle découpé dans le carton de la pochette<ref>Elle ressemble à peu près à ceci : http://www.jpgr.co.uk/statb08_a.jpg</ref>
La [[France]] effectue un effort de promotion spécial : l'album s'y nomme « Les Beatles 1965 », le nom du groupe apparaissant une quarantaine de fois à gauche dans un dégradé du rouge au jaune. La photo originelle, inversée et adhésive, est insérée dans la pochette et sous cet encart se retrouve une photo différente, en noir et blanc. La pochette principale possède un cercle découpé dans le carton par lequel la photo est visible. Cette édition est très recherchée par les collectionneurs, surtout lorsque la photo amovible est toujours intacte<ref>http://lucyintheweb.net/collection/disco/osx/osx_228.php</ref>.

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== Parution et réception ==
== Parution et réception ==
=== Succès commercial ===
=== Succès commercial ===
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Parmi la [[discographie des Beatles|discographie britannique]] des Beatles, l'album est généralement le moins bien noté par la critique, bien qu'il reste apprécié, ne serait-ce qu'en raison du niveau élevé de toutes leurs productions et de la cohérence globale de leur carrière en studio. Comme l'explique [[Mark Lewisohn]], {{citation|le quatrième album des Beatles en {{unité|21|mois}} fit, bien sûr, un carton mondial. Alors que personne ne pourrait qualifier ce disque de « faible » — on ne peut attribuer cet adjectif particulier à aucun album des Beatles — il est généralement considéré comme leur… plus faible opus, bien que ce ne soit très probablement pas entièrement de leur faute}}<ref name="ML53"/>. De même, le journaliste [[Daniel Ichbiah]] parle de {{citation|l'album le moins brillant […], qui semble traduire le passage à vide d'un groupe fatigué par les concerts incessants}}, et ajoute qu'en réalité {{citation|''{{lang|en|Beatles for Sale}}'' est le premier album qui montre le nouveau style d'écriture de [[John Lennon|Lennon]]}}<ref>{{Harvsp|Daniel Ichbiah|2009|p=224}}</ref>.
Parmi la [[discographie des Beatles|discographie britannique]] des Beatles, l'album est généralement le moins bien noté par la critique, bien qu'il reste apprécié, ne serait-ce qu'en raison du niveau élevé de toutes leurs productions et de la cohérence globale de leur carrière en studio. Comme l'explique [[Mark Lewisohn]], {{citation|le quatrième album des Beatles en {{unité|21|mois}} fit, bien sûr, un carton mondial. Alors que personne ne pourrait qualifier ce disque de « faible » — on ne peut attribuer cet adjectif particulier à aucun album des Beatles — il est généralement considéré comme leur… plus faible opus, bien que ce ne soit très probablement pas entièrement de leur faute}}<ref name="ML53"/>. De même, le journaliste [[Daniel Ichbiah]] parle de {{citation|l'album le moins brillant […], qui semble traduire le passage à vide d'un groupe fatigué par les concerts incessants}}, et ajoute qu'en réalité {{citation|''{{lang|en|Beatles for Sale}}'' est le premier album qui montre le nouveau style d'écriture de [[John Lennon|Lennon]]}}<ref>{{Harvsp|Daniel Ichbiah|2009|p=224}}</ref>.


Au moment de sa sortie, l'album reçoit tout de même quelques bonnes critiques de la presse spécialisée. Derek Johnson écrit, dans le ''[[New Musical Express|{{lang|en|New Musical Express}}]]'' du 13 novembre 1964 : {{Citation|Avec la dernière production des Beatles, on en a pour son argent. Les chansons sont délirantes et irrésistibles, l'accent est mis tout du long sur le rythme. […] Les reprises figurent là dans un but précis : elles reflètent les débuts du groupe, lorsqu'il faisait hurler le public de la Cavern<ref name="mojo"/>.}} Chris Welch, du ''{{lang|en|[[Melody Maker]]}}'', note pour sa part : {{Citation|''{{lang|en|Beatles for Sale}}'' n'a pas fini de se vendre. Il est à la hauteur des attentes et va mettre à genoux les fans de pop, de rock, de R 'n' B, et ceux des Beatles…<ref name="mojo">{{Harvsp|Mojo|2005|id=mojo|p=148}}</ref>}}. Une autre critique de l'époque, parue dans le ''{{lang|en|[[Daily Mail]]}}'', met en lumière la qualité de la pochette : {{Citation|''Pas aussi bon'' (est-ce que j'ose le dire ?) que les trois premiers [albums du groupe], bien que la face A présente quelques superbes compositions de Lennon/McCartney, comme ''Baby's in Black''. [Il] vaut l'achat, pas parce que c'est « eux », mais parce que Robert Freeman a pris deux des plus incroyables photographies couleur des Beatles pour la pochette}}<ref>{{Harvsp|Tim Hill|2008|p=179}}</ref>.
Au moment de sa sortie, l'album reçoit tout de même quelques bonnes critiques de la presse spécialisée. Derek Johnson écrit, dans le ''[[New Musical Express|{{lang|en|New Musical Express}}]]'' du 13 novembre 1964 : {{Citation|Avec la dernière production des Beatles, on en a pour son argent. Les chansons sont délirantes et irrésistibles, l'accent est mis tout du long sur le rythme. […] Les reprises figurent là dans un but précis : elles reflètent les débuts du groupe, lorsqu'il faisait hurler le public de la Cavern<ref name="mojo"/>.}} Chris Welch, du ''{{lang|en|[[Melody Maker]]}}'', note pour sa part : {{Citation|''{{lang|en|Beatles for Sale}}'' n'a pas fini de se vendre. Il est à la hauteur des attentes et va mettre à genoux les fans de pop, de rock, de R 'n' B, et ceux des Beatles…<ref name="mojo">{{Harvsp|Mojo|2005|id=mojo|p=148}}</ref>}}. Une autre critique de l'époque, parue dans le ''{{lang|en|[[Daily Mail]]}}'', met en lumière la qualité de la pochette : {{Citation|''Pas aussi bon'' (est-ce que j'ose le dire ?) que les trois premiers [albums du groupe], bien que la face A présente quelques superbes compositions de Lennon/McCartney, comme ''Baby's in Black''. [Il] vaut l'achat, pas parce que c'est « eux », mais parce que Robert Freeman a pris deux des plus incroyables photographies couleur des Beatles pour la pochette}}<ref>{{Harvsp|Tim Hill|2008|p=179}}</ref>.


Avec le recul, Stephen Thomas Erlewine d'''[[Allmusic]]'', tout en accordant la note maximale à l'album, explique que la présence de reprises peut sembler être une régression. Il note également que la reprise de ''[[Mr. Moonlight|{{lang|en|Mr. Moonlight}}]]'', par Lennon, est très probablement {{citation|la pire chose que le groupe ait jamais enregistré}}<ref group="a">{{en}} [http://www.allmusic.com/cg/amg.dll?p=amg&sql=10:0ifrxz9sldke « ''{{lang|en|Beatles for Sale}}'' »], ''[[Allmusic]]''. Consulté le 4 octobre 2010.</ref>. L'album est également, avec ''[[Yellow Submarine (album)|{{lang|en|Yellow Submarine}}]]'', le seul album de la discographie britannique du groupe à ne pas figurer dans le classement des [[les 500 plus grands albums de tous les temps selon Rolling Stone|500 plus grands albums de tous les temps]] du magazine ''[[Rolling Stone]]''<ref group="a">{{en}} [http://www.rollingstone.com/music/lists/6862/35223 « ''Greatest Albums of All Time'' »], ''[[Rolling Stone]]''. Consulté le 4 octobre 2010.</ref>.
Avec le recul, Stephen Thomas Erlewine d'''[[AllMusic]]'', tout en accordant la note maximale à l'album, explique que la présence de reprises peut sembler être une régression. Il note également que la reprise de ''[[Mr. Moonlight|{{lang|en|Mr. Moonlight}}]]'', par Lennon, est très probablement {{citation|la pire chose que le groupe ait jamais enregistré}}<ref group="a">{{en}} [http://www.allmusic.com/cg/amg.dll?p=amg&sql=10:0ifrxz9sldke « ''{{lang|en|Beatles for Sale}}'' »], ''[[AllMusic]]''. Consulté le 4 octobre 2010.</ref>. L'album est également, avec ''[[Yellow Submarine (album)|{{lang|en|Yellow Submarine}}]]'', le seul album de la discographie britannique du groupe à ne pas figurer dans le classement des [[les 500 plus grands albums de tous les temps selon Rolling Stone|500 plus grands albums de tous les temps]] du magazine ''[[Rolling Stone]]''<ref group="a">{{en}} [https://www.rollingstone.com/music/lists/6862/35223 « ''Greatest Albums of All Time'' »], ''[[Rolling Stone]]''. Consulté le 4 octobre 2010.</ref>.


== Liste des chansons ==
== Liste des chansons ==


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== Fiche de production ==
== Fiche de production ==
'''The Beatles'''
'''The Beatles'''
* [[John Lennon]] [[guitare électrique]], [[guitare acoustique]], [[harmonica]], [[piano]], [[tambourin (musique)|tambourin]], [[chant]]
* [[John Lennon]] : [[guitare électrique]], [[guitare acoustique]], [[harmonica]], [[piano]], [[tambourin (musique)|tambourin]], [[chant]]
* [[Paul McCartney]] [[guitare basse]], guitare acoustique, piano, [[orgue Hammond]], chant
* [[Paul McCartney]] : [[guitare basse]], guitare acoustique, piano, [[orgue Hammond]], chant
* [[George Harrison]] guitare électrique, guitare acoustique, [[djembé]], chant
* [[George Harrison]] : guitare électrique, guitare acoustique, [[djembé]], chant sur ''Everybody's Trying To Be My Baby''
* [[Ringo Starr]] [[batterie (musique)|batterie]], [[timbales (musique classique)|timbales]], [[instrument de percussion|percussions]], chant
* [[Ringo Starr]] : [[batterie (musique)|batterie]], [[timbales (musique classique)|timbales]], [[instrument de percussion|percussions]], [[bongo]]s, chant sur ''Honey Don't''


'''Musicien additionnel'''
'''Musicien additionnel'''
* [[George Martin]] piano
* [[George Martin]] : piano électrique sur ''Rock And Roll Music'', orgue sur ''Mr. Moonlight'', production


'''Équipe technique'''
'''Équipe technique'''
* [[George Martin]] [[producteur de musique|production]], [[mixage audio|mixage]], [[arrangement (musique)|arrangements]]
* [[George Martin]] : [[Réalisateur artistique|production]], [[mixage audio|mixage]], [[arrangement (musique)|arrangements]]
* [[Norman Smith]] [[ingénieur du son]], mixage
* [[Norman Smith]] : [[ingénieur du son]], mixage
* [[Geoff Emerick]] assistant ingénieur
* [[Geoff Emerick]] : assistant ingénieur
* Ron Pender assistant ingénieur
* Ron Pender : assistant ingénieur
* [[Ken Scott (producteur)|Ken Scott]] assistant ingénieur
* [[Ken Scott (producteur)|Ken Scott]] : assistant ingénieur
* Mike Stone assistant ingénieur
* Mike Stone : assistant ingénieur


== Références ==
== Sources ==
=== Ouvrages ===
=== Références aux ouvrages ===
{{Références|colonnes=2}}
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=== Autres sources ===
=== Ouvrages ===
{{Références|groupe=a}}

== Annexes ==
=== Articles connexes ===
* [[Discographie des Beatles]]
* [[Beatlemania]]

=== Bibliographie ===
{{Article détaillé|contenu=Sont listés ici les ouvrages ayant servi à la rédaction de l'article. Pour une bibliographie plus complète sur les Beatles, vous pouvez consulter celle de l'[[The Beatles#Bibliographie|article principal]].}}
* {{ouvrage|langue=fr|auteur=The Beatles|titre=The Beatles Anthology|éditeur=Seuil|année=2000|pages totales=367|isbn=2-02-041880-0}}
* {{ouvrage|langue=fr|auteur=The Beatles|titre=The Beatles Anthology|éditeur=Seuil|année=2000|pages totales=367|isbn=2-02-041880-0}}
* {{ouvrage|langue=en|auteur=Geoff Emerick, Howard Massey|titre=Here, There and Everywhere|sous-titre=My Life Recording the Music of The Beatles|éditeur=Gotham Books|lieu=Londres|année=2006|isbn=978-1-592-40269-4}}
* {{ouvrage|langue=en|auteur=Geoff Emerick, Howard Massey|titre=Here, There and Everywhere|sous-titre=My Life Recording the Music of The Beatles|éditeur=Gotham Books|lieu=Londres|année=2006|isbn=978-1-592-40269-4}}
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* {{ouvrage|langue=fr|auteur=''[[Mojo (magazine)|Mojo]]'' sous la direction de Paul Trynka|traducteur=Isabelle Chelley et Jean-Pierre Sabouret|préface=[[Brian Wilson]]|titre=The Beatles, 1961–1970|sous-titre=dix années qui ont secoué le monde|éditeur=Tournon|année=2005|pages=456|isbn=2-914237-35-9|id=mojo}}
* {{ouvrage|langue=fr|auteur=''[[Mojo (magazine)|Mojo]]'' sous la direction de Paul Trynka|traducteur=Isabelle Chelley et Jean-Pierre Sabouret|préface=[[Brian Wilson]]|titre=The Beatles, 1961–1970|sous-titre=dix années qui ont secoué le monde|éditeur=Tournon|année=2005|pages=456|isbn=2-914237-35-9|id=mojo}}
* {{ouvrage|langue=fr|auteur=Steve Turner|titre=L'Intégrale Beatles : les secrets de toutes leurs chansons|éditeur=Hors Collection|année=1999|pages totales=288|isbn=2-258-06585-2}}
* {{ouvrage|langue=fr|auteur=Steve Turner|titre=L'Intégrale Beatles : les secrets de toutes leurs chansons|éditeur=Hors Collection|année=1999|pages totales=288|isbn=2-258-06585-2}}

=== Autres sources ===
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== Annexes ==
=== Articles connexes ===
* [[Discographie des Beatles]]
* [[Beatlemania]]
* ''[[Beatles '65]]''


=== Liens externes ===
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Dernière version du 28 avril 2024 à 00:34

Beatles for Sale

Album de The Beatles
Sortie
Enregistré 11 et 14 août,
29 et 30 septembre,
6, 18 et
Studios EMI, Londres
Durée 34 minutes (approx.)
Langue Anglais
Genre Folk rock
Pop rock
Rock 'n' roll
Format 33 tours
Producteur George Martin
Label Parlophone
Critique

Albums de The Beatles

Beatles for Sale est le quatrième album des Beatles, paru le au Royaume-Uni. Il est conçu alors que la Beatlemania bat son plein, dans la foulée de la sortie de l'album A Hard Day's Night. Selon la volonté du manager Brian Epstein et du producteur George Martin, le groupe doit, à cette époque, respecter un rythme de deux albums par an, le second devant paraître à temps pour les fêtes de fin d'année. Il est donc rapidement enregistré aux studios EMI, en sept journées de travail éparpillées entre août et octobre 1964.

Les Beatles ont alors acquis une popularité planétaire, ils sont harassés par les tournées internationales, les concerts quasi quotidiens et la folie qui les entoure, ce qui se reflète notamment dans la pochette et les thèmes sombres de leurs chansons.

Alors que toutes les chansons de A Hard Day's Night étaient signées Lennon/McCartney, Beatles for Sale est marqué par le retour des reprises de rock 'n' roll. Pressés par le temps, littéralement poussés vers les studios, les Fab Four enregistrent ici ce qui constitue leur répertoire de scène du moment, incluant six reprises et huit chansons originales, nouvellement composées ou plus anciennes. L'album innove cependant dans plusieurs sens, avec des chansons plus personnelles de la part de John Lennon, et le recours plus fréquent à des techniques de studio pour peaufiner les enregistrements.

En Grande-Bretagne, Beatles for Sale passe sept semaines en première place des hit-parades, délogeant A Hard Day's Night du sommet, et reste quarante-six semaines en tout dans les classements. Il ne paraît pas sous cette forme aux États-Unis : onze jours après la version britannique, il est édité par Capitol Records avec une pochette, une liste de chansons et un nom différents, Beatles '65. De plus, certains titres n'apparaissent que sur l'album suivant, Beatles VI. Ce qui n'empêchera pas les deux albums, sortis à un mois d'intervalle, de rester à la première place du Billboard, pendant plusieurs semaines de suite.

En France, le disque, calqué, comme à l'habitude, sur la version britannique, est baptisé « Les Beatles 1965 »[1], et dans une double pochette contenant la photo de couverture sur support adhésif. En dessous se trouve une photo des Beatles en noir et blanc.

Historique[modifier | modifier le code]

Contexte[modifier | modifier le code]

L'enregistrement de Beatles for Sale se fait en pleine Beatlemania, alors que le groupe enchaîne les tournées et les obligations contractuelles.

Beatles for Sale est enregistré et publié durant la deuxième moitié de l'année 1964, alors que la Beatlemania bat son plein. Le groupe a en effet acquis, l'année précédente, une très forte notoriété dans une grande partie du monde, et a finalement conquis le public américain lors de son passage au Ed Sullivan Show, le 9 février 1964, qui a battu le record d'audience pour une émission télévisée[2]. Cette popularité est bien représentée par le texte qui accompagne l'album, affirmant que les Fab Four sont « la plus grande attraction que le monde ait jamais connue »[3].

En 1964, l'agenda des Beatles est plein : les tournées mondiales, les apparitions télévisées et les réceptions s'enchaînent à un rythme effréné.

« Quand on regarde leur emploi du temps entre fin 1963 et fin 1964, on se rend compte que c'était vraiment incroyable. En plus des tournées, des disques et du film, ils ont fait une émission de Noël et toutes les émissions de télé : Top of the Pops, Thank Your Lucky Stars, Ready, Steady, Go, Around the Beatles, et aussi toutes les émissions de radio de la BBC. Ça n'arrêtait jamais. »

— Neil Aspinall[4]

Le début de l'année a ainsi vu la première incursion du groupe au cinéma, avec le film A Hard Day's Night, réalisé par Richard Lester. L'album du même nom, qui constitue la bande originale du film, est pour sa part sorti en juillet et a été plébiscité par la critique. Il s'agit par ailleurs du premier album du groupe dont toutes les chansons sont originales et signées Lennon/McCartney[5].

Peu après la sortie de cet album, Brian Epstein, manager du groupe, souhaite publier un nouvel opus pour les fêtes de Noël, maintenant ainsi la cadence de deux albums par an. C'est donc un groupe, harassé et fatigué par l'hystérie collective qu'il provoque, qui enregistre Beatles for Sale. Pour leur producteur, il ne s'agit assurément pas de leur œuvre la plus marquante :

« Ils ont enregistré Beatles for Sale de guerre lasse. Il faut dire qu'ils étaient entraînés sur un rythme de folie depuis 1963 et durant toute l'année 1964. Le succès est une chose merveilleuse, mais très, très fatigante. Ils étaient toujours en mouvement. […] Beatles for Sale ne fait pas partie de leurs disques les plus mémorables, mais ils ont repris du poil de la bête après ça. »

— George Martin[6],[7]

Néanmoins, à ce stade de leur carrière, les Beatles (surnommés le « monstre à quatre têtes ») sont au sommet de leur unité et de leur cohésion, ne manquent pas d'énergie et s'amusent beaucoup, vivant encore avec bonheur et satisfaction leur récent statut de stars internationales, plus pour très longtemps cependant[8].

Enregistrement[modifier | modifier le code]

Beatles for Sale est enregistré sur une période de sept jours non consécutifs, le calendrier devant être morcelé du fait des engagements du groupe sur scène. Les sessions se déroulent les 11 et 14 août, à la fin d'une tournée en Angleterre et en Suède ; les 29 et 30 septembre, au retour de la seconde tournée américaine du groupe ; et les 6, 18 et 26 octobre 1964, au cours d'un programme de 27 concerts à travers le Royaume-Uni[a 1]. Elles se déroulent entièrement aux studios EMI, sur Abbey Road, à Londres[9].

Les Beatles sont pressés par le temps et, en raison du court délai entre la sortie de A Hard Day's Night et la production du nouvel album, se retrouvent en manque de matériel. Ils se résignent à enregistrer une sélection de six reprises qu'ils interprètent depuis l'époque du Cavern Club, et presque quotidiennement sur scène cette année-là[10],[11]. John Lennon et Paul McCartney ajoutent à l'album huit chansons originales, pour un total de quatorze titres. Parmi les nouveautés proposées, certaines font déjà partie du répertoire du groupe depuis de nombreuses années, comme I'll Follow the Sun, que le groupe jouait à l'époque de ses concerts au Cavern[12]. L'enregistrement est, de fait, simplifié pour toutes ces chansons.

« Pour cet album-là, on n'a répété que les nouvelles chansons. On avait si souvent joué sur scène des choses comme Honey Don't ou Everybody's Trying to Be My Baby, qu'il suffisait de trouver la bonne couleur sonore et de les enregistrer. »

— George Harrison[13]

D'autres chansons composées pour l'album, telles que I'm a Loser, Eight Days a Week ou I Feel Fine — finalement parue en single — nécessitent plus de travail et de répétitions. Le groupe, qui enregistre désormais avec un magnétophone à quatre pistes - et non plus sur les deux-pistes utilisés pour les premiers albums en 1963[a 2] - se montre par ailleurs plus inventif sur le plan musical. Il se détache progressivement du rock 'n' roll classique pour ajouter des effets à ses morceaux, tels que le fade in introduisant et concluant Eight Days a Week ou l'effet Larsen de I Feel Fine[14]. Ceci nécessite un travail de studio plus élaboré, auquel le groupe commence à prendre goût. Ces retouches ne servaient auparavant qu'à corriger les erreurs commises durant l'enregistrement ; avec Beatles for Sale, les Beatles commencent à s'intéresser à cet aspect de la production et à lui trouver de nouvelles applications[a 2].

« On commençait à faire quelques overdubs avec un quatre-pistes. Et George Martin suggérait quelques modifications. Pas trop, mais il faisait toujours partie intégrante de l'ensemble. »

— George Harrison[13]

Sessions d'août[modifier | modifier le code]

Vingt-quatre heures après un concert à Scarborough[a 1], les Beatles entrent en studio très tard dans la soirée du 11 août 1964 pour commencer les sessions de Beatles for Sale. La seule chanson enregistrée lors de cette session est Baby's in Black. Quinze prises sont mises en boîte, mais seulement cinq sont complètes, puisque la plupart consistent à travailler le riff d'ouverture joué par George Harrison. Cet enregistrement constitue un bel exemple du changement dans les rapports entre les Beatles et leur producteur, à cette époque ; après quatorze tentatives, Harrison arrive enfin à un résultat satisfaisant, et George Martin se contente de demander « Vous voulez vraiment que ça débute ainsi ? », alors qu'en 1963, il aurait lui-même décidé de la façon de jouer[15].

Trois jours plus tard, la veille d'un concert à Blackpool dans le cadre de leur tournée en Suède et en Grande-Bretagne[a 1], les Beatles enregistrent trois chansons, I'm a Loser, Mr. Moonlight et Leave My Kitten Alone[11]. La première est bouclée en huit prises, mais seulement quatre sont complètes. Les deux autres sont des reprises. Mr. Moonlight (à la suite de la version de Piano Red datant de 1962) est enregistrée sans les percussions ni l'orgue Hammond, ajoutés dans une session ultérieure[11]. Quant à Leave My Kitten Alone, un morceau de Little Willie John datant de 1959, il est correctement enregistré, mais les Beatles ne semblent pas satisfaits de leur interprétation, puisqu'il est exclu de l'album et remplacé par Mr. Moonlight. Cette décision sera, plus tard, qualifiée d'erreur de jugement par plusieurs auteurs, notamment Mark Herstgaard[16] et Mark Lewisohn[11], qui considèrent la version enregistrée de Leave My Kitten Alone bien meilleure que celle de Mr. Moonlight.

Sessions de septembre[modifier | modifier le code]

Les Beatles ont achevé leur seconde tournée triomphale de 25 concerts aux États-Unis et au Canada, le 20 septembre à New York[a 1]. Le 23 août, leur prestation au Hollywood Bowl de Los Angeles a été enregistrée par George Martin en vue d'une publication future, qui n'a lieu que treize ans plus tard, en 1977[11]. Le 29 septembre, le groupe est de retour dans le studio no 2 d'Abbey Road pour poursuivre l'enregistrement de son nouvel album[17]. Ce jour-là, entre 14 h 30 et 18 h 30, ils mettent en boîte trois compositions signées Lennon/McCartney : Every Little Thing en quatre prises, I Don't Want to Spoil the Party en 19 prises (dont seulement cinq s'avèrent complètes et utilisables), ainsi que la base rythmique de What You're Doing, en retenant pour plus tard la septième prise[17].

Le lendemain, les Beatles se remettent au travail sur Every Little Thing, où Ringo Starr joue des timbales pour la première fois, et What You're Doing, pour laquelle ils ne trouvent toujours pas la bonne formule. Ils enregistrent quatre prises qui ne servent à rien[17]. Enfin, ils jouent et complètent No Reply dans la même session. La voix de John Lennon commençant à sérieusement fatiguer, c'est Paul McCartney qui se charge de faire l'harmonie vocale dans les aigus[17]. Voila une journée où le groupe s'amuse beaucoup, les différentes prises étant pleines de facéties diverses, comme on peut l'entendre dans la version de No Reply proposée sur le disque Anthology 1[a 3].

Sessions d'octobre[modifier | modifier le code]

Beatles for Sale est enregistré au cours de sept sessions aux studios EMI de Londres, sur Abbey Road.

La majorité de l'album est enregistrée en trois sessions durant le mois d'. Le , jour du 24e anniversaire de John Lennon, les Fab Four doivent entamer une grande tournée à travers tout le Royaume-Uni. Trois jours auparavant, ils sont à Abbey Road pour mettre sur bande un nouveau titre, Eight Days a Week. Lors de l'enregistrement du , ce qui va constituer l'innovation majeure de cette chanson appelée à connaître un grand succès (no 1 aux États-Unis), c'est-à-dire l'entrée et la sortie en fondu (fade in et fade out), n'est pas encore à l'ordre du jour. Les Beatles s'essaient d'abord à une introduction en chœur, modulant plusieurs fois des « ooooohh » sur fond de guitare acoustique[17], comme on peut l'entendre sur le disque Anthology 1[a 4]. Ils répètent également ce jour-là une nouvelle composition de John Lennon, I Feel Fine[17].

Le , à la veille de leur prestation publique au cinéma Gaumont de Bradford, en ouverture de leur tournée d'automne[a 1], She's a Woman est rapidement mise en boîte. Destinée à occuper la face B du single I Feel Fine, cette chanson de Paul McCartney ne figure pas sur Beatles for Sale[17].

La session d'enregistrement la plus productive de l'album a lieu le , pendant une pause de 24 heures entre un concert à Kingston-upon-Hull et un autre à Édimbourg[18],[a 1]. Le groupe est en grande forme, plein d'énergie, heureux et, comme le note Geoff Emerick, « c'est sans doute que leur tournée se passait vraiment bien »[19]. Le jeune ingénieur du son, encore assistant lors de cette séance, la considère comme « une des meilleures de la carrière du groupe »[19]. Les Beatles commencent par de nouveaux essais pour l'introduction et le final de Eight Days a Week, qui ne s'avèrent pas concluants. L'idée du démarrage en fondu naît alors, et est appliquée au cours d'une séance de mixage, plus tard dans le mois[18].

Ils s'attaquent ensuite à leur reprise en pot-pourri de deux titres, Kansas City et Hey, Hey, Hey, Hey, expédiée en deux prises. La première étant la meilleure, ce titre vigoureusement chanté par Paul McCartney, accompagné par le chœur des trois autres Beatles, devient une nouvelle « performance en une seule prise » du groupe, à laquelle George Martin ajoute une partie de piano[18]. Dans la foulée, les Beatles se remettent à l'ouvrage sur Mr. Moonlight, qu'ils complètent en quatre prises, avec un overdub d'orgue Hammond joué par Paul McCartney[18].

La suite est entrée dans l'histoire du rock. Par la baie vitrée de la salle de contrôle, Geoff Emerick aperçoit, interloqué, John Lennon coller sa guitare, volume tourné à fond, contre le haut-parleur de son amplificateur. Il est en train d'en tirer un effet de feedback qu'il a l'idée d'utiliser en introduction de sa chanson I Feel Fine[19]. Ce que la presse britannique qualifie d'« accident électronique »[18] est, en fait, un bruitage délibéré qui rend Lennon particulièrement fier de son « effet ». Selon lui, c'est bien la première fois - et plusieurs années avant Jimi Hendrix et les Who - que l'on entend du larsen sur un disque de rock[13],[20]. I Feel Fine, futur no 1 des deux côtés de l'Atlantique et destiné à être publié en single, n'apparaît pas sur l'album en préparation.[réf. souhaitée]

Les Beatles enregistrent ensuite une vieille chanson de Paul McCartney, I'll Follow the Sun. Ce n'est que sur la huitième et dernière prise, celle qui est conservée, que le pont du morceau comprend un solo de guitare électrique joué par George Harrison[18]. Les choses s'accélèrent dans la foulée. Les standards de rock, Everybody's Trying to Be My Baby, sur lequel le chant de Harrison est traité avec de l'écho, et Rock and Roll Music (morceau que les Beatles interprètent du début à la fin de leur carrière scénique), avec George Martin au piano, sont mis en boîte live en une seule prise[18]. La petite équipe qui s'affaire dans le studio no 2 d'Abbey Road achève la journée avec la reprise de Words of Love de Buddy Holly. Là aussi, entre performance directe et overdubs, seules trois prises s'avèrent nécessaires[18].

Enfin, un nouveau jour libre au milieu de la tournée britannique d'automne, le dimanche 26 octobre, permet au groupe d'en finir avec l'enregistrement de l'album après avoir, pour la première fois, participé à la séance de mixage des titres déjà mis en boîte, ce qui marque une évolution importante de son travail en studio[21]. Le temps de se mettre en place, et Ringo Starr chante Honey Don't. C'est habituellement John Lennon qui l'exécute sur scène, mais ce titre a été choisi pour être la traditionnelle « chanson de Ringo » du disque, puisqu'il correspond bien à sa tessiture vocale limitée[21]. Reste enfin à refaire définitivement What You're Doing pour en terminer avec Beatles for Sale, avant d'enregistrer, dans un grand éclat de rire, Jingle Bells et les messages de vœux pour le flexi disc de Noël, cadeau réservé aux 65 000 membres du fan club britannique[21],[a 5].

Du , au , le mixage des chansons est effectué par George Martin, Norman Smith et Ken Scott, avec la participation des Beatles[21]. Pour la session de remixage en stéréo, le , le biographe Mark Lewisohn note : « Il ne doit pas exister beaucoup d'albums, réalisés de nos jours, qui contiennent autant de titres remixés en stéréo en seulement une demi-heure. En comparant avec le temps passé pour les mixes mono, il est facile de comprendre quel format était le plus important en 1964 »[7].

Caractéristiques artistiques[modifier | modifier le code]

Analyse musicale[modifier | modifier le code]

Avec Beatles for Sale, John Lennon commence à s'inspirer des chansons de Bob Dylan pour ses propres travaux d'écriture.

Bien qu'il marque un retour en arrière pour ce qui est du nombre de chansons signées Lennon/McCartney, Beatles for Sale est un album qui amorce l'évolution artistique des compositions du tandem. On y trouve en effet plusieurs titres qui se distinguent de leurs créations précédentes. Ainsi, I'm a Loser est une chanson qui marque l'inspiration croissante que puise John Lennon dans les textes de Bob Dylan. Avec cette composition, Lennon s'éloigne de la thématique classique de l'amour, au profit de textes plus personnels[22]. No Reply, qui ouvre l'album est, selon l'éditeur des chansons du groupe, Dick James, « la première chanson [de Lennon] qui ait une fin »[23]. De même, I Don't Want to Spoil the Party est une autre chanson introspective de Lennon, qui exprime son désarroi face à sa nouvelle vie, en pleine Beatlemania. Il regrette en effet de devoir toujours avoir l'air heureux en public[23]. Enfin, Baby's in Black est la première composition que Lennon et McCartney composent vraiment ensemble depuis I Want to Hold Your Hand, un an plus tôt[24].

Les autres compositions originales sont plus classiques : Every Little Thing, écrite par Paul McCartney, vante les qualités de sa petite amie de l'époque, l'actrice Jane Asher, tandis que What You're Doing est une chanson au thème assez classique, bien que le groupe ait recours à de nouvelles techniques en studio pour l'étoffer, avec un fondu et l'ajout d'un piano[25]. Une autre composition de McCartney est I'll Follow the Sun. Cette chanson annonce son talent de compositeur de ballades. Il ne s'agit pas, cependant, d'une composition récente : écrite en 1959, elle a fait partie du répertoire du groupe pendant plusieurs années avant son enregistrement[26].

Les six autres morceaux de l'album sont des reprises. Deux créations de Carl Perkins, Honey Don't et Everybody's Trying to Be My Baby, sont chantées respectivement par Ringo Starr et George Harrison. Words of Love, écrite par Buddy Holly et chantée en chœur par Lennon et McCartney, fait partie du répertoire du groupe depuis quelques années. L'album comprend également un pot-pourri de Kansas City - un standard du rhythm and blues écrit en 1951 par Jerry Leiber et Mike Stoller - et de Hey, Hey, Hey, Hey de Little Richard, dont Paul McCartney est un grand fan[19]. La chanson Rock and Roll Music, de Chuck Berry, hommage à cette musique qui est à l'origine de la création du groupe, est interprétée par Lennon et reste un classique des Beatles sur scène, souvent joué en introduction de leurs concerts, jusqu'à leur ultime tournée à l'été 1966. Lennon chante également Mr. Moonlight, souvent considérée comme une des moins bonnes pistes enregistrées par le groupe[11],[16].

Pochette[modifier | modifier le code]

Pour la pochette de l'album, les Beatles se sont fait photographier à Hyde Park durant l'automne.

La période de folie que traversent les Beatles, autant que les thèmes moins joyeux des chansons, se reflètent dans la pochette de Beatles for Sale. Le titre « Beatles à vendre » évoque clairement le but commercial, ainsi que la fatigue, « comme si personne n'avait eu l'énergie de trouver mieux »[3]. Derek Taylor, l'attaché de presse du groupe, précise toutefois, dans les notes de pochette : « Les [Beatles] eux-mêmes ne sont pas à vendre. Et même si le bruit de l'argent parle fort, il ne parle pas assez fort pour ça. Mais vous pouvez acheter cet album ! »[réf. souhaitée]

La photo de couverture, en couleur, montre les membres du groupe avec une mine un peu lasse, dans une scène automnale photographiée à Hyde Park près du Albert Memorial[27]. Paul McCartney se souvient toutefois de séances agréables : « La photo de l'album, réalisée par Robert Freeman, était vraiment sympa. Ça a été facile. Nous avons posé environ deux heures, avec comme résultat de bonnes planches à utiliser. Le photographe n'avait qu'à nous dire « Montrez-vous ! ». Nous portions tous le même genre d'habits : costumes sombres, chemises blanches et grandes écharpes noires »[13].

Pour un album des Beatles, c'est la première pochette qui s'ouvre ; la suivante est celle de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band en 1967. L'intérieur montre deux photos en noir et blanc. À droite, une image du groupe, posant devant un montage photographique sur le mur de la salle de visionnement du studio Twickenham, puis, à gauche, sur scène au Washington Coliseum, prise le 11 février 1964[28], dans leur costume traditionnel. Le dos est orné d'une image en plongée du groupe, en couleur, toujours prise par Robert Freeman dans le parc.

Les notes de la pochette sont donc écrites par Derek Taylor, dans un style très imaginatif, comme en témoigne cet extrait : « Lorsque, dans une génération ou plus, un enfant radioactif, fumant le cigare en pique-niquant sur Saturne, vous demandera ce qu'était cette « affaire Beatles », n'essayez pas de tout lui expliquer sur les cheveux longs et l'hystérie collective ! Faites-lui écouter quelques pistes de cet album et il comprendra probablement. Les enfants de l'an 2000 auront le même sentiment de bien-être et de chaleur que celui que nous éprouvons aujourd'hui »[6].

En France[modifier | modifier le code]

La France effectue un effort de promotion spécial : l'album s'y nomme « Les Beatles 1965 », le nom du groupe apparaissant une quarantaine de fois à gauche dans un dégradé du rouge au jaune. La photo originelle, inversée et adhésive, est insérée dans la pochette et sous cet encart se retrouve une photo différente, en noir et blanc. La pochette principale possède un cercle découpé dans le carton par lequel la photo est visible. Cette édition est très recherchée par les collectionneurs, surtout lorsque la photo amovible est toujours intacte[29].

Parution et réception[modifier | modifier le code]

Succès commercial[modifier | modifier le code]

Le 27 novembre, les deux premiers titres issus des sessions d'enregistrement de Beatles for Sale sont publiés en single : I Feel Fine/She's a Woman, énorme succès qui dépasse le million de copies vendues en une semaine aux États-Unis, et plus de 800 000 en Grande-Bretagne en cinq jours, franchissant aussi la barre du million le 9 décembre[7]. À ce moment-là, Beatles for Sale est déjà dans les bacs en Europe. Quant à la chanson Eight Days a Week, elle est éditée en single seulement sur le marché américain (avec I Don't Want to Spoil the Party en face B) et atteint, elle aussi, la première place des ventes, en mars 1965, devenant le sixième no 1 d'affilée du groupe aux États-Unis[a 6].

Un mois avant sa parution, le nombre de pré-commandes du nouvel album s'élève à 750 000, à l'époque la plus grosse pré-vente de l'histoire de l'industrie du disque. Ce n'est pas la dernière fois que le groupe bat ce genre de records, jusqu'à son dernier album, commercialisé juste après sa séparation, Let It Be[30]. Paru le 4 décembre 1964, Beatles for Sale détrône son prédécesseur, A Hard Day's Night, du sommet des hit-parades britanniques[a 7]. L'album ne paraît pas aux États-Unis : Capitol Records y publie en effet, au grand dam du groupe, des albums différents, afin de correspondre aux standards américains. Une première sélection de titres est publiée à la mi-décembre, sous le titre Beatles '65, groupés avec un morceau du A Hard Day's Night britannique et avec les deux titres du single I Feel Fine/She's a Woman. Les chansons restantes de Beatles for Sale paraissent aux États-Unis sur l'album Beatles VI, avec certains titres du Help! britannique.

Deux EPs au succès mitigé sont également publiés au Royaume-Uni en réutilisant les chansons de l'album. Il s'agit de Beatles for Sale, paru le 6 avril 1965, et de Beatles for Sale (No. 2), en vente le 4 juin[31].

Accueil critique[modifier | modifier le code]

Parmi la discographie britannique des Beatles, l'album est généralement le moins bien noté par la critique, bien qu'il reste apprécié, ne serait-ce qu'en raison du niveau élevé de toutes leurs productions et de la cohérence globale de leur carrière en studio. Comme l'explique Mark Lewisohn, « le quatrième album des Beatles en 21 mois fit, bien sûr, un carton mondial. Alors que personne ne pourrait qualifier ce disque de « faible » — on ne peut attribuer cet adjectif particulier à aucun album des Beatles — il est généralement considéré comme leur… plus faible opus, bien que ce ne soit très probablement pas entièrement de leur faute »[7]. De même, le journaliste Daniel Ichbiah parle de « l'album le moins brillant […], qui semble traduire le passage à vide d'un groupe fatigué par les concerts incessants », et ajoute qu'en réalité « Beatles for Sale est le premier album qui montre le nouveau style d'écriture de Lennon »[32].

Au moment de sa sortie, l'album reçoit tout de même quelques bonnes critiques de la presse spécialisée. Derek Johnson écrit, dans le New Musical Express du 13 novembre 1964 : « Avec la dernière production des Beatles, on en a pour son argent. Les chansons sont délirantes et irrésistibles, l'accent est mis tout du long sur le rythme. […] Les reprises figurent là dans un but précis : elles reflètent les débuts du groupe, lorsqu'il faisait hurler le public de la Cavern[33]. » Chris Welch, du Melody Maker, note pour sa part : « Beatles for Sale n'a pas fini de se vendre. Il est à la hauteur des attentes et va mettre à genoux les fans de pop, de rock, de R 'n' B, et ceux des Beatles…[33] ». Une autre critique de l'époque, parue dans le Daily Mail, met en lumière la qualité de la pochette : « Pas aussi bon (est-ce que j'ose le dire ?) que les trois premiers [albums du groupe], bien que la face A présente quelques superbes compositions de Lennon/McCartney, comme Baby's in Black. [Il] vaut l'achat, pas parce que c'est « eux », mais parce que Robert Freeman a pris deux des plus incroyables photographies couleur des Beatles pour la pochette »[34].

Avec le recul, Stephen Thomas Erlewine d'AllMusic, tout en accordant la note maximale à l'album, explique que la présence de reprises peut sembler être une régression. Il note également que la reprise de Mr. Moonlight, par Lennon, est très probablement « la pire chose que le groupe ait jamais enregistré »[a 8]. L'album est également, avec Yellow Submarine, le seul album de la discographie britannique du groupe à ne pas figurer dans le classement des 500 plus grands albums de tous les temps du magazine Rolling Stone[a 9].

Liste des chansons[modifier | modifier le code]

Toutes les chansons sont écrites et composées par John Lennon et Paul McCartney, sauf mention contraire.

Face 1
NoTitreAuteurChant principalDurée
1.No ReplyJohn Lennon2:15
2.I'm a LoserJohn Lennon2:30
3.Baby's in BlackJohn Lennon, Paul McCartney2:05
4.Rock and Roll MusicChuck BerryJohn Lennon2:30
5.I'll Follow the SunPaul McCartney1:49
6.Mr. MoonlightRoy Lee Johnson (en)John Lennon2:38
7.Kansas City/Hey, Hey, Hey, HeyJerry Leiber, Mike Stoller/Little RichardPaul McCartney2:38
Face 2
NoTitreAuteurChant principalDurée
8.Eight Days a WeekJohn Lennon, Paul McCartney2:44
9.Words of LoveBuddy HollyJohn Lennon, Paul McCartney2:04
10.Honey Don'tCarl PerkinsRingo Starr2:58
11.Every Little ThingJohn Lennon, Paul McCartney2:04
12.I Don't Want to Spoil the PartyJohn Lennon, Paul McCartney2:35
13.What You're DoingPaul McCartney2:30
14.Everybody's Trying to Be My BabyCarl PerkinsGeorge Harrison2:26

Fiche de production[modifier | modifier le code]

The Beatles

Musicien additionnel

  • George Martin : piano électrique sur Rock And Roll Music, orgue sur Mr. Moonlight, production

Équipe technique

Sources[modifier | modifier le code]

Références aux ouvrages[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • The Beatles, The Beatles Anthology, Seuil, , 367 p. (ISBN 2-02-041880-0)
  • (en) Geoff Emerick, Howard Massey, Here, There and Everywhere : My Life Recording the Music of The Beatles, Londres, Gotham Books, (ISBN 978-1-592-40269-4)
  • Mark Herstgaard, Abbey Road : l'Art des Beatles, Stock, , 498 p. (ISBN 2-234-04480-4)
  • Tim Hill, The Beatles : Quatre garçons dans le vent, Paris, Place des Victoires, , 448 p. (ISBN 978-2-84459-199-9)
  • Daniel Ichbiah, Et Dieu créa les Beatles, Les Cahiers de l'Info, , 293 p. (ISBN 978-2-9166-2850-9)
  • (en) Mark Lewisohn, The Beatles Recording Sessions, New York, Harmony Books, , 204 p. (ISBN 0-517-57066-1)
  • (en) Ian MacDonald, Revolution in the Head, New York, Henry Holt & Corporation, , 544 p. (ISBN 0-8050-2780-7)
  • Mojo sous la direction de Paul Trynka (trad. Isabelle Chelley et Jean-Pierre Sabouret, préf. Brian Wilson), The Beatles, 1961–1970 : dix années qui ont secoué le monde, Tournon, , 456 p. (ISBN 2-914237-35-9)
  • Steve Turner, L'Intégrale Beatles : les secrets de toutes leurs chansons, Hors Collection, , 288 p. (ISBN 2-258-06585-2)

Autres sources[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f (en) « The Beatles on Tour 1963 to 1966 », Dave Dermon, 2008. Consulté le 25 septembre 2010.
  2. a et b Livret de l'album Beatles for Sale, Apple, 2009, p. 18
  3. Anthology 1 (disque 2, piste 23), 1995, prise 2 de No Reply.
  4. Anthology 1 (disque 2, pistes 24 et 25), 1995, prises 1, 2, 4 et 5 d'Eight Days a Week.
  5. (en) « The Beatles UK Flexidiscs – Another Beatles Chrismas Record (1964) », Masanori Yokono. Consulté le 4 octobre 2010.
  6. (en) « Semaine du 13 mars 1965 », Billboard Hot 100. Consulté le 6 octobre 2010.
  7. (en) « Beatles for Sale », The Complete Beatles U.K. Discography, 2001. Consulté le 25 septembre 2010.
  8. (en) « Beatles for Sale », AllMusic. Consulté le 4 octobre 2010.
  9. (en) « Greatest Albums of All Time », Rolling Stone. Consulté le 4 octobre 2010.

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]