« Misogynie » : différence entre les versions

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La '''misogynie''' est un terme désignant un sentiment de mépris ou d'hostilité à l'égard des femmes motivé par leur sexe. C'est l'[[Antonymie|antonyme]] de [[philogynie]]. Dans certains cas, elle peut se manifester par des comportements violents de nature verbale, physique ou sexuelle, pouvant dans des cas extrêmes aller jusqu’au meurtre. Le terme est [[Sémantique|sémantiquement]] [[Antonymie|antonymique]] à celui de [[misandrie]] (sentiment de mépris ou d'hostilité à l'égard d'un ou des [[hommes]]). Ce sentiment est ressenti par certains hommes et, à un degré beaucoup moindre, par certaines femmes<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Comment expliquer la misogynie féminine ? |url=https://usbeketrica.com/fr/article/comment-expliquer-la-misogynie-feminine |site=usbeketrica.com |consulté le=2024-04-28}}</ref>.
{{ébauche|psychologie|sociologie|femmes}}
La '''misogynie''' (du [[grec ancien]] μῖσος / ''mîsos'', « haine » ; et du [[Préfixe (linguistique)|préfixe]] gyno-, « femme, femelle ») est un terme désignant un sentiment de mépris ou d'hostilité à l'égard des femmes motivé par leur sexe biologique. Dans certains cas, elle peut se manifester par des comportements violents de nature verbale, physique ou sexuelle, pouvant dans des cas extrêmes aller jusqu’au meurtre. La misogynie peut se manifester au sein des deux genres (hommes et femmes). Le terme est sémantiquement [[Antonymie|antonymique]] à celui de [[misandrie]] (sentiment de mépris ou d'hostilité à l'égard d'un ou des hommes). Dans certaines analyses féministes, la misogynie s’inscrirait dans un contexte d’oppression systémique et [[Patriarcat (sociologie)|patriarcal]]. Tout comme la [[misandrie]], la misogynie est une forme de [[sexisme]].


[[Image:G-Antimachos.jpg|thumb|Graffiti anonyme à [[Bucarest]] (2013) : "Nous conchions les misogynes"]]
[[Image:G-Antimachos.jpg|thumb|Graffiti anonyme à [[Bucarest]] (2013) : {{"|Nous conchions les misogynes}}.]]


== Étymologie ==
== Étymologie ==
Le mot ''misogynie'' vient du [[grec ancien]] ''misosgyné''. Il est formé de deux mots grecs anciens ''μῖσος'' (misos) (haine) et de ''γυνή'' (gyné) (femme)<ref name="Godin_p810">Godin, {{p.|810}}</ref>.
Le mot ''misogynie'' vient du [[grec ancien]] ''misosgyné''. Il est formé des deux mots en [[grec ancien]] {{grec ancien|μῖσος|mîsos}}, « haine » et {{grec ancien|γυνή|gunế}}, « femme »<ref name="Godin_p810">Godin, {{p.|810}}.</ref>.


Dans son ''Dictionnaire de philosophie'', [[Christian Godin]] donne deux sens au mot misogynie :
Dans son ''Dictionnaire de philosophie'', [[Christian Godin]] donne deux sens au mot misogynie :
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La misogynie peut passer inaperçue à la conscience lorsqu'elle est portée par le [[langage]]. Dans la langue française, par exemple, on peut remarquer que le mot « homme » peut être porteur d'ambiguïté car il est plurivoque étant donné qu'il désigne à la fois l'individu de sexe masculin et le genre humain, où le mot homme est synonyme de « les hommes » dans leur ensemble et désigne l'humanité entière, hommes et femmes.
La misogynie peut passer inaperçue à la conscience lorsqu'elle est portée par le [[langage]]. Dans la langue française, par exemple, on peut remarquer que le mot « homme » peut être porteur d'ambiguïté car il est plurivoque étant donné qu'il désigne à la fois l'individu de sexe masculin et le genre humain, où le mot homme est synonyme de « les hommes » dans leur ensemble et désigne l'humanité entière, hommes et femmes.


Initialement, la règle qui prévalait pour les accords grammaticaux était la règle de proximité, puis, au {{XVIIe}} siècle, les grammairiens ont progressivement masculinisé l'écriture en édictant que « le masculin l'emporte sur le féminin », et font ou tentent de faire disparaître des mots désignant les femmes (autrice, médecine, compositrice, etc.)<ref name="ARTFIG00027">{{Lien web |langue=fr |titre=Eliane Viennot: «La langue française n'est pas misogyne» |url=https://www.lefigaro.fr/langue-francaise/actu-des-mots/2018/11/19/37002-20181119ARTFIG00027-eliane-viennot-la-langue-francaise-n-est-pas-misogyne.php |site=lefigaro.fr|date=2018-11-19 |consulté le=2021-11-03}}.</ref>. En 1984, l'Académie française réfute l'existence du [[Genre grammatical|masculin]] et du féminin, qu'elle préférerait voir appeler respectivement « genre non marqué » et « genre marqué », le premier pouvant désigner tout groupe d'hommes, mixte ou de femmes, le second exclusivement les femmes. Cette position s'appuie selon des autrices féministes sur {{Citation|certains arguments sans aucun fondement linguistique. Ils relèvent d’une position idéologique sous-jacente et parfois inconsciente de la dévaluation du féminin. Les noms d’humains, par exemple, sauf rares exceptions, alternent tous en genre selon le sexe, et la théorie du « genre non marqué » est éminemment discutable}}. Elle pose la question de la misogynie de l'Académie française<ref>{{Article |langue=fr |prénom1=Fabienne |nom1=Baider |prénom2=Edwige |nom2=Khaznadar |prénom3=Thérèse |nom3=Moreau |titre=Les enjeux de la parité linguistique |périodique=Nouvelles Questions Féministes |volume=26 |numéro=3 |date=2007 |issn=0248-4951 |issn2=2297-3850 |doi=10.3917/nqf.263.0004 |lire en ligne=http://www.cairn.info/revue-nouvelles-questions-feministes-2007-3-page-4.htm |consulté le=2021-11-03 |pages=4 }}.</ref> et, pour [[Éliane Viennot]], reflète celle des personnes qui légitiment et justifient à travers le langage l'inégalité existant entre hommes et femmes<ref name="ARTFIG00027" />.
Dans la langue française on accorde en genre et en nombre. Ainsi, un groupe d'étudiants est composé d'hommes, de femmes ou d'un ensemble des deux tandis qu'un groupe d'étudiantes est exclusivement composé de femmes. L'accord des groupes de mots mixte (ex : un étudiant et une étudiante) se fait en utilisant le genre masculin.


== Discours ==
== Discours ==
[[Charles Darwin|Darwin]], dans son ouvrage ''[[La Filiation de l'homme et la sélection liée au sexe|The descent of Man, and selection in Relation to Sex]]'', expose que les femmes sont moins exposées à la compétition dans la société et aboutit à la conclusion d'une infériorité aussi bien intellectuelle que physique des femmes dont les causes cependant ne sont en rien biologiques mais sociales et historiques<ref>Paroles de [[Charles Darwin]], écrites dans son œuvre capitale, ''The descent of Man, and selection in Relation to Sex'', 1871.</ref>. ''The descent of Man'' est traduit en français ''Filiation de l'homme''. Son traducteur [[Patrick Tort]] explique que les théories de ''L'Origine des espèces'' relèvent de la biologie et concernent le monde du vivant animal et végétal et ne sont pas transposables à l'homme, être social façonné par la culture qui l'emporte sur la nature (biologique)<ref>[http://www.liberation.fr/sciences/2013/11/07/selon-darwin-la-culture-l-emporte-sur-la-nature_945376%7Cauteur=] [[Patrick Tort]] selon Darwin la culture l'emporte sur la nature, ''Libération'' 7/11/2013 {{citation|«Si importante qu’ait été, et soit encore, la lutte pour l’existence, cependant, en ce qui concerne la partie la plus élevée de la nature de l’homme, il y a d’autres facteurs plus importants. Car les qualités morales progressent, directement ou indirectement, beaucoup plus grâce aux effets de l’habitude, aux capacités de raisonnement, à l’instruction, à la religion, etc., que grâce à la sélection naturelle ; et ce bien que l’on puisse attribuer en toute assurance à ce dernier facteur les instincts sociaux, qui ont fourni la base du développement du sens moral» (chapitre XXI)}}</ref>.
[[Charles Darwin|Darwin]], dans son ouvrage ''[[La Filiation de l'homme et la sélection liée au sexe|{{lang|en|texte=The descent of Man, and selection in Relation to Sex}}]]'', expose que les femmes sont moins exposées à la compétition dans la société et aboutit à la conclusion d'une infériorité aussi bien intellectuelle que physique des femmes dont les causes cependant ne sont en rien biologiques mais sociales et historiques<ref>Paroles de [[Charles Darwin]], écrites dans son œuvre capitale, ''{{lang|en|texte=The descent of Man, and selection in Relation to Sex}}'', 1871.</ref>. ''The descent of Man'' est traduit en français par ''La Filiation de l'homme''. Son traducteur [[Patrick Tort]] explique que les théories de ''L'Origine des espèces'' relèvent de la biologie et concernent le monde du vivant animal et végétal et ne sont pas transposables à l'homme, être social façonné par la culture qui l'emporte sur la nature (biologique)<ref>[http://www.liberation.fr/sciences/2013/11/07/selon-darwin-la-culture-l-emporte-sur-la-nature_945376%7Cauteur= ''Libération'' 7/11/2013], [[Patrick Tort]] : selon Darwin la culture l'emporte sur la nature.{{citation bloc|Si importante qu’ait été, et soit encore, la lutte pour l’existence, cependant, en ce qui concerne la partie la plus élevée de la nature de l’homme, il y a d’autres facteurs plus importants. Car les qualités morales progressent, directement ou indirectement, beaucoup plus grâce aux effets de l’habitude, aux capacités de raisonnement, à l’instruction, à la religion, etc., que grâce à la sélection naturelle ; et ce bien que l’on puisse attribuer en toute assurance à ce dernier facteur les instincts sociaux, qui ont fourni la base du développement du sens moral (chapitre XXI).}}</ref>.


== Religions ==
== Religions ==
{{section à internationaliser|date=octobre 2019}}
[[Image:G-Dieu est femme.jpg|thumb|Graffiti anonyme à [[Bucarest]] (2013) : "Dieu est femme"]]
[[Image:G-Dieu est femme.jpg|thumb|Graffiti anonyme à [[Bucarest]] (2013) : {{"|Dieu est femme}}.]]
Le reproche de misogynie adressé au texte biblique s'appuie sur le deuxième chapitre du livre I de la [[Livre de la Genèse|Genèse]], qui donne la deuxième version de la création de l'être humain. Ce deuxième chapitre présente [[Adam]], ayant été créé le premier puis [[Ève]] par la suite, venant en second pour lui servir de compagne, car Dieu pense qu'{{citation|il n'est pas bon que l'homme soit seul}}. La femme, [[Ève]], dans cette version de la création, est issue de l'une des côtes d'[[Adam]] : {{citation|de la côte qu'il avait tirée de l'homme, Dieu façonna une femme}}<ref>Genèse 2, 22</ref>.
Le reproche de misogynie adressé au texte biblique s'appuie sur le deuxième chapitre du livre I de la [[Livre de la Genèse|Genèse]], qui donne la deuxième version de la création de l'être humain. Ce deuxième chapitre présente [[Adam]], ayant été créé le premier puis [[Ève]] par la suite, venant en second pour lui servir de compagne, car Dieu pense qu'{{citation|il n'est pas bon que l'homme soit seul}}. La femme, [[Ève]], dans cette version de la création, est issue de l'une des côtes d'[[Adam]] : {{citation|de la côte qu'il avait tirée de l'homme, Dieu façonna une femme}}<ref>Genèse 2, 22.</ref>.


Tandis que la première version du livre I, au chapitre 1 - première dans l'ordre de présentation du texte par conséquent - dit {{citation|Dieu créa l'homme à son image, et il les créa homme et femme}}<ref>Genèse 1, 27</ref>. Dans la tradition juive, la première version, {{citation|il les créa homme et femme}} a donné lieu à de nombreux commentaires par les rabbins, qui souvent considèrent que cela signifie que le premier être était un [[androgyne]], qui fut ensuite séparé en deux par l'opération de la côte. Il n'existe pas de prééminence de l'homme sur la femme de ce point de vue. Mais également, la coexistence de ces deux versions dans les deux passages du texte a donné lieu à la légende de [[Lilith]], dans le courant de la [[Kabbale]]. Lilith étant, selon la légende, la première femme, précédant [[Ève]]. Bien que la [[Bible]] mentionne Lilith dans le [[livre d'Isaïe]] (34.14), cette unique référence ne dit rien à propos de la présupposée précédence de Lilith sur Ève énoncée par la légende.
Tandis que la première version du livre I, au chapitre 1 - première dans l'ordre de présentation du texte par conséquent - dit {{citation|Dieu créa l'homme à son image, et il les créa homme et femme}}<ref>Genèse 1, 27.</ref>. Dans la tradition juive, la première version, {{citation|il les créa homme et femme}} a donné lieu à de nombreux commentaires par les rabbins, qui souvent considèrent que cela signifie que le premier être était un [[androgyne]], qui fut ensuite séparé en deux par l'opération de la côte. Il n'existe pas de prééminence de l'homme sur la femme de ce point de vue. Mais également, la coexistence de ces deux versions dans les deux passages du texte a donné lieu à la légende de [[Lilith]], dans le courant de la [[Kabbale]]. Lilith étant, selon la légende, la première femme, précédant [[Ève]]. Bien que la [[Bible]] mentionne Lilith dans le [[livre d'Isaïe]] (34.14), cette unique référence ne dit rien à propos de la présupposée précédence de Lilith sur Ève énoncée par la légende.


Il semble que cette première version, {{citation|homme et femme à l'origine}} a été éclipsée par la deuxième {{citation|de la côte qu'il avait tirée de l'homme, Dieu façonna une femme}} dans la tradition de l'enseignement chrétien qui prévalut en Occident. D'où ce reproche né au sein de cette culture qui voit une connotation de misogynie dans cette version.
Il semble que cette première version, {{citation|homme et femme à l'origine}} a été éclipsée par la deuxième {{citation|de la côte qu'il avait tirée de l'homme, Dieu façonna une femme}} dans la tradition de l'enseignement chrétien qui prévalut en Occident. D'où ce reproche né au sein de cette culture qui voit une connotation de misogynie dans cette version.
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Ce même reproche de misogynie repose encore sur la version du rôle de la femme dans le récit du péché originel. Ève a été la première à céder à la tentation et se faisant tentatrice à son tour, c'est elle qui a incité l'homme à manger du fruit défendu et l'a entrainé à désobéir à Dieu et à pécher d'où s'ensuivirent tous les maux que connaît l'humanité par la suite.
Ce même reproche de misogynie repose encore sur la version du rôle de la femme dans le récit du péché originel. Ève a été la première à céder à la tentation et se faisant tentatrice à son tour, c'est elle qui a incité l'homme à manger du fruit défendu et l'a entrainé à désobéir à Dieu et à pécher d'où s'ensuivirent tous les maux que connaît l'humanité par la suite.


Selon un point de vue féministe, appartenant à la tradition occidentale chrétienne par sa culture, cette conjonction des deux passages de la Bible, permet de doublement justifier la place inférieure de la femme dans la société : {{Citation|non seulement elle avait son origine de l'homme, elle était aussi la cause de sa chute et de toutes ses misères}}<ref name="dumais">Daly, 1973, citée par {{Article|langue=fr|prénom1=Monique|nom1=Dumais|lien auteur1=|titre=L’autre salut : femmes et religions|périodique=Recherches féministes|éditeur=Revue Recherches féministes|volume=3|numéro=2|année=1990|pages=1-10|ISSN=1705-9240|doi=10.7202/057603ar|url texte=http://www.erudit.org/revue/rf/1990/v3/n2/057603ar.pdf|résumé=http://id.erudit.org/iderudit/057603ar|consulté le=21 mai 2013}}</ref>.
Selon un point de vue féministe, appartenant à la tradition occidentale chrétienne par sa culture, cette conjonction des deux passages de la Bible, permet de doublement justifier la place inférieure de la femme dans la société : {{Citation|non seulement elle avait son origine de l'homme, elle était aussi la cause de sa chute et de toutes ses misères}}<ref name="dumais">Daly, 1973, citée par {{Article|langue=fr|prénom1=Monique|nom1=Dumais|titre=L’autre salut : femmes et religions|périodique=Recherches féministes|éditeur=Revue Recherches féministes|volume=3|numéro=2|année=1990|pages=1-10|ISSN=1705-9240|doi=10.7202/057603ar|url texte=http://www.erudit.org/revue/rf/1990/v3/n2/057603ar.pdf|résumé=http://id.erudit.org/iderudit/057603ar|consulté le=21 mai 2013}}.</ref>.

== Mouvement misogyne ==
De manière radicale, le mouvement appelé [[incel]] revendique le [[Patriarcat (sociologie)|suprémacisme masculin]] et se caractérise par une misogynie violente. Ses partisans considèrent que les femmes en général, et les féministes en particulier, sont responsables de leurs frustrations sexuelles et affectives et sont très souvent animés par un [[Ressentiment|désir de vengeance]].


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* Maurice Daumas, ''Qu'est-ce que la Misogynie ?'', Arkhê, 2017
* Maurice Daumas, ''Qu'est-ce que la Misogynie ?'', Arkhê, 2017
* [[Agnès Michaux]], ''Dictionnaire misogyne'', [[Éditions Jean-Claude Lattès|Lattès]], 1993 {{ISBN|978-2709612586}} - Rééd. [[Le Livre de poche]], 1995
* [[Agnès Michaux]], ''Dictionnaire misogyne'', [[Éditions Jean-Claude Lattès|Lattès]], 1993 {{ISBN|978-2709612586}} - Rééd. [[Le Livre de poche]], 1995
* [[Natacha Henry]], ''Les mecs lourds'', Éditions Robert Laffont, 2003
* [[Natacha Henry]], ''Les mecs lourds'', Éditions Robert Laffont, 2003
*{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Adeline Gargam|nom2=Bertrand Lançon|titre=Histoire de la misogynie : de l'Antiquité à nos jours|passage=|lieu=|éditeur=arkhê|date=2013|pages totales=311|isbn=978-2918682-2-26|lire en ligne=}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Adeline Gargam]]|auteur2=[[Bertrand Lançon]]|titre=Histoire de la misogynie|sous-titre=de l'Antiquité à nos jours|lieu=Paris|éditeur=arkhê|année=2013|pages totales=311|isbn=978-2-918682-22-6}}
* {{Article |langue= |prénom1= Christian|nom1= Biet|lien auteur1= |titre=Du critère de la misogynie appliqué au {{s-|XVII}} : Le cas de La Bruyère |périodique= Les Cahiers du GRIF |éditeur= |numéro=47 |année=1993 |pages= |url texte=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/grif_0770-6081_1993_num_47_1_1869 |consulté le=29 juin 2013}}
* {{Article |langue=fr|auteur1=[[Christian Biet]]|titre=Du critère de la misogynie appliqué au {{s-|XVII}} : Le cas de La Bruyère |périodique= Les Cahiers du GRIF|numéro=47 |année=1993 |pages= |url texte=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/grif_0770-6081_1993_num_47_1_1869 |consulté le=29 juin 2013}}


=== Articles connexes ===
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{{colonne|taille=24|
* [[Antiféminisme]]
* [[Antiféminisme]]
* [[Condition féminine]]
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* [[Condition masculine]]
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* [[Crime d'honneur]]
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* [[Misanthropie]]
* [[Misandrie]]
* [[Misandrie]]
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* [[Sexisme]]
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* [[Transmisogynie]]
}}


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* {{Autorité}}
{{Liens}}
* [http://www.insee.fr/fr/publications-et-services/default.asp?page=services%2Frecherche.htm&cx=011031962541167842879%3Aradlwwkh1lw&cof=FORID%3A9&ie=ISO-8859-1&q=femmes&sa=Ok''Chiffres-clés concernant les femmes'', sur le site de l'INSEE]
* [http://www.insee.fr/fr/publications-et-services/default.asp?page=services%2Frecherche.htm&cx=011031962541167842879%3Aradlwwkh1lw&cof=FORID%3A9&ie=ISO-8859-1&q=femmes&sa=Ok''Chiffres-clés concernant les femmes'', sur le site de l'INSEE]
* [http://theconversation.com/tous-misogynes-77757#link_time=1495779322 La misogynie "Ambiante"]


{{Palette|Discrimination}}
{{Palette|Discrimination}}
{{Portail|psychologie|sociologie|femmes}}
{{Portail|psychologie|sociologie|société|femmes}}


[[Catégorie:Condition féminine]]
[[Catégorie:Condition féminine]]

Version du 28 avril 2024 à 16:00

La misogynie est un terme désignant un sentiment de mépris ou d'hostilité à l'égard des femmes motivé par leur sexe. C'est l'antonyme de philogynie. Dans certains cas, elle peut se manifester par des comportements violents de nature verbale, physique ou sexuelle, pouvant dans des cas extrêmes aller jusqu’au meurtre. Le terme est sémantiquement antonymique à celui de misandrie (sentiment de mépris ou d'hostilité à l'égard d'un ou des hommes). Ce sentiment est ressenti par certains hommes et, à un degré beaucoup moindre, par certaines femmes[1].

Graffiti anonyme à Bucarest (2013) : « Nous conchions les misogynes ».

Étymologie

Le mot misogynie vient du grec ancien misosgyné. Il est formé des deux mots en grec ancien μῖσος / mîsos, « haine » et γυνή / gunế, « femme »[2].

Dans son Dictionnaire de philosophie, Christian Godin donne deux sens au mot misogynie :

  1. « Détestation des femmes qui va de l'aversion pour leur corps au mépris pour leur comportement et leur personnalité » ;
  2. « Point de vue de celui qui se refuse à admettre l'égalité entre les hommes et les femmes »[2].

Langage

La misogynie peut passer inaperçue à la conscience lorsqu'elle est portée par le langage. Dans la langue française, par exemple, on peut remarquer que le mot « homme » peut être porteur d'ambiguïté car il est plurivoque étant donné qu'il désigne à la fois l'individu de sexe masculin et le genre humain, où le mot homme est synonyme de « les hommes » dans leur ensemble et désigne l'humanité entière, hommes et femmes.

Initialement, la règle qui prévalait pour les accords grammaticaux était la règle de proximité, puis, au XVIIe siècle, les grammairiens ont progressivement masculinisé l'écriture en édictant que « le masculin l'emporte sur le féminin », et font ou tentent de faire disparaître des mots désignant les femmes (autrice, médecine, compositrice, etc.)[3]. En 1984, l'Académie française réfute l'existence du masculin et du féminin, qu'elle préférerait voir appeler respectivement « genre non marqué » et « genre marqué », le premier pouvant désigner tout groupe d'hommes, mixte ou de femmes, le second exclusivement les femmes. Cette position s'appuie selon des autrices féministes sur « certains arguments sans aucun fondement linguistique. Ils relèvent d’une position idéologique sous-jacente et parfois inconsciente de la dévaluation du féminin. Les noms d’humains, par exemple, sauf rares exceptions, alternent tous en genre selon le sexe, et la théorie du « genre non marqué » est éminemment discutable ». Elle pose la question de la misogynie de l'Académie française[4] et, pour Éliane Viennot, reflète celle des personnes qui légitiment et justifient à travers le langage l'inégalité existant entre hommes et femmes[3].

Discours

Darwin, dans son ouvrage The descent of Man, and selection in Relation to Sex, expose que les femmes sont moins exposées à la compétition dans la société et aboutit à la conclusion d'une infériorité aussi bien intellectuelle que physique des femmes dont les causes cependant ne sont en rien biologiques mais sociales et historiques[5]. The descent of Man est traduit en français par La Filiation de l'homme. Son traducteur Patrick Tort explique que les théories de L'Origine des espèces relèvent de la biologie et concernent le monde du vivant animal et végétal et ne sont pas transposables à l'homme, être social façonné par la culture qui l'emporte sur la nature (biologique)[6].

Religions

Graffiti anonyme à Bucarest (2013) : « Dieu est femme ».

Le reproche de misogynie adressé au texte biblique s'appuie sur le deuxième chapitre du livre I de la Genèse, qui donne la deuxième version de la création de l'être humain. Ce deuxième chapitre présente Adam, ayant été créé le premier puis Ève par la suite, venant en second pour lui servir de compagne, car Dieu pense qu'« il n'est pas bon que l'homme soit seul ». La femme, Ève, dans cette version de la création, est issue de l'une des côtes d'Adam : « de la côte qu'il avait tirée de l'homme, Dieu façonna une femme »[7].

Tandis que la première version du livre I, au chapitre 1 - première dans l'ordre de présentation du texte par conséquent - dit « Dieu créa l'homme à son image, et il les créa homme et femme »[8]. Dans la tradition juive, la première version, « il les créa homme et femme » a donné lieu à de nombreux commentaires par les rabbins, qui souvent considèrent que cela signifie que le premier être était un androgyne, qui fut ensuite séparé en deux par l'opération de la côte. Il n'existe pas de prééminence de l'homme sur la femme de ce point de vue. Mais également, la coexistence de ces deux versions dans les deux passages du texte a donné lieu à la légende de Lilith, dans le courant de la Kabbale. Lilith étant, selon la légende, la première femme, précédant Ève. Bien que la Bible mentionne Lilith dans le livre d'Isaïe (34.14), cette unique référence ne dit rien à propos de la présupposée précédence de Lilith sur Ève énoncée par la légende.

Il semble que cette première version, « homme et femme à l'origine » a été éclipsée par la deuxième « de la côte qu'il avait tirée de l'homme, Dieu façonna une femme » dans la tradition de l'enseignement chrétien qui prévalut en Occident. D'où ce reproche né au sein de cette culture qui voit une connotation de misogynie dans cette version.

Ce même reproche de misogynie repose encore sur la version du rôle de la femme dans le récit du péché originel. Ève a été la première à céder à la tentation et se faisant tentatrice à son tour, c'est elle qui a incité l'homme à manger du fruit défendu et l'a entrainé à désobéir à Dieu et à pécher d'où s'ensuivirent tous les maux que connaît l'humanité par la suite.

Selon un point de vue féministe, appartenant à la tradition occidentale chrétienne par sa culture, cette conjonction des deux passages de la Bible, permet de doublement justifier la place inférieure de la femme dans la société : « non seulement elle avait son origine de l'homme, elle était aussi la cause de sa chute et de toutes ses misères »[9].

Mouvement misogyne

De manière radicale, le mouvement appelé incel revendique le suprémacisme masculin et se caractérise par une misogynie violente. Ses partisans considèrent que les femmes en général, et les féministes en particulier, sont responsables de leurs frustrations sexuelles et affectives et sont très souvent animés par un désir de vengeance.

Notes et références

  1. « Comment expliquer la misogynie féminine ? », sur usbeketrica.com (consulté le )
  2. a et b Godin, p. 810.
  3. a et b « Eliane Viennot: «La langue française n'est pas misogyne» », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  4. Fabienne Baider, Edwige Khaznadar et Thérèse Moreau, « Les enjeux de la parité linguistique », Nouvelles Questions Féministes, vol. 26, no 3,‎ , p. 4 (ISSN 0248-4951 et 2297-3850, DOI 10.3917/nqf.263.0004, lire en ligne, consulté le ).
  5. Paroles de Charles Darwin, écrites dans son œuvre capitale, The descent of Man, and selection in Relation to Sex, 1871.
  6. Libération 7/11/2013, Patrick Tort : selon Darwin la culture l'emporte sur la nature.

    « Si importante qu’ait été, et soit encore, la lutte pour l’existence, cependant, en ce qui concerne la partie la plus élevée de la nature de l’homme, il y a d’autres facteurs plus importants. Car les qualités morales progressent, directement ou indirectement, beaucoup plus grâce aux effets de l’habitude, aux capacités de raisonnement, à l’instruction, à la religion, etc., que grâce à la sélection naturelle ; et ce bien que l’on puisse attribuer en toute assurance à ce dernier facteur les instincts sociaux, qui ont fourni la base du développement du sens moral (chapitre XXI). »

  7. Genèse 2, 22.
  8. Genèse 1, 27.
  9. Daly, 1973, citée par Monique Dumais, « L’autre salut : femmes et religions », Recherches féministes, Revue Recherches féministes, vol. 3, no 2,‎ , p. 1-10 (ISSN 1705-9240, DOI 10.7202/057603ar, résumé, lire en ligne).

Annexes

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Bibliographie

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