« Jeff Buckley » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Polmars (discuter | contributions)
m Remplacement de la catégorie Catégorie:Chanteur de folk américain par Catégorie:Chanteur américain de folk : harmonisation avec les catégories similaires
Vmv2705 (discuter | contributions)
Aucun résumé des modifications
 
(46 versions intermédiaires par 27 utilisateurs non affichées)
Ligne 4 : Ligne 4 :
| nom = Jeff Buckley
| nom = Jeff Buckley
| image = JB (26382234996).jpg
| image = JB (26382234996).jpg
| légende = Portrait représentant Jeff Buckley.
| légende =
| nom alias = Scott « Scottie » Moorhead
| nom alias =
| nom de naissance = Jeffrey Scott Buckley
| nom de naissance = Jeffrey Scott Buckley
| date de naissance = {{date de naissance|17|novembre|1966}}
| date de naissance = {{date de naissance|17|11|1966}}
| lieu de naissance = [[Anaheim]], [[États-Unis]]
| lieu de naissance = [[Anaheim]], [[Californie]] {{-}} {{États-Unis}}
| date de décès = {{date de décès|29|05|1997|17|11|1966|âge=oui}}
| date de décès = {{date de décès|29|05|1997|17|11|1966}}
| lieu de décès = [[Memphis (Tennessee)|Memphis]], [[États-Unis]]
| lieu de décès = [[Memphis (Tennessee)|Memphis]], [[Tennessee]] {{-}} {{États-Unis}}
| profession = [[Auteur-compositeur-interprète]], [[Musicien]]
| profession = [[Musicien]]
| genre = [[Rock alternatif]], [[folk rock]], [[Musique soul|soul]], [[blues]], [[reggae]], [[jazz]]
| genre = [[Folk rock|Folk-rock]], [[rock alternatif]]
| instrument = [[Voix (instrument)|Voix]], [[guitare]], [[Clavier (instrument)|clavier]], [[piano]], [[dulcimer]], [[Batterie (musique)|batterie]]
| instrument = [[Guitare]], [[Guitare basse]], [[Batterie (musique)|Batterie]], [[Harmonium]], [[Dulcimer]], [[Sitar]], [[Tabla|Tablâ]], [[Harmonica]]
| années actives = [[1990 en musique|1990]] [[1997 en musique|1997]]
| années actives = [[1991]]–[[1997]]
| label = [[Columbia Records]]
| label = [[Columbia Records]]
| site web = [http://www.jeffbuckley.com/ jeffbuckley.com]
| site web = [http://www.jeffbuckley.com/ www.jeffbuckley.com]
| logo = Jeff Buckley (Logo).png
| logo = Jeff Buckley (Logo).png
}}
}}


'''Jeff Buckley''', né le {{date de naissance|17|novembre|1966}} à [[Anaheim]] ([[Californie]]) et mort le {{date de décès|29|mai|1997}} à [[Memphis (Tennessee)|Memphis]] ([[Tennessee]]), est un [[auteur-compositeur-interprète]] et [[musicien]] [[américains (peuple)|américain]].
'''Jeffrey Scott Buckley''' dit '''Jeff Buckley''', né le {{Date de naissance-|17|novembre|1966}} à [[Anaheim]] ([[Californie]]) et mort le {{date de décès-|29|mai|1997}} à [[Memphis (Tennessee)|Memphis]] ([[Tennessee]]), est un [[chanteur]] et [[guitariste]] [[États-Unis|américain]].


Fils du chanteur [[Tim Buckley]], il est l'auteur d'un unique album studio, ''[[Grace (album)|Grace]]'', sorti en [[1994 en musique|1994]]. Sa plus grande notoriété arrive peu après sa mort par [[noyade]] à l'âge de trente ans. Il est considéré aujourd'hui comme un des musiciens majeurs des [[années 1990]]{{sfn|Cuesta|2005|p=117|loc=|id=}}.
Après une décennie a travailler comme guitariste à [[Los Angeles]], Buckley commence à se faire connaître au début des années 1990 en jouant des reprises, puis ses propres compositions, dans des salles du quartier ''[[East Village]]'' de [[New-York]]. Après avoir repoussé l'intérêt de plusieurs maisons de disques et d'{{lien|Herb Cohen}}, l'ancien manager de son père, le chanteur [[Tim Buckley]], il signe avec [[Columbia Records|Columbia]], forme un groupe et enregistre en 1994 son seul album studio, ''[[Grace (album)|Grace]]''.

Au cours des années suivantes, le groupe fait de nombreuses tournées, aux États-Unis, mais aussi en Europe, au Japon et en Australie. À partir de 1996, le groupe travaille à l'enregistrement d'un deuxième album, avec l'aide de [[Tom Verlaine]] comme producteur, sans cependant y parvenir.

En 1997, Buckley déménage à [[Memphis (Tennessee)|Memphis, Tennessee]] où il reprend le travail sur cet album, intitulé ''My Sweetheart the Drunk''. Il enregistre de nombreuses [[Démo (musique)|démos]] [[Enregistrement multipiste|quatre pistes]], tout en se produisant régulièrement seul dans des salles de la région. Le 29 mai 1997, alors qu'il attend l'arrivée de son groupe venu de New York, il se noie lors d'une baignade nocturne dans le [[Mississippi (fleuve)|Mississippi]], en étant pris dans le sillage d'un bateau. Son corps est retrouvé le 4 juin.

Après sa mort, de nombreuses productions sont publiées de façon posthume, y compris son deuxième album inachevé ''[[Sketches for My Sweetheart the Drunk]]'', ainsi que des enregistrements ''live''. Jeff Buckley connaît un succès posthume très important. Sa reprise d{{'}}''[[Hallelujah (chanson de Leonard Cohen)|Hallelujah]]'' se classe au 1er rang du classement ''[[Billboard]]'' en mars 2008. Le magazine [[Rolling Stone]] compte ''Grace'' dans sa liste des [[Les 500 plus grands albums de tous les temps selon Rolling Stone|500 plus grands albums de tous les temps]] et Jeff Buckley dans sa liste des plus grands chanteurs.


== Biographie ==
== Biographie ==
=== Enfance ===
=== Enfance ===
À la naissance de Jeffrey Scott Buckley, ses parents [[Tim Buckley]] et Mary Guibert sont déjà séparés : son père préfère se consacrer à la musique plutôt qu'à la vie de famille (son premier album, intitulé ''Tim Buckley'', est sorti le {{Date|19|novembre|1966}}, deux jours après la naissance de Jeff Buckley){{sfn|Cuesta|p=13}}. Jeff vit donc avec sa mère{{note|groupe=alpha|texte=Le divorce de Tim et Mary est prononcé le {{Date|29|août|1967}}{{sfn|Cuesta|p=à préciser}}.}}.
À la naissance de Jeff Buckley, ses parents [[Tim Buckley]] et Mary Guibert sont déjà séparés : son père préfère se consacrer à la musique plutôt qu'à la vie de famille (son premier album, intitulé ''Tim Buckley'', est sorti le {{Date|19|novembre|1966}}, deux jours après la naissance de Jeff Buckley){{sfn|Cuesta|2005|p=13|loc=|id=}} . Jeff vit donc avec sa mère (le divorce de Tim et Mary est prononcé le {{Date|29|août|1967}}{{sfn|Cuesta|2005|p=13|loc=|id=}} ).


Jeff Buckley et sa mère habitent d'abord chez les parents de Mary mais la jeunesse de Jeff Buckley est rythmée par de nombreux déménagements avec un niveau de vie parfois des plus modestes{{sfn|Browne|p=89 et 106}}. À deux ans, il entre à l’école d’[[Anaheim]], école maternelle qui applique la [[pédagogie Montessori]]{{sfn|Browne|p=91}}.
Jeff Buckley et sa mère habitent d'abord chez les parents de Mary mais la jeunesse de Jeff Buckley est rythmée par de nombreux déménagements avec un niveau de vie parfois des plus modestes{{sfn|Browne|2003|p=89-106|loc=|id=}}. À deux ans, il entre à l’école d’[[Anaheim]], école maternelle qui applique la [[pédagogie Montessori]]{{sfn|Browne|2003|p=91|loc=|id=}}.


L'éveil et la passion de Jeff Buckley pour la musique se fait beaucoup par sa mère qui joue très souvent du piano en sa présence (des morceaux de [[Ludwig van Beethoven|Beethoven]] et [[Sergueï Rachmaninov|Rachmaninov]] entre autres){{sfn|Don Kent}} ou des chanteuses comme [[Barbra Streisand]], [[Joni Mitchell]] ou [[Carole King]]{{sfn|Browne|p=93}}. Durant cette période, il découvre également des artistes comme les [[The Beatles|Beatles]] ou encore [[Simon and Garfunkel|Simon & Garfunkel]]. Il découvre, {{référence nécessaire|à l’école}} ou à la télévision{{sfn|Browne|p=155}}, selon les sources, les chansons d'[[Édith Piaf]], chanteuse appréciée de son père{{sfn|Browne|p=155}}. Par la suite, Jeff reviendra beaucoup sur l'importance de Ron Moorhead dans sa formation musicale. Ron, deuxième époux de Mary Guibert (de 1969 à 1973), est le père de Corey James Moorhead, le frère de Jeff né en {{date-|mars 1972}}. Il fait découvrir à Jeff beaucoup de groupes de rock dont les [[The Moody Blues|Moody Blues]], [[Crosby, Stills, Nash and Young|Crosby, Stills & Nash]], les [[The Doors|Doors]] ou encore [[Led Zeppelin]]{{sfn|Cuesta|p=16}}{{,}}{{sfn|Browne|p=93}}.
L'éveil et la passion de Jeff Buckley pour la musique se fait beaucoup par sa mère qui joue très souvent du piano en sa présence (des morceaux de [[Ludwig van Beethoven|Beethoven]] et [[Sergueï Rachmaninov|Rachmaninov]] entre autres)<ref name="Kent">Don Kent, ''Jeff Buckley, fall in light : Portrait d'un musicien virtuose, mort à l'âge de {{nobr|30 ans}}''</ref> ou des chanteuses comme [[Barbra Streisand]], [[Joni Mitchell]] ou [[Carole King]]{{sfn|Browne|2003|p=93|loc=|id=}} Durant cette période, il découvre également des artistes comme les [[The Beatles|Beatles]] ou encore [[Simon and Garfunkel|Simon & Garfunkel]]. Il découvre, {{refnec|à l’école}} ou à la télévision{{sfn|Browne|2003|p=155|loc=|id=}}, selon les sources, les chansons d'[[Édith Piaf]], chanteuse appréciée de son père{{sfn|Browne|2003|p=155|loc=|id=}}. Par la suite, Jeff reviendra beaucoup sur l'importance de Ron Moorhead dans sa formation musicale. Ron est le deuxième époux de Mary Guibert (de 1969 à 1973) et est le père de Corey James Moorhead (né en mars 1972), le frère de Jeff. Il fait découvrir à Jeff beaucoup de groupes de rock dont les [[The Moody Blues|Moody Blues]], [[Crosby, Stills & Nash (and Young)|Crosby, Stills & Nash]], les [[The Doors|Doors]] ou encore [[Led Zeppelin]]{{sfn|Cuesta|2005|p=16|loc=|id=}} {{,}}{{sfn|Browne|2003|p=93|loc=|id=}}.


Le {{date|29 juin 1975|en musique}}, Tim Buckley meurt d'une overdose à 28 ans. Jeff Buckley n'a connu que très peu son père : tous deux ne se voyaient qu'en de rares occasions. Jeff l'a tout de même vu une fois en concert à Huntington Beach près d'Anaheim, deux mois avant le décès de Tim{{sfn|Cuesta|p=18}}. Tim Buckley a si peu de relations avec son fils et sa mère que ces derniers ne sont même pas invités aux obsèques{{sfn|Cuesta|p=19}}. Tim Buckley a enregistré deux chansons parlant d'eux : ''I Never Asked To Be Your Mountain'' et ''Dream Letter''.
Le 29 juin [[1975 en musique|1975]], Tim Buckley décède d'une overdose à l'âge de {{nobr|28 ans}}. Jeff Buckley n'a connu que très peu son père : tous les deux ne se voyaient qu'en de rares occasions. Jeff l'a tout de même vu une fois en concert (à Huntington Beach près d'Anaheim, deux mois avant le décès de Tim){{sfn|Cuesta|2005|p=18|loc=|id=}}. Tim Buckley a si peu de relations avec son fils et sa mère que ces derniers ne sont même pas invités aux obsèques{{sfn|Cuesta|2005|p=19|loc=|id=}}. Tim Buckley a enregistré deux chansons parlant d'eux : ''I Never Asked To Be Your Mountain'' et ''Dream Letter''.


=== Adolescence ===
=== Adolescence ===
C'est à partir de 1979 que Jeff Buckley se passionne vraiment pour la musique : le premier groupe pour lequel il se passionne est [[Kiss (groupe américain)|Kiss]]{{sfn|Browne|p=96}} mais il reçoit surtout pour Noël sa première guitare électrique, une imitation d'une [[Gibson Les Paul]] noire avec laquelle il apprend notamment à jouer le morceau ''My Sharona'' du groupe [[The Knack]]{{note|groupe=alpha|texte=Ce morceau est également le premier que [[Kurt Cobain]] a appris à jouer{{sfn|Cuesta|p=22}}.}}{{,}}{{sfn|Don Kent|loc= }}{{,}}{{sfn|Browne|p=99}}. Il développe beaucoup son jeu de guitare en intégrant, en 1981, l'orchestre de [[jazz]] de son lycée, le lycée Loara à Anaheim, où ses parents se sont rencontrés{{sfn|Cuesta|p=23}}). C’est aussi l’époque où il prend pour nom celui qui figure sur son acte de naissance (auparavant, il était appelé « Scotty » Guibert, puis Moorhead, puis Buckley){{sfn|Browne|p=95-96 et 100}}.
C'est à partir de 1979 que Jeff Buckley se passionne vraiment pour la musique : le premier groupe pour lequel il se passionne est [[Kiss (groupe américain)|Kiss]]{{sfn|Browne|2003|p=96|loc=|id=}} mais il reçoit surtout pour Noël sa première guitare électrique, une imitation d'une [[Gibson Les Paul]] noire avec laquelle il apprend notamment à jouer le morceau ''My Sharona'' du groupe [[The Knack]] (ce morceau est également le premier que [[Kurt Cobain]] a appris à jouer){{sfn|Cuesta|2005|p=22|loc=|id=}}{{,}}<ref name="Kent"/>{{,}}{{sfn|Browne|2003|p=99|loc=|id=}}. Il développe beaucoup son jeu de guitare en intégrant, en 1981, l'orchestre de [[jazz]] de son lycée (Jeff Buckley est inscrit au lycée Loara à Anaheim, le même lycée où ses parents se sont rencontrés{{sfn|Cuesta|2005|p=23|loc=|id=}} ). C’est aussi l’époque où il prend pour nom celui qui figure sur son acte de naissance (auparavant, il était appelé « Scotty » Guibert, puis Moorhead, puis Buckley){{sfn|Browne|2003|p=95-96 et 100|loc=|id=}}.


En 1981, sa mère déménage à [[Comté d'Orange (Californie)|Orange County]], ce qui lui permet de fréquenter la Loara High School, lycée fréquenté par ses parents, où les arts ont une grande place{{sfn|Browne|p=101}}. À cette époque, il s’intéresse au [[rock progressif]] (notamment les groupes [[Yes]] et [[Rush (groupe)|Rush]]{{sfn|Browne|p=102-103}}). Après avoir fait partie du groupe de jazz du lycée pendant l’automne et l’hiver 1981-1982, il devient, en {{date-|avril 1982}}, membre de ''Powerage'' {{sfn|Browne|p=102-103}}, un groupe de [[hard rock]] formé par trois de ses amis de lycée. L'arrivée de Jeff au sein du groupe les fait évoluer vers un style plus [[rock progressif]] et le groupe se rebaptise Mahre Buckham (mélange des syllabes de leurs noms de familles : Tim {{Souligner|Ma}}rse, Robin {{Souligner|H}}or{{Souligner|ry}}, Jeff {{Souligner|Buck}}ley et Jason {{Souligner|Ham}}el<ref group="alpha">Le « ry » de Horry devient « re » mais se prononce de le même façon.</ref>){{sfn|Cuesta|p=23-24}}{{,}}{{sfn|Browne|p=104}}. Au début, Jeff ne veut pas chanter mais il est tout de même derrière le micro pour leur premier concert, le {{Date|21|septembre|1982}}, ils jouent essentiellement des reprises dont ''[[Fire (chanson de Jimi Hendrix)|Fire]]'' de [[Jimi Hendrix]], ''[[Roxanne (chanson)|Roxanne]]'' de [[The Police|Police]] et ''Spirit of Radio'' de [[Rush (groupe)|Rush]]). Le groupe se sépare après quelques concerts supplémentaires dont le dernier a lieu lors de la fête de fin d'année du lycée{{sfn|Cuesta|p=25}}{{,}}{{sfn|Browne|p=106}}.
En 1981, sa mère déménage à [[Comté d'Orange (Californie)|Orange County]], ce qui lui permet de fréquenter la Loara High School, lycée fréquenté par ses parents, où les arts avaient une grande place{{sfn|Browne|2003|p=101|loc=|id=}}. À cette époque, il s’intéresse au [[rock progressif]] (notamment les groupes [[Yes]] et [[Rush (groupe)|Rush]]{{sfn|Browne|2003|p=102-103|loc=|id=}}). Après avoir fait partie du groupe de jazz du lycée pendant l’automne et l’hiver 1981-1982, il devient membre de ''Powerage'' en avril 1982{{sfn|Browne|2003|p=102-103|loc=|id=}}, un groupe de [[hard rock|hard-rock]] formé par 3 de ses amis de lycée. L'arrivée de Jeff au sein du groupe les fait évoluer vers un style plus [[rock progressif]] et le groupe se rebaptise Mahre Buckham (mélange des syllabes de leurs noms de familles : Tim {{Souligner|Ma}}rse, Robin {{Souligner|H}}or{{Souligner|ry}}, Jeff {{Souligner|Buck}}ley et Jason {{Souligner|Ham}}el<ref>le « ry » de Horry devient « re » mais se prononce de le même façon</ref>){{sfn|Cuesta|2005|p=23-24|loc=|id=}} {{,}}{{sfn|Browne|2003|p=104|loc=|id=}}. Au départ, Jeff ne veut pas chanter mais il est tout de même derrière le micro pour leur premier concert, le {{Date|21|septembre|1982}} (ils jouent essentiellement des reprises dont ''[[Fire (chanson de Jimi Hendrix)|Fire]]'' de [[Jimi Hendrix]], ''[[Roxanne (chanson)|Roxanne]]'' de [[The Police|Police]] et ''Spirit of Radio'' de [[Rush (groupe)|Rush]]). Le groupe se sépare après une poignée de concerts supplémentaires dont le dernier a lieu lors de la fête de fin d'année de son lycée{{sfn|Cuesta|2005|p=25|loc=|id=}} {{,}}{{sfn|Browne|2003|p=106|loc=|id=}}.


En 1984, Jeff Buckley déménage à Los Angeles, et, grâce à un capital d'argent placé à la mort de son père, il s'inscrit au Guitar Institute of Technology, où il passe jusqu’à 17 heures par jour à travailler, notamment dans le style [[jazz fusion]], qui lui permet d’éviter toute comparaison avec son père{{sfn|Browne|p=134-136}}. Avec deux autres élèves de cette école, il forme un trio et s'ouvre à d'autres styles de musique comme le [[jazz]], la [[bossa nova|bossa-nova]] ou encore le [[reggae]]{{sfn|Cuesta|p=27-28}}.
En 1984, Jeff Buckley déménage à Los Angeles. Grâce à un capital d'argent placé à la mort de son père, il parvient à s'inscrire au Guitar Institute of Technology, où il passe jusqu’à {{nobr|17 heures}} par jour à travailler, notamment dans le style [[jazz-rock fusion|jazz fusion]], qui lui permet d’éviter toute comparaison avec son père{{sfn|Browne|2003|p=134-136|loc=|id=}}. Avec deux autres élèves de cette école, il forme un trio. Durant cette période, il s'ouvre à d'autres styles de musique comme le [[jazz]], la [[bossa nova|bossa-nova]] ou encore le [[reggae]]{{sfn|Cuesta|2005|p=27-28|loc=|id=}} .


Jeff Buckley obtient son diplôme l'année suivante. Il occupe plusieurs emplois alimentaires, et travaille sa musique chez lui, en s’imposant une stricte discipline de travail avec des exercices programmés pour toute la journée et une hygiène de vie [[ascèse|ascétique]]{{sfn|Browne|p=140-141}}. En [[1987 en musique|1987]], il enregistre enfin , ''White Boy Music'', sa première maquette{{sfn|Cuesta|p=28-29}}.
Il obtient son diplôme l'année suivante. Les choses stagnent alors un peu pour Jeff Buckley : il a essentiellement plusieurs emplois alimentaires, et travaille sa musique chez lui, en s’imposant une discipline de travail militaire (avec des exercices programmés pour toute la journée) et une hygiène de vie [[ascèse|ascétique]]{{sfn|Browne|2003|p=140-141|loc=|id=}}. Il enregistre, en [[1987 en musique|1987]], sa première maquette intitulée ''White Boy Music''{{sfn|Cuesta|2005|p=28-29|loc=|id=}} .


=== Les débuts ===
=== Les débuts ===
Durant l'été [[1986 en musique|1986]], il rencontre {{Lien|langue=en|trad=Michael J. Clouse|fr=Michael Clouse|texte=Michael Clouse}}, le propriétaire à Glendale d'un studio d'enregistrement plusieurs groupes viennent enregistrer des maquettes. Devenus amis ils démarrent ainsi une petite collaboration : Jeff Buckley compose et enregistre des arrangements pour les démos des clients de Michael tandis que ce dernier s'occupe des parties son et mixage{{sfn|Cuesta|p=29-30}}{{,}}{{sfn|Browne|p=138-139}}.
Durant l'été [[1986 en musique|1986]], il rencontre {{Lien|fr=Michael Clouse|lang=en|trad=Michael J. Clouse|texte=Michael Clouse}}, le propriétaire d'un studio d'enregistrement à Glendale, dans lequel plusieurs groupes viennent enregistrer des maquettes. Ils deviennent amis et démarrent ainsi une petite collaboration : Jeff Buckley compose et enregistre des arrangements pour les démos des clients de Michael tandis que ce dernier s'occupe des parties son et mixage{{sfn|Cuesta|2005|p=29-30|loc=|id=}} {{,}}{{sfn|Browne|2003|p=138-139|loc=|id=}}.


{{Citation bloc|Je veux faire un album qui fasse oublier ''[[Led Zeppelin II]]'' !|Jeff Buckley à Michael Clouse (durant leur collaboration de 1988 à 1990){{sfn|Don Kent|loc=interview de Michael Clouse}}{{,}}{{sfn|Browne|p=142}}}}
{{Citation bloc|Je veux faire un album qui fasse oublier ''[[Led Zeppelin II]]'' !|Jeff Buckley à Michael Clouse (durant leur collaboration de 1988 à 1990)<ref>Interview de Michael Clouse - Jeff Buckley, Fall in Light - Portrait d'un musicien virtuose, mort à l'âge de 30 ans</ref>{{,}}{{sfn|Browne|2003|p=142|loc=|id=}}}}


Jeff Buckley participe à différents groupes : A.K.B. (''Al Kirk Band'') un groupe de reggae qui accompagne notamment, le temps d'un concert, la chanteuse [[Judy Mowatt]], une ex-choriste de [[Bob Marley]] ; The ''Wild Blue Yonder'', groupe de roots-rock qui fait des démos de funk et de R&B ; et enfin le groupe de [[hard rock]] ''Group Therapy''{{sfn|Browne|p=141-142}}.
Jeff Buckley participe à différents groupes : un groupe de reggae nommé A.K.B. (''Al Kirk Band'') qui accompagne notamment, le temps d'un concert, la chanteuse [[Judy Mowatt]] (ex-choriste de [[Bob Marley]]), The ''Wild Blue Yonder'', groupe de roots-rock, fait des démos de funk et de R&B, et enfin joue dans ''Group Therapy'', un groupe de [[hard-rock]]{{sfn|Browne|2003|p=141-142|loc=|id=}}.


En {{date-|février 1990}}, Jeff Buckley écoute, avant sa mise sur le marché, l’enregistrement du concert de son père, ''{{Lien|langue=en|trad=Dream Letter: Live in London 1968|fr=Dream Letter : Live in London 1968|texte=Dream Letter : Live in London 1968}}'' chez Enigma Records{{sfn|Browne|p=145}}. Immédiatement après, Jeff Buckley concrétise une idée qui lui trotte dans la tête depuis plusieurs mois : aller à [[New York]]. Il s'y rend avec son ami [[Shinehead]], un chanteur de reggae qu'il accompagne sur scène à l'occasion. Il y reste quelques mois en colocation dans l’appartement de l’actrice [[Brooke Smith]]{{sfn|Browne|p=146}}. Durant cette période, Jeff Buckley compose quelques chansons, dont ''Eternal Life''. C’est sa colocataire qui lui fait découvrir à la fois l’herbe et la musique [[qawwalî|qawwali]], et notamment le chanteur [[Nusrat Fateh Ali Khan]] qui deviendra une de ses plus grandes influences musicales{{sfn|Cuesta|p=32}}{{,}}<ref group="alpha">Dans l'album ''Live at Sin-é'', Jeff Buckley chante ''Yeh Jo Halka Halka Saroor Hai'' de Nusrat Fateh Ali Khan (titre {{n°|2}} du Cd {{n°|2}}) mais on peut aussi entendre Jeff Buckley expliquer au public : « Nusrat is my guy. He's my Elvis ! » (titre {{n°|1}} du Cd {{n°|2}}).</ref>{{,}}{{sfn|Don Kent}}{{,}}{{sfn|Browne|p=148-149}}.
En février 1990, Jeff Buckley écoute avant sa mise sur le marché l’enregistrement du concert de son père, ''{{Lien|fr=Dream Letter : Live in London 1968|lang=en|trad=Dream Letter: Live in London 1968|texte=Dream Letter : Live in London 1968}}'' chez Enigma Records{{sfn|Browne|2003|p=145|loc=|id=}}. Immédiatement après, Jeff Buckley concrétise une idée qui lui trotte dans la tête depuis plusieurs mois : aller à [[New York]]. Il s'y rend avec son ami [[Shinehead]], un chanteur de reggae qu'il accompagne sur scène à l'occasion. Il y reste quelques mois en colocation dans l’appartement de l’actrice [[Brooke Smith]]{{sfn|Browne|2003|p=146|loc=|id=}}. Durant cette période, Jeff Buckley compose quelques chansons, dont ''Eternal Life''. C’est sa colocataire qui lui fait découvrir à la fois l’herbe et la musique [[qawwalî|qawwali]], et notamment le chanteur [[Nusrat Fateh Ali Khan]] qui deviendra une de ses plus grandes influences musicales{{sfn|Cuesta|2005|p=32|loc=|id=}} {{,}}<ref>Dans l'album ''Live at Sin-é'', Jeff Buckley chante ''Yeh Jo Halka Halka Saroor Hai'' de Nusrat Fateh Ali Khan (titre {{n°|2}} du Cd {{n°|2}}) mais on peut aussi entendre Jeff Buckley expliquer au public : « Nusrat is my guy. He's my Elvis ! » (titre {{n°|1}} du Cd {{n°|2}})</ref>{{,}}<ref name="Kent"/>{{,}}{{sfn|Browne|2003|p=148-149|loc=|id=}}.


Jeff Buckley revient à [[Los Angeles]] en {{date-|septembre 1990}}, après que Herb Cohen, l'ancien manager de son père, lui propose de l'aider et de financer l'enregistrement d'une maquette (Herb se tenait très souvent au courant des progrès musicaux de Jeff Buckley). Il enregistre ainsi, en compagnie de [[Michael Clouse]], quatre chansons (''Unforgiven'', rebaptisée plus tard ''Last Goodbye'', ''Eternal life'', ''Strawberry Street'' et ''Radio'') qu'il rassemble sous le nom ''The Babylon Dungeon Sessions''{{sfn|Cuesta|p=32-33}}{{,}}{{sfn|Browne|p=151-152}}.
Jeff Buckley revient à [[Los Angeles]] en septembre 1990 après que Herb Cohen, l'ancien manager de son père, lui propose de l'aider et de financer l'enregistrement d'une maquette (Herb se tenait très souvent au courant des progrès musicaux de Jeff Buckley). Il enregistre ainsi, en compagnie de [[Michael Clouse]], quatre chansons (''Unforgiven'', qui sera plus tard rebaptisée ''Last Goodbye'', ''Eternal life'', ''Strawberry Street'' et ''Radio'') qu'il rassemble sous le nom ''The Babylon Dungeon Sessions''{{sfn|Cuesta|2005|p=32-33|loc=|id=}} {{,}}{{sfn|Browne|2003|p=151-152|loc=|id=}}.


Ces chansons n'ont pas le succès espéré et, mis à part une rencontre et une tentative de collaboration avec la chanteuse [[Carole King]] au début de l'année 1991, les choses n'avancent pas beaucoup pour Jeff Buckley{{sfn|Cuesta|p=34}}. C’est à cette époque (entre 1987 et 1991) que Jeff Buckley commence à faire des recherches sur son père biologique, Tim Buckley{{sfn|Browne|p=153-157}}.
Ces chansons n'ont pas le succès espéré et, mis à part une rencontre et une tentative de collaboration avec la chanteuse [[Carole King]] au début de l'année 1991, les choses n'avancent pas beaucoup pour Jeff Buckley{{sfn|Cuesta|2005|p=34|loc=|id=}} . C’est à cette époque (entre 1987 et 1991) que Jeff Buckley commence à faire des recherches sur son père biologique, Tim Buckley{{sfn|Browne|2003|p=153-157|loc=|id=}}.


=== ''Greetings from Tim Buckley'' : la rencontre avec Gary Lucas ===
=== ''Greetings from Tim Buckley'' : la rencontre avec Gary Lucas ===
C'est en {{date-|avril 1991}} que tout démarre vraiment pour Jeff Buckley lors de ''Greetings from Tim Buckley'', un concert en hommage à son père organisé à l'église Saint-Ann de [[New York]]. [[Hal Willner]], l'organisateur de ce projet, prend contact avec Herb Cohen (l'ancien manager de Tim Buckley), qui lui signale l'existence et le talent de Jeff Buckley qui finit par être invité à jouer au concert{{sfn|Cuesta|p=36}}. Jeff Buckley retourne donc le {{date-|20 avril}} à [[New York]], Hal Willner lui présente rapidement [[Gary Lucas]], un ancien collaborateur de [[Captain Beefheart]], avec l'idée de les faire jouer ensemble durant le concert. Le courant passe rapidement entre les deux hommes qui se mettent aussitôt au travail{{sfn|Cuesta|p=36-37}}.
C'est en avril 1991 que tout démarre vraiment pour Jeff Buckley quand un concert en hommage à son père est organisé à l'église Saint-Ann de [[New York]]. Hal Willner, l'organisateur de ce projet intitulé ''Greetings from Tim Buckley'', prend contact avec Herb Cohen (l'ancien manager de Tim Buckley), qui lui signale l'existence de Jeff Buckley et du talent de celui-ci. De cette façon, il finit par être invité à jouer au concert{{sfn|Cuesta|2005|p=36|loc=|id=}} . Jeff Buckley retourne donc à [[New York]] le 20 avril. Une fois là-bas, Hal Willner lui présente rapidement [[Gary Lucas]] (un ancien collaborateur de [[Captain Beefheart]]) avec l'idée de les faire jouer ensemble durant le concert. Le courant passe rapidement entre les deux hommes qui se mettent ainsi au travail{{sfn|Cuesta|2005|p=36-37|loc=|id=}} .


Le jour du concert, le {{date-|26 avril}}, ils jouent ''Sefronia-King's Chain'', ''Phantasmagoria In Two'' et surtout ''I Never Asked To Be Your Mountain'', chanson avec laquelle Jeff Buckley a toujours entretenu des rapports ambigus (« Je suis mentionné dans la chanson, tout comme sa petite amie de l'époque, ma mère. C'est une chanson magnifique, que j'admirais et haïssais à la fois, et c'est pour cette raison que c'est celle que j'ai chantée »{{sfn|Cuesta|p=38}}). Il modifie légèrement les paroles, ce qui fait de cette interprétation, selon David Brown, une réponse à son père et une [[catharsis]]{{sfn|Browne|p=187}}. Sa voix et ses qualités de chanteur impressionnent le public, il vole la vedette à tous les autres musiciens invités, au point de revenir seul sur scène au moment du rappel, interpréter ''Once I Was''{{sfn|Cuesta|p=38-39}}.
Le jour du concert, le 26 avril, ils jouent ''Sefronia-King's Chain'', ''Phantasmagoria In Two'' et surtout ''I Never Asked To Be Your Mountain'', chanson avec laquelle Jeff Buckley a toujours entretenu des rapports ambigus (« Je suis mentionné dans la chanson, tout comme sa petite amie de l'époque, ma mère. C'est une chanson magnifique, que j'admirais et haïssais à la fois, et c'est pour cette raison que c'est celle que j'ai chantée »{{sfn|Cuesta|2005|p=38|loc=|id=}} ). Il modifie légèrement les paroles, ce qui fait de cette interprétation, selon David Brown, une réponse à son père et une [[catharsis]]{{sfn|Browne|2003|p=187|loc=|id=}}. Le public est très impressionné par Jeff Buckley, sa voix et ses qualités de chanteur. Il vole ainsi la vedette à tous les autres musiciens invités, à tel point qu'au moment du rappel, il revient seul sur scène interpréter ''Once I Was''{{sfn|Cuesta|2005|p=38-39|loc=|id=}} .


Après ce concert, Jeff Buckley prolonge de plusieurs semaines son séjour à New York : il est sollicité de toute part. [[Rebecca Moore]], présente aux répétitions, devient sa petite amie{{sfn|Cuesta|p=39}}{{,}}{{sfn|Browne|p=185}}.
Après ce concert, Jeff Buckley prolonge son séjour à New York de plusieurs semaines : il est sollicité de toute part et [[Rebecca Moore]], présente aux répétitions, devient sa petite amie{{sfn|Cuesta|2005|p=39|loc=|id=}} {{,}}{{sfn|Browne|2003|p=185|loc=|id=}}.


=== Gods & Monsters ===
=== Gods & Monsters ===
Revenu à Los Angeles, Jeff Buckley démarre des répétitions avec ses amis Chris Down (claviériste de [[Fishbone]]) et Carla Azar. Ils envisagent de former un vrai groupe, ils composent notamment le morceau ''What Will You Say'' que Jeff Buckley joue ensuite très souvent sur scène{{sfn|Cuesta|p=40}}.
Jeff Buckley retourne ensuite à Los Angeles et démarre des répétitions avec ses amis Chris Down (claviériste de [[Fishbone]]) et Carla Azar. Ils envisagent de former un vrai groupe (ils composent notamment le morceau ''What Will You Say'' que Jeff Buckley joue ensuite très souvent sur scène){{sfn|Cuesta|2005|p=40|loc=|id=}}.


Au même moment, à New York, [[Gary Lucas]], très satisfait de sa collaboration avec Jeff Buckley , lui propose une place de chanteur dans son groupe Gods & Monsters. Pour le motiver à revenir à New York, Gary Lucas compose des morceaux et les lui envoie{{sfn|Cuesta|p=41}}. C'est surtout la présence de Rebecca Moore à New York qui, en {{date-|juin 1991}}, décide Jeff Buckley à y revenir (par intermittence au départ) et s'investir dans le groupe de Lucas{{sfn|Cuesta|p=41}}.
Au même moment, à New York, [[Gary Lucas]], très satisfait de sa collaboration avec Jeff Buckley , lui propose une place de chanteur dans son groupe Gods & Monsters. Pour le motiver à revenir à New York, Gary Lucas se met à composer des morceaux et les lui envoie{{sfn|Cuesta|2005|p=41|loc=|id=}} . C'est surtout la présence de Rebecca Moore à New York qui, en juin 1991, décide Jeff Buckley à y revenir (par intermittence au départ) et s'investir dans le groupe de Lucas{{sfn|Cuesta|2005|p=41|loc=|id=}} .


Ainsi, Jeff Buckley se met au travail avec Gary Lucas. Il écrit des paroles et compose une mélodie pour les deux morceaux que ce dernier lui a envoyés et qui deviennent alors ''Grace'' et ''Mojo Pin''. Le {{Date|17|août|1991}}, ils enregistrent ces deux chansons aux studios ''Krypton'' avec Jared Nickerson à la basse et Tony Lewis à la batterie et décrochent un peu plus tard un contrat avec le label Imago{{sfn|Cuesta|p=42-43}}{{,}}<ref group=alpha>Cette version de ''Grace'' peut être entendue sur l'album ''Songs to No One''.</ref>.
Ainsi, Jeff Buckley se met au travail avec Gary Lucas. Il écrit des paroles et compose une mélodie pour les deux morceaux que ce dernier lui a envoyés et qui deviennent alors ''Grace'' et ''Mojo Pin''. Le {{Date|17|août|1991}}, ils enregistrent ces deux chansons aux studios ''Krypton'' avec Jared Nickerson à la basse et Tony Lewis à la batterie et décrochent un peu plus tard un contrat avec le label Imago{{sfn|Cuesta|2005|p=42-43|loc=|id=}} {{,}}<ref>Cette version de ''Grace'' peut être entendue sur l'album ''Songs to No One''.</ref>.


Début 1992, Jeff Buckley quitte définitivement Los Angeles et s'installe avec Rebecca Moore dans le [[Lower East Side]] de New York. L'association Lucas/Buckley se constitue rapidement un répertoire plus important avec, entre autres, ''She's Free'', ''Harem Man'' ainsi que des reprises telles que ''L'Hymne à L'Amour'' (d'[[Édith Piaf]]) et ''Satisfied Mind'' (de [[Porter Wagoner]]{{sfn|Cuesta|p=145, à confirmer}}{{,}}<ref group=alpha>L'album ''Songs to No One'' est une sélection des enregistrements de ces morceaux.</ref>) et démarre une série de concerts.
Début 1992, Jeff Buckley quitte définitivement L.A. et s'installe avec Rebecca Moore dans le Lower East Side de New York. L'association Lucas/Buckley se constitue rapidement un plus gros répertoire avec, entre autres, des compositions comme ''She's Free'', ''Harem Man'' ainsi que des reprises telles que ''L'Hymne à L'Amour'' (d'[[Édith Piaf]]) et ''Satisfied Mind'' (de [[Porter Wagoner]]{{sfn|Cuesta|2005|p=145|loc=|id=}} )<ref>L'album ''Songs to No One'' est une sélection des enregistrements de ces morceaux</ref> et démarre une série de concerts.
Cependant, des tensions apparaissent dans le groupe : les deux hommes ont des différends artistiques, Gary Lucas veut faire signer à Jeff Buckley un contrat l'empêchant de s'investir dans d'autres projets que Gods & Monsters<ref>{{fr}} Interview de Mary Guibert - Magazine ''Rock Sound'' - hors série {{n°|23}} - novembre/décembre 2002.</ref> et Jeff Buckley n'est pas satisfait du nouveau contrat que leur propose Imago{{sfn|Cuesta|p=45}}. Le conflit a lieu le {{date-|14 mars}}, le lendemain d'un concert donné à l'église St-Ann (le lieu de leur rencontre). Kate Hyman (la patronne du label Imago) doit décider, à l'issue du concert, de continuer ou non la collaboration avec Gods & Monsters mais donne son accord pour signer avec Jeff Buckley uniquement, sans le reste du groupe. Cette décision et les différends entre Gary Lucas et Jeff Buckley mettent un terme à leur collaboration{{sfn|Cuesta|p=46}}.
Cependant, des tensions apparaissent dans le groupe : les deux hommes ont des différends artistiques, Gary Lucas veut faire signer à Jeff Buckley un contrat l'empêchant de s'investir dans d'autres projets que Gods & Monsters<ref>{{fr}} Interview de Mary Guibert - Magazine Rock Sound - hors série {{n°|23}} - novembre/décembre 2002</ref> et Jeff Buckley n'est pas satisfait du nouveau contrat que leur propose Imago{{sfn|Cuesta|2005|p=45|loc=|id=}} . Le conflit a lieu le 14 mars, le lendemain d'un concert donné à l'église St-Ann (le lieu de leur rencontre). Kate Hyman (la patronne du label Imago) devait décider à l'issue du concert de continuer ou non la collaboration avec Gods & Monsters mais donnera son accord pour signer Jeff Buckley uniquement, sans le reste du groupe. Cette décision et les différends entre Gary Lucas et Jeff Buckley mettent un terme à leur collaboration{{sfn|Cuesta|2005|p=46|loc=|id=}} .


=== Le phénomène du Sin-é bar ===
=== Le phénomène du Sin-é bar ===
Jeff Buckley commence alors à se produire seul sur scène. Par l'intermédiaire de Daniel Harnett, un ami de Rebecca Moore, il découvre un petit bar irlandais du nom de [[Sin-é]], dans le Lower East Side de New York, qui accueille fréquemment les musiciens locaux. Jeff Buckley y joue pour la première fois en {{date-|avril 1992}}{{sfn|Cuesta|p=49}}. Il apprécie très vite l'endroit et revient rapidement faire d'autres concerts.
Jeff Buckley commence alors à se produire seul sur scène. Par l'intermédiaire de Daniel Harnett, un ami de Rebecca Moore, il découvre un petit bar irlandais du nom de [[Sin-é]], situé dans le Lower East Side de New York et qui accueille fréquemment les musiciens locaux. Jeff Buckley y joue pour la première fois en avril 1992{{sfn|Cuesta|2005|p=49|loc=|id=}} . Il apprécie très vite l'endroit et revient rapidement faire d'autres concerts.


Shane Doyle, le patron du bar, apprécie tellement les performances de Jeff Buckley qu'il le fait jouer au Sin-é tous les lundis. Jeff Buckley y joue quelques-unes de ses compositions (''Mojo Pin'', ''Grace'', ''Eternal Life'' et ''Unforgiven'') et surtout beaucoup de reprises de ses idoles dont, entre autres, [[Bob Dylan]], [[Nina Simone]], [[Nusrat Fateh Ali Khan]], [[Joni Mitchell]] et [[Van Morrison]]{{sfn|Cuesta|p=50}}. C'est aussi à cette époque que Jeff Buckley commence à chanter ''Hallelujah'' de [[Leonard Cohen]]. Il devient ainsi, durant le printemps 1992, une des attractions du Lower East Side devant un public de plus en plus nombreux{{sfn|Cuesta|p=51-52}}.
Shane Doyle, le patron du bar, apprécie tellement les performances de Jeff Buckley qu'il le fait jouer au Sin-é tous les lundis. Jeff Buckley y joue quelques-unes de ses compositions (''Mojo Pin'', ''Grace'', ''Eternal Life'' et ''Unforgiven'') et surtout beaucoup de reprises de ses idoles dont, entre autres, [[Bob Dylan]], [[Nina Simone]], [[Nusrat Fateh Ali Khan]], [[Joni Mitchell]] et [[Van Morrison]]{{sfn|Cuesta|2005|p=50|loc=|id=}} . C'est aussi à cette époque que Jeff Buckley commence à chanter ''Hallelujah'' de [[Leonard Cohen]]. Il devient ainsi durant le printemps 1992, une des attractions du Lower East Side et le public est de plus en plus nombreux{{sfn|Cuesta|2005|p=51-52|loc=|id=}} .


À cette époque, Jeff Buckley se produit également à d'autres endroits. À la Knitting Factory, il participe notamment à « Cobra », un projet expérimental du musicien [[John Zorn]] dont le concept est le suivant : les chanteurs arrivent sans rien préparer, reçoivent une indication plus ou moins vague et doivent, immédiatement après, monter sur scène et improviser{{sfn|Cuesta|p=51-52}}{{,}}<ref group="alpha">Cette collaboration est immortalisée sur le disque ''John Zorn's Cobra : Live at the Knitting Factory'' sorti en 1995.</ref>.
À cette époque, Jeff Buckley se produit également à d'autres endroits. À la Knitting Factory, il participe notamment à « Cobra », un projet expérimental du musicien [[John Zorn]] dont le concept est le suivant : les chanteurs arrivent sans rien préparer, reçoivent une indication plus ou moins vague et doivent, immédiatement après, monter sur scène et improviser quelques choses{{sfn|Cuesta|2005|p=51-52|loc=|id=}} {{,}}<ref>Cette collaboration est immortalisé sur le disque ''John Zorn's Cobra : Live at the Knitting Factory'' sorti en 1995</ref>.


Mais c'est au Sin-é que la carrière de Jeff Buckley franchit une étape, son succès est tel que, durant le mois de mai, de nombreux directeurs artistiques s'y rendent pour le voir en concert{{sfn|Cuesta|p=53}}. Il reçoit plusieurs propositions et passe plusieurs mois à les étudier avec l'aide de Georges Stein, son avocat et futur manager. Le {{date-|29 octobre}}, après de nombreuses hésitations, il signe un contrat avec [[Sony Music Entertainment|Sony Music]], sur leur label [[Columbia Records|Columbia]]. Le fait que son idole [[Bob Dylan]] soit dans cette maison de disques a été un critère déterminant dans son choix, et de plus Steve Berkowitz, le directeur artistique de [[Columbia Records|Columbia]], est le seul à accepter les conditions de Jeff Buckley en termes d'argent (avances et pourcentages) et de liberté artistique{{sfn|Cuesta|p=55}}.
Mais c'est au Sin-é que la carrière de Jeff Buckley franchit une étape supplémentaire. Là-bas, son succès est tel que, durant le mois de mai, de nombreux directeurs artistiques s'y rendent pour le voir en concert{{sfn|Cuesta|2005|p=53|loc=|id=}} . Il reçoit plusieurs propositions et passe ensuite plusieurs mois à les étudier en compagnie de Georges Stein (son avocat et futur manager). Le 29 octobre, après de nombreuses hésitations, il signe un contrat avec [[Sony Music Entertainment|Sony Music]], sur leur label [[Columbia Records|Columbia]]. Le fait que son idole [[Bob Dylan]] soit signé sur cette maison de disques fut un critère déterminant dans son choix mais Steve Berkowitz, le directeur artistique de [[Columbia Records|Columbia]] est aussi le seul à s'accrocher et à accepter les conditions de Jeff Buckley en termes d'argent (avances et pourcentages) et de liberté artistique{{sfn|Cuesta|2005|p=55|loc=|id=}} .


Une fois le contrat signé, les choses vont considérablement ralentir : Jeff Buckley veut prendre son temps. Il continue à jouer au Sin-é ainsi qu'à d'autres endroits durant plusieurs mois, il fait quelques brèves tentatives d'enregistrements en studio mais aucun réel enregistrement d'album n'est prévu{{sfn|Cuesta|p=56-58}}. Il rencontre tout de même, en {{date-|juin 1993}}, le producteur [[Andy Wallace (producteur)|Andy Wallace]] (qui a également mixé l'album ''[[Nevermind]]'' de [[Nirvana (groupe)|Nirvana]]) et les deux hommes se mettent d'accord pour travailler ensemble.
Une fois le contrat signé, les choses vont considérablement ralentir : Jeff Buckley veut prendre son temps. Il continue à jouer au Sin-é ainsi qu'à d'autres endroits durant plusieurs mois, il fait quelques brèves tentatives d'enregistrements en studio mais aucun réel enregistrement d'album n'est prévu{{sfn|Cuesta|2005|p=56-58|loc=|id=}} . Il rencontre tout de même, en juin 1993, le producteur [[Andy Wallace (producteur)|Andy Wallace]] (qui a également mixé l'album ''[[Nevermind]]'' de [[Nirvana (groupe)|Nirvana]]) et les deux hommes se mettent d'accord pour travailler ensemble.


Les choses progressent en juillet [[1993 en musique|1993]] quand Columbia décide, avec l'accord de Jeff Buckley, de l'enregistrer en concert au Sin-é. Un premier essai est fait le {{date-|19 juillet}} mais sa prestation n'est pas bonne : Jeff Buckley est nerveux car, même si des amis à lui sont présents, le public est principalement composé du personnel de Columbia{{sfn|Cuesta|p=59-60}}. Le {{date-|17 août}}, une deuxième tentative, en petit comité cette fois-ci, se passe bien : Jeff Buckley parvient à retrouver l'ambiance habituelle de ses concerts{{sfn|Cuesta|p=60}}. Un CD-Maxi du concert sort le {{date-|23 novembre}}<ref group=alpha>Un double album live posthume voit ensuite le jour le 22 septembre 2003.</ref>.
Les choses progressent en juillet [[1993 en musique|1993]] quand Columbia décide, avec l'accord de Jeff Buckley, de l'enregistrer en concert au Sin-é. Un premier essai est fait le 19 juillet mais sa prestation n'est pas bonne : Jeff Buckley est nerveux car même si des amis à lui sont présents, le public est fortement composé de gens de chez Columbia{{sfn|Cuesta|2005|p=59-60|loc=|id=}} . Une deuxième tentative est faite le 17 août, en petit comité, et cette fois, tout se passe bien : Jeff Buckley parvient à retrouver l'ambiance habituelle de ses concerts{{sfn|Cuesta|2005|p=60|loc=|id=}} . Un CD-Maxi du concert sort le 23 novembre<ref>Un double album live posthume voit ensuite le jour le 22 septembre 2003.</ref>.


=== L'enregistrement de ''Grace'' ===
=== L'enregistrement de ''Grace'' ===
Avant d'enregistrer un album, Jeff Buckley veut trouver des musiciens. Pour cela, il rencontre dans un premier temps [[Mick Grondahl]], un jeune bassiste n'ayant jamais joué en groupe auparavant, puis quinze jours plus tard, il fait la connaissance d'un batteur nommé [[Matt Johnson]]. Les trois hommes démarrent ainsi des répétitions où est composé le morceau ''Dream Brother''. Les essais étant concluants, les deux musiciens sont alors recrutés{{sfn|Cuesta|2005|p=60-61|loc=|id=}} . Ils font leur premier concert au Sin-é le 19 septembre.
[[Fichier:Граффитти Jeff Buckley. Revisited. Россия, Октябрьский, 2015.jpg|vignette|Pochoir représentant Jeff Buckley et reprenant la pochette de son album Grace.]]


{{Citation bloc|Rien ne vaut un groupe. Prends n'importe quel grand album, il importe peu que ce soit un artiste solo comme [[Van Morrison]], sur ses albums, comme [[Astral Weeks]], il y avait un super groupe. Ma musique préférée a toujours été faite par des groupes.|Interview de Jeff Buckley durant l'enregistrement de l'album ''Grace''<ref>{{en}} Interview de Jeff Buckley - ''The Making Of Grace'', Bonus du DVD de ''Grace Legacy Edition'' - Octobre 1993</ref>}}
Avant d'enregistrer un album, Jeff Buckley veut trouver des musiciens. Il rencontre dans un premier temps [[Mick Grondahl]], un jeune bassiste n'ayant jamais joué en groupe auparavant, puis quinze jours plus tard, il fait la connaissance du batteur [[Matt Johnson]]. Les trois hommes démarrent ainsi des répétitions où émerge le morceau ''Dream Brother''. Après ces essais concluants, les deux musiciens alors recrutés{{sfn|Cuesta|p=60-61}}, ils font leur premier concert au Sin-é le {{date-|19 septembre}}.


Le lendemain du concert, ils se rendent tous les trois aux studios Bearsville à Woodstock pour enregistrer leur premier album qui sera produit par Andy Wallace{{sfn|Cuesta|2005|p=63|loc=|id=}} .
{{Citation bloc|Rien ne vaut un groupe. Prends n'importe quel grand album, il importe peu que ce soit un artiste solo comme [[Van Morrison]], sur ses albums, comme [[Astral Weeks]], il y avait un super groupe. Ma musique préférée a toujours été faite par des groupes.|Interview de Jeff Buckley durant l'enregistrement de l'album ''Grace''<ref>{{en}} Interview de Jeff Buckley - ''The Making Of Grace'', bonus du DVD de ''Grace Legacy Edition'', octobre 1993.</ref>}}


En entrant en studio, Jeff Buckley n'avait qu'une idée très vague de ce qu'il allait enregistrer. Il enregistre dans un premier temps et pour s'échauffer quelques reprises de [[Bob Dylan]], [[Bukka White]], [[Hank Williams]] ou encore [[Nina Simone]]{{sfn|Cuesta|2005|p=64|loc=|id=}} {{,}}<ref>Ces chansons se trouvent sur le CD Bonus de la Réédition de Grace sorti en 2004</ref>.
Le lendemain du concert, ils partent enregistrer aux studios Bearsville, à Woodstock, leur premier album, produit par Andy Wallace{{sfn|Cuesta|p=63}}.


Durant l'été 1993, Jeff Buckley recontacte [[Gary Lucas]] car il souhaite enregistrer les chansons ''Grace'' et ''Mojo Pin'' qu'ils ont composées ensemble. Gary Lucas donne facilement son accord et est même invité à les rejoindre en studio. Les tensions apparues durant l'époque Gods & Monsters sont donc apaisées et Gary Lucas vient passer quelques jours au studio et enregistrer les parties de guitare qu'il a composées{{sfn|Cuesta|2005|p=64-66|loc=|id=}} .
En entrant en studio, Jeff Buckley n'a qu'une idée très vague de ce qu'il va enregistrer. Il enregistre dans un premier temps, et pour s'échauffer, quelques reprises de [[Bob Dylan]], [[Bukka White]], [[Hank Williams]] ou encore [[Nina Simone]]{{sfn|Cuesta|p=64}}{{,}}<ref group=alpha>Ces chansons se trouvent sur le CD bonus de la réédition de ''Grace'' sorti en 2004.</ref>.


Au départ, avec [[Andy Wallace (producteur)|Andy Wallace]], il est question que Jeff Buckley n'enregistre qu'un album de reprises{{sfn|Cuesta|2005|p=66|loc=|id=}} , mais finalement il décide d'enregistrer ses compositions et de n'enregistrer que 3 reprises pour l'album : ''Lilac Wine'' (de [[James Shelton]]), ''[[Hallelujah (chanson de Leonard Cohen)|Hallelujah]]'' (de [[Leonard Cohen]]) et ''Corpus Christi Carol'' (de [[Benjamin Britten]]). L'album se dessine ainsi, petit à petit.
Durant l'été 1993, Jeff Buckley recontacte [[Gary Lucas]], il souhaite enregistrer les chansons ''Grace'' et ''Mojo Pin'' qu'ils ont composées ensemble. Gary Lucas donne facilement son accord, il est même invité à les rejoindre en studio. Les tensions apparues durant l'époque Gods & Monsters sont donc apaisées et Gary Lucas vient passer quelques jours au studio et enregistre les parties de guitare qu'il a composées{{sfn|Cuesta|p=64-66}}.


Quelque temps avant la fin des sessions, Jeff Buckley et ses musiciens composent une nouvelle chanson intitulée ''Forget Her'' et l'enregistrent également. Cette chanson retient particulièrement l'attention de Steve Berkowitz, qui surveillait régulièrement l'évolution des sessions et qui voit en cette chanson un single potentiel{{sfn|Cuesta|2005|p=68|loc=|id=}} .
Au départ, avec [[Andy Wallace (producteur)|Andy Wallace]], il est question que Jeff Buckley n'enregistre qu'un album de reprises{{sfn|Cuesta|p=66}}, mais finalement il décide d'enregistrer ses compositions et de n'enregistrer que 3 reprises pour l'album : ''Lilac Wine'' (de [[James Shelton]]), ''[[Hallelujah (chanson de Leonard Cohen)|Hallelujah]]'' (de [[Leonard Cohen]]) et ''Corpus Christi Carol'' (de [[Benjamin Britten]]). L'album se dessine ainsi petit à petit.


Les sessions se terminent mais l'album n'est pas complètement achevé. En effet, Jeff Buckley, qui part un moment seul en tournée à travers les États-Unis et le Canada, décide d'auditionner avec ses musiciens un nouveau guitariste, [[Michael Tighe]] (un ami rencontré par l'intermédiaire de Rebecca Moore). Le courant passe entre les {{nobr|4 hommes}} et Michael Tighe est recruté. Très peu de temps après son embauche, Tighe et Buckley composent un nouveau morceau intitulé ''So Real'' que le groupe enregistrera (ainsi que ''Kanga-Roo'', une reprise de [[Big Star]]) à New York{{sfn|Cuesta|2005|p=71|loc=|id=}} . Jeff Buckley parvient à enregistrer le chant de ''So Real'' en une seule prise, ce qui est une performance tout à fait exceptionnelle<ref>{{en}} Interview de Mick Grondahl - ''The Making of Grace'', bonus du DVD ''Grace Legacy Edition'' - octobre 1993</ref>.
Quelque temps avant la fin des sessions, Jeff Buckley et ses musiciens composent et enregistrent ''Forget Her'', une nouvelle chanson. Cette chanson retient particulièrement l'attention de Steve Berkowitz, qui surveille régulièrement l'évolution des sessions et voit en cette chanson un single potentiel{{sfn|Cuesta|p=68}}.


Jeff Buckley impose ensuite cette nouvelle chanson pour l'album, en remplacement de ''Forget Her'' qu'il trouve plutôt faible. Steve Berkowitz et les gens de Columbia ne sont eux pas du tout du même avis mais finissent pourtant par accepter cette modification{{sfn|Cuesta|2005|p=72|loc=|id=}} .
Les sessions se terminent mais l'album n'est pas achevé. Jeff Buckley part un moment seul en tournée à travers les États-Unis et le Canada, il décide d'auditionner avec ses musiciens un nouveau guitariste, [[Michael Tighe]] (un ami rencontré par l'intermédiaire de Rebecca Moore). Le courant passe entre les quatre hommes et Michael Tighe est recruté. Très peu de temps après, Tighe et Buckley composent un nouveau morceau, ''So Real'', que le groupe enregistre (ainsi que ''Kanga-Roo'', une reprise de [[Big Star]]) à New York{{sfn|Cuesta|p=71}}. Jeff Buckley parvient à enregistrer le chant de ''So Real'' en une seule prise, ce qui est une performance tout à fait exceptionnelle<ref>{{en}} Interview de Mick Grondahl - ''The Making of Grace'', bonus du DVD ''Grace Legacy Edition'' - octobre 1993.</ref>.


L'album est cette fois-ci bel et bien terminé, Jeff Buckley le nomme ''[[Grace (album)|Grace]]'' et il sort en août [[1994 en musique|1994]] en Europe puis aux États-Unis. Les titres qui y figurent sont les suivants :
Jeff Buckley impose cette nouvelle chanson pour l'album, en remplacement de ''Forget Her'' qu'il trouve plus faible. Steve Berkowitz et les gens de Columbia ne sont pas du même avis mais acceptent finalement cette modification{{sfn|Cuesta|p=72}}.

Jeff Buckley nomme ''[[Grace (album)|Grace]]'' l'album enfin terminé qui sort en août [[1994 en musique|1994]] en Europe, puis aux États-Unis. Les titres qui y figurent sont les suivants :
# ''Mojo Pin''
# ''Mojo Pin''
# ''Grace''
# ''Grace''
# ''Last Goodbye'' (anciennement appelé ''Unforgiven'')
# ''Last Goodbye'' (anciennement appelé ''Unforgiven'')
# ''[[Lilac Wine]]''
# ''Lilac Wine''
# ''So Real''
# ''So Real''
# ''[[Hallelujah (chanson de Leonard Cohen)|''Hallelujah'']]''
# ''[[Hallelujah (chanson de Leonard Cohen)|''Hallelujah'']]''
Ligne 124 : Ligne 116 :
# ''Corpus Christi Carol''
# ''Corpus Christi Carol''
# ''Eternal Life''
# ''Eternal Life''
# ''Dream Brother'' (ce titre est un clin d'œil à la chanson ''Dream Letter'' que chantait Tim Buckley<ref group="alpha">''Dream Letter'' de Tim Buckley parle de Jeff et sa mère et du fait qu'il ait abandonné son rôle de père. Dans ''Dream Brother'', Jeff Buckley donne des conseils à un ami (imaginaire) qui va bientôt être père. Les phrases : ''Don't be like the one who made me so old'' et ''Don't be like the one who left behind his name'' dans ''Dream Brother'' sont particulièrement significatives.</ref>{{,}}<ref>[http://www.lacoccinelle.net/traduction-chanson-2857-.html Traduction de ''Dream Brother''].</ref>{{,}}<ref>[http://www.evene.fr/musique/actualite/interview-portrait-jeff-buckley-grace-837.php Traduction du refrain de ''Dream Letter''].</ref>)
# ''Dream Brother'' (ce titre est un clin d'œil à la chanson ''Dream Letter'' que chantait Tim Buckley<ref>''Dream Letter'' de Tim Buckley parle de Jeff et sa mère et du fait qu'il ait abandonné son rôle de père. Dans ''Dream Brother'', Jeff Buckley donne des conseils à un ami (imaginaire) qui va bientôt être père. Les phrases : ''Don't be like the one who made me so old'' et ''Don't be like the one who left behind his name'' dans ''Dream Brother'' sont particulièrement significatives.</ref>{{,}}<ref>[http://www.lacoccinelle.net/traduction-chanson-2857-.html Traduction de ''Dream Brother'']</ref>{{,}}<ref>[http://www.evene.fr/musique/actualite/interview-portrait-jeff-buckley-grace-837.php Traduction du refrain de ''Dream Letter'']</ref>)


=== Les tournées ===
=== Les tournées ===
En juin [[1994 en musique|1994]], Jeff Buckley et son groupe démarrent leur première tournée aux États-Unis. Mis à part quelques concerts, dont notamment celui du Fez à New York le {{date-|17 juin}} (des personnalités comme [[Chris Cornell]], [[Winona Ryder]] et [[The Edge]] sont présentes dans la salle), cette tournée ne fait pas grand bruit, sans doute parce que l'album n'est pas encore sorti{{sfn|Cuesta|p=75-76}}. Le {{date-|16 août 1994}}, ils donnent un concert d'adieu au Sin-é. Jeff Buckley part ensuite à Londres passer du temps en compagnie de [[Elizabeth Fraser|Liz Fraser]], la chanteuse des [[Cocteau Twins]] ; ils ont une brève relation et composent également la chanson ''All Flowers In Time''{{sfn|Cuesta|p=80}}.
En juin [[1994 en musique|1994]], Jeff Buckley et son groupe démarrent leur première tournée aux États-Unis. Mis à part quelques concerts dont notamment celui du Fez à New York, le 17 juin (des personnalités comme [[Chris Cornell]], [[Winona Ryder]] et [[The Edge]] sont présentes dans la salle), cette tournée ne fait pas grand bruit (principalement parce que l'album n'était pas encore sorti){{sfn|Cuesta|2005|p=75-76|loc=|id=}} . Le 16 août 1994, ils donnent un concert d'adieu au Sin-é. Jeff Buckley part ensuite à Londres passer du temps en compagnie de [[Elizabeth Fraser|Liz Fraser]], la chanteuse des [[Cocteau Twins]] ; ils ont une brève relation et composent également une chanson intitulée ''All Flowers In Time''{{sfn|Cuesta|2005|p=80|loc=|id=}} .

Le 23 août 1994, l'album sort aux États-Unis mais Mick Grondahl, Matt Johnson et Michael Tighe rejoignent Buckley à [[Dublin]] (d'où est originaire son grand-père paternel) pour préparer une tournée d'un mois en Europe. Le premier concert de Jeff Buckley pour cette tournée a lieu au Garage à Londres, le {{1er}} septembre. Le 22 septembre, Jeff Buckley fait son premier concert français au Passage du Nord-Ouest à Paris{{sfn|Cuesta|2005|p=80-81|loc=|id=}} .


Ce sont en fait deux années de tournées ininterrompues qui commencent. ''Grace'' reçoit un très bon accueil critique, plus encore en Europe qu’aux États-Unis (il est récompensé en France par le Grand Prix international du Disque 1995 de l'[[Académie Charles-Cros]]{{sfn|Cuesta|2005|p=85|loc=|id=}} ), mais les ventes sont assez modestes, du moins pour [[Columbia Records|Columbia]]. Jeff Buckley va ainsi s’épuiser dans des tournées interminables, dans des concerts d'envergures diverses, des petits festivals partout dans le monde ou encore au ''Sin-é'' où il revient plus tard.
Le {{date-|23 août 1994}}, l'album sort aux États-Unis, mais Mick Grondahl, Matt Johnson et Michael Tighe rejoignent Buckley à [[Dublin]] (d'où est originaire son grand-père paternel) pour préparer une tournée d'un mois en Europe. Le premier concert de Jeff Buckley pour cette tournée a lieu au Garage à Londres, le {{1er}} septembre. Le {{date-|22 septembre}}, Jeff Buckley fait son premier concert français au [[Passage du Nord-Ouest]] à Paris{{sfn|Cuesta|p=80-81}}.


À la manière des musiciens de [[Jazz]] qui improvisent leur musique autour d'un thème musical, Jeff Buckley et son groupe interprètent toujours les mêmes chansons mais chaque fois différemment des soirs précédents (ils rallongent certains passages ou jouent de nouveaux arrangements){{sfn|Cuesta|2005|p=84-85|loc=|id=}} .
Ce sont en fait deux années de tournées ininterrompues qui commencent. ''Grace'' reçoit un très bon accueil critique, plus encore en Europe qu’aux États-Unis. Il est récompensé en France par le [[Grand Prix international du Disque]] 1995 de l'[[Académie Charles-Cros]]{{sfn|Cuesta|p=85}}), mais les ventes sont assez modestes, du moins pour [[Columbia Records|Columbia]]. Jeff Buckley s’épuise dans des tournées interminables, dans des concerts d'envergures diverses, dans de petits festivals partout dans le monde, ou encore au ''Sin-é'' où il revient plus tard.


Les chansons qu'ils jouent sont principalement : ''Mojo Pin'', ''Grace'', ''Last Goodbye'', ''So Real'', ''Lover, You Should've Come Over'', ''Eternal Life, Dream Brother'', ''Hallelujah'', ''What Will You Say'', ''Kick Out The Jams'' (reprise du [[MC5]]) ainsi que le fameux morceau ''Kanga-Roo'' qui est à l'origine d'un gros conflit entre Jeff Buckley et les gens de [[Columbia Records|Columbia]] qui le trouvent trop long ({{nobr|15 minutes}} en moyenne) et jugent qu'il nuit à ses prestations. Jeff Buckley, lui, ne l'entend pas de cette oreille et continue malgré tout à jouer cette chanson. Il va même, parfois, jusqu'à la dédier au personnel de sa maison de disques{{sfn|Cuesta|2005|p=81|loc=|id=}}.
À la manière des musiciens de [[Jazz]] qui improvisent leur musique autour d'un thème musical, Jeff Buckley et son groupe interprètent toujours les mêmes chansons mais chaque fois différemment des soirs précédents, ils rallongent certains passages ou jouent de nouveaux arrangements{{sfn|Cuesta|p=84-85}}.


Les chansons qu'ils jouent sont principalement : ''Mojo Pin'', ''Grace'', ''Last Goodbye'', ''So Real'', ''Lover, You Should've Come Over'', ''Eternal Life, Dream Brother'', ''Hallelujah'', ''What Will You Say'', ''Kick Out The Jams'' (reprise du [[MC5]]) ainsi que le fameux morceau ''Kanga-Roo'' qui est à l'origine d'un gros conflit entre Jeff Buckley et les gens de [[Columbia Records|Columbia]] qui le trouvent trop long (15 minutes en moyenne) et jugent qu'il nuit à ses prestations. Jeff Buckley, lui, ne l'entend pas de cette oreille et continue malgré tout à jouer cette chanson. Il va même, parfois, jusqu'à la dédier au personnel de sa maison de disques{{sfn|Cuesta|p=81}}. À cette liste de chansons, Jeff Buckley en rajoute souvent quelques autres selon ses envies du moment. Ils interprètent des morceaux de [[The Smiths]], [[Led Zeppelin]], [[Édith Piaf]], [[Judy Garland]] ou encore [[Siouxsie Sioux]]<ref>[http://old.jeffbuckley-fr.net/disco/Liste.html Liste des reprises faites par Jeff Buckley] dont ''Killing time'' composée par Siouxsie pour The Creatures.</ref>.
À cette liste de chansons, Jeff Buckley en rajoute souvent quelques autres selon ses envies du moment. Ils interprètent des morceaux de [[The Smiths]], [[Led Zeppelin]], [[Édith Piaf]], [[Judy Garland]] ou encore [[Siouxsie Sioux]]<ref>[http://old.jeffbuckley-fr.net/disco/Liste.html liste des reprises faites par Jeff Buckley] dont ''Killing time'' composée par Siouxsie pour The Creatures.</ref>.
{| class="wikitable collapsible collapsed" style="clear:none; margin:0 auto; padding:0 auto; width:60%; text-align:center;"
{| class="wikitable collapsible collapsed" style="clear:none; margin:0 auto; padding:0 auto; width:60%; text-align:center;"
! align="center" colspan="3" |Tournée Française de Jeff Buckley<ref>''[[Les Inrockuptibles]]'' {{n°|62}} - {{p.|105}} - janvier 1995 - {{ISSN|0298-3788}}</ref>{{,}}{{sfn|Cuesta|p=87}}
! align="center" colspan="3" |Tournée Française de Jeff Buckley<ref>[[Les Inrockuptibles]] {{n°|62}} - {{p.|105}} - janvier 1995 - {{ISSN|0298-3788}}</ref>{{,}}{{sfn|Cuesta|2005|p=87|loc=|id=}}
|-
|-
!'''Dates'''!!'''Villes'''!!'''Salles'''
!'''Dates'''!!'''Villes'''!!'''Salles'''
|-
|-
| width="33%" | {{date-|22 septembre 1994}} || Paris || Passage du Nord-Ouest
| width="33%" | 22 septembre 1994 || Paris || Passage du Nord-Ouest
|-
|-
| width="33%" | {{date-|8 février 1995}} || Toulouse || Bikini
| width="33%" | 8 février 1995 || Toulouse || Bikini
|-
|-
| width="33%" | {{date-|9 février 1995}} || Montpellier || Salle Victoire
| width="33%" | 9 février 1995 || Montpellier || Salle Victoire
|-
|-
| width="33%" | {{date-|10 février 1995}} || Lyon || B52
| width="33%" | 10 février 1995 || Lyon || B52
|-
|-
| width="33%" | {{date-|11 février 1995}} || Paris || Bataclan
| width="33%" | 11 février 1995 || Paris || Bataclan
|-
|-
| width="33%" | {{date-|13 février 1995}} || Rennes|| Ubu
| width="33%" | 13 février 1995 || Rennes|| Ubu
|-
|-
| width="33%" | {{date-|14 février 1995}} || Strasbourg || La Laiterie
| width="33%" | 14 février 1995 || Strasbourg || La Laiterie
|-
|-
| width="33%" | {{date-|28 juin 1995}} || Rouen || EXO 7
| width="33%" | 6 juillet 1995 || Paris || Olympia
|-
|-
| width="33%" | {{date-|6 juillet 1995}} || Paris || Olympia
| width="33%" | 7 juillet 1995 || Paris || Olympia
|-
|-
| width="33%" | {{date-|7 juillet 1995}} || Paris || Olympia
| width="33%" | 9 juillet 1995 || Belfort|| Les Eurockéennes de Belfort
|-
|-
| width="33%" | 18 juillet 1995 || Saint-Florent-le-Vieil || Terrasse de l'abbaye<ref>Ce concert très particulier en extérieur prit place dans le cadre du [http://www.lesorientales.fr festival de musiques orientales de Saint-Florent-le-Vieil]. Bien que le style musical de Jeff Buckley ne rentra pas formellement dans le cadre de cette manifestation, le directeur du festival fût tellement époustouflé quelques mois plus tôt par la prestation de Jeff Buckley lors du concert du 22 septembre 1994 au Passage du Nord-Ouest à Paris qu'il mit un point d'honneur à convaincre celui-ci d'intégrer cette date dans sa tournée. Lors de cette soirée, le public assista notamment à un duo improvisé entre Jeff et le chanteur aseri Alim Qasimov qui assurait la première partie du concert. Ensemble ils interprétèrent ''What Will You Say'', un morceau intégré dans l'album ''[[Live à l'Olympia (album de Jeff Buckley)|Live à l'Olympia]]''</ref>
| width="33%" | {{date-|9 juillet 1995}} || Belfort|| Les Eurockéennes de Belfort
|-
| width="33%" | {{date-|18 juillet 1995}} || Saint-Florent-le-Vieil || Terrasse de l'abbaye <ref group=alpha>Ce concert très particulier en extérieur prit place dans le cadre du [http://www.lesorientales.fr festival de musiques orientales de Saint-Florent-le-Vieil]. Bien que le style musical de Jeff Buckley ne rentrât pas formellement dans le cadre de cette manifestation, le directeur du festival fut tellement époustouflé quelques mois plus tôt par la prestation de Jeff Buckley lors du concert du 22 septembre 1994 au ''Passage du Nord-Ouest'' à Paris qu'il mit un point d'honneur à convaincre celui-ci d'intégrer cette date dans sa tournée. Lors de cette soirée, le public assista notamment à un duo improvisé entre Jeff et le chanteur aseri [[Alim Qasimov]] qui assurait la première partie du concert. Ensemble ils interprétèrent ''What Will You Say'', un morceau intégré dans l'album ''[[Live à l'Olympia (album de Jeff Buckley)|Live à l'Olympia]]''.</ref>
|}
|}


La popularité de Jeff Buckley, sans être gigantesque à l'époque, lui pose quelques problèmes : le {{date-|4 juin}}, par exemple, il est photographié en compagnie de [[Courtney Love]] qui cherchait à le séduire depuis quelque temps. Ces photographies entraînent de nombreuses rumeurs alors que leur relation est strictement amicale{{sfn|Cuesta|p=86}}. Un autre événement le contrarie beaucoup quand le magazine ''People'' le cite dans un classement des 50 plus beaux hommes du monde. À ce sujet, il déclare : « C'est facile d'avoir du succès, cela n'a pas grand chose à voir avec la musique, mais avec le look, l'exposition médiatique… […]. Je serai toujours musicien, je n'ai pas besoin d'avoir ma photo partout […]. Ce que je veux vraiment c'est toujours pouvoir jouer, jusqu'à ce que je tombe. »{{sfn|Cuesta|p=86}}.
La popularité de Jeff Buckley, sans être gigantesque à l'époque, lui pose quelques problèmes : le 4 juin, par exemple, il est photographié en compagnie de [[Courtney Love]] qui cherchait à le séduire depuis quelque temps. Ces photographies entraînent de nombreuses rumeurs alors que leur relation est strictement amicale{{sfn|Cuesta|2005|p=86|loc=|id=}} . Un autre événement le contrarie beaucoup quand le magazine ''People'' le cite dans un classement des 50 plus beaux hommes du monde. À ce sujet, il déclare : « C'est facile d'avoir du succès, cela n'a pas grand chose à voir avec la musique, mais avec le look, l'exposition médiatique… […]. Je serai toujours musicien, je n'ai pas besoin d'avoir ma photo partout […]. Ce que je veux vraiment c'est toujours pouvoir jouer, jusqu'à ce que je tombe. »{{sfn|Cuesta|2005|p=86|loc=|id=}} .


Avec la fatigue des tournées, Jeff Buckley n'arrive plus à écrire de nouvelles chansons (au bout d'un an de tournées à travers le monde, 207 concerts au total ont été donnés{{sfn|Cuesta|p=88}}). Malgré cela, sa maison de disques exerce beaucoup de pression sur lui pour qu'il enregistre rapidement un deuxième album. En effet, à la fin de l'année 1995, ''[[Grace (album)|Grace]]'' s'est vendu à {{nombre|750000|exemplaires}} dans le monde (dont {{nb|180000 exemplaires}} aux États-Unis{{sfn|Cuesta|p=88}}), mais [[Columbia Records|Columbia]] aurait avancé près de 2,2 millions de dollars en clips, tournées, singles et sessions d'enregistrements, si bien que les ventes de l'album ne lui permettent pas de rembourser intégralement sa maison de disques et il doit donc éponger ses dettes{{sfn|Cuesta|p=91}}.
Avec la fatigue des tournées, Jeff Buckley n'arrive plus à écrire de nouvelles chansons (au bout d'un an de tournées à travers le monde, 207 concerts au total ont été donnés{{sfn|Cuesta|2005|p=88|loc=|id=}} ). Malgré cela, sa maison de disques exerce beaucoup de pression sur lui pour qu'il enregistre rapidement un deuxième album. En effet, à la fin de l'année 1995, ''[[Grace (album)|Grace]]'' s'est vendu à {{formatnum:750000}} exemplaires dans le monde (dont {{formatnum:180000}} exemplaires aux États-Unis{{sfn|Cuesta|2005|p=88|loc=|id=}} ), mais [[Columbia Records|Columbia]] aurait avancé près de {{nombre|2,2|millions}} de dollars en clips, tournées, singles et sessions d'enregistrements, si bien que les ventes de l'album ne lui permettent pas de rembourser intégralement sa maison de disques et il doit donc éponger ses dettes{{sfn|Cuesta|2005|p=91|loc=|id=}} .
{{Citation bloc|Depuis l'année dernière, je n'ai pas été capable d'écrire une chanson. Toujours en tournée, pas moyen de prendre la moindre distance. […] Je me sens cheap et inutile. Il faut que je me remette à écrire… Quand je me vois, j'ai honte, je ne suis plus qu'un pantin traîné de salle en salle.|Jeff Buckley au magazine ''[[Les Inrockuptibles]]''<ref>{{fr}} ''[[Les Inrockuptibles]]'', {{Date-||juillet|1995}}.</ref>}}
{{Citation bloc|Depuis l'année dernière, je n'ai pas été capable d'écrire une chanson. Toujours en tournée, pas moyen de prendre la moindre distance. (...) Je me sens cheap et inutile. Il faut que je me remette à écrire... Quand je me vois, j'ai honte, je ne suis plus qu'un pantin traîné de salle en salle.|Jeff Buckley au magazine [[Les Inrockuptibles]]<ref>{{fr}} ''[[Les Inrockuptibles]]'', juillet 1995</ref>}}


D'autre part, le rythme très éprouvant des tournées viendra à bout du batteur, [[Matt Johnson]]. En plus de ne plus supporter ce rythme, il commence aussi à être victime de problèmes auditifs liés au volume sonore des prestations répétées du groupe et des tensions apparaissent également entre lui et Jeff Buckley car il accepte mal le mode de vie excessif de ce dernier (forte consommation d'alcool, de cigarettes et expérimentation de certaines drogues). Ainsi, en {{date-|novembre 1995}}, voulant anticiper le départ dont leur parle leur ami, Jeff Buckley, Mick Grondahl et Michael Tighe commencent quelques répétitions avec un nouveau [[batteur]], [[Eric Eidel]]. Mais les choses en restent là pour l'instant{{sfn|Cuesta|p=89-90}}. Matt Johnson quitte ensuite le groupe au début de l'année 1996 après une dernière tournée de quinze dates en Australie. Michael Tighe déclare à ce sujet : {{Citation|Matt en a eu assez des tournées […] Avec Jeff, il entretenait une relation particulièrement fraternelle, ils étaient similaires en bien des points. Cela a été dévastateur pour le groupe quand il est parti{{sfn|Cuesta|p=91-92}}.}}
D'autre part, le rythme très éprouvant des tournées viendra à bout du batteur, [[Matt Johnson]]. En plus de ne plus supporter ce rythme, il commence aussi à être victime de problèmes auditifs liés au volume sonore des prestations répétées du groupe et des tensions apparaissent également entre lui et Jeff Buckley car il accepte mal le mode de vie excessif de ce dernier (forte consommation d'alcool, de cigarettes et expérimentation de certaines drogues). Ainsi, en novembre 1995, voulant anticiper le départ dont leur parle leur ami, Jeff Buckley, Mick Grondahl et Michael Tighe commencent quelques répétitions avec un nouveau batteur, [[Eric Eidel]]. Mais les choses en restent là pour l'instant{{sfn|Cuesta|2005|p=89-90|loc=|id=}} . Matt Johnson quitte ensuite le groupe au début de l'année 1996 après une dernière tournée de quinze dates en Australie. Michael Tighe déclare à ce sujet : « Matt en a eu assez des tournées […] Avec Jeff, il entretenait une relation particulièrement fraternelle, ils étaient similaires en bien des points. Cela a été dévastateur pour le groupe quand il est parti. »{{sfn|Cuesta|2005|p=91-92|loc=|id=}} .


=== ''Sketches For My Sweetheart The Drunk'' ===
=== ''Sketches For My Sweetheart The Drunk'' ===
Après le départ de Matt Johnson, le groupe ne tourne plus et (sous la pression de Steve Berkowitz et de Columbia) se concentre alors sur l'écriture et l'enregistrement de ce second disque. Eric Eidel est alors reconvoqué et le {{date-|15 juin}}, le groupe entre au studio Sorcerer Sound à New York pour tenter d'enregistrer ce deuxième album (déjà intitulé ''My Sweetheart The Drunk'') avec [[Tom Verlaine]] (leader du groupe [[Television (groupe)|Television]]) à la production. Tom Verlaine et lui se sont rencontrés la même année durant l'enregistrement de l'album ''[[Gone Again]]'' de [[Patti Smith]] sur lequel Jeff Buckley, invité à participer, joue sur le morceau ''Fireflies'' et fait des chœurs sur ''Beneath The Southern Cross''<ref group="alpha">À noter que quatre célèbres musiciens de rock sont présents sur ce morceau : [[Tom Verlaine]] à la guitare, [[John Cale]] au clavier, [[Patti Smith]] et Jeff Buckley au chant.</ref>.
Après le départ de Matt Johnson, le groupe ne tourne plus et (sous la pression de Steve Berkowitz et de Columbia) se concentre alors sur l'écriture et l'enregistrement de ce second disque. Eric Eidel est alors reconvoqué et le 15 juin, le groupe entre au studio Sorcerer Sound à New York pour tenter d'enregistrer ce deuxième album (déjà intitulé ''My Sweetheart The Drunk'') avec [[Tom Verlaine]] (leader du groupe [[Television (groupe)|Television]]) à la production. Tom Verlaine et lui se sont rencontrés la même année durant l'enregistrement de l'album ''Gone Again'' de [[Patti Smith]] auquel Jeff Buckley fut invité à participer. Il joua sur le morceau ''Fireflies'' et fait des chœurs sur ''Beneath The Southern Cross'' noter que quatre célèbres musiciens de rock sont présents sur ce morceau : [[Tom Verlaine]] à la guitare, [[John Cale]] au clavier, [[Patti Smith]] et Jeff Buckley au chant).


La première session d'enregistrement de ''My Sweetheart The Drunk'' est un échec : les conditions sont précaires, le temps est limité et [[Eric Eidel]], le nouveau batteur, ne parvient pas à s'adapter à tous les morceaux{{sfn|Cuesta|p=94-95}}. Jeff Buckley décide alors de repousser l'enregistrement de l'album.
Cette première session d'enregistrement de ''My Sweetheart The Drunk'' est un échec : les conditions sont précaires, le temps est limité et Eric Eidel, leur nouveau batteur, ne parvient pas à s'adapter à tous les morceaux{{sfn|Cuesta|2005|p=94-95|loc=|id=}} . Jeff Buckley décide alors de repousser l'enregistrement de l'album.


À l'automne 1996, Jeff Buckley décide de se séparer d'[[Eric Eidel]]. Le moral de Jeff Buckley est alors au plus bas et ses proches s'inquiètent de le voir boire autant d'alcool et le soupçonnent d'abuser d'autres drogues (à noter que Buckley a, auparavant, reconnu avoir déjà pris des drogues tout en parlant de libération ou d'aide à la créativité pour expliquer cette attitude){{sfn|Cuesta|p=96-97}}. Les choses s'améliorent au début de l'année 1997 quand Mick Grondahl lui présente [[Parker Kindred]], un nouveau batteur qui, après quelques répétitions, est rapidement embauché{{sfn|Cuesta|p=98-99}}.
Durant l'automne 1996, Jeff Buckley décide de se séparer d'Eric Eidel. Le moral de Jeff Buckley est alors au plus bas et ses proches s'inquiètent de le voir boire autant d'alcool et le soupçonnent d'abuser d'autres drogues (à noter que Buckley a, auparavant, reconnu avoir déjà pris des drogues tout en parlant de libération ou d'aide à la créativité pour expliquer cette attitude){{sfn|Cuesta|2005|p=96-97|loc=|id=}} . Les choses s'améliorent au début de l'année 1997 quand Mick Grondahl lui présente [[Parker Kindred]], un nouveau batteur qui, après quelques répétitions, est rapidement embauché{{sfn|Cuesta|2005|p=98-99|loc=|id=}} .


Le {{date-|5 février 1997}}, le groupe est de nouveau en studio, cette fois-ci en compagnie de [[Michael Clouse]] à la production, mais seulement pour quelques jours. Ils enregistrent quelques nouveaux morceaux dont ''Haven't You Heard''. Selon [[Michael Tighe]], ces sessions sont « juste des essais pour avoir des trucs sur bande et voir comment les arrangements fonctionnaient »{{sfn|Cuesta|p=101|loc=entretien avec Michael Tighe}}.
Le {{date-|5 février 1997}}, le groupe est de nouveau en studio, cette fois-ci en compagnie de [[Michael Clouse]] à la production, mais seulement pour quelques jours. Ils enregistrent une poignée de nouveaux morceaux dont ''Haven't You Heard''. Selon [[Michael Tighe]], ces sessions sont « juste des essais pour avoir des trucs sur bande et voir comment les arrangements fonctionnaient<ref>{{harvsp|Cuesta|2005|p=101|loc=|id=}} : entretien de Michael Tighe avec Stan Cuesta</ref> ».


Fin février, le groupe retourne en studio avec [[Tom Verlaine]], mais cette fois-ci à Memphis. C'est un nouvel échec : Jeff Buckley, musicien extrêmement perfectionniste, veut sans arrêt reprendre chaque morceau et Tom Verlaine s'en irrite. Finalement, seuls quelques morceaux sont enregistrés, dont ''Opened Once'' que Jeff Buckley enregistre seul avec Tom Verlaine, tandis que le reste du groupe repart à New York{{sfn|Cuesta|p=103-104}}.
Fin février, le groupe retourne en Studio avec [[Tom Verlaine]], mais cette fois-ci à Memphis. C'est un nouvel échec : Jeff Buckley, musicien extrêmement perfectionniste, veut sans arrêt reprendre chaque morceau et Tom Verlaine râle après les musiciens. Finalement, seuls quelques morceaux sont enregistrés, dont ''Opened Once'' que Jeff Buckley enregistre seul avec Tom Verlaine, tandis que le reste du groupe repart à New York{{sfn|Cuesta|2005|p=103-104|loc=|id=}} .


Le 22 mai, resté à Memphis pour s'isoler et composer de nouveaux morceaux, il envoie à ses musiciens une maquette contenant de nouvelles chansons et les invite à le rejoindre à Memphis pour les enregistrer (à [[Michael Tighe]], il dit par téléphone : « C'est la première fois que je me sens vraiment bien avec cette musique, je me sens comme quand nous sommes partis en tournée pour la première fois pour ''Grace''<ref>{{harvsp|Cuesta|2005|p=106-107|loc=|id=}} : entretien de Michael Tighe avec Stan Cuesta</ref> ».)
=== Mort accidentelle ===
[[Fichier:Wolf-River-Harbor-Memphis.jpg|vignette|La rivière Wolf vers Memphis et sa confluence avec le Mississippi.]]
Le {{Date-|22|mai}}, resté à Memphis pour s'isoler et composer de nouveaux morceaux, il envoie à ses musiciens une maquette contenant de nouvelles chansons et les invite à le rejoindre à Memphis pour les enregistrer (à [[Michael Tighe]], il dit au téléphone : {{Citation|C'est la première fois que je me sens vraiment bien avec cette musique, je me sens comme quand nous sommes partis en tournée pour la première fois pour ''Grace''{{sfn|Cuesta|p=106-107|loc=entretien avec Michael Tighe}}}}).


Le {{Date-|29|mai|1997}}, le groupe prend l'avion pour rejoindre Jeff Buckley. Attendant leur arrivée, Buckley part se promener au bord de la [[Wolf (rivière du Tennessee)|Wolf River]], affluent boueux du [[Mississippi (fleuve)|Mississippi]], avec son ami Keith Foti et décide de se baigner tout habillé. Après le passage d’un [[bateau à roues à aubes|bateau à aubes]], il disparaît dans les eaux{{sfn|Browne|p=26-31}}. Son corps est retrouvé six jours plus tard{{sfn|Browne|p=426-432}}, près de Beale Street à [[Memphis (Tennessee)|Memphis]], par un passager du bateau de tourisme ''American Queen''{{sfn|Don Kent}}{{,}}<ref name="Fred">{{en}}{{article|nom=Schruers |prénom=Fred |titre=River's Edge|périodique=[[Rolling Stone]]|date=7 août 1997|url=https://www.rollingstone.com/artists/jeffbuckley/articles/story/14925058/rivers_edge |consulté le=2019-08-30|archiveurl=https://web.archive.org/web/20090311020659/http://www.rollingstone.com/artists/jeffbuckley/articles/story/14925058/rivers_edge |archivedate=March 11, 2009}}</ref>. Il avait {{Unité|30|ans}}.
Le {{date-|29 mai 1997}}, le groupe prend l'avion pour rejoindre Jeff Buckley. Attendant leur arrivée, il part se promener au bord de la [[Wolf (rivière du Tennessee)|Wolf River]], affluent boueux du [[Mississippi (fleuve)|Mississippi]], avec son ami Keith Foti et décide d’aller se baigner, tout habillé. Après le passage d’un [[bateau à roues à aubes|bateau à aubes]], il disparaît dans les eaux{{sfn|Browne|2003|p=26-31|loc=|id=}}. Son corps est retrouvé six jours plus tard{{sfn|Browne|2003|p=426-432|loc=|id=}}, près de Beale Street à [[Memphis (Tennessee)|Memphis]], par un passager du bateau de tourisme ''American Queen''<ref name="Kent"/>. Il avait {{nobr|30 ans}}.

Aujourd'hui encore, les circonstances de la mort de Buckley n'ont pas clairement été cernées. Si l'on sait que le chanteur souffrait de dépression à cette période de sa vie, l'on sait aussi qu'il s'investissait de manière significative et acharnée pour faire sortir son deuxième opus. La thèse de l'accident est privilégiée pour cette raison.


=== Hommages et carrière posthume ===
=== Hommages et carrière posthume ===
{{Citation bloc|Techniquement, c'était le meilleur chanteur à être apparu depuis probablement vingt ans. [...] Plus j'écoute ''Grace'', plus j'apprécie son talent absolu... Ce n'est pas loin d'être mon album préféré de la décennie.|[[Jimmy Page]] à propos de Jeff Buckley<ref>{{en}} magazine ''[[Uncut]]'' - septembre 2004</ref>}}

{{Citation bloc|Techniquement, c'était le meilleur chanteur à être apparu depuis probablement vingt ans. [...] Plus j'écoute ''Grace'', plus j'apprécie son talent absolu... Ce n'est pas loin d'être mon album préféré de la décennie.|[[Jimmy Page]] à propos de Jeff Buckley<ref>{{en}} Magazine ''[[Uncut]]'' - septembre 2004.</ref>}}

{{Citation bloc|Je jouais avec [[Jimmy Page|Jimmy]] au milieu des années 90 [...]. Nous jouions dans un festival en Suisse et Jeff Buckley jouait et nous sommes allés le voir<ref>Il s'agissait du [[Gurtenfestival]] à [[Berne]], où Jeff Buckley a joué en juillet 1995.</ref>. C'était renversant, sa voix... Un chant spectaculaire... Tant de conviction.|[[Robert Plant]] à propos de Jeff Buckley<ref>{{Lien web|langue=en|titre=Robert Plant on Q TV|url=https://www.youtube.com/watch?v=oEOvfI5uhLM|date=12 octobre 2010|consulté le= 31 août 2019}}.</ref>}}
C'est après sa mort que Jeff Buckley est le plus médiatisé : même si l'album ''Grace'' a été un succès à sa sortie, ses ventes explosent après sa mort, notamment grâce aux nombreux hommages qui lui sont rendus à sa mort et, durant les années suivantes, dans la presse musicale ainsi que par quelques artistes célèbres dont [[Jimmy Page]] (voir la citation plus haut), [[Brad Pitt]]<ref>{{Imdb titre | id=0351127 | titre=Jeff Buckley: Everybody Here Wants You}} Brad Pitt apparait en tant que fan de Jeff Buckley</ref>{{référence nécessaire| ou encore [[Alanis Morissette]]}}.
C'est après sa mort que Jeff Buckley est le plus médiatisé : même si l'album ''Grace'' fut un succès à sa sortie, ses ventes ont explosé après sa mort, notamment grâce aux nombreux hommages qui lui sont rendus à sa mort et durant les années suivantes dans la presse musicale ainsi que par quelques artistes célèbres dont [[Jimmy Page]] (voir la citation plus haut), Brad Pitt<ref>{{Imdb titre | id=0351127 | titre=Jeff Buckley: Everybody Here Wants You}} Brad Pitt apparait en tant que fan de Jeff Buckley</ref>{{référence nécessaire| ou encore [[Alanis Morissette]]}}.


Après la mort de son fils, Mary Guibert décide pratiquement tout de suite de prendre en charge la gestion de sa mémoire.
Après la mort de son fils, Mary Guibert décide pratiquement tout de suite de prendre en charge la gestion de sa mémoire.


Elle refuse, dans un premier temps, de se rendre à la cérémonie funéraire, organisée le {{date-|11 juin 1997}} à la St Mark's Church par les amis new-yorkais de Jeff, et en organise une nouvelle, plus « people », à la St Ann's Church de Brooklyn (où tout a vraiment démarré pour Jeff) le {{date-|31 juillet}} et {{date-|1 août 1997}} où des personnalités telles qu'[[Elvis Costello]], [[Marianne Faithfull]] ou encore [[Rebecca Moore]] se rendent{{sfn|Cuesta|p=110}}.
Elle refuse, dans un premier temps, de se rendre à la cérémonie funéraire organisée par les amis new-yorkais de Jeff (qui eut lieu le {{date-|11 juin 1997}} à la St Mark's Church) et en organise une nouvelle, plus « people », à la St Ann's Church de Brooklyn (où tout avait vraiment démarré pour Jeff) le 31 juillet et {{date-|1er août 1997}} où des personnalités telles qu'[[Elvis Costello]], [[Marianne Faithfull]] ou encore [[Rebecca Moore]] se rendent{{sfn|Cuesta|2005|p=110|loc=|id=}} .


Dès le décès de Jeff Buckley, [[Columbia Records|Columbia]], ne perdant pas pour autant le sens des affaires, programme la sortie d'un album posthume pour {{date-|octobre 1997}}{{sfn|Cuesta|p=110}} à partir des enregistrements faits avec [[Tom Verlaine]], projettant de les faire mixer par [[Andy Wallace (producteur)|Andy Wallace]]. Mary s'oppose à cette initiative jugée trop précoce et non respectueuse de la mémoire de son fils. Elle reprend alors ce projet en compagnie de Don Devito et de [[Chris Cornell]] (chanteur de [[Soundgarden]] et ami de Jeff){{sfn|Cuesta|p=111}}.
Dès le décès de Jeff Buckley, les gens de [[Columbia Records|Columbia]], ne perdant pas pour autant leur sens des affaires, programment la sortie d'un album posthume pour octobre 1997{{sfn|Cuesta|2005|p=110|loc=|id=}}. Ils ont récupéré les enregistrements faits avec [[Tom Verlaine]] et projettent de les faire mixer par [[Andy Wallace (producteur)|Andy Wallace]]. Mary s'oppose à cette initiative jugée trop précoce et non respectueuse de la mémoire de son fils. Elle reprend alors ce projet en compagnie de Don Devito et de [[Chris Cornell]] (chanteur de [[Soundgarden]] et ami de Jeff){{sfn|Cuesta|2005|p=111|loc=|id=}} .


Ainsi, en {{date-|mai 1998}}, sort ''Sketches For My Sweetheart The Drunk''<ref group="alpha">Jeff Buckley voulait appeler son deuxième album ''My Sweetheart The Drunk'' (« Ma bien-aimé l'ivresse » en français). « Sketches » veut dire « Croquis » et ce titre peut donc s'expliquer ainsi : Croquis pour « My Sweetheart The Drunk ».</ref>, un double album composé de la {{1re|session}} d'enregistrement, dont Buckley n'était pas satisfait, et des démos 4-pistes qu'il avait enregistrées seul à Memphis plus tard, comme brouillon pour ce qui aurait dû être le nouvel album{{sfn|Cuesta|p=111}}.
Ainsi, en {{date-|mai 1998}}, sort ''Sketches For My Sweetheart The Drunk''<ref>Jeff Buckley voulait appeler son deuxième album ''My Sweetheart The Drunk'' (« Ma bien-aimé l'ivresse » en français). « Sketches » veut dire « Croquis » et ce titre peut donc s'expliquer ainsi : Croquis pour « My Sweetheart The Drunk ».</ref>, un double album composé de la {{1re}} session d'enregistrement, dont Buckley n'était pas satisfait, et des démos 4-pistes qu'il avait enregistrées seul à Memphis plus tard, comme brouillon pour ce qui aurait dû être le nouvel album{{sfn|Cuesta|2005|p=111|loc=|id=}} .


Après un procès intenté au manager de Jeff en {{date-|juillet 1998}} et remporté ensuite, Mary Guibert gère tout ce qui concerne la musique de son fils : de la publication de disques jusqu'aux autorisations d'utiliser sa musique{{sfn|Cuesta|p=112}}.
Après un procès intenté au manager de Jeff en juillet 1998 et remporté ensuite, Mary Guibert gère tout ce qui concerne la musique de son fils : de la publication de disques jusqu'aux autorisations d'utiliser sa musique{{sfn|Cuesta|2005|p=112|loc=|id=}} .


En {{date-|mai 2000}}, elle publie, avec l'aide de [[Michael Tighe]], ''Mystery White Boy'', un album live enregistré durant les tournées de 1995 à 1996.
En {{date-|mai 2000}}, elle publie, avec l'aide de [[Michael Tighe]], ''Mystery White Boy'', un album live enregistré durant les tournées de 1995 à 1996.
L'année suivante, ils publient, en France uniquement, ''[[Live à l'Olympia (album de Jeff Buckley)|Live à l'Olympia]]''{{sfn|Cuesta|p=113}}.


L'année suivante, ils publient en France uniquement, ''[[Live à l'Olympia (album de Jeff Buckley)|Live à l'Olympia]]''{{sfn|Cuesta|2005|p=113|loc=|id=}} .
Bien que certaines personnes commencent à s'émouvoir de voir autant d'albums posthumes publiés{{sfn|Cuesta|p=113}}, Gary Lucas publie, en 2002, ''Songs To No One'' qui reprend ses chansons en compagnie de Jeff Buckley au sein de Gods & Monsters.


Bien que certaines personnes commencent à critiquer le fait de voir autant d'albums posthumes être publiés{{sfn|Cuesta|2005|p=113|loc=|id=}} , Gary Lucas publie ''Songs To No One'' en 2002. Cet enregistrement reprend les chansons de ce dernier en compagnie de Jeff Buckley au sein de Gods & Monsters.
Pour les dix ans de la sortie de ''Grace'', une version remasterisée de l'album sort sous le titre ''Grace Legacy Edition'', augmentée d'un deuxième disque contenant la chanson ''Forget Her'', que Jeff avait remplacée par ''So Real'', et quelques reprises enregistrées durant les sessions d'enregistrement de l'album.


Pour les dix ans de la sortie de ''Grace'', une version remasterisée de l'album est éditée. Elle est nommée ''Grace Legacy Edition'' et est augmentée d'un deuxième disque contenant la chanson ''Forget Her'' que Jeff avait remplacée par ''So Real'' et quelques reprises que le groupe avait enregistrées durant les sessions d'enregistrement de l'album.
Jeff Buckley a eu une influence considérable dans le monde musical des années 1990. En particulier, il est un des principaux inspirateurs de la vague pop/rock mélancolique et des groupes [[Radiohead]] (leur chanson ''Fake Plastic Trees'' est écrite par [[Thom Yorke]] revenu complètement bouleversé d'un concert de Jeff Buckley{{référence nécessaire}}), [[Coldplay]] (lors d'une interview, [[Chris Martin]] a déclaré : « Moi aussi, j'ai tout piqué à [[Thom Yorke]] ou à Jeff Buckley »<ref>''[[Les Inrockuptibles]]'', {{n°|656}}, juin 2008, {{p.|37}}.</ref>), [[Starsailor]], [[Muse (groupe)|Muse]], [[Travis (groupe)|Travis]] ou encore le chanteur [[Badly Drawn Boy]] reconnaissent tous son influence{{sfn|Cuesta|p=117}}.

Jeff Buckley a eu une influence considérable dans le monde musical des années 1990. En particulier, il est un des principaux inspirateurs de la vague pop/rock mélancolique et des groupes [[Radiohead]] (leur chanson ''Fake Plastic Trees'' fut écrite par [[Thom Yorke]] en revenant, complètement bouleversé d'un concert de Jeff Buckley<ref>{{Lien web |langue=en-US |titre=How Jeff Buckley changed Radiohead’s ‘Fake Plastic Trees’ |url=https://faroutmagazine.co.uk/how-a-jeff-buckley-concert-changed-radioheads-fake-plastic-trees/ |site=faroutmagazine.co.uk |date=2022-10-15 |consulté le=2024-01-13}}</ref>), [[Coldplay]] (lors d'une interview, [[Chris Martin]] a déclaré : « Moi aussi, j'ai tout piqué à [[Thom Yorke]] ou à Jeff Buckley<ref>{{fr}} ''[[Les Inrockuptibles]]'' {{n°|656}} - {{p.|37}} - juin 2008</ref> »), [[Starsailor]], [[Muse (groupe)|Muse]], [[Travis (groupe)|Travis]] ou encore le chanteur [[Badly Drawn Boy]] reconnaissent tous son influence{{sfn|Cuesta|2005|p=117|loc=|id=}} .


{| class="wikitable collapsible collapsed" style="clear:none; margin:0 auto; padding:0 auto; width:60%; text-align:center;"
{| class="wikitable collapsible collapsed" style="clear:none; margin:0 auto; padding:0 auto; width:60%; text-align:center;"
! align="center" colspan="3" |Chansons composées en hommage à Jeff Buckley{{sfn|Cuesta|p=117-118}}
! align="center" colspan="3" |Chansons composées en hommage à Jeff Buckley{{sfn|Cuesta|2005|p=117-118|loc=|id=}}
|-
|-
!'''Artistes'''!!'''Chansons'''!!'''Albums/EP'''
!'''Artistes'''!!'''Chansons'''!!'''Albums/EP'''
|-
|-
| width="33%" | [[Cocteau Twins]] || « Rilkean Hearts » et « Half Gifts » ||''Milk And Kisses''
| width="33%" | [[Cocteau Twins]] || « Rilkean Hearts » et « Half Gifts » || ''Milk And Kisses''
|-
|-
| width="33%" | [[Zita Swoon]] || « Song for a dead singer » ||''I paint pictures on a wedding dress''
| width="33%" | [[Zita Swoon]] || « Song for a dead singer » || ''I paint pictures on a wedding dress''
|-
|-
| width="33%" | [[Chris Cornell]] || « Wave Goodbye » ||''Euphoria Morning''
| width="33%" | [[Chris Cornell]] || « Wave Goodbye » || ''Euphoria Morning''
|-
|-
| width="33%" | [[PJ Harvey]] || « Memphis » ||''Good Fortunes''
| width="33%" | [[PJ Harvey]] || « Memphis » || ''Good Fortunes''
|-
|-
| width="33%" | [[Aimee Mann]] || « Just Like Anyone » ||''Bachelor {{n°|2}}''
| width="33%" | [[Aimee Mann]] || « Just Like Anyone » || ''Bachelor {{n°|2}}''
|-
|-
| width="33%" | {{Lien|langue=en|trad=Brenda Kahn|fr=Brenda Kahn|texte=Brenda Kahn}} || « Sidestep The Bullet » ||''Hunger''
| width="33%" | {{Lien|fr=Brenda Kahn|lang=en|trad=Brenda Kahn|texte=Brenda Kahn}} || « Sidestep The Bullet » || ''Hunger''
|-
|-
| width="33%" | {{Lien|langue=en|trad=Mike Doughty|fr=Mike Doughty|texte=Mike Doughty}}<ref group=alpha>Ex-leader de [[Soul Coughing]].</ref> || « Grey Ghoste » || -
| width="33%" | {{Lien|fr=Mike Doughty|lang=en|trad=Mike Doughty|texte=Mike Doughty}}<ref>ex-leader de [[Soul Coughing]]</ref> || « Grey Ghoste » || -
|-
|-
| width="33%" | [[Juliana Hatfield]] || « Trying Not To Think About It » ||''Please Do Not Disturb''
| width="33%" | [[Juliana Hatfield]] || « Trying Not To Think About It » || ''Please Do Not Disturb''
|-
|-
| width="33%" | {{Lien|langue=en|trad=Duncan Sheik|fr=Duncan Sheik|texte=Duncan Sheik}} || « A Body Goes Down » ||''Humming''
| width="33%" | {{Lien|fr=Duncan Sheik|lang=en|trad=Duncan Sheik|texte=Duncan Sheik}} || « A Body Goes Down » || ''Humming''
|-
|-
| width="33%" | [[Hole (groupe de rock)|Hole]] || « Boys On The Radio » ||''Celebrity Skin''
| width="33%" | [[Hole (groupe de rock)|Hole]] || « Boys On The Radio » || ''Celebrity Skin''
|-
|-
| width="33%" | [[Mark Eitzel]] || « To The Sea » ||''The Invisible Man''
| width="33%" | [[Mark Eitzel]] || « To The Sea » || ''The Invisible Man''
|-
|-
| width="33%" | [[Oldelaf et Monsieur D]] || «Les hippopotames» || ''Dernière chance d'être disque d'or''
| width="33%" | [[Oldelaf et Monsieur D]] || «Les hippopotames» || ''Dernière chance d'être disque d'or''
|}
|}
En 2008, la popularité de Jeff Buckley connaît un nouvel essor grâce notamment à une interprétation d'[[Hallelujah (chanson de Leonard Cohen)|''Hallelujah'']] par Jason Castro dans l'émission ''[[American Idol]]''. En effet, la semaine suivant sa prestation, la chanson (la version de Jeff Buckley) devient {{n°|1}} des ventes par téléchargement aux États-Unis<ref>{{en}} [http://hollywoodinsider.ew.com/2008/03/alan-jackson-je.html Article dans ''Hollywood Insider''].</ref>. En France, c'est l'émission [[Saison 6 de Nouvelle Star|''Nouvelle Sta''r]] qui y a contribué avec Julien Raoux (durant les castings), mais surtout avec la prestation de [[Benjamin Siksou]] lors du ''prime-time'' du {{date-|15 mai 2008}}<ref>[http://www.wideo.fr/video/iLyROoafY2im.html Hallelujah].</ref>. La chanson passe depuis régulièrement à la radio et les ventes de l'album ont nettement augmenté<ref>[http://www.news-de-stars.com/nouvelle-star/nouvelle-star-et-benjamin-siksou-boostent-jeff-buckley_art4016.html Augmentation des ventes d'Hallelujah].</ref>.
En 2008, la popularité de Jeff Buckley connaît un nouvel essor grâce notamment à une interprétation d'[[Hallelujah (chanson de Leonard Cohen)|''Hallelujah'']] par Jason Castro dans l'émission ''[[American Idol]]''. En effet, la semaine suivant sa prestation, la chanson (la version de Jeff Buckley) devient {{n°|1}} des ventes par téléchargement aux États-Unis<ref>{{en}} [http://hollywoodinsider.ew.com/2008/03/alan-jackson-je.html Article dans ''Hollywood Insider'']</ref>. En France, c'est l'émission [[Saison 6 de Nouvelle Star|''Nouvelle Sta''r]] qui y a contribué avec Julien Raoux (durant les castings), mais surtout avec la prestation de [[Benjamin Siksou]] lors du ''prime-time'' du 15 mai 2008<ref>[http://www.wideo.fr/video/iLyROoafY2im.html Hallelujah]</ref> . La chanson passe depuis régulièrement à la radio et les ventes de l'album ont nettement augmenté<ref>[http://www.news-de-stars.com/nouvelle-star/nouvelle-star-et-benjamin-siksou-boostent-jeff-buckley_art4016.html Augmentation des ventes d'Hallelujah]</ref>.

Paradoxalement à ce succès, Jeff Buckley, lui, n'était pas satisfait de sa version (« Ma version est trop rapide. […] Je devais choisir entre celle-ci et une autre que je détestais vraiment. En tout, il doit bien exister vingt-deux versions qui traînent quelque part »<ref>Interview de Jeff Buckley - magazine ''Uncut'' - septembre 2004.</ref>), et selon [[Gary Lucas]], il n'aurait pas aimé une telle « mythification » de son nom (« Il n'aurait pas aimé ça, il en avait suffisamment entendu sur son père. […] Il ne se rêvait pas en héros, lui-même n'en avait pas. […] Si Jeff a été et restera si marquant, c'est que sa musique a toujours été celle d'un survivant. »<ref>{{Article |auteur=Richard Robert |titre=La musique d'un survivant |sous-titre=entretien avec Gary Lucas |revue=[[Les inrockuptibles]] |ISSN=0298-3788 |no=150 |date=6 mai 1998 |pages=24 }}.</ref>).

=== Adaptation cinématographique de sa vie ===
En 2001, une rumeur annonce [[Brad Pitt]] dans la peau du chanteur mais le film ne se fit pas, notamment à cause du refus de Mary Guibert, la mère de Jeff Buckley.

Toutefois, en {{date-|juin 2011}} est annoncé un long métrage produit par Mary Guibert et Orian Williams. Ce retournement de situation serait dû à deux points importants : la qualité des ''[[Film biographique|biopics]]'' récents tels ''[[Ray (film)|Ray]]'' ou ''[[Walk the Line]]'', et la possibilité qu'un film se fasse sans son accord. Réalisé par Jake Scott, sur un scénario de Ryan Jaffe, le film s'inspirerait des carnets personnels, dessins et de la correspondance de Jeff Buckley. L'acteur et chanteur [[Reeve Carney]] interpréterait le rôle-titre. A ce jour, le projet n'a toujours pas vu le jour.


Paradoxalement à ce succès, Jeff Buckley, lui, n'était pas satisfait de sa version (« Ma version est trop rapide. […] Je devais choisir entre celle-ci et une autre que je détestais vraiment. En tout, il doit bien exister vingt-deux versions qui traînent quelque part<ref>Interview de Jeff Buckley - magazine ''Uncut'' - septembre 2004</ref> »), et selon [[Gary Lucas]], il n'aurait pas aimé une telle « mythification » de son nom (« Il n'aurait pas aimé ça, il en avait suffisamment entendu sur son père. […] Il ne se rêvait pas en héros, lui-même n'en avait pas. […] Si Jeff a été et restera si marquant, c'est que sa musique a toujours été celle d'un survivant. »<ref>{{Article|id=|lang= fr|auteur= Richard Robert|traduction=|titre= La musique d'un survivant|sous-titre= Entretien avec Gary Lucas|journal=|revue= [[Les inrockuptibles]]|ISSN= 0298-3788|ISSN2=|ISSN3=|ISBN=|no= 150|date= 6 mai 1998|vol=|titre vol=|numéro=|pages= 24|résumé=|texte=|consulté le=|doi=|url=|commentaire=|extrait=}}
En parallèle, un second projet voit le jour : ''[[Greetings from Tim Buckley]]'', réalisé par [[Dan Algrant]]. Projeté en avant-première en 2012 au [[Festival international du film de Toronto 2012]], il met l'accent sur les relations entre Jeff Buckley et son père. L'acteur [[Penn Badgley]] (''Gossip Girl'') y joue le rôle de Jeff Buckley.
</ref>).


== Possible adaptation cinématographique de sa vie ==
=== ''You and I'', nouvelle compilation posthume ===
{{Section à actualiser|date=mars 2023}}
En 2016, Sony Music Entertainment annonce la sortie d'une nouvelle compilation de Jeff Buckley : ''You and I''<ref name=aficia>{{Lien web |titre=En 1993 Jeff Buckley reprenait ''I Know It’s Over'' du groupe The Smiths… |url=http://www.aficia.info/actualite-musique/1993-jeff-buckley-reprenait-i-know-its-over-groupe-the-smiths-68234 |site=aficia.info |consulté le=22 février 2016 }}.</ref>, un opus compilant des démos et des reprises inédites de l'artiste, porté par la mère du chanteur. Les premiers extraits sont des [[Reprise|cover]]s de ''Everyday People'' de [[Sly and the Family Stone|Sly & The Family Stone]], et de ''Just Like A Woman'' de [[Bob Dylan]].


En 2001, une rumeur annonçait [[Brad Pitt]] dans la peau du chanteur mais le film ne se fit jamais, notamment à cause du refus de Mary Guibert, la mère de Jeff Buckley. Toutefois, elle aurait changé d'avis. Ce retournement de situation serait dû à deux points importants : la qualité des ''biopics'' (''biographic pictures'', films biographiques) récents tels [[Ray (film)|''Ray'']] ou ''[[Walk the Line]]'', et la possibilité qu'un film se fasse sans son accord.
Sur l'album, on retrouve également les titres, ''The Boy With The Thorn In His Side'', de [[The Smiths]], ''Night Flight'' de [[Led Zeppelin]] et ''Don't Let the Sun Catch You Cryin'' de [[Gerry and the Pacemakers]].


En {{date-|juin 2011}}, deux longs métrages sont annoncés :
Pour la promotion de l'album, c'est le titre ''I Know It's Over''<ref name=aficia /> des Smiths qui bénéficie d'un clip mis en ligne le {{date-|11 février 2016}}. L'album est annoncé pour le {{date-|11 mars 2016}}.
* Le premier, sans titre encore annoncé, produit par Mary Guibert et Orian Williams, sera réalisé par Jake Scott, sur un scénario de Ryan Jaffe. Celui-ci s'est inspiré des carnets personnels, dessins et de la correspondance de Jeff Buckley. L'acteur et chanteur [[Reeve Carney]] interpréterait le rôle-titre.
* Le second, ''Greetings from Tim Buckley'', sera réalisé par Dan Algrant et sera plus axé sur les relations entre Jeff Buckley et son père. Le tournage est annoncé pour août 2011, avec Penn Badgley (''[[Gossip Girl (série télévisée)|Gossip Girl]]'') dans le rôle de Jeff Buckley.


== Discographie ==
== Discographie ==
Ligne 285 : Ligne 267 :
}}
}}


=== Album posthume ===
=== Albums posthumes ===
{{Album|titre=[[Sketches for My Sweetheart the Drunk]]
{{Album|titre=[[Sketches for My Sweetheart the Drunk]]
|année=1998
|année=1998
Ligne 314 : Ligne 296 :
# ''Satisfied Mind''
# ''Satisfied Mind''
}}
}}
{{Album|titre=[[You And I]]
|année=2016
|label=[[Columbia Records]]
|contenu=
# ''Just Like A Woman'' <small>([[Bob Dylan]] cover)</small>
# ''Everyday People'' <small>([[Sly & The Family Stone]] cover)</small>
# ''Don’t Let The Sun Catch You Cryin’'' <small>(First recorded by [[Louis Jordan]])</small>
# ''Grace'' <small>(Original)</small>
# ''Calling You'' <small>([[Jevetta Steele]] cover)</small>
# ''Dream Of You And I'' <small>(Original)</small>
# ''The Boy With The Thorn In His Side'' <small>([[The Smiths]] cover)</small>
# ''Poor Boy Long Way From Home'' <small>([[Bukka White]] cover)</small>
# ''Night Flight'' <small>([[Led Zeppelin]] cover)</small>
# ''I Know It’s Over'' <small>([[The Smiths]] cover)</small>
}}

=== Albums lives ===
=== Albums lives ===
{{Album|titre=''Mystery White Boy''
{{Album|titre=''Mystery White Boy''
Ligne 336 : Ligne 334 :
|label=
|label=
|contenu=
|contenu=
# ''[[Dream Brother]]'' <small>(Jeff Buckley, [[Mick Grondahl]], [[Matt Johnson (drummer)|Matt Johnson]])</small>
#"[[Dream Brother]]" <small>(Jeff Buckley, [[Mick Grondahl]], [[Matt Johnson (drummer)|Matt Johnson]])</small>
# ''[[Lover, You Should've Come Over]]'' <small>(Jeff Buckley)</small>
#"[[Lover, You Should've Come Over]]" <small>(Jeff Buckley)</small>
# ''[[Mojo Pin]]'' <small>(Jeff Buckley, [[Gary Lucas]])</small>
#"[[Mojo Pin]]" <small>(Jeff Buckley, [[Gary Lucas]])</small>
# ''[[So Real (Jeff Buckley song)|So Real]]'' <small>(Jeff Buckley, [[Michael Tighe]])</small>
#"[[So Real (Jeff Buckley song)|So Real]]" <small>(Jeff Buckley, [[Michael Tighe]])</small>
# ''[[Last Goodbye (Jeff Buckley song)|Last Goodbye]]'' <small>(Jeff Buckley)</small>
#"[[Last Goodbye (Jeff Buckley song)|Last Goodbye]]" <small>(Jeff Buckley)</small>
# ''[[Eternal Life (song)|Eternal Life]]'' <small>(Jeff Buckley)</small>
#"[[Eternal Life (song)|Eternal Life]] <small>(Jeff Buckley)</small>
# ''[[Kick Out the Jams]]'' <small>([[MC5]])</small>
#"[[Kick Out the Jams]]" <small>([[MC5]])</small>
# ''[[Lilac Wine]]'' <small>([[James Shelton]])</small>
#"[[Lilac Wine]]" <small>([[James Shelton]])</small>
# ''What Will You Say'' <small>(Jeff Buckley, [[Carla Azar]], [[Chris Dowd]])</small>
#"What Will You Say" <small>(Jeff Buckley, [[Carla Azar]], [[Chris Dowd]])</small>
# ''[[Grace (Jeff Buckley song)|Grace]]'' <small>(Jeff Buckley, Gary Lucas)</small>
#"[[Grace (Jeff Buckley song)|Grace]]" <small>(Jeff Buckley, Gary Lucas)</small>
# ''Vancouver'' <small>(instrumental)</small> <small>(Jeff Buckley, Mick Grondahl, Michael Tighe)</small>
#"Vancouver" <small>(instrumental)</small> <small>(Jeff Buckley, Mick Grondahl, Michael Tighe)</small>
# ''Kanga Roo'' <small>([[Big Star (band)|Big Star]])</small>
#"Kanga Roo" <small>([[Big Star (band)|Big Star]])</small>
# ''[[Hallelujah (Leonard Cohen song)|Hallelujah]]'' <small>([[Leonard Cohen]])</small>
#"[[Hallelujah (Leonard Cohen song)|Hallelujah]]" <small>([[Leonard Cohen]])</small>
}}
}}
{{Album|titre=[[Live à l'Olympia (album de Jeff Buckley)|Live à l'Olympia]]
{{Album|titre=[[Live à l'Olympia (album de Jeff Buckley)|Live à l'Olympia]]
Ligne 354 : Ligne 352 :
|label=[[Sony Music Entertainment]]
|label=[[Sony Music Entertainment]]
|contenu=
|contenu=
# ''Lover, You Should Have Come Over''
# Lover, You Should Have Come Over
# ''Dream Brother''
# Dream Brother
# ''Eternal Life''
# Eternal Life
# ''Kick Out The Jams''
# Kick Out The Jams
# ''Lilac Wine''
# Lilac Wine
# ''Grace''
# Grace
# ''That's All I Ask''
# That's All I Ask
# ''Kashmir''
# Kashmir
# ''Je n'en connais pas la fin''
# Je n'en connais pas la fin
# ''Hallelujah''
# Hallelujah
# ''What Will You Say''
# What Will You Say
}}
}}
{{Album|titre=''Live at Sin-é Legacy Edition''
{{Album|titre=''Live at Sin-é Legacy Edition''
Ligne 371 : Ligne 369 :
|contenu=
|contenu=
CD 1 :
CD 1 :
# ''Be Your Husband'' <small>(Andy Stroud)</small> – 4:55
#"Be Your Husband" <small>(Andy Stroud)</small> – 4:55
# ''[[Lover, You Should've Come Over]]'' <small>(Jeff Buckley)</small> – 9:25
#"[[Lover, You Should've Come Over]]" <small>(Jeff Buckley)</small> – 9:25
# ''[[Mojo Pin]]'' <small>(Jeff Buckley, [[Gary Lucas]])</small> – 5:37
#"[[Mojo Pin]]" <small>(Jeff Buckley, [[Gary Lucas]])</small> – 5:37
# ''Monologue - [[Duane Eddy]], Songs for Lovers'' – 1:18
#Monologue - [[Duane Eddy]], Songs for Lovers – 1:18
# ''[[Grace (Jeff Buckley song)|Grace]]'' <small>(Jeff Buckley, Gary Lucas)</small> – 6:49
#"[[Grace (Jeff Buckley song)|Grace]]" <small>(Jeff Buckley, Gary Lucas)</small> – 6:49
# ''Monologue - Reverb, [[The Doors]]'' – 1:40
#Monologue - Reverb, [[The Doors]] – 1:40
# ''[[Strange Fruit]]'' <small>([[Lewis Allan]])</small> – 7:43
#"[[Strange Fruit]]" <small>([[Lewis Allan]])</small> – 7:43
# ''[[Night Flight (song)|Night Flight]]'' <small>([[John Paul Jones (musicien)|John Paul Jones]], [[Jimmy Page]], [[Robert Plant]])</small> – 6:40
#"[[Night Flight (song)|Night Flight]]" <small>([[John Paul Jones (musicien)|John Paul Jones]], [[Jimmy Page]], [[Robert Plant]])</small> – 6:40
# ''If You Knew'' <small>([[Nina Simone]])</small> – 4:28
#"If You Knew" <small>([[Nina Simone]])</small> – 4:28
# ''Monologue - Fabulous Time for a [[Guinness]]'' – 0:40
#Monologue - Fabulous Time for a [[Guinness]] – 0:40
# ''Unforgiven ([[Last Goodbye (Jeff Buckley song)|Last Goodbye]])'' <small>(Jeff Buckley)</small> – 5:36
#"Unforgiven ([[Last Goodbye (Jeff Buckley song)|Last Goodbye]])" <small>(Jeff Buckley)</small> – 5:36
# ''[[The Twelfth of Never|Twelfth of Never]]'' <small>(Jerry Livingston, Paul Francis Webster)</small> – 3:35
#"[[The Twelfth of Never|Twelfth of Never]]" <small>(Jerry Livingston, Paul Francis Webster)</small> – 3:35
# ''Monologue – Café Days'' – 0:15
#Monologue – Café Days – 0:15
# ''Monologue – Eternal Life'' – 0:36
#Monologue – Eternal Life – 0:36
# ''[[Eternal Life (song)|Eternal Life]]'' <small>(Jeff Buckley)</small> – 5:50
#"[[Eternal Life (song)|Eternal Life]]" <small>(Jeff Buckley)</small> – 5:50
# ''[[Just Like a Woman (song)|Just Like a Woman]]'' <small>([[Bob Dylan]])</small> – 7:26
#"[[Just Like a Woman (song)|Just Like a Woman]]" <small>([[Bob Dylan]])</small> – 7:26
# ''Monologue - False Start, Apology'', [[Miles Davis]] – 1:03
#Monologue - False Start, Apology, [[Miles Davis]] – 1:03
# ''[[Calling You]]'' <small>(Bob Telson)</small> – 5:49
#"[[Calling You]]" <small>(Bob Telson)</small> – 5:49
CD 2 :
CD 2 :
# ''Monologue - Nusrat, He's My Elvis'' – 3:13
#Monologue - Nusrat, He's My Elvis – 3:13
# ''Yeh Jo Halka Halka Saroor Hai'' <small>([[Nusrat Fateh Ali Khan]])</small> – 6:09
#"Yeh Jo Halka Halka Saroor Hai" <small>([[Nusrat Fateh Ali Khan]])</small> – 6:09
# ''Monologue - I'm a Ridiculous Person'' – 0:39
#Monologue - I'm a Ridiculous Person – 0:39
# ''[[If You See Her, Say Hello]]'' <small>(Bob Dylan)</small> – 8:18
#"[[If You See Her, Say Hello]]" <small>(Bob Dylan)</small> – 8:18
# ''Monologue - [[Matt Dillon]], [[Hollies]], Classic Rock Radio'' – 1:33
#Monologue - [[Matt Dillon]], [[Hollies]], Classic Rock Radio – 1:33
# ''[[Dink's song]]'' <small>(trad., John/[[Alan Lomax]])</small> – 11:14
#"[[Dink's song]]" <small>(trad., John/[[Alan Lomax]])</small> – 11:14
# ''Monologue - Musical Chairs'' – 1:09
#Monologue - Musical Chairs – 1:09
# ''[[Drown in My Own Tears]]'' <small>([[Henry Glover]])</small> – 4:11
#"[[Drown in My Own Tears]]" <small>([[Henry Glover]])</small> – 4:11
# ''Monologue - The Suckiest Water'' – 0:08
#Monologue - The Suckiest Water – 0:08
# ''[[The Way Young Lovers Do]]'' <small>([[Van Morrison]])</small> – 10:06
#"[[The Way Young Lovers Do]]" <small>([[Van Morrison]])</small> – 10:06
# ''Monologue - Walk Through Walls'' – 0:26
#Monologue - Walk Through Walls – 0:26
# ''Je n'en connais pas la fin'' <small>([[Raymond Asso]], [[Marguerite Monnot]])</small> – 5:02
#"Je n'en connais pas la fin" <small>([[Raymond Asso]], [[Marguerite Monnot]])</small> – 5:02
# ''[[I Shall Be Released]]'' <small>(Bob Dylan)</small> – 5:20
#"[[I Shall Be Released]]" <small>(Bob Dylan)</small> – 5:20
# ''[[Sweet Thing (Van Morrison song)|Sweet Thing]]'' <small>(Van Morrison)</small> – 10:36
#"[[Sweet Thing (Van Morrison song)|Sweet Thing]]" <small>(Van Morrison)</small> – 10:36
# ''Monologue - Good Night Bill'' – 0:16
#Monologue - Good Night Bill – 0:16
# ''[[Hallelujah (Leonard Cohen song)|Hallelujah]]'' <small>([[Leonard Cohen]])</small> – 9:15
#"[[Hallelujah (Leonard Cohen song)|Hallelujah]]" <small>([[Leonard Cohen]])</small> – 9:15
}}
}}
{{Album|titre=''Grace Around the World''
{{Album|titre=''Grace Around the World''
|année=2009
|année=2009
|label=Columbia Records
|contenu=
}}
{{Album|titre=''Live From King Theater, Seattle, WA, May 7, 1995''
|année=2009
|label=Columbia Records
|contenu=
}}
{{Album|titre=''Live At Cabaret Metro, Chicago, IL, May 13, 1995''
|année=2019
|label=Columbia Records
|contenu=
}}
{{Album|titre=''Live At Wetlands, New York, NY, August 16, 1994''
|année=2019
|label=Columbia Records
|contenu=
}}
{{Album|titre=''Live At Columbia Records Radio Hour, New York, NY, June 4, 1995 ''
|année=2019
|label=Columbia Records
|label=Columbia Records
|contenu=
|contenu=
Ligne 454 : Ligne 432 :
|label=Columbia Records
|label=Columbia Records
|contenu=
|contenu=
# ''[[Last Goodbye (Jeff Buckley song)|Last Goodbye]]'' <small>(''[[Grace (Jeff Buckley album)|Grace]]'')</small> – 4:36
#"[[Last Goodbye (Jeff Buckley song)|Last Goodbye]]" <small>(''[[Grace (Jeff Buckley album)|Grace]]'')</small> – 4:36
# ''[[Lover, You Should've Come Over]]'' <small>(''Grace'')</small> – 6:42
#"[[Lover, You Should've Come Over]]" <small>(''Grace'')</small> – 6:42
# ''[[Forget Her]]'' <small>(''Grace Legacy Edition'')</small> – 5:10
#"[[Forget Her]]" <small>(''Grace Legacy Edition'')</small> – 5:10
# ''[[Eternal Life (song)|Eternal Life]]'' (Road Version) <small>(''Grace Legacy Edition'')</small> – 4:47
#"[[Eternal Life (song)|Eternal Life]]" (Road Version) <small>(''Grace Legacy Edition'')</small> – 4:47
# ''[[Dream Brother]]'' (Alternate Take) <small>(''Grace Legacy Edition'')</small> – 4:54
#"[[Dream Brother]]" (Alternate Take) <small>(''Grace Legacy Edition'')</small> – 4:54
# ''[[The Sky Is a Landfill]]'' <small>(''[[Sketches for My Sweetheart the Drunk|Sketches]]'')</small> – 5:05
#"[[The Sky Is a Landfill]]" <small>(''[[Sketches for My Sweetheart the Drunk|Sketches]]'')</small> – 5:05
# ''[[Everybody Here Wants You]]'' <small>(''Sketches'')</small> – 4:45
#"[[Everybody Here Wants You]]" <small>(''Sketches'')</small> – 4:45
# ''[[So Real (Jeff Buckley song)|So Real]]'' <small>(Acoustic in [[Japon|Japan]])</small><sup>1</sup> – 4:22
#"[[So Real (Jeff Buckley song)|So Real]]" <small>(Acoustic in [[Japon|Japan]])</small><sup>1</sup> – 4:22
# ''[[Mojo Pin]]'' <small>(''[[Live at Sin-é]]'')</small> – 5:19
#"[[Mojo Pin]]" <small>(''[[Live at Sin-é]]'')</small> – 5:19
# ''Vancouver'' <small>(''Sketches'')</small> – 3:10
#"Vancouver" <small>(''Sketches'')</small> – 3:10
# ''Je n'en connais pas la fin'' <small>(''Live at Sin-é'')</small> – 4:57
#"Je n'en connais pas la fin" <small>(''Live at Sin-é'')</small> – 4:57
# ''[[Grace (Jeff Buckley song)|Grace]]'' <small>(''Grace'')</small> – 5:22
#"[[Grace (Jeff Buckley song)|Grace]]" <small>(''Grace'')</small> – 5:22
# ''[[Hallelujah (Leonard Cohen song)|Hallelujah]]'' <small>(''Grace'')</small> – 6:55
#"[[Hallelujah (Leonard Cohen song)|Hallelujah]]" <small>(''Grace'')</small> – 6:55
# ''[[The Queen Is Dead|I Know It's Over]]'' (Live)<sup>2</sup> – 6:28
#"[[The Queen Is Dead|I Know It's Over]]" (Live)<sup>2</sup> – 6:28
# ''[[Lilac Wine]]'' (Live)<sup>3</sup> - 5:31 (iTunes exclusive bonus track)
#"[[Lilac Wine]]" (Live)<sup>3</sup> - 5:31 </small> (iTunes exclusive bonus track)
# ''[[Lover, You Should've Come Over]]'' (Live)<sup>4</sup> – 6:53 (AmazonMP3 exclusive bonus track)
#"[[Lover, You Should've Come Over]]" (Live)<sup>4</sup> – 6:53 (AmazonMP3 exclusive bonus track)
:<sup>1</sup> Non-album version and previously available only as promotional single
:<sup>1</sup> Non-album version and previously available only as promotional single
:<sup>2</sup> Previously unavailable. A live rendition of "I Know It's Over" from [[The Smiths]]' 1986 album ''[[The Queen Is Dead]]'', recorded at Sony Studios in [[New York]], April, 1995.
:<sup>2</sup> Previously unavailable. A live rendition of "I Know It's Over" from [[The Smiths]]' 1986 album ''[[The Queen Is Dead]]'', recorded at Sony Studios in [[New York]], April, 1995.
Ligne 475 : Ligne 453 :
:<sup>4</sup> AmazonMP3 lists this track as "previously unreleased".
:<sup>4</sup> AmazonMP3 lists this track as "previously unreleased".
}}
}}
{{Album|titre=[[You And I (album)|You And I]]
|année=2016
|label=[[Columbia Records]]
|contenu=
# ''Just Like A Woman'' <small>([[Bob Dylan]] cover)</small>
# ''Everyday People'' <small>([[Sly & The Family Stone]] cover)</small>
# ''Don’t Let The Sun Catch You Cryin’'' <small>(First recorded by [[Louis Jordan]])</small>
# ''Grace'' <small>(Original)</small>
# ''Calling You'' <small>([[Jevetta Steele]] cover)</small>
# ''Dream Of You And I'' <small>(Original)</small>
# ''The Boy With The Thorn In His Side'' <small>([[The Smiths]] cover)</small>
# ''Poor Boy Long Way From Home'' <small>([[Bukka White]] cover)</small>
# ''Night Flight'' <small>([[Led Zeppelin]] cover)</small>
# ''I Know It’s Over'' <small>([[The Smiths]] cover)</small>
}}
=== Singles et EP ===


=== Singles, EP ===
* ''The Babylon Dungeon Sessions'' (EP enregistré en {{date-|septembre 1990}}){{note|groupe=alpha|texte=Quatre chansons composées, interprétées et chantées par Jeff Buckley, dont ''Eternal life''{{sfn|Browne|p=152}}.}} non édité.

* ''The Babylon Dungeon Sessions'' (EP enregistré en septembre 1990)<ref>Quatre chansons composées, interprétées et chantées par Jeff Buckley, dont ''Eternal life'', ''David Browne'', ''Dream Brother'', {{p.|152}}</ref> non édité.
* ''Live at Sin-é'' ([[1993]])
* ''Live at Sin-é'' ([[1993]])
* ''Hard Lucky Tour Australia'' ([[1995]])
* ''Hard Lucky Tour Australia'' ([[1995]])
Ligne 501 : Ligne 465 :
* ''Eternal Life'' ([[1999]])
* ''Eternal Life'' ([[1999]])
* ''Grace EP's'' ([[2002]]) (Box Set, 5 EPs)
* ''Grace EP's'' ([[2002]]) (Box Set, 5 EPs)

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|groupe=alpha}}

=== Références ===
{{Références|taille=30}}


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
=== Ouvrages ===
{{Légende plume}}
==== Biographies ====
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=David Browne |traducteur=Janine Lévy |titre=Dream Brother |sous-titre=vies et morts de Jeff et Tim Buckley |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Denoël|Denoël]] |collection=X-treme |date=27 février 2003 |pages totales=480 |isbn=978-2-207-25322-9 |isbn2=2207253228 |id=Browne |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Stan Cuesta]] |titre=Jeff Buckley |lieu=Paris |éditeur=Castor Astral |collection=Castor Music |date=15 avril 2005 |pages totales=168 |isbn=978-2-85920-597-3 |isbn2=2859205977 |id=Cuesta |plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=Jeff Apter |titre=Jeff Buckley |sous-titre=A Pure Drop |lieu=Rosières-en-Haye |éditeur=[[Éditions du Camion Blanc]] |date=décembre 2011 |pages totales=430 |isbn=978-2-35779-162-6 |présentation en ligne=http://www.camionblanc.com/detail-livre-jeff-buckley-a-pure-drop-356.php}}.

==== Autres ouvrages ====
* Merri Cyr, ''A Wished-For-Song. Jeff Buckley''. Portrait en images de Jeff Buckley par son amie photographe Merri Cyr, accompagné de plusieurs interviews.
* Merri Cyr, ''A Wished-For-Song. Jeff Buckley''. Portrait en images de Jeff Buckley par son amie photographe Merri Cyr, accompagné de plusieurs interviews.


==== Articles ====
=== Biographies ===
* {{Ouvrage |langue= |prénom1=David |nom1=Browne |titre=Dream Brother : Vies et morts de Jeff et Tim Buckley |sous-titre= |lieu= Paris|éditeur= Denoël|collection= |année=2003 |volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn= |lire en ligne= }}.
* {{Lien web|url=http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/t/863/date/1998-05-06/article/dream-mother-mary-guibert-mere-de-jeff-buckley/|titre= Dream mother : Mary Guibert, la mère de Jeff Buckley|année=1998 |éditeur= [[Les Inrockuptibles]] |consulté le=18/06/2011 }}
* {{Ouvrage |langue= |prénom1=Stan |nom1=Cuesta |lien auteur1=Stan Cuesta |titre=Jeff Buckley |sous-titre= |lieu= Paris|éditeur=Castor Astral |collection= |année=2005 |volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn= |lire en ligne= }}.
* {{Lien web|url=http://www.lesinrocks.com/musique/musique-article/t/21712/date/2001-06-19/article/live-a-lolympia/|titre= Live à l'Olympia (album de Jeff Buckley)|année=2001 |éditeur= [[Les Inrockuptibles]] |consulté le=18/06/2011 }}
* {{Ouvrage
| langue = fr
| prénom1 = Jeff |nom1=Apter
| titre = Jeff Buckley: A Pure Drop
| éditeur = [[Editions du Camion Blanc]]
| collection =
| lieu =
| mois = décembre
| année = 2011
| pages totales = 430
| isbn = 978-2-35779-162-6
| lire en ligne =
| présentation en ligne = http://www.camionblanc.com/detail-livre-jeff-buckley-a-pure-drop-356.php
| id =
}}


=== Documentaires ===
=== Documentaires ===
* {{Ouvrage |auteur1=[[Don Kent]] |titre=Jeff Buckley, fall in light : portrait d'un musicien virtuose, mort à l'âge de 30 ans |éditeur=Vodeo.tv |année= |format=vidéo |isbn= |id=Don Kent}} {{commentaire biblio SRL|durée : 58 minutes.}}
* Jeff Buckley - ''Fall in Light : portrait d'un musicien virtuose, mort à l'âge de {{nobr|30 ans}}'' - [[Don Kent]]

=== Notes et références ===
{{références|colonnes=2}}


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
{{Autres projets|commons=Category:Jeff Buckley}}
* {{Site officiel|en|http://www.jeffbuckley.com}}
* {{en}} [http://straypoetry.com/song-reviews/100-poetic-songs-10-hallelujah-–-jeff-buckley-written-by-leonard-cohen/ ''Hallelujah'' – Jeff Buckley (Written By Leonard Cohen)'] Mini-Review on [http://www.straypoetry.com Stray Poetry]
* {{bases}}
* {{dictionnaires}}
* {{autorité}}
* {{autorité}}
* {{en}} [http://www.jeffbuckley.com Site officiel]
* {{en}} [http://straypoetry.com/song-reviews/100-poetic-songs-10-hallelujah-–-jeff-buckley-written-by-leonard-cohen/ 'Hallelujah – Jeff Buckley (Written By Leonard Cohen)'] Mini-Review on [http://www.straypoetry.com Stray Poetry]
* {{Lien web |url=https://www.lesinrocks.com/musique/dream-mother-mary-guibert-mere-de-jeff-buckley-101022-06-05-1998/ |titre=Dream mother : Mary Guibert, la mère de Jeff Buckley |auteur= |année=1998 |éditeur=les Inrocks |consulté le=18/06/2011}}
* {{Lien web|url=http://www.lesinrocks.com/musique/musique-article/t/21712/date/2001-06-19/article/live-a-lolympia/|titre= Live à l'Olympia (album de Jeff Buckley)|auteur= |année=2001 |éditeur= les Inrocks |consulté le=18/06/2011 }}


{{Portail|Rock|Années 1990}}
{{Portail|Rock|Années 1990}}
Ligne 540 : Ligne 507 :
[[Catégorie:Auteur-compositeur-interprète américain]]
[[Catégorie:Auteur-compositeur-interprète américain]]
[[Catégorie:Chanteur américain du XXe siècle]]
[[Catégorie:Chanteur américain du XXe siècle]]
[[Catégorie:Chanteur des années 1990]]
[[Catégorie:Chanteur américain]]
[[Catégorie:Chanteur américain de rock]]
[[Catégorie:Chanteur américain de rock]]
[[Catégorie:Chanteur américain de folk]]
[[Catégorie:Chanteur américain de folk]]
[[Catégorie:Compositeur de rock]]
[[Catégorie:Compositeur de rock]]
[[Catégorie:Guitariste américain de rock]]
[[Catégorie:Guitariste américain]]
[[Catégorie:Artiste de Columbia Records]]
[[Catégorie:Guitariste de rock]]
[[Catégorie:Naissance en novembre 1966]]
[[Catégorie:Naissance en novembre 1966]]
[[Catégorie:Naissance à Anaheim]]
[[Catégorie:Naissance à Anaheim]]
Ligne 550 : Ligne 519 :
[[Catégorie:Décès à Memphis (Tennessee)]]
[[Catégorie:Décès à Memphis (Tennessee)]]
[[Catégorie:Décès à 30 ans]]
[[Catégorie:Décès à 30 ans]]
[[Catégorie:Mort par noyade]]
[[Catégorie:Mort par noyade dans un fleuve]]
[[Catégorie:Personnalité inhumée dans le Tennessee]]

Dernière version du 28 avril 2024 à 17:29

Jeff Buckley
Description de l'image JB (26382234996).jpg.
Informations générales
Nom de naissance Jeffrey Scott Buckley
Naissance
Anaheim, Californie
Drapeau des États-Unis États-Unis
Décès (à 30 ans)
Memphis, Tennessee
Drapeau des États-Unis États-Unis
Activité principale Musicien
Genre musical Folk-rock, rock alternatif
Instruments Guitare, Guitare basse, Batterie, Harmonium, Dulcimer, Sitar, Tablâ, Harmonica
Années actives 19911997
Labels Columbia Records
Site officiel www.jeffbuckley.com
Description de cette image, également commentée ci-après
Logo de Jeff Buckley.

Jeffrey Scott Buckley dit Jeff Buckley, né le à Anaheim (Californie) et mort le à Memphis (Tennessee), est un chanteur et guitariste américain.

Fils du chanteur Tim Buckley, il est l'auteur d'un unique album studio, Grace, sorti en 1994. Sa plus grande notoriété arrive peu après sa mort par noyade à l'âge de trente ans. Il est considéré aujourd'hui comme un des musiciens majeurs des années 1990[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance[modifier | modifier le code]

À la naissance de Jeff Buckley, ses parents Tim Buckley et Mary Guibert sont déjà séparés : son père préfère se consacrer à la musique plutôt qu'à la vie de famille (son premier album, intitulé Tim Buckley, est sorti le , deux jours après la naissance de Jeff Buckley)[2] . Jeff vit donc avec sa mère (le divorce de Tim et Mary est prononcé le [2] ).

Jeff Buckley et sa mère habitent d'abord chez les parents de Mary mais la jeunesse de Jeff Buckley est rythmée par de nombreux déménagements avec un niveau de vie parfois des plus modestes[3]. À deux ans, il entre à l’école d’Anaheim, école maternelle qui applique la pédagogie Montessori[4].

L'éveil et la passion de Jeff Buckley pour la musique se fait beaucoup par sa mère qui joue très souvent du piano en sa présence (des morceaux de Beethoven et Rachmaninov entre autres)[5] ou des chanteuses comme Barbra Streisand, Joni Mitchell ou Carole King[6] Durant cette période, il découvre également des artistes comme les Beatles ou encore Simon & Garfunkel. Il découvre, à l’école[réf. nécessaire] ou à la télévision[7], selon les sources, les chansons d'Édith Piaf, chanteuse appréciée de son père[7]. Par la suite, Jeff reviendra beaucoup sur l'importance de Ron Moorhead dans sa formation musicale. Ron est le deuxième époux de Mary Guibert (de 1969 à 1973) et est le père de Corey James Moorhead (né en mars 1972), le frère de Jeff. Il fait découvrir à Jeff beaucoup de groupes de rock dont les Moody Blues, Crosby, Stills & Nash, les Doors ou encore Led Zeppelin[8] ,[6].

Le 29 juin 1975, Tim Buckley décède d'une overdose à l'âge de 28 ans. Jeff Buckley n'a connu que très peu son père : tous les deux ne se voyaient qu'en de rares occasions. Jeff l'a tout de même vu une fois en concert (à Huntington Beach près d'Anaheim, deux mois avant le décès de Tim)[9]. Tim Buckley a si peu de relations avec son fils et sa mère que ces derniers ne sont même pas invités aux obsèques[10]. Tim Buckley a enregistré deux chansons parlant d'eux : I Never Asked To Be Your Mountain et Dream Letter.

Adolescence[modifier | modifier le code]

C'est à partir de 1979 que Jeff Buckley se passionne vraiment pour la musique : le premier groupe pour lequel il se passionne est Kiss[11] mais il reçoit surtout pour Noël sa première guitare électrique, une imitation d'une Gibson Les Paul noire avec laquelle il apprend notamment à jouer le morceau My Sharona du groupe The Knack (ce morceau est également le premier que Kurt Cobain a appris à jouer)[12],[5],[13]. Il développe beaucoup son jeu de guitare en intégrant, en 1981, l'orchestre de jazz de son lycée (Jeff Buckley est inscrit au lycée Loara à Anaheim, le même lycée où ses parents se sont rencontrés[14] ). C’est aussi l’époque où il prend pour nom celui qui figure sur son acte de naissance (auparavant, il était appelé « Scotty » Guibert, puis Moorhead, puis Buckley)[15].

En 1981, sa mère déménage à Orange County, ce qui lui permet de fréquenter la Loara High School, lycée fréquenté par ses parents, où les arts avaient une grande place[16]. À cette époque, il s’intéresse au rock progressif (notamment les groupes Yes et Rush[17]). Après avoir fait partie du groupe de jazz du lycée pendant l’automne et l’hiver 1981-1982, il devient membre de Powerage en avril 1982[17], un groupe de hard-rock formé par 3 de ses amis de lycée. L'arrivée de Jeff au sein du groupe les fait évoluer vers un style plus rock progressif et le groupe se rebaptise Mahre Buckham (mélange des syllabes de leurs noms de familles : Tim Marse, Robin Horry, Jeff Buckley et Jason Hamel[18])[19] ,[20]. Au départ, Jeff ne veut pas chanter mais il est tout de même derrière le micro pour leur premier concert, le (ils jouent essentiellement des reprises dont Fire de Jimi Hendrix, Roxanne de Police et Spirit of Radio de Rush). Le groupe se sépare après une poignée de concerts supplémentaires dont le dernier a lieu lors de la fête de fin d'année de son lycée[21] ,[22].

En 1984, Jeff Buckley déménage à Los Angeles. Grâce à un capital d'argent placé à la mort de son père, il parvient à s'inscrire au Guitar Institute of Technology, où il passe jusqu’à 17 heures par jour à travailler, notamment dans le style jazz fusion, qui lui permet d’éviter toute comparaison avec son père[23]. Avec deux autres élèves de cette école, il forme un trio. Durant cette période, il s'ouvre à d'autres styles de musique comme le jazz, la bossa-nova ou encore le reggae[24] .

Il obtient son diplôme l'année suivante. Les choses stagnent alors un peu pour Jeff Buckley : il a essentiellement plusieurs emplois alimentaires, et travaille sa musique chez lui, en s’imposant une discipline de travail militaire (avec des exercices programmés pour toute la journée) et une hygiène de vie ascétique[25]. Il enregistre, en 1987, sa première maquette intitulée White Boy Music[26] .

Les débuts[modifier | modifier le code]

Durant l'été 1986, il rencontre Michael Clouse (en), le propriétaire d'un studio d'enregistrement à Glendale, dans lequel plusieurs groupes viennent enregistrer des maquettes. Ils deviennent amis et démarrent ainsi une petite collaboration : Jeff Buckley compose et enregistre des arrangements pour les démos des clients de Michael tandis que ce dernier s'occupe des parties son et mixage[27] ,[28].

« Je veux faire un album qui fasse oublier Led Zeppelin II ! »

— Jeff Buckley à Michael Clouse (durant leur collaboration de 1988 à 1990)[29],[30]

Jeff Buckley participe à différents groupes : un groupe de reggae nommé A.K.B. (Al Kirk Band) qui accompagne notamment, le temps d'un concert, la chanteuse Judy Mowatt (ex-choriste de Bob Marley), The Wild Blue Yonder, groupe de roots-rock, fait des démos de funk et de R&B, et enfin joue dans Group Therapy, un groupe de hard-rock[31].

En février 1990, Jeff Buckley écoute avant sa mise sur le marché l’enregistrement du concert de son père, Dream Letter : Live in London 1968 (en) chez Enigma Records[32]. Immédiatement après, Jeff Buckley concrétise une idée qui lui trotte dans la tête depuis plusieurs mois : aller à New York. Il s'y rend avec son ami Shinehead, un chanteur de reggae qu'il accompagne sur scène à l'occasion. Il y reste quelques mois en colocation dans l’appartement de l’actrice Brooke Smith[33]. Durant cette période, Jeff Buckley compose quelques chansons, dont Eternal Life. C’est sa colocataire qui lui fait découvrir à la fois l’herbe et la musique qawwali, et notamment le chanteur Nusrat Fateh Ali Khan qui deviendra une de ses plus grandes influences musicales[34] ,[35],[5],[36].

Jeff Buckley revient à Los Angeles en septembre 1990 après que Herb Cohen, l'ancien manager de son père, lui propose de l'aider et de financer l'enregistrement d'une maquette (Herb se tenait très souvent au courant des progrès musicaux de Jeff Buckley). Il enregistre ainsi, en compagnie de Michael Clouse, quatre chansons (Unforgiven, qui sera plus tard rebaptisée Last Goodbye, Eternal life, Strawberry Street et Radio) qu'il rassemble sous le nom The Babylon Dungeon Sessions[37] ,[38].

Ces chansons n'ont pas le succès espéré et, mis à part une rencontre et une tentative de collaboration avec la chanteuse Carole King au début de l'année 1991, les choses n'avancent pas beaucoup pour Jeff Buckley[39] . C’est à cette époque (entre 1987 et 1991) que Jeff Buckley commence à faire des recherches sur son père biologique, Tim Buckley[40].

Greetings from Tim Buckley : la rencontre avec Gary Lucas[modifier | modifier le code]

C'est en avril 1991 que tout démarre vraiment pour Jeff Buckley quand un concert en hommage à son père est organisé à l'église Saint-Ann de New York. Hal Willner, l'organisateur de ce projet intitulé Greetings from Tim Buckley, prend contact avec Herb Cohen (l'ancien manager de Tim Buckley), qui lui signale l'existence de Jeff Buckley et du talent de celui-ci. De cette façon, il finit par être invité à jouer au concert[41] . Jeff Buckley retourne donc à New York le 20 avril. Une fois là-bas, Hal Willner lui présente rapidement Gary Lucas (un ancien collaborateur de Captain Beefheart) avec l'idée de les faire jouer ensemble durant le concert. Le courant passe rapidement entre les deux hommes qui se mettent ainsi au travail[42] .

Le jour du concert, le 26 avril, ils jouent Sefronia-King's Chain, Phantasmagoria In Two et surtout I Never Asked To Be Your Mountain, chanson avec laquelle Jeff Buckley a toujours entretenu des rapports ambigus (« Je suis mentionné dans la chanson, tout comme sa petite amie de l'époque, ma mère. C'est une chanson magnifique, que j'admirais et haïssais à la fois, et c'est pour cette raison que c'est celle que j'ai chantée »[43] ). Il modifie légèrement les paroles, ce qui fait de cette interprétation, selon David Brown, une réponse à son père et une catharsis[44]. Le public est très impressionné par Jeff Buckley, sa voix et ses qualités de chanteur. Il vole ainsi la vedette à tous les autres musiciens invités, à tel point qu'au moment du rappel, il revient seul sur scène interpréter Once I Was[45] .

Après ce concert, Jeff Buckley prolonge son séjour à New York de plusieurs semaines : il est sollicité de toute part et Rebecca Moore, présente aux répétitions, devient sa petite amie[46] ,[47].

Gods & Monsters[modifier | modifier le code]

Jeff Buckley retourne ensuite à Los Angeles et démarre des répétitions avec ses amis Chris Down (claviériste de Fishbone) et Carla Azar. Ils envisagent de former un vrai groupe (ils composent notamment le morceau What Will You Say que Jeff Buckley joue ensuite très souvent sur scène)[48].

Au même moment, à New York, Gary Lucas, très satisfait de sa collaboration avec Jeff Buckley , lui propose une place de chanteur dans son groupe Gods & Monsters. Pour le motiver à revenir à New York, Gary Lucas se met à composer des morceaux et les lui envoie[49] . C'est surtout la présence de Rebecca Moore à New York qui, en juin 1991, décide Jeff Buckley à y revenir (par intermittence au départ) et s'investir dans le groupe de Lucas[49] .

Ainsi, Jeff Buckley se met au travail avec Gary Lucas. Il écrit des paroles et compose une mélodie pour les deux morceaux que ce dernier lui a envoyés et qui deviennent alors Grace et Mojo Pin. Le , ils enregistrent ces deux chansons aux studios Krypton avec Jared Nickerson à la basse et Tony Lewis à la batterie et décrochent un peu plus tard un contrat avec le label Imago[50] ,[51].

Début 1992, Jeff Buckley quitte définitivement L.A. et s'installe avec Rebecca Moore dans le Lower East Side de New York. L'association Lucas/Buckley se constitue rapidement un plus gros répertoire avec, entre autres, des compositions comme She's Free, Harem Man ainsi que des reprises telles que L'Hymne à L'Amour (d'Édith Piaf) et Satisfied Mind (de Porter Wagoner[52] )[53] et démarre une série de concerts.

Cependant, des tensions apparaissent dans le groupe : les deux hommes ont des différends artistiques, Gary Lucas veut faire signer à Jeff Buckley un contrat l'empêchant de s'investir dans d'autres projets que Gods & Monsters[54] et Jeff Buckley n'est pas satisfait du nouveau contrat que leur propose Imago[55] . Le conflit a lieu le 14 mars, le lendemain d'un concert donné à l'église St-Ann (le lieu de leur rencontre). Kate Hyman (la patronne du label Imago) devait décider à l'issue du concert de continuer ou non la collaboration avec Gods & Monsters mais donnera son accord pour signer Jeff Buckley uniquement, sans le reste du groupe. Cette décision et les différends entre Gary Lucas et Jeff Buckley mettent un terme à leur collaboration[56] .

Le phénomène du Sin-é bar[modifier | modifier le code]

Jeff Buckley commence alors à se produire seul sur scène. Par l'intermédiaire de Daniel Harnett, un ami de Rebecca Moore, il découvre un petit bar irlandais du nom de Sin-é, situé dans le Lower East Side de New York et qui accueille fréquemment les musiciens locaux. Jeff Buckley y joue pour la première fois en avril 1992[57] . Il apprécie très vite l'endroit et revient rapidement faire d'autres concerts.

Shane Doyle, le patron du bar, apprécie tellement les performances de Jeff Buckley qu'il le fait jouer au Sin-é tous les lundis. Jeff Buckley y joue quelques-unes de ses compositions (Mojo Pin, Grace, Eternal Life et Unforgiven) et surtout beaucoup de reprises de ses idoles dont, entre autres, Bob Dylan, Nina Simone, Nusrat Fateh Ali Khan, Joni Mitchell et Van Morrison[58] . C'est aussi à cette époque que Jeff Buckley commence à chanter Hallelujah de Leonard Cohen. Il devient ainsi durant le printemps 1992, une des attractions du Lower East Side et le public est de plus en plus nombreux[59] .

À cette époque, Jeff Buckley se produit également à d'autres endroits. À la Knitting Factory, il participe notamment à « Cobra », un projet expérimental du musicien John Zorn dont le concept est le suivant : les chanteurs arrivent sans rien préparer, reçoivent une indication plus ou moins vague et doivent, immédiatement après, monter sur scène et improviser quelques choses[59] ,[60].

Mais c'est au Sin-é que la carrière de Jeff Buckley franchit une étape supplémentaire. Là-bas, son succès est tel que, durant le mois de mai, de nombreux directeurs artistiques s'y rendent pour le voir en concert[61] . Il reçoit plusieurs propositions et passe ensuite plusieurs mois à les étudier en compagnie de Georges Stein (son avocat et futur manager). Le 29 octobre, après de nombreuses hésitations, il signe un contrat avec Sony Music, sur leur label Columbia. Le fait que son idole Bob Dylan soit signé sur cette maison de disques fut un critère déterminant dans son choix mais Steve Berkowitz, le directeur artistique de Columbia est aussi le seul à s'accrocher et à accepter les conditions de Jeff Buckley en termes d'argent (avances et pourcentages) et de liberté artistique[62] .

Une fois le contrat signé, les choses vont considérablement ralentir : Jeff Buckley veut prendre son temps. Il continue à jouer au Sin-é ainsi qu'à d'autres endroits durant plusieurs mois, il fait quelques brèves tentatives d'enregistrements en studio mais aucun réel enregistrement d'album n'est prévu[63] . Il rencontre tout de même, en juin 1993, le producteur Andy Wallace (qui a également mixé l'album Nevermind de Nirvana) et les deux hommes se mettent d'accord pour travailler ensemble.

Les choses progressent en juillet 1993 quand Columbia décide, avec l'accord de Jeff Buckley, de l'enregistrer en concert au Sin-é. Un premier essai est fait le 19 juillet mais sa prestation n'est pas bonne : Jeff Buckley est nerveux car même si des amis à lui sont présents, le public est fortement composé de gens de chez Columbia[64] . Une deuxième tentative est faite le 17 août, en petit comité, et cette fois, tout se passe bien : Jeff Buckley parvient à retrouver l'ambiance habituelle de ses concerts[65] . Un CD-Maxi du concert sort le 23 novembre[66].

L'enregistrement de Grace[modifier | modifier le code]

Avant d'enregistrer un album, Jeff Buckley veut trouver des musiciens. Pour cela, il rencontre dans un premier temps Mick Grondahl, un jeune bassiste n'ayant jamais joué en groupe auparavant, puis quinze jours plus tard, il fait la connaissance d'un batteur nommé Matt Johnson. Les trois hommes démarrent ainsi des répétitions où est composé le morceau Dream Brother. Les essais étant concluants, les deux musiciens sont alors recrutés[67] . Ils font leur premier concert au Sin-é le 19 septembre.

« Rien ne vaut un groupe. Prends n'importe quel grand album, il importe peu que ce soit un artiste solo comme Van Morrison, sur ses albums, comme Astral Weeks, il y avait un super groupe. Ma musique préférée a toujours été faite par des groupes. »

— Interview de Jeff Buckley durant l'enregistrement de l'album Grace[68]

Le lendemain du concert, ils se rendent tous les trois aux studios Bearsville à Woodstock pour enregistrer leur premier album qui sera produit par Andy Wallace[69] .

En entrant en studio, Jeff Buckley n'avait qu'une idée très vague de ce qu'il allait enregistrer. Il enregistre dans un premier temps et pour s'échauffer quelques reprises de Bob Dylan, Bukka White, Hank Williams ou encore Nina Simone[70] ,[71].

Durant l'été 1993, Jeff Buckley recontacte Gary Lucas car il souhaite enregistrer les chansons Grace et Mojo Pin qu'ils ont composées ensemble. Gary Lucas donne facilement son accord et est même invité à les rejoindre en studio. Les tensions apparues durant l'époque Gods & Monsters sont donc apaisées et Gary Lucas vient passer quelques jours au studio et enregistrer les parties de guitare qu'il a composées[72] .

Au départ, avec Andy Wallace, il est question que Jeff Buckley n'enregistre qu'un album de reprises[73] , mais finalement il décide d'enregistrer ses compositions et de n'enregistrer que 3 reprises pour l'album : Lilac Wine (de James Shelton), Hallelujah (de Leonard Cohen) et Corpus Christi Carol (de Benjamin Britten). L'album se dessine ainsi, petit à petit.

Quelque temps avant la fin des sessions, Jeff Buckley et ses musiciens composent une nouvelle chanson intitulée Forget Her et l'enregistrent également. Cette chanson retient particulièrement l'attention de Steve Berkowitz, qui surveillait régulièrement l'évolution des sessions et qui voit en cette chanson un single potentiel[74] .

Les sessions se terminent mais l'album n'est pas complètement achevé. En effet, Jeff Buckley, qui part un moment seul en tournée à travers les États-Unis et le Canada, décide d'auditionner avec ses musiciens un nouveau guitariste, Michael Tighe (un ami rencontré par l'intermédiaire de Rebecca Moore). Le courant passe entre les 4 hommes et Michael Tighe est recruté. Très peu de temps après son embauche, Tighe et Buckley composent un nouveau morceau intitulé So Real que le groupe enregistrera (ainsi que Kanga-Roo, une reprise de Big Star) à New York[75] . Jeff Buckley parvient à enregistrer le chant de So Real en une seule prise, ce qui est une performance tout à fait exceptionnelle[76].

Jeff Buckley impose ensuite cette nouvelle chanson pour l'album, en remplacement de Forget Her qu'il trouve plutôt faible. Steve Berkowitz et les gens de Columbia ne sont eux pas du tout du même avis mais finissent pourtant par accepter cette modification[77] .

L'album est cette fois-ci bel et bien terminé, Jeff Buckley le nomme Grace et il sort en août 1994 en Europe puis aux États-Unis. Les titres qui y figurent sont les suivants :

  1. Mojo Pin
  2. Grace
  3. Last Goodbye (anciennement appelé Unforgiven)
  4. Lilac Wine
  5. So Real
  6. Hallelujah
  7. Lover, You Should Have Come Over
  8. Corpus Christi Carol
  9. Eternal Life
  10. Dream Brother (ce titre est un clin d'œil à la chanson Dream Letter que chantait Tim Buckley[78],[79],[80])

Les tournées[modifier | modifier le code]

En juin 1994, Jeff Buckley et son groupe démarrent leur première tournée aux États-Unis. Mis à part quelques concerts dont notamment celui du Fez à New York, le 17 juin (des personnalités comme Chris Cornell, Winona Ryder et The Edge sont présentes dans la salle), cette tournée ne fait pas grand bruit (principalement parce que l'album n'était pas encore sorti)[81] . Le 16 août 1994, ils donnent un concert d'adieu au Sin-é. Jeff Buckley part ensuite à Londres passer du temps en compagnie de Liz Fraser, la chanteuse des Cocteau Twins ; ils ont une brève relation et composent également une chanson intitulée All Flowers In Time[82] .

Le 23 août 1994, l'album sort aux États-Unis mais Mick Grondahl, Matt Johnson et Michael Tighe rejoignent Buckley à Dublin (d'où est originaire son grand-père paternel) pour préparer une tournée d'un mois en Europe. Le premier concert de Jeff Buckley pour cette tournée a lieu au Garage à Londres, le 1er septembre. Le 22 septembre, Jeff Buckley fait son premier concert français au Passage du Nord-Ouest à Paris[83] .

Ce sont en fait deux années de tournées ininterrompues qui commencent. Grace reçoit un très bon accueil critique, plus encore en Europe qu’aux États-Unis (il est récompensé en France par le Grand Prix international du Disque 1995 de l'Académie Charles-Cros[84] ), mais les ventes sont assez modestes, du moins pour Columbia. Jeff Buckley va ainsi s’épuiser dans des tournées interminables, dans des concerts d'envergures diverses, des petits festivals partout dans le monde ou encore au Sin-é où il revient plus tard.

À la manière des musiciens de Jazz qui improvisent leur musique autour d'un thème musical, Jeff Buckley et son groupe interprètent toujours les mêmes chansons mais chaque fois différemment des soirs précédents (ils rallongent certains passages ou jouent de nouveaux arrangements)[85] .

Les chansons qu'ils jouent sont principalement : Mojo Pin, Grace, Last Goodbye, So Real, Lover, You Should've Come Over, Eternal Life, Dream Brother, Hallelujah, What Will You Say, Kick Out The Jams (reprise du MC5) ainsi que le fameux morceau Kanga-Roo qui est à l'origine d'un gros conflit entre Jeff Buckley et les gens de Columbia qui le trouvent trop long (15 minutes en moyenne) et jugent qu'il nuit à ses prestations. Jeff Buckley, lui, ne l'entend pas de cette oreille et continue malgré tout à jouer cette chanson. Il va même, parfois, jusqu'à la dédier au personnel de sa maison de disques[86].

À cette liste de chansons, Jeff Buckley en rajoute souvent quelques autres selon ses envies du moment. Ils interprètent des morceaux de The Smiths, Led Zeppelin, Édith Piaf, Judy Garland ou encore Siouxsie Sioux[87].

La popularité de Jeff Buckley, sans être gigantesque à l'époque, lui pose quelques problèmes : le 4 juin, par exemple, il est photographié en compagnie de Courtney Love qui cherchait à le séduire depuis quelque temps. Ces photographies entraînent de nombreuses rumeurs alors que leur relation est strictement amicale[91] . Un autre événement le contrarie beaucoup quand le magazine People le cite dans un classement des 50 plus beaux hommes du monde. À ce sujet, il déclare : « C'est facile d'avoir du succès, cela n'a pas grand chose à voir avec la musique, mais avec le look, l'exposition médiatique… […]. Je serai toujours musicien, je n'ai pas besoin d'avoir ma photo partout […]. Ce que je veux vraiment c'est toujours pouvoir jouer, jusqu'à ce que je tombe. »[91] .

Avec la fatigue des tournées, Jeff Buckley n'arrive plus à écrire de nouvelles chansons (au bout d'un an de tournées à travers le monde, 207 concerts au total ont été donnés[92] ). Malgré cela, sa maison de disques exerce beaucoup de pression sur lui pour qu'il enregistre rapidement un deuxième album. En effet, à la fin de l'année 1995, Grace s'est vendu à 750 000 exemplaires dans le monde (dont 180 000 exemplaires aux États-Unis[92] ), mais Columbia aurait avancé près de 2,2 millions de dollars en clips, tournées, singles et sessions d'enregistrements, si bien que les ventes de l'album ne lui permettent pas de rembourser intégralement sa maison de disques et il doit donc éponger ses dettes[93] .

« Depuis l'année dernière, je n'ai pas été capable d'écrire une chanson. Toujours en tournée, pas moyen de prendre la moindre distance. (...) Je me sens cheap et inutile. Il faut que je me remette à écrire... Quand je me vois, j'ai honte, je ne suis plus qu'un pantin traîné de salle en salle. »

— Jeff Buckley au magazine Les Inrockuptibles[94]

D'autre part, le rythme très éprouvant des tournées viendra à bout du batteur, Matt Johnson. En plus de ne plus supporter ce rythme, il commence aussi à être victime de problèmes auditifs liés au volume sonore des prestations répétées du groupe et des tensions apparaissent également entre lui et Jeff Buckley car il accepte mal le mode de vie excessif de ce dernier (forte consommation d'alcool, de cigarettes et expérimentation de certaines drogues). Ainsi, en novembre 1995, voulant anticiper le départ dont leur parle leur ami, Jeff Buckley, Mick Grondahl et Michael Tighe commencent quelques répétitions avec un nouveau batteur, Eric Eidel. Mais les choses en restent là pour l'instant[95] . Matt Johnson quitte ensuite le groupe au début de l'année 1996 après une dernière tournée de quinze dates en Australie. Michael Tighe déclare à ce sujet : « Matt en a eu assez des tournées […] Avec Jeff, il entretenait une relation particulièrement fraternelle, ils étaient similaires en bien des points. Cela a été dévastateur pour le groupe quand il est parti. »[96] .

Sketches For My Sweetheart The Drunk[modifier | modifier le code]

Après le départ de Matt Johnson, le groupe ne tourne plus et (sous la pression de Steve Berkowitz et de Columbia) se concentre alors sur l'écriture et l'enregistrement de ce second disque. Eric Eidel est alors reconvoqué et le 15 juin, le groupe entre au studio Sorcerer Sound à New York pour tenter d'enregistrer ce deuxième album (déjà intitulé My Sweetheart The Drunk) avec Tom Verlaine (leader du groupe Television) à la production. Tom Verlaine et lui se sont rencontrés la même année durant l'enregistrement de l'album Gone Again de Patti Smith auquel Jeff Buckley fut invité à participer. Il joua sur le morceau Fireflies et fait des chœurs sur Beneath The Southern Cross (à noter que quatre célèbres musiciens de rock sont présents sur ce morceau : Tom Verlaine à la guitare, John Cale au clavier, Patti Smith et Jeff Buckley au chant).

Cette première session d'enregistrement de My Sweetheart The Drunk est un échec : les conditions sont précaires, le temps est limité et Eric Eidel, leur nouveau batteur, ne parvient pas à s'adapter à tous les morceaux[97] . Jeff Buckley décide alors de repousser l'enregistrement de l'album.

Durant l'automne 1996, Jeff Buckley décide de se séparer d'Eric Eidel. Le moral de Jeff Buckley est alors au plus bas et ses proches s'inquiètent de le voir boire autant d'alcool et le soupçonnent d'abuser d'autres drogues (à noter que Buckley a, auparavant, reconnu avoir déjà pris des drogues tout en parlant de libération ou d'aide à la créativité pour expliquer cette attitude)[98] . Les choses s'améliorent au début de l'année 1997 quand Mick Grondahl lui présente Parker Kindred, un nouveau batteur qui, après quelques répétitions, est rapidement embauché[99] .

Le , le groupe est de nouveau en studio, cette fois-ci en compagnie de Michael Clouse à la production, mais seulement pour quelques jours. Ils enregistrent une poignée de nouveaux morceaux dont Haven't You Heard. Selon Michael Tighe, ces sessions sont « juste des essais pour avoir des trucs sur bande et voir comment les arrangements fonctionnaient[100] ».

Fin février, le groupe retourne en Studio avec Tom Verlaine, mais cette fois-ci à Memphis. C'est un nouvel échec : Jeff Buckley, musicien extrêmement perfectionniste, veut sans arrêt reprendre chaque morceau et Tom Verlaine râle après les musiciens. Finalement, seuls quelques morceaux sont enregistrés, dont Opened Once que Jeff Buckley enregistre seul avec Tom Verlaine, tandis que le reste du groupe repart à New York[101] .

Le 22 mai, resté à Memphis pour s'isoler et composer de nouveaux morceaux, il envoie à ses musiciens une maquette contenant de nouvelles chansons et les invite à le rejoindre à Memphis pour les enregistrer (à Michael Tighe, il dit par téléphone : « C'est la première fois que je me sens vraiment bien avec cette musique, je me sens comme quand nous sommes partis en tournée pour la première fois pour Grace[102] ».)

Le , le groupe prend l'avion pour rejoindre Jeff Buckley. Attendant leur arrivée, il part se promener au bord de la Wolf River, affluent boueux du Mississippi, avec son ami Keith Foti et décide d’aller se baigner, tout habillé. Après le passage d’un bateau à aubes, il disparaît dans les eaux[103]. Son corps est retrouvé six jours plus tard[104], près de Beale Street à Memphis, par un passager du bateau de tourisme American Queen[5]. Il avait 30 ans.

Hommages et carrière posthume[modifier | modifier le code]

« Techniquement, c'était le meilleur chanteur à être apparu depuis probablement vingt ans. [...] Plus j'écoute Grace, plus j'apprécie son talent absolu... Ce n'est pas loin d'être mon album préféré de la décennie. »

— Jimmy Page à propos de Jeff Buckley[105]

C'est après sa mort que Jeff Buckley est le plus médiatisé : même si l'album Grace fut un succès à sa sortie, ses ventes ont explosé après sa mort, notamment grâce aux nombreux hommages qui lui sont rendus à sa mort et durant les années suivantes dans la presse musicale ainsi que par quelques artistes célèbres dont Jimmy Page (voir la citation plus haut), Brad Pitt[106]ou encore Alanis Morissette[réf. nécessaire].

Après la mort de son fils, Mary Guibert décide pratiquement tout de suite de prendre en charge la gestion de sa mémoire.

Elle refuse, dans un premier temps, de se rendre à la cérémonie funéraire organisée par les amis new-yorkais de Jeff (qui eut lieu le à la St Mark's Church) et en organise une nouvelle, plus « people », à la St Ann's Church de Brooklyn (où tout avait vraiment démarré pour Jeff) le 31 juillet et où des personnalités telles qu'Elvis Costello, Marianne Faithfull ou encore Rebecca Moore se rendent[107] .

Dès le décès de Jeff Buckley, les gens de Columbia, ne perdant pas pour autant leur sens des affaires, programment la sortie d'un album posthume pour octobre 1997[107]. Ils ont récupéré les enregistrements faits avec Tom Verlaine et projettent de les faire mixer par Andy Wallace. Mary s'oppose à cette initiative jugée trop précoce et non respectueuse de la mémoire de son fils. Elle reprend alors ce projet en compagnie de Don Devito et de Chris Cornell (chanteur de Soundgarden et ami de Jeff)[108] .

Ainsi, en , sort Sketches For My Sweetheart The Drunk[109], un double album composé de la 1re session d'enregistrement, dont Buckley n'était pas satisfait, et des démos 4-pistes qu'il avait enregistrées seul à Memphis plus tard, comme brouillon pour ce qui aurait dû être le nouvel album[108] .

Après un procès intenté au manager de Jeff en juillet 1998 et remporté ensuite, Mary Guibert gère tout ce qui concerne la musique de son fils : de la publication de disques jusqu'aux autorisations d'utiliser sa musique[110] .

En , elle publie, avec l'aide de Michael Tighe, Mystery White Boy, un album live enregistré durant les tournées de 1995 à 1996.

L'année suivante, ils publient en France uniquement, Live à l'Olympia[111] .

Bien que certaines personnes commencent à critiquer le fait de voir autant d'albums posthumes être publiés[111] , Gary Lucas publie Songs To No One en 2002. Cet enregistrement reprend les chansons de ce dernier en compagnie de Jeff Buckley au sein de Gods & Monsters.

Pour les dix ans de la sortie de Grace, une version remasterisée de l'album est éditée. Elle est nommée Grace Legacy Edition et est augmentée d'un deuxième disque contenant la chanson Forget Her que Jeff avait remplacée par So Real et quelques reprises que le groupe avait enregistrées durant les sessions d'enregistrement de l'album.

Jeff Buckley a eu une influence considérable dans le monde musical des années 1990. En particulier, il est un des principaux inspirateurs de la vague pop/rock mélancolique et des groupes Radiohead (leur chanson Fake Plastic Trees fut écrite par Thom Yorke en revenant, complètement bouleversé d'un concert de Jeff Buckley[112]), Coldplay (lors d'une interview, Chris Martin a déclaré : « Moi aussi, j'ai tout piqué à Thom Yorke ou à Jeff Buckley[113] »), Starsailor, Muse, Travis ou encore le chanteur Badly Drawn Boy reconnaissent tous son influence[1] .

En 2008, la popularité de Jeff Buckley connaît un nouvel essor grâce notamment à une interprétation d'Hallelujah par Jason Castro dans l'émission American Idol. En effet, la semaine suivant sa prestation, la chanson (la version de Jeff Buckley) devient no 1 des ventes par téléchargement aux États-Unis[116]. En France, c'est l'émission Nouvelle Star qui y a contribué avec Julien Raoux (durant les castings), mais surtout avec la prestation de Benjamin Siksou lors du prime-time du 15 mai 2008[117] . La chanson passe depuis régulièrement à la radio et les ventes de l'album ont nettement augmenté[118].

Paradoxalement à ce succès, Jeff Buckley, lui, n'était pas satisfait de sa version (« Ma version est trop rapide. […] Je devais choisir entre celle-ci et une autre que je détestais vraiment. En tout, il doit bien exister vingt-deux versions qui traînent quelque part[119] »), et selon Gary Lucas, il n'aurait pas aimé une telle « mythification » de son nom (« Il n'aurait pas aimé ça, il en avait suffisamment entendu sur son père. […] Il ne se rêvait pas en héros, lui-même n'en avait pas. […] Si Jeff a été et restera si marquant, c'est que sa musique a toujours été celle d'un survivant. »[120]).

Possible adaptation cinématographique de sa vie[modifier | modifier le code]

En 2001, une rumeur annonçait Brad Pitt dans la peau du chanteur mais le film ne se fit jamais, notamment à cause du refus de Mary Guibert, la mère de Jeff Buckley. Toutefois, elle aurait changé d'avis. Ce retournement de situation serait dû à deux points importants : la qualité des biopics (biographic pictures, films biographiques) récents tels Ray ou Walk the Line, et la possibilité qu'un film se fasse sans son accord.

En , deux longs métrages sont annoncés :

  • Le premier, sans titre encore annoncé, produit par Mary Guibert et Orian Williams, sera réalisé par Jake Scott, sur un scénario de Ryan Jaffe. Celui-ci s'est inspiré des carnets personnels, dessins et de la correspondance de Jeff Buckley. L'acteur et chanteur Reeve Carney interpréterait le rôle-titre.
  • Le second, Greetings from Tim Buckley, sera réalisé par Dan Algrant et sera plus axé sur les relations entre Jeff Buckley et son père. Le tournage est annoncé pour août 2011, avec Penn Badgley (Gossip Girl) dans le rôle de Jeff Buckley.

Discographie[modifier | modifier le code]

Album[modifier | modifier le code]

Albums posthumes[modifier | modifier le code]

Albums lives[modifier | modifier le code]

Compilations[modifier | modifier le code]

Singles, EP[modifier | modifier le code]

  • The Babylon Dungeon Sessions (EP enregistré en septembre 1990)[121] non édité.
  • Live at Sin-é (1993)
  • Hard Lucky Tour Australia (1995)
  • Last Goodbye (1995)
  • Live From The Bataclan (1996)
  • Everybody Here Wants You (1998) (EP australien)
  • So Real (1999)
  • Eternal Life (1999)
  • Grace EP's (2002) (Box Set, 5 EPs)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • Merri Cyr, A Wished-For-Song. Jeff Buckley. Portrait en images de Jeff Buckley par son amie photographe Merri Cyr, accompagné de plusieurs interviews.

Biographies[modifier | modifier le code]

Documentaires[modifier | modifier le code]

  • Jeff Buckley - Fall in Light : portrait d'un musicien virtuose, mort à l'âge de 30 ans - Don Kent

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Cuesta 2005, p. 117.
  2. a et b Cuesta 2005, p. 13.
  3. Browne 2003, p. 89-106.
  4. Browne 2003, p. 91.
  5. a b c et d Don Kent, Jeff Buckley, fall in light : Portrait d'un musicien virtuose, mort à l'âge de 30 ans
  6. a et b Browne 2003, p. 93.
  7. a et b Browne 2003, p. 155.
  8. Cuesta 2005, p. 16.
  9. Cuesta 2005, p. 18.
  10. Cuesta 2005, p. 19.
  11. Browne 2003, p. 96.
  12. Cuesta 2005, p. 22.
  13. Browne 2003, p. 99.
  14. Cuesta 2005, p. 23.
  15. Browne 2003, p. 95-96 et 100.
  16. Browne 2003, p. 101.
  17. a et b Browne 2003, p. 102-103.
  18. le « ry » de Horry devient « re » mais se prononce de le même façon
  19. Cuesta 2005, p. 23-24.
  20. Browne 2003, p. 104.
  21. Cuesta 2005, p. 25.
  22. Browne 2003, p. 106.
  23. Browne 2003, p. 134-136.
  24. Cuesta 2005, p. 27-28.
  25. Browne 2003, p. 140-141.
  26. Cuesta 2005, p. 28-29.
  27. Cuesta 2005, p. 29-30.
  28. Browne 2003, p. 138-139.
  29. Interview de Michael Clouse - Jeff Buckley, Fall in Light - Portrait d'un musicien virtuose, mort à l'âge de 30 ans
  30. Browne 2003, p. 142.
  31. Browne 2003, p. 141-142.
  32. Browne 2003, p. 145.
  33. Browne 2003, p. 146.
  34. Cuesta 2005, p. 32.
  35. Dans l'album Live at Sin-é, Jeff Buckley chante Yeh Jo Halka Halka Saroor Hai de Nusrat Fateh Ali Khan (titre no 2 du Cd no 2) mais on peut aussi entendre Jeff Buckley expliquer au public : « Nusrat is my guy. He's my Elvis ! » (titre no 1 du Cd no 2)
  36. Browne 2003, p. 148-149.
  37. Cuesta 2005, p. 32-33.
  38. Browne 2003, p. 151-152.
  39. Cuesta 2005, p. 34.
  40. Browne 2003, p. 153-157.
  41. Cuesta 2005, p. 36.
  42. Cuesta 2005, p. 36-37.
  43. Cuesta 2005, p. 38.
  44. Browne 2003, p. 187.
  45. Cuesta 2005, p. 38-39.
  46. Cuesta 2005, p. 39.
  47. Browne 2003, p. 185.
  48. Cuesta 2005, p. 40.
  49. a et b Cuesta 2005, p. 41.
  50. Cuesta 2005, p. 42-43.
  51. Cette version de Grace peut être entendue sur l'album Songs to No One.
  52. Cuesta 2005, p. 145.
  53. L'album Songs to No One est une sélection des enregistrements de ces morceaux
  54. (fr) Interview de Mary Guibert - Magazine Rock Sound - hors série no 23 - novembre/décembre 2002
  55. Cuesta 2005, p. 45.
  56. Cuesta 2005, p. 46.
  57. Cuesta 2005, p. 49.
  58. Cuesta 2005, p. 50.
  59. a et b Cuesta 2005, p. 51-52.
  60. Cette collaboration est immortalisé sur le disque John Zorn's Cobra : Live at the Knitting Factory sorti en 1995
  61. Cuesta 2005, p. 53.
  62. Cuesta 2005, p. 55.
  63. Cuesta 2005, p. 56-58.
  64. Cuesta 2005, p. 59-60.
  65. Cuesta 2005, p. 60.
  66. Un double album live posthume voit ensuite le jour le 22 septembre 2003.
  67. Cuesta 2005, p. 60-61.
  68. (en) Interview de Jeff Buckley - The Making Of Grace, Bonus du DVD de Grace Legacy Edition - Octobre 1993
  69. Cuesta 2005, p. 63.
  70. Cuesta 2005, p. 64.
  71. Ces chansons se trouvent sur le CD Bonus de la Réédition de Grace sorti en 2004
  72. Cuesta 2005, p. 64-66.
  73. Cuesta 2005, p. 66.
  74. Cuesta 2005, p. 68.
  75. Cuesta 2005, p. 71.
  76. (en) Interview de Mick Grondahl - The Making of Grace, bonus du DVD Grace Legacy Edition - octobre 1993
  77. Cuesta 2005, p. 72.
  78. Dream Letter de Tim Buckley parle de Jeff et sa mère et du fait qu'il ait abandonné son rôle de père. Dans Dream Brother, Jeff Buckley donne des conseils à un ami (imaginaire) qui va bientôt être père. Les phrases : Don't be like the one who made me so old et Don't be like the one who left behind his name dans Dream Brother sont particulièrement significatives.
  79. Traduction de Dream Brother
  80. Traduction du refrain de Dream Letter
  81. Cuesta 2005, p. 75-76.
  82. Cuesta 2005, p. 80.
  83. Cuesta 2005, p. 80-81.
  84. Cuesta 2005, p. 85.
  85. Cuesta 2005, p. 84-85.
  86. Cuesta 2005, p. 81.
  87. liste des reprises faites par Jeff Buckley dont Killing time composée par Siouxsie pour The Creatures.
  88. Les Inrockuptibles no 62 - p. 105 - janvier 1995 - (ISSN 0298-3788)
  89. Cuesta 2005, p. 87.
  90. Ce concert très particulier en extérieur prit place dans le cadre du festival de musiques orientales de Saint-Florent-le-Vieil. Bien que le style musical de Jeff Buckley ne rentra pas formellement dans le cadre de cette manifestation, le directeur du festival fût tellement époustouflé quelques mois plus tôt par la prestation de Jeff Buckley lors du concert du 22 septembre 1994 au Passage du Nord-Ouest à Paris qu'il mit un point d'honneur à convaincre celui-ci d'intégrer cette date dans sa tournée. Lors de cette soirée, le public assista notamment à un duo improvisé entre Jeff et le chanteur aseri Alim Qasimov qui assurait la première partie du concert. Ensemble ils interprétèrent What Will You Say, un morceau intégré dans l'album Live à l'Olympia
  91. a et b Cuesta 2005, p. 86.
  92. a et b Cuesta 2005, p. 88.
  93. Cuesta 2005, p. 91.
  94. (fr) Les Inrockuptibles, juillet 1995
  95. Cuesta 2005, p. 89-90.
  96. Cuesta 2005, p. 91-92.
  97. Cuesta 2005, p. 94-95.
  98. Cuesta 2005, p. 96-97.
  99. Cuesta 2005, p. 98-99.
  100. Cuesta 2005, p. 101  : entretien de Michael Tighe avec Stan Cuesta
  101. Cuesta 2005, p. 103-104.
  102. Cuesta 2005, p. 106-107  : entretien de Michael Tighe avec Stan Cuesta
  103. Browne 2003, p. 26-31.
  104. Browne 2003, p. 426-432.
  105. (en) magazine Uncut - septembre 2004
  106. « Jeff Buckley: Everybody Here Wants You » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database Brad Pitt apparait en tant que fan de Jeff Buckley
  107. a et b Cuesta 2005, p. 110.
  108. a et b Cuesta 2005, p. 111.
  109. Jeff Buckley voulait appeler son deuxième album My Sweetheart The Drunk (« Ma bien-aimé l'ivresse » en français). « Sketches » veut dire « Croquis » et ce titre peut donc s'expliquer ainsi : Croquis pour « My Sweetheart The Drunk ».
  110. Cuesta 2005, p. 112.
  111. a et b Cuesta 2005, p. 113.
  112. (en-US) « How Jeff Buckley changed Radiohead’s ‘Fake Plastic Trees’ », sur faroutmagazine.co.uk, (consulté le )
  113. (fr) Les Inrockuptibles no 656 - p. 37 - juin 2008
  114. Cuesta 2005, p. 117-118.
  115. ex-leader de Soul Coughing
  116. (en) Article dans Hollywood Insider
  117. Hallelujah
  118. Augmentation des ventes d'Hallelujah
  119. Interview de Jeff Buckley - magazine Uncut - septembre 2004
  120. Richard Robert, « La musique d'un survivant : Entretien avec Gary Lucas », Les inrockuptibles, no 150,‎ , p. 24 (ISSN 0298-3788)
  121. Quatre chansons composées, interprétées et chantées par Jeff Buckley, dont Eternal life, David Browne, Dream Brother, p. 152

Liens externes[modifier | modifier le code]