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{{Voir homonymes|Baja}}
Les nombreux sites archéologiques et préhistoriques se situant dans la [[péninsule de Basse-Californie]] située au [[Mexique]], sont regroupés sous l'appellation internationale '''Baja California'''.
[[Fichier:Wpdms nasa topo baja california.jpg|vignette|250px|Image satellite de la péninsule de la Basse-Californie mexicaine.]]


La '''péninsule de Basse-Californie''', ou '''Baja California''', dans le nord-ouest du [[Mexique]], rassemble plusieurs centaines de [[site préhistorique|sites préhistoriques]], situés dans la [[Peintures rupestres de la Sierra de San Francisco|sierra de San Francisco]], la sierra de San Juan, la sierra de San Borja et dans la sierra de Guadalupe. Certains sont des [[Grotte ornée|grottes ornées]] ou des [[Abri sous roche|abris sous roche]], d'autres des gisements d'ossements fossiles de différentes époques. La région est très riche en œuvres d'[[art pariétal]] et [[Art rupestre|rupestre]].
Voir aussi [[Théories du premier peuplement de l'Amérique]].


== Paléolithique supérieur ==
[[Fichier:Wpdms nasa topo baja california.jpg|thumb|Image satellite de la péninsule de la Basse-Californie mexicaine]]
[[Fichier:La Paz en Baja California Sur.jpg|vignette|Zone archéologique de la caverne de Babisuri, district de La Paz - Baja California.]]
{{Article détaillé|Premier peuplement de l'Amérique}}


En 1991, l’archéologue japonaise Harumi Fujita, chercheuse à l’[[Institut national d'anthropologie et d'histoire|INAH]], travailla sur des sites de Baja California, dans le district{{Quoi|date=20 février 2021}} sud de La Paz. Elle donna à analyser plusieurs échantillons d’un site préhistorique, la '''caverne de Babisuri''', situé sur l’ile d’[[Espíritu Santo]], en [[Basse-Californie du Sud]]. Le laboratoire de l’INAH, au moyen de quatorze analyses au radiocarbone 14, data ces éléments de {{nb|40000 ans}}.


De 1994 à 1996 les archéologues mirent au jour près de 150 [[site préhistorique|sites préhistoriques]] sur l’ile d’Espíritu Santo (habitations dans des cavernes, sites en plein air, grottes mortuaires, sites pictographiques, etc.). En 2003, Stefan Lovgen, du National Geographic, émis l’hypothèse que des populations [[Paléoaméricains|paléoaméricaines]] seraient arrivées en Amérique bien avant la vague migratoire des peuples [[amérindiens]].
== Présentation générale ==


Cette population paléoaméricaine pourrait inclure la [[Femme de Peñón]] découverte dans la [[vallée de Mexico]], près d'une ancienne lagune et dont le squelette, daté de {{nb|13000 ans}}, comporte un crâne [[dolichocéphale]].
La péninsule de Basse-Californie regorge de plusieurs centaines de sites préhistoriques, situés dans la [[Peintures rupestres de la Sierra de San Francisco|Sierra de San Francisco]], la sierra de San Juan, la sierra de San Borja et dans la sierra de Guadalupe. Certains sont constitués de grottes ornées ou d'abris rocheux, d'autres renferment des ossements de différentes époques. La région est très riche en œuvres d'art rupestre. Des centaines de représentations ont déjà été répertoriées. Les peintures représentent des humains mais également toute une faune telle que cerfs communs, moutons des montagnes, lapins, oiseaux et poissons. Certains animaux et même des humains sont représentés traversés avec des flèches. Les couleurs de base employées furent le noir (charbon de bois), le blanc (cendre volcanique), le rouge (lave écrasée) et parfois même de l'ocre (mélange de rouge-orange-jaune).


== Art pariétal et rupestre ==
== Historique des recherches archéologiques ==
Depuis le début des années 1990, des spécialistes, sous la conduite de l'archéologue María de la Luz Gutiérrez, de l'Institut National d'Anthropologie et d'Histoire du Mexique (INAH) et sous l'égide de l'INAH et du Conseil national de la science et de la technologie (CONACYT) mexicains, étudient les peintures rupestres de Baja California. Des centaines de représentations ont déjà été répertoriées. Les peintures représentent des humains mais également toute une faune telle que cerfs communs, moutons des montagnes, lapins, oiseaux et poissons. Certains animaux et même des humains sont représentés traversés par des flèches. Les couleurs de base employées sont le noir (charbon de bois), le blanc (cendre volcanique), le rouge (lave écrasée) et parfois même de l'ocre (mélange de rouge-orange-jaune).
=== L’art rupestre ===


Depuis le début des années 1990, des spécialistes, sous la conduite de l'archéologue Maria de la Luz Gutiérrez, de l'Institut National d'Anthropologie et d'Histoire du Mexique (INAH) et sous l'égide de l'INAH et du Conseil National de la Science et de la Technologie (CONACYT) mexicains, étudient les peintures rupestres de Baja California. Du fait de son très bon état de conservation, ils en estimaient l'âge à moins de {{formatnum:4000}} ans. Or en 2002, le géologue australien Alan Watchman, mondialement reconnu en matière de datation de l'art rupestre, leur communique, les résultats qu'il vient d'obtenir sur les échantillons prélevés dans le massif de Guadalupe, au Mexique. <br />Les premières datations les étonnent, car plusieurs d’entre elles atteignent {{formatnum:7000}} ans. D’autres analyses ultérieures de datation, plus d’une soixantaine en tout, vont révéler des dates allant jusqu’à {{formatnum:9000}} ans. « Cet art, réalisé par des tribus de [[chasseurs-cueilleurs]] et tailleurs de pierre, se caractérise tout d'abord par une concentration exceptionnelle de sites ornés, et un très grand nombre de peintures», explique Maria de la Luz Gutiérrez. Pour le seul massif de la sierra de Guadalupe, plus de 700 sites de peintures ont été répertoriés et étudiés dans le cadre du projet de l'INAH, la plupart du temps réalisées sur de grandes parois situées au pied de falaises, ou dans des abris sous roche.
Du fait de leur très bon état de conservation, les archéologues estimaient l'âge des peintures à moins de {{nb|4000 ans}}. Or en 2002, le géologue australien Alan Watchman, mondialement reconnu{{Référence souhaitée|date=20 février 2021}} en matière de datation de l'art rupestre, leur communique les résultats qu'il vient d'obtenir sur les échantillons prélevés dans la sierra de Guadalupe. Les premières datations les étonnent, car plusieurs d’entre elles atteignent {{nb|7000 ans}}. D’autres analyses ultérieures de datation, plus d’une soixantaine en tout, vont révéler des dates allant jusqu’à {{nb|9000 ans}}. « Cet art, réalisé par des tribus de [[chasseur-cueilleur|chasseurs-cueilleurs]] et tailleurs de pierre, se caractérise tout d'abord par une concentration exceptionnelle de sites ornés, et un très grand nombre de peintures », explique María de la Luz Gutiérrez. Pour le seul massif de la sierra de Guadalupe, plus de 700 sites de peintures ont été répertoriés et étudiés dans le cadre du projet de l'INAH, la plupart du temps réalisées sur de grandes parois situées au pied de falaises, ou dans des abris sous roche.
En 1992 Justin Hyland du Département d'Anthropologie de l'Université de Berkeley en Californie et sa collègue, María de la Luz Gutiérrez de l’INAH, entreprennent un travail sur le terrain dans la Sierra de San Francisco<ref>Archaeological Research Facility, University of California, Berkeley, CA.</ref>. Leur projet, appelé : "Proyecto Arte Rupestre Baja California Sur", est un programme de recherche et de conservation et constitue un des douze projets spéciaux d'archéologie inauguré par le Président Carlos Salinas de Gortari. C'est le plus grand projet d'archéologie jamais organisé en Basse-Californie et un des plus grands projets archéologiques de tout le Mexique.
[[Fichier:Flag of UNESCO.svg|200px|thumb|Patrimoine mondial de l'UNESCO]]


En 1992 Justin Hyland, du Département d'Anthropologie de l'Université de Berkeley en Californie, et sa collègue, María de la Luz Gutiérrez de l’INAH, entreprennent un travail sur le terrain dans la Sierra de San Francisco<ref>Archaeological Research Facility, University of California, Berkeley, CA</ref>. Leur projet, appelé : "Proyecto Arte Rupestre Baja California Sur", est un programme de recherche et de conservation et constitue un des douze projets spéciaux d'archéologie inauguré par le Président Carlos Salinas de Gortari. C'est le plus grand projet d'archéologie jamais organisé en Basse-Californie et un des plus grands projets archéologiques de tout le Mexique.
En décembre [[1993]], face à l’importance exceptionnelle des découvertes archéologiques et à l’excellente conservation des œuvres pariétales millénaires, l'[[UNESCO]] décida de classer au [[Patrimoine mondial]] de l'Humanité, tout le legs culturel préhistorique de la Sierra de San Francisco.
On évalue à près de {{formatnum:100000}} le nombre de représentations picturales dans l’ensemble de la Basse Californie. La plupart d’entre elles, étant dans un excellent état de conservation tout à fait exceptionnel malgré leur grand âge de près de {{formatnum:10000}} ans pour les plus anciennes.


[[Fichier:Flag of UNESCO.svg|210px|vignette|Patrimoine mondial de l'UNESCO.]]
Les colons espagnols furent les premiers à s'intéresser à la richesse picturale de la région dès le {{s-|XVIII|e}}.<br />Les premières explorations scientifiques furent entreprises dès 1893 et en 1895 par l'explorateur français Léon Diguet. Il étudia huit emplacements d'arts pariétaux situés en Basse Californie et publia ses recherches dans plusieurs articles d'anthropologie en 1899. Il prit par ailleurs de nombreux clichés photographiques entre 1893 et 1900, qu'il regroupa dans un recueil, réédité en 1991.
[[Jean Clottes]], Conservateur général du Patrimoine (honoraire) et spécialiste mondial de l'Art Rupestre, auteur d’ouvrages spécialisés dans l’art au temps préhistorique, témoigne de la beauté de cet art rupestre millénaire : ''J'ai voulu partager mes expériences, mes surprises, mes émotions et mes enthousiasmes dans des domaines aussi différents que les fouilles dans les grottes profondes de l'Ariège, des journées exceptionnelles passées à Lascaux, ou les voyages dans des pays proches (Espagne) ou lointains (Niger, Australie, Baja California au Mexique) à la difficile découverte d'arts rupestres souvent méconnus et pourtant d'une qualité comparable à ceux des cavernes françaises et espagnoles.'' [[Jean Clottes]].


En {{date-|décembre 1993}}, face à l’importance exceptionnelle des découvertes archéologiques et à l’excellente conservation des œuvres pariétales millénaires, l'[[UNESCO]] décida de classer au [[Patrimoine mondial]] de l'Humanité, tout le legs culturel préhistorique de la Sierra de San Francisco.
=== Les Pericú et leurs ancêtres ===
On évalue à près de {{nb|100000}} le nombre de représentations picturales dans l’ensemble de la Basse Californie. La plupart d’entre elles, étant dans un excellent état de conservation tout à fait exceptionnel malgré leur grand âge de près de {{nb|10000 ans}} pour les plus anciennes.
[[Fichier:BCS en mexico.svg|thumb|Localisation de l'habitat Péricues dans le sud de la péninsule de la Basse-Californie mexicaine]]


Les colons espagnols furent les premiers à s'intéresser à la richesse picturale de la région dès le {{s-|XVIII}}. Les premières explorations scientifiques furent entreprises dès 1893 et en 1895 par l'explorateur français Léon Diguet. Il étudia huit emplacements d'arts pariétaux situés en Basse Californie et publia ses recherches dans plusieurs articles d'anthropologie en 1899. Il prit par ailleurs de nombreux clichés photographiques entre 1893 et 1900, qu'il regroupa dans un recueil, réédité en 1991.
Les [[Pericú]]es sont un groupe ethnique disparu qui a habité à l'extrémité sud de la péninsule de la Californie mexicaine. Ce peuple s'est éteint ethniquement et linguistiquement à la fin du {{s-|XVIII|e}}. Selon l'analyse crâniologique, leurs crânes sont de type [[dolichocéphale]], c’est-à-dire non [[mongoloïde]], mais [[australoïde]] ou [[europoïde]]. L'analyse de l'ADN révèle un marqueur haplotype "B" qui confirmerait l'hypothèse d'une migration par circumnavigation ou circambulation terrestre autour de l'océan Pacifique.
[[Jean Clottes]], Conservateur général du Patrimoine (honoraire) et spécialiste mondial de l'[[Art rupestre]], auteur d’ouvrages spécialisés dans l’art au temps préhistorique, témoigne de la beauté de cet art rupestre millénaire : {{citation|J'ai voulu partager mes expériences, mes surprises, mes émotions et mes enthousiasmes dans des domaines aussi différents que les fouilles dans les grottes profondes de l'Ariège, des journées exceptionnelles passées à Lascaux, ou les voyages dans des pays proches (Espagne) ou lointains (Niger, Australie, Baja California au Mexique) à la difficile découverte d'arts rupestres souvent méconnus et pourtant d'une qualité comparable à ceux des cavernes françaises et espagnoles.}}


== Les Pericú et leurs ancêtres ==
==== Territoire ====
[[Fichier:BCS en mexico.svg|vignette|Localisation de l'habitat Péricues dans le sud de la péninsule de la Basse-Californie mexicaine.]]


Les [[Pericú]]es sont un groupe ethnique disparu qui a habité à l'extrémité sud de la péninsule de la Californie mexicaine. Ce peuple s'est éteint ethniquement et linguistiquement à la fin du {{s-|XVIII|e}}. Selon l'analyse crâniologique, leurs crânes sont de type [[dolichocéphale]], c’est-à-dire non [[mongoloïde]], mais [[australoïde]] ou [[europoïde]]. L'analyse de l'ADN révèle un marqueur haplotype "B" qui confirmerait l'hypothèse d'une migration par circumnavigation ou circambulation terrestre autour de l'océan Pacifique.
Le territoire ethnique des Péricues comprenait la pointe sud de la péninsule californienne, depuis l'Extrémité de San Lucas jusqu'à l'Extrémité de Pulmo, ainsi que les grandes îles du sud du [[golfe de Californie]], comme [[Île Jacques Cousteau|Cerralvo]], [[Espíritu Santo]] ou [[San José (île du Mexique)|San José]].


==== Langue ====
=== Territoire ===
Le territoire ethnique des Péricues comprenait la pointe sud de la péninsule californienne, depuis l'Extrémité de San Lucas jusqu'à l'Extrémité de Pulmo, ainsi que les grandes îles du sud du [[golfe de Californie]], comme [[Île Jacques Cousteau|Cerralvo]], [[Espíritu Santo]] ou [[San José (île du Mexique)|San José]].


=== Langue ===
Les études sur la langue péricue sont très limitées car il n'en subsiste que quelques mots enregistrés par les missionnaires, plus environ une douzaine de [[toponyme]]s du Sud de la Basse Californie. Les missionnaires [[jésuite]]s ont reconnu que cet idiome était une langue différente des autres langues amérindiennes. On suppose que le péricue et le [[guaicura]] (langue voisine) ont dû constituer une famille linguistique à part.
Les études sur la langue péricue sont très limitées car il n'en subsiste que quelques mots enregistrés par les missionnaires, plus environ une douzaine de [[toponyme]]s du Sud de la Basse Californie. Les missionnaires [[jésuite]]s ont reconnu que cet idiome était une langue différente des autres langues amérindiennes. On suppose que le péricue et le [[guaicura]] (langue voisine) ont dû constituer une famille linguistique à part.


==== Histoire précolombienne ====
=== Histoire précolombienne ===
Le territoire des Péricues fut occupé depuis la fin du Pléistocène et pendant l'Holocène. La présence humaine dans la péninsule de Baja California remonte à quelques dizaines de milliers d'années. Les [[site préhistorique|sites préhistoriques]] de Baja California, riches en peintures pariétales, ont livré des ossements humains [[paléoaméricains]] dont les crânes ont révélé une origine [[mélanésie]]nne. La mise au jour, en 1996, de nombreux outils (artefacts, bois brûlés, coquillages travaillés) sur le site de la caverne de Babisuri en Basse-Californie a permis d'y dater d'au moins {{unité|40000|ans}} la présence humaine.


Plusieurs dizaines de squelettes datés de {{unité|13000 à 15000 ans}} ont par la suite été découverts par plusieurs équipes d'archéologues mexicains, américains, britanniques, espagnols et japonais, dans la même région mexicaine de Baja California. Des spécialistes internationaux (R. Gonzalès-José et M. Hernandez de l’université de Barcelone, A. Gonzales-Martin de l’Académie d’Histoire et d’Anthropologie de Pachuca, Mexique, H. Pucciarelli et M. Sardi du département scientifique d’Anthropologie du musée de La Plata, Argentine, A. Rosales de l’Institut National d’Anthropologie et d’Histoire du centre INAH Baja California, Mexique, et S. Van der Molen de l’Université Autonome de Barcelone) ont longuement étudié les crânes de plusieurs dizaines de squelettes. Les analyses craniométriques ont permis de connaître l’origine de ces paléoaméricains. Les squelettes Péricues, mis au jour, présentent des crânes hyper-dolichocéphaliques suggérant que les ancêtres des Péricues étaient peut-être de type [[australoïde]] ou de type [[Aïnous (ethnie du Japon)|aïnou]] et vinrent par migrations trans-pacifiques à partir de la dernière période du [[Pléistocène]].
Le territoire des Péricues fut occupé depuis la fin du Pléistocène et pendant l'Holocène. La présence humaine dans la péninsule de Baja California remonte à quelques dizaines de milliers d'années. Les sites préhistoriques de Baja California, riches en peintures pariétales, ont livré des ossements humains [[paléoaméricains]] dont les crânes ont révélé une origine [[mélanésien]]ne. La mise au jour, en 1996, de nombreux outils (artefacts, bois brûlés, coquillages travaillés) sur le site de la caverne de Babisuri en Basse-Californie a permis d'y dater d'au moins {{formatnum:40000}} ans la présence humaine.


[[Fichier:Mujeres californias.jpg|250px|vignette|Femmes péricues, fusain de [[George Shelvocke]], marin anglais, 1726.]]
Plusieurs dizaines de squelettes datés de {{formatnum:13000}} ans à {{formatnum:15000}} ans ont par la suite été découverts par plusieurs équipes d'archéologues mexicains, américains, britanniques, espagnols et japonais, dans la même région mexicaine de Baja California. Des spécialistes internationaux (R. Gonzalès-José et M. Hernandez de l’université de Barcelone, A. Gonzales-Martin de l’Académie d’Histoire et d’Anthropologie de Pachuca, Mexique, H. Pucciarelli et M. Sardi du département scientifique d’Anthropologie du musée de La Plata, Argentine, A. Rosales de l’Institut National d’Anthropologie et d’Histoire du centre INAH Baja California, Mexique, et S. Van der Molen de l’Université Autonome de Barcelone) ont longuement étudié les crânes de plusieurs dizaines de squelettes. Les analyses craniométriques ont permis de connaître l’origine de ces paléoaméricains. Les squelettes Péricues, mis au jour, présentent des crânes hyper-dolichocéphaliques suggérant que les ancêtres des Péricues étaient peut-être de type [[australoïde]] ou de type [[Aïnous (ethnie du Japon)|aïnou]] et vinrent par migrations trans-pacifiques à partir de la dernière période du [[Pléistocène]].


==== Histoire postérieure à la Conquête espagnole ====
=== Histoire postérieure à la Conquête espagnole ===
Les premiers contacts entre Européens et Péricues remontent à 1530 environ, quand [[Fortún Ximénez]] et une expédition envoyée par [[Hernán Cortès]] ont atteint la Basse Californie. Par la suite, des rencontres sporadiques, quelquefois amicales et d'autres fois hostiles, se sont produites entre des explorateurs, des missionnaires ou des marins et ce peuple aux caractéristiques bien différentes de celles des tribus amérindiennes habituellement rencontrées dans tous ces nouveaux et vastes territoires, aussi bien sur le plan physique (physionomie) que culturel (céramiques). Les conflits et les épidémies décimeront ce peuple millénaire. L'explorateur français [[Léon Diguet]] prit quelques clichés photographiques de quelques rares survivants, descendants des Guaycuras, peuples voisins des Péricues, aux caractéristiques métissées amérindiennes et péricues<ref>[http://andaman.org/BOOK/chapter54/text54.htm 53. Relatives in South America<!-- Titre généré automatiquement -->]</ref>.
[[Fichier:Mujeres californias.jpg|300px|thumb|Femmes péricues, fusain de [[George Shelvocke]], marin anglais 1726]]
Les premiers contacts entre Européens et Péricues remontent à 1530 environ, quand [[Fortún Ximénez]] et une expédition envoyée par [[Hernán Cortès]] ont atteint la Basse Californie. Par la suite, des rencontres sporadiques, quelques fois amicales et d'autres fois hostiles, se sont produites entre des explorateurs, des missionnaires ou des marins et ce peuple aux caractéristiques bien différentes de celles des tribus amérindiennes habituellement rencontrées dans tous ces nouveaux et vastes territoires, aussi bien sur le plan physique (physionomie) que culturel (céramiques). Les conflits et les épidémies décimeront ce peuple millénaire. L'explorateur français [[Léon Diguet]] prit quelques clichés photographiques de quelques rares survivants, descendants des Guaycuras, peuples voisins des Péricues, aux caractéristiques métissées amérindiennes et péricues<ref>[http://andaman.org/BOOK/chapter54/text54.htm 53. Relatives in South America<!-- Titre généré automatiquement -->]</ref>.


Les jésuites établirent leur première mission permanente à Conchó durant l'année 1697, mais mirent plus de deux décennies à pénétrer à l'extrême Sud de la péninsule. Des missions destinées aux [[Pericú]]es furent finalement établies à Airapí (1720), Añiñí (1724), et Añuití (1730).
Les jésuites établirent leur première mission permanente à Conchó durant l'année 1697, mais mirent plus de deux décennies à pénétrer à l'extrême Sud de la péninsule. Des missions destinées aux [[Pericú]]es furent finalement établies à Airapí (1720), Añiñí (1724), et Añuití (1730).
[[Fichier:Martirio de Lorenzo Carranco.jpg|250px|thumb|Martyre de Lorenzo Carranco le 1{{er}}octobre 1734]]
Un évènement dramatique pour les jésuites survint en 1734, quand commença un conflit avec les [[Pericú]]es, qui se transforma en l'un des plus grands défis pour les missionnaires en Californie. Deux d'entre eux furent assassinés -- Lorenzo Carranco à Santiago Añiñí, le 1{{er}} octobre 1734, et deux jours plus tard, Nicolás Tamaral à San José de Añuití. Pendant deux ans, la région échappa au contrôle jésuite. Mais ce sont les Pericúes qui souffrirent le plus, du fait des décès provoqués par les combats contre les Espagnols et les effets des épidémies apportées d'Europe par les conquérants. À cette époque, la Couronne d'Espagne vint en aide aux Jésuites et chassa ce qui restait de survivants péricues (1768). Ces derniers furent assimilés culturellement, mais leurs gènes survivent dans la population métisse du Sud de la Basse Californie.


[[Fichier:Martirio de Lorenzo Carranco.jpg|250px|vignette|Martyre de Lorenzo Carranco le {{date-|1|octobre|1734}}.]]
=== Les recherches archéologiques : la caverne de Babisuri ===
[[Fichier:La Paz en Baja California Sur.jpg|thumb|Zone archéologique de la [[caverne de Babisuri]], district de La Paz - Baja California]]
En 1991, l’archéologue japonaise Harumi Fujita, chercheuse à l’INAH, travailla sur les sites de Baja California, dans le district sud de La Paz. Elle annonça qu’elle avait donné à analyser plusieurs échantillons d’un site préhistorique situé dans une caverne de l’île d’Espiritu Santo, en Basse Californie. Le laboratoire de l’INAH, au moyen de quatorze analyses au radiocarbone 14, va dater ces éléments de {{formatnum:40000}} ans. ('''caverne de Babisuri''').
De 1994 à 1996 les archéologues vont mettre au jour près de 150 sites préhistoriques sur l’île d’Espiritu Santo. (Habitations dans des cavernes, sites en plein air, grottes mortuaires, sites pictographiques, etc.)
En 2003, Stefan Lovgen du « National geographic » émet l’hypothèse que les populations paléoaméricaines d’origine [[australoïde]] ou mélanésienne, sont arrivés bien avant la vague migratoire des peuples amérindiens d’origine mongoloïde.
Ce peuple paléoaméricain d'origine non amérindienne, pourrait avoir eu comme ancêtre, les peuples ayant les mêmes caractéristiques morphologiques comme celles de la [[Femme de Peñon]] découverte dans la vallée de Mexico, près d'une ancienne lagune et dont le squelette, daté de {{formatnum:13000}} ans rappelle ceux des Péricues.


Un évènement dramatique pour les jésuites survint en 1734, quand commença un conflit avec les [[Pericú]]es, qui se transforma en l'un des plus grands défis pour les missionnaires en Californie. Deux d'entre eux furent assassinés—Lorenzo Carranco à Santiago Añiñí, le {{date-|1|octobre|1734}}, et deux jours plus tard, Nicolás Tamaral à San José de Añuití. Pendant deux ans, la région échappa au contrôle jésuite. Mais ce sont les Pericúes qui souffrirent le plus, du fait des décès provoqués par les combats contre les Espagnols et les effets des épidémies apportées d'Europe par les conquérants. À cette époque, la Couronne d'Espagne vint en aide aux Jésuites et chassa ce qui restait de survivants péricues (1768). Ces derniers furent assimilés culturellement, mais leurs gènes survivent dans la population métisse du Sud de la Basse-Californie.
== Bibliographie ==


== Références ==
* Jean Clottes : "Passion Préhistoire" ; Éditions Maison des roches : 2005.
{{Références}}
* Clavijero, Francisco Javier : "Historia de la Antigua o Baja California". Juan Navarro, Mexico: 1789

* Crosby, H.W. : "The Cave Paintings of Baja California: Discovering the Great Murals of an Unknown People". San Diego: Sunbelt Publications, 1997. {{ISBN|0-932653-23-5}}
== Bibliographie ==
* Dahlgren, B. and J. Romero : "La Prehistoria Bajacaliforniana," Cuadernos Americanos 58 (1951), {{p.}}153-78
* Jean Clottes, ''Passion Préhistoire'', Éditions Maison des roches, 2005
* Dahlgren de Jordan, B. : "Las Pintures Rupestres de la Baja California," Artes de Mexico (March-April, 1954), {{p.}}22-8
* Crosby H.W. : "The Cave Paintings of Baja California : Discovering the Great Murals of an Unknown People". San Diego : Sunbelt Publications, 1997. {{ISBN|0-932653-23-5}}
* Diguet, Léon., "Note sur la pictographie de la Basse-Californie," L'Anthropologie 6 (1895), {{p.}}160-75; "Rapport sur une mission scientifique dans la Basse-Californie," {{p.}}1-53 in Nouvelles Archives des Missions Scientifiques 9, Paris: Imprimerie Nationale, 1899
* Léon Diguet : "Fotografías del Nayar y de California, 1893-1900" ; Ed. CEMCA INI 1991, Barcelona. 108 p., code {{ISBN|968-2937-23-X}}, format 22 × 22.
* Gutiérrez, M. L., E. Hambleton, J. Hyland, and Stanley Price, N.P, "The management of World Heritage sites in remote areas: the Sierra de San Francisco, Baja California, Mexico," Conservation and Management of Archaeological Sites 1:4 (1996), {{p.|209-225}}
* Gutiérrez, M. L., E. Hambleton, J. Hyland, and Stanley Price, N.P, "The management of World Heritage sites in remote areas: the Sierra de San Francisco, Baja California, Mexico," Conservation and Management of Archaeological Sites 1:4 (1996), {{p.|209-225}}
* Meighan, C. : "Prehistoric Rock Paintings in Baja California," American Antiquity 31:3 (1966), {{p.}}372-392
* Stanley Price, N.P : "The Great Murals : Conserving the Rock Art of Baja California," Conservation (The GCI Newsletter) 11:2 (1996)
* Palaeoanthropology : Tracking the first Americans ; Nature 425, 23-24 ; {{date-|septembre 2003}}
* Stanley Price, N.P : "The Great Murals: Conserving the Rock Art of Baja California," Conservation (The GCI Newsletter) 11:2 (1996)
* Palaeoanthropology: Tracking the first Americans ; Nature 425, 23-24 ; septembre 2003.


== Liens ==
=== Ouvrages anciens ===
* Clavijero Francisco Javier, ''Historia de la Antigua o Baja California'', Juan Navarro, Mexico, 1789
* http://www.archaeology.org/online/features/baja/
* Diguet Léon, ''Note sur la pictographie de la Basse-Californie'', L'Anthropologie 6 (1895), {{p.}}160-75; "Rapport sur une mission scientifique dans la Basse-Californie", {{p.}}1-53 in Nouvelles Archives des Missions Scientifiques 9, Paris, Imprimerie Nationale, 1899
* http://www.arf.berkeley.edu/newsletter/2.1/index.html
* Léon Diguet, ''Fotografías del Nayar y de California, 1893-1900'', Ed. CEMCA INI 1991, Barcelona, 108 p., code {{ISBN|968-2937-23-X}}, format 22 × 22
* http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/science_actualites/sitesactu/question_actu.php?langue=fr&id_article=6203
* http://www.innerexplorations.com/bajatext/an.htm
* http://www.sciencenews.org/articles/20030906/fob8.asp
* http://bajacalifologia.org/english/news.htm


== Références ==
== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
* [[Paléoaméricains]]
* [[Cedral (Mexique)]]


=== Liens externes ===
{{Références}}
* http://www.archaeology.org/online/features/baja/

* {{lien web |titre=An Interview with Harumi Fujita on the Archaeology of Baja California Sur<!-- Vérifiez ce titre --> |url=http://www.innerexplorations.com/bajatext/an.htm |site=innerexplorations.com |consulté le=21-12-2023}}
{{Portail|Préhistoire|archéologie|Amérique précolombienne|spéléologie|Mexique}}


{{Portail|Préhistoire|Archéologie|Amérique précolombienne|Mexique}}
{{DEFAULTSORT:Baja California}}


[[Catégorie:Site archéologique au Mexique]]
[[Catégorie:Site préhistorique au Mexique]]
[[Catégorie:Site paléolithique en Amérique]]
[[Catégorie:Grotte ornée en Amérique]]
[[Catégorie:Art pariétal|Baja California]]

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Image satellite de la péninsule de la Basse-Californie mexicaine.

La péninsule de Basse-Californie, ou Baja California, dans le nord-ouest du Mexique, rassemble plusieurs centaines de sites préhistoriques, situés dans la sierra de San Francisco, la sierra de San Juan, la sierra de San Borja et dans la sierra de Guadalupe. Certains sont des grottes ornées ou des abris sous roche, d'autres des gisements d'ossements fossiles de différentes époques. La région est très riche en œuvres d'art pariétal et rupestre.

Paléolithique supérieur[modifier | modifier le code]

Zone archéologique de la caverne de Babisuri, district de La Paz - Baja California.

En 1991, l’archéologue japonaise Harumi Fujita, chercheuse à l’INAH, travailla sur des sites de Baja California, dans le district[Quoi ?] sud de La Paz. Elle donna à analyser plusieurs échantillons d’un site préhistorique, la caverne de Babisuri, situé sur l’ile d’Espíritu Santo, en Basse-Californie du Sud. Le laboratoire de l’INAH, au moyen de quatorze analyses au radiocarbone 14, data ces éléments de 40 000 ans.

De 1994 à 1996 les archéologues mirent au jour près de 150 sites préhistoriques sur l’ile d’Espíritu Santo (habitations dans des cavernes, sites en plein air, grottes mortuaires, sites pictographiques, etc.). En 2003, Stefan Lovgen, du National Geographic, émis l’hypothèse que des populations paléoaméricaines seraient arrivées en Amérique bien avant la vague migratoire des peuples amérindiens.

Cette population paléoaméricaine pourrait inclure la Femme de Peñón découverte dans la vallée de Mexico, près d'une ancienne lagune et dont le squelette, daté de 13 000 ans, comporte un crâne dolichocéphale.

Art pariétal et rupestre[modifier | modifier le code]

Depuis le début des années 1990, des spécialistes, sous la conduite de l'archéologue María de la Luz Gutiérrez, de l'Institut National d'Anthropologie et d'Histoire du Mexique (INAH) et sous l'égide de l'INAH et du Conseil national de la science et de la technologie (CONACYT) mexicains, étudient les peintures rupestres de Baja California. Des centaines de représentations ont déjà été répertoriées. Les peintures représentent des humains mais également toute une faune telle que cerfs communs, moutons des montagnes, lapins, oiseaux et poissons. Certains animaux et même des humains sont représentés traversés par des flèches. Les couleurs de base employées sont le noir (charbon de bois), le blanc (cendre volcanique), le rouge (lave écrasée) et parfois même de l'ocre (mélange de rouge-orange-jaune).

Du fait de leur très bon état de conservation, les archéologues estimaient l'âge des peintures à moins de 4 000 ans. Or en 2002, le géologue australien Alan Watchman, mondialement reconnu[réf. souhaitée] en matière de datation de l'art rupestre, leur communique les résultats qu'il vient d'obtenir sur les échantillons prélevés dans la sierra de Guadalupe. Les premières datations les étonnent, car plusieurs d’entre elles atteignent 7 000 ans. D’autres analyses ultérieures de datation, plus d’une soixantaine en tout, vont révéler des dates allant jusqu’à 9 000 ans. « Cet art, réalisé par des tribus de chasseurs-cueilleurs et tailleurs de pierre, se caractérise tout d'abord par une concentration exceptionnelle de sites ornés, et un très grand nombre de peintures », explique María de la Luz Gutiérrez. Pour le seul massif de la sierra de Guadalupe, plus de 700 sites de peintures ont été répertoriés et étudiés dans le cadre du projet de l'INAH, la plupart du temps réalisées sur de grandes parois situées au pied de falaises, ou dans des abris sous roche.

En 1992 Justin Hyland, du Département d'Anthropologie de l'Université de Berkeley en Californie, et sa collègue, María de la Luz Gutiérrez de l’INAH, entreprennent un travail sur le terrain dans la Sierra de San Francisco[1]. Leur projet, appelé : "Proyecto Arte Rupestre Baja California Sur", est un programme de recherche et de conservation et constitue un des douze projets spéciaux d'archéologie inauguré par le Président Carlos Salinas de Gortari. C'est le plus grand projet d'archéologie jamais organisé en Basse-Californie et un des plus grands projets archéologiques de tout le Mexique.

Patrimoine mondial de l'UNESCO.

En , face à l’importance exceptionnelle des découvertes archéologiques et à l’excellente conservation des œuvres pariétales millénaires, l'UNESCO décida de classer au Patrimoine mondial de l'Humanité, tout le legs culturel préhistorique de la Sierra de San Francisco. On évalue à près de 100 000 le nombre de représentations picturales dans l’ensemble de la Basse Californie. La plupart d’entre elles, étant dans un excellent état de conservation tout à fait exceptionnel malgré leur grand âge de près de 10 000 ans pour les plus anciennes.

Les colons espagnols furent les premiers à s'intéresser à la richesse picturale de la région dès le XVIIIe siècle. Les premières explorations scientifiques furent entreprises dès 1893 et en 1895 par l'explorateur français Léon Diguet. Il étudia huit emplacements d'arts pariétaux situés en Basse Californie et publia ses recherches dans plusieurs articles d'anthropologie en 1899. Il prit par ailleurs de nombreux clichés photographiques entre 1893 et 1900, qu'il regroupa dans un recueil, réédité en 1991.

Jean Clottes, Conservateur général du Patrimoine (honoraire) et spécialiste mondial de l'Art rupestre, auteur d’ouvrages spécialisés dans l’art au temps préhistorique, témoigne de la beauté de cet art rupestre millénaire : « J'ai voulu partager mes expériences, mes surprises, mes émotions et mes enthousiasmes dans des domaines aussi différents que les fouilles dans les grottes profondes de l'Ariège, des journées exceptionnelles passées à Lascaux, ou les voyages dans des pays proches (Espagne) ou lointains (Niger, Australie, Baja California au Mexique) à la difficile découverte d'arts rupestres souvent méconnus et pourtant d'une qualité comparable à ceux des cavernes françaises et espagnoles. »

Les Pericú et leurs ancêtres[modifier | modifier le code]

Localisation de l'habitat Péricues dans le sud de la péninsule de la Basse-Californie mexicaine.

Les Pericúes sont un groupe ethnique disparu qui a habité à l'extrémité sud de la péninsule de la Californie mexicaine. Ce peuple s'est éteint ethniquement et linguistiquement à la fin du XVIIIe siècle. Selon l'analyse crâniologique, leurs crânes sont de type dolichocéphale, c’est-à-dire non mongoloïde, mais australoïde ou europoïde. L'analyse de l'ADN révèle un marqueur haplotype "B" qui confirmerait l'hypothèse d'une migration par circumnavigation ou circambulation terrestre autour de l'océan Pacifique.

Territoire[modifier | modifier le code]

Le territoire ethnique des Péricues comprenait la pointe sud de la péninsule californienne, depuis l'Extrémité de San Lucas jusqu'à l'Extrémité de Pulmo, ainsi que les grandes îles du sud du golfe de Californie, comme Cerralvo, Espíritu Santo ou San José.

Langue[modifier | modifier le code]

Les études sur la langue péricue sont très limitées car il n'en subsiste que quelques mots enregistrés par les missionnaires, plus environ une douzaine de toponymes du Sud de la Basse Californie. Les missionnaires jésuites ont reconnu que cet idiome était une langue différente des autres langues amérindiennes. On suppose que le péricue et le guaicura (langue voisine) ont dû constituer une famille linguistique à part.

Histoire précolombienne[modifier | modifier le code]

Le territoire des Péricues fut occupé depuis la fin du Pléistocène et pendant l'Holocène. La présence humaine dans la péninsule de Baja California remonte à quelques dizaines de milliers d'années. Les sites préhistoriques de Baja California, riches en peintures pariétales, ont livré des ossements humains paléoaméricains dont les crânes ont révélé une origine mélanésienne. La mise au jour, en 1996, de nombreux outils (artefacts, bois brûlés, coquillages travaillés) sur le site de la caverne de Babisuri en Basse-Californie a permis d'y dater d'au moins 40 000 ans la présence humaine.

Plusieurs dizaines de squelettes datés de 13 000 à 15 000 ans ont par la suite été découverts par plusieurs équipes d'archéologues mexicains, américains, britanniques, espagnols et japonais, dans la même région mexicaine de Baja California. Des spécialistes internationaux (R. Gonzalès-José et M. Hernandez de l’université de Barcelone, A. Gonzales-Martin de l’Académie d’Histoire et d’Anthropologie de Pachuca, Mexique, H. Pucciarelli et M. Sardi du département scientifique d’Anthropologie du musée de La Plata, Argentine, A. Rosales de l’Institut National d’Anthropologie et d’Histoire du centre INAH Baja California, Mexique, et S. Van der Molen de l’Université Autonome de Barcelone) ont longuement étudié les crânes de plusieurs dizaines de squelettes. Les analyses craniométriques ont permis de connaître l’origine de ces paléoaméricains. Les squelettes Péricues, mis au jour, présentent des crânes hyper-dolichocéphaliques suggérant que les ancêtres des Péricues étaient peut-être de type australoïde ou de type aïnou et vinrent par migrations trans-pacifiques à partir de la dernière période du Pléistocène.

Femmes péricues, fusain de George Shelvocke, marin anglais, 1726.

Histoire postérieure à la Conquête espagnole[modifier | modifier le code]

Les premiers contacts entre Européens et Péricues remontent à 1530 environ, quand Fortún Ximénez et une expédition envoyée par Hernán Cortès ont atteint la Basse Californie. Par la suite, des rencontres sporadiques, quelquefois amicales et d'autres fois hostiles, se sont produites entre des explorateurs, des missionnaires ou des marins et ce peuple aux caractéristiques bien différentes de celles des tribus amérindiennes habituellement rencontrées dans tous ces nouveaux et vastes territoires, aussi bien sur le plan physique (physionomie) que culturel (céramiques). Les conflits et les épidémies décimeront ce peuple millénaire. L'explorateur français Léon Diguet prit quelques clichés photographiques de quelques rares survivants, descendants des Guaycuras, peuples voisins des Péricues, aux caractéristiques métissées amérindiennes et péricues[2].

Les jésuites établirent leur première mission permanente à Conchó durant l'année 1697, mais mirent plus de deux décennies à pénétrer à l'extrême Sud de la péninsule. Des missions destinées aux Pericúes furent finalement établies à Airapí (1720), Añiñí (1724), et Añuití (1730).

Martyre de Lorenzo Carranco le .

Un évènement dramatique pour les jésuites survint en 1734, quand commença un conflit avec les Pericúes, qui se transforma en l'un des plus grands défis pour les missionnaires en Californie. Deux d'entre eux furent assassinés—Lorenzo Carranco à Santiago Añiñí, le , et deux jours plus tard, Nicolás Tamaral à San José de Añuití. Pendant deux ans, la région échappa au contrôle jésuite. Mais ce sont les Pericúes qui souffrirent le plus, du fait des décès provoqués par les combats contre les Espagnols et les effets des épidémies apportées d'Europe par les conquérants. À cette époque, la Couronne d'Espagne vint en aide aux Jésuites et chassa ce qui restait de survivants péricues (1768). Ces derniers furent assimilés culturellement, mais leurs gènes survivent dans la population métisse du Sud de la Basse-Californie.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Archaeological Research Facility, University of California, Berkeley, CA
  2. 53. Relatives in South America

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean Clottes, Passion Préhistoire, Éditions Maison des roches, 2005
  • Crosby H.W. : "The Cave Paintings of Baja California : Discovering the Great Murals of an Unknown People". San Diego : Sunbelt Publications, 1997. (ISBN 0-932653-23-5)
  • Gutiérrez, M. L., E. Hambleton, J. Hyland, and Stanley Price, N.P, "The management of World Heritage sites in remote areas: the Sierra de San Francisco, Baja California, Mexico," Conservation and Management of Archaeological Sites 1:4 (1996), p. 209-225
  • Stanley Price, N.P : "The Great Murals : Conserving the Rock Art of Baja California," Conservation (The GCI Newsletter) 11:2 (1996)
  • Palaeoanthropology : Tracking the first Americans ; Nature 425, 23-24 ;

Ouvrages anciens[modifier | modifier le code]

  • Clavijero Francisco Javier, Historia de la Antigua o Baja California, Juan Navarro, Mexico, 1789
  • Diguet Léon, Note sur la pictographie de la Basse-Californie, L'Anthropologie 6 (1895), p. 160-75; "Rapport sur une mission scientifique dans la Basse-Californie", p. 1-53 in Nouvelles Archives des Missions Scientifiques 9, Paris, Imprimerie Nationale, 1899
  • Léon Diguet, Fotografías del Nayar y de California, 1893-1900, Ed. CEMCA INI 1991, Barcelona, 108 p., code (ISBN 968-2937-23-X), format 22 × 22

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]