« Affaire Natascha Kampusch » : différence entre les versions

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L’'''affaire Natascha Kampusch''' est une [[Crime|affaire criminelle]]. Les faits sont l'[[Enlèvement d'enfant|enlèvement]] d'une petite fille [[Autriche|autrichienne]], Natascha Kampusch, par Wolfgang Přiklopil, technicien en télécommunications. Elle est séquestrée plus de huit ans, du {{date|2|mars|1998}} au {{date|23|août|2006}}, jour où elle s'est échappée.
L’'''affaire Natascha Kampusch''' est une [[Crime|affaire criminelle]]. Les faits sont l'[[Enlèvement d'enfant|enlèvement]] d'une petite fille [[Autriche|autrichienne]], Natascha Kampusch, âgée alors de 10 ans, par Wolfgang Přiklopil, technicien en télécommunications. Elle est séquestrée plus de huit ans, du {{date-|2|mars|1998}} au {{date-|23|août|2006}}, jour où elle s'est échappée.


Natascha Kampusch a par la suite écrit un livre, ''[[3 096 jours]]'', dans lequel elle raconte cette épreuve<ref name="livre">
Natascha Kampusch a par la suite écrit un livre, ''{{nobr|[[3 096 jours]]}}'', dans lequel elle raconte cette épreuve<ref name="livre">
[http://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/natascha-kampusch-raconte-ses-3096-jours-de-captivite_917960.html livre 3096 jours]</ref>.
[http://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/natascha-kampusch-raconte-ses-3096-jours-de-captivite_917960.html livre 3096 jours].</ref>, livre qui a donné naissance à un film en 2013.


== Biographie et situation familiale de Natascha ==
== Biographie et situation familiale de Natascha ==
C'est à l'âge de 10 ans que Natascha Kampusch a été enlevée. Elle a passé ses huit ans de captivité dans la [[maison]] de Wolfgang Přiklopil, et notamment dans une cache sans lumière naturelle aménagée sommairement dans le [[sous-sol (architecture)|sous-sol]] de l'habitation, comprenant un lit, un lavabo, des toilettes, un bureau et des rangements, où elle est restée la plupart du temps, enfermée. Ce n'est que le {{date|23|août|2006}} qu'elle retrouve la liberté huit ans après l'enlèvement, soit 3096 jours.
Natascha Kampusch a été enlevée à l'âge de {{nobr|10 ans}}. Elle a passé ses huit ans et demi de captivité dans la maison de Wolfgang Přiklopil, et notamment dans une cache sans lumière naturelle aménagée sommairement dans le sous-sol de l'habitation, comprenant un lit, un lavabo, des toilettes, un bureau et des rangements, où elle est restée la plupart du temps enfermée. Elle retrouve la liberté le {{date-|23|août|2006}}, {{unité|3096 jours}} après son enlèvement.


Grâce à un moment d'inattention de son ravisseur qui lui avait demandé de passer l'aspirateur dans la voiture, elle s'échappe, en profitant du fait qu'il se soit éloigné pour téléphoner. Přiklopil, s'est suicidé en se jetant sous un train le soir de l'[[évasion]]. La jeune fille, a déclaré : {{Citation|Il faisait partie de ma vie, c'est pourquoi d'une certaine manière je porte son deuil}}.
Grâce à un moment d'inattention de son ravisseur, qui lui avait dit de passer l'aspirateur dans la voiture, elle s'échappe en profitant du fait qu'il se soit éloigné pour téléphoner. Přiklopil s'est suicidé en se jetant sous un train le soir de l'[[évasion]]. La jeune fille a déclaré : {{Citation|Il faisait partie de ma vie, c'est pourquoi d'une certaine manière je porte son deuil}}.


Son quotidien était rythmé par son lever, son petit déjeuner avec son ravisseur, le ménage, la cuisine, la télévision et la lecture et parfois des discussions avec Přiklopil. Lorsque son ravisseur quittait la maison, elle restait dans la cache. Au fil du temps, sous la surveillance constante de Wolfgang Přiklopil, elle gagna l'accès au reste du domicile. Elle n'allait que très rarement dans le jardin, seulement de nuit et toujours sous la surveillance de son ravisseur.
Son quotidien était rythmé par son lever, son petit déjeuner avec son ravisseur, le ménage, la cuisine, la télévision et la lecture, et parfois des discussions avec Přiklopil. Lorsque son ravisseur quittait la maison, elle restait dans la cache. Au fil du temps, sous la surveillance constante de Wolfgang Přiklopil, elle gagna l'accès au reste du domicile. Elle n'allait que très rarement dans le jardin, seulement de nuit et toujours sous la surveillance de son ravisseur.


Selon la presse, la police suspecterait Wolfgang Přiklopil d'avoir [[abus sexuel|abusé sexuellement]] de Natascha Kampusch durant ses huit années de captivité. Cependant, Natascha n'a pas évoqué ces détails elle-même, demandant que l'on ne lui pose aucune question sur d'éventuels rapports intimes avec Přiklopil. Dans son autobiographie, elle indique tout de même avoir dormi attachée aux côtés de Přiklopil. Elle a déclaré à la presse : {{citation|Je ne répondrai à aucune question portant sur des détails intimes ou personnels. Tout le monde veut sans arrêt poser des questions intimes qui ne regardent personne. [...] Mon intimité n'appartient qu'à moi.}}.
Selon la presse, la police suspecterait Wolfgang Přiklopil d'avoir [[Agression sexuelle|abusé sexuellement]] de Natascha Kampusch durant ses huit années de captivité. Cependant, Natascha n'a pas évoqué ces détails elle-même, demandant que l'on ne lui pose aucune question sur d'éventuels rapports intimes avec Přiklopil. Dans son autobiographie, elle indique tout de même avoir dormi attachée aux côtés de Přiklopil. Elle a déclaré à la presse : {{citation|Je ne répondrai à aucune question portant sur des détails intimes ou personnels. Tout le monde veut sans arrêt poser des questions intimes qui ne regardent personne. [] Mon intimité n'appartient qu'à moi.}}


Le {{date|6|septembre|2006}}, Natascha Kampusch accorde une interview à visage découvert à la télévision autrichienne [[Österreichischer Rundfunk|ORF]] pour raconter sa captivité. Elle évoque la personnalité paranoïaque, instable et menaçante de Wolfgang Přiklopil. Kampusch tient à démentir certaines informations parues depuis son évasion du {{date-|23 août}}. La presse a raconté que ses relations avec ses parents étaient tendues, mais la jeune fille a précisé que ses contacts avec ses parents étaient excellents. Elle déclare aussi : {{citation|On est injuste envers ma mère lorsqu’on lui reproche quoi que ce soit. Je l’aime et elle m’aime<ref>[http://www.cyberpresse.ca/article/20060907/CPMONDE/60907012/5416/CPACTUALITES www.cyberpresse.ca]</ref>.}}
Le {{date-|6|septembre|2006}}, Natascha Kampusch accorde une interview à visage découvert à la télévision autrichienne [[Österreichischer Rundfunk|ORF]] pour raconter sa captivité. Elle évoque la personnalité paranoïaque, instable et menaçante de Wolfgang Přiklopil. Kampusch tient à démentir certaines informations parues depuis son évasion du {{date-|23 août}}. La presse a raconté que ses relations avec ses parents étaient tendues, mais la jeune fille a précisé que ses contacts avec ses parents étaient excellents. Elle déclare aussi : {{citation|On est injuste envers ma mère lorsqu’on lui reproche quoi que ce soit. Je l’aime et elle m’aime<ref>[http://www.cyberpresse.ca/article/20060907/CPMONDE/60907012/5416/CPACTUALITES www.cyberpresse.ca].</ref>.}}


Natascha Kampusch souhaite reprendre des [[Études supérieures|études]], et se réinsérer tranquillement dans la [[Société (sciences sociales)|société]]. Fin [[2007]], elle ouvre un [[site internet]]<ref>{{de}} [http://www.natascha-kampusch.at/ www.natascha-kampusch.at]</ref> et annonce le {{date|5|décembre|2007}} qu'elle va animer une émission de [[télévision]] mensuelle d'entretiens avec des invités sur la chaîne Puls 4<ref>[http://afp.google.com/article/ALeqM5gNQPpWnlxT22dAwHtse5xc6HsR7A Natascha Kampusch va animer une émission TV], AFP, 5 décembre 2007</ref>.
Natascha Kampusch souhaite reprendre des [[Enseignement supérieur|études]] et se réinsérer tranquillement dans la [[Société (sciences sociales)|société]]. Fin 2007, elle ouvre un [[Site web|site Internet]]<ref>{{de}} [http://www.natascha-kampusch.at/ www.natascha-kampusch.at].</ref> et annonce le {{date-|5|décembre|2007}} qu'elle va animer une émission de télévision mensuelle d'entretiens avec des invités sur la chaîne Puls 4<ref>[http://afp.google.com/article/ALeqM5gNQPpWnlxT22dAwHtse5xc6HsR7A Natascha Kampusch va animer une émission TV], AFP, 5 décembre 2007.</ref>.


Sa mère, Brigitta Sirny, {{unité|55|ans}}, a deux filles et cinq petits-enfants en 1998 quand Natascha Kampusch disparaît. Après cette disparition, il a été révélé que la mère et sa fille s'étaient disputées le matin même<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Alain |nom=Auffray |prénom2=Christian |nom2=FILLITZ |titre=Natascha du silence aux silences |url=https://www.liberation.fr/grand-angle/2006/09/04/natascha-du-silence-aux-silences_50164/ |site=Libération |consulté le=2023-01-30}}</ref>. Ludwig Koch, son père, avait aussi accusé son ancien associé d'être impliqué dans la disparition de sa fille, une accusation dont il s'est excusé depuis.
Sa mère, Brigitta Sirny, {{unité|55|ans}}, a deux filles et cinq petits-enfants en 1998 quand Natascha Kampusch disparaît. Après cette disparition, il a été révélé que la mère et sa fille s'étaient disputées le matin même<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Alain |nom=Auffray |prénom2=Christian |nom2=FILLITZ |titre=Natascha du silence aux silences |url=https://www.liberation.fr/grand-angle/2006/09/04/natascha-du-silence-aux-silences_50164/ |site=Libération |consulté le=2023-01-30}}.</ref>. Ludwig Koch, son père, avait aussi accusé son ancien associé d'être impliqué dans la disparition de sa fille, une accusation dont il s'est excusé depuis.


== Chronologie des événements ==
== Chronologie des événements ==
=== Enlèvement ===
=== Enlèvement ===
Natascha Kampusch a quitté la résidence de sa famille dans le quartier de [[Donaustadt]] à [[Vienne (Autriche)|Vienne]] le {{date|2|mars|1998}} pour aller à l'école, mais elle n'y est jamais arrivée. Un témoin a rapporté l'avoir vue entrer dans un minibus blanc avec les fenêtres arrières et latérales foncées, et deux autres témoins ont rapporté les lettres G ou GF (pour Gänserndorf) sur la plaque d'immatriculation. Un témoin, âgé de 12 ans, a déclaré avoir vu Natascha embarquée de force dans le minibus blanc<ref>{{en}} [http://rawstory.com/news/2006/Further_details_emerge_of_Austrian__08252006.html], Further details emerge of Austrian kidnapping case, The Raw Story du 25 août 2006</ref>{{,}}<ref>{{de}} [http://www.sueddeutsche.de/panorama/417/315310] Fall Kampusch wird neu aufgerollt, [[Süddeutsche Zeitung]] (online) du 2008-10-24</ref>, avec une autre personne au volant<ref>{{en}} [http://www.timesonline.co.uk/tol/news/world/europe/article621640.ece] Translation of Natascha Kampusch's letter, [[Times Online]] du 28 août 2008</ref>.
Natascha Kampusch a quitté la résidence de sa famille dans le quartier de [[Donaustadt]] à [[Vienne (Autriche)|Vienne]] le {{date-|2|mars|1998}} pour aller à l'école, mais elle n'y est jamais arrivée. Un témoin a rapporté l'avoir vue entrer dans un minibus blanc avec les fenêtres arrières et latérales foncées, et deux autres témoins ont rapporté les lettres G ou GF (pour [[Gänserndorf]]) sur la plaque d'immatriculation. Un témoin, âgé de {{nobr|12 ans}}, a déclaré avoir vu Natascha embarquée de force dans le minibus blanc<ref>{{en}} [http://rawstory.com/news/2006/Further_details_emerge_of_Austrian__08252006.html], Further details emerge of Austrian kidnapping case, The Raw Story du 25 août 2006.</ref>{{,}}<ref>{{de}} [http://www.sueddeutsche.de/panorama/417/315310] Fall Kampusch wird neu aufgerollt, [[Süddeutsche Zeitung]] (online) du 2008-10-24.</ref>, avec une autre personne au volant<ref>{{en}} [http://www.timesonline.co.uk/tol/news/world/europe/article621640.ece] Translation of Natascha Kampusch's letter, [[Times Online]] du 28 août 2008.</ref>.
Natascha Kampusch, cependant, ne rapporte pas la présence d'un deuxième complice bien qu'elle signale dans son autobiographie que son ravisseur ait au début accusé {{Citation|d'autres personnes}} de lui avoir commandé l'enlèvement.
Natascha Kampusch, cependant, ne rapporte pas la présence d'un deuxième complice bien qu'elle signale dans son autobiographie que son ravisseur ait au début accusé {{Citation|d'autres personnes}} de lui avoir commandé l'enlèvement.


S’en suit alors une recherche massive, sans aucun succès. {{unité|776|fourgonnettes}} ont été examinées, y compris celle du ravisseur, Přiklopil, qui habitait en [[Basse Autriche]], près de Gänserndorf, à environ une demi-heure de [[Vienne (Autriche)|Vienne]] en voiture. Il a été entendu dans le cadre d'un vaste interrogatoire des propriétaires de minibus blancs. Bien qu'il ait déclaré qu'il était seul chez lui le matin du {{date-|2 mars 1998}}, aucune recherche supplémentaire n'a été entreprise. La police se satisfait de son explication quant à la raison de la possession du minibus<ref name="Kurier25514">{{de}} [http://www.kurier.at/nachrichten/chronik/25514.php] Er war ein Teil meines Lebens, [[Kurier (Austrian newspaper)|Kurier]] (online) du 29 août 2006 {{de}}</ref>{{,}}<ref>{{de}} [http://www.salzburg.com/sn/nachrichten/artikel/2332298.html]</ref>, le transport de matériaux de construction, puisque Přiklopil effectuait des travaux dans sa maison. De plus, il n'avait aucun casier judiciaire à ce moment-là.
S’ensuit alors une recherche massive, sans aucun succès. {{unité|776|fourgonnettes}} ont été examinées, y compris celle du ravisseur, Přiklopil, qui habitait en [[Basse-Autriche]], près de [[Strasshof an der Nordbahn]], à environ une demi-heure de [[Vienne (Autriche)|Vienne]] en voiture. Il a été entendu dans le cadre d'un vaste interrogatoire des propriétaires de minibus blancs. Bien qu'il ait déclaré qu'il était seul chez lui le matin du {{date-|2 mars 1998}}, aucune recherche supplémentaire n'a été entreprise. La police se satisfait de son explication quant à la raison de la possession du minibus<ref name="Kurier25514">{{de}} [http://www.kurier.at/nachrichten/chronik/25514.php] Er war ein Teil meines Lebens, [[Kurier (Austrian newspaper)|Kurier]] (online) du 29 août 2006 {{de}}.</ref>{{,}}<ref>{{de}} [http://www.salzburg.com/sn/nachrichten/artikel/2332298.html].</ref>, le transport de matériaux de construction, puisque Přiklopil effectuait des travaux dans sa maison. De plus, il n'avait aucun casier judiciaire à ce moment-là.


Les enquêteurs avaient étudié des liens possibles avec les crimes du tueur en série français [[Michel Fourniret]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=L'Autriche elle aussisur la piste Fourniret |url=https://www.nouvelobs.com/monde/20040709.OBS2585/l-autriche-elle-aussi-sur-la-piste-fourniret.html |site=L'Obs |date=2004-07-15 |consulté le=2023-01-30}}</ref>.
Les enquêteurs avaient étudié des liens possibles avec les crimes du tueur en série français [[Michel Fourniret]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=L'Autriche elle aussisur la piste Fourniret |url=https://www.nouvelobs.com/monde/20040709.OBS2585/l-autriche-elle-aussi-sur-la-piste-fourniret.html |site=L'Obs |date=2004-07-15 |consulté le=2023-01-30}}.</ref>.


=== Captivité ===
=== Captivité ===
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Natascha Kampusch a été retenue prisonnière par son ravisseur dans une cache sans lumière naturelle, aménagée sommairement dans le sous-sol de l'habitation, et qui avait été construite dans les années 1960 par le père de Přiklopil afin d'en faire un [[abri antiatomique|abri anti-atomique]]. Cette pièce était située à {{unité|2.5|mètres}} sous le sol et mesurait {{unité|2.78|mètres}} de long, {{unité|1.81|mètre}} de large et {{unité|2.37|mètres}} de haut {{incise|seulement {{unité|5|mètres}} carrés au total|fin}}.
Natascha Kampusch a été retenue prisonnière par son ravisseur dans une cache sans lumière naturelle, aménagée sommairement dans le sous-sol de l'habitation, et qui avait été construite dans les années 1960 par le père de Přiklopil afin d'en faire un [[abri antiatomique|abri anti-atomique]]. Cette pièce était située à {{unité|2.5|mètres}} sous le sol et mesurait {{unité|2.78|mètres}} de long, {{unité|1.81|mètre}} de large et {{unité|2.37|mètres}} de haut {{incise|seulement {{unité|5|mètres}} carrés au total|fin}}.


Il ne s’agissait pas d’une chambre à coucher ordinaire : la pièce était complètement fermée, avec deux portes, dont une en acier, doublée de béton, quasiment indestructible, et aucune fenêtre. La porte d’entrée était cachée sous le sol du garage de Přiklopil. Pendant à peu près 2 ans de sa captivité, Přiklopil ne lui permettait jamais de sortir de la cache, même la nuit. Elle a passé par la suite une plus grande partie de son temps dans d’autres pièces de la maison, même si elle était obligée de passer dans la cache la plupart des nuits durant sa captivité.
Il ne s’agissait pas d’une chambre à coucher ordinaire : la pièce était complètement fermée, avec deux portes, dont une en acier, doublée de béton, quasiment indestructible, et aucune fenêtre. La porte d’entrée était cachée sous le sol du garage de Přiklopil. Pendant les deux premières années de sa captivité, Přiklopil ne lui permit jamais de sortir de la cache, même la nuit. Elle a passé par la suite une plus grande partie de son temps dans d’autres pièces de la maison, même si elle était obligée de passer dans la cache la plupart des nuits durant sa captivité.


Après l'évasion de la jeune fille la police autrichienne a découvert à l’intérieur de la cache une échelle reliant un lit au sol, ainsi que plusieurs meubles dont des commodes, une étagère, un bureau avec chaise et une télévision, comme décrit dans l'autobiographie de Natascha Kampusch. Ces équipements ont été construits progressivement par Přiklopil à la demande de Kampusch.
Après l'évasion de la jeune fille, la police autrichienne a découvert à l’intérieur de la cache une échelle reliant un lit au sol, ainsi que plusieurs meubles dont des commodes, une étagère, un bureau avec chaise et une télévision, comme décrit dans l'autobiographie de Natascha Kampusch. Ces équipements ont été construits progressivement par Přiklopil à la demande de Kampusch.


Les premiers mois sa cellule était quasiment non meublée, elle dormait sur un matelas de plage. Son ravisseur avait installé un ventilateur pour que l’air s’y renouvelle constamment. L'appareil, qui produisait un bruit permanent, n'évitait pas l'air humide d'une cave.
Les premiers mois, sa cellule était quasiment non meublée et elle dormait sur un matelas de plage. Son ravisseur avait installé un ventilateur pour que l’air s’y renouvelle constamment. L'appareil, qui produisait un bruit permanent, n'évitait pas l'air humide d'une cave.


Il y avait aussi beaucoup de feuilles de papier, des vêtements, des livres, des jeux et des bouteilles d’eau dans la pièce.
Il y avait aussi beaucoup de feuilles de papier, des vêtements, des livres, des jeux et des bouteilles d’eau dans la pièce.
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À partir de {{date-|juin 2005}}, Přiklopil permettait à Kampusch de se promener dans le jardin de temps en temps.
À partir de {{date-|juin 2005}}, Přiklopil permettait à Kampusch de se promener dans le jardin de temps en temps.


Dès le {{date-|17 février 2006}}, après lui avoir cependant rappelé sa menace de la tuer à la moindre incartade, son ravisseur l'a même sortie de chez lui à de rares occasions. Ainsi, vers la fin de la captivité, il l’a notamment emmenée à [[Vienne (Autriche)|Vienne]], l'obligeant à l'aider pour la rénovation d'un appartement.
À partir du {{date-|17 février 2006}}, après lui avoir cependant rappelé sa menace de la tuer à la moindre incartade, son ravisseur l'a parfois emmenée hors de chez lui à de rares occasions. Ainsi, vers la fin de sa captivité, il l’a notamment emmenée à [[Vienne (Autriche)|Vienne]], l'obligeant à l'aider pour la rénovation d'un appartement.


Dans sa volonté de constituer une sorte de ménage {{citation|normal}}, il l'a également forcée à faire du ski (Natascha raconte qu'elle a été battue pour avoir refusé d'accompagner son ravisseur), mais elle n’a pas pu s’évader. Pour des raisons inconnues, lors des premiers entretiens avec les policiers après son évasion elle a démenti avoir participé à cette excursion.
Dans sa volonté de constituer une sorte de ménage {{citation|normal}}, il l'a également forcée à faire du ski (Natascha raconte qu'elle a été battue pour avoir refusé d'accompagner son ravisseur), mais elle n’a pas pu s’évader. Pour des raisons inconnues, lors des premiers entretiens avec les policiers après son évasion, elle a démenti avoir participé à cette excursion.


D’après son autobiographie, Natascha Kampusch préparait souvent le petit déjeuner de son ravisseur, sans avoir le droit d'y prendre part. Pour sa part, lorsqu'elle n'était pas {{citation|punie}}, elle disposait d'une tartine ou de deux cuillerées de céréales.
D’après son autobiographie, Natascha Kampusch préparait souvent le petit déjeuner de son ravisseur, sans avoir le droit d'y prendre part. Pour sa part, lorsqu'elle n'était pas {{citation|punie}}, elle disposait d'une tartine ou de deux cuillérées de céréales.


La plupart du temps, à sa demande, Přiklopil lui a donné des livres {{incise|elle s'est donc forgé une éducation rudimentaire|fin}}. À partir du moment où elle a pu obtenir une radio, elle y suivait assidûment les émissions culturelles ou de formation. C'est ainsi qu'elle a pu apprendre des notions d'anglais. Elle avait également obtenu de Přiklopil qu'il lui fasse faire des devoirs. Dans son autobiographie, elle explique qu'il s'agissait à la fois d'une préparation à son évasion, dont elle n'a jamais entièrement douté, et d'une stratégie pour placer son ravisseur dans une situation psychique de prise en charge.
La plupart du temps, à sa demande, Přiklopil lui a donné des livres {{incise|elle s'est donc forgé une éducation rudimentaire|fin}}. À partir du moment où elle a pu obtenir une radio, elle y suivait assidûment les émissions culturelles ou de formation. C'est ainsi qu'elle a pu apprendre des notions d'anglais. Elle avait également obtenu de Přiklopil qu'il lui fasse faire des devoirs. Dans son autobiographie, elle explique qu'il s'agissait à la fois d'une préparation à son évasion, dont elle n'a jamais entièrement douté, et d'une stratégie pour placer son ravisseur dans une situation psychique de prise en charge.


À l'occasion d'une interview, Natascha Kampusch a expliqué qu’elle n’avait pas l’impression d’avoir gâché sa vie dans cette captivité et a déclaré : {{citation|Je me suis abstenue de plein de trucs. Je n’ai pas commencé à fumer ni à boire et je n’ai pas côtoyé les gens mauvais.}} Mais elle a également ajouté : {{citation|L’idée me venait constamment que je n'étais pas née pour être enfermée toute ma vie… vous avez vu à la télévision la taille de la cache. C’était un endroit de désespoir.}}
À l'occasion d'une interview, Natascha Kampusch a expliqué qu’elle n’avait pas l’impression d’avoir gâché sa vie dans cette captivité et a déclaré : {{citation|Je me suis abstenue de plein de trucs. Je n’ai pas commencé à fumer ni à boire et je n’ai pas côtoyé les mauvaises personnes.}} Mais elle a également ajouté : {{citation|L’idée me venait constamment que je n'étais pas née pour être enfermée toute ma vie… vous avez vu à la télévision la taille de la cache. C’était un endroit de désespoir.}}


Elle a également accusé son ravisseur de violences physiques. Ce dernier souhaitait qu'elle l'appelât {{citation|Maître}} et s'agenouille devant lui, deux postures qu'elle a constamment refusé d'adopter. En conséquence, Přiklopil la battait sévèrement et la privait de nourriture. D'une façon générale, son ravisseur la maintenait dans un état de [[sous-nutrition]] permanent, à certains moments elle pesait {{unité|38|kg}} pour une taille de {{unité|1.57|m}}.
Elle a également accusé son ravisseur de violences physiques. Ce dernier souhaitait qu'elle l'appelât {{citation|Maître}} et s'agenouille devant lui, deux postures qu'elle a constamment refusé d'adopter. En conséquence, Přiklopil la battait sévèrement et la privait de nourriture. D'une façon générale, son ravisseur la maintenait dans un état de [[sous-alimentation]] permanent, à certains moments elle pesait {{unité|38|kg}} pour une taille de {{unité|1.57|m}}.

En 2010, dans le média [[Today (NBC)]], elle a finalement expliqué avoir été violée par Přiklopil durant ses 8 années de captivité. Il lui aurait également rasé la tête et aurait brûlé ses cheveux ensuite, de peur que {{citation|la police trouve des traces ADN<ref>{{Lien web |langue=fr |nom=Atlantico |titre=Natascha Kampusch reconnaît enfin qu'elle a été violée pendant sa captivité |url=https://atlantico.fr/article/pepite/natascha-kampusch-reconnait-enfin-qu-elle-a-ete-violee-pendant-sa-captivite |site=Atlantico |date=2016-05-12 |consulté le=2023-04-08}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Kidnap victim describes ordeal as starved, sexually-abused ‘slave’ |url=https://www.today.com/popculture/kidnap-victim-describes-ordeal-starved-sexually-abused-slave-wbna39040063 |site=TODAY.com |consulté le=2023-04-08}}.</ref>.}}


=== Évasion ===
=== Évasion ===
Natascha Kampusch est réapparue le {{date|23|août|2006}}. Après divers échecs, elle trouve un jour la force mentale et physique de s’évader.
Natascha Kampusch est réapparue mercredi {{date-|23|août|2006}}. Après divers échecs, elle trouve un jour la force mentale et physique de s’évader.


Elle était en train de nettoyer la [[BMW Série 8 I|BMW 850i]] de son ravisseur dans le jardin de son domicile, lorsqu'à {{Heure|12|53}} Přiklopil reçut un appel sur son téléphone portable. Il s'éloigna du véhicule quelques instants à cause du bruit de l’aspirateur que Kampusch était en train de passer. Il semble que son ravisseur ne se soit rendu compte de l'évasion de Kampusch qu’après la fin de l’appel téléphonique. Environ cinq minutes après, elle a frappé à la fenêtre d’une voisine de 71 ans en disant {{citation|je suis Natascha Kampusch}}. La voisine refuse de lui ouvrir mais appelle la police, dont des agents sont arrivés sur place à {{heure|13|04}}. Kampusch a par la suite été emmenée au commissariat de police de la ville de [[Deutsch-Wagram]].
Elle était en train de nettoyer la [[BMW Série 8 I|BMW 850i]] de son ravisseur dans le jardin de son domicile, lorsqu'à {{Heure|12|53}} Přiklopil reçut un appel sur son téléphone portable. Il s'éloigna du véhicule quelques instants à cause du bruit de l’aspirateur que Kampusch était en train de passer. Il semble que son ravisseur ne se soit rendu compte de l'évasion de Kampusch qu’après la fin de l’appel téléphonique. Environ cinq minutes après, elle a frappé à la fenêtre d’une voisine de 71 ans en disant {{citation|Je suis Natascha Kampusch}}. La voisine refuse de lui ouvrir mais appelle la police, dont des agents sont arrivés sur place à {{heure|13|04}}. Kampusch a par la suite été emmenée au commissariat de police de la ville de [[Deutsch-Wagram]].


Natascha Kampusch a été formellement identifiée grâce à une [[cicatrice]] sur son corps, à son [[passeport]], retrouvé dans la cache du domicile de Přiklopi, ainsi qu'à des [[test ADN|tests d'ADN]]. La jeune femme était apparemment en bon état physique à l’exception d’un teint pâle et d'un poids de seulement {{unité|38|kg}}.
Natascha Kampusch a été formellement identifiée grâce à une cicatrice sur son corps, à son passeport, retrouvé dans la cache du domicile de Přiklopi, ainsi qu'à des [[Empreinte génétique|tests d'ADN]]. La jeune femme était apparemment en bon état physique, à l’exception d’un teint pâle et d'un poids de seulement {{unité|38|kg}}.


La première policière s’adressant à la jeune victime après son évasion s’est dite étonnée par l’{{citation|intelligence}} et le {{citation|vocabulaire}} de la jeune femme. Après deux ans de captivité, son ravisseur lui avait acheté des livres, des journaux et une radio à des fins éducatives. Přiklopil, se sachant recherché par la police, s’est suicidé en se jetant sous un train de banlieue près de la [[gare de Vienne-Praterstern]] à [[Vienne (Autriche)|Vienne]]. Il avait apparemment prévenu Natascha Kampusch de son suicide en lui disant : {{citation|On ne m'attrapera jamais vivant.}} Dans son autobiographie, Kampusch écrit avoir déclaré à son ravisseur quelques mois avant son évasion que l'un d'entre eux ne sortirait pas vivant de cette situation.
La première policière s’adressant à la jeune victime après son évasion s’est dite étonnée par l'intelligence et le vocabulaire de la jeune femme. Après deux ans de captivité, son ravisseur lui avait acheté des livres, des journaux et une radio à des fins éducatives. Přiklopil, se sachant recherché par la police, s’est suicidé en se jetant sous un train de banlieue près de la [[gare de Vienne-Praterstern]] à [[Vienne (Autriche)|Vienne]]. Il avait apparemment prévenu Natascha Kampusch de son suicide en lui disant : {{citation|On ne m'attrapera jamais vivant.}} Dans son autobiographie, Kampusch écrit avoir déclaré à son ravisseur, quelques mois avant son évasion, que l'un d'entre eux ne sortirait pas vivant de cette situation.


Natascha Kampusch dit dans sa déclaration officielle devant la presse : {{citation|Je n’ai pas envie de répondre à des questions sur des détails personnels ou intimes.}}
Natascha Kampusch dit dans sa déclaration officielle devant la presse : {{citation|Je n’ai pas envie de répondre à des questions sur des détails personnels ou intimes.}}


La presse autrichienne a spéculé sur la possibilité que Natascha Kampusch souffre du [[syndrome de Stockholm]] à la suite de sa captivité. Elle a indiqué qu’elle était attristée par la mort de son ravisseur, en dépit du fait que celui-ci l’avait retenue prisonnière pendant huit ans. Selon la police, elle aurait même allumé à la morgue une bougie dédiée à sa mémoire. Elle a néanmoins démenti l’idée du syndrome et a décrit son ravisseur comme {{citation|criminel}}. Elle dit avoir dû accepter certains compromis tout en protégeant son "moi intérieur". Elle explique la nécessité devant laquelle elle s'est trouvée de pardonner certains des actes de son ravisseur.
La presse autrichienne a spéculé sur la possibilité que Natascha Kampusch souffre du [[syndrome de Stockholm]] à la suite de sa captivité. Elle a indiqué qu’elle était attristée par la mort de son ravisseur, en dépit du fait que celui-ci l’avait retenue prisonnière pendant huit ans. Selon la police, elle aurait même allumé à la morgue une bougie dédiée à sa mémoire. Elle nie cependant avoir souffert de ce syndrome (un comportement qui en fait partie) et a décrit son ravisseur comme « criminel ». Elle dit avoir dû accepter certains compromis tout en protégeant son « moi intérieur ». Elle explique la nécessité devant laquelle elle s'est trouvée de pardonner certains des actes de son ravisseur.


== Conséquences ==
== Conséquences ==
=== Entretiens ===
=== Entretiens ===
Après avoir reçu des centaines de demandes d’entretien pour de fortes sommes d’argent, l’adolescente a accordé une interview à l’[[Österreichischer Rundfunk|ORF]] autrichien. L’ORF n’a pas payé cet entretien, mais s’est décidé néanmoins à verser à Kampusch le profit réalisé sur la vente de l’interview à d’autres chaînes de télévision<ref>{{Lien web |langue=fr |nom=AFP |titre=Natascha Kampusch a donné sa première interview TV |url=https://www.lalibre.be/international/2006/09/06/natascha-kampusch-a-donne-sa-premiere-interview-tv-J6OQHFCCDJDBBO76BZMHNRZ5WU/ |site=La Libre.be |consulté le=2023-01-30}}</ref>. L’interview a été vendue à plus de 120 pays, pour un montant de {{unité|290|euros}} par minute. Cette somme, estimée à quelques centaines de milliers d’euros au total, sera versée par Natascha Kampusch pour aider des femmes africaines et mexicaines.
Après avoir reçu des centaines de demandes d’entretien pour de fortes sommes d’argent, l’adolescente a accordé une interview à l’[[Österreichischer Rundfunk|ORF]] autrichien. L’ORF n’a pas payé cet entretien, mais s’est décidé néanmoins à verser à Kampusch le profit réalisé sur la vente de l’interview à d’autres chaînes de télévision<ref>{{Lien web |langue=fr |nom=AFP |titre=Natascha Kampusch a donné sa première interview TV |url=https://www.lalibre.be/international/2006/09/06/natascha-kampusch-a-donne-sa-premiere-interview-tv-J6OQHFCCDJDBBO76BZMHNRZ5WU/ |site=La Libre.be |consulté le=2023-01-30}}.</ref>. L’interview a été vendue à plus de 120 pays, pour un montant de {{unité|290|euros}} par minute. Cette somme, estimée à quelques centaines de milliers d’euros au total, sera versée par Natascha Kampusch pour aider des femmes africaines et mexicaines.


Le {{date-|6 septembre 2006}}, le journal quotidien ''[[Kronen Zeitung]]'' et le magazine ''[[NEWS]]'' ont également publié un entretien avec la jeune femme. Ces entretiens ont permis à Kampush de financer son logement et ses études, ainsi que l'accès à un emploi stable. Lors de sa première entrevue, le journaliste Christoph Feurstein a demandé à Kampusch si elle se sentait {{citation|seule}} pendant sa captivité. Elle a répondu : {{citation|quelle question ridicule}} et a quitté la salle, revenant après une brève pause. Elle a profité de ces entretiens pour faire savoir publiquement certains détails plus précis de sa détention, en particulier les privations de nourriture que son ravisseur lui avait imposées parfois presque jusqu’à la mort, ainsi que les agressions brutales qu'elle avait subies. Kampusch a également parlé de son [[insomnie]], de son [[angoisse]], de ses blessures physiques et d’autres problèmes de santé.
Le {{date-|6 septembre 2006}}, le journal quotidien ''[[Kronen Zeitung]]'' et le magazine ''[[NEWS]]'' ont également publié un entretien avec la jeune femme. Ces entretiens ont permis à Kampush de financer son logement et ses études, ainsi que l'accès à un emploi stable. Lors de sa première entrevue, le journaliste Christoph Feurstein a demandé à Kampusch si elle se sentait {{citation|seule}} pendant sa captivité. Elle a répondu : {{citation|quelle question ridicule}} et a quitté la salle, revenant après une brève pause. Elle a profité de ces entretiens pour faire savoir publiquement certains détails plus précis de sa détention, en particulier les privations de nourriture que son ravisseur lui avait imposées parfois presque jusqu’à la mort, ainsi que les agressions brutales qu'elle avait subies. Kampusch a également parlé de son insomnie, de son angoisse, de ses blessures physiques et d’autres problèmes de santé.


Le {{date-|16 juin 2008}}, le journal ''[[The Times]]'' publie une grande interview de Natasha Kampusch par Bojan Pancevski et [[Stefanie Marsh]]<ref>{{Article|url=http://women.timesonline.co.uk/tol/life_and_style/women/article4044283.ece?print=yes|langue=en|titre=Natascha Kampusch: from darkness to limelight |consulté le=16 June 2008 |nom1=Pancevski |prénom1=Bojan |nom2=Marsh|prénom2=Stefanie |date=2 juin 2008 |périodique=[[The Times|Times Online]] |lieu=Londres|archiveurl=https://web.archive.org/web/20110615175158/http://women.timesonline.co.uk/tol/life_and_style/women/article4044283.ece?print=yes |archivedate=15 June 2011}}.</ref>.
Le {{date-|16 juin 2008}}, le journal ''[[The Times]]'' publie une grande interview de Natasha Kampusch par Bojan Pancevski et [[Stefanie Marsh]]<ref>{{Article|url=http://women.timesonline.co.uk/tol/life_and_style/women/article4044283.ece?print=yes|langue=en|titre=Natascha Kampusch: from darkness to limelight |consulté le=16 June 2008 |nom1=Pancevski |prénom1=Bojan |nom2=Marsh|prénom2=Stefanie |date=2 juin 2008 |périodique=[[The Times|Times Online]] |lieu=Londres|archiveurl=https://web.archive.org/web/20110615175158/http://women.timesonline.co.uk/tol/life_and_style/women/article4044283.ece?print=yes |archivedate=15 June 2011}}.</ref>.


=== ''{{unité|3096|jours}}'' ===
=== ''{{unité|3096|jours}}'' ===
Le {{date|7|septembre|2010}} sort son autobiographie, intitulée ''[[3 096 jours]],'' écrite avec l'aide de deux journalistes<ref name="livre"/>. Le film ''[[3096]]'' réalisé par [[Sherry Hormann]] sort le {{date|25|février|2013}} et est librement inspiré du livre. Les actrices [[Amelia Pidgeon]] et [[Antonia Campbell-Hughes]] y interprètent le rôle de Natasha Kampusch, et l'acteur danois [[Thure Lindhardt]] le rôle de Wolfgang Přiklopil<ref>[http://www.liberation.fr/monde/2012/11/27/natascha-kampusch-la-jeune-fille-et-les-vieux-demons_863469 « Natascha Kampusch, la jeune fille et les vieux démons »], Blaise Gauquelin ''Libération'', 27 novembre 2012</ref>. À propos du film, Natasha Kampusch a déclaré : {{citation|Je me suis reconnue (dans ce film) mais la réalité était bien pire. Vous ne pouvez pas la montrer dans un film, ce n'est pas supposé être un film d'horreur}}<ref>{{lien web |auteur1=Le Point.fr |titre="3096 Jours", un film sur la jeune Autrichienne sequestrée pendant huit ans |url=http://www.lepoint.fr/culture/3096-jours-un-film-sur-la-jeune-autrichienne-sequestree-pendant-huit-ans-25-02-2013-1632411_3.php |site=lepoint.fr |date=25-02-2013 |consulté le=16-08-2020}}.</ref>.
Le {{date-|7|septembre|2010}} sort son autobiographie, intitulée ''[[3 096 jours]],'' écrite avec l'aide de deux journalistes<ref name="livre"/>. Le film ''[[3096]]'' réalisé par [[Sherry Hormann]] sort le {{date-|25|février|2013}} et est librement inspiré du livre. Les actrices [[Amelia Pidgeon]] et [[Antonia Campbell-Hughes]] y interprètent le rôle de Natasha Kampusch, et l'acteur danois [[Thure Lindhardt]] le rôle de Wolfgang Přiklopil<ref>[http://www.liberation.fr/monde/2012/11/27/natascha-kampusch-la-jeune-fille-et-les-vieux-demons_863469 « Natascha Kampusch, la jeune fille et les vieux démons »], Blaise Gauquelin ''Libération'', 27 novembre 2012.</ref>. À propos du film, Natasha Kampusch a déclaré : {{citation|Je me suis reconnue (dans ce film) mais la réalité était bien pire. Vous ne pouvez pas la montrer dans un film, ce n'est pas sensé être un film d'horreur<ref>{{lien web |auteur1=Le Point.fr |titre="3096 Jours", un film sur la jeune Autrichienne sequestrée pendant huit ans |url=http://www.lepoint.fr/culture/3096-jours-un-film-sur-la-jeune-autrichienne-sequestree-pendant-huit-ans-25-02-2013-1632411_3.php |site=lepoint.fr |date=25-02-2013 |consulté le=16-08-2020}}.</ref>.}}


=== Précisions ===
=== Précisions ===
Plusieurs semaines après sa libération, Natascha Kampusch a reconnu<ref>{{article|langue=fr|prénom1=Tanguy|nom1=Debbaz|titre=Songes et mensonges d'une séquestrée| lien périodique=Marianne (revue)|périodique=Marianne| page=23|jour=21|mois=10|année=2006}}</ref> avoir effectué plusieurs sorties en ville, en voiture, en compagnie de son ravisseur. Pendant l'hiver 2005-2006, elle a également {{citation|effectué deux séjours dans les stations de sport d'hiver d'[[Hochkar]] et de [[Semmering]]}}. Selon son autobiographie, à aucun moment elle n'a pu profiter de ces déplacements pour s'évader. Elle insiste sur le fait que d'une part elle était constamment sous une menace de mort proférée par son ravisseur, qu'elle était dans une détresse physique et morale sévère, mais aussi que son enfermement lui avait fait perdre la capacité de nouer des relations avec autrui. D'une certaine façon, son évasion n'a été rendue possible que par le fait que Přiklopil, qui devait répondre à un coup de téléphone, soit sorti du garage où elle passait l'aspirateur. De ce fait, elle n'était plus sous sa surveillance étroite.
Plusieurs semaines après sa libération, Natascha Kampusch a reconnu<ref>{{article|langue=fr|prénom1=Tanguy|nom1=Debbaz|titre=Songes et mensonges d'une séquestrée| lien périodique=Marianne (revue)|périodique=Marianne| page=23|jour=21|mois=10|année=2006}}.</ref> avoir effectué, lors de sa détention, plusieurs sorties en ville, en voiture, en compagnie de son ravisseur. Pendant l'hiver 2005-2006, elle a également {{citation|effectué deux séjours dans les stations de sport d'hiver d'[[Hochkar]] et de [[Semmering]]}}. Selon son autobiographie, à aucun moment elle n'a pu profiter de ces déplacements pour s'évader. Elle insiste sur le fait que d'une part elle était constamment sous une menace de mort proférée par son ravisseur, qu'elle était dans une détresse physique et morale sévère, mais aussi que son enfermement lui avait fait perdre la capacité de nouer des relations avec autrui. D'une certaine façon, son évasion n'a été rendue possible que par le fait que Přiklopil, qui devait répondre à un coup de téléphone, soit sorti du garage où elle passait l'aspirateur. De ce fait, elle n'était plus sous sa surveillance étroite.


Le {{date|16|mai|2008}}, Natascha Kampusch est devenue propriétaire de la maison dans laquelle elle a été séquestrée pendant plus de huit ans<ref>[http://www.dhnet.be/infos/monde/article/208234/natascha-kampusch-est-proprietaire-de-la-maison-de-l-horreur.html Dhnet.be]</ref>. Elle explique ce geste par le refus que la maison soit achetée par une personne mal intentionnée, et également par l'idée que cette attribution constitue un dédommagement pour la souffrance qu'elle a subie.
Le {{date-|16|mai|2008}}, Natascha Kampusch est devenue propriétaire de la maison dans laquelle elle a été séquestrée pendant plus de huit ans<ref>[http://www.dhnet.be/infos/monde/article/208234/natascha-kampusch-est-proprietaire-de-la-maison-de-l-horreur.html Dhnet.be].</ref>. Elle explique ce geste par le refus que la maison soit achetée par une personne mal intentionnée, et également par l'idée que cette attribution constitue un dédommagement pour la souffrance qu'elle a subie.


== Bibliographie ==
== Bibliographie ==
* {{lien web|langue=en |url=https://www.nytimes.com/2006/08/28/world/europe/28iht-web.0828aletter.2617398.html |titre=Traduction en anglais de la lettre de Natascha Kampusch lue par ses médecins |jour=28 |mois=8 |année=2006}}
* {{lien web|langue=en |url=https://www.nytimes.com/2006/08/28/world/europe/28iht-web.0828aletter.2617398.html |titre=Traduction en anglais de la lettre de Natascha Kampusch lue par ses médecins |jour=28 |mois=8 |année=2006}}.
* {{ouvrage |langue=en |titre=3096 days |éditeur=Viking Eds. |mois=9 |année=2010 |ISBN=978-0670919994}}
* {{ouvrage |langue=en |titre=3096 days |éditeur=Viking Eds. |mois=9 |année=2010 |ISBN=978-0670919994}}.
* Natascha Kampusch, ''10 ans de liberté'', trad. de Céline Maurice et Sylvie Roussel, Paris, Éditions JC Lattès, [[2016 en littérature|2016]], 260 p. {{ISBN|978-2-7096-5620-7}}
* Natascha Kampusch, ''10 ans de liberté'', trad. de Céline Maurice et Sylvie Roussel, Paris, Éditions JC Lattès, [[2016 en littérature|2016]], 260 p. {{ISBN|978-2-7096-5620-7}}.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
Ligne 123 : Ligne 125 :
* [[Affaire Fritzl]]
* [[Affaire Fritzl]]
* [[Enlèvement d'Elizabeth Smart]]
* [[Enlèvement d'Elizabeth Smart]]
* [[Enlèvement de Jaycee Lee Dugard]]
* [[Affaire Jaycee Lee Dugard|Enlèvement de Jaycee Lee Dugard]]
* [[Lydia Gouardo]]
* [[Affaire Gouardo]]


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* {{site officiel|de|http://www.natascha-kampusch.at/}} de Natascha Kampusch
* {{site officiel|de|http://www.natascha-kampusch.at/}} de Natascha Kampusch
* {{en}} [https://www.nytimes.com/2006/08/28/world/europe/28iht-web.0828aletter.2617398.html?_r=1 Lettre au monde de Natascha Kampusch juste après sa libération] sur ''[[The New York Times]]''
* {{en}} [https://www.nytimes.com/2006/08/28/world/europe/28iht-web.0828aletter.2617398.html?_r=1 Lettre au monde de Natascha Kampusch juste après sa libération] sur ''[[The New York Times]]''
* {{Liens|id=Q84222|site officiel=-}}
{{Liens|id=Q84222|site officiel=-}}


{{Portail|Criminologie|Autriche|années 1990|années 2000}}
{{Portail|Criminologie|Autriche|années 1990|années 2000}}

Dernière version du 5 mai 2024 à 23:51

Affaire Natascha Kampusch
Fait reproché Enlèvement et séquestration
Pays Drapeau de l'Autriche Autriche
Ville Strasshof an der Nordbahn
Lieu Domicile de Wolfgang Přiklopil
Date
Nombre de victimes 1
Jugement
Statut Extinction de l'action publique (suicide du mis en cause)

L’affaire Natascha Kampusch est une affaire criminelle. Les faits sont l'enlèvement d'une petite fille autrichienne, Natascha Kampusch, âgée alors de 10 ans, par Wolfgang Přiklopil, technicien en télécommunications. Elle est séquestrée plus de huit ans, du au , jour où elle s'est échappée.

Natascha Kampusch a par la suite écrit un livre, 3 096 jours, dans lequel elle raconte cette épreuve[1], livre qui a donné naissance à un film en 2013.

Biographie et situation familiale de Natascha[modifier | modifier le code]

Natascha Kampusch a été enlevée à l'âge de 10 ans. Elle a passé ses huit ans et demi de captivité dans la maison de Wolfgang Přiklopil, et notamment dans une cache sans lumière naturelle aménagée sommairement dans le sous-sol de l'habitation, comprenant un lit, un lavabo, des toilettes, un bureau et des rangements, où elle est restée la plupart du temps enfermée. Elle retrouve la liberté le , 3 096 jours après son enlèvement.

Grâce à un moment d'inattention de son ravisseur, qui lui avait dit de passer l'aspirateur dans la voiture, elle s'échappe en profitant du fait qu'il se soit éloigné pour téléphoner. Přiklopil s'est suicidé en se jetant sous un train le soir de l'évasion. La jeune fille a déclaré : « Il faisait partie de ma vie, c'est pourquoi d'une certaine manière je porte son deuil ».

Son quotidien était rythmé par son lever, son petit déjeuner avec son ravisseur, le ménage, la cuisine, la télévision et la lecture, et parfois des discussions avec Přiklopil. Lorsque son ravisseur quittait la maison, elle restait dans la cache. Au fil du temps, sous la surveillance constante de Wolfgang Přiklopil, elle gagna l'accès au reste du domicile. Elle n'allait que très rarement dans le jardin, seulement de nuit et toujours sous la surveillance de son ravisseur.

Selon la presse, la police suspecterait Wolfgang Přiklopil d'avoir abusé sexuellement de Natascha Kampusch durant ses huit années de captivité. Cependant, Natascha n'a pas évoqué ces détails elle-même, demandant que l'on ne lui pose aucune question sur d'éventuels rapports intimes avec Přiklopil. Dans son autobiographie, elle indique tout de même avoir dormi attachée aux côtés de Přiklopil. Elle a déclaré à la presse : « Je ne répondrai à aucune question portant sur des détails intimes ou personnels. Tout le monde veut sans arrêt poser des questions intimes qui ne regardent personne. […] Mon intimité n'appartient qu'à moi. »

Le , Natascha Kampusch accorde une interview à visage découvert à la télévision autrichienne ORF pour raconter sa captivité. Elle évoque la personnalité paranoïaque, instable et menaçante de Wolfgang Přiklopil. Kampusch tient à démentir certaines informations parues depuis son évasion du . La presse a raconté que ses relations avec ses parents étaient tendues, mais la jeune fille a précisé que ses contacts avec ses parents étaient excellents. Elle déclare aussi : « On est injuste envers ma mère lorsqu’on lui reproche quoi que ce soit. Je l’aime et elle m’aime[2]. »

Natascha Kampusch souhaite reprendre des études et se réinsérer tranquillement dans la société. Fin 2007, elle ouvre un site Internet[3] et annonce le qu'elle va animer une émission de télévision mensuelle d'entretiens avec des invités sur la chaîne Puls 4[4].

Sa mère, Brigitta Sirny, 55 ans, a deux filles et cinq petits-enfants en 1998 quand Natascha Kampusch disparaît. Après cette disparition, il a été révélé que la mère et sa fille s'étaient disputées le matin même[5]. Ludwig Koch, son père, avait aussi accusé son ancien associé d'être impliqué dans la disparition de sa fille, une accusation dont il s'est excusé depuis.

Chronologie des événements[modifier | modifier le code]

Enlèvement[modifier | modifier le code]

Natascha Kampusch a quitté la résidence de sa famille dans le quartier de Donaustadt à Vienne le pour aller à l'école, mais elle n'y est jamais arrivée. Un témoin a rapporté l'avoir vue entrer dans un minibus blanc avec les fenêtres arrières et latérales foncées, et deux autres témoins ont rapporté les lettres G ou GF (pour Gänserndorf) sur la plaque d'immatriculation. Un témoin, âgé de 12 ans, a déclaré avoir vu Natascha embarquée de force dans le minibus blanc[6],[7], avec une autre personne au volant[8]. Natascha Kampusch, cependant, ne rapporte pas la présence d'un deuxième complice bien qu'elle signale dans son autobiographie que son ravisseur ait au début accusé « d'autres personnes » de lui avoir commandé l'enlèvement.

S’ensuit alors une recherche massive, sans aucun succès. 776 fourgonnettes ont été examinées, y compris celle du ravisseur, Přiklopil, qui habitait en Basse-Autriche, près de Strasshof an der Nordbahn, à environ une demi-heure de Vienne en voiture. Il a été entendu dans le cadre d'un vaste interrogatoire des propriétaires de minibus blancs. Bien qu'il ait déclaré qu'il était seul chez lui le matin du , aucune recherche supplémentaire n'a été entreprise. La police se satisfait de son explication quant à la raison de la possession du minibus[9],[10], le transport de matériaux de construction, puisque Přiklopil effectuait des travaux dans sa maison. De plus, il n'avait aucun casier judiciaire à ce moment-là.

Les enquêteurs avaient étudié des liens possibles avec les crimes du tueur en série français Michel Fourniret[11].

Captivité[modifier | modifier le code]

Maison dans laquelle Kampusch a été retenue prisonnière.

Natascha Kampusch a été retenue prisonnière par son ravisseur dans une cache sans lumière naturelle, aménagée sommairement dans le sous-sol de l'habitation, et qui avait été construite dans les années 1960 par le père de Přiklopil afin d'en faire un abri anti-atomique. Cette pièce était située à 2,5 mètres sous le sol et mesurait 2,78 mètres de long, 1,81 mètre de large et 2,37 mètres de haut — seulement 5 mètres carrés au total.

Il ne s’agissait pas d’une chambre à coucher ordinaire : la pièce était complètement fermée, avec deux portes, dont une en acier, doublée de béton, quasiment indestructible, et aucune fenêtre. La porte d’entrée était cachée sous le sol du garage de Přiklopil. Pendant les deux premières années de sa captivité, Přiklopil ne lui permit jamais de sortir de la cache, même la nuit. Elle a passé par la suite une plus grande partie de son temps dans d’autres pièces de la maison, même si elle était obligée de passer dans la cache la plupart des nuits durant sa captivité.

Après l'évasion de la jeune fille, la police autrichienne a découvert à l’intérieur de la cache une échelle reliant un lit au sol, ainsi que plusieurs meubles dont des commodes, une étagère, un bureau avec chaise et une télévision, comme décrit dans l'autobiographie de Natascha Kampusch. Ces équipements ont été construits progressivement par Přiklopil à la demande de Kampusch.

Les premiers mois, sa cellule était quasiment non meublée et elle dormait sur un matelas de plage. Son ravisseur avait installé un ventilateur pour que l’air s’y renouvelle constamment. L'appareil, qui produisait un bruit permanent, n'évitait pas l'air humide d'une cave.

Il y avait aussi beaucoup de feuilles de papier, des vêtements, des livres, des jeux et des bouteilles d’eau dans la pièce.

À partir de , Přiklopil permettait à Kampusch de se promener dans le jardin de temps en temps.

À partir du , après lui avoir cependant rappelé sa menace de la tuer à la moindre incartade, son ravisseur l'a parfois emmenée hors de chez lui à de rares occasions. Ainsi, vers la fin de sa captivité, il l’a notamment emmenée à Vienne, l'obligeant à l'aider pour la rénovation d'un appartement.

Dans sa volonté de constituer une sorte de ménage « normal », il l'a également forcée à faire du ski (Natascha raconte qu'elle a été battue pour avoir refusé d'accompagner son ravisseur), mais elle n’a pas pu s’évader. Pour des raisons inconnues, lors des premiers entretiens avec les policiers après son évasion, elle a démenti avoir participé à cette excursion.

D’après son autobiographie, Natascha Kampusch préparait souvent le petit déjeuner de son ravisseur, sans avoir le droit d'y prendre part. Pour sa part, lorsqu'elle n'était pas « punie », elle disposait d'une tartine ou de deux cuillérées de céréales.

La plupart du temps, à sa demande, Přiklopil lui a donné des livres — elle s'est donc forgé une éducation rudimentaire. À partir du moment où elle a pu obtenir une radio, elle y suivait assidûment les émissions culturelles ou de formation. C'est ainsi qu'elle a pu apprendre des notions d'anglais. Elle avait également obtenu de Přiklopil qu'il lui fasse faire des devoirs. Dans son autobiographie, elle explique qu'il s'agissait à la fois d'une préparation à son évasion, dont elle n'a jamais entièrement douté, et d'une stratégie pour placer son ravisseur dans une situation psychique de prise en charge.

À l'occasion d'une interview, Natascha Kampusch a expliqué qu’elle n’avait pas l’impression d’avoir gâché sa vie dans cette captivité et a déclaré : « Je me suis abstenue de plein de trucs. Je n’ai pas commencé à fumer ni à boire et je n’ai pas côtoyé les mauvaises personnes. » Mais elle a également ajouté : « L’idée me venait constamment que je n'étais pas née pour être enfermée toute ma vie… vous avez vu à la télévision la taille de la cache. C’était un endroit de désespoir. »

Elle a également accusé son ravisseur de violences physiques. Ce dernier souhaitait qu'elle l'appelât « Maître » et s'agenouille devant lui, deux postures qu'elle a constamment refusé d'adopter. En conséquence, Přiklopil la battait sévèrement et la privait de nourriture. D'une façon générale, son ravisseur la maintenait dans un état de sous-alimentation permanent, à certains moments elle pesait 38 kg pour une taille de 1,57 m.

En 2010, dans le média Today (NBC), elle a finalement expliqué avoir été violée par Přiklopil durant ses 8 années de captivité. Il lui aurait également rasé la tête et aurait brûlé ses cheveux ensuite, de peur que « la police trouve des traces ADN[12],[13]. »

Évasion[modifier | modifier le code]

Natascha Kampusch est réapparue mercredi . Après divers échecs, elle trouve un jour la force mentale et physique de s’évader.

Elle était en train de nettoyer la BMW 850i de son ravisseur dans le jardin de son domicile, lorsqu'à 12 h 53 Přiklopil reçut un appel sur son téléphone portable. Il s'éloigna du véhicule quelques instants à cause du bruit de l’aspirateur que Kampusch était en train de passer. Il semble que son ravisseur ne se soit rendu compte de l'évasion de Kampusch qu’après la fin de l’appel téléphonique. Environ cinq minutes après, elle a frappé à la fenêtre d’une voisine de 71 ans en disant « Je suis Natascha Kampusch ». La voisine refuse de lui ouvrir mais appelle la police, dont des agents sont arrivés sur place à 13 h 4. Kampusch a par la suite été emmenée au commissariat de police de la ville de Deutsch-Wagram.

Natascha Kampusch a été formellement identifiée grâce à une cicatrice sur son corps, à son passeport, retrouvé dans la cache du domicile de Přiklopi, ainsi qu'à des tests d'ADN. La jeune femme était apparemment en bon état physique, à l’exception d’un teint pâle et d'un poids de seulement 38 kg.

La première policière s’adressant à la jeune victime après son évasion s’est dite étonnée par l'intelligence et le vocabulaire de la jeune femme. Après deux ans de captivité, son ravisseur lui avait acheté des livres, des journaux et une radio à des fins éducatives. Přiklopil, se sachant recherché par la police, s’est suicidé en se jetant sous un train de banlieue près de la gare de Vienne-Praterstern à Vienne. Il avait apparemment prévenu Natascha Kampusch de son suicide en lui disant : « On ne m'attrapera jamais vivant. » Dans son autobiographie, Kampusch écrit avoir déclaré à son ravisseur, quelques mois avant son évasion, que l'un d'entre eux ne sortirait pas vivant de cette situation.

Natascha Kampusch dit dans sa déclaration officielle devant la presse : « Je n’ai pas envie de répondre à des questions sur des détails personnels ou intimes. »

La presse autrichienne a spéculé sur la possibilité que Natascha Kampusch souffre du syndrome de Stockholm à la suite de sa captivité. Elle a indiqué qu’elle était attristée par la mort de son ravisseur, en dépit du fait que celui-ci l’avait retenue prisonnière pendant huit ans. Selon la police, elle aurait même allumé à la morgue une bougie dédiée à sa mémoire. Elle nie cependant avoir souffert de ce syndrome (un comportement qui en fait partie) et a décrit son ravisseur comme « criminel ». Elle dit avoir dû accepter certains compromis tout en protégeant son « moi intérieur ». Elle explique la nécessité devant laquelle elle s'est trouvée de pardonner certains des actes de son ravisseur.

Conséquences[modifier | modifier le code]

Entretiens[modifier | modifier le code]

Après avoir reçu des centaines de demandes d’entretien pour de fortes sommes d’argent, l’adolescente a accordé une interview à l’ORF autrichien. L’ORF n’a pas payé cet entretien, mais s’est décidé néanmoins à verser à Kampusch le profit réalisé sur la vente de l’interview à d’autres chaînes de télévision[14]. L’interview a été vendue à plus de 120 pays, pour un montant de 290 euros par minute. Cette somme, estimée à quelques centaines de milliers d’euros au total, sera versée par Natascha Kampusch pour aider des femmes africaines et mexicaines.

Le , le journal quotidien Kronen Zeitung et le magazine NEWS ont également publié un entretien avec la jeune femme. Ces entretiens ont permis à Kampush de financer son logement et ses études, ainsi que l'accès à un emploi stable. Lors de sa première entrevue, le journaliste Christoph Feurstein a demandé à Kampusch si elle se sentait « seule » pendant sa captivité. Elle a répondu : « quelle question ridicule » et a quitté la salle, revenant après une brève pause. Elle a profité de ces entretiens pour faire savoir publiquement certains détails plus précis de sa détention, en particulier les privations de nourriture que son ravisseur lui avait imposées parfois presque jusqu’à la mort, ainsi que les agressions brutales qu'elle avait subies. Kampusch a également parlé de son insomnie, de son angoisse, de ses blessures physiques et d’autres problèmes de santé.

Le , le journal The Times publie une grande interview de Natasha Kampusch par Bojan Pancevski et Stefanie Marsh[15].

3 096 jours[modifier | modifier le code]

Le sort son autobiographie, intitulée 3 096 jours, écrite avec l'aide de deux journalistes[1]. Le film 3096 réalisé par Sherry Hormann sort le et est librement inspiré du livre. Les actrices Amelia Pidgeon et Antonia Campbell-Hughes y interprètent le rôle de Natasha Kampusch, et l'acteur danois Thure Lindhardt le rôle de Wolfgang Přiklopil[16]. À propos du film, Natasha Kampusch a déclaré : « Je me suis reconnue (dans ce film) mais la réalité était bien pire. Vous ne pouvez pas la montrer dans un film, ce n'est pas sensé être un film d'horreur[17]. »

Précisions[modifier | modifier le code]

Plusieurs semaines après sa libération, Natascha Kampusch a reconnu[18] avoir effectué, lors de sa détention, plusieurs sorties en ville, en voiture, en compagnie de son ravisseur. Pendant l'hiver 2005-2006, elle a également « effectué deux séjours dans les stations de sport d'hiver d'Hochkar et de Semmering ». Selon son autobiographie, à aucun moment elle n'a pu profiter de ces déplacements pour s'évader. Elle insiste sur le fait que d'une part elle était constamment sous une menace de mort proférée par son ravisseur, qu'elle était dans une détresse physique et morale sévère, mais aussi que son enfermement lui avait fait perdre la capacité de nouer des relations avec autrui. D'une certaine façon, son évasion n'a été rendue possible que par le fait que Přiklopil, qui devait répondre à un coup de téléphone, soit sorti du garage où elle passait l'aspirateur. De ce fait, elle n'était plus sous sa surveillance étroite.

Le , Natascha Kampusch est devenue propriétaire de la maison dans laquelle elle a été séquestrée pendant plus de huit ans[19]. Elle explique ce geste par le refus que la maison soit achetée par une personne mal intentionnée, et également par l'idée que cette attribution constitue un dédommagement pour la souffrance qu'elle a subie.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b livre 3096 jours.
  2. www.cyberpresse.ca.
  3. (de) www.natascha-kampusch.at.
  4. Natascha Kampusch va animer une émission TV, AFP, 5 décembre 2007.
  5. Alain Auffray et Christian FILLITZ, « Natascha du silence aux silences », sur Libération (consulté le ).
  6. (en) [1], Further details emerge of Austrian kidnapping case, The Raw Story du 25 août 2006.
  7. (de) [2] Fall Kampusch wird neu aufgerollt, Süddeutsche Zeitung (online) du 2008-10-24.
  8. (en) [3] Translation of Natascha Kampusch's letter, Times Online du 28 août 2008.
  9. (de) [4] Er war ein Teil meines Lebens, Kurier (online) du 29 août 2006 (de).
  10. (de) [5].
  11. « L'Autriche elle aussisur la piste Fourniret », sur L'Obs, (consulté le ).
  12. Atlantico, « Natascha Kampusch reconnaît enfin qu'elle a été violée pendant sa captivité », sur Atlantico, (consulté le ).
  13. (en) « Kidnap victim describes ordeal as starved, sexually-abused ‘slave’ », sur TODAY.com (consulté le ).
  14. AFP, « Natascha Kampusch a donné sa première interview TV », sur La Libre.be (consulté le ).
  15. (en) Bojan Pancevski et Stefanie Marsh, « Natascha Kampusch: from darkness to limelight », Times Online, Londres,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le ).
  16. « Natascha Kampusch, la jeune fille et les vieux démons », Blaise Gauquelin Libération, 27 novembre 2012.
  17. Le Point.fr, « "3096 Jours", un film sur la jeune Autrichienne sequestrée pendant huit ans », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  18. Tanguy Debbaz, « Songes et mensonges d'une séquestrée », Marianne,‎ , p. 23.
  19. Dhnet.be.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]