« Traité de Pereïaslav (1654) » : différence entre les versions

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Rappel du Mémorandum de Budapest et de l'histoire de la Crimée. Par ailleurs, distinction entre l'empire russe - qui, comme tout empire, n'est pas un pays lui-même : cf par exemple empire ottoman et Turquie), Fédération de Russie (une fédération de différentes républiques dont la république de Russie) et la République de Russie elle-même. Le grand public amalgame le tout sous le nom "Russie" mais ce sont des entités différentes.
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{{confusion|texte=Cet article traite du traité de 1654, à ne pas confondre avec le [[Traité de Pereïaslav (1630)]] et le [[Traité de Pereïaslav (1659)]].}}
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Le '''Traité de Pereïaslav''' est conclu en 1654 dans la ville [[ukrainien]]ne de Pereïaslav, renommée actuellement [[Pereïaslav-Khmelnytskyï]], entre la [[Zaporoguie]], représenté par leur [[hetman]] [[Bogdan Khmelnitski]], et la [[Russie]] du tsar [[Alexis Ier de Russie]], représenté par une importante délégation avec ses traducteurs.
Le '''traité de Pereïaslav''' est conclu en 1654 dans la ville [[ukrainien]]ne de [[Pereiaslav|Pereïaslav]], entre la [[Cosaques zaporogues|Zaporoguie]], représentée par son [[hetman]] [[Bogdan Khmelnitski|Bohdan Khmelnytsky]], et la [[Tsarat de Russie|Russie]] du tsar [[Alexis Ier (tsar de Russie)|Alexis {{Ier}} de Russie]], représentée par une importante délégation avec ses traducteurs.


Les copies originales du traité ayant été perdues, les clauses exactes du traité sont soumises à controverse. Le traité entérinait l'établissement de l'[[Hetmanat cosaque]] sur l'[[Ukraine de la rive gauche]] sous domination russe.
Les copies originales du traité ayant été perdues, les clauses exactes du traité sont controversées. Le traité entérinait l'établissement de l'[[Hetmanat cosaque]] sur l'[[Ukraine de la rive gauche]] sous domination russe.


==Contexte historique==
==Contexte==
[[Image:Polen in den Grenzen vor 1660.jpg|thumb|right|250px|Territoire de la Pologne-Lituanie avant 1667. En vert clair: les territoires annexés après la guerre russo-polonaise.]]
[[Image:Polen in den Grenzen vor 1660.jpg|thumb|right|250px|Territoire de la Pologne-Lituanie avant 1667. En vert clair les territoires annexés après la guerre russo-polonaise.]]
Les cosaques étaient une force militaire difficilement contrôlable, mais que la [[République des Deux Nations]] (Pologne et Lituanie) avait su utiliser dans ses frontières sud. Dans les années 1620, les craintes de la constitution d'un État proprement cosaque se font plus fortes ; en 1638, la Pologne s'appuie sur les Cosaques enregistrés (''reestrovye'') pour démanteler l'institution de la Cosaquerie, provoquant la fuite d'un grand nombre de cosaques zaporogues sur la rive gauche du [[Dniepr]].


Les cosaques étaient une force militaire difficilement contrôlable, mais que la [[république des Deux Nations]] (Pologne et Lituanie) avait su utiliser pour protéger sa frontière sud. Dans les années 1620, les craintes liées à la constitution d'un État proprement cosaque se font plus fortes ; en 1638, la Pologne s'appuie sur les Cosaques enregistrés (''reestrovye'') pour démanteler l'institution de la Cosaquerie, provoquant la fuite d'un grand nombre de cosaques zaporogues sur la rive gauche du [[Dniepr]].
En 1654, le [[soulèvement de Khmelnytsky]] consomme la rupture entre la Pologne et les cosaques zaporogues, qui font vaciller l’État polonais. C'est dans ce contexte que la Russie propose son appui et sa protection aux Cosaques, ouvrant la voie à la [[guerre russo-polonaise (1654-1667)]] qui mènera à l'affaiblissement irréversible de la [[République des Deux Nations]].


En 1654, le [[soulèvement de Khmelnytsky]] consomme la rupture entre la Pologne et les cosaques zaporogues, et fait vaciller l’État polonais. C'est dans ce contexte que la Russie propose son appui et sa protection aux Cosaques, ouvrant la voie à la [[guerre russo-polonaise (1654-1667)]] qui mènera à l'affaiblissement irréversible de la république des Deux Nations.
==Conséquences historiques==


==Conséquences==
[[Image:Kiev raduga 2001 07 09.jpg|thumb|left|250px|[[Arc-en-ciel (monument)|Monument commémoratif]] des 325 ans du traité à [[Kiev]], [[Ukraine]].]]
Le traité eut un résultat très différent de ce que prévoyait [[Bogdan Khmelnitski]] : à l'origine destiné à s'assurer l'appui militaire tactique de la puissance russe, il signa dans les faits la séparation de l'[[Ukraine]] de la [[Pologne]] et son rattachement à la puissance russe et au renforcement de l'[[orthodoxie]] dans cette région.


Le traité eut un résultat très différent de ce que prévoyait [[Bogdan Khmelnitski|Bohdan Khmelnytsky]] : à l'origine destiné à lui assurer l'appui militaire tactique de la puissance russe, il aboutit dans les faits à la séparation de l'[[Ukraine]] de la [[Pologne]], au rattachement de l'hetmanat zaporogue à la puissance russe et au renforcement de l'[[orthodoxie]] dans cette région.
À long terme, la colonisation polonaise et la [[polonisation]] des classes supérieures céda la place à une [[russification]] de la société, qui culmina dans l'[[Oukase d'Ems]] (1878) qui interdit l'impression de livres en langue ukrainienne. D'autre part il signe le déclin de la [[Zaporoguie]] et le retour du [[servage]] sur le territoire ukrainien.


À la colonisation polonaise et la [[polonisation]] des classes supérieures fait suite une [[russification]] de la société ukrainienne, qui culmina dans l'[[Oukase d'Ems]] (1878) qui interdit l'impression de livres en langue ukrainienne. D'autre part il signe le déclin de la [[Cosaques zaporogues|Zaporoguie]] et le retour du [[servage]] sur le territoire ukrainien<ref>{{Article|langue=uk|auteur1=Чирков О. А.|titre=Слабкі місця сучасної українознавчої термінології (за текстами навчальних програм з українознавства)|périodique=Українознавство|numéro=3|date=2002|pages=79–81}}</ref>.
Pour la [[Russie]], l'acquisition de l'Ukraine marquait le renforcement de sa puissance et justifiait son appellation d'empire et le titre du tsar comme « Empereur de tous les Rus' ».


Pour l'empire russe, le rattachement de l'Ukraine marquait le renforcement de sa puissance et justifiait son appellation d'empire et la mention d' « Empereur de tous les Rus' », dans la titulature de l'empereur.
Ce traité est fêté par les Ukrainiens pro-russes comme l'union des peuples slaves russes, ukrainiens et biélorusses et par les Ukrainiens pro-occidentaux comme le début du joug russe sur l'entité ukrainienne.


Ce traité est fêté par les Ukrainiens pro-russes comme l'union des peuples slaves russes, ukrainiens et biélorusses. Pour les patriotes et nationalistes ukrainiens, il marque le début du joug russe sur l'Ukraine.
La [[Crimée]] a été transféré par la Russie à l'Ukraine comme un don pour le tricentenaire du traité en 1954.


En [[1954]], à l'occasion du tricentenaire du traité, [[Nikita Khrouchtchev]] [[Transfert de l'oblast de Crimée de la RSFSR à la RSSU|transféra]] la [[Crimée]] de la [[République socialiste fédérative soviétique de Russie|RSFS de Russie]] à la [[République socialiste soviétique d'Ukraine|RSS d'Ukraine]], au sein de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]]<ref>{{Lien web|langue=ru|titre=Закон СССР от 26.04.1954|traduction titre=Loi de l'URSS du 26 avril 1954|url=https://ru.wikisource.org/wiki/%D0%97%D0%B0%D0%BA%D0%BE%D0%BD_%D0%A1%D0%A1%D0%A1%D0%A0_%D0%BE%D1%82_26.04.1954_%D0%9E_%D0%BF%D0%B5%D1%80%D0%B5%D0%B4%D0%B0%D1%87%D0%B5_%D0%9A%D1%80%D1%8B%D0%BC%D1%81%D0%BA%D0%BE%D0%B9_%D0%BE%D0%B1%D0%BB%D0%B0%D1%81%D1%82%D0%B8_%D0%B8%D0%B7_%D1%81%D0%BE%D1%81%D1%82%D0%B0%D0%B2%D0%B0_%D0%A0%D0%A1%D0%A4%D0%A1%D0%A0_%D0%B2_%D1%81%D0%BE%D1%81%D1%82%D0%B0%D0%B2_%D0%A3%D0%BA%D1%80%D0%B0%D0%B8%D0%BD%D1%81%D0%BA%D0%BE%D0%B9_%D0%A1%D0%A1%D0%A0|site=ru.wikisource.org|date=|consulté le=2018-08-10}}</ref>. En 1991, la RSS d'Ukraine proclamera son indépendance y incluant la Crimée, frontière que la Fédération de Russie reconnaîtra tout d'abord (Mémorandum de Budapest - 1994 - où la Fédération de Russie s'engage à respecter l'autorité de l'Ukraine dans ses frontières d'alors) puis contestera, ce qui conduira à la décision de [[Vladimir Poutine]] de [[Annexion de la Crimée par la Russie en 2014|rattacher la Crimée à la Russie en 2014]], annulant ainsi le geste de Khrouchtchev. A noter qu'avant 1945, la Crimée était une république autonome de la Fédération de Russie (dont la république ee Russie elle-même est un des membres, comme d'autres républiques - Tchétchénie, etc -, statut supprimé par Staline en 1945, en même temps que la déportation de sa population tatare remplacée par des colons russes : Staline intégrera alors directement la Crimée à la république de Russie).
==Références==
{{références}}


==Notes et références==
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Dernière version du 30 avril 2024 à 20:20

Le traité de Pereïaslav est conclu en 1654 dans la ville ukrainienne de Pereïaslav, entre la Zaporoguie, représentée par son hetman Bohdan Khmelnytsky, et la Russie du tsar Alexis Ier de Russie, représentée par une importante délégation avec ses traducteurs.

Les copies originales du traité ayant été perdues, les clauses exactes du traité sont controversées. Le traité entérinait l'établissement de l'Hetmanat cosaque sur l'Ukraine de la rive gauche sous domination russe.

Contexte[modifier | modifier le code]

Territoire de la Pologne-Lituanie avant 1667. En vert clair les territoires annexés après la guerre russo-polonaise.

Les cosaques étaient une force militaire difficilement contrôlable, mais que la république des Deux Nations (Pologne et Lituanie) avait su utiliser pour protéger sa frontière sud. Dans les années 1620, les craintes liées à la constitution d'un État proprement cosaque se font plus fortes ; en 1638, la Pologne s'appuie sur les Cosaques enregistrés (reestrovye) pour démanteler l'institution de la Cosaquerie, provoquant la fuite d'un grand nombre de cosaques zaporogues sur la rive gauche du Dniepr.

En 1654, le soulèvement de Khmelnytsky consomme la rupture entre la Pologne et les cosaques zaporogues, et fait vaciller l’État polonais. C'est dans ce contexte que la Russie propose son appui et sa protection aux Cosaques, ouvrant la voie à la guerre russo-polonaise (1654-1667) qui mènera à l'affaiblissement irréversible de la république des Deux Nations.

Conséquences[modifier | modifier le code]

Le traité eut un résultat très différent de ce que prévoyait Bohdan Khmelnytsky : à l'origine destiné à lui assurer l'appui militaire tactique de la puissance russe, il aboutit dans les faits à la séparation de l'Ukraine de la Pologne, au rattachement de l'hetmanat zaporogue à la puissance russe et au renforcement de l'orthodoxie dans cette région.

À la colonisation polonaise et la polonisation des classes supérieures fait suite une russification de la société ukrainienne, qui culmina dans l'Oukase d'Ems (1878) qui interdit l'impression de livres en langue ukrainienne. D'autre part il signe le déclin de la Zaporoguie et le retour du servage sur le territoire ukrainien[1].

Pour l'empire russe, le rattachement de l'Ukraine marquait le renforcement de sa puissance et justifiait son appellation d'empire et la mention d' « Empereur de tous les Rus' », dans la titulature de l'empereur.

Ce traité est fêté par les Ukrainiens pro-russes comme l'union des peuples slaves russes, ukrainiens et biélorusses. Pour les patriotes et nationalistes ukrainiens, il marque le début du joug russe sur l'Ukraine.

En 1954, à l'occasion du tricentenaire du traité, Nikita Khrouchtchev transféra la Crimée de la RSFS de Russie à la RSS d'Ukraine, au sein de l'Union soviétique[2]. En 1991, la RSS d'Ukraine proclamera son indépendance y incluant la Crimée, frontière que la Fédération de Russie reconnaîtra tout d'abord (Mémorandum de Budapest - 1994 - où la Fédération de Russie s'engage à respecter l'autorité de l'Ukraine dans ses frontières d'alors) puis contestera, ce qui conduira à la décision de Vladimir Poutine de rattacher la Crimée à la Russie en 2014, annulant ainsi le geste de Khrouchtchev. A noter qu'avant 1945, la Crimée était une république autonome de la Fédération de Russie (dont la république ee Russie elle-même est un des membres, comme d'autres républiques - Tchétchénie, etc -, statut supprimé par Staline en 1945, en même temps que la déportation de sa population tatare remplacée par des colons russes : Staline intégrera alors directement la Crimée à la république de Russie).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (uk) Чирков О. А., « Слабкі місця сучасної українознавчої термінології (за текстами навчальних програм з українознавства) », Українознавство, no 3,‎ , p. 79–81
  2. (ru) « Закон СССР от 26.04.1954 » [« Loi de l'URSS du 26 avril 1954 »], sur ru.wikisource.org (consulté le )