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'''Mahé''' ([[malayâlam]] : മാഹി - [[tamoul]] : மாகே) une ville du [[territoire de Pondichéry]], en [[Inde]], chef-lieu du [[District de Mahé|district homonyme]].
'''Mahé''' ([[malayâlam]] : മാഹി - [[tamoul]] : மாகே) ou Mayyali une ville du [[territoire de Pondichéry]], en [[Inde]], chef-lieu du [[District de Mahé|district homonyme]].


==Géographie==
== Géographie ==
Mahé est bordée au sud-ouest par la [[mer d'Arabie]], au nord par le fleuve Ponniyar (Moolakadavu) et au sud par le fleuve Mahépar et entourée de collines calcaires d'altitude moyenne. Le district comprend également La petite [[enclave]] de Kallayi.
Mahé est bordée au sud-ouest par la [[mer d'Arabie]], au nord par le fleuve Ponniyar (Moolakadavu) et au sud par le fleuve Mahépar et entourée de collines calcaires d'altitude moyenne. Le district comprend également la petite [[enclave et exclave|enclave]] de Kallayi.


Mahé, contrairement aux autres districts ([[Kârikâl]], [[Yanaon]], [[Pondichéry]]), anciens [[Établissements français de l'Inde]], est située sur la [[côte de Malabar]]. Elle se trouve approximativement à 630 km à l'ouest de Pondichéry par la route.
Contrairement aux autres districts ([[Kârikâl]], [[Yanaon]], [[Pondichéry]]), anciens [[Établissements français de l'Inde]], Mahé est située sur la [[côte de Malabar]]. Elle se trouve approximativement à 630 km à l'ouest de Pondichéry par la route.


On y parle le [[télougou]], le [[tamoul]] et le [[malayâlam]] qui est la langue principale.
On y parle le [[malayâlam]], qui est la langue indigène, mais aussi le [[télougou]],le [[tamoul]] et en minorité l'[[anglais]] et le [[français]] qui sont enseignés dans les écoles publiques.
L'anglais est parlé par les élites, et les personnes qui travaillent dans le tourisme.


== Économie ==
== Économie ==


À partir de 1921, les Britanniques décident d'accorder au territoire français de Mahé, ainsi que pour les quatre autres comptoirs français en Inde, dont Pondichéry, le statut de « zone franche », pour convaincre les Français de conserver les cinq comptoirs qui coûtent cher à administrer, répartis tels qu'ils sont aux quatre coins de l'Inde. Ainsi, par exemple, Mahé et les quatre autres comptoirs français (Pondichéry, Kârikal, Yanaon et Chandernagor) peut vendre de l'alcool sans taxes, ainsi que d'autres marchandises en ''duty-free''. Cette mesure rapporte des devises plutôt aux habitants locaux, mais rien à la France. La présence française, honorifique, fictive et symbolique, est bien vue de la population indigène en général, d'autant plus que à partir des années 1920, des nationalistes indiens du Kerala ou de Cochin vont trouver asile en ce territoire officiellement français. Après le départ de ces derniers, en 1954, l'État indien décide en 1956 de conserver le statut de « zone franche » pour les quatre anciens comptoirs français dans l'Inde, qui vont former le territoire de Pondichéry, sauf Chandernagor, qui est intégré dans l'État indien du Bengale oriental.
À partir de 1921, les Britanniques décident d'accorder au territoire français de Mahé, ainsi que pour les quatre autres [[comptoir]]s français en Inde, dont Pondichéry, le statut de « [[zone franche]] », pour convaincre les Français de conserver les cinq comptoirs qui coûtent cher à administrer, répartis tels qu'ils sont aux quatre coins de l'Inde. Ainsi, par exemple, Mahé et les quatre autres comptoirs français (Pondichéry, Kârikal, Yanaon et Chandernagor) peuvent vendre de l'alcool sans taxes, ainsi que d'autres marchandises en ''duty-free''.
Cette mesure rapporte des devises plutôt aux habitants locaux, mais rien à la [[France]]. La présence française, honorifique, fictive et symbolique, est bien vue de la population indigène en général, d'autant plus qu'à partir des années 1920, des nationalistes indiens du [[Kerala]] ou de [[Cochin (Inde)|Cochin]] vont trouver asile en ce territoire officiellement français. Après le départ de ces derniers, en 1954, l'État indien décide en 1956 de conserver le statut de « zone franche » pour les quatre anciens comptoirs français dans l'Inde, qui vont former le territoire de Pondichéry, sauf Chandernagor, qui est intégré dans l'État indien du [[Bengale oriental]].


[[Fichier:Mahé fishing boats 1920-1950.jpg|vignette|gauche|Bateaux de pêche sur la rivière Mahé à proximité du comptoir, {{s-|XX|e}}.]]
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== Histoire ==
== Histoire ==


=== Toponymie ===
[[Fichier:Plan de Mahe avec les attaques de Bayanor souverain du lieu.jpg|vignette|L'un des premiers plans de Mahé, dressé en 1726 après sa prise de possession par la [[compagnie française des Indes orientales|Compagnie des Indes]] et la courte guerre contre le souverain indien de la région soutenu par les Anglais.]]
[[Fichier:Plan de Mahe avec les attaques de Bayanor souverain du lieu.jpg|vignette|Mahé en 1726, après sa prise de possession par la [[compagnie française des Indes orientales|Compagnie des Indes]] et la courte guerre contre le souverain indien de la région soutenu par les Anglais.]]

Le nom originel de la région est ''Mayyali'' ce qui signifie « l'embouchure de la rivière noire ». Le nom de Mahé n'a aucun rapport avec le patronyme de Mahé de La Bourdonnais.

=== Comptoir européen (1721-1954) ===
En 1721, André Mollandin, le représentant de la [[Compagnie française des Indes orientales]], parvient à Mahé. Le {{date-|2 avril 1721}}, Mollandin et le [[râja]] Vazhunnavar de Badagara<ref>transcrit ''Bayanor'' de ''Bargaret'', dans les documents français</ref> concluent un accord permettant aux Français d'établir un [[comptoir]] destiné à servir d'entrepôt à l'embouchure du fleuve.

En [[1724]], un fort est construit. La même année, des forces françaises sont envoyées pour garder ce fort, assiégé par le [[Prince (dignité)|prince]] de [[Malabar (région)|Malabar]] à la tête de 11 000 hommes, et lui tiennent tête<ref name=":p93">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Philippe Haudrère|titre=Les flottes des Compagnies des Indes|sous-titre=1600-1857|passage=87-100|éditeur=Service historique de la marine|année=1996|isbn=|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=nbpIAAAAYAAJ&dq=%22cinquante+ann%C3%A9es+%2C+en+qualit%C3%A9+de+volontaire%2C+de+lieutenant+de+fr%C3%A9gate%22}}.</ref>.

En [[1725]], les [[Grande-Bretagne|Britanniques]] persuadent Vazhunnavar d'expulser les Français hors de Mayyali. Un conflit éclate entre la France et ce dernier. Les Français se replient sur [[Kozhikode|Calicut]], mais, en décembre, reprennent le comptoir.

En [[1741]], à la tête d'une escadre armée de moyens de fortune, le capitaine [[Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais]] libère le comptoir occupé par les [[Empire marathe|Marathes]].


Mahé est ensuite occupée par les Britanniques de 1757 à 1763, de 1765 à 1768, de 1772 à 1776, de 1778 à 1783, de 1785 à 1788, et de 1793 à 1817.
Le nom originel de la région est ''Mayyali'' ce qui signifie « l'embouchure de la rivière noire ».


Entre 1914 et 1919, la France demande au Royaume-Uni d'administrer le comptoir de Mahé : une cinquantaine de [[Cipaye]]s de l'Inde britannique assurent l'ordre et l'administration.
L'histoire de Mahé commence lorsque André Mollandin, le représentant de la [[Compagnie française des Indes orientales]], y met pied à terre en [[1721]]. Le 2 avril 1721, Mollandin et le [[râja]] Vazhunnavar de Badagara (transcrit ''Bayanor'' de ''Bargaret'', dans les documents français) conclut un accord permettant aux Français d'établir un comptoir destiné à servir d'entrepôt à l'embouchure du fleuve. En [[1724]], un fort est construit. En [[1725]], les [[Grande-Bretagne|Britanniques]] persuadent Vazhunnavar d'expulser les Français hors de Mayyali. Les rapports entre ce dernier et les Français se tendent et un conflit éclate. Les Français se replient sur [[Kozhikode|Calicut]], mais, en décembre, reprennent le comptoir.


=== Territoire indien (depuis 1954) ===
En [[1741]], à la tête d'une escadre armée de moyens de fortune, le capitaine [[Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais]] libère le comptoir occupé par les [[Empire marathe|Marathes]]. Mahé est ensuite occupée par les Britanniques de 1757 à 1763, de 1765 à 1768, de 1772 à 1776, de 1778 à 1783, de 1785 à 1788, et de 1793 à 1817. Entre 1914 et 1919, la France demande à la Grande Bretagne de gérer le comptoir de Mahé : une cinquantaine de Cipayes de l'Inde britannique assurent l'ordre et l'administration. Après l'indépendance indienne de [[1947]], comme les autres comptoirs, Mahé reste sous juridiction française jusqu'au {{date|13|juin|1954}} avant de rejoindre finalement l'[[Inde|Union indienne]]. Les Français ne sont jamais nombreux (3 au maximum en 1938) et sont souvent confondus avec les Britanniques et les religieux portugais de l'église catholique.
Après l'indépendance indienne de {{date-|1947}}, comme [[Inde française|les autres comptoirs]], Mahé reste sous juridiction française jusqu'au {{date|13|juin|1954}} avant de rejoindre finalement l'[[Inde|Union indienne]].


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
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=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* Mukunda, ''Sur les rives du fleuve Mahé'', roman, traduit de l'anglais (Inde) par Sophie Bastide-Foltz, Actes Sud, Paris, 2002, {{ISBN|2-7427-4092-9}}
* Mukundan, ''Sur les rives du fleuve Mahé'', roman, traduit de l'anglais (Inde) par Sophie Bastide-Foltz, Actes Sud, Paris, 2002, {{ISBN|2-7427-4092-9}}
* [[Pierre Loti]], ''Mahé des Indes'', nouvelle
* [[Pierre Loti]], ''Mahé des Indes'', nouvelle.
* [[Alfred_Martineau|Martineau, Alfred]], ''Les origines de Mahé du Malabar'', Paris, Édouard Champion - Émile Larose, 1917.


=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
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* [[Administration française]]
* [[Administration française]]
* [[Coup d'État de Yanaon]]
* [[Coup d'État de Yanaon]]
* [[Régiment de Pondichéry]]


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Dernière version du 13 mai 2024 à 00:34

Mahé
Mahé (Inde)
Boat house près de la rivière Mahé à proximité de la ville.
Administration
Pays Drapeau de l'Inde Inde
État ou territoire Territoire de Pondichéry
District Mahé
Fuseau horaire IST (UTC+05:30)
Démographie
Population 36 823 hab. (2001)
Densité 4 091 hab./km2
Géographie
Coordonnées 11° 42′ 05″ nord, 75° 32′ 13″ est
Superficie 900 ha = 9 km2
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Inde
Voir sur la carte topographique d'Inde
Mahé
Géolocalisation sur la carte : Inde
Voir sur la carte administrative d'Inde
Mahé

Mahé (malayâlam : മാഹി - tamoul : மாகே) ou Mayyali une ville du territoire de Pondichéry, en Inde, chef-lieu du district homonyme.

Géographie[modifier | modifier le code]

Mahé est bordée au sud-ouest par la mer d'Arabie, au nord par le fleuve Ponniyar (Moolakadavu) et au sud par le fleuve Mahépar et entourée de collines calcaires d'altitude moyenne. Le district comprend également la petite enclave de Kallayi.

Contrairement aux autres districts (Kârikâl, Yanaon, Pondichéry), anciens Établissements français de l'Inde, Mahé est située sur la côte de Malabar. Elle se trouve approximativement à 630 km à l'ouest de Pondichéry par la route.

On y parle le malayâlam, qui est la langue indigène, mais aussi le télougou,le tamoul et en minorité l'anglais et le français qui sont enseignés dans les écoles publiques.

Économie[modifier | modifier le code]

À partir de 1921, les Britanniques décident d'accorder au territoire français de Mahé, ainsi que pour les quatre autres comptoirs français en Inde, dont Pondichéry, le statut de « zone franche », pour convaincre les Français de conserver les cinq comptoirs qui coûtent cher à administrer, répartis tels qu'ils sont aux quatre coins de l'Inde. Ainsi, par exemple, Mahé et les quatre autres comptoirs français (Pondichéry, Kârikal, Yanaon et Chandernagor) peuvent vendre de l'alcool sans taxes, ainsi que d'autres marchandises en duty-free.

Cette mesure rapporte des devises plutôt aux habitants locaux, mais rien à la France. La présence française, honorifique, fictive et symbolique, est bien vue de la population indigène en général, d'autant plus qu'à partir des années 1920, des nationalistes indiens du Kerala ou de Cochin vont trouver asile en ce territoire officiellement français. Après le départ de ces derniers, en 1954, l'État indien décide en 1956 de conserver le statut de « zone franche » pour les quatre anciens comptoirs français dans l'Inde, qui vont former le territoire de Pondichéry, sauf Chandernagor, qui est intégré dans l'État indien du Bengale oriental.

Bateaux de pêche sur la rivière Mahé à proximité du comptoir, XXe siècle.

Actuellement, des entreprises implantées dans les états voisins (comme le Kerala), font transiter certaines marchandises par Mahé pour ne pas payer de taxes. Mais ces transits sont limités, car Mahé n'est pas un grand port, mais plutôt un petit port de pêche, et celui de Pondichéry est très éloigné. Avant 1921, les ressources du comptoir de Mahé sont à trouver dans le domaine de la pêche, et dans diverses entreprises de tissage et de filature. Le petit port reste toutefois misérable et délaissé. Les Français ne savent pas comment valoriser ce petit territoire, enclavé dans les Indes britanniques, ne produisant aucun bénéfice, sans perspectives économiques et devant importer la plupart de ses marchandises par l'intermédiaire des Anglais auxquels la ville reste dépendante. Comme pour les autres enclaves françaises en Inde, la France se détourne d'eux, ne laissant une présence que minimale, et porte son intérêt sur l'Indochine qui offre davantage de perspectives.

Histoire[modifier | modifier le code]

Toponymie[modifier | modifier le code]

Mahé en 1726, après sa prise de possession par la Compagnie des Indes et la courte guerre contre le souverain indien de la région soutenu par les Anglais.

Le nom originel de la région est Mayyali ce qui signifie « l'embouchure de la rivière noire ». Le nom de Mahé n'a aucun rapport avec le patronyme de Mahé de La Bourdonnais.

Comptoir européen (1721-1954)[modifier | modifier le code]

En 1721, André Mollandin, le représentant de la Compagnie française des Indes orientales, parvient à Mahé. Le , Mollandin et le râja Vazhunnavar de Badagara[1] concluent un accord permettant aux Français d'établir un comptoir destiné à servir d'entrepôt à l'embouchure du fleuve.

En 1724, un fort est construit. La même année, des forces françaises sont envoyées pour garder ce fort, assiégé par le prince de Malabar à la tête de 11 000 hommes, et lui tiennent tête[2].

En 1725, les Britanniques persuadent Vazhunnavar d'expulser les Français hors de Mayyali. Un conflit éclate entre la France et ce dernier. Les Français se replient sur Calicut, mais, en décembre, reprennent le comptoir.

En 1741, à la tête d'une escadre armée de moyens de fortune, le capitaine Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais libère le comptoir occupé par les Marathes.

Mahé est ensuite occupée par les Britanniques de 1757 à 1763, de 1765 à 1768, de 1772 à 1776, de 1778 à 1783, de 1785 à 1788, et de 1793 à 1817.

Entre 1914 et 1919, la France demande au Royaume-Uni d'administrer le comptoir de Mahé : une cinquantaine de Cipayes de l'Inde britannique assurent l'ordre et l'administration.

Territoire indien (depuis 1954)[modifier | modifier le code]

Après l'indépendance indienne de , comme les autres comptoirs, Mahé reste sous juridiction française jusqu'au avant de rejoindre finalement l'Union indienne.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. transcrit Bayanor de Bargaret, dans les documents français
  2. Philippe Haudrère, Les flottes des Compagnies des Indes : 1600-1857, Service historique de la marine, (lire en ligne), p. 87-100.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Mukundan, Sur les rives du fleuve Mahé, roman, traduit de l'anglais (Inde) par Sophie Bastide-Foltz, Actes Sud, Paris, 2002, (ISBN 2-7427-4092-9)
  • Pierre Loti, Mahé des Indes, nouvelle.
  • Martineau, Alfred, Les origines de Mahé du Malabar, Paris, Édouard Champion - Émile Larose, 1917.

Articles connexes[modifier | modifier le code]